- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans À travers l'Hexagone. Je suis Laurent Pillot, passionné par les arts, l'innovation, la technologie, l'image des marques et les discussions enflammées. En tant que directeur marketing et communication chez Hexagone, ce podcast met en avant toutes celles et ceux qui gravitent autour de l'univers Hexagone. J'ai à cœur de mettre en lumière leurs savoir-faire qui façonnent notre patrimoine, leurs talents, leurs histoires, leurs collaborations et leurs ambitions. Je pars à la rencontre de celles et ceux qui parlent en... passion et leur créativité pour vivre l'excellence française. Hexagone est une marque française spécialisée dans la conception, la fabrication et la commercialisation de bras zéro 4 en 1 haut de gamme. La DN Hexagone révolutionnait l'expérience de la cuisine extérieure en la rendant accessible 365 jours par an en toute saison à travers le monde. Je vous souhaite un excellent moment avec notre invité. Je me trouve actuellement dans un cadre intimiste. Autour de moi, des boiseries d'un vert profond, des statues de Labrador qui semblent monter la garde, un papier peint au motif sépia, des rideaux d'une grande élégance, des appliques murales dorées, un lustre entre tradition et modernité. Au sol, un magnifique parquet. Je suis assis sur le côté d'une longue table, soigneusement disposée. C'est une ambiance apaisante et chargée en histoire. Le ressenti est incroyable. Ce cadre intime est un salon qui évoque l'amour de la nature et de la chasse. De nombreux cadres photos en noir et blanc avec un homme, Paul Bocuse. Je me trouve dans le salon Paul Bocuse, qui a été créé en hommage à la passion de M. Paul, qui possédait, et qui est encore dans la famille aujourd'hui, un domaine de chasse dans les Dombes. Quel honneur de lancer ce À travers l'Hexagone avec mon premier invité, le chef Gilles Reynard. Bonjour Gilles.
- Speaker #1
Bonjour Laurent, bienvenue à Colonge.
- Speaker #0
Merci d'avoir accepté mon invitation. Nous sommes donc, comme tu l'as dit, à l'auberge du pont de Colonge, à Colonge-aux-Monts-d'Or, au nord de Lyon.
- Speaker #1
Exactement, c'est la maison de famille, c'est là où Paul Bocuse est né, et il est décédé dans cette même maison, donc c'est un lieu chargé d'histoire. et un petit village qui est connu à travers le monde entier parce que M. Paul, sur une carte, a su pointer du doigt où était situé ce petit village où il a grandi, où il pêchait en bord de Saône. Et surtout, imaginez cette belle histoire qui dure à travers toutes ces années. Et aujourd'hui, on est là pour continuer à... à être aussi fort qu'il l'a été pendant toutes ces années et continuer ce travail en toute modestie.
- Speaker #0
Comment est-ce qu'on doit t'appeler ? Chef Gilles Reynard, Chef Reynard, Chef ou Gilles ?
- Speaker #1
Après, ça dépend. Les derniers arrivés, ils m'appellent Chef. Après, ceux qui ont quelques années, ils m'appellent Chef Reynard. Et puis après, la garde rapprochée, c'est Chef Gilles.
- Speaker #0
Est-ce que je peux t'appeler aussi le comte de Couson ?
- Speaker #1
Ah bah ça, c'est toi. Non, il n'y avait que M. Paul qui m'appelait le comte de Couson. Voilà, pour la petite histoire, parce que j'ai une petite propriété qui est juste à côté de Colonge, et puis ça appartenait à un ami intime de M. Paul. Et donc voilà, pour me charrier, il m'a appelé comme ça à un moment.
- Speaker #0
Alors, avant d'être le comte de Couson, tu as été un enfant de la campagne. Tu es né le 21 mars 1975 dans un petit village rural dans le Haut-Rhin. Tes parents étaient ouvriers dans le domaine de la papeterie. Ton papa était chauffeur-livreur, ta maman sur les lignes de production. Et nous avons un point en commun, Gilles, tu es fils unique. Je voulais savoir comment tu l'avais vécu jeune et après. Est-ce que ça a été un moment difficile pour toi, une faiblesse ou une force au fur et à mesure ?
- Speaker #1
Non, ça a été... En fait, voilà... Mes parents, comme tu l'as bien décrit, étaient ouvriers. Donc ce n'était pas des grosses situations. Mais en fait, j'ai grandi dans ce milieu en étant heureux. Je n'ai jamais manqué de quoi que ce soit. Mes parents se sont toujours sacrifiés. Et je les en remercie. Et aujourd'hui, dès que je peux leur faire plaisir, je le fais. Mais voilà, ça a été une enfance... Une enfance avec des copains, ce n'était pas forcément toujours... Je n'étais pas le premier à l'école. Uniquement quand j'ai décidé d'aller à l'école hôtelière. Parce qu'avant, je ne savais pas pourquoi travailler. Et du coup, quand j'avais trouvé ma voie, c'est quelque chose qui... Depuis l'âge de 6 ans, je voulais être cuisinier. Mais bon... Après, tu es obligé quand même de faire un cursus scolaire. Et en fait, quand j'ai intégré l'école hôtelière, en fait, ça a été complètement…
- Speaker #0
À Strasbourg.
- Speaker #1
À Strasbourg. J'ai complètement les rechangés parce que j'avais un objectif et un but.
- Speaker #0
Il existe une photo de famille où on te voit, toque sur la tête, t'habillé de chef. Tu avais environ 4 ans. C'est ta maman qui t'avait cousu cet ensemble. Est-ce qu'à ce moment précis, tu sais que tu seras dans la cuisine, voire un grand chef ?
- Speaker #1
Oui, parce que c'est difficile de dire, mais c'était quelque chose qui me tenait à cœur. Parce que déjà, j'avais la chance de bien manger à la maison. Ma maman était très bonne cuisinière. Et moi, j'aimais toujours quand il y a du monde à la maison. Donc, je lui lançais toujours des invitations à la vie du monde. Et après, j'étais toujours dans les jupes de ma mère. Et puis, on faisait la cuisine ensemble. Et puis, j'avais un intérêt. J'adorais ça.
- Speaker #0
Donc, c'est vraiment le plaisir d'accueillir par tes parents les activités.
