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Archives de Rennes

[Rennes j'écoute ! Les voix du service public] Episode 5 : Bernadette Kessler, pionnière de l'information et des médias

[Rennes j'écoute ! Les voix du service public] Episode 5 : Bernadette Kessler, pionnière de l'information et des médias

23min |16/02/2024|

31

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[Rennes j'écoute ! Les voix du service public] Episode 5 : Bernadette Kessler, pionnière de l'information et des médias

[Rennes j'écoute ! Les voix du service public] Episode 5 : Bernadette Kessler, pionnière de l'information et des médias

23min |16/02/2024|

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Description

Depuis 2015, les Archives de Rennes mènent un projet de collecte de témoignages d'agents et agentes des collectivités Ville de Rennes et Rennes Métropole, partant à la retraite. Cette série de podcasts, qui sera enrichie régulièrement, a vu le jour pour vous faire entendre les voix de ces acteurs et actrices et pour documenter l'histoire de l'administration.

Leurs parcours professionnels au sein de l'administration et leurs actions au service des politiques publiques en font des témoins privilégiés de l'évolution de la ville et du quotidien des Rennais.

Dans cet épisode, découvrez le parcours de Bernadette Kessler, ancienne responsable du service Innovation Numérique de Rennes Ville et Métropole.

Après un riche parcours dans les médias qui l'a vu participer, notamment, à la création de la télévision locale TV Rennes, Bernadette Kessler intègre la collectivité Ville de Rennes au début des années 2000, comme chargée de mission pour la création d'un site internet sur la Libération de Rennes. Devenue par la suite responsable du Pôle internet, elle contribue à la refonte de la stratégie de communication de la collectivité sous l'angle du multimédia, mais aussi à la mise en place des premiers services en ligne. En tant que responsable du Pôle innovation numérique, Bernadette Kessler est enfin la cheville ouvrière des projets liés à l'open data au sein de Rennes Métropole, collectivité pionnière dans ce domaine.


Pour accéder aux versions accessibles de ce podcast ou découvrir les documents d'archives associés, cliquez ici !   


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rennes, j'écoute les voix du service public. C'est le podcast des archives de Rennes dans lequel nous vous proposons de découvrir des témoignages de celles et ceux qui ont fait la ville.

  • Speaker #1

    On m'a demandé est-ce que tu pourrais prendre le poste ou en tout cas est-ce que tu veux faire un interview du président de la République ? J'ai dit, pourquoi pas, on parle de quoi avec un président ? Je ne me rendais pas du tout compte de l'impact que ça pouvait avoir. Il y a eu un écho important dans la presse locale et pour ma carrière, c'est vrai qu'il m'arrive encore aujourd'hui, beaucoup moins maintenant, mais pendant pas mal de temps, on me disait, ah oui, c'est toi qui as interviewé le président Mitterrand.

  • Speaker #0

    Dans cet épisode, nous vous proposons de découvrir le parcours de Bernadette Kessler, une vie... dans les médias. Des radios pirates à la création de la télévision locale TV Rennes, de la responsabilité du pôle internet de la ville de Rennes à celle du pôle innovation de Rennes-Ville et Métropole, c'est une vie de pionnière des médias et du numérique qui a composé sa carrière jusqu'à sa retraite en 2022. Son aventure dans les médias a débuté lors de ses études en histoire à l'université Rennes 2. En rejoignant des camarades dans un journal alternatif, le Chaperon Rouge puis en participant à la création d'une radio pirate en 1979 pour rendre compte d'un festival de la chanson. Mais monter une radio avant que la loi ne l'autorise, c'était alors prendre des risques.

  • Speaker #1

    Et donc on a monté une toute petite radio privée, publiée pirate on disait, pour suivre l'actualité du festival. Au bout de trois jours, on a été arrêté par la police. C'est-à-dire qu'on avait un tout petit émetteur, qu'on était allés chercher à Nantes avec des gens qui étaient plus formés que nous sur la radio. On était dans l'appartement d'une dame qui nous avait hébergés là, au centre de Rennes. Et puis, je pense qu'on devait avoir un rayon d'émission de 3 km autour de l'appartement. Enfin, il y avait une personne, on pouvait vraiment entendre ce qu'on faisait. En tout cas, la police nous a arrêtés. J'étais présidente de l'association. qui montaient la radio, donc j'ai été inculpée pour entrave au monopole de diffusion de l'État. Et j'ai été amnistiée en 1981. D'abord, c'est l'amour de la radio, c'est très important. J'écoutais beaucoup la radio, j'aimais beaucoup ce média où ça laisse quand même beaucoup de place à l'imaginaire, j'aime bien les voix, bon voilà. Après, il y avait cette idée que oui, il fallait être plus… plus ouvert, plus indépendant, qu'il n'y avait pas qu'une seule façon de voir le monde, de comprendre la vie autour de soi. C'était aussi Rennes, c'était local, qu'est-ce qui se passe à Rennes qui peut être intéressant pour les Rennes et qui n'est jamais finalement abordé ailleurs. C'était ça le moteur. On était une radio associative, donc c'était des associations rennaises qui venaient, qui avaient des créneaux horaires. Moi je m'occupais de la tranche du matin. assez vite salarié de l'association qui gérait Radio-Vilaine, parce qu'après Radio Festival, on a créé en 1981 Radio-Vilaine, qui était une radio associative. Et on a bénéficié de ce qu'ils appelaient les plans barres à l'époque. C'est comme maintenant les contrats de services civiques, on va dire. Alors on n'était pas très bien payés, mais au moins c'était un vrai contrat, un vrai salaire. Mon premier vrai salaire, c'était ça, c'était Radio-Vilaine.

  • Speaker #0

    Ce goût de la radio l'a amené en 1984. à être embauchée par Radio Armorique, du nom de la locale de Radio France à l'époque. Elle y a été animatrice jusqu'en 1987, où elle a rejoint TV Rennes à sa création sur un poste de journaliste, une télévision financée par la Caisse des dépôts et la Ville de Rennes.

  • Speaker #1

    Un nouveau média qui s'ouvrait sur Rennes, qui était aussi basé sur la volonté de produire une information locale, de parler, de décrire Rennes et ses habitants. d'aller à la rencontre des rennais, et donc ça m'intéressait beaucoup. Donc là, c'était un peu comme les radios privées, les radios libres, puis les radios associatives, c'était un média émergent. Et donc, voilà, ça me plaisait beaucoup de travailler là, j'étais embauchée. Et alors au départ, j'étais embauchée pour faire une émission sur l'histoire de Rennes, d'ailleurs en collaboration avec les archives, enfin dans le projet, j'avais dit, voilà, on ira aux archives, etc., on va faire quelque chose sur l'histoire des quartiers rennais. Et puis, trois semaines ou un mois avant l'ouverture officielle de la télévision qui a eu lieu en mars 1987, la personne qui avait été embauchée comme journaliste pour faire le premier journal et l'interview du président Mitterrand, qui était venu ouvrir et inaugurer le réseau câblé, le 21 mars 1987. Et donc, cette personne a démissionné, parce qu'elle venait de Paris ou je ne sais pas d'où, elle ne s'est pas plus à Rennes. Et donc, on m'a demandé « est-ce que tu pourrais… » prendre le poste ou en tout cas est-ce que tu veux faire l'interview du président de la république ? Moi j'ai dit bon oui pourquoi pas, on parle de quoi avec un président ? Je ne me rendais pas du tout compte de l'impact que ça pouvait avoir. J'étais surtout contente de me dire bon voilà, là pour le coup je vais avoir un vrai poste de journaliste à plein temps. Et donc on a créé ce créneau d'informations sur TV Rennes à partir de mars 1987, après l'interview du président qui était très conventionnelle et qui n'avait pas grand intérêt, mais qui a eu un écho important dans la presse locale. Et puis pour ma carrière, c'est vrai qu'il m'arrive encore aujourd'hui, beaucoup moins maintenant, mais pendant pas mal de temps, on me disait « Ah oui, c'est toi qui as interviewé le président Mitterrand » .

  • Speaker #0

    Une archive avec un extrait de l'éditorial de Martial Gabillard, alors adjoint à la culture de Rennes, et président des villes câblées. Il présentait l'avenir de la télévision locale sous le titre « Une grande première à Rennes » dans une édition spéciale du magazine Le Rennes de 1987. Pour la télévision, nous en sommes encore à ces temps archaïques. Le câble nous permettra, désormais, de recevoir chez soi toutes les richesses télévisuelles du monde et dans les meilleures conditions, sans équipements sophistiqués. Mais l'avenir n'est pas à l'accumulation de télévisions toutes plus ou moins semblables. Déjà apparaissent en France et vont se multiplier des télévisions spécialisées sur des thèmes comme Canal J pour les enfants, avec des programmes sans violence et sans images trop dures. Bientôt viendront les télévisions sportives, les télévisions d'information, les télévisions pour les passionnés de lyrique ou encore les passionnés de tourisme, etc. Ainsi, l'abondance offre la possibilité du choix en fonction de ses goûts. Mais le câble, s'il nous permet d'atteindre de nouveaux horizons télévisuels, nous rapprochera aussi de notre ville puisque le câble fait naître TV Rennes, voir TV Rennes et se voir à Rennes, tout un programme attractif pour qui aime vivre à Rennes. Ainsi, une nouvelle fois, notre ville joue un rôle de pionnier et pas seulement dans la télédistribution car le câble en fibre optique nous offre de multiples autres possibilités de services, formations, petites annonces, vidéos, téléachats, télégestion, etc. Nous voici à quelques années du XXIe siècle, mais à Rennes. nous y sommes déjà entrés sachons en profiter pleinement en tirer un plus d'épanouissement et de culture à mieux vivre car finalement toute technique ne vaut que par l'utilisation que l'on en fait reine j'écoute les voix du service public bernadette kessler a travaillé durant huit années à comme journaliste puis rédactrice en chef jusqu'en 1995. En quête de changement, elle intègre le TNB, Théâtre National de Bretagne, où elle occupe durant cinq années le poste de directrice de la communication. En 2000, nouveau virage professionnel, Bernadette Kessler décide de se former à l'Internet en tant qu'ingénieure, chef de projet à l'Université de Grenoble, ayant vu arriver ce nouveau média dans son métier et pressentant ses possibilités. Un an et demi plus tard et majeur de sa promotion, Elle a été embauchée dans l'agence web de Rennes, où elle avait effectué un stage pour y créer des sites web du commerce au service public, dont le premier site de Rennes Métropole.

  • Speaker #1

    À l'époque, les sites internet de la ville de Rennes comme de Rennes Métropole, c'était des sites de communication pure. C'est ce qu'on appelait à l'époque des sites plaquettes, c'est-à-dire que vous prenez une plaquette de présentation de Rennes et puis vous la transformez en page HTML. Le site de Rennes Métropole était un peu plus... plus complexe que ça, il s'agissait de présenter aussi l'institution, il s'agissait de présenter les grandes missions, donc il y avait pas mal d'images, il y avait pas mal de... il y avait quelques reportages aussi, et c'était un site qui était, au moins au niveau de sa conception, qui était un peu plus... un peu plus développé que celui de la ville de Rennes de l'époque, mais en même temps, parallèlement à ça, en 2002, par là, entre 2000 et 2004, mes futurs collègues de la ville de Rennes avaient déjà commencé à faire évoluer le site de la ville qui était vraiment là pour le coup, un site c'était trois pages HTML complètement statique, ils avaient commencé à travailler sur un site dynamique, c'est-à-dire un site qui va permettre d'être beaucoup plus… qu'on peut mettre à jour beaucoup plus facilement, plus rapidement, et puis un site qui permet d'intégrer des données qui sont, on dit dynamiques, parce qu'on va chercher l'information dans une base de données. Ce n'est pas juste on écrit un article comme pour un journal, on écrit un article et on le met en ligne. Il y avait cette possibilité-là, mais il y avait aussi la possibilité de mettre à jour des informations de pratique, par exemple, dans une base de données et qui était automatiquement diffusée sur le site. Et donc ça, ça a commencé dès 2001-2002. Moi, j'arrive en 2004 à la ville de Rennes. Alors, je suis recrutée d'abord sur un poste pour 2004. C'était le 60e anniversaire de la libération de Rennes. Et donc, ils m'ont demandé... Ils voulaient créer un site internet événementiel pour célébrer le 60e anniversaire de la Libération. Et donc moi je suis arrivée et je leur ai dit mais ça c'est tout à fait mon rayon, la mémoire, les sites historiques, je connais. Et donc on a monté un site qui était sur une base de données, qui n'était pas très performant techniquement, mais dont le principe était... toujours le même, où on a essayé de chercher des témoignages de gens qui avaient vécu cette période de la libération et qui étaient capables d'en parler. Alors on avait aussi pris contact avec un collectionneur qui avait plein d'objets qui étaient liés à la période de la guerre. Et donc on a construit un site internet qui était dédié à la période de la libération et un peu la période de la guerre. D'abord un contrat de 4 mois, puis ensuite quand j'ai pris la responsabilité du pôle internet, c'était un contrat de 3 ans.

