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Torchon

Vallée du silicium - Alain Damasio

Vallée du silicium - Alain Damasio

51min |06/09/2024
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Vallée du silicium - Alain Damasio

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Description

Un auteur de science-fiction à la découverte de la Silicon Valley : un projet alléchant, non ? Vallée du silicium fait partie de ces livres qu’on a vu partout dans les médias…. bon, dans les médias un peu intello. La grande librairie, France Culture, Médiapart, et j’en passe. Oui, le diable travaille dur mais l’attaché de presse d’Alain Damasio travaille encore plus dur. A moins que ce soit les médias eux-mêmes, qui ont soif d’une parole littéraire et intellectuelle sur les transformations toujours plus rapides venant de San Francisco. Inspirées par ces articles enthousiastes, Sarah et Léa pensaient passer un bon moment sur des sujets qui les animent et…


Bon, vous allez croire que chez Torchon, on est des vieilles grincheuses. Mais clairement, il y a quelque chose qui cloche. Car derrière les néologismes inspirées du Grec et de Heidegger, derrière les jeux de mots lacanien, et derrière les références à la langue des forums geeks de nos années d’adolescence… On retrouve une critique de la tech un peu molle, voire, des lieux communs totalement éculés. Je n’en dis pas plus, j’ai peur de me mettre à dos mes amis geeks qui ne jurent que par la Horde du contrevent, et si vous avez le coeur bien accroché, écoutez l’épisode ! 


Ce que l’on propose à la place : 

Podcast & autres

Sounds like a Cult, épisode « The cult of Apple ». 

Bookmakers par Arte Radio - Damasio (3 épisodes) 

Newsletter https://danslesalgorithmes.net/


Livres : 

La tech, quand la silicon valley refait le monde d’Olivier Alexandre 

Un psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers

Amérique de Jean Baudrillard 

Valley of Genius, the Uncensored history of Silicon valley par Adam Fischer

L’amour sous algorithme de Judith Duportail 

Les enfants sont rois de Delphine du Vigan


Compte instagram de l'émission : https://www.instagram.com/torchon.podcastlitteraire/?hl=fr


Torchon, c’est le podcast qui traite de l’actualité littéraire en lisant des livres pour que vous n’ayez pas à le faire. On est une bande de copain pas du tout critiques littéraires de profession, et pour chaque épisode on se retrouve en mode "club de lecture de l'extrême" et nous lisons un livre qui a fait l’actualité pour vous dire si c’est une bonne surprise ou bien un vrai torchon. Et restez jusqu’à la fin pour nos recommandations littéraires et culture ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Torchon, le club de lecture où on lit des livres pour que vous n'ayez pas à le faire. Pour chaque épisode, nous lisons un livre qui a fait l'actualité, que ce soit dans les médias ou sur les réseaux sociaux, et nous vous disons si c'est une bonne surprise ou alors un vrai torchon. Grâce à Torchon, vous pourrez briller en société et parler du livre du jour sans même l'avoir lu. Je suis Léa et je suis aujourd'hui avec Sarah.

  • Speaker #1

    Coucou tout le monde !

  • Speaker #0

    Et nous avons lu Vallée du silicium d'Alain Damasio, paru aux éditions Seuil en 2024. Alain Damasio, moi j'en avais surtout entendu parler parce qu'autour de moi il y a... plein de gens qui ont lu un de ses livres cultes qui est La Horde du Contrevent. Pourquoi tu ne l'avais pas lu avant ? Comment ça ?

  • Speaker #1

    Alors avant que tu me proposes de faire le podcast sur Damasio, si. Du coup j'avais lu Vallée du Silicium à sa sortie même au printemps. Mais c'est aussi la première fois que je lis Damasio.

  • Speaker #0

    C'est un auteur de science-fiction donc il a une cinquantaine d'années. Il y a un peu chez lui le mythe du mec qui s'enferme dans une bicoque dans la nature pour écrire. Donc il s'est enfermé dans le Vercors, puis dans la Corse et là en ce moment il habite dans le Var je crois. Donc, il est vraiment très reclus. Il a d'abord écrit La Zone du Dehors, qui est un roman d'anticipation sur, disons, la société du contrôle. Et donc, La Horde du Contrevent, qui est en fait vraiment son roman culte que tout le monde cite comme étant l'un des plus gros romans du XXIe siècle et l'un des plus gros romans de la science-fiction aujourd'hui. Il a aussi écrit plus récemment Les Furtifs, qui est aussi un roman d'anticipation, mais surtout sur le contrôle via les réseaux sociaux. Et puis, bon, voilà, des articles, des essais. Il est un peu... Il a fait de la musique, comme je peux le dire. Je crois qu'il fait du jeu vidéo aussi.

  • Speaker #1

    Il aime aussi beaucoup le foot. Il en a parlé assez longuement dans Bookmakers.

  • Speaker #0

    Oui, on en reparlera de Bookmakers, mais parlons d'abord de la Vallée du Silicium. La Vallée du Silicium, en fait, c'est un peu une sorte de commande. Je pense qu'on pourrait le décrire comme ça quand même. Damasio a reçu une bourse de la Villa Albertine. C'est un programme de résidence mis en place par le gouvernement français depuis 2021 pour soutenir et diffuser la création française. Elle vient compléter la Villa de Disque, la Casa de Velázquez à Madrid et la Villa Cujo Llama à Kyoto. Et il se trouve que cet été, j'ai su aller à la Villa d'Albertine parce que j'étais en vacances à New York. Et ils ont une super librairie qui est sur la 5th Avenue, donc dans l'Upper East Side. Donc si vous connaissez Gossip Girl, c'est là.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as écrit des chroniques de Manhattan ?

  • Speaker #0

    Je t'en aurais dit le jour. Mais malheureusement, personne ne m'a donné de bourse pour les écrire, donc ben non. Ils ont des bourses pour 15 disciplines différentes, pas seulement de l'alité, mais aussi de la musique, du podcast, les arts visuels, etc. C'est un partenariat, donc il y a le ministère de la Culture, le ministère des Affaires étrangères, mais il y a aussi des partenariats privés, donc la Société Générale, AXA, et la Fondation Mettez un Coup, par exemple. Pourquoi on a choisi ce livre ? Déjà, c'était une demande de plusieurs auditeurs, notamment Stanislas, si tu passes par là, merci à toi. Aussi parce que moi, j'espérais un peu une bonne surprise, pour être très honnête, vu que c'était le livre que je comptais lire pendant mes vacances. et que c'est un auteur qui est vraiment plébiscité par plein d'amis à moi. Moi, je m'attendais un peu à lire un livre qui a été vraiment beaucoup, beaucoup discuté dans les médias que je suis, genre, je sais pas, Arte, Sculpture, ce genre de choses. Et donc, je me suis dit, ah bon, bah, marrant, on va faire une rentrée sympa, quoi.

  • Speaker #1

    Bah oui, totalement. Et puis, comme je disais, j'ai vraiment lu Valet du Célicium avant qu'on se dise qu'on allait le faire dans le podcast. Et moi, j'ai lu parce que j'ai lu des critiques, mais vraiment dithyrambiques de Valais du Silicium dans Mediapart, dans Télérama. On l'entendait passer sur France Culture, un peu partout. Et du coup, moi, j'ai vraiment acheté à sa sortie en me disant, Bon, bah, super, c'est une bonne occasion de lire Damasio, dont j'avais beaucoup entendu parler. Tout le monde en dit beaucoup de bien. La texte, c'est intéressant.

  • Speaker #0

    Non, il est passé dans la Grande Librairie. Il est passé dans le podcast d'Arte qui s'appelle Bookmakers, qui interview des auteurs sur leur processus d'écriture. Et d'ailleurs, toi, tu l'as écouté ce... Ouais,

  • Speaker #1

    je l'ai écouté. C'était vraiment... Et c'est vraiment bien parce que du coup, dans le processus, j'avais lu Valet du silicium, comme vous le verrez après, qui ne m'a pas plu du tout. Et là, j'ai essayé de comprendre un peu comment, ce qui expliquait que Damasio ait une telle portée médiatique ou dans la critique, en tout cas, de la technologie. Et donc, j'ai écouté ce podcast qui est dans un format que j'ai beaucoup aimé. C'est trois heures de podcast, enfin trois épisodes d'une heure avec Damasio. Et en fait, l'objectif du podcast, c'est de comprendre surtout le processus d'écriture et de création de ces livres. Et du coup, il revient assez longuement sur tout. les pans de sa vie, de son enfance, de son rapport au foot notamment, c'est là qu'il en parle et qu'il en fait un... C'est vraiment intéressant sur son rapport aux défis, à l'échec et donc aussi à l'écriture. Tout le podcast est vraiment... Je le recommande vachement et c'est ce podcast qui m'a donné envie d'essayer d'approfondir et c'est pour ça que je suis allée lire après cet été La Zone du Dore.

  • Speaker #0

    On va uniquement parler de la vallée du silicium mais... Voilà. En fait, oui, c'est ça. Moi, je partais avec un a priori plutôt positif. De un, parce qu'il a fait le tour des popotes, parce que le diable travaille dur, mais l'attaché de presse d'Alain Damasio travaille encore plus dur. Et en plus de ça, il parle de sujets qui, moi, m'intéressent à titre personnel et professionnel. C'est qu'il parle d'innovation, de technologie et de réseaux sociaux, par ailleurs. Et donc, je me suis dit, c'est sympa de lire. un auteur de science-fiction, parler de technologie. La structure du livre, comme je l'ai dit, ce n'est pas uniquement un livre de science-fiction, c'est sept chroniques littéraires et puis ensuite, il y a une nouvelle de science-fiction inspirée par les enseignements des chroniques littéraires précédentes. On sent très bien le lien entre les chroniques et la nouvelle, surtout que la fin de la dernière chronique, il y a un petit côté un peu... Je suis désolée, les mots arrivent en anglais en ce moment, mais statement. Genre, voilà pourquoi je fais de la science-fiction. Paf, il nous pond la science-fiction et donc... Donc, on a une préface un peu à cette nouvelle. Je propose qu'on résume rapidement les différentes chroniques parce qu'elles sont sur des sujets très différents finalement parce que la technologie, c'est large. Le premier s'appelle Un seul anneau pour les gouverner tous Donc, déjà une petite référence au Seigneur des Anneaux. Sur le ring d'Apple, le centre du monde, le techno cocon et la réalité mixte. Donc, c'est sur Apple. C'est sur Apple et c'est sur l'aspect religieux de la marque. De mes yeux. arrive à San Francisco et va visiter la boutique Apple qui est attenante au QG. Dans laquelle il ne peut pas entrer. Et donc, il raconte un peu son expérience dans la boutique. C'est marrant parce qu'il a rajouté et ça se sent qu'il l'a rajouté 6 mois plus tard, une partie sur le casque en réalité visuelle créé par Apple pour créer cette idée de techno-cocon. L'idée que de nos jours, le monde, c'est trop dur et donc on va se réfugier dans des technococons comme ce casque. Moi, c'est tout de suite cette chronique qui m'a un peu déçue. Ça a donné le ton pour la suite parce qu'en fait, il dit Apple, c'est comme la religion. Et finalement, c'est tout.

  • Speaker #1

    Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Nous sommes un dimanche d'avril et puisqu'il n'y a rien à visiter dans la Silicon Valley, le jour du Seigneur, il va bien falloir aller à l'église. Oui, mais laquelle ? Et pour célébrer quelle religion, j'entends qu'elle marque. Et ensuite, page 12, il dit Bien sûr, la métaphore religieuse garde quelque chose d'un peu facile et d'un peu inexact puisqu'elle impliquerait une croyance partagée, une vraie spiritualité, là où ne règne que par des objets industriels, des interactions et des pratiques sérielles. Elle transcende cependant les continents et les cultures qui font qu'une Guyanaise sous son carpet swipe les mêmes applis avec les mêmes gestes fluides qu'un Tanzanien, une Indienne, un Ouzbék ou une Américaine dans sa chambre. Enfin, quel est le rapport avec la religion, en fait ? Est-ce que la religion, le concept, c'est que ça va influencer tout le monde à travers le monde ? Alors, dans ce cas-là, on parle plus de religion, comment dire, majoritaire, comme le christianisme ou l'islam, où, voilà, ça atteint beaucoup de monde. Après,

  • Speaker #1

    je suis assez d'accord avec toi, en fait. Je trouve qu'on trouve tout de suite, enfin, dès cette chronique, tout ce qu'on retrouve, en fait, dans tout le reste du livre, c'est-à-dire des jeux de mots tout pourris. Dès les premières pages, on retrouve... Ce manque de rigueur un peu crucial, on en reparlera tout à l'heure, où il affirme plein de choses sans aucune espèce de recherche ou d'études, alors que ça peut être des thèses vraiment fortes. Ensuite, il annonce aussi un peu en filigrane son projet général qui est de se faire un peu créateur de sens. Donc, il parle déjà de mythopoïèse à ce moment-là, il parle déjà de poésie, avec toute cette fascination aussi pour le monde technologique qui est vachement esthétisé. Mais du coup, la déception-là, en fait, en annonce... Et d'ailleurs,

  • Speaker #0

    il y avait une telle déception que j'ai écoutée... Si vous voulez écouter quelque chose sur Apple et la religion, et est-ce qu'Apple, c'est une religion, il y a un podcast qui s'appelle Sounds Like a Cult. Donc, c'est un podcast en anglais, malheureusement. Et ils ont fait un épisode sur The Cult of Apple, donc la secte d'Apple. Et en fait, de manière assez humoristique, mais en même temps très profonde, ils arrivent vraiment... Elles arrivent vraiment bien à... à cerner pourquoi on a cette impression qu'Apple, c'est comme une religion. Et elles vont vraiment utiliser une grille de lecture très étroite, très cadrée pour répondre à cette idée reçue que Damasio exprime et que finalement,

  • Speaker #1

    il ne l'explore pas du tout.

  • Speaker #0

    Non, il ne l'explore pas du tout. Je pense que vraiment, il est très premier degré sur ce qu'il pense et ce qu'il ressent. Et donc, par exemple, dans la deuxième chronique, c'est la ville aux voitures vides. Donc, c'est sur les voitures autonomes. sur la voiture comme allégorie d'une époque, nos autonomies déléguées et la loi du moindre effort. Je pense que la thèse principale de cette chronique-là, c'est l'idée que les voitures autonomes nous rendent plus paresseux et c'est pas bien. Je pense que c'est ça, en fait, la thèse, non ?

  • Speaker #1

    Oui, globalement. Je ne sais pas si il a une thèse très claire. En fait, les voitures autonomes, ça nous rend paresseux, ça nous éloigne des autres parce que du coup, on n'est plus en contact avec les chauffeurs de taxi. qui représentait notre rapport à l'altérité. Et ensuite, c'est une forme de domination de l'homme par la machine, parce qu'en fait, tout ce à quoi servent ces voitures, c'est collecter nos datas, et donc, pour en entraîner de nouvelles. Et donc, en fait, on ne participe à...

  • Speaker #0

    Oui, et puis, il y a une vraie ode à la voiture à l'ancienne, donc Thelma et Louise, les grands... Game odd à la voiture manuelle, qui est très française, là, pour le coup. Moi, je n'ai pas mon permis, donc je suis déjà passive et pas de base. Et lui,

  • Speaker #1

    non plus, il n'a pas son permis, d'ailleurs. Pardon ? Non, il le dit en plus à un endroit parce que du coup, le moment où il est avec... Oui, en fait, il dit un moment où il est avec, je ne sais plus, c'est Grégory Renard ou Fred... Je ne sais plus lequel de ses compagnons de voyage. C'est un moment qu'il conduit la voiture et du coup, il parle de voiture. Il dit, ah, c'est un comble. Ça le surprend qu'un Français n'ait pas son permis. Et en plus, du coup, tu as tout ce passage où il y a un fantasme complètement abstrait et un peu vieux jeu de la voiture comme... ce qui te libère, tu pars sur la route au loin avec ta grosse machine. Il fait part d'une forme de conservatisme qu'on ne comprend pas trop d'où ça vient, et d'autant plus qu'il est censé être super écolo. Et donc, pourquoi d'un coup ce mythe de la voiture toute puissante comme ça, qui devrait venir réguler nos vies ?

  • Speaker #0

    Oui, d'ailleurs, à ce propos d'écologie, la troisième chronique, c'est sur la ligne de couple, sur les frontières, le métaverse, le mouvement fixé des corps et les mots de passe. Et donc, son idée principale, c'est fondamentalement une grosse agacement face aux frontières, et notamment le fait de passer la frontière pour aller aux États-Unis, qu'il compare au passage de checkpoint par les Palestiniens de Cisjordanie tous les jours en Israël. Bon, donc page 72, il dit Je vais attaquer sans embages, passer une frontière aujourd'hui, même pour des touristes apparemment bienvenus, constitue une épreuve. Je ne veux pas comparer ça avec la situation des migrantes, ce serait obscène. Ah oui, pardon. On ne l'a pas dit, on ne l'a pas précisé, mais Damasio, quand il utilise le pluriel de groupe, utilise le pluriel féminin.

  • Speaker #1

    Une chronique sur deux.

  • Speaker #0

    Une chronique sur deux ?

  • Speaker #1

    Oui. J'ai pensé qu'on allait le même livre. En fait, une chronique sur deux, il utilise un autre masculin et une chronique sur deux, il utilise un autre féminin pour les personnes.

  • Speaker #0

    Donc voilà. Là, il parle de migrantes, ce n'est pas uniquement les femmes, c'est tout le monde, mais il fait preuve d'inclusion. Je ne veux pas comparer ça avec la situation des migrantes, ce serait obscène. Tant la furie des frontières et la férocité civilisée des nantis que nous sommes tuent des êtres qui pourtant fuient. Et ensuite, il dit Pas de comparaison qu'aucune. mais une raison immunitaire et sécuritaire commune cependant, pour qui c'est décrypté, donc pour lui parce qu'il le sait. Ce que font les États-Unis à la frontière mexicaine, ce que fait Israël en Cisjordanie, ce que fait Orban en Hongrie ou Meloni dans les ports italiens, pour ne prendre que quelques exemples, incarne la version incomplie, hystérique et fasciste du contrôle optimal des corps circulants que nous endurons, pour notre part, dans nos aéroports en mode placebo. Et donc il décrit toutes les épreuves qu'il y a... pendant qu'on passe la sécurité à l'aéroport. Et c'est vrai, c'est vrai que c'est pénible. Non, mais je ne suis pas contre. Néanmoins, si tu dis que tu ne vas pas comparer, ne compare pas alors, en fait. C'est aussi simple que ça, en fait. Je ne sais pas comment dire ça.

  • Speaker #1

    Et puis en plus, ils font la réflexion dans quelque chose d'hyper mou. Ils comparent à la fois le passage des frontières physiques avec un glissement aux frontières créées par le monde numérique. Et du coup, à nouveau, ça t'éloigne de l'altérité, etc. Et donc, globalement, on a quand même un propos assez... Il a quand même un propos assez cru, quoi.

  • Speaker #0

    Et puis surtout, à la fin, il me dit Ah, mais c'est dommage parce qu'avec toutes ces épreuves, toutes ces frontières, les gens vont arrêter de voyager et c'est terrible. Et ce qui est marrant aussi, parce que c'est quelqu'un qui est extrêmement écolo, et l'un des trucs un peu écolo à dire, c'est de ne plus prendre l'avion. Bon, il est un peu en désaccord avec sa posture écolo, parce qu'il est genre Ah, c'est dommage, les gens, ils ne peuvent plus prendre l'avion. Le mec est un peu zadiste et tout, et donc c'est assez étonnant.

  • Speaker #1

    de le voir dire ah bah non laissez-moi ma bagnole et laissez-moi monter dans mon avion facilement ouais ça j'ai pas compris en fait tout simplement chronique numéro 1 la boutique Apple chronique numéro 2 les voitures vides chronique numéro 3 le checkpoint à

  • Speaker #0

    la sécurité et ensuite Love Me Tenderloin sur le quartier de Tenderloin les homeless notre conjuration du lien et l'utopie qui couvre C'est sur la pauvreté à San Francisco et notamment sur un truc qui est terrible aux Etats-Unis. C'est que... Enfin, en San Francisco en particulier, qui est les 100 domiciles fixes. Je trouve que c'était limite la meilleure chronique.

  • Speaker #1

    Parce qu'il ne parle pas de technologie.

  • Speaker #0

    Parce qu'il ne parle pas de technologie. Il parle d'humains et il n'y a pas... Je ne sais pas. Et puis elle est assez courte, en fait.

  • Speaker #1

    C'est parce qu'on n'a pas beaucoup à lire et qu'il ne parle pas de technologie.

  • Speaker #0

    Donc c'est bizarre. Ensuite, on arrive sur celle que j'ai vraiment le moins aimée, c'est le problème à quatre corps sur l'avenir de notre santé, le corps, le décor et le raccord et quelques autres. Le problème à quatre corps est initié par une rencontre avec Arnaud Auger, un trentenaire. Arnaud a déjà vécu dans 19 lieux différents sur quatre continents. Il a été marié en Inde. Il se définit comme un... gitan ontologique qui ferait un psy donné à notre cogito cartésien. Foin de je pense donc je suis et feu sur je bouge donc je deviens. Bon, qu'est-ce qu'il fait dans la vie ce garçon ? Il travaille dans un laboratoire d'innovation pour une banque française. Autrement dit, il traque, suit et acclimate les technologies intéressantes qui émergent pour les conseiller à des grands groupes. Et l'autre histoire, c'est que c'est un monsieur qui est ultra connecté, c'est-à-dire qu'il a une Apple Watch, il a une montre, connecté, il a bague connectée, il a un truc qui monite le glucose, comme les gens qui ont du diabète. Et attends, il y a un dernier truc qui connecte. Il a son smartphone et il a ses lunettes. Il a des lunettes Ray-Ban connectées. Donc c'est un monsieur qui collecte énormément de données à propos de son corps et récemment il a testé d'autres trucs comme tester son microbiote. Et donc le sujet de la chronique est sur la santé connectée, évidemment. C'est un sujet qui m'intéresse énormément. Et donc, c'est pour ça, peut-être que j'ai été la plus très énervée. Eh oui, je pense que ça... T'as une petite Apple Watch. J'ai ma petite Apple Watch et tout. Et ça m'a vraiment agacée parce qu'il fait un peu le mec surpris, étonné, qui ne comprend rien. Et comme il ne comprend rien, il faut qu'il crée une sorte de surcouche philosophique. Et donc, il va passer à cette surcouche philosophique qui est cette théorie à quatre corps. théorie à quatre corps, c'est déjà, il dit qu'il y a un premier corps, c'est le corps qui dit j'ai la patate aujourd'hui, j'ai mal dormi, je suis crevée, je me sens lourd, j'ai chaud, je dois avoir de la fièvre. Il fait corps avec notre esprit. Et ensuite, il considère que la technologie nous a un peu éloignés de notre corps. Le premier corps est organique, il est animal et viscéral, en fusion perçue. Le deuxième corps, je le voyais monitoré et techno, une seconde couche virtuelle. tandis qu'il n'est en fait qu'un corps de raccordement, de liaison, un raccord, une tentative de solution que l'homo numericus se donne à lui-même. Le troisième, désaffecté, je l'ai appelé le décor, et c'est en fait lui le deuxième corps. Vous me suivez ? Alors, moi, je ne le suis pas du tout. Peut-être que nos éteurs s'isent. Le troisième est le raccord. J'ai fini ma gourde, je repars. Corps, décor, raccord, ça roule, c'est raccord. Et donc, il y a après un dernier corps qui arrive. Déjà, moi, le truc de base avec lequel je ne suis pas d'accord, c'est l'idée qu'il y a une sorte de corps originel où tu as de la fièvre, tu sais ce que tu as. Il se trouve que c'est le cas pour certaines de nos pathologies, mais ce n'est pas vrai dans l'ensemble. Il y a plein de trucs qui nous arrivent. On n'est pas au courant que ça nous arrive. Et c'est pour ça que la santé préventive existe. C'est que, justement, il y a beaucoup de choses dont on n'est pas au courant qui sont en train de se passer dans notre corps, qui marchent parfois bien et qui marchent parfois mal. Moi, j'ai rencontré des gens qui ont fait des infarctus et qui utilisent cette montre juste pour être sûr de ne pas refaire un infarctus. Et donc, quand ils en font un infarctus, la montre réagit et ils vont à l'hôpital. Même chose, on a un besoin, la technologie répond. Arnaud, la personne qui l'interview, c'est un poseur. Enfin, je ne sais pas comment le décrire autrement, mais Arnaud, à aucun moment dans le texte, explique qu'il a besoin... de cette technologie. Il n'a pas besoin de monitorer son glucose, il n'est pas diabétique, par exemple. Il n'a pas tous ses besoins, mais il le fait. Et il le fait pourquoi ? Parce qu'il est à l'innovation d'une grande banque. Et donc, il doit un peu montrer à ses supérieurs hiérarchiques, à ses collègues, que c'est un mec stylé, qu'il est au courant.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Mais après, je pense que le vrai problème de cette chronique-là, c'est qu'il affirme énormément de choses sans du tout avoir fait le travail de recherche nécessaire, ni d'un point de vue... Et le truc, il fait ce travail de... de recherche, d'interroger les personnes sur pourquoi est-ce qu'elle l'utilise, en quoi est-ce que ça les aide, est-ce que c'est juste une question de performance, comme lui l'affirme, ou est-ce que ça rassure des angoisses. Le problème, c'est que là, c'est quelque chose de symptomatique de son livre, c'est-à-dire qu'il affirme des thèses qui, en plus, ont une apparence hyper fumeuse, parce que du coup, qui reposent sur des jeux de mots où c'est un peu affligeant et sans aucune recherche, alors qu'il prétend dire quelque chose de la réalité technologique de la vie des gens.

  • Speaker #0

    Il ne fait même pas une recherche intérieure et introspective. C'est-à-dire qu'il pourrait même réfléchir à son propre corps. Ça ne coûte rien. Il n'est pas obligé de prendre des rendez-vous avec un médecin. Il aurait pu prendre rendez-vous et rencontrer un médecin sur la médecine préventive et comment la santé connectée peut aider à la prévention de certaines maladies. Mais il ne le fait pas, mais il ne fait même pas le truc un peu... un peu qui coûte rien, qui est que de se dire, moi, mon corps, comment je le ressens ? J'ai été malade, j'ai pas été malade ? Est-ce que j'ai des maladies qui auraient pu être décalées ou atténuées si j'avais fait de la prévention, etc. ? Et vis-à-vis d'Arnaud, ça, c'est un truc, on reviendra, mais c'est pas un très bon interviewer, Damasio. On a l'impression qu'il n'est pas capable de vraiment poser les bonnes questions. Parce qu'une question qu'on pourrait poser à ce pauvre Arnaud, que je viens de traiter de poseur au moins trois fois, c'est... Est-ce qu'il a été malade ? Est-ce qu'il y a quelqu'un dans sa famille qui a été malade ? Parce que, par exemple, un truc tout bête, mais souvent, quand quelqu'un autour de toi a une pathologie évitable, tu te dis, bon, moi, je vais essayer de l'éviter aussi. Enfin, je ne demande pas à Damasio de faire la psychanalyse du pauvre monsieur, tu vois, mais je trouve qu'il aurait dû creuser un peu plus et il ne l'a pas fait. C'est important de penser, genre, un rapport au corps et comment, parfois, la technologie nous permet de mieux comprendre et peut-être de... mieux s'approprier son corps slash une technologie qui nous allégnerait et qui nous empêcherait totalement de penser notre corps.

  • Speaker #1

    Et après, on ne peut pas dire qu'il n'y ait pas d'image. Il y a quand même une très très belle image. PC connecté, comment dire ? C'est donner ton caca au Big Data pour préparer la Big Kata. La tienne et la nôtre. La biopolitique pour les nuls.

  • Speaker #0

    Covid soit qui m'a dit ponce. Covid soit qui m'a dit ponce.

  • Speaker #1

    Le problème, je pense qu'on voit beaucoup ici, mais je pense pendant que tu parles, c'est le fait qu'en fait, il utilise les mots enfin là où en fait il surinterprète mais en fait il n'utilise pas vraiment les mots pour essayer de décrire une pensée ou genre de préciser sa pensée mais c'est plutôt qu'en fait il part des mots qu'il trouve là par exemple le décor et d'une simple proximité phonétique entre des mots pour enterrer des théories et là par exemple il dit il joue vachement avec les mots mais en fait ça crée le flou qui lui est hyper préjudiciable mais il dit ah ben on rentre on rentre dans le décor parce que non juste parce qu'on va envisager ce troisième corps dont il parle comme un décor. Donc, il crée juste une sorte de flou parfait, c'est-à-dire un flou artistique. C'est peut-être son art de directeur.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'on devrait passer à la prochaine chronique. La prochaine chronique, c'est Trouver, portrait du programmeur en artiste. En fait, il rencontre un programmeur, un développeur. Ils boivent quelques bières ensemble et ils le trouvent trop cool.

  • Speaker #1

    Grégory Renard is the best franchement je sais pas si c'est la bière ou si c'est lui mais en tout cas ma petite théorie c'est qu'il a écrit la chronique un peu ivre parce qu'on a la soirée continue j'ai bu le vin rouge gonfle dans mes veines mon cerveau est une chaudière et j'absorbe le fuel j'écoute et je relance je coule mon enthousiasme dans la parole fluide de cet homme qui passe ses sentiers de ses journées au corps à corps le corps avec des artefacts qu'il rend intelligent il y a

  • Speaker #0

    Et là, on a en fait un peu une idée principale chez Damasio, qui est que la technologie, ce n'est pas bien. Mais les gens qui créent la technologie, c'est trop des gros coulisses, dont ce monsieur. Et donc, l'idée, c'est qu'il faudrait avoir un rapport d'artiste ou d'artisan à la technologie. Il faudrait coder. Coder, c'est la porte de sortie à l'aliénation de la technologie. En tout cas, c'est un peu vraiment ce qui ressort de ma lecture, en tout cas. Et donc, moi, ça m'a un peu montré à quel point Damasio, il a quand même un lectorat en tête. Moi, pour moi, le lectorat de Damasio, c'est le développeur. Et donc, il critique la technologie. Et après, il dit non, mais toi, tu es plus malin parce que tu as créé la technologie. Donc, c'est bon, toi, tu es sauvé. Et donc, il y a un peu une sorte d'élitisme, en fait, tout simplement, avec cette chronique-là, qui finit avec une ode à l'IA. Alors là, ça m'a beaucoup étonnée parce qu'il est vraiment très, très critique. Enfin, tu vois, pour moi... L'IA, c'est quand même beaucoup plus critiquable que les voitures connectées. Enfin, dans ma tête, peut-être parce que je n'ai pas mon permis, mais...

  • Speaker #1

    Il se trouve qu'il y a de l'IA dans les voitures autonomes.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Non, mais l'IA générative, conversationnelle. Et ce qui est marrant, c'est que l'IA conversationnelle, enfin le chat GPT, c'est vraiment son concurrent direct, à damasio. Parce que moi, je suis sûre que je te fous ça dans le chat GPT, je peux t'en sortir. C'est très étonnant que le seul moment où il est vraiment en compétition avec de la technologie, Et bien là, il est genre, c'est trop bien.

  • Speaker #1

    Après, je te rejoins totalement. En fait, il y a un énorme switch dans cette chronique-là. Et c'est à ce moment-là qu'il passe. On a les premières chroniques qui sont quand même, à part Apple, où il est un peu fasciné par les lignes courbes des téléphones Apple. Et donc, on a toutes ces chroniques où il critique de manière assez événement. En tout cas, il dresse un portrait hyper sombre de ce que font les technologies dans notre rapport au monde, à notre corps, à nous-mêmes, aux autres, etc. Et là, dans cette chronique, il y a un énorme switch dans cette chronique. Dans cette chronique-là, on a l'impression qu'il rencontre Grégory.

  • Speaker #0

    Ils passent un super moment.