- Speaker #1
Voilà, le partage, la convivialité. Et après, la bonne cuisine. Et puis, surtout, montrer de quoi on est capable. Parce que c'est des métiers manuels. Et voilà, c'est comme ça que l'histoire a commencé.
- Speaker #0
Alors comme tu l'évoquais, tu as commencé à l'école hôtelière de Strasbourg. À ce moment-là, tu es clairement dans ton élément. Tu vois du beau monde, des beaux lieux. Tu sens au fond de toi que tu aimes les belles choses.
- Speaker #1
Ça en fait, j'ai envie de dire, c'est un peu un problème. Parce que quand on commence à voir et à côtoyer de belles choses, c'est difficile de faire entre guillemets marche arrière. Après, ce qu'il faut justement, c'est surtout savoir d'où on vient. ne pas se prendre au sérieux aussi, comme il disait si bien M. Paul.
- Speaker #0
Rester ancré dans le réel.
- Speaker #1
Oui, exactement. Et puis, d'ailleurs, je remercie M. Paul parce que mes parents m'ont éduqué. Mais après, moi, je suis parti à l'âge de 20 ans de la maison. Et après, j'avais, entre guillemets, un deuxième papa qui était M. Paul et qui savait toujours nous remettre dans le droit chemin dès qu'on avait tendance un peu à s'enflammer.
- Speaker #0
Est-ce que le beau et le bon, à ce moment-là, ça voulait dire pour toi déjà trois étoiles ?
- Speaker #1
Ça voulait surtout dire excellence. Et je savais où je voulais aller. Et pour moi, la plus belle... Alors bon, parfois, les planètes, elles s'alignent. Mais en fait, quand je suis sorti de l'école hôtelière, j'avais écrit à... tous les étoiles et Michelin, tous les trois étoiles et M. Paul a été un des premiers à me répondre. Et donc du coup, l'aventure elle a commencé, elle a vraiment commencé ici.
- Speaker #0
Du coup, en novembre 95, tu as 20 ans comme tu le disais, et tu te retrouves à Colonge, donc là où nous sommes aujourd'hui, au nord de la capitale mondiale de la gastronomie, Lyon. Comment c'est possible de passer directement de chez toi à Colonge ?
- Speaker #1
Le choc, il est... C'est un gros... C'est un électrochoc. parce qu'on quitte papa-maman, on prend sa voiture, on part à 500-400 kilomètres, c'est la première fois. On arrive devant une maison qui est juste incroyable, qu'on a vue à travers des magazines. On rentre en cuisine, on est pétrifié. Il y a Roger Jaloux, le chef de cuisine, il y a Monsieur Paul. enfin voilà c'est si on passe c'est le condensé de de l'élite et de la pression c'est exactement c'est très bien résumé et là il faut là la première question c'est est-ce que je vais être à la hauteur est-ce que je vais rester et
- Speaker #0
Est-ce que tu as eu une réponse même aujourd'hui à cette question ?
- Speaker #1
Parce que tu te la poses tout le temps. Après 30 ans, je pense qu'on a la réponse. Mais c'est vrai que rien n'était calculé à la base. Et en fait, tout s'est fait, j'ai envie de dire, naturellement. Alors attention avec des hauts et des bas. Aujourd'hui, on en est là. Il y avait également d'autres prétendants, mais on s'est accrochés. Je compare ça souvent à nos jeunes quand ils arrivent à l'échelle d'un poulailler. Plus on monte, plus c'est dur de tenir, et puis moins les places sont là.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Donc il a fallu travailler.
- Speaker #0
Alors justement, tu tiens une cadence folle quand tu arrives ici. J'ai lu que certains n'étaient pas plusieurs mois, voire un an. Toi, tu tiens deux ans. Puis tu quittes Bocuse, tu vis une nouvelle aventure dans le restaurant de Gérard Boyer.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Puis tu quittes ce restaurant et Roger Jaloux t'appelle.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Et en 2000, tu reviens chez Bocuse.
- Speaker #1
Oui. Ah ouais, ça a été quand je suis parti d'ici. Alors bon, déjà avant, les cuisiniers faisaient un an. Pourquoi ils faisaient un an ? C'était juste pour avoir un certificat de travail, un diplôme.
- Speaker #0
Une ligne sur le CV.
- Speaker #1
Parce que c'était très intense, les rites de travail, les conditions de l'époque, il ne faut pas se cacher. Et quand je suis parti d'ici, j'ai dit, c'était super, mais par contre, je ne pourrais plus revenir, c'était trop dur. Et donc, je pars chez Gérard Boyer, où là, ça se passe à merveille, parce qu'on travaille déjà en équipe. Mon travail s'est fermé à Noël, Nouvel An. Voilà, en fait, c'était un précurseur. Il avait 20 ans, 30 ans d'avance, Gérard Boyer, à l'époque. Et là, je travaille et je me dis, je suis trop dans le confort.
- Speaker #0
Je ne peux pas. C'était des très belles conditions.
- Speaker #1
Trop bonnes conditions pour l'âge que j'avais. J'ai dit, si je reste, je ne vais plus avancer. Et là... Avant je te parlais d'alignement des planètes, il y a Roger Jalloux qui m'appelle parce que je donnais quand même des nouvelles de temps en temps. Pour les Noëls, je les appelais, je leur souhaitais Joyeux Noël, Bonne Année, enfin voilà. Et il m'appelle, il me dit, ouais t'en es où, qu'est-ce que tu fais ? Ben là je vais finir mon année et puis je pense que je vais partir l'année prochaine et voilà, je ne sais pas encore ce que je veux faire. Et là Roger Jalloux il me dit, ah ben j'ai peut-être une bonne place pour toi. Et là, je me dis, j'espère juste qu'il ne me dit pas, reviens à Colonge. Je prends ma voiture, je descends sur Colonge. On a un entretien avec M. Paul. Et là, il me dit, écoute, je te propose, Roger va partir dans quelques temps à la retraite. Voilà, on cherche quelqu'un. On aimerait bien que tu reviennes. On a un très bon souvenir de toi à l'époque. Et là... Oh...
- Speaker #0
C'est un réservoir d'estime qui fait du bien.
- Speaker #1
Voilà, c'est déjà super. Et là, pour la première fois, je pose des conditions. Et là, j'estime être en position de force parce que c'est eux qui viennent me chercher.
