Speaker #0Je laisse la parole à notre conférencier du jour, que je remercie beaucoup d'être avec nous, pour une conférence, donc Philippe Tétard, qui est professeur-maître de conférence à Le Mans Université, et chercheur au laboratoire TEMOS, et qui va nous parler justement du sport à la belle époque, entre autres, et dans l'entre-deux-guerres aussi. Non, finalement non. Vous allez découvrir les débuts du sport en faisant quelques focus sur elle, évidemment. Je vous souhaite une très bonne soirée. J'aimerais que ça aille très amusant, très instructif et très illustré. Merci beaucoup. Merci pour votre invitation. Vous m'entendez, ça va ? Je vais relever ça un peu. Bien. Oui, j'ai fait un peu bouger l'intitulé. Parce que, chemin faisant, je me suis dit c'est bien beau la popularisation et la popularité des sports de la belle époque à l'entre-deux-guerres, mais ça suppose qu'on ne sache rien sur ce qui se passe avant. Et considérant, c'est pas le cas pour tout le monde aujourd'hui, je le sais, qu'il y a possiblement des néophytes dans la salle, je me suis dit qu'il était mieux de remonter à la racine de ce qu'on appelle le sport moderne, sans prétendre en une heure à peu près résoudre pour vous. cette question, et je l'ai fait avec une certaine gourmandise. Donc il y a beaucoup de diapositives, donc j'attaque sans plus tarder, et on fera notre deuil de l'entre-deux-guerres. Alors, j'ai intitulé ça Du sport des élites à la popularisation des sports pour essayer de vous faire comprendre comment, partant d'une matrice qui est très élitiste, on en arrive à un système sportif à la belle époque. qui effectivement connaît une première popularisation et qui constitue la matrice des passions sportives contemporaines. Elle se fixe, elle se déploie pour la première fois dans les années 1900, et elle ne faut ensuite que se déployer sous des dehors parfois surprenants, et vous pouvez le voir dans cette première image, puisque vous observez que cette équipe première de l'école Saint-Vincent-de-Paul en 1913-1914 à Rennes est gouvernée. manifestement, par un abbé, ce qui est à l'époque tout à fait ordinaire, puisque nous le verrons tout à l'heure, il existe une fédération catholique des sports. Alors, allons-y, gaiement, et j'espère tenir avec vous le choc. Alors, première chose, d'où vient le mot sport et quand est-ce qu'il rentre ou rentre de nouveau dans le vocabulaire français ? Ça date très précisément de 1828. À l'origine... Le mot desport déport qui veut dire d'un côté plaisir, passe-temps, joie, amusement en ancien français, ou avec la variation desport action de se déplacer, déplacement, mouvement, file en Angleterre et nous revient, désignant des pratiques physiques élitistes en 1828, avec un usage qui malgré tout avait perduré, vous pouvez le voir. Rabelais disait que Gargantua se désportait à la balle ou se désportait à la paume. En fait, le mot sport, pas au sens pleinement moderne du terme, réapparaît en France à la fin des années 1820. Alors très précisément dans ce journal, le journal des Haras, le sport a d'emblée un rapport ombilical avec le monde hippique. Tout à la fois avec le monde des courses, qui sont encore naissantes en France, même si elles existent déjà depuis une vingtaine d'années, et avec le monde de la reproduction chevaline. Donc la qualité de l'élevage français, que j'ai illustré ici par une toile de Degas plus tardive, et qui donne naissance au mot sport, donc, et à son exception 19e arde, et un autre mot, le mot sportman. Alors le sportsman n'est pas un sportif au sens où on l'entend communément aujourd'hui, même si le mot s'est un peu perdu. C'est quelqu'un qui fréquente l'hippodrome, qui est passionné de turf, à l'instar de cette scène peinte par Théodore Géricault. A cette époque précisément, c'est une course anglaise à Epson, 1821, en un temps où le turf est déjà très populaire parmi les élites anglaises et où il est en train de conquérir les élites françaises. La définition première du sport, c'est ça, c'est l'hippodrome, le turf et le sportsman comme un homme qui apprécie tout ce qui tourne autour de l'élevage et des courses hippiques. La plupart du temps sans y participer. On engage des jockeys, j'aurai pas le temps de développer ce point là. de manière à faire valoir la cavalerie de tel ou tel aristocrate le plus souvent. Cette matrice turfiste, elle a un héritage, c'est que très longtemps après, nous voilà en 1909, donc 80 ans plus tard, et vous avez une illustration des cinématographes pâtés promouvant un film sur le cross-country international de 1909, donné, vous le voyez, à Saint-Cloud. Et en fait, dans la vêture des coureurs à pied, on retrouve quelques éléments. Et c'est le cas durant tout le XIXe qui sont empruntés au costume des jockeys. C'est juste un clin d'œil pour vous dire la prégnance de cette matrice hippique. Cette matrice hippique, vous l'avez bien compris, elle est associée à un transfert culturel d'ordre sémantique, le sport qui nous revient d'Angleterre même si le mot nous appartenait, et ça va aller, et ça explique un certain nombre de locutions encore actuelles, avec l'adoption de tout un tas d'expressions, turf, je passe sur touriste, j'y reviendrai après, green, golf, lawn tennis, tennis sur du gazon, rugby, football, goal, referee, les journalistes affectent encore à la belle époque de dire arbitre mais bien aussi souvent referee, etc. Donc une langue qui est française mais qui est parsemée d'anglicismes dont il est bon d'user, voire d'abuser, pour marquer. le fait qu'on est pleinement en prise avec cette culture très anglophile du sport. Alors, cette mode hippique, elle s'empare de toute la France, à l'instar de la création des toutes premières courses hippiques à Saint-Brieuc, dans les côtes du Nord, donc pas très très loin, sur la grève de Sesson, donc très tôt. Alors, pas avec un apparat qui saute aux yeux. Donc ça veut dire, et c'est une histoire à investiguer, qu'il y a une histoire des courses hippiques plus populaires qui n'a pas encore été faite. Et je l'ai découvert en cherchant des images permettant d'illustrer cette mode hippique. En même temps, on voit dans le fond, je ne vais pas me lancer dans une analyse trop fine, sinon je n'en sortirai pas, des calèches et probablement à d'autres endroits des personnes, des gens du monde, comme on le disait. Alors il y a un certain nombre d'autres... d'autres moments bretons, rennais, comme l'inauguration de l'hippodrome des Gaïeules en 1884, qui est un haut lieu tout à la fois turfiste et sportif, parce que ces hippodromes, vous le voyez ici, servent tout à la fois évidemment à donner des cours typiques, mais à organiser des grands raouts sportifs, particulièrement dans le 3ème tiers du 19ème siècle et dans les années 1900, raouts sportifs qui pouvaient être comme ici. aéronautique, puisqu'on considérait à l'époque que tout ce qui relevait de l'aéronautisme était peu ou prou sportif. En fait, il y avait trois variables associées dans la conquête de l'aéronautisme, la question mécanique, la question militaire bientôt, et la question sportive, ce qui fait qu'on ne parla pendant longtemps d'aéronautisme que dans les rubriques sportives. Alors, ce sportsman, à partir des années 1830, En 1840, ça donne un certain nombre de pratiques qui caractérisent son appartenance par les loisirs, par la posture, au monde des élites dites sportives ou sportiques, selon une expression qui est encore valable au cœur du XIXe. Le canotage, bien entendu, qui va plus tard être réglementé. conformer, institutionnaliser et devenir tout à la fois le canotage de compétition, mais également l'aviron, etc. La chasse à cour, qui est qualifiée de sportive, comme l'est d'ailleurs, par exemple, dans la région de Pau, la chasse aux renards. Il n'y a pas d'ambiguïté là-dessus, aujourd'hui, on peut trouver ça surprenant, mais c'est qualifié et défini comme tel. Les jeux de volants, qui sont antédiluviens et qui continuent à participer des loisirs élitistes, comme les jeux de croquettes, tout. mains de forme d'ailleurs qui sont relativement peu définies, bien entendu les scrims et toutes les pratiques usines, le bâton, la canne, et enfin, de façon plus marquée à partir du milieu du XIXe, le yachting avec des voiliers permettant, là encore, aux catégories sociales les plus favorisées de s'adonner aux premières régates, on verra tout à l'heure le moment de la naissance du Yacht Club de France. qui était une date importante et que j'ai eu le plaisir d'illustrer ici. Je ne reviendrai pas à chaque fois sur la nature et l'origine des illustrations par un tableau de Claude Monet peignant des régates à argenteuil dans le troisième tiers du XIXe siècle. Voilà pour les pratiques dites élitistes, aristocratiques. Et puis il y a une autre veine touchant à l'histoire des pratiques physiques, c'est la veine gymnique. Cette veine gymnique, est-ce que... Ah, je vais essayer de me débarrasser de ça. Cette veine gymnique, bon, la France n'en est pas le creuset principal. Il y a des traditions gymniques dans les différents pays européens, l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne de façon beaucoup plus... plus significative est la péninsule ibérique. Et en France, il y a un certain nombre d'ouvreurs, notamment Triat, bien connu, qui développe une gymnastique ayant vocation à permettre l'entretien du corps des élites urbaines, et dans un premier temps parisienne, vous voyez son gymnase à Paris créé en 1854, dans une perspective qui est une perspective moins de délassement. que de recherche de la santé et de l'entretien du corps, un souci du corps donc élitiste, qui, quelques décennies plus tard, va pouvoir commencer à être un souci du corps d'autres catégories sociales, qui pour l'heure n'ont pas le loisir de penser même qu'ils puissent prendre soin de leur corps, de manière à mieux vivre, disons les choses comme ça. Et puis c'est un commerce aussi, cette gymnastique, dont un autre personnage, dont on pourrait parler plus longuement, Amoros, qui apporte en France une tradition plutôt ibérique, inspirée tout à la fois de techniques de gymnastique et de techniques circassiennes, qui