Le Temple de Salomon : Histoire, Mythe et Symbolisme cover
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Arcana

Le Temple de Salomon : Histoire, Mythe et Symbolisme

Le Temple de Salomon : Histoire, Mythe et Symbolisme

36min |23/08/2024|

2884

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Description

Partez à la découverte du légendaire Temple de Salomon, un édifice sacré dont la construction, relatée dans les récits bibliques, remonte à 3000 ans. Ce monument mythique continue de fasciner historiens et chercheurs, et demeure un sujet de débat intense : a-t-il réellement existé ou est-il le fruit d’une légende ancienne ?


Au-delà de la simple histoire, nous examinerons également les racines historiques du peuple hébreu, liées à ce temple mystérieux. Nous explorerons également le symbolisme puissant du Temple de Salomon et ses liens profonds avec la franc-maçonnerie, qui puise une grande part de son imaginaire dans cet édifice sacré. Découvrez comment ce symbole a influencé l’histoire, la culture et les sociétés secrètes à travers les siècles.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue pour cette nouvelle vidéo. Alors aujourd'hui, nous allons remonter le temps afin de nous intéresser à l'un des sanctuaires les plus mythiques de l'histoire. S'il est bien un lieu considéré comme sacré par les trois religions monothéistes, c'est bien le temple de Salomon. L'édifice aurait été édifié par le roi Salomon au Xe siècle avant Jésus-Christ et fut détruit quatre siècles plus tard par les Babyloniens. Mais malgré cela, le temple disparu s'est métamorphosé en symbole dans les cénacles ésotériques, à commencer par l'afro-maçonnale. Seulement voilà, le temple de Salomon a-t-il réellement existé sur le plan historique ? Eh bien, rien n'est moins sûr. Alors, dans cette émission d'aujourd'hui, je vous propose de découvrir la légende biblique du temple de Salomon mais aussi l'histoire vraie du temple de Jérusalem, ainsi que la symbolique ésotérique de ce temple mythique. D'après le récit biblique, le temple de Jérusalem fut édifié par le roi Salomon au Xe siècle avant notre ère. Le projet n'ayant pu être réalisé du temps du roi David, c'est son fils qui va édifier le sanctuaire du dieu des cébreux. Voici tout d'abord l'extrait biblique qui concerne le projet. Salomon fit dire à Hiram, Tu sais que David, mon père, n'a pas pu bâtir une maison à l'Éternel, son Dieu, à cause des guerres dont ses ennemis l'ont enveloppé jusqu'à ce que l'Éternel les eût mis sous la plante de ses pieds. Maintenant, l'Éternel, mon Dieu, m'a donné du repos de toutes parts, plus d'adversaires, plus de calamités. Voici, j'ai l'intention de bâtir une maison au nom de l'Éternel, mon Dieu, comme l'Éternel l'a déclaré à David, mon père, en disant. Ton fils, que je mettrai à ta place sur ton trône, ce sera lui qui bâtira une maison à mon nom. Notons que dans ce récit, la création du temple émane de la volonté divine, ce n'est pas un simple caprice des hommes. Il est d'ailleurs stipulé, dans le récit biblique toujours, que le temple sera la maison de l'éternel. Il faut comprendre par là que c'est le lieu où se produit la théophanie ou encore la manifestation du divin si vous préférez. Pour accomplir sa tâche, Salomon sollicite l'aide du roi phénicien Hiram de Tyr, qui lui fournit des ouvriers qualifiés et le bois de cèdre nécessaire pour la construction du bâtiment, qui va s'étaler sur sept années, toujours d'après le récit biblique. Voici d'ailleurs un autre extrait afin de comprendre cette phase de la construction. Lorsqu'il entendit les paroles de Salomon, Hiram eut une grande joie, et il dit Béni soit aujourd'hui l'Éternel, qui a donné à David un fils sage pour chef de ce grand peuple. Et Iram fit répondre à Salomon. J'ai entendu ce que tu m'as envoyé dire. Je ferai tout ce qui te plaira au sujet des bois de cèdre et des bois de cyprès. Mes serviteurs les descendront du Liban à la mer et je les expédierai par mer en radeau jusqu'au lieu que tu m'indiqueras. Là, je les ferai délier et tu les prendras. Ce que je désire en retour, c'est que tu fournisses des vivres à ma maison. Le plan de l'édifice ou le projet architectural fut préalablement donné par la divinité à David, qu'il avait transmis à son fils Salomon. Il y a donc ici une idée de plan divin avec cet édifice. Ce n'est pas un simple bâtiment quelconque, il doit forcément émaner d'une composition symbolique en rapport avec les lois divines et les rites religieux qui doivent y être célébrés. Voici l'extrait en question. David donna à Salomon, son fils, le modèle du portique et des bâtiments des chambres du trésor, des chambres hautes, des chambres intérieures et de la chambre du propriatoire. Il lui donna le plan de tout ce qu'il avait dans l'esprit, touchant les parvis de la maison de l'Éternel et toutes les chambres alentours pour les trésors de la maison de Dieu et les trésors du sanctuaire, et touchant les places des sacrificateurs et des lévites. tout ce qui concernait le service de la maison de l'Eternel et tous les ustensiles pour le service de la maison de l'Eternel. À ce stade, une symbolique importante mérite d'être notée. Dans la tradition biblique, David est le roi guerrier par excellence qui établit le royaume mythique d'Israël dans ses frontières. Mais à contrario, Salomon est le roi de la paix, celui qui doit assurer la prospérité et l'avenir du royaume. De ce fait, c'est à Salomon que revient la tâche d'édification du temple, qui devient un symbole d'unité entre le peuple d'Israël et la divinité. Un seul temple, un seul dieu, un seul peuple. Ainsi, toujours d'après le récit légendaire, le temple fut bâti sur le mont Moria, qui correspond à l'actuel mont du temple à Jérusalem. Ce lieu, éminemment symbolique dans le récit biblique, correspond à l'endroit où Isaac faillit être sacrifié par son père Abraham. C'est un lieu qui marque l'obéissance et la soumission suprême à la divinité. Notons à ce stade que l'architecture sur les hauteurs est un classique de la religion antique en réalité. Les cieux étant associés à la demeure de la ou les divinités. Les montagnes font office de lieu de contact ou de communication. Cette approche symbolique n'est pas réservée aux seuls hébreux. On la retrouve dans la plupart des cultes antiques mais également ultérieurs. La montagne étant une sorte d'axis mundi naturel, un escalier céleste qui permet de connecter le monde des hommes et le monde des dieux. Pour le moment, revenons au récit biblique. La construction du temple va durer pendant sept années sans qu'aucune pierre ne soit taillée à l'intérieur de l'édifice. On notera l'importance du symbolisme dans les dimensions et le décorum du monument. Pour cela, voici un long passage biblique concernant la construction du temple et la démesure du projet. La maison que le roi Salomon bâtit à l'éternel avait 60 coudées de longueur, 20 de largeur et 30 de hauteur. Le portique devant le temple de la maison avait vingt coudées de longueur répondant à la largeur de la maison et dix coudées de profondeur sur la face de la maison. Le roi fit à la maison des fenêtres solidement grillées. Il bâtit, contre le mur de la maison, des étages circulaires qui entouraient les murs de la maison, le temple et le senteur. Et il fit des chambres latérales tout autour. L'étage inférieur était large de cinq coudées. celui du milieu de six coudées et le troisième de sept coudées, car il ménagea des retraites à la maison tout autour en dehors, afin que la charpente n'entra pas dans les murs de la maison. Lorsqu'on bâtit la maison, on se servit de pierres toutes taillées, et ni matériaux, ni haches, ni aucun instrument de fer ne furent entendus dans la maison pendant qu'on la construisait. L'entrée des chambres de l'étage inférieur était au côté droit de la maison. On montait à l'étage du milieu par un escalier tournant et de l'étage du milieu au troisième. Après avoir achevé de bâtir la maison, Salomon la couvrit de planches et de poutres de cèdre. Il donna cinq coudées de hauteur à chacun des étages qui entouraient toute la maison et il les lia à la maison par des bois de cèdre. L'Éternel adressa la parole à Salomon et lui dit Tu bâtis cette maison. Si tu marches selon mes lois, si tu pratiques mes ordonnances, si tu observes et suis tous mes commandements, j'accomplirai à ton égard la promesse que j'ai faite à David, ton père. J'habiterai au milieu des enfants d'Israël et je n'abandonnerai point mon peuple d'Israël. Après avoir achevé de bâtir la maison, Salomon en revêtit intérieurement les murs de planches de cèdre depuis le sol jusqu'au plafond. Il revêtit ainsi de bois intérieur et il couvrit le sol de la maison de planches de cyprès. Il revêtit de planches de cèdre les 20 coudées du fond de la maison depuis le sol jusqu'au haut des murs. Il les réserva cet espace pour en faire le sanctuaire, le lieu très sain. Les 40 coudées sur le devant formaient la maison, c'est-à-dire le temple. Le bois de cèdre, à l'intérieur de la maison, offrait des sculptures de colocynthes et de fleurs épanouies. Tout était de cèdre et on ne voyait aucune pierre. Salomon établit le sanctuaire intérieurement au milieu de la maison pour y placer l'arche de l'Alliance de l'Éternel. Le sanctuaire avait vingt coudées de longueur, vingt coudées de largeur et vingt coudées de hauteur. Salomon le couvrit d'or pu. Il fit devant le sanctuaire un autel de bois de cèdre et le couvrit d'or. Il couvrit d'or pur l'intérieur de la maison et il fit passer le voile dans des chaînettes d'or devant le sanctuaire qu'il couvrit d'or. Il couvrit d'or toute la maison, la maison toute entière et il couvrit d'or tout l'autel qui était devant le sanctuaire. Il fit dans le sanctuaire deux chérubins de bois d'olivier sauvage ayant dix coudées de hauteur. Chacun des deux ailes de l'un des chérubins avait cinq coudées, ce qui faisait dix coudées de l'extrémité d'une des ailes à l'extrémité de l'autre. Le second chérubin avait aussi dix coudées. La mesure et la forme étaient les mêmes pour les deux chérubins. La hauteur de chacun des deux chérubins était de dix coudées. Salomon plaça les chérubins au milieu de la maison, dans l'intérieur. Leurs ailes étaient déployées. L'aile du premier touchait à l'un des murs et l'aile du second touchait à l'autre mur. Et leurs autres ailes se rencontraient par l'extrémité au milieu de la maison. Salomon couvrit d'or les chérubins. Il fit sculpter sur tout le pourtour des murs de la maison, à l'intérieur et à l'extérieur, des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies. Il couvrit d'or le sol de la maison, à l'intérieur et à l'extérieur. Il fit à l'entrée du sanctuaire une porte à deux bâtons de bois d'olivier sauvage. L'encadrement avec les poteaux équivalait à un cinquième du mur. Les deux bâtons étaient de bois d'olivier sauvage. Il y fit sculpter des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies, et il les couvrit d'hommes. Il étendit aussi l'or sur les chérubins et sur les palmes. Il y fit de même pour la porte du temple, les poteaux de bois d'olivier sauvage, ayant le quart de la dimension du mur, et deux bâtons de bois de cyprès. Chacun des bâtons était formé de deux planches brisées. Il fit sculpter des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies, et il les couvrit d'or, qu'il étendit sur la sculpture. Il bâtit le parvis intérieur de trois rangées de pierres de taille et d'une rangée de poutres de sel. La quatorzième année, au mois d'Osive, les fondements de la maison de l'Éternel furent posés. La onzième année, au mois d'Obule, qui est le huitième mois, la maison fut achevée dans toutes ses parties et telle qu'elle devait être. Salomon la construisit dans l'espace de sept années. Voici la fin de ce long récit sur l'édification du temple. Ce dernier devient le cœur ou l'épicentre de la religion des Hébreux, le seul et unique sanctuaire pour le Dieu unique. Le texte biblique nous fait le portrait d'un lieu majestueux, aux dimensions impressionnantes et répondant à des codes géométriques précis, voire même symboliques. Si l'édifice est le lieu central du culte, là où se manifeste la théophanie, c'est également en son sein que sont conservées les reliques les plus importantes de la religion des Hébreux. A commencer par l'arche d'Alliance qui contient les tables de la loi de Moïse, ou encore la Ménorah, le chandelier à cette branche, ainsi que nombre d'autres trésors plus communs. Par la suite, un autre événement du récit mythique doit attirer notre intérêt. C'est le pillage du temple de Salomon lors du règne de son successeur, Roboam, et je vous cite un extrait du texte. La cinquième année du règne de Roboam, Shishak, roi d'Egypte, monta contre Jérusalem. Il prit les trésors de la maison de l'Éternel et les trésors de la maison du roi. Il prit tout, il prit tous les boucliers d'or que Salomon avait fait. Ici, on nous présente l'invasion du pharaon Shishak sur le royaume épreu ainsi que le pillage du temple par ce même pharaon. C'est ici que certains hypothétisent le déplacement de l'Arche d'Alliance en Égypte, ce qui sera d'ailleurs l'objet du film Indiana Jones à la recherche de l'Arche perdue Mais au-delà du récit mythique, ce qui nous intéresse, c'est la contextualisation historique que nous offre cette histoire. Nous allons y revenir dans la partie suivante. Dans la suite du récit biblique, le Temple continue à prospérer pendant quelques siècles jusqu'à sa destruction par les armées de Nabucodonosor II en 586 avant J.-C. Cet événement est présenté comme un fléau divin envoyé sur le peuple hébreu en raison de leur perte de foi. Ces derniers se sont détournés de l'enseignement de Moïse et Yahvé envoie les Babyloniens sous forme d'un châtiment divin. C'est ici que se termine l'histoire des Hébreux avec leur déportation dans la cité de Babylone, mais c'est aussi ici que commence l'histoire des Juifs lorsqu'ils retourneront dans la ville de Jérusalem pour y bâtir le second temple sur les ruines du précédent. Toute cette histoire est de l'ordre de la légende bien entendu, et si certains événements historiques se retrouveront de façon romancée, une bonne part forme le mythe fondateur du temple de Salomon. Alors maintenant, quittons le récit biblique et la mythologie pour étudier cette affaire sur le plan de l'histoire et de l'archéologie. Sur un aspect plus historique, il n'existe aucun élément archéologique qui permet de valider l'existence réelle du temple de Salomon. et encore moins aux dates bibliques supposées, soit au Xe siècle avant Jésus-Christ. En premier lieu, aucun élément ne permet de penser que la monarchie unifiée d'Israël, des règnes de David et Salomon, ait réellement existé. Même dans le cas où ceci fut réel, Israël ne représentait pas, dans tous les cas, une grande puissance, contrairement à ce qu'affirme l'Horestie biblique. C'était au mieux un petit état sans réelle influence géopolitique de ce temps. Il semble donc peu probable qu'un édifice aussi majestueux ait existé à Jérusalem au Xe siècle avant notre ère. Vous pourriez me dire que la fameuse expédition du pharaon Shishak lors du règne de Roboam a pourtant bel et bien existé. Eh bien, c'est vrai. Mais en réalité, le pharaon porte le nom de Sheshon Ier et a régné sur l'Egypte entre 945 et jusqu'à 924 avant Jésus-Christ. Sur le plan des dates, cela est cohérent. Alors si l'expédition militaire du pharaon a bel et bien eu lieu, notons qu'à aucun moment il ne mentionne la ville de Jérusalem, ni même les hypothétiques trésors qu'il y aurait pillés. Pourtant, le pharaon n'est pas avare et ne manque pas de faire inscrire la liste de ses nombreux exploits des villes conquises et pillées au Proche-Orient. Alors, pourquoi ne cite-t-il pas la cité de Jérusalem ? Eh bien en fait, la raison est relativement simple. Les éléments archéologiques nous montrent que dans ce créneau de date, Jérusalem était plus proche du village que de la ville. Elle n'avait donc aucune importance stratégique ni même économique pour le pharaon d'Egypte. A cette période, il ne s'agissait pas d'un centre important et ne pouvait de fait pas avoir des trésors aussi considérables, du moins pas ceux qu'on lui prête dans la Bible. De plus, le lieu semble avoir été occupé par un petit nombre d'habitants, proche des 3000 personnes, sensiblement toujours au Xe siècle avant notre ère. Ce ne sera qu'au VIIIe siècle avant notre ère que Jérusalem va commencer à prendre de l'importance dans la région. Alors, de fait, si un temple d'importance fut édifié sur ce site, ce n'est probablement pas avant cette période. Alors, pour appuyer mon propos, je me base principalement sur les travaux de l'archéologue Israel Finkelstein. Il est probable que le premier temple de Jérusalem fût édifié sous les règnes des rois Ézéchias ou éventuellement Josias, soit au VIIe siècle avant Jésus-Christ. On pourrait rétorquer que le texte biblique est plus ancien, puisqu'il est censé dater de la période de Moïse et de ses successeurs directs, Joshua, Samuel, etc. Mais la réponse est tout aussi simple. En premier lieu, l'existence de Moïse n'est pas prouvée sur le plan historique, pas plus que celle de Josias ou de Samuel et des premiers rois. Et l'étude de la Bible présente plusieurs incohérences chronologiques, mettant en doute sa date de composition qui est de fait tout aussi légendaire. Alors cette fois-ci, en m'appuyant sur les travaux du professeur Thomas Rohmer, il me semble plus crédible que les textes bibliques ne furent pas composés avant le 7e siècle, soit la période de règne des rois Josias et Hésékias, et donc de façon concomitante avec l'édification réelle du temple de Jérusalem. Il est probable que les érudits de cette époque aient composé la Torah ainsi que les récits de David et de Salomon pour légitimer les désirs de conquête du roi Vosias en se référant à un passé mythique. Pour le comprendre, il nous faut faire un petit point historique sur cette époque. Ce moment de l'histoire des Hébreux est particulièrement important. Au 8e siècle avant notre ère, il existait deux royaumes hébreux, celui de Samarie ou le royaume du Nord et celui de Juda ou le royaume du Sud où se situe Jérusalem. Si le royaume du Nord a rayonné et ce depuis le 9e siècle avant JC, le petit royaume du Sud n'a pas vraiment fait parler de lui. Mais en 722 avant Jésus-Christ, le royaume du Nord est conquis par les armées assyriennes et une bonne part de la population va migrer vers le petit royaume du Sud. Alors ce petit état, enclavé, va alors rapidement se développer et c'est probablement ici que le temple de Jérusalem sera édifié. Il me semble important de noter que préalablement, les Hébreux du royaume du Nord ou de Samarie possédaient déjà un sanctuaire