- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans Amour Pluriel, le podcast sur la vie affective et les relations plurielles. Je suis sexothérapeute et conseillère conjugale et je suis ravie de vous retrouver pour ce nouvel épisode. Si vous avez besoin d'être accompagné dans votre vie affective, vous pouvez me contacter sur mon site internet.
- Speaker #1
amour pluriel point com je suis sorti a pas très longtemps de deux grosses relations donc j'ai décidé un petit peu de de mettre moins la priorité sur mes relations amoureuses ces derniers temps je me suis pas mal recentré sur moi même et du coup en ce moment j'ai j'ai trois relations mais mais voilà du coup c'est des relations ce que j'appelle plutôt secondaire, ce n'est pas des relations socle comme j'ai pu avoir avant, où je vis avec la personne, où on fait des projets ensemble. Pour l'instant, j'en suis là, sur ce plan-là.
- Speaker #0
Et tu co-organises régulièrement des ateliers câlins à Lyon. En quoi est-ce que ça consiste exactement ?
- Speaker #1
c'est quelque chose que j'ai donc mis en place ça fait un peu plus ça fait plus d'un an maintenant donc ça vient pas du tout de moi à la base c'est donc j'étais en relation il ya quelques temps avec une certaine annie voilà j'ai je vais demander si je pouvais la cité qu'en fait c'est quand j'ai rencontré m'a parlé de beaucoup de choses en tour du développement personnel chance voilà et notamment les ateliers câlin qu'elle fait l'a déjà fait à paris et bon on a parlé on a parlé à un moment donné on s'est dit mais attends ça serait bien de faire ça à lyon il y en a pas ou pas trop. Du coup, on a créé un collectif qui s'appelle le Collectif Incongru et avec un joli logo en forme de koala. Et on a lancé notre premier atelier de câlins. C'était il y a un peu plus d'un an. Et ça s'est super bien passé. On a eu du monde. Pour moi, ça m'a énormément nourri, en fait, sur plein d'aspects.
- Speaker #0
Coucou, le chat ! Tu peux faire des câlins, toi aussi ? Ouais. Et donc ça dure combien de temps un atelier câlin ?
- Speaker #1
Un atelier câlin ça dure 3 heures et c'est découpé en deux parties donc il y a une première partie qui dure 1h30 et l'idée c'est de faire ce qu'on a appelé avec Alice des jeux relationnels on n'a pas inventé le terme mais voilà on a posé le truc comme ça donc des jeux relationnels, l'idée ça va être Casser la glace entre les participants. Parce que, évidemment, quand vous avez payé pour un atelier câlin, vous arrivez et que là, il y a une dizaine de gens que vous n'avez jamais vus de votre vie en face de vous et qui sont là pour vous câliner ou que vous allez les câliner. Voilà, c'est très particulier. Et donc, les premiers jeux, ça va être dans un premier temps de casser la glace et aussi d'apporter des... des notions qui sont vraiment essentielles pour nous. La première dont on parle énormément maintenant, en ce moment, c'est le consentement. Puisqu'évidemment, ce n'est pas parce qu'on vient dans un atelier câlin qu'on va forcément pouvoir câliner qui on veut ou être câliné par qui on veut. Donc, on fait des jeux autour du consentement. On interroge ici beaucoup ce qu'on appelle le désir. Est-ce que vraiment j'ai envie de faire ça ? Parce qu'on peut dire oui. à une proposition, par exemple, est-ce que tu veux me faire un câlin ? Bah oui, j'ai envie, mais en fait, pas vraiment. Mais on va dire oui, parce qu'on a peur de brusquer l'autre ou de le heurter. Donc vraiment, on essaie de créer un cadre où les gens vont pouvoir dire non en toute sécurité et en toute sérénité, sachant qu'en face, la personne sera apte à recevoir le non, puisqu'on aura cadré tout ça avec des jeux.
- Speaker #0
Avec ces différentes étapes de est-ce que c'est un non, est-ce que c'est un plutôt non, un plutôt oui, un fuck yes ?