lui aussi publie et fait commerce de ses savoirs en proposant aux élites parisiennes notamment de pratiquer des exercices de gymnastique dites athéniennes ou de gymnastique, plus tard on dira la gymnastique amorosienne. Et il y a tout un tas de traditions comme ça. tout à la fois en France et dans l'Europe entière. Alors en France, cette tradition se cristallise, notamment à partir de 1852, avec la naissance d'une institution importante, l'École Normale Militaire de Gymnastique de Joinville, qui a vocation, pour aller très vite, à former les moniteurs, civils et militaires, plus tôt militaires que civils, de gymnastique. Et ce sont ceux qui vont... pendant des décennies, servir de point de référence dans ce qu'il convient de faire faire aux jeunes gens pour qu'ils soient correctement, utilement formés du point de vue corporel, avec une destination qui est cette fois-ci une destination plus militaire et conscriptive que sanitaire. D'accord ? Donc ça, c'est une date importante. Donc, tradition. élitistes, la veine gymnastique, elles peuvent se croiser, l'aristocratie d'un côté, les élites urbaines engageant cette aristocratie d'un autre côté pour la gymnastique. Et puis on arrive au milieu du XIXe siècle, et au milieu du XIXe siècle, il y a un mouvement, j'ai mis une date, 1854, parce qu'elle correspond à la création de ce journal. qui s'appelle Le Sport, et dont le sous-titre est de façon très significative, Journal des gens du monde. Le Journal des gens du monde s'adresse donc à cette élite sportive, sportique, qui s'intéresse tout à la fois aux pratiques physiques, et alors l'homme qui a l'idée de lancer ce journal, c'est Eugène Chaput, dont je pourrais vous parler assez longtemps, parce que j'ai reconstruit sa biographie en d'autres temps. qui était un dandy, très introduit dans les cours françaises et impériales par la suite, assez cocasse et authentiquement passionné de sport, à la condition qu'il soit si possible particulier. Et alors dans ce journal, à l'instar de ce qui se passe dans le corps de la société, tout à la fois à Paris mais aussi dans les grandes villes, on s'aperçoit que la définition de ce qui est sportif évolue et s'enrichit. Alors, moi j'ai un peu de mal aux lunettes là, mais vous voyez que le sport prétend, je vais être un peu un abruti en me penchant dessus, mais je pense que vous en êtes réduits aux mêmes extrémités de temps à autre, prétend s'occuper de courses plates et de steeplechase, le turf, de chasse, on en a parlé, de courses lévriers, on n'en a pas parlé mais ça fait partie du sport, de veinerie, d'armes, de salles d'armes, de tir au pistolet, je vais tout lire, de tir au pigeon, d'équipage et de chevaux de sel, ça c'est plutôt la part de l'élevage. et de la parade, d'équitation et de manège, de canotage, le boating, de natation, de patins, de pêche, la pêche, la pêche présente au jeu de 1900, des cirques, je vous ai parlé de la tradition circassienne qui est associée peu ou prou à l'univers du sport, on peut en discuter, la boxe française, le bâton, la canne, la boxe anglaise, le boxing, il est donc de bon ton d'angliciser toutes ces expressions, la lutte, l'arbalète, le jeu de paume, le billard, les clubs, le whist et puis la danse. Les balles d'été et les balles d'hiver, l'opéra, les salons où l'on discute et où l'on se fait valoir, de la même manière qu'on se fait valoir à l'hippodrome en portant des tenues appropriées et en ayant le verbe eau, les eaux, prendre les eaux dans les stations thermales qui commencent à voir le jour en France sur une matrice et un modèle qui est anglais, les bains de mer, on ne s'aventure pas à nager, nous en parlerons tout à l'heure, et la villégiature et les voyages avec lesquels vont toutes ces pratiques. C'est la raison pour laquelle tout à l'heure j'étais passé sur le mot touriste, qui nous vient aussi de l'Angleterre, tourism. Pourquoi ? Parce que, à l'origine, cette expression tire sa moelle, sa substance, du fait qu'on envoyait les jeunes gens mâles, et parfois les jeunes femmes, après la fin de leurs études, faire un tour d'Europe. D'où le mot tourism le grand tour, ou comme disaient les Anglais, le grand tour permettant de découvrir les beautés européennes, et particulièrement, vous connaissez le tropisme et la passion antique du XIXe, on se rendait voir le pont du Gard, les beautés italiennes, etc. On rentrait et on faisait sa vie en Angleterre. Je surveille l'heure de façon un peu obsessionnelle, c'est pas mal. Alors cet élitisme, vous l'avez bien compris, traduit dans l'existence de ce journal, qui aura une importance incertaine comme un des pionniers de la presse sportive, et vous verrez tout à l'heure que la presse sportive a un rôle absolument central, autant le dire maintenant, à la vérité, c'est la presse, donc les médias, qui font le sport. A cet égard, les choses n'ont pas beaucoup changé. J'en veux pour preuve qu'un autre journal, plus tardif, créé en 1904, le Mutuel, revendique encore d'être un journal de sport et de théâtre. Et cette double matrice sportive et culturelle, si je puis dire, engageant les loisirs des élites, opéra, théâtre, il y a des journaux qui prétendent être des journaux de sport et d'opéra. ou très étrangement pour les passionnés, pour les agronomes amateurs parmi les élites, des journaux de sport, d'agronomie et de théâtre. Toujours la même chose. Et la marque de cet élitisme est très durable et s'exprime notamment dans un grand journal créé en 1898 qui s'appelle La Vie aux Grandes Terres, qui est une source essentielle pour les historiens, et qui donne à voir, ne serait-ce que dans cette image pionnière de l'aéronautisme, comment les élites sont encore là. tout à la fois mise en scène et actrice, puisque l'affaire de l'aéronautisme, au tout départ, comme celle de l'automobilisme, est l'affaire des élites, pour des raisons qui sont des raisons d'ordre pécuniaire. Donc, arrivé là, filons jusqu'en 1870, les gymnastiques. les loisirs mondains, puis on a oublié quelque chose d'essentiel et en terre bretonne, j'aurais eu mauvais jeu de ne pas y penser, les jeux traditionnels et les défis. Très souvent, la représentation que l'historiographie donne à lire de façon un peu caricaturelle, Je suis un peu caricatural, synthétique, dit en gros, bon, les Anglais nous envoient le sport, on l'adopte, youp la boum, on institutionnalise, on réglemente, et en fait, all is from England. Bon, je ne discuterai pas de ça, j'ai mouché. récemment un historien sur France Culture en lui expliquant que ce n'était pas le cas. Vous pouvez l'écouter, c'est en podcast dans le cours de l'histoire. Mais il faut compter aussi avec une véritable tradition française. Cette tradition française, qui est d'ailleurs une tradition qui transgresse les frontières, je dis tradition française mais on va prendre quelques exemples, c'est un peu ces pratiques des oubliés de l'historiographie. Un peu. On s'en est préoccupé il y a 20-30 ans dans l'histoire des sports. et désormais elles sont oubliées. Et en fait, il faut souligner là un truc, moi je ne suis pas un homme de théorie, ça me fatigue les théories. Mais juste une petite idée. L'idée de compétence et de mémoire réinvestie. Dans le sport moderne, on va voir un réinvestissement de la tradition turfiste et de ce qu'elle signifie dans l'ordre sportif, gymnique. Et il y a aussi un réinvestissement des pratiques. des pratiques, pardonnez-moi, des pratiques traditionnelles, dont je vais donner quelques exemples. Un bel exemple est celui de la course à pied. On a toujours l'impression que la course à pied, c'est les angliches. Once again, they gave it to us. Et puis on a créé le RCF, le stade français, et on s'est mis à courir. Mais non, on court depuis des temps immémoriaux. Et on court notamment dans des courses de clochers. Très bien raconté dans cette belle histoire de Frédéric Mistral, Mireille, où un... Jeune homme tente de séduire Mireille, il s'appelle Vincent, en excellent dans une course entre deux villages provençaux. Point barre, des courses comme ça, il y en a en veux-tu en voilà, et des petits champions de clochers de course à pied aussi, joliment illustrés ici par une peinture de Victor Lédet, qui est participé de la Nouvelle École d'Avignon. Deuxième exemple, la soule. Alors peut-être que vous connaissez, cette pratique de balles qui pouvait être parfois très violente, dont la matrice renvoie à des jeux inter-villages, des défis inter-villages, des défis à l'intérieur du village, sans réglementation parfois avec beaucoup de violence. Mais les historiens et les journalistes ont beaucoup apprécié avec le lyrisme qui peut leur être coutumier d'exagérer sans doute sur cette violence. Bref, la soule préexiste depuis... des décennies et des siècles, tant en France qu'en Angleterre, en Allemagne. Les Chinois même revendiquent l'origine. J'ai deux collègues qui, en Chine, se sont trouvés littéralement pris en otage dans un supposé musée des origines footballistiques chinoises, où on a fait signer à un des plus grands spécialistes internationaux, Paul Dietschi, un papier, qui avait pour trop le choix en fait, disant qu'en effet, le football était chinois. Bon, des jeux de balles, il y en a toujours eu, il y en a eu partout. D'ailleurs, parfois, il réveille quelques inquiétudes, puisque vous pouvez le voir, un arrêté promulgué dans le Mourbillon en 1857, donc bien avant la codification du football et du rugby, disant qu'en gros, la soule, c'est trop violent, donc on arrête. Voilà, deuxième exemple. Les boules, les jeux de boules. La boule bretonne, je vous ai mis la boule bretonne, que au fil des rôles, hop, 1887. Enfin, on pourrait parler de la pétanque, de la lyonnaise, des jeux de quilles. on pourrait démultiplier. Il y a toutes ces traditions-là qui sont là, à feu couvent, à feu existant en l'occurrence, mais ensuite à feu couvent, vous allez le voir, dans les pratiques sportives, parce que nombre d'entre elles vont être sportivisées. Les luttes, et notamment la lutte bretonne, qui a la particularité de voyager avec l'immigration bretonne. De telle sorte qu'à Paris, au début du siècle, vous voyez ici