d'importance dans la ville de Bethel. Et pendant longtemps, le royaume de Juda a vécu dans l'ombre du royaume du Nord et le lieu le plus saint des Hébreux était naturellement celui de Bethel et absolument pas Jérusalem. Mais avec la chute du royaume de Samarie et le développement du royaume de Juda au sud, le sanctuaire de Jérusalem va progressivement supplanter celui de Bethel. Alors, lors du règne du roi Josias, soit entre 640 et 609 avant Jésus-Christ, ce dernier va souhaiter conquérir les anciennes terres de Samarie ou le royaume du Nord. Pour cela, il s'appuie sur le mythe de la monarchie unifiée de David et de Salomon et sur l'ancien temple mythique qui aurait déjà été présent à Jérusalem afin de renforcer son pouvoir. On peut même supposer que ce soit en réalité le temple de Bethel qui ait servi de modèle pour le temple mythique de Salomon. Les dates, du moins, seraient déjà beaucoup plus cohérentes. Pour revenir à Jérusalem, quelle que soit la datation exacte du monument et son édificateur, le temple de Jérusalem sera bel et bien détruit par les armées babylodiennes de Nabucodonosor en 586 avant Jésus-Christ. Sur ce point, le récit biblique est fidèle à la réalité historique. Et comme vous l'aurez compris, c'est d'ailleurs toute la difficulté de ce texte car il mélange les éléments historiques avec des récits légendaires. Dans la suite des événements, les Hébreux du royaume du Sud seront envoyés en captivité à Babylone et ce n'est qu'une cinquantaine d'années plus tard qu'ils pourront retrouver leur terre ancestrale. Cela coïncide avec la chute de l'Empire babylonien et la naissance de l'Empire perse de Cyrus le Grand. Mais à ce stade, l'ancien royaume de Juda est devenu une province de l'Empire perse hachimédine, ce n'est plus un état indépendant. C'est la naissance de la province de Judée et ses habitants, les juifs, sont les descendants des Hébreux du royaume de Juda. De retour d'exil, l'architecte Zorobabel va entreprendre l'édification d'un nouveau temple sur les ruines du précédent. Et ce lieu va devenir le cœur de la religion juive pour plusieurs siècles, malgré les occupations perses, grecques, romaines qui se succéderont au cours du temps. Il me semble important à ce stade de vous rappeler qu'une bonne part des écrits bibliques seront également composés lors de cette période. A commencer par le livre de la Genèse, qui certes est le premier dans le texte, mais n'a pas été écrit en premier, car il reprend une bonne part des mythes mésopotamiens qui ont été collectés lors de la période de l'exil à Babylone. Au niveau du temple de Zorobabel, appelé couramment le second temple, contrairement au temple de Salomon, qui est probablement mythique ou du moins édifié seulement au 7e siècle avant JC, celui de Zorobabel est bel et bien réel, mais il n'a rien de commun avec les descriptions bibliques du temple mythique. Il possède tout d'abord une architecture qui est en tout point cohérente avec les styles proches orientaux de la même époque. Quelques temps plus tard, au premier siècle avant notre ère, suite aux guerres et aux tumultes de la région, le temple avait souffert des affres du temps. Et c'est Hérode le Grand qui va entreprendre un grand chantier de restauration. Le temple de Jérusalem prendra alors le nom d'usage de temple d'Hérode, mais ce monument sera lui aussi détruit en l'an 70 de notre ère par les légions romaines de l'empereur Titus. Depuis lors, la littérature judaïque prophétise la création d'un troisième temple lorsque le peuple juif aura retrouvé sa terre natale, ce qui est aujourd'hui partiellement le cas avec la création du pays d'Israël en l'année 1947. Néanmoins, le temple ne fut pas rebâti, en partie dû à la présence d'autres monuments religieux sur le mont du temple, soit l'emplacement du temple d'Hérode et préalablement du temple de Zorobabel. Lorsque les musulmans ont conquis le Proche-Orient au VIIe siècle de notre ère face aux chrétiens byzantins, ils ont édifié plusieurs mosquées sur le mont du temple, lieu supposé du temple de Salomon mais bien réel du temple de Zorobabel. Notamment la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher vers environ l'an 685 de notre ère. Plus tard, lors des croisades, sont les chrétiens qui s'emparent de Jérusalem en 1099 et prennent possession du mont du Temple. Alors le Dôme du Rocher sera provisoirement transformé en église, le Templum Domini, et la mosquée Al-Aqsa deviendra le siège de l'ordre du Temple, d'où leur nom de Templi. Le mont du Temple va repasser dans les mains des musulmans en 1187, puis finalement revenir aux juifs après la guerre des six jours en 1967. En réalité, le mont du Temple est sur le territoire palestinien, mais l'état d'Israël possède un contrôle tacite sur le secteur. Bien que la chronologie historique soit plus complexe, elle nous montre l'importance symbolique attachée par les trois religions du livre au mont du Temple et à l'hypothétique Temple de Salomon. De nos jours, le mur des Lamentations est considéré comme un vestige du second temple, celui de Zorobabel, et représente le lieu le plus sain du judaïsme. Dans les faits, le mur des Lamentations, ou mur occidental, est en réalité un vestige de l'esplanade du temple d'Hérod, mais à aucun moment il ne fit partie du temple de Salomon, qui, pour sa part, se cache dans le royaume des mythes. Alors, je pense que vous commencez à comprendre la problématique. Comment un temple qui n'a aucune validité historique a pu inspirer autant de mythes et stimuler l'imaginaire de plusieurs sociétés initiatiques ? Comment un bâtiment imaginaire a pu devenir le symbole de la perfection architecturale ? Et bien c'est ce que nous allons tenter de voir dans la suite de cette vidéo. Au cœur de la période médiévale, l'église et les rois se réfèrent toujours aux rois mythiques David et Salomon ainsi qu'aux fameux temples. Tel le concept du mythe de l'éternel retour cher à Mircea Eliade, le temple et la monarchie unifiée d'Israël représentent une sorte d'âge d'or aux yeux des croyants aussi bien juifs que chrétiens. Ainsi, pour les juifs, ils attendent le retour du Messie et la reconstruction du temple pour la troisième fois. De leur côté, les chrétiens prennent le modèle symbolique du temple de Salomon pour édifier leur cathédrale. Bien sûr, le style architectural est totalement différent, mais au vu des représentations artistiques du temple de Salomon à l'époque médiévale, on peut clairement voir l'inspiration symbolique. La différence principale vient du fait que le temple de Salomon était censé être un lieu unique pour le culte de Yahvé, alors que les églises et cathédrales chrétiennes sont autant de maisons de la divinité disséminées sur tout le territoire. En réalité, l'unicité du temple dans la culture hébraïque s'explique par la taille réduite du territoire, ce qui le rendait accessible pour chaque individu, ce qui n'est évidemment pas le cas du christianisme qui nécessite de nombreux octuaires à travers tout le monde chrétien. Pour illustrer mon propos et la portée symbolique du temple de Salomon dans le cadre du christianisme, je vous cite un extrait issu d'un manuscrit appartenant à une confrérie de bâtisseurs composée en 1410. L'art y fut exercé et les instructions observées ainsi que le prouve la construction du temple de Salomon que commença le roi David. Le roi David aimait bien les maçons et leur donna des instructions fort proches de ce qu'elles sont aujourd'hui. La construction du temple au temps de Salomon, comme il est dit dans la Bible au premier livre des rois chapitre 5, Salomon avait 80 000 maçons sur son chantier et le fils du roi de Tyr était son maître maçon. Il est dit chez d'autres chroniqueurs et en de vieux livres de maçonnerie que Salomon confirma les instructions que David, son père, avait données aux maçons. Et Salomon lui-même leur enseigna leurs coutumes, peu différentes de celles en usage aujourd'hui. Et dès lors, cette noble science fut portée en France et en bien d'autres régions. Il y eut autrefois un noble roi de France qui s'appelait Carolus Secondus, c'est-à-dire Charles II. Et ce Charles fut choisi roi de France par la grâce de Dieu et aussi de sa naissance. Certains disent qu'il fut choisi par suite des événements, ce qui est faux puisque selon la chronique, il était du sang des rois. Ce même roi Charles fut maçon avant d'être roi. Après être devenu roi, il accorda l'affection et protection aux maçons et leur donna des instructions et coutumes de son invention, qui sont encore en usage en France. Il leur ordonna aux maîtres et compagnons de tenir une assemblée une fois par an, d'y venir discuter et prendre des mesures concernant tout ce qui n'irait pas. Cet extrait que je viens de vous citer est issu du manuscrit Cook, un document qui sera par la suite utilisé dans le cadre de la franc-maçonnerie. Ce document nous présente le temple de Salomon comme l'œuvre la plus parfaite et que chaque chantier de cathédrale doit aspirer à la même perfection. Pour cela, la science de la maçonnerie fut transmise de génération en génération via une chaîne de transmission ininterrompue, bien que mythique, vous l'aurez tout à fait compris. Alors maintenant, voyons plus en détail la légende du temple de Salomon et surtout sa symbolique au sein de la franc-maçonnerie. Dans le cadre de la franc-maçonnerie, la légende du temple de Salomon est omniprésente. On trouve tout d'abord plusieurs occurrences dans les rituels, notamment les instructions morales qui sont lues aux apprentis du régime écossais rectifié, dont voici un extrait. Les trois coups sur le cœur vous désignent l'union presque inconcevable qui est en vous de l'esprit, de l'âme et du corps, qui est le grand mystère de l'homme et du maçon figuré par le temple de Salomon. Le tapis que vous voyez devant vous représente le temple fameux qui fut élevé à Jérusalem par le grand roi Salomon à la gloire du grand architecte de l'univers. Il est le type fondamental de la franc-maçonnerie et l'objet continuel des profondes méditations des maçons. Vous ne sauriez donc trop vous attacher à étudier le sens de tous les symboles qu'il vous offre. Dans les instructions maçonniques de ce rite, le temple de Salomon est placé en analogie avec l'homme. Ce dernier doit se construire et se perfectionner grâce à tous les outils que lui propose la maçonnerie. L'homme serait lui-même un temple en construction, au sens microcosme, composé d'une double nature, spirituelle et matérielle. Et inversement, le temple de Salomon représente le macrocosme et le modèle de perfection à atteindre. Alors bien sûr... Le temple des récits bibliques n'a probablement jamais existé sur un plan historique, mais ce dernier devient un symbole et même un arc éthique pour les francs-maçons. Voici un second extrait, toujours dans les instructions du grade d'apprenti au régime rectifié. Que représente la loge ? Le temple de Salomon réédifié mystiquement par les francs-maçons. Pourquoi le temple de Salomon sert-il d'emblème aux francs-maçons ? Pour leur rappeler qu'ils doivent bâtir dans leur cœur un temple à la vertu et tâcher de le rendre aussi parfait que celui qui fut achevé par Salomon à la gloire du grand architecte de l'univers. Si les francs-maçons travaillent à réédifier le temple, c'est en premier lieu que ce dernier est détruit. Mais ici, les francs-maçons ne nous parlent pas du temple au sens physique, mais de l'édifice au sens mystique. Si l'on reprend l'analogie entre l'homme et le temple, cela voudrait dire que c'est l'homme qui est brisé en réalité. Et sur ce plan, ce récit devient une allégorie de la chute de l'homme après l'épisode du jardin d'Éden. Alors toujours avec une double lecture, sur le plan tout d'abord du microcosme, l'homme aurait perdu le lien avec le divin ou sa nature spirituelle et se trouverait ainsi piégé dans la matière. Le travail du franc-maçon consisterait de fait à reconstruire ce lien d'union mais à l'échelle individuelle. Le temple de Salomon étant le lieu de la théophanie pour les hébreux, si l'homme est un temple, cela illustre l'union du corps et de l'esprit et donc de la nature divine. Mais en deuxième lecture, sur le plan du macrocosme, les frères d'une loge forment l'égrégore qui réédifie le temple lors de chaque tenue, chaque individu devenant l'une des pierres de l'édifice. Le temple de Salomon y devient alors l'humanité dans sa forme la plus parfaite. Mais la question qui se pose, c'est pourquoi les francs-maçons prennent le temple de Salomon spécifiquement en référence. Après tout, le grand temple des Hébreux n'est pas le seul à représenter la fonction théophanique d'union des hommes avec le divin. Pour prendre quelques exemples, le Parthénon d'Athènes, ou le temple de la Magdamater à Rome, et bien d'autres sanctuaires de l'Antiquité, illustrent les mêmes concepts, de plus, ils ont réellement existé. Mais la raison en fait est relativement simple. Les précurseurs de la franc-maçonnerie, au XVII et du VIIIe siècle, étaient tous de tradition chrétienne, catholique ou protestante. Ils ont utilisé l'édifice le plus admirable de leur religion, qu'il soit réel ou mythique. Ensuite, l'élément suivant est l'aspect du rite. Les francs-maçons se réunissent dans une loge, mais pas dans le temple, puisque celui-ci est techniquement ou symboliquement détruit et qu'il doit justement être reconstruit. C'est donc à chaque cérémonie que les francs-maçons entrent dans la loge et réédifient ou reconstruisent le temple via une cérémonie théophanique ou un égrégore. Encore une fois, nous sommes clairement ici face au mythe de l'éternel retour tel que défini par Mircea Eliade. Dans toutes les traditions rituelles de l'humanité, les cérémonies ont toujours pour but de revenir mystiquement au temps parfait des origines via un jeu scénique. C'est l'eucharistie chrétienne qui rejoue le dernier repas du Christ, c'est la fête eulésénienne qui rejoue la recherche de Perséphone par Déméter, ou encore les aborigènes Arunta qui célèbrent chaque année la création du monde autour de l'Eucharistie. du totem sacré. C'est le retour de l'âge d'or, le moment parfait où le sacré est connecté à la matière, où l'homme est connecté au divin. Mais bien au-delà de la franc-maçonnerie, vous aurez bien compris que le temple de Salomon pourra être utilisé comme symbole par toutes les traditions ésotériques qui se revendiquent de la Bible. Judaïsme, christianisme, islam portent ces éléments en commun, soit l'idée du Saint des Saints, le lieu de communication avec le divin. Bien sûr, le symbole du temple de Salomon n'aurait aucune puissance évocatoire pour les personnes qui se placent hors de la tradition biblique. D'ailleurs, les autres religions de la planète ou les traditions ésotériques possèdent aussi leur propre lieu réel ou imaginaire qui véhicule les mêmes concepts. Alors pour ma part, je pense que le temple de Salomon n'est qu'un nom pour désigner un concept symbolique et certains lui en préféreront d'autres plus adaptés à leur cadre religieux et leurs références culturelles. Et justement, dans la dernière partie de cette vidéo, nous allons sortir du cadre limitatif des religions abrahamiques pour nous intéresser au concept du temple de la haute science tel que défili par l'occultiste Pierre-Vencent Tipiob. Dans un cadre ésotérique, l'individu qui entreprend la quête des mystères va toujours chercher à accéder à un temple symbolique, un lieu de connaissance ou de gnose qui peut le réconcilier avec sa nature divine transcendantale. Je précise que j'utilise le terme mystère dans son sens originel qui voulait dire l'initiation aux choses du sacré et non pas seulement au terme choses bizarres ou choses étranges ou choses incompréhensibles qui est utilisé dans le langage courant. Pour les adeptes des mystères, accéder à ce temple correspond à produire la théophanie personnelle suivant les termes, on l'appellera, éveil mystique, illumination ou encore le satori. Dans cette lecture, le temple de la haute science de Pierre Piobe, le temple de Salomon des francs-maçons, le tombeau de Christian Rosenkreuz pour les rosicruciens ou encore le mandala du Tai-Zhokai des bouddhistes Shingon, deviennent tous respectivement des lieux symboliques où se trouve la gnose ou les mystères du sacré au sens large. Et l'on pourrait dire qu'il s'agit simplement de chemins différents pour accéder à la même chose. Pierre Piobe nous disait justement qu'il existait plusieurs portes à ce temple symbolique. Et si l'on revient au concept microcosme de l'individu, Le temple, ce serait nous. Et la réponse se trouverait donc dans le labyrinthe des questions et des réponses, comme le disait Hugo Pratt. Il y a ici l'idée d'un pèlerinage intellectuel, et bien sûr, celui-ci peut être accompagné de cérémonies dans un lieu bien réel afin d'unir le corps et l'esprit. A ce niveau, le temple de Salomon devient bien plus qu'un simple monument en l'honneur d'une quelconque divinité. Il est la représentation du lien détruit entre l'homme et sa propre nature divine. De ce fait, son existence réelle n'a plus vraiment d'intérêt dans cette lecture. Et heureusement, car son historicité est loin d'être prouvée. Alors bien qu'étant probablement un lieu imaginaire, le temple de Salomon n'en est pas moins un concept d'une grande richesse dans une perspective ésotérique. Et c'est sûrement pour cette raison que son succès ne se dément pas au gré des siècles. Nous voici arrivés à la fin de ce voyage et j'espère avoir éveillé votre intérêt pour ce sujet. Pour ceux d'entre vous qui souhaiteraient en apprendre plus, je vous recommande deux de mes anciennes vidéos qui traitent respectivement de l'histoire de Moïse et de l'exode des Hébreux entre mythe et réalité, ainsi que ma vidéo sur l'histoire des royaumes hébreux, le royaume de Samarie et le royaume de Juda, mais aussi les hypothétiques règnes de David et Salomon. Vous pourrez également, si vous le souhaitez, vous procurer mon dernier livre Arcanamundi, les rites initiatiques où je développe plus en détail toutes les symboliques autour des temples à mystère. Tous les liens se trouvent en description sous la vidéo. Alors, comme à l'habitude, pensez à liker et partager la vidéo si ce travail vous a plu et pensez également à vous abonner pour être notifié des prochaines vidéos à venir si ce n'est pas encore le cas. Et pour ceux qui le souhaitent, vous pouvez également me soutenir dans mon travail en faisant un don sur Tipeee. Cela vous donne accès en contrepartie aux vidéos privées de l'Académie. Dans tous les cas, de mon côté, je vous dis à très bientôt pour de nouvelles enquêtes historiques, ésotériques... mais également mythologique sur la chaîne Arcana les mystères du monde. Et sur ce, à très bientôt.

