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Agent Double

Agent 006 // Laurence Tordjman, l'agent photo qui a l’oeil

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33min |14/11/2024|

145

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Description

Notre agent 006 peut sembler timide de prime abord. Mais sous ce grand sourire réservé se cache en réalité un agent d’une finesse redoutable. Depuis 1998, son agence LT2 accompagne les plus grands photographes venus de tous horizons, comme Emma Anderson ou encore Nana Yaw Oduro. Son objectif ? Que ses artistes puissent exprimer leur talent auprès des annonceurs les plus prestigieux. Une mission accomplie au cours des décennies où notre invitée n’a cessé de s’adapter aux époques changeantes avec subtilité.

 

Dans cet épisode, Laurence Tordjman évoque:

Le syndicat professionnel des "agents associés": https://www.lesagentsassocies.org

Le réseau d'agent international "The agent club": https://theagents.club


//////////


Agent Double est un podcast indépendant sur une idée originale de Nayla Khalek, conçu, produit et animé par Pascale Wakim et Rand Khalek.


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//////////


Gratitude à notre fabuleuse équipe !


Vidéo et montage: Laetitia Moya Moukarzel

Son: Benjamin Lagadec

Graphisme: Yara Mehdi

Musique: Pascale Wakim

Mixage Musique: Eudoxe Parrain


Remerciement spécial pour Kareen Trager-Lewis, pour sa contribution déterminante à la réalisation de cet épisode ✨

Un grand merci également à Florian Rusterholtz pour son précieux coup de main sur ce tournage 🙏



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Moi, souvent, je cite à mes fils ou à mes artistes, je leur demande de relire le testament de Rodin, artistique de Rodin, parce que Rodin, il dit même si vous n'avez pas envie, même si vous n'avez pas d'inspiration, tous les jours, mettez-vous à la tâche et ça va venir. Et je pense qu'aujourd'hui, puisqu'avec le nombre, il y a trop de tout. Donc, si on veut vraiment sortir du lot. Il faut vraiment tout donner, quoi.

  • Speaker #1

    Agent Double.

  • Speaker #2

    Je suis Pascal Wachim.

  • Speaker #1

    Je suis Rand Kalec.

  • Speaker #2

    Vous écoutez Agent Double, le podcast qui dévoile les secrets des relations agent-talent.

  • Speaker #1

    Un jeudi sur deux, nous recevons un ou une invitée qui vient nous parler de ce métier si particulier, celui d'agent. Le podcast Agent Double, c'est mettre pour une fois dans la lumière celles et ceux qui œuvrent dans l'ombre pour le succès des autres.

  • Speaker #2

    Pour ne rater aucune de nos missions. Abonnez-vous à notre chaîne YouTube Agent Double ou sur votre plateforme d'écoute préférée.

  • Speaker #1

    Pour des contenus exclusifs, suivez notre page Instagram Agent Double Podcast.

  • Speaker #2

    Notre agent 006 peut sembler timide de prime abord. Mais sous ce grand sourire réservé, se cache en réalité un agent d'une finesse redoutable. Depuis 1998, son agence LT2 accompagne les plus grands photographes de tout horizon, comme Emma Anderson ou Nana Yo Oduro. Son objectif ? que ces artistes puissent exprimer leur talent auprès des annonceurs les plus prestigieux. Une mission accomplie au cours des décennies où notre invité a su s'adapter avec subtilité aux époques changeantes. Bienvenue Laurence Tordjman. Alors déjà, tu étais surprise que je t'appelle pour interviewer des agents. Une agente. C'est vrai,

  • Speaker #0

    ok.

  • Speaker #2

    Et je me demandais comme ça, pourquoi ça t'avait surpris ? Tu m'as dit de tous les métiers qu'il y a, pourquoi est-ce que tu t'intéresses à ce métier ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, je me demandais... Pourquoi un podcast sur les agents ? Ça m'interrogeait. Donc, j'attendais ta réponse.

  • Speaker #1

    On s'est posé la question aussi, nous, quand on l'a fait, je te le rassure. On s'est dit, pourquoi on ferait un podcast sur les agents ? Mais je pense que tu seras là pour nous expliquer.

  • Speaker #0

    J'étais juste peut-être un peu surprise.

  • Speaker #2

    Et en même temps, tu as enchaîné et tu m'as dit, d'ailleurs, après le Covid, j'ai l'impression que c'est un métier qui explose. Il y a 4, 5 fois plus d'agents sur le marché. pas forcément de photographes, mais tu m'as dit qu'il y en a beaucoup plus depuis le Covid.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai. Depuis le Covid, il y a peut-être plus. En fait, les producteurs représentent des photographes aussi, qui sont réels aussi. Donc, avant, ça ne se pratiquait pas trop. Donc, ça multiplie. Il y a beaucoup plus d'agents, en fait, qu'il y en avait avant.

  • Speaker #2

    Et donc, en fait, quand il y en avait une cinquantaine, c'était quoi ? C'est quand tu as commencé ? Parce que tu as commencé en 98.

  • Speaker #0

    Oui, même un petit peu. peu avant.

  • Speaker #2

    Oui. Et donc, en 26 ans, ça...

  • Speaker #0

    Ben, disons que, oui, j'ai trouvé... Au début, je trouvais ça assez cool et assez facile, en fait. Quand tu voulais aller quelque part, tu pouvais y aller sans trop de problèmes parce que c'était facile de contacter les gens, il y avait moins de photographes. Enfin, c'était... Je me disais, c'est vraiment un métier cool, quoi, où on peut s'éclater et bien gagner sa vie. C'est toujours aussi bien, mais c'est plus la même histoire aujourd'hui. C'est clair.

  • Speaker #2

    Beaucoup plus compétitif.

  • Speaker #0

    C'est hyper compétitif. Ok. C'est hyper compétitif. En plus, avec les réseaux sociaux, ça encore plus, ça démultiplie l'histoire.

  • Speaker #1

    Mais ton ancienneté, elle ne te donne pas plus de légitimité ou plus de facilité dans ce milieu ?

  • Speaker #0

    Avec certains, oui. Avec certains, oui, parce que les gens savent en fait que, entre guillemets, les agents de ma génération, qu'on travaille d'une certaine façon. qu'on connaît vraiment bien le métier et que l'expérience, c'est un plus. Après, les choses ont tellement changé qu'il y a tellement de monde. Maintenant, c'est un point de vue subjectif. Je ne sais pas comment on est perçu de l'extérieur. On ne sait pas quelle image on renvoie aussi. Je ne sais pas, parfois on me dit Ah, c'est vous, Laurence Torchman ? Je dis Ouais, c'est moi. Parce que je fais quand même partie des agents qui sont là depuis longtemps, donc dont on connaît le nom. Mais ce n'est pas pour autant que ça va créer le désir, en fait. Ce qui va créer le désir, c'est l'artiste et l'agent, l'association des deux. Mais c'est l'artiste. Et comment créer le désir ?

  • Speaker #1

    Comment créer le désir ?

  • Speaker #0

    J'étais sûre que tu allais me relancer. En fait, c'est un grand mystère, comment créer le désir. C'est qu'on ne sait pas. Parfois, ça, c'est vraiment la question. Parce qu'en fait, on est tous tellement, je veux dire, il y a tellement de choses partout, tellement d'images, tellement de tout que... Le désir en fait baisse, quand on a tout à portée de main, on n'a pas à faire les pas pour aller vers l'autre, parce que tout est là. Il y a le talent de l'artiste, mais parfois on peut tout faire pour justement susciter le désir, prospecter, communiquer, et ça ne se passe pas. Et puis parfois, on a juste à laisser faire, tout en faisant ce qu'il y a à faire, et ça vient. Donc il y a une partie de mystère en fait.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a deux manières, je ne sais pas s'il n'y en a que deux, mais il y a à la fois la rareté qui crée le désir, puisque justement il y a ce sentiment-là de... On crée de la rareté, donc on crée aussi du désir. Et le côté réseaux sociaux, on est ultra présent, et donc on crée aussi une bulle spéculative sur le moment de l'artiste, et qui sera alors très demandée, très recherchée. C'est un peu deux manières de faire qui sont un peu à l'opposé. Mais qui peuvent créer les deux du désir.

  • Speaker #0

    Oui. Il n'y a pas de recette non plus, parce qu'il y a certains artistes, en fait, très peu, mais qui ne communiquent pas sur les réseaux sociaux et qui sont quand même très demandés, en fait. D'où la rapé. Et c'est justement un parti pris, en fait, de ne pas rentrer là-dedans, parce que c'est un peu un gouffre aussi, les réseaux sociaux, qui prend beaucoup d'énergie, mais qui semble incontournable.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'à l'inverse, il y a des artistes qui ne sont pas du tout sur les réseaux ? J'ai vu que la plupart de tes artistes l'étaient, mais dans le détail, est-ce qu'il y en a justement qui ont choisi la stratégie inverse de la rareté, de cultiver ça ?

  • Speaker #0

    La plupart de mes artistes sont sur les réseaux sociaux. Là, j'ai eu un gros coup de cœur. Avant que tu poses des questions, je vais poser des questions.

  • Speaker #2

    Tu nous dévances.

  • Speaker #0

    Pour un artiste africain qui s'appelle Nana Yo-Oduro. Je l'ai regardé. Voilà.

  • Speaker #2

    J'ai trouvé ça gagnant, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Pardon, il est Guénéen. J'ai trouvé ça fabuleux ce qu'il faisait.

  • Speaker #2

    C'était très,

  • Speaker #0

    très beau. Et en fait, il se trouve que j'avais un autre de mes artistes qui l'avait filmé lors d'une réalisation d'une de ses œuvres. Nana réalisait une œuvre pour Coty. Et j'ai un de mes artistes qui l'a filmé. Et de fil en aiguille, j'ai contacté Nana et ça s'est fait. Mais Nana, il est au bout du monde presque. Il est très, très suivi.

  • Speaker #2

    Alors pour les auditeurs qui nous écoutent, en quelques mots, comment tu peux décrire ce qu'il fait ?

  • Speaker #0

    En fait, Nana, ce qu'il fait, c'est qu'il met en scène ses propres émotions chez l'autre. D'accord. En fait, ce que lui ressent, il le met en scène chez l'autre. Et c'est ça qui crée en fait cet univers qui est à la fois très épuré.

  • Speaker #2

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Et très gestuel et très conceptuel avec des couleurs. C'est d'une beauté.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est d'une beauté. Il ne fait pas grand-chose pour être suivi. Il est suivi. Maintenant, moi, mon rôle, c'est de... Parce que d'abord, il est loin. Les budgets, en fait, de plus en plus... Avant, ce n'était pas un problème de faire venir un artiste. Et maintenant, quand même, sur la plupart des budgets, à part certains sur lesquels il y a beaucoup d'argent, mais il n'y en a pas beaucoup. On a plutôt tendance à vouloir faire travailler des photographes qui sont un peu dans le périmètre européen, beaucoup européen. Nana, il est loin, donc il faut que je donne envie de le faire venir.

  • Speaker #1

    Donc, ton rôle, c'est de convaincre les personnes, les marques qui pourraient travailler avec lui et pas de le convaincre, lui, de venir travailler pour cette marque.

  • Speaker #0

    Convaincre, c'est un truc... C'est quelque chose de forcé, convaincre. Mais moi, je n'essaie pas de convaincre. J'essaie juste de dire ce que je ressens à propos de l'artiste, de montrer ce qu'il fait et de suggérer ce qu'il pourrait apporter dans tel univers. Les grandes maisons, en fait, elles ont envie qu'on les fasse rêver. On n'est plus dans le commercial pur et dur. Et ça, c'est vraiment, je pense... Il y a eu un gros mouvement pendant le Covid là-dessus, où Vuitton a fait travailler des artistes et tout. Et de plus en plus, les marques font travailler des artistes qui suggèrent en fait le produit, mais sans le montrer éventuellement. Et Nana, il est un peu dans cette...

  • Speaker #1

    Et pour toi, la clé d'une relation qui dure, c'est d'abord le respect et l'amitié peut-être ?

  • Speaker #0

    Enfin, en ce qui me concerne, entre un agent et un artiste, un photographe, il faut vraiment qu'il y ait une bonne entente et un respect mutuel. À partir du moment où il n'y a plus ça, moi je ne peux plus. Et il y a certains artistes avec qui on fait un long chemin ensemble, et d'autres en fait, où on a une histoire à vivre pendant un temps donné, et puis la source se tarie au bout d'un moment. Et c'est bien aussi pour l'artiste d'aller peut-être voir un autre agent, parce que c'est une autre énergie, c'est d'autres contacts. C'est vraiment, il n'y a pas une histoire qui se ressemble. C'est une histoire humaine aussi.

  • Speaker #2

    Et puis, il n'y a pas de recette magique. Je pense que ça vient au gré des projets, des opportunités. C'est quelque chose qui se construit.

  • Speaker #0

    Oui, il faut quand même avoir une idée de là où on a envie d'aller ensemble, en fait.

  • Speaker #1

    Mais ça, tu le sais au début de la collaboration ou ça vient au moment où vous commencez à travailler ensemble ?

  • Speaker #0

    Il vaut mieux le savoir au début, en fait. Il vaut mieux le savoir quand tu vois le travail de l'artiste, en fait.

  • Speaker #2

    Et c'est là où ton expérience, elle va t'aider aussi, elle va te donner ce flair qui va faire que tu vas avoir cette vision, parce que je pense que tu dois avoir...

  • Speaker #0

    Oui, là, c'est justement le côté très, très sympa aussi de l'histoire. C'est que c'est très visuel, en fait.

  • Speaker #2

    Est-ce que c'est la partie que tu préfères dans ton métier, justement, de pouvoir projeter ?

  • Speaker #0

    Oui, ça, j'aime beaucoup. Puis j'aime beaucoup aussi, par exemple, souvent, en fait, quand on est sur... un projet et que en fait ce qu'on montre sur le site c'est assez généraliste on ne montre pas beaucoup beaucoup beaucoup d'images mais on montre un éventail en fait de ce qu'il fait sans en montrer trop en fait et souvent on nous appelle pour des projets spécifiques et à ce moment là il faut monter un dossier un pdf ou un lien et tout qui sont à rapport avec ce projet et moi j'adore faire ça j'adore faire des recherches à l'échelle et monter le truc Ça, c'est quelque chose que j'aime beaucoup.

  • Speaker #1

    Et le côté négociation, argent, c'est quelque chose que tu as... Ça,

  • Speaker #0

    j'adore aussi.

  • Speaker #2

    Ta rencontre avec la photo, pourquoi la photographie en fait ?

  • Speaker #0

    C'est complètement par hasard. C'est vraiment venu à moi. Je n'étais pas du tout destinée à ça. J'étais très dilettante en fait. Je faisais un petit peu de tout. Je voyageais, j'étais... Un jour, j'ai une grosse agence parisienne qui représentait un illustrateur qui est décédé depuis, qui s'appelle Tony Viramontes, qui est un grand illustrateur. Ils m'ont appelée pour me demander, il avait besoin de quelqu'un pour l'accompagner dans ses rendez-vous et être présente. J'ai commencé avec Tony et après j'ai intégré cette agence de fil en aiguille.

  • Speaker #2

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et j'ai commencé à prospecter pour eux avec des boucs. À l'époque, j'ai l'impression d'être un dinosaure quand je dis ça, à l'époque. Mais à l'époque, on avait des grands dossiers. C'était très lourd de prospecter. Maintenant, c'est rare de prospecter avec des dossiers papiers. Et j'ai commencé à prospecter pour eux. Et puis, cette boîte a fermé. Et de fil en aiguille, je suis devenue agent. J'ai monté ma boîte et j'ai aimé ça.

  • Speaker #2

    Et tu as travaillé combien de temps avec Tony Viramontes, justement ?

  • Speaker #0

    Pas longtemps, peut-être six mois.

  • Speaker #2

    Ok. Et c'est une expérience qui t'a vraiment beaucoup marquée ?

  • Speaker #0

    Ça a été une expérience pour moi, mais difficile aussi, parce qu'on n'avait pas tellement de résonance entre nous. Mais ça m'a permis de commencer à percevoir ce que c'était que...

  • Speaker #2

    Représenter.

  • Speaker #0

    Représenter.

  • Speaker #2

    Et donc, c'est ce qui t'a donné envie de devenir agent, entre autres.

  • Speaker #0

    Après, j'ai été embauchée par cette agence et j'ai commencé à travailler pour eux. Et après, quand j'ai monté ma boîte, j'ai vraiment aimé parce que c'est un métier qui a autant trait à l'artistique, au créatif qu'au commercial. C'est très, très, très polyvalent, en fait. Et ça, j'adore parce que j'adore organiser, négocier, tout ça. Mais j'aime beaucoup l'image aussi. Et j'aime les gens. J'aime les artistes, pas tous, parce que c'est aussi des questions de rencontre. On peut en venir à ça, justement.

  • Speaker #1

    Comment tu choisis ? Est-ce que c'est l'artiste qui te choisit ou est-ce que c'est toi qui choisis l'artiste ?

  • Speaker #0

    Je ne me vois pas comme quelqu'un de très stratégique, en fait. une rencontre avec un artiste, pour moi, c'est quelque chose plutôt d'intuitif, en fait, son travail. Et j'ai rarement trouvé quand je cherchais, en fait. Si je cherche un artiste qui fait telle spécificité, tiens, vraiment, il faudrait dans l'équipe qui est, peut-être. Un photographe de nature morte en plus. Si je commence à chercher, il a pu arriver que je trouve, mais généralement, ça se passe vraiment naturellement.

  • Speaker #2

    Très organique.

  • Speaker #0

    Oui, naturellement. Je rencontre la personne. Il est rare aussi que les gens viennent à moi et que j'ai un coup de cœur, mais c'est déjà arrivé.

  • Speaker #1

    Ah oui, donc c'est un peu le fruit du hasard, quoi.

  • Speaker #0

    C'est le fruit... C'est le fruit des rencontres, en fait. Et puis, c'est aussi un épiphénomène tel... Par exemple, je représente une photographe qui s'appelle Emma Anderson, qui est très talentueuse.

