Speaker #0Bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, je voudrais partager avec vous une enquête fascinante. Un livre qui nous met face à une question vertigineuse. Le soleil est-il conscient ? Ce titre, signé par le journaliste et écrivain Patrice Van Hersel, ressemble à une provocation. On pourrait sourire, hausser les épaules, ou le ranger du côté des rêveries philosophiques. Mais derrière ce titre, il y a une véritable enquête journalistique de près de 450 pages, publiée en 2025, qui traverse les neurosciences, la philosophie, l'écologie, l'intelligence artificielle et même les expériences de mort imminentes. Pourquoi s'intéresser à une telle question aujourd'hui ? Parce que jamais la notion de conscience n'a été autant débattue. Les neurosciences tentent de l'expliquer par l'activité cérébrale. La philosophie s'interroge sur ces mystères. Les écologues nous rappellent que nous vivons dans un monde interconnecté. Et l'essor de l'intelligence artificielle nous oblige à demander qu'est-ce qui distingue vraiment un humain d'une machine. Qui est Patrice Van Hersel, l'auteur de ce livre hors normes ? Né en 1949 à Safi, au Maroc, il a grandi au bord de l'océan Atlantique. Très jeune, il baigne dans la lumière et les horizons infinis. A son retour en France, il étudie à Sciences Po Paris, puis au Centre de formation des journalistes. Sa carrière aurait pu le mener vers les institutions, mais il choisit la presse et l'aventure. En 1973, il est Il participe à la Fondation de Libération aux côtés de Sartre et Serge Jully. Très vite, il s'éloigne de la politique pure pour explorer ce qui deviendra son obsession, les zones frontières du savoir. Grand reporter à Actuel de 1975 à 1992, il parcourt le monde à la rencontre des chercheurs et des sages. Ses sujets sont toujours à la croisée des chemins. La physique quantique et le chamanisme, les neurosciences et les expériences spirituelles, les révolutions scientifiques, et les traditions ancestrales. Von Ersel n'est pas un scientifique académique. Il ne publie pas dans des revues spécialisées, il n'a pas de laboratoire. Mais il revendique une autre posture, celle d'un passeur. Il dit lui-même « Je ne fais pas de science. Je raconte ce que disent les scientifiques, les philosophes, les témoins. » Ses livres en témoignent. La source noire en 1986, qui fit découvrir au grand public les expériences de mort imminente. Le cinquième rêve, en 1993 sur la conscience animale. J'ai mal à mes ancêtres en 2002 sur la psychogénéalogie ou encore Maître au monde en 2008 sur la naissance. Il a aussi dirigé Nouvelles Clés, un magazine qui croisait science, culture et spiritualité. Dans le soleil est-il conscient ? Son ambition est claire. Explorer la conscience dans toutes ses dimensions. Le livre s'ouvre sur la science. Van Hersel interroge des physiciens, des neuroscientifiques des cosmologistes. La conscience est-elle un simple produit du cerveau ? Peut-on la réduire à l'activité électrique des neurones ou faut-il l'envisager comme une dimension fondamentale de l'univers, présente partout jusque dans les étoiles ? Puis le récit bascule vers le vivant. Les dauphins par exemple, que Van Ersel affectionne particulièrement. On sait qu'ils s'auto-reconnaissent dans un miroir, qu'ils développent des comportements culturels, qu'ils sont dotés d'une communication complexe. Les pieuvres aussi fascinent. Elles apprennent, manipulent des objets, montrent une intelligence distribuée dans leurs tentacules. Les corps vidés fabriquent des outils, planifient des actions. Les plantes, enfin, qui ne possèdent pas de cerveau mais qui communiquent entre elles par signaux chimiques, s'adaptent, réagissent à leur environnement. Certains chercheurs refusent d'y voir une conscience, mais d'autres y discernent une intelligence végétale, capable de remettre en question notre vision du monde. Et puis, Von Ersel va encore plus loin. Il évoque les minéraux, les cristaux. Ici, nous quittons la science stricte pour entrer dans le symbolique. Mais c'est toute la démarche de l'auteur. Ouvrir les possibles, poser des questions, relier la poésie et la connaissance. Un autre chapitre fort du livre concerne les expériences de mort imminente. Dès La Source Noire, Van Hersel avait enquêté sur ces témoignages. Des patients en état de mort clinique racontant avoir vu une lumière, éprouvé une paix immense ou rencontré des proches