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Africa's Investor Call (français)

L' Africa Financial Summit : une mine d'information

L' Africa Financial Summit : une mine d'information

35min |13/05/2024
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35min |13/05/2024
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Description

L'AFIS, c'est le rendez-vous incontournable de la finance africaine, qui réunit près de 1000 participants à chaque édition sur le continent. C'est aussi plus que ça. C'est une mine d'information et d'analyse grâce au baromètre que l'AFIS publie régulièrement. Ramatoulaye Goudiaby, directrice de l'AFIS et experte en finance nous fait le décryptage de la dernière publication du baromètre dans cet épisode. On en profite pour parler des différentes tendances observées sur le continent : finance climat, hausse des taux, marchés financiers etc... Un condensé d'informations à écouter sans modération


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue, je suis Eriomou, vous écoutez Africa's Investor Call, le podcast de l'Afrique Business. Avant de plonger dans l'épisode d'aujourd'hui, je vous invite à cliquer sur le lien en description de l'épisode afin de vous abonner à la newsletter qui traite des sujets concernant l'Afrique qui bouge, l'Afrique qui entreprend, l'Afrique qu'on doit financer. Si vous aimez le podcast, n'hésitez pas à laisser un commentaire positif, bien sûr, et à le partager avec des gens qui seraient intéressés par le contenu. Dans l'épisode d'aujourd'hui, nous recevons une femme qui va à mille à l'heure. Il s'agit de Ramatoulae Goudiaby. Aujourd'hui, elle est directrice d'Africa Financial Summit, la FIS. qui fait partie du groupe Jeune Afrique. Avant cela, Ramatoulaï a travaillé sur plusieurs sujets, dont les marchés financiers. Elle et moi, on a beaucoup de choses en commun, vous allez voir dans l'épisode. Mais elle a également travaillé pour des compagnies d'assurance. Elle a été à différents postes au sein des banques du continent et des banques européennes. Et depuis juillet 2022, en tant que directrice de l'Afis, Ramatoulaï a une vision panoramique de ce qui se passe au sein de l'industrie financière africaine. D'ailleurs, l'Affis publie un baromètre de manière régulière et c'est l'occasion dans notre épisode d'en apprendre plus sur le dernier baromètre. Et à cette occasion, on discute des sujets du moment, qu'il s'agit de finances climatiques, de nouvelles règles comptables, d'accès au crédit pour les PME, de la fintech et de la nouvelle technologie. On parle de tout ça dans l'épisode et bien plus encore. Très bon épisode. Bonjour Amatoulaï.

  • Speaker #1

    Bonjour Eriomi.

  • Speaker #0

    Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Je vais très bien et toi ?

  • Speaker #0

    Super, je suis très contente de te recevoir sur Africa's Investor Call.

  • Speaker #1

    Le plaisir est partagé.

  • Speaker #0

    Avant de partir dans le sujet qui nous rassemble aujourd'hui, est-ce que tu peux te présenter et raconter un peu ton parcours ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr, avec plaisir. Donc, je m'appelle Amatoulaï, j'ai 43 ans. Et j'ai un parcours, comme certains disent, atypique. Je suis diplômée d'un master en langue, littérature et civilisation étrangère, en blé. Donc je me destinais à être professeure. en université. Et puis, un séjour aux États-Unis m'a fait réfléchir et m'a amenée vers des études en école de commerce. Et je me suis spécialisée en finance de marché. Exactement. Donc, vraiment...

  • Speaker #0

    À l'opposé.

  • Speaker #1

    À l'opposé. Comme j'aime bien dire. Mais mon anglais, aujourd'hui, il est essentiel et c'est mon outil de travail au quotidien. Je lis des rapports annuels en anglais. Et durant toute ma carrière professionnelle, j'ai exclusivement travaillé en anglais. Donc, ça a plus été un... un plus qu'un mois et donc du coup je n'ai pas perdu de temps. Donc j'ai un master en ingénierie financière et qui m'a permis de rentrer dans les plus grands groupes bancaires français et africains où j'ai travaillé pendant quasiment 18 ans, de société générale en passant par des groupes mutualistes comme Crédit Mutuel, en passant par AXA et en passant également par First Bank of Nigeria. Donc voilà. pour mon expérience professionnelle.

  • Speaker #0

    Super. Et au cours de ton parcours, tu as... Tu disais que tu étais spécialisée en finance de marché, c'était des métiers directement sur les finances de marché ou c'était du back office ?

  • Speaker #1

    C'est une très bonne question. Alors dès le départ, et parce qu'on nous avait conseillé ça à l'école, on nous a dit il faut avoir une bonne connaissance bilancielle. C'est très important de connaître la gestion active, passive et l'activité des institutions financières. Et donc j'ai commencé par l'analyse financière qui a été finalement une passion. Je suis passée par les différents types d'analyses. Donc on analyse action, analyse obligataire, analyse crédit. Donc j'ai fait quasiment tous les corps. Donc corporate, banque. Le seul que je n'ai pas fait, c'est l'assurance. Mais j'ai commencé par cette compréhension. Et puis très vite, on a vu chez moi une âme de vendeuse. J'étais vendeuse institutionnelle et c'est un métier qui m'a passionnée puisque j'aime le contact avec la clientèle et comprendre leurs besoins et leur proposer des produits et des services qui correspondent à leurs attentes au quotidien. C'était essentiellement sur les produits obligataires et ça m'a passionnée pendant pas mal d'années et ça me passionne encore aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Super et aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, j'ai intégré Jeune Afrique Média Group en juillet 2022. Pour diriger cette plateforme de dialogue public-privé, qui rassemble toute l'industrie financière africaine, des banquiers, des assureurs, des acteurs des marchés de capitaux, on a des bourses, des sociétés de gestion, des intermédiations, des assets managers, des fonds. et des FinTech qui participent côté privé à la construction de cette plateforme. Et côté secteur public, on a tous les acteurs, les régulateurs des assurances, des marchés de capitaux, et puis les gouverneurs de banques centrales qui viennent interagir, se discuter pendant deux jours, puisque Assise Africa Financial Industry Summit, qui est la plateforme que je dirige, à un événement physique annuel avec deux éditions à succès à l'OME au Togo et à des événements digitaux qu'on organise toute l'année pour justement discuter des opportunités, des challenges de cette industrie financière qui est quand même grande, à travers ces 54 pays en Afrique. Et on essaye d'être un catalyseur des ambitions, en tout cas en tant que plateforme, des ambitions de cette industrie financière africaine. Et on veut rester une plateforme unique en Afrique, puisque aujourd'hui, vous le savez, les banquiers jusqu'à 2021 ne se rencontraient qu'entre eux, les assureurs qu'entre eux, les marchés de capitaux, en tout cas tous les acteurs entre eux. Et puis on a réussi en deux éditions et par l'existence de cette plateforme à faire converger, à faire discuter des acteurs du secteur public et des acteurs du secteur privé. pendant deux jours et durant toute l'année sur des sujets sur lesquels on espère avoir un impact à court, moyen ou long terme.

  • Speaker #0

    Du coup vous rassemblez tout l'écosystème de manière annuelle. J'ai bien compris aussi qu'il y avait des événements digitaux. Alors si on se focalise sur cet événement annuel à l'OME, qu'est-ce qu'on y dit, qu'est-ce qui s'y passe ?

  • Speaker #1

    Justement les barrières qui sont multiples. On parle de toutes les problématiques ou les opportunités qui traitent de l'assurance. Donc tout ce qui est risque, la gestion des risques, appliquer un... Les niveaux de solvabilité sont vraiment liés avec les risques, les problématiques d'insurtech aussi, problématiques d'assurance au niveau de l'agriculture, assurance climat, qui deviennent des sujets majeurs par rapport à l'environnement dans lequel on évolue. On a vraiment un bouleversement climatique aujourd'hui, on a besoin d'assurer des agriculteurs face à ces dérèglements climatiques. L'assurance doit être un pilier dans le financement de l'économie et dans la protection de ce type d'acteurs. On parle de sujets de banque et notamment au dernier affise des sujets qui sont en lien avec l'actualité qui est compliquée aujourd'hui en termes de refinancement et de dégradation des fondamentaux des banques, notamment la hausse des créances douteuses. Et donc on a pu parler de sujets tels que la titrisation de créances, qui est vraiment un sujet qui pourrait permettre à certains acteurs de l'industrie financière d'améliorer leur profil de risque, mais aussi d'avoir une diversification de leur refinancement. Donc ça c'est des sujets qui ont été abordés. On parle également de sujets de genre, puisqu'on a des problématiques de genre. On sait qu'il y a très peu de femmes qui sont, et d'ailleurs le baromètre le dit encore, très peu de femmes qui sont au bord des entreprises. On a très peu de femmes qui sont CEO de grandes entreprises. On a beaucoup de directrices et on a beaucoup de femmes qui sont brillantes dans leurs activités. On discute de sujets aussi de marché de capitaux, donc le potentiel inexploité de l'utilisation d'instruments tels que les dérivés, les options qui permettent de couvrir contre le risque, et sur la problématique de capacité et d'éducation qui sont reliées à ces problématiques de profondeur. Donc on parle des sujets de marché de capitaux, mais aussi de la mobilisation des ressources. Et ça c'était le sujet de cette année, c'est-à-dire qu'on a des acteurs comme les assureurs, comme les caisses, les fonds qui mobilisent des ressources mais qui ne travaillent pas ensemble. Pour que cet argent ne sorte pas du continent, mais qu'il puisse être réutilisé à l'intérieur du continent pour financer des infrastructures, pour financer le climat.

  • Speaker #0

    Que ce soit productif.

  • Speaker #1

    Que ce soit productif. On parle aussi de technologie. C'est l'occasion de rassembler tous ces acteurs pour parler de crypto-monnaies, de crypto-actifs, de tokenisation des actifs. On en a parlé beaucoup, ne serait-ce qu'aux assemblées de la Banque mondiale au mois d'octobre, mais également à la FISE. qui est un potentiel, en tout cas la tokenisation inexploitée de liquidités. J'ai envie de résumer ça à de la titrisation, c'est presque le même mécanisme. Mais le mot, je pense, fait peur.

  • Speaker #0

    Token, ça fait un peu crypto,

  • Speaker #1

    bitcoin. Exactement. Et comme il y a eu des problématiques d'instabilité sur ces marchés-là, donc tout de suite, il y a une assimilation. C'est comme la titrisation. On pense tout au subprime.

  • Speaker #0

    Alors qu'il n'y a pas que ça.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas que ça. Donc, je pense que ce sont des sujets dont on a parlé. Mais on parle aussi d'intelligence artificielle qui permet quand même aujourd'hui à certains acteurs de l'industrie financière de pouvoir lutter contre la fraude, mais surtout aussi pour certains. d'avoir une personnalisation de l'offre et des produits qu'ils peuvent proposer à leur clientèle. Ce sont des éléments dont on parle à la FISE, que ce soit du côté secteur privé, mais aussi avec les régulateurs, pour qu'eux aussi comprennent les besoins des acteurs, se mettent en ligne avec eux, proposent une réglementation qui soit plus adaptée et moins stricte avec les réalités du terrain. Et on a pu voir quand même sur les dernières éditions de la FISE qu'on a des régulateurs qui sont... À l'écoute, notamment, je n'ai pas envie de faire de citations, mais je me rappelle toujours de la citation du gouverneur de la Banque centrale du Rwanda qui disait vraiment, tout ce qui était cryptoactif, voire tokenisation des actifs, sont des leviers pour l'Afrique en matière de refinancement, de liquidité, et peut-être de réadresser un win-win ou un nouveau game changer par rapport au taux auquel on se refinance aujourd'hui. Quand on peut tokeniser, on a certainement un collatéral ou une garantie qui permet d'emprunter. de garantir que si on ne rembourse pas, en tout cas, il y a un sous-jacent physique qu'on peut venir récupérer. Donc voilà, on discute de tout ça pendant deux jours et on est très contents des retombées, à l'issue de cette discussion et surtout... On se rend compte que la plupart des acteurs de l'industrie financière ont profité de la plateforme d'Affis aussi pour signer des contrats, du networking, des garanties. On a eu Ecobank et Africa Guarantee Fund qui ont signé un partenariat de garantie pour justement financer les PME, surtout les PME gérées par des femmes. Il y a eu beaucoup de contrats qui ont été signés, donc on fait du networking, on discute, on essaie d'apporter des solutions pour l'industrie financière, pour justement construire cette Afrique des services financiers capables d'être compétitifs aussi à l'échelle internationale.

  • Speaker #0

    C'est bien, c'est bien surtout si effectivement tout l'écosystème est réuni, parce qu'on considère qu'il y a quand même des acteurs qui sont plus en avance que d'autres. Quand on regarde le Kenya par exemple, en termes de réglementation pour l'ouverture à tout ce qui est fintech. Ça n'a rien à voir avec l'environnement francophone. Donc c'est pas mal que les gens se parlent sur des sujets aussi clés. Mais moi j'aimerais faire un focus sur le baromètre, ce que ça dit, quels sont les répondants, et puis qu'est-ce qu'on peut en retirer. C'est pas mal si tu peux nous donner un panorama, parce qu'il y a quand même des gens qui sont intéressés, mais qui ne vont peut-être pas aller chercher des informations.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, et merci de pouvoir me permettre de présenter le baromètre. Donc, on a adressé une trentaine de questions, principalement à des CEOs de tout notre écosystème, des banquiers, des assurances, des fintechs, des acteurs des marchés de capitaux, des régulateurs. Donc, 30 questions pour lesquelles on a obtenu des réponses au deuxième semestre 2023. Et on a également, j'ai mené quelques entretiens individuels, qu'on appelle Parole de Leader, afin d'avoir des réponses. ...un peu plus pertinentes sur certaines questions sur lesquelles on avait eu des questionnements par rapport aux réponses qu'on avait eues. Et pour avoir leur vision par rapport à ce niveau de réponse-là. Donc ce baromètre nous a permis de dresser plusieurs... point, c'est déjà le réalisme, le pragmatisme avec lequel notre industrie financière africaine, elle évolue malgré l'environnement macroéconomique compliqué, dans lequel on évolue depuis 4-5 ans, et les multiples crises qui se sont suivies depuis la Covid. Donc, elle avance avec réalisme, et puis surtout aujourd'hui, par rapport aux problématiques de liquidité qui... qui perdurent avec l'inflation, et qui ont même augmenté avec l'inflation. On est dans une meilleure gestion de tout ce qui est actif-passif, donc l'ALM. Ce sont des points sur lesquels l'industrie a décidé de se focaliser. Et en matière de gestion du capital, bien sûr, c'est corrélé. Et d'autant qu'on a vu que, clairement, les gouverneurs de banques centrales ont vraiment cette ambition d'avoir des systèmes... bancaires et des institutions financières solides. Et pour certains, comme le gouverneur de la Banque centrale de la BCAO, ont décidé de relever le niveau des fonds propres requis pour les banques de sa zone. Donc on passe de 10 milliards de francs CFA à 20 milliards, donc 30 millions d'euros, qui est un niveau assez conséquent pour certaines entités qui seront peut-être trop petites pour atteindre ces niveaux-là, mais qui, selon le gouverneur de la Banque centrale, permettra d'absorber des chocs. ...exogènes et de pouvoir pallier les problèmes de ce qu'on appelle génération en termes de capital, ces pouvoirs... booster les fonds propres au travers de la redistribution du résultat net, celle qui n'est pas distribuée aux actionnaires, notamment. On a ce pragmatisme de mieux gérer les actifs, les passifs, le capital et les risques, bien sûr. Mais qui dit gestion des risques un peu plus conservatrice, dit peut-être réduction du financement de l'économie réelle.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ce que j'allais dire. Parce que resserrer la vis, c'est un peu ce que fait le gouverneur. On peut comprendre que c'est pour donner de la crédibilité. aux acteurs locaux, mais derrière, effectivement, le financement de l'économie réelle est impacté. Donc, c'est intéressant de savoir ce que disent les CEOs de banques, qu'est-ce qu'ils ont dit de tout ça.

  • Speaker #1

    Alors, les CEOs de banques, pour en avoir discuté il n'y a pas longtemps avec certains, et puis pour avoir vu les statistiques de la zone UMOA, l'activité de crédit a ralenti, que ce soit dans le secteur privé ou public. Donc, on est vraiment, par rapport à 2022, à… un resserrement de l'activité pour ne pas impacter les portefeuilles de crédit et pour être sûr d'avoir le remboursement à échéance. Cela dit, c'est un passage obligé aujourd'hui. Il va falloir être agile. On a parlé d'agilité dans le baromètre pour continuer à avoir cette croissance ou un maintien des revenus liés à l'activité de crédit, qui est quand même l'activité principale des acteurs de la zone, en tout cas subsaharienne, même Maghreb et autres régions. Donc continuer à avoir les revenus sous-jacents à cette activité de crédit, mais également à maintenir un portefeuille de crédit sain, le plus sain possible, sans détériorer du coup sa solvabilité et sa liquidité de pari cochet. Donc oui, ils sont d'accord avec les statistiques, de toute façon les statistiques sont sorties pour 2023. C'est une tendance qui a ses impacts sur les revenus, bien sûr. Et donc la solution c'est de trouver des solutions innovantes pour continuer à financer l'économie réelle sans trop l'impacter. Donc ça c'est un des éléments du baromètre. Ensuite ce qu'on voit dans le baromètre et qui est beau, c'est les investissements dans les innovations technologiques. Tout ce qui est cloud, tout ce qui est... e-learning, tout ce qui est plateforme de training, on mise dans l'éducation un peu plus et on mise dans tout ce qui est technologie innovante. Et comme je le disais tout à l'heure, ça permet à certains organismes de lutter contre la fraude ou d'avoir une meilleure personnalisation des services qu'elle peut offrir aux clients. Donc ça, c'est important.

