Guanyin : Bodhisattva de la compassion cover
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Arcana

Guanyin : Bodhisattva de la compassion

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37min |28/06/2024|

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Guanyin : Bodhisattva de la compassion

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Description

Guanyin, également connue sous le nom d’Avalokiteśvara en Inde, ou Kannon au Japon, est une figure emblématique du bouddhisme. Elle est souvent vénérée comme une déesse de la compassion et de la miséricorde. Guanyin est considérée comme un bodhisattva, un être éveillé, capable d’entendre les souffrances du monde et d’apporter réconfort et assistance à ceux qui sont dans le besoin.


Dans cette vidéo, nous allons explorer l’histoire, la légende et la symbolique de cette figure complexe, tout en établissant des parallèles avec les figures chrétiennes de Jésus et de la Vierge Marie.


Tout comme Marie, la mère de Jésus, Guanyin joue un rôle protecteur et maternel. Elle est souvent représentée avec une expression douce et compatissante, symbolisant son amour maternel pour tous les êtres vivants. Les bouddhistes la considèrent comme une mère spirituelle, prête à soutenir et à guider ceux qui se tournent vers elle dans leurs moments de difficulté.


La comparaison avec Jésus est moins directe mais tout aussi fascinante en tant qu’archétype symbolique. Guanyin a des origines humaines avant de faire son ascension divine. Comme Jésus, elle meurt et ressuscite pour aider tous les êtres dans leur cheminement spirituel. Elle incarne l’idéal bouddhiste de l’amour inconditionnel, de la compassion universelle et de la voie du salut, ou de la bouddhéité dans ce contexte.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, chers auditeurs. Aujourd'hui, j'ai décidé de vous faire voyager en Asie à la découverte de Guan Yin, l'un des principaux bodhisattvas du bouddhisme chinois. Alors, elle est également connue au Japon sous le nom de Kanon ou encore Avilaokitesvara, son nom d'origine en Inde. La tradition religieuse de l'Asie reste relativement peu connue en Occident et pourtant, vous allez voir que nous allons pouvoir faire de nombreux parallèles entre la figure mythique de Guan Yin et certains mythes de la Grèce antique notamment autour du voyage aux enfers. Alors bien sûr, le bouddhisme n'est pas la seule religion de la Chine, et dans les autres systèmes religieux du pays, Guan Yin sera tantôt considérée comme une déesse de la miséricorde ou encore comme une immortelle taoïste. Mais notons encore que ce personnage féminin partage plusieurs points de ressemblance avec la figure chrétienne de la Vierge Marie, au point qu'on l'appelle parfois la Vierge Chinoise. Mais plus encore, au cours de cette vidéo, nous verrons que d'une certaine façon, Guan Yin partage en réalité aussi des points de correspondance avec Jésus-Christ, la figure centrale du christianisme. Avant de suivre les traces de Guan Yin, il nous faut prendre le temps de toucher quelques mots sur les croyances du bouddhisme Mahayana, ou le grand véhicule, et surtout sur ce qu'est un bouddhiste advint. Tout d'abord, les adeptes du bouddhisme aspirent à l'éveil spirituel ou l'état de bouddhéité qui leur permettrait de rejoindre le nirvana et ainsi de s'échapper du monde de la souffrance matérielle. Pour cela, ils suivent la loi du dharma et les préceptes de Sakyamuni, plus connus dans nos contrées sous le simple nom de Bouddha. Mais attention, Sakyamuni n'est pas le seul Bouddha. C'est en réalité un titre pour tous les êtres ayant atteint le nirvana, et ce n'est pas non plus un dieu au sens chrétien du terme. Les bouddhas ne sont pas des créateurs ou des destructeurs du monde. D'ailleurs, le monde lui-même est considéré comme une illusion née de l'ego des individus, une sorte de projection mentale mise en forme et dont il convient de se libérer. Ainsi, le monde serait une sorte de matrice ou un logiciel créé par nos individualités. et gothiques et dans lequel nous nous réincarnons perpétuellement dans le cycle karmique. Enfin, pour ce qui est des bodhisattvas, et encore une fois contrairement à certaines idées reçues, ils ne sont pas plus des divinités que les bouddhas. Au sens que ce ne sont pas des dieux polythéistes comme on en trouve dans les traditions égyptiennes, grecques ou encore celtiques, même s'ils en partagent un certain nombre d'attributs. A l'origine, les Bodhisattvas sont des êtres humains qui ont atteint l'éveil spirituel et qui peuvent prétendre au statut de Bouddha, mais qui ont décidé de ne pas rejoindre le nirvana afin d'aider leurs semblables à atteindre aussi l'éveil spirituel. D'une certaine façon, l'on pourrait dire que les Bodhisattvas sont des forces intermédiaires entre les hommes et la bouddhéité ou le statut d'être pleinement éveillé. A ce titre, ils prennent un peu le même rôle que les anges ou les saints dans le christianisme, ou encore que les daimon dans la religion antique des anciens grecs. Donc, vous aurez bien compris que les bodhisattvas forment une sorte de panthéon relativement important, et de fait, ceux qui ne sont pas adeptes du bouddhisme les perçoivent habituellement comme un corpus de divinités polythéistes, ce qui pourtant est erroné. Bien sûr, il existe des bodhisattvas dont le culte est plus important que d'autres. Et parmi les plus célèbres et les plus vénérés de la Chine, nous allons justement y trouver Guan Ying, un bodhisattva féminin associé à la grande compassion. Mais précisons encore que son culte n'est pas spécifique à la Chine. Au Japon, elle s'appelle Kanon et son culte est tout aussi important dans le cadre du bouddhisme zen. On la retrouve encore en Corée sous le nom de Guan Heung, ainsi que dans la plupart des pays où le bouddhisme est présent. Seulement voilà, son histoire est tout sauf simple. Nous allons devoir faire un détour par l'Inde afin de comprendre ses origines et son cadre d'apparition puisque dans les premiers temps du bouddhisme primitif, Guan Yin était un homme et portait le nom de Avalokitesvara. Bien que le bouddhisme ait quasiment disparu de l'Inde et intégralement du Pakistan, c'est dans l'espace culturel indien que cette religion a pris naissance. Elle s'est ensuite largement diffusée dans l'Asie de l'Est et du Sud-Est. Parmi les figures mythiques, Avalokitesvara, qui se traduit en sanscrit par le seigneur qui observe les sons depuis le haut et le Bodhisattva de la compassion suprême, il fut de ce fait particulièrement vénéré. D'ailleurs, c'est probablement la figure la plus importante de la branche du bouddhisme Mahayana ou le grand véhicule qui est principalement répandue en Chine, en Corée et au Japon. Alors pour commencer, sur un plan historique, l'apparition de Avalokitesvara sur la scène religieuse reste difficile à définir avec précision. Néanmoins, ces premières représentations n'apparaîtront qu'au IIe siècle de notre ère dans le Gandhara, soit au nord-ouest de l'actuel Pakistan sur la route de la soie. Précisons pour avoir quelques repères temporels que le bouddhisme prend naissance à la frontière de l'Inde et du Népal au Vème siècle avant Jésus-Christ au moment de la vie de Sakhamuni. Mais lors des premiers siècles, il n'existait pas de statuaire religieux, seulement des textes que l'on appelle les soutras. La représentation en statues des Bouddhas et Bodhisattvas ne commence qu'à partir du IIe siècle de notre ère, dans l'Empire Kushan, dans la région du Gandhara que nous avons cité. On parle alors d'un art gréco-bouddhique, un nom étrange pour un style artistique propre à l'Asie. La raison est pourtant assez simple, mais pour le comprendre, il nous faut revenir quelques siècles dans le passé, lors des conquêtes d'Alexandre le Grand, au IVe siècle avant notre ère, où l'influence hélénistique va s'étendre. jusqu'au Gandhara. Précisons tout d'abord que le bouddhisme existe déjà à ce stade et ce sera donc le premier véritable contact direct entre la culture philosophique des grecs et la nouvelle religion de Sakhamuni. Plus tard, au 3e siècle avant Jésus-Christ, le Gandhara est sous la domination des Seulocides, des grecs héritiers de l'empire d'Alexandre dans cette région. Rapidement la région va passer sous le contrôle de l'empire Moria qui unifie l'Inde et le territoire anciennement des Solocides. Mais la dispute du territoire se poursuit au IIe siècle avant J.-C. lorsque le royaume gréco-bactrien fait la conquête du Gandhara et repousse les Moria hors du territoire. Pour qualifier ces trois premiers siècles de trouble, on parle de la période indo-grecque et fatalement le syncritisme des cultures se fait progressivement. A ce stade, le bouddhisme est l'une des religions principales et les plus importantes du secteur, mais on ne parle pas encore de Mahayana, grand véhicule, mais seulement du bouddhisme ancien ou Inayana, un terme qui sera donné ultérieurement et de façon péjorative et qui veut dire petit véhicule. Dans cette forme de bouddhisme des origines, la définition et le rôle des bodhisattvas n'est pas identique au futur Mahayana. Ici, les Bodhisattvas sont des individus qui s'approchent de l'état de bouidéité dans une sorte de demi-éveil, mais ils ne sont pas des guides à proprement parler. Pour le moment, revenons à l'aspect historique. Au premier siècle de notre ère, alors que naissait le christianisme au Proche-Orient, en Asie, c'est l'invasion des Parthes dans le Gandhara. Puis c'est finalement le peuple Yuwési qui va dominer la région. Alors, qui sont-ils ? Les Yuezis sont un peuple originaire de la Chine qui fonde l'empire Kushan au nord de l'Inde, du Pakistan et de l'Afghanistan actuel. On observe à ce stade un véritable syncrétisme entre les divinités grecques et celles des Yuezis, mais aussi avec les religions locales dont fait partie le bouddhisme. On parle alors d'une religion gréco-bouddhisme pour la qualifier. Mais cela marque également la première phase de modification du bouddhisme originel qui va prendre le nom de Mahayana ou grand véhicule et qui va faire une large place au culte des bodhisattvas. Le Mahayana est né dans ce terreau complexe avec des influences hélénistiques, chinoises par les Yuezis et bien sûr le bouddhisme ancien ou originel. C'est dans ce contexte improbable que va apparaître la statuaire religieuse et l'art. gréco-bouddhique, avec notamment la figure de Avalokitesvara, le bodhisattva de la compassion. Alors, dans une lecture bouddhiste, il s'agit donc d'un humain ayant atteint l'éveil, mais s'étant donné pour mission d'aider tous ses semblables à suivre ce chemin. Le rôle du bodhisattva Avalokitesvara est d'être un intermédiaire entre les hommes en quête de l'éveil et le Bouddha Hamitava, le grand Bouddha de la Terre pure, lui-même apparu sensiblement à la même époque. Il semble important, à ce stade, de s'attarder sur ce point, à savoir le développement du culte des Bodhisattvas et principalement de Avalokitesvara, ainsi que l'évolution du bouddhisme original. Pour les peuples polythéistes du secteur, il existait naturellement un large panthéon de divinités et chacune ayant ses fonctions propres ou précises. Ainsi, les Bodhisattvas et les Bouddhas pouvaient entrer en syncrétisme avec les anciennes divinités païennes sans créer de rupture violente avec les anciennes croyances. Dans cette lecture, le Bodhisattva Avalokitesvara fait office de divinité bienveillante proposant une porte d'entrée pour adhérer aux croyances du bouddhisme. Et si l'on osait la comparaison, nous pourrions dire que Avalokitesvara ressemble à Jésus, qui apporte le message aux hommes afin de retrouver le chemin du Père que l'on peut ici comparer au Bouddha Amitabha, dans le bouddhisme Mahayana bien sûr. Un peu poussé quand même me direz-vous ? Eh bien pas tant que ça si l'on considère le point de vue bouddhiste sur Jésus et la période d'apparition des deux religions. Pour les adeptes du bouddhisme Mahayana, Jésus est lui-même un bodhisattva, soit si vous préférez un être éveillé venu apporter sur terre un message d'amour, de paix et de compassion mais dans un territoire donné et de façon adaptée au peuple qui y réside. Alors dans cette lecture... Avalokitesvara est adapté aux habitants de l'Inde, Jésus est adapté au bassin méditerranéen et de la même façon nous pourrions dire que Mahomet est adapté à l'Arabie. Notons enfin le plus important, soit le contexte d'apparition de Avalokitesvara au IIe siècle de notre ère. En réalité, il est probable que ce Bodhisattva existait déjà depuis quelques temps, mais le contexte syncrétique du Gandhara a peut-être favorisé le processus. On pourrait même hypothétiser des jeux d'influence entre Avalokitesvara et le Jésus des évangiles, sans pouvoir dire à ce stade qui a influencé l'autre. Alors, Avalokitesvara, jumeau asiatique de Jésus, pourquoi pas ? Mais l'histoire de ce Bodhisattva ne s'arrête pas là, et nous en sommes en réalité qu'au début, car ce personnage va largement évoluer lors de son passage en Chine. Rappelez-vous que les Yuezi, fondateurs de l'Empire Kushan au 1er siècle de notre ère, étaient originaires de Chine et vont largement participer à l'évolution du bouddhisme primitif qui n'était alors pas adapté à leur propre terrain culturel. Le concept des Bodhisattvas existait déjà au premier temps du bouddhisme mais il était réservé à l'usage des princes voire même uniquement pour Shakyamuni lui-même, lorsque l'on parle de ses vies passées du monde. Avec le bouddhisme Mahayana, les bodhisattvas se multiplient et prennent une place centrale. Les peuples nouvellement convertis au bouddhisme avaient vécu dans un terreau polythéiste et ainsi les bodhisattvas permettaient de faire le glissement vers le bouddhisme en réadaptant les anciens panthéons. Les anciens dieux devenant des bodhisattvas par le jeu du syncrétisme. Par la suite, les Yuezis étant originaires de Chine, cela va favoriser la diffusion du bouddhisme Mahayana vers leur terre d'origine. Ainsi, la religion de Sakyamuni se diffuse en Chine dès le 1er siècle de notre ère, puis se diffuse par la suite en Corée au 4e siècle, au Japon au 5e siècle, puis au Tibet au 7e siècle. Paradoxalement, le bouddhisme allait progressivement disparaître de la terre qu'il avait vu naître. Le coup de grâce lui sera donné par l'invasion des musulmans qui détruisent les édifices et forcent à la conversion au cours des 9e et 10e siècles. Mais le bouddhisme continua son chemin dans les autres contrées et portait dans ses bagages le culte de Avalokitesvara, le grand bodhisattva de la compassion. Suivant les territoires et les langues locales, il va prendre des noms différents mais son importance ne fera que croître. En Chine, Guan Yin est la traduction en chinois de Avalokitesvara mais le changement le plus notable étant sa féminisation. Notons que c'est un phénomène relativement rare et la raison exacte reste difficile à définir. Seulement, je vous livrerai par la suite une théorie personnelle, mais qui, à défaut d'être la bonne, se veut à minima cohérente. Au Tibet, Avalokitesvara prendra le nom de Shenrezig. J'en profite d'ailleurs pour répondre à l'une des questions que vous vous êtes peut-être déjà posées. Au Tibet, le Daïli Lama est le chef spirituel le plus important du bouddhisme tibétain. Il se réincarne perpétuellement dans un nouveau corps, mais de qui est-il la réincarnation à l'origine ? Eh bien, justement, vous l'aurez deviné, le Daïli Lama est censé être la réincarnation de Avalokitesvara, Bodhisattva de la compassion, dont il est le véhicule terrestre. Au Japon, le bouddhisme se diffuse par la Chine et la Corée et de fait Avalokitesvara sera également présent sous une forme féminine connue sous le nom de Kanon. Cela se traduit par celle qui observe le son mais au sens celle qui entend les cris et les souffrances du monde. Pour cette raison, elle est représentée avec mille bras et mille yeux, apportant son soutien à tous les êtres qui sont dans le besoin. Mais pour le moment, concentrons-nous sur Guan Yin, la version chinoise et la légende qui lui est associée. Le culte de Avalokitesvara arrive en Chine aux premières heures du bouddhisme chinois sous le nom de Guan Yin. Cependant, sa féminisation ne sera pas immédiate, mais seulement via un long processus informel qui deviendra définitif lors du règne de la dynastie des Song, soit entre le Xe et le XIe siècle de notre ère. Pour comprendre la place centrale de Guan Yin, Il est tout d'abord nécessaire de faire un petit focus sur l'évolution religieuse de la Chine entre le 1er et le 10e siècle. A l'arrivée du bouddhisme en Chine, sous la dynastie des Han au 1er siècle, la Chine possède déjà ses propres croyances. En premier lieu, c'est la religion traditionnelle, de type animiste ou polythéiste, et qui compte des centaines de divinités ou de grands esprits, qu'on appelle les shens. Nous trouvons ensuite le taoïsme. qui a également pris corps sous la période des Han, mais notons que contrairement au bouddhisme, le taoïsme est un pur produit chinois. De fait, lors de l'arrivée du bouddhisme, cette nouvelle religion est vue comme étrangère et concurrence les systèmes en place, et va de ce fait avoir du mal à prospérer, du moins dans les premiers siècles. Mais la situation va changer à la chute de la dynastie des Han. La Chine entre dans une période de trouble qui prend le nom de période des trois royaumes. La Chine est ravagée par la guerre civile et l'instabilité politique. A titre d'exemple, on peut comparer la situation avec la chute de Rome et les invasions barbares en Occident. Dans ce contexte, où la vie est particulièrement précaire et hasardeuse, la philosophie du bouddhisme va se présenter comme une réponse adaptée pour la population. Ainsi, des monastères sont édifiés en grand nombre et les sutras sont traduits directement aux chinois. Fatalement, le culte du Bodhisattva de la compassion prend tout son sens dans cette période où la vie ne tient qu'à un fil. A la suite de ces événements, il faudra attendre le 7e siècle et la dynastie des Tang pour que la Chine retrouve une réelle stabilité politique dirons-nous. A ce stade, les trois religions sont bien implantées mais le bouddhisme est toujours vu comme une religion étrangère. Notons d'ailleurs qu'il y aura même une certaine persécution religieuse où certains monastères seront détruits, mais rapidement la situation se calme et les Tangs encouragent plutôt la coexistence entre les différentes traditions religieuses. C'est ainsi que les trois systèmes religieux, bien que très différents à l'origine, vont finir par s'influencer mutuellement. Mais pour que cela fût possible, il fallait néanmoins quelques points d'accroche. Alors voyons cela plus en détail. La religion traditionnelle de type animiste possède un large panthéon de divinités. Les bouddhistes vont alors réinterpréter ces divinités mais en tant que bodhisattvas, soit des individus ayant eu une existence humaine dans des temps très anciens. Si vous préférez, les anciens dieux sont réactualisés. De leur côté, les taoïstes