- Speaker #0
Tout à fait.
- Speaker #1
Et là, je dis, Monsieur Paul, écoutez, il n'y a pas de souci. Moi, c'est le mof. Depuis l'âge de 8-9 ans, j'avais vu à l'époque une émission. A l'époque, c'était Jacques Martin. Il avait invité des cuisiniers, des pâtissiers, et ils avaient tous une colorette. Et je me suis interrogé pourquoi ils avaient cette colorette. Et on m'a expliqué. Et j'ai dit, un jour, je veux la même colorette. Et du coup, je lui explique cette histoire. Il me dit, écoute, on va t'aider. On fera ce qu'il faut. Mais après, nous, on ne peut pas tout faire. Ça sera aussi à toi d'être bon. Et voilà, c'est comme ça que l'aventure recommence. Je dis à ma femme, allez, on revient aux sources, on part à Lyon. Et voilà, l'histoire est belle.
- Speaker #0
Alors à un moment, Paul Bocuse te dit et dit aux équipes, tu es le pool leader de la cuisine.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
À ce moment-là, tu le prends. Alors ça,
- Speaker #1
ce n'était pas spécialement un compliment parce que pour m'entraîner, je fais le Tétinger où je fais deuxième international et premier concours. Et je dis bon, je vais essayer de faire mieux. Je fais le Coq Saint-Honoré, pareil, deuxième international. Donc après, c'est des bons...
- Speaker #0
C'est challengeant.
- Speaker #1
Voilà. Je me dis aujourd'hui avec du recul, je suis allé au MOF, je l'ai eu du premier coup.
- Speaker #0
En 2004 ?
- Speaker #1
En 2004. Et voilà. Peut-être que j'aurais pris trop de confiance, ça ne l'aurait pas fait la première fois. Donc, c'était un bon entraînement.
- Speaker #0
Fin 2017, tu es nommé par M. Paul chef exécutif. Paul Bocuse. Et le 20 janvier 2018, décès de Paul Bocuse. C'est un choc et c'est aussi un tournant.
- Speaker #1
C'est un choc. Tu vois, ça me donne carrément des frissons qu'on en parlait. C'est un choc parce qu'on a plus de repères. On a plus de repères. Lui qui était là, le taulier, le boss. D'ailleurs, quand on parle de lui, on appelle toujours encore le boss. C'est comme s'il était là. On est perdu parce qu'il n'est plus là aussi pour nous protéger. Et il y a une remise en question. Et avec Olivier, on se met autour d'une table et on échange avec Vincent également, la famille. Et on se dit, maintenant ça y est. le jour la période tant redoutée est arrivée maintenant faut faut y aller et on se met autour d'une table et on on échange et on se dit bon ben on n'a pas le choix et ça sera dorénavant la tradition au mouvement le nouveau souffle qu'on veut qu'on veut donner à à la maison remotiver les équipes et Et depuis ce jour-là, on avance.
- Speaker #0
Et depuis ce jour-là, tu te considères comme le gardien du temple, le garant de la philosophie baucusienne.
- Speaker #1
Alors voilà, encore une fois, c'est en toute modestie, parce qu'on a eu au décès de M. Paul tellement de personnes qui sont prétendues être... Voilà, qui le connaissaient tellement bien, mais en fait, voilà. Nous, on avait la chance d'être avec lui tous les jours, de le côtoyer, de partager les repas du dimanche avec lui. Donc ça, ça a été dur d'entendre des personnes qui se mettaient en avant justement par rapport à M. Paul juste pour exister. Aujourd'hui, quand on parle, on sait ce qu'il aurait aimé. On connaît des histoires, on a partagé des choses fabuleuses avec lui.
- Speaker #0
La brigade aujourd'hui c'est combien de personnes ?
- Speaker #1
Aujourd'hui c'est un équipage de 80 personnes, une brigade de 40 avec la pâtisserie. Et oui ça fait du monde, un bateau qui avance très vite, mais aussi avec une vitesse de croisière limitée à 80 personnes, ce qu'on n'avait pas à l'époque. Parce que le travail engagé dans les assiettes est différent. Il y a plus de travail. On a la pâtisserie où Benoît Charvet et Frédéric Truchot ont fait également un énorme bond en avant. Donc il a fallu bousculer aussi des codes.
- Speaker #0
Ça, ça a été une évolution justement à partir de 2018.
- Speaker #1
La pâtisserie, ça a été une révolution.
- Speaker #0
Une révolution.
- Speaker #1
Une révolution parce qu'on a commencé par là, à dire bon on va casser un peu les codes. Et on s'est dit que c'était beaucoup plus facile de commencer par la pâtisserie et puis après d'aller vers la cuisine. Et avoir ce curseur de voir comment les gens y réagissent aussi. Parce que la maison, il y a une ADN qu'on ne peut pas trahir. On n'est pas là non plus pour tout modifier. Les gens viennent à Colonge, savent. Pourquoi ils viennent à Colonge ? Comme il disait M. Paul, c'est une cuisine avec des os et des arêtes. Nous, ce n'est pas une cuisine déstructurée. Mais à côté de ça, il faut aussi faire une cuisine en phase du temps. Il nous le disait souvent, il me dit, quand je ne serai plus là, vous ferez ce que vous voulez et vous trouverez ce qui est en plus en adéquation avec le temps.
- Speaker #0
Justement, où se trouve la limite ? pour faire évoluer la maison Bocuse sans la trahir ? Et comment garder l'âme du restaurant et de tout l'univers Bocuse intacte, malgré les nouvelles tendances gastronomiques, sans aller sur la cuisine moléculaire ?
- Speaker #1
Aujourd'hui, la cuisine moléculaire, on voit où l'on est. Les modes, c'est actuel et c'est un cycle. Ça passe. Monsieur Paul, là-dessus, il a toujours été. était droit dans ses bottes et il a dit qu'il n'a jamais changé de cap. Il a toujours voulu faire cette « usine bourgeoise » classique. Mais aujourd'hui, les gens veulent aussi voir un peu autre chose et voir de quoi on est capable. Donc on a axé ça sur des grands classiques de la maison. Et puis après, on a créé des plats où Olivier joue un rôle aussi important dans Olivier Couvain, qui est MOF 2015 dans l'entreprise, parce qu'il est en charge aussi du développement un peu des cartes. Et lui, c'est pareil, c'est un disciple qui est là depuis plus de 20 ans. Et il a partagé aussi avec moi et avec Vincent Leroux, Françoise, sa table. Et on sait... Comme on les faisait à manger tous les jours, on sait ce qu'il aurait aimé et pas aimé. Donc chaque plat qui est réalisé, on se pose la question.