- Speaker #1
Ouais, c'est ça. Ça, ça fait partie... On ne le fait pas à tous les coups, parce qu'on essaie de varier énormément, mais effectivement, le désir gradué, la gradation du désir, on a appelé ça. Donc c'était ça, c'était de se dire... qu'il n'y a pas de oui ou non, parce que oui ou non, c'est parfois... Dans le nom, en général, ça va, c'est entendable. Non, c'est non. On peut le nuancer, mais un non, ça reste un non. Par contre, entre un oui et un... Ah ouais, j'ai trop envie, donc le fameux fuck yes que tu viens d'évoquer, c'est vrai qu'il y a quand même une grosse différence, parce que dire ouais, j'ai envie, mais... ça veut dire qu'il y a quelque chose derrière ce mais et si on le résout pas et qu'on fait par exemple le câlin quand même bah ça se trouve le mais c'est que j'avais pas envie dans les conditions dans lesquelles tu l'as proposé moi je préférerais un câlin de telle manière donc plutôt debout toi tu le voulais allongé moi je le préfère debout mais si je ne si j'interroge pas mon désir et que je j'accepte le câlin allongé bah peut-être que après coup je vais pas être très bien je vais me dire ouais mais c'est pas ça que je voulais vivre ça peut être un je sais pas aussi Oui, mais le je sais pas, du coup, on l'associe plutôt au non.
- Speaker #0
Oui, voilà.
- Speaker #1
Si la personne sait pas, ok, quand tu sauras, tu me diras.
- Speaker #0
Et donc la deuxième partie ensuite, après les jeux relationnels ?
- Speaker #1
Une fois que les gens sont très à l'aise, qu'ils ont fait des jeux autour du nom, ils se sont interrogés sur leurs désirs, tout ça, eh bien ce qui se passe c'est qu'on met de la jolie musique, on met les lumières un peu plus basses, et là on propose aux participants et participantes de faire eux-mêmes des propositions de tendresse. Alors quand on dit tendresse, ce n'est pas forcément que des câlins, ça peut être aussi de discuter, d'avoir une conversation toute douce, en chuchotant, ça peut être juste d'avoir la tête posée sur les genoux d'une personne, mais sans qu'il n'y ait rien de plus, juste de la tendresse. C'est important pour nous de dire ça, parce que même si on appelait ça les ateliers câlins, je pense qu'on peut passer un atelier câlin entier à juste... discuter avec quelqu'un et en fait en ressortir vraiment nourri quoi.
- Speaker #0
Et avec toujours donc la limite que vous avez posée qui est pas de sexualité en fait, enfin pas de toucher sexuel.
- Speaker #1
Ouais c'est vrai que c'est bien que tu en parles parce qu'effectivement ça a été dans le cadre quelque chose que j'en ai pas parlé mais au tout début évidemment on pose un cadre qui est important pour nous, on va définir les limites évidemment de l'atelier câlin et la sexualité en fait partie. L'atelier câlin c'est un atelier qui est... purement sans sexualité vraiment on veut même pas envisager en fait qu'il puisse un peu y en avoir alors évidemment quand on dit pas de sexualité ça veut pas dire qu'on ne peut pas avoir de réaction physique, par exemple, je ne sais pas. Une attirance. Oui, une attirance, ou par exemple, à un moment donné, je pense que concrètement, si quelqu'un qui vient d'un atelier câlin et qu'il voit quelqu'un qui lui plaît, il va aller lui faire une proposition, c'est évident. Si la personne dit oui et que, par exemple, je ne sais pas, il y a un truc un peu intime qui se crée, genre un câlin en cuillère. Je ne suis pas pour toi, mais moi, les câlins en cuillère, je trouve que c'est ultra intime et très réconfortant et tout ça. Et on peut y mettre ce qu'on veut derrière, on peut faire un câlin en cuillère et juste être là, profiter de la chaleur, de la douceur et du moment. Mais par contre, je ne sais pas, pour un homme, il peut y avoir des réactions un peu évidentes, comme une érection. Et on en parle ça au début. En fait, on dit bien que ça peut arriver, c'est ok, je veux dire, on ne peut pas contrôler ça. Mais par contre, on peut faire le choix, oui ou non, de surfer sur cette énergie. Si je décide de surfer sur une énergie sexuelle... bah évidemment je vais peut-être me frotter un peu à la personne je vais peut-être pousser un peu le truc jusqu'à temps d'atteindre cette fameuse limite où non, là on n'est plus dans le câlin, on est dans la sexualité
- Speaker #0
Et justement, quels sont les retours les plus fréquents que vous avez des participants et participantes ?