faisaient la même chose avec les anciens dieux, mais ils utilisent aussi les figures principales du bouddhisme pour en faire des immortels taoïstes et les bouddhistes. font la même chose en sens inverse. Pour le cas spécifique de Guan Ying, dans le panthéon traditionnel, elle sera considérée comme la déesse de la miséricorde. Dans le bouddhisme et le taoïste, elle sera respectivement considérée comme un bodhisattva de la compassion ou une immortelle taoïste liée à la compassion. De ce fait, les deux nouvelles religions lui prêtent une origine humaine, mais dans des temps très anciens. Notons quand même que ce n'est qu'au XIe siècle, lors de la période des Song, que la légende se structure et que la féminisation de Guanning devient définitive, même si elle était déjà répandue dans la population et dans les traditions populaires si l'on peut dire. Je pense que c'est en raison du syncrétisme avec la religion traditionnelle que Guanning est en réalité devenue une femme. Le concept de miséricorde ou de la compassion était déjà présent dans la culture chinoise sous une forme féminine, aussi bien dans le culte traditionnel que dans le taoïste. De fait, c'est le bouddhisme qui s'est adapté sur cette question. A l'inverse, dans d'autres cas, c'est le bouddhisme qui va influencer les autres courants, notamment au niveau de la représentation des enfers. Mais pour rester sur le cas particulier de Guan Yin, nous pouvons dire à ce stade et avec certitude que c'est une bodhisattva qui est beaucoup plus chinoise qu'indienne. Et c'est uniquement sous cette forme qu'elle va se répandre en Corée et plus tard au Japon. De plus, contrairement à sa version indienne, Guan Yin va bénéficier d'un récit mythique quant à ses origines. Ainsi, celle qui est à la fois un bodhisattva et une immortelle taoïste aurait autrefois été une humaine du nom de Miao Shan, ayant vécu au temps de la dynastie des Zhou, soit au premier millénaire avant notre ère. Cependant, comme vous vous doutez, cette légende possède des variables suivant le cadre religieux dans lequel elle est racontée. Dans sa version bouddhiste, la légende dit que Miao Shan était la fille du roi Miao Zemong. N'ayant pas eu de fils, il souhaitait marier sa fille à un riche seigneur voisin, mais la jeune fille avait d'autres projets. Elle voulait entrer dans un monastère bouddhiste et se faire nommer. Le père refuse catégoriquement et emploie de nombreux stratagèmes afin de la détourner de cette voie. Mais rien n'y fait et Miao Shan finit par s'enfuir de la maison pour rejoindre un monastère, le temple de la pagode de l'oiseau blanc. Miao Zhong, furieux et excédé, décide d'employer les grands moyens et ordonne de détruire le monastère par le feu afin de débusquer sa fille. Miao Shan savait que le malheur s'abattait sur le monastère à cause de sa présence. Alors elle se mit à prier les Bouddhas et les Bodhisattvas afin qu'ils interviennent pour sauver le monastère et les innocents qui y résident. Immédiatement, la pluie s'abat sur le lieu et éteint l'incendie. Le père, hors de lui, ordonne de capturer sa fille et la fait enfermer dans une prison de son palais. Il lui impose des conditions strictes quant à son futur mariage, mais rien n'y fait, Miao Shan refuse catégoriquement. Le père menace de la tuer, mais la jeune fille l'ignore complètement et reste dans un état de méditation. C'est alors la mère de Miao Shan qui tente de la faire renoncer à la vie sacerdotale. Pour cela, elle organise une fête somptueuse comme personne n'en avait jamais vue, pensant que Miao Shan ne pourrait jamais résister aux nombreux délices de ce monde. Mais une nouvelle fois, c'est un échec complet et la jeune fille ignore complètement ses parents. Finalement, au grand mot, les grands remèdent. Le père décide de la faire exécuter publiquement. Simple et expéditif. Le lendemain, Miao Shan est conduite sur la place publique pour être mise à mort. Le bourreau la frappe de son sabre, mais protégée par l'aura des Bouddhas et Bodhisattvas, l'arme se brise sur le corps de la jeune femme. Alors le bourreau essaye avec d'autres instruments, mais n'aura pas plus de succès avec sa lance. Alors le père de Miao Shan ordonne de l'étrangler avec une bande de soie. Miao Shan finit par mourir, mais immédiatement un tigre surgit sur la place publique et emporte le corps de la jeune femme dans une forêt profonde. Il dépose la dépouille loin de tout passage, dans un endroit calme et introuvable au cœur de la forêt. Le corps de la jeune fille ne semble néanmoins pas souffrir de la mort, il semble plutôt comme simplement endormi, comme la belle au bois dormant si vous préférez. Sur le plan spirituel, c'est ici que commence le voyage aux enfers de Miaoshan et nous ne manquerons pas de faire un nouveau parallèle avec Jésus qui meurt sur le Golgotha pour sauver l'humanité. Mais nous allons y revenir. Une fois que l'âme de Miaoshan est arrivée dans le monde des morts, Di Yu, dirigée par le terrible Yan Wang, la jeune fille observe les souffrances des habitants de ce monde. Alors, prise d'une immense compassion, elle se met en prière afin de soulager les tourments de tous les condamnés. Là encore, on retrouve le symbolisme de Jésus qui passe de nuit aux enfers afin de soulager les maux des défunts avant sa résurrection le troisième jour. A Diyu, devant la ferveur de Miao Shan, l'enfer se change en paradis et tous les supplices prennent fin, de la même façon que dans la légende grecque d'Orphée qui enchante les enfers à l'aide de sa lyre. Yan Wang, le seigneur du monde souterrain, était désemparé et ne pouvait pas tolérer cela. Ainsi, il demande avec insistance au Bouddha et Bodhisattva de renvoyer Miao Shan loin de son royaume, sur la terre des vivants afin que les choses puissent rentrer dans l'ordre dans les enfers. Immédiatement, le miracle s'accomplit et Miao Shan se réveille dans son propre corps, intact, encore une fois, de la même façon que Jésus. Mais les aventures de Miao Shan ne s'arrêtent pas là. A ce stade, elle n'est pas encore un Bodhisattva, mais seulement une humaine sur le chemin de l'éveil. Miao Shan se réveille seule dans la forêt profonde et croise la route d'un personnage qui tombe immédiatement sous son charme et tente de la courtiser. Le voyageur, d'une grande beauté, souhaite l'épouser, mais Miao Shan refuse catégoriquement et avec insistance. Le voyageur révèle alors sa véritable nature de Buta Taagata et félicite la jeune fille pour sa grande ferveur lors des différentes épreuves qu'elle a dû traverser. Le voyage initiatique de Miao Shan pouvait se poursuivre. Tata Kata conduit la jeune fille à la pagode du Mont des Parfums où elle pourra prier en toute sérénité, loin des tourments du monde. Miao Shan va ainsi consacrer sa vie à la prière et ce pendant neuf années. Jusqu'au jour où un homme se présente devant la pagode afin de solliciter un miracle auprès d'une personne sainte, dans le but de guérir un mal déclaré incurable par tous les médecins. Le visiteur n'était autre que Miao Zemong, le propre père de Miao Shan en personne, qui ignorait bien sûr qu'il s'agissait de sa propre fille qui résidait dans le sanctuaire. La maladie de Miao Zemong ne pouvait être guérie par les remèdes classiques. Il fallait le sacrifice d'un œil et d'un bras comme compensation pour chasser le mal, à la façon d'un exorcisme pour ses nombreux péchés. A la connaissance du prix de compensation, Miao Shan n'hésite pas un seul instant et se mutile un oeil et se coupe un bras dans un acte de suprême compassion. Le miracle s'accomplit, dans la foulée Miao Zemong retrouve la santé et c'est alors qu'il découvre l'identité de sa bienfaitrice. Il tombe à genoux et implore le pardon de sa fille pour tous les tourments qu'il lui avait infligés par le passé. Miao Shan lui accorde bien entendu son parton et à la suite de sa guérison, le vieil homme fait édifier un grand temple en l'honneur de sa fille sur une montagne sacrée. Quelques années plus tard, au bout des neuf années de prière, une grande cérémonie a lieu à la pagode du monde des parfums. Tous les bouddhas et bodhisattvas sont conviés pour assister à la mort physique de Miao Shan mais surtout à son éveil spirituel. C'est l'heure du rite de l'ascension ou de la naba. Miao Shan va quitter son enveloppe humaine et devenir un Bodhisattva sous le nom de Guan Yin. Miao Shan n'avait pas souhaité rejoindre le nirvana des Bouddhas, elle préfère rester auprès de tous les êtres sous la forme d'un Bodhisattva pour offrir sa compassion à l'humanité ainsi qu'à tous les êtres et faciliter leur périple vers l'éveil spirituel à leur tour. Bien sûr, si l'on se place dans une lecture taoïste, la légende possède évidemment quelques variables. Le monastère devient une montagne sacrée taoïste et ce n'est pas les bouddhas qui interviennent dans les situations mais l'empereur de Jade ou les esprits des immortels taoïstes. De plus dans cette version, Miao Shan possède également elle-même des pouvoirs surnaturels qui sont propres aux immortels taoïstes. Ainsi, c'est elle qui crache vers le ciel pour appeler la pluie et éteindre l'incendie et dans d'autres situations, elle pique le palais céleste avec une épingle de bambou afin d'attirer le regard des divinités les poussant ainsi à agir. Et à la fin de l'histoire, elle s'élève elle-même au statut d'immortelle taoïste. Mais dans les deux cas, Niao Shan, devenue Guan Ying, sera la figure divine la plus vénérée de la Chine. Elle est la mère bienveillante de toute l'humanité qui apporte la compassion suprême. Alors maintenant, ayant observé les origines et l'évolution de Guan Yin, tentons d'analyser cette figure centrale du bouddhisme Mahayana et nous allons également la comparer avec certains archétypes occidentaux. S'il est probable que Guan Yin soit devenu un bodhisattva féminin dans le but de correspondre par syncrétisme aux figures divines du panthéon traditionnel de la Chine, facilitant ainsi la conversion des populations qui étaient attachées aux anciennes figures divines, cela pose néanmoins quelques questions. Pourquoi ne pas faire correspondre Avalokitesvara indien avec une divinité masculine du panthéon chinois ? La réponse me semble basée sur les fonctions de ce bodhisattva, soit la compassion suprême. Cette fonction est plus facilement dévolue aux femmes qu'aux hommes, du moins dans les panthéons traditionnels. Cependant, vous pourriez me rétorquer que Avalokitesvara est un homme dans le bouddhisme indien et qu'il représente, bien sûr, lui aussi la compassion suprême. Cela est vrai. Cependant, il faut s'intéresser aux cadres culturels de la Chine et de l'Inde qui sont radicalement différents. S'il ne fait pas de doute que les deux sociétés sont de nature patriarcale au premier siècle de notre ère, il n'empêche que dans le cadre religieux, les figures divines féminines sont largement plus importantes en Chine qu'en Inde. Dans l'hindouisme, les déesses sont réduites. au second plan, celui de parèdres ou de figures diaboliques comme l'exemple de Kali. La trimurti divine, un tout, soit les figures centrales étant composées de trois divinités masculines, Shiva, Vishnu et Brahma. Bien sûr, la place des déesses a son importance, notamment dans le cadre du tantrisme et des yogas, mais nous entrons ici dans le domaine de l'ésotérisme qui n'a plus rien à voir avec la religion publique. Dans le bouddhisme Mahayana de l'Inde, c'est à peu près la même chose, les bodhisattvas féminins sont quasi inexistants. De ce fait, le bodhisattva de la compassion y est naturellement un homme, sans que cela choque le moins du monde la population. Mais quand le bouddhisme va passer en Chine, le cadre est totalement différent. Les cultes traditionnels possèdent un large panthéon de déesses ayant une importance cosmogonique fondamentale, comme pour l'exemple chez les grecs, les égyptiens ou les celtes. Alors en Chine, on citera notamment Nuwa, la déesse civilisatrice qui crée l'humanité, ou encore Xiangmu, la grande mère reine de l'Ouest qui règne sur le palais des immortels. De fait, le Avalokitesvara indien est devenu une femme sous le nom de Guan Ying, plus adaptée pour représenter la compassion dans la culture chinoise, comme d'ailleurs l'ont aussi fait les chrétiens avec le culte de Marie. D'ailleurs, au commencement du christianisme, le positionnement était basé sur le modèle patriarcal du judaïsme qui ne laisse pas vraiment de place à la figure féminine. C'est Jésus lui-même qui assure le rôle de la grande compassion et il faudra attendre le troisième siècle de notre ère pour que le culte marial se développe suite au cadre culturel des populations nouvellement converties. De plus, cette évolution n'est pas un fait volontaire du christianisme mais plutôt une adaptation de l'église face à la religion. à la subsistance du culte des déesses mères ou magdamatères telles Isis, Déméter ou encore Cybele. Ainsi, le culte de Marie a servi de substitution devenant le symbole chrétien de la compassion suprême héritée du paganisme. De fait, le christianisme, bien que de nature patriarcale à l'origine, a fait une toute petite place à Marie Théocotos ou Marie, mère de Dieu, qui remplit le rôle de grande déesse apportant la compassion pour tous les êtres, mais leur part également son aide dans la voie du salut. Ainsi, vous l'aurez compris, Marie et Guan Yin partagent de profondes similitudes. Dans les deux cas, c'est un héritage des anciennes magnamatères des cultes païens. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Guan Yin, devenue femme, va continuer son périple en Corée, puis au Japon sous le nom de Canon. De la même façon, il serait erroné de dire que le Japon antique était de nature matriarcale. Néanmoins, dans le cadre religieux, les déesses ont toujours eu une bonne place, à l'instar de la Chine ou des Celtes par exemple. C'est facilement observable. La déesse Amaterasu, kami du soleil, est la principale divinité du shintoïsme, la religion traditionnelle du Japon. Ainsi, Kanon sera naturellement l'une des principales figures du bouddhisme japonais. D'ailleurs, l'un des pèlerinages principaux du Japon lui est dédié. C'est le pèlerinage de Kansai Kanon qui compte un circuit de 33 temples dédiés à cette Bodhisattva. On ne manquera pas de faire une nouvelle fois une analogie avec le culte de Marie en France qui compte des centaines de lieux de pèlerinage. Et dernier point qui démontre la proximité entre la figure de Marie et Kanon, lorsque le christianisme fut interdit au Japon en l'année 1614 sous les shoguns Tokugawa, Les quelques chrétiens restants utilisaient la figure de Canon afin de vouer un culte discret à Marie, d'où le nom de Maria Canon au Japon ou de la Vierge Chinoise dans le cas de Guan Yin. Cependant, si le rôle de Marie est limité dans le christianisme à celui de mère de Jésus ou de figure compatissante, il n'en est pas de même pour Guan Yin. Ce Bodhisattva n'est pas seulement une figure passive, mais bel et bien un chemin d'éveil pour accéder à la terre pure d'Amitabha, équivalent du paradis si vous voulez. Sur ce point, Guan Yin ressemble beaucoup plus à Jésus Christ qu'à Marie. Si Jésus-Christ et Avalokitesvara partagent de nombreuses connexions, notamment l'idée de paix et de compassion, ils illustrent surtout le chemin du salut. Les rapprochements sont encore plus vrais avec la version Guan Yin de ce Bodhisattva. Si l'évangile de Jean nous dit, en parlant de Jésus, Je suis le chemin, la vérité et la vie, nul ne vient au Père que par moi eh bien, on pourrait reprendre cette simple phrase dans un cadre bouddhiste et la traduire en ces termes. Moi, Guan Yin, suis le chemin, la vérité et la vie, nul n'accède à la terre pure d'Amitabha que par moi Alors, bien que les doctrines chrétiennes et bouddhistes soient très éloignées, voire antinomiques, ils possèdent néanmoins des archétypes communs. On pourrait rétorquer qu'il existe une différence de taille entre Jésus-Christ et Guan Yin. Le premier a vécu au premier siècle de notre ère, alors que rien ne permet de l'affirmer pour le second, au-delà de la simple légende ou le mythe de Miao Shan. De plus, on nous dira que Jésus-Christ est Dieu fait homme alors que Guan Yin n'est qu'un simple Bodhisattva. Cependant, sur ce deuxième point, c'est oublié un élément essentiel. Un Bodhisattva est déjà un être ayant atteint l'éveil, donc la bouddhéité, mais elle a décidé d'un acte volontaire de rester sur terre afin d'aider ses semblables. Sur ce point, c'est exactement la même idée que Jésus, Dieu lui-même, mais qui s'est fait homme pour apporter la révélation aux hommes. Et enfin, on notera l'analogie la plus importante, la mort et la résurrection. Miaoshan, avec un corps humain, meurt et apporte sa compassion aux enfers, puis revient à la vie comme Jésus. A la suite de cela, Miao Shan s'élèvera à la bouddhéité de la même façon que Jésus retourne aux cieux. Le bilan de ce comparatif illustre à mon sens l'idée d'un archétype invariant qui apparaît naturellement dans toutes ces cultures. On pourrait ainsi faire les mêmes rapprochements avec la figure de Dionysos chez les grecs, Osiris chez les égyptiens ou encore Krishna dans l'hindouisme. Pour aller plus loin dans une lecture ésotérique, La légende chinoise de Miao Shan illustre parfaitement la relation entre Katabase, voyage aux enfers, et Anabase, élévation céleste. Elle présente un schéma commun avec les mythes grecs sur la déification d'un individu suite à un processus initiatique. Bien sûr, les aspects moraux sont spécifiques au bouddhisme Mahayana, mais le cœur du processus se retrouve de la même façon. Pour plus d'explications sur les processus initiatiques à travers le monde, les rites de Katabase et d'Anabase, je vous renvoie à la lecture de mon dernier livre Arcana Mundi, les rites d'initiation, dont vous trouverez le lien en description de cette vidéo. Et pour conclure, je vous citerai le mantra de Guan Yin ou de la grande compassion, HOM MANI PADME HOM. Bien que difficile à traduire, il peut se résumer ainsi. La contemplation suprême du diamant ou du joyau dans le lotus ou la perfection. Nous voici arrivés à la fin de ce voyage et j'espère ne pas vous avoir trop perdu lors de cette enquête qui s'est révélée assez complexe à mettre en forme. Mais bon, le sujet est passionnant et surtout loin d'être épuisé. Il ouvre à mon sens la porte à de nombreuses réflexions quant aux archétypes et aux protomythes à la base de tous les systèmes de croyances. Alors, bien sûr, comme à l'accoutuber, pensez à liker et partager la vidéo si ce travail vous a plu et pensez à vous abonner pour être notifié des prochaines vidéos. Et pour ceux qui le souhaitent, vous pouvez également me soutenir sur Tipeee, un site de financement participatif qui me permet de continuer à vous créer des vidéos de façon libre et indépendante. Sur ce, je vous dis à la semaine prochaine pour de nouvelles vidéos, histoire, archéologie, ésotérisme, sciences occultes, religion et tout un tas d'autres sujets sur la chaîne Arcana les mystères du monde. Et sur ce, portez-vous bien et à très bientôt.