- Speaker #0
Est-ce que c'est le baromètre encore ?
- Speaker #1
C'est toujours le baromètre. Est-ce que ça, il aurait aimé ? Est-ce qu'il n'aurait pas aimé ? Non, là, on y est allé trop loin. Donc nous, une fois de plus, il nous a quittés en 2018, mais il est toujours et il sera toujours présent. par rapport aux photos, par rapport au statut. Voilà, et on a une très belle...
- Speaker #0
Il est chez lui.
- Speaker #1
Il est chez lui, on est chez lui. Et ce qui est beau, c'est que quand les gens franchissent la porte d'entrée, ils disent « Ah ben, on sent cette âme, on sent qu'il y a quelque chose qui se passe » . Donc pour nous, c'est le plus beau cadeau d'avoir choyé ce bébé et de continuer à le...
- Speaker #0
On ne pourra jamais délocaliser Colonge.
- Speaker #1
Non. Jamais, jamais. Et à un moment, on s'est posé la question, justement, à travers, on a des ouvertures là à Abu Dhabi qui va se faire, on allait faire un gastro, et on s'est dit, ben non, en fait, Colonge, c'est à Lyon, c'est en France, s'ils veulent avoir de l'expérience, ils viennent à Colonge.
- Speaker #0
Alors, tu n'as jamais voulu avoir ton propre restaurant, Gilles ?
- Speaker #1
À un moment, on peut se poser la question, mais après, c'est un... Là, c'est pareil, c'est un état d'esprit. C'est travailler pour un nom. Il faut juste l'accepter. Nous, aujourd'hui...
- Speaker #0
C'est un texte d'humilité aussi.
- Speaker #1
Oui. Je ne sais pas si c'est... Non, ce n'est pas forcément de l'humilité. C'est des choix. S'il y en a, ça leur fait plaisir d'avoir leur nom sur le restaurant. Moi, je ne vois pas de problème à travailler pour quelqu'un, pour une marque. C'est vraiment après une réflexion assez personnelle.
- Speaker #0
La maison Paul Bocuse a fêté ses 100 ans en 2024. Est-ce qu'on est reparti sur encore un siècle ?
- Speaker #1
Les 100 premières années ne se sont pas trop mal passées, on va dire. Et comme je dis, on est prêt pour les 100 prochaines années. On a un établissement qui a été refait de fond en comble.
- Speaker #0
Magnifique.
- Speaker #1
Comme on dit, le bébé est intact, n'a pas pris une ride. Et c'est à nous. C'est nous qui sommes là pour faire continuer et vivre cette histoire. Alors nous, quand je dis nous, c'est un équipage parce qu'on a juste des équipes qui sont formidables. Et sans les équipes, On sait qu'on ne fait rien. Bien sûr. Et voilà, c'est pour ça que nous, on est en première ligne. Alors aussi bien on prend les compliments comme les remarques, mais il ne faut pas oublier qu'on a une équipe formidable. Et comme il disait souvent M. Paul, il avait fait à l'époque un grand poster. Il avait marqué « L'équipe fait la force, Bocuse fait la soupe » .
- Speaker #0
Excellent. Alors, Bocuse, ça peut sonner luxe, un peu guindé. Et bien au contraire, quand j'ai rencontré les équipes, quand on s'est rencontrés, quand tu es venu à moi, on en parlera après, j'ai tout de suite senti de la simplicité, de l'authenticité, de l'excellence, mais accessible, toujours accessible.
- Speaker #1
Mais ça, ça me fait bouillir quand tu dis ça, parce que c'est des gens certainement qui n'ont jamais... qui sont jamais venus manger au restaurant et qui ont jamais connu M. Paul. Alors, ils sont pas venus au restaurant... J'ai pas envie de dire que... Quand ils viennent manger, c'est cher. J'ai envie de dire que c'est onéreux. Mais M. Paul était quelqu'un d'extrêmement simple. Extrêmement simple. Il est... Il dormait ici. Il aurait pu avoir une villa, quelque chose de dingue. C'était quelqu'un.
- Speaker #0
Il est resté au centre de lui-même.
- Speaker #1
Il est resté au centre. Lui, ce qu'il aimait, c'était accueillir les gens, l'après-midi faire son break, aller à la chasse, se retrouver dans son petit cabanon, contempler la nature, chasser. Voilà, ça, c'était M. Paul. Mais il a vu les plus belles choses du monde. Il a fait le tour du monde plusieurs fois. Il était reçu dans des lieux toujours magiques, magnifiques. Et il a toujours su rester simple. Et c'est ça qui est génial. Et on a des anecdotes, tu vois. Il était toujours habillé de la même façon, sans pantalon noir, ses mocassins. Et je pense à... quelque chose de... J'avais été un jour faire un repas avec lui et on s'est arrêté sur l'autoroute, il pleuvait et il me dit on prend l'essence avec la voiture, il me dit va me chercher va me chercher des gâteaux. Je dis mais vous venez pas ? Bah non, je peux pas sortir, je t'expliquerai. Donc j'allais chercher des gâteaux parce qu'on était pressé. Mon allant-tien, je lui dis mais M. Paul, pourquoi vous êtes pas ? Vous êtes pas sorti ? Il me retourne sa chaussure. Il avait un trou dans sa chaussure. Donc, tu vois, c'est en fait toute la simplicité du personnage.
- Speaker #0
La simplicité et la force d'une certaine manière.
- Speaker #1
Et la force d'une certaine manière. Parce qu'il avait... Quand on voit aujourd'hui l'Empire qu'il a développé, c'est juste... C'est un conte de fées. C'est unique. Et aujourd'hui, derrière, il y a Jérôme Bocuse qui continue à donner l'impulsion et à... à vouloir complètement développer des restaurants, des concepts, des collections.
- Speaker #0
C'est vraiment honorer un héritage.