  • Speaker #1

    Qui a fait le shooting Dior avec Rosalia. Oui,

  • Speaker #0

    avec Rosalia. Et au départ, Emma, c'était la studio manager de Kanji Ishii, qui est un autre photographe que je représente. mais qui respirait la photo et qui faisait des photos. Et de fil en aiguille, j'ai représenté Emma parce que j'aimais son travail et qu'elle était vraiment passionnée par l'image, par la photo.

  • Speaker #2

    Et typiquement, c'est toi qui as créé cette opportunité avec Dior et Rosalia ?

  • Speaker #0

    Non, alors Emma, elle est représentée par... Moi, je représente les artistes uniquement sur la France, parfois sur l'Europe. D'accord. Et ça, c'était une partie qui a été gérée par son agent américain.

  • Speaker #2

    Parce que justement, je me demandais s'il y avait des exclusivités de représentation. Alors, c'est plutôt par territoire ?

  • Speaker #0

    Par territoire. Maintenant, il y a des agents qui ont des antennes à New York, à Londres, en Italie.

  • Speaker #2

    Et sur des questions, sur une question peut-être un peu plus pragmatique, comment s'organise la rémunération d'un agent ? Est-ce que c'est des commissions ? Est-ce que c'est des…

  • Speaker #0

    La commission type d'un agent, c'est 25-75. L'agent perçoit une commission de 25 sur les honoraires.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas 10 comme la série.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas 10 comme la série.

  • Speaker #1

    C'est important sur des très gros montants,

  • Speaker #0

    tu m'as dit. Je ne sais même pas si les comédiens, je pense que c'est même plus. Les galeries d'art, c'est 50 par exemple. Après, il y a des deals particuliers qui peuvent être faits. C'est-à-dire que si, par exemple, que... L'artiste arrive avec déjà des clients en fait avec lesquels il travaille et l'agent il va juste avoir à gérer l'organisationnel et à ce moment là la commission on peut la négocier ensemble et tout ce qui est par exemple les éditos, les magazines, c'est pas 25% parce que les magazines ça paye beaucoup moins et même aujourd'hui parfois ça paye pas du tout. C'est pour avoir vraiment une vitrine. Et là, la commission, c'est plutôt aux alentours de 15. Il y a des choses qu'on fait gratuitement aussi. On ne fait pas que des choses pour l'argent.

  • Speaker #2

    Parce que je pense que ce n'est pas facile aussi de quantifier ton degré d'implication avec ta rémunération. Je pense que quand tu es agente, tu t'impliques souvent beaucoup. Et certaines fois, comme tu dis, tu finis par faire des choses parce que ça fait partie du lot. Mais c'est difficile de mettre un... prix sur chaque chose qu'on fait pour un artiste. J'imagine que ça doit être... La limite, elle est peut-être un peu floue aussi.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup de choses qu'on fait et qui ne ramènent rien. Par exemple, quand on est consulté pour une campagne, il y a une dizaine d'artistes qui sont consultés. Il y en a trois qui vont arriver en finale, qui vont être présentés aux clients. Mais nous, quand on nous demande de faire un devis... En fait, on donne tout. On fait comme si ça allait se faire. Et c'est beaucoup de temps, beaucoup d'énergie. Parfois, on gagne. Mais souvent, on perd sur la masse de consultations.

  • Speaker #1

    Tu disais que quand tu as commencé, c'était plus facile de faire de l'argent. Ou du moins, qu'on en faisait plus. Tu sens qu'il y a vraiment une différence aujourd'hui ? Tu te... Travailler plus pour arriver à faire autant, sinon moins peut-être ?

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #2

    carrément. Parce que les budgets sont plus serrés ou parce qu'il y a plus de concurrence ? C'est tous ces facteurs à la fois ? Les deux.

  • Speaker #0

    Les budgets sont vraiment plus serrés. Et il faut plier, mais il ne faut pas casser. Parce que si on casse, c'est... Mais il y a beaucoup de gens qui sont obligés de casser. Mais c'est vrai que d'une façon globale, il y a eu beaucoup d'abus.

  • Speaker #1

    Comme quoi ?

  • Speaker #0

    Bof ! Non mais il y a eu des années où vraiment c'était des sommes tellement astronomiques, pour des... voilà, c'est un petit peu revenu. Maintenant, ça a tendance à être un peu nivelé vers le bas, mais ça reste quand même passionnant. On dirait que je n'ai pas envie d'être trop défaitiste.

  • Speaker #1

    C'est la réalité d'un métier. Il faut savoir l'analyser et l'accepter de toute façon.

  • Speaker #2

    J'avais une question par rapport à la façon dont les agents peuvent s'organiser pour que ce métier soit peut-être un peu plus encadré, qui est une espèce de grille, une certaine codification pour leur permettre... de faire passer des revendications, etc. Est-ce que ça existe ? Est-ce qu'il y a un syndicat d'agents ?

  • Speaker #0

    Les agents associés. Les agents associés, c'est un syndicat d'agents qui agit énormément au niveau du juridique, au niveau de l'image, au niveau d'améliorer la condition des artistes, la condition des agents, qui sont très impliqués aussi avec les administrations de la ville de Paris, qui ont... qui organisent par exemple des mentorats pour aider certains artistes. Et il faudrait que je puisse introduire auprès de vous quelqu'un qui est très actif au sein des agents associés. Et qui pourrait vous en dire plus. Et allez voir sur le site des agents associés. Elles sont très, très actives. Ils, elles. Il y a quand même des réseaux qui se mettent en place au sein des agents. Par exemple... Moi, je fais partie d'un groupe qui s'appelle les Créatifs Collectifs, c'est un groupe WhatsApp.

  • Speaker #1

    Et donc ça, ça sert à quoi exactement ?

  • Speaker #0

    Alors, les agents associés, c'est une chose, c'est une fédération d'agents en fait. Et les Créatifs Collectifs, ce groupe, sont des femmes en fait qui sont dans le métier de la création et qui, dès qu'on a besoin de savoir quelque chose et qu'on ne sait pas, on demande. Et comme on est 500, il y a toujours des réponses qui viennent.

  • Speaker #2

    En tant que femme, C'était particulièrement compliqué ou pas forcément ? Est-ce que le fait d'être une femme dans ce milieu a fait une différence ou non ?

  • Speaker #0

    Non, franchement non. Je n'ai jamais ressenti ça. Il y a vraiment autant de femmes que d'hommes. Moi, j'ai représenté des femmes. Je représente aujourd'hui. Mais à une époque, je représentais des femmes. Et peut-être que je n'étais pas moi là où je suis aujourd'hui. Mais c'était difficile pour moi de représenter des femmes. Il y avait... émotionnellement, il y avait quelque chose d'une résonance et tout. J'arrivais pas à garder mes distances. Et en fait, j'arrive à bien travailler si j'arrive quand même à garder mes distances. Si émotionnellement, je tombe dans le pathos de l'autre, ça va pas. Et j'ai cessé de représenter des femmes. C'était un peu con, quoi. Je me suis dit, je ne représente plus de femmes parce que c'était difficile, quoi. Je pense qu'il y avait des résonances au niveau émotionnel. Et puis là, peut-être, moi, j'ai fait mon chemin. C'est moi, c'est pas elle. Et maintenant, je représente des femmes. Et ça se passe très bien, parce que peut-être j'ai plus de... Mais bon, je ne crois même pas que ça soit une question de genre. Je pense que c'est passé. C'était comme ça.

  • Speaker #1

    Et si je te dis Lou et Thomas ?

  • Speaker #0

    Lou et Thomas... Alors, Lou et Thomas.

  • Speaker #1

    C'est qui ?

  • Speaker #0

    Lou et Thomas sont des artistes que je représente, qui se trouvent être aussi mes enfants. Thomas, ça fait très longtemps que je le représente. Enfin, depuis que... Oui, mais en fait, pour dire la vérité, les premières années, je pense que c'était plutôt une vitrine pour Thomas, parce que Thomas, il était moins impliqué, en fait, dans sa carrière. Il avait d'autres choses à faire dans sa vie. Il voyageait beaucoup, c'était un baroudeur. Il a d'ailleurs fait, durant cette période, beaucoup, beaucoup, beaucoup d'images. Et chaque fois qu'il rentrait à Paris, il travaillait. Il a ça, Thomas, où il est. Et puis maintenant, Thomas, il est vraiment, vraiment en train de décoller.

  • Speaker #1

    Mais du coup, c'est paradoxal de dire que tu refusais de travailler avec des femmes parce que tu ne voulais pas être compliquée.

  • Speaker #0

    Bizarrement. Et là,

  • Speaker #1

    avec les enfants, est-ce que tu n'as pas ce risque ?

  • Speaker #0

    Oui, bizarrement, c'est entendu.

  • Speaker #1

    Il y a une frontière, vous arrivez là.

  • Speaker #0

    Il y a une frontière et puis même s'il n'y a pas de frontière, quand c'est le boulot, c'est le boulot. Mais ça peut passer d'une seconde à l'autre. Oui,

  • Speaker #1

    je connais ça, j'embrasse ma mère.

  • Speaker #0

    Ou l'office. Et Lou, il a toujours été très, très créatif. C'est un puits de créativité, Lou. Mais... plus électron libre en fait et pendant longtemps il a il a il a travaillé seul et puis il n'y a pas si longtemps que ça en fait il ya à peine à peine deux ans je dis écoute loup ça serait peut-être bien que tu sois dans des caisses et vous c'est venu de moi c'est à c'est marrant

  • Speaker #2

    Est-ce que c'est difficile quand tu travailles avec une marque, il y a certaines demandes très précises, et que tu proposes un artiste et que l'artiste doit se mouler aux demandes de la marque, et l'artiste a son égo, il a sa patte, est-ce que c'est difficile de devoir gérer ça ? Est-ce que c'est ton rôle aussi d'arriver à faire en sorte que ça marche au mieux ?

  • Speaker #0

    Je pense que dans le cas de figure où un artiste a une écriture très forte, C'est plutôt la marque qui va vers l'écriture de l'artiste. Et qui veut sa patalie. Et l'artiste, il compose, mais ce n'est pas un exécutant.

  • Speaker #1

    Comment tu convains un artiste de travailler avec toi, si tu as besoin de le faire ?

  • Speaker #0

    Par exemple, Nana, il était de passage à Paris. Franchement, je le courtisais, Nana, depuis quelques mois. Il n'avait pas l'air très chaud. Il n'avait pas besoin d'agent, il ne savait pas. Je ne sais pas, un jour, il s'est réveillé, il a dit Ouais ! Et il était à Paris et je suis allée le voir dans son atelier. Et on a fait connaissance. Je pense que l'artiste aussi, d'abord, il a besoin de savoir, enfin, peut-être pas pour les agents, que vraiment on aime son travail. Et Nana, il a dû sentir que vraiment j'aimais son travail. Oui, on a dû un petit peu parler de là où je voulais l'emmener et que ça ne lui enlèverait pas ses libertés. Nana, il a aussi des gens avec qui il travaille, avec qui il veut continuer à travailler en direct. Donc, tout ça sont des choses qui, d'ailleurs, ça peut être intéressant de savoir.

  • Speaker #2

    Quelles sont les réticences des artistes ?

  • Speaker #0

    Ça dépend vraiment de chaque artiste. Et en amont, on se cale en amont, en fait. Bon, ça, OK, c'est tes clients, tu les gardes pour toi. Ça, c'est tes clients, OK, tu les amènes dans l'agence. À ce moment-là, on négocie un... Comment ? une commission qui soit inférieure à 25%. En fait, je pense que parfois, les photographes peuvent se dire Ah, mais si le client sait qu'il a un agent, il va penser qu'on va demander plus. Ça, ça fait peur.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'il y a un conseil d'approche que tu peux donner ? Parce que je sais que c'est une problématique que beaucoup de talents ont. Comment est-ce que j'approche un agent ?

  • Speaker #0

    Si on veut approcher un agent et qu'on n'a pas de... relation en fait ou de... à ce moment là on va sur la Creative Connection par exemple dans laquelle il y a tous les agents ou on va peut-être sur le site de The Agent Club qui est une vitrine super pour les agents et pour les artistes et on regarde un peu quel agent représente quel artiste. Et puis on se dit qu'on aimerait bien intégrer telle agence parce que ça correspond à l'équipe, parce qu'il y a des écritures dans les équipes en fait. Ce qui fait aussi que la force de l'agence, c'est d'avoir une équipe qui a une cohérence en fait. Et puis on se dit, ben voilà, j'aimerais bien contacter. Et puis on contacte l'agent. Et si vraiment l'agent a un coup de cœur, il va vous répondre et vous recevoir.

  • Speaker #2

    Mais c'est une histoire humaine, ça commence forcément par un coup de cœur au bout d'un moment, au début en tout cas. Oui,

  • Speaker #0

    et puis ça dépend aussi comment la personne se présente. C'est vraiment important, si je peux donner un conseil là.

  • Speaker #2

    Absolument.

  • Speaker #0

    Si on présente son travail en envoyant un mail, en écrivant à l'agent, il ne faut pas que ça soit trop long. C'est fatigant, en fait. Il faut être concis, clair, mais en même temps, pas trop concis. Il faut vraiment, dans la présentation, c'est hyper important. Parce qu'à travers l'écriture, on peut quand même déceler, outre les images, un peu la personnalité de la personne qui vient vous voir. Et moi, généralement, c'est ce que je disais à Rand. On reçoit, je ne sais pas... Ça dépend des jours, mais entre 5 et 10 mails par jour de photographe. Moi, je lis toujours. J'essaye de répondre, mais je dois dire en étant tout à fait honnête que parfois, je ne réponds pas à tout. Mais je vais toujours voir, je jette un œil au travail. Et au premier regard, je sais.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #0

    Je sais. Et je dirais aussi qu'avant... D'écrire à un agent ou de contacter un agent, il faut vraiment travailler quand même. Même si l'agent est là pour t'accompagner.

  • Speaker #2

    Avoir une image déjà publique.

  • Speaker #0

    Non mais vraiment, que son travail soit prêt en fait, quand même à être présenté. C'est bien d'avoir du talent, mais alors aujourd'hui encore plus que toujours. Il faut bosser. Parce qu'en fait, ce qui va donner envie, c'est la créativité. C'est la profusion de la créativité. C'est l'élan, c'est la capacité. Le talent, ça ne suffit pas. Moi, souvent, je cite à mes fils ou à mes artistes, je leur demande de relire le testament de Rodin, artistique de Rodin, parce que Rodin, il dit, même si vous n'avez pas envie, même si vous n'avez pas d'inspiration, Tous les jours, mettez-vous à la tâche et ça va venir. Et je pense qu'aujourd'hui, puisqu'avec le nombre, il y a trop de tout. Donc si on veut vraiment sortir du lot, il faut vraiment tout donner.

  • Speaker #1

    Tu me disais en off, avant qu'on commence à enregistrer, qu'à terme, peut-être que l'agent de photographe pouvait peut-être disparaître ou laisser place à d'autres formes de métiers. ou que les artistes eux-mêmes seraient peut-être autonomes d'une certaine manière. Est-ce que c'est ça la crainte ?

  • Speaker #0

    Le danger, par exemple, chez Publicis, sur certaines marques, par exemple, en nature morte, ils ne font plus de photos, ils ne font que de la 3D. Certaines campagnes, on ne les réalise plus en photo, ni même en 3D, mais avec l'intelligence artificielle. Et puis au niveau des coûts, ça n'a rien à voir en fait. prod, en fait, il y a un certain nombre d'intervenants pour générer une image. Après, je ne suis pas spécialisée en IA ou quoi, mais ça élimine beaucoup, beaucoup de postes. Donc, le danger, c'est qu'effectivement, il n'y ait plus. Mais, tout comme par exemple, peu à peu, il y a une quinzaine ou vingtaine d'années, je ne sais pas, on est venu au digital, on est passé de l'argentique au digital. Il y a quand même une résistance aujourd'hui, peut-être qui est minoritaire, mais qui existe, de photographes qui travaillent uniquement en argentique. Mais ça coûte plus cher, c'est vraiment une minorité. Donc peut-être aussi qu'il va y avoir une grosse résistance sur la photo, mais quand même, c'est flippant. Et en même temps, c'est passionnant. Aujourd'hui, on demande aux photographes, ça peut être intéressant pour les photographes aussi qui cherchent des agents et qui ne savent pas, de savoir faire plein de choses en dehors de la photographie. il faut savoir faire des notes d'intention il faut savoir si possible retoucher il faut tout ça et savoir faire un peu de création on est des A aussi c'est pas mal parce qu'on mutualise de plus en plus pour réduire aussi au niveau des coûts donc

  • Speaker #1

    il faut être quand même super polyvalent ça aide et tu me disais aussi qu'il y avait des photographes qui étaient réels que tu représentes mais quand tu dis réel c'est pas du cinéma du coup ah non si

  • Speaker #0

    Ce n'est pas réel de long métrage. Si, j'avais une artiste qui, parallèlement, faisait du long métrage, mais généralement, c'est réel parce qu'il y a de plus en plus de capsules ou de petits films. Donc, si on est polyvalent, c'est bien aussi parce que souvent, on demande un photographe en film et en photo pour la pub. Pas que, mais souvent.

  • Speaker #2

    D'accord. Écoute, merci beaucoup,

  • Speaker #1

    Laurence. Agent Laurence Tordman. Mission accomplie.

  • Speaker #2

    Bravo.

  • Speaker #0

    Ok, super.

  • Speaker #2

    Merci de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Et maintenant, c'est à vous d'entrer en action. Votre mission, si vous l'acceptez, laissez 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute. Abonnez-vous au podcast, à notre chaîne YouTube et à notre compte Instagram pour des contenus exclusifs. Et surtout, n'hésitez pas à partager autour de vous. Agent Double est un podcast indépendant. S'il vous a plu, et pour qu'on puisse continuer à le développer, Vous pouvez nous soutenir en cliquant sur le lien dans le descriptif de l'épisode. On compte sur vous et on se retrouve dans deux semaines pour un nouveau numéro d'Agendo.