une scène photographiée à Neuilly en 1912, lors du Grand Pardon des Flots Bleus, qui est une fête bretonne, et où on donne tout à la fois des fêtes où on présente et on met en concours, alors là, en l'occurrence, cette année-là, je crois que c'était des coiffes de Bigoudène, et puis il y a des épreuves de qui ? Des épreuves de boules, de palais et de luttes. Il y a les joutes, bien entendu. Et j'ai délibérément ici choisi une scène parisienne qui peut vous surprendre. Des joutes à Paris. Eh bien oui, à Paris, il y avait des concours de joutes cétoises, de joutes lyonnaises, de joutes je ne sais quoi encore, parce qu'en fait, il y a des traditions un petit peu partout, qui avaient été notamment étudiées jadis pour Lyon, en tout cas par un de mes brillants prédécesseurs, Pierre Arnaud. Donc il y a ces traditions-là qui vont elles aussi être sportivisées. et spectacularisé et, si je puis dire, commercialisé, à l'instar de ces championnats du monde. C'est une invention, juste pour faire du buzz, comme on dirait aujourd'hui, de joutes à la lance organisées par le journal Loto, dont je vous parlais tout à l'heure, en 1905 à Paris, ce qui prouve que ces pratiques ont aussi leur place. Encore une exemplification avec le Grand Prix de Paris, une terminologie très sportive, le Grand Prix de joutes de Paris 1921. avec cette embarcation au nom plein de sens, Prends garde à toi et puis ce moment magique où le photographe a su saisir, avec les moyens de l'époque, tout à la fois la puissance, le mouvement, d'une pratique qui, vous disais-je, appartient tout à la fois à la tradition, qui est reliée, nous n'en parlerons pas ici aussi, à l'histoire des corps de métier. les battleurs, les pêcheurs, voilà. Les jeux de cocagne, les jeux de tir à l'arc, de très vieilles traditions et dont on voit ici la préparation d'un concours à Paris sur un vélodrome, nous viendrons au vélodrome ensuite. Voilà. Donc, toutes ces traditions, qu'on pourrait passer en revue à nouveau, et d'autres, qui constituent, si vous voulez, un truc dont se préoccupent pas trop les historiens du sport, une espèce d'humus, vous allez me dire si vous voyez ce que je veux dire, de terreau, préalable à l'histoire du sport moderne au sens du thème, comme la gymnastique en est un. Comme les pratiques aristocratiques un peu hors-sol, si l'on veut, en sont un autre, sont finalement des préalables et des usages, des pratiques, des éléments de construction culturelle, régionale, locale et nationale, qui sont préalables au sport et qui expliquent que le sport... se soit diffusé avec autant de force et de vitesse. Pour que ce sport se diffuse avec force et vitesse, je suis un peu angoissé en fait devant mes slides, parce que comme je n'en ai qu'un à l'écran, alors que d'habitude j'en ai deux, j'ai celui-là, je ne sais pas si il y en a certains qui connaissent, puis un autre là, avec le numéro, je stresse à mort, parce que je me dis, merde, j'en suis où ? On verra, 24 minutes 5, ça va. Sinon je m'arrête, hein. Alors, une date clé. Ceci posé, et je comptais vous le dire, alors je vous le dis maintenant, ceci posé, et en considérant que, cette histoire-là, moi je prends 20 heures pour la raconter à mes deuxièmes années à la fac. Donc là, c'est assez sportif, tant pour vous que pour moi. Une date clé, 1870, une défaite, Sedan, tout le monde connaît. Une déculottée, liée à l'impréparation française, impréparation militaire, stratégique. Impréparation de l'artillerie, les Allemands tirent avec des croupes qu'on charge par la culasse, les Français continuent à être équipés avec des canons qu'on charge par le fût, et puis l'impréparation, dit-on, corporelle. Impréparation corporelle, est-ce vrai ? Oui. Pourquoi ? Parce que l'Allemagne est un pays de très vieille et forte tradition gymnique, avec ce qu'on appelle les Törnön. Et que bien avant la France, ils ont créé des institutions visant à mobiliser la jeunesse dans une perspective qui est au XIXe tout à la fois sanitaire et militaire et éducative en ce que la gymnastique est censée participer au corsetage du corps et de l'esprit. Obéissance. Cette défaite a donc des conséquences centrales. La première conséquence c'est que elle va... donner un coup de boost formidable à la gymnastique. Cette gymnastique a évolué depuis Triat, Amoros et d'autres. Elle est devenue un commerce de plus en plus florissant. Et on a vu se lever des sociétés gymniques dans la France, plutôt la France de l'Est et du Nord, dans les années 1860. Des sociétés de gymnastique, pas des gymnases à vocation commerciale. Donc un souci gymnique. qui monte en puissance. Les Français semblent vouloir l'adopter. La guerre intervient. La République naissante dit l'impréparation du corps, c'est une horreur, c'est ce qui nous a valu la défaite. Il faut redresser le corps de la nation, il faut redorer la race. D'autres le diront plus tard, Coubertin le premier. Et c'est la raison qui invite cet homme, Eugène Paz, un élève de triade. Sauvé par triat d'une santé, dit-on, très fragile, par la gymnastique, créé en 1873 l'Union des Sociétés Gymnastiques de France. Je vous ai mis deux illustrations avec cette belle médaille des Patriotes à Genève en 1890, et puis, non, cette belle médaille de la Picarde en 1880, et des Patriotes à Genève en 1890, qui donnent à voir deux choses. D'abord, la notion de petite patrie. On est très attaché à l'idée d'afficher la petite patrie, patriote, agenais, la picarde. Et deuxième chose, le patriotisme. Jeu de poupée russe, qu'on retrouvera dans le sport. On supporte et on apprécie d'abord les sportifs locaux, les sportifs régionaux, et ensuite, et seulement ensuite, les équipes nationales. C'est un truc qu'on trouve dans l'histoire du football jusque dans l'entre-deux-guerres. Et ça continue à exister peu ou prou. Alors, cette gymnastique, évidemment, souffre d'avoir un assez grand retard par rapport à l'Allemagne. J'en veux pour preuve quelques chiffres. Alors, je vais me rapporter, je ne sais pas si vous arrivez à les lire, mais peu importe. Prenons 1800... On va en prendre un bien solide. 1885, Dresde, le Turnfest. 19 900 gymnastes. 19 900 gymnastes. Réunis, en un temps donné, pour faire la démonstration de la puissance nationale allemande. Même date en France, grande fête annuelle de l'USGF à Bordeaux. Ah ben on n'a pas le chiffre, quel con. Bon, l'année précédente, on va prendre Amiens. 84, 2500 participants. Donc il y a un véritable retard qui ne sera jamais rattrapé, mais une montée en puissance de la gymnastique, particulièrement sur la zone frontalière, la zone de rencontre avec l'Allemagne et les ex-gymnastes. Lorraine et Alsace françaises. Donc il y a une sorte de glacis gymnastique, si vous voulez, comme on pourrait parler de glacis militaire, sur cette Ausha. Et cette gymnastique va jouer un rôle clé parce qu'elle va faire exploser le nombre de jeunes gens, garçons en premier lieu, qui, partant de rien et d'une génération à l'autre, vont se construire sur le plan physique. D'autre part, cette gymnastique a une importance centrale parce qu'au fil des ans, nous verrons après, concurrencée par les sports dits modernes eh bien, elle va se sportiviser. Alors, elle rayonne toujours, on en voit ici l'expression, concours international de gym à Belfort, sixième fête fédérale de l'USGF de Clermont-Ferrand en 1925. C'est une institution qui continue à avoir pignon sur rue et à être centrale. Mais elle est bientôt rattrapée par la concurrence du sport et elle va devoir se réformer. Un petit pas de côté vers Rennes, cette gymnastique sert véritablement pendant une grosse quarantaine d'années d'abécédaire républicain et patriotique. Les membres de l'USGF sont attachés à la République et à la nation par corps. Et cela s'exprime magistralement à chaque fois qu'il y a une grande fête nationale, témoin de celle de 1914 à Rennes, qu'il inaugure le président, Raymond Poincaré. Donc il y a un mariage d'intérêts mutuels, pratiques et symboliques, entre la République, la nation et la gymnastique. Ici quelques images de cette venue de Poincaré, le fait qu'on édite des souvenirs en donnant le détail de tous ceux qui sont venus, et notamment le président de l'USGF, Casalet, lors de ce rendez-vous, qui tente de donner l'appareil aux Allemands, dans la perspective éventuelle d'une revanche, j'en avais pas parlé, pardonnément, la mobilisation gymnique est profondément... gouverné par un désir de revanche. Mais pas que. Pas que. La transformation du rapport à la fatigue, à la santé, à l'éducation. Donc on tente de faire bonne figure, et la République se lève, patriote et gymnique, à l'instar de ce qui se passe à Rennes, avec ces grandes démonstrations dont vous le notez ici. dans lesquelles, pardonnez-moi, les jeunes femmes commencent à avoir leur part grandissante avec des exercices qui, pour ici, tiennent tout à la fois d'une gymnastique d'entretien moins exigeante que celle des garçons et de pratiques qu'on dénommait sous l'expression, à la fin du XIXe siècle, de calisthénie. Voilà encore une exemplification de cette fête bretonne, renaise, qui se fait valoir au travers de la présence de 200 sociétés à l'échelle d'un seul moment, renais, sachant qu'à l'époque, il y en a 6 ou 700 à l'échelle, plus de 6 ou 700, il y en a 1500 à l'échelle nationale, si je ne m'abuse, partant de quasiment rien en 70. Alors voilà un exemple typique de cet accordage. entre patriotisme gymnastique et honneur de la nation. La quimperoise, honneur et patrie. Et dans cette quimperoise, et ce à quoi je voulais venir aussi, eh bien, on voit peu à peu le sport trouver sa place. Pourquoi, vous disais-je ? Parce que cette fédération de gymnastique se sent menacée, on va le voir après. Donc, on introduit la course à pied, le tir, qui est évidemment une pratique. réconscriptive et préparatoire. Je crois que j'ai mis un autre exemple, voilà. L'équipe française des jeux de 1896 est une équipe qui a notamment été formée dans le creuset gymnique. Et puis on développe aussi les exercices de force. à l'instar de ce qui se passait à la ruche, société gymnique d'Elbeuf. Alors la ruche, pourquoi la ruche ? Ça n'a rien à