- Speaker #1
Exactement. Il est là pour continuer à préserver surtout cette marque, qui aujourd'hui est une marque.
- Speaker #0
Alors, la gastronomie, c'est la France. Paul Bocuse, c'est la France. Et pour toi, c'est quoi la France ?
- Speaker #1
La France... C'est la gastronomie, c'est les produits. Et on s'en aperçoit surtout quand on voyage. Alors on voit des choses magnifiques, mais on est souvent parfois contraint par des matières premières. Et là on s'aperçoit qu'on a un garde-manger... En France, qui est juste unique avec la crème, le beurre, les volailles. Et on n'a pas besoin d'aller bien loin. On a la Bresse qui n'est pas loin. On a la chasse, on a les étangs. Donc, on est vraiment bien lotis. Et on comprend quand les étrangers viennent ou parfois pourquoi ils font 10 heures d'avion. Et c'est ça aussi. Mes amis qui sont des expats, j'ai envie de comparer ça un peu aux saisons. Ils me disent, moi ce qui me manque le plus à l'étranger, c'est les saisons. Et pour nous cuisiner, c'est un peu ça, c'est certains produits. Alors attention, il y a des produits magnifiques dans tout, mais on est quand même, la France reste quand même le centre, c'est un énorme vivier, un énorme garde-manger.
- Speaker #0
Et l'excellence à la française alors ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Speaker #1
L'excellence à la française, pour moi, ça passe par les bons produits, mais surtout par un savoir-faire. Et ce savoir-faire, il faut le faire savoir et surtout le faire faire. Aujourd'hui, on est là dans un modèle aussi qu'on n'a pas abordé, c'est la transmission. Monsieur Paul était toujours là pour transmettre. D'ailleurs, on l'a vu quand... Il nous a laissé le bébé petit à petit.
- Speaker #0
On ne peut pas garder un savoir.
- Speaker #1
Non, parce qu'on se met en danger. On se met en danger personnellement. On met en danger la France. Et c'est surtout ce savoir-faire qu'il faut garder. Regarde, aujourd'hui, on est sur un modèle complètement différent. Notre-Dame. Notre-Dame qui a brûlé, s'il n'y avait pas eu les compagnons, s'il n'y avait pas eu cette transmission, il n'y a rien. On s'appauvrit. Donc ça, c'est quelque chose qui est fondamental à la maison. Aujourd'hui, on a cinq apprentis, c'est de transmettre et donner.
- Speaker #0
Quand on vient déjeuner ou dîner à l'auberge, pour de nombreuses personnes, il faut mettre de côté pendant plusieurs mois parce que ça reste aussi un budget. Est-ce que ce n'est pas une sacrée pression pour toi, pour les équipes, de se dire qu'il y a des gens qui misent sur ce moment qui peut être plus qu'unique ?
- Speaker #1
Ce n'est pas une pression, c'est un honneur. Et cette force qu'on a au restaurant, c'est qu'on a des riches. Des ultra-riches, mais aussi des gens simples.
- Speaker #0
Et nous, on ne fait aucune différence. Nous, on a autant de plaisir à faire, voire même plus de plaisir à faire, justement, comme tu disais, à des gens qui ont économisé. Et on fait tout pour les recevoir, les mettre à l'aise.
- Speaker #1
Être accessible.
- Speaker #0
Accessible, une petite photo en cuisine, une petite visite de cave. Voilà, et c'est aussi pour ça qu'on fait ce métier. Nous, notre métier, c'est... On est des marchands de bonheur.
- Speaker #1
Et la création, l'ouverture des brasseries, des restaurants en plus de l'auberge, c'était aussi une volonté de rendre accessible l'excellence ?
- Speaker #0
Bien sûr, bien sûr. M. Paul voulait rendre accessible son savoir-faire, faire connaître sa cuisine. Et c'est pour ça qu'au début... Ça a été au début des années 80, il a commencé à lancer les brasseries pour justement donner l'opportunité aux gens de partager un poulet broche, des frites maison, une petite salade César.
- Speaker #1
Mais français.
- Speaker #0
Mais français.
- Speaker #1
Comment tu vois l'avenir de la gastronomie française aujourd'hui dans un monde qui tend de plus en plus à la simplification, à la rapidité ? J'ai vu que tu avais été présent avec le chef couvain. un rassemblement de street food ?
- Speaker #0
Bien sûr. Bien sûr, aujourd'hui, il faut... Oui, on est très bon. Oui, on aime manger. Mais il y a les autres pays qui sont là aussi derrière, qui continuent à se développer. Les gens voyagent de plus en plus. Donc, ils ont aussi plus... Avant, il n'y avait pas les réseaux sociaux. Les gens restaient un peu cantonnés. Donc, ils n'avaient pas cette vision sur le monde. De nos jours, tout va vite.
- Speaker #1
Aujourd'hui, il y a le choix. Il y a le choix. Le mouvement.
- Speaker #0
Donc, il ne faut pas dire... Il ne faut pas s'endormir sur ses lauriers.
- Speaker #1
Est-ce que le chef Gilles Reynard a un style culinaire propre à lui ?
- Speaker #0
Non, parce que sinon... C'est une question, là tu veux me piéger.
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Mais un style culinaire, on a une feuille de route.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Mon style culinaire, ce sera une cuisine classique et bourgeoise. Je ne sais pas faire de la cuisine moléculaire. Je n'ai pas de problème avec ça, de dire je ne sais pas faire. Parce que ce n'est pas moi, ce n'est pas mon identité, ce n'est pas ma formation. Mais aujourd'hui... Mon style culinaire, s'il faut que je te donne un mot, c'est surtout se faire plaisir. Une bonne cuisine, c'est un bon produit, un bon assaisonnement, une juste cuisson.
- Speaker #1
Donc une bonne dégustation.
- Speaker #0
Une bonne dégustation et il faut faire une cuisine surtout de cœur.
- Speaker #1
Et au-delà du plaisir du palais ? Tu mets le plaisir dans la préparation, évidemment.
- Speaker #0
Bien sûr, bien sûr, nos équipes sont là le matin, tôt. Enfin, tôt, ça dépend pour qui, mais on est là pour préparer les choses. Et ça commence dès le matin et ça se finit à 15h. Et le soir, on remet ça. En fait, on monte sur scène. Nous, c'est une pièce de théâtre, on la joue deux fois par jour.
