Description
Le soleil, déjà très bas, descendait vers l’eau de plus en plus vite, entraînant tout l’horizon après lui. Le vent fraîchissait, l’île devenait violette. Dans le ciel, près de moi, un gros oiseau passait lourdement : c’était l’aigle de la tour génoise qui rentrait… Peu à peu la brume de mer montait. Bientôt on ne voyait plus que l’ourlet blanc de l’écume autour de l’île… Tout à coup, au-dessus de ma tête, jaillissait un grand flot de lumière douce. Le phare était allumé. Laissant tout l’île dans l’ombre, le clair rayon allait tomber au large sur la mer, et j’étais là perdu dans la nuit, sous ces grandes ondes lumineuses qui m’éclaboussaient à peine en passant… Mais le vent fraîchissait encore. Il fallait rentrer. À tâtons, je fermais la grosse porte, j’assurais les barres de fer ; puis, toujours tâtonnant, je prenais un petit escalier de fonte qui tremblait et sonnait sous mes pas, et j’arrivais au sommet du phare. Ici, par exemple, il y en avait de la lumière !
Dans le phare des Sanguinaires, Daudet assiste aux travaux quotidiens des gardiens. Lieu propice à la rêverie et à la fusion avec la nature, le phare suscite aussi un sentiment de solitude face à l’immensité obscure de la mer. Sous la forme d’un récit enchâssé, le narrateur écoute le vieux Bartoli lui raconter comment, un soir d’hiver où ils n’étaient que deux pharistes, son camarade Tchéco est mort en plein repas.
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