voir à Elbeuf avec les abeilles. C'est l'idée de puissance, d'élevage, de génération spontanée, une ruche, quelque chose qui est fécond, effervescent, etc. Et puis de tout ça sortent aussi des héros à l'image de Noël le Gaulois dont je raconte l'histoire dans un de ses bouquins là. Une petite partie. Puis bien sûr la boxe qu'on adopte à l'instar ici de sa pratique à l'école normale de Joinville dont nous parlions tout à l'heure. Alors, les sports modernes, les autres. Par exemple l'aviron. Disons le canotage. aménagé en aviron, étant entendu que le canotage continue à être pratiqué. Et bien, il prend forme à partir des années 70-80, avec cet USGF, qui ne dit pas encore son nom sportif, et tout un tas d'autres institutions. Le Club Alpin Français, qui est une des plus anciennes institutions, l'UVF pour la vélocipédie, puis des fédérations d'escrime, une grande fédération polyvalente, l'USFSA. J'en passe et d'autres, l'idée est ici de vous montrer qu'il y a une première génération d'institutions qu'on appelle au départ des unions, puis des fédérations. Et je vais zoomer sur certaines d'entre elles, car elles sont très nombreuses, d'autant plus nombreuses que comme le système fédéral n'est pas fixé avant l'entre-deux-guerres, il y a très souvent plusieurs fédérations pour une seule pratique. A telle enseigne que par exemple le cyclisme, que une dizaine de fédérations prétendaient gouverner le cyclisme dans les années 1900. Bon, là il faudrait la nuit, et puis ce serait assez pénible. Une institution clé, l'UVF, l'Union Vélocipédique de France créée en 81. Alors je ne vais pas vous faire une histoire du vélo, mais en substance, l'industrie vélocipédique commence à monter en puissance avant la défaite de 70 pour les élites. très soucieuse d'imiter les usages de la famille de l'empereur, qui était piquée de vélo. Coup d'arrêt, dix ans en sommeil, à peu près, et relance d'une première industrie, très élitiste au départ, et création, dans le même temps, d'une union à vocation très vite sportive et patriotique, de nouveau. L'UVF, qui finira par délivrer très très vite, vous le voyez, des brevets militaires. Donc c'est la variable de la mobilisation du corps national. Cet UVF va mettre en place, on est vraiment dans le champ du sport moderne, un premier calendrier proprement sportif au sens où nous l'entendons. 1891 est une date clé avec le lancement d'une course. Bon, il y en a d'autres, préalables, mais moins connues, mais celle-là, elle est frappante. Paris-Dresse-Paris. 1200 km à vélo sans assistance, un vélo d'une vingtaine de kilos, remporté par un gars de Saint-Ouen, Charles Théron, qui devient aussitôt une vedette, en témoigne le fait qu'on le place à la une du petit journal qui est LE journal le plus populaire de l'époque, qui va vivre de son coup de pédale pendant des années, et qui installe, en quelque sorte, l'idée... de la compétition même si on ne nomme pas les choses sous cette terminologie là à l'époque et qui pose le socle de l'héroïsme sportif au sens moderne du terme le type qui tout seul sans assistance à la force du jarret et de l'esprit s'enfile vous me passerez l'expression 1200 kilomètres aller-retour c'est pas rien et puis viennent ensuite vient ensuite le temps de ce qu'on appelle les classiques cyclistes. Je ne vais pas toutes les nommer, il y en a pléthore. Retenons juste celle-là, vous la connaissez, Paris-Roubaix. Premier départ en 1896 depuis la porte Maillot. Là encore, les forçats de la route vont très vite forcer l'admiration des Français. Pourquoi forcent-ils l'admiration des Français ? Eh bien parce que les équipementiers, les fabricants, vont rivaliser d'inventivité et de propagande pour vendre leur vélo. Au prétexte du tourisme, notamment. Lequel tourisme est défendu, je remonte en arrière, par... Je ne l'ai pas mis ici, le Touring Club de France, créé en 1890. Les élites. Mais l'UVF aussi. Et puis l'USFSA, qui prétend gouverner un peu le vélo. Donc, le tourisme. On vend, on innove pour se déplacer. La conquête de la vitesse, bien entendu. De la liberté dans le déplacement. on quitte le pas du cheval, la vitesse du cheval, pour aller à celui du vélo. C'est pas exactement le même. Alors, comment tout ça se popularise ? Tout ça se popularise à partir des années 90, parce que comme vous le voyez ici, première chose, je vous ai mis des petites flèches, je ne sais pas si vous arrivez à lire, en 1891, il en coûte 16% du revenu annuel arrondi d'un ouvrier au salaire moyen pour acheter un vélo. 16%. En 1930, il n'en coûte plus que 3,5%. Et entre-temps, 11% en 1908, sachant que les prix s'effondrent et que les salaires augmentent assez fortement juste avant la Première Guerre mondiale. Donc, le prix d'un vélo est divisé non pas par 2 depuis les prémices de la vélocipédie élitiste des années 80, mais probablement par 4 ou 5. Dans le même temps, vous disais-je, les salaires ouvriers augmentent. La tentation... de la bicyclette, expression qui voit le jour au milieu des années 90, grandit. Elle est formidable la bicyclette, elle permet tout à la fois éventuellement de se prendre pour un champion, mais d'aller, moi je ne connais pas, je ne sais pas, de Sesson à Rennes pour venir vendre des lapins. Le premier grand champion, je m'égare, il faut que je reste focus, le premier champion de la course au Ventoux en 1908. Jacques Gabriel, il était bûcheron. Et comment expliqua-t-il sa victoire ? Parce que tous les jours, il partait de chez lui à Mazan. Il n'était pas de Mazan, il était de Bédouin. Je précise parce que j'ai une amitié pour ces endroits-là, sinon plus. Et l'explication, c'est que tous les jours, je vais au travail à vélo. Donc il y a quelque chose qui se joue ici. de l'adoption d'un outil, qui a une dimension très utilitaire, qui vient servir de le puissant levier, vous comprenez, à l'adoption du sport. Pourquoi aussi, encore je m'égare, il faut que je... Parce que le vélo permet de gagner sa vie, très vite. Et éventuellement de crever le plafond de verre d'une condition sociale basse. Je ne sais plus si je l'ai mis, je crois. On en verra un exemple après. Du coup, le parc de vélo explose littéralement. Vous le voyez, 5 à 6 000 vélos à l'époque des amours vélocipédiques napoléoniennes, et puis plus de 2 millions en 1907, au-delà de 4 ou 5 millions en 1914, et ensuite ça explose, 120 constructeurs qui rivalisent d'inventivité et de propagande, tout à la fois pour vendre leurs engins et puis faire baisser les prix. Et donc du coup les vélodromes, avant les routes d'ailleurs, deviennent la grande nouvelle scène sportive en remplacement des hippodromes. L'hippodrome demeure, d'ailleurs il y a même des grandes courses cyclistes, la première championnat de France féminin se joue sur l'hippodrome de Longchamp en 1894, sur un 100 km. Donc voici parmi 300 vélodromes qui sortent de terre entre 1865 et 1914, celui de Loudun, et puis celui de Rennes. au parc des sports, lequel doit beaucoup à un homme qui s'appelait Ernest Folliard, qui était tout à la fois un entrepreneur, le premier président du stade Rennais, ou un des premiers présidents du stade Rennais, l'inspirateur du premier club des supporters, et le père d'un des ailiers du club, et puis pour clore le tout, le premier collaborateur sportif régulier significatif de Ouest-et-Clair. Je ne fais pas une parenthèse très longue, mais vous voyez que là, il y a une confusion des activités qui est, elle aussi, tout à fait centrale dans l'histoire des sports. Donc le vélodrome, si ça vous amuse de plonger dans cette histoire à l'échelle renaise, il y a un petit livre de Jean Bobet qui est lisible. Il y a mis quelques images, puisqu'il y a une inflorescence, bien sûr, de la compétition vélocipédique dans toutes les régions, avec des courses, disais-je, de clochers à pied tout à l'heure, des courses de clochers à vélo. toujours sponsorisés par des marques et ou des journaux qui jouent un rôle central en permettant, contre rétribution, que leurs ambassadeurs fassent valoir la marque. Une des grandes ambassadrices de la vélocépie du fin de siècle, c'est Amélie Le Gall, alias Mademoiselle Lisette, née dans les Côtes d'Armor et qui, au tout début des années 1890, éclate littéralement comme une championne de référence à ce point que vous le voyez ici. The Referee, c'est-à-dire une revue anglo-américaine de vélocipédie, en raconte l'histoire. Alors j'aurais plaisir à vous la raconter, parce que j'ai un peu sorti Mlle Lisette de l'oubli, mais en gros, elle est bergère, et sur sa lande des côtes du Nord, passe un beau jour ce que les américains appellent un Flying Wheelman, donc un... Un cycliste qui vole, elle est épatée. Le Flying Wheel Man repasse, elle l'arrête, elle lui dit, oulala, moi aussi, je flying wheelerais bien. Et le bon anglais rentre chez lui et un jour, elle reçoit un vélo. Vrai, fake, pas fake, on s'en fout. Toujours est-il qu'elle devienne des principales cyclistes dans la France et l'Angleterre des années 90. C'est la première championne de France. C'est la première femme en France à avoir porté le nom de championne. Non sans difficulté. puisqu'on s'était vertué pendant très très longtemps à appeler les championnes des champions féminins ou des lady champions ou des petits champions, etc. C'est une autre affaire et la même. Alors, je ne sais pas du tout où j'en suis. Autre empreinte majeure en dehors de cet UVF, de l'USGF, l'empreinte majeure de la préparation militaire, et vous ne serez pas surpris, vu le passif de Sedan, et la question du redressement des corps. Je vais vite. 85, création d'une fédération de préparation militaire. 