- Speaker #1
Est-ce que c'est la même deux fois par jour ?
- Speaker #0
Non. C'est ça justement qui est excitant dans ce métier. On n'est pas comme à l'usine, à la chaîne, à faire toujours les mêmes gestes. Chaque service est différent. Les clients arrivent de façon différente. Soit ils arrivent tous en même temps, donc c'est un service un peu plus rythmé. Soit ils arrivent en décalé, c'est un peu plus cool, entre guillemets. Mais les personnes sont différentes, l'échange est différent. C'est ça qui nous anime au quotidien.
- Speaker #1
En intéressant les médias à la gastronomie, Paul Bocuse a, je cite, « sorti la cuisine des cuisines » . Quels sont les rapports aux médias ? Quel est ton rapport aux médias, aux digitales aujourd'hui ? Même pour le vaisseau, Bocuse. Par exemple, j'ai entendu dire que tu étais anti-réseaux sociaux avant. c'est vrai et aujourd'hui il me semble aux dernières nouvelles tu as plus de 115 000,
- Speaker #0
118 000 personnes qui te suivent c'est vrai c'est quelque chose où je voulais un peu je voulais faire barrage parce qu'il y a à boire et à manger sur les réseaux sociaux et voilà c'était pas notre axe de communication c'était pas non plus notre philosophie mais comme quoi faut s'ouvrir et puis aussi écouter
- Speaker #1
Qu'est-ce qui a fait qu'il y ait eu ce tournant aussi sur ce domaine-là ?
- Speaker #0
Eh bien, ce tournant, ça a été que M. Paul n'est plus là. Il a fallu aussi mettre des visages sur Gilles, sur Olivier.
- Speaker #1
Incarner la marque.
- Speaker #0
Donner du dynamisme. Voilà, c'est ça l'impulsion. Et ça passe. Aujourd'hui, on se rend compte avec les réseaux sociaux.
- Speaker #1
C'est inévitable.
- Speaker #0
C'est inévitable et tout va très vite. On partage ça aux quatre coins du monde.
- Speaker #1
Mais toujours avec cette limite de se dire, il faut se mettre des limites, incarner.
- Speaker #0
Il faut se mettre des limites, il faut aussi montrer ce qu'on fait au restaurant. Il y a des gens qui avaient cette image un peu désuète, une cuisine vieillissante. Non, aujourd'hui, il faut leur montrer qu'on sait faire aussi autre chose. Et c'était très important qu'on soit sur les réseaux et on le voit. Parce que moi, ça fait deux ans que je me suis mis. Voilà, j'ai pris... Il y a plein de gens qui me suivent et c'est top. Donc, il y a un vrai intérêt.
- Speaker #1
Et tu as toute une équipe des personnes qui gèrent ta communication parce que je la suis depuis plusieurs mois et ça passe quand même plusieurs fois. Non,
- Speaker #0
la communication, c'est... Voilà, c'est personnel. Je n'ai pas besoin d'une équipe de marketing, une équipe qui me guide. Moi, je veux faire... Comme je dis souvent, on fait une cuisine d'instinct et d'instant. Donc si j'ai envie de partager quelque chose sur le fait, voilà, je n'ai pas envie que ce soit du fake, je veux que ce soit vraiment au plus proche de la réalité.
- Speaker #1
Tu ressens les choses et au fur et à mesure tu l'envoies. Exactement,
- Speaker #0
c'est une question de feeling.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux me donner des exemples de collaborations que tu as faites jusqu'ici ou que Bocuse a fait ?
- Speaker #0
Là, on vient de faire une collab avec les Casseroles. Justement, pour amener aussi du Bocuse à la maison, travailler avec des beaux matériaux. On a travaillé sur l'ergonomie et une très belle collaboration qui me tient à cœur, c'est les fameux bras zéro hexagones.
- Speaker #1
La transition est parfaite.
- Speaker #0
Une très belle collection et on est très fiers et honorés de pouvoir travailler avec vous. Parce que c'est une histoire, encore une fois, c'est une histoire d'homme. On s'est rencontrés comme ça au détour d'un gala. Et ça a matché tout de suite. Et c'est ça aussi que M. Paul aurait aimé. Des opportunités, des rencontres. Et l'histoire, c'est que vous êtes juste à côté de Lyon. Une petite équipe, une... Une entreprise qui démarre. Et nous aussi, on veut donner cette chance. On veut vous donner cette chance. Pour nous, c'est également un très bel échange. Comme on donne la chance à nos cuisiniers, ils n'ont pas besoin de sortir des grandes maisons, des petites maisons. Nous, on est ouverts. Du moment qu'il y a l'envie et la passion,
- Speaker #1
tout est possible. Et le savoir-faire.
- Speaker #0
Et le savoir-faire.
- Speaker #1
Justement, alors... On dit souvent, et j'aime dire cette phrase, qu'une collaboration commence toujours par une belle rencontre. Et cette rencontre, comme tu l'as dit, elle s'est faite lors du 20e gala de la Fondation Paul Bocuse. Est-ce que tu peux juste m'expliquer concrètement la mission de la Fondation Paul Bocuse ?
- Speaker #0
Aujourd'hui, la Fondation, c'est de promouvoir nos métiers, nos métiers de la salle, de la cuisine, à travers des ateliers, à donner vocation à... à des jeunes, moins jeunes, des gens en situation de handicap ou en échec scolaire. Et ça, c'est, comme je te disais avant, la transmission, c'est une des valeurs fortes du groupe
- Speaker #1
Bocuse. Alors pour revenir à notre rencontre, c'était donc le 15 octobre. Pour que ceux qui nous écoutent comprennent, il y a eu un accompagnement au 20ème gala de la Fondation. Ça s'est fait assez rapidement et concrètement, Hexagone a pu amener pour la première partie en extérieur des bras zéros bas pour le côté torche et puis des bras zéros classiques pour le côté manche-debout aussi. Avant que les convives rentrent et dînent, tu es venu me voir, on ne se connaissait pas. tu m'as fait une ou deux blagues et puis et puis on a senti tout de suite chacun notre manière qu'il y avait quelque chose à faire et le lendemain on s'est revu au moment où j'étais venu avec un collègue pour pour récupérer les bras zéro Et puis, on a tout de suite compris, je pense, tu vas nous le dire, mais qu'il y avait quelque chose à faire au-delà de juste prêter ou donner ou placer un brasero hexagone à l'auberge.