Description

Notre agent 006 peut sembler timide de prime abord. Mais sous ce grand sourire réservé se cache en réalité un agent d’une finesse redoutable. Depuis 1998, son agence LT2 accompagne les plus grands photographes venus de tous horizons, comme Emma Anderson ou encore Nana Yaw Oduro. Son objectif ? Que ses artistes puissent exprimer leur talent auprès des annonceurs les plus prestigieux. Une mission accomplie au cours des décennies où notre invitée n’a cessé de s’adapter aux époques changeantes avec subtilité.

 

Dans cet épisode, Laurence Tordjman évoque:

Le syndicat professionnel des "agents associés": https://www.lesagentsassocies.org

Le réseau d'agent international "The agent club": https://theagents.club


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Agent Double est un podcast indépendant sur une idée originale de Nayla Khalek, conçu, produit et animé par Pascale Wakim et Rand Khalek.


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Gratitude à notre fabuleuse équipe !


Vidéo et montage: Laetitia Moya Moukarzel

Son: Benjamin Lagadec

Graphisme: Yara Mehdi

Musique: Pascale Wakim

Mixage Musique: Eudoxe Parrain


Remerciement spécial pour Kareen Trager-Lewis, pour sa contribution déterminante à la réalisation de cet épisode ✨

Un grand merci également à Florian Rusterholtz pour son précieux coup de main sur ce tournage 🙏



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Moi, souvent, je cite à mes fils ou à mes artistes, je leur demande de relire le testament de Rodin, artistique de Rodin, parce que Rodin, il dit même si vous n'avez pas envie, même si vous n'avez pas d'inspiration, tous les jours, mettez-vous à la tâche et ça va venir. Et je pense qu'aujourd'hui, puisqu'avec le nombre, il y a trop de tout. Donc, si on veut vraiment sortir du lot. Il faut vraiment tout donner, quoi.

  • Speaker #1

    Agent Double.

  • Speaker #2

    Je suis Pascal Wachim.

  • Speaker #1

    Je suis Rand Kalec.

  • Speaker #2

    Vous écoutez Agent Double, le podcast qui dévoile les secrets des relations agent-talent.

  • Speaker #1

    Un jeudi sur deux, nous recevons un ou une invitée qui vient nous parler de ce métier si particulier, celui d'agent. Le podcast Agent Double, c'est mettre pour une fois dans la lumière celles et ceux qui œuvrent dans l'ombre pour le succès des autres.

  • Speaker #2

    Pour ne rater aucune de nos missions. Abonnez-vous à notre chaîne YouTube Agent Double ou sur votre plateforme d'écoute préférée.

  • Speaker #1

    Pour des contenus exclusifs, suivez notre page Instagram Agent Double Podcast.

  • Speaker #2

    Notre agent 006 peut sembler timide de prime abord. Mais sous ce grand sourire réservé, se cache en réalité un agent d'une finesse redoutable. Depuis 1998, son agence LT2 accompagne les plus grands photographes de tout horizon, comme Emma Anderson ou Nana Yo Oduro. Son objectif ? que ces artistes puissent exprimer leur talent auprès des annonceurs les plus prestigieux. Une mission accomplie au cours des décennies où notre invité a su s'adapter avec subtilité aux époques changeantes. Bienvenue Laurence Tordjman. Alors déjà, tu étais surprise que je t'appelle pour interviewer des agents. Une agente. C'est vrai,

  • Speaker #0

    ok.

  • Speaker #2

    Et je me demandais comme ça, pourquoi ça t'avait surpris ? Tu m'as dit de tous les métiers qu'il y a, pourquoi est-ce que tu t'intéresses à ce métier ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, je me demandais... Pourquoi un podcast sur les agents ? Ça m'interrogeait. Donc, j'attendais ta réponse.

  • Speaker #1

    On s'est posé la question aussi, nous, quand on l'a fait, je te le rassure. On s'est dit, pourquoi on ferait un podcast sur les agents ? Mais je pense que tu seras là pour nous expliquer.

  • Speaker #0

    J'étais juste peut-être un peu surprise.

  • Speaker #2

    Et en même temps, tu as enchaîné et tu m'as dit, d'ailleurs, après le Covid, j'ai l'impression que c'est un métier qui explose. Il y a 4, 5 fois plus d'agents sur le marché. pas forcément de photographes, mais tu m'as dit qu'il y en a beaucoup plus depuis le Covid.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai. Depuis le Covid, il y a peut-être plus. En fait, les producteurs représentent des photographes aussi, qui sont réels aussi. Donc, avant, ça ne se pratiquait pas trop. Donc, ça multiplie. Il y a beaucoup plus d'agents, en fait, qu'il y en avait avant.

  • Speaker #2

    Et donc, en fait, quand il y en avait une cinquantaine, c'était quoi ? C'est quand tu as commencé ? Parce que tu as commencé en 98.

  • Speaker #0

    Oui, même un petit peu. peu avant.

  • Speaker #2

    Oui. Et donc, en 26 ans, ça...

  • Speaker #0

    Ben, disons que, oui, j'ai trouvé... Au début, je trouvais ça assez cool et assez facile, en fait. Quand tu voulais aller quelque part, tu pouvais y aller sans trop de problèmes parce que c'était facile de contacter les gens, il y avait moins de photographes. Enfin, c'était... Je me disais, c'est vraiment un métier cool, quoi, où on peut s'éclater et bien gagner sa vie. C'est toujours aussi bien, mais c'est plus la même histoire aujourd'hui. C'est clair.

  • Speaker #2

    Beaucoup plus compétitif.

  • Speaker #0

    C'est hyper compétitif. Ok. C'est hyper compétitif. En plus, avec les réseaux sociaux, ça encore plus, ça démultiplie l'histoire.

  • Speaker #1

    Mais ton ancienneté, elle ne te donne pas plus de légitimité ou plus de facilité dans ce milieu ?

  • Speaker #0

    Avec certains, oui. Avec certains, oui, parce que les gens savent en fait que, entre guillemets, les agents de ma génération, qu'on travaille d'une certaine façon. qu'on connaît vraiment bien le métier et que l'expérience, c'est un plus. Après, les choses ont tellement changé qu'il y a tellement de monde. Maintenant, c'est un point de vue subjectif. Je ne sais pas comment on est perçu de l'extérieur. On ne sait pas quelle image on renvoie aussi. Je ne sais pas, parfois on me dit Ah, c'est vous, Laurence Torchman ? Je dis Ouais, c'est moi. Parce que je fais quand même partie des agents qui sont là depuis longtemps, donc dont on connaît le nom. Mais ce n'est pas pour autant que ça va créer le désir, en fait. Ce qui va créer le désir, c'est l'artiste et l'agent, l'association des deux. Mais c'est l'artiste. Et comment créer le désir ?

  • Speaker #1

    Comment créer le désir ?

  • Speaker #0

    J'étais sûre que tu allais me relancer. En fait, c'est un grand mystère, comment créer le désir. C'est qu'on ne sait pas. Parfois, ça, c'est vraiment la question. Parce qu'en fait, on est tous tellement, je veux dire, il y a tellement de choses partout, tellement d'images, tellement de tout que... Le désir en fait baisse, quand on a tout à portée de main, on n'a pas à faire les pas pour aller vers l'autre, parce que tout est là. Il y a le talent de l'artiste, mais parfois on peut tout faire pour justement susciter le désir, prospecter, communiquer, et ça ne se passe pas. Et puis parfois, on a juste à laisser faire, tout en faisant ce qu'il y a à faire, et ça vient. Donc il y a une partie de mystère en fait.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a deux manières, je ne sais pas s'il n'y en a que deux, mais il y a à la fois la rareté qui crée le désir, puisque justement il y a ce sentiment-là de... On crée de la rareté, donc on crée aussi du désir. Et le côté réseaux sociaux, on est ultra présent, et donc on crée aussi une bulle spéculative sur le moment de l'artiste, et qui sera alors très demandée, très recherchée. C'est un peu deux manières de faire qui sont un peu à l'opposé. Mais qui peuvent créer les deux du désir.

  • Speaker #0

    Oui. Il n'y a pas de recette non plus, parce qu'il y a certains artistes, en fait, très peu, mais qui ne communiquent pas sur les réseaux sociaux et qui sont quand même très demandés, en fait. D'où la rapé. Et c'est justement un parti pris, en fait, de ne pas rentrer là-dedans, parce que c'est un peu un gouffre aussi, les réseaux sociaux, qui prend beaucoup d'énergie, mais qui semble incontournable.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'à l'inverse, il y a des artistes qui ne sont pas du tout sur les réseaux ? J'ai vu que la plupart de tes artistes l'étaient, mais dans le détail, est-ce qu'il y en a justement qui ont choisi la stratégie inverse de la rareté, de cultiver ça ?

  • Speaker #0

    La plupart de mes artistes sont sur les réseaux sociaux. Là, j'ai eu un gros coup de cœur. Avant que tu poses des questions, je vais poser des questions.

  • Speaker #2

    Tu nous dévances.

  • Speaker #0

    Pour un artiste africain qui s'appelle Nana Yo-Oduro. Je l'ai regardé. Voilà.

  • Speaker #2

    J'ai trouvé ça gagnant, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Pardon, il est Guénéen. J'ai trouvé ça fabuleux ce qu'il faisait.

  • Speaker #2

    C'était très,

  • Speaker #0

    très beau. Et en fait, il se trouve que j'avais un autre de mes artistes qui l'avait filmé lors d'une réalisation d'une de ses œuvres. Nana réalisait une œuvre pour Coty. Et j'ai un de mes artistes qui l'a filmé. Et de fil en aiguille, j'ai contacté Nana et ça s'est fait. Mais Nana, il est au bout du monde presque. Il est très, très suivi.

  • Speaker #2

    Alors pour les auditeurs qui nous écoutent, en quelques mots, comment tu peux décrire ce qu'il fait ?

  • Speaker #0

    En fait, Nana, ce qu'il fait, c'est qu'il met en scène ses propres émotions chez l'autre. D'accord. En fait, ce que lui ressent, il le met en scène chez l'autre. Et c'est ça qui crée en fait cet univers qui est à la fois très épuré.

  • Speaker #2

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Et très gestuel et très conceptuel avec des couleurs. C'est d'une beauté.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est d'une beauté. Il ne fait pas grand-chose pour être suivi. Il est suivi. Maintenant, moi, mon rôle, c'est de... Parce que d'abord, il est loin. Les budgets, en fait, de plus en plus... Avant, ce n'était pas un problème de faire venir un artiste. Et maintenant, quand même, sur la plupart des budgets, à part certains sur lesquels il y a beaucoup d'argent, mais il n'y en a pas beaucoup. On a plutôt tendance à vouloir faire travailler des photographes qui sont un peu dans le périmètre européen, beaucoup européen. Nana, il est loin, donc il faut que je donne envie de le faire venir.

  • Speaker #1

    Donc, ton rôle, c'est de convaincre les personnes, les marques qui pourraient travailler avec lui et pas de le convaincre, lui, de venir travailler pour cette marque.

  • Speaker #0

    Convaincre, c'est un truc... C'est quelque chose de forcé, convaincre. Mais moi, je n'essaie pas de convaincre. J'essaie juste de dire ce que je ressens à propos de l'artiste, de montrer ce qu'il fait et de suggérer ce qu'il pourrait apporter dans tel univers. Les grandes maisons, en fait, elles ont envie qu'on les fasse rêver. On n'est plus dans le commercial pur et dur. Et ça, c'est vraiment, je pense... Il y a eu un gros mouvement pendant le Covid là-dessus, où Vuitton a fait travailler des artistes et tout. Et de plus en plus, les marques font travailler des artistes qui suggèrent en fait le produit, mais sans le montrer éventuellement. Et Nana, il est un peu dans cette...

  • Speaker #1

    Et pour toi, la clé d'une relation qui dure, c'est d'abord le respect et l'amitié peut-être ?

  • Speaker #0

    Enfin, en ce qui me concerne, entre un agent et un artiste, un photographe, il faut vraiment qu'il y ait une bonne entente et un respect mutuel. À partir du moment où il n'y a plus ça, moi je ne peux plus. Et il y a certains artistes avec qui on fait un long chemin ensemble, et d'autres en fait, où on a une histoire à vivre pendant un temps donné, et puis la source se tarie au bout d'un moment. Et c'est bien aussi pour l'artiste d'aller peut-être voir un autre agent, parce que c'est une autre énergie, c'est d'autres contacts. C'est vraiment, il n'y a pas une histoire qui se ressemble. C'est une histoire humaine aussi.

  • Speaker #2

    Et puis, il n'y a pas de recette magique. Je pense que ça vient au gré des projets, des opportunités. C'est quelque chose qui se construit.

  • Speaker #0

    Oui, il faut quand même avoir une idée de là où on a envie d'aller ensemble, en fait.

  • Speaker #1

    Mais ça, tu le sais au début de la collaboration ou ça vient au moment où vous commencez à travailler ensemble ?

  • Speaker #0

    Il vaut mieux le savoir au début, en fait. Il vaut mieux le savoir quand tu vois le travail de l'artiste, en fait.

  • Speaker #2

    Et c'est là où ton expérience, elle va t'aider aussi, elle va te donner ce flair qui va faire que tu vas avoir cette vision, parce que je pense que tu dois avoir...

  • Speaker #0

    Oui, là, c'est justement le côté très, très sympa aussi de l'histoire. C'est que c'est très visuel, en fait.

  • Speaker #2

    Est-ce que c'est la partie que tu préfères dans ton métier, justement, de pouvoir projeter ?

  • Speaker #0

    Oui, ça, j'aime beaucoup. Puis j'aime beaucoup aussi, par exemple, souvent, en fait, quand on est sur... un projet et que en fait ce qu'on montre sur le site c'est assez généraliste on ne montre pas beaucoup beaucoup beaucoup d'images mais on montre un éventail en fait de ce qu'il fait sans en montrer trop en fait et souvent on nous appelle pour des projets spécifiques et à ce moment là il faut monter un dossier un pdf ou un lien et tout qui sont à rapport avec ce projet et moi j'adore faire ça j'adore faire des recherches à l'échelle et monter le truc Ça, c'est quelque chose que j'aime beaucoup.

  • Speaker #1

    Et le côté négociation, argent, c'est quelque chose que tu as... Ça,

  • Speaker #0

    j'adore aussi.

  • Speaker #2

    Ta rencontre avec la photo, pourquoi la photographie en fait ?

  • Speaker #0

    C'est complètement par hasard. C'est vraiment venu à moi. Je n'étais pas du tout destinée à ça. J'étais très dilettante en fait. Je faisais un petit peu de tout. Je voyageais, j'étais... Un jour, j'ai une grosse agence parisienne qui représentait un illustrateur qui est décédé depuis, qui s'appelle Tony Viramontes, qui est un grand illustrateur. Ils m'ont appelée pour me demander, il avait besoin de quelqu'un pour l'accompagner dans ses rendez-vous et être présente. J'ai commencé avec Tony et après j'ai intégré cette agence de fil en aiguille.

  • Speaker #2

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et j'ai commencé à prospecter pour eux avec des boucs. À l'époque, j'ai l'impression d'être un dinosaure quand je dis ça, à l'époque. Mais à l'époque, on avait des grands dossiers. C'était très lourd de prospecter. Maintenant, c'est rare de prospecter avec des dossiers papiers. Et j'ai commencé à prospecter pour eux. Et puis, cette boîte a fermé. Et de fil en aiguille, je suis devenue agent. J'ai monté ma boîte et j'ai aimé ça.

  • Speaker #2

    Et tu as travaillé combien de temps avec Tony Viramontes, justement ?

  • Speaker #0

    Pas longtemps, peut-être six mois.

  • Speaker #2

    Ok. Et c'est une expérience qui t'a vraiment beaucoup marquée ?

  • Speaker #0

    Ça a été une expérience pour moi, mais difficile aussi, parce qu'on n'avait pas tellement de résonance entre nous. Mais ça m'a permis de commencer à percevoir ce que c'était que...

  • Speaker #2

    Représenter.

  • Speaker #0

    Représenter.

  • Speaker #2

    Et donc, c'est ce qui t'a donné envie de devenir agent, entre autres.

  • Speaker #0

    Après, j'ai été embauchée par cette agence et j'ai commencé à travailler pour eux. Et après, quand j'ai monté ma boîte, j'ai vraiment aimé parce que c'est un métier qui a autant trait à l'artistique, au créatif qu'au commercial. C'est très, très, très polyvalent, en fait. Et ça, j'adore parce que j'adore organiser, négocier, tout ça. Mais j'aime beaucoup l'image aussi. Et j'aime les gens. J'aime les artistes, pas tous, parce que c'est aussi des questions de rencontre. On peut en venir à ça, justement.

  • Speaker #1

    Comment tu choisis ? Est-ce que c'est l'artiste qui te choisit ou est-ce que c'est toi qui choisis l'artiste ?

  • Speaker #0

    Je ne me vois pas comme quelqu'un de très stratégique, en fait. une rencontre avec un artiste, pour moi, c'est quelque chose plutôt d'intuitif, en fait, son travail. Et j'ai rarement trouvé quand je cherchais, en fait. Si je cherche un artiste qui fait telle spécificité, tiens, vraiment, il faudrait dans l'équipe qui est, peut-être. Un photographe de nature morte en plus. Si je commence à chercher, il a pu arriver que je trouve, mais généralement, ça se passe vraiment naturellement.

  • Speaker #2

    Très organique.

  • Speaker #0

    Oui, naturellement. Je rencontre la personne. Il est rare aussi que les gens viennent à moi et que j'ai un coup de cœur, mais c'est déjà arrivé.

  • Speaker #1

    Ah oui, donc c'est un peu le fruit du hasard, quoi.

  • Speaker #0

    C'est le fruit... C'est le fruit des rencontres, en fait. Et puis, c'est aussi un épiphénomène tel... Par exemple, je représente une photographe qui s'appelle Emma Anderson, qui est très talentueuse.