  • Speaker #0

    En 2004, responsable donc du pôle internet, Bernadette Kessler a pour mission de renforcer le site internet comme outil de communication à part entière du service communication de la ville. Site actualisé tous les jours, alimenté par les articles du journal Le Rennes, la mise à jour des informations pratiques et les indications pour les déplacements en transport en commun notamment. C'était une manière de répondre aux besoins des usagers grâce à une équipe composée d'un ingénieur, d'un designer, d'une chef de projet journaliste web sous sa responsabilité. Quelques années plus tard, l'information sera pensée multimédia pour envisager ensemble le magazine papier et le site internet.

  • Speaker #1

    Donc on réunit dans la même entité les graphistes, les journalistes papier et le pôle web. Et ça c'est un vrai changement. une restructuration assez importante de la direction de la communication, pour cette partie-là en tout cas, dans la mesure où on dit, aujourd'hui on ne peut plus investir tout sur le papier, on ne va pas investir non plus tout sur le web, il faut quand même garder l'expression et l'information papier, mais il faut vraiment qu'on soit multisupport. Il n'y a pas encore les réseaux sociaux, ça va arriver, mais on anticipe un peu le fait que la manière dont les rennais s'informent, elle est multiple aussi. Il y a des évolutions constantes du métier qu'on intègre au fur et à mesure. Dans ces années-là, on voit bien que c'est à la mode. Alors il y a cet effet-là qui dit, il y a certaines personnes qui essayent de pousser en se disant « oui, il faut absolument qu'on se positionne là-dessus parce qu'on ne peut pas ignorer cette révolution de la formation » . Puis il y en a d'autres qui sont rétifs et qui disent « non, c'est une mode, ça va passer » . Après, je pense que les dirigeants, je me rappelle d'Edmond Hervé, qui était tout à fait conscient de l'importance du truc, m'avait dit quand même un jour, moi j'ai un ordinateur, mais je ne l'use pas. C'était sa formule, c'était une façon de se moquer de moi, je pense. Bon, voilà, il était conscient de l'importance du truc, mais non, il n'était pas usagé lui-même. Beaucoup d'élus étaient dans cette situation-là.

  • Speaker #0

    Cette intuition était la bonne. À mesure que le numérique infuse dans les différents services de l'administration, les manières de travailler évoluent. Et c'est la relation citoyen-administration qui se transforme avec la mise en place des premiers services en ligne. Pour Bernadette Kessler, c'est l'occasion de prendre son bâton de pèlerin.

  • Speaker #1

    J'aimais beaucoup faire ça, d'aller voir, je m'imposais dans certaines réunions de mes collègues, dans d'autres services, en leur disant, tiens, et pour le site internet, est-ce que vous avez quelque chose pour moi ? Est-ce qu'il y a moyen de faire des choses ? Parce que parallèlement au développement de sites d'information dynamique, on avait aussi l'idée qu'il fallait proposer des services en ligne. Et donc les services en ligne, là, on a commencé par l'État civil, le service de Marie-Annick Le Thiec, et là, c'était très important que les agents de ces services-là travaillent avec nous pour nous expliquer comment se fait une démarche, comment est-ce qu'on peut la transformer ou en tout cas comment est-ce qu'on peut l'adapter au système du web. La question à l'époque, c'est quand je me remets dans… Ce qu'on disait à cette époque, c'était vraiment d'essayer, non pas de convaincre les gens, mais de travailler avec les agents pour voir qu'est-ce qui pouvait être simplificateur pour eux et bénéfique pour les usagers. Et comment est-ce qu'on pouvait utiliser le numérique pour améliorer finalement la démarche globale. Et ça modifie les relations qu'on a aussi avec les usagers.

  • Speaker #0

    Ce projet de refonte de la relation avec les citoyens sous le prisme du numérique porte un nom, le GRC. pour gestion, relation, citoyen. Un autre enjeu du numérique a été à partir de 2010, le data, la donnée de son ouverture au public à la création d'applications. Mais ici, c'est bien Bernadette Kessler qui l'explique le mieux.

  • Speaker #1

    Et puis arrive 2010 et arrive quelque chose qui est nouveau, qui s'appelle l'open data. L'open data, ça prend ses racines dans les pays anglo-saxons, en Angleterre, mais aussi, surtout, ça a été très popularisé à l'arrivée de Barack Obama. au pouvoir aux États-Unis. Une des premières choses qu'il a faites dans ses premiers discours en 2009, c'est de dire « je vais ouvrir toutes les données fédérales qui concernent l'action de l'État fédéral américain, je vais les rendre disponibles pour tous les citoyens ou les entreprises qui veulent utiliser ces données pour créer de nouveaux services. » Bon, ça, ça se passe aux États-Unis en 2009. En Europe, c'est surtout en Angleterre que ça commence à se développer. Et puis en France, il y a quand même des gens qui commencent à dire, tiens, ce serait pas mal de... qu'en France aussi, il y ait quelque chose qui se passe autour de ça. Nous, à cette époque-là, on travaille sur une application mobile, sur les vélos en libre-service. C'est-à-dire qu'on travaille avec une entreprise, une start-up de Rennes, à qui on a demandé, et évidemment les collègues du service Transport, puis les services du Star, on leur dit voilà ce qui serait bien c'est que les gens dans leur téléphone portable puissent savoir exactement combien il y a de vélos disponibles en temps réel à tel endroit de la ville et comment je fais pour y aller, etc. Et quand on fait ça, on se rend compte qu'on utilise donc les données de la Star, les données géolocalisées de l'emplacement des bornes, mais aussi les données numériques de chaque fois qu'un vélo est mis en place ou repris, c'est enregistré dans une base de données. Donc on utilise ces données-là, qui sont des données qui appartiennent à Rennes Métropole. Et ça c'est très important, parce que ce n'est pas pareil dans toutes les collectivités, mais il se trouve qu'à Rennes Métropole, nos collègues du service transport, dans le cadre de la délégation de services publics à Keolis, qui est donc l'opérateur des transports publics, avaient dit « Toutes ces données-là, qui ne sont pas des données commerciales, qui ne sont pas des données personnelles, nous elles restent propriétaires de Rennes Métropole. »

  • Speaker #0

    Ce travail a aussi été possible en raison d'un même point de vue sur les possibilités de l'open data, et d'une culture numérique commune partagée par les services de l'administration et les différents partenaires.

  • Speaker #1

    On est sûr que ça va changer la vie des gens. Pas seulement la vie des gens, on est sûr que c'est quelque chose qui va avoir un retentissement toujours le même, c'est-à-dire, c'est toujours les mêmes objectifs, c'est-à-dire on veut faire en sorte que l'administration soit plus pertinente, soit plus proche des besoins des usagers, et en même temps que le travail administratif soit... soit allégé, on ne réussit pas à faire tous ces objectifs-là, on ne les remplit pas en même temps et de façon complète, mais on a cette idée-là depuis le début. C'est aussi lié à une nouvelle génération, je pense, de cadres de l'administration qui arrivent. Je vois bien, moi, entre 2004 et 2014, en 10 ans, il y a un grand renouvellement aussi des agents. À tous les niveaux, on voit arriver des gens qui sont bien plus habiles avec le numérique eux-mêmes, qui sont des usagers du numérique, qui ont un téléphone portable, qui savent se débrouiller avec un ordinateur, qui consultent des sites internet, qui sont vraiment de ces générations-là, de gens qui sont nés avec, pratiquement.

  • Speaker #0

    Pionnière dans le domaine de l'ouverture des données publiques, Rennes Métropole est bientôt rejointe par d'autres collectivités. Le processus s'accélère. En 2015, une loi établit un service public de la donnée. Rennes Métropole s'est alors demandé s'il y avait des données d'intérêt local à qu'elles pourraient valoriser et protéger. Savoir si l'on est capable de mettre en place des contrats, des systèmes d'échange avec des partenaires privés pour développer telle ou telle application, tout en garantissant la confidentialité de ces données. Le transport et l'énergie étant les premiers secteurs concernés pour la maîtrise des flux et de la consommation.

  • Speaker #1

    Comment est-ce que la donnée est devenue vraiment le centre d'attention pour l'ensemble de l'administration aujourd'hui ? C'est-à-dire que si on veut vraiment faire des services pertinents, si on veut soutenir l'économie, si on veut travailler sur la question du climat, des économies d'énergie, sur la participation des citoyens, donc il y a des enjeux démocratiques, il y a des enjeux économiques, il y a des enjeux environnementaux. Si on veut faire des services qui traitent toutes ces questions-là, et qu'on ne peut pas séparer les unes des autres complètement, il faut des données. Et la donnée est l'élément de base, la brique de base, de l'ensemble de l'activité de l'administration. Et c'est ça qui est important, c'est la data. Alors, elle peut être open, dans le cadre de la loi, sur les données publiques, mais elle peut être aussi négociée, avec des entreprises qui produisent de la donnée, des données pertinentes. pour améliorer ces services. Je pense au domaine de l'énergie, je pense au domaine de l'automobile, je pense à des domaines comme ça. Donc il faut arriver à un moment donné à traiter la question de la data et pas seulement de l'open data.

  • Speaker #0

    Pour concrétiser ses ambitions, Rennes Métropole lance deux projets d'envergure, le service public métropolitain de la donnée et surtout RUDI, réponse à un appel à projets européens sur l'innovation numérique dans les territoires.

  • Speaker #1

    Le SPLD, c'est une réflexion organisationnelle. Qu'est-ce que c'est l'intérêt général de la donnée ? Quel est le service public de la donnée ? Que ça pourrait être ? Donc c'est vraiment une réflexion, pas sur le papier, mais c'est une réflexion intellectuelle. Et donc, à la suite de ce travail, on a constaté que pour aller plus loin, il nous faut une plateforme. Il faut un outil technique qui permette de poser concrètement la question de tes données à toi, toi entreprise, tu as des données ici, moi collectivité, j'ai des données là. Comment est-ce qu'on fait pour pouvoir les ouvrir ou en tout cas les mettre à disposition et à quelles conditions les mettre à disposition ? Et ça, il nous faut un outil, une plateforme. Et Rudy, c'est ça.

  • Speaker #0

    Jusqu'à sa retraite le 1er janvier 2022, l'innovation technologique a continué à occuper. et préoccupé Bernadette Kessler.

  • Speaker #1

    J'ai fini ma carrière le 1er janvier 2022, je suis prise ma retraite, mais clairement les derniers sujets sur lesquels on travaillait, c'était le système des robots, ou en tout cas des chatbots, c'est-à-dire des robots qui permettent de donner de l'information et qui traitent les bases de données, en utilisant des techniques d'IA, d'intelligence artificielle. Ça aussi, ça va complètement modifier. Beaucoup de choses ne sont pas tellement efficaces pour le moment, mais qui vont le devenir, je pense, davantage.

  • Speaker #0

    Bernadette Kessler a effectué toute sa carrière en contractuel, en contrat pour des projets puis en CDI depuis 2010. Cela l'a amenée à avoir une place à part dans le service public.

  • Speaker #1

    Je ne me sentais pas dépaysée en rentrant à la ville de Rennes. J'étais au contraire assez bien dans mon élément, avec en plus la coquetterie que je pouvais développer d'être pas complètement intégrée. ne pas être complètement dans l'administration. Mais je suis à chaque fois tombée sur des gens extrêmement rigoureux, qui m'ont aidé aussi à ne pas rester seulement dans le régime de l'indépendance ou de la provoque, mais au contraire, à travailler sérieusement, avec sérieux, sans forcément se prendre au sérieux, mais sérieusement, et aussi qui m'ont appris à développer cette idée du service public. Après tout, j'en avais une vision très extérieure. Et donc les personnes que j'ai rencontrées au sein de la ville de Rennes et de Rennes Métropole, qui sont des agents du service public, m'ont beaucoup appris là-dessus, beaucoup ouvert des façons de penser, des façons de réagir que je n'avais pas avant.