  • Speaker #0

    Donc le digital fait partie des priorités d'un acteur ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, ça fait partie des priorités, il était temps. Et c'est vrai que... On en parlait tout à l'heure du partage des données, de la maturité digitale. On était quand même des suiveurs. La maturité digitale a changé grâce à l'open banking ou l'open insurance. Par contre, effectivement, vous me posez la question, c'est bien d'avoir ce baromètre avec des données chiffrées. Et c'est vrai que c'est ce qui a plu à plusieurs des répondants, parce que c'est dur d'avoir... Les données, c'est très dur. Moi qui viens de... Je ne vais pas faire de comparaison, je n'aime pas ça. Mais quand on a l'habitude d'aller sur un site, pour trouver les informations rapidement, c'est vrai que là, on va à la peine. Ça Donc, il va falloir qu'on arrive de plus en plus à partager nos informations financières pour justement créer des pires groupes. créer des produits justement qui vont nous permettre de répondre à notre profondeur de marché, aux besoins des clients, sans données on ne peut rien faire en fait. Donc oui, je reste convaincue que... cette maturité digitale est en progression et ça sera vraiment un catalyseur de la transition numérique. Ça, c'est clair et net. Donc, qu'est-ce qu'on retient aussi de cette baromètre et qui est très importante ? C'est la profondeur des marchés, j'en parlais tout à l'heure, et puis surtout, on a 70% des répondants qui sont insatisfaits de la profondeur des marchés et qui est liée aux restrictions, on en parlera peut-être tout à l'heure, aux problématiques réglementaires.

  • Speaker #0

    Le fondeur de marché, juste pour les auditeurs, c'est le nombre d'acteurs qui sont capables d'interagir sur le même sujet.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et c'est très limité dans certaines... notamment en zone UMOA ?

  • Speaker #1

    Dans certaines régions, effectivement. On a des disparités. Quand on voit, il y a beaucoup plus d'acteurs dans la zone du Maghreb et en Afrique du Sud, qui sont quand même les deux premiers marchés de capitaux en Afrique. Et puis, effectivement, beaucoup moins en Afrique subsaharienne, surtout en Afrique de l'Ouest et centrale. Et oui, c'est quelque chose qu'on doit impérativement changer. On a un potentiel énorme. sur les obligations vertes et même sur tout ce qui est couverture, j'en parlais tout à l'heure, dérivés, options, qui est inexploité, c'est pas possible. Il faut que ça change. On a un manque de capacité, on a un manque d'éducation. Que ce soit du côté réglementaire, que ce soit du côté des acteurs, il faut monter en puissance sur ces instruments et sur ces sujets.

  • Speaker #0

    Et j'imagine que quelque part, c'est ce que vous plébiscitez aussi, parce que diffuser l'information, c'est aussi peut-être attirer des gens de la diaspora qui sont formés et qui peuvent venir travailler sur le continent pour aider à construire ces marchés de capitaux. C'est très excitant d'être au début de la naissance. Enfin, de la naissance, c'est déjà là, les marchés de capitaux, mais en tout cas, ça gagne à grandir. Et un des sujets aussi, là où on peut grandir, comme tu le disais. C'était tout ce qui est obligations vertes et finances vertes, finances climatiques. Est-ce que tu peux nous en dire un ou deux mots sur ce sujet-là ?

  • Speaker #1

    Ah oui, on peut en parler. Sur la finance climat et sur tout ce qui est obligations vertes, on est quand même à... L'Afrique, c'est moins de 1% des émissions. C'est pas possible. On a un potentiel inexploité sur... On est quand même un des continents où en énergie renouvelable, on est le plus riche et on n'exploite pas cette richesse. La problématique, je pense que c'est déjà... Il y a un problème d'infrastructure, encore une fois. Il y a un problème de capacité, il y a un problème aussi de projet durable. Il y en a très peu. Ok. Il y en a très peu, ou il y en a, mais il y a des processus en tout cas de validation et d'adéquation avec les investisseurs qui ne sont parfois pas en ligne. Donc ça prend du temps. J'ai même entendu qu'il y a des projets qui ont été proposés il y a cinq ans, de très beaux projets qui n'ont toujours pas vu le jour. Bonjour. Il faut que ça change, il faut renforcer tout ce qui est cadre réglementaire par rapport à... à ce type d'émissions. Et on peut devenir le leader en termes d'émissions vertes, en termes de...

  • Speaker #0

    À la finance climat.

  • Speaker #1

    On doit être les leaders. On a toutes les énergies sur le continent. On ne peut pas être dernier. Et en plus, par rapport à nos pères, par rapport à ces émissions, on paie deux fois plus que des pays notés comme...

  • Speaker #0

    De la même notation. Et on subit plus les conséquences du changement climatique.

  • Speaker #1

    Donc il y a vraiment des paradoxes sur lesquels on doit capitaliser. Et je pense que c'est le moment dans cette période un peu compliquée. C'est le moment en fait que l'Afrique, qui est pour moi la nouvelle frontière, prenne sa place de leader sur ces sujets-là. Et pour moi, un des sujets, on en parlait tout à l'heure de la dette en Afrique en 2024, c'est le finance-climat. en positionnant en leader sur ça. Et ça peut être un des... Enfin, en tout cas, les missions d'obligation vertes peuvent aider, en tout cas, dans les... À régler ça.

  • Speaker #0

    Ce qui veut dire qu'effectivement, ce qu'on disait tout à l'heure, c'est que 2024, c'est une des années charnières en termes de refinancement de certaines dettes. Il y a un mur de la dette pour certains États. Comment... refinancer ça, c'est en passant par des instruments tels que des obligations ouvertes. Et est-ce que pour toi, c'est un sujet qui est vraiment sérieusement regardé par ces acteurs-là ? Ou est-ce que oui, on comprend, mais comme on ne comprend pas vraiment tout, quelque part, ce n'est pas forcément encore bien enclenché ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est enclenché parce qu'on a quand même des États qui ont réussi à restructurer. Ça aussi, c'est une des solutions. Il y a les obligations vertes, les émissions, les obligations, oui. Il y a aussi la restructuration de la date, ce qui est arrivé pour... la zombie et le gamin. Maintenant je pense que dans la gestion de la dette dans les états, il y a un vrai ménage et effort à faire, sans entrer dans les détails, mais je pense qu'il faut commencer par ça. Et puis la solution va peut-être aussi venir des banques multilatérales qui ont toujours été là. Ça aussi c'est une solution, mais je pense qu'il faut commencer par rentrer dans nos propres problèmes de gestion de la dette déjà, et mieux appréhender cette gestion. Et puis ensuite, il y a tous les mécanismes qui permettent de la restructuration. Mais on a les solutions sur le continent.

  • Speaker #0

    On les a ? Oui. C'est bien. Et si on les a, il faut les développer. Il faut, comme tu disais tout à l'heure, développer la profondeur des marchés de capitaux. Justement, tu parlais des dérivés, etc. Comment, en fait, tu vois le sujet devenir concret ? au niveau du continent. Demain, si on veut traiter un swap, un swap de taux !

  • Speaker #1

    Moi je pense qu'on est dans une période où la gestion du risque, encore une fois, elle est capitale. Et je parlais tout à l'heure effectivement des options et des dérivés qui peuvent apporter une couverture justement sur les émissions d'obligations. C'est des choses que toi comme moi on a eu l'habitude de faire. Oui, tu viens des marchés de Québec.

  • Speaker #0

    Oui, oui, je viens des marchés.

  • Speaker #1

    On a l'habitude d'utiliser quand on était dans d'autres institutions financières et qui sont peut-être méconnues. par les acteurs en termes de gestion des risques. Donc la gestion des risques aujourd'hui, elle est clé sur le continent et surtout dans l'environnement actuel dans lequel on vit. Et je pense que ça montra en puissance au fil du temps et surtout...

  • Speaker #0

    parce qu'on aura un renforcement des capacités. et de la connaissance de ces outils, de la maîtrise de ces outils. Et on a quand même des acteurs qui, aujourd'hui, notamment les sociétés de gestion et d'intermédiation, qui oeuvrent dans la formation des acteurs sur ces sujets-là. Donc, je pense que si on a une accélération des académies, et je pense à Herbert Wingway, qui nous a quittés il n'y a pas longtemps, qui avait l'ambition de créer des pôles d'excellence. que ce soit pour les personnes professionnelles, voire même des écoles dans la finance, pour justement renforcer ces capacités-là. J'ai bon espoir que ce type d'instrument arrive. D'ailleurs, on a eu une table ronde durant la FISE sur le sujet de l'augmentation de ces produits qu'on a dit sophistiqués dans l'industrie, en tout cas du côté des marchés financiers. C'est quelque chose qui est voulu et dont on aura besoin. Il va falloir que tout le monde se mette à un niveau.

  • Speaker #1

    En tout cas, c'est bien si tu as espoir. Ça veut dire que c'est sur le bon chemin. J'ai envie de parler des risques qui sont les plus préoccupants pour l'industrie financière. Quand on parle de l'Afrique, souvent on associe l'Afrique au risque d'instabilité politique, au risque de change. Malheureusement, on le voit avec le Nigéria, on le voit avec le Ghana. On le voit dans différentes zones. Du coup, qu'est-ce que ton baromètre en dit, ou même ton expérience, tes dialogues avec les personnes qui viennent à la FISE ?

  • Speaker #0

    Alors, le baromètre dit que, justement, à cause de l'instabilité politique, tout ce qui est d'évaluation des monnaies et remontée des taux, il y a une perception de l'attractivité de l'industrie financière africaine qui est en baisse. C'est ce qui ressort. Le continent a subi plusieurs coups d'État. Ils ont eu des impacts, en tout cas sur la zone, le mois. Ça, c'est sûr, assez fort et des grosses problématiques de liquidité pour les acteurs. Et donc effectivement la perception même de l'international sur l'Afrique, sur la zone, elle a été dégradée. Après de manière générale, et ça on en a discuté l'année dernière à la FISE, la perception du risque africain a toujours été élevée. Et ce que pensent les acteurs, c'est que c'est injustifié.

  • Speaker #1

    Il y a une perception et il y a la réalité.

  • Speaker #0

    Il y a la réalité, exactement. Et elle est vraiment déconnectée, puisqu'on a quand même pas mal d'états qui n'ont jamais fait défaut. En Afrique de l'Ouest, c'est normal parce que c'est lié à l'euro. Mais globalement, on a très peu d'États qui ont été en incapacité de rembourser leurs échéances, qui ont fait défaut. Donc il y a déjà ça. Et puis la manière de noter est souvent décorrélée à la réalité du continent. Il y a aussi la problématique dans cette perception du risque. Je vais revenir sur la réglementation rapidement. puisqu'on nous a quand même imposé des ratios balois, des ratios réglementaires, des normes internationales qui ne sont pas en ligne avec les réalités du continent. Donc on nous a imposé un baltrois qui est né de la crise des subprimes, alors que l'Afrique ne tradait pas en fait.

  • Speaker #1

    Oui, les dérivés.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs qu'on cherche maintenant à rentrer dans nos opérations. Mais on nous a imposé, et la voie de l'Afrique n'est pas souvent prise en compte dans les... décision internationale. Et AFIS, justement, se veut être comme une plateforme qui donne une voix à cette Afrique lors des décisions de régulation internationale. Donc, clairement, la perception, c'est vraiment le manque d'attractivité de l'Afrique à l'international. Mais... Et puis on a aussi, qui a été combiné au retrait des acteurs internationaux.

  • Speaker #1

    Oui, Société Générale, BNP. Qu'est-ce que toi tu entrevois ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai été analyste et j'ai suivi le secteur bancaire français. Et j'ai été très surprise du retrait de Société Générale, puisqu'en 2018, sa stratégie, c'était de s'étendre en Afrique. Et puis, l'avoir se retirer depuis 2022, avec cette accélération, en 2023 et 2024, m'a vraiment surprise. Mais ça ne m'étonne pas non plus, puisque les standards de ces banques-là, en termes de réglementation et de... Les problèmes de comptabilité sont différents de la réalité de l'Afrique. On a des problèmes déjà d'harmonisation régionale, africaine. qui ne collent pas avec certaines régions, ne sont pas encore en baltroie, n'ont pas complètement implémenté baltroie, IFRS. Donc il y a quand même un décalage important. Elles sont des entités qui ont des politiques peut-être de risque un peu plus conservatrices que les autres banques de la place. Donc elles ont perdu en matière de part de marché, pour ne citer que cet élément-là. Et donc finalement, des résultats qui ne sont pas au niveau des attentes qu'elles espéraient. quand elles ont décidé d'accroître leur franchise et leur présence en Afrique. Donc ça, ça fait partie des raisons. Mais je trouve que c'est bénéfique. Au lieu d'attendre que l'orage passe, il est important que les acteurs locaux tirent profit de la sortie de ces acteurs pour justement renforcer leur franchise et leur présence dans leur région. Et devenir, comme je l'ai dit, des acteurs compétitifs régionaux, continentaux et j'espère à l'échelle internationale. Maintenant, j'espère que l'horizon court terme 2024-2025 permettra d'avoir moins de problématiques de liquidité. Il y a quand même eu des fortes hausses de taux, comme je le disais tout à l'heure, qui ont conduit à un assèchement du crédit, de la liquidité. Et un manque maintenant des acteurs pour financer l'économie réelle. Donc j'espère qu'on va avoir un... un changement, mais on est dans des années électorales, et c'est de manière internationale. Et je pense que tout le monde est un peu attentiste par rapport à ce qui va se passer. J'ai envie de souhaiter à notre industrie financière africaine une bonne résilience et de continuer à être innovante et à profiter de ce que nous apportent les nouvelles technologies, les fintechs, de capitaliser sur ça et surtout de mieux travailler ensemble. Les droits de collaboration, les assureurs qui mobilisent des ressources doivent travailler en étroits de collaboration avec les banquiers et les marchés de capitaux. Donc il faut qu'il y ait plus d'interopérabilité entre les acteurs, ça c'est important, que les réglementations s'assouplissent et soient plus en ligne avec les besoins des acteurs. et ça nous permettra de naviguer en eau trouble.

  • Speaker #1

    Un point que tu viens de mentionner, c'est que je trouve que sur le continent, les acteurs traditionnels tels que les banques et les fintechs peuvent travailler ensemble parce qu'il y a une certaine complémentarité versus en Occident où on considère qu'ils sont potentiellement concurrents. Donc c'est la voie que l'Afrique pourrait choisir. Donc, le prochain AFIS, c'est quand ?

  • Speaker #0

    La prochaine édition de l'AFIS se tiendra les 9 et 10 décembre prochains à Casablanca. Très heureux d'aller là-bas. C'est un grand hub financier qui abrite les plus grandes banques et les plus grands assureurs de la place, en tout cas du continent, et pour ne citer que eux. Et puis surtout, on a la deuxième bourse du continent, la bourse de Casablanca. Donc, on est très content d'aller là-bas puisque c'est une belle place financière. Et on espère qu'on pourra rassembler un maximum de participants et pertinents et qu'on aura de très beaux échanges durant cette quatrième édition de la FUS.

  • Speaker #1

    Super. Dernière question, si tu devais recommander quelqu'un pour un prochain épisode ?

  • Speaker #0

    Étant donné les questions actuelles de dette et de capacité de nos États à se refinancer, j'ai envie de vous recommander Ulimata Ndiaye-Diasse, qui est la directrice du Moatitre. Je pense que ça fera un très bon pont avec tout ce qu'on vient de se dire et surtout elle pourra vous donner des nouvelles fraîches de la capacité de nos États à se refinancer.

  • Speaker #1

    Super, merci beaucoup Ramatoulaï.

  • Speaker #0

    C'est moi qui vous remercie.

  • Speaker #2

    Et voilà, c'était tout pour l'épisode d'aujourd'hui de Africa's Investor Call. J'espère que vous avez apprécié les échanges que j'ai eus avec mon invité. Si c'est le cas, n'hésitez pas à laisser un commentaire sur votre plateforme d'écoute de podcast préférée et n'hésitez pas non plus à partager autour de vous avec des gens qui seraient intéressés d'en savoir plus sur l'investissement vers l'Afrique. N'hésitez pas non plus à vous rendre sur mon site internet demlen.com afin de recevoir la newsletter que j'écris deux fois par mois qui traite des sujets d'investissement vers l'Afrique et bien davantage. A très bientôt pour un prochain épisode de Africa's Vestor Call.