Description

Guanyin, également connue sous le nom d’Avalokiteśvara en Inde, ou Kannon au Japon, est une figure emblématique du bouddhisme. Elle est souvent vénérée comme une déesse de la compassion et de la miséricorde. Guanyin est considérée comme un bodhisattva, un être éveillé, capable d’entendre les souffrances du monde et d’apporter réconfort et assistance à ceux qui sont dans le besoin.


Dans cette vidéo, nous allons explorer l’histoire, la légende et la symbolique de cette figure complexe, tout en établissant des parallèles avec les figures chrétiennes de Jésus et de la Vierge Marie.


Tout comme Marie, la mère de Jésus, Guanyin joue un rôle protecteur et maternel. Elle est souvent représentée avec une expression douce et compatissante, symbolisant son amour maternel pour tous les êtres vivants. Les bouddhistes la considèrent comme une mère spirituelle, prête à soutenir et à guider ceux qui se tournent vers elle dans leurs moments de difficulté.


La comparaison avec Jésus est moins directe mais tout aussi fascinante en tant qu’archétype symbolique. Guanyin a des origines humaines avant de faire son ascension divine. Comme Jésus, elle meurt et ressuscite pour aider tous les êtres dans leur cheminement spirituel. Elle incarne l’idéal bouddhiste de l’amour inconditionnel, de la compassion universelle et de la voie du salut, ou de la bouddhéité dans ce contexte.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, chers auditeurs. Aujourd'hui, j'ai décidé de vous faire voyager en Asie à la découverte de Guan Yin, l'un des principaux bodhisattvas du bouddhisme chinois. Alors, elle est également connue au Japon sous le nom de Kanon ou encore Avilaokitesvara, son nom d'origine en Inde. La tradition religieuse de l'Asie reste relativement peu connue en Occident et pourtant, vous allez voir que nous allons pouvoir faire de nombreux parallèles entre la figure mythique de Guan Yin et certains mythes de la Grèce antique notamment autour du voyage aux enfers. Alors bien sûr, le bouddhisme n'est pas la seule religion de la Chine, et dans les autres systèmes religieux du pays, Guan Yin sera tantôt considérée comme une déesse de la miséricorde ou encore comme une immortelle taoïste. Mais notons encore que ce personnage féminin partage plusieurs points de ressemblance avec la figure chrétienne de la Vierge Marie, au point qu'on l'appelle parfois la Vierge Chinoise. Mais plus encore, au cours de cette vidéo, nous verrons que d'une certaine façon, Guan Yin partage en réalité aussi des points de correspondance avec Jésus-Christ, la figure centrale du christianisme. Avant de suivre les traces de Guan Yin, il nous faut prendre le temps de toucher quelques mots sur les croyances du bouddhisme Mahayana, ou le grand véhicule, et surtout sur ce qu'est un bouddhiste advint. Tout d'abord, les adeptes du bouddhisme aspirent à l'éveil spirituel ou l'état de bouddhéité qui leur permettrait de rejoindre le nirvana et ainsi de s'échapper du monde de la souffrance matérielle. Pour cela, ils suivent la loi du dharma et les préceptes de Sakyamuni, plus connus dans nos contrées sous le simple nom de Bouddha. Mais attention, Sakyamuni n'est pas le seul Bouddha. C'est en réalité un titre pour tous les êtres ayant atteint le nirvana, et ce n'est pas non plus un dieu au sens chrétien du terme. Les bouddhas ne sont pas des créateurs ou des destructeurs du monde. D'ailleurs, le monde lui-même est considéré comme une illusion née de l'ego des individus, une sorte de projection mentale mise en forme et dont il convient de se libérer. Ainsi, le monde serait une sorte de matrice ou un logiciel créé par nos individualités. et gothiques et dans lequel nous nous réincarnons perpétuellement dans le cycle karmique. Enfin, pour ce qui est des bodhisattvas, et encore une fois contrairement à certaines idées reçues, ils ne sont pas plus des divinités que les bouddhas. Au sens que ce ne sont pas des dieux polythéistes comme on en trouve dans les traditions égyptiennes, grecques ou encore celtiques, même s'ils en partagent un certain nombre d'attributs. A l'origine, les Bodhisattvas sont des êtres humains qui ont atteint l'éveil spirituel et qui peuvent prétendre au statut de Bouddha, mais qui ont décidé de ne pas rejoindre le nirvana afin d'aider leurs semblables à atteindre aussi l'éveil spirituel. D'une certaine façon, l'on pourrait dire que les Bodhisattvas sont des forces intermédiaires entre les hommes et la bouddhéité ou le statut d'être pleinement éveillé. A ce titre, ils prennent un peu le même rôle que les anges ou les saints dans le christianisme, ou encore que les daimon dans la religion antique des anciens grecs. Donc, vous aurez bien compris que les bodhisattvas forment une sorte de panthéon relativement important, et de fait, ceux qui ne sont pas adeptes du bouddhisme les perçoivent habituellement comme un corpus de divinités polythéistes, ce qui pourtant est erroné. Bien sûr, il existe des bodhisattvas dont le culte est plus important que d'autres. Et parmi les plus célèbres et les plus vénérés de la Chine, nous allons justement y trouver Guan Ying, un bodhisattva féminin associé à la grande compassion. Mais précisons encore que son culte n'est pas spécifique à la Chine. Au Japon, elle s'appelle Kanon et son culte est tout aussi important dans le cadre du bouddhisme zen. On la retrouve encore en Corée sous le nom de Guan Heung, ainsi que dans la plupart des pays où le bouddhisme est présent. Seulement voilà, son histoire est tout sauf simple. Nous allons devoir faire un détour par l'Inde afin de comprendre ses origines et son cadre d'apparition puisque dans les premiers temps du bouddhisme primitif, Guan Yin était un homme et portait le nom de Avalokitesvara. Bien que le bouddhisme ait quasiment disparu de l'Inde et intégralement du Pakistan, c'est dans l'espace culturel indien que cette religion a pris naissance. Elle s'est ensuite largement diffusée dans l'Asie de l'Est et du Sud-Est. Parmi les figures mythiques, Avalokitesvara, qui se traduit en sanscrit par le seigneur qui observe les sons depuis le haut et le Bodhisattva de la compassion suprême, il fut de ce fait particulièrement vénéré. D'ailleurs, c'est probablement la figure la plus importante de la branche du bouddhisme Mahayana ou le grand véhicule qui est principalement répandue en Chine, en Corée et au Japon. Alors pour commencer, sur un plan historique, l'apparition de Avalokitesvara sur la scène religieuse reste difficile à définir avec précision. Néanmoins, ces premières représentations n'apparaîtront qu'au IIe siècle de notre ère dans le Gandhara, soit au nord-ouest de l'actuel Pakistan sur la route de la soie. Précisons pour avoir quelques repères temporels que le bouddhisme prend naissance à la frontière de l'Inde et du Népal au Vème siècle avant Jésus-Christ au moment de la vie de Sakhamuni. Mais lors des premiers siècles, il n'existait pas de statuaire religieux, seulement des textes que l'on appelle les soutras. La représentation en statues des Bouddhas et Bodhisattvas ne commence qu'à partir du IIe siècle de notre ère, dans l'Empire Kushan, dans la région du Gandhara que nous avons cité. On parle alors d'un art gréco-bouddhique, un nom étrange pour un style artistique propre à l'Asie. La raison est pourtant assez simple, mais pour le comprendre, il nous faut revenir quelques siècles dans le passé, lors des conquêtes d'Alexandre le Grand, au IVe siècle avant notre ère, où l'influence hélénistique va s'étendre. jusqu'au Gandhara. Précisons tout d'abord que le bouddhisme existe déjà à ce stade et ce sera donc le premier véritable contact direct entre la culture philosophique des grecs et la nouvelle religion de Sakhamuni. Plus tard, au 3e siècle avant Jésus-Christ, le Gandhara est sous la domination des Seulocides, des grecs héritiers de l'empire d'Alexandre dans cette région. Rapidement la région va passer sous le contrôle de l'empire Moria qui unifie l'Inde et le territoire anciennement des Solocides. Mais la dispute du territoire se poursuit au IIe siècle avant J.-C. lorsque le royaume gréco-bactrien fait la conquête du Gandhara et repousse les Moria hors du territoire. Pour qualifier ces trois premiers siècles de trouble, on parle de la période indo-grecque et fatalement le syncritisme des cultures se fait progressivement. A ce stade, le bouddhisme est l'une des religions principales et les plus importantes du secteur, mais on ne parle pas encore de Mahayana, grand véhicule, mais seulement du bouddhisme ancien ou Inayana, un terme qui sera donné ultérieurement et de façon péjorative et qui veut dire petit véhicule. Dans cette forme de bouddhisme des origines, la définition et le rôle des bodhisattvas n'est pas identique au futur Mahayana. Ici, les Bodhisattvas sont des individus qui s'approchent de l'état de bouidéité dans une sorte de demi-éveil, mais ils ne sont pas des guides à proprement parler. Pour le moment, revenons à l'aspect historique. Au premier siècle de notre ère, alors que naissait le christianisme au Proche-Orient, en Asie, c'est l'invasion des Parthes dans le Gandhara. Puis c'est finalement le peuple Yuwési qui va dominer la région. Alors, qui sont-ils ? Les Yuezis sont un peuple originaire de la Chine qui fonde l'empire Kushan au nord de l'Inde, du Pakistan et de l'Afghanistan actuel. On observe à ce stade un véritable syncrétisme entre les divinités grecques et celles des Yuezis, mais aussi avec les religions locales dont fait partie le bouddhisme. On parle alors d'une religion gréco-bouddhisme pour la qualifier. Mais cela marque également la première phase de modification du bouddhisme originel qui va prendre le nom de Mahayana ou grand véhicule et qui va faire une large place au culte des bodhisattvas. Le Mahayana est né dans ce terreau complexe avec des influences hélénistiques, chinoises par les Yuezis et bien sûr le bouddhisme ancien ou originel. C'est dans ce contexte improbable que va apparaître la statuaire religieuse et l'art. gréco-bouddhique, avec notamment la figure de Avalokitesvara, le bodhisattva de la compassion. Alors, dans une lecture bouddhiste, il s'agit donc d'un humain ayant atteint l'éveil, mais s'étant donné pour mission d'aider tous ses semblables à suivre ce chemin. Le rôle du bodhisattva Avalokitesvara est d'être un intermédiaire entre les hommes en quête de l'éveil et le Bouddha Hamitava, le grand Bouddha de la Terre pure, lui-même apparu sensiblement à la même époque. Il semble important, à ce stade, de s'attarder sur ce point, à savoir le développement du culte des Bodhisattvas et principalement de Avalokitesvara, ainsi que l'évolution du bouddhisme original. Pour les peuples polythéistes du secteur, il existait naturellement un large panthéon de divinités et chacune ayant ses fonctions propres ou précises. Ainsi, les Bodhisattvas et les Bouddhas pouvaient entrer en syncrétisme avec les anciennes divinités païennes sans créer de rupture violente avec les anciennes croyances. Dans cette lecture, le Bodhisattva Avalokitesvara fait office de divinité bienveillante proposant une porte d'entrée pour adhérer aux croyances du bouddhisme. Et si l'on osait la comparaison, nous pourrions dire que Avalokitesvara ressemble à Jésus, qui apporte le message aux hommes afin de retrouver le chemin du Père que l'on peut ici comparer au Bouddha Amitabha, dans le bouddhisme Mahayana bien sûr. Un peu poussé quand même me direz-vous ? Eh bien pas tant que ça si l'on considère le point de vue bouddhiste sur Jésus et la période d'apparition des deux religions. Pour les adeptes du bouddhisme Mahayana, Jésus est lui-même un bodhisattva, soit si vous préférez un être éveillé venu apporter sur terre un message d'amour, de paix et de compassion mais dans un territoire donné et de façon adaptée au peuple qui y réside. Alors dans cette lecture... Avalokitesvara est adapté aux habitants de l'Inde, Jésus est adapté au bassin méditerranéen et de la même façon nous pourrions dire que Mahomet est adapté à l'Arabie. Notons enfin le plus important, soit le contexte d'apparition de Avalokitesvara au IIe siècle de notre ère. En réalité, il est probable que ce Bodhisattva existait déjà depuis quelques temps, mais le contexte syncrétique du Gandhara a peut-être favorisé le processus. On pourrait même hypothétiser des jeux d'influence entre Avalokitesvara et le Jésus des évangiles, sans pouvoir dire à ce stade qui a influencé l'autre. Alors, Avalokitesvara, jumeau asiatique de Jésus, pourquoi pas ? Mais l'histoire de ce Bodhisattva ne s'arrête pas là, et nous en sommes en réalité qu'au début, car ce personnage va largement évoluer lors de son passage en Chine. Rappelez-vous que les Yuezi, fondateurs de l'Empire Kushan au 1er siècle de notre ère, étaient originaires de Chine et vont largement participer à l'évolution du bouddhisme primitif qui n'était alors pas adapté à leur propre terrain culturel. Le concept des Bodhisattvas existait déjà au premier temps du bouddhisme mais il était réservé à l'usage des princes voire même uniquement pour Shakyamuni lui-même, lorsque l'on parle de ses vies passées du monde. Avec le bouddhisme Mahayana, les bodhisattvas se multiplient et prennent une place centrale. Les peuples nouvellement convertis au bouddhisme avaient vécu dans un terreau polythéiste et ainsi les bodhisattvas permettaient de faire le glissement vers le bouddhisme en réadaptant les anciens panthéons. Les anciens dieux devenant des bodhisattvas par le jeu du syncrétisme. Par la suite, les Yuezis étant originaires de Chine, cela va favoriser la diffusion du bouddhisme Mahayana vers leur terre d'origine. Ainsi, la religion de Sakyamuni se diffuse en Chine dès le 1er siècle de notre ère, puis se diffuse par la suite en Corée au 4e siècle, au Japon au 5e siècle, puis au Tibet au 7e siècle. Paradoxalement, le bouddhisme allait progressivement disparaître de la terre qu'il avait vu naître. Le coup de grâce lui sera donné par l'invasion des musulmans qui détruisent les édifices et forcent à la conversion au cours des 9e et 10e siècles. Mais le bouddhisme continua son chemin dans les autres contrées et portait dans ses bagages le culte de Avalokitesvara, le grand bodhisattva de la compassion. Suivant les territoires et les langues locales, il va prendre des noms différents mais son importance ne fera que croître. En Chine, Guan Yin est la traduction en chinois de Avalokitesvara mais le changement le plus notable étant sa féminisation. Notons que c'est un phénomène relativement rare et la raison exacte reste difficile à définir. Seulement, je vous livrerai par la suite une théorie personnelle, mais qui, à défaut d'être la bonne, se veut à minima cohérente. Au Tibet, Avalokitesvara prendra le nom de Shenrezig. J'en profite d'ailleurs pour répondre à l'une des questions que vous vous êtes peut-être déjà posées. Au Tibet, le Daïli Lama est le chef spirituel le plus important du bouddhisme tibétain. Il se réincarne perpétuellement dans un nouveau corps, mais de qui est-il la réincarnation à l'origine ? Eh bien, justement, vous l'aurez deviné, le Daïli Lama est censé être la réincarnation de Avalokitesvara, Bodhisattva de la compassion, dont il est le véhicule terrestre. Au Japon, le bouddhisme se diffuse par la Chine et la Corée et de fait Avalokitesvara sera également présent sous une forme féminine connue sous le nom de Kanon. Cela se traduit par celle qui observe le son mais au sens celle qui entend les cris et les souffrances du monde. Pour cette raison, elle est représentée avec mille bras et mille yeux, apportant son soutien à tous les êtres qui sont dans le besoin. Mais pour le moment, concentrons-nous sur Guan Yin, la version chinoise et la légende qui lui est associée. Le culte de Avalokitesvara arrive en Chine aux premières heures du bouddhisme chinois sous le nom de Guan Yin. Cependant, sa féminisation ne sera pas immédiate, mais seulement via un long processus informel qui deviendra définitif lors du règne de la dynastie des Song, soit entre le Xe et le XIe siècle de notre ère. Pour comprendre la place centrale de Guan Yin, Il est tout d'abord nécessaire de faire un petit focus sur l'évolution religieuse de la Chine entre le 1er et le 10e siècle. A l'arrivée du bouddhisme en Chine, sous la dynastie des Han au 1er siècle, la Chine possède déjà ses propres croyances. En premier lieu, c'est la religion traditionnelle, de type animiste ou polythéiste, et qui compte des centaines de divinités ou de grands esprits, qu'on appelle les shens. Nous trouvons ensuite le taoïsme. qui a également pris corps sous la période des Han, mais notons que contrairement au bouddhisme, le taoïsme est un pur produit chinois. De fait, lors de l'arrivée du bouddhisme, cette nouvelle religion est vue comme étrangère et concurrence les systèmes en place, et va de ce fait avoir du mal à prospérer, du moins dans les premiers siècles. Mais la situation va changer à la chute de la dynastie des Han. La Chine entre dans une période de trouble qui prend le nom de période des trois royaumes. La Chine est ravagée par la guerre civile et l'instabilité politique. A titre d'exemple, on peut comparer la situation avec la chute de Rome et les invasions barbares en Occident. Dans ce contexte, où la vie est particulièrement précaire et hasardeuse, la philosophie du bouddhisme va se présenter comme une réponse adaptée pour la population. Ainsi, des monastères sont édifiés en grand nombre et les sutras sont traduits directement aux chinois. Fatalement, le culte du Bodhisattva de la compassion prend tout son sens dans cette période où la vie ne tient qu'à un fil. A la suite de ces événements, il faudra attendre le 7e siècle et la dynastie des Tang pour que la Chine retrouve une réelle stabilité politique dirons-nous. A ce stade, les trois religions sont bien implantées mais le bouddhisme est toujours vu comme une religion étrangère. Notons d'ailleurs qu'il y aura même une certaine persécution religieuse où certains monastères seront détruits, mais rapidement la situation se calme et les Tangs encouragent plutôt la coexistence entre les différentes traditions religieuses. C'est ainsi que les trois systèmes religieux, bien que très différents à l'origine, vont finir par s'influencer mutuellement. Mais pour que cela fût possible, il fallait néanmoins quelques points d'accroche. Alors voyons cela plus en détail. La religion traditionnelle de type animiste possède un large panthéon de divinités. Les bouddhistes vont alors réinterpréter ces divinités mais en tant que bodhisattvas, soit des individus ayant eu une existence humaine dans des temps très anciens. Si vous préférez, les anciens dieux sont réactualisés. De leur côté, les taoïstes faisaient la même chose avec les anciens dieux, mais ils utilisent aussi les figures principales du bouddhisme pour en faire des immortels taoïstes et les bouddhistes. font la même