disparus. Dans son nouvel ouvrage, Il revient sur les avancées scientifiques récentes. En 2023, une étude publiée dans PNAS a montré des sursauts gamma dans le cerveau de patients en train de mourir. Une activité cérébrale intense, mesurée au moment du décès. Mais que signifient ces données ? Pour certains, c'est la preuve que la conscience survit. Pour d'autres, ce n'est qu'une illusion produite par un cerveau en souffrance. Le débat reste ouvert. Van Ersel, fidèle à sa posture de journaliste, ne conclut pas. Il donne à entendre les différentes voix, et il écrit « Tout se passait comme si, à chaque niveau, la conscience ressemblait à une musique issue d'un silence infiniment subtil. » La science contemporaine, de son côté, avance ses propres modèles. La théorie de l'espace global neuronal, portée par Stanislas Dehaene, décrit la conscience comme l'accès d'une information à un espace partagé dans le cerveau. La théorie de l'information intégrée, de Giulio Tononi, propose de mesurer la conscience par un degré d'intégration, symbolisé par la lettre grecque, phi. Et la théorie du schéma attentionnel, de Michael Graziano, imagine la conscience comme une sorte de modèle interne de notre propre attention. Mais en 2025, une vaste collaboration internationale, le projet Cogitate, a tenté de départager ces modèles. Les résultats publiés dans Nature n'ont donné la victoire à personne. Les données contredisent autant l'une que l'autre. La conscience demeure insaisissable. C'est ce que le philosophe David Chalmers appelle le « hard problem » . Comment expliquer que la douleur fait mal, que le rouge est ressenti comme le rouge, que l'expérience subjective existe ? Face à ces impasses, Certains philosophes se tournent vers le panpsychisme, l'idée que la conscience est une propriété fondamentale de la matière, présente partout, du photon au soleil. D'autres parlent de cosmopsychisme, l'univers tout entier serait un seul esprit dont nous serions des fragments. Pour beaucoup, ces hypothèses paraissent absurdes, mais elles séduisent de plus en plus, car elles offrent une alternative aux limites du matérialisme strict. Evan Herzl ose poser la question dans le titre même de son livre. Et si le soleil était conscient ? Une question qui semble délirante, mais qui nous force à interroger notre propre certitude d'être les seuls êtres conscients. Le livre aborde aussi l'intelligence artificielle. Depuis l'essor de systèmes capables de générer des textes, des images, des musiques, la question d'une conscience artificielle se pose. En 2023, un rapport mené par Yoshua Bengio et Anne Ilses a proposé une grille d'indicateurs. Aucune IA actuelle ne remplit ces conditions, mais pour certains chercheurs, ce n'est pas exclu à l'avenir. Si un système devenait suffisamment complexe et intégré, pourrait-il développer une forme de conscience ? D'autres rappellent que les machines manipulent des symboles, mais qu'elles ne ressentent rien. Von Ersel écrit « Et si nous découvrions que la conscience pouvait émerger partout où l'information est intégrée ? » Une hypothèse vertigineuse, qui fascine autant qu'elle inquiète. Et comment ce livre a-t-il été reçu ? Dans Le Monde, le journaliste Frédéric Joignot parle d'une enquête folle et passionnante. Sur Amazon, il obtient une note moyenne de 4,3 sur 5. Un lecteur de la FNAC le trouve concret, avec des « expériences crédibles pour néophytes » . Sur le forum Atramanta, un internaute dit « bien vulgarisé, facile d'accès » . L'Inres et Agora mettent en avant le style poétique, cette idée d'une conscience qui résonne comme une musique subtile. En somme, le livre fascine, parfois irrite, mais ne laisse pas indifférent. C'est sans doute sa vocation. Reste la question centrale. Et nous ? Que faisons-nous de notre propre conscience ? Van Ersel nous tend un miroir. Dans un monde bouleversé par l'intelligence artificielle, traversé par une crise écologique sans précédent, en quête de sens, réfléchir à la conscience n'est pas un luxe. C'est une urgence. Le soleil est-il conscient ? N'apporte pas de réponse définitive. Mais il ouvre un espace. Il nous invite à considérer la conscience comme ce qui nous relie. et il nous suggère d'écouter Derrière le tumulte du quotidien, cette musique subtile qui émerge d'un silence profond. Merci d'avoir partagé ce voyage. Prenez soin de votre conscience. A très bientôt pour un nouvel épisode.