Description

L'AFIS, c'est le rendez-vous incontournable de la finance africaine, qui réunit près de 1000 participants à chaque édition sur le continent. C'est aussi plus que ça. C'est une mine d'information et d'analyse grâce au baromètre que l'AFIS publie régulièrement. Ramatoulaye Goudiaby, directrice de l'AFIS et experte en finance nous fait le décryptage de la dernière publication du baromètre dans cet épisode. On en profite pour parler des différentes tendances observées sur le continent : finance climat, hausse des taux, marchés financiers etc... Un condensé d'informations à écouter sans modération


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue, je suis Eriomou, vous écoutez Africa's Investor Call, le podcast de l'Afrique Business. Avant de plonger dans l'épisode d'aujourd'hui, je vous invite à cliquer sur le lien en description de l'épisode afin de vous abonner à la newsletter qui traite des sujets concernant l'Afrique qui bouge, l'Afrique qui entreprend, l'Afrique qu'on doit financer. Si vous aimez le podcast, n'hésitez pas à laisser un commentaire positif, bien sûr, et à le partager avec des gens qui seraient intéressés par le contenu. Dans l'épisode d'aujourd'hui, nous recevons une femme qui va à mille à l'heure. Il s'agit de Ramatoulae Goudiaby. Aujourd'hui, elle est directrice d'Africa Financial Summit, la FIS. qui fait partie du groupe Jeune Afrique. Avant cela, Ramatoulaï a travaillé sur plusieurs sujets, dont les marchés financiers. Elle et moi, on a beaucoup de choses en commun, vous allez voir dans l'épisode. Mais elle a également travaillé pour des compagnies d'assurance. Elle a été à différents postes au sein des banques du continent et des banques européennes. Et depuis juillet 2022, en tant que directrice de l'Afis, Ramatoulaï a une vision panoramique de ce qui se passe au sein de l'industrie financière africaine. D'ailleurs, l'Affis publie un baromètre de manière régulière et c'est l'occasion dans notre épisode d'en apprendre plus sur le dernier baromètre. Et à cette occasion, on discute des sujets du moment, qu'il s'agit de finances climatiques, de nouvelles règles comptables, d'accès au crédit pour les PME, de la fintech et de la nouvelle technologie. On parle de tout ça dans l'épisode et bien plus encore. Très bon épisode. Bonjour Amatoulaï.

  • Speaker #1

    Bonjour Eriomi.

  • Speaker #0

    Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Je vais très bien et toi ?

  • Speaker #0

    Super, je suis très contente de te recevoir sur Africa's Investor Call.

  • Speaker #1

    Le plaisir est partagé.

  • Speaker #0

    Avant de partir dans le sujet qui nous rassemble aujourd'hui, est-ce que tu peux te présenter et raconter un peu ton parcours ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr, avec plaisir. Donc, je m'appelle Amatoulaï, j'ai 43 ans. Et j'ai un parcours, comme certains disent, atypique. Je suis diplômée d'un master en langue, littérature et civilisation étrangère, en blé. Donc je me destinais à être professeure. en université. Et puis, un séjour aux États-Unis m'a fait réfléchir et m'a amenée vers des études en école de commerce. Et je me suis spécialisée en finance de marché. Exactement. Donc, vraiment...

  • Speaker #0

    À l'opposé.

  • Speaker #1

    À l'opposé. Comme j'aime bien dire. Mais mon anglais, aujourd'hui, il est essentiel et c'est mon outil de travail au quotidien. Je lis des rapports annuels en anglais. Et durant toute ma carrière professionnelle, j'ai exclusivement travaillé en anglais. Donc, ça a plus été un... un plus qu'un mois et donc du coup je n'ai pas perdu de temps. Donc j'ai un master en ingénierie financière et qui m'a permis de rentrer dans les plus grands groupes bancaires français et africains où j'ai travaillé pendant quasiment 18 ans, de société générale en passant par des groupes mutualistes comme Crédit Mutuel, en passant par AXA et en passant également par First Bank of Nigeria. Donc voilà. pour mon expérience professionnelle.

  • Speaker #0

    Super. Et au cours de ton parcours, tu as... Tu disais que tu étais spécialisée en finance de marché, c'était des métiers directement sur les finances de marché ou c'était du back office ?

  • Speaker #1

    C'est une très bonne question. Alors dès le départ, et parce qu'on nous avait conseillé ça à l'école, on nous a dit il faut avoir une bonne connaissance bilancielle. C'est très important de connaître la gestion active, passive et l'activité des institutions financières. Et donc j'ai commencé par l'analyse financière qui a été finalement une passion. Je suis passée par les différents types d'analyses. Donc on analyse action, analyse obligataire, analyse crédit. Donc j'ai fait quasiment tous les corps. Donc corporate, banque. Le seul que je n'ai pas fait, c'est l'assurance. Mais j'ai commencé par cette compréhension. Et puis très vite, on a vu chez moi une âme de vendeuse. J'étais vendeuse institutionnelle et c'est un métier qui m'a passionnée puisque j'aime le contact avec la clientèle et comprendre leurs besoins et leur proposer des produits et des services qui correspondent à leurs attentes au quotidien. C'était essentiellement sur les produits obligataires et ça m'a passionnée pendant pas mal d'années et ça me passionne encore aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Super et aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, j'ai intégré Jeune Afrique Média Group en juillet 2022. Pour diriger cette plateforme de dialogue public-privé, qui rassemble toute l'industrie financière africaine, des banquiers, des assureurs, des acteurs des marchés de capitaux, on a des bourses, des sociétés de gestion, des intermédiations, des assets managers, des fonds. et des FinTech qui participent côté privé à la construction de cette plateforme. Et côté secteur public, on a tous les acteurs, les régulateurs des assurances, des marchés de capitaux, et puis les gouverneurs de banques centrales qui viennent interagir, se discuter pendant deux jours, puisque Assise Africa Financial Industry Summit, qui est la plateforme que je dirige, à un événement physique annuel avec deux éditions à succès à l'OME au Togo et à des événements digitaux qu'on organise toute l'année pour justement discuter des opportunités, des challenges de cette industrie financière qui est quand même grande, à travers ces 54 pays en Afrique. Et on essaye d'être un catalyseur des ambitions, en tout cas en tant que plateforme, des ambitions de cette industrie financière africaine. Et on veut rester une plateforme unique en Afrique, puisque aujourd'hui, vous le savez, les banquiers jusqu'à 2021 ne se rencontraient qu'entre eux, les assureurs qu'entre eux, les marchés de capitaux, en tout cas tous les acteurs entre eux. Et puis on a réussi en deux éditions et par l'existence de cette plateforme à faire converger, à faire discuter des acteurs du secteur public et des acteurs du secteur privé. pendant deux jours et durant toute l'année sur des sujets sur lesquels on espère avoir un impact à court, moyen ou long terme.

  • Speaker #0

    Du coup vous rassemblez tout l'écosystème de manière annuelle. J'ai bien compris aussi qu'il y avait des événements digitaux. Alors si on se focalise sur cet événement annuel à l'OME, qu'est-ce qu'on y dit, qu'est-ce qui s'y passe ?

  • Speaker #1

    Justement les barrières qui sont multiples. On parle de toutes les problématiques ou les opportunités qui traitent de l'assurance. Donc tout ce qui est risque, la gestion des risques, appliquer un... Les niveaux de solvabilité sont vraiment liés avec les risques, les problématiques d'insurtech aussi, problématiques d'assurance au niveau de l'agriculture, assurance climat, qui deviennent des sujets majeurs par rapport à l'environnement dans lequel on évolue. On a vraiment un bouleversement climatique aujourd'hui, on a besoin d'assurer des agriculteurs face à ces dérèglements climatiques. L'assurance doit être un pilier dans le financement de l'économie et dans la protection de ce type d'acteurs. On parle de sujets de banque et notamment au dernier affise des sujets qui sont en lien avec l'actualité qui est compliquée aujourd'hui en termes de refinancement et de dégradation des fondamentaux des banques, notamment la hausse des créances douteuses. Et donc on a pu parler de sujets tels que la titrisation de créances, qui est vraiment un sujet qui pourrait permettre à certains acteurs de l'industrie financière d'améliorer leur profil de risque, mais aussi d'avoir une diversification de leur refinancement. Donc ça c'est des sujets qui ont été abordés. On parle également de sujets de genre, puisqu'on a des problématiques de genre. On sait qu'il y a très peu de femmes qui sont, et d'ailleurs le baromètre le dit encore, très peu de femmes qui sont au bord des entreprises. On a très peu de femmes qui sont CEO de grandes entreprises. On a beaucoup de directrices et on a beaucoup de femmes qui sont brillantes dans leurs activités. On discute de sujets aussi de marché de capitaux, donc le potentiel inexploité de l'utilisation d'instruments tels que les dérivés, les options qui permettent de couvrir contre le risque, et sur la problématique de capacité et d'éducation qui sont reliées à ces problématiques de profondeur. Donc on parle des sujets de marché de capitaux, mais aussi de la mobilisation des ressources. Et ça c'était le sujet de cette année, c'est-à-dire qu'on a des acteurs comme les assureurs, comme les caisses, les fonds qui mobilisent des ressources mais qui ne travaillent pas ensemble. Pour que cet argent ne sorte pas du continent, mais qu'il puisse être réutilisé à l'intérieur du continent pour financer des infrastructures, pour financer le climat.

  • Speaker #0

    Que ce soit productif.

  • Speaker #1

    Que ce soit productif. On parle aussi de technologie. C'est l'occasion de rassembler tous ces acteurs pour parler de crypto-monnaies, de crypto-actifs, de tokenisation des actifs. On en a parlé beaucoup, ne serait-ce qu'aux assemblées de la Banque mondiale au mois d'octobre, mais également à la FISE. qui est un potentiel, en tout cas la tokenisation inexploitée de liquidités. J'ai envie de résumer ça à de la titrisation, c'est presque le même mécanisme. Mais le mot, je pense, fait peur.

  • Speaker #0

    Token, ça fait un peu crypto,

  • Speaker #1

    bitcoin. Exactement. Et comme il y a eu des problématiques d'instabilité sur ces marchés-là, donc tout de suite, il y a une assimilation. C'est comme la titrisation. On pense tout au subprime.

  • Speaker #0

    Alors qu'il n'y a pas que ça.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas que ça. Donc, je pense que ce sont des sujets dont on a parlé. Mais on parle aussi d'intelligence artificielle qui permet quand même aujourd'hui à certains acteurs de l'industrie financière de pouvoir lutter contre la fraude, mais surtout aussi pour certains. d'avoir une personnalisation de l'offre et des produits qu'ils peuvent proposer à leur clientèle. Ce sont des éléments dont on parle à la FISE, que ce soit du côté secteur privé, mais aussi avec les régulateurs, pour qu'eux aussi comprennent les besoins des acteurs, se mettent en ligne avec eux, proposent une réglementation qui soit plus adaptée et moins stricte avec les réalités du terrain. Et on a pu voir quand même sur les dernières éditions de la FISE qu'on a des régulateurs qui sont... À l'écoute, notamment, je n'ai pas envie de faire de citations, mais je me rappelle toujours de la citation du gouverneur de la Banque centrale du Rwanda qui disait vraiment, tout ce qui était cryptoactif, voire tokenisation des actifs, sont des leviers pour l'Afrique en matière de refinancement, de liquidité, et peut-être de réadresser un win-win ou un nouveau game changer par rapport au taux auquel on se refinance aujourd'hui. Quand on peut tokeniser, on a certainement un collatéral ou une garantie qui permet d'emprunter. de garantir que si on ne rembourse pas, en tout cas, il y a un sous-jacent physique qu'on peut venir récupérer. Donc voilà, on discute de tout ça pendant deux jours et on est très contents des retombées, à l'issue de cette discussion et surtout... On se rend compte que la plupart des acteurs de l'industrie financière ont profité de la plateforme d'Affis aussi pour signer des contrats, du networking, des garanties. On a eu Ecobank et Africa Guarantee Fund qui ont signé un partenariat de garantie pour justement financer les PME, surtout les PME gérées par des femmes. Il y a eu beaucoup de contrats qui ont été signés, donc on fait du networking, on discute, on essaie d'apporter des solutions pour l'industrie financière, pour justement construire cette Afrique des services financiers capables d'être compétitifs aussi à l'échelle internationale.

  • Speaker #0

    C'est bien, c'est bien surtout si effectivement tout l'écosystème est réuni, parce qu'on considère qu'il y a quand même des acteurs qui sont plus en avance que d'autres. Quand on regarde le Kenya par exemple, en termes de réglementation pour l'ouverture à tout ce qui est fintech. Ça n'a rien à voir avec l'environnement francophone. Donc c'est pas mal que les gens se parlent sur des sujets aussi clés. Mais moi j'aimerais faire un focus sur le baromètre, ce que ça dit, quels sont les répondants, et puis qu'est-ce qu'on peut en retirer. C'est pas mal si tu peux nous donner un panorama, parce qu'il y a quand même des gens qui sont intéressés, mais qui ne vont peut-être pas aller chercher des informations.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, et merci de pouvoir me permettre de présenter le baromètre. Donc, on a adressé une trentaine de questions, principalement à des CEOs de tout notre écosystème, des banquiers, des assurances, des fintechs, des acteurs des marchés de capitaux, des régulateurs. Donc, 30 questions pour lesquelles on a obtenu des réponses au deuxième semestre 2023. Et on a également, j'ai mené quelques entretiens individuels, qu'on appelle Parole de Leader, afin d'avoir des réponses. ...un peu plus pertinentes sur certaines questions sur lesquelles on avait eu des questionnements par rapport aux réponses qu'on avait eues. Et pour avoir leur vision par rapport à ce niveau de réponse-là. Donc ce baromètre nous a permis de dresser plusieurs... point, c'est déjà le réalisme, le pragmatisme avec lequel notre industrie financière africaine, elle évolue malgré l'environnement macroéconomique compliqué, dans lequel on évolue depuis 4-5 ans, et les multiples crises qui se sont suivies depuis la Covid. Donc, elle avance avec réalisme, et puis surtout aujourd'hui, par rapport aux problématiques de liquidité qui... qui perdurent avec l'inflation, et qui ont même augmenté avec l'inflation. On est dans une meilleure gestion de tout ce qui est actif-passif, donc l'ALM. Ce sont des points sur lesquels l'industrie a décidé de se focaliser. Et en matière de gestion du capital, bien sûr, c'est corrélé. Et d'autant qu'on a vu que, clairement, les gouverneurs de banques centrales ont vraiment cette ambition d'avoir des systèmes... bancaires et des institutions financières solides. Et pour certains, comme le gouverneur de la Banque centrale de la BCAO, ont décidé de relever le niveau des fonds propres requis pour les banques de sa zone. Donc on passe de 10 milliards de francs CFA à 20 milliards, donc 30 millions d'euros, qui est un niveau assez conséquent pour certaines entités qui seront peut-être trop petites pour atteindre ces niveaux-là, mais qui, selon le gouverneur de la Banque centrale, permettra d'absorber des chocs. ...exogènes et de pouvoir pallier les problèmes de ce qu'on appelle génération en termes de capital, ces pouvoirs... booster les fonds propres au travers de la redistribution du résultat net, celle qui n'est pas distribuée aux actionnaires, notamment. On a ce pragmatisme de mieux gérer les actifs, les passifs, le capital et les risques, bien sûr. Mais qui dit gestion des risques un peu plus conservatrice, dit peut-être réduction du financement de l'économie réelle.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ce que j'allais dire. Parce que resserrer la vis, c'est un peu ce que fait le gouverneur. On peut comprendre que c'est pour donner de la crédibilité. aux acteurs locaux, mais derrière, effectivement, le financement de l'économie réelle est impacté. Donc, c'est intéressant de savoir ce que disent les CEOs de banques, qu'est-ce qu'ils ont dit de tout ça.

  • Speaker #1

    Alors, les CEOs de banques, pour en avoir discuté il n'y a pas longtemps avec certains, et puis pour avoir vu les statistiques de la zone UMOA, l'activité de crédit a ralenti, que ce soit dans le secteur privé ou public. Donc, on est vraiment, par rapport à 2022, à… un resserrement de l'activité pour ne pas impacter les portefeuilles de crédit et pour être sûr d'avoir le remboursement à échéance. Cela dit, c'est un passage obligé aujourd'hui. Il va falloir être agile. On a parlé d'agilité dans le baromètre pour continuer à avoir cette croissance ou un maintien des revenus liés à l'activité de crédit, qui est quand même l'activité principale des acteurs de la zone, en tout cas subsaharienne, même Maghreb et autres régions. Donc continuer à avoir les revenus sous-jacents à cette activité de crédit, mais également à maintenir un portefeuille de crédit sain, le plus sain possible, sans détériorer du coup sa solvabilité et sa liquidité de pari cochet. Donc oui, ils sont d'accord avec les statistiques, de toute façon les statistiques sont sorties pour 2023. C'est une tendance qui a ses impacts sur les revenus, bien sûr. Et donc la solution c'est de trouver des solutions innovantes pour continuer à financer l'économie réelle sans trop l'impacter. Donc ça c'est un des éléments du baromètre. Ensuite ce qu'on voit dans le baromètre et qui est beau, c'est les investissements dans les innovations technologiques. Tout ce qui est cloud, tout ce qui est... e-learning, tout ce qui est plateforme de training, on mise dans l'éducation un peu plus et on mise dans tout ce qui est technologie innovante. Et comme je le disais tout à l'heure, ça permet à certains organismes de lutter contre la fraude ou d'avoir une meilleure personnalisation des services qu'elle peut offrir aux clients. Donc ça, c'est important.