- Speaker #1
Alors, dans les retours qu'on a assez fréquemment, on a... Alors moi, celui que j'aime bien, c'est très important pour moi, c'est beaucoup de variétés. C'est-à-dire qu'il y en a, ils reviennent. Enfin, on pourrait limite leur faire une carte de fidélité parce que je pense qu'il y en a, ils sont venus 4, 5 fois. En autres retours aussi, alors moi, j'en ai eu un qui m'a beaucoup, beaucoup, beaucoup touché. C'est le dernier atelier câlin qu'on a pu faire avant le confinement d'ailleurs. et elle nous a dit qu'en fait ça faisait des années qu'elle n'avait pas eu trop de touchés avec des gens, parce que sa vie avait pris un tournant, et puis qu'elle avait des difficultés et tout ça, elle nous avait écrit en nous disant, c'est incroyable, j'ai pu revivre quelque chose que je pensais ne plus revivre, et c'est vrai que ça c'est un truc que j'ai un peu entendu par-ci par-là, Les gens qui parlent entre eux ou moi quand ils viennent me voir à la fin pour m'expliquer, c'est ce côté de renouer non pas avec forcément que le toucher, mais aussi avec la tendresse et avec la connexion avec l'autre en fait. Et d'une manière plus authentique et plus chaleureuse peut-être que juste jouer à un pote dans un bar et on parle de la vie de tous les jours. Là il y a un truc peut-être plus connectant pour ces gens-là. Après, évidemment, les gens qui viennent parfois sont un peu remués par les ateliers câlins. Parce que des fois, ça vient toucher des choses qui sont difficiles. Le toucher, des fois, ça peut être souffrant ou ça peut être relié à des expériences passées qui ne sont pas heureuses. Et on a eu des participants, des participantes qui pleuraient. Pour des raisons... Alors après, nous, on ne va pas creuser si la personne n'a pas envie de nous en parler. D'ailleurs, on a mis en place un système dans l'atelier câlin, là, c'est le système de la cabane. C'est-à-dire que si à un moment donné, pendant l'atelier, vous vous sentez pas bien, ou vous avez besoin d'espace, vous avez besoin de vous reposer ou de vous éloigner du groupe, il y a un espace cabane, c'est l'endroit le plus confortable d'ailleurs en général de l'atelier, et quand on est sur cet espace-là, on ne peut pas venir vous faire de propositions ou venir vous parler. nous avec Annelies la seule chose qu'on se permet de faire c'est de dire est-ce que ça va est-ce que tu as besoin de soutien si la personne dit ça va tout va bien on la laisse tranquille et si c'est arrivé de temps en temps qu'elle dise ouais je veux bien parler un petit peu et voilà il peut y avoir des échanges comme ça puisque
- Speaker #0
tu disais tout à l'heure sur le fait que ça peut nous rapprendre à un toucher différent on va dire parce qu'en fait le toucher aussi maintenant c'est beaucoup associé à la séduction Et voilà, de pouvoir être dans un contact physique vraiment très proche avec quelqu'un sans qu'il y ait cet enjeu-là, ça peut être aussi libérateur, je trouve.