- Speaker #0
Bien sûr, c'est vrai, on s'est rencontrés au coin du feu. Et voilà, comme je te disais avant, ça a tout de suite matché. Et voilà, et si nous, on fait les choses aujourd'hui avec la marque Bocuse. si on veut créer des collections c'est pas simplement pour faire c'est qu'il faut qu'il y ait une belle histoire qui ait un fil conducteur et vous par votre savoir-faire comme nous on avait quelque chose vraiment à créer et vous avez été aussi très bon il faut le dire parce que vous avez Vous avez tout de suite développé des choses. On n'a pas perdu de temps, entre guillemets. Tout est allé, comme tu l'as dit, très très vite.
- Speaker #1
65 jours, c'est-à-dire du 15 octobre et le 19 décembre, tu es venu dans notre showroom avec Amal Morel et avec Clara, qui gère la partie communication. Donc en 65 jours, on est passé d'une belle rencontre autour du feu à trois bras zéros. Deux couleurs, signé Paul Bocuse. C'est quand même extraordinaire comme aventure et je profite de ce format-là pour te remercier, ainsi que toutes les autres personnes, toutes les équipes qui ont travaillé sur ce projet-là. Le lancement se fait aujourd'hui d'ailleurs, aujourd'hui 14 février, sur les réseaux sociaux. Et l'ouverture de la saison sera donc la première quinzaine du mois de mars. C'est quand même extraordinaire pour nous. Même si ça paraît fluide et que l'histoire est belle, mais il est vrai qu'en tant que Lyonnais, je suis né à Place Carnot, donc je suis vrai Lyonnais, je n'aurais pas pensé pouvoir aussi rapidement, en tout cas être aussi proche de l'univers Bocuse. Donc c'est un honneur pour nous, pour toutes les équipes, c'était un vrai challenge. On a réussi déjà cette première étape, maintenant il ne reste plus que la deuxième partie qui est la plus compliquée, mais en même temps la plus... jouissive, c'est de faire découvrir ces produits dans le monde entier.
- Speaker #0
Bien sûr, bien sûr, mais l'histoire est belle, maintenant il faut qu'elle continue à s'inscrire dans le temps, mais ce que vous avez développé, et ce que vous nous avez proposé, c'est juste, c'est des très beaux braseros, c'est un objet d'art, ça tient une place importante autour de la piscine, dans un jardin, et... Et une fois de plus, c'est beau parce que c'est également aux couleurs de la maison, aux couleurs de M. Paul, des couleurs qui sont l'identité.
- Speaker #1
Il y a trois couleurs, avec trois noms différents, trois noms latins. Là aussi, c'était une volonté de côté intemporel, prestige. On a le modèle Silva, qui veut dire forêt, donc qui est plutôt un verre, un verre d'eau. Le modèle Terra. terracotta, la terre, et oreus, qui est le côté doré, en or.
- Speaker #0
C'est les couleurs qu'on peut retrouver sur la façade du restaurant. C'est aussi avec ces couleurs que les gens s'identifient. On va chez Bocuse, ils ont tout de suite cette maison colorée en bord de Saône.
- Speaker #1
C'est iconique.
- Speaker #0
Et c'est iconique. Donc c'est des marqueurs qui sont forts pour la ville, pour la France, et pour les gens qui viennent du monde entier.
- Speaker #1
Le bras zéro, c'est aussi, là encore, une cuisine autour du partage. Bien sûr. Clairement dans les valeurs de Paul Bocuse et de l'héritage.
- Speaker #0
Exactement, il n'y a pas de fumée sans feu. Il y a un fil conducteur. Comme je te disais, on ne va pas vendre demain des bouquets de fleurs. Parce qu'il faut qu'on puisse raconter derrière tout ça, qu'on puisse raconter une belle histoire. Et oui, le bras zéro, comme tu disais, se démocratie, j'ai envie de dire. Et c'est sympa à partager au coin du feu.
- Speaker #1
Un moment convivial.
- Speaker #0
Un moment convivial autour d'une brochette, autour d'une création.
- Speaker #1
Mais toujours avoir aussi une allure, et c'est ça qui est intéressant chez Hexagone, un bras zéro, mais qui est aussi une pièce maîtresse esthétiquement de l'extérieur.
- Speaker #0
Ce que je disais avant, c'est une pièce maîtresse. Ça fait partie d'un objet de décoration dans un jardin.
- Speaker #1
L'axe de communication. par rapport à ce magnifique projet, c'est l'éveil des sens. L'éveil des sens, c'est aussi une notion qu'on retrouve dans les langages de communication chez Bocuse.
- Speaker #0
Et c'est ramener aussi une part de Bocuse à la maison. Avec cette belle signature.
- Speaker #1
Une tranche de bocuse.
- Speaker #0
Et en plus, il me semble qu'ils sont numérotés.
- Speaker #1
Exactement. C'est avec une plaque en laiton qui se trouve sur le pied du bras zéro avec un numéro de série.
- Speaker #0
Et c'est le côté exclusif.
- Speaker #1
Exactement. Made in France, made in Lyon. Et du coup, Gilles, tu vas être ambassadeur de ces bras zéro-là. Donc là, pareil, il va y avoir une image à porter. Alors, tu as l'habitude.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
J'ai entendu dire aussi que tu allais peut-être développer une recette par couleur.
- Speaker #0
Oui, bien sûr. Tout est… On ne peut pas trop non plus tout dévoiler.
- Speaker #1
Non, non, non.
- Speaker #0
Mais oui, bien sûr, on va faire une recette qui corresponde à chaque brasero. Après, attention, si c'est trop cuit ou si c'est brûlé, moi, je n'ai pas toutes les… Tu n'es pas responsable. Je n'ai pas tout. Je n'ai pas tout.
- Speaker #1
Je n'ai pas tout. Je n'ai pas tout. Je n'ai pas tout. Je n'ai pas tout.
- Speaker #0
Je n'ai pas tout. Je n'ai pas tout. Je n'ai pas tout. Je n'ai pas tout. Je n'ai pas tout.