  • Speaker #0

    Donc le digital fait partie des priorités d'un acteur ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, ça fait partie des priorités, il était temps. Et c'est vrai que... On en parlait tout à l'heure du partage des données, de la maturité digitale. On était quand même des suiveurs. La maturité digitale a changé grâce à l'open banking ou l'open insurance. Par contre, effectivement, vous me posez la question, c'est bien d'avoir ce baromètre avec des données chiffrées. Et c'est vrai que c'est ce qui a plu à plusieurs des répondants, parce que c'est dur d'avoir... Les données, c'est très dur. Moi qui viens de... Je ne vais pas faire de comparaison, je n'aime pas ça. Mais quand on a l'habitude d'aller sur un site, pour trouver les informations rapidement, c'est vrai que là, on va à la peine. Ça Donc, il va falloir qu'on arrive de plus en plus à partager nos informations financières pour justement créer des pires groupes. créer des produits justement qui vont nous permettre de répondre à notre profondeur de marché, aux besoins des clients, sans données on ne peut rien faire en fait. Donc oui, je reste convaincue que... cette maturité digitale est en progression et ça sera vraiment un catalyseur de la transition numérique. Ça, c'est clair et net. Donc, qu'est-ce qu'on retient aussi de cette baromètre et qui est très importante ? C'est la profondeur des marchés, j'en parlais tout à l'heure, et puis surtout, on a 70% des répondants qui sont insatisfaits de la profondeur des marchés et qui est liée aux restrictions, on en parlera peut-être tout à l'heure, aux problématiques réglementaires.

  • Speaker #0

    Le fondeur de marché, juste pour les auditeurs, c'est le nombre d'acteurs qui sont capables d'interagir sur le même sujet.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et c'est très limité dans certaines... notamment en zone UMOA ?

  • Speaker #1

    Dans certaines régions, effectivement. On a des disparités. Quand on voit, il y a beaucoup plus d'acteurs dans la zone du Maghreb et en Afrique du Sud, qui sont quand même les deux premiers marchés de capitaux en Afrique. Et puis, effectivement, beaucoup moins en Afrique subsaharienne, surtout en Afrique de l'Ouest et centrale. Et oui, c'est quelque chose qu'on doit impérativement changer. On a un potentiel énorme. sur les obligations vertes et même sur tout ce qui est couverture, j'en parlais tout à l'heure, dérivés, options, qui est inexploité, c'est pas possible. Il faut que ça change. On a un manque de capacité, on a un manque d'éducation. Que ce soit du côté réglementaire, que ce soit du côté des acteurs, il faut monter en puissance sur ces instruments et sur ces sujets.

  • Speaker #0

    Et j'imagine que quelque part, c'est ce que vous plébiscitez aussi, parce que diffuser l'information, c'est aussi peut-être attirer des gens de la diaspora qui sont formés et qui peuvent venir travailler sur le continent pour aider à construire ces marchés de capitaux. C'est très excitant d'être au début de la naissance. Enfin, de la naissance, c'est déjà là, les marchés de capitaux, mais en tout cas, ça gagne à grandir. Et un des sujets aussi, là où on peut grandir, comme tu le disais. C'était tout ce qui est obligations vertes et finances vertes, finances climatiques. Est-ce que tu peux nous en dire un ou deux mots sur ce sujet-là ?

  • Speaker #1

    Ah oui, on peut en parler. Sur la finance climat et sur tout ce qui est obligations vertes, on est quand même à... L'Afrique, c'est moins de 1% des émissions. C'est pas possible. On a un potentiel inexploité sur... On est quand même un des continents où en énergie renouvelable, on est le plus riche et on n'exploite pas cette richesse. La problématique, je pense que c'est déjà... Il y a un problème d'infrastructure, encore une fois. Il y a un problème de capacité, il y a un problème aussi de projet durable. Il y en a très peu. Ok. Il y en a très peu, ou il y en a, mais il y a des processus en tout cas de validation et d'adéquation avec les investisseurs qui ne sont parfois pas en ligne. Donc ça prend du temps. J'ai même entendu qu'il y a des projets qui ont été proposés il y a cinq ans, de très beaux projets qui n'ont toujours pas vu le jour. Bonjour. Il faut que ça change, il faut renforcer tout ce qui est cadre réglementaire par rapport à... à ce type d'émissions. Et on peut devenir le leader en termes d'émissions vertes, en termes de...

  • Speaker #0

    À la finance climat.

  • Speaker #1

    On doit être les leaders. On a toutes les énergies sur le continent. On ne peut pas être dernier. Et en plus, par rapport à nos pères, par rapport à ces émissions, on paie deux fois plus que des pays notés comme...

  • Speaker #0

    De la même notation. Et on subit plus les conséquences du changement climatique.

  • Speaker #1

    Donc il y a vraiment des paradoxes sur lesquels on doit capitaliser. Et je pense que c'est le moment dans cette période un peu compliquée. C'est le moment en fait que l'Afrique, qui est pour moi la nouvelle frontière, prenne sa place de leader sur ces sujets-là. Et pour moi, un des sujets, on en parlait tout à l'heure de la dette en Afrique en 2024, c'est le finance-climat. en positionnant en leader sur ça. Et ça peut être un des... Enfin, en tout cas, les missions d'obligation vertes peuvent aider, en tout cas, dans les... À régler ça.

  • Speaker #0

    Ce qui veut dire qu'effectivement, ce qu'on disait tout à l'heure, c'est que 2024, c'est une des années charnières en termes de refinancement de certaines dettes. Il y a un mur de la dette pour certains États. Comment... refinancer ça, c'est en passant par des instruments tels que des obligations ouvertes. Et est-ce que pour toi, c'est un sujet qui est vraiment sérieusement regardé par ces acteurs-là ? Ou est-ce que oui, on comprend, mais comme on ne comprend pas vraiment tout, quelque part, ce n'est pas forcément encore bien enclenché ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est enclenché parce qu'on a quand même des États qui ont réussi à restructurer. Ça aussi, c'est une des solutions. Il y a les obligations vertes, les émissions, les obligations, oui. Il y a aussi la restructuration de la date, ce qui est arrivé pour... la zombie et le gamin. Maintenant je pense que dans la gestion de la dette dans les états, il y a un vrai ménage et effort à faire, sans entrer dans les détails, mais je pense qu'il faut commencer par ça. Et puis la solution va peut-être aussi venir des banques multilatérales qui ont toujours été là. Ça aussi c'est une solution, mais je pense qu'il faut commencer par rentrer dans nos propres problèmes de gestion de la dette déjà, et mieux appréhender cette gestion. Et puis ensuite, il y a tous les mécanismes qui permettent de la restructuration. Mais on a les solutions sur le continent.

  • Speaker #0

    On les a ? Oui. C'est bien. Et si on les a, il faut les développer. Il faut, comme tu disais tout à l'heure, développer la profondeur des marchés de capitaux. Justement, tu parlais des dérivés, etc. Comment, en fait, tu vois le sujet devenir concret ? au niveau du continent. Demain, si on veut traiter un swap, un swap de taux !

  • Speaker #1

    Moi je pense qu'on est dans une période où la gestion du risque, encore une fois, elle est capitale. Et je parlais tout à l'heure effectivement des options et des dérivés qui peuvent apporter une couverture justement sur les émissions d'obligations. C'est des choses que toi comme moi on a eu l'habitude de faire. Oui, tu viens des marchés de Québec.

  • Speaker #0

    Oui, oui, je viens des marchés.

  • Speaker #1

    On a l'habitude d'utiliser quand on était dans d'autres institutions financières et qui sont peut-être méconnues. par les acteurs en termes de gestion des risques. Donc la gestion des risques aujourd'hui, elle est clé sur le continent et surtout dans l'environnement actuel dans lequel on vit. Et je pense que ça montra en puissance au fil du temps et surtout...

  • Speaker #0

    parce qu'on aura un renforcement des capacités. et de la connaissance de ces outils, de la maîtrise de ces outils. Et on a quand même des acteurs qui, aujourd'hui, notamment les sociétés de gestion et d'intermédiation, qui oeuvrent dans la formation des acteurs sur ces sujets-là. Donc, je pense que si on a une accélération des académies, et je pense à Herbert Wingway, qui nous a quittés il n'y a pas longtemps, qui avait l'ambition de créer des pôles d'excellence. que ce soit pour les personnes professionnelles, voire même des écoles dans la finance, pour justement renforcer ces capacités-là. J'ai bon espoir que ce type d'instrument arrive. D'ailleurs, on a eu une table ronde durant la FISE sur le sujet de l'augmentation de ces produits qu'on a dit sophistiqués dans l'industrie, en tout cas du côté des marchés financiers. C'est quelque chose qui est voulu et dont on aura besoin. Il va falloir que tout le monde se mette à un niveau.

  • Speaker #1

    En tout cas, c'est bien si tu as espoir. Ça veut dire que c'est sur le bon chemin. J'ai envie de parler des risques qui sont les plus préoccupants pour l'industrie financière. Quand on parle de l'Afrique, souvent on associe l'Afrique au risque d'instabilité politique, au risque de change. Malheureusement, on le voit avec le Nigéria, on le voit avec le Ghana. On le voit dans différentes zones. Du coup, qu'est-ce que ton baromètre en dit, ou même ton expérience, tes dialogues avec les personnes qui viennent à la FISE ?

  • Speaker #0

    Alors, le baromètre dit que, justement, à cause de l'instabilité politique, tout ce qui est d'évaluation des monnaies et remontée des taux, il y a une perception de l'attractivité de l'industrie financière africaine qui est en baisse. C'est ce qui ressort. Le continent a subi plusieurs coups d'État. Ils ont eu des impacts, en tout cas sur la zone, le mois. Ça, c'est sûr, assez fort et des grosses problématiques de liquidité pour les acteurs. Et donc effectivement la perception même de l'international sur l'Afrique, sur la zone, elle a été dégradée. Après de manière générale, et ça on en a discuté l'année dernière à la FISE, la perception du risque africain a toujours été élevée. Et ce que pensent les acteurs, c'est que c'est injustifié.

  • Speaker #1

    Il y a une perception et il y a la réalité.

  • Speaker #0

    Il y a la réalité, exactement. Et elle est vraiment déconnectée, puisqu'on a quand même pas mal d'états qui n'ont jamais fait défaut. En Afrique de l'Ouest, c'est normal parce que c'est lié à l'euro. Mais globalement, on a très peu d'États qui ont été en incapacité de rembourser leurs échéances, qui ont fait défaut. Donc il y a déjà ça. Et puis la manière de noter est souvent décorrélée à la réalité du continent. Il y a aussi la problématique dans cette perception du risque. Je vais revenir sur la réglementation rapidement. puisqu'on nous a quand même imposé des ratios balois, des ratios réglementaires, des normes internationales qui ne sont pas en ligne avec les réalités du continent. Donc on nous a imposé un baltrois qui est né de la crise des subprimes, alors que l'Afrique ne tradait pas en fait.

  • Speaker #1

    Oui, les dérivés.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs qu'on cherche maintenant à rentrer dans nos opérations. Mais on nous a imposé, et la voie de l'Afrique n'est pas souvent prise en compte dans les... décision internationale. Et AFIS, justement, se veut être comme une plateforme qui donne une voix à cette Afrique lors des décisions de régulation internationale. Donc, clairement, la perception, c'est vraiment le manque d'attractivité de l'Afrique à l'international. Mais... Et puis on a aussi, qui a été combiné au retrait des acteurs internationaux.

  • Speaker #1

    Oui, Société Générale, BNP. Qu'est-ce que toi tu entrevois ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai été analyste et j'ai suivi le secteur bancaire français. Et j'ai été très surprise du retrait de Société Générale, puisqu'en 2018, sa stratégie, c'était de s'étendre en Afrique. Et puis, l'avoir se retirer depuis 2022, avec cette accélération, en 2023 et 2024, m'a vraiment surprise. Mais ça ne m'étonne pas non plus, puisque les standards de ces banques-là, en termes de réglementation et de... Les problèmes de comptabilité sont différents de la réalité de l'Afrique. On a des problèmes déjà d'harmonisation régionale, africaine. qui ne collent pas avec certaines régions, ne sont pas encore en baltroie, n'ont pas complètement implémenté baltroie, IFRS. Donc il y a quand même un décalage important. Elles sont des entités qui ont des politiques peut-être de risque un peu plus conservatrices que les autres banques de la place. Donc elles ont perdu en matière de part de marché, pour ne citer que cet élément-là. Et donc finalement, des résultats qui ne sont pas au niveau des attentes qu'elles espéraient. quand elles ont décidé d'accroître leur franchise et leur présence en Afrique. Donc ça, ça fait partie des raisons. Mais je trouve que c'est bénéfique. Au lieu d'attendre que l'orage passe, il est important que les acteurs locaux tirent profit de la sortie de ces acteurs pour justement renforcer leur franchise et leur présence dans leur région. Et devenir, comme je l'ai dit, des acteurs compétitifs régionaux, continentaux et j'espère à l'échelle internationale. Maintenant, j'espère que l'horizon court terme 2024-2025 permettra d'avoir moins de problématiques de liquidité. Il y a quand même eu des fortes hausses de taux, comme je le disais tout à l'heure, qui ont conduit à un assèchement du crédit, de la liquidité. Et un manque maintenant des acteurs pour financer l'économie réelle. Donc j'espère qu'on va avoir un... un changement, mais on est dans des années électorales, et c'est de manière internationale. Et je pense que tout le monde est un peu attentiste par rapport à ce qui va se passer. J'ai envie de souhaiter à notre industrie financière africaine une bonne résilience et de continuer à être innovante et à profiter de ce que nous apportent les nouvelles technologies, les fintechs, de capitaliser sur ça et surtout de mieux travailler ensemble. Les droits de collaboration, les assureurs qui mobilisent des ressources doivent travailler en étroits de collaboration avec les banquiers et les marchés de capitaux. Donc il faut qu'il y ait plus d'interopérabilité entre les acteurs, ça c'est important, que les réglementations s'assouplissent et soient plus en ligne avec les besoins des acteurs. et ça nous permettra de naviguer en eau trouble.

  • Speaker #1

    Un point que tu viens de mentionner, c'est que je trouve que sur le continent, les acteurs traditionnels tels que les banques et les fintechs peuvent travailler ensemble parce qu'il y a une certaine complémentarité versus en Occident où on considère qu'ils sont potentiellement concurrents. Donc c'est la voie que l'Afrique pourrait choisir. Donc, le prochain AFIS, c'est quand ?

  • Speaker #0

    La prochaine édition de l'AFIS se tiendra les 9 et 10 décembre prochains à Casablanca. Très heureux d'aller là-bas. C'est un grand hub financier qui abrite les plus grandes banques et les plus grands assureurs de la place, en tout cas du continent, et pour ne citer que eux. Et puis surtout, on a la deuxième bourse du continent, la bourse de Casablanca. Donc, on est très content d'aller là-bas puisque c'est une belle place financière. Et on espère qu'on pourra rassembler un maximum de participants et pertinents et qu'on aura de très beaux échanges durant cette quatrième édition de la FUS.

  • Speaker #1

    Super. Dernière question, si tu devais recommander quelqu'un pour un prochain épisode ?

  • Speaker #0

    Étant donné les questions actuelles de dette et de capacité de nos États à se refinancer, j'ai envie de vous recommander Ulimata Ndiaye-Diasse, qui est la directrice du Moatitre. Je pense que ça fera un très bon pont avec tout ce qu'on vient de se dire et surtout elle pourra vous donner des nouvelles fraîches de la capacité de nos États à se refinancer.

  • Speaker #1

    Super, merci beaucoup Ramatoulaï.

  • Speaker #0

    C'est moi qui vous remercie.

  • Speaker #2

    Et voilà, c'était tout pour l'épisode d'aujourd'hui de Africa's Investor Call. J'espère que vous avez apprécié les échanges que j'ai eus avec mon invité. Si c'est le cas, n'hésitez pas à laisser un commentaire sur votre plateforme d'écoute de podcast préférée et n'hésitez pas non plus à partager autour de vous avec des gens qui seraient intéressés d'en savoir plus sur l'investissement vers l'Afrique. N'hésitez pas non plus à vous rendre sur mon site internet demlen.com afin de recevoir la newsletter que j'écris deux fois par mois qui traite des sujets d'investissement vers l'Afrique et bien davantage. A très bientôt pour un prochain épisode de Africa's Vestor Call.