  • Speaker #1

    Ils passent un super moment ensemble. Et là, bam, la technologie, c'est génial. Et il nous dit, Grégory incarne ce qu'il y a de meilleur dans l'amour de la technologie, dans ce qu'elle peut nous apporter en tant qu'espèce, et plus largement en tant qu'être vivant, conscient d'exister sur une Terre qui doit rester habitable pour tous, humain ou non. Sa vision m'oblige à poser à nouveau frais cette question simple, qu'est-ce que serait, qu'est-ce que c'est une technologie positive ? Et on a l'impression que c'est à partir de ce moment-là... qui du coup s'interroge sur ce qu'il va appeler ensuite la technocritique. Là, on a l'impression qu'il tombe à l'inverse, dans une sorte de technophilie totale qui est calquée sur la fascination de la Silicon Valley pour le pouvoir de la technologie.

  • Speaker #0

    Et pourquoi le pouvoir de cette technologie ancestrale qui est la bière ?

  • Speaker #1

    Et le vin rouge qui déchauffe les veines et déchauffe le cerveau. Il est vite fasciné de manière hyper naïve par cette nouvelle technologie. Le miracle, donc on parle de miracle en plus, on a l'impression qu'on est au psychotisme total. S'il y en a un, c'est que ces créations sont devenues des créatures. Il faut penser du coup plus le rapport homme-machine comme un rapport dominé-dominant, mais comme un rapport d'hybridation. On doit, je cite, imaginer le futur que ça nous offrira. Toujours dans cette fascination, il parle du coup du métier de développeur comme un art, tu l'as dit tout à l'heure. Mais du coup, comme si c'était quelque chose de complètement déconnecté. Et puis,

  • Speaker #0

    pour te couper... Pour te couper. T'inquiète, t'inquiète. Non, et ce qui est marrant, c'est que ça donne cette impression que les programmeurs, enfin les développeurs, ont des personnalités positives, parce que finalement, ils sont comme lui, comme Alain Damasio, c'est-à-dire des artistes. Donc finalement, la personne qui... gagne sa sympathie, c'est quelqu'un qui est un peu comme lui et je trouve que c'est un peu égocentrique. Et ensuite la dernière c'est pouvoir ou puissance. C'est un peu une sorte de cours de philo sur la technique très très très inspiré d'Heidegger mais aussi de Spinoza, je l'ai découvert en parlant avec Sarah qui a plus de références philosophiques que moi. Et ça devient un peu une préface à son oeuvre qui suit, enfin à la nouvelle, c'est à dire qu'il donne un but politique à la science fiction. qui est le fait de faire la critique des nouvelles technologies, un peu comme une sorte de garde-fou, pour nous prévenir de ce qu'on pourrait en faire de mauvais. La science-fiction, c'est important, parce que ça permet, par exemple avec Matrix, notre immersion dans le réel simulé, dont nous ne pouvons non plus nous arracher. Blade Runner, notre trouble à circonstruire la spécificité de l'humain face à ses répliques sentientes. Je ne suis pas totalement contre cette idée-là, mais un truc qui m'a beaucoup marquée récemment, c'est à quel point... les hommes puissants de la Silicon Valley Elon Musk pour ne pas le citer mais aussi d'autres lisent beaucoup de science-fiction c'est peut-être des gens qui lisent que ça quasiment et malgré tout ces mecs font quand même les décisions qu'ils prennent et parfois ils le font en connaissance de cause il y a vraiment on s'inspire oui on s'inspire par exemple il y a cette cette start-up qui est à Londres qui s'appelait Soylent qui était très inspirée de Soylent Green qui est un roman d'anticipation assez glauque où on se nourrit à base de poudre et donc Soylent Green c'est de la poudre humaine Et donc, ils ont quand même appelé leur marque Soylence tu vois, alors que c'est un roman d'anticipation qui, justement, anticipe le fait qu'on n'aura plus assez à manger sur Terre. Enfin, c'est marrant parce que tous ces gens-là lisent de la science-fiction et pourtant, ça a un peu l'effet inverse ou à l'inverse.

  • Speaker #1

    Mais au contraire, je crois qu'ils s'en inspirent assez largement aussi pour anticiper certaines évolutions, penser à certaines nouvelles technologies. Alors, il y a le côté on alerte effectivement, mais après, lui, ce qu'il prononce aussi dans cette dernière chronique, c'est le pouvoir de la science-fiction de créer un nouvel imaginaire politique. Ce qu'il dit vouloir faire, c'est battre le capitalisme sur le terrain du désir, et donc par désir, il entend créer de manière positive le concept qu'il intitule dans sa partie le biopunk. Et donc il essaye là de repenser, c'est là où il se veut innovant pour penser un nouveau rapport à la technologie qui allierait en plus aux problématiques contemporaines de l'écologie, etc. J'entends par là un type d'histoire qui envisagerait nos liens intensifiés aux vivants, animaux ou végétaux, bactériens ou fongiques, comme une réouverture magnifique au monde, au moment même où le cyberpunk attraye sa réponse de libération, en hypertrophiant notre dépendance aux plateformes. Il poursuit assez longuement une alliance renouvelée avec la forêt, l'océan, les champignons qu'on va cueillir et la rivière où on se baigne, avec les chamois qu'on surprend parce qu'on la crête et l'empire inouï des petits pouces quand on en prend soin. Mais en fait, il essaye de créer une nouvelle promesse qui... qui serait autre chose que les promesses de la science-fiction habituellement qui était celle du cyberpunk, qui lui considérait être, je le cite, une promesse exaltante qui permettrait, je pense, de sortir de ce qu'il identifie comme un antagonisme stérile entre ce qu'on dit la technophobie et la technophilie. Mais après, je te rejoins totalement sur le fait que c'est un échec. Ça veut dire que pour moi, cette dernière partie, c'est un bon moment. en plus j'ai l'impression que c'est une chronique rattrapage où il écrit après, quand il est revenu des Etats-Unis il essaye un peu de recoller les morceaux en disant il ne faut pas être technophobe en même temps il cite quelques arguments pour lesquels il faut maintenir une critique, des arguments de bon sens et tout à fait entendus ensuite il dit du coup il nous faut une nouvelle piste donc je vous propose ce nouveau concept, le biopunk petite description. Ensuite, je vous dis, il faut éduquer nos enfants et nous éduquer nous-mêmes parce qu'en fait, on n'a jamais appris à vivre avec les technologies. Et ensuite, il nous fait une sorte de petite liste de courses, de trucs qu'on devrait questionner. Et en plus, de manière hyper floue, il faut interroger l'effacement du monde extérieur, interroger l'interaction, interroger l'oubli du corps.

  • Speaker #0

    Il propose un programme de biopunk et donc dans la... Dans la nouvelle, à la fin, c'est l'histoire d'une famille qui est enfermée dans un appartement alors qu'il y a un immense orage, une sorte d'ouragan. Et cet ouragan est en fait une sorte d'ouragan bizarre, on ne comprend pas très bien ce que c'est. Et à la fin, les deux parents meurent, mais sont sauvés par une sorte d'intelligence artificielle. Ils deviennent une intelligence artificielle auprès de leur fille, qui en fait n'est pas humaine, mais est une sorte de robot. parce qu'en fait, ils n'arrivaient pas à avoir d'enfants. Et donc, au lieu d'avoir un enfant, ils ont une sorte de robot. Mais il y a du ressentiment de la part de la mère vis-à-vis de cet enfant. C'est très rapide comme résumé. Et c'est en fait, finalement, une sorte d'histoire assez apocalyptique où tout s'effondre, la technologie s'effondre, cette famille s'effondre. Et à la fin, tout le monde meurt. Tout ce qui reste, c'est la technologie et la nature. Mais finalement, les humains, eux, n'ont pas survécu. Moi, je ne vois pas ça comme une alternative super au capitalisme. En fait, moi, j'aimerais rester en vie. Et en plus de ça, ce qui est bizarre, c'est que l'une des raisons pour lesquelles la famille meurt, enfin, les parents meurent, c'est l'incompétence crasse du héros, en fait, Noam, qui a oublié de préparer... Parce qu'ils savent qu'il y a un ouragan qui arrive, mais bon, il a oublié d'acheter des bouteilles d'eau, il a oublié d'acheter à manger, et donc il se retrouve enfermé. En plus, il y a tout un système d'intelligence artificielle dans la maison. Moi, je trouve que c'est plus une nouvelle sur la compétence des hommes que sur les mauvaises technologies. Et on sent un fantasme très profond, je trouve, chez Damasio, qui est qu'il est allé aux États-Unis, il est allé à San Francisco, il a trouvé ça horrible, et il rentre chez lui et il se dit Imagine, il y aurait un énorme... ouragan qui détruirait tout ça. Et pour moi, c'est pas un projet politique super. Et donc, on arrive à une forme de grosse perplexité, toi et moi. Ouais.

  • Speaker #1

    En fait, non, le truc, c'est que je pense que j'aimerais revenir sur la fascination qu'il exerce. Enfin, également, moi, ça m'a surprise, la fascination qu'il exerce dans les médias. Parce que du coup, j'ai vraiment fait une petite revue de presse pour voir quelle avait été la réception de son livre. Parce que nous, on était assez d'accord, enfin, entre moi et les personnes autour de moi qui ont lu le livre et toi. C'est-à-dire que j'en avais pas mal discuté avec des gens qui étaient tout à fait d'accord avec nous, et de voir la fascination qu'il avait exercée dans les médias. Alors au début, je me disais peut-être que c'est le fait qu'il ait déjà beaucoup de place dans le monde de la critique de la technologie ou dans le monde, sur la scène, simplement littéraire française. Et comme je le disais, je l'ai croisé par hasard dans les livres que je lisais assez régulièrement. Je l'ai lu, il a fait la post-face d'un livre de Baptiste Morisot en matière d'écologie. Je lui lisais un livre sur la Z, et il avait écrit une... une nouvelle dedans. Donc je me disais, bon, peut-être que c'est ça qui explique qu'on donne beaucoup de valeur à sa parole ou à son discours. En même temps, après, je voyais une fascination vraiment active. Enfin, il y a cet article dans Mediapart, enfin cet interview dans Mediapart, où il y a vraiment une reconnaissance réelle de ce qui serait le talent de Damasio, où il dit la façon dont l'écrivain arrive, par ses formulations, à décrire à nouveau des éléments qui nous paraîtraient intuitifs ou déjà connus, mais dont on redécouvre sous sa plume le caractère vertigineux. Et je pense que c'est... effectivement, un peu là où ça se situe, c'est qu'en fait, il arrive, il a quand même une écriture qui est assez séduisante, du coup, dans la manière dont il a de présenter des choses qui nous sont complètement communes à tous et toutes, avec une esthétisation très récurrente du rapport à la technologie. Son entreprise même, de vouloir battre le capitalisme sur le terrain du désir, c'est séduisant en soi, il ne faut pas se mentir. L'idée qu'on est tous complètement dépendants de nos technologies, du coup, c'est dire qu'en fait, on n'a pas besoin de lutter en bloc. contre la présence de technologie pour s'émanciper, mais qu'en fait, on peut faire exister un art de vivre avec les technologies, c'est une idée séduisante. Et ensuite, il y a même quelque chose de séduisant en tant que tel dans les termes qu'il utilise. Il se place comme ce qu'il appelle être un mythopoète, ou alors un... Non, il fait faire de la mythopoétie. Lui, il se dit être un technopoète.

  • Speaker #0

    Ouais, moi, je mets le blâme sur Lacan. Je pense qu'on consiste en... Lacanisation du langage. Et oui, moi aussi, je préfère des néologismes. Pourquoi je fais référence à Lacan ? Et puis, ce n'est pas que Lacan, c'est Heidegger, c'est Deleuze. Il est très inspiré par tous ces gens-là, mais surtout par une prose. Donc, Deleuze dit souvent que la philosophie, c'est l'art de créer des concepts. Et là, c'est vraiment au sens propre du terme. Il va créer des concepts, c'est-à-dire des mots. Et donc, il va créer des petits mots chelous. Et donc, on a l'impression qu'il fait un truc intelligent parce que comme il crée des mots chelous à base de... grec, forcément, ça doit sûrement être intelligent, tout ça.

  • Speaker #1

    La vie de gata.

  • Speaker #0

    La vie de gata, c'était pas si intelligent que ça. Et c'est marrant parce qu'il ne fait pas que ça. D'un côté, il y a un usage du grec, des néologismes, il va créer des nouveaux mots, alors qu'il n'y a pas souvent une très grande justification derrière chaque création de mots. Mais en même temps, il va faire des grosses références à une culture geek qui m'a fait vraiment penser à mon adolescence, donc super. Le Seigneur des Anneaux, les références au gaming, des mots comme No Life ou Osef. No Life, c'est les gens qui n'ont pas de vie et qui restent tout le temps sur leur ordi. Ou Osef, on s'en fout. Tout ça, c'est un peu des petits clins d'œil faits pour que les geeks, les geeks au sens très large du terme, ils vont se sentir valorisés et représentés parce qu'ils se disent, ce mec qui est super connu, cet auteur culte, il a les mêmes références que moi. D'un côté, il utilise un langage ultra lourd, universitaire, bizarre, à base de concepts, ultra lacanien, ultra deleusien. Et de l'autre côté, il va dire Osef. Et là, moi, je trouve qu'il y a un goût extrêmement démago derrière tout ça. Et en plus de ça, il y a le goût de la petite blague, qui est souvent très nulle, voire totalement vulgaire. Et c'est un reproche qu'on pourrait faire à Lacan, d'ailleurs. C'est pas parce qu'il y a un jeu de mots marrant à faire, ou un jeu de mots un peu bien trouvé, qu'il y a un sens profond derrière le jeu de mots. C'est juste dire que ça sonne marrant, en fait. Enfin, pas plus. Mais dès que t'essayes un peu, en fait, je pense que nous, on a eu cette entreprise de résumer les thèses de Damasio et on n'y est pas arrivés tant que ça. Enfin, on a vraiment galéré.

  • Speaker #1

    Puis dès qu'on en trouve une, elle est finalement assez faible.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et parfois, il se contredit énormément. Et il fait référence à des trucs où moi, j'ai eu du mal, tu vois. Et pourtant, je pense que je ne suis pas non plus la dernière des imbéciles. Et pourtant, parfois, il fait des références à Hegel comme ça, à Hegel. un peu en passant, ou à Nietzsche, ou à Heidegger. Et j'étais vraiment genre, waouh, c'est des trucs que j'avais perdu depuis dix ans, est-ce que tu peux peut-être, je sais pas, faire preuve un tout petit peu de pédagogie ?

  • Speaker #1

    Moi, ce qui m'a beaucoup surpris, c'est du coup, pour l'avoir écouté dans Bookmakers, il dit dans Bookmakers que lui, il est extrêmement peu de fiction, et qu'il s'est nourri exclusivement de textes philosophiques, de Deleuze, de Foucault, etc. Mais ce qui est assez frappant, c'est qu'en fait, la restitution est...

  • Speaker #0

    Pour moi,

  • Speaker #1

    c'est une régurgitation. Elle dessert vraiment son propos parce que je trouve qu'il les mobilise assez mal à des endroits où... Enfin, pas du tout de manière pédagogique. Donc, si on ne connaît pas, on ne comprend pas. Si on connaît, on s'interroge un peu sur pourquoi ce concept à cet endroit-là, qu'est-ce qu'il en tire ? On ne sait pas à quoi... Enfin, on ne comprend pas du tout à quoi ça sert de les invoquer aux endroits où il le fait. Et du coup, ça donne aussi une sensation généralisée de très grande nonchalance. Tiens, je te mets un petit mot à droite, je te mets un petit sminuzi à gauche, un petit... un petit doloz par-ci, et c'est... Et ça devient vraiment irritant. J'ai trouvé ça assez snob, au fond, d'avoir comme ça ces références hyper intellos, avec une vulgarité en plus omniprésente.

  • Speaker #0

    Une dernière chose que je voulais dire, c'est...

  • Speaker #1

    Mais je pense que, pardon, juste pour rebondir là-dessus, je pense que ça rejoint si vachement l'indétermination de l'objet que c'est dans son temps. Oui, voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Ah,

  • Speaker #1

    c'est ce que tu voulais dire aussi ? Ah, ok. Ben, je pense que ça rejoint complètement, parce qu'on va dire, alors il a appelé ça des chroniques littéraires, mais concrètement, je pense que c'est parce que c'est un objet qui a pas de... trop de formes. Comme on l'a vu, c'est des chroniques qui partent, qui prennent du coup, qui ont à chaque fois pour objet un thème sur lequel après ils dissertent un peu. Mais en fait, ce ne sont pas vraiment des essais à proprement parler parce qu'il n'y a pas de thèse, il y a des thèses mais qui sont un peu dispersées, il n'y a pas de thèse un peu structurante dans chaque passage, qui le pousserait en fait à justifier la mobilisation de certaines références, à justifier la création ou non de certains concepts et pas de le faire un peu en passant. Le fait qu'il appelle ça chronique littéraire, du coup, ça lui permet à lui justement cette... Cette mythopoïèse où il peut créer les mots qu'il veut, les utiliser comme il veut, sans que ça ait de pertinence ou d'utilité. Et de mobiliser aussi par moment la fiction, sans que ce soit un texte entièrement fictif. On peut accepter que c'est une sorte de longue errance et qu'on entre un peu dans son flux de pensée informe, mais c'est juste pas très intéressant.

  • Speaker #0

    En plus de ça, quand je l'ai lu, j'étais vraiment très énervée. Et après, je me suis un peu reprise en me disant, mais tu peux pas t'attendre de la part de Damasio de faire un travail journalistique. En fait, moi, l'idée que j'ai, c'est que c'est cette impression très forte que... comme le monde littéraire et philosophique se rechigne à parler de technologie, les rares qui le font, en fait, ils ont un peu l'avantage du premier rentrant. Et donc, en fait, Damasio, il a eu l'avantage du premier rentrant. Ça a été l'un des premiers à parler de la société du contrôle technologique. Et donc, bim, ils se retrouvent à faire le tour des popotes. Et en plus de ça, je trouve que c'est un peu la pire personne pour parler de technologie, parce que c'est quelqu'un qui est très influençable. Très émerveillé, un peu ravi de la crèche, dans les deux sens, dans le sens négatif ou positif. Mais il se laisse un peu reporter par la vague de manière très lyrique, très enthousiaste. Donc ça, ça nous plaît, on aime bien. En fait, c'est marrant, mais paradoxalement, il n'a pas un rapport très critique à sa propre pensée. Et il est très passif vis-à-vis de ce qu'il a vécu. Paradoxalement, c'est marrant, parce que ce n'est pas vraiment ce qui ressort en première lecture. Il dit, je ne suis pas technophobe, je ne suis pas technophile.

  • Speaker #1

    mais technocritique moi j'ai l'impression que selon avec qui il parle il est technophobe ou technophile en fait oui oui et puis là on le voit dans ses chroniques je trouve que la chronique vraiment où il rencontre Grégory Renard elle est très frappante parce qu'il change complètement le ton alors je sais pas c'est juste parce qu'il est bourré mais on apprécie son lyrisme et son enthousiasme et c'est pas et c'est pas pas des descriptions qui sont désagréables à lire. En plus, on a l'impression d'avoir accès à l'expérience que lui-même a faite. Donc, tout ça, c'est vraiment pas désagréable. Après, c'est un peu... C'est trop frappant de voir la vulnérabilité que ça crée à l'égard des technologies qui nécessitent, comme il le dit lui-même, d'être hyper éduqué, affûté, etc.

  • Speaker #0

    Oui, paradoxalement, il est lui-même très vulnérable. C'est peut-être une grande chose. Il n'est pas de smartphone.

  • Speaker #1

    Non, mais il finit cette chronique. Et après, je reprends sur le smartphone, c'est important. Mais il finit la chronique dans... On parlait là par tout est animé. C'est très dangereux de dire ça aujourd'hui avec l'arrivée des IA génératives qui tendraient à confondre la manière dont on se rapporte aux technologies comme à des êtres humains, etc. Dire tout est animé, c'est...

  • Speaker #0

    Non, justement, il faut faire une distinction et il peut quand même la faire, malgré...

  • Speaker #1

    Mais pour rebondir sur le smartphone, oui, quelqu'un qui te parle des nouvelles technologies alors qu'il n'a pas de smartphone et qu'il est joignable apparemment que par mail... ou via le téléphone de sa meuf ou le téléphone de sa femme pour valider ses virements effectivement je pense que c'est problématique et c'est ce qui peut expliquer du coup ce mélange de fascination et cette impression de critique un peu contre l'évangile chaude il

  • Speaker #0

    est là genre waouh Apple c'est comme une religion et je suis là genre non mais ça fait 15 ans qu'on le dit et à un moment il faut passer votre chose en fait et puis il enfonce des portes ouvertes il dit des lieux communs Il a une obsession sur le porno qui est très marrante parce que le porno, c'est pas bien. Ah bah oui, le porno, c'est pas bien. Ah bah non. Oh là là. Le porno, c'est pas bien. Ah bon ? Et il y a un truc qu'il fait qui, moi, me magasse énormément, c'est genre, il enlève la raison derrière certains faits de société, il omet totalement les causes, et puis ensuite, il tourne en dérision l'effet d'écrit puisque il n'y a pas de cause, donc ça a l'air absurde. Et ensuite, il imagine les conséquences en mode pendricissante. Donc, par exemple, pour la santé, t'as, oh là là, on va regarder le gène humain, mais... parce qu'en fait, en regardant le gène humain, on va pouvoir accompagner des gens qui ont des pathologies graves. Et comme on ne dit pas cette cause-là, la pente glissante, c'est waouh, les assurances vont augmenter Oui, c'est certes, c'est une conséquence probable et sûrement qui existe déjà aux États-Unis. C'est une manière, c'est une rhétorique qui est pénible pour moi parce que j'aime bien savoir les causes derrière des faits de société, comme à peu près tout le monde. Quand même, le dire, c'est qu'il y a un peu une description, avec des sous-entendus légèrement complotistes, sur la pandémie du Covid. Je ne sais pas si toi, tu l'as senti aussi, mais moi, j'ai cette impression qu'ils pensent que la pandémie du Covid, on l'a un peu tournée, on a utilisé le Covid pour contrôler la société. Et à nouveau, comme ils ne donnent pas la cause, qui est que c'est une pandémie, qu'on essaie d'éviter les contaminations, donc on va créer des frontières. pour éviter que les gens se contaminent et meurent, et bien, tout d'un coup, tu as un système ultra complotiste du type le grand pouvoir mondial m'empêche de prendre l'avion pour aller aux États-Unis.

  • Speaker #1

    Ah, c'est du dessin, ça, aussi.

  • Speaker #0

    Et ça, voilà.

  • Speaker #1

    Le commun m'empêche d'aller faire mon voyage en montagne. Et non, parce que j'y vais quand même.

  • Speaker #0

    Donc, on en arrive à la conclusion de cet épisode, qui est que Damasio, c'est un peu du s'éventer son de gauche. Et je sais que ça va faire plaisir à personne d'entendre ça. les fans de Sylvan Tesson et les fans d'Alain Damasio. Il se trouve que ce côté aphorisme, référence constante, en mode je suis super intelligent, j'ai lu des livres évidemment des références creuses, on ne va pas les creuser plus que ça. Le côté un peu… Conservateur. Conservateur, bizarrement conservateur. Alors, ce n'est pas bizarre chez Sylvan Tesson d'être conservateur, mais c'est quand même plus bizarre chez Damasio. Le côté je vis tout seul, je déteste la technologie, je ne veux pas avoir de téléphone ce genre de choses. Oh, on m'empêche de voyager, ouin ouin. Il y a quand même énormément de points communs entre Damasio et Sylvain Tesson. Et là, les grandes différences, je ne sais même pas quelles différences je trouve vraiment.

  • Speaker #1

    Il est quand même un peu plus enthousiaste.

  • Speaker #0

    Il est plus enthousiaste, oui. Et il est plus sympa avec les gens.

  • Speaker #1

    Ouais,

  • Speaker #0

    je pense qu'il a l'air d'être un peu plus gentil. Ça a l'air d'être quelqu'un de plus gentil. Au moins, Sylvain Tesson, je savais à quoi m'attendre. Moi, j'ai l'impression qu'il est quand même genre... Enfin, les passages où il... Enfin... Bon, allez, j'en parle parce que c'est quand même un peu dingue, mais un truc qui m'a beaucoup marquée, c'est qu'il est très antiraciste, mais parfois, il dit des trucs un peu choquants quand même. Par exemple, il parle de la tech. Elle les opère en outre à partir d'une vision du monde qui demeure pour une écrasante majorité celle de mâle pour 80% à crâne d'œuf. Donc, je suis là genre, c'est bien, le mec dit que la technologie, c'est un truc un peu masculin, voilà. Mais il dit... pour 80% à crâne d'œuf, j'entends asiatiques ou européens, jaunes et blancs, à plus de 90%, tandis que latino et afro-américains sont cantonnés au rôle de vigile, de concierge ou d'argent d'autre tien. Déjà, l'utilisation du mot jaune... border. Et ensuite, en plus de ça, le côté où les personnes de minorité, les personnes asiatiques, c'est pour moi des minorités qu'on dit modèles, mais ça ne veut pas dire que ça l'est vraiment. C'est-à-dire que mettre les Blancs et les personnes asiatiques dans le même 80%, c'est... Même chose à ses borders, parce que ça serait ne pas penser le racisme que peuvent subir les personnes asiatiques aux Etats-Unis, et elles existent, ces actes racistes. Donc, bref, il y a des moments où c'est choquant, parce que tu t'attends à... Tu t'attends pas à ça, parce qu'en plus de ça, il dit explicitement des trucs genre Oh, c'est pas bien le racisme et ensuite, il te sort des trucs genre...

  • Speaker #1

    Mais il le fait à deux reprises, et j'ai l'impression que... Là, par exemple, je retrouve le passage où il avait redit jaune, c'était dans la première chronique, non, la deuxième, sur les voitures autonomes. où du coup il craint le fait que justement on n'ait plus accès à l'altérité qui nous permettait de rencontrer des chauffeurs de taxi, c'est que vous n'aurez plus à interagir avec des migrants, des faces jaunes ou basanées, seulement des interfaces.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il le fait ironiquement du style Ah vous, celles racistes, vous pensez que ces gens ont des faces jaunes et basanées ?

  • Speaker #1

    Ou alors pour critiquer le fait que si on n'a plus d'interaction, on va du coup les caractériser. Mais en fait, je suis d'accord avec toi, c'est pas du tout clair, on a l'impression au contraire que juste s'il utilise un vocabulaire complètement… obsolète, qui était utilisée peut-être avant, mais qui n'est plus du tout admise.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, même mes parents y disent ça.

  • Speaker #1

    Je suis convaincue. Je veux dire qu'il y a un peu des occurrences, des petites surprises, comme tu les as pointées, qui sont un peu dérangeantes, qui perturbent la lecture.

  • Speaker #0

    Bref, si vous écrivez un livre, si vous nous écoutez et que vous écrivez un livre, évitez le terme jaune pour parler de personnes qui viennent de pays d'Asie. Voilà. Je pense que je ne me mouille pas trop en disant ça. Sarah, est-ce que c'est un vrai torchon ou plutôt une surprise ?

  • Speaker #1

    C'est manifestement un vrai torpon, je dirais.

  • Speaker #0

    Oui, je pense aussi. Qu'est-ce qu'on propose à la place ?

  • Speaker #1

    De mon côté, je proposerais deux choses. Peut-être une newsletter que j'aime beaucoup et qui, pour le coup, est très renseignée si vous voulez comprendre la technologie et vous éduquer, d'ailleurs, comme la propose Damazio, qui s'appelle Dans les algorithmes et qui est vraiment super et qui, d'ailleurs, a fait une critique de Vallée du Célicium qui nous rejoint totalement. Autre livre toujours sur renseignement sur la tech, c'est... un livre qui s'appelle La Tech de Olivier Alexandre. Et là, pour le coup, c'est une vraie enquête sociologique d'un sociologue qui va dans la Silicon Valley faire un terrain pendant plusieurs années. Et c'est vraiment... Voilà, ça, je vous recommande. C'est vraiment informé, super intéressant, beaucoup d'entretiens qui sont retranscrits tels quels, et donc on a l'impression d'avoir un peu accès à ce qui s'y passe. Voilà.

  • Speaker #0

    Moi aussi, si vous êtes intéressés par l'histoire de la Silicon Valley, moi, j'ai lu en anglais d'Adam Fisher, qui est un journaliste de Word. Valley of Genius, The Uncensored History of Silicon Valley. C'est que des interviews. C'est vraiment très brut. Mais c'est des interviews de gens qui ont fait la Silicon Valley. Et ça a un côté, oui, un effet un peu uncensored. Alors bon, c'est pas très technocritique non plus. Mais au moins, c'est très brut. On sait de quoi on parle. Ensuite, ce que je conseille de lire à la place de Damasio, c'est finalement lire, disons, 30 pages de Damasio. Puisque c'est Amérique de Jean Baudrillard. Je pense qu'il cite au moins une bonne quinzaine de pages d'Amérique.

  • Speaker #1

    En plus, apparemment, son éditrice l'a empêchée de citer plus.

  • Speaker #0

    Donc, lisez Amérique de Jean Baudrillard. Jean Baudrillard dit n'importe quoi. Il est en roue libre sur l'autoroute du n'importe quoi. Mais c'est trop bien. Il dit beaucoup de choses qui sont très vraies en même temps qu'elles sont très fausses. C'est pas grave. Pour moi, c'est limite de la poésie en prose. Donc, c'est assez marrant à lire si vous la lisez comme ça. Et je l'ai lu aux Etats-Unis, et je trouve que c'était une super lecture à faire aux Etats-Unis, parce qu'après une journée à crapauter, à me dire waouh, c'est américain avec leur grosse voiture, ça fait plaisir de lire Jean Bontéard qui dit waouh, c'est américain avec la nouvelle voiture. Et ensuite, je voulais conseiller encore d'autres choses. Cette histoire de biopunk, qu'à priori je crois qu'on appelle plutôt solarpunk ça se retrouve dans un livre que j'ai déjà conseillé dans un autre épisode, mais je le fais quand même parce que c'est mon torchon, et je le fais parce que je veux avec mon podcast. c'est que c'est Psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers. Ça, c'est vraiment ce que Damasio aurait dû écrire finalement, qui est une alternative anticapitaliste par la science-fiction de qu'est-ce qui se passerait si on avait un rapport apaisé avec les nouvelles technologies. Je pense que Becky Chambers a réussi à faire ce que Damasio n'a pas réussi à faire. Et c'est très court, c'est vachement bien. C'est un côté très philosophique en plus, même chose. Sans citer Nietzsche, donc c'est très bien. Bref, Becky Chambers ne m'a pas payée pour faire cette pub. Ensuite, Delphine de Vigan avec Les Enfants sont Rois, c'est une critique des influenceurs sur les réseaux sociaux qui montrent leurs gamins. Et je trouve que c'est une bonne exploration de comment faire de la fiction sur un sujet de société lié aux nouvelles technologies sans en faire des caisses. Bon, la fin n'est pas ouf, mais en tout cas, je trouve que c'est un bon... Bonne manière de faire, même chose dans la même veine que Damasio. Et le dernier, c'est quelqu'un qui fait du gonzo, qui parle de nouvelles technologies, qui va interviewer plein de gens et qui va avoir un rapport critique, mais en même temps, plutôt réaliste sur les nouvelles technologies. C'est Judith Duportail avec L'amour sous algorithme. C'est un livre sur Tinder, sur les applis de dating et sur comment ça a changé notre rapport à la technologie. Et je trouve qu'elle fait exactement ce que j'attendais de Damasio, c'est-à-dire un bon... Une bonne critique, un côté très journaliste, mais en même temps, elle va raconter sa vie, un côté quasiment fictionnel parfois. Même chose, je pense que c'est une bonne alternative sur ce sujet très particulier qui est les applis de dating. Sur ce, je pense qu'on peut conclure. Merci beaucoup de nous avoir écoutés jusqu'ici. Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à nous suivre sur notre compte Instagram, arrobase torchon pour un podcast littéraire, pour nous donner vos idées et vos réactions à cet épisode. Et je vous conseille de le suivre pour plus de recommandations, plus de critiques et plus de coulisses. On vous embrasse et on vous dit... à bientôt à bientôt

Description

Un auteur de science-fiction à la découverte de la Silicon Valley : un projet alléchant, non ? Vallée du silicium fait partie de ces livres qu’on a vu partout dans les médias…. bon, dans les médias un peu intello. La grande librairie, France Culture, Médiapart, et j’en passe. Oui, le diable travaille dur mais l’attaché de presse d’Alain Damasio travaille encore plus dur. A moins que ce soit les médias eux-mêmes, qui ont soif d’une parole littéraire et intellectuelle sur les transformations toujours plus rapides venant de San Francisco. Inspirées par ces articles enthousiastes, Sarah et Léa pensaient passer un bon moment sur des sujets qui les animent et…


Bon, vous allez croire que chez Torchon, on est des vieilles grincheuses. Mais clairement, il y a quelque chose qui cloche. Car derrière les néologismes inspirées du Grec et de Heidegger, derrière les jeux de mots lacanien, et derrière les références à la langue des forums geeks de nos années d’adolescence… On retrouve une critique de la tech un peu molle, voire, des lieux communs totalement éculés. Je n’en dis pas plus, j’ai peur de me mettre à dos mes amis geeks qui ne jurent que par la Horde du contrevent, et si vous avez le coeur bien accroché, écoutez l’épisode ! 