  • Speaker #1

    Qui a fait le shooting Dior avec Rosalia. Oui,

  • Speaker #0

    avec Rosalia. Et au départ, Emma, c'était la studio manager de Kanji Ishii, qui est un autre photographe que je représente. mais qui respirait la photo et qui faisait des photos. Et de fil en aiguille, j'ai représenté Emma parce que j'aimais son travail et qu'elle était vraiment passionnée par l'image, par la photo.

  • Speaker #2

    Et typiquement, c'est toi qui as créé cette opportunité avec Dior et Rosalia ?

  • Speaker #0

    Non, alors Emma, elle est représentée par... Moi, je représente les artistes uniquement sur la France, parfois sur l'Europe. D'accord. Et ça, c'était une partie qui a été gérée par son agent américain.

  • Speaker #2

    Parce que justement, je me demandais s'il y avait des exclusivités de représentation. Alors, c'est plutôt par territoire ?

  • Speaker #0

    Par territoire. Maintenant, il y a des agents qui ont des antennes à New York, à Londres, en Italie.

  • Speaker #2

    Et sur des questions, sur une question peut-être un peu plus pragmatique, comment s'organise la rémunération d'un agent ? Est-ce que c'est des commissions ? Est-ce que c'est des…

  • Speaker #0

    La commission type d'un agent, c'est 25-75. L'agent perçoit une commission de 25 sur les honoraires.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas 10 comme la série.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas 10 comme la série.

  • Speaker #1

    C'est important sur des très gros montants,

  • Speaker #0

    tu m'as dit. Je ne sais même pas si les comédiens, je pense que c'est même plus. Les galeries d'art, c'est 50 par exemple. Après, il y a des deals particuliers qui peuvent être faits. C'est-à-dire que si, par exemple, que... L'artiste arrive avec déjà des clients en fait avec lesquels il travaille et l'agent il va juste avoir à gérer l'organisationnel et à ce moment là la commission on peut la négocier ensemble et tout ce qui est par exemple les éditos, les magazines, c'est pas 25% parce que les magazines ça paye beaucoup moins et même aujourd'hui parfois ça paye pas du tout. C'est pour avoir vraiment une vitrine. Et là, la commission, c'est plutôt aux alentours de 15. Il y a des choses qu'on fait gratuitement aussi. On ne fait pas que des choses pour l'argent.

  • Speaker #2

    Parce que je pense que ce n'est pas facile aussi de quantifier ton degré d'implication avec ta rémunération. Je pense que quand tu es agente, tu t'impliques souvent beaucoup. Et certaines fois, comme tu dis, tu finis par faire des choses parce que ça fait partie du lot. Mais c'est difficile de mettre un... prix sur chaque chose qu'on fait pour un artiste. J'imagine que ça doit être... La limite, elle est peut-être un peu floue aussi.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup de choses qu'on fait et qui ne ramènent rien. Par exemple, quand on est consulté pour une campagne, il y a une dizaine d'artistes qui sont consultés. Il y en a trois qui vont arriver en finale, qui vont être présentés aux clients. Mais nous, quand on nous demande de faire un devis... En fait, on donne tout. On fait comme si ça allait se faire. Et c'est beaucoup de temps, beaucoup d'énergie. Parfois, on gagne. Mais souvent, on perd sur la masse de consultations.

  • Speaker #1

    Tu disais que quand tu as commencé, c'était plus facile de faire de l'argent. Ou du moins, qu'on en faisait plus. Tu sens qu'il y a vraiment une différence aujourd'hui ? Tu te... Travailler plus pour arriver à faire autant, sinon moins peut-être ?

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #2

    carrément. Parce que les budgets sont plus serrés ou parce qu'il y a plus de concurrence ? C'est tous ces facteurs à la fois ? Les deux.

  • Speaker #0

    Les budgets sont vraiment plus serrés. Et il faut plier, mais il ne faut pas casser. Parce que si on casse, c'est... Mais il y a beaucoup de gens qui sont obligés de casser. Mais c'est vrai que d'une façon globale, il y a eu beaucoup d'abus.

  • Speaker #1

    Comme quoi ?

  • Speaker #0

    Bof ! Non mais il y a eu des années où vraiment c'était des sommes tellement astronomiques, pour des... voilà, c'est un petit peu revenu. Maintenant, ça a tendance à être un peu nivelé vers le bas, mais ça reste quand même passionnant. On dirait que je n'ai pas envie d'être trop défaitiste.

  • Speaker #1

    C'est la réalité d'un métier. Il faut savoir l'analyser et l'accepter de toute façon.

  • Speaker #2

    J'avais une question par rapport à la façon dont les agents peuvent s'organiser pour que ce métier soit peut-être un peu plus encadré, qui est une espèce de grille, une certaine codification pour leur permettre... de faire passer des revendications, etc. Est-ce que ça existe ? Est-ce qu'il y a un syndicat d'agents ?

  • Speaker #0

    Les agents associés. Les agents associés, c'est un syndicat d'agents qui agit énormément au niveau du juridique, au niveau de l'image, au niveau d'améliorer la condition des artistes, la condition des agents, qui sont très impliqués aussi avec les administrations de la ville de Paris, qui ont... qui organisent par exemple des mentorats pour aider certains artistes. Et il faudrait que je puisse introduire auprès de vous quelqu'un qui est très actif au sein des agents associés. Et qui pourrait vous en dire plus. Et allez voir sur le site des agents associés. Elles sont très, très actives. Ils, elles. Il y a quand même des réseaux qui se mettent en place au sein des agents. Par exemple... Moi, je fais partie d'un groupe qui s'appelle les Créatifs Collectifs, c'est un groupe WhatsApp.

  • Speaker #1

    Et donc ça, ça sert à quoi exactement ?

  • Speaker #0

    Alors, les agents associés, c'est une chose, c'est une fédération d'agents en fait. Et les Créatifs Collectifs, ce groupe, sont des femmes en fait qui sont dans le métier de la création et qui, dès qu'on a besoin de savoir quelque chose et qu'on ne sait pas, on demande. Et comme on est 500, il y a toujours des réponses qui viennent.

  • Speaker #2

    En tant que femme, C'était particulièrement compliqué ou pas forcément ? Est-ce que le fait d'être une femme dans ce milieu a fait une différence ou non ?

  • Speaker #0

    Non, franchement non. Je n'ai jamais ressenti ça. Il y a vraiment autant de femmes que d'hommes. Moi, j'ai représenté des femmes. Je représente aujourd'hui. Mais à une époque, je représentais des femmes. Et peut-être que je n'étais pas moi là où je suis aujourd'hui. Mais c'était difficile pour moi de représenter des femmes. Il y avait... émotionnellement, il y avait quelque chose d'une résonance et tout. J'arrivais pas à garder mes distances. Et en fait, j'arrive à bien travailler si j'arrive quand même à garder mes distances. Si émotionnellement, je tombe dans le pathos de l'autre, ça va pas. Et j'ai cessé de représenter des femmes. C'était un peu con, quoi. Je me suis dit, je ne représente plus de femmes parce que c'était difficile, quoi. Je pense qu'il y avait des résonances au niveau émotionnel. Et puis là, peut-être, moi, j'ai fait mon chemin. C'est moi, c'est pas elle. Et maintenant, je représente des femmes. Et ça se passe très bien, parce que peut-être j'ai plus de... Mais bon, je ne crois même pas que ça soit une question de genre. Je pense que c'est passé. C'était comme ça.

  • Speaker #1

    Et si je te dis Lou et Thomas ?

  • Speaker #0

    Lou et Thomas... Alors, Lou et Thomas.

  • Speaker #1

    C'est qui ?

  • Speaker #0

    Lou et Thomas sont des artistes que je représente, qui se trouvent être aussi mes enfants. Thomas, ça fait très longtemps que je le représente. Enfin, depuis que... Oui, mais en fait, pour dire la vérité, les premières années, je pense que c'était plutôt une vitrine pour Thomas, parce que Thomas, il était moins impliqué, en fait, dans sa carrière. Il avait d'autres choses à faire dans sa vie. Il voyageait beaucoup, c'était un baroudeur. Il a d'ailleurs fait, durant cette période, beaucoup, beaucoup, beaucoup d'images. Et chaque fois qu'il rentrait à Paris, il travaillait. Il a ça, Thomas, où il est. Et puis maintenant, Thomas, il est vraiment, vraiment en train de décoller.

  • Speaker #1

    Mais du coup, c'est paradoxal de dire que tu refusais de travailler avec des femmes parce que tu ne voulais pas être compliquée.

  • Speaker #0

    Bizarrement. Et là,

  • Speaker #1

    avec les enfants, est-ce que tu n'as pas ce risque ?

  • Speaker #0

    Oui, bizarrement, c'est entendu.

  • Speaker #1

    Il y a une frontière, vous arrivez là.

  • Speaker #0

    Il y a une frontière et puis même s'il n'y a pas de frontière, quand c'est le boulot, c'est le boulot. Mais ça peut passer d'une seconde à l'autre. Oui,

  • Speaker #1

    je connais ça, j'embrasse ma mère.

  • Speaker #0

    Ou l'office. Et Lou, il a toujours été très, très créatif. C'est un puits de créativité, Lou. Mais... plus électron libre en fait et pendant longtemps il a il a il a travaillé seul et puis il n'y a pas si longtemps que ça en fait il ya à peine à peine deux ans je dis écoute loup ça serait peut-être bien que tu sois dans des caisses et vous c'est venu de moi c'est à c'est marrant

  • Speaker #2

    Est-ce que c'est difficile quand tu travailles avec une marque, il y a certaines demandes très précises, et que tu proposes un artiste et que l'artiste doit se mouler aux demandes de la marque, et l'artiste a son égo, il a sa patte, est-ce que c'est difficile de devoir gérer ça ? Est-ce que c'est ton rôle aussi d'arriver à faire en sorte que ça marche au mieux ?

  • Speaker #0

    Je pense que dans le cas de figure où un artiste a une écriture très forte, C'est plutôt la marque qui va vers l'écriture de l'artiste. Et qui veut sa patalie. Et l'artiste, il compose, mais ce n'est pas un exécutant.

  • Speaker #1

    Comment tu convains un artiste de travailler avec toi, si tu as besoin de le faire ?

  • Speaker #0

    Par exemple, Nana, il était de passage à Paris. Franchement, je le courtisais, Nana, depuis quelques mois. Il n'avait pas l'air très chaud. Il n'avait pas besoin d'agent, il ne savait pas. Je ne sais pas, un jour, il s'est réveillé, il a dit Ouais ! Et il était à Paris et je suis allée le voir dans son atelier. Et on a fait connaissance. Je pense que l'artiste aussi, d'abord, il a besoin de savoir, enfin, peut-être pas pour les agents, que vraiment on aime son travail. Et Nana, il a dû sentir que vraiment j'aimais son travail. Oui, on a dû un petit peu parler de là où je voulais l'emmener et que ça ne lui enlèverait pas ses libertés. Nana, il a aussi des gens avec qui il travaille, avec qui il veut continuer à travailler en direct. Donc, tout ça sont des choses qui, d'ailleurs, ça peut être intéressant de savoir.

  • Speaker #2

    Quelles sont les réticences des artistes ?

  • Speaker #0

    Ça dépend vraiment de chaque artiste. Et en amont, on se cale en amont, en fait. Bon, ça, OK, c'est tes clients, tu les gardes pour toi. Ça, c'est tes clients, OK, tu les amènes dans l'agence. À ce moment-là, on négocie un... Comment ? une commission qui soit inférieure à 25%. En fait, je pense que parfois, les photographes peuvent se dire Ah, mais si le client sait qu'il a un agent, il va penser qu'on va demander plus. Ça, ça fait peur.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'il y a un conseil d'approche que tu peux donner ? Parce que je sais que c'est une problématique que beaucoup de talents ont. Comment est-ce que j'approche un agent ?

  • Speaker #0

    Si on veut approcher un agent et qu'on n'a pas de... relation en fait ou de... à ce moment là on va sur la Creative Connection par exemple dans laquelle il y a tous les agents ou on va peut-être sur le site de The Agent Club qui est une vitrine super pour les agents et pour les artistes et on regarde un peu quel agent représente quel artiste. Et puis on se dit qu'on aimerait bien intégrer telle agence parce que ça correspond à l'équipe, parce qu'il y a des écritures dans les équipes en fait. Ce qui fait aussi que la force de l'agence, c'est d'avoir une équipe qui a une cohérence en fait. Et puis on se dit, ben voilà, j'aimerais bien contacter. Et puis on contacte l'agent. Et si vraiment l'agent a un coup de cœur, il va vous répondre et vous recevoir.

  • Speaker #2

    Mais c'est une histoire humaine, ça commence forcément par un coup de cœur au bout d'un moment, au début en tout cas. Oui,

  • Speaker #0

    et puis ça dépend aussi comment la personne se présente. C'est vraiment important, si je peux donner un conseil là.

  • Speaker #2

    Absolument.

  • Speaker #0

    Si on présente son travail en envoyant un mail, en écrivant à l'agent, il ne faut pas que ça soit trop long. C'est fatigant, en fait. Il faut être concis, clair, mais en même temps, pas trop concis. Il faut vraiment, dans la présentation, c'est hyper important. Parce qu'à travers l'écriture, on peut quand même déceler, outre les images, un peu la personnalité de la personne qui vient vous voir. Et moi, généralement, c'est ce que je disais à Rand. On reçoit, je ne sais pas... Ça dépend des jours, mais entre 5 et 10 mails par jour de photographe. Moi, je lis toujours. J'essaye de répondre, mais je dois dire en étant tout à fait honnête que parfois, je ne réponds pas à tout. Mais je vais toujours voir, je jette un œil au travail. Et au premier regard, je sais.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #0

    Je sais. Et je dirais aussi qu'avant... D'écrire à un agent ou de contacter un agent, il faut vraiment travailler quand même. Même si l'agent est là pour t'accompagner.

  • Speaker #2

    Avoir une image déjà publique.

  • Speaker #0

    Non mais vraiment, que son travail soit prêt en fait, quand même à être présenté. C'est bien d'avoir du talent, mais alors aujourd'hui encore plus que toujours. Il faut bosser. Parce qu'en fait, ce qui va donner envie, c'est la créativité. C'est la profusion de la créativité. C'est l'élan, c'est la capacité. Le talent, ça ne suffit pas. Moi, souvent, je cite à mes fils ou à mes artistes, je leur demande de relire le testament de Rodin, artistique de Rodin, parce que Rodin, il dit, même si vous n'avez pas envie, même si vous n'avez pas d'inspiration, Tous les jours, mettez-vous à la tâche et ça va venir. Et je pense qu'aujourd'hui, puisqu'avec le nombre, il y a trop de tout. Donc si on veut vraiment sortir du lot, il faut vraiment tout donner.

  • Speaker #1

    Tu me disais en off, avant qu'on commence à enregistrer, qu'à terme, peut-être que l'agent de photographe pouvait peut-être disparaître ou laisser place à d'autres formes de métiers. ou que les artistes eux-mêmes seraient peut-être autonomes d'une certaine manière. Est-ce que c'est ça la crainte ?

  • Speaker #0

    Le danger, par exemple, chez Publicis, sur certaines marques, par exemple, en nature morte, ils ne font plus de photos, ils ne font que de la 3D. Certaines campagnes, on ne les réalise plus en photo, ni même en 3D, mais avec l'intelligence artificielle. Et puis au niveau des coûts, ça n'a rien à voir en fait. prod, en fait, il y a un certain nombre d'intervenants pour générer une image. Après, je ne suis pas spécialisée en IA ou quoi, mais ça élimine beaucoup, beaucoup de postes. Donc, le danger, c'est qu'effectivement, il n'y ait plus. Mais, tout comme par exemple, peu à peu, il y a une quinzaine ou vingtaine d'années, je ne sais pas, on est venu au digital, on est passé de l'argentique au digital. Il y a quand même une résistance aujourd'hui, peut-être qui est minoritaire, mais qui existe, de photographes qui travaillent uniquement en argentique. Mais ça coûte plus cher, c'est vraiment une minorité. Donc peut-être aussi qu'il va y avoir une grosse résistance sur la photo, mais quand même, c'est flippant. Et en même temps, c'est passionnant. Aujourd'hui, on demande aux photographes, ça peut être intéressant pour les photographes aussi qui cherchent des agents et qui ne savent pas, de savoir faire plein de choses en dehors de la photographie. il faut savoir faire des notes d'intention il faut savoir si possible retoucher il faut tout ça et savoir faire un peu de création on est des A aussi c'est pas mal parce qu'on mutualise de plus en plus pour réduire aussi au niveau des coûts donc

  • Speaker #1

    il faut être quand même super polyvalent ça aide et tu me disais aussi qu'il y avait des photographes qui étaient réels que tu représentes mais quand tu dis réel c'est pas du cinéma du coup ah non si

  • Speaker #0

    Ce n'est pas réel de long métrage. Si, j'avais une artiste qui, parallèlement, faisait du long métrage, mais généralement, c'est réel parce qu'il y a de plus en plus de capsules ou de petits films. Donc, si on est polyvalent, c'est bien aussi parce que souvent, on demande un photographe en film et en photo pour la pub. Pas que, mais souvent.

  • Speaker #2

    D'accord. Écoute, merci beaucoup,

  • Speaker #1

    Laurence. Agent Laurence Tordman. Mission accomplie.

  • Speaker #2

    Bravo.

  • Speaker #0

    Ok, super.

  • Speaker #2

    Merci de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Et maintenant, c'est à vous d'entrer en action. Votre mission, si vous l'acceptez, laissez 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute. Abonnez-vous au podcast, à notre chaîne YouTube et à notre compte Instagram pour des contenus exclusifs. Et surtout, n'hésitez pas à partager autour de vous. Agent Double est un podcast indépendant. S'il vous a plu, et pour qu'on puisse continuer à le développer, Vous pouvez nous soutenir en cliquant sur le lien dans le descriptif de l'épisode. On compte sur vous et on se retrouve dans deux semaines pour un nouveau numéro d'Agendo.