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Description

L'AFIS, c'est le rendez-vous incontournable de la finance africaine, qui réunit près de 1000 participants à chaque édition sur le continent. C'est aussi plus que ça. C'est une mine d'information et d'analyse grâce au baromètre que l'AFIS publie régulièrement. Ramatoulaye Goudiaby, directrice de l'AFIS et experte en finance nous fait le décryptage de la dernière publication du baromètre dans cet épisode. On en profite pour parler des différentes tendances observées sur le continent : finance climat, hausse des taux, marchés financiers etc... Un condensé d'informations à écouter sans modération


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue, je suis Eriomou, vous écoutez Africa's Investor Call, le podcast de l'Afrique Business. Avant de plonger dans l'épisode d'aujourd'hui, je vous invite à cliquer sur le lien en description de l'épisode afin de vous abonner à la newsletter qui traite des sujets concernant l'Afrique qui bouge, l'Afrique qui entreprend, l'Afrique qu'on doit financer. Si vous aimez le podcast, n'hésitez pas à laisser un commentaire positif, bien sûr, et à le partager avec des gens qui seraient intéressés par le contenu. Dans l'épisode d'aujourd'hui, nous recevons une femme qui va à mille à l'heure. Il s'agit de Ramatoulae Goudiaby. Aujourd'hui, elle est directrice d'Africa Financial Summit, la FIS. qui fait partie du groupe Jeune Afrique. Avant cela, Ramatoulaï a travaillé sur plusieurs sujets, dont les marchés financiers. Elle et moi, on a beaucoup de choses en commun, vous allez voir dans l'épisode. Mais elle a également travaillé pour des compagnies d'assurance. Elle a été à différents postes au sein des banques du continent et des banques européennes. Et depuis juillet 2022, en tant que directrice de l'Afis, Ramatoulaï a une vision panoramique de ce qui se passe au sein de l'industrie financière africaine. D'ailleurs, l'Affis publie un baromètre de manière régulière et c'est l'occasion dans notre épisode d'en apprendre plus sur le dernier baromètre. Et à cette occasion, on discute des sujets du moment, qu'il s'agit de finances climatiques, de nouvelles règles comptables, d'accès au crédit pour les PME, de la fintech et de la nouvelle technologie. On parle de tout ça dans l'épisode et bien plus encore. Très bon épisode. Bonjour Amatoulaï.

  • Speaker #1

    Bonjour Eriomi.

  • Speaker #0

    Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Je vais très bien et toi ?

  • Speaker #0

    Super, je suis très contente de te recevoir sur Africa's Investor Call.

  • Speaker #1

    Le plaisir est partagé.

  • Speaker #0

    Avant de partir dans le sujet qui nous rassemble aujourd'hui, est-ce que tu peux te présenter et raconter un peu ton parcours ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr, avec plaisir. Donc, je m'appelle Amatoulaï, j'ai 43 ans. Et j'ai un parcours, comme certains disent, atypique. Je suis diplômée d'un master en langue, littérature et civilisation étrangère, en blé. Donc je me destinais à être professeure. en université. Et puis, un séjour aux États-Unis m'a fait réfléchir et m'a amenée vers des études en école de commerce. Et je me suis spécialisée en finance de marché. Exactement. Donc, vraiment...

  • Speaker #0

    À l'opposé.

  • Speaker #1

    À l'opposé. Comme j'aime bien dire. Mais mon anglais, aujourd'hui, il est essentiel et c'est mon outil de travail au quotidien. Je lis des rapports annuels en anglais. Et durant toute ma carrière professionnelle, j'ai exclusivement travaillé en anglais. Donc, ça a plus été un... un plus qu'un mois et donc du coup je n'ai pas perdu de temps. Donc j'ai un master en ingénierie financière et qui m'a permis de rentrer dans les plus grands groupes bancaires français et africains où j'ai travaillé pendant quasiment 18 ans, de société générale en passant par des groupes mutualistes comme Crédit Mutuel, en passant par AXA et en passant également par First Bank of Nigeria. Donc voilà. pour mon expérience professionnelle.

  • Speaker #0

    Super. Et au cours de ton parcours, tu as... Tu disais que tu étais spécialisée en finance de marché, c'était des métiers directement sur les finances de marché ou c'était du back office ?

  • Speaker #1

    C'est une très bonne question. Alors dès le départ, et parce qu'on nous avait conseillé ça à l'école, on nous a dit il faut avoir une bonne connaissance bilancielle. C'est très important de connaître la gestion active, passive et l'activité des institutions financières. Et donc j'ai commencé par l'analyse financière qui a été finalement une passion. Je suis passée par les différents types d'analyses. Donc on analyse action, analyse obligataire, analyse crédit. Donc j'ai fait quasiment tous les corps. Donc corporate, banque. Le seul que je n'ai pas fait, c'est l'assurance. Mais j'ai commencé par cette compréhension. Et puis très vite, on a vu chez moi une âme de vendeuse. J'étais vendeuse institutionnelle et c'est un métier qui m'a passionnée puisque j'aime le contact avec la clientèle et comprendre leurs besoins et leur proposer des produits et des services qui correspondent à leurs attentes au quotidien. C'était essentiellement sur les produits obligataires et ça m'a passionnée pendant pas mal d'années et ça me passionne encore aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Super et aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, j'ai intégré Jeune Afrique Média Group en juillet 2022. Pour diriger cette plateforme de dialogue public-privé, qui rassemble toute l'industrie financière africaine, des banquiers, des assureurs, des acteurs des marchés de capitaux, on a des bourses, des sociétés de gestion, des intermédiations, des assets managers, des fonds. et des FinTech qui participent côté privé à la construction de cette plateforme. Et côté secteur public, on a tous les acteurs, les régulateurs des assurances, des marchés de capitaux, et puis les gouverneurs de banques centrales qui viennent interagir, se discuter pendant deux jours, puisque Assise Africa Financial Industry Summit, qui est la plateforme que je dirige, à un événement physique annuel avec deux éditions à succès à l'OME au Togo et à des événements digitaux qu'on organise toute l'année pour justement discuter des opportunités, des challenges de cette industrie financière qui est quand même grande, à travers ces 54 pays en Afrique. Et on essaye d'être un catalyseur des ambitions, en tout cas en tant que plateforme, des ambitions de cette industrie financière africaine. Et on veut rester une plateforme unique en Afrique, puisque aujourd'hui, vous le savez, les banquiers jusqu'à 2021 ne se rencontraient qu'entre eux, les assureurs qu'entre eux, les marchés de capitaux, en tout cas tous les acteurs entre eux. Et puis on a réussi en deux éditions et par l'existence de cette plateforme à faire converger, à faire discuter des acteurs du secteur public et des acteurs du secteur privé. pendant deux jours et durant toute l'année sur des sujets sur lesquels on espère avoir un impact à court, moyen ou long terme.

  • Speaker #0

    Du coup vous rassemblez tout l'écosystème de manière annuelle. J'ai bien compris aussi qu'il y avait des événements digitaux. Alors si on se focalise sur cet événement annuel à l'OME, qu'est-ce qu'on y dit, qu'est-ce qui s'y passe ?

  • Speaker #1

    Justement les barrières qui sont multiples. On parle de toutes les problématiques ou les opportunités qui traitent de l'assurance. Donc tout ce qui est risque, la gestion des risques, appliquer un... Les niveaux de solvabilité sont vraiment liés avec les risques, les problématiques d'insurtech aussi, problématiques d'assurance au niveau de l'agriculture, assurance climat, qui deviennent des sujets majeurs par rapport à l'environnement dans lequel on évolue. On a vraiment un bouleversement climatique aujourd'hui, on a besoin d'assurer des agriculteurs face à ces dérèglements climatiques. L'assurance doit être un pilier dans le financement de l'économie et dans la protection de ce type d'acteurs. On parle de sujets de banque et notamment au dernier affise des sujets qui sont en lien avec l'actualité qui est compliquée aujourd'hui en termes de refinancement et de dégradation des fondamentaux des banques, notamment la hausse des créances douteuses. Et donc on a pu parler de sujets tels que la titrisation de créances, qui est vraiment un sujet qui pourrait permettre à certains acteurs de l'industrie financière d'améliorer leur profil de risque, mais aussi d'avoir une diversification de leur refinancement. Donc ça c'est des sujets qui ont été abordés. On parle également de sujets de genre, puisqu'on a des problématiques de genre. On sait qu'il y a très peu de femmes qui sont, et d'ailleurs le baromètre le dit encore, très peu de femmes qui sont au bord des entreprises. On a très peu de femmes qui sont CEO de grandes entreprises. On a beaucoup de directrices et on a beaucoup de femmes qui sont brillantes dans leurs activités. On discute de sujets aussi de marché de capitaux, donc le potentiel inexploité de l'utilisation d'instruments tels que les dérivés, les options qui permettent de couvrir contre le risque, et sur la problématique de capacité et d'éducation qui sont reliées à ces problématiques de profondeur. Donc on parle des sujets de marché de capitaux, mais aussi de la mobilisation des ressources. Et ça c'était le sujet de cette année, c'est-à-dire qu'on a des acteurs comme les assureurs, comme les caisses, les fonds qui mobilisent des ressources mais qui ne travaillent pas ensemble. Pour que cet argent ne sorte pas du continent, mais qu'il puisse être réutilisé à l'intérieur du continent pour financer des infrastructures, pour financer le climat.

  • Speaker #0

    Que ce soit productif.

  • Speaker #1

    Que ce soit productif. On parle aussi de technologie. C'est l'occasion de rassembler tous ces acteurs pour parler de crypto-monnaies, de crypto-actifs, de tokenisation des actifs. On en a parlé beaucoup, ne serait-ce qu'aux assemblées de la Banque mondiale au mois d'octobre, mais également à la FISE. qui est un potentiel, en tout cas la tokenisation inexploitée de liquidités. J'ai envie de résumer ça à de la titrisation, c'est presque le même mécanisme. Mais le mot, je pense, fait peur.

  • Speaker #0

    Token, ça fait un peu crypto,

  • Speaker #1

    bitcoin. Exactement. Et comme il y a eu des problématiques d'instabilité sur ces marchés-là, donc tout de suite, il y a une assimilation. C'est comme la titrisation. On pense tout au subprime.

  • Speaker #0

    Alors qu'il n'y a pas que ça.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas que ça. Donc, je pense que ce sont des sujets dont on a parlé. Mais on parle aussi d'intelligence artificielle qui permet quand même aujourd'hui à certains acteurs de l'industrie financière de pouvoir lutter contre la fraude, mais surtout aussi pour certains. d'avoir une personnalisation de l'offre et des produits qu'ils peuvent proposer à leur clientèle. Ce sont des éléments dont on parle à la FISE, que ce soit du côté secteur privé, mais aussi avec les régulateurs, pour qu'eux aussi comprennent les besoins des acteurs, se mettent en ligne avec eux, proposent une réglementation qui soit plus adaptée et moins stricte avec les réalités du terrain. Et on a pu voir quand même sur les dernières éditions de la FISE qu'on a des régulateurs qui sont... À l'écoute, notamment, je n'ai pas envie de faire de citations, mais je me rappelle toujours de la citation du gouverneur de la Banque centrale du Rwanda qui disait vraiment, tout ce qui était cryptoactif, voire tokenisation des actifs, sont des leviers pour l'Afrique en matière de refinancement, de liquidité, et peut-être de réadresser un win-win ou un nouveau game changer par rapport au taux auquel on se refinance aujourd'hui. Quand on peut tokeniser, on a certainement un collatéral ou une garantie qui permet d'emprunter. de garantir que si on ne rembourse pas, en tout cas, il y a un sous-jacent physique qu'on peut venir récupérer. Donc voilà, on discute de tout ça pendant deux jours et on est très contents des retombées, à l'issue de cette discussion et surtout... On se rend compte que la plupart des acteurs de l'industrie financière ont profité de la plateforme d'Affis aussi pour signer des contrats, du networking, des garanties. On a eu Ecobank et Africa Guarantee Fund qui ont signé un partenariat de garantie pour justement financer les PME, surtout les PME gérées par des femmes. Il y a eu beaucoup de contrats qui ont été signés, donc on fait du networking, on discute, on essaie d'apporter des solutions pour l'industrie financière, pour justement construire cette Afrique des services financiers capables d'être compétitifs aussi à l'échelle internationale.

  • Speaker #0

    C'est bien, c'est bien surtout si effectivement tout l'écosystème est réuni, parce qu'on considère qu'il y a quand même des acteurs qui sont plus en avance que d'autres. Quand on regarde le Kenya par exemple, en termes de réglementation pour l'ouverture à tout ce qui est fintech. Ça n'a rien à voir avec l'environnement francophone. Donc c'est pas mal que les gens se parlent sur des sujets aussi clés. Mais moi j'aimerais faire un focus sur le baromètre, ce que ça dit, quels sont les répondants, et puis qu'est-ce qu'on peut en retirer. C'est pas mal si tu peux nous donner un panorama, parce qu'il y a quand même des gens qui sont intéressés, mais qui ne vont peut-être pas aller chercher des informations.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, et merci de pouvoir me permettre de présenter le baromètre. Donc, on a adressé une trentaine de questions, principalement à des CEOs de tout notre écosystème, des banquiers, des assurances, des fintechs, des acteurs des marchés de capitaux, des régulateurs. Donc, 30 questions pour lesquelles on a obtenu des réponses au deuxième semestre 2023. Et on a également, j'ai mené quelques entretiens individuels, qu'on appelle Parole de Leader, afin d'avoir des réponses. ...un peu plus pertinentes sur certaines questions sur lesquelles on avait eu des questionnements par rapport aux réponses qu'on avait eues. Et pour avoir leur vision par rapport à ce niveau de réponse-là. Donc ce baromètre nous a permis de dresser plusieurs... point, c'est déjà le réalisme, le pragmatisme avec lequel notre industrie financière africaine, elle évolue malgré l'environnement macroéconomique compliqué, dans lequel on évolue depuis 4-5 ans, et les multiples crises qui se sont suivies depuis la Covid. Donc, elle avance avec réalisme, et puis surtout aujourd'hui, par rapport aux problématiques de liquidité qui... qui perdurent avec l'inflation, et qui ont même augmenté avec l'inflation. On est dans une meilleure gestion de tout ce qui est actif-passif, donc l'ALM. Ce sont des points sur lesquels l'industrie a décidé de se focaliser. Et en matière de gestion du capital, bien sûr, c'est corrélé. Et d'autant qu'on a vu que, clairement, les gouverneurs de banques centrales ont vraiment cette ambition d'avoir des systèmes... bancaires et des institutions financières solides. Et pour certains, comme le gouverneur de la Banque centrale de la BCAO, ont décidé de relever le niveau des fonds propres requis pour les banques de sa zone. Donc on passe de 10 milliards de francs CFA à 20 milliards, donc 30 millions d'euros, qui est un niveau assez conséquent pour certaines entités qui seront peut-être trop petites pour atteindre ces niveaux-là, mais qui, selon le gouverneur de la Banque centrale, permettra d'absorber des chocs. ...exogènes et de pouvoir pallier les problèmes de ce qu'on appelle génération en termes de capital, ces pouvoirs... booster les fonds propres au travers de la redistribution du résultat net, celle qui n'est pas distribuée aux actionnaires, notamment. On a ce pragmatisme de mieux gérer les actifs, les passifs, le capital et les risques, bien sûr. Mais qui dit gestion des risques un peu plus conservatrice, dit peut-être réduction du financement de l'économie réelle.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ce que j'allais dire. Parce que resserrer la vis, c'est un peu ce que fait le gouverneur. On peut comprendre que c'est pour donner de la crédibilité. aux acteurs locaux, mais derrière, effectivement, le financement de l'économie réelle est impacté. Donc, c'est intéressant de savoir ce que disent les CEOs de banques, qu'est-ce qu'ils ont dit de tout ça.

  • Speaker #1

    Alors, les CEOs de banques, pour en avoir discuté il n'y a pas longtemps avec certains, et puis pour avoir vu les statistiques de la zone UMOA, l'activité de crédit a ralenti, que ce soit dans le secteur privé ou public. Donc, on est vraiment, par rapport à 2022, à… un resserrement de l'activité pour ne pas impacter les portefeuilles de crédit et pour être sûr d'avoir le remboursement à échéance. Cela dit, c'est un passage obligé aujourd'hui. Il va falloir être agile. On a parlé d'agilité dans le baromètre pour continuer à avoir cette croissance ou un maintien des revenus liés à l'activité de crédit, qui est quand même l'activité principale des acteurs de la zone, en tout cas subsaharienne, même Maghreb et autres régions. Donc continuer à avoir les revenus sous-jacents à cette activité de crédit, mais également à maintenir un portefeuille de crédit sain, le plus sain possible, sans détériorer du coup sa solvabilité et sa liquidité de pari cochet. Donc oui, ils sont d'accord avec les statistiques, de toute façon les statistiques sont sorties pour 2023. C'est une tendance qui a ses impacts sur les revenus, bien sûr. Et donc la solution c'est de trouver des solutions innovantes pour continuer à financer l'économie réelle sans trop l'impacter. Donc ça c'est un des éléments du baromètre. Ensuite ce qu'on voit dans le baromètre et qui est beau, c'est les investissements dans les innovations technologiques. Tout ce qui est cloud, tout ce qui est... e-learning, tout ce qui est plateforme de training, on mise dans l'éducation un peu plus et on mise dans tout ce qui est technologie innovante. Et comme je le disais tout à l'heure, ça permet à certains organismes de lutter contre la fraude ou d'avoir une meilleure personnalisation des services qu'elle peut offrir aux clients. Donc ça, c'est important.