86, création d'une union de tir. Sur la base et l'inspiration d'une ligue, proprement politique, la ligue des Patriotes. inspiré par un certain Derouled, qui est le chantre, ou un des principaux chantres, du nationalisme de la fin du XIXe, avec le jeune Maurras notamment. Résultat des courses, partant de rien, cet univers de la préparation, cet univers des pratiques gymniques, physiques, sportives, à vocation conscriptive et préparatoire, réuni, vous le voyez, 6900 sociétés, partant de rien, en une vingtaine d'années, c'est énorme, et le tir, lui, réunit plus de 3200 associations à la veille de la guerre, les deux réunis représentent à peu près 10 000 associations sur le territoire, vous vous souvenez d'où on part, de rien du tout, en 70. Donc ça c'est tout à fait essentiel, et le champ sportif, pour dire la vérité, est totalement dominé par les préparatices jusqu'en 1914. Pourquoi ? Parce qu'il y a ce souci de redresser la race. On verra pourquoi tout à l'heure, même si on en a déjà parlé. Et vraiment, en 1914, j'ai fait les comptes, vous voyez, l'UVF, la FGSPF, on y viendra après, c'est les catholiques, et l'USGF représente 5300 sociétés, cependant que les préparatistes en représentent plus de 10 000. C'est vous dire leur importance, et l'importance que certaines parutions ont, comme le Conscrit de France. qui est l'organe de la Société Nationale de Tirs et de Préparation Militaire. On n'est toujours pas, à part le vélo, on n'est toujours pas les pieds en pleine prise avec le sport. Alors le sport, au sens plus commun du terme, c'est-à-dire l'athlétisme, il nous arrive ou il prend forme dans les années 80 avec deux clubs. Je vais très vite. Le Racing Club de France et le Stade Français au tout début des années 80. qui constitue la racine d'une union, l'union des sociétés françaises de sport athlétique, 1889, sur une matrice légèrement plus ancienne, qui a vocation à embrasser l'ensemble des pratiques, je vous lis, puisque la revue des sports qui préexiste à sa naissance en devient l'organe, et on entend couvrir le tir, les scrims, les courses, les navigations de plaisance, la gymnastique. Un petit pied de nez de l'SGF. La course à pied, le vélo, le polo, le skating. Car la France est saisie, après les États-Unis et l'Angleterre, d'une folie skateuse à partir des années 1870, sous l'impulsion et l'influence, notamment, des colonies américaines et anglaises installées à Paris. Je passe. L'USFSA, donc, joue un rôle absolument central. en organisant les prémices de la vie footballistique, à l'instar de cette sélection nationale de l'USFSA en 1904, la vie athlétique, la vie natatoire et bien d'autres secteurs, y compris la vélocipédie. Donc on a un autre acteur majeur là. J'avais dit que je ne les évoquerais pas tous, mais celle-là, je ne peux pas passer à côté. Autre acteur majeur, la FGSPF. Qu'est-ce que c'est que la FGSPF ? C'est le premier slade avec notre curé. La Fédération Gymnique et Sportive des Patronages de France, créée en 1998 sous une autre dénomination, mais peu importe. Répartie par Michaud, président des patronages de France qui préexistait, et par l'abbé Esquerré. C'est une fédération qui va jouer un rôle absolument capital. Alors il m'est difficile de consacrer le temps nécessaire à l'explication de sa naissance, mais en substance... La République se renforçant, la France connaît un profond mouvement de déconfessionnalisation. Et l'Église catholique a à cœur de ramener à elle une partie de la jeunesse. En considérant par ailleurs que la liberté syndicale, l'exercice de la démocratie, l'exercice du vote, l'exercice de la liberté républicaine, peut permettre d'aller, par exemple, vous me passerez l'expression, aller picoler. C'est une époque dans laquelle le nombre de... débit de boissons explose, multiplié par 4 en une trentaine d'années, qu'il faut freiner tout ce phénomène-là, et bien sûr, s'opposer à la puissance montante du socialisme. Des anticléricaux, en gros. Donc cette FGSPF joue un rôle central, elle organise des grandes manifestations, avec les séances usuelles où on bénit les patronages venant participer, comme ici au Parc des Princes en juin 1913. Alors, toutes ces fédérations, et les autres dont je n'ai pas parlé, ont un commun, en dehors de leur patriotisme, car même la FGSPF, traversée par des courants droitistes très forts, qui dans l'entre-deux-guerres iront même jusqu'à la fréquentation des croix de feu. D'accord ? Donc, pour les chiquiers politiques, ça part la plus à droite. Elles ont tout en commun d'être attachées à la République, même à la FGSPF, attachées au projet patriotique de relèvement de la race, dans la perspective éventuelle de la revanche, mais attachées aussi ensemble avec, entre autres, pardonnez-moi, à l'idée d'installer, d'instiller dans l'esprit des jeunes générations de Français, l'idée qu'il convient de prendre soin de son corps. et de se prémunir contre les ennemis, par exemple l'alcoolisme. Il y a, vous disais-je, un nombre de débits de boissons qui augmente de façon tout à fait significative. Il y a surtout une augmentation du nombre de litres consommés, puisqu'il double entre les années 60, dans un temps relativement de prohibition, jusque à la liberté républicaine. L'autre grand fléau, c'est la maladie. Alors la tuberculose en est l'emblème. Et il y a eu...... Beaucoup de débats sur les fameux 150 000 morts par an. Mais enfin, malgré tout, beaucoup de morts tous les ans, vous le voyez. Je ne sais pas si vous arrivez à le lire. En 1912, 69 000. En 1913, 70 000. Ça représente des quantités très importantes de décès liés à la maladie. Faire du sport permet de renforcer le corps et de se prémunir contre la maladie ou de se rétablir après la maladie. La noyade. est un puissant vecteur pour la natation. D'abord le secourisme, ensuite la natation. 3 à 5 000 morts chaque année. Aujourd'hui, c'est 361. Et vous voyez ici, dans la part des accidents, le plus important, c'est les noyades. On voit bien qu'elles sont centrales. Le reste, c'est les éboulements, les écrasements, les premiers accidents automobiles, les chutes d'échelle, les incendies. Donc c'est vraiment un... un thème illustré ici par une toile du musée de quimper centrale qui va servir de levier donc la prévention prévention contre l'alcool prévention alors avec toute l'histoire des sociétés de tempérance bien sûr parallèle on écarte prévention pour la maladie prévention contre la noyade voilà Et tout ça fait que toutes ces traditions dont nous avons parlé, le levier de 70 avec la mobilisation corporelle, l'émergence de ce paysage fédéral et de ce premier système compétitif, je n'ai nommé que celui du vélo, vous m'en pardonnerez, mais des compétitions athlétiques, footballistiques, gymniques, voient le jour avant la fin du siècle. Et tout ça commence à prendre, comme une bonne mayonnaise. Mais il y a un ingrédient, qui manque encore à la fin du 19ème pour que ça prenne tout à fait et qu'on puisse en arriver à quelque chose qui nous invite à parler de popularisation, de première popularisation. C'est la presse. Sans la presse, rien du tout. C'est elle qui est la base du système compétitif. Exemplification. Dans les années 90, pour aller vers le 20ème siècle. Paris Tour, grande classique, 1896, la même année que Paris-Roubaix, est lancé par un journal Paris Vélo. Il veut faire sa réputation, il vient d'être lancé, il ne perdurera pas très longtemps, sur l'organisation de cette course qui paraît à l'époque frappante. En 1899, Le vicomte Chassou-Gombard organise le Tour de France automobile, je l'ai zappé là, avec un journal qui s'appelle Le Matin, un des principaux quotidiens de l'époque, qui tire à peu près un million d'exemplaires tous les jours. Pas de radio, pas de télé. Donc la presse est évidemment quelque chose de tout à fait essentiel. Donc les journaux jouent un rôle clé dans la création des compétitions. On en parlera très rapidement. Mais le Tour de France, c'est emblématique, qui est créé par le prédécesseur de l'équipe. Alors pourquoi cette presse joue un rôle si important ? Parce que, et c'est là que l'histoire du sport est captivante. Vous l'avez bien compris, ce n'est pas une histoire des compétitions. Ce n'est pas simplement une histoire des sportifs et ou des sportives. C'est une histoire politique, médicale, culturelle, sociale. C'est l'histoire des mentalités. Donc c'est une histoire, de mon point de vue, totale. Moi qui viens d'une formation, n'étais pas à l'histoire du sport, que à Sciences Po, Paris, j'ai été nourri à l'histoire politique et des intellectuels. On parlait à l'époque d'histoire totale. Celle-ci est bien plus totale que celle que mes chers maîtres essayaient de nous vendre à l'époque. Alors, pourquoi la presse est-elle centrale ? Parce que l'école républicaine... a introduit à la conquête de la lecture. Que cette conquête de la lecture va avec la conquête et l'apprentissage de la démocratie. Je pense que vous connaissez tous ce qui se joue à la fin du 19ème. On apprend à être en démocratie. Et l'outil de cet apprentissage, c'est le journal. In fine, la lecture. La conquête de la lecture. Alors il y a la liberté de la presse, il y a les lois Ferry. Il y a la conscription universelle qui met tout le monde sur un pied d'égalité en 89, la loi sur la liberté des associations, tout ça constitue, si vous voulez, un terreau qui fait du journal le grand lieu de rassemblement, le rituel quotidien d'appartenance à la République et au débat républicain. Un débat qui est très très dur en cette fin de 19ème, notamment autour de l'affaire de Panama. plus encore autour de l'affaire Dreyfus qui d'ailleurs va jouer un rôle clé dans l'histoire de la presse sportive alors là je me suis amusé parce que c'est incroyable j'ai découvert je les connaissais pas cette série de cartes postales ayant vocation à être vendues où on promouvait finalement l'image du lecteur, le lecteur de la libre parole plutôt cléricale de la lanterne qui après avoir eu une histoire plutôt à Ausha basculé à droite et puis là avant il y avait le lecteur du petit journal à qui on a fait peut-être coller un nez un peu rouge alors je sais pas si c'était plus ou moins moqueur Voilà, je vous parlais des débats et des enjeux idéologiques, et bien voyons la naissance de Loto. Loto est créé en 1900, c'est le grand journal sportif quotidien de la Troisième République. Il va gouverner, même s'il a un petit peu de concurrence, à lui tout seul, la médiatisation, en tout cas spécialisée du sport, en écrasant la concurrence. Et bien, Loto, alors qu'est-ce que je raconte là ? Peut-être que je le dis là. L'auto est créée pour plusieurs raisons. La première raison, c'est qu'il y