Description

Partez à la découverte du légendaire Temple de Salomon, un édifice sacré dont la construction, relatée dans les récits bibliques, remonte à 3000 ans. Ce monument mythique continue de fasciner historiens et chercheurs, et demeure un sujet de débat intense : a-t-il réellement existé ou est-il le fruit d’une légende ancienne ?


Au-delà de la simple histoire, nous examinerons également les racines historiques du peuple hébreu, liées à ce temple mystérieux. Nous explorerons également le symbolisme puissant du Temple de Salomon et ses liens profonds avec la franc-maçonnerie, qui puise une grande part de son imaginaire dans cet édifice sacré. Découvrez comment ce symbole a influencé l’histoire, la culture et les sociétés secrètes à travers les siècles.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue pour cette nouvelle vidéo. Alors aujourd'hui, nous allons remonter le temps afin de nous intéresser à l'un des sanctuaires les plus mythiques de l'histoire. S'il est bien un lieu considéré comme sacré par les trois religions monothéistes, c'est bien le temple de Salomon. L'édifice aurait été édifié par le roi Salomon au Xe siècle avant Jésus-Christ et fut détruit quatre siècles plus tard par les Babyloniens. Mais malgré cela, le temple disparu s'est métamorphosé en symbole dans les cénacles ésotériques, à commencer par l'afro-maçonnale. Seulement voilà, le temple de Salomon a-t-il réellement existé sur le plan historique ? Eh bien, rien n'est moins sûr. Alors, dans cette émission d'aujourd'hui, je vous propose de découvrir la légende biblique du temple de Salomon mais aussi l'histoire vraie du temple de Jérusalem, ainsi que la symbolique ésotérique de ce temple mythique. D'après le récit biblique, le temple de Jérusalem fut édifié par le roi Salomon au Xe siècle avant notre ère. Le projet n'ayant pu être réalisé du temps du roi David, c'est son fils qui va édifier le sanctuaire du dieu des cébreux. Voici tout d'abord l'extrait biblique qui concerne le projet. Salomon fit dire à Hiram, Tu sais que David, mon père, n'a pas pu bâtir une maison à l'Éternel, son Dieu, à cause des guerres dont ses ennemis l'ont enveloppé jusqu'à ce que l'Éternel les eût mis sous la plante de ses pieds. Maintenant, l'Éternel, mon Dieu, m'a donné du repos de toutes parts, plus d'adversaires, plus de calamités. Voici, j'ai l'intention de bâtir une maison au nom de l'Éternel, mon Dieu, comme l'Éternel l'a déclaré à David, mon père, en disant. Ton fils, que je mettrai à ta place sur ton trône, ce sera lui qui bâtira une maison à mon nom. Notons que dans ce récit, la création du temple émane de la volonté divine, ce n'est pas un simple caprice des hommes. Il est d'ailleurs stipulé, dans le récit biblique toujours, que le temple sera la maison de l'éternel. Il faut comprendre par là que c'est le lieu où se produit la théophanie ou encore la manifestation du divin si vous préférez. Pour accomplir sa tâche, Salomon sollicite l'aide du roi phénicien Hiram de Tyr, qui lui fournit des ouvriers qualifiés et le bois de cèdre nécessaire pour la construction du bâtiment, qui va s'étaler sur sept années, toujours d'après le récit biblique. Voici d'ailleurs un autre extrait afin de comprendre cette phase de la construction. Lorsqu'il entendit les paroles de Salomon, Hiram eut une grande joie, et il dit Béni soit aujourd'hui l'Éternel, qui a donné à David un fils sage pour chef de ce grand peuple. Et Iram fit répondre à Salomon. J'ai entendu ce que tu m'as envoyé dire. Je ferai tout ce qui te plaira au sujet des bois de cèdre et des bois de cyprès. Mes serviteurs les descendront du Liban à la mer et je les expédierai par mer en radeau jusqu'au lieu que tu m'indiqueras. Là, je les ferai délier et tu les prendras. Ce que je désire en retour, c'est que tu fournisses des vivres à ma maison. Le plan de l'édifice ou le projet architectural fut préalablement donné par la divinité à David, qu'il avait transmis à son fils Salomon. Il y a donc ici une idée de plan divin avec cet édifice. Ce n'est pas un simple bâtiment quelconque, il doit forcément émaner d'une composition symbolique en rapport avec les lois divines et les rites religieux qui doivent y être célébrés. Voici l'extrait en question. David donna à Salomon, son fils, le modèle du portique et des bâtiments des chambres du trésor, des chambres hautes, des chambres intérieures et de la chambre du propriatoire. Il lui donna le plan de tout ce qu'il avait dans l'esprit, touchant les parvis de la maison de l'Éternel et toutes les chambres alentours pour les trésors de la maison de Dieu et les trésors du sanctuaire, et touchant les places des sacrificateurs et des lévites. tout ce qui concernait le service de la maison de l'Eternel et tous les ustensiles pour le service de la maison de l'Eternel. À ce stade, une symbolique importante mérite d'être notée. Dans la tradition biblique, David est le roi guerrier par excellence qui établit le royaume mythique d'Israël dans ses frontières. Mais à contrario, Salomon est le roi de la paix, celui qui doit assurer la prospérité et l'avenir du royaume. De ce fait, c'est à Salomon que revient la tâche d'édification du temple, qui devient un symbole d'unité entre le peuple d'Israël et la divinité. Un seul temple, un seul dieu, un seul peuple. Ainsi, toujours d'après le récit légendaire, le temple fut bâti sur le mont Moria, qui correspond à l'actuel mont du temple à Jérusalem. Ce lieu, éminemment symbolique dans le récit biblique, correspond à l'endroit où Isaac faillit être sacrifié par son père Abraham. C'est un lieu qui marque l'obéissance et la soumission suprême à la divinité. Notons à ce stade que l'architecture sur les hauteurs est un classique de la religion antique en réalité. Les cieux étant associés à la demeure de la ou les divinités. Les montagnes font office de lieu de contact ou de communication. Cette approche symbolique n'est pas réservée aux seuls hébreux. On la retrouve dans la plupart des cultes antiques mais également ultérieurs. La montagne étant une sorte d'axis mundi naturel, un escalier céleste qui permet de connecter le monde des hommes et le monde des dieux. Pour le moment, revenons au récit biblique. La construction du temple va durer pendant sept années sans qu'aucune pierre ne soit taillée à l'intérieur de l'édifice. On notera l'importance du symbolisme dans les dimensions et le décorum du monument. Pour cela, voici un long passage biblique concernant la construction du temple et la démesure du projet. La maison que le roi Salomon bâtit à l'éternel avait 60 coudées de longueur, 20 de largeur et 30 de hauteur. Le portique devant le temple de la maison avait vingt coudées de longueur répondant à la largeur de la maison et dix coudées de profondeur sur la face de la maison. Le roi fit à la maison des fenêtres solidement grillées. Il bâtit, contre le mur de la maison, des étages circulaires qui entouraient les murs de la maison, le temple et le senteur. Et il fit des chambres latérales tout autour. L'étage inférieur était large de cinq coudées. celui du milieu de six coudées et le troisième de sept coudées, car il ménagea des retraites à la maison tout autour en dehors, afin que la charpente n'entra pas dans les murs de la maison. Lorsqu'on bâtit la maison, on se servit de pierres toutes taillées, et ni matériaux, ni haches, ni aucun instrument de fer ne furent entendus dans la maison pendant qu'on la construisait. L'entrée des chambres de l'étage inférieur était au côté droit de la maison. On montait à l'étage du milieu par un escalier tournant et de l'étage du milieu au troisième. Après avoir achevé de bâtir la maison, Salomon la couvrit de planches et de poutres de cèdre. Il donna cinq coudées de hauteur à chacun des étages qui entouraient toute la maison et il les lia à la maison par des bois de cèdre. L'Éternel adressa la parole à Salomon et lui dit Tu bâtis cette maison. Si tu marches selon mes lois, si tu pratiques mes ordonnances, si tu observes et suis tous mes commandements, j'accomplirai à ton égard la promesse que j'ai faite à David, ton père. J'habiterai au milieu des enfants d'Israël et je n'abandonnerai point mon peuple d'Israël. Après avoir achevé de bâtir la maison, Salomon en revêtit intérieurement les murs de planches de cèdre depuis le sol jusqu'au plafond. Il revêtit ainsi de bois intérieur et il couvrit le sol de la maison de planches de cyprès. Il revêtit de planches de cèdre les 20 coudées du fond de la maison depuis le sol jusqu'au haut des murs. Il les réserva cet espace pour en faire le sanctuaire, le lieu très sain. Les 40 coudées sur le devant formaient la maison, c'est-à-dire le temple. Le bois de cèdre, à l'intérieur de la maison, offrait des sculptures de colocynthes et de fleurs épanouies. Tout était de cèdre et on ne voyait aucune pierre. Salomon établit le sanctuaire intérieurement au milieu de la maison pour y placer l'arche de l'Alliance de l'Éternel. Le sanctuaire avait vingt coudées de longueur, vingt coudées de largeur et vingt coudées de hauteur. Salomon le couvrit d'or pu. Il fit devant le sanctuaire un autel de bois de cèdre et le couvrit d'or. Il couvrit d'or pur l'intérieur de la maison et il fit passer le voile dans des chaînettes d'or devant le sanctuaire qu'il couvrit d'or. Il couvrit d'or toute la maison, la maison toute entière et il couvrit d'or tout l'autel qui était devant le sanctuaire. Il fit dans le sanctuaire deux chérubins de bois d'olivier sauvage ayant dix coudées de hauteur. Chacun des deux ailes de l'un des chérubins avait cinq coudées, ce qui faisait dix coudées de l'extrémité d'une des ailes à l'extrémité de l'autre. Le second chérubin avait aussi dix coudées. La mesure et la forme étaient les mêmes pour les deux chérubins. La hauteur de chacun des deux chérubins était de dix coudées. Salomon plaça les chérubins au milieu de la maison, dans l'intérieur. Leurs ailes étaient déployées. L'aile du premier touchait à l'un des murs et l'aile du second touchait à l'autre mur. Et leurs autres ailes se rencontraient par l'extrémité au milieu de la maison. Salomon couvrit d'or les chérubins. Il fit sculpter sur tout le pourtour des murs de la maison, à l'intérieur et à l'extérieur, des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies. Il couvrit d'or le sol de la maison, à l'intérieur et à l'extérieur. Il fit à l'entrée du sanctuaire une porte à deux bâtons de bois d'olivier sauvage. L'encadrement avec les poteaux équivalait à un cinquième du mur. Les deux bâtons étaient de bois d'olivier sauvage. Il y fit sculpter des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies, et il les couvrit d'hommes. Il étendit aussi l'or sur les chérubins et sur les palmes. Il y fit de même pour la porte du temple, les poteaux de bois d'olivier sauvage, ayant le quart de la dimension du mur, et deux bâtons de bois de cyprès. Chacun des bâtons était formé de deux planches brisées. Il fit sculpter des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies, et il les couvrit d'or, qu'il étendit sur la sculpture. Il bâtit le parvis intérieur de trois rangées de pierres de taille et d'une rangée de poutres de sel. La quatorzième année, au mois d'Osive, les fondements de la maison de l'Éternel furent posés. La onzième année, au mois d'Obule, qui est le huitième mois, la maison fut achevée dans toutes ses parties et telle qu'elle devait être. Salomon la construisit dans l'espace de sept années. Voici la fin de ce long récit sur l'édification du temple. Ce dernier devient le cœur ou l'épicentre de la religion des Hébreux, le seul et unique sanctuaire pour le Dieu unique. Le texte biblique nous fait le portrait d'un lieu majestueux, aux dimensions impressionnantes et répondant à des codes géométriques précis, voire même symboliques. Si l'édifice est le lieu central du culte, là où se manifeste la théophanie, c'est également en son sein que sont conservées les reliques les plus importantes de la religion des Hébreux. A commencer par l'arche d'Alliance qui contient les tables de la loi de Moïse, ou encore la Ménorah, le chandelier à cette branche, ainsi que nombre d'autres trésors plus communs. Par la suite, un autre événement du récit mythique doit attirer notre intérêt. C'est le pillage du temple de Salomon lors du règne de son successeur, Roboam, et je vous cite un extrait du texte. La cinquième année du règne de Roboam, Shishak, roi d'Egypte, monta contre Jérusalem. Il prit les trésors de la maison de l'Éternel et les trésors de la maison du roi. Il prit tout, il prit tous les boucliers d'or que Salomon avait fait. Ici, on nous présente l'invasion du pharaon Shishak sur le royaume épreu ainsi que le pillage du temple par ce même pharaon. C'est ici que certains hypothétisent le déplacement de l'Arche d'Alliance en Égypte, ce qui sera d'ailleurs l'objet du film Indiana Jones à la recherche de l'Arche perdue Mais au-delà du récit mythique, ce qui nous intéresse, c'est la contextualisation historique que nous offre cette histoire. Nous allons y revenir dans la partie suivante. Dans la suite du récit biblique, le Temple continue à prospérer pendant quelques siècles jusqu'à sa destruction par les armées de Nabucodonosor II en 586 avant J.-C. Cet événement est présenté comme un fléau divin envoyé sur le peuple hébreu en raison de leur perte de foi. Ces derniers se sont détournés de l'enseignement de Moïse et Yahvé envoie les Babyloniens sous forme d'un châtiment divin. C'est ici que se termine l'histoire des Hébreux avec leur déportation dans la cité de Babylone, mais c'est aussi ici que commence l'histoire des Juifs lorsqu'ils retourneront dans la ville de Jérusalem pour y bâtir le second temple sur les ruines du précédent. Toute cette histoire est de l'ordre de la légende bien entendu, et si certains événements historiques se retrouveront de façon romancée, une bonne part forme le mythe fondateur du temple de Salomon. Alors maintenant, quittons le récit biblique et la mythologie pour étudier cette affaire sur le plan de l'histoire et de l'archéologie. Sur un aspect plus historique, il n'existe aucun élément archéologique qui permet de valider l'existence réelle du temple de Salomon. et encore moins aux dates bibliques supposées, soit au Xe siècle avant Jésus-Christ. En premier lieu, aucun élément ne permet de penser que la monarchie unifiée d'Israël, des règnes de David et Salomon, ait réellement existé. Même dans le cas où ceci fut réel, Israël ne représentait pas, dans tous les cas, une grande puissance, contrairement à ce qu'affirme l'Horestie biblique. C'était au mieux un petit état sans réelle influence géopolitique de ce temps. Il semble donc peu probable qu'un édifice aussi majestueux ait existé à Jérusalem au Xe siècle avant notre ère. Vous pourriez me dire que la fameuse expédition du pharaon Shishak lors du règne de Roboam a pourtant bel et bien existé. Eh bien, c'est vrai. Mais en réalité, le pharaon porte le nom de Sheshon Ier et a régné sur l'Egypte entre 945 et jusqu'à 924 avant Jésus-Christ. Sur le plan des dates, cela est cohérent. Alors si l'expédition militaire du pharaon a bel et bien eu lieu, notons qu'à aucun moment il ne mentionne la ville de Jérusalem, ni même les hypothétiques trésors qu'il y aurait pillés. Pourtant, le pharaon n'est pas avare et ne manque pas de faire inscrire la liste de ses nombreux exploits des villes conquises et pillées au Proche-Orient. Alors, pourquoi ne cite-t-il pas la cité de Jérusalem ? Eh bien en fait, la raison est relativement simple. Les éléments archéologiques nous montrent que dans ce créneau de date, Jérusalem était plus proche du village que de la ville. Elle n'avait donc aucune importance stratégique ni même économique pour le pharaon d'Egypte. A cette période, il ne s'agissait pas d'un centre important et ne pouvait de fait pas avoir des trésors aussi considérables, du moins pas ceux qu'on lui prête dans la Bible. De plus, le lieu semble avoir été occupé par un petit nombre d'habitants, proche des 3000 personnes, sensiblement toujours au Xe siècle avant notre ère. Ce ne sera qu'au VIIIe siècle avant notre ère que Jérusalem va commencer à prendre de l'importance dans la région. Alors, de fait, si un temple d'importance fut édifié sur ce site, ce n'est probablement pas avant cette période. Alors, pour appuyer mon propos, je me base principalement sur les travaux de l'archéologue Israel Finkelstein. Il est probable que le premier temple de Jérusalem fût édifié sous les règnes des rois Ézéchias ou éventuellement Josias, soit au VIIe siècle avant Jésus-Christ. On pourrait rétorquer que le texte biblique est plus ancien, puisqu'il est censé dater de la période de Moïse et de ses successeurs directs, Joshua, Samuel, etc. Mais la réponse est tout aussi simple. En premier lieu, l'existence de Moïse n'est pas prouvée sur le plan historique, pas plus que celle de Josias ou de Samuel et des premiers rois. Et l'étude de la Bible présente plusieurs incohérences chronologiques, mettant en doute sa date de composition qui est de fait tout aussi légendaire. Alors cette fois-ci, en m'appuyant sur les travaux du professeur Thomas Rohmer, il me semble plus crédible que les textes bibliques ne furent pas composés avant le 7e siècle, soit la période de règne des rois Josias et Hésékias, et donc de façon concomitante avec l'édification réelle du temple de Jérusalem. Il est probable que les érudits de cette époque aient composé la Torah ainsi que les récits de David et de Salomon pour légitimer les désirs de conquête du roi Vosias en se référant à un passé mythique. Pour le comprendre, il nous faut faire un petit point historique sur cette époque. Ce moment de l'histoire des Hébreux est particulièrement important. Au 8e siècle avant notre ère, il existait deux royaumes hébreux, celui de Samarie ou le royaume du Nord et celui de Juda ou le royaume du Sud où se situe Jérusalem. Si le royaume du Nord a rayonné et ce depuis le 9e siècle avant JC, le petit royaume du Sud n'a pas vraiment fait parler de lui. Mais en 722 avant Jésus-Christ, le royaume du Nord est conquis par les armées assyriennes et une bonne part de la population va migrer vers le petit royaume du Sud. Alors ce petit état, enclavé, va alors rapidement se développer et c'est probablement ici que le temple de Jérusalem sera édifié. Il me semble important de noter que préalablement, les Hébreux du royaume du Nord ou de Samarie possédaient déjà un sanctuaire d'importance dans la ville de Bethel. Et pendant longtemps, le royaume de Juda a vécu dans l'ombre du royaume du Nord et le lieu le plus saint des Hébreux