chose en sens inverse. Pour le cas spécifique de Guan Ying, dans le panthéon traditionnel, elle sera considérée comme la déesse de la miséricorde. Dans le bouddhisme et le taoïste, elle sera respectivement considérée comme un bodhisattva de la compassion ou une immortelle taoïste liée à la compassion. De ce fait, les deux nouvelles religions lui prêtent une origine humaine, mais dans des temps très anciens. Notons quand même que ce n'est qu'au XIe siècle, lors de la période des Song, que la légende se structure et que la féminisation de Guanning devient définitive, même si elle était déjà répandue dans la population et dans les traditions populaires si l'on peut dire. Je pense que c'est en raison du syncrétisme avec la religion traditionnelle que Guanning est en réalité devenue une femme. Le concept de miséricorde ou de la compassion était déjà présent dans la culture chinoise sous une forme féminine, aussi bien dans le culte traditionnel que dans le taoïste. De fait, c'est le bouddhisme qui s'est adapté sur cette question. A l'inverse, dans d'autres cas, c'est le bouddhisme qui va influencer les autres courants, notamment au niveau de la représentation des enfers. Mais pour rester sur le cas particulier de Guan Yin, nous pouvons dire à ce stade et avec certitude que c'est une bodhisattva qui est beaucoup plus chinoise qu'indienne. Et c'est uniquement sous cette forme qu'elle va se répandre en Corée et plus tard au Japon. De plus, contrairement à sa version indienne, Guan Yin va bénéficier d'un récit mythique quant à ses origines. Ainsi, celle qui est à la fois un bodhisattva et une immortelle taoïste aurait autrefois été une humaine du nom de Miao Shan, ayant vécu au temps de la dynastie des Zhou, soit au premier millénaire avant notre ère. Cependant, comme vous vous doutez, cette légende possède des variables suivant le cadre religieux dans lequel elle est racontée. Dans sa version bouddhiste, la légende dit que Miao Shan était la fille du roi Miao Zemong. N'ayant pas eu de fils, il souhaitait marier sa fille à un riche seigneur voisin, mais la jeune fille avait d'autres projets. Elle voulait entrer dans un monastère bouddhiste et se faire nommer. Le père refuse catégoriquement et emploie de nombreux stratagèmes afin de la détourner de cette voie. Mais rien n'y fait et Miao Shan finit par s'enfuir de la maison pour rejoindre un monastère, le temple de la pagode de l'oiseau blanc. Miao Zhong, furieux et excédé, décide d'employer les grands moyens et ordonne de détruire le monastère par le feu afin de débusquer sa fille. Miao Shan savait que le malheur s'abattait sur le monastère à cause de sa présence. Alors elle se mit à prier les Bouddhas et les Bodhisattvas afin qu'ils interviennent pour sauver le monastère et les innocents qui y résident. Immédiatement, la pluie s'abat sur le lieu et éteint l'incendie. Le père, hors de lui, ordonne de capturer sa fille et la fait enfermer dans une prison de son palais. Il lui impose des conditions strictes quant à son futur mariage, mais rien n'y fait, Miao Shan refuse catégoriquement. Le père menace de la tuer, mais la jeune fille l'ignore complètement et reste dans un état de méditation. C'est alors la mère de Miao Shan qui tente de la faire renoncer à la vie sacerdotale. Pour cela, elle organise une fête somptueuse comme personne n'en avait jamais vue, pensant que Miao Shan ne pourrait jamais résister aux nombreux délices de ce monde. Mais une nouvelle fois, c'est un échec complet et la jeune fille ignore complètement ses parents. Finalement, au grand mot, les grands remèdent. Le père décide de la faire exécuter publiquement. Simple et expéditif. Le lendemain, Miao Shan est conduite sur la place publique pour être mise à mort. Le bourreau la frappe de son sabre, mais protégée par l'aura des Bouddhas et Bodhisattvas, l'arme se brise sur le corps de la jeune femme. Alors le bourreau essaye avec d'autres instruments, mais n'aura pas plus de succès avec sa lance. Alors le père de Miao Shan ordonne de l'étrangler avec une bande de soie. Miao Shan finit par mourir, mais immédiatement un tigre surgit sur la place publique et emporte le corps de la jeune femme dans une forêt profonde. Il dépose la dépouille loin de tout passage, dans un endroit calme et introuvable au cœur de la forêt. Le corps de la jeune fille ne semble néanmoins pas souffrir de la mort, il semble plutôt comme simplement endormi, comme la belle au bois dormant si vous préférez. Sur le plan spirituel, c'est ici que commence le voyage aux enfers de Miaoshan et nous ne manquerons pas de faire un nouveau parallèle avec Jésus qui meurt sur le Golgotha pour sauver l'humanité. Mais nous allons y revenir. Une fois que l'âme de Miaoshan est arrivée dans le monde des morts, Di Yu, dirigée par le terrible Yan Wang, la jeune fille observe les souffrances des habitants de ce monde. Alors, prise d'une immense compassion, elle se met en prière afin de soulager les tourments de tous les condamnés. Là encore, on retrouve le symbolisme de Jésus qui passe de nuit aux enfers afin de soulager les maux des défunts avant sa résurrection le troisième jour. A Diyu, devant la ferveur de Miao Shan, l'enfer se change en paradis et tous les supplices prennent fin, de la même façon que dans la légende grecque d'Orphée qui enchante les enfers à l'aide de sa lyre. Yan Wang, le seigneur du monde souterrain, était désemparé et ne pouvait pas tolérer cela. Ainsi, il demande avec insistance au Bouddha et Bodhisattva de renvoyer Miao Shan loin de son royaume, sur la terre des vivants afin que les choses puissent rentrer dans l'ordre dans les enfers. Immédiatement, le miracle s'accomplit et Miao Shan se réveille dans son propre corps, intact, encore une fois, de la même façon que Jésus. Mais les aventures de Miao Shan ne s'arrêtent pas là. A ce stade, elle n'est pas encore un Bodhisattva, mais seulement une humaine sur le chemin de l'éveil. Miao Shan se réveille seule dans la forêt profonde et croise la route d'un personnage qui tombe immédiatement sous son charme et tente de la courtiser. Le voyageur, d'une grande beauté, souhaite l'épouser, mais Miao Shan refuse catégoriquement et avec insistance. Le voyageur révèle alors sa véritable nature de Buta Taagata et félicite la jeune fille pour sa grande ferveur lors des différentes épreuves qu'elle a dû traverser. Le voyage initiatique de Miao Shan pouvait se poursuivre. Tata Kata conduit la jeune fille à la pagode du Mont des Parfums où elle pourra prier en toute sérénité, loin des tourments du monde. Miao Shan va ainsi consacrer sa vie à la prière et ce pendant neuf années. Jusqu'au jour où un homme se présente devant la pagode afin de solliciter un miracle auprès d'une personne sainte, dans le but de guérir un mal déclaré incurable par tous les médecins. Le visiteur n'était autre que Miao Zemong, le propre père de Miao Shan en personne, qui ignorait bien sûr qu'il s'agissait de sa propre fille qui résidait dans le sanctuaire. La maladie de Miao Zemong ne pouvait être guérie par les remèdes classiques. Il fallait le sacrifice d'un œil et d'un bras comme compensation pour chasser le mal, à la façon d'un exorcisme pour ses nombreux péchés. A la connaissance du prix de compensation, Miao Shan n'hésite pas un seul instant et se mutile un oeil et se coupe un bras dans un acte de suprême compassion. Le miracle s'accomplit, dans la foulée Miao Zemong retrouve la santé et c'est alors qu'il découvre l'identité de sa bienfaitrice. Il tombe à genoux et implore le pardon de sa fille pour tous les tourments qu'il lui avait infligés par le passé. Miao Shan lui accorde bien entendu son parton et à la suite de sa guérison, le vieil homme fait édifier un grand temple en l'honneur de sa fille sur une montagne sacrée. Quelques années plus tard, au bout des neuf années de prière, une grande cérémonie a lieu à la pagode du monde des parfums. Tous les bouddhas et bodhisattvas sont conviés pour assister à la mort physique de Miao Shan mais surtout à son éveil spirituel. C'est l'heure du rite de l'ascension ou de la naba. Miao Shan va quitter son enveloppe humaine et devenir un Bodhisattva sous le nom de Guan Yin. Miao Shan n'avait pas souhaité rejoindre le nirvana des Bouddhas, elle préfère rester auprès de tous les êtres sous la forme d'un Bodhisattva pour offrir sa compassion à l'humanité ainsi qu'à tous les êtres et faciliter leur périple vers l'éveil spirituel à leur tour. Bien sûr, si l'on se place dans une lecture taoïste, la légende possède évidemment quelques variables. Le monastère devient une montagne sacrée taoïste et ce n'est pas les bouddhas qui interviennent dans les situations mais l'empereur de Jade ou les esprits des immortels taoïstes. De plus dans cette version, Miao Shan possède également elle-même des pouvoirs surnaturels qui sont propres aux immortels taoïstes. Ainsi, c'est elle qui crache vers le ciel pour appeler la pluie et éteindre l'incendie et dans d'autres situations, elle pique le palais céleste avec une épingle de bambou afin d'attirer le regard des divinités les poussant ainsi à agir. Et à la fin de l'histoire, elle s'élève elle-même au statut d'immortelle taoïste. Mais dans les deux cas, Niao Shan, devenue Guan Ying, sera la figure divine la plus vénérée de la Chine. Elle est la mère bienveillante de toute l'humanité qui apporte la compassion suprême. Alors maintenant, ayant observé les origines et l'évolution de Guan Yin, tentons d'analyser cette figure centrale du bouddhisme Mahayana et nous allons également la comparer avec certains archétypes occidentaux. S'il est probable que Guan Yin soit devenu un bodhisattva féminin dans le but de correspondre par syncrétisme aux figures divines du panthéon traditionnel de la Chine, facilitant ainsi la conversion des populations qui étaient attachées aux anciennes figures divines, cela pose néanmoins quelques questions. Pourquoi ne pas faire correspondre Avalokitesvara indien avec une divinité masculine du panthéon chinois ? La réponse me semble basée sur les fonctions de ce bodhisattva, soit la compassion suprême. Cette fonction est plus facilement dévolue aux femmes qu'aux hommes, du moins dans les panthéons traditionnels. Cependant, vous pourriez me rétorquer que Avalokitesvara est un homme dans le bouddhisme indien et qu'il représente, bien sûr, lui aussi la compassion suprême. Cela est vrai. Cependant, il faut s'intéresser aux cadres culturels de la Chine et de l'Inde qui sont radicalement différents. S'il ne fait pas de doute que les deux sociétés sont de nature patriarcale au premier siècle de notre ère, il n'empêche que dans le cadre religieux, les figures divines féminines sont largement plus importantes en Chine qu'en Inde. Dans l'hindouisme, les déesses sont réduites. au second plan, celui de parèdres ou de figures diaboliques comme l'exemple de Kali. La trimurti divine, un tout, soit les figures centrales étant composées de trois divinités masculines, Shiva, Vishnu et Brahma. Bien sûr, la place des déesses a son importance, notamment dans le cadre du tantrisme et des yogas, mais nous entrons ici dans le domaine de l'ésotérisme qui n'a plus rien à voir avec la religion publique. Dans le bouddhisme Mahayana de l'Inde, c'est à peu près la même chose, les bodhisattvas féminins sont quasi inexistants. De ce fait, le bodhisattva de la compassion y est naturellement un homme, sans que cela choque le moins du monde la population. Mais quand le bouddhisme va passer en Chine, le cadre est totalement différent. Les cultes traditionnels possèdent un large panthéon de déesses ayant une importance cosmogonique fondamentale, comme pour l'exemple chez les grecs, les égyptiens ou les celtes. Alors en Chine, on citera notamment Nuwa, la déesse civilisatrice qui crée l'humanité, ou encore Xiangmu, la grande mère reine de l'Ouest qui règne sur le palais des immortels. De fait, le Avalokitesvara indien est devenu une femme sous le nom de Guan Ying, plus adaptée pour représenter la compassion dans la culture chinoise, comme d'ailleurs l'ont aussi fait les chrétiens avec le culte de Marie. D'ailleurs, au commencement du christianisme, le positionnement était basé sur le modèle patriarcal du judaïsme qui ne laisse pas vraiment de place à la figure féminine. C'est Jésus lui-même qui assure le rôle de la grande compassion et il faudra attendre le troisième siècle de notre ère pour que le culte marial se développe suite au cadre culturel des populations nouvellement converties. De plus, cette évolution n'est pas un fait volontaire du christianisme mais plutôt une adaptation de l'église face à la religion. à la subsistance du culte des déesses mères ou magdamatères telles Isis, Déméter ou encore Cybele. Ainsi, le culte de Marie a servi de substitution devenant le symbole chrétien de la compassion suprême héritée du paganisme. De fait, le christianisme, bien que de nature patriarcale à l'origine, a fait une toute petite place à Marie Théocotos ou Marie, mère de Dieu, qui remplit le rôle de grande déesse apportant la compassion pour tous les êtres, mais leur part également son aide dans la voie du salut. Ainsi, vous l'aurez compris, Marie et Guan Yin partagent de profondes similitudes. Dans les deux cas, c'est un héritage des anciennes magnamatères des cultes païens. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Guan Yin, devenue femme, va continuer son périple en Corée, puis au Japon sous le nom de Canon. De la même façon, il serait erroné de dire que le Japon antique était de nature matriarcale. Néanmoins, dans le cadre religieux, les déesses ont toujours eu une bonne place, à l'instar de la Chine ou des Celtes par exemple. C'est facilement observable. La déesse Amaterasu, kami du soleil, est la principale divinité du shintoïsme, la religion traditionnelle du Japon. Ainsi, Kanon sera naturellement l'une des principales figures du bouddhisme japonais. D'ailleurs, l'un des pèlerinages principaux du Japon lui est dédié. C'est le pèlerinage de Kansai Kanon qui compte un circuit de 33 temples dédiés à cette Bodhisattva. On ne manquera pas de faire une nouvelle fois une analogie avec le culte de Marie en France qui compte des centaines de lieux de pèlerinage. Et dernier point qui démontre la proximité entre la figure de Marie et Kanon, lorsque le christianisme fut interdit au Japon en l'année 1614 sous les shoguns Tokugawa, Les quelques chrétiens restants utilisaient la figure de Canon afin de vouer un culte discret à Marie, d'où le nom de Maria Canon au Japon ou de la Vierge Chinoise dans le cas de Guan Yin. Cependant, si le rôle de Marie est limité dans le christianisme à celui de mère de Jésus ou de figure compatissante, il n'en est pas de même pour Guan Yin. Ce Bodhisattva n'est pas seulement une figure passive, mais bel et bien un chemin d'éveil pour accéder à la terre pure d'Amitabha, équivalent du paradis si vous voulez. Sur ce point, Guan Yin ressemble beaucoup plus à Jésus Christ qu'à Marie. Si Jésus-Christ et Avalokitesvara partagent de nombreuses connexions, notamment l'idée de paix et de compassion, ils illustrent surtout le chemin du salut. Les rapprochements sont encore plus vrais avec la version Guan Yin de ce Bodhisattva. Si l'évangile de Jean nous dit, en parlant de Jésus, Je suis le chemin, la vérité et la vie, nul ne vient au Père que par moi eh bien, on pourrait reprendre cette simple phrase dans un cadre bouddhiste et la traduire en ces termes. Moi, Guan Yin, suis le chemin, la vérité et la vie, nul n'accède à la terre pure d'Amitabha que par moi Alors, bien que les doctrines chrétiennes et bouddhistes soient très éloignées, voire antinomiques, ils possèdent néanmoins des archétypes communs. On pourrait rétorquer qu'il existe une différence de taille entre Jésus-Christ et Guan Yin. Le premier a vécu au premier siècle de notre ère, alors que rien ne permet de l'affirmer pour le second, au-delà de la simple légende ou le mythe de Miao Shan. De plus, on nous dira que Jésus-Christ est Dieu fait homme alors que Guan Yin n'est qu'un simple Bodhisattva. Cependant, sur ce deuxième point, c'est oublié un élément essentiel. Un Bodhisattva est déjà un être ayant atteint l'éveil, donc la bouddhéité, mais elle a décidé d'un acte volontaire de rester sur terre afin d'aider ses semblables. Sur ce point, c'est exactement la même idée que Jésus, Dieu lui-même, mais qui s'est fait homme pour apporter la révélation aux hommes. Et enfin, on notera l'analogie la plus importante, la mort et la résurrection. Miaoshan, avec un corps humain, meurt et apporte sa compassion aux enfers, puis revient à la vie comme Jésus. A la suite de cela, Miao Shan s'élèvera à la bouddhéité de la même façon que Jésus retourne aux cieux. Le bilan de ce comparatif illustre à mon sens l'idée d'un archétype invariant qui apparaît naturellement dans toutes ces cultures. On pourrait ainsi faire les mêmes rapprochements avec la figure de Dionysos chez les grecs, Osiris chez les égyptiens ou encore Krishna dans l'hindouisme. Pour aller plus loin dans une lecture ésotérique, La légende chinoise de Miao Shan illustre parfaitement la relation entre Katabase, voyage aux enfers, et Anabase, élévation céleste. Elle présente un schéma commun avec les mythes grecs sur la déification d'un individu suite à un processus initiatique. Bien sûr, les aspects moraux sont spécifiques au bouddhisme Mahayana, mais le cœur du processus se retrouve de la même façon. Pour plus d'explications sur les processus initiatiques à travers le monde, les rites de Katabase et d'Anabase, je vous renvoie à la lecture de mon dernier livre Arcana Mundi, les rites d'initiation, dont vous trouverez le lien en description de cette vidéo. Et pour conclure, je vous citerai le mantra de Guan Yin ou de la grande compassion, HOM MANI PADME HOM. Bien que difficile à traduire, il peut se résumer ainsi. La contemplation suprême du diamant ou du joyau dans le lotus ou la perfection. Nous voici arrivés à la fin de ce voyage et j'espère ne pas vous avoir trop perdu lors de cette enquête qui s'est révélée assez complexe à mettre en forme. Mais bon, le sujet est passionnant et surtout loin d'être épuisé. Il ouvre à mon sens la porte à de nombreuses réflexions quant aux archétypes et aux protomythes à la base de tous les systèmes de croyances. Alors, bien sûr, comme à l'accoutuber, pensez à liker et partager la vidéo si ce travail vous a plu et pensez à vous abonner pour être notifié des prochaines vidéos. Et pour ceux qui le souhaitent, vous pouvez également me soutenir sur Tipeee, un site de financement participatif qui me permet de continuer à vous créer des vidéos de façon libre et indépendante. Sur ce, je vous dis à la semaine prochaine pour de nouvelles vidéos, histoire, archéologie, ésotérisme, sciences occultes, religion et tout un tas d'autres sujets sur la chaîne Arcana les mystères du monde. Et sur ce, portez-vous bien et à très bientôt.