  • Speaker #0

    Le témoignage de Bernadette Kessler a été recueilli par Adrien Leroux. La musique est de Robert Meunier. C'était Rennes, j'écoute les voix du service public. Un podcast réalisé par Arnaud Vassemer pour les archives de Rennes.

Description

Depuis 2015, les Archives de Rennes mènent un projet de collecte de témoignages d'agents et agentes des collectivités Ville de Rennes et Rennes Métropole, partant à la retraite. Cette série de podcasts, qui sera enrichie régulièrement, a vu le jour pour vous faire entendre les voix de ces acteurs et actrices et pour documenter l'histoire de l'administration.

Leurs parcours professionnels au sein de l'administration et leurs actions au service des politiques publiques en font des témoins privilégiés de l'évolution de la ville et du quotidien des Rennais.

Dans cet épisode, découvrez le parcours de Bernadette Kessler, ancienne responsable du service Innovation Numérique de Rennes Ville et Métropole.

Après un riche parcours dans les médias qui l'a vu participer, notamment, à la création de la télévision locale TV Rennes, Bernadette Kessler intègre la collectivité Ville de Rennes au début des années 2000, comme chargée de mission pour la création d'un site internet sur la Libération de Rennes. Devenue par la suite responsable du Pôle internet, elle contribue à la refonte de la stratégie de communication de la collectivité sous l'angle du multimédia, mais aussi à la mise en place des premiers services en ligne. En tant que responsable du Pôle innovation numérique, Bernadette Kessler est enfin la cheville ouvrière des projets liés à l'open data au sein de Rennes Métropole, collectivité pionnière dans ce domaine.


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Transcription

  • Speaker #0

    Rennes, j'écoute les voix du service public. C'est le podcast des archives de Rennes dans lequel nous vous proposons de découvrir des témoignages de celles et ceux qui ont fait la ville.

  • Speaker #1

    On m'a demandé est-ce que tu pourrais prendre le poste ou en tout cas est-ce que tu veux faire un interview du président de la République ? J'ai dit, pourquoi pas, on parle de quoi avec un président ? Je ne me rendais pas du tout compte de l'impact que ça pouvait avoir. Il y a eu un écho important dans la presse locale et pour ma carrière, c'est vrai qu'il m'arrive encore aujourd'hui, beaucoup moins maintenant, mais pendant pas mal de temps, on me disait, ah oui, c'est toi qui as interviewé le président Mitterrand.

  • Speaker #0

    Dans cet épisode, nous vous proposons de découvrir le parcours de Bernadette Kessler, une vie... dans les médias. Des radios pirates à la création de la télévision locale TV Rennes, de la responsabilité du pôle internet de la ville de Rennes à celle du pôle innovation de Rennes-Ville et Métropole, c'est une vie de pionnière des médias et du numérique qui a composé sa carrière jusqu'à sa retraite en 2022. Son aventure dans les médias a débuté lors de ses études en histoire à l'université Rennes 2. En rejoignant des camarades dans un journal alternatif, le Chaperon Rouge puis en participant à la création d'une radio pirate en 1979 pour rendre compte d'un festival de la chanson. Mais monter une radio avant que la loi ne l'autorise, c'était alors prendre des risques.

  • Speaker #1

    Et donc on a monté une toute petite radio privée, publiée pirate on disait, pour suivre l'actualité du festival. Au bout de trois jours, on a été arrêté par la police. C'est-à-dire qu'on avait un tout petit émetteur, qu'on était allés chercher à Nantes avec des gens qui étaient plus formés que nous sur la radio. On était dans l'appartement d'une dame qui nous avait hébergés là, au centre de Rennes. Et puis, je pense qu'on devait avoir un rayon d'émission de 3 km autour de l'appartement. Enfin, il y avait une personne, on pouvait vraiment entendre ce qu'on faisait. En tout cas, la police nous a arrêtés. J'étais présidente de l'association. qui montaient la radio, donc j'ai été inculpée pour entrave au monopole de diffusion de l'État. Et j'ai été amnistiée en 1981. D'abord, c'est l'amour de la radio, c'est très important. J'écoutais beaucoup la radio, j'aimais beaucoup ce média où ça laisse quand même beaucoup de place à l'imaginaire, j'aime bien les voix, bon voilà. Après, il y avait cette idée que oui, il fallait être plus… plus ouvert, plus indépendant, qu'il n'y avait pas qu'une seule façon de voir le monde, de comprendre la vie autour de soi. C'était aussi Rennes, c'était local, qu'est-ce qui se passe à Rennes qui peut être intéressant pour les Rennes et qui n'est jamais finalement abordé ailleurs. C'était ça le moteur. On était une radio associative, donc c'était des associations rennaises qui venaient, qui avaient des créneaux horaires. Moi je m'occupais de la tranche du matin. assez vite salarié de l'association qui gérait Radio-Vilaine, parce qu'après Radio Festival, on a créé en 1981 Radio-Vilaine, qui était une radio associative. Et on a bénéficié de ce qu'ils appelaient les plans barres à l'époque. C'est comme maintenant les contrats de services civiques, on va dire. Alors on n'était pas très bien payés, mais au moins c'était un vrai contrat, un vrai salaire. Mon premier vrai salaire, c'était ça, c'était Radio-Vilaine.

  • Speaker #0

    Ce goût de la radio l'a amené en 1984. à être embauchée par Radio Armorique, du nom de la locale de Radio France à l'époque. Elle y a été animatrice jusqu'en 1987, où elle a rejoint TV Rennes à sa création sur un poste de journaliste, une télévision financée par la Caisse des dépôts et la Ville de Rennes.

  • Speaker #1

    Un nouveau média qui s'ouvrait sur Rennes, qui était aussi basé sur la volonté de produire une information locale, de parler, de décrire Rennes et ses habitants. d'aller à la rencontre des rennais, et donc ça m'intéressait beaucoup. Donc là, c'était un peu comme les radios privées, les radios libres, puis les radios associatives, c'était un média émergent. Et donc, voilà, ça me plaisait beaucoup de travailler là, j'étais embauchée. Et alors au départ, j'étais embauchée pour faire une émission sur l'histoire de Rennes, d'ailleurs en collaboration avec les archives, enfin dans le projet, j'avais dit, voilà, on ira aux archives, etc., on va faire quelque chose sur l'histoire des quartiers rennais. Et puis, trois semaines ou un mois avant l'ouverture officielle de la télévision qui a eu lieu en mars 1987, la personne qui avait été embauchée comme journaliste pour faire le premier journal et l'interview du président Mitterrand, qui était venu ouvrir et inaugurer le réseau câblé, le 21 mars 1987. Et donc, cette personne a démissionné, parce qu'elle venait de Paris ou je ne sais pas d'où, elle ne s'est pas plus à Rennes. Et donc, on m'a demandé « est-ce que tu pourrais… » prendre le poste ou en tout cas est-ce que tu veux faire l'interview du président de la république ? Moi j'ai dit bon oui pourquoi pas, on parle de quoi avec un président ? Je ne me rendais pas du tout compte de l'impact que ça pouvait avoir. J'étais surtout contente de me dire bon voilà, là pour le coup je vais avoir un vrai poste de journaliste à plein temps. Et donc on a créé ce créneau d'informations sur TV Rennes à partir de mars 1987, après l'interview du président qui était très conventionnelle et qui n'avait pas grand intérêt, mais qui a eu un écho important dans la presse locale. Et puis pour ma carrière, c'est vrai qu'il m'arrive encore aujourd'hui, beaucoup moins maintenant, mais pendant pas mal de temps, on me disait « Ah oui, c'est toi qui as interviewé le président Mitterrand » .

  • Speaker #0

    Une archive avec un extrait de l'éditorial de Martial Gabillard, alors adjoint à la culture de Rennes, et président des villes câblées. Il présentait l'avenir de la télévision locale sous le titre « Une grande première à Rennes » dans une édition spéciale du magazine Le Rennes de 1987. Pour la télévision, nous en sommes encore à ces temps archaïques. Le câble nous permettra, désormais, de recevoir chez soi toutes les richesses télévisuelles du monde et dans les meilleures conditions, sans équipements sophistiqués. Mais l'avenir n'est pas à l'accumulation de télévisions toutes plus ou moins semblables. Déjà apparaissent en France et vont se multiplier des télévisions spécialisées sur des thèmes comme Canal J pour les enfants, avec des programmes sans violence et sans images trop dures. Bientôt viendront les télévisions sportives, les télévisions d'information, les télévisions pour les passionnés de lyrique ou encore les passionnés de tourisme, etc. Ainsi, l'abondance offre la possibilité du choix en fonction de ses goûts. Mais le câble, s'il nous permet d'atteindre de nouveaux horizons télévisuels, nous rapprochera aussi de notre ville puisque le câble fait naître TV Rennes, voir TV Rennes et se voir à Rennes, tout un programme attractif pour qui aime vivre à Rennes. Ainsi, une nouvelle fois, notre ville joue un rôle de pionnier et pas seulement dans la télédistribution car le câble en fibre optique nous offre de multiples autres possibilités de services, formations, petites annonces, vidéos, téléachats, télégestion, etc. Nous voici à quelques années du XXIe siècle, mais à Rennes. nous y sommes déjà entrés sachons en profiter pleinement en tirer un plus d'épanouissement et de culture à mieux vivre car finalement toute technique ne vaut que par l'utilisation que l'on en fait reine j'écoute les voix du service public bernadette kessler a travaillé durant huit années à comme journaliste puis rédactrice en chef jusqu'en 1995. En quête de changement, elle intègre le TNB, Théâtre National de Bretagne, où elle occupe durant cinq années le poste de directrice de la communication. En 2000, nouveau virage professionnel, Bernadette Kessler décide de se former à l'Internet en tant qu'ingénieure, chef de projet à l'Université de Grenoble, ayant vu arriver ce nouveau média dans son métier et pressentant ses possibilités. Un an et demi plus tard et majeur de sa promotion, Elle a été embauchée dans l'agence web de Rennes, où elle avait effectué un stage pour y créer des sites web du commerce au service public, dont le premier site de Rennes Métropole.

  • Speaker #1

    À l'époque, les sites internet de la ville de Rennes comme de Rennes Métropole, c'était des sites de communication pure. C'est ce qu'on appelait à l'époque des sites plaquettes, c'est-à-dire que vous prenez une plaquette de présentation de Rennes et puis vous la transformez en page HTML. Le site de Rennes Métropole était un peu plus... plus complexe que ça, il s'agissait de présenter aussi l'institution, il s'agissait de présenter les grandes missions, donc il y avait pas mal d'images, il y avait pas mal de... il y avait quelques reportages aussi, et c'était un site qui était, au moins au niveau de sa conception, qui était un peu plus... un peu plus développé que celui de la ville de Rennes de l'époque, mais en même temps, parallèlement à ça, en 2002, par là, entre 2000 et 2004, mes futurs collègues de la ville de Rennes avaient déjà commencé à faire évoluer le site de la ville qui était vraiment là pour le coup, un site c'était trois pages HTML complètement statique, ils avaient commencé à travailler sur un site dynamique, c'est-à-dire un site qui va permettre d'être beaucoup plus… qu'on peut mettre à jour beaucoup plus facilement, plus rapidement, et puis un site qui permet d'intégrer des données qui sont, on dit dynamiques, parce qu'on va chercher l'information dans une base de données. Ce n'est pas juste on écrit un article comme pour un journal, on écrit un article et on le met en ligne. Il y avait cette possibilité-là, mais il y avait aussi la possibilité de mettre à jour des informations de pratique, par exemple, dans une base de données et qui était automatiquement diffusée sur le site. Et donc ça, ça a commencé dès 2001-2002. Moi, j'arrive en 2004 à la ville de Rennes. Alors, je suis recrutée d'abord sur un poste pour 2004. C'était le 60e anniversaire de la libération de Rennes. Et donc, ils m'ont demandé... Ils voulaient créer un site internet événementiel pour célébrer le 60e anniversaire de la Libération. Et donc moi je suis arrivée et je leur ai dit mais ça c'est tout à fait mon rayon, la mémoire, les sites historiques, je connais. Et donc on a monté un site qui était sur une base de données, qui n'était pas très performant techniquement, mais dont le principe était... toujours le même, où on a essayé de chercher des témoignages de gens qui avaient vécu cette période de la libération et qui étaient capables d'en parler. Alors on avait aussi pris contact avec un collectionneur qui avait plein d'objets qui étaient liés à la période de la guerre. Et donc on a construit un site internet qui était dédié à la période de la libération et un peu la période de la guerre. D'abord un contrat de 4 mois, puis ensuite quand j'ai pris la responsabilité du pôle internet, c'était un contrat de 3 ans.