Ce que l’on propose à la place : 

Podcast & autres

Sounds like a Cult, épisode « The cult of Apple ». 

Bookmakers par Arte Radio - Damasio (3 épisodes) 

Newsletter https://danslesalgorithmes.net/


Livres : 

La tech, quand la silicon valley refait le monde d’Olivier Alexandre 

Un psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers

Amérique de Jean Baudrillard 

Valley of Genius, the Uncensored history of Silicon valley par Adam Fischer

L’amour sous algorithme de Judith Duportail 

Les enfants sont rois de Delphine du Vigan


Compte instagram de l'émission : https://www.instagram.com/torchon.podcastlitteraire/?hl=fr


Torchon, c’est le podcast qui traite de l’actualité littéraire en lisant des livres pour que vous n’ayez pas à le faire. On est une bande de copain pas du tout critiques littéraires de profession, et pour chaque épisode on se retrouve en mode "club de lecture de l'extrême" et nous lisons un livre qui a fait l’actualité pour vous dire si c’est une bonne surprise ou bien un vrai torchon. Et restez jusqu’à la fin pour nos recommandations littéraires et culture ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Torchon, le club de lecture où on lit des livres pour que vous n'ayez pas à le faire. Pour chaque épisode, nous lisons un livre qui a fait l'actualité, que ce soit dans les médias ou sur les réseaux sociaux, et nous vous disons si c'est une bonne surprise ou alors un vrai torchon. Grâce à Torchon, vous pourrez briller en société et parler du livre du jour sans même l'avoir lu. Je suis Léa et je suis aujourd'hui avec Sarah.

  • Speaker #1

    Coucou tout le monde !

  • Speaker #0

    Et nous avons lu Vallée du silicium d'Alain Damasio, paru aux éditions Seuil en 2024. Alain Damasio, moi j'en avais surtout entendu parler parce qu'autour de moi il y a... plein de gens qui ont lu un de ses livres cultes qui est La Horde du Contrevent. Pourquoi tu ne l'avais pas lu avant ? Comment ça ?

  • Speaker #1

    Alors avant que tu me proposes de faire le podcast sur Damasio, si. Du coup j'avais lu Vallée du Silicium à sa sortie même au printemps. Mais c'est aussi la première fois que je lis Damasio.

  • Speaker #0

    C'est un auteur de science-fiction donc il a une cinquantaine d'années. Il y a un peu chez lui le mythe du mec qui s'enferme dans une bicoque dans la nature pour écrire. Donc il s'est enfermé dans le Vercors, puis dans la Corse et là en ce moment il habite dans le Var je crois. Donc, il est vraiment très reclus. Il a d'abord écrit La Zone du Dehors, qui est un roman d'anticipation sur, disons, la société du contrôle. Et donc, La Horde du Contrevent, qui est en fait vraiment son roman culte que tout le monde cite comme étant l'un des plus gros romans du XXIe siècle et l'un des plus gros romans de la science-fiction aujourd'hui. Il a aussi écrit plus récemment Les Furtifs, qui est aussi un roman d'anticipation, mais surtout sur le contrôle via les réseaux sociaux. Et puis, bon, voilà, des articles, des essais. Il est un peu... Il a fait de la musique, comme je peux le dire. Je crois qu'il fait du jeu vidéo aussi.

  • Speaker #1

    Il aime aussi beaucoup le foot. Il en a parlé assez longuement dans Bookmakers.

  • Speaker #0

    Oui, on en reparlera de Bookmakers, mais parlons d'abord de la Vallée du Silicium. La Vallée du Silicium, en fait, c'est un peu une sorte de commande. Je pense qu'on pourrait le décrire comme ça quand même. Damasio a reçu une bourse de la Villa Albertine. C'est un programme de résidence mis en place par le gouvernement français depuis 2021 pour soutenir et diffuser la création française. Elle vient compléter la Villa de Disque, la Casa de Velázquez à Madrid et la Villa Cujo Llama à Kyoto. Et il se trouve que cet été, j'ai su aller à la Villa d'Albertine parce que j'étais en vacances à New York. Et ils ont une super librairie qui est sur la 5th Avenue, donc dans l'Upper East Side. Donc si vous connaissez Gossip Girl, c'est là.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as écrit des chroniques de Manhattan ?

  • Speaker #0

    Je t'en aurais dit le jour. Mais malheureusement, personne ne m'a donné de bourse pour les écrire, donc ben non. Ils ont des bourses pour 15 disciplines différentes, pas seulement de l'alité, mais aussi de la musique, du podcast, les arts visuels, etc. C'est un partenariat, donc il y a le ministère de la Culture, le ministère des Affaires étrangères, mais il y a aussi des partenariats privés, donc la Société Générale, AXA, et la Fondation Mettez un Coup, par exemple. Pourquoi on a choisi ce livre ? Déjà, c'était une demande de plusieurs auditeurs, notamment Stanislas, si tu passes par là, merci à toi. Aussi parce que moi, j'espérais un peu une bonne surprise, pour être très honnête, vu que c'était le livre que je comptais lire pendant mes vacances. et que c'est un auteur qui est vraiment plébiscité par plein d'amis à moi. Moi, je m'attendais un peu à lire un livre qui a été vraiment beaucoup, beaucoup discuté dans les médias que je suis, genre, je sais pas, Arte, Sculpture, ce genre de choses. Et donc, je me suis dit, ah bon, bah, marrant, on va faire une rentrée sympa, quoi.

  • Speaker #1

    Bah oui, totalement. Et puis, comme je disais, j'ai vraiment lu Valet du Célicium avant qu'on se dise qu'on allait le faire dans le podcast. Et moi, j'ai lu parce que j'ai lu des critiques, mais vraiment dithyrambiques de Valais du Silicium dans Mediapart, dans Télérama. On l'entendait passer sur France Culture, un peu partout. Et du coup, moi, j'ai vraiment acheté à sa sortie en me disant, Bon, bah, super, c'est une bonne occasion de lire Damasio, dont j'avais beaucoup entendu parler. Tout le monde en dit beaucoup de bien. La texte, c'est intéressant.

  • Speaker #0

    Non, il est passé dans la Grande Librairie. Il est passé dans le podcast d'Arte qui s'appelle Bookmakers, qui interview des auteurs sur leur processus d'écriture. Et d'ailleurs, toi, tu l'as écouté ce... Ouais,

  • Speaker #1

    je l'ai écouté. C'était vraiment... Et c'est vraiment bien parce que du coup, dans le processus, j'avais lu Valet du silicium, comme vous le verrez après, qui ne m'a pas plu du tout. Et là, j'ai essayé de comprendre un peu comment, ce qui expliquait que Damasio ait une telle portée médiatique ou dans la critique, en tout cas, de la technologie. Et donc, j'ai écouté ce podcast qui est dans un format que j'ai beaucoup aimé. C'est trois heures de podcast, enfin trois épisodes d'une heure avec Damasio. Et en fait, l'objectif du podcast, c'est de comprendre surtout le processus d'écriture et de création de ces livres. Et du coup, il revient assez longuement sur tout. les pans de sa vie, de son enfance, de son rapport au foot notamment, c'est là qu'il en parle et qu'il en fait un... C'est vraiment intéressant sur son rapport aux défis, à l'échec et donc aussi à l'écriture. Tout le podcast est vraiment... Je le recommande vachement et c'est ce podcast qui m'a donné envie d'essayer d'approfondir et c'est pour ça que je suis allée lire après cet été La Zone du Dore.

  • Speaker #0

    On va uniquement parler de la vallée du silicium mais... Voilà. En fait, oui, c'est ça. Moi, je partais avec un a priori plutôt positif. De un, parce qu'il a fait le tour des popotes, parce que le diable travaille dur, mais l'attaché de presse d'Alain Damasio travaille encore plus dur. Et en plus de ça, il parle de sujets qui, moi, m'intéressent à titre personnel et professionnel. C'est qu'il parle d'innovation, de technologie et de réseaux sociaux, par ailleurs. Et donc, je me suis dit, c'est sympa de lire. un auteur de science-fiction, parler de technologie. La structure du livre, comme je l'ai dit, ce n'est pas uniquement un livre de science-fiction, c'est sept chroniques littéraires et puis ensuite, il y a une nouvelle de science-fiction inspirée par les enseignements des chroniques littéraires précédentes. On sent très bien le lien entre les chroniques et la nouvelle, surtout que la fin de la dernière chronique, il y a un petit côté un peu... Je suis désolée, les mots arrivent en anglais en ce moment, mais statement. Genre, voilà pourquoi je fais de la science-fiction. Paf, il nous pond la science-fiction et donc... Donc, on a une préface un peu à cette nouvelle. Je propose qu'on résume rapidement les différentes chroniques parce qu'elles sont sur des sujets très différents finalement parce que la technologie, c'est large. Le premier s'appelle Un seul anneau pour les gouverner tous Donc, déjà une petite référence au Seigneur des Anneaux. Sur le ring d'Apple, le centre du monde, le techno cocon et la réalité mixte. Donc, c'est sur Apple. C'est sur Apple et c'est sur l'aspect religieux de la marque. De mes yeux. arrive à San Francisco et va visiter la boutique Apple qui est attenante au QG. Dans laquelle il ne peut pas entrer. Et donc, il raconte un peu son expérience dans la boutique. C'est marrant parce qu'il a rajouté et ça se sent qu'il l'a rajouté 6 mois plus tard, une partie sur le casque en réalité visuelle créé par Apple pour créer cette idée de techno-cocon. L'idée que de nos jours, le monde, c'est trop dur et donc on va se réfugier dans des technococons comme ce casque. Moi, c'est tout de suite cette chronique qui m'a un peu déçue. Ça a donné le ton pour la suite parce qu'en fait, il dit Apple, c'est comme la religion. Et finalement, c'est tout.

  • Speaker #1

    Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Nous sommes un dimanche d'avril et puisqu'il n'y a rien à visiter dans la Silicon Valley, le jour du Seigneur, il va bien falloir aller à l'église. Oui, mais laquelle ? Et pour célébrer quelle religion, j'entends qu'elle marque. Et ensuite, page 12, il dit Bien sûr, la métaphore religieuse garde quelque chose d'un peu facile et d'un peu inexact puisqu'elle impliquerait une croyance partagée, une vraie spiritualité, là où ne règne que par des objets industriels, des interactions et des pratiques sérielles. Elle transcende cependant les continents et les cultures qui font qu'une Guyanaise sous son carpet swipe les mêmes applis avec les mêmes gestes fluides qu'un Tanzanien, une Indienne, un Ouzbék ou une Américaine dans sa chambre. Enfin, quel est le rapport avec la religion, en fait ? Est-ce que la religion, le concept, c'est que ça va influencer tout le monde à travers le monde ? Alors, dans ce cas-là, on parle plus de religion, comment dire, majoritaire, comme le christianisme ou l'islam, où, voilà, ça atteint beaucoup de monde. Après,

  • Speaker #1

    je suis assez d'accord avec toi, en fait. Je trouve qu'on trouve tout de suite, enfin, dès cette chronique, tout ce qu'on retrouve, en fait, dans tout le reste du livre, c'est-à-dire des jeux de mots tout pourris. Dès les premières pages, on retrouve... Ce manque de rigueur un peu crucial, on en reparlera tout à l'heure, où il affirme plein de choses sans aucune espèce de recherche ou d'études, alors que ça peut être des thèses vraiment fortes. Ensuite, il annonce aussi un peu en filigrane son projet général qui est de se faire un peu créateur de sens. Donc, il parle déjà de mythopoïèse à ce moment-là, il parle déjà de poésie, avec toute cette fascination aussi pour le monde technologique qui est vachement esthétisé. Mais du coup, la déception-là, en fait, en annonce... Et d'ailleurs,

  • Speaker #0

    il y avait une telle déception que j'ai écoutée... Si vous voulez écouter quelque chose sur Apple et la religion, et est-ce qu'Apple, c'est une religion, il y a un podcast qui s'appelle Sounds Like a Cult. Donc, c'est un podcast en anglais, malheureusement. Et ils ont fait un épisode sur The Cult of Apple, donc la secte d'Apple. Et en fait, de manière assez humoristique, mais en même temps très profonde, ils arrivent vraiment... Elles arrivent vraiment bien à... à cerner pourquoi on a cette impression qu'Apple, c'est comme une religion. Et elles vont vraiment utiliser une grille de lecture très étroite, très cadrée pour répondre à cette idée reçue que Damasio exprime et que finalement,

  • Speaker #1

    il ne l'explore pas du tout.

  • Speaker #0

    Non, il ne l'explore pas du tout. Je pense que vraiment, il est très premier degré sur ce qu'il pense et ce qu'il ressent. Et donc, par exemple, dans la deuxième chronique, c'est la ville aux voitures vides. Donc, c'est sur les voitures autonomes. sur la voiture comme allégorie d'une époque, nos autonomies déléguées et la loi du moindre effort. Je pense que la thèse principale de cette chronique-là, c'est l'idée que les voitures autonomes nous rendent plus paresseux et c'est pas bien. Je pense que c'est ça, en fait, la thèse, non ?

  • Speaker #1

    Oui, globalement. Je ne sais pas si il a une thèse très claire. En fait, les voitures autonomes, ça nous rend paresseux, ça nous éloigne des autres parce que du coup, on n'est plus en contact avec les chauffeurs de taxi. qui représentait notre rapport à l'altérité. Et ensuite, c'est une forme de domination de l'homme par la machine, parce qu'en fait, tout ce à quoi servent ces voitures, c'est collecter nos datas, et donc, pour en entraîner de nouvelles. Et donc, en fait, on ne participe à...

  • Speaker #0

    Oui, et puis, il y a une vraie ode à la voiture à l'ancienne, donc Thelma et Louise, les grands... Game odd à la voiture manuelle, qui est très française, là, pour le coup. Moi, je n'ai pas mon permis, donc je suis déjà passive et pas de base. Et lui,

  • Speaker #1

    non plus, il n'a pas son permis, d'ailleurs. Pardon ? Non, il le dit en plus à un endroit parce que du coup, le moment où il est avec... Oui, en fait, il dit un moment où il est avec, je ne sais plus, c'est Grégory Renard ou Fred... Je ne sais plus lequel de ses compagnons de voyage. C'est un moment qu'il conduit la voiture et du coup, il parle de voiture. Il dit, ah, c'est un comble. Ça le surprend qu'un Français n'ait pas son permis. Et en plus, du coup, tu as tout ce passage où il y a un fantasme complètement abstrait et un peu vieux jeu de la voiture comme... ce qui te libère, tu pars sur la route au loin avec ta grosse machine. Il fait part d'une forme de conservatisme qu'on ne comprend pas trop d'où ça vient, et d'autant plus qu'il est censé être super écolo. Et donc, pourquoi d'un coup ce mythe de la voiture toute puissante comme ça, qui devrait venir réguler nos vies ?

  • Speaker #0

    Oui, d'ailleurs, à ce propos d'écologie, la troisième chronique, c'est sur la ligne de couple, sur les frontières, le métaverse, le mouvement fixé des corps et les mots de passe. Et donc, son idée principale, c'est fondamentalement une grosse agacement face aux frontières, et notamment le fait de passer la frontière pour aller aux États-Unis, qu'il compare au passage de checkpoint par les Palestiniens de Cisjordanie tous les jours en Israël. Bon, donc page 72, il dit Je vais attaquer sans embages, passer une frontière aujourd'hui, même pour des touristes apparemment bienvenus, constitue une épreuve. Je ne veux pas comparer ça avec la situation des migrantes, ce serait obscène. Ah oui, pardon. On ne l'a pas dit, on ne l'a pas précisé, mais Damasio, quand il utilise le pluriel de groupe, utilise le pluriel féminin.

  • Speaker #1

    Une chronique sur deux.

  • Speaker #0

    Une chronique sur deux ?

  • Speaker #1

    Oui. J'ai pensé qu'on allait le même livre. En fait, une chronique sur deux, il utilise un autre masculin et une chronique sur deux, il utilise un autre féminin pour les personnes.

  • Speaker #0

    Donc voilà. Là, il parle de migrantes, ce n'est pas uniquement les femmes, c'est tout le monde, mais il fait preuve d'inclusion. Je ne veux pas comparer ça avec la situation des migrantes, ce serait obscène. Tant la furie des frontières et la férocité civilisée des nantis que nous sommes tuent des êtres qui pourtant fuient. Et ensuite, il dit Pas de comparaison qu'aucune. mais une raison immunitaire et sécuritaire commune cependant, pour qui c'est décrypté, donc pour lui parce qu'il le sait. Ce que font les États-Unis à la frontière mexicaine, ce que fait Israël en Cisjordanie, ce que fait Orban en Hongrie ou Meloni dans les ports italiens, pour ne prendre que quelques exemples, incarne la version incomplie, hystérique et fasciste du contrôle optimal des corps circulants que nous endurons, pour notre part, dans nos aéroports en mode placebo. Et donc il décrit toutes les épreuves qu'il y a... pendant qu'on passe la sécurité à l'aéroport. Et c'est vrai, c'est vrai que c'est pénible. Non, mais je ne suis pas contre. Néanmoins, si tu dis que tu ne vas pas comparer, ne compare pas alors, en fait. C'est aussi simple que ça, en fait. Je ne sais pas comment dire ça.

  • Speaker #1

    Et puis en plus, ils font la réflexion dans quelque chose d'hyper mou. Ils comparent à la fois le passage des frontières physiques avec un glissement aux frontières créées par le monde numérique. Et du coup, à nouveau, ça t'éloigne de l'altérité, etc. Et donc, globalement, on a quand même un propos assez... Il a quand même un propos assez cru, quoi.

  • Speaker #0

    Et puis surtout, à la fin, il me dit Ah, mais c'est dommage parce qu'avec toutes ces épreuves, toutes ces frontières, les gens vont arrêter de voyager et c'est terrible. Et ce qui est marrant aussi, parce que c'est quelqu'un qui est extrêmement écolo, et l'un des trucs un peu écolo à dire, c'est de ne plus prendre l'avion. Bon, il est un peu en désaccord avec sa posture écolo, parce qu'il est genre Ah, c'est dommage, les gens, ils ne peuvent plus prendre l'avion. Le mec est un peu zadiste et tout, et donc c'est assez étonnant.

  • Speaker #1

    de le voir dire ah bah non laissez-moi ma bagnole et laissez-moi monter dans mon avion facilement ouais ça j'ai pas compris en fait tout simplement chronique numéro 1 la boutique Apple chronique numéro 2 les voitures vides chronique numéro 3 le checkpoint à

  • Speaker #0

    la sécurité et ensuite Love Me Tenderloin sur le quartier de Tenderloin les homeless notre conjuration du lien et l'utopie qui couvre C'est sur la pauvreté à San Francisco et notamment sur un truc qui est terrible aux Etats-Unis. C'est que... Enfin, en San Francisco en particulier, qui est les 100 domiciles fixes. Je trouve que c'était limite la meilleure chronique.

  • Speaker #1

    Parce qu'il ne parle pas de technologie.

  • Speaker #0

    Parce qu'il ne parle pas de technologie. Il parle d'humains et il n'y a pas... Je ne sais pas. Et puis elle est assez courte, en fait.

  • Speaker #1

    C'est parce qu'on n'a pas beaucoup à lire et qu'il ne parle pas de technologie.

  • Speaker #0

    Donc c'est bizarre. Ensuite, on arrive sur celle que j'ai vraiment le moins aimée, c'est le problème à quatre corps sur l'avenir de notre santé, le corps, le décor et le raccord et quelques autres. Le problème à quatre corps est initié par une rencontre avec Arnaud Auger, un trentenaire. Arnaud a déjà vécu dans 19 lieux différents sur quatre continents. Il a été marié en Inde. Il se définit comme un... gitan ontologique qui ferait un psy donné à notre cogito cartésien. Foin de je pense donc je suis et feu sur je bouge donc je deviens. Bon, qu'est-ce qu'il fait dans la vie ce garçon ? Il travaille dans un laboratoire d'innovation pour une banque française. Autrement dit, il traque, suit et acclimate les technologies intéressantes qui émergent pour les conseiller à des grands groupes. Et l'autre histoire, c'est que c'est un monsieur qui est ultra connecté, c'est-à-dire qu'il a une Apple Watch, il a une montre, connecté, il a bague connectée, il a un truc qui monite le glucose, comme les gens qui ont du diabète. Et attends, il y a un dernier truc qui connecte. Il a son smartphone et il a ses lunettes. Il a des lunettes Ray-Ban connectées. Donc c'est un monsieur qui collecte énormément de données à propos de son corps et récemment il a testé d'autres trucs comme tester son microbiote. Et donc le sujet de la chronique est sur la santé connectée, évidemment. C'est un sujet qui m'intéresse énormément. Et donc, c'est pour ça, peut-être que j'ai été la plus très énervée. Eh oui, je pense que ça... T'as une petite Apple Watch. J'ai ma petite Apple Watch et tout. Et ça m'a vraiment agacée parce qu'il fait un peu le mec surpris, étonné, qui ne comprend rien. Et comme il ne comprend rien, il faut qu'il crée une sorte de surcouche philosophique. Et donc, il va passer à cette surcouche philosophique qui est cette théorie à quatre corps. théorie à quatre corps, c'est déjà, il dit qu'il y a un premier corps, c'est le corps qui dit j'ai la patate aujourd'hui, j'ai mal dormi, je suis crevée, je me sens lourd, j'ai chaud, je dois avoir de la fièvre. Il fait corps avec notre esprit. Et ensuite, il considère que la technologie nous a un peu éloignés de notre corps. Le premier corps est organique, il est animal et viscéral, en fusion perçue. Le deuxième corps, je le voyais monitoré et techno, une seconde couche virtuelle. tandis qu'il n'est en fait qu'un corps de raccordement, de liaison, un raccord, une tentative de solution que l'homo numericus se donne à lui-même. Le troisième, désaffecté, je l'ai appelé le décor, et c'est en fait lui le deuxième corps. Vous me suivez ? Alors, moi, je ne le suis pas du tout. Peut-être que nos éteurs s'isent. Le troisième est le raccord. J'ai fini ma gourde, je repars. Corps, décor, raccord, ça roule, c'est raccord. Et donc, il y a après un dernier corps qui arrive. Déjà, moi, le truc de base avec lequel je ne suis pas d'accord, c'est l'idée qu'il y a une sorte de corps originel où tu as de la fièvre, tu sais ce que tu as. Il se trouve que c'est le cas pour certaines de nos pathologies, mais ce n'est pas vrai dans l'ensemble. Il y a plein de trucs qui nous arrivent. On n'est pas au courant que ça nous arrive. Et c'est pour ça que la santé préventive existe. C'est que, justement, il y a beaucoup de choses dont on n'est pas au courant qui sont en train de se passer dans notre corps, qui marchent parfois bien et qui marchent parfois mal. Moi, j'ai rencontré des gens qui ont fait des infarctus et qui utilisent cette montre juste pour être sûr de ne pas refaire un infarctus. Et donc, quand ils en font un infarctus, la montre réagit et ils vont à l'hôpital. Même chose, on a un besoin, la technologie répond. Arnaud, la personne qui l'interview, c'est un poseur. Enfin, je ne sais pas comment le décrire autrement, mais Arnaud, à aucun moment dans le texte, explique qu'il a besoin... de cette technologie. Il n'a pas besoin de monitorer son glucose, il n'est pas diabétique, par exemple. Il n'a pas tous ses besoins, mais il le fait. Et il le fait pourquoi ? Parce qu'il est à l'innovation d'une grande banque. Et donc, il doit un peu montrer à ses supérieurs hiérarchiques, à ses collègues, que c'est un mec stylé, qu'il est au courant.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Mais après, je pense que le vrai problème de cette chronique-là, c'est qu'il affirme énormément de choses sans du tout avoir fait le travail de recherche nécessaire, ni d'un point de vue... Et le truc, il fait ce travail de... de recherche, d'interroger les personnes sur pourquoi est-ce qu'elle l'utilise, en quoi est-ce que ça les aide, est-ce que c'est juste une question de performance, comme lui l'affirme, ou est-ce que ça rassure des angoisses. Le problème, c'est que là, c'est quelque chose de symptomatique de son livre, c'est-à-dire qu'il affirme des thèses qui, en plus, ont une apparence hyper fumeuse, parce que du coup, qui reposent sur des jeux de mots où c'est un peu affligeant et sans aucune recherche, alors qu'il prétend dire quelque chose de la réalité technologique de la vie des gens.

  • Speaker #0

    Il ne fait même pas une recherche intérieure et introspective. C'est-à-dire qu'il pourrait même réfléchir à son propre corps. Ça ne coûte rien. Il n'est pas obligé de prendre des rendez-vous avec un médecin. Il aurait pu prendre rendez-vous et rencontrer un médecin sur la médecine préventive et comment la santé connectée peut aider à la prévention de certaines maladies. Mais il ne le fait pas, mais il ne fait même pas le truc un peu... un peu qui coûte rien, qui est que de se dire, moi, mon corps, comment je le ressens ? J'ai été malade, j'ai pas été malade ? Est-ce que j'ai des maladies qui auraient pu être décalées ou atténuées si j'avais fait de la prévention, etc. ? Et vis-à-vis d'Arnaud, ça, c'est un truc, on reviendra, mais c'est pas un très bon interviewer, Damasio. On a l'impression qu'il n'est pas capable de vraiment poser les bonnes questions. Parce qu'une question qu'on pourrait poser à ce pauvre Arnaud, que je viens de traiter de poseur au moins trois fois, c'est... Est-ce qu'il a été malade ? Est-ce qu'il y a quelqu'un dans sa famille qui a été malade ? Parce que, par exemple, un truc tout bête, mais souvent, quand quelqu'un autour de toi a une pathologie évitable, tu te dis, bon, moi, je vais essayer de l'éviter aussi. Enfin, je ne demande pas à Damasio de faire la psychanalyse du pauvre monsieur, tu vois, mais je trouve qu'il aurait dû creuser un peu plus et il ne l'a pas fait. C'est important de penser, genre, un rapport au corps et comment, parfois, la technologie nous permet de mieux comprendre et peut-être de... mieux s'approprier son corps slash une technologie qui nous allégnerait et qui nous empêcherait totalement de penser notre corps.

  • Speaker #1

    Et après, on ne peut pas dire qu'il n'y ait pas d'image. Il y a quand même une très très belle image. PC connecté, comment dire ? C'est donner ton caca au Big Data pour préparer la Big Kata. La tienne et la nôtre. La biopolitique pour les nuls.

  • Speaker #0

    Covid soit qui m'a dit ponce. Covid soit qui m'a dit ponce.

  • Speaker #1

    Le problème, je pense qu'on voit beaucoup ici, mais je pense pendant que tu parles, c'est le fait qu'en fait, il utilise les mots enfin là où en fait il surinterprète mais en fait il n'utilise pas vraiment les mots pour essayer de décrire une pensée ou genre de préciser sa pensée mais c'est plutôt qu'en fait il part des mots qu'il trouve là par exemple le décor et d'une simple proximité phonétique entre des mots pour enterrer des théories et là par exemple il dit il joue vachement avec les mots mais en fait ça crée le flou qui lui est hyper préjudiciable mais il dit ah ben on rentre on rentre dans le décor parce que non juste parce qu'on va envisager ce troisième corps dont il parle comme un décor. Donc, il crée juste une sorte de flou parfait, c'est-à-dire un flou artistique. C'est peut-être son art de directeur.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'on devrait passer à la prochaine chronique. La prochaine chronique, c'est Trouver, portrait du programmeur en artiste. En fait, il rencontre un programmeur, un développeur. Ils boivent quelques bières ensemble et ils le trouvent trop cool.

  • Speaker #1

    Grégory Renard is the best franchement je sais pas si c'est la bière ou si c'est lui mais en tout cas ma petite théorie c'est qu'il a écrit la chronique un peu ivre parce qu'on a la soirée continue j'ai bu le vin rouge gonfle dans mes veines mon cerveau est une chaudière et j'absorbe le fuel j'écoute et je relance je coule mon enthousiasme dans la parole fluide de cet homme qui passe ses sentiers de ses journées au corps à corps le corps avec des artefacts qu'il rend intelligent il y a

  • Speaker #0

    Et là, on a en fait un peu une idée principale chez Damasio, qui est que la technologie, ce n'est pas bien. Mais les gens qui créent la technologie, c'est trop des gros coulisses, dont ce monsieur. Et donc, l'idée, c'est qu'il faudrait avoir un rapport d'artiste ou d'artisan à la technologie. Il faudrait coder. Coder, c'est la porte de sortie à l'aliénation de la technologie. En tout cas, c'est un peu vraiment ce qui ressort de ma lecture, en tout cas. Et donc, moi, ça m'a un peu montré à quel point Damasio, il a quand même un lectorat en tête. Moi, pour moi, le lectorat de Damasio, c'est le développeur. Et donc, il critique la technologie. Et après, il dit non, mais toi, tu es plus malin parce que tu as créé la technologie. Donc, c'est bon, toi, tu es sauvé. Et donc, il y a un peu une sorte d'élitisme, en fait, tout simplement, avec cette chronique-là, qui finit avec une ode à l'IA. Alors là, ça m'a beaucoup étonnée parce qu'il est vraiment très, très critique. Enfin, tu vois, pour moi... L'IA, c'est quand même beaucoup plus critiquable que les voitures connectées. Enfin, dans ma tête, peut-être parce que je n'ai pas mon permis, mais...

  • Speaker #1

    Il se trouve qu'il y a de l'IA dans les voitures autonomes.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Non, mais l'IA générative, conversationnelle. Et ce qui est marrant, c'est que l'IA conversationnelle, enfin le chat GPT, c'est vraiment son concurrent direct, à damasio. Parce que moi, je suis sûre que je te fous ça dans le chat GPT, je peux t'en sortir. C'est très étonnant que le seul moment où il est vraiment en compétition avec de la technologie, Et bien là, il est genre, c'est trop bien.

  • Speaker #1

    Après, je te rejoins totalement. En fait, il y a un énorme switch dans cette chronique-là. Et c'est à ce moment-là qu'il passe. On a les premières chroniques qui sont quand même, à part Apple, où il est un peu fasciné par les lignes courbes des téléphones Apple. Et donc, on a toutes ces chroniques où il critique de manière assez événement. En tout cas, il dresse un portrait hyper sombre de ce que font les technologies dans notre rapport au monde, à notre corps, à nous-mêmes, aux autres, etc. Et là, dans cette chronique, il y a un énorme switch dans cette chronique. Dans cette chronique-là, on a l'impression qu'il rencontre Grégory.

  • Speaker #0

    Ils passent un super moment.