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Guanyin, également connue sous le nom d’Avalokiteśvara en Inde, ou Kannon au Japon, est une figure emblématique du bouddhisme. Elle est souvent vénérée comme une déesse de la compassion et de la miséricorde. Guanyin est considérée comme un bodhisattva, un être éveillé, capable d’entendre les souffrances du monde et d’apporter réconfort et assistance à ceux qui sont dans le besoin.


Dans cette vidéo, nous allons explorer l’histoire, la légende et la symbolique de cette figure complexe, tout en établissant des parallèles avec les figures chrétiennes de Jésus et de la Vierge Marie.


Tout comme Marie, la mère de Jésus, Guanyin joue un rôle protecteur et maternel. Elle est souvent représentée avec une expression douce et compatissante, symbolisant son amour maternel pour tous les êtres vivants. Les bouddhistes la considèrent comme une mère spirituelle, prête à soutenir et à guider ceux qui se tournent vers elle dans leurs moments de difficulté.


La comparaison avec Jésus est moins directe mais tout aussi fascinante en tant qu’archétype symbolique. Guanyin a des origines humaines avant de faire son ascension divine. Comme Jésus, elle meurt et ressuscite pour aider tous les êtres dans leur cheminement spirituel. Elle incarne l’idéal bouddhiste de l’amour inconditionnel, de la compassion universelle et de la voie du salut, ou de la bouddhéité dans ce contexte.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, chers auditeurs. Aujourd'hui, j'ai décidé de vous faire voyager en Asie à la découverte de Guan Yin, l'un des principaux bodhisattvas du bouddhisme chinois. Alors, elle est également connue au Japon sous le nom de Kanon ou encore Avilaokitesvara, son nom d'origine en Inde. La tradition religieuse de l'Asie reste relativement peu connue en Occident et pourtant, vous allez voir que nous allons pouvoir faire de nombreux parallèles entre la figure mythique de Guan Yin et certains mythes de la Grèce antique notamment autour du voyage aux enfers. Alors bien sûr, le bouddhisme n'est pas la seule religion de la Chine, et dans les autres systèmes religieux du pays, Guan Yin sera tantôt considérée comme une déesse de la miséricorde ou encore comme une immortelle taoïste. Mais notons encore que ce personnage féminin partage plusieurs points de ressemblance avec la figure chrétienne de la Vierge Marie, au point qu'on l'appelle parfois la Vierge Chinoise. Mais plus encore, au cours de cette vidéo, nous verrons que d'une certaine façon, Guan Yin partage en réalité aussi des points de correspondance avec Jésus-Christ, la figure centrale du christianisme. Avant de suivre les traces de Guan Yin, il nous faut prendre le temps de toucher quelques mots sur les croyances du bouddhisme Mahayana, ou le grand véhicule, et surtout sur ce qu'est un bouddhiste advint. Tout d'abord, les adeptes du bouddhisme aspirent à l'éveil spirituel ou l'état de bouddhéité qui leur permettrait de rejoindre le nirvana et ainsi de s'échapper du monde de la souffrance matérielle. Pour cela, ils suivent la loi du dharma et les préceptes de Sakyamuni, plus connus dans nos contrées sous le simple nom de Bouddha. Mais attention, Sakyamuni n'est pas le seul Bouddha. C'est en réalité un titre pour tous les êtres ayant atteint le nirvana, et ce n'est pas non plus un dieu au sens chrétien du terme. Les bouddhas ne sont pas des créateurs ou des destructeurs du monde. D'ailleurs, le monde lui-même est considéré comme une illusion née de l'ego des individus, une sorte de projection mentale mise en forme et dont il convient de se libérer. Ainsi, le monde serait une sorte de matrice ou un logiciel créé par nos individualités. et gothiques et dans lequel nous nous réincarnons perpétuellement dans le cycle karmique. Enfin, pour ce qui est des bodhisattvas, et encore une fois contrairement à certaines idées reçues, ils ne sont pas plus des divinités que les bouddhas. Au sens que ce ne sont pas des dieux polythéistes comme on en trouve dans les traditions égyptiennes, grecques ou encore celtiques, même s'ils en partagent un certain nombre d'attributs. A l'origine, les Bodhisattvas sont des êtres humains qui ont atteint l'éveil spirituel et qui peuvent prétendre au statut de Bouddha, mais qui ont décidé de ne pas rejoindre le nirvana afin d'aider leurs semblables à atteindre aussi l'éveil spirituel. D'une certaine façon, l'on pourrait dire que les Bodhisattvas sont des forces intermédiaires entre les hommes et la bouddhéité ou le statut d'être pleinement éveillé. A ce titre, ils prennent un peu le même rôle que les anges ou les saints dans le christianisme, ou encore que les daimon dans la religion antique des anciens grecs. Donc, vous aurez bien compris que les bodhisattvas forment une sorte de panthéon relativement important, et de fait, ceux qui ne sont pas adeptes du bouddhisme les perçoivent habituellement comme un corpus de divinités polythéistes, ce qui pourtant est erroné. Bien sûr, il existe des bodhisattvas dont le culte est plus important que d'autres. Et parmi les plus célèbres et les plus vénérés de la Chine, nous allons justement y trouver Guan Ying, un bodhisattva féminin associé à la grande compassion. Mais précisons encore que son culte n'est pas spécifique à la Chine. Au Japon, elle s'appelle Kanon et son culte est tout aussi important dans le cadre du bouddhisme zen. On la retrouve encore en Corée sous le nom de Guan Heung, ainsi que dans la plupart des pays où le bouddhisme est présent. Seulement voilà, son histoire est tout sauf simple. Nous allons devoir faire un détour par l'Inde afin de comprendre ses origines et son cadre d'apparition puisque dans les premiers temps du bouddhisme primitif, Guan Yin était un homme et portait le nom de Avalokitesvara. Bien que le bouddhisme ait quasiment disparu de l'Inde et intégralement du Pakistan, c'est dans l'espace culturel indien que cette religion a pris naissance. Elle s'est ensuite largement diffusée dans l'Asie de l'Est et du Sud-Est. Parmi les figures mythiques, Avalokitesvara, qui se traduit en sanscrit par le seigneur qui observe les sons depuis le haut et le Bodhisattva de la compassion suprême, il fut de ce fait particulièrement vénéré. D'ailleurs, c'est probablement la figure la plus importante de la branche du bouddhisme Mahayana ou le grand véhicule qui est principalement répandue en Chine, en Corée et au Japon. Alors pour commencer, sur un plan historique, l'apparition de Avalokitesvara sur la scène religieuse reste difficile à définir avec précision. Néanmoins, ces premières représentations n'apparaîtront qu'au IIe siècle de notre ère dans le Gandhara, soit au nord-ouest de l'actuel Pakistan sur la route de la soie. Précisons pour avoir quelques repères temporels que le bouddhisme prend naissance à la frontière de l'Inde et du Népal au Vème siècle avant Jésus-Christ au moment de la vie de Sakhamuni. Mais lors des premiers siècles, il n'existait pas de statuaire religieux, seulement des textes que l'on appelle les soutras. La représentation en statues des Bouddhas et Bodhisattvas ne commence qu'à partir du IIe siècle de notre ère, dans l'Empire Kushan, dans la région du Gandhara que nous avons cité. On parle alors d'un art gréco-bouddhique, un nom étrange pour un style artistique propre à l'Asie. La raison est pourtant assez simple, mais pour le comprendre, il nous faut revenir quelques siècles dans le passé, lors des conquêtes d'Alexandre le Grand, au IVe siècle avant notre ère, où l'influence hélénistique va s'étendre. jusqu'au Gandhara. Précisons tout d'abord que le bouddhisme existe déjà à ce stade et ce sera donc le premier véritable contact direct entre la culture philosophique des grecs et la nouvelle religion de Sakhamuni. Plus tard, au 3e siècle avant Jésus-Christ, le Gandhara est sous la domination des Seulocides, des grecs héritiers de l'empire d'Alexandre dans cette région. Rapidement la région va passer sous le contrôle de l'empire Moria qui unifie l'Inde et le territoire anciennement des Solocides. Mais la dispute du territoire se poursuit au IIe siècle avant J.-C. lorsque le royaume gréco-bactrien fait la conquête du Gandhara et repousse les Moria hors du territoire. Pour qualifier ces trois premiers siècles de trouble, on parle de la période indo-grecque et fatalement le syncritisme des cultures se fait progressivement. A ce stade, le bouddhisme est l'une des religions principales et les plus importantes du secteur, mais on ne parle pas encore de Mahayana, grand véhicule, mais seulement du bouddhisme ancien ou Inayana, un terme qui sera donné ultérieurement et de façon péjorative et qui veut dire petit véhicule. Dans cette forme de bouddhisme des origines, la définition et le rôle des bodhisattvas n'est pas identique au futur Mahayana. Ici, les Bodhisattvas sont des individus qui s'approchent de l'état de bouidéité dans une sorte de demi-éveil, mais ils ne sont pas des guides à proprement parler. Pour le moment, revenons à l'aspect historique. Au premier siècle de notre ère, alors que naissait le christianisme au Proche-Orient, en Asie, c'est l'invasion des Parthes dans le Gandhara. Puis c'est finalement le peuple Yuwési qui va dominer la région. Alors, qui sont-ils ? Les Yuezis sont un peuple originaire de la Chine qui fonde l'empire Kushan au nord de l'Inde, du Pakistan et de l'Afghanistan actuel. On observe à ce stade un véritable syncrétisme entre les divinités grecques et celles des Yuezis, mais aussi avec les religions locales dont fait partie le bouddhisme. On parle alors d'une religion gréco-bouddhisme pour la qualifier. Mais cela marque également la première phase de modification du bouddhisme originel qui va prendre le nom de Mahayana ou grand véhicule et qui va faire une large place au culte des bodhisattvas. Le Mahayana est né dans ce terreau complexe avec des influences hélénistiques, chinoises par les Yuezis et bien sûr le bouddhisme ancien ou originel. C'est dans ce contexte improbable que va apparaître la statuaire religieuse et l'art. gréco-bouddhique, avec notamment la figure de Avalokitesvara, le bodhisattva de la compassion. Alors, dans une lecture bouddhiste, il s'agit donc d'un humain ayant atteint l'éveil, mais s'étant donné pour mission d'aider tous ses semblables à suivre ce chemin. Le rôle du bodhisattva Avalokitesvara est d'être un intermédiaire entre les hommes en quête de l'éveil et le Bouddha Hamitava, le grand Bouddha de la Terre pure, lui-même apparu sensiblement à la même époque. Il semble important, à ce stade, de s'attarder sur ce point, à savoir le développement du culte des Bodhisattvas et principalement de Avalokitesvara, ainsi que l'évolution du bouddhisme original. Pour les peuples polythéistes du secteur, il existait naturellement un large panthéon de divinités et chacune ayant ses fonctions propres ou précises. Ainsi, les Bodhisattvas et les Bouddhas pouvaient entrer en syncrétisme avec les anciennes divinités païennes sans créer de rupture violente avec les anciennes croyances. Dans cette lecture, le Bodhisattva Avalokitesvara fait office de divinité bienveillante proposant une porte d'entrée pour adhérer aux croyances du bouddhisme. Et si l'on osait la comparaison, nous pourrions dire que Avalokitesvara ressemble à Jésus, qui apporte le message aux hommes afin de retrouver le chemin du Père que l'on peut ici comparer au Bouddha Amitabha, dans le bouddhisme Mahayana bien sûr. Un peu poussé quand même me direz-vous ? Eh bien pas tant que ça si l'on considère le point de vue bouddhiste sur Jésus et la période d'apparition des deux religions. Pour les adeptes du bouddhisme Mahayana, Jésus est lui-même un bodhisattva, soit si vous préférez un être éveillé venu apporter sur terre un message d'amour, de paix et de compassion mais dans un territoire donné et de façon adaptée au peuple qui y réside. Alors dans cette lecture... Avalokitesvara est adapté aux habitants de l'Inde, Jésus est adapté au bassin méditerranéen et de la même façon nous pourrions dire que Mahomet est adapté à l'Arabie. Notons enfin le plus important, soit le contexte d'apparition de Avalokitesvara au IIe siècle de notre ère. En réalité, il est probable que ce Bodhisattva existait déjà depuis quelques temps, mais le contexte syncrétique du Gandhara a peut-être favorisé le processus. On pourrait même hypothétiser des jeux d'influence entre Avalokitesvara et le Jésus des évangiles, sans pouvoir dire à ce stade qui a influencé l'autre. Alors, Avalokitesvara, jumeau asiatique de Jésus, pourquoi pas ? Mais l'histoire de ce Bodhisattva ne s'arrête pas là, et nous en sommes en réalité qu'au début, car ce personnage va largement évoluer lors de son passage en Chine. Rappelez-vous que les Yuezi, fondateurs de l'Empire Kushan au 1er siècle de notre ère, étaient originaires de Chine et vont largement participer à l'évolution du bouddhisme primitif qui n'était alors pas adapté à leur propre terrain culturel. Le concept des Bodhisattvas existait déjà au premier temps du bouddhisme mais il était réservé à l'usage des princes voire même uniquement pour Shakyamuni lui-même, lorsque l'on parle de ses vies passées du monde. Avec le bouddhisme Mahayana, les bodhisattvas se multiplient et prennent une place centrale. Les peuples nouvellement convertis au bouddhisme avaient vécu dans un terreau polythéiste et ainsi les bodhisattvas permettaient de faire le glissement vers le bouddhisme en réadaptant les anciens panthéons. Les anciens dieux devenant des bodhisattvas par le jeu du syncrétisme. Par la suite, les Yuezis étant originaires de Chine, cela va favoriser la diffusion du bouddhisme Mahayana vers leur terre d'origine. Ainsi, la religion de Sakyamuni se diffuse en Chine dès le 1er siècle de notre ère, puis se diffuse par la suite en Corée au 4e siècle, au Japon au 5e siècle, puis au Tibet au 7e siècle. Paradoxalement, le bouddhisme allait progressivement disparaître de la terre qu'il avait vu naître. Le coup de grâce lui sera donné par l'invasion des musulmans qui détruisent les édifices et forcent à la conversion au cours des 9e et 10e siècles. Mais le bouddhisme continua son chemin dans les autres contrées et portait dans ses bagages le culte de Avalokitesvara, le grand bodhisattva de la compassion. Suivant les territoires et les langues locales, il va prendre des noms différents mais son importance ne fera que croître. En Chine, Guan Yin est la traduction en chinois de Avalokitesvara mais le changement le plus notable étant sa féminisation. Notons que c'est un phénomène relativement rare et la raison exacte reste difficile à définir. Seulement, je vous livrerai par la suite une théorie personnelle, mais qui, à défaut d'être la bonne, se veut à minima cohérente. Au Tibet, Avalokitesvara prendra le nom de Shenrezig. J'en profite d'ailleurs pour répondre à l'une des questions que vous vous êtes peut-être déjà posées. Au Tibet, le Daïli Lama est le chef spirituel le plus important du bouddhisme tibétain. Il se réincarne perpétuellement dans un nouveau corps, mais de qui est-il la réincarnation à l'origine ? Eh bien, justement, vous l'aurez deviné, le Daïli Lama est censé être la réincarnation de Avalokitesvara, Bodhisattva de la compassion, dont il est le véhicule terrestre. Au Japon, le bouddhisme se diffuse par la Chine et la Corée et de fait Avalokitesvara sera également présent sous une forme féminine connue sous le nom de Kanon. Cela se traduit par celle qui observe le son mais au sens celle qui entend les cris et les souffrances du monde. Pour cette raison, elle est représentée avec mille bras et mille yeux, apportant son soutien à tous les êtres qui sont dans le besoin. Mais pour le moment, concentrons-nous sur Guan Yin, la version chinoise et la légende qui lui est associée. Le culte de Avalokitesvara arrive en Chine aux premières heures du bouddhisme chinois sous le nom de Guan Yin. Cependant, sa féminisation ne sera pas immédiate, mais seulement via un long processus informel qui deviendra définitif lors du règne de la dynastie des Song, soit entre le Xe et le XIe siècle de notre ère. Pour comprendre la place centrale de Guan Yin, Il est tout d'abord nécessaire de faire un petit focus sur l'évolution religieuse de la Chine entre le 1er et le 10e siècle. A l'arrivée du bouddhisme en Chine, sous la dynastie des Han au 1er siècle, la Chine possède déjà ses propres croyances. En premier lieu, c'est la religion traditionnelle, de type animiste ou polythéiste, et qui compte des centaines de divinités ou de grands esprits, qu'on appelle les shens. Nous trouvons ensuite le taoïsme. qui a également pris corps sous la période des Han, mais notons que contrairement au bouddhisme, le taoïsme est un pur produit chinois. De fait, lors de l'arrivée du bouddhisme, cette nouvelle religion est vue comme étrangère et concurrence les systèmes en place, et va de ce fait avoir du mal à prospérer, du moins dans les premiers siècles. Mais la situation va changer à la chute de la dynastie des Han. La Chine entre dans une période de trouble qui prend le nom de période des trois royaumes. La Chine est ravagée par la guerre civile et l'instabilité politique. A titre d'exemple, on peut comparer la situation avec la chute de Rome et les invasions barbares en Occident. Dans ce contexte, où la vie est particulièrement précaire et hasardeuse, la philosophie du bouddhisme va se présenter comme une réponse adaptée pour la population. Ainsi, des monastères sont édifiés en grand nombre et les sutras sont traduits directement aux chinois. Fatalement, le culte du Bodhisattva de la compassion prend tout son sens dans cette période où la vie ne tient qu'à un fil. A la suite de ces événements, il faudra attendre le 7e siècle et la dynastie des Tang pour que la Chine retrouve une réelle stabilité politique dirons-nous. A ce stade, les trois religions sont bien implantées mais le bouddhisme est toujours vu comme une religion étrangère. Notons d'ailleurs qu'il y aura même une certaine persécution religieuse où certains monastères seront détruits, mais rapidement la situation se calme et les Tangs encouragent plutôt la coexistence entre les différentes traditions religieuses. C'est ainsi que les trois systèmes religieux, bien que très différents à l'origine, vont finir par s'influencer mutuellement. Mais pour que cela fût possible, il fallait néanmoins quelques points d'accroche. Alors voyons cela plus en détail. La religion traditionnelle de type animiste possède un large panthéon de divinités. Les bouddhistes vont alors réinterpréter ces divinités mais en tant que bodhisattvas, soit des individus ayant eu une existence humaine dans des temps très anciens. Si vous préférez, les anciens dieux sont réactualisés. De leur côté, les taoïstes faisaient la même chose avec les anciens dieux, mais ils utilisent aussi les figures principales du bouddhisme pour en faire des immortels taoïstes et les