- Speaker #1
Tout à fait. Et d'ailleurs, j'ai eu, je crois que c'était un homme, un participant qui nous a dit... Après l'atelier câlin, vraiment, mais qui nous a dit non mais en fait, je vais proposer plus de câlins aux gens de mon entourage et pas juste mes amoureuses ou mes amoureux, enfin voilà. Il est revenu à l'atelier suivant, il nous a dit mais j'ai fait des câlins à mon père et tout. Et je dis pas, je suis pas en train de dire, venez aux ateliers câlins, ça changera votre vie et tout, mais il se trouve qu'il y a certaines personnes qui peut-être avaient besoin, moi c'est ça que je vois comme ça, je ne me considère pas comme un... comme quelqu'un qui va créer des révélations aux gens, les gens ont ça en eux déjà en fait. Ils ont déjà ce truc en eux et c'est juste qu'à un moment donné, paf, il y a la petite étincelle et ils comprennent des choses sur eux-mêmes. Et j'aime bien ce côté plutôt impulsif, créer l'impulsion chez les gens.
- Speaker #0
Quelle place accordes-tu à la tendresse dans ta vie ?
- Speaker #1
La tendresse, c'est quelque chose que je pense que j'ai pas mal minimisé dans ma vie pendant très longtemps. parce que pour moi la tendresse c'était alors je vais être très honnête pour moi la tendresse c'était avec mon amoureuse et point barre j'ai envie de dire presque je pouvais avoir des marques affectives près de mes amis, un peu moins de ma famille mais voilà je sais pas je me sentais pas quelqu'un de très j'aimais bien le toucher aussi, j'aimais bien le contact mais pour moi c'était pas de la tendresse c'est plutôt de l'affection, ce qui est très différent Et c'est vrai que je trouve que la tendresse, c'est quelque chose qui amène à une profondeur dans la connexion à l'autre. C'est pas forcément le toucher, d'ailleurs, quand on parle de tendresse, on parle de câlins, de machins, mais la tendresse, ça peut être juste une manière de parler à l'autre, de se soucier de l'autre, de prendre soin de l'autre, faire un repas, juste, ou t'es fatigué, bah attends, je te ramène, ou je sais pas, tu vois. ça peut être plein plein de choses à tendresse mais on l'identifie pas forcément comme tel mais je trouve qu'à partir du moment où on Consciemment, on se dit, là, je suis dans un acte de tendresse, j'ai envie d'être tendre avec cette personne-là, parce que c'est mon ami, parce que c'est mon père, parce que c'est mon amoureuse ou mon amoureux. Eh bien, en fait, je trouve que ça crée un pont avec l'autre, vraiment, je trouve. Et j'adore ça parce que je vois que quand moi, j'ouvre cette porte-là, les retours que je peux avoir, c'est très très rare quand j'ai quelqu'un qui ferme direct la porte. parce que de toute façon évidemment c'est fait avec le consentement évidemment je vais pas faire un mec de tendresse genre est-ce que tu veux que je te prenne dans mes bras si je l'ai pas demandé avant mais en général le fait de créer ce genre d'intimité j'ai envie de dire, ça vous déporte en fait et ouais des connexions, des amitiés plus profondes, plus sincères le plus sauver à l'autre ouais c'est ça le mot qui revient souvent c'est l'authenticité je trouve que la tendresse c'est un peu de l'authenticité presque brute genre voilà je t'apprécie, j'ai envie de prendre soin de toi est-ce que tu veux, t'acceptes ? la personne te dit oui ou non et si c'est non c'est ok mais si c'est oui ça ouvre des portes
- Speaker #0
Et tu participes et organises des soirées sexe positive également. Qu'est-ce que ça veut dire, sexualité positive, pour toi ?