  • Speaker #0

    En 2004, responsable donc du pôle internet, Bernadette Kessler a pour mission de renforcer le site internet comme outil de communication à part entière du service communication de la ville. Site actualisé tous les jours, alimenté par les articles du journal Le Rennes, la mise à jour des informations pratiques et les indications pour les déplacements en transport en commun notamment. C'était une manière de répondre aux besoins des usagers grâce à une équipe composée d'un ingénieur, d'un designer, d'une chef de projet journaliste web sous sa responsabilité. Quelques années plus tard, l'information sera pensée multimédia pour envisager ensemble le magazine papier et le site internet.

  • Speaker #1

    Donc on réunit dans la même entité les graphistes, les journalistes papier et le pôle web. Et ça c'est un vrai changement. une restructuration assez importante de la direction de la communication, pour cette partie-là en tout cas, dans la mesure où on dit, aujourd'hui on ne peut plus investir tout sur le papier, on ne va pas investir non plus tout sur le web, il faut quand même garder l'expression et l'information papier, mais il faut vraiment qu'on soit multisupport. Il n'y a pas encore les réseaux sociaux, ça va arriver, mais on anticipe un peu le fait que la manière dont les rennais s'informent, elle est multiple aussi. Il y a des évolutions constantes du métier qu'on intègre au fur et à mesure. Dans ces années-là, on voit bien que c'est à la mode. Alors il y a cet effet-là qui dit, il y a certaines personnes qui essayent de pousser en se disant « oui, il faut absolument qu'on se positionne là-dessus parce qu'on ne peut pas ignorer cette révolution de la formation » . Puis il y en a d'autres qui sont rétifs et qui disent « non, c'est une mode, ça va passer » . Après, je pense que les dirigeants, je me rappelle d'Edmond Hervé, qui était tout à fait conscient de l'importance du truc, m'avait dit quand même un jour, moi j'ai un ordinateur, mais je ne l'use pas. C'était sa formule, c'était une façon de se moquer de moi, je pense. Bon, voilà, il était conscient de l'importance du truc, mais non, il n'était pas usagé lui-même. Beaucoup d'élus étaient dans cette situation-là.

  • Speaker #0

    Cette intuition était la bonne. À mesure que le numérique infuse dans les différents services de l'administration, les manières de travailler évoluent. Et c'est la relation citoyen-administration qui se transforme avec la mise en place des premiers services en ligne. Pour Bernadette Kessler, c'est l'occasion de prendre son bâton de pèlerin.

  • Speaker #1

    J'aimais beaucoup faire ça, d'aller voir, je m'imposais dans certaines réunions de mes collègues, dans d'autres services, en leur disant, tiens, et pour le site internet, est-ce que vous avez quelque chose pour moi ? Est-ce qu'il y a moyen de faire des choses ? Parce que parallèlement au développement de sites d'information dynamique, on avait aussi l'idée qu'il fallait proposer des services en ligne. Et donc les services en ligne, là, on a commencé par l'État civil, le service de Marie-Annick Le Thiec, et là, c'était très important que les agents de ces services-là travaillent avec nous pour nous expliquer comment se fait une démarche, comment est-ce qu'on peut la transformer ou en tout cas comment est-ce qu'on peut l'adapter au système du web. La question à l'époque, c'est quand je me remets dans… Ce qu'on disait à cette époque, c'était vraiment d'essayer, non pas de convaincre les gens, mais de travailler avec les agents pour voir qu'est-ce qui pouvait être simplificateur pour eux et bénéfique pour les usagers. Et comment est-ce qu'on pouvait utiliser le numérique pour améliorer finalement la démarche globale. Et ça modifie les relations qu'on a aussi avec les usagers.

  • Speaker #0

    Ce projet de refonte de la relation avec les citoyens sous le prisme du numérique porte un nom, le GRC. pour gestion, relation, citoyen. Un autre enjeu du numérique a été à partir de 2010, le data, la donnée de son ouverture au public à la création d'applications. Mais ici, c'est bien Bernadette Kessler qui l'explique le mieux.

  • Speaker #1

    Et puis arrive 2010 et arrive quelque chose qui est nouveau, qui s'appelle l'open data. L'open data, ça prend ses racines dans les pays anglo-saxons, en Angleterre, mais aussi, surtout, ça a été très popularisé à l'arrivée de Barack Obama. au pouvoir aux États-Unis. Une des premières choses qu'il a faites dans ses premiers discours en 2009, c'est de dire « je vais ouvrir toutes les données fédérales qui concernent l'action de l'État fédéral américain, je vais les rendre disponibles pour tous les citoyens ou les entreprises qui veulent utiliser ces données pour créer de nouveaux services. » Bon, ça, ça se passe aux États-Unis en 2009. En Europe, c'est surtout en Angleterre que ça commence à se développer. Et puis en France, il y a quand même des gens qui commencent à dire, tiens, ce serait pas mal de... qu'en France aussi, il y ait quelque chose qui se passe autour de ça. Nous, à cette époque-là, on travaille sur une application mobile, sur les vélos en libre-service. C'est-à-dire qu'on travaille avec une entreprise, une start-up de Rennes, à qui on a demandé, et évidemment les collègues du service Transport, puis les services du Star, on leur dit voilà ce qui serait bien c'est que les gens dans leur téléphone portable puissent savoir exactement combien il y a de vélos disponibles en temps réel à tel endroit de la ville et comment je fais pour y aller, etc. Et quand on fait ça, on se rend compte qu'on utilise donc les données de la Star, les données géolocalisées de l'emplacement des bornes, mais aussi les données numériques de chaque fois qu'un vélo est mis en place ou repris, c'est enregistré dans une base de données. Donc on utilise ces données-là, qui sont des données qui appartiennent à Rennes Métropole. Et ça c'est très important, parce que ce n'est pas pareil dans toutes les collectivités, mais il se trouve qu'à Rennes Métropole, nos collègues du service transport, dans le cadre de la délégation de services publics à Keolis, qui est donc l'opérateur des transports publics, avaient dit « Toutes ces données-là, qui ne sont pas des données commerciales, qui ne sont pas des données personnelles, nous elles restent propriétaires de Rennes Métropole. »

  • Speaker #0

    Ce travail a aussi été possible en raison d'un même point de vue sur les possibilités de l'open data, et d'une culture numérique commune partagée par les services de l'administration et les différents partenaires.

  • Speaker #1

    On est sûr que ça va changer la vie des gens. Pas seulement la vie des gens, on est sûr que c'est quelque chose qui va avoir un retentissement toujours le même, c'est-à-dire, c'est toujours les mêmes objectifs, c'est-à-dire on veut faire en sorte que l'administration soit plus pertinente, soit plus proche des besoins des usagers, et en même temps que le travail administratif soit... soit allégé, on ne réussit pas à faire tous ces objectifs-là, on ne les remplit pas en même temps et de façon complète, mais on a cette idée-là depuis le début. C'est aussi lié à une nouvelle génération, je pense, de cadres de l'administration qui arrivent. Je vois bien, moi, entre 2004 et 2014, en 10 ans, il y a un grand renouvellement aussi des agents. À tous les niveaux, on voit arriver des gens qui sont bien plus habiles avec le numérique eux-mêmes, qui sont des usagers du numérique, qui ont un téléphone portable, qui savent se débrouiller avec un ordinateur, qui consultent des sites internet, qui sont vraiment de ces générations-là, de gens qui sont nés avec, pratiquement.

  • Speaker #0

    Pionnière dans le domaine de l'ouverture des données publiques, Rennes Métropole est bientôt rejointe par d'autres collectivités. Le processus s'accélère. En 2015, une loi établit un service public de la donnée. Rennes Métropole s'est alors demandé s'il y avait des données d'intérêt local à qu'elles pourraient valoriser et protéger. Savoir si l'on est capable de mettre en place des contrats, des systèmes d'échange avec des partenaires privés pour développer telle ou telle application, tout en garantissant la confidentialité de ces données. Le transport et l'énergie étant les premiers secteurs concernés pour la maîtrise des flux et de la consommation.

  • Speaker #1

    Comment est-ce que la donnée est devenue vraiment le centre d'attention pour l'ensemble de l'administration aujourd'hui ? C'est-à-dire que si on veut vraiment faire des services pertinents, si on veut soutenir l'économie, si on veut travailler sur la question du climat, des économies d'énergie, sur la participation des citoyens, donc il y a des enjeux démocratiques, il y a des enjeux économiques, il y a des enjeux environnementaux. Si on veut faire des services qui traitent toutes ces questions-là, et qu'on ne peut pas séparer les unes des autres complètement, il faut des données. Et la donnée est l'élément de base, la brique de base, de l'ensemble de l'activité de l'administration. Et c'est ça qui est important, c'est la data. Alors, elle peut être open, dans le cadre de la loi, sur les données publiques, mais elle peut être aussi négociée, avec des entreprises qui produisent de la donnée, des données pertinentes. pour améliorer ces services. Je pense au domaine de l'énergie, je pense au domaine de l'automobile, je pense à des domaines comme ça. Donc il faut arriver à un moment donné à traiter la question de la data et pas seulement de l'open data.

  • Speaker #0

    Pour concrétiser ses ambitions, Rennes Métropole lance deux projets d'envergure, le service public métropolitain de la donnée et surtout RUDI, réponse à un appel à projets européens sur l'innovation numérique dans les territoires.

  • Speaker #1

    Le SPLD, c'est une réflexion organisationnelle. Qu'est-ce que c'est l'intérêt général de la donnée ? Quel est le service public de la donnée ? Que ça pourrait être ? Donc c'est vraiment une réflexion, pas sur le papier, mais c'est une réflexion intellectuelle. Et donc, à la suite de ce travail, on a constaté que pour aller plus loin, il nous faut une plateforme. Il faut un outil technique qui permette de poser concrètement la question de tes données à toi, toi entreprise, tu as des données ici, moi collectivité, j'ai des données là. Comment est-ce qu'on fait pour pouvoir les ouvrir ou en tout cas les mettre à disposition et à quelles conditions les mettre à disposition ? Et ça, il nous faut un outil, une plateforme. Et Rudy, c'est ça.

  • Speaker #0

    Jusqu'à sa retraite le 1er janvier 2022, l'innovation technologique a continué à occuper. et préoccupé Bernadette Kessler.

  • Speaker #1

    J'ai fini ma carrière le 1er janvier 2022, je suis prise ma retraite, mais clairement les derniers sujets sur lesquels on travaillait, c'était le système des robots, ou en tout cas des chatbots, c'est-à-dire des robots qui permettent de donner de l'information et qui traitent les bases de données, en utilisant des techniques d'IA, d'intelligence artificielle. Ça aussi, ça va complètement modifier. Beaucoup de choses ne sont pas tellement efficaces pour le moment, mais qui vont le devenir, je pense, davantage.

  • Speaker #0

    Bernadette Kessler a effectué toute sa carrière en contractuel, en contrat pour des projets puis en CDI depuis 2010. Cela l'a amenée à avoir une place à part dans le service public.

  • Speaker #1

    Je ne me sentais pas dépaysée en rentrant à la ville de Rennes. J'étais au contraire assez bien dans mon élément, avec en plus la coquetterie que je pouvais développer d'être pas complètement intégrée. ne pas être complètement dans l'administration. Mais je suis à chaque fois tombée sur des gens extrêmement rigoureux, qui m'ont aidé aussi à ne pas rester seulement dans le régime de l'indépendance ou de la provoque, mais au contraire, à travailler sérieusement, avec sérieux, sans forcément se prendre au sérieux, mais sérieusement, et aussi qui m'ont appris à développer cette idée du service public. Après tout, j'en avais une vision très extérieure. Et donc les personnes que j'ai rencontrées au sein de la ville de Rennes et de Rennes Métropole, qui sont des agents du service public, m'ont beaucoup appris là-dessus, beaucoup ouvert des façons de penser, des façons de réagir que je n'avais pas avant.