bouddhistes. font la même chose en sens inverse. Pour le cas spécifique de Guan Ying, dans le panthéon traditionnel, elle sera considérée comme la déesse de la miséricorde. Dans le bouddhisme et le taoïste, elle sera respectivement considérée comme un bodhisattva de la compassion ou une immortelle taoïste liée à la compassion. De ce fait, les deux nouvelles religions lui prêtent une origine humaine, mais dans des temps très anciens. Notons quand même que ce n'est qu'au XIe siècle, lors de la période des Song, que la légende se structure et que la féminisation de Guanning devient définitive, même si elle était déjà répandue dans la population et dans les traditions populaires si l'on peut dire. Je pense que c'est en raison du syncrétisme avec la religion traditionnelle que Guanning est en réalité devenue une femme. Le concept de miséricorde ou de la compassion était déjà présent dans la culture chinoise sous une forme féminine, aussi bien dans le culte traditionnel que dans le taoïste. De fait, c'est le bouddhisme qui s'est adapté sur cette question. A l'inverse, dans d'autres cas, c'est le bouddhisme qui va influencer les autres courants, notamment au niveau de la représentation des enfers. Mais pour rester sur le cas particulier de Guan Yin, nous pouvons dire à ce stade et avec certitude que c'est une bodhisattva qui est beaucoup plus chinoise qu'indienne. Et c'est uniquement sous cette forme qu'elle va se répandre en Corée et plus tard au Japon. De plus, contrairement à sa version indienne, Guan Yin va bénéficier d'un récit mythique quant à ses origines. Ainsi, celle qui est à la fois un bodhisattva et une immortelle taoïste aurait autrefois été une humaine du nom de Miao Shan, ayant vécu au temps de la dynastie des Zhou, soit au premier millénaire avant notre ère. Cependant, comme vous vous doutez, cette légende possède des variables suivant le cadre religieux dans lequel elle est racontée. Dans sa version bouddhiste, la légende dit que Miao Shan était la fille du roi Miao Zemong. N'ayant pas eu de fils, il souhaitait marier sa fille à un riche seigneur voisin, mais la jeune fille avait d'autres projets. Elle voulait entrer dans un monastère bouddhiste et se faire nommer. Le père refuse catégoriquement et emploie de nombreux stratagèmes afin de la détourner de cette voie. Mais rien n'y fait et Miao Shan finit par s'enfuir de la maison pour rejoindre un monastère, le temple de la pagode de l'oiseau blanc. Miao Zhong, furieux et excédé, décide d'employer les grands moyens et ordonne de détruire le monastère par le feu afin de débusquer sa fille. Miao Shan savait que le malheur s'abattait sur le monastère à cause de sa présence. Alors elle se mit à prier les Bouddhas et les Bodhisattvas afin qu'ils interviennent pour sauver le monastère et les innocents qui y résident. Immédiatement, la pluie s'abat sur le lieu et éteint l'incendie. Le père, hors de lui, ordonne de capturer sa fille et la fait enfermer dans une prison de son palais. Il lui impose des conditions strictes quant à son futur mariage, mais rien n'y fait, Miao Shan refuse catégoriquement. Le père menace de la tuer, mais la jeune fille l'ignore complètement et reste dans un état de méditation. C'est alors la mère de Miao Shan qui tente de la faire renoncer à la vie sacerdotale. Pour cela, elle organise une fête somptueuse comme personne n'en avait jamais vue, pensant que Miao Shan ne pourrait jamais résister aux nombreux délices de ce monde. Mais une nouvelle fois, c'est un échec complet et la jeune fille ignore complètement ses parents. Finalement, au grand mot, les grands remèdent. Le père décide de la faire exécuter publiquement. Simple et expéditif. Le lendemain, Miao Shan est conduite sur la place publique pour être mise à mort. Le bourreau la frappe de son sabre, mais protégée par l'aura des Bouddhas et Bodhisattvas, l'arme se brise sur le corps de la jeune femme. Alors le bourreau essaye avec d'autres instruments, mais n'aura pas plus de succès avec sa lance. Alors le père de Miao Shan ordonne de l'étrangler avec une bande de soie. Miao Shan finit par mourir, mais immédiatement un tigre surgit sur la place publique et emporte le corps de la jeune femme dans une forêt profonde. Il dépose la dépouille loin de tout passage, dans un endroit calme et introuvable au cœur de la forêt. Le corps de la jeune fille ne semble néanmoins pas souffrir de la mort, il semble plutôt comme simplement endormi, comme la belle au bois dormant si vous préférez. Sur le plan spirituel, c'est ici que commence le voyage aux enfers de Miaoshan et nous ne manquerons pas de faire un nouveau parallèle avec Jésus qui meurt sur le Golgotha pour sauver l'humanité. Mais nous allons y revenir. Une fois que l'âme de Miaoshan est arrivée dans le monde des morts, Di Yu, dirigée par le terrible Yan Wang, la jeune fille observe les souffrances des habitants de ce monde. Alors, prise d'une immense compassion, elle se met en prière afin de soulager les tourments de tous les condamnés. Là encore, on retrouve le symbolisme de Jésus qui passe de nuit aux enfers afin de soulager les maux des défunts avant sa résurrection le troisième jour. A Diyu, devant la ferveur de Miao Shan, l'enfer se change en paradis et tous les supplices prennent fin, de la même façon que dans la légende grecque d'Orphée qui enchante les enfers à l'aide de sa lyre. Yan Wang, le seigneur du monde souterrain, était désemparé et ne pouvait pas tolérer cela. Ainsi, il demande avec insistance au Bouddha et Bodhisattva de renvoyer Miao Shan loin de son royaume, sur la terre des vivants afin que les choses puissent rentrer dans l'ordre dans les enfers. Immédiatement, le miracle s'accomplit et Miao Shan se réveille dans son propre corps, intact, encore une fois, de la même façon que Jésus. Mais les aventures de Miao Shan ne s'arrêtent pas là. A ce stade, elle n'est pas encore un Bodhisattva, mais seulement une humaine sur le chemin de l'éveil. Miao Shan se réveille seule dans la forêt profonde et croise la route d'un personnage qui tombe immédiatement sous son charme et tente de la courtiser. Le voyageur, d'une grande beauté, souhaite l'épouser, mais Miao Shan refuse catégoriquement et avec insistance. Le voyageur révèle alors sa véritable nature de Buta Taagata et félicite la jeune fille pour sa grande ferveur lors des différentes épreuves qu'elle a dû traverser. Le voyage initiatique de Miao Shan pouvait se poursuivre. Tata Kata conduit la jeune fille à la pagode du Mont des Parfums où elle pourra prier en toute sérénité, loin des tourments du monde. Miao Shan va ainsi consacrer sa vie à la prière et ce pendant neuf années. Jusqu'au jour où un homme se présente devant la pagode afin de solliciter un miracle auprès d'une personne sainte, dans le but de guérir un mal déclaré incurable par tous les médecins. Le visiteur n'était autre que Miao Zemong, le propre père de Miao Shan en personne, qui ignorait bien sûr qu'il s'agissait de sa propre fille qui résidait dans le sanctuaire. La maladie de Miao Zemong ne pouvait être guérie par les remèdes classiques. Il fallait le sacrifice d'un œil et d'un bras comme compensation pour chasser le mal, à la façon d'un exorcisme pour ses nombreux péchés. A la connaissance du prix de compensation, Miao Shan n'hésite pas un seul instant et se mutile un oeil et se coupe un bras dans un acte de suprême compassion. Le miracle s'accomplit, dans la foulée Miao Zemong retrouve la santé et c'est alors qu'il découvre l'identité de sa bienfaitrice. Il tombe à genoux et implore le pardon de sa fille pour tous les tourments qu'il lui avait infligés par le passé. Miao Shan lui accorde bien entendu son parton et à la suite de sa guérison, le vieil homme fait édifier un grand temple en l'honneur de sa fille sur une montagne sacrée. Quelques années plus tard, au bout des neuf années de prière, une grande cérémonie a lieu à la pagode du monde des parfums. Tous les bouddhas et bodhisattvas sont conviés pour assister à la mort physique de Miao Shan mais surtout à son éveil spirituel. C'est l'heure du rite de l'ascension ou de la naba. Miao Shan va quitter son enveloppe humaine et devenir un Bodhisattva sous le nom de Guan Yin. Miao Shan n'avait pas souhaité rejoindre le nirvana des Bouddhas, elle préfère rester auprès de tous les êtres sous la forme d'un Bodhisattva pour offrir sa compassion à l'humanité ainsi qu'à tous les êtres et faciliter leur périple vers l'éveil spirituel à leur tour. Bien sûr, si l'on se place dans une lecture taoïste, la légende possède évidemment quelques variables. Le monastère devient une montagne sacrée taoïste et ce n'est pas les bouddhas qui interviennent dans les situations mais l'empereur de Jade ou les esprits des immortels taoïstes. De plus dans cette version, Miao Shan possède également elle-même des pouvoirs surnaturels qui sont propres aux immortels taoïstes. Ainsi, c'est elle qui crache vers le ciel pour appeler la pluie et éteindre l'incendie et dans d'autres situations, elle pique le palais céleste avec une épingle de bambou afin d'attirer le regard des divinités les poussant ainsi à agir. Et à la fin de l'histoire, elle s'élève elle-même au statut d'immortelle taoïste. Mais dans les deux cas, Niao Shan, devenue Guan Ying, sera la figure divine la plus vénérée de la Chine. Elle est la mère bienveillante de toute l'humanité qui apporte la compassion suprême. Alors maintenant, ayant observé les origines et l'évolution de Guan Yin, tentons d'analyser cette figure centrale du bouddhisme Mahayana et nous allons également la comparer avec certains archétypes occidentaux. S'il est probable que Guan Yin soit devenu un bodhisattva féminin dans le but de correspondre par syncrétisme aux figures divines du panthéon traditionnel de la Chine, facilitant ainsi la conversion des populations qui étaient attachées aux anciennes figures divines, cela pose néanmoins quelques questions. Pourquoi ne pas faire correspondre Avalokitesvara indien avec une divinité masculine du panthéon chinois ? La réponse me semble basée sur les fonctions de ce bodhisattva, soit la compassion suprême. Cette fonction est plus facilement dévolue aux femmes qu'aux hommes, du moins dans les panthéons traditionnels. Cependant, vous pourriez me rétorquer que Avalokitesvara est un homme dans le bouddhisme indien et qu'il représente, bien sûr, lui aussi la compassion suprême. Cela est vrai. Cependant, il faut s'intéresser aux cadres culturels de la Chine et de l'Inde qui sont radicalement différents. S'il ne fait pas de doute que les deux sociétés sont de nature patriarcale au premier siècle de notre ère, il n'empêche que dans le cadre religieux, les figures divines féminines sont largement plus importantes en Chine qu'en Inde. Dans l'hindouisme, les déesses sont réduites. au second plan, celui de parèdres ou de figures diaboliques comme l'exemple de Kali. La trimurti divine, un tout, soit les figures centrales étant composées de trois divinités masculines, Shiva, Vishnu et Brahma. Bien sûr, la place des déesses a son importance, notamment dans le cadre du tantrisme et des yogas, mais nous entrons ici dans le domaine de l'ésotérisme qui n'a plus rien à voir avec la religion publique. Dans le bouddhisme Mahayana de l'Inde, c'est à peu près la même chose, les bodhisattvas féminins sont quasi inexistants. De ce fait, le bodhisattva de la compassion y est naturellement un homme, sans que cela choque le moins du monde la population. Mais quand le bouddhisme va passer en Chine, le cadre est totalement différent. Les cultes traditionnels possèdent un large panthéon de déesses ayant une importance cosmogonique fondamentale, comme pour l'exemple chez les grecs, les égyptiens ou les celtes. Alors en Chine, on citera notamment Nuwa, la déesse civilisatrice qui crée l'humanité, ou encore Xiangmu, la grande mère reine de l'Ouest qui règne sur le palais des immortels. De fait, le Avalokitesvara indien est devenu une femme sous le nom de Guan Ying, plus adaptée pour représenter la compassion dans la culture chinoise, comme d'ailleurs l'ont aussi fait les chrétiens avec le culte de Marie. D'ailleurs, au commencement du christianisme, le positionnement était basé sur le modèle patriarcal du judaïsme qui ne laisse pas vraiment de place à la figure féminine. C'est Jésus lui-même qui assure le rôle de la grande compassion et il faudra attendre le troisième siècle de notre ère pour que le culte marial se développe suite au cadre culturel des populations nouvellement converties. De plus, cette évolution n'est pas un fait volontaire du christianisme mais plutôt une adaptation de l'église face à la religion. à la subsistance du culte des déesses mères ou magdamatères telles Isis, Déméter ou encore Cybele. Ainsi, le culte de Marie a servi de substitution devenant le symbole chrétien de la compassion suprême héritée du paganisme. De fait, le christianisme, bien que de nature patriarcale à l'origine, a fait une toute petite place à Marie Théocotos ou Marie, mère de Dieu, qui remplit le rôle de grande déesse apportant la compassion pour tous les êtres, mais leur part également son aide dans la voie du salut. Ainsi, vous l'aurez compris, Marie et Guan Yin partagent de profondes similitudes. Dans les deux cas, c'est un héritage des anciennes magnamatères des cultes païens. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Guan Yin, devenue femme, va continuer son périple en Corée, puis au Japon sous le nom de Canon. De la même façon, il serait erroné de dire que le Japon antique était de nature matriarcale. Néanmoins, dans le cadre religieux, les déesses ont toujours eu une bonne place, à l'instar de la Chine ou des Celtes par exemple. C'est facilement observable. La déesse Amaterasu, kami du soleil, est la principale divinité du shintoïsme, la religion traditionnelle du Japon. Ainsi, Kanon sera naturellement l'une des principales figures du bouddhisme japonais. D'ailleurs, l'un des pèlerinages principaux du Japon lui est dédié. C'est le pèlerinage de Kansai Kanon qui compte un circuit de 33 temples dédiés à cette Bodhisattva. On ne manquera pas de faire une nouvelle fois une analogie avec le culte de Marie en France qui compte des centaines de lieux de pèlerinage. Et dernier point qui démontre la proximité entre la figure de Marie et Kanon, lorsque le christianisme fut interdit au Japon en l'année 1614 sous les shoguns Tokugawa, Les quelques chrétiens restants utilisaient la figure de Canon afin de vouer un culte discret à Marie, d'où le nom de Maria Canon au Japon ou de la Vierge Chinoise dans le cas de Guan Yin. Cependant, si le rôle de Marie est limité dans le christianisme à celui de mère de Jésus ou de figure compatissante, il n'en est pas de même pour Guan Yin. Ce Bodhisattva n'est pas seulement une figure passive, mais bel et bien un chemin d'éveil pour accéder à la terre pure d'Amitabha, équivalent du paradis si vous voulez. Sur ce point, Guan Yin ressemble beaucoup plus à Jésus Christ qu'à Marie. Si Jésus-Christ et Avalokitesvara partagent de nombreuses connexions, notamment l'idée de paix et de compassion, ils illustrent surtout le chemin du salut. Les rapprochements sont encore plus vrais avec la version Guan Yin de ce Bodhisattva. Si l'évangile de Jean nous dit, en parlant de Jésus, Je suis le chemin, la vérité et la vie, nul ne vient au Père que par moi eh bien, on pourrait reprendre cette simple phrase dans un cadre bouddhiste et la traduire en ces termes. Moi, Guan Yin, suis le chemin, la vérité et la vie, nul n'accède à la terre pure d'Amitabha que par moi Alors, bien que les doctrines chrétiennes et bouddhistes soient très éloignées, voire antinomiques, ils possèdent néanmoins des archétypes communs. On pourrait rétorquer qu'il existe une différence de taille entre Jésus-Christ et Guan Yin. Le premier a vécu au premier siècle de notre ère, alors que rien ne permet de l'affirmer pour le second, au-delà de la simple légende ou le mythe de Miao Shan. De plus, on nous dira que Jésus-Christ est Dieu fait homme alors que Guan Yin n'est qu'un simple Bodhisattva. Cependant, sur ce deuxième point, c'est oublié un élément essentiel. Un Bodhisattva est déjà un être ayant atteint l'éveil, donc la bouddhéité, mais elle a décidé d'un acte volontaire de rester sur terre afin d'aider ses semblables. Sur ce point, c'est exactement la même idée que Jésus, Dieu lui-même, mais qui s'est fait homme pour apporter la révélation aux hommes. Et enfin, on notera l'analogie la plus importante, la mort et la résurrection. Miaoshan, avec un corps humain, meurt et apporte sa compassion aux enfers, puis revient à la vie comme Jésus. A la suite de cela, Miao Shan s'élèvera à la bouddhéité de la même façon que Jésus retourne aux cieux. Le bilan de ce comparatif illustre à mon sens l'idée d'un archétype invariant qui apparaît naturellement dans toutes ces cultures. On pourrait ainsi faire les mêmes rapprochements avec la figure de Dionysos chez les grecs, Osiris chez les égyptiens ou encore Krishna dans l'hindouisme. Pour aller plus loin dans une lecture ésotérique, La légende chinoise de Miao Shan illustre parfaitement la relation entre Katabase, voyage aux enfers, et Anabase, élévation céleste. Elle présente un schéma commun avec les mythes grecs sur la déification d'un individu suite à un processus initiatique. Bien sûr, les aspects moraux sont spécifiques au bouddhisme Mahayana, mais le cœur du processus se retrouve de la même façon. Pour plus d'explications sur les processus initiatiques à travers le monde, les rites de Katabase et d'Anabase, je vous renvoie à la lecture de mon dernier livre Arcana Mundi, les rites d'initiation, dont vous trouverez le lien en description de cette vidéo. Et pour conclure, je vous citerai le mantra de Guan Yin ou de la grande compassion, HOM MANI PADME HOM. Bien que difficile à traduire, il peut se résumer ainsi. La contemplation suprême du diamant ou du joyau dans le lotus ou la perfection. Nous voici arrivés à la fin de ce voyage et j'espère ne pas vous avoir trop perdu lors de cette enquête qui s'est révélée assez complexe à mettre en forme. Mais bon, le sujet est passionnant et surtout loin d'être épuisé. Il ouvre à mon sens la porte à de nombreuses réflexions quant aux archétypes et aux protomythes à la base de tous les systèmes de croyances. Alors, bien sûr, comme à l'accoutuber, pensez à liker et partager la vidéo si ce travail vous a plu et pensez à vous abonner pour être notifié des prochaines vidéos. Et pour ceux qui le souhaitent, vous pouvez également me soutenir sur Tipeee, un site de financement participatif qui me permet de continuer à vous créer des vidéos de façon libre et indépendante. Sur ce, je vous dis à la semaine prochaine pour de nouvelles vidéos, histoire, archéologie, ésotérisme, sciences occultes, religion et tout un tas d'autres sujets sur la chaîne Arcana les mystères du monde. Et sur ce, portez-vous bien et à très bientôt.