  • Speaker #1

    Ils passent un super moment ensemble. Et là, bam, la technologie, c'est génial. Et il nous dit, Grégory incarne ce qu'il y a de meilleur dans l'amour de la technologie, dans ce qu'elle peut nous apporter en tant qu'espèce, et plus largement en tant qu'être vivant, conscient d'exister sur une Terre qui doit rester habitable pour tous, humain ou non. Sa vision m'oblige à poser à nouveau frais cette question simple, qu'est-ce que serait, qu'est-ce que c'est une technologie positive ? Et on a l'impression que c'est à partir de ce moment-là... qui du coup s'interroge sur ce qu'il va appeler ensuite la technocritique. Là, on a l'impression qu'il tombe à l'inverse, dans une sorte de technophilie totale qui est calquée sur la fascination de la Silicon Valley pour le pouvoir de la technologie.

  • Speaker #0

    Et pourquoi le pouvoir de cette technologie ancestrale qui est la bière ?

  • Speaker #1

    Et le vin rouge qui déchauffe les veines et déchauffe le cerveau. Il est vite fasciné de manière hyper naïve par cette nouvelle technologie. Le miracle, donc on parle de miracle en plus, on a l'impression qu'on est au psychotisme total. S'il y en a un, c'est que ces créations sont devenues des créatures. Il faut penser du coup plus le rapport homme-machine comme un rapport dominé-dominant, mais comme un rapport d'hybridation. On doit, je cite, imaginer le futur que ça nous offrira. Toujours dans cette fascination, il parle du coup du métier de développeur comme un art, tu l'as dit tout à l'heure. Mais du coup, comme si c'était quelque chose de complètement déconnecté. Et puis,

  • Speaker #0

    pour te couper... Pour te couper. T'inquiète, t'inquiète. Non, et ce qui est marrant, c'est que ça donne cette impression que les programmeurs, enfin les développeurs, ont des personnalités positives, parce que finalement, ils sont comme lui, comme Alain Damasio, c'est-à-dire des artistes. Donc finalement, la personne qui... gagne sa sympathie, c'est quelqu'un qui est un peu comme lui et je trouve que c'est un peu égocentrique. Et ensuite la dernière c'est pouvoir ou puissance. C'est un peu une sorte de cours de philo sur la technique très très très inspiré d'Heidegger mais aussi de Spinoza, je l'ai découvert en parlant avec Sarah qui a plus de références philosophiques que moi. Et ça devient un peu une préface à son oeuvre qui suit, enfin à la nouvelle, c'est à dire qu'il donne un but politique à la science fiction. qui est le fait de faire la critique des nouvelles technologies, un peu comme une sorte de garde-fou, pour nous prévenir de ce qu'on pourrait en faire de mauvais. La science-fiction, c'est important, parce que ça permet, par exemple avec Matrix, notre immersion dans le réel simulé, dont nous ne pouvons non plus nous arracher. Blade Runner, notre trouble à circonstruire la spécificité de l'humain face à ses répliques sentientes. Je ne suis pas totalement contre cette idée-là, mais un truc qui m'a beaucoup marquée récemment, c'est à quel point... les hommes puissants de la Silicon Valley Elon Musk pour ne pas le citer mais aussi d'autres lisent beaucoup de science-fiction c'est peut-être des gens qui lisent que ça quasiment et malgré tout ces mecs font quand même les décisions qu'ils prennent et parfois ils le font en connaissance de cause il y a vraiment on s'inspire oui on s'inspire par exemple il y a cette cette start-up qui est à Londres qui s'appelait Soylent qui était très inspirée de Soylent Green qui est un roman d'anticipation assez glauque où on se nourrit à base de poudre et donc Soylent Green c'est de la poudre humaine Et donc, ils ont quand même appelé leur marque Soylence tu vois, alors que c'est un roman d'anticipation qui, justement, anticipe le fait qu'on n'aura plus assez à manger sur Terre. Enfin, c'est marrant parce que tous ces gens-là lisent de la science-fiction et pourtant, ça a un peu l'effet inverse ou à l'inverse.

  • Speaker #1

    Mais au contraire, je crois qu'ils s'en inspirent assez largement aussi pour anticiper certaines évolutions, penser à certaines nouvelles technologies. Alors, il y a le côté on alerte effectivement, mais après, lui, ce qu'il prononce aussi dans cette dernière chronique, c'est le pouvoir de la science-fiction de créer un nouvel imaginaire politique. Ce qu'il dit vouloir faire, c'est battre le capitalisme sur le terrain du désir, et donc par désir, il entend créer de manière positive le concept qu'il intitule dans sa partie le biopunk. Et donc il essaye là de repenser, c'est là où il se veut innovant pour penser un nouveau rapport à la technologie qui allierait en plus aux problématiques contemporaines de l'écologie, etc. J'entends par là un type d'histoire qui envisagerait nos liens intensifiés aux vivants, animaux ou végétaux, bactériens ou fongiques, comme une réouverture magnifique au monde, au moment même où le cyberpunk attraye sa réponse de libération, en hypertrophiant notre dépendance aux plateformes. Il poursuit assez longuement une alliance renouvelée avec la forêt, l'océan, les champignons qu'on va cueillir et la rivière où on se baigne, avec les chamois qu'on surprend parce qu'on la crête et l'empire inouï des petits pouces quand on en prend soin. Mais en fait, il essaye de créer une nouvelle promesse qui... qui serait autre chose que les promesses de la science-fiction habituellement qui était celle du cyberpunk, qui lui considérait être, je le cite, une promesse exaltante qui permettrait, je pense, de sortir de ce qu'il identifie comme un antagonisme stérile entre ce qu'on dit la technophobie et la technophilie. Mais après, je te rejoins totalement sur le fait que c'est un échec. Ça veut dire que pour moi, cette dernière partie, c'est un bon moment. en plus j'ai l'impression que c'est une chronique rattrapage où il écrit après, quand il est revenu des Etats-Unis il essaye un peu de recoller les morceaux en disant il ne faut pas être technophobe en même temps il cite quelques arguments pour lesquels il faut maintenir une critique, des arguments de bon sens et tout à fait entendus ensuite il dit du coup il nous faut une nouvelle piste donc je vous propose ce nouveau concept, le biopunk petite description. Ensuite, je vous dis, il faut éduquer nos enfants et nous éduquer nous-mêmes parce qu'en fait, on n'a jamais appris à vivre avec les technologies. Et ensuite, il nous fait une sorte de petite liste de courses, de trucs qu'on devrait questionner. Et en plus, de manière hyper floue, il faut interroger l'effacement du monde extérieur, interroger l'interaction, interroger l'oubli du corps.

  • Speaker #0

    Il propose un programme de biopunk et donc dans la... Dans la nouvelle, à la fin, c'est l'histoire d'une famille qui est enfermée dans un appartement alors qu'il y a un immense orage, une sorte d'ouragan. Et cet ouragan est en fait une sorte d'ouragan bizarre, on ne comprend pas très bien ce que c'est. Et à la fin, les deux parents meurent, mais sont sauvés par une sorte d'intelligence artificielle. Ils deviennent une intelligence artificielle auprès de leur fille, qui en fait n'est pas humaine, mais est une sorte de robot. parce qu'en fait, ils n'arrivaient pas à avoir d'enfants. Et donc, au lieu d'avoir un enfant, ils ont une sorte de robot. Mais il y a du ressentiment de la part de la mère vis-à-vis de cet enfant. C'est très rapide comme résumé. Et c'est en fait, finalement, une sorte d'histoire assez apocalyptique où tout s'effondre, la technologie s'effondre, cette famille s'effondre. Et à la fin, tout le monde meurt. Tout ce qui reste, c'est la technologie et la nature. Mais finalement, les humains, eux, n'ont pas survécu. Moi, je ne vois pas ça comme une alternative super au capitalisme. En fait, moi, j'aimerais rester en vie. Et en plus de ça, ce qui est bizarre, c'est que l'une des raisons pour lesquelles la famille meurt, enfin, les parents meurent, c'est l'incompétence crasse du héros, en fait, Noam, qui a oublié de préparer... Parce qu'ils savent qu'il y a un ouragan qui arrive, mais bon, il a oublié d'acheter des bouteilles d'eau, il a oublié d'acheter à manger, et donc il se retrouve enfermé. En plus, il y a tout un système d'intelligence artificielle dans la maison. Moi, je trouve que c'est plus une nouvelle sur la compétence des hommes que sur les mauvaises technologies. Et on sent un fantasme très profond, je trouve, chez Damasio, qui est qu'il est allé aux États-Unis, il est allé à San Francisco, il a trouvé ça horrible, et il rentre chez lui et il se dit Imagine, il y aurait un énorme... ouragan qui détruirait tout ça. Et pour moi, c'est pas un projet politique super. Et donc, on arrive à une forme de grosse perplexité, toi et moi. Ouais.

  • Speaker #1

    En fait, non, le truc, c'est que je pense que j'aimerais revenir sur la fascination qu'il exerce. Enfin, également, moi, ça m'a surprise, la fascination qu'il exerce dans les médias. Parce que du coup, j'ai vraiment fait une petite revue de presse pour voir quelle avait été la réception de son livre. Parce que nous, on était assez d'accord, enfin, entre moi et les personnes autour de moi qui ont lu le livre et toi. C'est-à-dire que j'en avais pas mal discuté avec des gens qui étaient tout à fait d'accord avec nous, et de voir la fascination qu'il avait exercée dans les médias. Alors au début, je me disais peut-être que c'est le fait qu'il ait déjà beaucoup de place dans le monde de la critique de la technologie ou dans le monde, sur la scène, simplement littéraire française. Et comme je le disais, je l'ai croisé par hasard dans les livres que je lisais assez régulièrement. Je l'ai lu, il a fait la post-face d'un livre de Baptiste Morisot en matière d'écologie. Je lui lisais un livre sur la Z, et il avait écrit une... une nouvelle dedans. Donc je me disais, bon, peut-être que c'est ça qui explique qu'on donne beaucoup de valeur à sa parole ou à son discours. En même temps, après, je voyais une fascination vraiment active. Enfin, il y a cet article dans Mediapart, enfin cet interview dans Mediapart, où il y a vraiment une reconnaissance réelle de ce qui serait le talent de Damasio, où il dit la façon dont l'écrivain arrive, par ses formulations, à décrire à nouveau des éléments qui nous paraîtraient intuitifs ou déjà connus, mais dont on redécouvre sous sa plume le caractère vertigineux. Et je pense que c'est... effectivement, un peu là où ça se situe, c'est qu'en fait, il arrive, il a quand même une écriture qui est assez séduisante, du coup, dans la manière dont il a de présenter des choses qui nous sont complètement communes à tous et toutes, avec une esthétisation très récurrente du rapport à la technologie. Son entreprise même, de vouloir battre le capitalisme sur le terrain du désir, c'est séduisant en soi, il ne faut pas se mentir. L'idée qu'on est tous complètement dépendants de nos technologies, du coup, c'est dire qu'en fait, on n'a pas besoin de lutter en bloc. contre la présence de technologie pour s'émanciper, mais qu'en fait, on peut faire exister un art de vivre avec les technologies, c'est une idée séduisante. Et ensuite, il y a même quelque chose de séduisant en tant que tel dans les termes qu'il utilise. Il se place comme ce qu'il appelle être un mythopoète, ou alors un... Non, il fait faire de la mythopoétie. Lui, il se dit être un technopoète.

  • Speaker #0

    Ouais, moi, je mets le blâme sur Lacan. Je pense qu'on consiste en... Lacanisation du langage. Et oui, moi aussi, je préfère des néologismes. Pourquoi je fais référence à Lacan ? Et puis, ce n'est pas que Lacan, c'est Heidegger, c'est Deleuze. Il est très inspiré par tous ces gens-là, mais surtout par une prose. Donc, Deleuze dit souvent que la philosophie, c'est l'art de créer des concepts. Et là, c'est vraiment au sens propre du terme. Il va créer des concepts, c'est-à-dire des mots. Et donc, il va créer des petits mots chelous. Et donc, on a l'impression qu'il fait un truc intelligent parce que comme il crée des mots chelous à base de... grec, forcément, ça doit sûrement être intelligent, tout ça.

  • Speaker #1

    La vie de gata.

  • Speaker #0

    La vie de gata, c'était pas si intelligent que ça. Et c'est marrant parce qu'il ne fait pas que ça. D'un côté, il y a un usage du grec, des néologismes, il va créer des nouveaux mots, alors qu'il n'y a pas souvent une très grande justification derrière chaque création de mots. Mais en même temps, il va faire des grosses références à une culture geek qui m'a fait vraiment penser à mon adolescence, donc super. Le Seigneur des Anneaux, les références au gaming, des mots comme No Life ou Osef. No Life, c'est les gens qui n'ont pas de vie et qui restent tout le temps sur leur ordi. Ou Osef, on s'en fout. Tout ça, c'est un peu des petits clins d'œil faits pour que les geeks, les geeks au sens très large du terme, ils vont se sentir valorisés et représentés parce qu'ils se disent, ce mec qui est super connu, cet auteur culte, il a les mêmes références que moi. D'un côté, il utilise un langage ultra lourd, universitaire, bizarre, à base de concepts, ultra lacanien, ultra deleusien. Et de l'autre côté, il va dire Osef. Et là, moi, je trouve qu'il y a un goût extrêmement démago derrière tout ça. Et en plus de ça, il y a le goût de la petite blague, qui est souvent très nulle, voire totalement vulgaire. Et c'est un reproche qu'on pourrait faire à Lacan, d'ailleurs. C'est pas parce qu'il y a un jeu de mots marrant à faire, ou un jeu de mots un peu bien trouvé, qu'il y a un sens profond derrière le jeu de mots. C'est juste dire que ça sonne marrant, en fait. Enfin, pas plus. Mais dès que t'essayes un peu, en fait, je pense que nous, on a eu cette entreprise de résumer les thèses de Damasio et on n'y est pas arrivés tant que ça. Enfin, on a vraiment galéré.

  • Speaker #1

    Puis dès qu'on en trouve une, elle est finalement assez faible.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et parfois, il se contredit énormément. Et il fait référence à des trucs où moi, j'ai eu du mal, tu vois. Et pourtant, je pense que je ne suis pas non plus la dernière des imbéciles. Et pourtant, parfois, il fait des références à Hegel comme ça, à Hegel. un peu en passant, ou à Nietzsche, ou à Heidegger. Et j'étais vraiment genre, waouh, c'est des trucs que j'avais perdu depuis dix ans, est-ce que tu peux peut-être, je sais pas, faire preuve un tout petit peu de pédagogie ?

  • Speaker #1

    Moi, ce qui m'a beaucoup surpris, c'est du coup, pour l'avoir écouté dans Bookmakers, il dit dans Bookmakers que lui, il est extrêmement peu de fiction, et qu'il s'est nourri exclusivement de textes philosophiques, de Deleuze, de Foucault, etc. Mais ce qui est assez frappant, c'est qu'en fait, la restitution est...

  • Speaker #0

    Pour moi,

  • Speaker #1

    c'est une régurgitation. Elle dessert vraiment son propos parce que je trouve qu'il les mobilise assez mal à des endroits où... Enfin, pas du tout de manière pédagogique. Donc, si on ne connaît pas, on ne comprend pas. Si on connaît, on s'interroge un peu sur pourquoi ce concept à cet endroit-là, qu'est-ce qu'il en tire ? On ne sait pas à quoi... Enfin, on ne comprend pas du tout à quoi ça sert de les invoquer aux endroits où il le fait. Et du coup, ça donne aussi une sensation généralisée de très grande nonchalance. Tiens, je te mets un petit mot à droite, je te mets un petit sminuzi à gauche, un petit... un petit doloz par-ci, et c'est... Et ça devient vraiment irritant. J'ai trouvé ça assez snob, au fond, d'avoir comme ça ces références hyper intellos, avec une vulgarité en plus omniprésente.

  • Speaker #0

    Une dernière chose que je voulais dire, c'est...

  • Speaker #1

    Mais je pense que, pardon, juste pour rebondir là-dessus, je pense que ça rejoint si vachement l'indétermination de l'objet que c'est dans son temps. Oui, voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Ah,

  • Speaker #1

    c'est ce que tu voulais dire aussi ? Ah, ok. Ben, je pense que ça rejoint complètement, parce qu'on va dire, alors il a appelé ça des chroniques littéraires, mais concrètement, je pense que c'est parce que c'est un objet qui a pas de... trop de formes. Comme on l'a vu, c'est des chroniques qui partent, qui prennent du coup, qui ont à chaque fois pour objet un thème sur lequel après ils dissertent un peu. Mais en fait, ce ne sont pas vraiment des essais à proprement parler parce qu'il n'y a pas de thèse, il y a des thèses mais qui sont un peu dispersées, il n'y a pas de thèse un peu structurante dans chaque passage, qui le pousserait en fait à justifier la mobilisation de certaines références, à justifier la création ou non de certains concepts et pas de le faire un peu en passant. Le fait qu'il appelle ça chronique littéraire, du coup, ça lui permet à lui justement cette... Cette mythopoïèse où il peut créer les mots qu'il veut, les utiliser comme il veut, sans que ça ait de pertinence ou d'utilité. Et de mobiliser aussi par moment la fiction, sans que ce soit un texte entièrement fictif. On peut accepter que c'est une sorte de longue errance et qu'on entre un peu dans son flux de pensée informe, mais c'est juste pas très intéressant.

  • Speaker #0

    En plus de ça, quand je l'ai lu, j'étais vraiment très énervée. Et après, je me suis un peu reprise en me disant, mais tu peux pas t'attendre de la part de Damasio de faire un travail journalistique. En fait, moi, l'idée que j'ai, c'est que c'est cette impression très forte que... comme le monde littéraire et philosophique se rechigne à parler de technologie, les rares qui le font, en fait, ils ont un peu l'avantage du premier rentrant. Et donc, en fait, Damasio, il a eu l'avantage du premier rentrant. Ça a été l'un des premiers à parler de la société du contrôle technologique. Et donc, bim, ils se retrouvent à faire le tour des popotes. Et en plus de ça, je trouve que c'est un peu la pire personne pour parler de technologie, parce que c'est quelqu'un qui est très influençable. Très émerveillé, un peu ravi de la crèche, dans les deux sens, dans le sens négatif ou positif. Mais il se laisse un peu reporter par la vague de manière très lyrique, très enthousiaste. Donc ça, ça nous plaît, on aime bien. En fait, c'est marrant, mais paradoxalement, il n'a pas un rapport très critique à sa propre pensée. Et il est très passif vis-à-vis de ce qu'il a vécu. Paradoxalement, c'est marrant, parce que ce n'est pas vraiment ce qui ressort en première lecture. Il dit, je ne suis pas technophobe, je ne suis pas technophile.

  • Speaker #1

    mais technocritique moi j'ai l'impression que selon avec qui il parle il est technophobe ou technophile en fait oui oui et puis là on le voit dans ses chroniques je trouve que la chronique vraiment où il rencontre Grégory Renard elle est très frappante parce qu'il change complètement le ton alors je sais pas c'est juste parce qu'il est bourré mais on apprécie son lyrisme et son enthousiasme et c'est pas et c'est pas pas des descriptions qui sont désagréables à lire. En plus, on a l'impression d'avoir accès à l'expérience que lui-même a faite. Donc, tout ça, c'est vraiment pas désagréable. Après, c'est un peu... C'est trop frappant de voir la vulnérabilité que ça crée à l'égard des technologies qui nécessitent, comme il le dit lui-même, d'être hyper éduqué, affûté, etc.

  • Speaker #0

    Oui, paradoxalement, il est lui-même très vulnérable. C'est peut-être une grande chose. Il n'est pas de smartphone.

  • Speaker #1

    Non, mais il finit cette chronique. Et après, je reprends sur le smartphone, c'est important. Mais il finit la chronique dans... On parlait là par tout est animé. C'est très dangereux de dire ça aujourd'hui avec l'arrivée des IA génératives qui tendraient à confondre la manière dont on se rapporte aux technologies comme à des êtres humains, etc. Dire tout est animé, c'est...

  • Speaker #0

    Non, justement, il faut faire une distinction et il peut quand même la faire, malgré...

  • Speaker #1

    Mais pour rebondir sur le smartphone, oui, quelqu'un qui te parle des nouvelles technologies alors qu'il n'a pas de smartphone et qu'il est joignable apparemment que par mail... ou via le téléphone de sa meuf ou le téléphone de sa femme pour valider ses virements effectivement je pense que c'est problématique et c'est ce qui peut expliquer du coup ce mélange de fascination et cette impression de critique un peu contre l'évangile chaude il

  • Speaker #0

    est là genre waouh Apple c'est comme une religion et je suis là genre non mais ça fait 15 ans qu'on le dit et à un moment il faut passer votre chose en fait et puis il enfonce des portes ouvertes il dit des lieux communs Il a une obsession sur le porno qui est très marrante parce que le porno, c'est pas bien. Ah bah oui, le porno, c'est pas bien. Ah bah non. Oh là là. Le porno, c'est pas bien. Ah bon ? Et il y a un truc qu'il fait qui, moi, me magasse énormément, c'est genre, il enlève la raison derrière certains faits de société, il omet totalement les causes, et puis ensuite, il tourne en dérision l'effet d'écrit puisque il n'y a pas de cause, donc ça a l'air absurde. Et ensuite, il imagine les conséquences en mode pendricissante. Donc, par exemple, pour la santé, t'as, oh là là, on va regarder le gène humain, mais... parce qu'en fait, en regardant le gène humain, on va pouvoir accompagner des gens qui ont des pathologies graves. Et comme on ne dit pas cette cause-là, la pente glissante, c'est waouh, les assurances vont augmenter Oui, c'est certes, c'est une conséquence probable et sûrement qui existe déjà aux États-Unis. C'est une manière, c'est une rhétorique qui est pénible pour moi parce que j'aime bien savoir les causes derrière des faits de société, comme à peu près tout le monde. Quand même, le dire, c'est qu'il y a un peu une description, avec des sous-entendus légèrement complotistes, sur la pandémie du Covid. Je ne sais pas si toi, tu l'as senti aussi, mais moi, j'ai cette impression qu'ils pensent que la pandémie du Covid, on l'a un peu tournée, on a utilisé le Covid pour contrôler la société. Et à nouveau, comme ils ne donnent pas la cause, qui est que c'est une pandémie, qu'on essaie d'éviter les contaminations, donc on va créer des frontières. pour éviter que les gens se contaminent et meurent, et bien, tout d'un coup, tu as un système ultra complotiste du type le grand pouvoir mondial m'empêche de prendre l'avion pour aller aux États-Unis.

  • Speaker #1

    Ah, c'est du dessin, ça, aussi.

  • Speaker #0

    Et ça, voilà.

  • Speaker #1

    Le commun m'empêche d'aller faire mon voyage en montagne. Et non, parce que j'y vais quand même.

  • Speaker #0

    Donc, on en arrive à la conclusion de cet épisode, qui est que Damasio, c'est un peu du s'éventer son de gauche. Et je sais que ça va faire plaisir à personne d'entendre ça. les fans de Sylvan Tesson et les fans d'Alain Damasio. Il se trouve que ce côté aphorisme, référence constante, en mode je suis super intelligent, j'ai lu des livres évidemment des références creuses, on ne va pas les creuser plus que ça. Le côté un peu… Conservateur. Conservateur, bizarrement conservateur. Alors, ce n'est pas bizarre chez Sylvan Tesson d'être conservateur, mais c'est quand même plus bizarre chez Damasio. Le côté je vis tout seul, je déteste la technologie, je ne veux pas avoir de téléphone ce genre de choses. Oh, on m'empêche de voyager, ouin ouin. Il y a quand même énormément de points communs entre Damasio et Sylvain Tesson. Et là, les grandes différences, je ne sais même pas quelles différences je trouve vraiment.

  • Speaker #1

    Il est quand même un peu plus enthousiaste.

  • Speaker #0

    Il est plus enthousiaste, oui. Et il est plus sympa avec les gens.

  • Speaker #1

    Ouais,

  • Speaker #0

    je pense qu'il a l'air d'être un peu plus gentil. Ça a l'air d'être quelqu'un de plus gentil. Au moins, Sylvain Tesson, je savais à quoi m'attendre. Moi, j'ai l'impression qu'il est quand même genre... Enfin, les passages où il... Enfin... Bon, allez, j'en parle parce que c'est quand même un peu dingue, mais un truc qui m'a beaucoup marquée, c'est qu'il est très antiraciste, mais parfois, il dit des trucs un peu choquants quand même. Par exemple, il parle de la tech. Elle les opère en outre à partir d'une vision du monde qui demeure pour une écrasante majorité celle de mâle pour 80% à crâne d'œuf. Donc, je suis là genre, c'est bien, le mec dit que la technologie, c'est un truc un peu masculin, voilà. Mais il dit... pour 80% à crâne d'œuf, j'entends asiatiques ou européens, jaunes et blancs, à plus de 90%, tandis que latino et afro-américains sont cantonnés au rôle de vigile, de concierge ou d'argent d'autre tien. Déjà, l'utilisation du mot jaune... border. Et ensuite, en plus de ça, le côté où les personnes de minorité, les personnes asiatiques, c'est pour moi des minorités qu'on dit modèles, mais ça ne veut pas dire que ça l'est vraiment. C'est-à-dire que mettre les Blancs et les personnes asiatiques dans le même 80%, c'est... Même chose à ses borders, parce que ça serait ne pas penser le racisme que peuvent subir les personnes asiatiques aux Etats-Unis, et elles existent, ces actes racistes. Donc, bref, il y a des moments où c'est choquant, parce que tu t'attends à... Tu t'attends pas à ça, parce qu'en plus de ça, il dit explicitement des trucs genre Oh, c'est pas bien le racisme et ensuite, il te sort des trucs genre...

  • Speaker #1

    Mais il le fait à deux reprises, et j'ai l'impression que... Là, par exemple, je retrouve le passage où il avait redit jaune, c'était dans la première chronique, non, la deuxième, sur les voitures autonomes. où du coup il craint le fait que justement on n'ait plus accès à l'altérité qui nous permettait de rencontrer des chauffeurs de taxi, c'est que vous n'aurez plus à interagir avec des migrants, des faces jaunes ou basanées, seulement des interfaces.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il le fait ironiquement du style Ah vous, celles racistes, vous pensez que ces gens ont des faces jaunes et basanées ?

  • Speaker #1

    Ou alors pour critiquer le fait que si on n'a plus d'interaction, on va du coup les caractériser. Mais en fait, je suis d'accord avec toi, c'est pas du tout clair, on a l'impression au contraire que juste s'il utilise un vocabulaire complètement… obsolète, qui était utilisée peut-être avant, mais qui n'est plus du tout admise.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, même mes parents y disent ça.

  • Speaker #1

    Je suis convaincue. Je veux dire qu'il y a un peu des occurrences, des petites surprises, comme tu les as pointées, qui sont un peu dérangeantes, qui perturbent la lecture.

  • Speaker #0

    Bref, si vous écrivez un livre, si vous nous écoutez et que vous écrivez un livre, évitez le terme jaune pour parler de personnes qui viennent de pays d'Asie. Voilà. Je pense que je ne me mouille pas trop en disant ça. Sarah, est-ce que c'est un vrai torchon ou plutôt une surprise ?

  • Speaker #1

    C'est manifestement un vrai torpon, je dirais.

  • Speaker #0

    Oui, je pense aussi. Qu'est-ce qu'on propose à la place ?

  • Speaker #1

    De mon côté, je proposerais deux choses. Peut-être une newsletter que j'aime beaucoup et qui, pour le coup, est très renseignée si vous voulez comprendre la technologie et vous éduquer, d'ailleurs, comme la propose Damazio, qui s'appelle Dans les algorithmes et qui est vraiment super et qui, d'ailleurs, a fait une critique de Vallée du Célicium qui nous rejoint totalement. Autre livre toujours sur renseignement sur la tech, c'est... un livre qui s'appelle La Tech de Olivier Alexandre. Et là, pour le coup, c'est une vraie enquête sociologique d'un sociologue qui va dans la Silicon Valley faire un terrain pendant plusieurs années. Et c'est vraiment... Voilà, ça, je vous recommande. C'est vraiment informé, super intéressant, beaucoup d'entretiens qui sont retranscrits tels quels, et donc on a l'impression d'avoir un peu accès à ce qui s'y passe. Voilà.

  • Speaker #0

    Moi aussi, si vous êtes intéressés par l'histoire de la Silicon Valley, moi, j'ai lu en anglais d'Adam Fisher, qui est un journaliste de Word. Valley of Genius, The Uncensored History of Silicon Valley. C'est que des interviews. C'est vraiment très brut. Mais c'est des interviews de gens qui ont fait la Silicon Valley. Et ça a un côté, oui, un effet un peu uncensored. Alors bon, c'est pas très technocritique non plus. Mais au moins, c'est très brut. On sait de quoi on parle. Ensuite, ce que je conseille de lire à la place de Damasio, c'est finalement lire, disons, 30 pages de Damasio. Puisque c'est Amérique de Jean Baudrillard. Je pense qu'il cite au moins une bonne quinzaine de pages d'Amérique.

  • Speaker #1

    En plus, apparemment, son éditrice l'a empêchée de citer plus.

  • Speaker #0

    Donc, lisez Amérique de Jean Baudrillard. Jean Baudrillard dit n'importe quoi. Il est en roue libre sur l'autoroute du n'importe quoi. Mais c'est trop bien. Il dit beaucoup de choses qui sont très vraies en même temps qu'elles sont très fausses. C'est pas grave. Pour moi, c'est limite de la poésie en prose. Donc, c'est assez marrant à lire si vous la lisez comme ça. Et je l'ai lu aux Etats-Unis, et je trouve que c'était une super lecture à faire aux Etats-Unis, parce qu'après une journée à crapauter, à me dire waouh, c'est américain avec leur grosse voiture, ça fait plaisir de lire Jean Bontéard qui dit waouh, c'est américain avec la nouvelle voiture. Et ensuite, je voulais conseiller encore d'autres choses. Cette histoire de biopunk, qu'à priori je crois qu'on appelle plutôt solarpunk ça se retrouve dans un livre que j'ai déjà conseillé dans un autre épisode, mais je le fais quand même parce que c'est mon torchon, et je le fais parce que je veux avec mon podcast. c'est que c'est Psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers. Ça, c'est vraiment ce que Damasio aurait dû écrire finalement, qui est une alternative anticapitaliste par la science-fiction de qu'est-ce qui se passerait si on avait un rapport apaisé avec les nouvelles technologies. Je pense que Becky Chambers a réussi à faire ce que Damasio n'a pas réussi à faire. Et c'est très court, c'est vachement bien. C'est un côté très philosophique en plus, même chose. Sans citer Nietzsche, donc c'est très bien. Bref, Becky Chambers ne m'a pas payée pour faire cette pub. Ensuite, Delphine de Vigan avec Les Enfants sont Rois, c'est une critique des influenceurs sur les réseaux sociaux qui montrent leurs gamins. Et je trouve que c'est une bonne exploration de comment faire de la fiction sur un sujet de société lié aux nouvelles technologies sans en faire des caisses. Bon, la fin n'est pas ouf, mais en tout cas, je trouve que c'est un bon... Bonne manière de faire, même chose dans la même veine que Damasio. Et le dernier, c'est quelqu'un qui fait du gonzo, qui parle de nouvelles technologies, qui va interviewer plein de gens et qui va avoir un rapport critique, mais en même temps, plutôt réaliste sur les nouvelles technologies. C'est Judith Duportail avec L'amour sous algorithme. C'est un livre sur Tinder, sur les applis de dating et sur comment ça a changé notre rapport à la technologie. Et je trouve qu'elle fait exactement ce que j'attendais de Damasio, c'est-à-dire un bon... Une bonne critique, un côté très journaliste, mais en même temps, elle va raconter sa vie, un côté quasiment fictionnel parfois. Même chose, je pense que c'est une bonne alternative sur ce sujet très particulier qui est les applis de dating. Sur ce, je pense qu'on peut conclure. Merci beaucoup de nous avoir écoutés jusqu'ici. Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à nous suivre sur notre compte Instagram, arrobase torchon pour un podcast littéraire, pour nous donner vos idées et vos réactions à cet épisode. Et je vous conseille de le suivre pour plus de recommandations, plus de critiques et plus de coulisses. On vous embrasse et on vous dit... à bientôt à bientôt

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Description

Un auteur de science-fiction à la découverte de la Silicon Valley : un projet alléchant, non ? Vallée du silicium fait partie de ces livres qu’on a vu partout dans les médias…. bon, dans les médias un peu intello. La grande librairie, France Culture, Médiapart, et j’en passe. Oui, le diable travaille dur mais l’attaché de presse d’Alain Damasio travaille encore plus dur. A moins que ce soit les médias eux-mêmes, qui ont soif d’une parole littéraire et intellectuelle sur les transformations toujours plus rapides venant de San Francisco. Inspirées par ces articles enthousiastes, Sarah et Léa pensaient passer un bon moment sur des sujets qui les animent et…


Bon, vous allez croire que chez Torchon, on est des vieilles grincheuses. Mais clairement, il y a quelque chose qui cloche. Car derrière les néologismes inspirées du Grec et de Heidegger, derrière les jeux de mots lacanien, et derrière les références à la langue des forums geeks de nos années d’adolescence… On retrouve une critique de la tech un peu molle, voire, des lieux communs totalement éculés. Je n’en dis pas plus, j’ai peur de me mettre à dos mes amis geeks qui ne jurent que par la Horde du contrevent, et si vous avez le coeur bien accroché, écoutez l’épisode ! 