a des constructeurs automobiles et cyclistes qui voient qu'un autre journal qui tient le haut du pavé depuis 10 ans, qui s'appelle Le Vélo, promeut certains de nos concurrents. Donc ils veulent avoir une plateforme de promotion nouvelle pour faire concurrence. Je suis clair ? Donc il s'agit de créer un nouveau quotidien. de rattraper le vélo en termes de diffusion, et ce pesant, d'établir un principe de concurrence qui sera payant. Qui donne de l'argent pour la création de l'auto ? Michelin ? De Dion Bouton ? De grandes figures de l'Automobile Club de France ? Bien. Deuxième raison, politique, je ne l'ai pas illustrée, je vous prie de m'en excuser, l'affaire Dreyfus. Le vélo est Dreyfusard. et les gens qui se réunissent pour capitaliser autour du projet de loto sont résolument anti-dreyfusard. Et donc il y a une ligne de fracture, c'est pour ça que j'ai mis le j'accuse de Zola, qui traverse le champ sportif et qui explique que ce journal naisse, ça n'est pas la seule raison. puis réussissent à trouver sa place et à se déployer sous la baguette d'un homme qui s'appelle Henri Desgranges, qui illustre pleinement la confusion des genres que j'évoquais tout à l'heure. Cet homme est d'abord clair de notaire, puis avocat, mais c'est aussi un excellent cycliste, puisqu'il a des records du monde sur piste, un record du monde sur 100 km. Tête bien faite, il écrit des romans, et notamment La Tête et les Gendes, qui est un plaidoyer pour l'accord et l'épanouissement par l'intellect et les exercices du corps. Il devient directeur de publicité chez un des principaux constructeurs de vélos, directeur des vélodromes de l'Est à Paris, du vélodrome de Bordeaux, et administrateur, et non directeur, comme on le dit souvent, du vélodrome du Parc des Princes, qui sont... des enceintes à vocation commerciale, en témoigne ce billet d'actionnariat à 100 francs pour participer à la réunion des actionnaires du Vélodrome de Bordeaux. Donc tout ça, ce n'est pas une affaire philanthropique. Même s'il y a quelque chose qui est de l'ordre de la mobilisation du militantisme, autour de la question du républicanisme de la revanche etc c'est aussi une affaire d'argent et tout ça ne préexistait pas et alors l'auto est un journal et une équipe je vais passer sur les détails extrêmement ambitieuse et clairvoyante elle décide de mettre en oeuvre ce qu'on appelle aujourd'hui et c'était Pas vraiment encore le cas. Jusque-là, je vais m'expliquer. Les journaux créaient des coups. Une course. Ils créaient une autre. L'équipe de l'auto, elle dit, pour damer le pion à tout le monde, on va mitrailler sec, comme aurait dit Jean-Pierre Mariel sur des paroles d'Odiard. Mitrailler sec, ça veut dire créer 10, 15, 20 épreuves à vocation régionale et plutôt nationale tous les ans. Dans une logique, disais-je, je ne l'ai pas encore dit d'ailleurs, d'agenda setting, expression anglaise, vous m'en pardonnerez, créer son propre agenda. Nourrir ses propres colonnes, d'année en année, nourrir son propre calendrier, en tirer des dividendes en termes de vente, en termes de visibilité, en termes de profit. Parce que si on fait prévaloir une compétition au Parc des Princes, le Parc des Princes c'est qui ? C'est des grands, c'est les actionnaires. Si on organise une compétition au Vélodrome d'hiver créée en 1909 par qui ? Par Desgranges, les actionnaires de l'auto. C'est payant. Ça roule, si je puis dire. Donc, premier exemple, Paris-Marseille 1902, un grand poum et un pétard mouillé, ça marche pas, on abandonne. En revanche, 1903, le Tour de France. Et sur cette affaire-là, les deux principaux penseurs de la chose, enfin, le principal penseur de la chose qui est méconnu, qui s'appelle Steines, il s'appelle Steines, à l'aîné creux. il s'est souvenu du succès du Tour de France automobile de 1899, et dit nous à faire la même chose avec le vélo, la différence c'est que le vélo il est devenu populaire, et qu'on peut passer partout. Et que ce faisant, alors il ne le pense pas comme ça, maintenant on l'analyse comme ça, ou en tout cas je me permets de reprendre l'expression de Georges Vigarello, il crée une espèce de principe de procession nationale, qui va se balader dans tous les coins de France, puis conquérir les sommets à partir de la deuxième moitié des années 1900, et garantir le succès du journal qui rend 20-30 000 exemplaires en 1903-1904, en un temps où le Tour de France balbutie, lui-même éclaboussé par quelques sales histoires, puisque le vainqueur en 1903 à Maurice Garin est évacué avec je ne sais plus combien d'autres pour fait de tricherie en 1904, et le Tour de France au départ n'a pas très bonne réputation. Mais bon, 20-30 000 en 1903, Plus de 300 000 en juillet 1913. Chaque jour. C'est le signe d'une réussite industrielle indéniable. La machine médiatique est lancée. Et le modèle du parrainage et de l'investissement au sens propre du terme de la presse dans le spectacle sportif va aller de façon croissante. J'en veux... Je pourrais vous donner mille exemples, mais j'en prends deux. les concours de lutte, on parlait de lutte traditionnelle, réinvesti, codifié, naissance d'une fédération en 1913, c'est toujours le même système, en gros vous avez une pratique, elle est peu à peu codifiée, spectacularisée, compétitivisée, la fédération arrive, et là, ça accélère avec la médiatisation. Ça continue à être exactement comme ça aujourd'hui. 1905, les coupes de canot à moteur. Grande mode, belle époque. Héritage du canotisme, on leur colle un moteur, si possible un moteur français, un moteur forest, par exemple. Et puis, allons-y, 12 épreuves, 12 par 1. Et qui ? L'auto, le matin, le gaulois, le figaro, la presse, le petit parisien, l'écho de Paris, le petit journal, le journal des... Ils sont tous là. tous les plus grands journaux, comme si aujourd'hui, dans un événement sportif, la totalité, encore que la presse a fatigué la presse papier, mais que la totalité des grands acteurs médiatiques étaient réunis en un même moment pour promouvoir les choses. Sachant que tous ces journaux ensemble tirent environ 8 à 9 millions d'exemplaires, et que si on se cale sur ce qu'on appelle la lecture multiple, Alors, elle aussi, elle bat de l'aile depuis quelques années. Elle était dans les années 90 d'une moyenne de 4. C'est-à-dire, un Ouest de France, 4 lecteurs. Cette règle-là, on ne peut pas l'étudier pour l'époque. Mais c'était à minima ce qui se passait. 8, 9 millions, je vous laisse faire le compte, presque 40 millions. Combien de Français ? 40 millions. Du sport dans tous les journaux. En veux-tu, en voilà, et de façon croissante. C'est un des plus puissants leviers d'adoption des pratiques sportives par les Français, avec de nombreux journaux, donc Le Vélo, Le Monde Sportif, Je Passe Vite, ce sont des concurrents que l'auto va écrabouiller joyeusement. En y prenant un certain plaisir pervers d'ailleurs, puisque Le Vélo était installé au 10 de la rue du Faubourg Montmartre à Paris, au-dessus d'un... Non, il ne faut pas que je fasse ça. Au-dessus d'un café qui s'appelait la Taverne du Nègre, et qui était un des principaux rendez-vous sportifs de Paris. Et au 13, juste en face, il y avait la rédaction. Enfin, ça c'était le vélo, le grand journal qui régnait sur les années 90. Quand Desgranges crée le vélo, l'auto, pardonnez-moi, vous vous souvenez, le jeu de concurrence, où va-t-il s'installer ? Au 13, juste en face. Ce qui fait qu'en fait, cette rue devient un épicentre de la vie sportive nationale, puisqu'à chaque fois qu'il y a un grand événement, qui connaît le résultat d'un boxeur aux États-Unis ou ailleurs ? Les journaux, par les câbles télégraphiques. Donc le quartier, je passe. Ils les écrabouillent tous, les uns après les autres. La vie au grand air, on en a déjà parlé. Et puis alors, à Rennes, pareil. Comme ailleurs. une des toutes premières équipes du stade rennais la tribune du parc des sports je dois aux archives le siège de ouest est clair et puis cette combinaison sur un seul personnage que j'évoquais tout à l'heure ernest foliar père puis son fils qui sont tout à la fois des acteurs du stade Rennais, le père est président, le fils est trésorier et ailier. C'est lui qui a levé les fonds pour créer le parc des sports en 1905, et c'est lui qui de façon très significative a... deux autres collaborateurs qui s'appellent Gis et Gemain, qui sont des acteurs de l'athlétisme breton, prend en charge et donne vraiment corps à la rubrique sportive de Ouest et Claire qui ne cesse de s'étendre jusqu'à occuper parfois dans l'entre-deux-guerres jusqu'à 25% de la surface du journal. C'est là tout à fait énorme. Donc là c'est le fameux parc des sports qui a donc une résonance tout à la fois médiatique pour ici locale. Et puis la machine économique est lancée. Bon ça va je suis dans une zone de débordement acceptable. Rapidement, il y a le business. Si vous avez bien compris que là il y avait du business médiatique. Mais il y a aussi le business commercial. Année 81. Qu'est-ce qui se passe dans les grands magasins, la belle jardinière, chez Dufayel, j'aime toujours mettre Dufayel parce que personne ne le connaît, à moins que certains d'entre vous le connaissent. Qu'est-ce qu'ils font ? Ils créent des rayons sportifs, ils Ausha de leurs magasins, ils en appellent aux élites urbaines, mais très très vite, avec la baisse du prix des coûts, et la mise en place de deux choses, la distribution par train. la correspondance, vente par correspondance, mise en place du crédit à la consommation, fin des années 90, le commerce du sport commence à faire floresse. D'abord par le biais des grands magasins, puis d'un petit semi qui va agrandissant, de magasins spécialisés, ici un des tout premiers à Paris, Tenmer, les deux premiers sont créés par des Anglais venus s'installer en France. pour des raisons d'études et ou des raisons d'ordre commercial, mais en étant, dans les deux cas, pour Tomner et Williams, des hommes qui jouaient au football et qui jouaient même assez brillamment. une machine économique qui est lancée avec des magasins spécialisés il y en a une dizaine en 1900 à paris 1930 il y en a plus de 100 à paris