Description

Guanyin, également connue sous le nom d’Avalokiteśvara en Inde, ou Kannon au Japon, est une figure emblématique du bouddhisme. Elle est souvent vénérée comme une déesse de la compassion et de la miséricorde. Guanyin est considérée comme un bodhisattva, un être éveillé, capable d’entendre les souffrances du monde et d’apporter réconfort et assistance à ceux qui sont dans le besoin.


Dans cette vidéo, nous allons explorer l’histoire, la légende et la symbolique de cette figure complexe, tout en établissant des parallèles avec les figures chrétiennes de Jésus et de la Vierge Marie.


Tout comme Marie, la mère de Jésus, Guanyin joue un rôle protecteur et maternel. Elle est souvent représentée avec une expression douce et compatissante, symbolisant son amour maternel pour tous les êtres vivants. Les bouddhistes la considèrent comme une mère spirituelle, prête à soutenir et à guider ceux qui se tournent vers elle dans leurs moments de difficulté.


La comparaison avec Jésus est moins directe mais tout aussi fascinante en tant qu’archétype symbolique. Guanyin a des origines humaines avant de faire son ascension divine. Comme Jésus, elle meurt et ressuscite pour aider tous les êtres dans leur cheminement spirituel. Elle incarne l’idéal bouddhiste de l’amour inconditionnel, de la compassion universelle et de la voie du salut, ou de la bouddhéité dans ce contexte.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, chers auditeurs. Aujourd'hui, j'ai décidé de vous faire voyager en Asie à la découverte de Guan Yin, l'un des principaux bodhisattvas du bouddhisme chinois. Alors, elle est également connue au Japon sous le nom de Kanon ou encore Avilaokitesvara, son nom d'origine en Inde. La tradition religieuse de l'Asie reste relativement peu connue en Occident et pourtant, vous allez voir que nous allons pouvoir faire de nombreux parallèles entre la figure mythique de Guan Yin et certains mythes de la Grèce antique notamment autour du voyage aux enfers. Alors bien sûr, le bouddhisme n'est pas la seule religion de la Chine, et dans les autres systèmes religieux du pays, Guan Yin sera tantôt considérée comme une déesse de la miséricorde ou encore comme une immortelle taoïste. Mais notons encore que ce personnage féminin partage plusieurs points de ressemblance avec la figure chrétienne de la Vierge Marie, au point qu'on l'appelle parfois la Vierge Chinoise. Mais plus encore, au cours de cette vidéo, nous verrons que d'une certaine façon, Guan Yin partage en réalité aussi des points de correspondance avec Jésus-Christ, la figure centrale du christianisme. Avant de suivre les traces de Guan Yin, il nous faut prendre le temps de toucher quelques mots sur les croyances du bouddhisme Mahayana, ou le grand véhicule, et surtout sur ce qu'est un bouddhiste advint. Tout d'abord, les adeptes du bouddhisme aspirent à l'éveil spirituel ou l'état de bouddhéité qui leur permettrait de rejoindre le nirvana et ainsi de s'échapper du monde de la souffrance matérielle. Pour cela, ils suivent la loi du dharma et les préceptes de Sakyamuni, plus connus dans nos contrées sous le simple nom de Bouddha. Mais attention, Sakyamuni n'est pas le seul Bouddha. C'est en réalité un titre pour tous les êtres ayant atteint le nirvana, et ce n'est pas non plus un dieu au sens chrétien du terme. Les bouddhas ne sont pas des créateurs ou des destructeurs du monde. D'ailleurs, le monde lui-même est considéré comme une illusion née de l'ego des individus, une sorte de projection mentale mise en forme et dont il convient de se libérer. Ainsi, le monde serait une sorte de matrice ou un logiciel créé par nos individualités. et gothiques et dans lequel nous nous réincarnons perpétuellement dans le cycle karmique. Enfin, pour ce qui est des bodhisattvas, et encore une fois contrairement à certaines idées reçues, ils ne sont pas plus des divinités que les bouddhas. Au sens que ce ne sont pas des dieux polythéistes comme on en trouve dans les traditions égyptiennes, grecques ou encore celtiques, même s'ils en partagent un certain nombre d'attributs. A l'origine, les Bodhisattvas sont des êtres humains qui ont atteint l'éveil spirituel et qui peuvent prétendre au statut de Bouddha, mais qui ont décidé de ne pas rejoindre le nirvana afin d'aider leurs semblables à atteindre aussi l'éveil spirituel. D'une certaine façon, l'on pourrait dire que les Bodhisattvas sont des forces intermédiaires entre les hommes et la bouddhéité ou le statut d'être pleinement éveillé. A ce titre, ils prennent un peu le même rôle que les anges ou les saints dans le christianisme, ou encore que les daimon dans la religion antique des anciens grecs. Donc, vous aurez bien compris que les bodhisattvas forment une sorte de panthéon relativement important, et de fait, ceux qui ne sont pas adeptes du bouddhisme les perçoivent habituellement comme un corpus de divinités polythéistes, ce qui pourtant est erroné. Bien sûr, il existe des bodhisattvas dont le culte est plus important que d'autres. Et parmi les plus célèbres et les plus vénérés de la Chine, nous allons justement y trouver Guan Ying, un bodhisattva féminin associé à la grande compassion. Mais précisons encore que son culte n'est pas spécifique à la Chine. Au Japon, elle s'appelle Kanon et son culte est tout aussi important dans le cadre du bouddhisme zen. On la retrouve encore en Corée sous le nom de Guan Heung, ainsi que dans la plupart des pays où le bouddhisme est présent. Seulement voilà, son histoire est tout sauf simple. Nous allons devoir faire un détour par l'Inde afin de comprendre ses origines et son cadre d'apparition puisque dans les premiers temps du bouddhisme primitif, Guan Yin était un homme et portait le nom de Avalokitesvara. Bien que le bouddhisme ait quasiment disparu de l'Inde et intégralement du Pakistan, c'est dans l'espace culturel indien que cette religion a pris naissance. Elle s'est ensuite largement diffusée dans l'Asie de l'Est et du Sud-Est. Parmi les figures mythiques, Avalokitesvara, qui se traduit en sanscrit par le seigneur qui observe les sons depuis le haut et le Bodhisattva de la compassion suprême, il fut de ce fait particulièrement vénéré. D'ailleurs, c'est probablement la figure la plus importante de la branche du bouddhisme Mahayana ou le grand véhicule qui est principalement répandue en Chine, en Corée et au Japon. Alors pour commencer, sur un plan historique, l'apparition de Avalokitesvara sur la scène religieuse reste difficile à définir avec précision. Néanmoins, ces premières représentations n'apparaîtront qu'au IIe siècle de notre ère dans le Gandhara, soit au nord-ouest de l'actuel Pakistan sur la route de la soie. Précisons pour avoir quelques repères temporels que le bouddhisme prend naissance à la frontière de l'Inde et du Népal au Vème siècle avant Jésus-Christ au moment de la vie de Sakhamuni. Mais lors des premiers siècles, il n'existait pas de statuaire religieux, seulement des textes que l'on appelle les soutras. La représentation en statues des Bouddhas et Bodhisattvas ne commence qu'à partir du IIe siècle de notre ère, dans l'Empire Kushan, dans la région du Gandhara que nous avons cité. On parle alors d'un art gréco-bouddhique, un nom étrange pour un style artistique propre à l'Asie. La raison est pourtant assez simple, mais pour le comprendre, il nous faut revenir quelques siècles dans le passé, lors des conquêtes d'Alexandre le Grand, au IVe siècle avant notre ère, où l'influence hélénistique va s'étendre. jusqu'au Gandhara. Précisons tout d'abord que le bouddhisme existe déjà à ce stade et ce sera donc le premier véritable contact direct entre la culture philosophique des grecs et la nouvelle religion de Sakhamuni. Plus tard, au 3e siècle avant Jésus-Christ, le Gandhara est sous la domination des Seulocides, des grecs héritiers de l'empire d'Alexandre dans cette région. Rapidement la région va passer sous le contrôle de l'empire Moria qui unifie l'Inde et le territoire anciennement des Solocides. Mais la dispute du territoire se poursuit au IIe siècle avant J.-C. lorsque le royaume gréco-bactrien fait la conquête du Gandhara et repousse les Moria hors du territoire. Pour qualifier ces trois premiers siècles de trouble, on parle de la période indo-grecque et fatalement le syncritisme des cultures se fait progressivement. A ce stade, le bouddhisme est l'une des religions principales et les plus importantes du secteur, mais on ne parle pas encore de Mahayana, grand véhicule, mais seulement du bouddhisme ancien ou Inayana, un terme qui sera donné ultérieurement et de façon péjorative et qui veut dire petit véhicule. Dans cette forme de bouddhisme des origines, la définition et le rôle des bodhisattvas n'est pas identique au futur Mahayana. Ici, les Bodhisattvas sont des individus qui s'approchent de l'état de bouidéité dans une sorte de demi-éveil, mais ils ne sont pas des guides à proprement parler. Pour le moment, revenons à l'aspect historique. Au premier siècle de notre ère, alors que naissait le christianisme au Proche-Orient, en Asie, c'est l'invasion des Parthes dans le Gandhara. Puis c'est finalement le peuple Yuwési qui va dominer la région. Alors, qui sont-ils ? Les Yuezis sont un peuple originaire de la Chine qui fonde l'empire Kushan au nord de l'Inde, du Pakistan et de l'Afghanistan actuel. On observe à ce stade un véritable syncrétisme entre les divinités grecques et celles des Yuezis, mais aussi avec les religions locales dont fait partie le bouddhisme. On parle alors d'une religion gréco-bouddhisme pour la qualifier. Mais cela marque également la première phase de modification du bouddhisme originel qui va prendre le nom de Mahayana ou grand véhicule et qui va faire une large place au culte des bodhisattvas. Le Mahayana est né dans ce terreau complexe avec des influences hélénistiques, chinoises par les Yuezis et bien sûr le bouddhisme ancien ou originel. C'est dans ce contexte improbable que va apparaître la statuaire religieuse et l'art. gréco-bouddhique, avec notamment la figure de Avalokitesvara, le bodhisattva de la compassion. Alors, dans une lecture bouddhiste, il s'agit donc d'un humain ayant atteint l'éveil, mais s'étant donné pour mission d'aider tous ses semblables à suivre ce chemin. Le rôle du bodhisattva Avalokitesvara est d'être un intermédiaire entre les hommes en quête de l'éveil et le Bouddha Hamitava, le grand Bouddha de la Terre pure, lui-même apparu sensiblement à la même époque. Il semble important, à ce stade, de s'attarder sur ce point, à savoir le développement du culte des Bodhisattvas et principalement de Avalokitesvara, ainsi que l'évolution du bouddhisme original. Pour les peuples polythéistes du secteur, il existait naturellement un large panthéon de divinités et chacune ayant ses fonctions propres ou précises. Ainsi, les Bodhisattvas et les Bouddhas pouvaient entrer en syncrétisme avec les anciennes divinités païennes sans créer de rupture violente avec les anciennes croyances. Dans cette lecture, le Bodhisattva Avalokitesvara fait office de divinité bienveillante proposant une porte d'entrée pour adhérer aux croyances du bouddhisme. Et si l'on osait la comparaison, nous pourrions dire que Avalokitesvara ressemble à Jésus, qui apporte le message aux hommes afin de retrouver le chemin du Père que l'on peut ici comparer au Bouddha Amitabha, dans le bouddhisme Mahayana bien sûr. Un peu poussé quand même me direz-vous ? Eh bien pas tant que ça si l'on considère le point de vue bouddhiste sur Jésus et la période d'apparition des deux religions. Pour les adeptes du bouddhisme Mahayana, Jésus est lui-même un bodhisattva, soit si vous préférez un être éveillé venu apporter sur terre un message d'amour, de paix et de compassion mais dans un territoire donné et de façon adaptée au peuple qui y réside. Alors dans cette lecture... Avalokitesvara est adapté aux habitants de l'Inde, Jésus est adapté au bassin méditerranéen et de la même façon nous pourrions dire que Mahomet est adapté à l'Arabie. Notons enfin le plus important, soit le contexte d'apparition de Avalokitesvara au IIe siècle de notre ère. En réalité, il est probable que ce Bodhisattva existait déjà depuis quelques temps, mais le contexte syncrétique du Gandhara a peut-être favorisé le processus. On pourrait même hypothétiser des jeux d'influence entre Avalokitesvara et le Jésus des évangiles, sans pouvoir dire à ce stade qui a influencé l'autre. Alors, Avalokitesvara, jumeau asiatique de Jésus, pourquoi pas ? Mais l'histoire de ce Bodhisattva ne s'arrête pas là, et nous en sommes en réalité qu'au début, car ce personnage va largement évoluer lors de son passage en Chine. Rappelez-vous que les Yuezi, fondateurs de l'Empire Kushan au 1er siècle de notre ère, étaient originaires de Chine et vont largement participer à l'évolution du bouddhisme primitif qui n'était alors pas adapté à leur propre terrain culturel. Le concept des Bodhisattvas existait déjà au premier temps du bouddhisme mais il était réservé à l'usage des princes voire même uniquement pour Shakyamuni lui-même, lorsque l'on parle de ses vies passées du monde. Avec le bouddhisme Mahayana, les bodhisattvas se multiplient et prennent une place centrale. Les peuples nouvellement convertis au bouddhisme avaient vécu dans un terreau polythéiste et ainsi les bodhisattvas permettaient de faire le glissement vers le bouddhisme en réadaptant les anciens panthéons. Les anciens dieux devenant des bodhisattvas par le jeu du syncrétisme. Par la suite, les Yuezis étant originaires de Chine, cela va favoriser la diffusion du bouddhisme Mahayana vers leur terre d'origine. Ainsi, la religion de Sakyamuni se diffuse en Chine dès le 1er siècle de notre ère, puis se diffuse par la suite en Corée au 4e siècle, au Japon au 5e siècle, puis au Tibet au 7e siècle. Paradoxalement, le bouddhisme allait progressivement disparaître de la terre qu'il avait vu naître. Le coup de grâce lui sera donné par l'invasion des musulmans qui détruisent les édifices et forcent à la conversion au cours des 9e et 10e siècles. Mais le bouddhisme continua son chemin dans les autres contrées et portait dans ses bagages le culte de Avalokitesvara, le grand bodhisattva de la compassion. Suivant les territoires et les langues locales, il va prendre des noms différents mais son importance ne fera que croître. En Chine, Guan Yin est la traduction en chinois de Avalokitesvara mais le changement le plus notable étant sa féminisation. Notons que c'est un phénomène relativement rare et la raison exacte reste difficile à définir. Seulement, je vous livrerai par la suite une théorie personnelle, mais qui, à défaut d'être la bonne, se veut à minima cohérente. Au Tibet, Avalokitesvara prendra le nom de Shenrezig. J'en profite d'ailleurs pour répondre à l'une des questions que vous vous êtes peut-être déjà posées. Au Tibet, le Daïli Lama est le chef spirituel le plus important du bouddhisme tibétain. Il se réincarne perpétuellement dans un nouveau corps, mais de qui est-il la réincarnation à l'origine ? Eh bien, justement, vous l'aurez deviné, le Daïli Lama est censé être la réincarnation de Avalokitesvara, Bodhisattva de la compassion, dont il est le véhicule terrestre. Au Japon, le bouddhisme se diffuse par la Chine et la Corée et de fait Avalokitesvara sera également présent sous une forme féminine connue sous le nom de Kanon. Cela se traduit par celle qui observe le son mais au sens celle qui entend les cris et les souffrances du monde. Pour cette raison, elle est représentée avec mille bras et mille yeux, apportant son soutien à tous les êtres qui sont dans le besoin. Mais pour le moment, concentrons-nous sur Guan Yin, la version chinoise et la légende qui lui est associée. Le culte de Avalokitesvara arrive en Chine aux premières heures du bouddhisme chinois sous le nom de Guan Yin. Cependant, sa féminisation ne sera pas immédiate, mais seulement via un long processus informel qui deviendra définitif lors du règne de la dynastie des Song, soit entre le Xe et le XIe siècle de notre ère. Pour comprendre la place centrale de Guan Yin, Il est tout d'abord nécessaire de faire un petit focus sur l'évolution religieuse de la Chine entre le 1er et le 10e siècle. A l'arrivée du bouddhisme en Chine, sous la dynastie des Han au 1er siècle, la Chine possède déjà ses propres croyances. En premier lieu, c'est la religion traditionnelle, de type animiste ou polythéiste, et qui compte des centaines de divinités ou de grands esprits, qu'on appelle les shens. Nous trouvons ensuite le taoïsme. qui a également pris corps sous la période des Han, mais notons que contrairement au bouddhisme, le taoïsme est un pur produit chinois. De fait, lors de l'arrivée du bouddhisme, cette nouvelle religion est vue comme étrangère et concurrence les systèmes en place, et va de ce fait avoir du mal à prospérer, du moins dans les premiers siècles. Mais la situation va changer à la chute de la dynastie des Han. La Chine entre dans une période de trouble qui prend le nom de période des trois royaumes. La Chine est ravagée par la guerre civile et l'instabilité politique. A titre d'exemple, on peut comparer la situation avec la chute de Rome et les invasions barbares en Occident. Dans ce contexte, où la vie est particulièrement précaire et hasardeuse, la philosophie du bouddhisme va se présenter comme une réponse adaptée pour la population. Ainsi, des monastères sont édifiés en grand nombre et les sutras sont traduits directement aux chinois. Fatalement, le culte du Bodhisattva de la compassion prend tout son sens dans cette période où la vie ne tient qu'à un fil. A la suite de ces événements, il faudra attendre le 7e siècle et la dynastie des Tang pour que la Chine retrouve une réelle stabilité politique dirons-nous. A ce stade, les trois religions sont bien implantées mais le bouddhisme est toujours vu comme une religion étrangère. Notons d'ailleurs qu'il y aura même une certaine persécution religieuse où certains monastères seront détruits, mais rapidement la situation se calme et les Tangs encouragent plutôt la coexistence entre les différentes traditions religieuses. C'est ainsi que les trois systèmes religieux, bien que très différents à l'origine, vont finir par s'influencer mutuellement. Mais pour que cela fût possible, il fallait néanmoins quelques points d'accroche. Alors voyons cela plus en détail. La religion traditionnelle de type animiste possède un large panthéon de divinités. Les bouddhistes vont alors réinterpréter ces divinités mais en tant que bodhisattvas, soit des individus ayant eu une existence humaine dans des temps très anciens. Si vous préférez, les anciens dieux sont réactualisés. De leur côté, les taoïstes faisaient la même chose avec les anciens dieux, mais ils utilisent aussi les figures principales du bouddhisme pour en faire des immortels taoïstes et les bouddhistes. font la même chose en sens inverse. Pour