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Description

Notre agent 006 peut sembler timide de prime abord. Mais sous ce grand sourire réservé se cache en réalité un agent d’une finesse redoutable. Depuis 1998, son agence LT2 accompagne les plus grands photographes venus de tous horizons, comme Emma Anderson ou encore Nana Yaw Oduro. Son objectif ? Que ses artistes puissent exprimer leur talent auprès des annonceurs les plus prestigieux. Une mission accomplie au cours des décennies où notre invitée n’a cessé de s’adapter aux époques changeantes avec subtilité.

 

Dans cet épisode, Laurence Tordjman évoque:

Le syndicat professionnel des "agents associés": https://www.lesagentsassocies.org

Le réseau d'agent international "The agent club": https://theagents.club


//////////


Agent Double est un podcast indépendant sur une idée originale de Nayla Khalek, conçu, produit et animé par Pascale Wakim et Rand Khalek.


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//////////


Gratitude à notre fabuleuse équipe !


Vidéo et montage: Laetitia Moya Moukarzel

Son: Benjamin Lagadec

Graphisme: Yara Mehdi

Musique: Pascale Wakim

Mixage Musique: Eudoxe Parrain


Remerciement spécial pour Kareen Trager-Lewis, pour sa contribution déterminante à la réalisation de cet épisode ✨

Un grand merci également à Florian Rusterholtz pour son précieux coup de main sur ce tournage 🙏



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Moi, souvent, je cite à mes fils ou à mes artistes, je leur demande de relire le testament de Rodin, artistique de Rodin, parce que Rodin, il dit même si vous n'avez pas envie, même si vous n'avez pas d'inspiration, tous les jours, mettez-vous à la tâche et ça va venir. Et je pense qu'aujourd'hui, puisqu'avec le nombre, il y a trop de tout. Donc, si on veut vraiment sortir du lot. Il faut vraiment tout donner, quoi.

  • Speaker #1

    Agent Double.

  • Speaker #2

    Je suis Pascal Wachim.

  • Speaker #1

    Je suis Rand Kalec.

  • Speaker #2

    Vous écoutez Agent Double, le podcast qui dévoile les secrets des relations agent-talent.

  • Speaker #1

    Un jeudi sur deux, nous recevons un ou une invitée qui vient nous parler de ce métier si particulier, celui d'agent. Le podcast Agent Double, c'est mettre pour une fois dans la lumière celles et ceux qui œuvrent dans l'ombre pour le succès des autres.

  • Speaker #2

    Pour ne rater aucune de nos missions. Abonnez-vous à notre chaîne YouTube Agent Double ou sur votre plateforme d'écoute préférée.

  • Speaker #1

    Pour des contenus exclusifs, suivez notre page Instagram Agent Double Podcast.

  • Speaker #2

    Notre agent 006 peut sembler timide de prime abord. Mais sous ce grand sourire réservé, se cache en réalité un agent d'une finesse redoutable. Depuis 1998, son agence LT2 accompagne les plus grands photographes de tout horizon, comme Emma Anderson ou Nana Yo Oduro. Son objectif ? que ces artistes puissent exprimer leur talent auprès des annonceurs les plus prestigieux. Une mission accomplie au cours des décennies où notre invité a su s'adapter avec subtilité aux époques changeantes. Bienvenue Laurence Tordjman. Alors déjà, tu étais surprise que je t'appelle pour interviewer des agents. Une agente. C'est vrai,

  • Speaker #0

    ok.

  • Speaker #2

    Et je me demandais comme ça, pourquoi ça t'avait surpris ? Tu m'as dit de tous les métiers qu'il y a, pourquoi est-ce que tu t'intéresses à ce métier ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, je me demandais... Pourquoi un podcast sur les agents ? Ça m'interrogeait. Donc, j'attendais ta réponse.

  • Speaker #1

    On s'est posé la question aussi, nous, quand on l'a fait, je te le rassure. On s'est dit, pourquoi on ferait un podcast sur les agents ? Mais je pense que tu seras là pour nous expliquer.

  • Speaker #0

    J'étais juste peut-être un peu surprise.

  • Speaker #2

    Et en même temps, tu as enchaîné et tu m'as dit, d'ailleurs, après le Covid, j'ai l'impression que c'est un métier qui explose. Il y a 4, 5 fois plus d'agents sur le marché. pas forcément de photographes, mais tu m'as dit qu'il y en a beaucoup plus depuis le Covid.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai. Depuis le Covid, il y a peut-être plus. En fait, les producteurs représentent des photographes aussi, qui sont réels aussi. Donc, avant, ça ne se pratiquait pas trop. Donc, ça multiplie. Il y a beaucoup plus d'agents, en fait, qu'il y en avait avant.

  • Speaker #2

    Et donc, en fait, quand il y en avait une cinquantaine, c'était quoi ? C'est quand tu as commencé ? Parce que tu as commencé en 98.

  • Speaker #0

    Oui, même un petit peu. peu avant.

  • Speaker #2

    Oui. Et donc, en 26 ans, ça...

  • Speaker #0

    Ben, disons que, oui, j'ai trouvé... Au début, je trouvais ça assez cool et assez facile, en fait. Quand tu voulais aller quelque part, tu pouvais y aller sans trop de problèmes parce que c'était facile de contacter les gens, il y avait moins de photographes. Enfin, c'était... Je me disais, c'est vraiment un métier cool, quoi, où on peut s'éclater et bien gagner sa vie. C'est toujours aussi bien, mais c'est plus la même histoire aujourd'hui. C'est clair.

  • Speaker #2

    Beaucoup plus compétitif.

  • Speaker #0

    C'est hyper compétitif. Ok. C'est hyper compétitif. En plus, avec les réseaux sociaux, ça encore plus, ça démultiplie l'histoire.

  • Speaker #1

    Mais ton ancienneté, elle ne te donne pas plus de légitimité ou plus de facilité dans ce milieu ?

  • Speaker #0

    Avec certains, oui. Avec certains, oui, parce que les gens savent en fait que, entre guillemets, les agents de ma génération, qu'on travaille d'une certaine façon. qu'on connaît vraiment bien le métier et que l'expérience, c'est un plus. Après, les choses ont tellement changé qu'il y a tellement de monde. Maintenant, c'est un point de vue subjectif. Je ne sais pas comment on est perçu de l'extérieur. On ne sait pas quelle image on renvoie aussi. Je ne sais pas, parfois on me dit Ah, c'est vous, Laurence Torchman ? Je dis Ouais, c'est moi. Parce que je fais quand même partie des agents qui sont là depuis longtemps, donc dont on connaît le nom. Mais ce n'est pas pour autant que ça va créer le désir, en fait. Ce qui va créer le désir, c'est l'artiste et l'agent, l'association des deux. Mais c'est l'artiste. Et comment créer le désir ?

  • Speaker #1

    Comment créer le désir ?

  • Speaker #0

    J'étais sûre que tu allais me relancer. En fait, c'est un grand mystère, comment créer le désir. C'est qu'on ne sait pas. Parfois, ça, c'est vraiment la question. Parce qu'en fait, on est tous tellement, je veux dire, il y a tellement de choses partout, tellement d'images, tellement de tout que... Le désir en fait baisse, quand on a tout à portée de main, on n'a pas à faire les pas pour aller vers l'autre, parce que tout est là. Il y a le talent de l'artiste, mais parfois on peut tout faire pour justement susciter le désir, prospecter, communiquer, et ça ne se passe pas. Et puis parfois, on a juste à laisser faire, tout en faisant ce qu'il y a à faire, et ça vient. Donc il y a une partie de mystère en fait.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a deux manières, je ne sais pas s'il n'y en a que deux, mais il y a à la fois la rareté qui crée le désir, puisque justement il y a ce sentiment-là de... On crée de la rareté, donc on crée aussi du désir. Et le côté réseaux sociaux, on est ultra présent, et donc on crée aussi une bulle spéculative sur le moment de l'artiste, et qui sera alors très demandée, très recherchée. C'est un peu deux manières de faire qui sont un peu à l'opposé. Mais qui peuvent créer les deux du désir.

  • Speaker #0

    Oui. Il n'y a pas de recette non plus, parce qu'il y a certains artistes, en fait, très peu, mais qui ne communiquent pas sur les réseaux sociaux et qui sont quand même très demandés, en fait. D'où la rapé. Et c'est justement un parti pris, en fait, de ne pas rentrer là-dedans, parce que c'est un peu un gouffre aussi, les réseaux sociaux, qui prend beaucoup d'énergie, mais qui semble incontournable.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'à l'inverse, il y a des artistes qui ne sont pas du tout sur les réseaux ? J'ai vu que la plupart de tes artistes l'étaient, mais dans le détail, est-ce qu'il y en a justement qui ont choisi la stratégie inverse de la rareté, de cultiver ça ?

  • Speaker #0

    La plupart de mes artistes sont sur les réseaux sociaux. Là, j'ai eu un gros coup de cœur. Avant que tu poses des questions, je vais poser des questions.

  • Speaker #2

    Tu nous dévances.

  • Speaker #0

    Pour un artiste africain qui s'appelle Nana Yo-Oduro. Je l'ai regardé. Voilà.

  • Speaker #2

    J'ai trouvé ça gagnant, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Pardon, il est Guénéen. J'ai trouvé ça fabuleux ce qu'il faisait.

  • Speaker #2

    C'était très,

  • Speaker #0

    très beau. Et en fait, il se trouve que j'avais un autre de mes artistes qui l'avait filmé lors d'une réalisation d'une de ses œuvres. Nana réalisait une œuvre pour Coty. Et j'ai un de mes artistes qui l'a filmé. Et de fil en aiguille, j'ai contacté Nana et ça s'est fait. Mais Nana, il est au bout du monde presque. Il est très, très suivi.

  • Speaker #2

    Alors pour les auditeurs qui nous écoutent, en quelques mots, comment tu peux décrire ce qu'il fait ?

  • Speaker #0

    En fait, Nana, ce qu'il fait, c'est qu'il met en scène ses propres émotions chez l'autre. D'accord. En fait, ce que lui ressent, il le met en scène chez l'autre. Et c'est ça qui crée en fait cet univers qui est à la fois très épuré.

  • Speaker #2

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Et très gestuel et très conceptuel avec des couleurs. C'est d'une beauté.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est d'une beauté. Il ne fait pas grand-chose pour être suivi. Il est suivi. Maintenant, moi, mon rôle, c'est de... Parce que d'abord, il est loin. Les budgets, en fait, de plus en plus... Avant, ce n'était pas un problème de faire venir un artiste. Et maintenant, quand même, sur la plupart des budgets, à part certains sur lesquels il y a beaucoup d'argent, mais il n'y en a pas beaucoup. On a plutôt tendance à vouloir faire travailler des photographes qui sont un peu dans le périmètre européen, beaucoup européen. Nana, il est loin, donc il faut que je donne envie de le faire venir.

  • Speaker #1

    Donc, ton rôle, c'est de convaincre les personnes, les marques qui pourraient travailler avec lui et pas de le convaincre, lui, de venir travailler pour cette marque.

  • Speaker #0

    Convaincre, c'est un truc... C'est quelque chose de forcé, convaincre. Mais moi, je n'essaie pas de convaincre. J'essaie juste de dire ce que je ressens à propos de l'artiste, de montrer ce qu'il fait et de suggérer ce qu'il pourrait apporter dans tel univers. Les grandes maisons, en fait, elles ont envie qu'on les fasse rêver. On n'est plus dans le commercial pur et dur. Et ça, c'est vraiment, je pense... Il y a eu un gros mouvement pendant le Covid là-dessus, où Vuitton a fait travailler des artistes et tout. Et de plus en plus, les marques font travailler des artistes qui suggèrent en fait le produit, mais sans le montrer éventuellement. Et Nana, il est un peu dans cette...

  • Speaker #1

    Et pour toi, la clé d'une relation qui dure, c'est d'abord le respect et l'amitié peut-être ?

  • Speaker #0

    Enfin, en ce qui me concerne, entre un agent et un artiste, un photographe, il faut vraiment qu'il y ait une bonne entente et un respect mutuel. À partir du moment où il n'y a plus ça, moi je ne peux plus. Et il y a certains artistes avec qui on fait un long chemin ensemble, et d'autres en fait, où on a une histoire à vivre pendant un temps donné, et puis la source se tarie au bout d'un moment. Et c'est bien aussi pour l'artiste d'aller peut-être voir un autre agent, parce que c'est une autre énergie, c'est d'autres contacts. C'est vraiment, il n'y a pas une histoire qui se ressemble. C'est une histoire humaine aussi.

  • Speaker #2

    Et puis, il n'y a pas de recette magique. Je pense que ça vient au gré des projets, des opportunités. C'est quelque chose qui se construit.

  • Speaker #0

    Oui, il faut quand même avoir une idée de là où on a envie d'aller ensemble, en fait.

  • Speaker #1

    Mais ça, tu le sais au début de la collaboration ou ça vient au moment où vous commencez à travailler ensemble ?

  • Speaker #0

    Il vaut mieux le savoir au début, en fait. Il vaut mieux le savoir quand tu vois le travail de l'artiste, en fait.

  • Speaker #2

    Et c'est là où ton expérience, elle va t'aider aussi, elle va te donner ce flair qui va faire que tu vas avoir cette vision, parce que je pense que tu dois avoir...

  • Speaker #0

    Oui, là, c'est justement le côté très, très sympa aussi de l'histoire. C'est que c'est très visuel, en fait.

  • Speaker #2

    Est-ce que c'est la partie que tu préfères dans ton métier, justement, de pouvoir projeter ?

  • Speaker #0

    Oui, ça, j'aime beaucoup. Puis j'aime beaucoup aussi, par exemple, souvent, en fait, quand on est sur... un projet et que en fait ce qu'on montre sur le site c'est assez généraliste on ne montre pas beaucoup beaucoup beaucoup d'images mais on montre un éventail en fait de ce qu'il fait sans en montrer trop en fait et souvent on nous appelle pour des projets spécifiques et à ce moment là il faut monter un dossier un pdf ou un lien et tout qui sont à rapport avec ce projet et moi j'adore faire ça j'adore faire des recherches à l'échelle et monter le truc Ça, c'est quelque chose que j'aime beaucoup.

  • Speaker #1

    Et le côté négociation, argent, c'est quelque chose que tu as... Ça,

  • Speaker #0

    j'adore aussi.

  • Speaker #2

    Ta rencontre avec la photo, pourquoi la photographie en fait ?

  • Speaker #0

    C'est complètement par hasard. C'est vraiment venu à moi. Je n'étais pas du tout destinée à ça. J'étais très dilettante en fait. Je faisais un petit peu de tout. Je voyageais, j'étais... Un jour, j'ai une grosse agence parisienne qui représentait un illustrateur qui est décédé depuis, qui s'appelle Tony Viramontes, qui est un grand illustrateur. Ils m'ont appelée pour me demander, il avait besoin de quelqu'un pour l'accompagner dans ses rendez-vous et être présente. J'ai commencé avec Tony et après j'ai intégré cette agence de fil en aiguille.

  • Speaker #2

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et j'ai commencé à prospecter pour eux avec des boucs. À l'époque, j'ai l'impression d'être un dinosaure quand je dis ça, à l'époque. Mais à l'époque, on avait des grands dossiers. C'était très lourd de prospecter. Maintenant, c'est rare de prospecter avec des dossiers papiers. Et j'ai commencé à prospecter pour eux. Et puis, cette boîte a fermé. Et de fil en aiguille, je suis devenue agent. J'ai monté ma boîte et j'ai aimé ça.

  • Speaker #2

    Et tu as travaillé combien de temps avec Tony Viramontes, justement ?

  • Speaker #0

    Pas longtemps, peut-être six mois.

  • Speaker #2

    Ok. Et c'est une expérience qui t'a vraiment beaucoup marquée ?

  • Speaker #0

    Ça a été une expérience pour moi, mais difficile aussi, parce qu'on n'avait pas tellement de résonance entre nous. Mais ça m'a permis de commencer à percevoir ce que c'était que...

  • Speaker #2

    Représenter.

  • Speaker #0

    Représenter.

  • Speaker #2

    Et donc, c'est ce qui t'a donné envie de devenir agent, entre autres.

  • Speaker #0

    Après, j'ai été embauchée par cette agence et j'ai commencé à travailler pour eux. Et après, quand j'ai monté ma boîte, j'ai vraiment aimé parce que c'est un métier qui a autant trait à l'artistique, au créatif qu'au commercial. C'est très, très, très polyvalent, en fait. Et ça, j'adore parce que j'adore organiser, négocier, tout ça. Mais j'aime beaucoup l'image aussi. Et j'aime les gens. J'aime les artistes, pas tous, parce que c'est aussi des questions de rencontre. On peut en venir à ça, justement.

  • Speaker #1

    Comment tu choisis ? Est-ce que c'est l'artiste qui te choisit ou est-ce que c'est toi qui choisis l'artiste ?

  • Speaker #0

    Je ne me vois pas comme quelqu'un de très stratégique, en fait. une rencontre avec un artiste, pour moi, c'est quelque chose plutôt d'intuitif, en fait, son travail. Et j'ai rarement trouvé quand je cherchais, en fait. Si je cherche un artiste qui fait telle spécificité, tiens, vraiment, il faudrait dans l'équipe qui est, peut-être. Un photographe de nature morte en plus. Si je commence à chercher, il a pu arriver que je trouve, mais généralement, ça se passe vraiment naturellement.

  • Speaker #2

    Très organique.

  • Speaker #0

    Oui, naturellement. Je rencontre la personne. Il est rare aussi que les gens viennent à moi et que j'ai un coup de cœur, mais c'est déjà arrivé.

  • Speaker #1

    Ah oui, donc c'est un peu le fruit du hasard, quoi.

  • Speaker #0

    C'est le fruit... C'est le fruit des rencontres, en fait. Et puis, c'est aussi un épiphénomène tel... Par exemple, je représente une photographe qui s'appelle Emma Anderson, qui est très talentueuse.