  • Speaker #0

    Donc le digital fait partie des priorités d'un acteur ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, ça fait partie des priorités, il était temps. Et c'est vrai que... On en parlait tout à l'heure du partage des données, de la maturité digitale. On était quand même des suiveurs. La maturité digitale a changé grâce à l'open banking ou l'open insurance. Par contre, effectivement, vous me posez la question, c'est bien d'avoir ce baromètre avec des données chiffrées. Et c'est vrai que c'est ce qui a plu à plusieurs des répondants, parce que c'est dur d'avoir... Les données, c'est très dur. Moi qui viens de... Je ne vais pas faire de comparaison, je n'aime pas ça. Mais quand on a l'habitude d'aller sur un site, pour trouver les informations rapidement, c'est vrai que là, on va à la peine. Ça Donc, il va falloir qu'on arrive de plus en plus à partager nos informations financières pour justement créer des pires groupes. créer des produits justement qui vont nous permettre de répondre à notre profondeur de marché, aux besoins des clients, sans données on ne peut rien faire en fait. Donc oui, je reste convaincue que... cette maturité digitale est en progression et ça sera vraiment un catalyseur de la transition numérique. Ça, c'est clair et net. Donc, qu'est-ce qu'on retient aussi de cette baromètre et qui est très importante ? C'est la profondeur des marchés, j'en parlais tout à l'heure, et puis surtout, on a 70% des répondants qui sont insatisfaits de la profondeur des marchés et qui est liée aux restrictions, on en parlera peut-être tout à l'heure, aux problématiques réglementaires.

  • Speaker #0

    Le fondeur de marché, juste pour les auditeurs, c'est le nombre d'acteurs qui sont capables d'interagir sur le même sujet.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et c'est très limité dans certaines... notamment en zone UMOA ?

  • Speaker #1

    Dans certaines régions, effectivement. On a des disparités. Quand on voit, il y a beaucoup plus d'acteurs dans la zone du Maghreb et en Afrique du Sud, qui sont quand même les deux premiers marchés de capitaux en Afrique. Et puis, effectivement, beaucoup moins en Afrique subsaharienne, surtout en Afrique de l'Ouest et centrale. Et oui, c'est quelque chose qu'on doit impérativement changer. On a un potentiel énorme. sur les obligations vertes et même sur tout ce qui est couverture, j'en parlais tout à l'heure, dérivés, options, qui est inexploité, c'est pas possible. Il faut que ça change. On a un manque de capacité, on a un manque d'éducation. Que ce soit du côté réglementaire, que ce soit du côté des acteurs, il faut monter en puissance sur ces instruments et sur ces sujets.

  • Speaker #0

    Et j'imagine que quelque part, c'est ce que vous plébiscitez aussi, parce que diffuser l'information, c'est aussi peut-être attirer des gens de la diaspora qui sont formés et qui peuvent venir travailler sur le continent pour aider à construire ces marchés de capitaux. C'est très excitant d'être au début de la naissance. Enfin, de la naissance, c'est déjà là, les marchés de capitaux, mais en tout cas, ça gagne à grandir. Et un des sujets aussi, là où on peut grandir, comme tu le disais. C'était tout ce qui est obligations vertes et finances vertes, finances climatiques. Est-ce que tu peux nous en dire un ou deux mots sur ce sujet-là ?

  • Speaker #1

    Ah oui, on peut en parler. Sur la finance climat et sur tout ce qui est obligations vertes, on est quand même à... L'Afrique, c'est moins de 1% des émissions. C'est pas possible. On a un potentiel inexploité sur... On est quand même un des continents où en énergie renouvelable, on est le plus riche et on n'exploite pas cette richesse. La problématique, je pense que c'est déjà... Il y a un problème d'infrastructure, encore une fois. Il y a un problème de capacité, il y a un problème aussi de projet durable. Il y en a très peu. Ok. Il y en a très peu, ou il y en a, mais il y a des processus en tout cas de validation et d'adéquation avec les investisseurs qui ne sont parfois pas en ligne. Donc ça prend du temps. J'ai même entendu qu'il y a des projets qui ont été proposés il y a cinq ans, de très beaux projets qui n'ont toujours pas vu le jour. Bonjour. Il faut que ça change, il faut renforcer tout ce qui est cadre réglementaire par rapport à... à ce type d'émissions. Et on peut devenir le leader en termes d'émissions vertes, en termes de...

  • Speaker #0

    À la finance climat.

  • Speaker #1

    On doit être les leaders. On a toutes les énergies sur le continent. On ne peut pas être dernier. Et en plus, par rapport à nos pères, par rapport à ces émissions, on paie deux fois plus que des pays notés comme...

  • Speaker #0

    De la même notation. Et on subit plus les conséquences du changement climatique.

  • Speaker #1

    Donc il y a vraiment des paradoxes sur lesquels on doit capitaliser. Et je pense que c'est le moment dans cette période un peu compliquée. C'est le moment en fait que l'Afrique, qui est pour moi la nouvelle frontière, prenne sa place de leader sur ces sujets-là. Et pour moi, un des sujets, on en parlait tout à l'heure de la dette en Afrique en 2024, c'est le finance-climat. en positionnant en leader sur ça. Et ça peut être un des... Enfin, en tout cas, les missions d'obligation vertes peuvent aider, en tout cas, dans les... À régler ça.

  • Speaker #0

    Ce qui veut dire qu'effectivement, ce qu'on disait tout à l'heure, c'est que 2024, c'est une des années charnières en termes de refinancement de certaines dettes. Il y a un mur de la dette pour certains États. Comment... refinancer ça, c'est en passant par des instruments tels que des obligations ouvertes. Et est-ce que pour toi, c'est un sujet qui est vraiment sérieusement regardé par ces acteurs-là ? Ou est-ce que oui, on comprend, mais comme on ne comprend pas vraiment tout, quelque part, ce n'est pas forcément encore bien enclenché ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est enclenché parce qu'on a quand même des États qui ont réussi à restructurer. Ça aussi, c'est une des solutions. Il y a les obligations vertes, les émissions, les obligations, oui. Il y a aussi la restructuration de la date, ce qui est arrivé pour... la zombie et le gamin. Maintenant je pense que dans la gestion de la dette dans les états, il y a un vrai ménage et effort à faire, sans entrer dans les détails, mais je pense qu'il faut commencer par ça. Et puis la solution va peut-être aussi venir des banques multilatérales qui ont toujours été là. Ça aussi c'est une solution, mais je pense qu'il faut commencer par rentrer dans nos propres problèmes de gestion de la dette déjà, et mieux appréhender cette gestion. Et puis ensuite, il y a tous les mécanismes qui permettent de la restructuration. Mais on a les solutions sur le continent.

  • Speaker #0

    On les a ? Oui. C'est bien. Et si on les a, il faut les développer. Il faut, comme tu disais tout à l'heure, développer la profondeur des marchés de capitaux. Justement, tu parlais des dérivés, etc. Comment, en fait, tu vois le sujet devenir concret ? au niveau du continent. Demain, si on veut traiter un swap, un swap de taux !

  • Speaker #1

    Moi je pense qu'on est dans une période où la gestion du risque, encore une fois, elle est capitale. Et je parlais tout à l'heure effectivement des options et des dérivés qui peuvent apporter une couverture justement sur les émissions d'obligations. C'est des choses que toi comme moi on a eu l'habitude de faire. Oui, tu viens des marchés de Québec.

  • Speaker #0

    Oui, oui, je viens des marchés.

  • Speaker #1

    On a l'habitude d'utiliser quand on était dans d'autres institutions financières et qui sont peut-être méconnues. par les acteurs en termes de gestion des risques. Donc la gestion des risques aujourd'hui, elle est clé sur le continent et surtout dans l'environnement actuel dans lequel on vit. Et je pense que ça montra en puissance au fil du temps et surtout...

  • Speaker #0

    parce qu'on aura un renforcement des capacités. et de la connaissance de ces outils, de la maîtrise de ces outils. Et on a quand même des acteurs qui, aujourd'hui, notamment les sociétés de gestion et d'intermédiation, qui oeuvrent dans la formation des acteurs sur ces sujets-là. Donc, je pense que si on a une accélération des académies, et je pense à Herbert Wingway, qui nous a quittés il n'y a pas longtemps, qui avait l'ambition de créer des pôles d'excellence. que ce soit pour les personnes professionnelles, voire même des écoles dans la finance, pour justement renforcer ces capacités-là. J'ai bon espoir que ce type d'instrument arrive. D'ailleurs, on a eu une table ronde durant la FISE sur le sujet de l'augmentation de ces produits qu'on a dit sophistiqués dans l'industrie, en tout cas du côté des marchés financiers. C'est quelque chose qui est voulu et dont on aura besoin. Il va falloir que tout le monde se mette à un niveau.

  • Speaker #1

    En tout cas, c'est bien si tu as espoir. Ça veut dire que c'est sur le bon chemin. J'ai envie de parler des risques qui sont les plus préoccupants pour l'industrie financière. Quand on parle de l'Afrique, souvent on associe l'Afrique au risque d'instabilité politique, au risque de change. Malheureusement, on le voit avec le Nigéria, on le voit avec le Ghana. On le voit dans différentes zones. Du coup, qu'est-ce que ton baromètre en dit, ou même ton expérience, tes dialogues avec les personnes qui viennent à la FISE ?

  • Speaker #0

    Alors, le baromètre dit que, justement, à cause de l'instabilité politique, tout ce qui est d'évaluation des monnaies et remontée des taux, il y a une perception de l'attractivité de l'industrie financière africaine qui est en baisse. C'est ce qui ressort. Le continent a subi plusieurs coups d'État. Ils ont eu des impacts, en tout cas sur la zone, le mois. Ça, c'est sûr, assez fort et des grosses problématiques de liquidité pour les acteurs. Et donc effectivement la perception même de l'international sur l'Afrique, sur la zone, elle a été dégradée. Après de manière générale, et ça on en a discuté l'année dernière à la FISE, la perception du risque africain a toujours été élevée. Et ce que pensent les acteurs, c'est que c'est injustifié.

  • Speaker #1

    Il y a une perception et il y a la réalité.

  • Speaker #0

    Il y a la réalité, exactement. Et elle est vraiment déconnectée, puisqu'on a quand même pas mal d'états qui n'ont jamais fait défaut. En Afrique de l'Ouest, c'est normal parce que c'est lié à l'euro. Mais globalement, on a très peu d'États qui ont été en incapacité de rembourser leurs échéances, qui ont fait défaut. Donc il y a déjà ça. Et puis la manière de noter est souvent décorrélée à la réalité du continent. Il y a aussi la problématique dans cette perception du risque. Je vais revenir sur la réglementation rapidement. puisqu'on nous a quand même imposé des ratios balois, des ratios réglementaires, des normes internationales qui ne sont pas en ligne avec les réalités du continent. Donc on nous a imposé un baltrois qui est né de la crise des subprimes, alors que l'Afrique ne tradait pas en fait.

  • Speaker #1

    Oui, les dérivés.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs qu'on cherche maintenant à rentrer dans nos opérations. Mais on nous a imposé, et la voie de l'Afrique n'est pas souvent prise en compte dans les... décision internationale. Et AFIS, justement, se veut être comme une plateforme qui donne une voix à cette Afrique lors des décisions de régulation internationale. Donc, clairement, la perception, c'est vraiment le manque d'attractivité de l'Afrique à l'international. Mais... Et puis on a aussi, qui a été combiné au retrait des acteurs internationaux.

  • Speaker #1

    Oui, Société Générale, BNP. Qu'est-ce que toi tu entrevois ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai été analyste et j'ai suivi le secteur bancaire français. Et j'ai été très surprise du retrait de Société Générale, puisqu'en 2018, sa stratégie, c'était de s'étendre en Afrique. Et puis, l'avoir se retirer depuis 2022, avec cette accélération, en 2023 et 2024, m'a vraiment surprise. Mais ça ne m'étonne pas non plus, puisque les standards de ces banques-là, en termes de réglementation et de... Les problèmes de comptabilité sont différents de la réalité de l'Afrique. On a des problèmes déjà d'harmonisation régionale, africaine. qui ne collent pas avec certaines régions, ne sont pas encore en baltroie, n'ont pas complètement implémenté baltroie, IFRS. Donc il y a quand même un décalage important. Elles sont des entités qui ont des politiques peut-être de risque un peu plus conservatrices que les autres banques de la place. Donc elles ont perdu en matière de part de marché, pour ne citer que cet élément-là. Et donc finalement, des résultats qui ne sont pas au niveau des attentes qu'elles espéraient. quand elles ont décidé d'accroître leur franchise et leur présence en Afrique. Donc ça, ça fait partie des raisons. Mais je trouve que c'est bénéfique. Au lieu d'attendre que l'orage passe, il est important que les acteurs locaux tirent profit de la sortie de ces acteurs pour justement renforcer leur franchise et leur présence dans leur région. Et devenir, comme je l'ai dit, des acteurs compétitifs régionaux, continentaux et j'espère à l'échelle internationale. Maintenant, j'espère que l'horizon court terme 2024-2025 permettra d'avoir moins de problématiques de liquidité. Il y a quand même eu des fortes hausses de taux, comme je le disais tout à l'heure, qui ont conduit à un assèchement du crédit, de la liquidité. Et un manque maintenant des acteurs pour financer l'économie réelle. Donc j'espère qu'on va avoir un... un changement, mais on est dans des années électorales, et c'est de manière internationale. Et je pense que tout le monde est un peu attentiste par rapport à ce qui va se passer. J'ai envie de souhaiter à notre industrie financière africaine une bonne résilience et de continuer à être innovante et à profiter de ce que nous apportent les nouvelles technologies, les fintechs, de capitaliser sur ça et surtout de mieux travailler ensemble. Les droits de collaboration, les assureurs qui mobilisent des ressources doivent travailler en étroits de collaboration avec les banquiers et les marchés de capitaux. Donc il faut qu'il y ait plus d'interopérabilité entre les acteurs, ça c'est important, que les réglementations s'assouplissent et soient plus en ligne avec les besoins des acteurs. et ça nous permettra de naviguer en eau trouble.

  • Speaker #1

    Un point que tu viens de mentionner, c'est que je trouve que sur le continent, les acteurs traditionnels tels que les banques et les fintechs peuvent travailler ensemble parce qu'il y a une certaine complémentarité versus en Occident où on considère qu'ils sont potentiellement concurrents. Donc c'est la voie que l'Afrique pourrait choisir. Donc, le prochain AFIS, c'est quand ?

  • Speaker #0

    La prochaine édition de l'AFIS se tiendra les 9 et 10 décembre prochains à Casablanca. Très heureux d'aller là-bas. C'est un grand hub financier qui abrite les plus grandes banques et les plus grands assureurs de la place, en tout cas du continent, et pour ne citer que eux. Et puis surtout, on a la deuxième bourse du continent, la bourse de Casablanca. Donc, on est très content d'aller là-bas puisque c'est une belle place financière. Et on espère qu'on pourra rassembler un maximum de participants et pertinents et qu'on aura de très beaux échanges durant cette quatrième édition de la FUS.

  • Speaker #1

    Super. Dernière question, si tu devais recommander quelqu'un pour un prochain épisode ?

  • Speaker #0

    Étant donné les questions actuelles de dette et de capacité de nos États à se refinancer, j'ai envie de vous recommander Ulimata Ndiaye-Diasse, qui est la directrice du Moatitre. Je pense que ça fera un très bon pont avec tout ce qu'on vient de se dire et surtout elle pourra vous donner des nouvelles fraîches de la capacité de nos États à se refinancer.

  • Speaker #1

    Super, merci beaucoup Ramatoulaï.

  • Speaker #0

    C'est moi qui vous remercie.

  • Speaker #2

    Et voilà, c'était tout pour l'épisode d'aujourd'hui de Africa's Investor Call. J'espère que vous avez apprécié les échanges que j'ai eus avec mon invité. Si c'est le cas, n'hésitez pas à laisser un commentaire sur votre plateforme d'écoute de podcast préférée et n'hésitez pas non plus à partager autour de vous avec des gens qui seraient intéressés d'en savoir plus sur l'investissement vers l'Afrique. N'hésitez pas non plus à vous rendre sur mon site internet demlen.com afin de recevoir la newsletter que j'écris deux fois par mois qui traite des sujets d'investissement vers l'Afrique et bien davantage. A très bientôt pour un prochain épisode de Africa's Vestor Call.

