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Victor Hugo- les Orientales-Les Djinns. Conteur : Yannick Debain cover
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A Voix Haute

Victor Hugo- les Orientales-Les Djinns. Conteur : Yannick Debain

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03min |26/05/2024|

3441

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Description

Victor Hugo 1802-1885

Les djinns étaient, dans la croyance musulmane, des êtres de feu, doués d'intelligence, mais imperceptibles à nos sens. Victor Hugo travaille à l'expression de l'impalpable et de son invisible mouvement non seulement par les mots, mais aussi par le rythme. Dans ce manuscrit préparé pour l'impression, l'inscription des quadrats en marge illustre cette recherche en restituant l'image rythmique du poème. Après avoir ajouté une syllabe à chaque vers pour mimer l’apparition des djinns, à la fin du poème, Victor Hugo réduit progressivement le nombre de syllabes pour mimer leur disparition.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    victor hugo les djinns murs villes et ports asiles de morts mer grise où brise la brise tout dort dans la plaine n'est un bruit c'est l'haleine de la nuit Elle brame comme une âme qu'une flamme toujours suit. La voix plus haute semble un grelot d'un nain qui saute, c'est le galop. Il fuit, s'élance, puis en cadence sur un pied danse au bout d'un flot. La rumeur approche, l'écho la redit, c'est comme la cloche d'un couvent maudit, comme un bruit de foule qui tonne et qui roule et tantôt s'écroule et tantôt grandit. Dieu ! la voix sépulcrale des djinns ! Quel bruit ils font ! Fuyons sous la spirale de l'escalier profond, déjà ! C'est un malampe, et l'ombre de la rampe qui le long du mur rampe, Monte jusqu'au plafond, c'est l'essin des djinns qui passe, Et tourbillonne en sifflant, les ifs que leur vol fracasse, Craquent comme un pain brûlant, leurs troupeaux lourds et rapides, Volant dans l'espace vide, semble un nuage lévide, Qui porte un éclair au flanc. Ils sont tout prêts. Tenons fermée cette salle où nous les narguons. Quel bruit dehors ! Lideux armés de vampires et de dragons, la poutre du toit décélée, ploie ainsi qu'une herbe mouillée, et la vieille porte rouillée tremble à déraciner ses gonds. Crie de l'enfer, voix qui hurle et qui pleure, l'horrible essaim poussé par l'aquilon sans doute. Ô ciel ! ça bat sur ma demeure. Le mur fléchit sous le noir bataillon, la maison crie et chancelle, penchée, et l'on dirait que du sol arraché, ainsi qu'il chasse une feuille Le vent la roule avec leurs tourbillons. Prophète, si ta main me sauve de ces impurs démons des soirs, J'irai prosterner mon front chauve devant tes sacrés encensoirs. Fais que sur ces portes fidèles meurent leurs souffles d'étincelles Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes grince et crie à ces vitraux noirs. Ils sont passés, leur cohorte s'envole et fuit, Et leurs pieds cessent de battre ma porte de leurs coups multipliés. L'air est plein d'un bruit de chaînes, et dans les forêts prochaines frissonnent tous les grands chênes sous leur vol de feux pliés de leurs ailes lointaines le battement décroît si confus dans les plaines si faibles Que l'on croit huir la sauterelle, Crier d'une voix grêle ou pétiller la grêle, Sur le plomb d'un vieux toit. D'étranges syllabes nous viennent encore, Ainsi des arabes qu'en sonne le corps. Un chant sur la grève, par instants s'élève, Et l'enfant qui rêve fait des rêves d'or. Les djinns, funèbres fils du trépas, Dans les ténèbres pressent leurs pas. Leur essaim gronde ainsi profonde, Murmure une onde qu'on ne voit pas. Ce bruit vague qui s'éloigne de la nuit. C'est la vague sur le bord, c'est la plainte presque éteinte d'une sainte pour un mort. On doute, la nuit, j'écoute, tout fuit, tout passe, l'espace efface le bruit.