était naturellement celui de Bethel et absolument pas Jérusalem. Mais avec la chute du royaume de Samarie et le développement du royaume de Juda au sud, le sanctuaire de Jérusalem va progressivement supplanter celui de Bethel. Alors, lors du règne du roi Josias, soit entre 640 et 609 avant Jésus-Christ, ce dernier va souhaiter conquérir les anciennes terres de Samarie ou le royaume du Nord. Pour cela, il s'appuie sur le mythe de la monarchie unifiée de David et de Salomon et sur l'ancien temple mythique qui aurait déjà été présent à Jérusalem afin de renforcer son pouvoir. On peut même supposer que ce soit en réalité le temple de Bethel qui ait servi de modèle pour le temple mythique de Salomon. Les dates, du moins, seraient déjà beaucoup plus cohérentes. Pour revenir à Jérusalem, quelle que soit la datation exacte du monument et son édificateur, le temple de Jérusalem sera bel et bien détruit par les armées babylodiennes de Nabucodonosor en 586 avant Jésus-Christ. Sur ce point, le récit biblique est fidèle à la réalité historique. Et comme vous l'aurez compris, c'est d'ailleurs toute la difficulté de ce texte car il mélange les éléments historiques avec des récits légendaires. Dans la suite des événements, les Hébreux du royaume du Sud seront envoyés en captivité à Babylone et ce n'est qu'une cinquantaine d'années plus tard qu'ils pourront retrouver leur terre ancestrale. Cela coïncide avec la chute de l'Empire babylonien et la naissance de l'Empire perse de Cyrus le Grand. Mais à ce stade, l'ancien royaume de Juda est devenu une province de l'Empire perse hachimédine, ce n'est plus un état indépendant. C'est la naissance de la province de Judée et ses habitants, les juifs, sont les descendants des Hébreux du royaume de Juda. De retour d'exil, l'architecte Zorobabel va entreprendre l'édification d'un nouveau temple sur les ruines du précédent. Et ce lieu va devenir le cœur de la religion juive pour plusieurs siècles, malgré les occupations perses, grecques, romaines qui se succéderont au cours du temps. Il me semble important à ce stade de vous rappeler qu'une bonne part des écrits bibliques seront également composés lors de cette période. A commencer par le livre de la Genèse, qui certes est le premier dans le texte, mais n'a pas été écrit en premier, car il reprend une bonne part des mythes mésopotamiens qui ont été collectés lors de la période de l'exil à Babylone. Au niveau du temple de Zorobabel, appelé couramment le second temple, contrairement au temple de Salomon, qui est probablement mythique ou du moins édifié seulement au 7e siècle avant JC, celui de Zorobabel est bel et bien réel, mais il n'a rien de commun avec les descriptions bibliques du temple mythique. Il possède tout d'abord une architecture qui est en tout point cohérente avec les styles proches orientaux de la même époque. Quelques temps plus tard, au premier siècle avant notre ère, suite aux guerres et aux tumultes de la région, le temple avait souffert des affres du temps. Et c'est Hérode le Grand qui va entreprendre un grand chantier de restauration. Le temple de Jérusalem prendra alors le nom d'usage de temple d'Hérode, mais ce monument sera lui aussi détruit en l'an 70 de notre ère par les légions romaines de l'empereur Titus. Depuis lors, la littérature judaïque prophétise la création d'un troisième temple lorsque le peuple juif aura retrouvé sa terre natale, ce qui est aujourd'hui partiellement le cas avec la création du pays d'Israël en l'année 1947. Néanmoins, le temple ne fut pas rebâti, en partie dû à la présence d'autres monuments religieux sur le mont du temple, soit l'emplacement du temple d'Hérode et préalablement du temple de Zorobabel. Lorsque les musulmans ont conquis le Proche-Orient au VIIe siècle de notre ère face aux chrétiens byzantins, ils ont édifié plusieurs mosquées sur le mont du temple, lieu supposé du temple de Salomon mais bien réel du temple de Zorobabel. Notamment la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher vers environ l'an 685 de notre ère. Plus tard, lors des croisades, sont les chrétiens qui s'emparent de Jérusalem en 1099 et prennent possession du mont du Temple. Alors le Dôme du Rocher sera provisoirement transformé en église, le Templum Domini, et la mosquée Al-Aqsa deviendra le siège de l'ordre du Temple, d'où leur nom de Templi. Le mont du Temple va repasser dans les mains des musulmans en 1187, puis finalement revenir aux juifs après la guerre des six jours en 1967. En réalité, le mont du Temple est sur le territoire palestinien, mais l'état d'Israël possède un contrôle tacite sur le secteur. Bien que la chronologie historique soit plus complexe, elle nous montre l'importance symbolique attachée par les trois religions du livre au mont du Temple et à l'hypothétique Temple de Salomon. De nos jours, le mur des Lamentations est considéré comme un vestige du second temple, celui de Zorobabel, et représente le lieu le plus sain du judaïsme. Dans les faits, le mur des Lamentations, ou mur occidental, est en réalité un vestige de l'esplanade du temple d'Hérod, mais à aucun moment il ne fit partie du temple de Salomon, qui, pour sa part, se cache dans le royaume des mythes. Alors, je pense que vous commencez à comprendre la problématique. Comment un temple qui n'a aucune validité historique a pu inspirer autant de mythes et stimuler l'imaginaire de plusieurs sociétés initiatiques ? Comment un bâtiment imaginaire a pu devenir le symbole de la perfection architecturale ? Et bien c'est ce que nous allons tenter de voir dans la suite de cette vidéo. Au cœur de la période médiévale, l'église et les rois se réfèrent toujours aux rois mythiques David et Salomon ainsi qu'aux fameux temples. Tel le concept du mythe de l'éternel retour cher à Mircea Eliade, le temple et la monarchie unifiée d'Israël représentent une sorte d'âge d'or aux yeux des croyants aussi bien juifs que chrétiens. Ainsi, pour les juifs, ils attendent le retour du Messie et la reconstruction du temple pour la troisième fois. De leur côté, les chrétiens prennent le modèle symbolique du temple de Salomon pour édifier leur cathédrale. Bien sûr, le style architectural est totalement différent, mais au vu des représentations artistiques du temple de Salomon à l'époque médiévale, on peut clairement voir l'inspiration symbolique. La différence principale vient du fait que le temple de Salomon était censé être un lieu unique pour le culte de Yahvé, alors que les églises et cathédrales chrétiennes sont autant de maisons de la divinité disséminées sur tout le territoire. En réalité, l'unicité du temple dans la culture hébraïque s'explique par la taille réduite du territoire, ce qui le rendait accessible pour chaque individu, ce qui n'est évidemment pas le cas du christianisme qui nécessite de nombreux octuaires à travers tout le monde chrétien. Pour illustrer mon propos et la portée symbolique du temple de Salomon dans le cadre du christianisme, je vous cite un extrait issu d'un manuscrit appartenant à une confrérie de bâtisseurs composée en 1410. L'art y fut exercé et les instructions observées ainsi que le prouve la construction du temple de Salomon que commença le roi David. Le roi David aimait bien les maçons et leur donna des instructions fort proches de ce qu'elles sont aujourd'hui. La construction du temple au temps de Salomon, comme il est dit dans la Bible au premier livre des rois chapitre 5, Salomon avait 80 000 maçons sur son chantier et le fils du roi de Tyr était son maître maçon. Il est dit chez d'autres chroniqueurs et en de vieux livres de maçonnerie que Salomon confirma les instructions que David, son père, avait données aux maçons. Et Salomon lui-même leur enseigna leurs coutumes, peu différentes de celles en usage aujourd'hui. Et dès lors, cette noble science fut portée en France et en bien d'autres régions. Il y eut autrefois un noble roi de France qui s'appelait Carolus Secondus, c'est-à-dire Charles II. Et ce Charles fut choisi roi de France par la grâce de Dieu et aussi de sa naissance. Certains disent qu'il fut choisi par suite des événements, ce qui est faux puisque selon la chronique, il était du sang des rois. Ce même roi Charles fut maçon avant d'être roi. Après être devenu roi, il accorda l'affection et protection aux maçons et leur donna des instructions et coutumes de son invention, qui sont encore en usage en France. Il leur ordonna aux maîtres et compagnons de tenir une assemblée une fois par an, d'y venir discuter et prendre des mesures concernant tout ce qui n'irait pas. Cet extrait que je viens de vous citer est issu du manuscrit Cook, un document qui sera par la suite utilisé dans le cadre de la franc-maçonnerie. Ce document nous présente le temple de Salomon comme l'œuvre la plus parfaite et que chaque chantier de cathédrale doit aspirer à la même perfection. Pour cela, la science de la maçonnerie fut transmise de génération en génération via une chaîne de transmission ininterrompue, bien que mythique, vous l'aurez tout à fait compris. Alors maintenant, voyons plus en détail la légende du temple de Salomon et surtout sa symbolique au sein de la franc-maçonnerie. Dans le cadre de la franc-maçonnerie, la légende du temple de Salomon est omniprésente. On trouve tout d'abord plusieurs occurrences dans les rituels, notamment les instructions morales qui sont lues aux apprentis du régime écossais rectifié, dont voici un extrait. Les trois coups sur le cœur vous désignent l'union presque inconcevable qui est en vous de l'esprit, de l'âme et du corps, qui est le grand mystère de l'homme et du maçon figuré par le temple de Salomon. Le tapis que vous voyez devant vous représente le temple fameux qui fut élevé à Jérusalem par le grand roi Salomon à la gloire du grand architecte de l'univers. Il est le type fondamental de la franc-maçonnerie et l'objet continuel des profondes méditations des maçons. Vous ne sauriez donc trop vous attacher à étudier le sens de tous les symboles qu'il vous offre. Dans les instructions maçonniques de ce rite, le temple de Salomon est placé en analogie avec l'homme. Ce dernier doit se construire et se perfectionner grâce à tous les outils que lui propose la maçonnerie. L'homme serait lui-même un temple en construction, au sens microcosme, composé d'une double nature, spirituelle et matérielle. Et inversement, le temple de Salomon représente le macrocosme et le modèle de perfection à atteindre. Alors bien sûr... Le temple des récits bibliques n'a probablement jamais existé sur un plan historique, mais ce dernier devient un symbole et même un arc éthique pour les francs-maçons. Voici un second extrait, toujours dans les instructions du grade d'apprenti au régime rectifié. Que représente la loge ? Le temple de Salomon réédifié mystiquement par les francs-maçons. Pourquoi le temple de Salomon sert-il d'emblème aux francs-maçons ? Pour leur rappeler qu'ils doivent bâtir dans leur cœur un temple à la vertu et tâcher de le rendre aussi parfait que celui qui fut achevé par Salomon à la gloire du grand architecte de l'univers. Si les francs-maçons travaillent à réédifier le temple, c'est en premier lieu que ce dernier est détruit. Mais ici, les francs-maçons ne nous parlent pas du temple au sens physique, mais de l'édifice au sens mystique. Si l'on reprend l'analogie entre l'homme et le temple, cela voudrait dire que c'est l'homme qui est brisé en réalité. Et sur ce plan, ce récit devient une allégorie de la chute de l'homme après l'épisode du jardin d'Éden. Alors toujours avec une double lecture, sur le plan tout d'abord du microcosme, l'homme aurait perdu le lien avec le divin ou sa nature spirituelle et se trouverait ainsi piégé dans la matière. Le travail du franc-maçon consisterait de fait à reconstruire ce lien d'union mais à l'échelle individuelle. Le temple de Salomon étant le lieu de la théophanie pour les hébreux, si l'homme est un temple, cela illustre l'union du corps et de l'esprit et donc de la nature divine. Mais en deuxième lecture, sur le plan du macrocosme, les frères d'une loge forment l'égrégore qui réédifie le temple lors de chaque tenue, chaque individu devenant l'une des pierres de l'édifice. Le temple de Salomon y devient alors l'humanité dans sa forme la plus parfaite. Mais la question qui se pose, c'est pourquoi les francs-maçons prennent le temple de Salomon spécifiquement en référence. Après tout, le grand temple des Hébreux n'est pas le seul à représenter la fonction théophanique d'union des hommes avec le divin. Pour prendre quelques exemples, le Parthénon d'Athènes, ou le temple de la Magdamater à Rome, et bien d'autres sanctuaires de l'Antiquité, illustrent les mêmes concepts, de plus, ils ont réellement existé. Mais la raison en fait est relativement simple. Les précurseurs de la franc-maçonnerie, au XVII et du VIIIe siècle, étaient tous de tradition chrétienne, catholique ou protestante. Ils ont utilisé l'édifice le plus admirable de leur religion, qu'il soit réel ou mythique. Ensuite, l'élément suivant est l'aspect du rite. Les francs-maçons se réunissent dans une loge, mais pas dans le temple, puisque celui-ci est techniquement ou symboliquement détruit et qu'il doit justement être reconstruit. C'est donc à chaque cérémonie que les francs-maçons entrent dans la loge et réédifient ou reconstruisent le temple via une cérémonie théophanique ou un égrégore. Encore une fois, nous sommes clairement ici face au mythe de l'éternel retour tel que défini par Mircea Eliade. Dans toutes les traditions rituelles de l'humanité, les cérémonies ont toujours pour but de revenir mystiquement au temps parfait des origines via un jeu scénique. C'est l'eucharistie chrétienne qui rejoue le dernier repas du Christ, c'est la fête eulésénienne qui rejoue la recherche de Perséphone par Déméter, ou encore les aborigènes Arunta qui célèbrent chaque année la création du monde autour de l'Eucharistie. du totem sacré. C'est le retour de l'âge d'or, le moment parfait où le sacré est connecté à la matière, où l'homme est connecté au divin. Mais bien au-delà de la franc-maçonnerie, vous aurez bien compris que le temple de Salomon pourra être utilisé comme symbole par toutes les traditions ésotériques qui se revendiquent de la Bible. Judaïsme, christianisme, islam portent ces éléments en commun, soit l'idée du Saint des Saints, le lieu de communication avec le divin. Bien sûr, le symbole du temple de Salomon n'aurait aucune puissance évocatoire pour les personnes qui se placent hors de la tradition biblique. D'ailleurs, les autres religions de la planète ou les traditions ésotériques possèdent aussi leur propre lieu réel ou imaginaire qui véhicule les mêmes concepts. Alors pour ma part, je pense que le temple de Salomon n'est qu'un nom pour désigner un concept symbolique et certains lui en préféreront d'autres plus adaptés à leur cadre religieux et leurs références culturelles. Et justement, dans la dernière partie de cette vidéo, nous allons sortir du cadre limitatif des religions abrahamiques pour nous intéresser au concept du temple de la haute science tel que défili par l'occultiste Pierre-Vencent Tipiob. Dans un cadre ésotérique, l'individu qui entreprend la quête des mystères va toujours chercher à accéder à un temple symbolique, un lieu de connaissance ou de gnose qui peut le réconcilier avec sa nature divine transcendantale. Je précise que j'utilise le terme mystère dans son sens originel qui voulait dire l'initiation aux choses du sacré et non pas seulement au terme choses bizarres ou choses étranges ou choses incompréhensibles qui est utilisé dans le langage courant. Pour les adeptes des mystères, accéder à ce temple correspond à produire la théophanie personnelle suivant les termes, on l'appellera, éveil mystique, illumination ou encore le satori. Dans cette lecture, le temple de la haute science de Pierre Piobe, le temple de Salomon des francs-maçons, le tombeau de Christian Rosenkreuz pour les rosicruciens ou encore le mandala du Tai-Zhokai des bouddhistes Shingon, deviennent tous respectivement des lieux symboliques où se trouve la gnose ou les mystères du sacré au sens large. Et l'on pourrait dire qu'il s'agit simplement de chemins différents pour accéder à la même chose. Pierre Piobe nous disait justement qu'il existait plusieurs portes à ce temple symbolique. Et si l'on revient au concept microcosme de l'individu, Le temple, ce serait nous. Et la réponse se trouverait donc dans le labyrinthe des questions et des réponses, comme le disait Hugo Pratt. Il y a ici l'idée d'un pèlerinage intellectuel, et bien sûr, celui-ci peut être accompagné de cérémonies dans un lieu bien réel afin d'unir le corps et l'esprit. A ce niveau, le temple de Salomon devient bien plus qu'un simple monument en l'honneur d'une quelconque divinité. Il est la représentation du lien détruit entre l'homme et sa propre nature divine. De ce fait, son existence réelle n'a plus vraiment d'intérêt dans cette lecture. Et heureusement, car son historicité est loin d'être prouvée. Alors bien qu'étant probablement un lieu imaginaire, le temple de Salomon n'en est pas moins un concept d'une grande richesse dans une perspective ésotérique. Et c'est sûrement pour cette raison que son succès ne se dément pas au gré des siècles. Nous voici arrivés à la fin de ce voyage et j'espère avoir éveillé votre intérêt pour ce sujet. Pour ceux d'entre vous qui souhaiteraient en apprendre plus, je vous recommande deux de mes anciennes vidéos qui traitent respectivement de l'histoire de Moïse et de l'exode des Hébreux entre mythe et réalité, ainsi que ma vidéo sur l'histoire des royaumes hébreux, le royaume de Samarie et le royaume de Juda, mais aussi les hypothétiques règnes de David et Salomon. Vous pourrez également, si vous le souhaitez, vous procurer mon dernier livre Arcanamundi, les rites initiatiques où je développe plus en détail toutes les symboliques autour des temples à mystère. Tous les liens se trouvent en description sous la vidéo. Alors, comme à l'habitude, pensez à liker et partager la vidéo si ce travail vous a plu et pensez également à vous abonner pour être notifié des prochaines vidéos à venir si ce n'est pas encore le cas. Et pour ceux qui le souhaitent, vous pouvez également me soutenir dans mon travail en faisant un don sur Tipeee. Cela vous donne accès en contrepartie aux vidéos privées de l'Académie. Dans tous les cas, de mon côté, je vous dis à très bientôt pour de nouvelles enquêtes historiques, ésotériques... mais également mythologique sur la chaîne Arcana les mystères du monde. Et sur ce, à très bientôt.