uniquement à paris probablement enfin 120 ou 130 si ma mémoire ne m'abuse pas et probablement 300 à 500 à l'échelle nationale donc là aussi un appel d'offres je puis dire et une réponse une réponse à la demande les cafés des sports j'adore je Je nourris l'espoir, si j'en ai l'énergie, d'écrire un livre sur le rôle des cafés des sports dans l'histoire du sport. Un café des sports central à Rennes, qui ne porte pas son nom, le Café de l'Europe. Alors, moi je ne connais pas Pont et rue de Berlin, vous allez vous repérer. Voilà. Et donc... Oh, alors, le chef de Starbucks, non ? et bien ce café était le, enfin pas le café, mais un des principaux, sinon le principal lieu de rendez-vous des sportsman rennais football, rugby, c'était le siège des sociétés d'Aviron, le siège d'une société vélocipédique ça a été le premier siège de l'amicale des supporters du stade Rennais, qui a été créé en 1919 d'ailleurs je crois que je vous ai mis quelque chose ça sera plus tard. Voilà donc ce rôle des cafés des sports qui naissent à cette époque-là. La première mention d'un café des sports, c'est dans les années 1870. Ça, je pense que c'est Belle Époque. Où est-ce que vous voyez ça ? Donc, fin de la Belle Époque. Ah d'accord. Vous me faites peur, là. Vous me faites peur. Il y a des spécialistes. Je vais me faire défoncer à la fin. Vous avez dit que des conneries. Non, je ne me suis pas trop gouré. Les conneries ? D'accord. Faites gaffe parce que j'ai le sang mauvais. Et la machine économique, c'est aussi l'entrée en scène des industriels qui créent des équipes pour des raisons peu avouables et avouables. Par passion sportive, sans doute, comme les Michelins. Mais par un paternalisme qui vise à inviter les ouvriers au calme social. Alors on ne va pas faire un cours sur la machine économique, c'est aussi les grandes salles. C'est le palais des sports, alias le vélodrome d'hiver, créé notamment sur des subsides réunis par Henri Desgrange. Ah et puis cette salle, parmi plein d'autres. Paris comprenait en 1914 une grosse vingtaine de salles de boxe. Il n'y en a plus, ça n'existe plus. C'est dire l'inflorescence du phénomène. J'aime beaucoup l'Apollo. J'aime beaucoup l'Apollo parce qu'un homme dont je suis en train d'écrire l'histoire, qui s'appelle Batlin Siki, le premier champion du monde français noir, totalement oublié et qui mériterait qu'on le réveille, boxe un peu à l'Apollo. Et l'Apollo, il a une particularité, on cherche toujours à appâter le chaland, c'est qu'on y a construit le basculo. Et le basculo, c'est cette espèce de truc que vous voyez là, ça, c'est un énorme système avérin qui doit peser des tonnes et des tonnes et des tonnes, qui permet de retourner complètement 500 sièges. Et inversement, ce qui fait que l'Apollo est tout à la fois un cinéma, une salle de théâtre, d'opérette, et quand on bascule le basculo, ça devient une salle de balle, et ou une salle dans laquelle on peut donner des championnats de lutte et de boxe, c'est vous dire l'investissement. Alors il y a une autre variable nécessaire à ce que cette grève sportive prenne, bien entendu. c'est la disponibilité des français et pas seulement des élites j'en avais j'ai posé quelques jalons au début comment ça se popularise ça se popularise ça commence à se populariser parce que d'une part la france est en train elle commence enfin elle s'urbanise de plus en plus vous savez et elle commence je puis dire à se tertiariser Et surtout, on voit une progression tout à fait notable du nombre de salariés. Plus les petits patrons, etc. Le monde des usines, on est salarié. Or, il y a une législation, j'en ai mis beaucoup là, qui fait que le nombre d'heures travaillées, eh bien, chute de façon considérable, en passant en gros, en 1880, de 80-95 heures travaillées par semaine. on a ni le loisir ni l'énergie de faire du sport, à une soixantaine d'heures en 1914, parfois moins, au prétexte de la baisse du temps légal de travail à 10 heures et de l'obtention en 1906 du dimanche chômé. Ce dimanche, il a été donné, repris, redonné, re-re-repris, et il est fixé en 1906. Hausse du salariat, 58% de la population en 1900. Et en fait, cette combinaison-là permet quoi ? La naissance de ce que Alain Corbin, et d'autres, mais principalement, je pense à lui, ont appelé la naissance d'un temps pour soi. Et avec ce temps pour soi, d'un souci du corps. Lequel souci du corps prend naissance dans l'éducation, dans l'école républicaine où on met en garde contre la maladie. contre le dépérissement, où on apprend aux enfants, tant que faire se peut, à boire du lait tous les jours, comme on le réinventera dans les années 1950, beaucoup plus tard, lors de ce terrible hiver 54, où l'abbé Pierre se fit connaître. Et vous voyez ici, de façon très significative, que cette France de 1900-1910 évolue. dans ses dépenses, les loisirs n'explosent pas, mais enfin il passe entre 1956 et 1905 de 3% du revenu annuel, de 0,6% à 3% sur un salaire qui a singulièrement augmenté, l'achat du vélo, du ballon, etc. Et puis vous pouvez observer la même augmentation sur les dépenses de santé. Donc ça veut dire qu'il y a une... Une mobilisation, une transformation. Alors, ce n'est pas la société sanitaire qui a pris pleinement ses marques dans les années 1960. Mais c'est un mouvement tout à fait significatif avec soins, santé et loisirs qui passe de 1 oeuf à 7-7 en une cinquantaine d'années. C'est une des expressions de cette naissance d'un temps pour soi. Et tout ça aboutit à ce que, eh bien, il y ait une première explosion du nombre de pratiquants. 19ème, est-ce qu'on peut compter ? La réponse est claire, c'est non. Les archives ne le permettent pas, sauf sur des petits nombres et des petits espaces. Fin 19ème, probablement déjà 100 000, 200 000, j'en sais rien. 1909, un général entreprend de faire un comptage, il vaut ce qu'il vaut, il ne donne pas ses sources, il donne 900 000 adhérents à ce qu'on appelle alors les sociétés du muscle. 2,2% de la société française. desquels vous retrancherez les plus vieux et les plus jeunes. Alors je n'ai pas été jusqu'à trifouiller la pyramide des âges, parce qu'on manque parfois de sources pour être capable de catégoriser par exemple les 15-35 ans en l'occurrence. 1914, 1 785 000, l'évaluation est beaucoup plus sérieuse, elle est commandée par le comité national des sports, créé en 1908 à l'instigation notamment d'un journaliste. Hans Rechel, créateur de Fédération, sportif polyvalent lui-même, un des hommes de l'ombre des Jeux de 1924, et qui donne 1 785 000 pour l'ensemble des sociétés de pratique physique, dont 800 000 pour les sociétés conscriptives dont nous parlions tout à l'heure. Donc ça corrobore les 900 000. Donc disons, 1 million de sportifs, aucune donnée sur les pratiques libres. Les gamins qui jouent au football, les gamins qui en Provence, en Normandie ou ailleurs, s'adonnent à des courses, à des défis locaux, on ne sait pas. Probablement une imprégnation un peu plus large. 1921, 1,7 million des 15-34 ans adhérents aux seules sociétés sportives gymniques. Et pas préparatistes. Ça double. Pourquoi ? Je ne vous le raconterai pas, parce que la guerre est passée par là, et qu'elle a un effet mobilisateur très très puissant. Pendant longtemps, les historiens, au moins quelqu'un qui pourra en témoigner ici, traitaient de l'histoire du sport en faisant deux parenthèses. La première guerre, la deuxième guerre. Alors qu'en fait, ce sont des moments clés, et la première guerre encore plus que la seconde. La popularité du football. La première mamelle de cette popularité, c'est la guerre. Et puis en 1939, les estimations que j'ai pu construire, à peu près 3 millions, et on arrive à 7,4% de la population. Alors évidemment, si on compare, ça paraît peu, puisqu'aujourd'hui, pardonnez-moi, les fédérations réunissent 21 millions d'adhérents, dont les licenciés compétition 15 millions, ce qui fait 23 respectivement et 33%. Et qu'on a des chiffres sur les pratiques libres depuis que l'État se préoccupe, ça date de 67, d'organiser des... des enquêtes sur les pratiques culturelles des français. Donc on sait qu'il y a à peu près un petit tiers des français qui ont une pratique régulière hebdomadaire. Donc c'est évidemment le jour et la nuit. Mais il n'empêche que c'est une première massification qui aboutit à un enrichissement du panorama sportif. Et là je vais aller beaucoup plus vite en vous montrant ce qui reste finalement des matrices. et de ce qui est inventé chez les élites, le tennis. Il n'est pas du tout populaire. On joue derrière des haies, c'est une pratique extrêmement élitiste et de représentation. Le golf, qui préexiste comme un jeu, comme un délassement, qui le demeure et se sportivise avec la belle époque, avec quelques championnes. Le canotisme à moteur, totalement oublié, qui a connu son âge d'or dans les années 1900. J'aurais aimé vous montrer plus d'images, mais le temps court. Vous voyez le Nautilus Sorreur en 1913 à Monaco. Il y a une série de photos, si vous êtes un peu curieux, vous allez voir sur Gallica, vous tapez canot à moteur Monaco, vous allez voir des trucs hallucinants avec ce piqué particulier des plaques photographiques de la belle époque. Le rowing, l'aviron. Le rugby, qui est une pratique élitiste, qui est encore très loin de se populariser, et qui au passage est beaucoup plus pratiquée que le football, qui avant-guerre reste une pratique relativement peu développée. Il y a toutes les pratiques de la culture préparatrice qui vont être sportivisées et compétitivisées. Compétitivisées, exemple, championnat des scrims à la baïonnette. C'est-à-dire que ce qui naît de la mobilisation post-sedan, est récupéré en l'occurrence par l'armée et l'auto, le journal, on crée, on porte une focale, on crée une tension événementielle autour de quelque chose qui attire les gens. Pourquoi ? Parce que patriotisme, préparatisme et sport tout à la fois. Voilà, vous avez affaire à une grande fesse tout à la fois de gymnastique et d'escrime à la baïonnette. permettant de célébrer la vaillance des spahis à Tunis en 1912. Bien sûr, les pratiques d'armes qui restent préparatistes. La marche, la marche, tout