  • Speaker #1

    Qui a fait le shooting Dior avec Rosalia. Oui,

  • Speaker #0

    avec Rosalia. Et au départ, Emma, c'était la studio manager de Kanji Ishii, qui est un autre photographe que je représente. mais qui respirait la photo et qui faisait des photos. Et de fil en aiguille, j'ai représenté Emma parce que j'aimais son travail et qu'elle était vraiment passionnée par l'image, par la photo.

  • Speaker #2

    Et typiquement, c'est toi qui as créé cette opportunité avec Dior et Rosalia ?

  • Speaker #0

    Non, alors Emma, elle est représentée par... Moi, je représente les artistes uniquement sur la France, parfois sur l'Europe. D'accord. Et ça, c'était une partie qui a été gérée par son agent américain.

  • Speaker #2

    Parce que justement, je me demandais s'il y avait des exclusivités de représentation. Alors, c'est plutôt par territoire ?

  • Speaker #0

    Par territoire. Maintenant, il y a des agents qui ont des antennes à New York, à Londres, en Italie.

  • Speaker #2

    Et sur des questions, sur une question peut-être un peu plus pragmatique, comment s'organise la rémunération d'un agent ? Est-ce que c'est des commissions ? Est-ce que c'est des…

  • Speaker #0

    La commission type d'un agent, c'est 25-75. L'agent perçoit une commission de 25 sur les honoraires.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas 10 comme la série.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas 10 comme la série.

  • Speaker #1

    C'est important sur des très gros montants,

  • Speaker #0

    tu m'as dit. Je ne sais même pas si les comédiens, je pense que c'est même plus. Les galeries d'art, c'est 50 par exemple. Après, il y a des deals particuliers qui peuvent être faits. C'est-à-dire que si, par exemple, que... L'artiste arrive avec déjà des clients en fait avec lesquels il travaille et l'agent il va juste avoir à gérer l'organisationnel et à ce moment là la commission on peut la négocier ensemble et tout ce qui est par exemple les éditos, les magazines, c'est pas 25% parce que les magazines ça paye beaucoup moins et même aujourd'hui parfois ça paye pas du tout. C'est pour avoir vraiment une vitrine. Et là, la commission, c'est plutôt aux alentours de 15. Il y a des choses qu'on fait gratuitement aussi. On ne fait pas que des choses pour l'argent.

  • Speaker #2

    Parce que je pense que ce n'est pas facile aussi de quantifier ton degré d'implication avec ta rémunération. Je pense que quand tu es agente, tu t'impliques souvent beaucoup. Et certaines fois, comme tu dis, tu finis par faire des choses parce que ça fait partie du lot. Mais c'est difficile de mettre un... prix sur chaque chose qu'on fait pour un artiste. J'imagine que ça doit être... La limite, elle est peut-être un peu floue aussi.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup de choses qu'on fait et qui ne ramènent rien. Par exemple, quand on est consulté pour une campagne, il y a une dizaine d'artistes qui sont consultés. Il y en a trois qui vont arriver en finale, qui vont être présentés aux clients. Mais nous, quand on nous demande de faire un devis... En fait, on donne tout. On fait comme si ça allait se faire. Et c'est beaucoup de temps, beaucoup d'énergie. Parfois, on gagne. Mais souvent, on perd sur la masse de consultations.

  • Speaker #1

    Tu disais que quand tu as commencé, c'était plus facile de faire de l'argent. Ou du moins, qu'on en faisait plus. Tu sens qu'il y a vraiment une différence aujourd'hui ? Tu te... Travailler plus pour arriver à faire autant, sinon moins peut-être ?

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #2

    carrément. Parce que les budgets sont plus serrés ou parce qu'il y a plus de concurrence ? C'est tous ces facteurs à la fois ? Les deux.

  • Speaker #0

    Les budgets sont vraiment plus serrés. Et il faut plier, mais il ne faut pas casser. Parce que si on casse, c'est... Mais il y a beaucoup de gens qui sont obligés de casser. Mais c'est vrai que d'une façon globale, il y a eu beaucoup d'abus.

  • Speaker #1

    Comme quoi ?

  • Speaker #0

    Bof ! Non mais il y a eu des années où vraiment c'était des sommes tellement astronomiques, pour des... voilà, c'est un petit peu revenu. Maintenant, ça a tendance à être un peu nivelé vers le bas, mais ça reste quand même passionnant. On dirait que je n'ai pas envie d'être trop défaitiste.

  • Speaker #1

    C'est la réalité d'un métier. Il faut savoir l'analyser et l'accepter de toute façon.

  • Speaker #2

    J'avais une question par rapport à la façon dont les agents peuvent s'organiser pour que ce métier soit peut-être un peu plus encadré, qui est une espèce de grille, une certaine codification pour leur permettre... de faire passer des revendications, etc. Est-ce que ça existe ? Est-ce qu'il y a un syndicat d'agents ?

  • Speaker #0

    Les agents associés. Les agents associés, c'est un syndicat d'agents qui agit énormément au niveau du juridique, au niveau de l'image, au niveau d'améliorer la condition des artistes, la condition des agents, qui sont très impliqués aussi avec les administrations de la ville de Paris, qui ont... qui organisent par exemple des mentorats pour aider certains artistes. Et il faudrait que je puisse introduire auprès de vous quelqu'un qui est très actif au sein des agents associés. Et qui pourrait vous en dire plus. Et allez voir sur le site des agents associés. Elles sont très, très actives. Ils, elles. Il y a quand même des réseaux qui se mettent en place au sein des agents. Par exemple... Moi, je fais partie d'un groupe qui s'appelle les Créatifs Collectifs, c'est un groupe WhatsApp.

  • Speaker #1

    Et donc ça, ça sert à quoi exactement ?

  • Speaker #0

    Alors, les agents associés, c'est une chose, c'est une fédération d'agents en fait. Et les Créatifs Collectifs, ce groupe, sont des femmes en fait qui sont dans le métier de la création et qui, dès qu'on a besoin de savoir quelque chose et qu'on ne sait pas, on demande. Et comme on est 500, il y a toujours des réponses qui viennent.

  • Speaker #2

    En tant que femme, C'était particulièrement compliqué ou pas forcément ? Est-ce que le fait d'être une femme dans ce milieu a fait une différence ou non ?

  • Speaker #0

    Non, franchement non. Je n'ai jamais ressenti ça. Il y a vraiment autant de femmes que d'hommes. Moi, j'ai représenté des femmes. Je représente aujourd'hui. Mais à une époque, je représentais des femmes. Et peut-être que je n'étais pas moi là où je suis aujourd'hui. Mais c'était difficile pour moi de représenter des femmes. Il y avait... émotionnellement, il y avait quelque chose d'une résonance et tout. J'arrivais pas à garder mes distances. Et en fait, j'arrive à bien travailler si j'arrive quand même à garder mes distances. Si émotionnellement, je tombe dans le pathos de l'autre, ça va pas. Et j'ai cessé de représenter des femmes. C'était un peu con, quoi. Je me suis dit, je ne représente plus de femmes parce que c'était difficile, quoi. Je pense qu'il y avait des résonances au niveau émotionnel. Et puis là, peut-être, moi, j'ai fait mon chemin. C'est moi, c'est pas elle. Et maintenant, je représente des femmes. Et ça se passe très bien, parce que peut-être j'ai plus de... Mais bon, je ne crois même pas que ça soit une question de genre. Je pense que c'est passé. C'était comme ça.

  • Speaker #1

    Et si je te dis Lou et Thomas ?

  • Speaker #0

    Lou et Thomas... Alors, Lou et Thomas.

  • Speaker #1

    C'est qui ?

  • Speaker #0

    Lou et Thomas sont des artistes que je représente, qui se trouvent être aussi mes enfants. Thomas, ça fait très longtemps que je le représente. Enfin, depuis que... Oui, mais en fait, pour dire la vérité, les premières années, je pense que c'était plutôt une vitrine pour Thomas, parce que Thomas, il était moins impliqué, en fait, dans sa carrière. Il avait d'autres choses à faire dans sa vie. Il voyageait beaucoup, c'était un baroudeur. Il a d'ailleurs fait, durant cette période, beaucoup, beaucoup, beaucoup d'images. Et chaque fois qu'il rentrait à Paris, il travaillait. Il a ça, Thomas, où il est. Et puis maintenant, Thomas, il est vraiment, vraiment en train de décoller.

  • Speaker #1

    Mais du coup, c'est paradoxal de dire que tu refusais de travailler avec des femmes parce que tu ne voulais pas être compliquée.

  • Speaker #0

    Bizarrement. Et là,

  • Speaker #1

    avec les enfants, est-ce que tu n'as pas ce risque ?

  • Speaker #0

    Oui, bizarrement, c'est entendu.

  • Speaker #1

    Il y a une frontière, vous arrivez là.

  • Speaker #0

    Il y a une frontière et puis même s'il n'y a pas de frontière, quand c'est le boulot, c'est le boulot. Mais ça peut passer d'une seconde à l'autre. Oui,

  • Speaker #1

    je connais ça, j'embrasse ma mère.

  • Speaker #0

    Ou l'office. Et Lou, il a toujours été très, très créatif. C'est un puits de créativité, Lou. Mais... plus électron libre en fait et pendant longtemps il a il a il a travaillé seul et puis il n'y a pas si longtemps que ça en fait il ya à peine à peine deux ans je dis écoute loup ça serait peut-être bien que tu sois dans des caisses et vous c'est venu de moi c'est à c'est marrant

  • Speaker #2

    Est-ce que c'est difficile quand tu travailles avec une marque, il y a certaines demandes très précises, et que tu proposes un artiste et que l'artiste doit se mouler aux demandes de la marque, et l'artiste a son égo, il a sa patte, est-ce que c'est difficile de devoir gérer ça ? Est-ce que c'est ton rôle aussi d'arriver à faire en sorte que ça marche au mieux ?

  • Speaker #0

    Je pense que dans le cas de figure où un artiste a une écriture très forte, C'est plutôt la marque qui va vers l'écriture de l'artiste. Et qui veut sa patalie. Et l'artiste, il compose, mais ce n'est pas un exécutant.

  • Speaker #1

    Comment tu convains un artiste de travailler avec toi, si tu as besoin de le faire ?

  • Speaker #0

    Par exemple, Nana, il était de passage à Paris. Franchement, je le courtisais, Nana, depuis quelques mois. Il n'avait pas l'air très chaud. Il n'avait pas besoin d'agent, il ne savait pas. Je ne sais pas, un jour, il s'est réveillé, il a dit Ouais ! Et il était à Paris et je suis allée le voir dans son atelier. Et on a fait connaissance. Je pense que l'artiste aussi, d'abord, il a besoin de savoir, enfin, peut-être pas pour les agents, que vraiment on aime son travail. Et Nana, il a dû sentir que vraiment j'aimais son travail. Oui, on a dû un petit peu parler de là où je voulais l'emmener et que ça ne lui enlèverait pas ses libertés. Nana, il a aussi des gens avec qui il travaille, avec qui il veut continuer à travailler en direct. Donc, tout ça sont des choses qui, d'ailleurs, ça peut être intéressant de savoir.

  • Speaker #2

    Quelles sont les réticences des artistes ?

  • Speaker #0

    Ça dépend vraiment de chaque artiste. Et en amont, on se cale en amont, en fait. Bon, ça, OK, c'est tes clients, tu les gardes pour toi. Ça, c'est tes clients, OK, tu les amènes dans l'agence. À ce moment-là, on négocie un... Comment ? une commission qui soit inférieure à 25%. En fait, je pense que parfois, les photographes peuvent se dire Ah, mais si le client sait qu'il a un agent, il va penser qu'on va demander plus. Ça, ça fait peur.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'il y a un conseil d'approche que tu peux donner ? Parce que je sais que c'est une problématique que beaucoup de talents ont. Comment est-ce que j'approche un agent ?

  • Speaker #0

    Si on veut approcher un agent et qu'on n'a pas de... relation en fait ou de... à ce moment là on va sur la Creative Connection par exemple dans laquelle il y a tous les agents ou on va peut-être sur le site de The Agent Club qui est une vitrine super pour les agents et pour les artistes et on regarde un peu quel agent représente quel artiste. Et puis on se dit qu'on aimerait bien intégrer telle agence parce que ça correspond à l'équipe, parce qu'il y a des écritures dans les équipes en fait. Ce qui fait aussi que la force de l'agence, c'est d'avoir une équipe qui a une cohérence en fait. Et puis on se dit, ben voilà, j'aimerais bien contacter. Et puis on contacte l'agent. Et si vraiment l'agent a un coup de cœur, il va vous répondre et vous recevoir.

  • Speaker #2

    Mais c'est une histoire humaine, ça commence forcément par un coup de cœur au bout d'un moment, au début en tout cas. Oui,

  • Speaker #0

    et puis ça dépend aussi comment la personne se présente. C'est vraiment important, si je peux donner un conseil là.

  • Speaker #2

    Absolument.

  • Speaker #0

    Si on présente son travail en envoyant un mail, en écrivant à l'agent, il ne faut pas que ça soit trop long. C'est fatigant, en fait. Il faut être concis, clair, mais en même temps, pas trop concis. Il faut vraiment, dans la présentation, c'est hyper important. Parce qu'à travers l'écriture, on peut quand même déceler, outre les images, un peu la personnalité de la personne qui vient vous voir. Et moi, généralement, c'est ce que je disais à Rand. On reçoit, je ne sais pas... Ça dépend des jours, mais entre 5 et 10 mails par jour de photographe. Moi, je lis toujours. J'essaye de répondre, mais je dois dire en étant tout à fait honnête que parfois, je ne réponds pas à tout. Mais je vais toujours voir, je jette un œil au travail. Et au premier regard, je sais.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #0

    Je sais. Et je dirais aussi qu'avant... D'écrire à un agent ou de contacter un agent, il faut vraiment travailler quand même. Même si l'agent est là pour t'accompagner.

  • Speaker #2

    Avoir une image déjà publique.

  • Speaker #0

    Non mais vraiment, que son travail soit prêt en fait, quand même à être présenté. C'est bien d'avoir du talent, mais alors aujourd'hui encore plus que toujours. Il faut bosser. Parce qu'en fait, ce qui va donner envie, c'est la créativité. C'est la profusion de la créativité. C'est l'élan, c'est la capacité. Le talent, ça ne suffit pas. Moi, souvent, je cite à mes fils ou à mes artistes, je leur demande de relire le testament de Rodin, artistique de Rodin, parce que Rodin, il dit, même si vous n'avez pas envie, même si vous n'avez pas d'inspiration, Tous les jours, mettez-vous à la tâche et ça va venir. Et je pense qu'aujourd'hui, puisqu'avec le nombre, il y a trop de tout. Donc si on veut vraiment sortir du lot, il faut vraiment tout donner.

  • Speaker #1

    Tu me disais en off, avant qu'on commence à enregistrer, qu'à terme, peut-être que l'agent de photographe pouvait peut-être disparaître ou laisser place à d'autres formes de métiers. ou que les artistes eux-mêmes seraient peut-être autonomes d'une certaine manière. Est-ce que c'est ça la crainte ?

  • Speaker #0

    Le danger, par exemple, chez Publicis, sur certaines marques, par exemple, en nature morte, ils ne font plus de photos, ils ne font que de la 3D. Certaines campagnes, on ne les réalise plus en photo, ni même en 3D, mais avec l'intelligence artificielle. Et puis au niveau des coûts, ça n'a rien à voir en fait. prod, en fait, il y a un certain nombre d'intervenants pour générer une image. Après, je ne suis pas spécialisée en IA ou quoi, mais ça élimine beaucoup, beaucoup de postes. Donc, le danger, c'est qu'effectivement, il n'y ait plus. Mais, tout comme par exemple, peu à peu, il y a une quinzaine ou vingtaine d'années, je ne sais pas, on est venu au digital, on est passé de l'argentique au digital. Il y a quand même une résistance aujourd'hui, peut-être qui est minoritaire, mais qui existe, de photographes qui travaillent uniquement en argentique. Mais ça coûte plus cher, c'est vraiment une minorité. Donc peut-être aussi qu'il va y avoir une grosse résistance sur la photo, mais quand même, c'est flippant. Et en même temps, c'est passionnant. Aujourd'hui, on demande aux photographes, ça peut être intéressant pour les photographes aussi qui cherchent des agents et qui ne savent pas, de savoir faire plein de choses en dehors de la photographie. il faut savoir faire des notes d'intention il faut savoir si possible retoucher il faut tout ça et savoir faire un peu de création on est des A aussi c'est pas mal parce qu'on mutualise de plus en plus pour réduire aussi au niveau des coûts donc

  • Speaker #1

    il faut être quand même super polyvalent ça aide et tu me disais aussi qu'il y avait des photographes qui étaient réels que tu représentes mais quand tu dis réel c'est pas du cinéma du coup ah non si

  • Speaker #0

    Ce n'est pas réel de long métrage. Si, j'avais une artiste qui, parallèlement, faisait du long métrage, mais généralement, c'est réel parce qu'il y a de plus en plus de capsules ou de petits films. Donc, si on est polyvalent, c'est bien aussi parce que souvent, on demande un photographe en film et en photo pour la pub. Pas que, mais souvent.

  • Speaker #2

    D'accord. Écoute, merci beaucoup,

  • Speaker #1

    Laurence. Agent Laurence Tordman. Mission accomplie.

  • Speaker #2

    Bravo.

  • Speaker #0

    Ok, super.

  • Speaker #2

    Merci de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Et maintenant, c'est à vous d'entrer en action. Votre mission, si vous l'acceptez, laissez 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute. Abonnez-vous au podcast, à notre chaîne YouTube et à notre compte Instagram pour des contenus exclusifs. Et surtout, n'hésitez pas à partager autour de vous. Agent Double est un podcast indépendant. S'il vous a plu, et pour qu'on puisse continuer à le développer, Vous pouvez nous soutenir en cliquant sur le lien dans le descriptif de l'épisode. On compte sur vous et on se retrouve dans deux semaines pour un nouveau numéro d'Agendo.