  • Speaker #0

    Le témoignage de Bernadette Kessler a été recueilli par Adrien Leroux. La musique est de Robert Meunier. C'était Rennes, j'écoute les voix du service public. Un podcast réalisé par Arnaud Vassemer pour les archives de Rennes.

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Description

Depuis 2015, les Archives de Rennes mènent un projet de collecte de témoignages d'agents et agentes des collectivités Ville de Rennes et Rennes Métropole, partant à la retraite. Cette série de podcasts, qui sera enrichie régulièrement, a vu le jour pour vous faire entendre les voix de ces acteurs et actrices et pour documenter l'histoire de l'administration.

Leurs parcours professionnels au sein de l'administration et leurs actions au service des politiques publiques en font des témoins privilégiés de l'évolution de la ville et du quotidien des Rennais.

Dans cet épisode, découvrez le parcours de Bernadette Kessler, ancienne responsable du service Innovation Numérique de Rennes Ville et Métropole.

Après un riche parcours dans les médias qui l'a vu participer, notamment, à la création de la télévision locale TV Rennes, Bernadette Kessler intègre la collectivité Ville de Rennes au début des années 2000, comme chargée de mission pour la création d'un site internet sur la Libération de Rennes. Devenue par la suite responsable du Pôle internet, elle contribue à la refonte de la stratégie de communication de la collectivité sous l'angle du multimédia, mais aussi à la mise en place des premiers services en ligne. En tant que responsable du Pôle innovation numérique, Bernadette Kessler est enfin la cheville ouvrière des projets liés à l'open data au sein de Rennes Métropole, collectivité pionnière dans ce domaine.


Pour accéder aux versions accessibles de ce podcast ou découvrir les documents d'archives associés, cliquez ici !   


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rennes, j'écoute les voix du service public. C'est le podcast des archives de Rennes dans lequel nous vous proposons de découvrir des témoignages de celles et ceux qui ont fait la ville.

  • Speaker #1

    On m'a demandé est-ce que tu pourrais prendre le poste ou en tout cas est-ce que tu veux faire un interview du président de la République ? J'ai dit, pourquoi pas, on parle de quoi avec un président ? Je ne me rendais pas du tout compte de l'impact que ça pouvait avoir. Il y a eu un écho important dans la presse locale et pour ma carrière, c'est vrai qu'il m'arrive encore aujourd'hui, beaucoup moins maintenant, mais pendant pas mal de temps, on me disait, ah oui, c'est toi qui as interviewé le président Mitterrand.

  • Speaker #0

    Dans cet épisode, nous vous proposons de découvrir le parcours de Bernadette Kessler, une vie... dans les médias. Des radios pirates à la création de la télévision locale TV Rennes, de la responsabilité du pôle internet de la ville de Rennes à celle du pôle innovation de Rennes-Ville et Métropole, c'est une vie de pionnière des médias et du numérique qui a composé sa carrière jusqu'à sa retraite en 2022. Son aventure dans les médias a débuté lors de ses études en histoire à l'université Rennes 2. En rejoignant des camarades dans un journal alternatif, le Chaperon Rouge puis en participant à la création d'une radio pirate en 1979 pour rendre compte d'un festival de la chanson. Mais monter une radio avant que la loi ne l'autorise, c'était alors prendre des risques.

  • Speaker #1

    Et donc on a monté une toute petite radio privée, publiée pirate on disait, pour suivre l'actualité du festival. Au bout de trois jours, on a été arrêté par la police. C'est-à-dire qu'on avait un tout petit émetteur, qu'on était allés chercher à Nantes avec des gens qui étaient plus formés que nous sur la radio. On était dans l'appartement d'une dame qui nous avait hébergés là, au centre de Rennes. Et puis, je pense qu'on devait avoir un rayon d'émission de 3 km autour de l'appartement. Enfin, il y avait une personne, on pouvait vraiment entendre ce qu'on faisait. En tout cas, la police nous a arrêtés. J'étais présidente de l'association. qui montaient la radio, donc j'ai été inculpée pour entrave au monopole de diffusion de l'État. Et j'ai été amnistiée en 1981. D'abord, c'est l'amour de la radio, c'est très important. J'écoutais beaucoup la radio, j'aimais beaucoup ce média où ça laisse quand même beaucoup de place à l'imaginaire, j'aime bien les voix, bon voilà. Après, il y avait cette idée que oui, il fallait être plus… plus ouvert, plus indépendant, qu'il n'y avait pas qu'une seule façon de voir le monde, de comprendre la vie autour de soi. C'était aussi Rennes, c'était local, qu'est-ce qui se passe à Rennes qui peut être intéressant pour les Rennes et qui n'est jamais finalement abordé ailleurs. C'était ça le moteur. On était une radio associative, donc c'était des associations rennaises qui venaient, qui avaient des créneaux horaires. Moi je m'occupais de la tranche du matin. assez vite salarié de l'association qui gérait Radio-Vilaine, parce qu'après Radio Festival, on a créé en 1981 Radio-Vilaine, qui était une radio associative. Et on a bénéficié de ce qu'ils appelaient les plans barres à l'époque. C'est comme maintenant les contrats de services civiques, on va dire. Alors on n'était pas très bien payés, mais au moins c'était un vrai contrat, un vrai salaire. Mon premier vrai salaire, c'était ça, c'était Radio-Vilaine.

  • Speaker #0

    Ce goût de la radio l'a amené en 1984. à être embauchée par Radio Armorique, du nom de la locale de Radio France à l'époque. Elle y a été animatrice jusqu'en 1987, où elle a rejoint TV Rennes à sa création sur un poste de journaliste, une télévision financée par la Caisse des dépôts et la Ville de Rennes.

  • Speaker #1

    Un nouveau média qui s'ouvrait sur Rennes, qui était aussi basé sur la volonté de produire une information locale, de parler, de décrire Rennes et ses habitants. d'aller à la rencontre des rennais, et donc ça m'intéressait beaucoup. Donc là, c'était un peu comme les radios privées, les radios libres, puis les radios associatives, c'était un média émergent. Et donc, voilà, ça me plaisait beaucoup de travailler là, j'étais embauchée. Et alors au départ, j'étais embauchée pour faire une émission sur l'histoire de Rennes, d'ailleurs en collaboration avec les archives, enfin dans le projet, j'avais dit, voilà, on ira aux archives, etc., on va faire quelque chose sur l'histoire des quartiers rennais. Et puis, trois semaines ou un mois avant l'ouverture officielle de la télévision qui a eu lieu en mars 1987, la personne qui avait été embauchée comme journaliste pour faire le premier journal et l'interview du président Mitterrand, qui était venu ouvrir et inaugurer le réseau câblé, le 21 mars 1987. Et donc, cette personne a démissionné, parce qu'elle venait de Paris ou je ne sais pas d'où, elle ne s'est pas plus à Rennes. Et donc, on m'a demandé « est-ce que tu pourrais… » prendre le poste ou en tout cas est-ce que tu veux faire l'interview du président de la république ? Moi j'ai dit bon oui pourquoi pas, on parle de quoi avec un président ? Je ne me rendais pas du tout compte de l'impact que ça pouvait avoir. J'étais surtout contente de me dire bon voilà, là pour le coup je vais avoir un vrai poste de journaliste à plein temps. Et donc on a créé ce créneau d'informations sur TV Rennes à partir de mars 1987, après l'interview du président qui était très conventionnelle et qui n'avait pas grand intérêt, mais qui a eu un écho important dans la presse locale. Et puis pour ma carrière, c'est vrai qu'il m'arrive encore aujourd'hui, beaucoup moins maintenant, mais pendant pas mal de temps, on me disait « Ah oui, c'est toi qui as interviewé le président Mitterrand » .

  • Speaker #0

    Une archive avec un extrait de l'éditorial de Martial Gabillard, alors adjoint à la culture de Rennes, et président des villes câblées. Il présentait l'avenir de la télévision locale sous le titre « Une grande première à Rennes » dans une édition spéciale du magazine Le Rennes de 1987. Pour la télévision, nous en sommes encore à ces temps archaïques. Le câble nous permettra, désormais, de recevoir chez soi toutes les richesses télévisuelles du monde et dans les meilleures conditions, sans équipements sophistiqués. Mais l'avenir n'est pas à l'accumulation de télévisions toutes plus ou moins semblables. Déjà apparaissent en France et vont se multiplier des télévisions spécialisées sur des thèmes comme Canal J pour les enfants, avec des programmes sans violence et sans images trop dures. Bientôt viendront les télévisions sportives, les télévisions d'information, les télévisions pour les passionnés de lyrique ou encore les passionnés de tourisme, etc. Ainsi, l'abondance offre la possibilité du choix en fonction de ses goûts. Mais le câble, s'il nous permet d'atteindre de nouveaux horizons télévisuels, nous rapprochera aussi de notre ville puisque le câble fait naître TV Rennes, voir TV Rennes et se voir à Rennes, tout un programme attractif pour qui aime vivre à Rennes. Ainsi, une nouvelle fois, notre ville joue un rôle de pionnier et pas seulement dans la télédistribution car le câble en fibre optique nous offre de multiples autres possibilités de services, formations, petites annonces, vidéos, téléachats, télégestion, etc. Nous voici à quelques années du XXIe siècle, mais à Rennes. nous y sommes déjà entrés sachons en profiter pleinement en tirer un plus d'épanouissement et de culture à mieux vivre car finalement toute technique ne vaut que par l'utilisation que l'on en fait reine j'écoute les voix du service public bernadette kessler a travaillé durant huit années à comme journaliste puis rédactrice en chef jusqu'en 1995. En quête de changement, elle intègre le TNB, Théâtre National de Bretagne, où elle occupe durant cinq années le poste de directrice de la communication. En 2000, nouveau virage professionnel, Bernadette Kessler décide de se former à l'Internet en tant qu'ingénieure, chef de projet à l'Université de Grenoble, ayant vu arriver ce nouveau média dans son métier et pressentant ses possibilités. Un an et demi plus tard et majeur de sa promotion, Elle a été embauchée dans l'agence web de Rennes, où elle avait effectué un stage pour y créer des sites web du commerce au service public, dont le premier site de Rennes Métropole.

  • Speaker #1

    À l'époque, les sites internet de la ville de Rennes comme de Rennes Métropole, c'était des sites de communication pure. C'est ce qu'on appelait à l'époque des sites plaquettes, c'est-à-dire que vous prenez une plaquette de présentation de Rennes et puis vous la transformez en page HTML. Le site de Rennes Métropole était un peu plus... plus complexe que ça, il s'agissait de présenter aussi l'institution, il s'agissait de présenter les grandes missions, donc il y avait pas mal d'images, il y avait pas mal de... il y avait quelques reportages aussi, et c'était un site qui était, au moins au niveau de sa conception, qui était un peu plus... un peu plus développé que celui de la ville de Rennes de l'époque, mais en même temps, parallèlement à ça, en 2002, par là, entre 2000 et 2004, mes futurs collègues de la ville de Rennes avaient déjà commencé à faire évoluer le site de la ville qui était vraiment là pour le coup, un site c'était trois pages HTML complètement statique, ils avaient commencé à travailler sur un site dynamique, c'est-à-dire un site qui va permettre d'être beaucoup plus… qu'on peut mettre à jour beaucoup plus facilement, plus rapidement, et puis un site qui permet d'intégrer des données qui sont, on dit dynamiques, parce qu'on va chercher l'information dans une base de données. Ce n'est pas juste on écrit un article comme pour un journal, on écrit un article et on le met en ligne. Il y avait cette possibilité-là, mais il y avait aussi la possibilité de mettre à jour des informations de pratique, par exemple, dans une base de données et qui était automatiquement diffusée sur le site. Et donc ça, ça a commencé dès 2001-2002. Moi, j'arrive en 2004 à la ville de Rennes. Alors, je suis recrutée d'abord sur un poste pour 2004. C'était le 60e anniversaire de la libération de Rennes. Et donc, ils m'ont demandé... Ils voulaient créer un site internet événementiel pour célébrer le 60e anniversaire de la Libération. Et donc moi je suis arrivée et je leur ai dit mais ça c'est tout à fait mon rayon, la mémoire, les sites historiques, je connais. Et donc on a monté un site qui était sur une base de données, qui n'était pas très performant techniquement, mais dont le principe était... toujours le même, où on a essayé de chercher des témoignages de gens qui avaient vécu cette période de la libération et qui étaient capables d'en parler. Alors on avait aussi pris contact avec un collectionneur qui avait plein d'objets qui étaient liés à la période de la guerre. Et donc on a construit un site internet qui était dédié à la période de la libération et un peu la période de la guerre. D'abord un contrat de 4 mois, puis ensuite quand j'ai pris la responsabilité du pôle internet, c'était un contrat de 3 ans.