- Speaker #1
Alors, pour cette dernière partie, c'est des questions qui ne sont pas forcément dans l'ordre, mais je trouve… intéressant de te les poser. Ça fait plus de 25 ans que tu es ici. Est-ce que ça signifie que tu termineras à Colonge ?
- Speaker #0
J'espère, j'espère, bien sûr. Après, ce n'est pas prévu à l'heure du jour que je parte. Et puis, pourquoi je partirais ? En fait, tu sais, nous, on est piqués, on est piqués, Bocuse. Famille,
- Speaker #1
maintenant.
- Speaker #0
C'est notre vie, bien sûr. Bien sûr, on peut appeler ça... Sans problème la famille, parce qu'on a passé plus de temps au travail avec nos collaborateurs qu'à la maison à titre privé. Et oui, on le revendique, Bocuse, c'est une grande famille.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui différencie un bon plat d'un plat exceptionnel ?
- Speaker #0
Les émotions. Les émotions, la profondeur des sauces, la cuisson.
- Speaker #1
L'esthétique de l'assiette ?
- Speaker #0
L'esthétique aussi, mais tu sais, moi, quand j'ai des souvenirs d'enfance, je ne vois pas visuellement le plat. Par contre, j'ai des souvenirs au niveau gustatif. Et aujourd'hui, c'est ça, les gens qui retiennent. Nous, quand tu as des personnes qui viennent et qui disent « Ah, ça me fait penser à tel et tel plat, ma grand-mère me cuisinait la sauce. » Donc, ça passe par des émotions.
- Speaker #1
Si tu ne pouvais cuisiner qu'un seul plat pour le restant de tes jours, ça serait lequel ?
- Speaker #0
Ça, c'est pas une question facile parce que je suis quand même assez gourmand. Mais moi, tu sais, tu me fais un...
- Speaker #1
Tu peux mixer deux, trois plats si tu veux.
- Speaker #0
Tu me fais un poulet, frites, salade. Voilà, il n'y a pas besoin de...
- Speaker #1
Pas besoin de plus,
- Speaker #0
forcément. Non, pas besoin de plus.
- Speaker #1
Pour ceux qui aiment cuisiner, qui sont jeunes, tu leur dis quoi ?
- Speaker #0
À force de travail et d'ambition, on arrive à ses rêves, même les plus fous. J'ai envie de leur dire ça, c'est qu'il faut croire en soi, mais il faut travailler aussi beaucoup. Je dis souvent à nos jeunes, nos cuisiniers, écoute, commence, fais déjà 10 ans de cuisine, et après on pourra commencer à parler de cuisine. Parce qu'aujourd'hui, il faut faire attention de ne pas se brûler les ailes. Alors, ça peut passer par les réseaux sociaux, la télé. On n'apprend pas à cuisiner en trois mois. Et c'est ça, travailler et ne pas brûler les étapes. Voilà, ça, c'est le seul message. Après, je ne suis pas une science infuse, mais c'est comment moi, je ressens les choses.
- Speaker #1
Quel est l'ustensile de cuisine dont tu ne pourrais jamais te passer ?
- Speaker #0
Justement, le style de cuisine, c'est le couteau. C'est le couteau de qualité pour respecter le produit, pour avoir une coupe franche. Voilà, c'est ce qui nous identifie aussi, ce qui identifie le cuisinier, c'est ses couteaux.
- Speaker #1
Gilles, pour arriver à un tel niveau d'excellence, est-ce que tu es un éternel insatisfait ?
- Speaker #0
Oui, oui, oui, je suis un éternel satisfait, mais ça, c'est le problème pour notre métier. Mais les gens, voilà, alors ce qu'il faut aussi, c'est garder les pieds sur terre et à un moment... savoir la chance qu'on a de tout ce qu'on possède. Mais au-delà de... C'est toujours la réflexion dans la cuisine. Est-ce qu'on peut améliorer le plat ? Qu'est-ce qui manque encore pour le rendre exceptionnel, même si ça reste déjà très bon ? Ce n'est pas s'endormir sur des acquis. Mais ça, je pense que c'est le... La qualité ou le défaut de tous les cuisiniers et tous les gens qui tendent à l'excellence.
- Speaker #1
Alors pour moi, c'est mon avis personnel, mais l'excellence, elle est atteinte par des gens qui ont une forte sensibilité, même au sens créatif du terme. Si tu n'étais pas chef et ni dans la cuisine de manière générale, dans quel domaine tu pourrais travailler ?
- Speaker #0
Peut-être, alors c'est complètement deux choses différentes. C'est soit... Un métier manuel, ça peut être soit dans le bois ou dehors, paysagiste, où il y a aussi des parties de création. Peut-être dans le médical aussi.
- Speaker #1
Dans le médical.
- Speaker #0
Peut-être. Comme nous, souvent, le cuisine est devenu de plus en plus tarifié. Mais ce que je dis souvent, nous, on ne sauve pas des vies. On fait juste à manger. Donc c'est des métiers qui m'auraient peut-être certainement plu.
- Speaker #1
Quelles sont tes ambitions pour demain ?
- Speaker #0
Mes ambitions pour demain, les mêmes que hier ou avant-hier, c'est de se faire plaisir au travail. et continuer à maintenir cette maison d'excellence au plus haut niveau. Voilà, en soi, c'est assez simple.
- Speaker #1
Oui. Merci Gilles pour ce moment de qualité dans ce lieu incroyable. où franchement j'étais comme suspendu dans le temps.
- Speaker #0
Merci Laurent de cette invitation et j'y vais parce que les braises sont à point, il faut que j'aille mettre la côte de bœuf en cuisson.
- Speaker #1
C'est le moment. A très bientôt Gilles. A bientôt. Merci. Merci. Vous venez d'écouter un épisode de A travers l'Hexagone. Merci beaucoup pour votre fidélité. N'hésitez pas à partager ce podcast autour de vous. Abonnez-vous sur Deezer, Spotify, Apple Podcast et sur 11 autres plateformes d'écoute. Retrouvez. à travers l'Hexagone, aussi sur les réseaux sociaux. Je vous dis à très bientôt pour découvrir un invité au service du beau, de l'innovation et du savoir-faire français.