Ce que l’on propose à la place : 

Podcast & autres

Sounds like a Cult, épisode « The cult of Apple ». 

Bookmakers par Arte Radio - Damasio (3 épisodes) 

Newsletter https://danslesalgorithmes.net/


Livres : 

La tech, quand la silicon valley refait le monde d’Olivier Alexandre 

Un psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers

Amérique de Jean Baudrillard 

Valley of Genius, the Uncensored history of Silicon valley par Adam Fischer

L’amour sous algorithme de Judith Duportail 

Les enfants sont rois de Delphine du Vigan


Compte instagram de l'émission : https://www.instagram.com/torchon.podcastlitteraire/?hl=fr


Torchon, c’est le podcast qui traite de l’actualité littéraire en lisant des livres pour que vous n’ayez pas à le faire. On est une bande de copain pas du tout critiques littéraires de profession, et pour chaque épisode on se retrouve en mode "club de lecture de l'extrême" et nous lisons un livre qui a fait l’actualité pour vous dire si c’est une bonne surprise ou bien un vrai torchon. Et restez jusqu’à la fin pour nos recommandations littéraires et culture ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Torchon, le club de lecture où on lit des livres pour que vous n'ayez pas à le faire. Pour chaque épisode, nous lisons un livre qui a fait l'actualité, que ce soit dans les médias ou sur les réseaux sociaux, et nous vous disons si c'est une bonne surprise ou alors un vrai torchon. Grâce à Torchon, vous pourrez briller en société et parler du livre du jour sans même l'avoir lu. Je suis Léa et je suis aujourd'hui avec Sarah.

  • Speaker #1

    Coucou tout le monde !

  • Speaker #0

    Et nous avons lu Vallée du silicium d'Alain Damasio, paru aux éditions Seuil en 2024. Alain Damasio, moi j'en avais surtout entendu parler parce qu'autour de moi il y a... plein de gens qui ont lu un de ses livres cultes qui est La Horde du Contrevent. Pourquoi tu ne l'avais pas lu avant ? Comment ça ?

  • Speaker #1

    Alors avant que tu me proposes de faire le podcast sur Damasio, si. Du coup j'avais lu Vallée du Silicium à sa sortie même au printemps. Mais c'est aussi la première fois que je lis Damasio.

  • Speaker #0

    C'est un auteur de science-fiction donc il a une cinquantaine d'années. Il y a un peu chez lui le mythe du mec qui s'enferme dans une bicoque dans la nature pour écrire. Donc il s'est enfermé dans le Vercors, puis dans la Corse et là en ce moment il habite dans le Var je crois. Donc, il est vraiment très reclus. Il a d'abord écrit La Zone du Dehors, qui est un roman d'anticipation sur, disons, la société du contrôle. Et donc, La Horde du Contrevent, qui est en fait vraiment son roman culte que tout le monde cite comme étant l'un des plus gros romans du XXIe siècle et l'un des plus gros romans de la science-fiction aujourd'hui. Il a aussi écrit plus récemment Les Furtifs, qui est aussi un roman d'anticipation, mais surtout sur le contrôle via les réseaux sociaux. Et puis, bon, voilà, des articles, des essais. Il est un peu... Il a fait de la musique, comme je peux le dire. Je crois qu'il fait du jeu vidéo aussi.

  • Speaker #1

    Il aime aussi beaucoup le foot. Il en a parlé assez longuement dans Bookmakers.

  • Speaker #0

    Oui, on en reparlera de Bookmakers, mais parlons d'abord de la Vallée du Silicium. La Vallée du Silicium, en fait, c'est un peu une sorte de commande. Je pense qu'on pourrait le décrire comme ça quand même. Damasio a reçu une bourse de la Villa Albertine. C'est un programme de résidence mis en place par le gouvernement français depuis 2021 pour soutenir et diffuser la création française. Elle vient compléter la Villa de Disque, la Casa de Velázquez à Madrid et la Villa Cujo Llama à Kyoto. Et il se trouve que cet été, j'ai su aller à la Villa d'Albertine parce que j'étais en vacances à New York. Et ils ont une super librairie qui est sur la 5th Avenue, donc dans l'Upper East Side. Donc si vous connaissez Gossip Girl, c'est là.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as écrit des chroniques de Manhattan ?

  • Speaker #0

    Je t'en aurais dit le jour. Mais malheureusement, personne ne m'a donné de bourse pour les écrire, donc ben non. Ils ont des bourses pour 15 disciplines différentes, pas seulement de l'alité, mais aussi de la musique, du podcast, les arts visuels, etc. C'est un partenariat, donc il y a le ministère de la Culture, le ministère des Affaires étrangères, mais il y a aussi des partenariats privés, donc la Société Générale, AXA, et la Fondation Mettez un Coup, par exemple. Pourquoi on a choisi ce livre ? Déjà, c'était une demande de plusieurs auditeurs, notamment Stanislas, si tu passes par là, merci à toi. Aussi parce que moi, j'espérais un peu une bonne surprise, pour être très honnête, vu que c'était le livre que je comptais lire pendant mes vacances. et que c'est un auteur qui est vraiment plébiscité par plein d'amis à moi. Moi, je m'attendais un peu à lire un livre qui a été vraiment beaucoup, beaucoup discuté dans les médias que je suis, genre, je sais pas, Arte, Sculpture, ce genre de choses. Et donc, je me suis dit, ah bon, bah, marrant, on va faire une rentrée sympa, quoi.

  • Speaker #1

    Bah oui, totalement. Et puis, comme je disais, j'ai vraiment lu Valet du Célicium avant qu'on se dise qu'on allait le faire dans le podcast. Et moi, j'ai lu parce que j'ai lu des critiques, mais vraiment dithyrambiques de Valais du Silicium dans Mediapart, dans Télérama. On l'entendait passer sur France Culture, un peu partout. Et du coup, moi, j'ai vraiment acheté à sa sortie en me disant, Bon, bah, super, c'est une bonne occasion de lire Damasio, dont j'avais beaucoup entendu parler. Tout le monde en dit beaucoup de bien. La texte, c'est intéressant.

  • Speaker #0

    Non, il est passé dans la Grande Librairie. Il est passé dans le podcast d'Arte qui s'appelle Bookmakers, qui interview des auteurs sur leur processus d'écriture. Et d'ailleurs, toi, tu l'as écouté ce... Ouais,

  • Speaker #1

    je l'ai écouté. C'était vraiment... Et c'est vraiment bien parce que du coup, dans le processus, j'avais lu Valet du silicium, comme vous le verrez après, qui ne m'a pas plu du tout. Et là, j'ai essayé de comprendre un peu comment, ce qui expliquait que Damasio ait une telle portée médiatique ou dans la critique, en tout cas, de la technologie. Et donc, j'ai écouté ce podcast qui est dans un format que j'ai beaucoup aimé. C'est trois heures de podcast, enfin trois épisodes d'une heure avec Damasio. Et en fait, l'objectif du podcast, c'est de comprendre surtout le processus d'écriture et de création de ces livres. Et du coup, il revient assez longuement sur tout. les pans de sa vie, de son enfance, de son rapport au foot notamment, c'est là qu'il en parle et qu'il en fait un... C'est vraiment intéressant sur son rapport aux défis, à l'échec et donc aussi à l'écriture. Tout le podcast est vraiment... Je le recommande vachement et c'est ce podcast qui m'a donné envie d'essayer d'approfondir et c'est pour ça que je suis allée lire après cet été La Zone du Dore.

  • Speaker #0

    On va uniquement parler de la vallée du silicium mais... Voilà. En fait, oui, c'est ça. Moi, je partais avec un a priori plutôt positif. De un, parce qu'il a fait le tour des popotes, parce que le diable travaille dur, mais l'attaché de presse d'Alain Damasio travaille encore plus dur. Et en plus de ça, il parle de sujets qui, moi, m'intéressent à titre personnel et professionnel. C'est qu'il parle d'innovation, de technologie et de réseaux sociaux, par ailleurs. Et donc, je me suis dit, c'est sympa de lire. un auteur de science-fiction, parler de technologie. La structure du livre, comme je l'ai dit, ce n'est pas uniquement un livre de science-fiction, c'est sept chroniques littéraires et puis ensuite, il y a une nouvelle de science-fiction inspirée par les enseignements des chroniques littéraires précédentes. On sent très bien le lien entre les chroniques et la nouvelle, surtout que la fin de la dernière chronique, il y a un petit côté un peu... Je suis désolée, les mots arrivent en anglais en ce moment, mais statement. Genre, voilà pourquoi je fais de la science-fiction. Paf, il nous pond la science-fiction et donc... Donc, on a une préface un peu à cette nouvelle. Je propose qu'on résume rapidement les différentes chroniques parce qu'elles sont sur des sujets très différents finalement parce que la technologie, c'est large. Le premier s'appelle Un seul anneau pour les gouverner tous Donc, déjà une petite référence au Seigneur des Anneaux. Sur le ring d'Apple, le centre du monde, le techno cocon et la réalité mixte. Donc, c'est sur Apple. C'est sur Apple et c'est sur l'aspect religieux de la marque. De mes yeux. arrive à San Francisco et va visiter la boutique Apple qui est attenante au QG. Dans laquelle il ne peut pas entrer. Et donc, il raconte un peu son expérience dans la boutique. C'est marrant parce qu'il a rajouté et ça se sent qu'il l'a rajouté 6 mois plus tard, une partie sur le casque en réalité visuelle créé par Apple pour créer cette idée de techno-cocon. L'idée que de nos jours, le monde, c'est trop dur et donc on va se réfugier dans des technococons comme ce casque. Moi, c'est tout de suite cette chronique qui m'a un peu déçue. Ça a donné le ton pour la suite parce qu'en fait, il dit Apple, c'est comme la religion. Et finalement, c'est tout.

  • Speaker #1

    Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Nous sommes un dimanche d'avril et puisqu'il n'y a rien à visiter dans la Silicon Valley, le jour du Seigneur, il va bien falloir aller à l'église. Oui, mais laquelle ? Et pour célébrer quelle religion, j'entends qu'elle marque. Et ensuite, page 12, il dit Bien sûr, la métaphore religieuse garde quelque chose d'un peu facile et d'un peu inexact puisqu'elle impliquerait une croyance partagée, une vraie spiritualité, là où ne règne que par des objets industriels, des interactions et des pratiques sérielles. Elle transcende cependant les continents et les cultures qui font qu'une Guyanaise sous son carpet swipe les mêmes applis avec les mêmes gestes fluides qu'un Tanzanien, une Indienne, un Ouzbék ou une Américaine dans sa chambre. Enfin, quel est le rapport avec la religion, en fait ? Est-ce que la religion, le concept, c'est que ça va influencer tout le monde à travers le monde ? Alors, dans ce cas-là, on parle plus de religion, comment dire, majoritaire, comme le christianisme ou l'islam, où, voilà, ça atteint beaucoup de monde. Après,

  • Speaker #1

    je suis assez d'accord avec toi, en fait. Je trouve qu'on trouve tout de suite, enfin, dès cette chronique, tout ce qu'on retrouve, en fait, dans tout le reste du livre, c'est-à-dire des jeux de mots tout pourris. Dès les premières pages, on retrouve... Ce manque de rigueur un peu crucial, on en reparlera tout à l'heure, où il affirme plein de choses sans aucune espèce de recherche ou d'études, alors que ça peut être des thèses vraiment fortes. Ensuite, il annonce aussi un peu en filigrane son projet général qui est de se faire un peu créateur de sens. Donc, il parle déjà de mythopoïèse à ce moment-là, il parle déjà de poésie, avec toute cette fascination aussi pour le monde technologique qui est vachement esthétisé. Mais du coup, la déception-là, en fait, en annonce... Et d'ailleurs,

  • Speaker #0

    il y avait une telle déception que j'ai écoutée... Si vous voulez écouter quelque chose sur Apple et la religion, et est-ce qu'Apple, c'est une religion, il y a un podcast qui s'appelle Sounds Like a Cult. Donc, c'est un podcast en anglais, malheureusement. Et ils ont fait un épisode sur The Cult of Apple, donc la secte d'Apple. Et en fait, de manière assez humoristique, mais en même temps très profonde, ils arrivent vraiment... Elles arrivent vraiment bien à... à cerner pourquoi on a cette impression qu'Apple, c'est comme une religion. Et elles vont vraiment utiliser une grille de lecture très étroite, très cadrée pour répondre à cette idée reçue que Damasio exprime et que finalement,

  • Speaker #1

    il ne l'explore pas du tout.

  • Speaker #0

    Non, il ne l'explore pas du tout. Je pense que vraiment, il est très premier degré sur ce qu'il pense et ce qu'il ressent. Et donc, par exemple, dans la deuxième chronique, c'est la ville aux voitures vides. Donc, c'est sur les voitures autonomes. sur la voiture comme allégorie d'une époque, nos autonomies déléguées et la loi du moindre effort. Je pense que la thèse principale de cette chronique-là, c'est l'idée que les voitures autonomes nous rendent plus paresseux et c'est pas bien. Je pense que c'est ça, en fait, la thèse, non ?

  • Speaker #1

    Oui, globalement. Je ne sais pas si il a une thèse très claire. En fait, les voitures autonomes, ça nous rend paresseux, ça nous éloigne des autres parce que du coup, on n'est plus en contact avec les chauffeurs de taxi. qui représentait notre rapport à l'altérité. Et ensuite, c'est une forme de domination de l'homme par la machine, parce qu'en fait, tout ce à quoi servent ces voitures, c'est collecter nos datas, et donc, pour en entraîner de nouvelles. Et donc, en fait, on ne participe à...

  • Speaker #0

    Oui, et puis, il y a une vraie ode à la voiture à l'ancienne, donc Thelma et Louise, les grands... Game odd à la voiture manuelle, qui est très française, là, pour le coup. Moi, je n'ai pas mon permis, donc je suis déjà passive et pas de base. Et lui,

  • Speaker #1

    non plus, il n'a pas son permis, d'ailleurs. Pardon ? Non, il le dit en plus à un endroit parce que du coup, le moment où il est avec... Oui, en fait, il dit un moment où il est avec, je ne sais plus, c'est Grégory Renard ou Fred... Je ne sais plus lequel de ses compagnons de voyage. C'est un moment qu'il conduit la voiture et du coup, il parle de voiture. Il dit, ah, c'est un comble. Ça le surprend qu'un Français n'ait pas son permis. Et en plus, du coup, tu as tout ce passage où il y a un fantasme complètement abstrait et un peu vieux jeu de la voiture comme... ce qui te libère, tu pars sur la route au loin avec ta grosse machine. Il fait part d'une forme de conservatisme qu'on ne comprend pas trop d'où ça vient, et d'autant plus qu'il est censé être super écolo. Et donc, pourquoi d'un coup ce mythe de la voiture toute puissante comme ça, qui devrait venir réguler nos vies ?

  • Speaker #0

    Oui, d'ailleurs, à ce propos d'écologie, la troisième chronique, c'est sur la ligne de couple, sur les frontières, le métaverse, le mouvement fixé des corps et les mots de passe. Et donc, son idée principale, c'est fondamentalement une grosse agacement face aux frontières, et notamment le fait de passer la frontière pour aller aux États-Unis, qu'il compare au passage de checkpoint par les Palestiniens de Cisjordanie tous les jours en Israël. Bon, donc page 72, il dit Je vais attaquer sans embages, passer une frontière aujourd'hui, même pour des touristes apparemment bienvenus, constitue une épreuve. Je ne veux pas comparer ça avec la situation des migrantes, ce serait obscène. Ah oui, pardon. On ne l'a pas dit, on ne l'a pas précisé, mais Damasio, quand il utilise le pluriel de groupe, utilise le pluriel féminin.

  • Speaker #1

    Une chronique sur deux.

  • Speaker #0

    Une chronique sur deux ?

  • Speaker #1

    Oui. J'ai pensé qu'on allait le même livre. En fait, une chronique sur deux, il utilise un autre masculin et une chronique sur deux, il utilise un autre féminin pour les personnes.

  • Speaker #0

    Donc voilà. Là, il parle de migrantes, ce n'est pas uniquement les femmes, c'est tout le monde, mais il fait preuve d'inclusion. Je ne veux pas comparer ça avec la situation des migrantes, ce serait obscène. Tant la furie des frontières et la férocité civilisée des nantis que nous sommes tuent des êtres qui pourtant fuient. Et ensuite, il dit Pas de comparaison qu'aucune. mais une raison immunitaire et sécuritaire commune cependant, pour qui c'est décrypté, donc pour lui parce qu'il le sait. Ce que font les États-Unis à la frontière mexicaine, ce que fait Israël en Cisjordanie, ce que fait Orban en Hongrie ou Meloni dans les ports italiens, pour ne prendre que quelques exemples, incarne la version incomplie, hystérique et fasciste du contrôle optimal des corps circulants que nous endurons, pour notre part, dans nos aéroports en mode placebo. Et donc il décrit toutes les épreuves qu'il y a... pendant qu'on passe la sécurité à l'aéroport. Et c'est vrai, c'est vrai que c'est pénible. Non, mais je ne suis pas contre. Néanmoins, si tu dis que tu ne vas pas comparer, ne compare pas alors, en fait. C'est aussi simple que ça, en fait. Je ne sais pas comment dire ça.

  • Speaker #1

    Et puis en plus, ils font la réflexion dans quelque chose d'hyper mou. Ils comparent à la fois le passage des frontières physiques avec un glissement aux frontières créées par le monde numérique. Et du coup, à nouveau, ça t'éloigne de l'altérité, etc. Et donc, globalement, on a quand même un propos assez... Il a quand même un propos assez cru, quoi.

  • Speaker #0

    Et puis surtout, à la fin, il me dit Ah, mais c'est dommage parce qu'avec toutes ces épreuves, toutes ces frontières, les gens vont arrêter de voyager et c'est terrible. Et ce qui est marrant aussi, parce que c'est quelqu'un qui est extrêmement écolo, et l'un des trucs un peu écolo à dire, c'est de ne plus prendre l'avion. Bon, il est un peu en désaccord avec sa posture écolo, parce qu'il est genre Ah, c'est dommage, les gens, ils ne peuvent plus prendre l'avion. Le mec est un peu zadiste et tout, et donc c'est assez étonnant.

  • Speaker #1

    de le voir dire ah bah non laissez-moi ma bagnole et laissez-moi monter dans mon avion facilement ouais ça j'ai pas compris en fait tout simplement chronique numéro 1 la boutique Apple chronique numéro 2 les voitures vides chronique numéro 3 le checkpoint à

  • Speaker #0

    la sécurité et ensuite Love Me Tenderloin sur le quartier de Tenderloin les homeless notre conjuration du lien et l'utopie qui couvre C'est sur la pauvreté à San Francisco et notamment sur un truc qui est terrible aux Etats-Unis. C'est que... Enfin, en San Francisco en particulier, qui est les 100 domiciles fixes. Je trouve que c'était limite la meilleure chronique.

  • Speaker #1

    Parce qu'il ne parle pas de technologie.

  • Speaker #0

    Parce qu'il ne parle pas de technologie. Il parle d'humains et il n'y a pas... Je ne sais pas. Et puis elle est assez courte, en fait.

  • Speaker #1

    C'est parce qu'on n'a pas beaucoup à lire et qu'il ne parle pas de technologie.

  • Speaker #0

    Donc c'est bizarre. Ensuite, on arrive sur celle que j'ai vraiment le moins aimée, c'est le problème à quatre corps sur l'avenir de notre santé, le corps, le décor et le raccord et quelques autres. Le problème à quatre corps est initié par une rencontre avec Arnaud Auger, un trentenaire. Arnaud a déjà vécu dans 19 lieux différents sur quatre continents. Il a été marié en Inde. Il se définit comme un... gitan ontologique qui ferait un psy donné à notre cogito cartésien. Foin de je pense donc je suis et feu sur je bouge donc je deviens. Bon, qu'est-ce qu'il fait dans la vie ce garçon ? Il travaille dans un laboratoire d'innovation pour une banque française. Autrement dit, il traque, suit et acclimate les technologies intéressantes qui émergent pour les conseiller à des grands groupes. Et l'autre histoire, c'est que c'est un monsieur qui est ultra connecté, c'est-à-dire qu'il a une Apple Watch, il a une montre, connecté, il a bague connectée, il a un truc qui monite le glucose, comme les gens qui ont du diabète. Et attends, il y a un dernier truc qui connecte. Il a son smartphone et il a ses lunettes. Il a des lunettes Ray-Ban connectées. Donc c'est un monsieur qui collecte énormément de données à propos de son corps et récemment il a testé d'autres trucs comme tester son microbiote. Et donc le sujet de la chronique est sur la santé connectée, évidemment. C'est un sujet qui m'intéresse énormément. Et donc, c'est pour ça, peut-être que j'ai été la plus très énervée. Eh oui, je pense que ça... T'as une petite Apple Watch. J'ai ma petite Apple Watch et tout. Et ça m'a vraiment agacée parce qu'il fait un peu le mec surpris, étonné, qui ne comprend rien. Et comme il ne comprend rien, il faut qu'il crée une sorte de surcouche philosophique. Et donc, il va passer à cette surcouche philosophique qui est cette théorie à quatre corps. théorie à quatre corps, c'est déjà, il dit qu'il y a un premier corps, c'est le corps qui dit j'ai la patate aujourd'hui, j'ai mal dormi, je suis crevée, je me sens lourd, j'ai chaud, je dois avoir de la fièvre. Il fait corps avec notre esprit. Et ensuite, il considère que la technologie nous a un peu éloignés de notre corps. Le premier corps est organique, il est animal et viscéral, en fusion perçue. Le deuxième corps, je le voyais monitoré et techno, une seconde couche virtuelle. tandis qu'il n'est en fait qu'un corps de raccordement, de liaison, un raccord, une tentative de solution que l'homo numericus se donne à lui-même. Le troisième, désaffecté, je l'ai appelé le décor, et c'est en fait lui le deuxième corps. Vous me suivez ? Alors, moi, je ne le suis pas du tout. Peut-être que nos éteurs s'isent. Le troisième est le raccord. J'ai fini ma gourde, je repars. Corps, décor, raccord, ça roule, c'est raccord. Et donc, il y a après un dernier corps qui arrive. Déjà, moi, le truc de base avec lequel je ne suis pas d'accord, c'est l'idée qu'il y a une sorte de corps originel où tu as de la fièvre, tu sais ce que tu as. Il se trouve que c'est le cas pour certaines de nos pathologies, mais ce n'est pas vrai dans l'ensemble. Il y a plein de trucs qui nous arrivent. On n'est pas au courant que ça nous arrive. Et c'est pour ça que la santé préventive existe. C'est que, justement, il y a beaucoup de choses dont on n'est pas au courant qui sont en train de se passer dans notre corps, qui marchent parfois bien et qui marchent parfois mal. Moi, j'ai rencontré des gens qui ont fait des infarctus et qui utilisent cette montre juste pour être sûr de ne pas refaire un infarctus. Et donc, quand ils en font un infarctus, la montre réagit et ils vont à l'hôpital. Même chose, on a un besoin, la technologie répond. Arnaud, la personne qui l'interview, c'est un poseur. Enfin, je ne sais pas comment le décrire autrement, mais Arnaud, à aucun moment dans le texte, explique qu'il a besoin... de cette technologie. Il n'a pas besoin de monitorer son glucose, il n'est pas diabétique, par exemple. Il n'a pas tous ses besoins, mais il le fait. Et il le fait pourquoi ? Parce qu'il est à l'innovation d'une grande banque. Et donc, il doit un peu montrer à ses supérieurs hiérarchiques, à ses collègues, que c'est un mec stylé, qu'il est au courant.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Mais après, je pense que le vrai problème de cette chronique-là, c'est qu'il affirme énormément de choses sans du tout avoir fait le travail de recherche nécessaire, ni d'un point de vue... Et le truc, il fait ce travail de... de recherche, d'interroger les personnes sur pourquoi est-ce qu'elle l'utilise, en quoi est-ce que ça les aide, est-ce que c'est juste une question de performance, comme lui l'affirme, ou est-ce que ça rassure des angoisses. Le problème, c'est que là, c'est quelque chose de symptomatique de son livre, c'est-à-dire qu'il affirme des thèses qui, en plus, ont une apparence hyper fumeuse, parce que du coup, qui reposent sur des jeux de mots où c'est un peu affligeant et sans aucune recherche, alors qu'il prétend dire quelque chose de la réalité technologique de la vie des gens.

  • Speaker #0

    Il ne fait même pas une recherche intérieure et introspective. C'est-à-dire qu'il pourrait même réfléchir à son propre corps. Ça ne coûte rien. Il n'est pas obligé de prendre des rendez-vous avec un médecin. Il aurait pu prendre rendez-vous et rencontrer un médecin sur la médecine préventive et comment la santé connectée peut aider à la prévention de certaines maladies. Mais il ne le fait pas, mais il ne fait même pas le truc un peu... un peu qui coûte rien, qui est que de se dire, moi, mon corps, comment je le ressens ? J'ai été malade, j'ai pas été malade ? Est-ce que j'ai des maladies qui auraient pu être décalées ou atténuées si j'avais fait de la prévention, etc. ? Et vis-à-vis d'Arnaud, ça, c'est un truc, on reviendra, mais c'est pas un très bon interviewer, Damasio. On a l'impression qu'il n'est pas capable de vraiment poser les bonnes questions. Parce qu'une question qu'on pourrait poser à ce pauvre Arnaud, que je viens de traiter de poseur au moins trois fois, c'est... Est-ce qu'il a été malade ? Est-ce qu'il y a quelqu'un dans sa famille qui a été malade ? Parce que, par exemple, un truc tout bête, mais souvent, quand quelqu'un autour de toi a une pathologie évitable, tu te dis, bon, moi, je vais essayer de l'éviter aussi. Enfin, je ne demande pas à Damasio de faire la psychanalyse du pauvre monsieur, tu vois, mais je trouve qu'il aurait dû creuser un peu plus et il ne l'a pas fait. C'est important de penser, genre, un rapport au corps et comment, parfois, la technologie nous permet de mieux comprendre et peut-être de... mieux s'approprier son corps slash une technologie qui nous allégnerait et qui nous empêcherait totalement de penser notre corps.

  • Speaker #1

    Et après, on ne peut pas dire qu'il n'y ait pas d'image. Il y a quand même une très très belle image. PC connecté, comment dire ? C'est donner ton caca au Big Data pour préparer la Big Kata. La tienne et la nôtre. La biopolitique pour les nuls.

  • Speaker #0

    Covid soit qui m'a dit ponce. Covid soit qui m'a dit ponce.

  • Speaker #1

    Le problème, je pense qu'on voit beaucoup ici, mais je pense pendant que tu parles, c'est le fait qu'en fait, il utilise les mots enfin là où en fait il surinterprète mais en fait il n'utilise pas vraiment les mots pour essayer de décrire une pensée ou genre de préciser sa pensée mais c'est plutôt qu'en fait il part des mots qu'il trouve là par exemple le décor et d'une simple proximité phonétique entre des mots pour enterrer des théories et là par exemple il dit il joue vachement avec les mots mais en fait ça crée le flou qui lui est hyper préjudiciable mais il dit ah ben on rentre on rentre dans le décor parce que non juste parce qu'on va envisager ce troisième corps dont il parle comme un décor. Donc, il crée juste une sorte de flou parfait, c'est-à-dire un flou artistique. C'est peut-être son art de directeur.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'on devrait passer à la prochaine chronique. La prochaine chronique, c'est Trouver, portrait du programmeur en artiste. En fait, il rencontre un programmeur, un développeur. Ils boivent quelques bières ensemble et ils le trouvent trop cool.

  • Speaker #1

    Grégory Renard is the best franchement je sais pas si c'est la bière ou si c'est lui mais en tout cas ma petite théorie c'est qu'il a écrit la chronique un peu ivre parce qu'on a la soirée continue j'ai bu le vin rouge gonfle dans mes veines mon cerveau est une chaudière et j'absorbe le fuel j'écoute et je relance je coule mon enthousiasme dans la parole fluide de cet homme qui passe ses sentiers de ses journées au corps à corps le corps avec des artefacts qu'il rend intelligent il y a

  • Speaker #0

    Et là, on a en fait un peu une idée principale chez Damasio, qui est que la technologie, ce n'est pas bien. Mais les gens qui créent la technologie, c'est trop des gros coulisses, dont ce monsieur. Et donc, l'idée, c'est qu'il faudrait avoir un rapport d'artiste ou d'artisan à la technologie. Il faudrait coder. Coder, c'est la porte de sortie à l'aliénation de la technologie. En tout cas, c'est un peu vraiment ce qui ressort de ma lecture, en tout cas. Et donc, moi, ça m'a un peu montré à quel point Damasio, il a quand même un lectorat en tête. Moi, pour moi, le lectorat de Damasio, c'est le développeur. Et donc, il critique la technologie. Et après, il dit non, mais toi, tu es plus malin parce que tu as créé la technologie. Donc, c'est bon, toi, tu es sauvé. Et donc, il y a un peu une sorte d'élitisme, en fait, tout simplement, avec cette chronique-là, qui finit avec une ode à l'IA. Alors là, ça m'a beaucoup étonnée parce qu'il est vraiment très, très critique. Enfin, tu vois, pour moi... L'IA, c'est quand même beaucoup plus critiquable que les voitures connectées. Enfin, dans ma tête, peut-être parce que je n'ai pas mon permis, mais...

  • Speaker #1

    Il se trouve qu'il y a de l'IA dans les voitures autonomes.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Non, mais l'IA générative, conversationnelle. Et ce qui est marrant, c'est que l'IA conversationnelle, enfin le chat GPT, c'est vraiment son concurrent direct, à damasio. Parce que moi, je suis sûre que je te fous ça dans le chat GPT, je peux t'en sortir. C'est très étonnant que le seul moment où il est vraiment en compétition avec de la technologie, Et bien là, il est genre, c'est trop bien.

  • Speaker #1

    Après, je te rejoins totalement. En fait, il y a un énorme switch dans cette chronique-là. Et c'est à ce moment-là qu'il passe. On a les premières chroniques qui sont quand même, à part Apple, où il est un peu fasciné par les lignes courbes des téléphones Apple. Et donc, on a toutes ces chroniques où il critique de manière assez événement. En tout cas, il dresse un portrait hyper sombre de ce que font les technologies dans notre rapport au monde, à notre corps, à nous-mêmes, aux autres, etc. Et là, dans cette chronique, il y a un énorme switch dans cette chronique. Dans cette chronique-là, on a l'impression qu'il rencontre Grégory.

  • Speaker #0

    Ils passent un super moment.