- Speaker #1
Pour moi, c'était un peu une évidence, certaines choses qui étaient posées dans la sexualité positive, puisque je vivais déjà ça un peu au quotidien. Voilà, donc pour expliquer ce que je vivais au quotidien, c'était d'être très attentif à mes besoins et à ceux de l'autre, d'être beaucoup dans la... justement dans la recherche du consentement, de trouver que le fameux consentement c'est sexy. Et en fait il se trouve que j'ai commencé à vraiment m'y intéresser de manière un peu plus organisée quand il y a quelqu'un sur Lyon qui a créé une communauté Sex Plus qui est inspirée de la communauté Sex Plus France. En gros il n'y avait juste pas d'antenne à Lyon. et j'ai trouvé ça très chouette j'ai trouvé ça très chouette parce que pour moi la communauté sexe plus c'est pas tant juste de dire c'est ça la sexualité ou c'est pas ça, il faut faire attention à ça parce que ça évidemment ça prête à débat donc c'est plutôt d'ouvrir un espace où on se dit on peut parler de tout, on va pas juger l'autre et surtout on va se sentir en sécurité quand on va parler de ce qu'on si moi j'ai des problèmes d'érection, j'ai des problèmes de... j'ai tel ou tel problème, je vais pouvoir en parler à des hommes, à des femmes, et je ne vais pas ressentir un malaise en face, je vais ressentir plutôt de l'accueil. C'est ce qu'on essaie de mettre en place, et je pense qu'on y arrive très bien avec ce groupe.
- Speaker #0
Et aussi le mouvement Sex Plus, c'est lié au mouvement queer. C'est vraiment permettre aux personnes avec toutes les identités de genre possibles de se sentir bien dans leur sexualité. Merci. En termes d'âge aussi, il y a une diversité ?
- Speaker #1
Alors en termes d'âge, je ne dirais pas qu'il y a des gens très âgés. Je pense qu'on va monter à une cinquantaine d'années grand max. On n'est pas fermé du tout. S'il y a quelqu'un qui a 65 ans qui veut nous rejoindre, il n'y a aucun souci. Après, oui, c'est vrai qu'on est plutôt... À l'heure actuelle, sur Lyon, c'est plutôt une antenne très jeune. Je dirais entre 25 et 45 ans, si on va faire une grande fourchette.
- Speaker #0
Donc il y a ces événements-là, ces apéros où il s'agit juste de discuter, de se rencontrer. Et il y a vraiment les soirées, les week-ends expositifs. En quoi est-ce que ça consiste ?
- Speaker #1
Donc là, on monte un petit cran au-dessus parce qu'effectivement, les... Il faut savoir que le groupe Sex Plus n'est pas un site de rencontre. Évidemment qu'on va rencontrer des gens, évidemment qu'il pourra se passer, que de personnes consentantes pourront vouloir vivre. Mais après, oui, il y a eu un désir un petit peu de... de créer des événements autour de la sexualité et plutôt de la pratique. Et ça existe déjà, donc il y a par exemple à Paris, moi je connais les Châtonnades, je pense qu'ils ont pas mal parlé d'eux ces derniers temps, parce qu'il y a eu des articles, tout ça, sur eux. Donc nous, effectivement, on en a organisé, dernièrement, en juillet, on a organisé un premier événement autour de la sexualité sur Lyon. Et donc on était une dizaine. Et ce qui est très important, c'est qu'on a vraiment pris le temps. On a discuté de c'est quoi pour vous une soirée comme ça, qu'est-ce que vous voulez vivre, qu'est-ce que vous ne voulez pas vivre, c'est quoi les idées, qu'est-ce qu'on fait comme jeu, est-ce qu'on fait des jeux, comment on casse la glace, comment on se rapproche, jusqu'où on peut aller dans la sexualité pendant cette soirée. Donc on a parlé de ça longuement. Et voilà, du coup, on a pu faire une soirée qui a été vraiment, je pense, assez douce. C'était un peu la volonté qu'on avait voulu mettre derrière. On n'a pas parlé de BDSM, il n'y avait pas de sexualité très franche dans l'espace commun. Il y en a eu dans les espaces privés, mais c'était plutôt de la... Voilà, une sorte de tendresse, mais où on pouvait surfer sur cette sexualité, cette fameuse sexualité qui pouvait venir.
- Speaker #0
Qu'est-ce que tu cherches dans ces explorations-là ?