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Description

Partez à la découverte du légendaire Temple de Salomon, un édifice sacré dont la construction, relatée dans les récits bibliques, remonte à 3000 ans. Ce monument mythique continue de fasciner historiens et chercheurs, et demeure un sujet de débat intense : a-t-il réellement existé ou est-il le fruit d’une légende ancienne ?


Au-delà de la simple histoire, nous examinerons également les racines historiques du peuple hébreu, liées à ce temple mystérieux. Nous explorerons également le symbolisme puissant du Temple de Salomon et ses liens profonds avec la franc-maçonnerie, qui puise une grande part de son imaginaire dans cet édifice sacré. Découvrez comment ce symbole a influencé l’histoire, la culture et les sociétés secrètes à travers les siècles.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue pour cette nouvelle vidéo. Alors aujourd'hui, nous allons remonter le temps afin de nous intéresser à l'un des sanctuaires les plus mythiques de l'histoire. S'il est bien un lieu considéré comme sacré par les trois religions monothéistes, c'est bien le temple de Salomon. L'édifice aurait été édifié par le roi Salomon au Xe siècle avant Jésus-Christ et fut détruit quatre siècles plus tard par les Babyloniens. Mais malgré cela, le temple disparu s'est métamorphosé en symbole dans les cénacles ésotériques, à commencer par l'afro-maçonnale. Seulement voilà, le temple de Salomon a-t-il réellement existé sur le plan historique ? Eh bien, rien n'est moins sûr. Alors, dans cette émission d'aujourd'hui, je vous propose de découvrir la légende biblique du temple de Salomon mais aussi l'histoire vraie du temple de Jérusalem, ainsi que la symbolique ésotérique de ce temple mythique. D'après le récit biblique, le temple de Jérusalem fut édifié par le roi Salomon au Xe siècle avant notre ère. Le projet n'ayant pu être réalisé du temps du roi David, c'est son fils qui va édifier le sanctuaire du dieu des cébreux. Voici tout d'abord l'extrait biblique qui concerne le projet. Salomon fit dire à Hiram, Tu sais que David, mon père, n'a pas pu bâtir une maison à l'Éternel, son Dieu, à cause des guerres dont ses ennemis l'ont enveloppé jusqu'à ce que l'Éternel les eût mis sous la plante de ses pieds. Maintenant, l'Éternel, mon Dieu, m'a donné du repos de toutes parts, plus d'adversaires, plus de calamités. Voici, j'ai l'intention de bâtir une maison au nom de l'Éternel, mon Dieu, comme l'Éternel l'a déclaré à David, mon père, en disant. Ton fils, que je mettrai à ta place sur ton trône, ce sera lui qui bâtira une maison à mon nom. Notons que dans ce récit, la création du temple émane de la volonté divine, ce n'est pas un simple caprice des hommes. Il est d'ailleurs stipulé, dans le récit biblique toujours, que le temple sera la maison de l'éternel. Il faut comprendre par là que c'est le lieu où se produit la théophanie ou encore la manifestation du divin si vous préférez. Pour accomplir sa tâche, Salomon sollicite l'aide du roi phénicien Hiram de Tyr, qui lui fournit des ouvriers qualifiés et le bois de cèdre nécessaire pour la construction du bâtiment, qui va s'étaler sur sept années, toujours d'après le récit biblique. Voici d'ailleurs un autre extrait afin de comprendre cette phase de la construction. Lorsqu'il entendit les paroles de Salomon, Hiram eut une grande joie, et il dit Béni soit aujourd'hui l'Éternel, qui a donné à David un fils sage pour chef de ce grand peuple. Et Iram fit répondre à Salomon. J'ai entendu ce que tu m'as envoyé dire. Je ferai tout ce qui te plaira au sujet des bois de cèdre et des bois de cyprès. Mes serviteurs les descendront du Liban à la mer et je les expédierai par mer en radeau jusqu'au lieu que tu m'indiqueras. Là, je les ferai délier et tu les prendras. Ce que je désire en retour, c'est que tu fournisses des vivres à ma maison. Le plan de l'édifice ou le projet architectural fut préalablement donné par la divinité à David, qu'il avait transmis à son fils Salomon. Il y a donc ici une idée de plan divin avec cet édifice. Ce n'est pas un simple bâtiment quelconque, il doit forcément émaner d'une composition symbolique en rapport avec les lois divines et les rites religieux qui doivent y être célébrés. Voici l'extrait en question. David donna à Salomon, son fils, le modèle du portique et des bâtiments des chambres du trésor, des chambres hautes, des chambres intérieures et de la chambre du propriatoire. Il lui donna le plan de tout ce qu'il avait dans l'esprit, touchant les parvis de la maison de l'Éternel et toutes les chambres alentours pour les trésors de la maison de Dieu et les trésors du sanctuaire, et touchant les places des sacrificateurs et des lévites. tout ce qui concernait le service de la maison de l'Eternel et tous les ustensiles pour le service de la maison de l'Eternel. À ce stade, une symbolique importante mérite d'être notée. Dans la tradition biblique, David est le roi guerrier par excellence qui établit le royaume mythique d'Israël dans ses frontières. Mais à contrario, Salomon est le roi de la paix, celui qui doit assurer la prospérité et l'avenir du royaume. De ce fait, c'est à Salomon que revient la tâche d'édification du temple, qui devient un symbole d'unité entre le peuple d'Israël et la divinité. Un seul temple, un seul dieu, un seul peuple. Ainsi, toujours d'après le récit légendaire, le temple fut bâti sur le mont Moria, qui correspond à l'actuel mont du temple à Jérusalem. Ce lieu, éminemment symbolique dans le récit biblique, correspond à l'endroit où Isaac faillit être sacrifié par son père Abraham. C'est un lieu qui marque l'obéissance et la soumission suprême à la divinité. Notons à ce stade que l'architecture sur les hauteurs est un classique de la religion antique en réalité. Les cieux étant associés à la demeure de la ou les divinités. Les montagnes font office de lieu de contact ou de communication. Cette approche symbolique n'est pas réservée aux seuls hébreux. On la retrouve dans la plupart des cultes antiques mais également ultérieurs. La montagne étant une sorte d'axis mundi naturel, un escalier céleste qui permet de connecter le monde des hommes et le monde des dieux. Pour le moment, revenons au récit biblique. La construction du temple va durer pendant sept années sans qu'aucune pierre ne soit taillée à l'intérieur de l'édifice. On notera l'importance du symbolisme dans les dimensions et le décorum du monument. Pour cela, voici un long passage biblique concernant la construction du temple et la démesure du projet. La maison que le roi Salomon bâtit à l'éternel avait 60 coudées de longueur, 20 de largeur et 30 de hauteur. Le portique devant le temple de la maison avait vingt coudées de longueur répondant à la largeur de la maison et dix coudées de profondeur sur la face de la maison. Le roi fit à la maison des fenêtres solidement grillées. Il bâtit, contre le mur de la maison, des étages circulaires qui entouraient les murs de la maison, le temple et le senteur. Et il fit des chambres latérales tout autour. L'étage inférieur était large de cinq coudées. celui du milieu de six coudées et le troisième de sept coudées, car il ménagea des retraites à la maison tout autour en dehors, afin que la charpente n'entra pas dans les murs de la maison. Lorsqu'on bâtit la maison, on se servit de pierres toutes taillées, et ni matériaux, ni haches, ni aucun instrument de fer ne furent entendus dans la maison pendant qu'on la construisait. L'entrée des chambres de l'étage inférieur était au côté droit de la maison. On montait à l'étage du milieu par un escalier tournant et de l'étage du milieu au troisième. Après avoir achevé de bâtir la maison, Salomon la couvrit de planches et de poutres de cèdre. Il donna cinq coudées de hauteur à chacun des étages qui entouraient toute la maison et il les lia à la maison par des bois de cèdre. L'Éternel adressa la parole à Salomon et lui dit Tu bâtis cette maison. Si tu marches selon mes lois, si tu pratiques mes ordonnances, si tu observes et suis tous mes commandements, j'accomplirai à ton égard la promesse que j'ai faite à David, ton père. J'habiterai au milieu des enfants d'Israël et je n'abandonnerai point mon peuple d'Israël. Après avoir achevé de bâtir la maison, Salomon en revêtit intérieurement les murs de planches de cèdre depuis le sol jusqu'au plafond. Il revêtit ainsi de bois intérieur et il couvrit le sol de la maison de planches de cyprès. Il revêtit de planches de cèdre les 20 coudées du fond de la maison depuis le sol jusqu'au haut des murs. Il les réserva cet espace pour en faire le sanctuaire, le lieu très sain. Les 40 coudées sur le devant formaient la maison, c'est-à-dire le temple. Le bois de cèdre, à l'intérieur de la maison, offrait des sculptures de colocynthes et de fleurs épanouies. Tout était de cèdre et on ne voyait aucune pierre. Salomon établit le sanctuaire intérieurement au milieu de la maison pour y placer l'arche de l'Alliance de l'Éternel. Le sanctuaire avait vingt coudées de longueur, vingt coudées de largeur et vingt coudées de hauteur. Salomon le couvrit d'or pu. Il fit devant le sanctuaire un autel de bois de cèdre et le couvrit d'or. Il couvrit d'or pur l'intérieur de la maison et il fit passer le voile dans des chaînettes d'or devant le sanctuaire qu'il couvrit d'or. Il couvrit d'or toute la maison, la maison toute entière et il couvrit d'or tout l'autel qui était devant le sanctuaire. Il fit dans le sanctuaire deux chérubins de bois d'olivier sauvage ayant dix coudées de hauteur. Chacun des deux ailes de l'un des chérubins avait cinq coudées, ce qui faisait dix coudées de l'extrémité d'une des ailes à l'extrémité de l'autre. Le second chérubin avait aussi dix coudées. La mesure et la forme étaient les mêmes pour les deux chérubins. La hauteur de chacun des deux chérubins était de dix coudées. Salomon plaça les chérubins au milieu de la maison, dans l'intérieur. Leurs ailes étaient déployées. L'aile du premier touchait à l'un des murs et l'aile du second touchait à l'autre mur. Et leurs autres ailes se rencontraient par l'extrémité au milieu de la maison. Salomon couvrit d'or les chérubins. Il fit sculpter sur tout le pourtour des murs de la maison, à l'intérieur et à l'extérieur, des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies. Il couvrit d'or le sol de la maison, à l'intérieur et à l'extérieur. Il fit à l'entrée du sanctuaire une porte à deux bâtons de bois d'olivier sauvage. L'encadrement avec les poteaux équivalait à un cinquième du mur. Les deux bâtons étaient de bois d'olivier sauvage. Il y fit sculpter des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies, et il les couvrit d'hommes. Il étendit aussi l'or sur les chérubins et sur les palmes. Il y fit de même pour la porte du temple, les poteaux de bois d'olivier sauvage, ayant le quart de la dimension du mur, et deux bâtons de bois de cyprès. Chacun des bâtons était formé de deux planches brisées. Il fit sculpter des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies, et il les couvrit d'or, qu'il étendit sur la sculpture. Il bâtit le parvis intérieur de trois rangées de pierres de taille et d'une rangée de poutres de sel. La quatorzième année, au mois d'Osive, les fondements de la maison de l'Éternel furent posés. La onzième année, au mois d'Obule, qui est le huitième mois, la maison fut achevée dans toutes ses parties et telle qu'elle devait être. Salomon la construisit dans l'espace de sept années. Voici la fin de ce long récit sur l'édification du temple. Ce dernier devient le cœur ou l'épicentre de la religion des Hébreux, le seul et unique sanctuaire pour le Dieu unique. Le texte biblique nous fait le portrait d'un lieu majestueux, aux dimensions impressionnantes et répondant à des codes géométriques précis, voire même symboliques. Si l'édifice est le lieu central du culte, là où se manifeste la théophanie, c'est également en son sein que sont conservées les reliques les plus importantes de la religion des Hébreux. A commencer par l'arche d'Alliance qui contient les tables de la loi de Moïse, ou encore la Ménorah, le chandelier à cette branche, ainsi que nombre d'autres trésors plus communs. Par la suite, un autre événement du récit mythique doit attirer notre intérêt. C'est le pillage du temple de Salomon lors du règne de son successeur, Roboam, et je vous cite un extrait du texte. La cinquième année du règne de Roboam, Shishak, roi d'Egypte, monta contre Jérusalem. Il prit les trésors de la maison de l'Éternel et les trésors de la maison du roi. Il prit tout, il prit tous les boucliers d'or que Salomon avait fait. Ici, on nous présente l'invasion du pharaon Shishak sur le royaume épreu ainsi que le pillage du temple par ce même pharaon. C'est ici que certains hypothétisent le déplacement de l'Arche d'Alliance en Égypte, ce qui sera d'ailleurs l'objet du film Indiana Jones à la recherche de l'Arche perdue Mais au-delà du récit mythique, ce qui nous intéresse, c'est la contextualisation historique que nous offre cette histoire. Nous allons y revenir dans la partie suivante. Dans la suite du récit biblique, le Temple continue à prospérer pendant quelques siècles jusqu'à sa destruction par les armées de Nabucodonosor II en 586 avant J.-C. Cet événement est présenté comme un fléau divin envoyé sur le peuple hébreu en raison de leur perte de foi. Ces derniers se sont détournés de l'enseignement de Moïse et Yahvé envoie les Babyloniens sous forme d'un châtiment divin. C'est ici que se termine l'histoire des Hébreux avec leur déportation dans la cité de Babylone, mais c'est aussi ici que commence l'histoire des Juifs lorsqu'ils retourneront dans la ville de Jérusalem pour y bâtir le second temple sur les ruines du précédent. Toute cette histoire est de l'ordre de la légende bien entendu, et si certains événements historiques se retrouveront de façon romancée, une bonne part forme le mythe fondateur du temple de Salomon. Alors maintenant, quittons le récit biblique et la mythologie pour étudier cette affaire sur le plan de l'histoire et de l'archéologie. Sur un aspect plus historique, il n'existe aucun élément archéologique qui permet de valider l'existence réelle du temple de Salomon. et encore moins aux dates bibliques supposées, soit au Xe siècle avant Jésus-Christ. En premier lieu, aucun élément ne permet de penser que la monarchie unifiée d'Israël, des règnes de David et Salomon, ait réellement existé. Même dans le cas où ceci fut réel, Israël ne représentait pas, dans tous les cas, une grande puissance, contrairement à ce qu'affirme l'Horestie biblique. C'était au mieux un petit état sans réelle influence géopolitique de ce temps. Il semble donc peu probable qu'un édifice aussi majestueux ait existé à Jérusalem au Xe siècle avant notre ère. Vous pourriez me dire que la fameuse expédition du pharaon Shishak lors du règne de Roboam a pourtant bel et bien existé. Eh bien, c'est vrai. Mais en réalité, le pharaon porte le nom de Sheshon Ier et a régné sur l'Egypte entre 945 et jusqu'à 924 avant Jésus-Christ. Sur le plan des dates, cela est cohérent. Alors si l'expédition militaire du pharaon a bel et bien eu lieu, notons qu'à aucun moment il ne mentionne la ville de Jérusalem, ni même les hypothétiques trésors qu'il y aurait pillés. Pourtant, le pharaon n'est pas avare et ne manque pas de faire inscrire la liste de ses nombreux exploits des villes conquises et pillées au Proche-Orient. Alors, pourquoi ne cite-t-il pas la cité de Jérusalem ? Eh bien en fait, la raison est relativement simple. Les éléments archéologiques nous montrent que dans ce créneau de date, Jérusalem était plus proche du village que de la ville. Elle n'avait donc aucune importance stratégique ni même économique pour le pharaon d'Egypte. A cette période, il ne s'agissait pas d'un centre important et ne pouvait de fait pas avoir des trésors aussi considérables, du moins pas ceux qu'on lui prête dans la Bible. De plus, le lieu semble avoir été occupé par un petit nombre d'habitants, proche des 3000 personnes, sensiblement toujours au Xe siècle avant notre ère. Ce ne sera qu'au VIIIe siècle avant notre ère que Jérusalem va commencer à prendre de l'importance dans la région. Alors, de fait, si un temple d'importance fut édifié sur ce site, ce n'est probablement pas avant cette période. Alors, pour appuyer mon propos, je me base principalement sur les travaux de l'archéologue Israel Finkelstein. Il est probable que le premier temple de Jérusalem fût édifié sous les règnes des rois Ézéchias ou éventuellement Josias, soit au VIIe siècle avant Jésus-Christ. On pourrait rétorquer que le texte biblique est plus ancien, puisqu'il est censé dater de la période de Moïse et de ses successeurs directs, Joshua, Samuel, etc. Mais la réponse est tout aussi simple. En premier lieu, l'existence de Moïse n'est pas prouvée sur le plan historique, pas plus que celle de Josias ou de Samuel et des premiers rois. Et l'étude de la Bible présente plusieurs incohérences chronologiques, mettant en doute sa date de composition qui est de fait tout aussi légendaire. Alors cette fois-ci, en m'appuyant sur les travaux du professeur Thomas Rohmer, il me semble plus crédible que les textes bibliques ne furent pas composés avant le 7e siècle, soit la période de règne des rois Josias et Hésékias, et donc de façon concomitante avec l'édification réelle du temple de Jérusalem. Il est probable que les érudits de cette époque aient composé la Torah ainsi que les récits de David et de Salomon pour légitimer les désirs de conquête du roi Vosias en se référant à un passé mythique. Pour le comprendre, il nous faut faire un petit point historique sur cette époque. Ce moment de l'histoire des Hébreux est particulièrement important. Au 8e siècle avant notre ère, il existait deux royaumes hébreux, celui de Samarie ou le royaume du Nord et celui de Juda ou le royaume du Sud où se situe Jérusalem. Si le royaume du Nord a rayonné et ce depuis le 9e siècle avant JC, le petit royaume du Sud n'a pas vraiment fait parler de lui. Mais en 722 avant Jésus-Christ, le royaume du Nord est conquis par les armées assyriennes et une bonne part de la population va migrer vers le petit royaume du Sud. Alors ce petit état, enclavé, va alors rapidement se développer et c'est probablement ici que le temple de Jérusalem sera édifié. Il me semble important de noter que préalablement, les Hébreux du royaume du Nord ou de Samarie possédaient déjà un sanctuaire d'importance dans la ville de Bethel. Et pendant longtemps, le royaume de Juda a vécu dans l'ombre du royaume du Nord et le lieu