  • Speaker #1

    Ils passent un super moment ensemble. Et là, bam, la technologie, c'est génial. Et il nous dit, Grégory incarne ce qu'il y a de meilleur dans l'amour de la technologie, dans ce qu'elle peut nous apporter en tant qu'espèce, et plus largement en tant qu'être vivant, conscient d'exister sur une Terre qui doit rester habitable pour tous, humain ou non. Sa vision m'oblige à poser à nouveau frais cette question simple, qu'est-ce que serait, qu'est-ce que c'est une technologie positive ? Et on a l'impression que c'est à partir de ce moment-là... qui du coup s'interroge sur ce qu'il va appeler ensuite la technocritique. Là, on a l'impression qu'il tombe à l'inverse, dans une sorte de technophilie totale qui est calquée sur la fascination de la Silicon Valley pour le pouvoir de la technologie.

  • Speaker #0

    Et pourquoi le pouvoir de cette technologie ancestrale qui est la bière ?

  • Speaker #1

    Et le vin rouge qui déchauffe les veines et déchauffe le cerveau. Il est vite fasciné de manière hyper naïve par cette nouvelle technologie. Le miracle, donc on parle de miracle en plus, on a l'impression qu'on est au psychotisme total. S'il y en a un, c'est que ces créations sont devenues des créatures. Il faut penser du coup plus le rapport homme-machine comme un rapport dominé-dominant, mais comme un rapport d'hybridation. On doit, je cite, imaginer le futur que ça nous offrira. Toujours dans cette fascination, il parle du coup du métier de développeur comme un art, tu l'as dit tout à l'heure. Mais du coup, comme si c'était quelque chose de complètement déconnecté. Et puis,

  • Speaker #0

    pour te couper... Pour te couper. T'inquiète, t'inquiète. Non, et ce qui est marrant, c'est que ça donne cette impression que les programmeurs, enfin les développeurs, ont des personnalités positives, parce que finalement, ils sont comme lui, comme Alain Damasio, c'est-à-dire des artistes. Donc finalement, la personne qui... gagne sa sympathie, c'est quelqu'un qui est un peu comme lui et je trouve que c'est un peu égocentrique. Et ensuite la dernière c'est pouvoir ou puissance. C'est un peu une sorte de cours de philo sur la technique très très très inspiré d'Heidegger mais aussi de Spinoza, je l'ai découvert en parlant avec Sarah qui a plus de références philosophiques que moi. Et ça devient un peu une préface à son oeuvre qui suit, enfin à la nouvelle, c'est à dire qu'il donne un but politique à la science fiction. qui est le fait de faire la critique des nouvelles technologies, un peu comme une sorte de garde-fou, pour nous prévenir de ce qu'on pourrait en faire de mauvais. La science-fiction, c'est important, parce que ça permet, par exemple avec Matrix, notre immersion dans le réel simulé, dont nous ne pouvons non plus nous arracher. Blade Runner, notre trouble à circonstruire la spécificité de l'humain face à ses répliques sentientes. Je ne suis pas totalement contre cette idée-là, mais un truc qui m'a beaucoup marquée récemment, c'est à quel point... les hommes puissants de la Silicon Valley Elon Musk pour ne pas le citer mais aussi d'autres lisent beaucoup de science-fiction c'est peut-être des gens qui lisent que ça quasiment et malgré tout ces mecs font quand même les décisions qu'ils prennent et parfois ils le font en connaissance de cause il y a vraiment on s'inspire oui on s'inspire par exemple il y a cette cette start-up qui est à Londres qui s'appelait Soylent qui était très inspirée de Soylent Green qui est un roman d'anticipation assez glauque où on se nourrit à base de poudre et donc Soylent Green c'est de la poudre humaine Et donc, ils ont quand même appelé leur marque Soylence tu vois, alors que c'est un roman d'anticipation qui, justement, anticipe le fait qu'on n'aura plus assez à manger sur Terre. Enfin, c'est marrant parce que tous ces gens-là lisent de la science-fiction et pourtant, ça a un peu l'effet inverse ou à l'inverse.

  • Speaker #1

    Mais au contraire, je crois qu'ils s'en inspirent assez largement aussi pour anticiper certaines évolutions, penser à certaines nouvelles technologies. Alors, il y a le côté on alerte effectivement, mais après, lui, ce qu'il prononce aussi dans cette dernière chronique, c'est le pouvoir de la science-fiction de créer un nouvel imaginaire politique. Ce qu'il dit vouloir faire, c'est battre le capitalisme sur le terrain du désir, et donc par désir, il entend créer de manière positive le concept qu'il intitule dans sa partie le biopunk. Et donc il essaye là de repenser, c'est là où il se veut innovant pour penser un nouveau rapport à la technologie qui allierait en plus aux problématiques contemporaines de l'écologie, etc. J'entends par là un type d'histoire qui envisagerait nos liens intensifiés aux vivants, animaux ou végétaux, bactériens ou fongiques, comme une réouverture magnifique au monde, au moment même où le cyberpunk attraye sa réponse de libération, en hypertrophiant notre dépendance aux plateformes. Il poursuit assez longuement une alliance renouvelée avec la forêt, l'océan, les champignons qu'on va cueillir et la rivière où on se baigne, avec les chamois qu'on surprend parce qu'on la crête et l'empire inouï des petits pouces quand on en prend soin. Mais en fait, il essaye de créer une nouvelle promesse qui... qui serait autre chose que les promesses de la science-fiction habituellement qui était celle du cyberpunk, qui lui considérait être, je le cite, une promesse exaltante qui permettrait, je pense, de sortir de ce qu'il identifie comme un antagonisme stérile entre ce qu'on dit la technophobie et la technophilie. Mais après, je te rejoins totalement sur le fait que c'est un échec. Ça veut dire que pour moi, cette dernière partie, c'est un bon moment. en plus j'ai l'impression que c'est une chronique rattrapage où il écrit après, quand il est revenu des Etats-Unis il essaye un peu de recoller les morceaux en disant il ne faut pas être technophobe en même temps il cite quelques arguments pour lesquels il faut maintenir une critique, des arguments de bon sens et tout à fait entendus ensuite il dit du coup il nous faut une nouvelle piste donc je vous propose ce nouveau concept, le biopunk petite description. Ensuite, je vous dis, il faut éduquer nos enfants et nous éduquer nous-mêmes parce qu'en fait, on n'a jamais appris à vivre avec les technologies. Et ensuite, il nous fait une sorte de petite liste de courses, de trucs qu'on devrait questionner. Et en plus, de manière hyper floue, il faut interroger l'effacement du monde extérieur, interroger l'interaction, interroger l'oubli du corps.

  • Speaker #0

    Il propose un programme de biopunk et donc dans la... Dans la nouvelle, à la fin, c'est l'histoire d'une famille qui est enfermée dans un appartement alors qu'il y a un immense orage, une sorte d'ouragan. Et cet ouragan est en fait une sorte d'ouragan bizarre, on ne comprend pas très bien ce que c'est. Et à la fin, les deux parents meurent, mais sont sauvés par une sorte d'intelligence artificielle. Ils deviennent une intelligence artificielle auprès de leur fille, qui en fait n'est pas humaine, mais est une sorte de robot. parce qu'en fait, ils n'arrivaient pas à avoir d'enfants. Et donc, au lieu d'avoir un enfant, ils ont une sorte de robot. Mais il y a du ressentiment de la part de la mère vis-à-vis de cet enfant. C'est très rapide comme résumé. Et c'est en fait, finalement, une sorte d'histoire assez apocalyptique où tout s'effondre, la technologie s'effondre, cette famille s'effondre. Et à la fin, tout le monde meurt. Tout ce qui reste, c'est la technologie et la nature. Mais finalement, les humains, eux, n'ont pas survécu. Moi, je ne vois pas ça comme une alternative super au capitalisme. En fait, moi, j'aimerais rester en vie. Et en plus de ça, ce qui est bizarre, c'est que l'une des raisons pour lesquelles la famille meurt, enfin, les parents meurent, c'est l'incompétence crasse du héros, en fait, Noam, qui a oublié de préparer... Parce qu'ils savent qu'il y a un ouragan qui arrive, mais bon, il a oublié d'acheter des bouteilles d'eau, il a oublié d'acheter à manger, et donc il se retrouve enfermé. En plus, il y a tout un système d'intelligence artificielle dans la maison. Moi, je trouve que c'est plus une nouvelle sur la compétence des hommes que sur les mauvaises technologies. Et on sent un fantasme très profond, je trouve, chez Damasio, qui est qu'il est allé aux États-Unis, il est allé à San Francisco, il a trouvé ça horrible, et il rentre chez lui et il se dit Imagine, il y aurait un énorme... ouragan qui détruirait tout ça. Et pour moi, c'est pas un projet politique super. Et donc, on arrive à une forme de grosse perplexité, toi et moi. Ouais.

  • Speaker #1

    En fait, non, le truc, c'est que je pense que j'aimerais revenir sur la fascination qu'il exerce. Enfin, également, moi, ça m'a surprise, la fascination qu'il exerce dans les médias. Parce que du coup, j'ai vraiment fait une petite revue de presse pour voir quelle avait été la réception de son livre. Parce que nous, on était assez d'accord, enfin, entre moi et les personnes autour de moi qui ont lu le livre et toi. C'est-à-dire que j'en avais pas mal discuté avec des gens qui étaient tout à fait d'accord avec nous, et de voir la fascination qu'il avait exercée dans les médias. Alors au début, je me disais peut-être que c'est le fait qu'il ait déjà beaucoup de place dans le monde de la critique de la technologie ou dans le monde, sur la scène, simplement littéraire française. Et comme je le disais, je l'ai croisé par hasard dans les livres que je lisais assez régulièrement. Je l'ai lu, il a fait la post-face d'un livre de Baptiste Morisot en matière d'écologie. Je lui lisais un livre sur la Z, et il avait écrit une... une nouvelle dedans. Donc je me disais, bon, peut-être que c'est ça qui explique qu'on donne beaucoup de valeur à sa parole ou à son discours. En même temps, après, je voyais une fascination vraiment active. Enfin, il y a cet article dans Mediapart, enfin cet interview dans Mediapart, où il y a vraiment une reconnaissance réelle de ce qui serait le talent de Damasio, où il dit la façon dont l'écrivain arrive, par ses formulations, à décrire à nouveau des éléments qui nous paraîtraient intuitifs ou déjà connus, mais dont on redécouvre sous sa plume le caractère vertigineux. Et je pense que c'est... effectivement, un peu là où ça se situe, c'est qu'en fait, il arrive, il a quand même une écriture qui est assez séduisante, du coup, dans la manière dont il a de présenter des choses qui nous sont complètement communes à tous et toutes, avec une esthétisation très récurrente du rapport à la technologie. Son entreprise même, de vouloir battre le capitalisme sur le terrain du désir, c'est séduisant en soi, il ne faut pas se mentir. L'idée qu'on est tous complètement dépendants de nos technologies, du coup, c'est dire qu'en fait, on n'a pas besoin de lutter en bloc. contre la présence de technologie pour s'émanciper, mais qu'en fait, on peut faire exister un art de vivre avec les technologies, c'est une idée séduisante. Et ensuite, il y a même quelque chose de séduisant en tant que tel dans les termes qu'il utilise. Il se place comme ce qu'il appelle être un mythopoète, ou alors un... Non, il fait faire de la mythopoétie. Lui, il se dit être un technopoète.

  • Speaker #0

    Ouais, moi, je mets le blâme sur Lacan. Je pense qu'on consiste en... Lacanisation du langage. Et oui, moi aussi, je préfère des néologismes. Pourquoi je fais référence à Lacan ? Et puis, ce n'est pas que Lacan, c'est Heidegger, c'est Deleuze. Il est très inspiré par tous ces gens-là, mais surtout par une prose. Donc, Deleuze dit souvent que la philosophie, c'est l'art de créer des concepts. Et là, c'est vraiment au sens propre du terme. Il va créer des concepts, c'est-à-dire des mots. Et donc, il va créer des petits mots chelous. Et donc, on a l'impression qu'il fait un truc intelligent parce que comme il crée des mots chelous à base de... grec, forcément, ça doit sûrement être intelligent, tout ça.

  • Speaker #1

    La vie de gata.

  • Speaker #0

    La vie de gata, c'était pas si intelligent que ça. Et c'est marrant parce qu'il ne fait pas que ça. D'un côté, il y a un usage du grec, des néologismes, il va créer des nouveaux mots, alors qu'il n'y a pas souvent une très grande justification derrière chaque création de mots. Mais en même temps, il va faire des grosses références à une culture geek qui m'a fait vraiment penser à mon adolescence, donc super. Le Seigneur des Anneaux, les références au gaming, des mots comme No Life ou Osef. No Life, c'est les gens qui n'ont pas de vie et qui restent tout le temps sur leur ordi. Ou Osef, on s'en fout. Tout ça, c'est un peu des petits clins d'œil faits pour que les geeks, les geeks au sens très large du terme, ils vont se sentir valorisés et représentés parce qu'ils se disent, ce mec qui est super connu, cet auteur culte, il a les mêmes références que moi. D'un côté, il utilise un langage ultra lourd, universitaire, bizarre, à base de concepts, ultra lacanien, ultra deleusien. Et de l'autre côté, il va dire Osef. Et là, moi, je trouve qu'il y a un goût extrêmement démago derrière tout ça. Et en plus de ça, il y a le goût de la petite blague, qui est souvent très nulle, voire totalement vulgaire. Et c'est un reproche qu'on pourrait faire à Lacan, d'ailleurs. C'est pas parce qu'il y a un jeu de mots marrant à faire, ou un jeu de mots un peu bien trouvé, qu'il y a un sens profond derrière le jeu de mots. C'est juste dire que ça sonne marrant, en fait. Enfin, pas plus. Mais dès que t'essayes un peu, en fait, je pense que nous, on a eu cette entreprise de résumer les thèses de Damasio et on n'y est pas arrivés tant que ça. Enfin, on a vraiment galéré.

  • Speaker #1

    Puis dès qu'on en trouve une, elle est finalement assez faible.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et parfois, il se contredit énormément. Et il fait référence à des trucs où moi, j'ai eu du mal, tu vois. Et pourtant, je pense que je ne suis pas non plus la dernière des imbéciles. Et pourtant, parfois, il fait des références à Hegel comme ça, à Hegel. un peu en passant, ou à Nietzsche, ou à Heidegger. Et j'étais vraiment genre, waouh, c'est des trucs que j'avais perdu depuis dix ans, est-ce que tu peux peut-être, je sais pas, faire preuve un tout petit peu de pédagogie ?

  • Speaker #1

    Moi, ce qui m'a beaucoup surpris, c'est du coup, pour l'avoir écouté dans Bookmakers, il dit dans Bookmakers que lui, il est extrêmement peu de fiction, et qu'il s'est nourri exclusivement de textes philosophiques, de Deleuze, de Foucault, etc. Mais ce qui est assez frappant, c'est qu'en fait, la restitution est...

  • Speaker #0

    Pour moi,

  • Speaker #1

    c'est une régurgitation. Elle dessert vraiment son propos parce que je trouve qu'il les mobilise assez mal à des endroits où... Enfin, pas du tout de manière pédagogique. Donc, si on ne connaît pas, on ne comprend pas. Si on connaît, on s'interroge un peu sur pourquoi ce concept à cet endroit-là, qu'est-ce qu'il en tire ? On ne sait pas à quoi... Enfin, on ne comprend pas du tout à quoi ça sert de les invoquer aux endroits où il le fait. Et du coup, ça donne aussi une sensation généralisée de très grande nonchalance. Tiens, je te mets un petit mot à droite, je te mets un petit sminuzi à gauche, un petit... un petit doloz par-ci, et c'est... Et ça devient vraiment irritant. J'ai trouvé ça assez snob, au fond, d'avoir comme ça ces références hyper intellos, avec une vulgarité en plus omniprésente.

  • Speaker #0

    Une dernière chose que je voulais dire, c'est...

  • Speaker #1

    Mais je pense que, pardon, juste pour rebondir là-dessus, je pense que ça rejoint si vachement l'indétermination de l'objet que c'est dans son temps. Oui, voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Ah,

  • Speaker #1

    c'est ce que tu voulais dire aussi ? Ah, ok. Ben, je pense que ça rejoint complètement, parce qu'on va dire, alors il a appelé ça des chroniques littéraires, mais concrètement, je pense que c'est parce que c'est un objet qui a pas de... trop de formes. Comme on l'a vu, c'est des chroniques qui partent, qui prennent du coup, qui ont à chaque fois pour objet un thème sur lequel après ils dissertent un peu. Mais en fait, ce ne sont pas vraiment des essais à proprement parler parce qu'il n'y a pas de thèse, il y a des thèses mais qui sont un peu dispersées, il n'y a pas de thèse un peu structurante dans chaque passage, qui le pousserait en fait à justifier la mobilisation de certaines références, à justifier la création ou non de certains concepts et pas de le faire un peu en passant. Le fait qu'il appelle ça chronique littéraire, du coup, ça lui permet à lui justement cette... Cette mythopoïèse où il peut créer les mots qu'il veut, les utiliser comme il veut, sans que ça ait de pertinence ou d'utilité. Et de mobiliser aussi par moment la fiction, sans que ce soit un texte entièrement fictif. On peut accepter que c'est une sorte de longue errance et qu'on entre un peu dans son flux de pensée informe, mais c'est juste pas très intéressant.

  • Speaker #0

    En plus de ça, quand je l'ai lu, j'étais vraiment très énervée. Et après, je me suis un peu reprise en me disant, mais tu peux pas t'attendre de la part de Damasio de faire un travail journalistique. En fait, moi, l'idée que j'ai, c'est que c'est cette impression très forte que... comme le monde littéraire et philosophique se rechigne à parler de technologie, les rares qui le font, en fait, ils ont un peu l'avantage du premier rentrant. Et donc, en fait, Damasio, il a eu l'avantage du premier rentrant. Ça a été l'un des premiers à parler de la société du contrôle technologique. Et donc, bim, ils se retrouvent à faire le tour des popotes. Et en plus de ça, je trouve que c'est un peu la pire personne pour parler de technologie, parce que c'est quelqu'un qui est très influençable. Très émerveillé, un peu ravi de la crèche, dans les deux sens, dans le sens négatif ou positif. Mais il se laisse un peu reporter par la vague de manière très lyrique, très enthousiaste. Donc ça, ça nous plaît, on aime bien. En fait, c'est marrant, mais paradoxalement, il n'a pas un rapport très critique à sa propre pensée. Et il est très passif vis-à-vis de ce qu'il a vécu. Paradoxalement, c'est marrant, parce que ce n'est pas vraiment ce qui ressort en première lecture. Il dit, je ne suis pas technophobe, je ne suis pas technophile.

  • Speaker #1

    mais technocritique moi j'ai l'impression que selon avec qui il parle il est technophobe ou technophile en fait oui oui et puis là on le voit dans ses chroniques je trouve que la chronique vraiment où il rencontre Grégory Renard elle est très frappante parce qu'il change complètement le ton alors je sais pas c'est juste parce qu'il est bourré mais on apprécie son lyrisme et son enthousiasme et c'est pas et c'est pas pas des descriptions qui sont désagréables à lire. En plus, on a l'impression d'avoir accès à l'expérience que lui-même a faite. Donc, tout ça, c'est vraiment pas désagréable. Après, c'est un peu... C'est trop frappant de voir la vulnérabilité que ça crée à l'égard des technologies qui nécessitent, comme il le dit lui-même, d'être hyper éduqué, affûté, etc.

  • Speaker #0

    Oui, paradoxalement, il est lui-même très vulnérable. C'est peut-être une grande chose. Il n'est pas de smartphone.

  • Speaker #1

    Non, mais il finit cette chronique. Et après, je reprends sur le smartphone, c'est important. Mais il finit la chronique dans... On parlait là par tout est animé. C'est très dangereux de dire ça aujourd'hui avec l'arrivée des IA génératives qui tendraient à confondre la manière dont on se rapporte aux technologies comme à des êtres humains, etc. Dire tout est animé, c'est...

  • Speaker #0

    Non, justement, il faut faire une distinction et il peut quand même la faire, malgré...

  • Speaker #1

    Mais pour rebondir sur le smartphone, oui, quelqu'un qui te parle des nouvelles technologies alors qu'il n'a pas de smartphone et qu'il est joignable apparemment que par mail... ou via le téléphone de sa meuf ou le téléphone de sa femme pour valider ses virements effectivement je pense que c'est problématique et c'est ce qui peut expliquer du coup ce mélange de fascination et cette impression de critique un peu contre l'évangile chaude il

  • Speaker #0

    est là genre waouh Apple c'est comme une religion et je suis là genre non mais ça fait 15 ans qu'on le dit et à un moment il faut passer votre chose en fait et puis il enfonce des portes ouvertes il dit des lieux communs Il a une obsession sur le porno qui est très marrante parce que le porno, c'est pas bien. Ah bah oui, le porno, c'est pas bien. Ah bah non. Oh là là. Le porno, c'est pas bien. Ah bon ? Et il y a un truc qu'il fait qui, moi, me magasse énormément, c'est genre, il enlève la raison derrière certains faits de société, il omet totalement les causes, et puis ensuite, il tourne en dérision l'effet d'écrit puisque il n'y a pas de cause, donc ça a l'air absurde. Et ensuite, il imagine les conséquences en mode pendricissante. Donc, par exemple, pour la santé, t'as, oh là là, on va regarder le gène humain, mais... parce qu'en fait, en regardant le gène humain, on va pouvoir accompagner des gens qui ont des pathologies graves. Et comme on ne dit pas cette cause-là, la pente glissante, c'est waouh, les assurances vont augmenter Oui, c'est certes, c'est une conséquence probable et sûrement qui existe déjà aux États-Unis. C'est une manière, c'est une rhétorique qui est pénible pour moi parce que j'aime bien savoir les causes derrière des faits de société, comme à peu près tout le monde. Quand même, le dire, c'est qu'il y a un peu une description, avec des sous-entendus légèrement complotistes, sur la pandémie du Covid. Je ne sais pas si toi, tu l'as senti aussi, mais moi, j'ai cette impression qu'ils pensent que la pandémie du Covid, on l'a un peu tournée, on a utilisé le Covid pour contrôler la société. Et à nouveau, comme ils ne donnent pas la cause, qui est que c'est une pandémie, qu'on essaie d'éviter les contaminations, donc on va créer des frontières. pour éviter que les gens se contaminent et meurent, et bien, tout d'un coup, tu as un système ultra complotiste du type le grand pouvoir mondial m'empêche de prendre l'avion pour aller aux États-Unis.

  • Speaker #1

    Ah, c'est du dessin, ça, aussi.

  • Speaker #0

    Et ça, voilà.

  • Speaker #1

    Le commun m'empêche d'aller faire mon voyage en montagne. Et non, parce que j'y vais quand même.

  • Speaker #0

    Donc, on en arrive à la conclusion de cet épisode, qui est que Damasio, c'est un peu du s'éventer son de gauche. Et je sais que ça va faire plaisir à personne d'entendre ça. les fans de Sylvan Tesson et les fans d'Alain Damasio. Il se trouve que ce côté aphorisme, référence constante, en mode je suis super intelligent, j'ai lu des livres évidemment des références creuses, on ne va pas les creuser plus que ça. Le côté un peu… Conservateur. Conservateur, bizarrement conservateur. Alors, ce n'est pas bizarre chez Sylvan Tesson d'être conservateur, mais c'est quand même plus bizarre chez Damasio. Le côté je vis tout seul, je déteste la technologie, je ne veux pas avoir de téléphone ce genre de choses. Oh, on m'empêche de voyager, ouin ouin. Il y a quand même énormément de points communs entre Damasio et Sylvain Tesson. Et là, les grandes différences, je ne sais même pas quelles différences je trouve vraiment.

  • Speaker #1

    Il est quand même un peu plus enthousiaste.

  • Speaker #0

    Il est plus enthousiaste, oui. Et il est plus sympa avec les gens.

  • Speaker #1

    Ouais,

  • Speaker #0

    je pense qu'il a l'air d'être un peu plus gentil. Ça a l'air d'être quelqu'un de plus gentil. Au moins, Sylvain Tesson, je savais à quoi m'attendre. Moi, j'ai l'impression qu'il est quand même genre... Enfin, les passages où il... Enfin... Bon, allez, j'en parle parce que c'est quand même un peu dingue, mais un truc qui m'a beaucoup marquée, c'est qu'il est très antiraciste, mais parfois, il dit des trucs un peu choquants quand même. Par exemple, il parle de la tech. Elle les opère en outre à partir d'une vision du monde qui demeure pour une écrasante majorité celle de mâle pour 80% à crâne d'œuf. Donc, je suis là genre, c'est bien, le mec dit que la technologie, c'est un truc un peu masculin, voilà. Mais il dit... pour 80% à crâne d'œuf, j'entends asiatiques ou européens, jaunes et blancs, à plus de 90%, tandis que latino et afro-américains sont cantonnés au rôle de vigile, de concierge ou d'argent d'autre tien. Déjà, l'utilisation du mot jaune... border. Et ensuite, en plus de ça, le côté où les personnes de minorité, les personnes asiatiques, c'est pour moi des minorités qu'on dit modèles, mais ça ne veut pas dire que ça l'est vraiment. C'est-à-dire que mettre les Blancs et les personnes asiatiques dans le même 80%, c'est... Même chose à ses borders, parce que ça serait ne pas penser le racisme que peuvent subir les personnes asiatiques aux Etats-Unis, et elles existent, ces actes racistes. Donc, bref, il y a des moments où c'est choquant, parce que tu t'attends à... Tu t'attends pas à ça, parce qu'en plus de ça, il dit explicitement des trucs genre Oh, c'est pas bien le racisme et ensuite, il te sort des trucs genre...

  • Speaker #1

    Mais il le fait à deux reprises, et j'ai l'impression que... Là, par exemple, je retrouve le passage où il avait redit jaune, c'était dans la première chronique, non, la deuxième, sur les voitures autonomes. où du coup il craint le fait que justement on n'ait plus accès à l'altérité qui nous permettait de rencontrer des chauffeurs de taxi, c'est que vous n'aurez plus à interagir avec des migrants, des faces jaunes ou basanées, seulement des interfaces.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il le fait ironiquement du style Ah vous, celles racistes, vous pensez que ces gens ont des faces jaunes et basanées ?

  • Speaker #1

    Ou alors pour critiquer le fait que si on n'a plus d'interaction, on va du coup les caractériser. Mais en fait, je suis d'accord avec toi, c'est pas du tout clair, on a l'impression au contraire que juste s'il utilise un vocabulaire complètement… obsolète, qui était utilisée peut-être avant, mais qui n'est plus du tout admise.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, même mes parents y disent ça.

  • Speaker #1

    Je suis convaincue. Je veux dire qu'il y a un peu des occurrences, des petites surprises, comme tu les as pointées, qui sont un peu dérangeantes, qui perturbent la lecture.

  • Speaker #0

    Bref, si vous écrivez un livre, si vous nous écoutez et que vous écrivez un livre, évitez le terme jaune pour parler de personnes qui viennent de pays d'Asie. Voilà. Je pense que je ne me mouille pas trop en disant ça. Sarah, est-ce que c'est un vrai torchon ou plutôt une surprise ?

  • Speaker #1

    C'est manifestement un vrai torpon, je dirais.

  • Speaker #0

    Oui, je pense aussi. Qu'est-ce qu'on propose à la place ?

  • Speaker #1

    De mon côté, je proposerais deux choses. Peut-être une newsletter que j'aime beaucoup et qui, pour le coup, est très renseignée si vous voulez comprendre la technologie et vous éduquer, d'ailleurs, comme la propose Damazio, qui s'appelle Dans les algorithmes et qui est vraiment super et qui, d'ailleurs, a fait une critique de Vallée du Célicium qui nous rejoint totalement. Autre livre toujours sur renseignement sur la tech, c'est... un livre qui s'appelle La Tech de Olivier Alexandre. Et là, pour le coup, c'est une vraie enquête sociologique d'un sociologue qui va dans la Silicon Valley faire un terrain pendant plusieurs années. Et c'est vraiment... Voilà, ça, je vous recommande. C'est vraiment informé, super intéressant, beaucoup d'entretiens qui sont retranscrits tels quels, et donc on a l'impression d'avoir un peu accès à ce qui s'y passe. Voilà.

  • Speaker #0

    Moi aussi, si vous êtes intéressés par l'histoire de la Silicon Valley, moi, j'ai lu en anglais d'Adam Fisher, qui est un journaliste de Word. Valley of Genius, The Uncensored History of Silicon Valley. C'est que des interviews. C'est vraiment très brut. Mais c'est des interviews de gens qui ont fait la Silicon Valley. Et ça a un côté, oui, un effet un peu uncensored. Alors bon, c'est pas très technocritique non plus. Mais au moins, c'est très brut. On sait de quoi on parle. Ensuite, ce que je conseille de lire à la place de Damasio, c'est finalement lire, disons, 30 pages de Damasio. Puisque c'est Amérique de Jean Baudrillard. Je pense qu'il cite au moins une bonne quinzaine de pages d'Amérique.

  • Speaker #1

    En plus, apparemment, son éditrice l'a empêchée de citer plus.

  • Speaker #0

    Donc, lisez Amérique de Jean Baudrillard. Jean Baudrillard dit n'importe quoi. Il est en roue libre sur l'autoroute du n'importe quoi. Mais c'est trop bien. Il dit beaucoup de choses qui sont très vraies en même temps qu'elles sont très fausses. C'est pas grave. Pour moi, c'est limite de la poésie en prose. Donc, c'est assez marrant à lire si vous la lisez comme ça. Et je l'ai lu aux Etats-Unis, et je trouve que c'était une super lecture à faire aux Etats-Unis, parce qu'après une journée à crapauter, à me dire waouh, c'est américain avec leur grosse voiture, ça fait plaisir de lire Jean Bontéard qui dit waouh, c'est américain avec la nouvelle voiture. Et ensuite, je voulais conseiller encore d'autres choses. Cette histoire de biopunk, qu'à priori je crois qu'on appelle plutôt solarpunk ça se retrouve dans un livre que j'ai déjà conseillé dans un autre épisode, mais je le fais quand même parce que c'est mon torchon, et je le fais parce que je veux avec mon podcast. c'est que c'est Psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers. Ça, c'est vraiment ce que Damasio aurait dû écrire finalement, qui est une alternative anticapitaliste par la science-fiction de qu'est-ce qui se passerait si on avait un rapport apaisé avec les nouvelles technologies. Je pense que Becky Chambers a réussi à faire ce que Damasio n'a pas réussi à faire. Et c'est très court, c'est vachement bien. C'est un côté très philosophique en plus, même chose. Sans citer Nietzsche, donc c'est très bien. Bref, Becky Chambers ne m'a pas payée pour faire cette pub. Ensuite, Delphine de Vigan avec Les Enfants sont Rois, c'est une critique des influenceurs sur les réseaux sociaux qui montrent leurs gamins. Et je trouve que c'est une bonne exploration de comment faire de la fiction sur un sujet de société lié aux nouvelles technologies sans en faire des caisses. Bon, la fin n'est pas ouf, mais en tout cas, je trouve que c'est un bon... Bonne manière de faire, même chose dans la même veine que Damasio. Et le dernier, c'est quelqu'un qui fait du gonzo, qui parle de nouvelles technologies, qui va interviewer plein de gens et qui va avoir un rapport critique, mais en même temps, plutôt réaliste sur les nouvelles technologies. C'est Judith Duportail avec L'amour sous algorithme. C'est un livre sur Tinder, sur les applis de dating et sur comment ça a changé notre rapport à la technologie. Et je trouve qu'elle fait exactement ce que j'attendais de Damasio, c'est-à-dire un bon... Une bonne critique, un côté très journaliste, mais en même temps, elle va raconter sa vie, un côté quasiment fictionnel parfois. Même chose, je pense que c'est une bonne alternative sur ce sujet très particulier qui est les applis de dating. Sur ce, je pense qu'on peut conclure. Merci beaucoup de nous avoir écoutés jusqu'ici. Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à nous suivre sur notre compte Instagram, arrobase torchon pour un podcast littéraire, pour nous donner vos idées et vos réactions à cet épisode. Et je vous conseille de le suivre pour plus de recommandations, plus de critiques et plus de coulisses. On vous embrasse et on vous dit... à bientôt à bientôt

Description

Un auteur de science-fiction à la découverte de la Silicon Valley : un projet alléchant, non ? Vallée du silicium fait partie de ces livres qu’on a vu partout dans les médias…. bon, dans les médias un peu intello. La grande librairie, France Culture, Médiapart, et j’en passe. Oui, le diable travaille dur mais l’attaché de presse d’Alain Damasio travaille encore plus dur. A moins que ce soit les médias eux-mêmes, qui ont soif d’une parole littéraire et intellectuelle sur les transformations toujours plus rapides venant de San Francisco. Inspirées par ces articles enthousiastes, Sarah et Léa pensaient passer un bon moment sur des sujets qui les animent et…


Bon, vous allez croire que chez Torchon, on est des vieilles grincheuses. Mais clairement, il y a quelque chose qui cloche. Car derrière les néologismes inspirées du Grec et de Heidegger, derrière les jeux de mots lacanien, et derrière les références à la langue des forums geeks de nos années d’adolescence… On retrouve une critique de la tech un peu molle, voire, des lieux communs totalement éculés. Je n’en dis pas plus, j’ai peur de me mettre à dos mes amis geeks qui ne jurent que par la Horde du contrevent, et si vous avez le coeur bien accroché, écoutez l’épisode ! 