Description

L'AFIS, c'est le rendez-vous incontournable de la finance africaine, qui réunit près de 1000 participants à chaque édition sur le continent. C'est aussi plus que ça. C'est une mine d'information et d'analyse grâce au baromètre que l'AFIS publie régulièrement. Ramatoulaye Goudiaby, directrice de l'AFIS et experte en finance nous fait le décryptage de la dernière publication du baromètre dans cet épisode. On en profite pour parler des différentes tendances observées sur le continent : finance climat, hausse des taux, marchés financiers etc... Un condensé d'informations à écouter sans modération


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue, je suis Eriomou, vous écoutez Africa's Investor Call, le podcast de l'Afrique Business. Avant de plonger dans l'épisode d'aujourd'hui, je vous invite à cliquer sur le lien en description de l'épisode afin de vous abonner à la newsletter qui traite des sujets concernant l'Afrique qui bouge, l'Afrique qui entreprend, l'Afrique qu'on doit financer. Si vous aimez le podcast, n'hésitez pas à laisser un commentaire positif, bien sûr, et à le partager avec des gens qui seraient intéressés par le contenu. Dans l'épisode d'aujourd'hui, nous recevons une femme qui va à mille à l'heure. Il s'agit de Ramatoulae Goudiaby. Aujourd'hui, elle est directrice d'Africa Financial Summit, la FIS. qui fait partie du groupe Jeune Afrique. Avant cela, Ramatoulaï a travaillé sur plusieurs sujets, dont les marchés financiers. Elle et moi, on a beaucoup de choses en commun, vous allez voir dans l'épisode. Mais elle a également travaillé pour des compagnies d'assurance. Elle a été à différents postes au sein des banques du continent et des banques européennes. Et depuis juillet 2022, en tant que directrice de l'Afis, Ramatoulaï a une vision panoramique de ce qui se passe au sein de l'industrie financière africaine. D'ailleurs, l'Affis publie un baromètre de manière régulière et c'est l'occasion dans notre épisode d'en apprendre plus sur le dernier baromètre. Et à cette occasion, on discute des sujets du moment, qu'il s'agit de finances climatiques, de nouvelles règles comptables, d'accès au crédit pour les PME, de la fintech et de la nouvelle technologie. On parle de tout ça dans l'épisode et bien plus encore. Très bon épisode. Bonjour Amatoulaï.

  • Speaker #1

    Bonjour Eriomi.

  • Speaker #0

    Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Je vais très bien et toi ?

  • Speaker #0

    Super, je suis très contente de te recevoir sur Africa's Investor Call.

  • Speaker #1

    Le plaisir est partagé.

  • Speaker #0

    Avant de partir dans le sujet qui nous rassemble aujourd'hui, est-ce que tu peux te présenter et raconter un peu ton parcours ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr, avec plaisir. Donc, je m'appelle Amatoulaï, j'ai 43 ans. Et j'ai un parcours, comme certains disent, atypique. Je suis diplômée d'un master en langue, littérature et civilisation étrangère, en blé. Donc je me destinais à être professeure. en université. Et puis, un séjour aux États-Unis m'a fait réfléchir et m'a amenée vers des études en école de commerce. Et je me suis spécialisée en finance de marché. Exactement. Donc, vraiment...

  • Speaker #0

    À l'opposé.

  • Speaker #1

    À l'opposé. Comme j'aime bien dire. Mais mon anglais, aujourd'hui, il est essentiel et c'est mon outil de travail au quotidien. Je lis des rapports annuels en anglais. Et durant toute ma carrière professionnelle, j'ai exclusivement travaillé en anglais. Donc, ça a plus été un... un plus qu'un mois et donc du coup je n'ai pas perdu de temps. Donc j'ai un master en ingénierie financière et qui m'a permis de rentrer dans les plus grands groupes bancaires français et africains où j'ai travaillé pendant quasiment 18 ans, de société générale en passant par des groupes mutualistes comme Crédit Mutuel, en passant par AXA et en passant également par First Bank of Nigeria. Donc voilà. pour mon expérience professionnelle.

  • Speaker #0

    Super. Et au cours de ton parcours, tu as... Tu disais que tu étais spécialisée en finance de marché, c'était des métiers directement sur les finances de marché ou c'était du back office ?

  • Speaker #1

    C'est une très bonne question. Alors dès le départ, et parce qu'on nous avait conseillé ça à l'école, on nous a dit il faut avoir une bonne connaissance bilancielle. C'est très important de connaître la gestion active, passive et l'activité des institutions financières. Et donc j'ai commencé par l'analyse financière qui a été finalement une passion. Je suis passée par les différents types d'analyses. Donc on analyse action, analyse obligataire, analyse crédit. Donc j'ai fait quasiment tous les corps. Donc corporate, banque. Le seul que je n'ai pas fait, c'est l'assurance. Mais j'ai commencé par cette compréhension. Et puis très vite, on a vu chez moi une âme de vendeuse. J'étais vendeuse institutionnelle et c'est un métier qui m'a passionnée puisque j'aime le contact avec la clientèle et comprendre leurs besoins et leur proposer des produits et des services qui correspondent à leurs attentes au quotidien. C'était essentiellement sur les produits obligataires et ça m'a passionnée pendant pas mal d'années et ça me passionne encore aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Super et aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, j'ai intégré Jeune Afrique Média Group en juillet 2022. Pour diriger cette plateforme de dialogue public-privé, qui rassemble toute l'industrie financière africaine, des banquiers, des assureurs, des acteurs des marchés de capitaux, on a des bourses, des sociétés de gestion, des intermédiations, des assets managers, des fonds. et des FinTech qui participent côté privé à la construction de cette plateforme. Et côté secteur public, on a tous les acteurs, les régulateurs des assurances, des marchés de capitaux, et puis les gouverneurs de banques centrales qui viennent interagir, se discuter pendant deux jours, puisque Assise Africa Financial Industry Summit, qui est la plateforme que je dirige, à un événement physique annuel avec deux éditions à succès à l'OME au Togo et à des événements digitaux qu'on organise toute l'année pour justement discuter des opportunités, des challenges de cette industrie financière qui est quand même grande, à travers ces 54 pays en Afrique. Et on essaye d'être un catalyseur des ambitions, en tout cas en tant que plateforme, des ambitions de cette industrie financière africaine. Et on veut rester une plateforme unique en Afrique, puisque aujourd'hui, vous le savez, les banquiers jusqu'à 2021 ne se rencontraient qu'entre eux, les assureurs qu'entre eux, les marchés de capitaux, en tout cas tous les acteurs entre eux. Et puis on a réussi en deux éditions et par l'existence de cette plateforme à faire converger, à faire discuter des acteurs du secteur public et des acteurs du secteur privé. pendant deux jours et durant toute l'année sur des sujets sur lesquels on espère avoir un impact à court, moyen ou long terme.

  • Speaker #0

    Du coup vous rassemblez tout l'écosystème de manière annuelle. J'ai bien compris aussi qu'il y avait des événements digitaux. Alors si on se focalise sur cet événement annuel à l'OME, qu'est-ce qu'on y dit, qu'est-ce qui s'y passe ?

  • Speaker #1

    Justement les barrières qui sont multiples. On parle de toutes les problématiques ou les opportunités qui traitent de l'assurance. Donc tout ce qui est risque, la gestion des risques, appliquer un... Les niveaux de solvabilité sont vraiment liés avec les risques, les problématiques d'insurtech aussi, problématiques d'assurance au niveau de l'agriculture, assurance climat, qui deviennent des sujets majeurs par rapport à l'environnement dans lequel on évolue. On a vraiment un bouleversement climatique aujourd'hui, on a besoin d'assurer des agriculteurs face à ces dérèglements climatiques. L'assurance doit être un pilier dans le financement de l'économie et dans la protection de ce type d'acteurs. On parle de sujets de banque et notamment au dernier affise des sujets qui sont en lien avec l'actualité qui est compliquée aujourd'hui en termes de refinancement et de dégradation des fondamentaux des banques, notamment la hausse des créances douteuses. Et donc on a pu parler de sujets tels que la titrisation de créances, qui est vraiment un sujet qui pourrait permettre à certains acteurs de l'industrie financière d'améliorer leur profil de risque, mais aussi d'avoir une diversification de leur refinancement. Donc ça c'est des sujets qui ont été abordés. On parle également de sujets de genre, puisqu'on a des problématiques de genre. On sait qu'il y a très peu de femmes qui sont, et d'ailleurs le baromètre le dit encore, très peu de femmes qui sont au bord des entreprises. On a très peu de femmes qui sont CEO de grandes entreprises. On a beaucoup de directrices et on a beaucoup de femmes qui sont brillantes dans leurs activités. On discute de sujets aussi de marché de capitaux, donc le potentiel inexploité de l'utilisation d'instruments tels que les dérivés, les options qui permettent de couvrir contre le risque, et sur la problématique de capacité et d'éducation qui sont reliées à ces problématiques de profondeur. Donc on parle des sujets de marché de capitaux, mais aussi de la mobilisation des ressources. Et ça c'était le sujet de cette année, c'est-à-dire qu'on a des acteurs comme les assureurs, comme les caisses, les fonds qui mobilisent des ressources mais qui ne travaillent pas ensemble. Pour que cet argent ne sorte pas du continent, mais qu'il puisse être réutilisé à l'intérieur du continent pour financer des infrastructures, pour financer le climat.

  • Speaker #0

    Que ce soit productif.

  • Speaker #1

    Que ce soit productif. On parle aussi de technologie. C'est l'occasion de rassembler tous ces acteurs pour parler de crypto-monnaies, de crypto-actifs, de tokenisation des actifs. On en a parlé beaucoup, ne serait-ce qu'aux assemblées de la Banque mondiale au mois d'octobre, mais également à la FISE. qui est un potentiel, en tout cas la tokenisation inexploitée de liquidités. J'ai envie de résumer ça à de la titrisation, c'est presque le même mécanisme. Mais le mot, je pense, fait peur.

  • Speaker #0

    Token, ça fait un peu crypto,

  • Speaker #1

    bitcoin. Exactement. Et comme il y a eu des problématiques d'instabilité sur ces marchés-là, donc tout de suite, il y a une assimilation. C'est comme la titrisation. On pense tout au subprime.

  • Speaker #0

    Alors qu'il n'y a pas que ça.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas que ça. Donc, je pense que ce sont des sujets dont on a parlé. Mais on parle aussi d'intelligence artificielle qui permet quand même aujourd'hui à certains acteurs de l'industrie financière de pouvoir lutter contre la fraude, mais surtout aussi pour certains. d'avoir une personnalisation de l'offre et des produits qu'ils peuvent proposer à leur clientèle. Ce sont des éléments dont on parle à la FISE, que ce soit du côté secteur privé, mais aussi avec les régulateurs, pour qu'eux aussi comprennent les besoins des acteurs, se mettent en ligne avec eux, proposent une réglementation qui soit plus adaptée et moins stricte avec les réalités du terrain. Et on a pu voir quand même sur les dernières éditions de la FISE qu'on a des régulateurs qui sont... À l'écoute, notamment, je n'ai pas envie de faire de citations, mais je me rappelle toujours de la citation du gouverneur de la Banque centrale du Rwanda qui disait vraiment, tout ce qui était cryptoactif, voire tokenisation des actifs, sont des leviers pour l'Afrique en matière de refinancement, de liquidité, et peut-être de réadresser un win-win ou un nouveau game changer par rapport au taux auquel on se refinance aujourd'hui. Quand on peut tokeniser, on a certainement un collatéral ou une garantie qui permet d'emprunter. de garantir que si on ne rembourse pas, en tout cas, il y a un sous-jacent physique qu'on peut venir récupérer. Donc voilà, on discute de tout ça pendant deux jours et on est très contents des retombées, à l'issue de cette discussion et surtout... On se rend compte que la plupart des acteurs de l'industrie financière ont profité de la plateforme d'Affis aussi pour signer des contrats, du networking, des garanties. On a eu Ecobank et Africa Guarantee Fund qui ont signé un partenariat de garantie pour justement financer les PME, surtout les PME gérées par des femmes. Il y a eu beaucoup de contrats qui ont été signés, donc on fait du networking, on discute, on essaie d'apporter des solutions pour l'industrie financière, pour justement construire cette Afrique des services financiers capables d'être compétitifs aussi à l'échelle internationale.

  • Speaker #0

    C'est bien, c'est bien surtout si effectivement tout l'écosystème est réuni, parce qu'on considère qu'il y a quand même des acteurs qui sont plus en avance que d'autres. Quand on regarde le Kenya par exemple, en termes de réglementation pour l'ouverture à tout ce qui est fintech. Ça n'a rien à voir avec l'environnement francophone. Donc c'est pas mal que les gens se parlent sur des sujets aussi clés. Mais moi j'aimerais faire un focus sur le baromètre, ce que ça dit, quels sont les répondants, et puis qu'est-ce qu'on peut en retirer. C'est pas mal si tu peux nous donner un panorama, parce qu'il y a quand même des gens qui sont intéressés, mais qui ne vont peut-être pas aller chercher des informations.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, et merci de pouvoir me permettre de présenter le baromètre. Donc, on a adressé une trentaine de questions, principalement à des CEOs de tout notre écosystème, des banquiers, des assurances, des fintechs, des acteurs des marchés de capitaux, des régulateurs. Donc, 30 questions pour lesquelles on a obtenu des réponses au deuxième semestre 2023. Et on a également, j'ai mené quelques entretiens individuels, qu'on appelle Parole de Leader, afin d'avoir des réponses. ...un peu plus pertinentes sur certaines questions sur lesquelles on avait eu des questionnements par rapport aux réponses qu'on avait eues. Et pour avoir leur vision par rapport à ce niveau de réponse-là. Donc ce baromètre nous a permis de dresser plusieurs... point, c'est déjà le réalisme, le pragmatisme avec lequel notre industrie financière africaine, elle évolue malgré l'environnement macroéconomique compliqué, dans lequel on évolue depuis 4-5 ans, et les multiples crises qui se sont suivies depuis la Covid. Donc, elle avance avec réalisme, et puis surtout aujourd'hui, par rapport aux problématiques de liquidité qui... qui perdurent avec l'inflation, et qui ont même augmenté avec l'inflation. On est dans une meilleure gestion de tout ce qui est actif-passif, donc l'ALM. Ce sont des points sur lesquels l'industrie a décidé de se focaliser. Et en matière de gestion du capital, bien sûr, c'est corrélé. Et d'autant qu'on a vu que, clairement, les gouverneurs de banques centrales ont vraiment cette ambition d'avoir des systèmes... bancaires et des institutions financières solides. Et pour certains, comme le gouverneur de la Banque centrale de la BCAO, ont décidé de relever le niveau des fonds propres requis pour les banques de sa zone. Donc on passe de 10 milliards de francs CFA à 20 milliards, donc 30 millions d'euros, qui est un niveau assez conséquent pour certaines entités qui seront peut-être trop petites pour atteindre ces niveaux-là, mais qui, selon le gouverneur de la Banque centrale, permettra d'absorber des chocs. ...exogènes et de pouvoir pallier les problèmes de ce qu'on appelle génération en termes de capital, ces pouvoirs... booster les fonds propres au travers de la redistribution du résultat net, celle qui n'est pas distribuée aux actionnaires, notamment. On a ce pragmatisme de mieux gérer les actifs, les passifs, le capital et les risques, bien sûr. Mais qui dit gestion des risques un peu plus conservatrice, dit peut-être réduction du financement de l'économie réelle.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ce que j'allais dire. Parce que resserrer la vis, c'est un peu ce que fait le gouverneur. On peut comprendre que c'est pour donner de la crédibilité. aux acteurs locaux, mais derrière, effectivement, le financement de l'économie réelle est impacté. Donc, c'est intéressant de savoir ce que disent les CEOs de banques, qu'est-ce qu'ils ont dit de tout ça.

  • Speaker #1

    Alors, les CEOs de banques, pour en avoir discuté il n'y a pas longtemps avec certains, et puis pour avoir vu les statistiques de la zone UMOA, l'activité de crédit a ralenti, que ce soit dans le secteur privé ou public. Donc, on est vraiment, par rapport à 2022, à… un resserrement de l'activité pour ne pas impacter les portefeuilles de crédit et pour être sûr d'avoir le remboursement à échéance. Cela dit, c'est un passage obligé aujourd'hui. Il va falloir être agile. On a parlé d'agilité dans le baromètre pour continuer à avoir cette croissance ou un maintien des revenus liés à l'activité de crédit, qui est quand même l'activité principale des acteurs de la zone, en tout cas subsaharienne, même Maghreb et autres régions. Donc continuer à avoir les revenus sous-jacents à cette activité de crédit, mais également à maintenir un portefeuille de crédit sain, le plus sain possible, sans détériorer du coup sa solvabilité et sa liquidité de pari cochet. Donc oui, ils sont d'accord avec les statistiques, de toute façon les statistiques sont sorties pour 2023. C'est une tendance qui a ses impacts sur les revenus, bien sûr. Et donc la solution c'est de trouver des solutions innovantes pour continuer à financer l'économie réelle sans trop l'impacter. Donc ça c'est un des éléments du baromètre. Ensuite ce qu'on voit dans le baromètre et qui est beau, c'est les investissements dans les innovations technologiques. Tout ce qui est cloud, tout ce qui est... e-learning, tout ce qui est plateforme de training, on mise dans l'éducation un peu plus et on mise dans tout ce qui est technologie innovante. Et comme je le disais tout à l'heure, ça permet à certains organismes de lutter contre la fraude ou d'avoir une meilleure personnalisation des services qu'elle peut offrir aux clients. Donc ça, c'est important.