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Victor Hugo 1802-1885

Les djinns étaient, dans la croyance musulmane, des êtres de feu, doués d'intelligence, mais imperceptibles à nos sens. Victor Hugo travaille à l'expression de l'impalpable et de son invisible mouvement non seulement par les mots, mais aussi par le rythme. Dans ce manuscrit préparé pour l'impression, l'inscription des quadrats en marge illustre cette recherche en restituant l'image rythmique du poème. Après avoir ajouté une syllabe à chaque vers pour mimer l’apparition des djinns, à la fin du poème, Victor Hugo réduit progressivement le nombre de syllabes pour mimer leur disparition.


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    victor hugo les djinns murs villes et ports asiles de morts mer grise où brise la brise tout dort dans la plaine n'est un bruit c'est l'haleine de la nuit Elle brame comme une âme qu'une flamme toujours suit. La voix plus haute semble un grelot d'un nain qui saute, c'est le galop. Il fuit, s'élance, puis en cadence sur un pied danse au bout d'un flot. La rumeur approche, l'écho la redit, c'est comme la cloche d'un couvent maudit, comme un bruit de foule qui tonne et qui roule et tantôt s'écroule et tantôt grandit. Dieu ! la voix sépulcrale des djinns ! Quel bruit ils font ! Fuyons sous la spirale de l'escalier profond, déjà ! C'est un malampe, et l'ombre de la rampe qui le long du mur rampe, Monte jusqu'au plafond, c'est l'essin des djinns qui passe, Et tourbillonne en sifflant, les ifs que leur vol fracasse, Craquent comme un pain brûlant, leurs troupeaux lourds et rapides, Volant dans l'espace vide, semble un nuage lévide, Qui porte un éclair au flanc. Ils sont tout prêts. Tenons fermée cette salle où nous les narguons. Quel bruit dehors ! Lideux armés de vampires et de dragons, la poutre du toit décélée, ploie ainsi qu'une herbe mouillée, et la vieille porte rouillée tremble à déraciner ses gonds. Crie de l'enfer, voix qui hurle et qui pleure, l'horrible essaim poussé par l'aquilon sans doute. Ô ciel ! ça bat sur ma demeure. Le mur fléchit sous le noir bataillon, la maison crie et chancelle, penchée, et l'on dirait que du sol arraché, ainsi qu'il chasse une feuille Le vent la roule avec leurs tourbillons. Prophète, si ta main me sauve de ces impurs démons des soirs, J'irai prosterner mon front chauve devant tes sacrés encensoirs. Fais que sur ces portes fidèles meurent leurs souffles d'étincelles Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes grince et crie à ces vitraux noirs. Ils sont passés, leur cohorte s'envole et fuit, Et leurs pieds cessent de battre ma porte de leurs coups multipliés. L'air est plein d'un bruit de chaînes, et dans les forêts prochaines frissonnent tous les grands chênes sous leur vol de feux pliés de leurs ailes lointaines le battement décroît si confus dans les plaines si faibles Que l'on croit huir la sauterelle, Crier d'une voix grêle ou pétiller la grêle, Sur le plomb d'un vieux toit. D'étranges syllabes nous viennent encore, Ainsi des arabes qu'en sonne le corps. Un chant sur la grève, par instants s'élève, Et l'enfant qui rêve fait des rêves d'or. Les djinns, funèbres fils du trépas, Dans les ténèbres pressent leurs pas. Leur essaim gronde ainsi profonde, Murmure une onde qu'on ne voit pas. Ce bruit vague qui s'éloigne de la nuit. C'est la vague sur le bord, c'est la plainte presque éteinte d'une sainte pour un mort. On doute, la nuit, j'écoute, tout fuit, tout passe, l'espace efface le bruit.

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Les djinns étaient, dans la croyance musulmane, des êtres de feu, doués d'intelligence, mais imperceptibles à nos sens. Victor Hugo travaille à l'expression de l'impalpable et de son invisible mouvement non seulement par les mots, mais aussi par le rythme. Dans ce manuscrit préparé pour l'impression, l'inscription des quadrats en marge illustre cette recherche en restituant l'image rythmique du poème. Après avoir ajouté une syllabe à chaque vers pour mimer l’apparition des djinns, à la fin du poème, Victor Hugo réduit progressivement le nombre de syllabes pour mimer leur disparition.