- Speaker #1
Eh bien, de l'exploration, justement. Non, mais c'est vrai que c'est tout bête, mais... Je pense que j'aime beaucoup ma sexualité au quotidien. Je me sens très épanoui dans ma sexualité au global. Mais, c'est même pas mais, en même temps, je suis très fan justement des découvertes, de l'exploration en fait, c'est le mot que j'ai en tête. Donc quand je fais ce genre de soirée, avant tout c'est pas... C'est pas pour vivre une expérience extatique, tu vois. Je vais pas avoir une très grosse excitation physique à être dans ce genre de soirée, parce que mon excitation, elle va plutôt être intellectuelle. De me dire, mais c'est fou ce qu'on est en train de vivre, on est en train de vivre une sorte de... Voilà, les gens qui s'embrassent, qui se prennent dans les bras l'un de l'autre, qui sont à plusieurs, à se toucher, à se caresser et tout. Même quand je suis dans le feu de l'action, je ne suis pas forcément excité physiquement. Je pense que pour ça, j'ai besoin peut-être d'une connexion à une personne. C'est vrai que dès qu'il y a deux ou trois personnes, ça fait beaucoup d'informations d'avoir deux ou trois personnes autour de soi. Donc, je vais plutôt être dans la recherche d'une sorte d'excitation intellectuelle, de vivre des choses que je n'ai jamais vécues avant.
- Speaker #0
Est-ce que tu as déjà rencontré des difficultés dans ce type d'événement ?
- Speaker #1
Oui, effectivement. Là, pour le coup, ce n'est pas forcément lié à l'événement en tant que tel. Je pense que quand on va dans ce genre d'événement, on peut se retrouver dans des situations qui vont toucher des choses en nous qu'on n'avait pas forcément envie de déterrer. Moi, il se trouve que j'ai fait un week-end. C'était un week-end basé sur trois concepts qui étaient très chouettes. C'était la nourriture, donc des repas, de très bons repas, la danse et le sexe. Et moi, je suis venu à cet événement-là, alors non pas avec une relation, non pas avec deux relations, mais avec trois relations. Bon, autant dire que ça a été très très très dur pour moi. Encore une fois, là si je dois chercher une cause, ça sera une cause interne C'est-à-dire que c'était moi qui n'étais pas bien, qui n'était pas sécurisé L'événement en tant que tel était très safe D'ailleurs il y avait une notion de buddies Il y a souvent ça dans les événements sexo-positifs C'est l'idée de quand tu viens avec quelqu'un Tu viens avec quelqu'un et en fait tu es responsable de la personne Et si la personne fait n'importe quoi respectent pas le consentement, je sais pas quoi, bah en fait les deux partent. Voilà, donc tout était fait pour que ça soit très sécurisé. La seule chose c'est que c'était un événement qui était, je pense, niveau, on va dire, c'était pas un niveau débutant quoi, c'était niveau j'ai l'habitude de faire ça et j'y vais quoi. Et moi j'étais débutant à l'époque, et j'ai très très mal géré mes émotions, j'ai très mal géré un peu de jalousie, alors oui j'étais poli, Bon, je le suis plus ou moins toujours, mais j'avais trois relations. Donc la jalousie, je l'avais déjà gérée d'autres manières, mais là, je ne sais pas, ça a été très compliqué. Je pense qu'à un moment donné, c'est important dans ce genre d'événement de quand même mettre en place des choses pour que les personnes puissent s'extraire du groupe, voire même de la soirée entière.
- Speaker #0
Des cabanes, quoi.
- Speaker #1
Soit des cabanes, soit voire même je peux partir, rentrer chez moi. Et là, c'était en pleine campagne. Il n'y avait aucun moyen que je rentre et il n'y avait aucun espace qui était très sécurisant pour moi. Et du coup, ça a été très, très, très compliqué. Quand on participe à ce genre d'événement, mais vraiment, il faut absolument identifier c'est quoi nos limites. Parce que nos désirs, au final, je pense que c'est assez facile et même si on ne les a pas identifiés, ça vient sur le moment, ça, il n'y a pas de souci. Par contre, les limites, je ne pense pas qu'il faut se demander pendant l'événement, c'est quoi mes limites ? Il faut se le demander bien avant. Et d'ailleurs, nous, pour notre soirée sex-positive, on avait écrit un tableau. Enfin, chacun avait mis, pas un tableau, mais une feuille. avec ses désirs d'un côté et ses limites de l'autre. Et comme ça, on a su que, par exemple, telle personne ne souhaitait pas de relation avec des hommes ou avec des femmes, ou ne souhaitait pas telle pratique. Et c'est vachement libératoire, puisqu'en fait, on voit ça, on dit Ah ok, cette personne ne veut pas de sexualité avec un homme, et bien je ne vais pas lui proposer.