Description

Notre agent 006 peut sembler timide de prime abord. Mais sous ce grand sourire réservé se cache en réalité un agent d’une finesse redoutable. Depuis 1998, son agence LT2 accompagne les plus grands photographes venus de tous horizons, comme Emma Anderson ou encore Nana Yaw Oduro. Son objectif ? Que ses artistes puissent exprimer leur talent auprès des annonceurs les plus prestigieux. Une mission accomplie au cours des décennies où notre invitée n’a cessé de s’adapter aux époques changeantes avec subtilité.

 

Dans cet épisode, Laurence Tordjman évoque:

Le syndicat professionnel des "agents associés": https://www.lesagentsassocies.org

Le réseau d'agent international "The agent club": https://theagents.club


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Agent Double est un podcast indépendant sur une idée originale de Nayla Khalek, conçu, produit et animé par Pascale Wakim et Rand Khalek.


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Gratitude à notre fabuleuse équipe !


Vidéo et montage: Laetitia Moya Moukarzel

Son: Benjamin Lagadec

Graphisme: Yara Mehdi

Musique: Pascale Wakim

Mixage Musique: Eudoxe Parrain


Remerciement spécial pour Kareen Trager-Lewis, pour sa contribution déterminante à la réalisation de cet épisode ✨

Un grand merci également à Florian Rusterholtz pour son précieux coup de main sur ce tournage 🙏



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Moi, souvent, je cite à mes fils ou à mes artistes, je leur demande de relire le testament de Rodin, artistique de Rodin, parce que Rodin, il dit même si vous n'avez pas envie, même si vous n'avez pas d'inspiration, tous les jours, mettez-vous à la tâche et ça va venir. Et je pense qu'aujourd'hui, puisqu'avec le nombre, il y a trop de tout. Donc, si on veut vraiment sortir du lot. Il faut vraiment tout donner, quoi.

  • Speaker #1

    Agent Double.

  • Speaker #2

    Je suis Pascal Wachim.

  • Speaker #1

    Je suis Rand Kalec.

  • Speaker #2

    Vous écoutez Agent Double, le podcast qui dévoile les secrets des relations agent-talent.

  • Speaker #1

    Un jeudi sur deux, nous recevons un ou une invitée qui vient nous parler de ce métier si particulier, celui d'agent. Le podcast Agent Double, c'est mettre pour une fois dans la lumière celles et ceux qui œuvrent dans l'ombre pour le succès des autres.

  • Speaker #2

    Pour ne rater aucune de nos missions. Abonnez-vous à notre chaîne YouTube Agent Double ou sur votre plateforme d'écoute préférée.

  • Speaker #1

    Pour des contenus exclusifs, suivez notre page Instagram Agent Double Podcast.

  • Speaker #2

    Notre agent 006 peut sembler timide de prime abord. Mais sous ce grand sourire réservé, se cache en réalité un agent d'une finesse redoutable. Depuis 1998, son agence LT2 accompagne les plus grands photographes de tout horizon, comme Emma Anderson ou Nana Yo Oduro. Son objectif ? que ces artistes puissent exprimer leur talent auprès des annonceurs les plus prestigieux. Une mission accomplie au cours des décennies où notre invité a su s'adapter avec subtilité aux époques changeantes. Bienvenue Laurence Tordjman. Alors déjà, tu étais surprise que je t'appelle pour interviewer des agents. Une agente. C'est vrai,

  • Speaker #0

    ok.

  • Speaker #2

    Et je me demandais comme ça, pourquoi ça t'avait surpris ? Tu m'as dit de tous les métiers qu'il y a, pourquoi est-ce que tu t'intéresses à ce métier ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, je me demandais... Pourquoi un podcast sur les agents ? Ça m'interrogeait. Donc, j'attendais ta réponse.

  • Speaker #1

    On s'est posé la question aussi, nous, quand on l'a fait, je te le rassure. On s'est dit, pourquoi on ferait un podcast sur les agents ? Mais je pense que tu seras là pour nous expliquer.

  • Speaker #0

    J'étais juste peut-être un peu surprise.

  • Speaker #2

    Et en même temps, tu as enchaîné et tu m'as dit, d'ailleurs, après le Covid, j'ai l'impression que c'est un métier qui explose. Il y a 4, 5 fois plus d'agents sur le marché. pas forcément de photographes, mais tu m'as dit qu'il y en a beaucoup plus depuis le Covid.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai. Depuis le Covid, il y a peut-être plus. En fait, les producteurs représentent des photographes aussi, qui sont réels aussi. Donc, avant, ça ne se pratiquait pas trop. Donc, ça multiplie. Il y a beaucoup plus d'agents, en fait, qu'il y en avait avant.

  • Speaker #2

    Et donc, en fait, quand il y en avait une cinquantaine, c'était quoi ? C'est quand tu as commencé ? Parce que tu as commencé en 98.

  • Speaker #0

    Oui, même un petit peu. peu avant.

  • Speaker #2

    Oui. Et donc, en 26 ans, ça...

  • Speaker #0

    Ben, disons que, oui, j'ai trouvé... Au début, je trouvais ça assez cool et assez facile, en fait. Quand tu voulais aller quelque part, tu pouvais y aller sans trop de problèmes parce que c'était facile de contacter les gens, il y avait moins de photographes. Enfin, c'était... Je me disais, c'est vraiment un métier cool, quoi, où on peut s'éclater et bien gagner sa vie. C'est toujours aussi bien, mais c'est plus la même histoire aujourd'hui. C'est clair.

  • Speaker #2

    Beaucoup plus compétitif.

  • Speaker #0

    C'est hyper compétitif. Ok. C'est hyper compétitif. En plus, avec les réseaux sociaux, ça encore plus, ça démultiplie l'histoire.

  • Speaker #1

    Mais ton ancienneté, elle ne te donne pas plus de légitimité ou plus de facilité dans ce milieu ?

  • Speaker #0

    Avec certains, oui. Avec certains, oui, parce que les gens savent en fait que, entre guillemets, les agents de ma génération, qu'on travaille d'une certaine façon. qu'on connaît vraiment bien le métier et que l'expérience, c'est un plus. Après, les choses ont tellement changé qu'il y a tellement de monde. Maintenant, c'est un point de vue subjectif. Je ne sais pas comment on est perçu de l'extérieur. On ne sait pas quelle image on renvoie aussi. Je ne sais pas, parfois on me dit Ah, c'est vous, Laurence Torchman ? Je dis Ouais, c'est moi. Parce que je fais quand même partie des agents qui sont là depuis longtemps, donc dont on connaît le nom. Mais ce n'est pas pour autant que ça va créer le désir, en fait. Ce qui va créer le désir, c'est l'artiste et l'agent, l'association des deux. Mais c'est l'artiste. Et comment créer le désir ?

  • Speaker #1

    Comment créer le désir ?

  • Speaker #0

    J'étais sûre que tu allais me relancer. En fait, c'est un grand mystère, comment créer le désir. C'est qu'on ne sait pas. Parfois, ça, c'est vraiment la question. Parce qu'en fait, on est tous tellement, je veux dire, il y a tellement de choses partout, tellement d'images, tellement de tout que... Le désir en fait baisse, quand on a tout à portée de main, on n'a pas à faire les pas pour aller vers l'autre, parce que tout est là. Il y a le talent de l'artiste, mais parfois on peut tout faire pour justement susciter le désir, prospecter, communiquer, et ça ne se passe pas. Et puis parfois, on a juste à laisser faire, tout en faisant ce qu'il y a à faire, et ça vient. Donc il y a une partie de mystère en fait.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a deux manières, je ne sais pas s'il n'y en a que deux, mais il y a à la fois la rareté qui crée le désir, puisque justement il y a ce sentiment-là de... On crée de la rareté, donc on crée aussi du désir. Et le côté réseaux sociaux, on est ultra présent, et donc on crée aussi une bulle spéculative sur le moment de l'artiste, et qui sera alors très demandée, très recherchée. C'est un peu deux manières de faire qui sont un peu à l'opposé. Mais qui peuvent créer les deux du désir.

  • Speaker #0

    Oui. Il n'y a pas de recette non plus, parce qu'il y a certains artistes, en fait, très peu, mais qui ne communiquent pas sur les réseaux sociaux et qui sont quand même très demandés, en fait. D'où la rapé. Et c'est justement un parti pris, en fait, de ne pas rentrer là-dedans, parce que c'est un peu un gouffre aussi, les réseaux sociaux, qui prend beaucoup d'énergie, mais qui semble incontournable.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'à l'inverse, il y a des artistes qui ne sont pas du tout sur les réseaux ? J'ai vu que la plupart de tes artistes l'étaient, mais dans le détail, est-ce qu'il y en a justement qui ont choisi la stratégie inverse de la rareté, de cultiver ça ?

  • Speaker #0

    La plupart de mes artistes sont sur les réseaux sociaux. Là, j'ai eu un gros coup de cœur. Avant que tu poses des questions, je vais poser des questions.

  • Speaker #2

    Tu nous dévances.

  • Speaker #0

    Pour un artiste africain qui s'appelle Nana Yo-Oduro. Je l'ai regardé. Voilà.

  • Speaker #2

    J'ai trouvé ça gagnant, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Pardon, il est Guénéen. J'ai trouvé ça fabuleux ce qu'il faisait.

  • Speaker #2

    C'était très,

  • Speaker #0

    très beau. Et en fait, il se trouve que j'avais un autre de mes artistes qui l'avait filmé lors d'une réalisation d'une de ses œuvres. Nana réalisait une œuvre pour Coty. Et j'ai un de mes artistes qui l'a filmé. Et de fil en aiguille, j'ai contacté Nana et ça s'est fait. Mais Nana, il est au bout du monde presque. Il est très, très suivi.

  • Speaker #2

    Alors pour les auditeurs qui nous écoutent, en quelques mots, comment tu peux décrire ce qu'il fait ?

  • Speaker #0

    En fait, Nana, ce qu'il fait, c'est qu'il met en scène ses propres émotions chez l'autre. D'accord. En fait, ce que lui ressent, il le met en scène chez l'autre. Et c'est ça qui crée en fait cet univers qui est à la fois très épuré.

  • Speaker #2

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Et très gestuel et très conceptuel avec des couleurs. C'est d'une beauté.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est d'une beauté. Il ne fait pas grand-chose pour être suivi. Il est suivi. Maintenant, moi, mon rôle, c'est de... Parce que d'abord, il est loin. Les budgets, en fait, de plus en plus... Avant, ce n'était pas un problème de faire venir un artiste. Et maintenant, quand même, sur la plupart des budgets, à part certains sur lesquels il y a beaucoup d'argent, mais il n'y en a pas beaucoup. On a plutôt tendance à vouloir faire travailler des photographes qui sont un peu dans le périmètre européen, beaucoup européen. Nana, il est loin, donc il faut que je donne envie de le faire venir.

  • Speaker #1

    Donc, ton rôle, c'est de convaincre les personnes, les marques qui pourraient travailler avec lui et pas de le convaincre, lui, de venir travailler pour cette marque.

  • Speaker #0

    Convaincre, c'est un truc... C'est quelque chose de forcé, convaincre. Mais moi, je n'essaie pas de convaincre. J'essaie juste de dire ce que je ressens à propos de l'artiste, de montrer ce qu'il fait et de suggérer ce qu'il pourrait apporter dans tel univers. Les grandes maisons, en fait, elles ont envie qu'on les fasse rêver. On n'est plus dans le commercial pur et dur. Et ça, c'est vraiment, je pense... Il y a eu un gros mouvement pendant le Covid là-dessus, où Vuitton a fait travailler des artistes et tout. Et de plus en plus, les marques font travailler des artistes qui suggèrent en fait le produit, mais sans le montrer éventuellement. Et Nana, il est un peu dans cette...

  • Speaker #1

    Et pour toi, la clé d'une relation qui dure, c'est d'abord le respect et l'amitié peut-être ?

  • Speaker #0

    Enfin, en ce qui me concerne, entre un agent et un artiste, un photographe, il faut vraiment qu'il y ait une bonne entente et un respect mutuel. À partir du moment où il n'y a plus ça, moi je ne peux plus. Et il y a certains artistes avec qui on fait un long chemin ensemble, et d'autres en fait, où on a une histoire à vivre pendant un temps donné, et puis la source se tarie au bout d'un moment. Et c'est bien aussi pour l'artiste d'aller peut-être voir un autre agent, parce que c'est une autre énergie, c'est d'autres contacts. C'est vraiment, il n'y a pas une histoire qui se ressemble. C'est une histoire humaine aussi.

  • Speaker #2

    Et puis, il n'y a pas de recette magique. Je pense que ça vient au gré des projets, des opportunités. C'est quelque chose qui se construit.

  • Speaker #0

    Oui, il faut quand même avoir une idée de là où on a envie d'aller ensemble, en fait.

  • Speaker #1

    Mais ça, tu le sais au début de la collaboration ou ça vient au moment où vous commencez à travailler ensemble ?

  • Speaker #0

    Il vaut mieux le savoir au début, en fait. Il vaut mieux le savoir quand tu vois le travail de l'artiste, en fait.

  • Speaker #2

    Et c'est là où ton expérience, elle va t'aider aussi, elle va te donner ce flair qui va faire que tu vas avoir cette vision, parce que je pense que tu dois avoir...

  • Speaker #0

    Oui, là, c'est justement le côté très, très sympa aussi de l'histoire. C'est que c'est très visuel, en fait.

  • Speaker #2

    Est-ce que c'est la partie que tu préfères dans ton métier, justement, de pouvoir projeter ?

  • Speaker #0

    Oui, ça, j'aime beaucoup. Puis j'aime beaucoup aussi, par exemple, souvent, en fait, quand on est sur... un projet et que en fait ce qu'on montre sur le site c'est assez généraliste on ne montre pas beaucoup beaucoup beaucoup d'images mais on montre un éventail en fait de ce qu'il fait sans en montrer trop en fait et souvent on nous appelle pour des projets spécifiques et à ce moment là il faut monter un dossier un pdf ou un lien et tout qui sont à rapport avec ce projet et moi j'adore faire ça j'adore faire des recherches à l'échelle et monter le truc Ça, c'est quelque chose que j'aime beaucoup.

  • Speaker #1

    Et le côté négociation, argent, c'est quelque chose que tu as... Ça,

  • Speaker #0

    j'adore aussi.

  • Speaker #2

    Ta rencontre avec la photo, pourquoi la photographie en fait ?

  • Speaker #0

    C'est complètement par hasard. C'est vraiment venu à moi. Je n'étais pas du tout destinée à ça. J'étais très dilettante en fait. Je faisais un petit peu de tout. Je voyageais, j'étais... Un jour, j'ai une grosse agence parisienne qui représentait un illustrateur qui est décédé depuis, qui s'appelle Tony Viramontes, qui est un grand illustrateur. Ils m'ont appelée pour me demander, il avait besoin de quelqu'un pour l'accompagner dans ses rendez-vous et être présente. J'ai commencé avec Tony et après j'ai intégré cette agence de fil en aiguille.

  • Speaker #2

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et j'ai commencé à prospecter pour eux avec des boucs. À l'époque, j'ai l'impression d'être un dinosaure quand je dis ça, à l'époque. Mais à l'époque, on avait des grands dossiers. C'était très lourd de prospecter. Maintenant, c'est rare de prospecter avec des dossiers papiers. Et j'ai commencé à prospecter pour eux. Et puis, cette boîte a fermé. Et de fil en aiguille, je suis devenue agent. J'ai monté ma boîte et j'ai aimé ça.

  • Speaker #2

    Et tu as travaillé combien de temps avec Tony Viramontes, justement ?

  • Speaker #0

    Pas longtemps, peut-être six mois.

  • Speaker #2

    Ok. Et c'est une expérience qui t'a vraiment beaucoup marquée ?

  • Speaker #0

    Ça a été une expérience pour moi, mais difficile aussi, parce qu'on n'avait pas tellement de résonance entre nous. Mais ça m'a permis de commencer à percevoir ce que c'était que...

  • Speaker #2

    Représenter.

  • Speaker #0

    Représenter.

  • Speaker #2

    Et donc, c'est ce qui t'a donné envie de devenir agent, entre autres.

  • Speaker #0

    Après, j'ai été embauchée par cette agence et j'ai commencé à travailler pour eux. Et après, quand j'ai monté ma boîte, j'ai vraiment aimé parce que c'est un métier qui a autant trait à l'artistique, au créatif qu'au commercial. C'est très, très, très polyvalent, en fait. Et ça, j'adore parce que j'adore organiser, négocier, tout ça. Mais j'aime beaucoup l'image aussi. Et j'aime les gens. J'aime les artistes, pas tous, parce que c'est aussi des questions de rencontre. On peut en venir à ça, justement.

  • Speaker #1

    Comment tu choisis ? Est-ce que c'est l'artiste qui te choisit ou est-ce que c'est toi qui choisis l'artiste ?

  • Speaker #0

    Je ne me vois pas comme quelqu'un de très stratégique, en fait. une rencontre avec un artiste, pour moi, c'est quelque chose plutôt d'intuitif, en fait, son travail. Et j'ai rarement trouvé quand je cherchais, en fait. Si je cherche un artiste qui fait telle spécificité, tiens, vraiment, il faudrait dans l'équipe qui est, peut-être. Un photographe de nature morte en plus. Si je commence à chercher, il a pu arriver que je trouve, mais généralement, ça se passe vraiment naturellement.

  • Speaker #2

    Très organique.

  • Speaker #0

    Oui, naturellement. Je rencontre la personne. Il est rare aussi que les gens viennent à moi et que j'ai un coup de cœur, mais c'est déjà arrivé.

  • Speaker #1

    Ah oui, donc c'est un peu le fruit du hasard, quoi.

  • Speaker #0

    C'est le fruit... C'est le fruit des rencontres, en fait. Et puis, c'est aussi un épiphénomène tel... Par exemple, je représente une photographe qui s'appelle Emma Anderson, qui est très talentueuse.