le plus saint des Hébreux était naturellement celui de Bethel et absolument pas Jérusalem. Mais avec la chute du royaume de Samarie et le développement du royaume de Juda au sud, le sanctuaire de Jérusalem va progressivement supplanter celui de Bethel. Alors, lors du règne du roi Josias, soit entre 640 et 609 avant Jésus-Christ, ce dernier va souhaiter conquérir les anciennes terres de Samarie ou le royaume du Nord. Pour cela, il s'appuie sur le mythe de la monarchie unifiée de David et de Salomon et sur l'ancien temple mythique qui aurait déjà été présent à Jérusalem afin de renforcer son pouvoir. On peut même supposer que ce soit en réalité le temple de Bethel qui ait servi de modèle pour le temple mythique de Salomon. Les dates, du moins, seraient déjà beaucoup plus cohérentes. Pour revenir à Jérusalem, quelle que soit la datation exacte du monument et son édificateur, le temple de Jérusalem sera bel et bien détruit par les armées babylodiennes de Nabucodonosor en 586 avant Jésus-Christ. Sur ce point, le récit biblique est fidèle à la réalité historique. Et comme vous l'aurez compris, c'est d'ailleurs toute la difficulté de ce texte car il mélange les éléments historiques avec des récits légendaires. Dans la suite des événements, les Hébreux du royaume du Sud seront envoyés en captivité à Babylone et ce n'est qu'une cinquantaine d'années plus tard qu'ils pourront retrouver leur terre ancestrale. Cela coïncide avec la chute de l'Empire babylonien et la naissance de l'Empire perse de Cyrus le Grand. Mais à ce stade, l'ancien royaume de Juda est devenu une province de l'Empire perse hachimédine, ce n'est plus un état indépendant. C'est la naissance de la province de Judée et ses habitants, les juifs, sont les descendants des Hébreux du royaume de Juda. De retour d'exil, l'architecte Zorobabel va entreprendre l'édification d'un nouveau temple sur les ruines du précédent. Et ce lieu va devenir le cœur de la religion juive pour plusieurs siècles, malgré les occupations perses, grecques, romaines qui se succéderont au cours du temps. Il me semble important à ce stade de vous rappeler qu'une bonne part des écrits bibliques seront également composés lors de cette période. A commencer par le livre de la Genèse, qui certes est le premier dans le texte, mais n'a pas été écrit en premier, car il reprend une bonne part des mythes mésopotamiens qui ont été collectés lors de la période de l'exil à Babylone. Au niveau du temple de Zorobabel, appelé couramment le second temple, contrairement au temple de Salomon, qui est probablement mythique ou du moins édifié seulement au 7e siècle avant JC, celui de Zorobabel est bel et bien réel, mais il n'a rien de commun avec les descriptions bibliques du temple mythique. Il possède tout d'abord une architecture qui est en tout point cohérente avec les styles proches orientaux de la même époque. Quelques temps plus tard, au premier siècle avant notre ère, suite aux guerres et aux tumultes de la région, le temple avait souffert des affres du temps. Et c'est Hérode le Grand qui va entreprendre un grand chantier de restauration. Le temple de Jérusalem prendra alors le nom d'usage de temple d'Hérode, mais ce monument sera lui aussi détruit en l'an 70 de notre ère par les légions romaines de l'empereur Titus. Depuis lors, la littérature judaïque prophétise la création d'un troisième temple lorsque le peuple juif aura retrouvé sa terre natale, ce qui est aujourd'hui partiellement le cas avec la création du pays d'Israël en l'année 1947. Néanmoins, le temple ne fut pas rebâti, en partie dû à la présence d'autres monuments religieux sur le mont du temple, soit l'emplacement du temple d'Hérode et préalablement du temple de Zorobabel. Lorsque les musulmans ont conquis le Proche-Orient au VIIe siècle de notre ère face aux chrétiens byzantins, ils ont édifié plusieurs mosquées sur le mont du temple, lieu supposé du temple de Salomon mais bien réel du temple de Zorobabel. Notamment la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher vers environ l'an 685 de notre ère. Plus tard, lors des croisades, sont les chrétiens qui s'emparent de Jérusalem en 1099 et prennent possession du mont du Temple. Alors le Dôme du Rocher sera provisoirement transformé en église, le Templum Domini, et la mosquée Al-Aqsa deviendra le siège de l'ordre du Temple, d'où leur nom de Templi. Le mont du Temple va repasser dans les mains des musulmans en 1187, puis finalement revenir aux juifs après la guerre des six jours en 1967. En réalité, le mont du Temple est sur le territoire palestinien, mais l'état d'Israël possède un contrôle tacite sur le secteur. Bien que la chronologie historique soit plus complexe, elle nous montre l'importance symbolique attachée par les trois religions du livre au mont du Temple et à l'hypothétique Temple de Salomon. De nos jours, le mur des Lamentations est considéré comme un vestige du second temple, celui de Zorobabel, et représente le lieu le plus sain du judaïsme. Dans les faits, le mur des Lamentations, ou mur occidental, est en réalité un vestige de l'esplanade du temple d'Hérod, mais à aucun moment il ne fit partie du temple de Salomon, qui, pour sa part, se cache dans le royaume des mythes. Alors, je pense que vous commencez à comprendre la problématique. Comment un temple qui n'a aucune validité historique a pu inspirer autant de mythes et stimuler l'imaginaire de plusieurs sociétés initiatiques ? Comment un bâtiment imaginaire a pu devenir le symbole de la perfection architecturale ? Et bien c'est ce que nous allons tenter de voir dans la suite de cette vidéo. Au cœur de la période médiévale, l'église et les rois se réfèrent toujours aux rois mythiques David et Salomon ainsi qu'aux fameux temples. Tel le concept du mythe de l'éternel retour cher à Mircea Eliade, le temple et la monarchie unifiée d'Israël représentent une sorte d'âge d'or aux yeux des croyants aussi bien juifs que chrétiens. Ainsi, pour les juifs, ils attendent le retour du Messie et la reconstruction du temple pour la troisième fois. De leur côté, les chrétiens prennent le modèle symbolique du temple de Salomon pour édifier leur cathédrale. Bien sûr, le style architectural est totalement différent, mais au vu des représentations artistiques du temple de Salomon à l'époque médiévale, on peut clairement voir l'inspiration symbolique. La différence principale vient du fait que le temple de Salomon était censé être un lieu unique pour le culte de Yahvé, alors que les églises et cathédrales chrétiennes sont autant de maisons de la divinité disséminées sur tout le territoire. En réalité, l'unicité du temple dans la culture hébraïque s'explique par la taille réduite du territoire, ce qui le rendait accessible pour chaque individu, ce qui n'est évidemment pas le cas du christianisme qui nécessite de nombreux octuaires à travers tout le monde chrétien. Pour illustrer mon propos et la portée symbolique du temple de Salomon dans le cadre du christianisme, je vous cite un extrait issu d'un manuscrit appartenant à une confrérie de bâtisseurs composée en 1410. L'art y fut exercé et les instructions observées ainsi que le prouve la construction du temple de Salomon que commença le roi David. Le roi David aimait bien les maçons et leur donna des instructions fort proches de ce qu'elles sont aujourd'hui. La construction du temple au temps de Salomon, comme il est dit dans la Bible au premier livre des rois chapitre 5, Salomon avait 80 000 maçons sur son chantier et le fils du roi de Tyr était son maître maçon. Il est dit chez d'autres chroniqueurs et en de vieux livres de maçonnerie que Salomon confirma les instructions que David, son père, avait données aux maçons. Et Salomon lui-même leur enseigna leurs coutumes, peu différentes de celles en usage aujourd'hui. Et dès lors, cette noble science fut portée en France et en bien d'autres régions. Il y eut autrefois un noble roi de France qui s'appelait Carolus Secondus, c'est-à-dire Charles II. Et ce Charles fut choisi roi de France par la grâce de Dieu et aussi de sa naissance. Certains disent qu'il fut choisi par suite des événements, ce qui est faux puisque selon la chronique, il était du sang des rois. Ce même roi Charles fut maçon avant d'être roi. Après être devenu roi, il accorda l'affection et protection aux maçons et leur donna des instructions et coutumes de son invention, qui sont encore en usage en France. Il leur ordonna aux maîtres et compagnons de tenir une assemblée une fois par an, d'y venir discuter et prendre des mesures concernant tout ce qui n'irait pas. Cet extrait que je viens de vous citer est issu du manuscrit Cook, un document qui sera par la suite utilisé dans le cadre de la franc-maçonnerie. Ce document nous présente le temple de Salomon comme l'œuvre la plus parfaite et que chaque chantier de cathédrale doit aspirer à la même perfection. Pour cela, la science de la maçonnerie fut transmise de génération en génération via une chaîne de transmission ininterrompue, bien que mythique, vous l'aurez tout à fait compris. Alors maintenant, voyons plus en détail la légende du temple de Salomon et surtout sa symbolique au sein de la franc-maçonnerie. Dans le cadre de la franc-maçonnerie, la légende du temple de Salomon est omniprésente. On trouve tout d'abord plusieurs occurrences dans les rituels, notamment les instructions morales qui sont lues aux apprentis du régime écossais rectifié, dont voici un extrait. Les trois coups sur le cœur vous désignent l'union presque inconcevable qui est en vous de l'esprit, de l'âme et du corps, qui est le grand mystère de l'homme et du maçon figuré par le temple de Salomon. Le tapis que vous voyez devant vous représente le temple fameux qui fut élevé à Jérusalem par le grand roi Salomon à la gloire du grand architecte de l'univers. Il est le type fondamental de la franc-maçonnerie et l'objet continuel des profondes méditations des maçons. Vous ne sauriez donc trop vous attacher à étudier le sens de tous les symboles qu'il vous offre. Dans les instructions maçonniques de ce rite, le temple de Salomon est placé en analogie avec l'homme. Ce dernier doit se construire et se perfectionner grâce à tous les outils que lui propose la maçonnerie. L'homme serait lui-même un temple en construction, au sens microcosme, composé d'une double nature, spirituelle et matérielle. Et inversement, le temple de Salomon représente le macrocosme et le modèle de perfection à atteindre. Alors bien sûr... Le temple des récits bibliques n'a probablement jamais existé sur un plan historique, mais ce dernier devient un symbole et même un arc éthique pour les francs-maçons. Voici un second extrait, toujours dans les instructions du grade d'apprenti au régime rectifié. Que représente la loge ? Le temple de Salomon réédifié mystiquement par les francs-maçons. Pourquoi le temple de Salomon sert-il d'emblème aux francs-maçons ? Pour leur rappeler qu'ils doivent bâtir dans leur cœur un temple à la vertu et tâcher de le rendre aussi parfait que celui qui fut achevé par Salomon à la gloire du grand architecte de l'univers. Si les francs-maçons travaillent à réédifier le temple, c'est en premier lieu que ce dernier est détruit. Mais ici, les francs-maçons ne nous parlent pas du temple au sens physique, mais de l'édifice au sens mystique. Si l'on reprend l'analogie entre l'homme et le temple, cela voudrait dire que c'est l'homme qui est brisé en réalité. Et sur ce plan, ce récit devient une allégorie de la chute de l'homme après l'épisode du jardin d'Éden. Alors toujours avec une double lecture, sur le plan tout d'abord du microcosme, l'homme aurait perdu le lien avec le divin ou sa nature spirituelle et se trouverait ainsi piégé dans la matière. Le travail du franc-maçon consisterait de fait à reconstruire ce lien d'union mais à l'échelle individuelle. Le temple de Salomon étant le lieu de la théophanie pour les hébreux, si l'homme est un temple, cela illustre l'union du corps et de l'esprit et donc de la nature divine. Mais en deuxième lecture, sur le plan du macrocosme, les frères d'une loge forment l'égrégore qui réédifie le temple lors de chaque tenue, chaque individu devenant l'une des pierres de l'édifice. Le temple de Salomon y devient alors l'humanité dans sa forme la plus parfaite. Mais la question qui se pose, c'est pourquoi les francs-maçons prennent le temple de Salomon spécifiquement en référence. Après tout, le grand temple des Hébreux n'est pas le seul à représenter la fonction théophanique d'union des hommes avec le divin. Pour prendre quelques exemples, le Parthénon d'Athènes, ou le temple de la Magdamater à Rome, et bien d'autres sanctuaires de l'Antiquité, illustrent les mêmes concepts, de plus, ils ont réellement existé. Mais la raison en fait est relativement simple. Les précurseurs de la franc-maçonnerie, au XVII et du VIIIe siècle, étaient tous de tradition chrétienne, catholique ou protestante. Ils ont utilisé l'édifice le plus admirable de leur religion, qu'il soit réel ou mythique. Ensuite, l'élément suivant est l'aspect du rite. Les francs-maçons se réunissent dans une loge, mais pas dans le temple, puisque celui-ci est techniquement ou symboliquement détruit et qu'il doit justement être reconstruit. C'est donc à chaque cérémonie que les francs-maçons entrent dans la loge et réédifient ou reconstruisent le temple via une cérémonie théophanique ou un égrégore. Encore une fois, nous sommes clairement ici face au mythe de l'éternel retour tel que défini par Mircea Eliade. Dans toutes les traditions rituelles de l'humanité, les cérémonies ont toujours pour but de revenir mystiquement au temps parfait des origines via un jeu scénique. C'est l'eucharistie chrétienne qui rejoue le dernier repas du Christ, c'est la fête eulésénienne qui rejoue la recherche de Perséphone par Déméter, ou encore les aborigènes Arunta qui célèbrent chaque année la création du monde autour de l'Eucharistie. du totem sacré. C'est le retour de l'âge d'or, le moment parfait où le sacré est connecté à la matière, où l'homme est connecté au divin. Mais bien au-delà de la franc-maçonnerie, vous aurez bien compris que le temple de Salomon pourra être utilisé comme symbole par toutes les traditions ésotériques qui se revendiquent de la Bible. Judaïsme, christianisme, islam portent ces éléments en commun, soit l'idée du Saint des Saints, le lieu de communication avec le divin. Bien sûr, le symbole du temple de Salomon n'aurait aucune puissance évocatoire pour les personnes qui se placent hors de la tradition biblique. D'ailleurs, les autres religions de la planète ou les traditions ésotériques possèdent aussi leur propre lieu réel ou imaginaire qui véhicule les mêmes concepts. Alors pour ma part, je pense que le temple de Salomon n'est qu'un nom pour désigner un concept symbolique et certains lui en préféreront d'autres plus adaptés à leur cadre religieux et leurs références culturelles. Et justement, dans la dernière partie de cette vidéo, nous allons sortir du cadre limitatif des religions abrahamiques pour nous intéresser au concept du temple de la haute science tel que défili par l'occultiste Pierre-Vencent Tipiob. Dans un cadre ésotérique, l'individu qui entreprend la quête des mystères va toujours chercher à accéder à un temple symbolique, un lieu de connaissance ou de gnose qui peut le réconcilier avec sa nature divine transcendantale. Je précise que j'utilise le terme mystère dans son sens originel qui voulait dire l'initiation aux choses du sacré et non pas seulement au terme choses bizarres ou choses étranges ou choses incompréhensibles qui est utilisé dans le langage courant. Pour les adeptes des mystères, accéder à ce temple correspond à produire la théophanie personnelle suivant les termes, on l'appellera, éveil mystique, illumination ou encore le satori. Dans cette lecture, le temple de la haute science de Pierre Piobe, le temple de Salomon des francs-maçons, le tombeau de Christian Rosenkreuz pour les rosicruciens ou encore le mandala du Tai-Zhokai des bouddhistes Shingon, deviennent tous respectivement des lieux symboliques où se trouve la gnose ou les mystères du sacré au sens large. Et l'on pourrait dire qu'il s'agit simplement de chemins différents pour accéder à la même chose. Pierre Piobe nous disait justement qu'il existait plusieurs portes à ce temple symbolique. Et si l'on revient au concept microcosme de l'individu, Le temple, ce serait nous. Et la réponse se trouverait donc dans le labyrinthe des questions et des réponses, comme le disait Hugo Pratt. Il y a ici l'idée d'un pèlerinage intellectuel, et bien sûr, celui-ci peut être accompagné de cérémonies dans un lieu bien réel afin d'unir le corps et l'esprit. A ce niveau, le temple de Salomon devient bien plus qu'un simple monument en l'honneur d'une quelconque divinité. Il est la représentation du lien détruit entre l'homme et sa propre nature divine. De ce fait, son existence réelle n'a plus vraiment d'intérêt dans cette lecture. Et heureusement, car son historicité est loin d'être prouvée. Alors bien qu'étant probablement un lieu imaginaire, le temple de Salomon n'en est pas moins un concept d'une grande richesse dans une perspective ésotérique. Et c'est sûrement pour cette raison que son succès ne se dément pas au gré des siècles. Nous voici arrivés à la fin de ce voyage et j'espère avoir éveillé votre intérêt pour ce sujet. Pour ceux d'entre vous qui souhaiteraient en apprendre plus, je vous recommande deux de mes anciennes vidéos qui traitent respectivement de l'histoire de Moïse et de l'exode des Hébreux entre mythe et réalité, ainsi que ma vidéo sur l'histoire des royaumes hébreux, le royaume de Samarie et le royaume de Juda, mais aussi les hypothétiques règnes de David et Salomon. Vous pourrez également, si vous le souhaitez, vous procurer mon dernier livre Arcanamundi, les rites initiatiques où je développe plus en détail toutes les symboliques autour des temples à mystère. Tous les liens se trouvent en description sous la vidéo. Alors, comme à l'habitude, pensez à liker et partager la vidéo si ce travail vous a plu et pensez également à vous abonner pour être notifié des prochaines vidéos à venir si ce n'est pas encore le cas. Et pour ceux qui le souhaitent, vous pouvez également me soutenir dans mon travail en faisant un don sur Tipeee. Cela vous donne accès en contrepartie aux vidéos privées de l'Académie. Dans tous les cas, de mon côté, je vous dis à très bientôt pour de nouvelles enquêtes historiques, ésotériques... mais également mythologique sur la chaîne Arcana les mystères du monde. Et sur ce, à très bientôt.