- Speaker #0
Tu m'as confié ne plus avoir envie d'être étiqueté polyamoureux, pourquoi ?
- Speaker #1
En fait d'être identifié polyamoureux, je pense que ça a été une grande source de fierté pour moi pendant un temps. mais presque trop. C'est-à-dire que j'ai pu même être un peu arrogant de dire, mais pourquoi lui, il est encore mono, il a envie de... ou elle, ils ont envie clairement d'autres relations ou de coucher avec d'autres personnes, mais ils n'assument pas, et du coup, après, ils vont se tromper, tout ça. Mais après, je ne pense pas que tout ça, ce n'est pas quelque chose que j'ai créé moi-même. C'est-à-dire que dès qu'on va dans un café poli, qu'on va... qu'on discute avec des gens qui s'intéressent à la question, on se retrouve vite avec des petites injonctions du style quand t'es poli, il faut être comme ça ou il faut faire ça ou il faut être comme ça Et je vais même aller plus loin, c'est que quand j'ai commencé à m'intéresser au polyamour, un peu comme tout le monde, je pense que j'ai lu sur la question, et notamment j'ai lu un livre qui pour moi était un peu une référence, qui s'appelle More than two En fait, dans le livre, à un moment donné, il y a un passage qui m'avait marqué, où en fait la... les deux auteurs et autrices disent voilà, à un moment donné, vous allez sentir une résistance. Quand vous allez voir, par exemple, votre relation, pour la première fois sortir avec une autre relation, voire faire l'amour ou ce que vous voulez, vous allez sentir une résistance, ça va faire mal. Et dans le livre, ils appellent ça le passage noir, un truc comme ça, je le traduis en français à la volée, mais si vous passez ça, après ça ira mieux, ne vous inquiétez pas, mais il faut passer ce moment-là. et moi j'ai suivi ça un petit peu bêtement des fois et je me suis mis dans des situations sans oser poser mes limites je n'ai pas posé mes limites parce que je me suis dit il faut que je passe un peu comme un boxeur qui en chie à faire du cardio il va courir, il va courir, il va en chier parce qu'il sait qu'après il sera meilleur Mais en fait, le cœur... Le cœur n'est pas un muscle. Non mais le cœur, en tout cas, les émotions, c'est pas forcément un muscle. C'est pas parce que vous vous faites insulter 100 fois que la centième fois ne sera pas plus souffrante si vous avez une blessure avant ou je ne sais pas quoi. Et moi, en fait, il y a certaines choses, ça ne passait pas. Je n'arrivais pas à me muscler sur ce point-là. Ça ne passait pas. Mais je continuais d'essayer, je continuais, je continuais, et il se trouve que ça a été très très douloureux pour moi. Et là où j'ai un peu vu la lumière, entre guillemets, c'est le jour où il y a l'autrice de ce livre-là, qui sur son blog a écrit un papier en disant Voilà, donc moi, more than two, je ne l'assume plus. parce que, alors outre que le gars il a été un petit peu call out, enfin en gros il a été un petit peu accusé d'être un peu toxique tout ça, bref, il y a, le trait ça dit ce passage là en particulier le truc avec le passage noir c'est nul, c'est de la merde parce que non, s'il y a une résistance écoutez-vous, s'il y a une résistance vous lâchez l'affaire peut-être que vous pourriez retenter dans un, deux mois quand vous serez reposé mais là s'il y a une résistance, il ne faut pas forcément forcer tu as des exemples sur les résistances qui étaient difficiles pour toi ? Je pense que la résistance qui a été la plus compliquée pour moi, c'était ce moment où en fait j'ai... Bon, le fonctionnement polyamoureux, il y en a des dizaines, il y en a qui sont polyamoureux mais qui ont juste deux relations et point