  • Speaker #0

    En 2004, responsable donc du pôle internet, Bernadette Kessler a pour mission de renforcer le site internet comme outil de communication à part entière du service communication de la ville. Site actualisé tous les jours, alimenté par les articles du journal Le Rennes, la mise à jour des informations pratiques et les indications pour les déplacements en transport en commun notamment. C'était une manière de répondre aux besoins des usagers grâce à une équipe composée d'un ingénieur, d'un designer, d'une chef de projet journaliste web sous sa responsabilité. Quelques années plus tard, l'information sera pensée multimédia pour envisager ensemble le magazine papier et le site internet.

  • Speaker #1

    Donc on réunit dans la même entité les graphistes, les journalistes papier et le pôle web. Et ça c'est un vrai changement. une restructuration assez importante de la direction de la communication, pour cette partie-là en tout cas, dans la mesure où on dit, aujourd'hui on ne peut plus investir tout sur le papier, on ne va pas investir non plus tout sur le web, il faut quand même garder l'expression et l'information papier, mais il faut vraiment qu'on soit multisupport. Il n'y a pas encore les réseaux sociaux, ça va arriver, mais on anticipe un peu le fait que la manière dont les rennais s'informent, elle est multiple aussi. Il y a des évolutions constantes du métier qu'on intègre au fur et à mesure. Dans ces années-là, on voit bien que c'est à la mode. Alors il y a cet effet-là qui dit, il y a certaines personnes qui essayent de pousser en se disant « oui, il faut absolument qu'on se positionne là-dessus parce qu'on ne peut pas ignorer cette révolution de la formation » . Puis il y en a d'autres qui sont rétifs et qui disent « non, c'est une mode, ça va passer » . Après, je pense que les dirigeants, je me rappelle d'Edmond Hervé, qui était tout à fait conscient de l'importance du truc, m'avait dit quand même un jour, moi j'ai un ordinateur, mais je ne l'use pas. C'était sa formule, c'était une façon de se moquer de moi, je pense. Bon, voilà, il était conscient de l'importance du truc, mais non, il n'était pas usagé lui-même. Beaucoup d'élus étaient dans cette situation-là.

  • Speaker #0

    Cette intuition était la bonne. À mesure que le numérique infuse dans les différents services de l'administration, les manières de travailler évoluent. Et c'est la relation citoyen-administration qui se transforme avec la mise en place des premiers services en ligne. Pour Bernadette Kessler, c'est l'occasion de prendre son bâton de pèlerin.

  • Speaker #1

    J'aimais beaucoup faire ça, d'aller voir, je m'imposais dans certaines réunions de mes collègues, dans d'autres services, en leur disant, tiens, et pour le site internet, est-ce que vous avez quelque chose pour moi ? Est-ce qu'il y a moyen de faire des choses ? Parce que parallèlement au développement de sites d'information dynamique, on avait aussi l'idée qu'il fallait proposer des services en ligne. Et donc les services en ligne, là, on a commencé par l'État civil, le service de Marie-Annick Le Thiec, et là, c'était très important que les agents de ces services-là travaillent avec nous pour nous expliquer comment se fait une démarche, comment est-ce qu'on peut la transformer ou en tout cas comment est-ce qu'on peut l'adapter au système du web. La question à l'époque, c'est quand je me remets dans… Ce qu'on disait à cette époque, c'était vraiment d'essayer, non pas de convaincre les gens, mais de travailler avec les agents pour voir qu'est-ce qui pouvait être simplificateur pour eux et bénéfique pour les usagers. Et comment est-ce qu'on pouvait utiliser le numérique pour améliorer finalement la démarche globale. Et ça modifie les relations qu'on a aussi avec les usagers.

  • Speaker #0

    Ce projet de refonte de la relation avec les citoyens sous le prisme du numérique porte un nom, le GRC. pour gestion, relation, citoyen. Un autre enjeu du numérique a été à partir de 2010, le data, la donnée de son ouverture au public à la création d'applications. Mais ici, c'est bien Bernadette Kessler qui l'explique le mieux.

  • Speaker #1

    Et puis arrive 2010 et arrive quelque chose qui est nouveau, qui s'appelle l'open data. L'open data, ça prend ses racines dans les pays anglo-saxons, en Angleterre, mais aussi, surtout, ça a été très popularisé à l'arrivée de Barack Obama. au pouvoir aux États-Unis. Une des premières choses qu'il a faites dans ses premiers discours en 2009, c'est de dire « je vais ouvrir toutes les données fédérales qui concernent l'action de l'État fédéral américain, je vais les rendre disponibles pour tous les citoyens ou les entreprises qui veulent utiliser ces données pour créer de nouveaux services. » Bon, ça, ça se passe aux États-Unis en 2009. En Europe, c'est surtout en Angleterre que ça commence à se développer. Et puis en France, il y a quand même des gens qui commencent à dire, tiens, ce serait pas mal de... qu'en France aussi, il y ait quelque chose qui se passe autour de ça. Nous, à cette époque-là, on travaille sur une application mobile, sur les vélos en libre-service. C'est-à-dire qu'on travaille avec une entreprise, une start-up de Rennes, à qui on a demandé, et évidemment les collègues du service Transport, puis les services du Star, on leur dit voilà ce qui serait bien c'est que les gens dans leur téléphone portable puissent savoir exactement combien il y a de vélos disponibles en temps réel à tel endroit de la ville et comment je fais pour y aller, etc. Et quand on fait ça, on se rend compte qu'on utilise donc les données de la Star, les données géolocalisées de l'emplacement des bornes, mais aussi les données numériques de chaque fois qu'un vélo est mis en place ou repris, c'est enregistré dans une base de données. Donc on utilise ces données-là, qui sont des données qui appartiennent à Rennes Métropole. Et ça c'est très important, parce que ce n'est pas pareil dans toutes les collectivités, mais il se trouve qu'à Rennes Métropole, nos collègues du service transport, dans le cadre de la délégation de services publics à Keolis, qui est donc l'opérateur des transports publics, avaient dit « Toutes ces données-là, qui ne sont pas des données commerciales, qui ne sont pas des données personnelles, nous elles restent propriétaires de Rennes Métropole. »

  • Speaker #0

    Ce travail a aussi été possible en raison d'un même point de vue sur les possibilités de l'open data, et d'une culture numérique commune partagée par les services de l'administration et les différents partenaires.

  • Speaker #1

    On est sûr que ça va changer la vie des gens. Pas seulement la vie des gens, on est sûr que c'est quelque chose qui va avoir un retentissement toujours le même, c'est-à-dire, c'est toujours les mêmes objectifs, c'est-à-dire on veut faire en sorte que l'administration soit plus pertinente, soit plus proche des besoins des usagers, et en même temps que le travail administratif soit... soit allégé, on ne réussit pas à faire tous ces objectifs-là, on ne les remplit pas en même temps et de façon complète, mais on a cette idée-là depuis le début. C'est aussi lié à une nouvelle génération, je pense, de cadres de l'administration qui arrivent. Je vois bien, moi, entre 2004 et 2014, en 10 ans, il y a un grand renouvellement aussi des agents. À tous les niveaux, on voit arriver des gens qui sont bien plus habiles avec le numérique eux-mêmes, qui sont des usagers du numérique, qui ont un téléphone portable, qui savent se débrouiller avec un ordinateur, qui consultent des sites internet, qui sont vraiment de ces générations-là, de gens qui sont nés avec, pratiquement.

  • Speaker #0

    Pionnière dans le domaine de l'ouverture des données publiques, Rennes Métropole est bientôt rejointe par d'autres collectivités. Le processus s'accélère. En 2015, une loi établit un service public de la donnée. Rennes Métropole s'est alors demandé s'il y avait des données d'intérêt local à qu'elles pourraient valoriser et protéger. Savoir si l'on est capable de mettre en place des contrats, des systèmes d'échange avec des partenaires privés pour développer telle ou telle application, tout en garantissant la confidentialité de ces données. Le transport et l'énergie étant les premiers secteurs concernés pour la maîtrise des flux et de la consommation.

  • Speaker #1

    Comment est-ce que la donnée est devenue vraiment le centre d'attention pour l'ensemble de l'administration aujourd'hui ? C'est-à-dire que si on veut vraiment faire des services pertinents, si on veut soutenir l'économie, si on veut travailler sur la question du climat, des économies d'énergie, sur la participation des citoyens, donc il y a des enjeux démocratiques, il y a des enjeux économiques, il y a des enjeux environnementaux. Si on veut faire des services qui traitent toutes ces questions-là, et qu'on ne peut pas séparer les unes des autres complètement, il faut des données. Et la donnée est l'élément de base, la brique de base, de l'ensemble de l'activité de l'administration. Et c'est ça qui est important, c'est la data. Alors, elle peut être open, dans le cadre de la loi, sur les données publiques, mais elle peut être aussi négociée, avec des entreprises qui produisent de la donnée, des données pertinentes. pour améliorer ces services. Je pense au domaine de l'énergie, je pense au domaine de l'automobile, je pense à des domaines comme ça. Donc il faut arriver à un moment donné à traiter la question de la data et pas seulement de l'open data.

  • Speaker #0

    Pour concrétiser ses ambitions, Rennes Métropole lance deux projets d'envergure, le service public métropolitain de la donnée et surtout RUDI, réponse à un appel à projets européens sur l'innovation numérique dans les territoires.

  • Speaker #1

    Le SPLD, c'est une réflexion organisationnelle. Qu'est-ce que c'est l'intérêt général de la donnée ? Quel est le service public de la donnée ? Que ça pourrait être ? Donc c'est vraiment une réflexion, pas sur le papier, mais c'est une réflexion intellectuelle. Et donc, à la suite de ce travail, on a constaté que pour aller plus loin, il nous faut une plateforme. Il faut un outil technique qui permette de poser concrètement la question de tes données à toi, toi entreprise, tu as des données ici, moi collectivité, j'ai des données là. Comment est-ce qu'on fait pour pouvoir les ouvrir ou en tout cas les mettre à disposition et à quelles conditions les mettre à disposition ? Et ça, il nous faut un outil, une plateforme. Et Rudy, c'est ça.

  • Speaker #0

    Jusqu'à sa retraite le 1er janvier 2022, l'innovation technologique a continué à occuper. et préoccupé Bernadette Kessler.

  • Speaker #1

    J'ai fini ma carrière le 1er janvier 2022, je suis prise ma retraite, mais clairement les derniers sujets sur lesquels on travaillait, c'était le système des robots, ou en tout cas des chatbots, c'est-à-dire des robots qui permettent de donner de l'information et qui traitent les bases de données, en utilisant des techniques d'IA, d'intelligence artificielle. Ça aussi, ça va complètement modifier. Beaucoup de choses ne sont pas tellement efficaces pour le moment, mais qui vont le devenir, je pense, davantage.

  • Speaker #0

    Bernadette Kessler a effectué toute sa carrière en contractuel, en contrat pour des projets puis en CDI depuis 2010. Cela l'a amenée à avoir une place à part dans le service public.

  • Speaker #1

    Je ne me sentais pas dépaysée en rentrant à la ville de Rennes. J'étais au contraire assez bien dans mon élément, avec en plus la coquetterie que je pouvais développer d'être pas complètement intégrée. ne pas être complètement dans l'administration. Mais je suis à chaque fois tombée sur des gens extrêmement rigoureux, qui m'ont aidé aussi à ne pas rester seulement dans le régime de l'indépendance ou de la provoque, mais au contraire, à travailler sérieusement, avec sérieux, sans forcément se prendre au sérieux, mais sérieusement, et aussi qui m'ont appris à développer cette idée du service public. Après tout, j'en avais une vision très extérieure. Et donc les personnes que j'ai rencontrées au sein de la ville de Rennes et de Rennes Métropole, qui sont des agents du service public, m'ont beaucoup appris là-dessus, beaucoup ouvert des façons de penser, des façons de réagir que je n'avais pas avant.

  • Speaker #0

    Le témoignage de Bernadette Kessler a été recueilli par Adrien Leroux. La musique est de Robert Meunier. C'était Rennes, j'écoute les voix du service public. Un podcast réalisé par Arnaud Vassemer pour les archives de Rennes.