Description

Partez à la découverte du légendaire Temple de Salomon, un édifice sacré dont la construction, relatée dans les récits bibliques, remonte à 3000 ans. Ce monument mythique continue de fasciner historiens et chercheurs, et demeure un sujet de débat intense : a-t-il réellement existé ou est-il le fruit d’une légende ancienne ?


Au-delà de la simple histoire, nous examinerons également les racines historiques du peuple hébreu, liées à ce temple mystérieux. Nous explorerons également le symbolisme puissant du Temple de Salomon et ses liens profonds avec la franc-maçonnerie, qui puise une grande part de son imaginaire dans cet édifice sacré. Découvrez comment ce symbole a influencé l’histoire, la culture et les sociétés secrètes à travers les siècles.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue pour cette nouvelle vidéo. Alors aujourd'hui, nous allons remonter le temps afin de nous intéresser à l'un des sanctuaires les plus mythiques de l'histoire. S'il est bien un lieu considéré comme sacré par les trois religions monothéistes, c'est bien le temple de Salomon. L'édifice aurait été édifié par le roi Salomon au Xe siècle avant Jésus-Christ et fut détruit quatre siècles plus tard par les Babyloniens. Mais malgré cela, le temple disparu s'est métamorphosé en symbole dans les cénacles ésotériques, à commencer par l'afro-maçonnale. Seulement voilà, le temple de Salomon a-t-il réellement existé sur le plan historique ? Eh bien, rien n'est moins sûr. Alors, dans cette émission d'aujourd'hui, je vous propose de découvrir la légende biblique du temple de Salomon mais aussi l'histoire vraie du temple de Jérusalem, ainsi que la symbolique ésotérique de ce temple mythique. D'après le récit biblique, le temple de Jérusalem fut édifié par le roi Salomon au Xe siècle avant notre ère. Le projet n'ayant pu être réalisé du temps du roi David, c'est son fils qui va édifier le sanctuaire du dieu des cébreux. Voici tout d'abord l'extrait biblique qui concerne le projet. Salomon fit dire à Hiram, Tu sais que David, mon père, n'a pas pu bâtir une maison à l'Éternel, son Dieu, à cause des guerres dont ses ennemis l'ont enveloppé jusqu'à ce que l'Éternel les eût mis sous la plante de ses pieds. Maintenant, l'Éternel, mon Dieu, m'a donné du repos de toutes parts, plus d'adversaires, plus de calamités. Voici, j'ai l'intention de bâtir une maison au nom de l'Éternel, mon Dieu, comme l'Éternel l'a déclaré à David, mon père, en disant. Ton fils, que je mettrai à ta place sur ton trône, ce sera lui qui bâtira une maison à mon nom. Notons que dans ce récit, la création du temple émane de la volonté divine, ce n'est pas un simple caprice des hommes. Il est d'ailleurs stipulé, dans le récit biblique toujours, que le temple sera la maison de l'éternel. Il faut comprendre par là que c'est le lieu où se produit la théophanie ou encore la manifestation du divin si vous préférez. Pour accomplir sa tâche, Salomon sollicite l'aide du roi phénicien Hiram de Tyr, qui lui fournit des ouvriers qualifiés et le bois de cèdre nécessaire pour la construction du bâtiment, qui va s'étaler sur sept années, toujours d'après le récit biblique. Voici d'ailleurs un autre extrait afin de comprendre cette phase de la construction. Lorsqu'il entendit les paroles de Salomon, Hiram eut une grande joie, et il dit Béni soit aujourd'hui l'Éternel, qui a donné à David un fils sage pour chef de ce grand peuple. Et Iram fit répondre à Salomon. J'ai entendu ce que tu m'as envoyé dire. Je ferai tout ce qui te plaira au sujet des bois de cèdre et des bois de cyprès. Mes serviteurs les descendront du Liban à la mer et je les expédierai par mer en radeau jusqu'au lieu que tu m'indiqueras. Là, je les ferai délier et tu les prendras. Ce que je désire en retour, c'est que tu fournisses des vivres à ma maison. Le plan de l'édifice ou le projet architectural fut préalablement donné par la divinité à David, qu'il avait transmis à son fils Salomon. Il y a donc ici une idée de plan divin avec cet édifice. Ce n'est pas un simple bâtiment quelconque, il doit forcément émaner d'une composition symbolique en rapport avec les lois divines et les rites religieux qui doivent y être célébrés. Voici l'extrait en question. David donna à Salomon, son fils, le modèle du portique et des bâtiments des chambres du trésor, des chambres hautes, des chambres intérieures et de la chambre du propriatoire. Il lui donna le plan de tout ce qu'il avait dans l'esprit, touchant les parvis de la maison de l'Éternel et toutes les chambres alentours pour les trésors de la maison de Dieu et les trésors du sanctuaire, et touchant les places des sacrificateurs et des lévites. tout ce qui concernait le service de la maison de l'Eternel et tous les ustensiles pour le service de la maison de l'Eternel. À ce stade, une symbolique importante mérite d'être notée. Dans la tradition biblique, David est le roi guerrier par excellence qui établit le royaume mythique d'Israël dans ses frontières. Mais à contrario, Salomon est le roi de la paix, celui qui doit assurer la prospérité et l'avenir du royaume. De ce fait, c'est à Salomon que revient la tâche d'édification du temple, qui devient un symbole d'unité entre le peuple d'Israël et la divinité. Un seul temple, un seul dieu, un seul peuple. Ainsi, toujours d'après le récit légendaire, le temple fut bâti sur le mont Moria, qui correspond à l'actuel mont du temple à Jérusalem. Ce lieu, éminemment symbolique dans le récit biblique, correspond à l'endroit où Isaac faillit être sacrifié par son père Abraham. C'est un lieu qui marque l'obéissance et la soumission suprême à la divinité. Notons à ce stade que l'architecture sur les hauteurs est un classique de la religion antique en réalité. Les cieux étant associés à la demeure de la ou les divinités. Les montagnes font office de lieu de contact ou de communication. Cette approche symbolique n'est pas réservée aux seuls hébreux. On la retrouve dans la plupart des cultes antiques mais également ultérieurs. La montagne étant une sorte d'axis mundi naturel, un escalier céleste qui permet de connecter le monde des hommes et le monde des dieux. Pour le moment, revenons au récit biblique. La construction du temple va durer pendant sept années sans qu'aucune pierre ne soit taillée à l'intérieur de l'édifice. On notera l'importance du symbolisme dans les dimensions et le décorum du monument. Pour cela, voici un long passage biblique concernant la construction du temple et la démesure du projet. La maison que le roi Salomon bâtit à l'éternel avait 60 coudées de longueur, 20 de largeur et 30 de hauteur. Le portique devant le temple de la maison avait vingt coudées de longueur répondant à la largeur de la maison et dix coudées de profondeur sur la face de la maison. Le roi fit à la maison des fenêtres solidement grillées. Il bâtit, contre le mur de la maison, des étages circulaires qui entouraient les murs de la maison, le temple et le senteur. Et il fit des chambres latérales tout autour. L'étage inférieur était large de cinq coudées. celui du milieu de six coudées et le troisième de sept coudées, car il ménagea des retraites à la maison tout autour en dehors, afin que la charpente n'entra pas dans les murs de la maison. Lorsqu'on bâtit la maison, on se servit de pierres toutes taillées, et ni matériaux, ni haches, ni aucun instrument de fer ne furent entendus dans la maison pendant qu'on la construisait. L'entrée des chambres de l'étage inférieur était au côté droit de la maison. On montait à l'étage du milieu par un escalier tournant et de l'étage du milieu au troisième. Après avoir achevé de bâtir la maison, Salomon la couvrit de planches et de poutres de cèdre. Il donna cinq coudées de hauteur à chacun des étages qui entouraient toute la maison et il les lia à la maison par des bois de cèdre. L'Éternel adressa la parole à Salomon et lui dit Tu bâtis cette maison. Si tu marches selon mes lois, si tu pratiques mes ordonnances, si tu observes et suis tous mes commandements, j'accomplirai à ton égard la promesse que j'ai faite à David, ton père. J'habiterai au milieu des enfants d'Israël et je n'abandonnerai point mon peuple d'Israël. Après avoir achevé de bâtir la maison, Salomon en revêtit intérieurement les murs de planches de cèdre depuis le sol jusqu'au plafond. Il revêtit ainsi de bois intérieur et il couvrit le sol de la maison de planches de cyprès. Il revêtit de planches de cèdre les 20 coudées du fond de la maison depuis le sol jusqu'au haut des murs. Il les réserva cet espace pour en faire le sanctuaire, le lieu très sain. Les 40 coudées sur le devant formaient la maison, c'est-à-dire le temple. Le bois de cèdre, à l'intérieur de la maison, offrait des sculptures de colocynthes et de fleurs épanouies. Tout était de cèdre et on ne voyait aucune pierre. Salomon établit le sanctuaire intérieurement au milieu de la maison pour y placer l'arche de l'Alliance de l'Éternel. Le sanctuaire avait vingt coudées de longueur, vingt coudées de largeur et vingt coudées de hauteur. Salomon le couvrit d'or pu. Il fit devant le sanctuaire un autel de bois de cèdre et le couvrit d'or. Il couvrit d'or pur l'intérieur de la maison et il fit passer le voile dans des chaînettes d'or devant le sanctuaire qu'il couvrit d'or. Il couvrit d'or toute la maison, la maison toute entière et il couvrit d'or tout l'autel qui était devant le sanctuaire. Il fit dans le sanctuaire deux chérubins de bois d'olivier sauvage ayant dix coudées de hauteur. Chacun des deux ailes de l'un des chérubins avait cinq coudées, ce qui faisait dix coudées de l'extrémité d'une des ailes à l'extrémité de l'autre. Le second chérubin avait aussi dix coudées. La mesure et la forme étaient les mêmes pour les deux chérubins. La hauteur de chacun des deux chérubins était de dix coudées. Salomon plaça les chérubins au milieu de la maison, dans l'intérieur. Leurs ailes étaient déployées. L'aile du premier touchait à l'un des murs et l'aile du second touchait à l'autre mur. Et leurs autres ailes se rencontraient par l'extrémité au milieu de la maison. Salomon couvrit d'or les chérubins. Il fit sculpter sur tout le pourtour des murs de la maison, à l'intérieur et à l'extérieur, des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies. Il couvrit d'or le sol de la maison, à l'intérieur et à l'extérieur. Il fit à l'entrée du sanctuaire une porte à deux bâtons de bois d'olivier sauvage. L'encadrement avec les poteaux équivalait à un cinquième du mur. Les deux bâtons étaient de bois d'olivier sauvage. Il y fit sculpter des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies, et il les couvrit d'hommes. Il étendit aussi l'or sur les chérubins et sur les palmes. Il y fit de même pour la porte du temple, les poteaux de bois d'olivier sauvage, ayant le quart de la dimension du mur, et deux bâtons de bois de cyprès. Chacun des bâtons était formé de deux planches brisées. Il fit sculpter des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies, et il les couvrit d'or, qu'il étendit sur la sculpture. Il bâtit le parvis intérieur de trois rangées de pierres de taille et d'une rangée de poutres de sel. La quatorzième année, au mois d'Osive, les fondements de la maison de l'Éternel furent posés. La onzième année, au mois d'Obule, qui est le huitième mois, la maison fut achevée dans toutes ses parties et telle qu'elle devait être. Salomon la construisit dans l'espace de sept années. Voici la fin de ce long récit sur l'édification du temple. Ce dernier devient le cœur ou l'épicentre de la religion des Hébreux, le seul et unique sanctuaire pour le Dieu unique. Le texte biblique nous fait le portrait d'un lieu majestueux, aux dimensions impressionnantes et répondant à des codes géométriques précis, voire même symboliques. Si l'édifice est le lieu central du culte, là où se manifeste la théophanie, c'est également en son sein que sont conservées les reliques les plus importantes de la religion des Hébreux. A commencer par l'arche d'Alliance qui contient les tables de la loi de Moïse, ou encore la Ménorah, le chandelier à cette branche, ainsi que nombre d'autres trésors plus communs. Par la suite, un autre événement du récit mythique doit attirer notre intérêt. C'est le pillage du temple de Salomon lors du règne de son successeur, Roboam, et je vous cite un extrait du texte. La cinquième année du règne de Roboam, Shishak, roi d'Egypte, monta contre Jérusalem. Il prit les trésors de la maison de l'Éternel et les trésors de la maison du roi. Il prit tout, il prit tous les boucliers d'or que Salomon avait fait. Ici, on nous présente l'invasion du pharaon Shishak sur le royaume épreu ainsi que le pillage du temple par ce même pharaon. C'est ici que certains hypothétisent le déplacement de l'Arche d'Alliance en Égypte, ce qui sera d'ailleurs l'objet du film Indiana Jones à la recherche de l'Arche perdue Mais au-delà du récit mythique, ce qui nous intéresse, c'est la contextualisation historique que nous offre cette histoire. Nous allons y revenir dans la partie suivante. Dans la suite du récit biblique, le Temple continue à prospérer pendant quelques siècles jusqu'à sa destruction par les armées de Nabucodonosor II en 586 avant J.-C. Cet événement est présenté comme un fléau divin envoyé sur le peuple hébreu en raison de leur perte de foi. Ces derniers se sont détournés de l'enseignement de Moïse et Yahvé envoie les Babyloniens sous forme d'un châtiment divin. C'est ici que se termine l'histoire des Hébreux avec leur déportation dans la cité de Babylone, mais c'est aussi ici que commence l'histoire des Juifs lorsqu'ils retourneront dans la ville de Jérusalem pour y bâtir le second temple sur les ruines du précédent. Toute cette histoire est de l'ordre de la légende bien entendu, et si certains événements historiques se retrouveront de façon romancée, une bonne part forme le mythe fondateur du temple de Salomon. Alors maintenant, quittons le récit biblique et la mythologie pour étudier cette affaire sur le plan de l'histoire et de l'archéologie. Sur un aspect plus historique, il n'existe aucun élément archéologique qui permet de valider l'existence réelle du temple de Salomon. et encore moins aux dates bibliques supposées, soit au Xe siècle avant Jésus-Christ. En premier lieu, aucun élément ne permet de penser que la monarchie unifiée d'Israël, des règnes de David et Salomon, ait réellement existé. Même dans le cas où ceci fut réel, Israël ne représentait pas, dans tous les cas, une grande puissance, contrairement à ce qu'affirme l'Horestie biblique. C'était au mieux un petit état sans réelle influence géopolitique de ce temps. Il semble donc peu probable qu'un édifice aussi majestueux ait existé à Jérusalem au Xe siècle avant notre ère. Vous pourriez me dire que la fameuse expédition du pharaon Shishak lors du règne de Roboam a pourtant bel et bien existé. Eh bien, c'est vrai. Mais en réalité, le pharaon porte le nom de Sheshon Ier et a régné sur l'Egypte entre 945 et jusqu'à 924 avant Jésus-Christ. Sur le plan des dates, cela est cohérent. Alors si l'expédition militaire du pharaon a bel et bien eu lieu, notons qu'à aucun moment il ne mentionne la ville de Jérusalem, ni même les hypothétiques trésors qu'il y aurait pillés. Pourtant, le pharaon n'est pas avare et ne manque pas de faire inscrire la liste de ses nombreux exploits des villes conquises et pillées au Proche-Orient. Alors, pourquoi ne cite-t-il pas la cité de Jérusalem ? Eh bien en fait, la raison est relativement simple. Les éléments archéologiques nous montrent que dans ce créneau de date, Jérusalem était plus proche du village que de la ville. Elle n'avait donc aucune importance stratégique ni même économique pour le pharaon d'Egypte. A cette période, il ne s'agissait pas d'un centre important et ne pouvait de fait pas avoir des trésors aussi considérables, du moins pas ceux qu'on lui prête dans la Bible. De plus, le lieu semble avoir été occupé par un petit nombre d'habitants, proche des 3000 personnes, sensiblement toujours au Xe siècle avant notre ère. Ce ne sera qu'au VIIIe siècle avant notre ère que Jérusalem va commencer à prendre de l'importance dans la région. Alors, de fait, si un temple d'importance fut édifié sur ce site, ce n'est probablement pas avant cette période. Alors, pour appuyer mon propos, je me base principalement sur les travaux de l'archéologue Israel Finkelstein. Il est probable que le premier temple de Jérusalem fût édifié sous les règnes des rois Ézéchias ou éventuellement Josias, soit au VIIe siècle avant Jésus-Christ. On pourrait rétorquer que le texte biblique est plus ancien, puisqu'il est censé dater de la période de Moïse et de ses successeurs directs, Joshua, Samuel, etc. Mais la réponse est tout aussi simple. En premier lieu, l'existence de Moïse n'est pas prouvée sur le plan historique, pas plus que celle de Josias ou de Samuel et des premiers rois. Et l'étude de la Bible présente plusieurs incohérences chronologiques, mettant en doute sa date de composition qui est de fait tout aussi légendaire. Alors cette fois-ci, en m'appuyant sur les travaux du professeur Thomas Rohmer, il me semble plus crédible que les textes bibliques ne furent pas composés avant le 7e siècle, soit la période de règne des rois Josias et Hésékias, et donc de façon concomitante avec l'édification réelle du temple de Jérusalem. Il est probable que les érudits de cette époque aient composé la Torah ainsi que les récits de David et de Salomon pour légitimer les désirs de conquête du roi Vosias en se référant à un passé mythique. Pour le comprendre, il nous faut faire un petit point historique sur cette époque. Ce moment de l'histoire des Hébreux est particulièrement important. Au 8e siècle avant notre ère, il existait deux royaumes hébreux, celui de Samarie ou le royaume du Nord et celui de Juda ou le royaume du Sud où se situe Jérusalem. Si le royaume du Nord a rayonné et ce depuis le 9e siècle avant JC, le petit royaume du Sud n'a pas vraiment fait parler de lui. Mais en 722 avant Jésus-Christ, le royaume du Nord est conquis par les armées assyriennes et une bonne part de la population va migrer vers le petit royaume du Sud. Alors ce petit état, enclavé, va alors rapidement se développer et c'est probablement ici que le temple de Jérusalem sera édifié. Il me semble important de noter que préalablement, les Hébreux du royaume du Nord ou de Samarie possédaient déjà un sanctuaire d'importance dans la ville de Bethel. Et pendant longtemps, le royaume de Juda a vécu dans l'ombre du royaume du Nord et le lieu le plus saint des Hébreux était naturellement celui