Ce que l’on propose à la place : 

Podcast & autres

Sounds like a Cult, épisode « The cult of Apple ». 

Bookmakers par Arte Radio - Damasio (3 épisodes) 

Newsletter https://danslesalgorithmes.net/


Livres : 

La tech, quand la silicon valley refait le monde d’Olivier Alexandre 

Un psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers

Amérique de Jean Baudrillard 

Valley of Genius, the Uncensored history of Silicon valley par Adam Fischer

L’amour sous algorithme de Judith Duportail 

Les enfants sont rois de Delphine du Vigan


Compte instagram de l'émission : https://www.instagram.com/torchon.podcastlitteraire/?hl=fr


Torchon, c’est le podcast qui traite de l’actualité littéraire en lisant des livres pour que vous n’ayez pas à le faire. On est une bande de copain pas du tout critiques littéraires de profession, et pour chaque épisode on se retrouve en mode "club de lecture de l'extrême" et nous lisons un livre qui a fait l’actualité pour vous dire si c’est une bonne surprise ou bien un vrai torchon. Et restez jusqu’à la fin pour nos recommandations littéraires et culture ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Torchon, le club de lecture où on lit des livres pour que vous n'ayez pas à le faire. Pour chaque épisode, nous lisons un livre qui a fait l'actualité, que ce soit dans les médias ou sur les réseaux sociaux, et nous vous disons si c'est une bonne surprise ou alors un vrai torchon. Grâce à Torchon, vous pourrez briller en société et parler du livre du jour sans même l'avoir lu. Je suis Léa et je suis aujourd'hui avec Sarah.

  • Speaker #1

    Coucou tout le monde !

  • Speaker #0

    Et nous avons lu Vallée du silicium d'Alain Damasio, paru aux éditions Seuil en 2024. Alain Damasio, moi j'en avais surtout entendu parler parce qu'autour de moi il y a... plein de gens qui ont lu un de ses livres cultes qui est La Horde du Contrevent. Pourquoi tu ne l'avais pas lu avant ? Comment ça ?

  • Speaker #1

    Alors avant que tu me proposes de faire le podcast sur Damasio, si. Du coup j'avais lu Vallée du Silicium à sa sortie même au printemps. Mais c'est aussi la première fois que je lis Damasio.

  • Speaker #0

    C'est un auteur de science-fiction donc il a une cinquantaine d'années. Il y a un peu chez lui le mythe du mec qui s'enferme dans une bicoque dans la nature pour écrire. Donc il s'est enfermé dans le Vercors, puis dans la Corse et là en ce moment il habite dans le Var je crois. Donc, il est vraiment très reclus. Il a d'abord écrit La Zone du Dehors, qui est un roman d'anticipation sur, disons, la société du contrôle. Et donc, La Horde du Contrevent, qui est en fait vraiment son roman culte que tout le monde cite comme étant l'un des plus gros romans du XXIe siècle et l'un des plus gros romans de la science-fiction aujourd'hui. Il a aussi écrit plus récemment Les Furtifs, qui est aussi un roman d'anticipation, mais surtout sur le contrôle via les réseaux sociaux. Et puis, bon, voilà, des articles, des essais. Il est un peu... Il a fait de la musique, comme je peux le dire. Je crois qu'il fait du jeu vidéo aussi.

  • Speaker #1

    Il aime aussi beaucoup le foot. Il en a parlé assez longuement dans Bookmakers.

  • Speaker #0

    Oui, on en reparlera de Bookmakers, mais parlons d'abord de la Vallée du Silicium. La Vallée du Silicium, en fait, c'est un peu une sorte de commande. Je pense qu'on pourrait le décrire comme ça quand même. Damasio a reçu une bourse de la Villa Albertine. C'est un programme de résidence mis en place par le gouvernement français depuis 2021 pour soutenir et diffuser la création française. Elle vient compléter la Villa de Disque, la Casa de Velázquez à Madrid et la Villa Cujo Llama à Kyoto. Et il se trouve que cet été, j'ai su aller à la Villa d'Albertine parce que j'étais en vacances à New York. Et ils ont une super librairie qui est sur la 5th Avenue, donc dans l'Upper East Side. Donc si vous connaissez Gossip Girl, c'est là.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as écrit des chroniques de Manhattan ?

  • Speaker #0

    Je t'en aurais dit le jour. Mais malheureusement, personne ne m'a donné de bourse pour les écrire, donc ben non. Ils ont des bourses pour 15 disciplines différentes, pas seulement de l'alité, mais aussi de la musique, du podcast, les arts visuels, etc. C'est un partenariat, donc il y a le ministère de la Culture, le ministère des Affaires étrangères, mais il y a aussi des partenariats privés, donc la Société Générale, AXA, et la Fondation Mettez un Coup, par exemple. Pourquoi on a choisi ce livre ? Déjà, c'était une demande de plusieurs auditeurs, notamment Stanislas, si tu passes par là, merci à toi. Aussi parce que moi, j'espérais un peu une bonne surprise, pour être très honnête, vu que c'était le livre que je comptais lire pendant mes vacances. et que c'est un auteur qui est vraiment plébiscité par plein d'amis à moi. Moi, je m'attendais un peu à lire un livre qui a été vraiment beaucoup, beaucoup discuté dans les médias que je suis, genre, je sais pas, Arte, Sculpture, ce genre de choses. Et donc, je me suis dit, ah bon, bah, marrant, on va faire une rentrée sympa, quoi.

  • Speaker #1

    Bah oui, totalement. Et puis, comme je disais, j'ai vraiment lu Valet du Célicium avant qu'on se dise qu'on allait le faire dans le podcast. Et moi, j'ai lu parce que j'ai lu des critiques, mais vraiment dithyrambiques de Valais du Silicium dans Mediapart, dans Télérama. On l'entendait passer sur France Culture, un peu partout. Et du coup, moi, j'ai vraiment acheté à sa sortie en me disant, Bon, bah, super, c'est une bonne occasion de lire Damasio, dont j'avais beaucoup entendu parler. Tout le monde en dit beaucoup de bien. La texte, c'est intéressant.

  • Speaker #0

    Non, il est passé dans la Grande Librairie. Il est passé dans le podcast d'Arte qui s'appelle Bookmakers, qui interview des auteurs sur leur processus d'écriture. Et d'ailleurs, toi, tu l'as écouté ce... Ouais,

  • Speaker #1

    je l'ai écouté. C'était vraiment... Et c'est vraiment bien parce que du coup, dans le processus, j'avais lu Valet du silicium, comme vous le verrez après, qui ne m'a pas plu du tout. Et là, j'ai essayé de comprendre un peu comment, ce qui expliquait que Damasio ait une telle portée médiatique ou dans la critique, en tout cas, de la technologie. Et donc, j'ai écouté ce podcast qui est dans un format que j'ai beaucoup aimé. C'est trois heures de podcast, enfin trois épisodes d'une heure avec Damasio. Et en fait, l'objectif du podcast, c'est de comprendre surtout le processus d'écriture et de création de ces livres. Et du coup, il revient assez longuement sur tout. les pans de sa vie, de son enfance, de son rapport au foot notamment, c'est là qu'il en parle et qu'il en fait un... C'est vraiment intéressant sur son rapport aux défis, à l'échec et donc aussi à l'écriture. Tout le podcast est vraiment... Je le recommande vachement et c'est ce podcast qui m'a donné envie d'essayer d'approfondir et c'est pour ça que je suis allée lire après cet été La Zone du Dore.

  • Speaker #0

    On va uniquement parler de la vallée du silicium mais... Voilà. En fait, oui, c'est ça. Moi, je partais avec un a priori plutôt positif. De un, parce qu'il a fait le tour des popotes, parce que le diable travaille dur, mais l'attaché de presse d'Alain Damasio travaille encore plus dur. Et en plus de ça, il parle de sujets qui, moi, m'intéressent à titre personnel et professionnel. C'est qu'il parle d'innovation, de technologie et de réseaux sociaux, par ailleurs. Et donc, je me suis dit, c'est sympa de lire. un auteur de science-fiction, parler de technologie. La structure du livre, comme je l'ai dit, ce n'est pas uniquement un livre de science-fiction, c'est sept chroniques littéraires et puis ensuite, il y a une nouvelle de science-fiction inspirée par les enseignements des chroniques littéraires précédentes. On sent très bien le lien entre les chroniques et la nouvelle, surtout que la fin de la dernière chronique, il y a un petit côté un peu... Je suis désolée, les mots arrivent en anglais en ce moment, mais statement. Genre, voilà pourquoi je fais de la science-fiction. Paf, il nous pond la science-fiction et donc... Donc, on a une préface un peu à cette nouvelle. Je propose qu'on résume rapidement les différentes chroniques parce qu'elles sont sur des sujets très différents finalement parce que la technologie, c'est large. Le premier s'appelle Un seul anneau pour les gouverner tous Donc, déjà une petite référence au Seigneur des Anneaux. Sur le ring d'Apple, le centre du monde, le techno cocon et la réalité mixte. Donc, c'est sur Apple. C'est sur Apple et c'est sur l'aspect religieux de la marque. De mes yeux. arrive à San Francisco et va visiter la boutique Apple qui est attenante au QG. Dans laquelle il ne peut pas entrer. Et donc, il raconte un peu son expérience dans la boutique. C'est marrant parce qu'il a rajouté et ça se sent qu'il l'a rajouté 6 mois plus tard, une partie sur le casque en réalité visuelle créé par Apple pour créer cette idée de techno-cocon. L'idée que de nos jours, le monde, c'est trop dur et donc on va se réfugier dans des technococons comme ce casque. Moi, c'est tout de suite cette chronique qui m'a un peu déçue. Ça a donné le ton pour la suite parce qu'en fait, il dit Apple, c'est comme la religion. Et finalement, c'est tout.

  • Speaker #1

    Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Nous sommes un dimanche d'avril et puisqu'il n'y a rien à visiter dans la Silicon Valley, le jour du Seigneur, il va bien falloir aller à l'église. Oui, mais laquelle ? Et pour célébrer quelle religion, j'entends qu'elle marque. Et ensuite, page 12, il dit Bien sûr, la métaphore religieuse garde quelque chose d'un peu facile et d'un peu inexact puisqu'elle impliquerait une croyance partagée, une vraie spiritualité, là où ne règne que par des objets industriels, des interactions et des pratiques sérielles. Elle transcende cependant les continents et les cultures qui font qu'une Guyanaise sous son carpet swipe les mêmes applis avec les mêmes gestes fluides qu'un Tanzanien, une Indienne, un Ouzbék ou une Américaine dans sa chambre. Enfin, quel est le rapport avec la religion, en fait ? Est-ce que la religion, le concept, c'est que ça va influencer tout le monde à travers le monde ? Alors, dans ce cas-là, on parle plus de religion, comment dire, majoritaire, comme le christianisme ou l'islam, où, voilà, ça atteint beaucoup de monde. Après,

  • Speaker #1

    je suis assez d'accord avec toi, en fait. Je trouve qu'on trouve tout de suite, enfin, dès cette chronique, tout ce qu'on retrouve, en fait, dans tout le reste du livre, c'est-à-dire des jeux de mots tout pourris. Dès les premières pages, on retrouve... Ce manque de rigueur un peu crucial, on en reparlera tout à l'heure, où il affirme plein de choses sans aucune espèce de recherche ou d'études, alors que ça peut être des thèses vraiment fortes. Ensuite, il annonce aussi un peu en filigrane son projet général qui est de se faire un peu créateur de sens. Donc, il parle déjà de mythopoïèse à ce moment-là, il parle déjà de poésie, avec toute cette fascination aussi pour le monde technologique qui est vachement esthétisé. Mais du coup, la déception-là, en fait, en annonce... Et d'ailleurs,

  • Speaker #0

    il y avait une telle déception que j'ai écoutée... Si vous voulez écouter quelque chose sur Apple et la religion, et est-ce qu'Apple, c'est une religion, il y a un podcast qui s'appelle Sounds Like a Cult. Donc, c'est un podcast en anglais, malheureusement. Et ils ont fait un épisode sur The Cult of Apple, donc la secte d'Apple. Et en fait, de manière assez humoristique, mais en même temps très profonde, ils arrivent vraiment... Elles arrivent vraiment bien à... à cerner pourquoi on a cette impression qu'Apple, c'est comme une religion. Et elles vont vraiment utiliser une grille de lecture très étroite, très cadrée pour répondre à cette idée reçue que Damasio exprime et que finalement,

  • Speaker #1

    il ne l'explore pas du tout.

  • Speaker #0

    Non, il ne l'explore pas du tout. Je pense que vraiment, il est très premier degré sur ce qu'il pense et ce qu'il ressent. Et donc, par exemple, dans la deuxième chronique, c'est la ville aux voitures vides. Donc, c'est sur les voitures autonomes. sur la voiture comme allégorie d'une époque, nos autonomies déléguées et la loi du moindre effort. Je pense que la thèse principale de cette chronique-là, c'est l'idée que les voitures autonomes nous rendent plus paresseux et c'est pas bien. Je pense que c'est ça, en fait, la thèse, non ?

  • Speaker #1

    Oui, globalement. Je ne sais pas si il a une thèse très claire. En fait, les voitures autonomes, ça nous rend paresseux, ça nous éloigne des autres parce que du coup, on n'est plus en contact avec les chauffeurs de taxi. qui représentait notre rapport à l'altérité. Et ensuite, c'est une forme de domination de l'homme par la machine, parce qu'en fait, tout ce à quoi servent ces voitures, c'est collecter nos datas, et donc, pour en entraîner de nouvelles. Et donc, en fait, on ne participe à...

  • Speaker #0

    Oui, et puis, il y a une vraie ode à la voiture à l'ancienne, donc Thelma et Louise, les grands... Game odd à la voiture manuelle, qui est très française, là, pour le coup. Moi, je n'ai pas mon permis, donc je suis déjà passive et pas de base. Et lui,

  • Speaker #1

    non plus, il n'a pas son permis, d'ailleurs. Pardon ? Non, il le dit en plus à un endroit parce que du coup, le moment où il est avec... Oui, en fait, il dit un moment où il est avec, je ne sais plus, c'est Grégory Renard ou Fred... Je ne sais plus lequel de ses compagnons de voyage. C'est un moment qu'il conduit la voiture et du coup, il parle de voiture. Il dit, ah, c'est un comble. Ça le surprend qu'un Français n'ait pas son permis. Et en plus, du coup, tu as tout ce passage où il y a un fantasme complètement abstrait et un peu vieux jeu de la voiture comme... ce qui te libère, tu pars sur la route au loin avec ta grosse machine. Il fait part d'une forme de conservatisme qu'on ne comprend pas trop d'où ça vient, et d'autant plus qu'il est censé être super écolo. Et donc, pourquoi d'un coup ce mythe de la voiture toute puissante comme ça, qui devrait venir réguler nos vies ?

  • Speaker #0

    Oui, d'ailleurs, à ce propos d'écologie, la troisième chronique, c'est sur la ligne de couple, sur les frontières, le métaverse, le mouvement fixé des corps et les mots de passe. Et donc, son idée principale, c'est fondamentalement une grosse agacement face aux frontières, et notamment le fait de passer la frontière pour aller aux États-Unis, qu'il compare au passage de checkpoint par les Palestiniens de Cisjordanie tous les jours en Israël. Bon, donc page 72, il dit Je vais attaquer sans embages, passer une frontière aujourd'hui, même pour des touristes apparemment bienvenus, constitue une épreuve. Je ne veux pas comparer ça avec la situation des migrantes, ce serait obscène. Ah oui, pardon. On ne l'a pas dit, on ne l'a pas précisé, mais Damasio, quand il utilise le pluriel de groupe, utilise le pluriel féminin.

  • Speaker #1

    Une chronique sur deux.

  • Speaker #0

    Une chronique sur deux ?

  • Speaker #1

    Oui. J'ai pensé qu'on allait le même livre. En fait, une chronique sur deux, il utilise un autre masculin et une chronique sur deux, il utilise un autre féminin pour les personnes.

  • Speaker #0

    Donc voilà. Là, il parle de migrantes, ce n'est pas uniquement les femmes, c'est tout le monde, mais il fait preuve d'inclusion. Je ne veux pas comparer ça avec la situation des migrantes, ce serait obscène. Tant la furie des frontières et la férocité civilisée des nantis que nous sommes tuent des êtres qui pourtant fuient. Et ensuite, il dit Pas de comparaison qu'aucune. mais une raison immunitaire et sécuritaire commune cependant, pour qui c'est décrypté, donc pour lui parce qu'il le sait. Ce que font les États-Unis à la frontière mexicaine, ce que fait Israël en Cisjordanie, ce que fait Orban en Hongrie ou Meloni dans les ports italiens, pour ne prendre que quelques exemples, incarne la version incomplie, hystérique et fasciste du contrôle optimal des corps circulants que nous endurons, pour notre part, dans nos aéroports en mode placebo. Et donc il décrit toutes les épreuves qu'il y a... pendant qu'on passe la sécurité à l'aéroport. Et c'est vrai, c'est vrai que c'est pénible. Non, mais je ne suis pas contre. Néanmoins, si tu dis que tu ne vas pas comparer, ne compare pas alors, en fait. C'est aussi simple que ça, en fait. Je ne sais pas comment dire ça.

  • Speaker #1

    Et puis en plus, ils font la réflexion dans quelque chose d'hyper mou. Ils comparent à la fois le passage des frontières physiques avec un glissement aux frontières créées par le monde numérique. Et du coup, à nouveau, ça t'éloigne de l'altérité, etc. Et donc, globalement, on a quand même un propos assez... Il a quand même un propos assez cru, quoi.

  • Speaker #0

    Et puis surtout, à la fin, il me dit Ah, mais c'est dommage parce qu'avec toutes ces épreuves, toutes ces frontières, les gens vont arrêter de voyager et c'est terrible. Et ce qui est marrant aussi, parce que c'est quelqu'un qui est extrêmement écolo, et l'un des trucs un peu écolo à dire, c'est de ne plus prendre l'avion. Bon, il est un peu en désaccord avec sa posture écolo, parce qu'il est genre Ah, c'est dommage, les gens, ils ne peuvent plus prendre l'avion. Le mec est un peu zadiste et tout, et donc c'est assez étonnant.

  • Speaker #1

    de le voir dire ah bah non laissez-moi ma bagnole et laissez-moi monter dans mon avion facilement ouais ça j'ai pas compris en fait tout simplement chronique numéro 1 la boutique Apple chronique numéro 2 les voitures vides chronique numéro 3 le checkpoint à

  • Speaker #0

    la sécurité et ensuite Love Me Tenderloin sur le quartier de Tenderloin les homeless notre conjuration du lien et l'utopie qui couvre C'est sur la pauvreté à San Francisco et notamment sur un truc qui est terrible aux Etats-Unis. C'est que... Enfin, en San Francisco en particulier, qui est les 100 domiciles fixes. Je trouve que c'était limite la meilleure chronique.

  • Speaker #1

    Parce qu'il ne parle pas de technologie.

  • Speaker #0

    Parce qu'il ne parle pas de technologie. Il parle d'humains et il n'y a pas... Je ne sais pas. Et puis elle est assez courte, en fait.

  • Speaker #1

    C'est parce qu'on n'a pas beaucoup à lire et qu'il ne parle pas de technologie.

  • Speaker #0

    Donc c'est bizarre. Ensuite, on arrive sur celle que j'ai vraiment le moins aimée, c'est le problème à quatre corps sur l'avenir de notre santé, le corps, le décor et le raccord et quelques autres. Le problème à quatre corps est initié par une rencontre avec Arnaud Auger, un trentenaire. Arnaud a déjà vécu dans 19 lieux différents sur quatre continents. Il a été marié en Inde. Il se définit comme un... gitan ontologique qui ferait un psy donné à notre cogito cartésien. Foin de je pense donc je suis et feu sur je bouge donc je deviens. Bon, qu'est-ce qu'il fait dans la vie ce garçon ? Il travaille dans un laboratoire d'innovation pour une banque française. Autrement dit, il traque, suit et acclimate les technologies intéressantes qui émergent pour les conseiller à des grands groupes. Et l'autre histoire, c'est que c'est un monsieur qui est ultra connecté, c'est-à-dire qu'il a une Apple Watch, il a une montre, connecté, il a bague connectée, il a un truc qui monite le glucose, comme les gens qui ont du diabète. Et attends, il y a un dernier truc qui connecte. Il a son smartphone et il a ses lunettes. Il a des lunettes Ray-Ban connectées. Donc c'est un monsieur qui collecte énormément de données à propos de son corps et récemment il a testé d'autres trucs comme tester son microbiote. Et donc le sujet de la chronique est sur la santé connectée, évidemment. C'est un sujet qui m'intéresse énormément. Et donc, c'est pour ça, peut-être que j'ai été la plus très énervée. Eh oui, je pense que ça... T'as une petite Apple Watch. J'ai ma petite Apple Watch et tout. Et ça m'a vraiment agacée parce qu'il fait un peu le mec surpris, étonné, qui ne comprend rien. Et comme il ne comprend rien, il faut qu'il crée une sorte de surcouche philosophique. Et donc, il va passer à cette surcouche philosophique qui est cette théorie à quatre corps. théorie à quatre corps, c'est déjà, il dit qu'il y a un premier corps, c'est le corps qui dit j'ai la patate aujourd'hui, j'ai mal dormi, je suis crevée, je me sens lourd, j'ai chaud, je dois avoir de la fièvre. Il fait corps avec notre esprit. Et ensuite, il considère que la technologie nous a un peu éloignés de notre corps. Le premier corps est organique, il est animal et viscéral, en fusion perçue. Le deuxième corps, je le voyais monitoré et techno, une seconde couche virtuelle. tandis qu'il n'est en fait qu'un corps de raccordement, de liaison, un raccord, une tentative de solution que l'homo numericus se donne à lui-même. Le troisième, désaffecté, je l'ai appelé le décor, et c'est en fait lui le deuxième corps. Vous me suivez ? Alors, moi, je ne le suis pas du tout. Peut-être que nos éteurs s'isent. Le troisième est le raccord. J'ai fini ma gourde, je repars. Corps, décor, raccord, ça roule, c'est raccord. Et donc, il y a après un dernier corps qui arrive. Déjà, moi, le truc de base avec lequel je ne suis pas d'accord, c'est l'idée qu'il y a une sorte de corps originel où tu as de la fièvre, tu sais ce que tu as. Il se trouve que c'est le cas pour certaines de nos pathologies, mais ce n'est pas vrai dans l'ensemble. Il y a plein de trucs qui nous arrivent. On n'est pas au courant que ça nous arrive. Et c'est pour ça que la santé préventive existe. C'est que, justement, il y a beaucoup de choses dont on n'est pas au courant qui sont en train de se passer dans notre corps, qui marchent parfois bien et qui marchent parfois mal. Moi, j'ai rencontré des gens qui ont fait des infarctus et qui utilisent cette montre juste pour être sûr de ne pas refaire un infarctus. Et donc, quand ils en font un infarctus, la montre réagit et ils vont à l'hôpital. Même chose, on a un besoin, la technologie répond. Arnaud, la personne qui l'interview, c'est un poseur. Enfin, je ne sais pas comment le décrire autrement, mais Arnaud, à aucun moment dans le texte, explique qu'il a besoin... de cette technologie. Il n'a pas besoin de monitorer son glucose, il n'est pas diabétique, par exemple. Il n'a pas tous ses besoins, mais il le fait. Et il le fait pourquoi ? Parce qu'il est à l'innovation d'une grande banque. Et donc, il doit un peu montrer à ses supérieurs hiérarchiques, à ses collègues, que c'est un mec stylé, qu'il est au courant.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Mais après, je pense que le vrai problème de cette chronique-là, c'est qu'il affirme énormément de choses sans du tout avoir fait le travail de recherche nécessaire, ni d'un point de vue... Et le truc, il fait ce travail de... de recherche, d'interroger les personnes sur pourquoi est-ce qu'elle l'utilise, en quoi est-ce que ça les aide, est-ce que c'est juste une question de performance, comme lui l'affirme, ou est-ce que ça rassure des angoisses. Le problème, c'est que là, c'est quelque chose de symptomatique de son livre, c'est-à-dire qu'il affirme des thèses qui, en plus, ont une apparence hyper fumeuse, parce que du coup, qui reposent sur des jeux de mots où c'est un peu affligeant et sans aucune recherche, alors qu'il prétend dire quelque chose de la réalité technologique de la vie des gens.

  • Speaker #0

    Il ne fait même pas une recherche intérieure et introspective. C'est-à-dire qu'il pourrait même réfléchir à son propre corps. Ça ne coûte rien. Il n'est pas obligé de prendre des rendez-vous avec un médecin. Il aurait pu prendre rendez-vous et rencontrer un médecin sur la médecine préventive et comment la santé connectée peut aider à la prévention de certaines maladies. Mais il ne le fait pas, mais il ne fait même pas le truc un peu... un peu qui coûte rien, qui est que de se dire, moi, mon corps, comment je le ressens ? J'ai été malade, j'ai pas été malade ? Est-ce que j'ai des maladies qui auraient pu être décalées ou atténuées si j'avais fait de la prévention, etc. ? Et vis-à-vis d'Arnaud, ça, c'est un truc, on reviendra, mais c'est pas un très bon interviewer, Damasio. On a l'impression qu'il n'est pas capable de vraiment poser les bonnes questions. Parce qu'une question qu'on pourrait poser à ce pauvre Arnaud, que je viens de traiter de poseur au moins trois fois, c'est... Est-ce qu'il a été malade ? Est-ce qu'il y a quelqu'un dans sa famille qui a été malade ? Parce que, par exemple, un truc tout bête, mais souvent, quand quelqu'un autour de toi a une pathologie évitable, tu te dis, bon, moi, je vais essayer de l'éviter aussi. Enfin, je ne demande pas à Damasio de faire la psychanalyse du pauvre monsieur, tu vois, mais je trouve qu'il aurait dû creuser un peu plus et il ne l'a pas fait. C'est important de penser, genre, un rapport au corps et comment, parfois, la technologie nous permet de mieux comprendre et peut-être de... mieux s'approprier son corps slash une technologie qui nous allégnerait et qui nous empêcherait totalement de penser notre corps.

  • Speaker #1

    Et après, on ne peut pas dire qu'il n'y ait pas d'image. Il y a quand même une très très belle image. PC connecté, comment dire ? C'est donner ton caca au Big Data pour préparer la Big Kata. La tienne et la nôtre. La biopolitique pour les nuls.

  • Speaker #0

    Covid soit qui m'a dit ponce. Covid soit qui m'a dit ponce.

  • Speaker #1

    Le problème, je pense qu'on voit beaucoup ici, mais je pense pendant que tu parles, c'est le fait qu'en fait, il utilise les mots enfin là où en fait il surinterprète mais en fait il n'utilise pas vraiment les mots pour essayer de décrire une pensée ou genre de préciser sa pensée mais c'est plutôt qu'en fait il part des mots qu'il trouve là par exemple le décor et d'une simple proximité phonétique entre des mots pour enterrer des théories et là par exemple il dit il joue vachement avec les mots mais en fait ça crée le flou qui lui est hyper préjudiciable mais il dit ah ben on rentre on rentre dans le décor parce que non juste parce qu'on va envisager ce troisième corps dont il parle comme un décor. Donc, il crée juste une sorte de flou parfait, c'est-à-dire un flou artistique. C'est peut-être son art de directeur.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'on devrait passer à la prochaine chronique. La prochaine chronique, c'est Trouver, portrait du programmeur en artiste. En fait, il rencontre un programmeur, un développeur. Ils boivent quelques bières ensemble et ils le trouvent trop cool.

  • Speaker #1

    Grégory Renard is the best franchement je sais pas si c'est la bière ou si c'est lui mais en tout cas ma petite théorie c'est qu'il a écrit la chronique un peu ivre parce qu'on a la soirée continue j'ai bu le vin rouge gonfle dans mes veines mon cerveau est une chaudière et j'absorbe le fuel j'écoute et je relance je coule mon enthousiasme dans la parole fluide de cet homme qui passe ses sentiers de ses journées au corps à corps le corps avec des artefacts qu'il rend intelligent il y a

  • Speaker #0

    Et là, on a en fait un peu une idée principale chez Damasio, qui est que la technologie, ce n'est pas bien. Mais les gens qui créent la technologie, c'est trop des gros coulisses, dont ce monsieur. Et donc, l'idée, c'est qu'il faudrait avoir un rapport d'artiste ou d'artisan à la technologie. Il faudrait coder. Coder, c'est la porte de sortie à l'aliénation de la technologie. En tout cas, c'est un peu vraiment ce qui ressort de ma lecture, en tout cas. Et donc, moi, ça m'a un peu montré à quel point Damasio, il a quand même un lectorat en tête. Moi, pour moi, le lectorat de Damasio, c'est le développeur. Et donc, il critique la technologie. Et après, il dit non, mais toi, tu es plus malin parce que tu as créé la technologie. Donc, c'est bon, toi, tu es sauvé. Et donc, il y a un peu une sorte d'élitisme, en fait, tout simplement, avec cette chronique-là, qui finit avec une ode à l'IA. Alors là, ça m'a beaucoup étonnée parce qu'il est vraiment très, très critique. Enfin, tu vois, pour moi... L'IA, c'est quand même beaucoup plus critiquable que les voitures connectées. Enfin, dans ma tête, peut-être parce que je n'ai pas mon permis, mais...

  • Speaker #1

    Il se trouve qu'il y a de l'IA dans les voitures autonomes.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Non, mais l'IA générative, conversationnelle. Et ce qui est marrant, c'est que l'IA conversationnelle, enfin le chat GPT, c'est vraiment son concurrent direct, à damasio. Parce que moi, je suis sûre que je te fous ça dans le chat GPT, je peux t'en sortir. C'est très étonnant que le seul moment où il est vraiment en compétition avec de la technologie, Et bien là, il est genre, c'est trop bien.

  • Speaker #1

    Après, je te rejoins totalement. En fait, il y a un énorme switch dans cette chronique-là. Et c'est à ce moment-là qu'il passe. On a les premières chroniques qui sont quand même, à part Apple, où il est un peu fasciné par les lignes courbes des téléphones Apple. Et donc, on a toutes ces chroniques où il critique de manière assez événement. En tout cas, il dresse un portrait hyper sombre de ce que font les technologies dans notre rapport au monde, à notre corps, à nous-mêmes, aux autres, etc. Et là, dans cette chronique, il y a un énorme switch dans cette chronique. Dans cette chronique-là, on a l'impression qu'il rencontre Grégory.

  • Speaker #0

    Ils passent un super moment.