  • Speaker #0

    Donc le digital fait partie des priorités d'un acteur ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, ça fait partie des priorités, il était temps. Et c'est vrai que... On en parlait tout à l'heure du partage des données, de la maturité digitale. On était quand même des suiveurs. La maturité digitale a changé grâce à l'open banking ou l'open insurance. Par contre, effectivement, vous me posez la question, c'est bien d'avoir ce baromètre avec des données chiffrées. Et c'est vrai que c'est ce qui a plu à plusieurs des répondants, parce que c'est dur d'avoir... Les données, c'est très dur. Moi qui viens de... Je ne vais pas faire de comparaison, je n'aime pas ça. Mais quand on a l'habitude d'aller sur un site, pour trouver les informations rapidement, c'est vrai que là, on va à la peine. Ça Donc, il va falloir qu'on arrive de plus en plus à partager nos informations financières pour justement créer des pires groupes. créer des produits justement qui vont nous permettre de répondre à notre profondeur de marché, aux besoins des clients, sans données on ne peut rien faire en fait. Donc oui, je reste convaincue que... cette maturité digitale est en progression et ça sera vraiment un catalyseur de la transition numérique. Ça, c'est clair et net. Donc, qu'est-ce qu'on retient aussi de cette baromètre et qui est très importante ? C'est la profondeur des marchés, j'en parlais tout à l'heure, et puis surtout, on a 70% des répondants qui sont insatisfaits de la profondeur des marchés et qui est liée aux restrictions, on en parlera peut-être tout à l'heure, aux problématiques réglementaires.

  • Speaker #0

    Le fondeur de marché, juste pour les auditeurs, c'est le nombre d'acteurs qui sont capables d'interagir sur le même sujet.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et c'est très limité dans certaines... notamment en zone UMOA ?

  • Speaker #1

    Dans certaines régions, effectivement. On a des disparités. Quand on voit, il y a beaucoup plus d'acteurs dans la zone du Maghreb et en Afrique du Sud, qui sont quand même les deux premiers marchés de capitaux en Afrique. Et puis, effectivement, beaucoup moins en Afrique subsaharienne, surtout en Afrique de l'Ouest et centrale. Et oui, c'est quelque chose qu'on doit impérativement changer. On a un potentiel énorme. sur les obligations vertes et même sur tout ce qui est couverture, j'en parlais tout à l'heure, dérivés, options, qui est inexploité, c'est pas possible. Il faut que ça change. On a un manque de capacité, on a un manque d'éducation. Que ce soit du côté réglementaire, que ce soit du côté des acteurs, il faut monter en puissance sur ces instruments et sur ces sujets.

  • Speaker #0

    Et j'imagine que quelque part, c'est ce que vous plébiscitez aussi, parce que diffuser l'information, c'est aussi peut-être attirer des gens de la diaspora qui sont formés et qui peuvent venir travailler sur le continent pour aider à construire ces marchés de capitaux. C'est très excitant d'être au début de la naissance. Enfin, de la naissance, c'est déjà là, les marchés de capitaux, mais en tout cas, ça gagne à grandir. Et un des sujets aussi, là où on peut grandir, comme tu le disais. C'était tout ce qui est obligations vertes et finances vertes, finances climatiques. Est-ce que tu peux nous en dire un ou deux mots sur ce sujet-là ?

  • Speaker #1

    Ah oui, on peut en parler. Sur la finance climat et sur tout ce qui est obligations vertes, on est quand même à... L'Afrique, c'est moins de 1% des émissions. C'est pas possible. On a un potentiel inexploité sur... On est quand même un des continents où en énergie renouvelable, on est le plus riche et on n'exploite pas cette richesse. La problématique, je pense que c'est déjà... Il y a un problème d'infrastructure, encore une fois. Il y a un problème de capacité, il y a un problème aussi de projet durable. Il y en a très peu. Ok. Il y en a très peu, ou il y en a, mais il y a des processus en tout cas de validation et d'adéquation avec les investisseurs qui ne sont parfois pas en ligne. Donc ça prend du temps. J'ai même entendu qu'il y a des projets qui ont été proposés il y a cinq ans, de très beaux projets qui n'ont toujours pas vu le jour. Bonjour. Il faut que ça change, il faut renforcer tout ce qui est cadre réglementaire par rapport à... à ce type d'émissions. Et on peut devenir le leader en termes d'émissions vertes, en termes de...

  • Speaker #0

    À la finance climat.

  • Speaker #1

    On doit être les leaders. On a toutes les énergies sur le continent. On ne peut pas être dernier. Et en plus, par rapport à nos pères, par rapport à ces émissions, on paie deux fois plus que des pays notés comme...

  • Speaker #0

    De la même notation. Et on subit plus les conséquences du changement climatique.

  • Speaker #1

    Donc il y a vraiment des paradoxes sur lesquels on doit capitaliser. Et je pense que c'est le moment dans cette période un peu compliquée. C'est le moment en fait que l'Afrique, qui est pour moi la nouvelle frontière, prenne sa place de leader sur ces sujets-là. Et pour moi, un des sujets, on en parlait tout à l'heure de la dette en Afrique en 2024, c'est le finance-climat. en positionnant en leader sur ça. Et ça peut être un des... Enfin, en tout cas, les missions d'obligation vertes peuvent aider, en tout cas, dans les... À régler ça.

  • Speaker #0

    Ce qui veut dire qu'effectivement, ce qu'on disait tout à l'heure, c'est que 2024, c'est une des années charnières en termes de refinancement de certaines dettes. Il y a un mur de la dette pour certains États. Comment... refinancer ça, c'est en passant par des instruments tels que des obligations ouvertes. Et est-ce que pour toi, c'est un sujet qui est vraiment sérieusement regardé par ces acteurs-là ? Ou est-ce que oui, on comprend, mais comme on ne comprend pas vraiment tout, quelque part, ce n'est pas forcément encore bien enclenché ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est enclenché parce qu'on a quand même des États qui ont réussi à restructurer. Ça aussi, c'est une des solutions. Il y a les obligations vertes, les émissions, les obligations, oui. Il y a aussi la restructuration de la date, ce qui est arrivé pour... la zombie et le gamin. Maintenant je pense que dans la gestion de la dette dans les états, il y a un vrai ménage et effort à faire, sans entrer dans les détails, mais je pense qu'il faut commencer par ça. Et puis la solution va peut-être aussi venir des banques multilatérales qui ont toujours été là. Ça aussi c'est une solution, mais je pense qu'il faut commencer par rentrer dans nos propres problèmes de gestion de la dette déjà, et mieux appréhender cette gestion. Et puis ensuite, il y a tous les mécanismes qui permettent de la restructuration. Mais on a les solutions sur le continent.

  • Speaker #0

    On les a ? Oui. C'est bien. Et si on les a, il faut les développer. Il faut, comme tu disais tout à l'heure, développer la profondeur des marchés de capitaux. Justement, tu parlais des dérivés, etc. Comment, en fait, tu vois le sujet devenir concret ? au niveau du continent. Demain, si on veut traiter un swap, un swap de taux !

  • Speaker #1

    Moi je pense qu'on est dans une période où la gestion du risque, encore une fois, elle est capitale. Et je parlais tout à l'heure effectivement des options et des dérivés qui peuvent apporter une couverture justement sur les émissions d'obligations. C'est des choses que toi comme moi on a eu l'habitude de faire. Oui, tu viens des marchés de Québec.

  • Speaker #0

    Oui, oui, je viens des marchés.

  • Speaker #1

    On a l'habitude d'utiliser quand on était dans d'autres institutions financières et qui sont peut-être méconnues. par les acteurs en termes de gestion des risques. Donc la gestion des risques aujourd'hui, elle est clé sur le continent et surtout dans l'environnement actuel dans lequel on vit. Et je pense que ça montra en puissance au fil du temps et surtout...

  • Speaker #0

    parce qu'on aura un renforcement des capacités. et de la connaissance de ces outils, de la maîtrise de ces outils. Et on a quand même des acteurs qui, aujourd'hui, notamment les sociétés de gestion et d'intermédiation, qui oeuvrent dans la formation des acteurs sur ces sujets-là. Donc, je pense que si on a une accélération des académies, et je pense à Herbert Wingway, qui nous a quittés il n'y a pas longtemps, qui avait l'ambition de créer des pôles d'excellence. que ce soit pour les personnes professionnelles, voire même des écoles dans la finance, pour justement renforcer ces capacités-là. J'ai bon espoir que ce type d'instrument arrive. D'ailleurs, on a eu une table ronde durant la FISE sur le sujet de l'augmentation de ces produits qu'on a dit sophistiqués dans l'industrie, en tout cas du côté des marchés financiers. C'est quelque chose qui est voulu et dont on aura besoin. Il va falloir que tout le monde se mette à un niveau.

  • Speaker #1

    En tout cas, c'est bien si tu as espoir. Ça veut dire que c'est sur le bon chemin. J'ai envie de parler des risques qui sont les plus préoccupants pour l'industrie financière. Quand on parle de l'Afrique, souvent on associe l'Afrique au risque d'instabilité politique, au risque de change. Malheureusement, on le voit avec le Nigéria, on le voit avec le Ghana. On le voit dans différentes zones. Du coup, qu'est-ce que ton baromètre en dit, ou même ton expérience, tes dialogues avec les personnes qui viennent à la FISE ?

  • Speaker #0

    Alors, le baromètre dit que, justement, à cause de l'instabilité politique, tout ce qui est d'évaluation des monnaies et remontée des taux, il y a une perception de l'attractivité de l'industrie financière africaine qui est en baisse. C'est ce qui ressort. Le continent a subi plusieurs coups d'État. Ils ont eu des impacts, en tout cas sur la zone, le mois. Ça, c'est sûr, assez fort et des grosses problématiques de liquidité pour les acteurs. Et donc effectivement la perception même de l'international sur l'Afrique, sur la zone, elle a été dégradée. Après de manière générale, et ça on en a discuté l'année dernière à la FISE, la perception du risque africain a toujours été élevée. Et ce que pensent les acteurs, c'est que c'est injustifié.

  • Speaker #1

    Il y a une perception et il y a la réalité.

  • Speaker #0

    Il y a la réalité, exactement. Et elle est vraiment déconnectée, puisqu'on a quand même pas mal d'états qui n'ont jamais fait défaut. En Afrique de l'Ouest, c'est normal parce que c'est lié à l'euro. Mais globalement, on a très peu d'États qui ont été en incapacité de rembourser leurs échéances, qui ont fait défaut. Donc il y a déjà ça. Et puis la manière de noter est souvent décorrélée à la réalité du continent. Il y a aussi la problématique dans cette perception du risque. Je vais revenir sur la réglementation rapidement. puisqu'on nous a quand même imposé des ratios balois, des ratios réglementaires, des normes internationales qui ne sont pas en ligne avec les réalités du continent. Donc on nous a imposé un baltrois qui est né de la crise des subprimes, alors que l'Afrique ne tradait pas en fait.

  • Speaker #1

    Oui, les dérivés.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs qu'on cherche maintenant à rentrer dans nos opérations. Mais on nous a imposé, et la voie de l'Afrique n'est pas souvent prise en compte dans les... décision internationale. Et AFIS, justement, se veut être comme une plateforme qui donne une voix à cette Afrique lors des décisions de régulation internationale. Donc, clairement, la perception, c'est vraiment le manque d'attractivité de l'Afrique à l'international. Mais... Et puis on a aussi, qui a été combiné au retrait des acteurs internationaux.

  • Speaker #1

    Oui, Société Générale, BNP. Qu'est-ce que toi tu entrevois ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai été analyste et j'ai suivi le secteur bancaire français. Et j'ai été très surprise du retrait de Société Générale, puisqu'en 2018, sa stratégie, c'était de s'étendre en Afrique. Et puis, l'avoir se retirer depuis 2022, avec cette accélération, en 2023 et 2024, m'a vraiment surprise. Mais ça ne m'étonne pas non plus, puisque les standards de ces banques-là, en termes de réglementation et de... Les problèmes de comptabilité sont différents de la réalité de l'Afrique. On a des problèmes déjà d'harmonisation régionale, africaine. qui ne collent pas avec certaines régions, ne sont pas encore en baltroie, n'ont pas complètement implémenté baltroie, IFRS. Donc il y a quand même un décalage important. Elles sont des entités qui ont des politiques peut-être de risque un peu plus conservatrices que les autres banques de la place. Donc elles ont perdu en matière de part de marché, pour ne citer que cet élément-là. Et donc finalement, des résultats qui ne sont pas au niveau des attentes qu'elles espéraient. quand elles ont décidé d'accroître leur franchise et leur présence en Afrique. Donc ça, ça fait partie des raisons. Mais je trouve que c'est bénéfique. Au lieu d'attendre que l'orage passe, il est important que les acteurs locaux tirent profit de la sortie de ces acteurs pour justement renforcer leur franchise et leur présence dans leur région. Et devenir, comme je l'ai dit, des acteurs compétitifs régionaux, continentaux et j'espère à l'échelle internationale. Maintenant, j'espère que l'horizon court terme 2024-2025 permettra d'avoir moins de problématiques de liquidité. Il y a quand même eu des fortes hausses de taux, comme je le disais tout à l'heure, qui ont conduit à un assèchement du crédit, de la liquidité. Et un manque maintenant des acteurs pour financer l'économie réelle. Donc j'espère qu'on va avoir un... un changement, mais on est dans des années électorales, et c'est de manière internationale. Et je pense que tout le monde est un peu attentiste par rapport à ce qui va se passer. J'ai envie de souhaiter à notre industrie financière africaine une bonne résilience et de continuer à être innovante et à profiter de ce que nous apportent les nouvelles technologies, les fintechs, de capitaliser sur ça et surtout de mieux travailler ensemble. Les droits de collaboration, les assureurs qui mobilisent des ressources doivent travailler en étroits de collaboration avec les banquiers et les marchés de capitaux. Donc il faut qu'il y ait plus d'interopérabilité entre les acteurs, ça c'est important, que les réglementations s'assouplissent et soient plus en ligne avec les besoins des acteurs. et ça nous permettra de naviguer en eau trouble.

  • Speaker #1

    Un point que tu viens de mentionner, c'est que je trouve que sur le continent, les acteurs traditionnels tels que les banques et les fintechs peuvent travailler ensemble parce qu'il y a une certaine complémentarité versus en Occident où on considère qu'ils sont potentiellement concurrents. Donc c'est la voie que l'Afrique pourrait choisir. Donc, le prochain AFIS, c'est quand ?

  • Speaker #0

    La prochaine édition de l'AFIS se tiendra les 9 et 10 décembre prochains à Casablanca. Très heureux d'aller là-bas. C'est un grand hub financier qui abrite les plus grandes banques et les plus grands assureurs de la place, en tout cas du continent, et pour ne citer que eux. Et puis surtout, on a la deuxième bourse du continent, la bourse de Casablanca. Donc, on est très content d'aller là-bas puisque c'est une belle place financière. Et on espère qu'on pourra rassembler un maximum de participants et pertinents et qu'on aura de très beaux échanges durant cette quatrième édition de la FUS.

  • Speaker #1

    Super. Dernière question, si tu devais recommander quelqu'un pour un prochain épisode ?

  • Speaker #0

    Étant donné les questions actuelles de dette et de capacité de nos États à se refinancer, j'ai envie de vous recommander Ulimata Ndiaye-Diasse, qui est la directrice du Moatitre. Je pense que ça fera un très bon pont avec tout ce qu'on vient de se dire et surtout elle pourra vous donner des nouvelles fraîches de la capacité de nos États à se refinancer.

  • Speaker #1

    Super, merci beaucoup Ramatoulaï.

  • Speaker #0

    C'est moi qui vous remercie.

  • Speaker #2

    Et voilà, c'était tout pour l'épisode d'aujourd'hui de Africa's Investor Call. J'espère que vous avez apprécié les échanges que j'ai eus avec mon invité. Si c'est le cas, n'hésitez pas à laisser un commentaire sur votre plateforme d'écoute de podcast préférée et n'hésitez pas non plus à partager autour de vous avec des gens qui seraient intéressés d'en savoir plus sur l'investissement vers l'Afrique. N'hésitez pas non plus à vous rendre sur mon site internet demlen.com afin de recevoir la newsletter que j'écris deux fois par mois qui traite des sujets d'investissement vers l'Afrique et bien davantage. A très bientôt pour un prochain épisode de Africa's Vestor Call.

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