  • Speaker #1

    Qui a fait le shooting Dior avec Rosalia. Oui,

  • Speaker #0

    avec Rosalia. Et au départ, Emma, c'était la studio manager de Kanji Ishii, qui est un autre photographe que je représente. mais qui respirait la photo et qui faisait des photos. Et de fil en aiguille, j'ai représenté Emma parce que j'aimais son travail et qu'elle était vraiment passionnée par l'image, par la photo.

  • Speaker #2

    Et typiquement, c'est toi qui as créé cette opportunité avec Dior et Rosalia ?

  • Speaker #0

    Non, alors Emma, elle est représentée par... Moi, je représente les artistes uniquement sur la France, parfois sur l'Europe. D'accord. Et ça, c'était une partie qui a été gérée par son agent américain.

  • Speaker #2

    Parce que justement, je me demandais s'il y avait des exclusivités de représentation. Alors, c'est plutôt par territoire ?

  • Speaker #0

    Par territoire. Maintenant, il y a des agents qui ont des antennes à New York, à Londres, en Italie.

  • Speaker #2

    Et sur des questions, sur une question peut-être un peu plus pragmatique, comment s'organise la rémunération d'un agent ? Est-ce que c'est des commissions ? Est-ce que c'est des…

  • Speaker #0

    La commission type d'un agent, c'est 25-75. L'agent perçoit une commission de 25 sur les honoraires.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas 10 comme la série.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas 10 comme la série.

  • Speaker #1

    C'est important sur des très gros montants,

  • Speaker #0

    tu m'as dit. Je ne sais même pas si les comédiens, je pense que c'est même plus. Les galeries d'art, c'est 50 par exemple. Après, il y a des deals particuliers qui peuvent être faits. C'est-à-dire que si, par exemple, que... L'artiste arrive avec déjà des clients en fait avec lesquels il travaille et l'agent il va juste avoir à gérer l'organisationnel et à ce moment là la commission on peut la négocier ensemble et tout ce qui est par exemple les éditos, les magazines, c'est pas 25% parce que les magazines ça paye beaucoup moins et même aujourd'hui parfois ça paye pas du tout. C'est pour avoir vraiment une vitrine. Et là, la commission, c'est plutôt aux alentours de 15. Il y a des choses qu'on fait gratuitement aussi. On ne fait pas que des choses pour l'argent.

  • Speaker #2

    Parce que je pense que ce n'est pas facile aussi de quantifier ton degré d'implication avec ta rémunération. Je pense que quand tu es agente, tu t'impliques souvent beaucoup. Et certaines fois, comme tu dis, tu finis par faire des choses parce que ça fait partie du lot. Mais c'est difficile de mettre un... prix sur chaque chose qu'on fait pour un artiste. J'imagine que ça doit être... La limite, elle est peut-être un peu floue aussi.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup de choses qu'on fait et qui ne ramènent rien. Par exemple, quand on est consulté pour une campagne, il y a une dizaine d'artistes qui sont consultés. Il y en a trois qui vont arriver en finale, qui vont être présentés aux clients. Mais nous, quand on nous demande de faire un devis... En fait, on donne tout. On fait comme si ça allait se faire. Et c'est beaucoup de temps, beaucoup d'énergie. Parfois, on gagne. Mais souvent, on perd sur la masse de consultations.

  • Speaker #1

    Tu disais que quand tu as commencé, c'était plus facile de faire de l'argent. Ou du moins, qu'on en faisait plus. Tu sens qu'il y a vraiment une différence aujourd'hui ? Tu te... Travailler plus pour arriver à faire autant, sinon moins peut-être ?

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #2

    carrément. Parce que les budgets sont plus serrés ou parce qu'il y a plus de concurrence ? C'est tous ces facteurs à la fois ? Les deux.

  • Speaker #0

    Les budgets sont vraiment plus serrés. Et il faut plier, mais il ne faut pas casser. Parce que si on casse, c'est... Mais il y a beaucoup de gens qui sont obligés de casser. Mais c'est vrai que d'une façon globale, il y a eu beaucoup d'abus.

  • Speaker #1

    Comme quoi ?

  • Speaker #0

    Bof ! Non mais il y a eu des années où vraiment c'était des sommes tellement astronomiques, pour des... voilà, c'est un petit peu revenu. Maintenant, ça a tendance à être un peu nivelé vers le bas, mais ça reste quand même passionnant. On dirait que je n'ai pas envie d'être trop défaitiste.

  • Speaker #1

    C'est la réalité d'un métier. Il faut savoir l'analyser et l'accepter de toute façon.

  • Speaker #2

    J'avais une question par rapport à la façon dont les agents peuvent s'organiser pour que ce métier soit peut-être un peu plus encadré, qui est une espèce de grille, une certaine codification pour leur permettre... de faire passer des revendications, etc. Est-ce que ça existe ? Est-ce qu'il y a un syndicat d'agents ?

  • Speaker #0

    Les agents associés. Les agents associés, c'est un syndicat d'agents qui agit énormément au niveau du juridique, au niveau de l'image, au niveau d'améliorer la condition des artistes, la condition des agents, qui sont très impliqués aussi avec les administrations de la ville de Paris, qui ont... qui organisent par exemple des mentorats pour aider certains artistes. Et il faudrait que je puisse introduire auprès de vous quelqu'un qui est très actif au sein des agents associés. Et qui pourrait vous en dire plus. Et allez voir sur le site des agents associés. Elles sont très, très actives. Ils, elles. Il y a quand même des réseaux qui se mettent en place au sein des agents. Par exemple... Moi, je fais partie d'un groupe qui s'appelle les Créatifs Collectifs, c'est un groupe WhatsApp.

  • Speaker #1

    Et donc ça, ça sert à quoi exactement ?

  • Speaker #0

    Alors, les agents associés, c'est une chose, c'est une fédération d'agents en fait. Et les Créatifs Collectifs, ce groupe, sont des femmes en fait qui sont dans le métier de la création et qui, dès qu'on a besoin de savoir quelque chose et qu'on ne sait pas, on demande. Et comme on est 500, il y a toujours des réponses qui viennent.

  • Speaker #2

    En tant que femme, C'était particulièrement compliqué ou pas forcément ? Est-ce que le fait d'être une femme dans ce milieu a fait une différence ou non ?

  • Speaker #0

    Non, franchement non. Je n'ai jamais ressenti ça. Il y a vraiment autant de femmes que d'hommes. Moi, j'ai représenté des femmes. Je représente aujourd'hui. Mais à une époque, je représentais des femmes. Et peut-être que je n'étais pas moi là où je suis aujourd'hui. Mais c'était difficile pour moi de représenter des femmes. Il y avait... émotionnellement, il y avait quelque chose d'une résonance et tout. J'arrivais pas à garder mes distances. Et en fait, j'arrive à bien travailler si j'arrive quand même à garder mes distances. Si émotionnellement, je tombe dans le pathos de l'autre, ça va pas. Et j'ai cessé de représenter des femmes. C'était un peu con, quoi. Je me suis dit, je ne représente plus de femmes parce que c'était difficile, quoi. Je pense qu'il y avait des résonances au niveau émotionnel. Et puis là, peut-être, moi, j'ai fait mon chemin. C'est moi, c'est pas elle. Et maintenant, je représente des femmes. Et ça se passe très bien, parce que peut-être j'ai plus de... Mais bon, je ne crois même pas que ça soit une question de genre. Je pense que c'est passé. C'était comme ça.

  • Speaker #1

    Et si je te dis Lou et Thomas ?

  • Speaker #0

    Lou et Thomas... Alors, Lou et Thomas.

  • Speaker #1

    C'est qui ?

  • Speaker #0

    Lou et Thomas sont des artistes que je représente, qui se trouvent être aussi mes enfants. Thomas, ça fait très longtemps que je le représente. Enfin, depuis que... Oui, mais en fait, pour dire la vérité, les premières années, je pense que c'était plutôt une vitrine pour Thomas, parce que Thomas, il était moins impliqué, en fait, dans sa carrière. Il avait d'autres choses à faire dans sa vie. Il voyageait beaucoup, c'était un baroudeur. Il a d'ailleurs fait, durant cette période, beaucoup, beaucoup, beaucoup d'images. Et chaque fois qu'il rentrait à Paris, il travaillait. Il a ça, Thomas, où il est. Et puis maintenant, Thomas, il est vraiment, vraiment en train de décoller.

  • Speaker #1

    Mais du coup, c'est paradoxal de dire que tu refusais de travailler avec des femmes parce que tu ne voulais pas être compliquée.

  • Speaker #0

    Bizarrement. Et là,

  • Speaker #1

    avec les enfants, est-ce que tu n'as pas ce risque ?

  • Speaker #0

    Oui, bizarrement, c'est entendu.

  • Speaker #1

    Il y a une frontière, vous arrivez là.

  • Speaker #0

    Il y a une frontière et puis même s'il n'y a pas de frontière, quand c'est le boulot, c'est le boulot. Mais ça peut passer d'une seconde à l'autre. Oui,

  • Speaker #1

    je connais ça, j'embrasse ma mère.

  • Speaker #0

    Ou l'office. Et Lou, il a toujours été très, très créatif. C'est un puits de créativité, Lou. Mais... plus électron libre en fait et pendant longtemps il a il a il a travaillé seul et puis il n'y a pas si longtemps que ça en fait il ya à peine à peine deux ans je dis écoute loup ça serait peut-être bien que tu sois dans des caisses et vous c'est venu de moi c'est à c'est marrant

  • Speaker #2

    Est-ce que c'est difficile quand tu travailles avec une marque, il y a certaines demandes très précises, et que tu proposes un artiste et que l'artiste doit se mouler aux demandes de la marque, et l'artiste a son égo, il a sa patte, est-ce que c'est difficile de devoir gérer ça ? Est-ce que c'est ton rôle aussi d'arriver à faire en sorte que ça marche au mieux ?

  • Speaker #0

    Je pense que dans le cas de figure où un artiste a une écriture très forte, C'est plutôt la marque qui va vers l'écriture de l'artiste. Et qui veut sa patalie. Et l'artiste, il compose, mais ce n'est pas un exécutant.

  • Speaker #1

    Comment tu convains un artiste de travailler avec toi, si tu as besoin de le faire ?

  • Speaker #0

    Par exemple, Nana, il était de passage à Paris. Franchement, je le courtisais, Nana, depuis quelques mois. Il n'avait pas l'air très chaud. Il n'avait pas besoin d'agent, il ne savait pas. Je ne sais pas, un jour, il s'est réveillé, il a dit Ouais ! Et il était à Paris et je suis allée le voir dans son atelier. Et on a fait connaissance. Je pense que l'artiste aussi, d'abord, il a besoin de savoir, enfin, peut-être pas pour les agents, que vraiment on aime son travail. Et Nana, il a dû sentir que vraiment j'aimais son travail. Oui, on a dû un petit peu parler de là où je voulais l'emmener et que ça ne lui enlèverait pas ses libertés. Nana, il a aussi des gens avec qui il travaille, avec qui il veut continuer à travailler en direct. Donc, tout ça sont des choses qui, d'ailleurs, ça peut être intéressant de savoir.

  • Speaker #2

    Quelles sont les réticences des artistes ?

  • Speaker #0

    Ça dépend vraiment de chaque artiste. Et en amont, on se cale en amont, en fait. Bon, ça, OK, c'est tes clients, tu les gardes pour toi. Ça, c'est tes clients, OK, tu les amènes dans l'agence. À ce moment-là, on négocie un... Comment ? une commission qui soit inférieure à 25%. En fait, je pense que parfois, les photographes peuvent se dire Ah, mais si le client sait qu'il a un agent, il va penser qu'on va demander plus. Ça, ça fait peur.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'il y a un conseil d'approche que tu peux donner ? Parce que je sais que c'est une problématique que beaucoup de talents ont. Comment est-ce que j'approche un agent ?

  • Speaker #0

    Si on veut approcher un agent et qu'on n'a pas de... relation en fait ou de... à ce moment là on va sur la Creative Connection par exemple dans laquelle il y a tous les agents ou on va peut-être sur le site de The Agent Club qui est une vitrine super pour les agents et pour les artistes et on regarde un peu quel agent représente quel artiste. Et puis on se dit qu'on aimerait bien intégrer telle agence parce que ça correspond à l'équipe, parce qu'il y a des écritures dans les équipes en fait. Ce qui fait aussi que la force de l'agence, c'est d'avoir une équipe qui a une cohérence en fait. Et puis on se dit, ben voilà, j'aimerais bien contacter. Et puis on contacte l'agent. Et si vraiment l'agent a un coup de cœur, il va vous répondre et vous recevoir.

  • Speaker #2

    Mais c'est une histoire humaine, ça commence forcément par un coup de cœur au bout d'un moment, au début en tout cas. Oui,

  • Speaker #0

    et puis ça dépend aussi comment la personne se présente. C'est vraiment important, si je peux donner un conseil là.

  • Speaker #2

    Absolument.

  • Speaker #0

    Si on présente son travail en envoyant un mail, en écrivant à l'agent, il ne faut pas que ça soit trop long. C'est fatigant, en fait. Il faut être concis, clair, mais en même temps, pas trop concis. Il faut vraiment, dans la présentation, c'est hyper important. Parce qu'à travers l'écriture, on peut quand même déceler, outre les images, un peu la personnalité de la personne qui vient vous voir. Et moi, généralement, c'est ce que je disais à Rand. On reçoit, je ne sais pas... Ça dépend des jours, mais entre 5 et 10 mails par jour de photographe. Moi, je lis toujours. J'essaye de répondre, mais je dois dire en étant tout à fait honnête que parfois, je ne réponds pas à tout. Mais je vais toujours voir, je jette un œil au travail. Et au premier regard, je sais.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #0

    Je sais. Et je dirais aussi qu'avant... D'écrire à un agent ou de contacter un agent, il faut vraiment travailler quand même. Même si l'agent est là pour t'accompagner.

  • Speaker #2

    Avoir une image déjà publique.

  • Speaker #0

    Non mais vraiment, que son travail soit prêt en fait, quand même à être présenté. C'est bien d'avoir du talent, mais alors aujourd'hui encore plus que toujours. Il faut bosser. Parce qu'en fait, ce qui va donner envie, c'est la créativité. C'est la profusion de la créativité. C'est l'élan, c'est la capacité. Le talent, ça ne suffit pas. Moi, souvent, je cite à mes fils ou à mes artistes, je leur demande de relire le testament de Rodin, artistique de Rodin, parce que Rodin, il dit, même si vous n'avez pas envie, même si vous n'avez pas d'inspiration, Tous les jours, mettez-vous à la tâche et ça va venir. Et je pense qu'aujourd'hui, puisqu'avec le nombre, il y a trop de tout. Donc si on veut vraiment sortir du lot, il faut vraiment tout donner.

  • Speaker #1

    Tu me disais en off, avant qu'on commence à enregistrer, qu'à terme, peut-être que l'agent de photographe pouvait peut-être disparaître ou laisser place à d'autres formes de métiers. ou que les artistes eux-mêmes seraient peut-être autonomes d'une certaine manière. Est-ce que c'est ça la crainte ?

  • Speaker #0

    Le danger, par exemple, chez Publicis, sur certaines marques, par exemple, en nature morte, ils ne font plus de photos, ils ne font que de la 3D. Certaines campagnes, on ne les réalise plus en photo, ni même en 3D, mais avec l'intelligence artificielle. Et puis au niveau des coûts, ça n'a rien à voir en fait. prod, en fait, il y a un certain nombre d'intervenants pour générer une image. Après, je ne suis pas spécialisée en IA ou quoi, mais ça élimine beaucoup, beaucoup de postes. Donc, le danger, c'est qu'effectivement, il n'y ait plus. Mais, tout comme par exemple, peu à peu, il y a une quinzaine ou vingtaine d'années, je ne sais pas, on est venu au digital, on est passé de l'argentique au digital. Il y a quand même une résistance aujourd'hui, peut-être qui est minoritaire, mais qui existe, de photographes qui travaillent uniquement en argentique. Mais ça coûte plus cher, c'est vraiment une minorité. Donc peut-être aussi qu'il va y avoir une grosse résistance sur la photo, mais quand même, c'est flippant. Et en même temps, c'est passionnant. Aujourd'hui, on demande aux photographes, ça peut être intéressant pour les photographes aussi qui cherchent des agents et qui ne savent pas, de savoir faire plein de choses en dehors de la photographie. il faut savoir faire des notes d'intention il faut savoir si possible retoucher il faut tout ça et savoir faire un peu de création on est des A aussi c'est pas mal parce qu'on mutualise de plus en plus pour réduire aussi au niveau des coûts donc

  • Speaker #1

    il faut être quand même super polyvalent ça aide et tu me disais aussi qu'il y avait des photographes qui étaient réels que tu représentes mais quand tu dis réel c'est pas du cinéma du coup ah non si

  • Speaker #0

    Ce n'est pas réel de long métrage. Si, j'avais une artiste qui, parallèlement, faisait du long métrage, mais généralement, c'est réel parce qu'il y a de plus en plus de capsules ou de petits films. Donc, si on est polyvalent, c'est bien aussi parce que souvent, on demande un photographe en film et en photo pour la pub. Pas que, mais souvent.

  • Speaker #2

    D'accord. Écoute, merci beaucoup,

  • Speaker #1

    Laurence. Agent Laurence Tordman. Mission accomplie.

  • Speaker #2

    Bravo.

  • Speaker #0

    Ok, super.

  • Speaker #2

    Merci de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Et maintenant, c'est à vous d'entrer en action. Votre mission, si vous l'acceptez, laissez 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute. Abonnez-vous au podcast, à notre chaîne YouTube et à notre compte Instagram pour des contenus exclusifs. Et surtout, n'hésitez pas à partager autour de vous. Agent Double est un podcast indépendant. S'il vous a plu, et pour qu'on puisse continuer à le développer, Vous pouvez nous soutenir en cliquant sur le lien dans le descriptif de l'épisode. On compte sur vous et on se retrouve dans deux semaines pour un nouveau numéro d'Agendo.

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