  • Speaker #1

    Ils passent un super moment ensemble. Et là, bam, la technologie, c'est génial. Et il nous dit, Grégory incarne ce qu'il y a de meilleur dans l'amour de la technologie, dans ce qu'elle peut nous apporter en tant qu'espèce, et plus largement en tant qu'être vivant, conscient d'exister sur une Terre qui doit rester habitable pour tous, humain ou non. Sa vision m'oblige à poser à nouveau frais cette question simple, qu'est-ce que serait, qu'est-ce que c'est une technologie positive ? Et on a l'impression que c'est à partir de ce moment-là... qui du coup s'interroge sur ce qu'il va appeler ensuite la technocritique. Là, on a l'impression qu'il tombe à l'inverse, dans une sorte de technophilie totale qui est calquée sur la fascination de la Silicon Valley pour le pouvoir de la technologie.

  • Speaker #0

    Et pourquoi le pouvoir de cette technologie ancestrale qui est la bière ?

  • Speaker #1

    Et le vin rouge qui déchauffe les veines et déchauffe le cerveau. Il est vite fasciné de manière hyper naïve par cette nouvelle technologie. Le miracle, donc on parle de miracle en plus, on a l'impression qu'on est au psychotisme total. S'il y en a un, c'est que ces créations sont devenues des créatures. Il faut penser du coup plus le rapport homme-machine comme un rapport dominé-dominant, mais comme un rapport d'hybridation. On doit, je cite, imaginer le futur que ça nous offrira. Toujours dans cette fascination, il parle du coup du métier de développeur comme un art, tu l'as dit tout à l'heure. Mais du coup, comme si c'était quelque chose de complètement déconnecté. Et puis,

  • Speaker #0

    pour te couper... Pour te couper. T'inquiète, t'inquiète. Non, et ce qui est marrant, c'est que ça donne cette impression que les programmeurs, enfin les développeurs, ont des personnalités positives, parce que finalement, ils sont comme lui, comme Alain Damasio, c'est-à-dire des artistes. Donc finalement, la personne qui... gagne sa sympathie, c'est quelqu'un qui est un peu comme lui et je trouve que c'est un peu égocentrique. Et ensuite la dernière c'est pouvoir ou puissance. C'est un peu une sorte de cours de philo sur la technique très très très inspiré d'Heidegger mais aussi de Spinoza, je l'ai découvert en parlant avec Sarah qui a plus de références philosophiques que moi. Et ça devient un peu une préface à son oeuvre qui suit, enfin à la nouvelle, c'est à dire qu'il donne un but politique à la science fiction. qui est le fait de faire la critique des nouvelles technologies, un peu comme une sorte de garde-fou, pour nous prévenir de ce qu'on pourrait en faire de mauvais. La science-fiction, c'est important, parce que ça permet, par exemple avec Matrix, notre immersion dans le réel simulé, dont nous ne pouvons non plus nous arracher. Blade Runner, notre trouble à circonstruire la spécificité de l'humain face à ses répliques sentientes. Je ne suis pas totalement contre cette idée-là, mais un truc qui m'a beaucoup marquée récemment, c'est à quel point... les hommes puissants de la Silicon Valley Elon Musk pour ne pas le citer mais aussi d'autres lisent beaucoup de science-fiction c'est peut-être des gens qui lisent que ça quasiment et malgré tout ces mecs font quand même les décisions qu'ils prennent et parfois ils le font en connaissance de cause il y a vraiment on s'inspire oui on s'inspire par exemple il y a cette cette start-up qui est à Londres qui s'appelait Soylent qui était très inspirée de Soylent Green qui est un roman d'anticipation assez glauque où on se nourrit à base de poudre et donc Soylent Green c'est de la poudre humaine Et donc, ils ont quand même appelé leur marque Soylence tu vois, alors que c'est un roman d'anticipation qui, justement, anticipe le fait qu'on n'aura plus assez à manger sur Terre. Enfin, c'est marrant parce que tous ces gens-là lisent de la science-fiction et pourtant, ça a un peu l'effet inverse ou à l'inverse.

  • Speaker #1

    Mais au contraire, je crois qu'ils s'en inspirent assez largement aussi pour anticiper certaines évolutions, penser à certaines nouvelles technologies. Alors, il y a le côté on alerte effectivement, mais après, lui, ce qu'il prononce aussi dans cette dernière chronique, c'est le pouvoir de la science-fiction de créer un nouvel imaginaire politique. Ce qu'il dit vouloir faire, c'est battre le capitalisme sur le terrain du désir, et donc par désir, il entend créer de manière positive le concept qu'il intitule dans sa partie le biopunk. Et donc il essaye là de repenser, c'est là où il se veut innovant pour penser un nouveau rapport à la technologie qui allierait en plus aux problématiques contemporaines de l'écologie, etc. J'entends par là un type d'histoire qui envisagerait nos liens intensifiés aux vivants, animaux ou végétaux, bactériens ou fongiques, comme une réouverture magnifique au monde, au moment même où le cyberpunk attraye sa réponse de libération, en hypertrophiant notre dépendance aux plateformes. Il poursuit assez longuement une alliance renouvelée avec la forêt, l'océan, les champignons qu'on va cueillir et la rivière où on se baigne, avec les chamois qu'on surprend parce qu'on la crête et l'empire inouï des petits pouces quand on en prend soin. Mais en fait, il essaye de créer une nouvelle promesse qui... qui serait autre chose que les promesses de la science-fiction habituellement qui était celle du cyberpunk, qui lui considérait être, je le cite, une promesse exaltante qui permettrait, je pense, de sortir de ce qu'il identifie comme un antagonisme stérile entre ce qu'on dit la technophobie et la technophilie. Mais après, je te rejoins totalement sur le fait que c'est un échec. Ça veut dire que pour moi, cette dernière partie, c'est un bon moment. en plus j'ai l'impression que c'est une chronique rattrapage où il écrit après, quand il est revenu des Etats-Unis il essaye un peu de recoller les morceaux en disant il ne faut pas être technophobe en même temps il cite quelques arguments pour lesquels il faut maintenir une critique, des arguments de bon sens et tout à fait entendus ensuite il dit du coup il nous faut une nouvelle piste donc je vous propose ce nouveau concept, le biopunk petite description. Ensuite, je vous dis, il faut éduquer nos enfants et nous éduquer nous-mêmes parce qu'en fait, on n'a jamais appris à vivre avec les technologies. Et ensuite, il nous fait une sorte de petite liste de courses, de trucs qu'on devrait questionner. Et en plus, de manière hyper floue, il faut interroger l'effacement du monde extérieur, interroger l'interaction, interroger l'oubli du corps.

  • Speaker #0

    Il propose un programme de biopunk et donc dans la... Dans la nouvelle, à la fin, c'est l'histoire d'une famille qui est enfermée dans un appartement alors qu'il y a un immense orage, une sorte d'ouragan. Et cet ouragan est en fait une sorte d'ouragan bizarre, on ne comprend pas très bien ce que c'est. Et à la fin, les deux parents meurent, mais sont sauvés par une sorte d'intelligence artificielle. Ils deviennent une intelligence artificielle auprès de leur fille, qui en fait n'est pas humaine, mais est une sorte de robot. parce qu'en fait, ils n'arrivaient pas à avoir d'enfants. Et donc, au lieu d'avoir un enfant, ils ont une sorte de robot. Mais il y a du ressentiment de la part de la mère vis-à-vis de cet enfant. C'est très rapide comme résumé. Et c'est en fait, finalement, une sorte d'histoire assez apocalyptique où tout s'effondre, la technologie s'effondre, cette famille s'effondre. Et à la fin, tout le monde meurt. Tout ce qui reste, c'est la technologie et la nature. Mais finalement, les humains, eux, n'ont pas survécu. Moi, je ne vois pas ça comme une alternative super au capitalisme. En fait, moi, j'aimerais rester en vie. Et en plus de ça, ce qui est bizarre, c'est que l'une des raisons pour lesquelles la famille meurt, enfin, les parents meurent, c'est l'incompétence crasse du héros, en fait, Noam, qui a oublié de préparer... Parce qu'ils savent qu'il y a un ouragan qui arrive, mais bon, il a oublié d'acheter des bouteilles d'eau, il a oublié d'acheter à manger, et donc il se retrouve enfermé. En plus, il y a tout un système d'intelligence artificielle dans la maison. Moi, je trouve que c'est plus une nouvelle sur la compétence des hommes que sur les mauvaises technologies. Et on sent un fantasme très profond, je trouve, chez Damasio, qui est qu'il est allé aux États-Unis, il est allé à San Francisco, il a trouvé ça horrible, et il rentre chez lui et il se dit Imagine, il y aurait un énorme... ouragan qui détruirait tout ça. Et pour moi, c'est pas un projet politique super. Et donc, on arrive à une forme de grosse perplexité, toi et moi. Ouais.

  • Speaker #1

    En fait, non, le truc, c'est que je pense que j'aimerais revenir sur la fascination qu'il exerce. Enfin, également, moi, ça m'a surprise, la fascination qu'il exerce dans les médias. Parce que du coup, j'ai vraiment fait une petite revue de presse pour voir quelle avait été la réception de son livre. Parce que nous, on était assez d'accord, enfin, entre moi et les personnes autour de moi qui ont lu le livre et toi. C'est-à-dire que j'en avais pas mal discuté avec des gens qui étaient tout à fait d'accord avec nous, et de voir la fascination qu'il avait exercée dans les médias. Alors au début, je me disais peut-être que c'est le fait qu'il ait déjà beaucoup de place dans le monde de la critique de la technologie ou dans le monde, sur la scène, simplement littéraire française. Et comme je le disais, je l'ai croisé par hasard dans les livres que je lisais assez régulièrement. Je l'ai lu, il a fait la post-face d'un livre de Baptiste Morisot en matière d'écologie. Je lui lisais un livre sur la Z, et il avait écrit une... une nouvelle dedans. Donc je me disais, bon, peut-être que c'est ça qui explique qu'on donne beaucoup de valeur à sa parole ou à son discours. En même temps, après, je voyais une fascination vraiment active. Enfin, il y a cet article dans Mediapart, enfin cet interview dans Mediapart, où il y a vraiment une reconnaissance réelle de ce qui serait le talent de Damasio, où il dit la façon dont l'écrivain arrive, par ses formulations, à décrire à nouveau des éléments qui nous paraîtraient intuitifs ou déjà connus, mais dont on redécouvre sous sa plume le caractère vertigineux. Et je pense que c'est... effectivement, un peu là où ça se situe, c'est qu'en fait, il arrive, il a quand même une écriture qui est assez séduisante, du coup, dans la manière dont il a de présenter des choses qui nous sont complètement communes à tous et toutes, avec une esthétisation très récurrente du rapport à la technologie. Son entreprise même, de vouloir battre le capitalisme sur le terrain du désir, c'est séduisant en soi, il ne faut pas se mentir. L'idée qu'on est tous complètement dépendants de nos technologies, du coup, c'est dire qu'en fait, on n'a pas besoin de lutter en bloc. contre la présence de technologie pour s'émanciper, mais qu'en fait, on peut faire exister un art de vivre avec les technologies, c'est une idée séduisante. Et ensuite, il y a même quelque chose de séduisant en tant que tel dans les termes qu'il utilise. Il se place comme ce qu'il appelle être un mythopoète, ou alors un... Non, il fait faire de la mythopoétie. Lui, il se dit être un technopoète.

  • Speaker #0

    Ouais, moi, je mets le blâme sur Lacan. Je pense qu'on consiste en... Lacanisation du langage. Et oui, moi aussi, je préfère des néologismes. Pourquoi je fais référence à Lacan ? Et puis, ce n'est pas que Lacan, c'est Heidegger, c'est Deleuze. Il est très inspiré par tous ces gens-là, mais surtout par une prose. Donc, Deleuze dit souvent que la philosophie, c'est l'art de créer des concepts. Et là, c'est vraiment au sens propre du terme. Il va créer des concepts, c'est-à-dire des mots. Et donc, il va créer des petits mots chelous. Et donc, on a l'impression qu'il fait un truc intelligent parce que comme il crée des mots chelous à base de... grec, forcément, ça doit sûrement être intelligent, tout ça.

  • Speaker #1

    La vie de gata.

  • Speaker #0

    La vie de gata, c'était pas si intelligent que ça. Et c'est marrant parce qu'il ne fait pas que ça. D'un côté, il y a un usage du grec, des néologismes, il va créer des nouveaux mots, alors qu'il n'y a pas souvent une très grande justification derrière chaque création de mots. Mais en même temps, il va faire des grosses références à une culture geek qui m'a fait vraiment penser à mon adolescence, donc super. Le Seigneur des Anneaux, les références au gaming, des mots comme No Life ou Osef. No Life, c'est les gens qui n'ont pas de vie et qui restent tout le temps sur leur ordi. Ou Osef, on s'en fout. Tout ça, c'est un peu des petits clins d'œil faits pour que les geeks, les geeks au sens très large du terme, ils vont se sentir valorisés et représentés parce qu'ils se disent, ce mec qui est super connu, cet auteur culte, il a les mêmes références que moi. D'un côté, il utilise un langage ultra lourd, universitaire, bizarre, à base de concepts, ultra lacanien, ultra deleusien. Et de l'autre côté, il va dire Osef. Et là, moi, je trouve qu'il y a un goût extrêmement démago derrière tout ça. Et en plus de ça, il y a le goût de la petite blague, qui est souvent très nulle, voire totalement vulgaire. Et c'est un reproche qu'on pourrait faire à Lacan, d'ailleurs. C'est pas parce qu'il y a un jeu de mots marrant à faire, ou un jeu de mots un peu bien trouvé, qu'il y a un sens profond derrière le jeu de mots. C'est juste dire que ça sonne marrant, en fait. Enfin, pas plus. Mais dès que t'essayes un peu, en fait, je pense que nous, on a eu cette entreprise de résumer les thèses de Damasio et on n'y est pas arrivés tant que ça. Enfin, on a vraiment galéré.

  • Speaker #1

    Puis dès qu'on en trouve une, elle est finalement assez faible.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et parfois, il se contredit énormément. Et il fait référence à des trucs où moi, j'ai eu du mal, tu vois. Et pourtant, je pense que je ne suis pas non plus la dernière des imbéciles. Et pourtant, parfois, il fait des références à Hegel comme ça, à Hegel. un peu en passant, ou à Nietzsche, ou à Heidegger. Et j'étais vraiment genre, waouh, c'est des trucs que j'avais perdu depuis dix ans, est-ce que tu peux peut-être, je sais pas, faire preuve un tout petit peu de pédagogie ?

  • Speaker #1

    Moi, ce qui m'a beaucoup surpris, c'est du coup, pour l'avoir écouté dans Bookmakers, il dit dans Bookmakers que lui, il est extrêmement peu de fiction, et qu'il s'est nourri exclusivement de textes philosophiques, de Deleuze, de Foucault, etc. Mais ce qui est assez frappant, c'est qu'en fait, la restitution est...

  • Speaker #0

    Pour moi,

  • Speaker #1

    c'est une régurgitation. Elle dessert vraiment son propos parce que je trouve qu'il les mobilise assez mal à des endroits où... Enfin, pas du tout de manière pédagogique. Donc, si on ne connaît pas, on ne comprend pas. Si on connaît, on s'interroge un peu sur pourquoi ce concept à cet endroit-là, qu'est-ce qu'il en tire ? On ne sait pas à quoi... Enfin, on ne comprend pas du tout à quoi ça sert de les invoquer aux endroits où il le fait. Et du coup, ça donne aussi une sensation généralisée de très grande nonchalance. Tiens, je te mets un petit mot à droite, je te mets un petit sminuzi à gauche, un petit... un petit doloz par-ci, et c'est... Et ça devient vraiment irritant. J'ai trouvé ça assez snob, au fond, d'avoir comme ça ces références hyper intellos, avec une vulgarité en plus omniprésente.

  • Speaker #0

    Une dernière chose que je voulais dire, c'est...

  • Speaker #1

    Mais je pense que, pardon, juste pour rebondir là-dessus, je pense que ça rejoint si vachement l'indétermination de l'objet que c'est dans son temps. Oui, voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Ah,

  • Speaker #1

    c'est ce que tu voulais dire aussi ? Ah, ok. Ben, je pense que ça rejoint complètement, parce qu'on va dire, alors il a appelé ça des chroniques littéraires, mais concrètement, je pense que c'est parce que c'est un objet qui a pas de... trop de formes. Comme on l'a vu, c'est des chroniques qui partent, qui prennent du coup, qui ont à chaque fois pour objet un thème sur lequel après ils dissertent un peu. Mais en fait, ce ne sont pas vraiment des essais à proprement parler parce qu'il n'y a pas de thèse, il y a des thèses mais qui sont un peu dispersées, il n'y a pas de thèse un peu structurante dans chaque passage, qui le pousserait en fait à justifier la mobilisation de certaines références, à justifier la création ou non de certains concepts et pas de le faire un peu en passant. Le fait qu'il appelle ça chronique littéraire, du coup, ça lui permet à lui justement cette... Cette mythopoïèse où il peut créer les mots qu'il veut, les utiliser comme il veut, sans que ça ait de pertinence ou d'utilité. Et de mobiliser aussi par moment la fiction, sans que ce soit un texte entièrement fictif. On peut accepter que c'est une sorte de longue errance et qu'on entre un peu dans son flux de pensée informe, mais c'est juste pas très intéressant.

  • Speaker #0

    En plus de ça, quand je l'ai lu, j'étais vraiment très énervée. Et après, je me suis un peu reprise en me disant, mais tu peux pas t'attendre de la part de Damasio de faire un travail journalistique. En fait, moi, l'idée que j'ai, c'est que c'est cette impression très forte que... comme le monde littéraire et philosophique se rechigne à parler de technologie, les rares qui le font, en fait, ils ont un peu l'avantage du premier rentrant. Et donc, en fait, Damasio, il a eu l'avantage du premier rentrant. Ça a été l'un des premiers à parler de la société du contrôle technologique. Et donc, bim, ils se retrouvent à faire le tour des popotes. Et en plus de ça, je trouve que c'est un peu la pire personne pour parler de technologie, parce que c'est quelqu'un qui est très influençable. Très émerveillé, un peu ravi de la crèche, dans les deux sens, dans le sens négatif ou positif. Mais il se laisse un peu reporter par la vague de manière très lyrique, très enthousiaste. Donc ça, ça nous plaît, on aime bien. En fait, c'est marrant, mais paradoxalement, il n'a pas un rapport très critique à sa propre pensée. Et il est très passif vis-à-vis de ce qu'il a vécu. Paradoxalement, c'est marrant, parce que ce n'est pas vraiment ce qui ressort en première lecture. Il dit, je ne suis pas technophobe, je ne suis pas technophile.

  • Speaker #1

    mais technocritique moi j'ai l'impression que selon avec qui il parle il est technophobe ou technophile en fait oui oui et puis là on le voit dans ses chroniques je trouve que la chronique vraiment où il rencontre Grégory Renard elle est très frappante parce qu'il change complètement le ton alors je sais pas c'est juste parce qu'il est bourré mais on apprécie son lyrisme et son enthousiasme et c'est pas et c'est pas pas des descriptions qui sont désagréables à lire. En plus, on a l'impression d'avoir accès à l'expérience que lui-même a faite. Donc, tout ça, c'est vraiment pas désagréable. Après, c'est un peu... C'est trop frappant de voir la vulnérabilité que ça crée à l'égard des technologies qui nécessitent, comme il le dit lui-même, d'être hyper éduqué, affûté, etc.

  • Speaker #0

    Oui, paradoxalement, il est lui-même très vulnérable. C'est peut-être une grande chose. Il n'est pas de smartphone.

  • Speaker #1

    Non, mais il finit cette chronique. Et après, je reprends sur le smartphone, c'est important. Mais il finit la chronique dans... On parlait là par tout est animé. C'est très dangereux de dire ça aujourd'hui avec l'arrivée des IA génératives qui tendraient à confondre la manière dont on se rapporte aux technologies comme à des êtres humains, etc. Dire tout est animé, c'est...

  • Speaker #0

    Non, justement, il faut faire une distinction et il peut quand même la faire, malgré...

  • Speaker #1

    Mais pour rebondir sur le smartphone, oui, quelqu'un qui te parle des nouvelles technologies alors qu'il n'a pas de smartphone et qu'il est joignable apparemment que par mail... ou via le téléphone de sa meuf ou le téléphone de sa femme pour valider ses virements effectivement je pense que c'est problématique et c'est ce qui peut expliquer du coup ce mélange de fascination et cette impression de critique un peu contre l'évangile chaude il

  • Speaker #0

    est là genre waouh Apple c'est comme une religion et je suis là genre non mais ça fait 15 ans qu'on le dit et à un moment il faut passer votre chose en fait et puis il enfonce des portes ouvertes il dit des lieux communs Il a une obsession sur le porno qui est très marrante parce que le porno, c'est pas bien. Ah bah oui, le porno, c'est pas bien. Ah bah non. Oh là là. Le porno, c'est pas bien. Ah bon ? Et il y a un truc qu'il fait qui, moi, me magasse énormément, c'est genre, il enlève la raison derrière certains faits de société, il omet totalement les causes, et puis ensuite, il tourne en dérision l'effet d'écrit puisque il n'y a pas de cause, donc ça a l'air absurde. Et ensuite, il imagine les conséquences en mode pendricissante. Donc, par exemple, pour la santé, t'as, oh là là, on va regarder le gène humain, mais... parce qu'en fait, en regardant le gène humain, on va pouvoir accompagner des gens qui ont des pathologies graves. Et comme on ne dit pas cette cause-là, la pente glissante, c'est waouh, les assurances vont augmenter Oui, c'est certes, c'est une conséquence probable et sûrement qui existe déjà aux États-Unis. C'est une manière, c'est une rhétorique qui est pénible pour moi parce que j'aime bien savoir les causes derrière des faits de société, comme à peu près tout le monde. Quand même, le dire, c'est qu'il y a un peu une description, avec des sous-entendus légèrement complotistes, sur la pandémie du Covid. Je ne sais pas si toi, tu l'as senti aussi, mais moi, j'ai cette impression qu'ils pensent que la pandémie du Covid, on l'a un peu tournée, on a utilisé le Covid pour contrôler la société. Et à nouveau, comme ils ne donnent pas la cause, qui est que c'est une pandémie, qu'on essaie d'éviter les contaminations, donc on va créer des frontières. pour éviter que les gens se contaminent et meurent, et bien, tout d'un coup, tu as un système ultra complotiste du type le grand pouvoir mondial m'empêche de prendre l'avion pour aller aux États-Unis.

  • Speaker #1

    Ah, c'est du dessin, ça, aussi.

  • Speaker #0

    Et ça, voilà.

  • Speaker #1

    Le commun m'empêche d'aller faire mon voyage en montagne. Et non, parce que j'y vais quand même.

  • Speaker #0

    Donc, on en arrive à la conclusion de cet épisode, qui est que Damasio, c'est un peu du s'éventer son de gauche. Et je sais que ça va faire plaisir à personne d'entendre ça. les fans de Sylvan Tesson et les fans d'Alain Damasio. Il se trouve que ce côté aphorisme, référence constante, en mode je suis super intelligent, j'ai lu des livres évidemment des références creuses, on ne va pas les creuser plus que ça. Le côté un peu… Conservateur. Conservateur, bizarrement conservateur. Alors, ce n'est pas bizarre chez Sylvan Tesson d'être conservateur, mais c'est quand même plus bizarre chez Damasio. Le côté je vis tout seul, je déteste la technologie, je ne veux pas avoir de téléphone ce genre de choses. Oh, on m'empêche de voyager, ouin ouin. Il y a quand même énormément de points communs entre Damasio et Sylvain Tesson. Et là, les grandes différences, je ne sais même pas quelles différences je trouve vraiment.

  • Speaker #1

    Il est quand même un peu plus enthousiaste.

  • Speaker #0

    Il est plus enthousiaste, oui. Et il est plus sympa avec les gens.

  • Speaker #1

    Ouais,

  • Speaker #0

    je pense qu'il a l'air d'être un peu plus gentil. Ça a l'air d'être quelqu'un de plus gentil. Au moins, Sylvain Tesson, je savais à quoi m'attendre. Moi, j'ai l'impression qu'il est quand même genre... Enfin, les passages où il... Enfin... Bon, allez, j'en parle parce que c'est quand même un peu dingue, mais un truc qui m'a beaucoup marquée, c'est qu'il est très antiraciste, mais parfois, il dit des trucs un peu choquants quand même. Par exemple, il parle de la tech. Elle les opère en outre à partir d'une vision du monde qui demeure pour une écrasante majorité celle de mâle pour 80% à crâne d'œuf. Donc, je suis là genre, c'est bien, le mec dit que la technologie, c'est un truc un peu masculin, voilà. Mais il dit... pour 80% à crâne d'œuf, j'entends asiatiques ou européens, jaunes et blancs, à plus de 90%, tandis que latino et afro-américains sont cantonnés au rôle de vigile, de concierge ou d'argent d'autre tien. Déjà, l'utilisation du mot jaune... border. Et ensuite, en plus de ça, le côté où les personnes de minorité, les personnes asiatiques, c'est pour moi des minorités qu'on dit modèles, mais ça ne veut pas dire que ça l'est vraiment. C'est-à-dire que mettre les Blancs et les personnes asiatiques dans le même 80%, c'est... Même chose à ses borders, parce que ça serait ne pas penser le racisme que peuvent subir les personnes asiatiques aux Etats-Unis, et elles existent, ces actes racistes. Donc, bref, il y a des moments où c'est choquant, parce que tu t'attends à... Tu t'attends pas à ça, parce qu'en plus de ça, il dit explicitement des trucs genre Oh, c'est pas bien le racisme et ensuite, il te sort des trucs genre...

  • Speaker #1

    Mais il le fait à deux reprises, et j'ai l'impression que... Là, par exemple, je retrouve le passage où il avait redit jaune, c'était dans la première chronique, non, la deuxième, sur les voitures autonomes. où du coup il craint le fait que justement on n'ait plus accès à l'altérité qui nous permettait de rencontrer des chauffeurs de taxi, c'est que vous n'aurez plus à interagir avec des migrants, des faces jaunes ou basanées, seulement des interfaces.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il le fait ironiquement du style Ah vous, celles racistes, vous pensez que ces gens ont des faces jaunes et basanées ?

  • Speaker #1

    Ou alors pour critiquer le fait que si on n'a plus d'interaction, on va du coup les caractériser. Mais en fait, je suis d'accord avec toi, c'est pas du tout clair, on a l'impression au contraire que juste s'il utilise un vocabulaire complètement… obsolète, qui était utilisée peut-être avant, mais qui n'est plus du tout admise.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, même mes parents y disent ça.

  • Speaker #1

    Je suis convaincue. Je veux dire qu'il y a un peu des occurrences, des petites surprises, comme tu les as pointées, qui sont un peu dérangeantes, qui perturbent la lecture.

  • Speaker #0

    Bref, si vous écrivez un livre, si vous nous écoutez et que vous écrivez un livre, évitez le terme jaune pour parler de personnes qui viennent de pays d'Asie. Voilà. Je pense que je ne me mouille pas trop en disant ça. Sarah, est-ce que c'est un vrai torchon ou plutôt une surprise ?

  • Speaker #1

    C'est manifestement un vrai torpon, je dirais.

  • Speaker #0

    Oui, je pense aussi. Qu'est-ce qu'on propose à la place ?

  • Speaker #1

    De mon côté, je proposerais deux choses. Peut-être une newsletter que j'aime beaucoup et qui, pour le coup, est très renseignée si vous voulez comprendre la technologie et vous éduquer, d'ailleurs, comme la propose Damazio, qui s'appelle Dans les algorithmes et qui est vraiment super et qui, d'ailleurs, a fait une critique de Vallée du Célicium qui nous rejoint totalement. Autre livre toujours sur renseignement sur la tech, c'est... un livre qui s'appelle La Tech de Olivier Alexandre. Et là, pour le coup, c'est une vraie enquête sociologique d'un sociologue qui va dans la Silicon Valley faire un terrain pendant plusieurs années. Et c'est vraiment... Voilà, ça, je vous recommande. C'est vraiment informé, super intéressant, beaucoup d'entretiens qui sont retranscrits tels quels, et donc on a l'impression d'avoir un peu accès à ce qui s'y passe. Voilà.

  • Speaker #0

    Moi aussi, si vous êtes intéressés par l'histoire de la Silicon Valley, moi, j'ai lu en anglais d'Adam Fisher, qui est un journaliste de Word. Valley of Genius, The Uncensored History of Silicon Valley. C'est que des interviews. C'est vraiment très brut. Mais c'est des interviews de gens qui ont fait la Silicon Valley. Et ça a un côté, oui, un effet un peu uncensored. Alors bon, c'est pas très technocritique non plus. Mais au moins, c'est très brut. On sait de quoi on parle. Ensuite, ce que je conseille de lire à la place de Damasio, c'est finalement lire, disons, 30 pages de Damasio. Puisque c'est Amérique de Jean Baudrillard. Je pense qu'il cite au moins une bonne quinzaine de pages d'Amérique.

  • Speaker #1

    En plus, apparemment, son éditrice l'a empêchée de citer plus.

  • Speaker #0

    Donc, lisez Amérique de Jean Baudrillard. Jean Baudrillard dit n'importe quoi. Il est en roue libre sur l'autoroute du n'importe quoi. Mais c'est trop bien. Il dit beaucoup de choses qui sont très vraies en même temps qu'elles sont très fausses. C'est pas grave. Pour moi, c'est limite de la poésie en prose. Donc, c'est assez marrant à lire si vous la lisez comme ça. Et je l'ai lu aux Etats-Unis, et je trouve que c'était une super lecture à faire aux Etats-Unis, parce qu'après une journée à crapauter, à me dire waouh, c'est américain avec leur grosse voiture, ça fait plaisir de lire Jean Bontéard qui dit waouh, c'est américain avec la nouvelle voiture. Et ensuite, je voulais conseiller encore d'autres choses. Cette histoire de biopunk, qu'à priori je crois qu'on appelle plutôt solarpunk ça se retrouve dans un livre que j'ai déjà conseillé dans un autre épisode, mais je le fais quand même parce que c'est mon torchon, et je le fais parce que je veux avec mon podcast. c'est que c'est Psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers. Ça, c'est vraiment ce que Damasio aurait dû écrire finalement, qui est une alternative anticapitaliste par la science-fiction de qu'est-ce qui se passerait si on avait un rapport apaisé avec les nouvelles technologies. Je pense que Becky Chambers a réussi à faire ce que Damasio n'a pas réussi à faire. Et c'est très court, c'est vachement bien. C'est un côté très philosophique en plus, même chose. Sans citer Nietzsche, donc c'est très bien. Bref, Becky Chambers ne m'a pas payée pour faire cette pub. Ensuite, Delphine de Vigan avec Les Enfants sont Rois, c'est une critique des influenceurs sur les réseaux sociaux qui montrent leurs gamins. Et je trouve que c'est une bonne exploration de comment faire de la fiction sur un sujet de société lié aux nouvelles technologies sans en faire des caisses. Bon, la fin n'est pas ouf, mais en tout cas, je trouve que c'est un bon... Bonne manière de faire, même chose dans la même veine que Damasio. Et le dernier, c'est quelqu'un qui fait du gonzo, qui parle de nouvelles technologies, qui va interviewer plein de gens et qui va avoir un rapport critique, mais en même temps, plutôt réaliste sur les nouvelles technologies. C'est Judith Duportail avec L'amour sous algorithme. C'est un livre sur Tinder, sur les applis de dating et sur comment ça a changé notre rapport à la technologie. Et je trouve qu'elle fait exactement ce que j'attendais de Damasio, c'est-à-dire un bon... Une bonne critique, un côté très journaliste, mais en même temps, elle va raconter sa vie, un côté quasiment fictionnel parfois. Même chose, je pense que c'est une bonne alternative sur ce sujet très particulier qui est les applis de dating. Sur ce, je pense qu'on peut conclure. Merci beaucoup de nous avoir écoutés jusqu'ici. Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à nous suivre sur notre compte Instagram, arrobase torchon pour un podcast littéraire, pour nous donner vos idées et vos réactions à cet épisode. Et je vous conseille de le suivre pour plus de recommandations, plus de critiques et plus de coulisses. On vous embrasse et on vous dit... à bientôt à bientôt

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