de Bethel et absolument pas Jérusalem. Mais avec la chute du royaume de Samarie et le développement du royaume de Juda au sud, le sanctuaire de Jérusalem va progressivement supplanter celui de Bethel. Alors, lors du règne du roi Josias, soit entre 640 et 609 avant Jésus-Christ, ce dernier va souhaiter conquérir les anciennes terres de Samarie ou le royaume du Nord. Pour cela, il s'appuie sur le mythe de la monarchie unifiée de David et de Salomon et sur l'ancien temple mythique qui aurait déjà été présent à Jérusalem afin de renforcer son pouvoir. On peut même supposer que ce soit en réalité le temple de Bethel qui ait servi de modèle pour le temple mythique de Salomon. Les dates, du moins, seraient déjà beaucoup plus cohérentes. Pour revenir à Jérusalem, quelle que soit la datation exacte du monument et son édificateur, le temple de Jérusalem sera bel et bien détruit par les armées babylodiennes de Nabucodonosor en 586 avant Jésus-Christ. Sur ce point, le récit biblique est fidèle à la réalité historique. Et comme vous l'aurez compris, c'est d'ailleurs toute la difficulté de ce texte car il mélange les éléments historiques avec des récits légendaires. Dans la suite des événements, les Hébreux du royaume du Sud seront envoyés en captivité à Babylone et ce n'est qu'une cinquantaine d'années plus tard qu'ils pourront retrouver leur terre ancestrale. Cela coïncide avec la chute de l'Empire babylonien et la naissance de l'Empire perse de Cyrus le Grand. Mais à ce stade, l'ancien royaume de Juda est devenu une province de l'Empire perse hachimédine, ce n'est plus un état indépendant. C'est la naissance de la province de Judée et ses habitants, les juifs, sont les descendants des Hébreux du royaume de Juda. De retour d'exil, l'architecte Zorobabel va entreprendre l'édification d'un nouveau temple sur les ruines du précédent. Et ce lieu va devenir le cœur de la religion juive pour plusieurs siècles, malgré les occupations perses, grecques, romaines qui se succéderont au cours du temps. Il me semble important à ce stade de vous rappeler qu'une bonne part des écrits bibliques seront également composés lors de cette période. A commencer par le livre de la Genèse, qui certes est le premier dans le texte, mais n'a pas été écrit en premier, car il reprend une bonne part des mythes mésopotamiens qui ont été collectés lors de la période de l'exil à Babylone. Au niveau du temple de Zorobabel, appelé couramment le second temple, contrairement au temple de Salomon, qui est probablement mythique ou du moins édifié seulement au 7e siècle avant JC, celui de Zorobabel est bel et bien réel, mais il n'a rien de commun avec les descriptions bibliques du temple mythique. Il possède tout d'abord une architecture qui est en tout point cohérente avec les styles proches orientaux de la même époque. Quelques temps plus tard, au premier siècle avant notre ère, suite aux guerres et aux tumultes de la région, le temple avait souffert des affres du temps. Et c'est Hérode le Grand qui va entreprendre un grand chantier de restauration. Le temple de Jérusalem prendra alors le nom d'usage de temple d'Hérode, mais ce monument sera lui aussi détruit en l'an 70 de notre ère par les légions romaines de l'empereur Titus. Depuis lors, la littérature judaïque prophétise la création d'un troisième temple lorsque le peuple juif aura retrouvé sa terre natale, ce qui est aujourd'hui partiellement le cas avec la création du pays d'Israël en l'année 1947. Néanmoins, le temple ne fut pas rebâti, en partie dû à la présence d'autres monuments religieux sur le mont du temple, soit l'emplacement du temple d'Hérode et préalablement du temple de Zorobabel. Lorsque les musulmans ont conquis le Proche-Orient au VIIe siècle de notre ère face aux chrétiens byzantins, ils ont édifié plusieurs mosquées sur le mont du temple, lieu supposé du temple de Salomon mais bien réel du temple de Zorobabel. Notamment la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher vers environ l'an 685 de notre ère. Plus tard, lors des croisades, sont les chrétiens qui s'emparent de Jérusalem en 1099 et prennent possession du mont du Temple. Alors le Dôme du Rocher sera provisoirement transformé en église, le Templum Domini, et la mosquée Al-Aqsa deviendra le siège de l'ordre du Temple, d'où leur nom de Templi. Le mont du Temple va repasser dans les mains des musulmans en 1187, puis finalement revenir aux juifs après la guerre des six jours en 1967. En réalité, le mont du Temple est sur le territoire palestinien, mais l'état d'Israël possède un contrôle tacite sur le secteur. Bien que la chronologie historique soit plus complexe, elle nous montre l'importance symbolique attachée par les trois religions du livre au mont du Temple et à l'hypothétique Temple de Salomon. De nos jours, le mur des Lamentations est considéré comme un vestige du second temple, celui de Zorobabel, et représente le lieu le plus sain du judaïsme. Dans les faits, le mur des Lamentations, ou mur occidental, est en réalité un vestige de l'esplanade du temple d'Hérod, mais à aucun moment il ne fit partie du temple de Salomon, qui, pour sa part, se cache dans le royaume des mythes. Alors, je pense que vous commencez à comprendre la problématique. Comment un temple qui n'a aucune validité historique a pu inspirer autant de mythes et stimuler l'imaginaire de plusieurs sociétés initiatiques ? Comment un bâtiment imaginaire a pu devenir le symbole de la perfection architecturale ? Et bien c'est ce que nous allons tenter de voir dans la suite de cette vidéo. Au cœur de la période médiévale, l'église et les rois se réfèrent toujours aux rois mythiques David et Salomon ainsi qu'aux fameux temples. Tel le concept du mythe de l'éternel retour cher à Mircea Eliade, le temple et la monarchie unifiée d'Israël représentent une sorte d'âge d'or aux yeux des croyants aussi bien juifs que chrétiens. Ainsi, pour les juifs, ils attendent le retour du Messie et la reconstruction du temple pour la troisième fois. De leur côté, les chrétiens prennent le modèle symbolique du temple de Salomon pour édifier leur cathédrale. Bien sûr, le style architectural est totalement différent, mais au vu des représentations artistiques du temple de Salomon à l'époque médiévale, on peut clairement voir l'inspiration symbolique. La différence principale vient du fait que le temple de Salomon était censé être un lieu unique pour le culte de Yahvé, alors que les églises et cathédrales chrétiennes sont autant de maisons de la divinité disséminées sur tout le territoire. En réalité, l'unicité du temple dans la culture hébraïque s'explique par la taille réduite du territoire, ce qui le rendait accessible pour chaque individu, ce qui n'est évidemment pas le cas du christianisme qui nécessite de nombreux octuaires à travers tout le monde chrétien. Pour illustrer mon propos et la portée symbolique du temple de Salomon dans le cadre du christianisme, je vous cite un extrait issu d'un manuscrit appartenant à une confrérie de bâtisseurs composée en 1410. L'art y fut exercé et les instructions observées ainsi que le prouve la construction du temple de Salomon que commença le roi David. Le roi David aimait bien les maçons et leur donna des instructions fort proches de ce qu'elles sont aujourd'hui. La construction du temple au temps de Salomon, comme il est dit dans la Bible au premier livre des rois chapitre 5, Salomon avait 80 000 maçons sur son chantier et le fils du roi de Tyr était son maître maçon. Il est dit chez d'autres chroniqueurs et en de vieux livres de maçonnerie que Salomon confirma les instructions que David, son père, avait données aux maçons. Et Salomon lui-même leur enseigna leurs coutumes, peu différentes de celles en usage aujourd'hui. Et dès lors, cette noble science fut portée en France et en bien d'autres régions. Il y eut autrefois un noble roi de France qui s'appelait Carolus Secondus, c'est-à-dire Charles II. Et ce Charles fut choisi roi de France par la grâce de Dieu et aussi de sa naissance. Certains disent qu'il fut choisi par suite des événements, ce qui est faux puisque selon la chronique, il était du sang des rois. Ce même roi Charles fut maçon avant d'être roi. Après être devenu roi, il accorda l'affection et protection aux maçons et leur donna des instructions et coutumes de son invention, qui sont encore en usage en France. Il leur ordonna aux maîtres et compagnons de tenir une assemblée une fois par an, d'y venir discuter et prendre des mesures concernant tout ce qui n'irait pas. Cet extrait que je viens de vous citer est issu du manuscrit Cook, un document qui sera par la suite utilisé dans le cadre de la franc-maçonnerie. Ce document nous présente le temple de Salomon comme l'œuvre la plus parfaite et que chaque chantier de cathédrale doit aspirer à la même perfection. Pour cela, la science de la maçonnerie fut transmise de génération en génération via une chaîne de transmission ininterrompue, bien que mythique, vous l'aurez tout à fait compris. Alors maintenant, voyons plus en détail la légende du temple de Salomon et surtout sa symbolique au sein de la franc-maçonnerie. Dans le cadre de la franc-maçonnerie, la légende du temple de Salomon est omniprésente. On trouve tout d'abord plusieurs occurrences dans les rituels, notamment les instructions morales qui sont lues aux apprentis du régime écossais rectifié, dont voici un extrait. Les trois coups sur le cœur vous désignent l'union presque inconcevable qui est en vous de l'esprit, de l'âme et du corps, qui est le grand mystère de l'homme et du maçon figuré par le temple de Salomon. Le tapis que vous voyez devant vous représente le temple fameux qui fut élevé à Jérusalem par le grand roi Salomon à la gloire du grand architecte de l'univers. Il est le type fondamental de la franc-maçonnerie et l'objet continuel des profondes méditations des maçons. Vous ne sauriez donc trop vous attacher à étudier le sens de tous les symboles qu'il vous offre. Dans les instructions maçonniques de ce rite, le temple de Salomon est placé en analogie avec l'homme. Ce dernier doit se construire et se perfectionner grâce à tous les outils que lui propose la maçonnerie. L'homme serait lui-même un temple en construction, au sens microcosme, composé d'une double nature, spirituelle et matérielle. Et inversement, le temple de Salomon représente le macrocosme et le modèle de perfection à atteindre. Alors bien sûr... Le temple des récits bibliques n'a probablement jamais existé sur un plan historique, mais ce dernier devient un symbole et même un arc éthique pour les francs-maçons. Voici un second extrait, toujours dans les instructions du grade d'apprenti au régime rectifié. Que représente la loge ? Le temple de Salomon réédifié mystiquement par les francs-maçons. Pourquoi le temple de Salomon sert-il d'emblème aux francs-maçons ? Pour leur rappeler qu'ils doivent bâtir dans leur cœur un temple à la vertu et tâcher de le rendre aussi parfait que celui qui fut achevé par Salomon à la gloire du grand architecte de l'univers. Si les francs-maçons travaillent à réédifier le temple, c'est en premier lieu que ce dernier est détruit. Mais ici, les francs-maçons ne nous parlent pas du temple au sens physique, mais de l'édifice au sens mystique. Si l'on reprend l'analogie entre l'homme et le temple, cela voudrait dire que c'est l'homme qui est brisé en réalité. Et sur ce plan, ce récit devient une allégorie de la chute de l'homme après l'épisode du jardin d'Éden. Alors toujours avec une double lecture, sur le plan tout d'abord du microcosme, l'homme aurait perdu le lien avec le divin ou sa nature spirituelle et se trouverait ainsi piégé dans la matière. Le travail du franc-maçon consisterait de fait à reconstruire ce lien d'union mais à l'échelle individuelle. Le temple de Salomon étant le lieu de la théophanie pour les hébreux, si l'homme est un temple, cela illustre l'union du corps et de l'esprit et donc de la nature divine. Mais en deuxième lecture, sur le plan du macrocosme, les frères d'une loge forment l'égrégore qui réédifie le temple lors de chaque tenue, chaque individu devenant l'une des pierres de l'édifice. Le temple de Salomon y devient alors l'humanité dans sa forme la plus parfaite. Mais la question qui se pose, c'est pourquoi les francs-maçons prennent le temple de Salomon spécifiquement en référence. Après tout, le grand temple des Hébreux n'est pas le seul à représenter la fonction théophanique d'union des hommes avec le divin. Pour prendre quelques exemples, le Parthénon d'Athènes, ou le temple de la Magdamater à Rome, et bien d'autres sanctuaires de l'Antiquité, illustrent les mêmes concepts, de plus, ils ont réellement existé. Mais la raison en fait est relativement simple. Les précurseurs de la franc-maçonnerie, au XVII et du VIIIe siècle, étaient tous de tradition chrétienne, catholique ou protestante. Ils ont utilisé l'édifice le plus admirable de leur religion, qu'il soit réel ou mythique. Ensuite, l'élément suivant est l'aspect du rite. Les francs-maçons se réunissent dans une loge, mais pas dans le temple, puisque celui-ci est techniquement ou symboliquement détruit et qu'il doit justement être reconstruit. C'est donc à chaque cérémonie que les francs-maçons entrent dans la loge et réédifient ou reconstruisent le temple via une cérémonie théophanique ou un égrégore. Encore une fois, nous sommes clairement ici face au mythe de l'éternel retour tel que défini par Mircea Eliade. Dans toutes les traditions rituelles de l'humanité, les cérémonies ont toujours pour but de revenir mystiquement au temps parfait des origines via un jeu scénique. C'est l'eucharistie chrétienne qui rejoue le dernier repas du Christ, c'est la fête eulésénienne qui rejoue la recherche de Perséphone par Déméter, ou encore les aborigènes Arunta qui célèbrent chaque année la création du monde autour de l'Eucharistie. du totem sacré. C'est le retour de l'âge d'or, le moment parfait où le sacré est connecté à la matière, où l'homme est connecté au divin. Mais bien au-delà de la franc-maçonnerie, vous aurez bien compris que le temple de Salomon pourra être utilisé comme symbole par toutes les traditions ésotériques qui se revendiquent de la Bible. Judaïsme, christianisme, islam portent ces éléments en commun, soit l'idée du Saint des Saints, le lieu de communication avec le divin. Bien sûr, le symbole du temple de Salomon n'aurait aucune puissance évocatoire pour les personnes qui se placent hors de la tradition biblique. D'ailleurs, les autres religions de la planète ou les traditions ésotériques possèdent aussi leur propre lieu réel ou imaginaire qui véhicule les mêmes concepts. Alors pour ma part, je pense que le temple de Salomon n'est qu'un nom pour désigner un concept symbolique et certains lui en préféreront d'autres plus adaptés à leur cadre religieux et leurs références culturelles. Et justement, dans la dernière partie de cette vidéo, nous allons sortir du cadre limitatif des religions abrahamiques pour nous intéresser au concept du temple de la haute science tel que défili par l'occultiste Pierre-Vencent Tipiob. Dans un cadre ésotérique, l'individu qui entreprend la quête des mystères va toujours chercher à accéder à un temple symbolique, un lieu de connaissance ou de gnose qui peut le réconcilier avec sa nature divine transcendantale. Je précise que j'utilise le terme mystère dans son sens originel qui voulait dire l'initiation aux choses du sacré et non pas seulement au terme choses bizarres ou choses étranges ou choses incompréhensibles qui est utilisé dans le langage courant. Pour les adeptes des mystères, accéder à ce temple correspond à produire la théophanie personnelle suivant les termes, on l'appellera, éveil mystique, illumination ou encore le satori. Dans cette lecture, le temple de la haute science de Pierre Piobe, le temple de Salomon des francs-maçons, le tombeau de Christian Rosenkreuz pour les rosicruciens ou encore le mandala du Tai-Zhokai des bouddhistes Shingon, deviennent tous respectivement des lieux symboliques où se trouve la gnose ou les mystères du sacré au sens large. Et l'on pourrait dire qu'il s'agit simplement de chemins différents pour accéder à la même chose. Pierre Piobe nous disait justement qu'il existait plusieurs portes à ce temple symbolique. Et si l'on revient au concept microcosme de l'individu, Le temple, ce serait nous. Et la réponse se trouverait donc dans le labyrinthe des questions et des réponses, comme le disait Hugo Pratt. Il y a ici l'idée d'un pèlerinage intellectuel, et bien sûr, celui-ci peut être accompagné de cérémonies dans un lieu bien réel afin d'unir le corps et l'esprit. A ce niveau, le temple de Salomon devient bien plus qu'un simple monument en l'honneur d'une quelconque divinité. Il est la représentation du lien détruit entre l'homme et sa propre nature divine. De ce fait, son existence réelle n'a plus vraiment d'intérêt dans cette lecture. Et heureusement, car son historicité est loin d'être prouvée. Alors bien qu'étant probablement un lieu imaginaire, le temple de Salomon n'en est pas moins un concept d'une grande richesse dans une perspective ésotérique. Et c'est sûrement pour cette raison que son succès ne se dément pas au gré des siècles. Nous voici arrivés à la fin de ce voyage et j'espère avoir éveillé votre intérêt pour ce sujet. Pour ceux d'entre vous qui souhaiteraient en apprendre plus, je vous recommande deux de mes anciennes vidéos qui traitent respectivement de l'histoire de Moïse et de l'exode des Hébreux entre mythe et réalité, ainsi que ma vidéo sur l'histoire des royaumes hébreux, le royaume de Samarie et le royaume de Juda, mais aussi les hypothétiques règnes de David et Salomon. Vous pourrez également, si vous le souhaitez, vous procurer mon dernier livre Arcanamundi, les rites initiatiques où je développe plus en détail toutes les symboliques autour des temples à mystère. Tous les liens se trouvent en description sous la vidéo. Alors, comme à l'habitude, pensez à liker et partager la vidéo si ce travail vous a plu et pensez également à vous abonner pour être notifié des prochaines vidéos à venir si ce n'est pas encore le cas. Et pour ceux qui le souhaitent, vous pouvez également me soutenir dans mon travail en faisant un don sur Tipeee. Cela vous donne accès en contrepartie aux vidéos privées de l'Académie. Dans tous les cas, de mon côté, je vous dis à très bientôt pour de nouvelles enquêtes historiques, ésotériques... mais également mythologique sur la chaîne Arcana les mystères du monde. Et sur ce, à très bientôt.

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