le monde marche depuis toujours. Sauf que là, on en fait l'objet de compétitions et de marchandisations. Un outil de mobilisation corporelle aussi, à l'instar de cette grande marche de l'armée de 1904, 1800 inscrits, bon vous n'avez pas trop le choix, très mal organisé, canicule, 300 abandons, un mort. Le lendemain, une partie dégradée disait que peut-être on ne recommencerait pas. Le tir bien entendu, qui tient une place centrale. Et puis il y a les pratiques populaires, il y a le vélo, dans les vélodromes, sur les routes. avec cette belle affiche du Vélodrome de Buffalo, qui est un des vélodromes pionniers situés à Montrouge. Il y a trois grands vélodromes à Paris à l'époque. Il y a le Vélodrome de Buffalo, je ne sais plus savoir, la Municipale à Vincennes et le Parc des Princes. Vous pouvez ne m'excuser pas. Il y a le Vélodrome de l'Est, mais qui est un peu plus loin. Alors ça, c'est Jacques Gabriel, je vous en ai parlé tout à l'heure. Le voilà, le fameux bûcheron champion du Ventoux. Donc, popularité, vraiment. La boxe, j'en ai pas parlé, j'aurais aimé, puisque je travaille beaucoup sur la boxe, avec la montée en puissance du spectacle pugilistique à la fin du 19ème, avec beaucoup de champions américains, champions venus d'ailleurs, un des grands parmi eux étant Peter Jackson, qui n'est pas afro-américain qu'on pourrait l'imaginer, mais afro-australien, et qui se donne en spectacle à Paris en 1894. voilà et puis tout un tas de types comme Dubourg qui gagne le championnat des novices en 1911 championnat des novices c'est la première fois qu'on monte sur le ring pour un combat en amateur après on perce ou on perce pas il y en a qui perce Carpentier perce vous le voyez ici à l'âge de 17 ans un minot né à Liévin qui a commencé à boxer dans l'arrière salle du café familial et qui est champion du monde avant 1914, et qui est la grande star du sport français à l'époque, avec un autre homme qui s'appelle Jean Boin, lequel, pauvre Jean Boin, tombe au front en 1915, cependant que Georges Carpentier en réchappe. En ailleurs appartenu, il faut le dire. à des régiments moins exposés. La natation, bien sûr, une pratique populaire. La course à pied, il y a un calendrier de course à pied monstrueux. J'adore cette image, je vous la montre, il y aura eu mille autres illustrations. C'est le futur vainqueur du circuit de l'Est 1913, Siméon, qui est d'ailleurs sponsorisé par Barthoussport à Rouen. dans un état d'épuisement qui est rarement questionné par les historiens. Voilà, je suis pas un bon vendeur mais vous trouverez son histoire dans le livre. C'est un livre, c'est un truc de fou. La culture physique, bien entendu. Et puis il y a un grand truc qu'il faut retenir, après je vais m'arrêter, c'est la célébration dans les années 1900 de ce qu'on appelle l'athlète complète. Parce qu'en fait, l'idéal athlétique et sportif de l'époque, en dehors du goût qu'on peut avoir pour les compétitions, les héros vélocipédiques, de la boxe, c'est la figure de la polyvalence. Une polyvalence mise au service de la régénération et de la santé française. Et qui est à la manœuvre ? la presse. En l'occurrence, Le Journal, qui est un des quatre grands journaux à tirage monstrueux de l'époque. Il y a Le Journal, Le Petit Journal, Le Matin et Le Petit Parisien. Et il crée donc un concours au seuil des années 10, ne faisant en cela qu'imiter Loto, qui avait lui-même inventé des concours, lesquels concours fleurissent partout. Mais le fait est que de toute façon, la valorisation, ce qui valorise le plus le sportif à l'époque est vraiment sa polyvalence. Très souvent, à commencer par les journalistes de sport, qui sont tout à la fois, je ne sais pas, Franz Reichelt dont je parlais tout à l'heure, il était tout à la fois rugbyman, coureur à pied, escrimeur, boxeur. Plus ou moins versées dans chacun des domaines. Donc on célèbre l'athlète complet. Et puis on réinvente et on invente les courses des chasses. Bon, elles sont mises à l'honneur par un boulanger des Landes. Noël, je ne sais plus quoi. Qui prétend avoir rallié Moscou. Mais bientôt, on voit des courses dans les villages, comme dans le Périgord, ici en 1880. Vous voyez, c'est très tôt. Il n'y a pas d'arbitre, il n'y a pas de quantification. Mais 20 ans plus tard, il y a des courses sur les vélodromes. On l'a oublié. A la belle époque, tout est sport. Et dans l'entre-deux-guerres encore. Une inventivité, une effervescence monstrueuse. Les prolégomènes du handisport. Totalement oubliés. Tournant du 19ème et du 20ème. Vous avez à droite, à droite, la jambe de bois. La première course à la jambe de bois que j'ai pu repérer. Le type qui gagne, qui est un tourangeau, l'a perdu à l'usine. Mais d'autres à ce dent. Puis en 1911, le premier championnat de France du 100 mètres, pour une hijambiste. Alors quand j'ai découvert ça, j'étais un peu scotché. Mais je parle d'inventivité, ça n'est pas un vain mot. La tauromachie. Oui, des arènes à Lille, des arènes à Paris, un peu partout en France, on l'a oublié, des courses de triporteurs, très intéressantes, authentiques courses, aux couleurs de quoi ? Des grands magasins ou des équipementiers. Et j'aurais pu démultiplier avec le vélo polo, les courses de tonneaux. rémanente, très sérieuse, avec des champions de France, des champions d'Italie, des champions d'Europe, des champions du monde, qui se défient avec un ou deux tonneaux, comme vous le voyez ici, à l'instar de cette épreuve des championnats des rouleurs à Paris en 1907, qui bien entendu... pour la France, concernait des hommes qui n'étaient pas sportifs de métier et qui étaient le plus souvent débardeurs sur les quais de Bercy à Paris ou travaillant sur les quais bordelais etc. Ce qui fait qu'il y a des tropismes dans ce domaine là qui sont liés aux métiers. Dernier point, après je me tais, je vous promets. C'est que comprendre l'inflorescence première du sport, c'est comprendre que cette première massification, cette première popularisation ne passe pas par les pratiques. Vous vous souvenez ? Un million, c'est tout à la fois énorme par rapport à ce rien du tout de 40 ans avant, mais bien peu de choses. En fait, là où le sport s'exprime comme une culture déjà populaire et massive, c'est du côté des spectateurs. C'est là que la greffe prend, pleinement. Et si elle prend pleinement, c'est parce que le porte-voix médiatique invite le plus grand nombre à participer à la fête sportive. Pour des raisons d'attachement patriotique à l'équipe, etc., je vais vous donner quelques exemples. Roubaix, deux très grandes équipes de football des années 1910 à l'entre-deux-guerres. Laquelle choisir ? Des clubs de supporters. Dans le Nord, c'est les premiers, à Lille, à Roubaix, etc. qui vont jouer un rôle tout à fait central, et combien quelques dizaines de footballeurs adhérents du RCR ou du stade roubaisien, mais 5, 600, 700, puis dans les années 20, bientôt 1 000, 2 000, 5 000 spectateurs. Où est le sport ? Où est l'expression sociale du sport ? Elle est bien plus... elle émane bien plus de la présence de ce public, des passions populaires, des spectateurs, que des joueurs eux-mêmes, et au bout du compte, ce qui va se passer cet été, c'est la même chose. X milliards de téléspectateurs et 10 000 participants, avec pléthore de dépenses dont on pourrait discuter. Le café de l'Europe, je passe. Ça aussi. Un autre exemple, enfin non, tiens, la rapidos au point où on en est. Un exemple, départ de Paris-Madrid en 1903, quelques valeureux automobilistes riches, pour la course capote plus ou moins, parce que des avant-bordeaux, la plupart des bagnoles sont ratatinées, etc. On estime à 200 000 le nombre de curieux au jour du départ. Je ne sais plus combien il y avait de voitures engagées, je ne sais pas, 10 ? un pilote, un copilote. Elle est là, cette rupture d'échelle nous montre. La traversée de Paris, à laquelle j'aimerais là aussi consacrer un livre, mais personne n'en veut. 1905, on crée la traversée de Paris, qui, l'auto, avec la société d'encouragement à la natation et au secourisme, et d'autres acteurs, le soutien de la ville de Paris, qui vient d'installer des postes de secours le long de la Seine. Je ne vous fais pas de dessin, j'ai déjà parlé de tout ça. Et il y a combien de spectateurs ? La première année, 200 000. Combien de participants ? Ma mémoire ne m'abuse pas, 12. Dont une femme, qui arrive quatrième. Les années suivantes, on parle de 4 à 500 000 spectateurs. C'est gratuit, c'est épatant. C'est sacrément épatant. Et puis, disons-le aussi, au fil des ans, les femmes participent de plus en plus. et la particularité, la propriété des slips de bain de l'époque, est de permettre de découvrir des plastiques qu'en d'autres lieux, on ne découvrirait pas. Et, eh bien, ça, ça infuse partout en France, puisque cette traversée de Paris à la nage créée en 1905, est aussitôt imitée à Bruxelles en 1906, à Londres en 1906, qui prétend l'avoir inventée, d'ailleurs à cette occasion, il y a un type assez épatant qui s'appelle Gatsby, qui avec une seule jambe... se glisse parmi les dix premiers. Et puis, après, il y en a partout en France. Donc c'est un sujet qui mériterait d'être investigué. Et vous pouvez voir ici, parce que je crois bien, eh, pas mal, qu'il y a un sacré, un sacré populot, et que cette pratique est vraiment très, très, très populaire, parce qu'elle met en scène tout à la fois des gens qui sont extrêmement valeureux, courageux, mais aussi des gens qui appartiennent à la même catégorie sociale. La première championne française un peu marquante en natation, bien avant les lords Manodou et consorts, c'était une toute jeune fille de 13 ans qui se jette dans le bain en 1912, elle s'appelle Juliette Curé, elle gagne l'épreuve et elle appartient au petit peuple parisien, et elle est piquée de natation. Donc il y a un phénomène de reconnaissance dans ceux qui sont à la manœuvre en matière de football, de cyclisme, de boxe, de natation, et qui vient élargir l'éventail. de ces amours sportives de la belle époque. Voilà, alors comme elle est là, je vous la mets, et je vais vous dire... Ouais, bon... Je vous remercie pour votre patience.