Description

Depuis 2015, les Archives de Rennes mènent un projet de collecte de témoignages d'agents et agentes des collectivités Ville de Rennes et Rennes Métropole, partant à la retraite. Cette série de podcasts, qui sera enrichie régulièrement, a vu le jour pour vous faire entendre les voix de ces acteurs et actrices et pour documenter l'histoire de l'administration.

Leurs parcours professionnels au sein de l'administration et leurs actions au service des politiques publiques en font des témoins privilégiés de l'évolution de la ville et du quotidien des Rennais.

Dans cet épisode, découvrez le parcours de Bernadette Kessler, ancienne responsable du service Innovation Numérique de Rennes Ville et Métropole.

Après un riche parcours dans les médias qui l'a vu participer, notamment, à la création de la télévision locale TV Rennes, Bernadette Kessler intègre la collectivité Ville de Rennes au début des années 2000, comme chargée de mission pour la création d'un site internet sur la Libération de Rennes. Devenue par la suite responsable du Pôle internet, elle contribue à la refonte de la stratégie de communication de la collectivité sous l'angle du multimédia, mais aussi à la mise en place des premiers services en ligne. En tant que responsable du Pôle innovation numérique, Bernadette Kessler est enfin la cheville ouvrière des projets liés à l'open data au sein de Rennes Métropole, collectivité pionnière dans ce domaine.


Pour accéder aux versions accessibles de ce podcast ou découvrir les documents d'archives associés, cliquez ici !   


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rennes, j'écoute les voix du service public. C'est le podcast des archives de Rennes dans lequel nous vous proposons de découvrir des témoignages de celles et ceux qui ont fait la ville.

  • Speaker #1

    On m'a demandé est-ce que tu pourrais prendre le poste ou en tout cas est-ce que tu veux faire un interview du président de la République ? J'ai dit, pourquoi pas, on parle de quoi avec un président ? Je ne me rendais pas du tout compte de l'impact que ça pouvait avoir. Il y a eu un écho important dans la presse locale et pour ma carrière, c'est vrai qu'il m'arrive encore aujourd'hui, beaucoup moins maintenant, mais pendant pas mal de temps, on me disait, ah oui, c'est toi qui as interviewé le président Mitterrand.

  • Speaker #0

    Dans cet épisode, nous vous proposons de découvrir le parcours de Bernadette Kessler, une vie... dans les médias. Des radios pirates à la création de la télévision locale TV Rennes, de la responsabilité du pôle internet de la ville de Rennes à celle du pôle innovation de Rennes-Ville et Métropole, c'est une vie de pionnière des médias et du numérique qui a composé sa carrière jusqu'à sa retraite en 2022. Son aventure dans les médias a débuté lors de ses études en histoire à l'université Rennes 2. En rejoignant des camarades dans un journal alternatif, le Chaperon Rouge puis en participant à la création d'une radio pirate en 1979 pour rendre compte d'un festival de la chanson. Mais monter une radio avant que la loi ne l'autorise, c'était alors prendre des risques.

  • Speaker #1

    Et donc on a monté une toute petite radio privée, publiée pirate on disait, pour suivre l'actualité du festival. Au bout de trois jours, on a été arrêté par la police. C'est-à-dire qu'on avait un tout petit émetteur, qu'on était allés chercher à Nantes avec des gens qui étaient plus formés que nous sur la radio. On était dans l'appartement d'une dame qui nous avait hébergés là, au centre de Rennes. Et puis, je pense qu'on devait avoir un rayon d'émission de 3 km autour de l'appartement. Enfin, il y avait une personne, on pouvait vraiment entendre ce qu'on faisait. En tout cas, la police nous a arrêtés. J'étais présidente de l'association. qui montaient la radio, donc j'ai été inculpée pour entrave au monopole de diffusion de l'État. Et j'ai été amnistiée en 1981. D'abord, c'est l'amour de la radio, c'est très important. J'écoutais beaucoup la radio, j'aimais beaucoup ce média où ça laisse quand même beaucoup de place à l'imaginaire, j'aime bien les voix, bon voilà. Après, il y avait cette idée que oui, il fallait être plus… plus ouvert, plus indépendant, qu'il n'y avait pas qu'une seule façon de voir le monde, de comprendre la vie autour de soi. C'était aussi Rennes, c'était local, qu'est-ce qui se passe à Rennes qui peut être intéressant pour les Rennes et qui n'est jamais finalement abordé ailleurs. C'était ça le moteur. On était une radio associative, donc c'était des associations rennaises qui venaient, qui avaient des créneaux horaires. Moi je m'occupais de la tranche du matin. assez vite salarié de l'association qui gérait Radio-Vilaine, parce qu'après Radio Festival, on a créé en 1981 Radio-Vilaine, qui était une radio associative. Et on a bénéficié de ce qu'ils appelaient les plans barres à l'époque. C'est comme maintenant les contrats de services civiques, on va dire. Alors on n'était pas très bien payés, mais au moins c'était un vrai contrat, un vrai salaire. Mon premier vrai salaire, c'était ça, c'était Radio-Vilaine.

  • Speaker #0

    Ce goût de la radio l'a amené en 1984. à être embauchée par Radio Armorique, du nom de la locale de Radio France à l'époque. Elle y a été animatrice jusqu'en 1987, où elle a rejoint TV Rennes à sa création sur un poste de journaliste, une télévision financée par la Caisse des dépôts et la Ville de Rennes.

  • Speaker #1

    Un nouveau média qui s'ouvrait sur Rennes, qui était aussi basé sur la volonté de produire une information locale, de parler, de décrire Rennes et ses habitants. d'aller à la rencontre des rennais, et donc ça m'intéressait beaucoup. Donc là, c'était un peu comme les radios privées, les radios libres, puis les radios associatives, c'était un média émergent. Et donc, voilà, ça me plaisait beaucoup de travailler là, j'étais embauchée. Et alors au départ, j'étais embauchée pour faire une émission sur l'histoire de Rennes, d'ailleurs en collaboration avec les archives, enfin dans le projet, j'avais dit, voilà, on ira aux archives, etc., on va faire quelque chose sur l'histoire des quartiers rennais. Et puis, trois semaines ou un mois avant l'ouverture officielle de la télévision qui a eu lieu en mars 1987, la personne qui avait été embauchée comme journaliste pour faire le premier journal et l'interview du président Mitterrand, qui était venu ouvrir et inaugurer le réseau câblé, le 21 mars 1987. Et donc, cette personne a démissionné, parce qu'elle venait de Paris ou je ne sais pas d'où, elle ne s'est pas plus à Rennes. Et donc, on m'a demandé « est-ce que tu pourrais… » prendre le poste ou en tout cas est-ce que tu veux faire l'interview du président de la république ? Moi j'ai dit bon oui pourquoi pas, on parle de quoi avec un président ? Je ne me rendais pas du tout compte de l'impact que ça pouvait avoir. J'étais surtout contente de me dire bon voilà, là pour le coup je vais avoir un vrai poste de journaliste à plein temps. Et donc on a créé ce créneau d'informations sur TV Rennes à partir de mars 1987, après l'interview du président qui était très conventionnelle et qui n'avait pas grand intérêt, mais qui a eu un écho important dans la presse locale. Et puis pour ma carrière, c'est vrai qu'il m'arrive encore aujourd'hui, beaucoup moins maintenant, mais pendant pas mal de temps, on me disait « Ah oui, c'est toi qui as interviewé le président Mitterrand » .

  • Speaker #0

    Une archive avec un extrait de l'éditorial de Martial Gabillard, alors adjoint à la culture de Rennes, et président des villes câblées. Il présentait l'avenir de la télévision locale sous le titre « Une grande première à Rennes » dans une édition spéciale du magazine Le Rennes de 1987. Pour la télévision, nous en sommes encore à ces temps archaïques. Le câble nous permettra, désormais, de recevoir chez soi toutes les richesses télévisuelles du monde et dans les meilleures conditions, sans équipements sophistiqués. Mais l'avenir n'est pas à l'accumulation de télévisions toutes plus ou moins semblables. Déjà apparaissent en France et vont se multiplier des télévisions spécialisées sur des thèmes comme Canal J pour les enfants, avec des programmes sans violence et sans images trop dures. Bientôt viendront les télévisions sportives, les télévisions d'information, les télévisions pour les passionnés de lyrique ou encore les passionnés de tourisme, etc. Ainsi, l'abondance offre la possibilité du choix en fonction de ses goûts. Mais le câble, s'il nous permet d'atteindre de nouveaux horizons télévisuels, nous rapprochera aussi de notre ville puisque le câble fait naître TV Rennes, voir TV Rennes et se voir à Rennes, tout un programme attractif pour qui aime vivre à Rennes. Ainsi, une nouvelle fois, notre ville joue un rôle de pionnier et pas seulement dans la télédistribution car le câble en fibre optique nous offre de multiples autres possibilités de services, formations, petites annonces, vidéos, téléachats, télégestion, etc. Nous voici à quelques années du XXIe siècle, mais à Rennes. nous y sommes déjà entrés sachons en profiter pleinement en tirer un plus d'épanouissement et de culture à mieux vivre car finalement toute technique ne vaut que par l'utilisation que l'on en fait reine j'écoute les voix du service public bernadette kessler a travaillé durant huit années à comme journaliste puis rédactrice en chef jusqu'en 1995. En quête de changement, elle intègre le TNB, Théâtre National de Bretagne, où elle occupe durant cinq années le poste de directrice de la communication. En 2000, nouveau virage professionnel, Bernadette Kessler décide de se former à l'Internet en tant qu'ingénieure, chef de projet à l'Université de Grenoble, ayant vu arriver ce nouveau média dans son métier et pressentant ses possibilités. Un an et demi plus tard et majeur de sa promotion, Elle a été embauchée dans l'agence web de Rennes, où elle avait effectué un stage pour y créer des sites web du commerce au service public, dont le premier site de Rennes Métropole.

  • Speaker #1

    À l'époque, les sites internet de la ville de Rennes comme de Rennes Métropole, c'était des sites de communication pure. C'est ce qu'on appelait à l'époque des sites plaquettes, c'est-à-dire que vous prenez une plaquette de présentation de Rennes et puis vous la transformez en page HTML. Le site de Rennes Métropole était un peu plus... plus complexe que ça, il s'agissait de présenter aussi l'institution, il s'agissait de présenter les grandes missions, donc il y avait pas mal d'images, il y avait pas mal de... il y avait quelques reportages aussi, et c'était un site qui était, au moins au niveau de sa conception, qui était un peu plus... un peu plus développé que celui de la ville de Rennes de l'époque, mais en même temps, parallèlement à ça, en 2002, par là, entre 2000 et 2004, mes futurs collègues de la ville de Rennes avaient déjà commencé à faire évoluer le site de la ville qui était vraiment là pour le coup, un site c'était trois pages HTML complètement statique, ils avaient commencé à travailler sur un site dynamique, c'est-à-dire un site qui va permettre d'être beaucoup plus… qu'on peut mettre à jour beaucoup plus facilement, plus rapidement, et puis un site qui permet d'intégrer des données qui sont, on dit dynamiques, parce qu'on va chercher l'information dans une base de données. Ce n'est pas juste on écrit un article comme pour un journal, on écrit un article et on le met en ligne. Il y avait cette possibilité-là, mais il y avait aussi la possibilité de mettre à jour des informations de pratique, par exemple, dans une base de données et qui était automatiquement diffusée sur le site. Et donc ça, ça a commencé dès 2001-2002. Moi, j'arrive en 2004 à la ville de Rennes. Alors, je suis recrutée d'abord sur un poste pour 2004. C'était le 60e anniversaire de la libération de Rennes. Et donc, ils m'ont demandé... Ils voulaient créer un site internet événementiel pour célébrer le 60e anniversaire de la Libération. Et donc moi je suis arrivée et je leur ai dit mais ça c'est tout à fait mon rayon, la mémoire, les sites historiques, je connais. Et donc on a monté un site qui était sur une base de données, qui n'était pas très performant techniquement, mais dont le principe était... toujours le même, où on a essayé de chercher des témoignages de gens qui avaient vécu cette période de la libération et qui étaient capables d'en parler. Alors on avait aussi pris contact avec un collectionneur qui avait plein d'objets qui étaient liés à la période de la guerre. Et donc on a construit un site internet qui était dédié à la période de la libération et un peu la période de la guerre. D'abord un contrat de 4 mois, puis ensuite quand j'ai pris la responsabilité du pôle internet, c'était un contrat de 3 ans.