le cas spécifique de Guan Ying, dans le panthéon traditionnel, elle sera considérée comme la déesse de la miséricorde. Dans le bouddhisme et le taoïste, elle sera respectivement considérée comme un bodhisattva de la compassion ou une immortelle taoïste liée à la compassion. De ce fait, les deux nouvelles religions lui prêtent une origine humaine, mais dans des temps très anciens. Notons quand même que ce n'est qu'au XIe siècle, lors de la période des Song, que la légende se structure et que la féminisation de Guanning devient définitive, même si elle était déjà répandue dans la population et dans les traditions populaires si l'on peut dire. Je pense que c'est en raison du syncrétisme avec la religion traditionnelle que Guanning est en réalité devenue une femme. Le concept de miséricorde ou de la compassion était déjà présent dans la culture chinoise sous une forme féminine, aussi bien dans le culte traditionnel que dans le taoïste. De fait, c'est le bouddhisme qui s'est adapté sur cette question. A l'inverse, dans d'autres cas, c'est le bouddhisme qui va influencer les autres courants, notamment au niveau de la représentation des enfers. Mais pour rester sur le cas particulier de Guan Yin, nous pouvons dire à ce stade et avec certitude que c'est une bodhisattva qui est beaucoup plus chinoise qu'indienne. Et c'est uniquement sous cette forme qu'elle va se répandre en Corée et plus tard au Japon. De plus, contrairement à sa version indienne, Guan Yin va bénéficier d'un récit mythique quant à ses origines. Ainsi, celle qui est à la fois un bodhisattva et une immortelle taoïste aurait autrefois été une humaine du nom de Miao Shan, ayant vécu au temps de la dynastie des Zhou, soit au premier millénaire avant notre ère. Cependant, comme vous vous doutez, cette légende possède des variables suivant le cadre religieux dans lequel elle est racontée. Dans sa version bouddhiste, la légende dit que Miao Shan était la fille du roi Miao Zemong. N'ayant pas eu de fils, il souhaitait marier sa fille à un riche seigneur voisin, mais la jeune fille avait d'autres projets. Elle voulait entrer dans un monastère bouddhiste et se faire nommer. Le père refuse catégoriquement et emploie de nombreux stratagèmes afin de la détourner de cette voie. Mais rien n'y fait et Miao Shan finit par s'enfuir de la maison pour rejoindre un monastère, le temple de la pagode de l'oiseau blanc. Miao Zhong, furieux et excédé, décide d'employer les grands moyens et ordonne de détruire le monastère par le feu afin de débusquer sa fille. Miao Shan savait que le malheur s'abattait sur le monastère à cause de sa présence. Alors elle se mit à prier les Bouddhas et les Bodhisattvas afin qu'ils interviennent pour sauver le monastère et les innocents qui y résident. Immédiatement, la pluie s'abat sur le lieu et éteint l'incendie. Le père, hors de lui, ordonne de capturer sa fille et la fait enfermer dans une prison de son palais. Il lui impose des conditions strictes quant à son futur mariage, mais rien n'y fait, Miao Shan refuse catégoriquement. Le père menace de la tuer, mais la jeune fille l'ignore complètement et reste dans un état de méditation. C'est alors la mère de Miao Shan qui tente de la faire renoncer à la vie sacerdotale. Pour cela, elle organise une fête somptueuse comme personne n'en avait jamais vue, pensant que Miao Shan ne pourrait jamais résister aux nombreux délices de ce monde. Mais une nouvelle fois, c'est un échec complet et la jeune fille ignore complètement ses parents. Finalement, au grand mot, les grands remèdent. Le père décide de la faire exécuter publiquement. Simple et expéditif. Le lendemain, Miao Shan est conduite sur la place publique pour être mise à mort. Le bourreau la frappe de son sabre, mais protégée par l'aura des Bouddhas et Bodhisattvas, l'arme se brise sur le corps de la jeune femme. Alors le bourreau essaye avec d'autres instruments, mais n'aura pas plus de succès avec sa lance. Alors le père de Miao Shan ordonne de l'étrangler avec une bande de soie. Miao Shan finit par mourir, mais immédiatement un tigre surgit sur la place publique et emporte le corps de la jeune femme dans une forêt profonde. Il dépose la dépouille loin de tout passage, dans un endroit calme et introuvable au cœur de la forêt. Le corps de la jeune fille ne semble néanmoins pas souffrir de la mort, il semble plutôt comme simplement endormi, comme la belle au bois dormant si vous préférez. Sur le plan spirituel, c'est ici que commence le voyage aux enfers de Miaoshan et nous ne manquerons pas de faire un nouveau parallèle avec Jésus qui meurt sur le Golgotha pour sauver l'humanité. Mais nous allons y revenir. Une fois que l'âme de Miaoshan est arrivée dans le monde des morts, Di Yu, dirigée par le terrible Yan Wang, la jeune fille observe les souffrances des habitants de ce monde. Alors, prise d'une immense compassion, elle se met en prière afin de soulager les tourments de tous les condamnés. Là encore, on retrouve le symbolisme de Jésus qui passe de nuit aux enfers afin de soulager les maux des défunts avant sa résurrection le troisième jour. A Diyu, devant la ferveur de Miao Shan, l'enfer se change en paradis et tous les supplices prennent fin, de la même façon que dans la légende grecque d'Orphée qui enchante les enfers à l'aide de sa lyre. Yan Wang, le seigneur du monde souterrain, était désemparé et ne pouvait pas tolérer cela. Ainsi, il demande avec insistance au Bouddha et Bodhisattva de renvoyer Miao Shan loin de son royaume, sur la terre des vivants afin que les choses puissent rentrer dans l'ordre dans les enfers. Immédiatement, le miracle s'accomplit et Miao Shan se réveille dans son propre corps, intact, encore une fois, de la même façon que Jésus. Mais les aventures de Miao Shan ne s'arrêtent pas là. A ce stade, elle n'est pas encore un Bodhisattva, mais seulement une humaine sur le chemin de l'éveil. Miao Shan se réveille seule dans la forêt profonde et croise la route d'un personnage qui tombe immédiatement sous son charme et tente de la courtiser. Le voyageur, d'une grande beauté, souhaite l'épouser, mais Miao Shan refuse catégoriquement et avec insistance. Le voyageur révèle alors sa véritable nature de Buta Taagata et félicite la jeune fille pour sa grande ferveur lors des différentes épreuves qu'elle a dû traverser. Le voyage initiatique de Miao Shan pouvait se poursuivre. Tata Kata conduit la jeune fille à la pagode du Mont des Parfums où elle pourra prier en toute sérénité, loin des tourments du monde. Miao Shan va ainsi consacrer sa vie à la prière et ce pendant neuf années. Jusqu'au jour où un homme se présente devant la pagode afin de solliciter un miracle auprès d'une personne sainte, dans le but de guérir un mal déclaré incurable par tous les médecins. Le visiteur n'était autre que Miao Zemong, le propre père de Miao Shan en personne, qui ignorait bien sûr qu'il s'agissait de sa propre fille qui résidait dans le sanctuaire. La maladie de Miao Zemong ne pouvait être guérie par les remèdes classiques. Il fallait le sacrifice d'un œil et d'un bras comme compensation pour chasser le mal, à la façon d'un exorcisme pour ses nombreux péchés. A la connaissance du prix de compensation, Miao Shan n'hésite pas un seul instant et se mutile un oeil et se coupe un bras dans un acte de suprême compassion. Le miracle s'accomplit, dans la foulée Miao Zemong retrouve la santé et c'est alors qu'il découvre l'identité de sa bienfaitrice. Il tombe à genoux et implore le pardon de sa fille pour tous les tourments qu'il lui avait infligés par le passé. Miao Shan lui accorde bien entendu son parton et à la suite de sa guérison, le vieil homme fait édifier un grand temple en l'honneur de sa fille sur une montagne sacrée. Quelques années plus tard, au bout des neuf années de prière, une grande cérémonie a lieu à la pagode du monde des parfums. Tous les bouddhas et bodhisattvas sont conviés pour assister à la mort physique de Miao Shan mais surtout à son éveil spirituel. C'est l'heure du rite de l'ascension ou de la naba. Miao Shan va quitter son enveloppe humaine et devenir un Bodhisattva sous le nom de Guan Yin. Miao Shan n'avait pas souhaité rejoindre le nirvana des Bouddhas, elle préfère rester auprès de tous les êtres sous la forme d'un Bodhisattva pour offrir sa compassion à l'humanité ainsi qu'à tous les êtres et faciliter leur périple vers l'éveil spirituel à leur tour. Bien sûr, si l'on se place dans une lecture taoïste, la légende possède évidemment quelques variables. Le monastère devient une montagne sacrée taoïste et ce n'est pas les bouddhas qui interviennent dans les situations mais l'empereur de Jade ou les esprits des immortels taoïstes. De plus dans cette version, Miao Shan possède également elle-même des pouvoirs surnaturels qui sont propres aux immortels taoïstes. Ainsi, c'est elle qui crache vers le ciel pour appeler la pluie et éteindre l'incendie et dans d'autres situations, elle pique le palais céleste avec une épingle de bambou afin d'attirer le regard des divinités les poussant ainsi à agir. Et à la fin de l'histoire, elle s'élève elle-même au statut d'immortelle taoïste. Mais dans les deux cas, Niao Shan, devenue Guan Ying, sera la figure divine la plus vénérée de la Chine. Elle est la mère bienveillante de toute l'humanité qui apporte la compassion suprême. Alors maintenant, ayant observé les origines et l'évolution de Guan Yin, tentons d'analyser cette figure centrale du bouddhisme Mahayana et nous allons également la comparer avec certains archétypes occidentaux. S'il est probable que Guan Yin soit devenu un bodhisattva féminin dans le but de correspondre par syncrétisme aux figures divines du panthéon traditionnel de la Chine, facilitant ainsi la conversion des populations qui étaient attachées aux anciennes figures divines, cela pose néanmoins quelques questions. Pourquoi ne pas faire correspondre Avalokitesvara indien avec une divinité masculine du panthéon chinois ? La réponse me semble basée sur les fonctions de ce bodhisattva, soit la compassion suprême. Cette fonction est plus facilement dévolue aux femmes qu'aux hommes, du moins dans les panthéons traditionnels. Cependant, vous pourriez me rétorquer que Avalokitesvara est un homme dans le bouddhisme indien et qu'il représente, bien sûr, lui aussi la compassion suprême. Cela est vrai. Cependant, il faut s'intéresser aux cadres culturels de la Chine et de l'Inde qui sont radicalement différents. S'il ne fait pas de doute que les deux sociétés sont de nature patriarcale au premier siècle de notre ère, il n'empêche que dans le cadre religieux, les figures divines féminines sont largement plus importantes en Chine qu'en Inde. Dans l'hindouisme, les déesses sont réduites. au second plan, celui de parèdres ou de figures diaboliques comme l'exemple de Kali. La trimurti divine, un tout, soit les figures centrales étant composées de trois divinités masculines, Shiva, Vishnu et Brahma. Bien sûr, la place des déesses a son importance, notamment dans le cadre du tantrisme et des yogas, mais nous entrons ici dans le domaine de l'ésotérisme qui n'a plus rien à voir avec la religion publique. Dans le bouddhisme Mahayana de l'Inde, c'est à peu près la même chose, les bodhisattvas féminins sont quasi inexistants. De ce fait, le bodhisattva de la compassion y est naturellement un homme, sans que cela choque le moins du monde la population. Mais quand le bouddhisme va passer en Chine, le cadre est totalement différent. Les cultes traditionnels possèdent un large panthéon de déesses ayant une importance cosmogonique fondamentale, comme pour l'exemple chez les grecs, les égyptiens ou les celtes. Alors en Chine, on citera notamment Nuwa, la déesse civilisatrice qui crée l'humanité, ou encore Xiangmu, la grande mère reine de l'Ouest qui règne sur le palais des immortels. De fait, le Avalokitesvara indien est devenu une femme sous le nom de Guan Ying, plus adaptée pour représenter la compassion dans la culture chinoise, comme d'ailleurs l'ont aussi fait les chrétiens avec le culte de Marie. D'ailleurs, au commencement du christianisme, le positionnement était basé sur le modèle patriarcal du judaïsme qui ne laisse pas vraiment de place à la figure féminine. C'est Jésus lui-même qui assure le rôle de la grande compassion et il faudra attendre le troisième siècle de notre ère pour que le culte marial se développe suite au cadre culturel des populations nouvellement converties. De plus, cette évolution n'est pas un fait volontaire du christianisme mais plutôt une adaptation de l'église face à la religion. à la subsistance du culte des déesses mères ou magdamatères telles Isis, Déméter ou encore Cybele. Ainsi, le culte de Marie a servi de substitution devenant le symbole chrétien de la compassion suprême héritée du paganisme. De fait, le christianisme, bien que de nature patriarcale à l'origine, a fait une toute petite place à Marie Théocotos ou Marie, mère de Dieu, qui remplit le rôle de grande déesse apportant la compassion pour tous les êtres, mais leur part également son aide dans la voie du salut. Ainsi, vous l'aurez compris, Marie et Guan Yin partagent de profondes similitudes. Dans les deux cas, c'est un héritage des anciennes magnamatères des cultes païens. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Guan Yin, devenue femme, va continuer son périple en Corée, puis au Japon sous le nom de Canon. De la même façon, il serait erroné de dire que le Japon antique était de nature matriarcale. Néanmoins, dans le cadre religieux, les déesses ont toujours eu une bonne place, à l'instar de la Chine ou des Celtes par exemple. C'est facilement observable. La déesse Amaterasu, kami du soleil, est la principale divinité du shintoïsme, la religion traditionnelle du Japon. Ainsi, Kanon sera naturellement l'une des principales figures du bouddhisme japonais. D'ailleurs, l'un des pèlerinages principaux du Japon lui est dédié. C'est le pèlerinage de Kansai Kanon qui compte un circuit de 33 temples dédiés à cette Bodhisattva. On ne manquera pas de faire une nouvelle fois une analogie avec le culte de Marie en France qui compte des centaines de lieux de pèlerinage. Et dernier point qui démontre la proximité entre la figure de Marie et Kanon, lorsque le christianisme fut interdit au Japon en l'année 1614 sous les shoguns Tokugawa, Les quelques chrétiens restants utilisaient la figure de Canon afin de vouer un culte discret à Marie, d'où le nom de Maria Canon au Japon ou de la Vierge Chinoise dans le cas de Guan Yin. Cependant, si le rôle de Marie est limité dans le christianisme à celui de mère de Jésus ou de figure compatissante, il n'en est pas de même pour Guan Yin. Ce Bodhisattva n'est pas seulement une figure passive, mais bel et bien un chemin d'éveil pour accéder à la terre pure d'Amitabha, équivalent du paradis si vous voulez. Sur ce point, Guan Yin ressemble beaucoup plus à Jésus Christ qu'à Marie. Si Jésus-Christ et Avalokitesvara partagent de nombreuses connexions, notamment l'idée de paix et de compassion, ils illustrent surtout le chemin du salut. Les rapprochements sont encore plus vrais avec la version Guan Yin de ce Bodhisattva. Si l'évangile de Jean nous dit, en parlant de Jésus, Je suis le chemin, la vérité et la vie, nul ne vient au Père que par moi eh bien, on pourrait reprendre cette simple phrase dans un cadre bouddhiste et la traduire en ces termes. Moi, Guan Yin, suis le chemin, la vérité et la vie, nul n'accède à la terre pure d'Amitabha que par moi Alors, bien que les doctrines chrétiennes et bouddhistes soient très éloignées, voire antinomiques, ils possèdent néanmoins des archétypes communs. On pourrait rétorquer qu'il existe une différence de taille entre Jésus-Christ et Guan Yin. Le premier a vécu au premier siècle de notre ère, alors que rien ne permet de l'affirmer pour le second, au-delà de la simple légende ou le mythe de Miao Shan. De plus, on nous dira que Jésus-Christ est Dieu fait homme alors que Guan Yin n'est qu'un simple Bodhisattva. Cependant, sur ce deuxième point, c'est oublié un élément essentiel. Un Bodhisattva est déjà un être ayant atteint l'éveil, donc la bouddhéité, mais elle a décidé d'un acte volontaire de rester sur terre afin d'aider ses semblables. Sur ce point, c'est exactement la même idée que Jésus, Dieu lui-même, mais qui s'est fait homme pour apporter la révélation aux hommes. Et enfin, on notera l'analogie la plus importante, la mort et la résurrection. Miaoshan, avec un corps humain, meurt et apporte sa compassion aux enfers, puis revient à la vie comme Jésus. A la suite de cela, Miao Shan s'élèvera à la bouddhéité de la même façon que Jésus retourne aux cieux. Le bilan de ce comparatif illustre à mon sens l'idée d'un archétype invariant qui apparaît naturellement dans toutes ces cultures. On pourrait ainsi faire les mêmes rapprochements avec la figure de Dionysos chez les grecs, Osiris chez les égyptiens ou encore Krishna dans l'hindouisme. Pour aller plus loin dans une lecture ésotérique, La légende chinoise de Miao Shan illustre parfaitement la relation entre Katabase, voyage aux enfers, et Anabase, élévation céleste. Elle présente un schéma commun avec les mythes grecs sur la déification d'un individu suite à un processus initiatique. Bien sûr, les aspects moraux sont spécifiques au bouddhisme Mahayana, mais le cœur du processus se retrouve de la même façon. Pour plus d'explications sur les processus initiatiques à travers le monde, les rites de Katabase et d'Anabase, je vous renvoie à la lecture de mon dernier livre Arcana Mundi, les rites d'initiation, dont vous trouverez le lien en description de cette vidéo. Et pour conclure, je vous citerai le mantra de Guan Yin ou de la grande compassion, HOM MANI PADME HOM. Bien que difficile à traduire, il peut se résumer ainsi. La contemplation suprême du diamant ou du joyau dans le lotus ou la perfection. Nous voici arrivés à la fin de ce voyage et j'espère ne pas vous avoir trop perdu lors de cette enquête qui s'est révélée assez complexe à mettre en forme. Mais bon, le sujet est passionnant et surtout loin d'être épuisé. Il ouvre à mon sens la porte à de nombreuses réflexions quant aux archétypes et aux protomythes à la base de tous les systèmes de croyances. Alors, bien sûr, comme à l'accoutuber, pensez à liker et partager la vidéo si ce travail vous a plu et pensez à vous abonner pour être notifié des prochaines vidéos. Et pour ceux qui le souhaitent, vous pouvez également me soutenir sur Tipeee, un site de financement participatif qui me permet de continuer à vous créer des vidéos de façon libre et indépendante. Sur ce, je vous dis à la semaine prochaine pour de nouvelles vidéos, histoire, archéologie, ésotérisme, sciences occultes, religion et tout un tas d'autres sujets sur la chaîne Arcana les mystères du monde. Et sur ce, portez-vous bien et à très bientôt.

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