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Description

Victor Hugo 1802-1885

Les djinns étaient, dans la croyance musulmane, des êtres de feu, doués d'intelligence, mais imperceptibles à nos sens. Victor Hugo travaille à l'expression de l'impalpable et de son invisible mouvement non seulement par les mots, mais aussi par le rythme. Dans ce manuscrit préparé pour l'impression, l'inscription des quadrats en marge illustre cette recherche en restituant l'image rythmique du poème. Après avoir ajouté une syllabe à chaque vers pour mimer l’apparition des djinns, à la fin du poème, Victor Hugo réduit progressivement le nombre de syllabes pour mimer leur disparition.


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    victor hugo les djinns murs villes et ports asiles de morts mer grise où brise la brise tout dort dans la plaine n'est un bruit c'est l'haleine de la nuit Elle brame comme une âme qu'une flamme toujours suit. La voix plus haute semble un grelot d'un nain qui saute, c'est le galop. Il fuit, s'élance, puis en cadence sur un pied danse au bout d'un flot. La rumeur approche, l'écho la redit, c'est comme la cloche d'un couvent maudit, comme un bruit de foule qui tonne et qui roule et tantôt s'écroule et tantôt grandit. Dieu ! la voix sépulcrale des djinns ! Quel bruit ils font ! Fuyons sous la spirale de l'escalier profond, déjà ! C'est un malampe, et l'ombre de la rampe qui le long du mur rampe, Monte jusqu'au plafond, c'est l'essin des djinns qui passe, Et tourbillonne en sifflant, les ifs que leur vol fracasse, Craquent comme un pain brûlant, leurs troupeaux lourds et rapides, Volant dans l'espace vide, semble un nuage lévide, Qui porte un éclair au flanc. Ils sont tout prêts. Tenons fermée cette salle où nous les narguons. Quel bruit dehors ! Lideux armés de vampires et de dragons, la poutre du toit décélée, ploie ainsi qu'une herbe mouillée, et la vieille porte rouillée tremble à déraciner ses gonds. Crie de l'enfer, voix qui hurle et qui pleure, l'horrible essaim poussé par l'aquilon sans doute. Ô ciel ! ça bat sur ma demeure. Le mur fléchit sous le noir bataillon, la maison crie et chancelle, penchée, et l'on dirait que du sol arraché, ainsi qu'il chasse une feuille Le vent la roule avec leurs tourbillons. Prophète, si ta main me sauve de ces impurs démons des soirs, J'irai prosterner mon front chauve devant tes sacrés encensoirs. Fais que sur ces portes fidèles meurent leurs souffles d'étincelles Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes grince et crie à ces vitraux noirs. Ils sont passés, leur cohorte s'envole et fuit, Et leurs pieds cessent de battre ma porte de leurs coups multipliés. L'air est plein d'un bruit de chaînes, et dans les forêts prochaines frissonnent tous les grands chênes sous leur vol de feux pliés de leurs ailes lointaines le battement décroît si confus dans les plaines si faibles Que l'on croit huir la sauterelle, Crier d'une voix grêle ou pétiller la grêle, Sur le plomb d'un vieux toit. D'étranges syllabes nous viennent encore, Ainsi des arabes qu'en sonne le corps. Un chant sur la grève, par instants s'élève, Et l'enfant qui rêve fait des rêves d'or. Les djinns, funèbres fils du trépas, Dans les ténèbres pressent leurs pas. Leur essaim gronde ainsi profonde, Murmure une onde qu'on ne voit pas. Ce bruit vague qui s'éloigne de la nuit. C'est la vague sur le bord, c'est la plainte presque éteinte d'une sainte pour un mort. On doute, la nuit, j'écoute, tout fuit, tout passe, l'espace efface le bruit.

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