  • Speaker #0

    En 2004, responsable donc du pôle internet, Bernadette Kessler a pour mission de renforcer le site internet comme outil de communication à part entière du service communication de la ville. Site actualisé tous les jours, alimenté par les articles du journal Le Rennes, la mise à jour des informations pratiques et les indications pour les déplacements en transport en commun notamment. C'était une manière de répondre aux besoins des usagers grâce à une équipe composée d'un ingénieur, d'un designer, d'une chef de projet journaliste web sous sa responsabilité. Quelques années plus tard, l'information sera pensée multimédia pour envisager ensemble le magazine papier et le site internet.

  • Speaker #1

    Donc on réunit dans la même entité les graphistes, les journalistes papier et le pôle web. Et ça c'est un vrai changement. une restructuration assez importante de la direction de la communication, pour cette partie-là en tout cas, dans la mesure où on dit, aujourd'hui on ne peut plus investir tout sur le papier, on ne va pas investir non plus tout sur le web, il faut quand même garder l'expression et l'information papier, mais il faut vraiment qu'on soit multisupport. Il n'y a pas encore les réseaux sociaux, ça va arriver, mais on anticipe un peu le fait que la manière dont les rennais s'informent, elle est multiple aussi. Il y a des évolutions constantes du métier qu'on intègre au fur et à mesure. Dans ces années-là, on voit bien que c'est à la mode. Alors il y a cet effet-là qui dit, il y a certaines personnes qui essayent de pousser en se disant « oui, il faut absolument qu'on se positionne là-dessus parce qu'on ne peut pas ignorer cette révolution de la formation » . Puis il y en a d'autres qui sont rétifs et qui disent « non, c'est une mode, ça va passer » . Après, je pense que les dirigeants, je me rappelle d'Edmond Hervé, qui était tout à fait conscient de l'importance du truc, m'avait dit quand même un jour, moi j'ai un ordinateur, mais je ne l'use pas. C'était sa formule, c'était une façon de se moquer de moi, je pense. Bon, voilà, il était conscient de l'importance du truc, mais non, il n'était pas usagé lui-même. Beaucoup d'élus étaient dans cette situation-là.

  • Speaker #0

    Cette intuition était la bonne. À mesure que le numérique infuse dans les différents services de l'administration, les manières de travailler évoluent. Et c'est la relation citoyen-administration qui se transforme avec la mise en place des premiers services en ligne. Pour Bernadette Kessler, c'est l'occasion de prendre son bâton de pèlerin.

  • Speaker #1

    J'aimais beaucoup faire ça, d'aller voir, je m'imposais dans certaines réunions de mes collègues, dans d'autres services, en leur disant, tiens, et pour le site internet, est-ce que vous avez quelque chose pour moi ? Est-ce qu'il y a moyen de faire des choses ? Parce que parallèlement au développement de sites d'information dynamique, on avait aussi l'idée qu'il fallait proposer des services en ligne. Et donc les services en ligne, là, on a commencé par l'État civil, le service de Marie-Annick Le Thiec, et là, c'était très important que les agents de ces services-là travaillent avec nous pour nous expliquer comment se fait une démarche, comment est-ce qu'on peut la transformer ou en tout cas comment est-ce qu'on peut l'adapter au système du web. La question à l'époque, c'est quand je me remets dans… Ce qu'on disait à cette époque, c'était vraiment d'essayer, non pas de convaincre les gens, mais de travailler avec les agents pour voir qu'est-ce qui pouvait être simplificateur pour eux et bénéfique pour les usagers. Et comment est-ce qu'on pouvait utiliser le numérique pour améliorer finalement la démarche globale. Et ça modifie les relations qu'on a aussi avec les usagers.

  • Speaker #0

    Ce projet de refonte de la relation avec les citoyens sous le prisme du numérique porte un nom, le GRC. pour gestion, relation, citoyen. Un autre enjeu du numérique a été à partir de 2010, le data, la donnée de son ouverture au public à la création d'applications. Mais ici, c'est bien Bernadette Kessler qui l'explique le mieux.

  • Speaker #1

    Et puis arrive 2010 et arrive quelque chose qui est nouveau, qui s'appelle l'open data. L'open data, ça prend ses racines dans les pays anglo-saxons, en Angleterre, mais aussi, surtout, ça a été très popularisé à l'arrivée de Barack Obama. au pouvoir aux États-Unis. Une des premières choses qu'il a faites dans ses premiers discours en 2009, c'est de dire « je vais ouvrir toutes les données fédérales qui concernent l'action de l'État fédéral américain, je vais les rendre disponibles pour tous les citoyens ou les entreprises qui veulent utiliser ces données pour créer de nouveaux services. » Bon, ça, ça se passe aux États-Unis en 2009. En Europe, c'est surtout en Angleterre que ça commence à se développer. Et puis en France, il y a quand même des gens qui commencent à dire, tiens, ce serait pas mal de... qu'en France aussi, il y ait quelque chose qui se passe autour de ça. Nous, à cette époque-là, on travaille sur une application mobile, sur les vélos en libre-service. C'est-à-dire qu'on travaille avec une entreprise, une start-up de Rennes, à qui on a demandé, et évidemment les collègues du service Transport, puis les services du Star, on leur dit voilà ce qui serait bien c'est que les gens dans leur téléphone portable puissent savoir exactement combien il y a de vélos disponibles en temps réel à tel endroit de la ville et comment je fais pour y aller, etc. Et quand on fait ça, on se rend compte qu'on utilise donc les données de la Star, les données géolocalisées de l'emplacement des bornes, mais aussi les données numériques de chaque fois qu'un vélo est mis en place ou repris, c'est enregistré dans une base de données. Donc on utilise ces données-là, qui sont des données qui appartiennent à Rennes Métropole. Et ça c'est très important, parce que ce n'est pas pareil dans toutes les collectivités, mais il se trouve qu'à Rennes Métropole, nos collègues du service transport, dans le cadre de la délégation de services publics à Keolis, qui est donc l'opérateur des transports publics, avaient dit « Toutes ces données-là, qui ne sont pas des données commerciales, qui ne sont pas des données personnelles, nous elles restent propriétaires de Rennes Métropole. »

  • Speaker #0

    Ce travail a aussi été possible en raison d'un même point de vue sur les possibilités de l'open data, et d'une culture numérique commune partagée par les services de l'administration et les différents partenaires.

  • Speaker #1

    On est sûr que ça va changer la vie des gens. Pas seulement la vie des gens, on est sûr que c'est quelque chose qui va avoir un retentissement toujours le même, c'est-à-dire, c'est toujours les mêmes objectifs, c'est-à-dire on veut faire en sorte que l'administration soit plus pertinente, soit plus proche des besoins des usagers, et en même temps que le travail administratif soit... soit allégé, on ne réussit pas à faire tous ces objectifs-là, on ne les remplit pas en même temps et de façon complète, mais on a cette idée-là depuis le début. C'est aussi lié à une nouvelle génération, je pense, de cadres de l'administration qui arrivent. Je vois bien, moi, entre 2004 et 2014, en 10 ans, il y a un grand renouvellement aussi des agents. À tous les niveaux, on voit arriver des gens qui sont bien plus habiles avec le numérique eux-mêmes, qui sont des usagers du numérique, qui ont un téléphone portable, qui savent se débrouiller avec un ordinateur, qui consultent des sites internet, qui sont vraiment de ces générations-là, de gens qui sont nés avec, pratiquement.

  • Speaker #0

    Pionnière dans le domaine de l'ouverture des données publiques, Rennes Métropole est bientôt rejointe par d'autres collectivités. Le processus s'accélère. En 2015, une loi établit un service public de la donnée. Rennes Métropole s'est alors demandé s'il y avait des données d'intérêt local à qu'elles pourraient valoriser et protéger. Savoir si l'on est capable de mettre en place des contrats, des systèmes d'échange avec des partenaires privés pour développer telle ou telle application, tout en garantissant la confidentialité de ces données. Le transport et l'énergie étant les premiers secteurs concernés pour la maîtrise des flux et de la consommation.

  • Speaker #1

    Comment est-ce que la donnée est devenue vraiment le centre d'attention pour l'ensemble de l'administration aujourd'hui ? C'est-à-dire que si on veut vraiment faire des services pertinents, si on veut soutenir l'économie, si on veut travailler sur la question du climat, des économies d'énergie, sur la participation des citoyens, donc il y a des enjeux démocratiques, il y a des enjeux économiques, il y a des enjeux environnementaux. Si on veut faire des services qui traitent toutes ces questions-là, et qu'on ne peut pas séparer les unes des autres complètement, il faut des données. Et la donnée est l'élément de base, la brique de base, de l'ensemble de l'activité de l'administration. Et c'est ça qui est important, c'est la data. Alors, elle peut être open, dans le cadre de la loi, sur les données publiques, mais elle peut être aussi négociée, avec des entreprises qui produisent de la donnée, des données pertinentes. pour améliorer ces services. Je pense au domaine de l'énergie, je pense au domaine de l'automobile, je pense à des domaines comme ça. Donc il faut arriver à un moment donné à traiter la question de la data et pas seulement de l'open data.

  • Speaker #0

    Pour concrétiser ses ambitions, Rennes Métropole lance deux projets d'envergure, le service public métropolitain de la donnée et surtout RUDI, réponse à un appel à projets européens sur l'innovation numérique dans les territoires.

  • Speaker #1

    Le SPLD, c'est une réflexion organisationnelle. Qu'est-ce que c'est l'intérêt général de la donnée ? Quel est le service public de la donnée ? Que ça pourrait être ? Donc c'est vraiment une réflexion, pas sur le papier, mais c'est une réflexion intellectuelle. Et donc, à la suite de ce travail, on a constaté que pour aller plus loin, il nous faut une plateforme. Il faut un outil technique qui permette de poser concrètement la question de tes données à toi, toi entreprise, tu as des données ici, moi collectivité, j'ai des données là. Comment est-ce qu'on fait pour pouvoir les ouvrir ou en tout cas les mettre à disposition et à quelles conditions les mettre à disposition ? Et ça, il nous faut un outil, une plateforme. Et Rudy, c'est ça.

  • Speaker #0

    Jusqu'à sa retraite le 1er janvier 2022, l'innovation technologique a continué à occuper. et préoccupé Bernadette Kessler.

  • Speaker #1

    J'ai fini ma carrière le 1er janvier 2022, je suis prise ma retraite, mais clairement les derniers sujets sur lesquels on travaillait, c'était le système des robots, ou en tout cas des chatbots, c'est-à-dire des robots qui permettent de donner de l'information et qui traitent les bases de données, en utilisant des techniques d'IA, d'intelligence artificielle. Ça aussi, ça va complètement modifier. Beaucoup de choses ne sont pas tellement efficaces pour le moment, mais qui vont le devenir, je pense, davantage.

  • Speaker #0

    Bernadette Kessler a effectué toute sa carrière en contractuel, en contrat pour des projets puis en CDI depuis 2010. Cela l'a amenée à avoir une place à part dans le service public.

  • Speaker #1

    Je ne me sentais pas dépaysée en rentrant à la ville de Rennes. J'étais au contraire assez bien dans mon élément, avec en plus la coquetterie que je pouvais développer d'être pas complètement intégrée. ne pas être complètement dans l'administration. Mais je suis à chaque fois tombée sur des gens extrêmement rigoureux, qui m'ont aidé aussi à ne pas rester seulement dans le régime de l'indépendance ou de la provoque, mais au contraire, à travailler sérieusement, avec sérieux, sans forcément se prendre au sérieux, mais sérieusement, et aussi qui m'ont appris à développer cette idée du service public. Après tout, j'en avais une vision très extérieure. Et donc les personnes que j'ai rencontrées au sein de la ville de Rennes et de Rennes Métropole, qui sont des agents du service public, m'ont beaucoup appris là-dessus, beaucoup ouvert des façons de penser, des façons de réagir que je n'avais pas avant.

  • Speaker #0

    Le témoignage de Bernadette Kessler a été recueilli par Adrien Leroux. La musique est de Robert Meunier. C'était Rennes, j'écoute les voix du service public. Un podcast réalisé par Arnaud Vassemer pour les archives de Rennes.

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