barre, et les relations sont fermées, ils rencontrent plus personne. Et moi en fait ce qui m'a vraiment posé beaucoup de problèmes, c'était l'insécurité qu'à tout moment, je pouvais recevoir un message d'une de mes relations qui allait me dire j'ai rencontré quelqu'un. et avec la peur qui va avec la fameuse peur de l'abandon qui est de j'ai rencontré quelqu'un et je pars avec lui j'avais très très peur de ça c'était vraiment un truc qui me terrorisait parce que je me disais j'avais pas de problème à savoir que la personne était amoureuse de quelqu'un d'autre mais par contre de savoir que la personne ne m'aimerait plus et tomberait amoureuse de quelqu'un d'autre c'était plus compliqué mais du coup dans ces moments là je pense qu'il y a un besoin de sécurité qui était présent, que j'ai pas réussi à nourrir en fait et notamment avec une relation ça a été ça en fait c'est qu'on arrivait pas à nourrir notre besoin de sécurité respectif et en fait on s'est pas vraiment écouté alors on a à un moment donné on avait envisagé de fermer notre relation pour être juste avec les relations qu'on a et point barre et je pense que c'est plutôt moi qui dis bah ouais mais non enfin au début j'étais d'accord et puis en fait je suis revenu dessus et encore une fois je sais pas si la décision c'était à 100% de moi ou si c'est parce que
- Speaker #0
Je suis quand même polyamoureux, donc il faut quand même que... C'est un peu bizarre de ne pas avoir qu'une relation. Mais c'est de moi à moi, je ne dis pas que... Enfin, que deux relations, j'en ai deux. Mais c'est de moi à moi, je ne dis pas qu'on m'a injecté des trucs dans le cerveau, genre en mode, ouais, pense comme ça. Mais mon cerveau l'a traité comme ça après avoir entendu pas mal de choses.
- Speaker #1
En fait, ça rejoint l'injonction de... Quand tu es poly, il faudrait forcément être tout le temps ouvert à des nouvelles rencontres et les tolérer aussi chez les autres. Par rapport aux résistances, je pense aussi qu'il y a l'affaire de l'expérience, parce que ces limites, on les trouve aussi à travers le temps, et peut-être qu'il y a des choses sur lesquelles on est moins sensible au fil du temps, et il y a d'autres choses qui résistent justement, et qu'on ne peut les identifier que dans le temps, tout simplement.
- Speaker #0
Ouais, je pense que c'est le... Après, ça fait, quand on dit dans le temps, ça veut dire, est-ce qu'il faut s'entraîner pour ça ? C'est le truc dont je parlais tout à l'heure. À mon avis, je pense qu'il y a quand même des... Il y a moyen de juste se dire... Moi, par exemple, je suis... J'aime pas l'insécurité, j'aime pas le bouleversement d'une nouvelle relation. Là, je suis avec deux relations qui, elles-mêmes, sont avec une autre relation. Donc, ça fait un polycule, voilà. j'ai pas envie de plus, vraiment. Et ça peut être légitime de se dire ça. Par contre, comme on est dans une situation polyamoureuse, on peut pas l'exiger des autres. C'est en ça que le polyamour, parfois, peut être un peu compliqué.
- Speaker #1
Apprendre à accepter que les autres peuvent le vivre différemment que nous.
- Speaker #0
Après, on peut tomber sur quelqu'un qui est exactement raccord à l'instant T sur ce qu'on désire, mais c'est pas dit que ça changera pas. mais après ça veut pas dire que nous on changera pas non plus il y aura peut-être des évolutions dans notre manière de les choses
- Speaker #2
Merci Maxence pour ton partage et merci à vous de nous avoir écouté On se retrouve le mois prochain pour un nouvel épisode N'hésitez pas à me partager vos réactions sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram