- Speaker #0
Comment faire en sorte qu'un journaliste s'intéresse à toi et à ton projet ? T'as une histoire à raconter, un projet qui mérite d'être vu, mais silence radio. Est-ce que ça prend un communiqué de presse bien rédigé ? Inonder les réseaux sociaux dans l'espoir d'être repéré ou bien miser sur le bouche-à-oreille ? Qu'est-ce qui fait qu'un entrepreneur se retrouve sous les projecteurs des médias pendant que d'autres restent dans l'ombre ? Pour en avoir le cœur net, je suis allée à la rencontre de Mylène Moisan, chroniqueuse au journal Le Soleil, suivie par des milliers de lecteurs fidèles. Mylène, elle ne se contente pas d'écrire des articles. Elle donne une voix. aux histoires qui méritent d'être racontées, puis à réussir à toucher en plein cœur ses lecteurs avec ses chroniques.
- Speaker #1
Elle m'a partagé ce qui capte son attention,
- Speaker #0
puis ses meilleurs trucs pour qu'elle ait envie de raconter ton histoire, et elle m'a aussi confié un peu de la sienne. C'est vraiment pas tous les jours qu'on a accès aux coulisses du métier, alors reste avec moi, tu veux pas manquer ça.
- Speaker #1
Bienvenue dans notre village virtuel où chaque entrepreneur est un artiste qui colore le monde à sa manière. À ta couleur, c'est le rendez-vous où on jase de storytelling puis de personal branding, mais avec une twist. On le fait au service des petites entreprises locales. Ici, on célèbre l'unicité. Chaque entrepreneur que je reçois a réussi à enflammer les réseaux sociaux avec son histoire et sa personnalité unique en son genre. On va décortiquer comment ils ont réussi à tisser des liens solides avec leur communauté, à créer un impact majeur et à forger une marque qui leur colle à la peau. Que tu sois à la tête d'une petite entreprise locale ou que tu sois un solopreneur, ici, c'est ta nouvelle maison et il y a une place pour toi dans notre village. En solo ou en voisin. La porte s'ouvrira à des invités ou même à des figures locales qui ont réussi à faire de leur entreprise ou de leur petit coin de pays le nouveau point de rendez-vous de la communauté. Alors rentre, fais comme chez toi et laisse-toi inspirer.
- Speaker #0
Salut à toi, bienvenue sur le podcast À ta couleur. Aujourd'hui, on est au journal Le Soleil de Québec et on jase avec Mylène Moisan. Salut Mylène, merci d'avoir accepté l'invitation.
- Speaker #2
Ça fait plaisir.
- Speaker #0
Je suis très heureuse de t'accueillir et que tu nous accueilles en même temps, un peu dans ta deuxième maison.
- Speaker #2
Oui, oui, vraiment. C'est chez nous depuis 25 ans. C'est mon journal, je suis ici tous les jours.
- Speaker #0
Donc, Mylène qui est journaliste, chroniqueuse, autrice, chroniqueuse très lue. On va dire ça, tu mentionnais 1723 chroniques et écrits. Wow ! C'est quand même impressionnant. Depuis
- Speaker #2
1999. Depuis 2012.
- Speaker #0
Depuis 2012. OK. On tombe. T'es chronique depuis 2012. T'es élue par des milliers de lecteurs fidèles à chaque semaine parce que toi, t'as plaisir à mettre sous les projecteurs, on va dire, en lumière, les gens qui n'ont pas l'habitude de faire les manchettes. L'histoire des gens qui n'ont pas l'habitude de faire les manchettes. T'es autrice de plusieurs livres, dont le best-seller « Ma main est une étoile » , dont un livre que j'ai adoré « Les gens heureux ont une histoire » , qui est présent ici, « Voyager hors des tout-inclus » aussi, et d'autres, bien évidemment, qui ne sont pas nommés, ce ne sont que quelques-uns d'entre eux, et tes récipiendaires aussi de nombreux prix,
- Speaker #2
je vais te le dire,
- Speaker #0
dont le prestigieux prix « Judith Jasmin » 2013, deux fois.
- Speaker #2
Oui, 2022 aussi.
- Speaker #0
plus récemment, en 2022.
- Speaker #2
J'ai le jour pour nier aussi pour la qualité de la langue française.
- Speaker #0
C'est quelque chose que j'ai oublié. Non, non, non,
- Speaker #2
c'est pas le tour.
- Speaker #0
Un CV quand même assez bien gardé. On a un point en commun. Je pense qu'on en a plus qu'un, mais on en a un que j'ai envie de nommer ici. C'est le fait qu'on aime toutes les deux raconter des histoires, pas n'importe lesquelles, des histoires d'humains. J'oserais dire... non pas ordinaire, mais extraordinaire absolument, qui sont loin des projecteurs, loin des feux de la rampe, puis surtout des gens qui parfois, bien souvent, n'ont pas conscience d'avoir cette histoire extraordinaire, inspirante à raconter.
- Speaker #2
Je me rends plus compte de ça. Quand je rencontre quelqu'un, puis pendant l'entrevue, ils disent « là, je ne sais pas ce que tu vas raconter de mon histoire, là » . Je dis « ça, c'est bon » . Ah oui. C'est surtout les gens. qui ne sont pas conscients, qui ont une histoire, qui ont une grande histoire. Toutes les personnes âgées qui ont eu des vies hallucinantes, mais eux, c'est leur vie, donc ils n'ont pas le regard extérieur. Puis moi, je les écoute parler, puis je suis là, mon Dieu, c'est bien extraordinaire. Ça m'apprend plein de choses. Puis j'ai toujours été fascinée par comment les gens traversent des épreuves ou vivent leur vie. Tu sais, c'est sûr que moi, ça fait plusieurs années que je fais ça. Donc, tu sais, j'ai rencontré des milliers et des milliers de personnes. C'est toujours fascinant. En fond, c'est des petites histoires. Moi, je trouve que c'est l'universel dans le personnel. C'est comme la grande histoire qui est dans une petite histoire. C'est souvent ça que je cherche. Quand je rencontre quelqu'un, je vais partir de sa petite histoire, mais ça va toucher beaucoup de monde parce que justement, il y a dans toutes les petites histoires des grandes histoires.
- Speaker #0
J'adore que tu dises ça parce que j'ai souvent ce discours-là aussi. C'est-à-dire que moi, je m'adresse bien sûr à une clientèle d'entrepreneurs qui veulent raconter leur histoire, mais souvent, je ne dirais pas que je me bats. C'est quand même assez violent. Je me bats, mais toujours est-il que cette croyance limitante-là, que notre propre histoire n'est pas intéressante, je n'ai rien à raconter. je vois pas en quoi tu sais c'est je vais toucher des gens ou donc quand tu dis l'universel de l'histoire c'est comme l'émotion universel l'empathie ce qu'on peut comment on peut s'identifier à ces émotions humaines le c'est bien ça parce que si c'est dans une connexion c'est
- Speaker #2
pis c'est drôle parce que je suis dans le rôle inverse où je me demande ce qui va être dans mon histoire qui voit qui peut intéresser ou oui on j'ai moi même cette perception de ma propre histoire Parce que moi, je suis habituée de raconter celle des autres, mais jamais la mienne. Je trouve ça particulier que c'est mon histoire qui soit comme mise en lumière, alors que j'ai une espèce d'humilité par rapport à ma propre histoire.
- Speaker #0
J'adore ça. J'adore ce Ausha qu'on échange. Moi, je dis souvent que toute histoire mérite d'être racontée. Toi, Mylène Moisan, qu'est-ce qui mérite ? d'être racontée selon toi dans une histoire ? Y'a-tu des histoires qui méritent plus que d'autres ?
- Speaker #2
C'est tellement... C'est tellement unique. Chaque histoire est tellement unique que c'est jamais la même raison qui me pousse à la raconter. Pis tu sais, je veux dire, on peut parler de « Ma main est une étoile » . Ça, ça a été le père d'une amie, c'est Joliane Fortier, je raconte une histoire, c'est Joliane Fortier, 31 ans. qui avait un cancer du sein très, très avancé, qui est décédé, qui s'est mariée quelques jours avant de décéder, qui a fait l'émission « En effet, si on recommence aussi » , elle était quand même assez connue. Puis moi, c'est le père d'une de ses amies qui m'avait écrit pour me dire « Ma fille vit quelque chose avec son amie » , donc c'est arrivé de très loin cette histoire-là, donc pas du noyau de Joliane. Et moi, j'avais contacté Martin, son conjoint, puis il a dit « Regarde, je vais te... » ça va pas bien, je vais te réécrire plus tard. Puis finalement, elle est décédée dans les jours suivants. Donc moi, j'ai jamais rencontré cette fille-là. Puis j'ai rencontré Martin très peu de temps après le décès de Juliane. Et c'est ça, donc je me disais, qu'est-ce que je vais raconter ? Je ne l'ai pas connue. Donc ça a été finalement l'histoire à travers Martin. Donc l'histoire est une différente. Et cette histoire-là, écoute, ça a été, je veux dire, j'ai reçu 1400 courriels en 24 heures après la publication. Véronique Cloutier m'avait partagé, je veux dire, ça a été spécial, mais ce que les gens ne savent pas de cette histoire-là, c'est que quand je l'ai écrite, parce que c'est des mots, c'est 850 mots, c'est 900 mots, mais écoute, c'est 1400 personnes qui ont quand même pris le temps d'écrire. Le premier courriel que j'ai eu à 4h du matin, c'était une mère qui m'a dit « je vais serrer mes enfants dans mes bras » . Donc, c'est juste, c'est ça, c'est des mots que j'ai choisis pour raconter cette histoire-là qui aurait pu être racontée d'un million de façons, mais... Cette façon-là que je l'ai racontée, ça a vraiment, vraiment, vraiment touché les gens. Puis je pense qu'un des éléments qui a fait que ça a touché les gens, c'est que quand j'ai écrit cette histoire-là, puis quand j'ai rencontré Martin, mon fils était hospitalisé. Et je l'ai écrit dans la salle de jeu du CHUL. Alors que mon fils avait des gros problèmes de rein, on ne savait même pas s'il allait avoir une grève de rein. C'était quand même assez intense comme problème.
- Speaker #0
Le contexte, le timing, à ce moment-là,
- Speaker #2
pour tout. Je me rappelle que mon chum m'avait dit « ne va pas à l'entrevue » . Je lui ai dit « non, mais écoute, sa blonde est décédée » . On avait pris rendez-vous. Je lui ai dit « je vais honorer mon rendez-vous, je vais aller le rencontrer » . J'avais les émotions plus à fleur de peau, donc peut-être plus réceptives à ce que lui vivait, parce que je vivais quelque chose d'aussi... pas pour pas pire, mais quand même, tu sais, être un enfant de 5 ans, tu sais pas si ses reins vont fonctionner ou pas.
- Speaker #0
C'est ton enfant.
- Speaker #2
Oui, c'est mon enfant. Donc, quand j'ai écrit cette chronique-là, ça a peut-être donné un petit caractère plus...
- Speaker #0
Ton empathie était peut-être décuplée à ce moment-là, parce que tu savais...
- Speaker #2
Oui. C'est vrai. Oui, exactement. Donc,
- Speaker #0
c'est ça.
- Speaker #2
Parce que des fois, tu te demandes pourquoi une chronique a résonné autant, ou une histoire a résonné autant. Oui,
- Speaker #0
elle a eu autant d'impact, celle-là,
- Speaker #2
plus qu'une autre. Ah oui. Puis c'est ça, puis le historien, ça a fait un livre aussi, après.
- Speaker #0
Oui, puis c'est ce qui t'a valu aussi. Le prix Judith Sade.
- Speaker #2
Non, pas cette chronique-là. Non, c'était... Non, Madame, tu n'es pas la politique de Judith Jasmin. C'était...
- Speaker #0
Je ne suis pas très seconde de trop.
- Speaker #2
Très seconde de trop, c'était Marie-Noël Simard. Ça, c'était une femme handicapée. J'ai confondu les deux d'étoiles. Oui, Marie-Noël, c'est devenu une amie. Puis elle, je l'avais rencontrée. Ça aussi, ça, ça a été... Je commençais... Marie-Noël, c'était ma deuxième chronique en 2012. Oh, bien ! Oui. Puis c'est son père qui m'avait écrit. Puis à ce moment-là, ça ne s'était même pas annoncé que j'allais être chroniqueuse. Puis il me connaissait, son père, puis il m'a écrit, genre, ma fille, tu sais, elle va être dans un CHSLD à 40 ans. Puis moi, j'avais 40 ans, puis je suis allée la rencontrer dans un CHSLD. Écoute, une fille brillante, elle avait un bac en criminologie, puis on était nés à quelques mois d'intervalle. Moi, je suis née en juin 74, elle a été née en octobre 74. Puis elle, elle a eu un problème à la naissance, puis moi aussi. Moi, quand je suis née... Il y a un problème, le médecin a mal fait les choses, puis mes bras, mon bras droit est paralysé. J'ai un problème de bras depuis ma naissance. Mais elle, c'était la tête, elle a eu une paralysie cérébrale, mais à la naissance. Donc, tu sais, je connectais beaucoup avec elle parce que j'aurais pu être elle, parce que moi, je m'en suis tirée avec un bras un peu bizarre, mais... Tu sais, elle, vraiment, ça a tout changé sa vie, alors que si ça ne s'était pas passé, elle serait... Elle n'aurait pas été dans cette situation-là. Elle était vraiment, tu sais, attachée à son fauteuil roulant. Elle ne pouvait pas parler, elle ne pouvait pas se nourrir, elle ne pouvait pas être zéro autonome. Pour parler, elle avait une petite lumière sur ses lunettes. Puis devant elle, elle avait un tableau avec des mots, puis des lettres, puis des sons. Quand on se parlait, bien, elle, elle pointait les mots, les sons, puis tout ça. Puis on finissait par se parler comme ça.
- Speaker #0
Tu as mené l'entrevue comme ça avec elle ? Oui.
- Speaker #2
Oui, elle était vraiment particulière. Puis, écoute, elle était tellement désespérée quand je l'ai rencontrée. Puis, quand je suis partie, j'ai pleuré dans mon auto pendant 20 minutes. Je n'ai pas été capable de partir. C'était vraiment, vraiment très, très touchant parce que je commençais. Mais vite, à ce moment-là, j'ai réalisé que c'est ça que je voulais faire. C'était là-dedans que j'étais bonne, de raconter ça. Cette histoire-là avait vraiment beaucoup touché les gens. Patrick Lagacé en avait parlé aussi dans la presse, c'est ça qui m'a valu le judice de Jasmine. Puis même plus concrètement, je veux dire, elle a eu des services. Cette chronique-là a vraiment changé sa vie.
- Speaker #0
Ça a eu un impact au-delà de...
- Speaker #2
Oui, oui, il y a eu un impact réel parce que dans le fond, quand je dénonce des choses, des injustices ou des... Parce que là, c'était ça, je dénonçais une injustice. Mais quand je dénonce des injustices, c'est que je veux qu'elles soient réglées. C'est un objectif de la chose, c'est que les choses changent. Puis dans son cas, ça a vraiment bien fonctionné.
- Speaker #0
Ah, intéressant. Oui. Merci. Tu vois, je me demandais quel est l'impact d'un article, d'une chronique dans Le Soleil qui met en lumière l'histoire de 1723 personnes différentes. Puis là, ça en est un bel exemple d'impact que ça a eu. As-tu d'autres exemples d'impact comme ça que ça a ? Oui,
- Speaker #2
bien oui, il y en a plein. Il y avait un cas d'une personne qui avait un logement, elle voulait un logement adapté. Pour avoir un logement adapté, il fallait qu'elle ait un triporteur. Mais pour avoir un triporteur, il fallait qu'elle ait un logement adapté. Je l'ai juste écrit, puis la semaine après, c'était réglé. Il y avait un gars qui souffrait du Parkinson, puis c'était pendant la pandémie, puis il avait besoin lui aussi d'un quadriporteur. Puis là, les quadriporteurs étaient bloqués dans un gymnase ou dans un entrepôt. Ils étaient prêts à être livrés. Fait que je l'ai écrit, puis les livraisons se sont faites la semaine suivante. Un autre aussi cas, c'est un monsieur que j'avais appelé Roger. Lui, il s'était fait exploiter par une fille, mais vraiment, elle avait tout vidé son argent. Elle voyageait avec son argent. Il était rendu alcoolique, ses enfants voyaient toute sa fortune, tout leur héritage, l'a été lapidé. Puis ça, c'est drôle parce que j'avais écrit 3-4 chroniques sur ce monsieur-là en disant même la ministre ne pouvait pas intervenir, personne ne pouvait intervenir. Puis même, en tout cas, les procureurs de la Couronne...
- Speaker #0
Il n'y avait plus rien à faire.
- Speaker #2
Il n'était pas officiellement inapte. Il était considéré comme apte, même si, clairement, il se faisait arnaquer.
- Speaker #0
Il ne rentrait pas dans les camps, ce que ça prenait pour...
- Speaker #2
C'est drôle parce que récemment... J'ai mis de la nourriture pour chiens sur Facebook. On a un groupe de pré-partage, on donne des choses, puis moi c'est de la nourriture que mon chien n'aime pas. J'ai mis ça sur Facebook en disant « j'ai de la bouffe pour chiens à donner » . Puis la dame qui est venue chercher la nourriture, elle m'a dit « moi je travaille au ministère de la Famille, puis les chroniques que vous avez écrites sur Roger, aujourd'hui la loi a été changée. » Ça a pris deux ans après les chroniques, puis maintenant la loi a été changée pour protéger des gens comme Roger. Puis en plus... Ce soir-là, c'était une espèce de fête parce que la personne qui avait piloté le changement législatif prenait sa retraite, puis il faisait un souper avec ce monsieur-là. Puis elle avait apporté une carte, puis j'ai pu signer un petit mot à ce monsieur-là.
- Speaker #0
Les synchronicités, non pas dans le...
- Speaker #2
Oui, quand même.
- Speaker #0
C'est incroyable, c'est incroyable. On sous-estime l'impact parfois que ça peut avoir des mots dans une chronique. C'est puissant. Est-ce que, en sachant ça, comme parce que t'as pu voir l'impact, t'as dû être impressionnée toi-même par cet impact-là, j'imagine, en tout cas, est-ce que maintenant ça oriente tes choix de chronique ? C'est-à-dire, est-ce que tu vas aller choisir des thématiques en espérant que ça ait...
- Speaker #2
Non. Non, je ne suis pas dans le... C'est vraiment, je reçois quelque chose, puis je vois si ça éveille quelque chose, ou si ça... Mais c'est jamais, je n'ai jamais de calcul, ou jamais de... Ton feeling. C'est vraiment mon feeling, oui. Ton intuition.
- Speaker #0
Puis comment ça vient à toi, justement ? Est-ce que c'est... Parce que là, moi, je m'adresse à des entrepreneurs, qui se disent, « Hey, moi, j'aimerais donc ça, raconter mon histoire, j'aimerais donc ça qu'un journaliste, qu'une chroniqueuse parle de moi dans le journal. » Oui. Par exemple. Comment ils doivent s'y prendre ? Est-ce que c'est le bon vieux communiqué de presse qu'on envoie, tout bien rédigé ? Surtout pas ! Alors, voilà !
- Speaker #2
En tout cas, moi, je ne lis pas les communiqués de presse. Non ? Oh !
- Speaker #0
Mylène ne lit pas les communiqués de presse. Donc, comment on peut attirer l'attention de Mylène Moisan ?
- Speaker #2
Moi, c'est beaucoup par courriel. Les gens m'écrivent beaucoup par courriel. Puis, c'est vraiment... Il faut que ça soit... Qu'il y ait quelque chose qui se dégage de l'histoire. Tu sais, souvent, ça peut être quelques lignes. C'est juste la façon de l'écrire. Il faut que je sente que les gens me parlent à moi. C'est pas pour être tensueux, mais des fois, les gens, ils écrivent, ils savent quel genre d'histoire que moi, je raconte. Fait qu'ils se disent, il y a peut-être une parenté entre mon histoire puis ce que moi, je raconte. Donc, ça peut être très court. Des fois, c'est très court. Des fois, c'est un peu intriguant. Des fois, s'ils vont me raconter une histoire. Des fois, c'est très... Mais quand c'est long, ça dépend. Ça peut être long aussi. Il n'y a pas de fil conducteur ou de gabarit ou quelque chose de point de point commun entre ce qui me touche. Ça dépend. Mais souvent, c'est ça. C'est bonjour, Mme Moisan. Des fois, ça peut être une anecdote. C'est sûr que si je sens la personne, c'est peut-être ça. Si je sens la personne derrière les mots, la connexion va peut-être plus se faire que... Déjà quand c'est une liste d'envoi, « Undisclosed Recipient » . « Monsieur,
- Speaker #0
madame,
- Speaker #2
virgule » . C'est ça, en général, ça passe moins bien. C'est sûr que j'ai des choses qui me touchent. Les injustices, ça me touche beaucoup. C'est sûr que si dans l'histoire, il y a une injustice, ça va venir me chercher plus. Mais j'en reçois. Dans un souper de famille, je trouve des sujets. Dans un café, j'entends une conversation, je trouve des sujets. D'ailleurs, à un moment donné, j'étais au café du Moilou. Puis j'avais entendu une histoire, c'était un gars qui disait, l'amour, c'était sur l'amour, puis il était vraiment désabusé de l'amour. Puis j'avais fait quelque chose juste sur ce gars-là qui, avec son chum, il parlait d'amour, c'est ça qui est autre, tu sais. Puis, à peu près un an et demi après, j'ai reçu un courriel, mais pas un courriel, non, c'est un sous-messenger, il s'appelait Nicolas. Puis c'est un gars qui m'a dit, Madame Moisan, J'ai lu la chronique sur l'amour. Il y avait deux autres chroniques qu'il avait lues, mais sur des thèmes complètement différents. Sur l'amour, il y avait l'autre, c'est sur... Écoute, je ne me rappelle même pas. Mais bref, il m'avait dit... J'ai traversé une période très, très, très noire, puis je voulais finir mes jours. Puis il dit, quand j'arrivais au moment les plus noirs, je lisais ces trois chroniques-là en boucle, puis ça m'a permis de passer au travers. C'est quand même...
- Speaker #0
C'est très puissant. C'est fou.
- Speaker #2
C'est fou. Moi, je ne le verrais pas parce que moi, j'écris ça. Je veux dire, c'est mon travail, c'est sûr que c'est ma passion, tout ça. Mais je veux dire, je ne suis pas à l'envers à toutes les fois que j'écris une chronique, dans le sens où je veux être... Tu sais, des fois, j'ai des belles histoires, je veux être à la hauteur des histoires. Ça, c'est un sentiment qui m'habite. Des fois, je trouve que l'histoire est tellement belle que je suis comme... Je veux être capable de faire honneur. Ça, des fois, ça m'arrive. Mais quand je vois des choses comme ça, je dois t'avouer que ça me... Des mots.
- Speaker #0
Des mots. ont cette puissance-là. Puis là, j'oserais même dire, sauve des vies. Comment nos mots... C'est fort, je comprends.
- Speaker #2
C'est ça, c'est ça. Tu sais,
- Speaker #0
quand on dit on sauve pas des vies.
- Speaker #2
Oui, oui, dans mon cas, oui. Tu peux dire, j'en ai au moins sauvé une.
- Speaker #0
Puis plein d'autres sûrement de gens qui ont juste pas eu l'occasion de te le dire.
- Speaker #2
Oui, mais tu sais, je sais que je fais du bien. J'en reçois beaucoup de courriels, des merci d'exister. Ça fait du bien. Mais oui.
- Speaker #0
Donc il y a toute la question de l'émotion qui est très forte, l'émotion que toi tu vis au moment où tu accueilles une histoire ou que tu es témoin d'une histoire, que tu dis « Oh, ça c'est quelque chose de bon » , mais tout aussi l'émotion... de l'humain derrière l'histoire aussi. Donc, j'en comprends que quand ces deux-là viennent se relier ensemble, il y a comme quelque chose qui émerge encore plus puissant.
- Speaker #2
Puis aussi, on a toutes nos histoires différentes, notre histoire de vie. Fait que c'est sûr que mes mots vont pas résonner de la même façon si toi tu le lis ou si quelqu'un d'autre le lit, parce qu'on le lit à une période X de notre vie. Si on a une épreuve, l'histoire va nous toucher plus. Un moment donné, j'étais dans un café avec ma famille, et une dame s'est approchée de moi, mais vraiment, elle s'est mise debout, et il y avait quelque chose qui émanait de cette femme-là. Puis elle m'a juste pris la main, puis elle m'a regardée dans les yeux, puis elle m'a dit « Merci » . Puis elle est repartie. Je ne sais pas, elle m'a remercié pourquoi, mais j'ai vraiment compris que dans sa vie... Quelque chose que j'avais raconté avait eu une place, une grande place. Donc, c'est ça. Probablement, ce qu'elle a lu, elle l'a lu à un moment où il fallait qu'elle lise, par rapport à ce qu'elle vivait ou par rapport à son parcours.
- Speaker #0
Oui, le timing. Ça a une place importante dans les histoires qu'on raconte et qu'on lit, dans ce cas-ci, dans ton cas. J'en comprends que tu reçois... des courriels, par exemple, de gens qui veulent attirer ton attention par rapport à une histoire, mais il y a aussi le fait que toi, tu te laisses inspirer aussi. Tu dis un souper de famille, ou j'étais dans un café, j'ai vu ça, j'ai entendu ça. Donc, il y a comme ces deux places-là. Autant toi, tu prends au bon, autant que tu vas répondre à un courriel.
- Speaker #2
Oui, parce que, tu sais, après 13 ans, c'est quand même ma 13e année que je fais de la chronique, donc c'est sûr que Puis j'ai été journaliste avant aussi. Donc, ça fait 30 ans que je suis journaliste, mais moi, je suis curieuse, fondamentalement, je suis quelqu'un de curieux. Puis donc, j'ai toujours, toujours, toujours été curieuse des histoires des gens. Tu sais, quand j'avais... Moi, ma mère, elle n'avait pas de véhicule, pas de voiture. Puis on prenait l'autobus, on restait à l'Aurède-Ville. Puis l'Aurède-Ville, c'est loin, là. C'est comme venir au centre-ville, c'est à peu près trois quarts d'heure. Puis moi, quand je prenais l'autobus avec ma mère, s'il y avait quelqu'un derrière de moi, je me revirais de bord. Puis je me disais, je disais, bonjour, moi, je m'appelle Mylène. Toi, c'est quoi ton nom ? Puis là, pendant tout le trajet, la personne était comme poignée avec mes questions. Puis à la fin du trajet, quand on débarquait ici à la plage de la quartier, je veux dire, je savais tout de la personne. Donc, tu sais, j'avais 4 ans, donc j'ai tout le temps fait ça. Moi, j'ai tout le temps posé des questions aux gens. Les gens, c'est un peu sur les nerfs. Mais c'est vraiment... Oui, oui. Puis tu sais, j'ai fait du pouce. Moi, j'ai été au cégep à Jonquière, puis j'ai fait du pouce pendant 3 ans. Non pas la dernière année j'avais une auto, mais la première année j'ai fait du pouce. Puis moi j'adorais ça, parce que je rentrais dans l'univers de quelqu'un. Puis déjà le pouce, quand la voiture s'arrête, tu as déjà une relation de confiance qui s'établit. Puis là tu rentres dans la voiture de quelqu'un, puis là, en plus à Jonquière, c'est deux heures, donc tu ne peux pas débarquer. À moins d'arrêter de faire pipi à l'étape, mais même encore là. Pendant deux heures de temps, je pouvais complètement rentrer dans l'univers de quelqu'un. Ça a été hyper formateur, je me rends compte de ça aujourd'hui. Je ne les écrivais pas, ces histoires-là, mais j'ai vécu des choses hallucinantes. C'est des moments très forts.
- Speaker #0
Tu dis que quand j'étais petite, je prenais l'autobus et je rentrais en contact facile. C'est drôle, ça me fait penser vraiment à moi.
- Speaker #2
Ah oui !
- Speaker #0
On dit toujours, moi, mes parents m'ont toujours dit, t'aurais pu te faire kidnapper par n'importe qui, toi. Tu m'appelles, tu disais que je m'appelais Chouchoune. Je ne disais même pas mon vrai nom. Ça a été problématique à certains moments parce que... Bref, mais ça me fait penser à ça. On a plus qu'un point en commun, finalement. Mais tu parles de quand tu étais petite. Je suis curieuse de savoir, qu'est-ce que tu voulais faire, toi, comme métier, quand tu étais petite ? Versus ce que tu fais aujourd'hui, est-ce qu'il y a un lien entre les deux ? Oui,
- Speaker #2
il y a un lien très fort. J'ai toujours, toujours, toujours voulu être journaliste. Je faisais des journaux à mes barbies. Wow ! Oui, moi, je ne les maquillais pas, je ne les habillais pas. Moi, ils étaient tout le temps habillés pareil, mes barbies, mais ils étaient informés.
- Speaker #0
Bien informés,
- Speaker #2
c'est vrai. Je faisais des petits, je me rappelle, des petits papiers blancs. Puis là, je Ausha dans le milieu. Puis c'était un vrai petit journal. Puis je barbouillais. Puis je faisais des petits dessins.
- Speaker #0
Incroyable !
- Speaker #2
Ça fait que ça, oui. J'ai tout le temps, ma mère, on était abonnés, j'ai tout le temps, j'ai été en journalisme, je ne sais pas pourquoi, mais tout le temps, c'est vraiment le métier que j'ai toujours voulu faire. Puis quand je me rappelle, quand j'ai été acceptée à Jonquière en arts et technologies, c'est un programme qui est très contingenté, puis j'ai comme arrêté de respirer. C'était comme le rêve de ma vie qui est devenu réalité.
- Speaker #0
T'avais comme une ligne droite, quand même, un fil très tracé.
- Speaker #2
Oui, puis j'ai été chanceuse parce qu'il y a tellement de... Tu sais, moi, j'ai deux garçons, 14-16 ans, puis c'est pas clair. Moi, j'ai eu cette Ausha, puis j'ai des amis qui ont... On en connaît plein, des gens qui ont airé dans plein, plein de programmes. Puis moi, ça a été tout le temps, tout le temps, c'est ça, vraiment une ligne droite.
- Speaker #0
Ah oui, t'as pas changé de programme, t'as pas...
- Speaker #2
Non, non, non, j'ai fait le jonquière, j'ai fait aller à Toronto en stage pour apprendre l'anglais. J'étais là en stage en avril 94. Dans un hebdo francophone. Puis ça, c'était en avril. Puis le rédacteur en chef est parti au mois de juin. Puis je suis devenue rédactrice en chef là. C'est un hebdo, mais quand même, tu sais. Fait que déjà, puis après ça, je suis revenue à Québec. Puis j'ai jamais rien fait d'autre que ça.
- Speaker #0
Quand même.
- Speaker #2
J'ai été directrice d'information quand même pendant quatre ans au Soleil. Donc j'ai arrêté d'écrire pendant six ans, mais ça me manquait vraiment beaucoup.
- Speaker #0
Avec la place, Mylène, que prennent de plus en plus les... Les médias sociaux, les médias numériques. Tantôt, tu disais, tu sais, des fois, je me laisse inspirer par les endroits que je vis, tout ça. Est-ce que les médias sociaux prennent une place aussi dans cette inspiration-là ? Est-ce qu'il y a des histoires, parfois,
- Speaker #2
que tu vas capter sur les médias sociaux ? Bien, les médias sociaux, dans mon cas, c'est Facebook. Ah, c'est Facebook ? Oui, oui, c'est très mon âge, c'est très mon âge. Mais oui, oui, non, je suis très Facebook, malgré... Bien, je suis moins Facebook depuis que les médias ne sont plus... partagé au Canada. Je dois avouer que j'ai un petit peu... j'ai un petit peu déchanté sur notre NPMARC. Mais parce que pour nous, c'était... ça a été difficile, comme médic, on a été bloqués au Canada. Bien sûr. Mais non, non, c'est moi... Facebook, tu sais, je trouve que c'est vraiment un parvis d'église où est-ce que t'as plein d'histoires. Puis j'en ai trouvé beaucoup, beaucoup, beaucoup d'histoires sur Facebook. Je suis sur différents sites où les gens se racontent. Tu sais, mettons un piano à donner. Ah, tu sais, un piano à donner. Il y a une histoire derrière un piano à donner. aussi banal que ça marketplace ça peut vraiment être assez simple les bougies de l'image j'en trouve vraiment partout sinon moi je ne suis pas sur X parce que j'étais sur Twitter mais quand Ellen a acheté X j'ai arrêté là je suis sur Blue Sky mais quand même j'explore la chose moi je ne suis pas sur Instagram et je ne suis pas sur TikTok mes gars le sont mais je trouve que Facebook c'est le fun parce que C'est un peu de texte, un peu de l'image. Moi, je trouve que j'aime cet environnement-là. Je trouve que les gens se dévoilent juste assez. Je suis allée un petit peu sur LinkedIn, mais LinkedIn, moi, je suis moins entrepreneuse. Je me retrouve moins. Mais il y a des super belles histoires là-dessus aussi. Je sais qu'il y a une espèce de tendance de justement aller vers des choses plus personnelles, des histoires plus concrètes.
- Speaker #0
de vraiment que les gens de faire plus ressortir l'humain que juste l'entreprise tout à fait mais moi je m'adresse beaucoup aux entrepreneurs toi tu t'adresses à je veux dire monsieur madame tout le monde peu importe leur âge parce que tu racontes parfois même des histoires d'enfants donc de personnes âgées dans des situations sociales variées quand même donc facebook c'est un intérêt très fertile justement parce que on va se le dire c'est pas mal le Le média social bi-générationnel, intergénérationnel qui existe. Un entrepreneur qui raconte son histoire, mettons, sur Facebook, prenons celui-ci en exemple, et qui veut donc...
- Speaker #2
rayonner de par son histoire quel truc qu'est ce que doit contenir une bonne histoire selon mylène moizat et boy la grande question ouais ben forcément quelque chose de fou dans le scénario il ya eu de l'adversité c'est quelque chose que mais c'est souvent ce les entrepreneurs c'est des cd rêveurs c'est des gens qui c'est qui croient en quelque chose qui qui ont des objectifs c'est souvent des belles histoires d'histoire d'entrepreneurs Puis tu sais, moi, des fois, ça peut être un petit entrepreneur. Récemment, j'ai parlé d'un gars qui était un ancien gérant d'hôtel, qui est tombé dans l'alcoolisme, puis il est parti à un petit restaurant de Gritchy's dans le Très-Carré. Tu sais, c'est un entrepreneur, un petit entrepreneur. Mais je trouvais ça beau parce qu'il s'est vraiment réalisé dans ce projet-là. Puis tu sais, c'est ça, moi, ça serait plus l'histoire humaine que vraiment l'entreprise à proprement parler. Mais on le fait aussi... Je ne vais pas faire de la promo, mais au soleil, on a le mag à faire, qui contient beaucoup, beaucoup d'histoires d'entrepreneurs. Et c'est fascinant de voir à quel point, des fois, ça a l'air beau leur histoire quand ils réussissent, mais souvent, derrière ça, il y a vraiment, des fois, il n'y a même pas juste une histoire. Il y en a plusieurs. Des fois, c'est peut-être de choisir l'histoire qui est le plus compliqué, parce que c'est souvent des... Des fois, ils ont des parents entrepreneurs, des fois pas du tout. Comme Daniel Henkel, par exemple. C'est une super histoire. C'est plein d'histoires, moi j'ai lu son livre, puis j'ai vraiment été fascinée par ça.
- Speaker #0
Oui, c'est intéressant ce que tu dis, l'adversité, parce qu'il y a une distinction, c'est ça, l'affaire entre le success story versus l'histoire humaine, comme tu dis. J'aime beaucoup ça quand tu parles d'adversité, parce que dans l'adversité, on va souvent sortir, moi c'est que dans mon langage à moi, que j'appelle des pépites. des leçons précieuses, des enseignements, c'est souvent là aussi que le coeur, de l'émotion, et tu confirmes ça. Oui, oui,
- Speaker #2
absolument, absolument, parce que, tu sais, je veux dire, bien, mon goût il joue au soccer, puis les coachs disent toujours, soit tu perds, soit tu gagnes, soit tu apprends. Oui,
- Speaker #0
ah, une citation de la danse, on ne perd pas,
- Speaker #2
soit tu gagnes, soit on apprend,
- Speaker #0
voilà.
- Speaker #2
Mais donc c'est ça, donc moi je crois fondamentalement en ça. Tu sais, moi ma vie, je suis une fille unique de mère monoparentale. Tu sais, ma vie n'a pas tout... Tu sais, j'ai appris des valeurs qui m'ont menée jusqu'à aujourd'hui, des valeurs que j'essaie de transmettre à mes enfants. Mais tu sais, oui, on a tout de l'adversité, puis justement on peut choisir de rien faire, de se laisser ralentir ou de le prendre comme une façon d'aller encore plus loin. Donc, c'est sûr que c'est... Tu sais, j'avais raconté l'histoire à un moment donné d'un père dont une des filles, ça s'est passé ici au Mont-Wright. 20 ans, sa fille est tombée, elle était partie faire de la randonnée avec son chum, puis elle est tombée, puis elle est décédée. Donc, du jour au lendemain, le pouf, tu sais, puis c'était des jumelles, puis une des jumelles qui est décédée comme ça. Puis moi, j'avais parlé au père, puis le père, c'est un banquier très riche, tu sais. puis pendant des années évidemment les premières années c'était extrêmement difficile là tu es en dépression puis tout ça tu es puis un moment donné il s'est dit c'est soit que tu es la cible joanie sa fille il soit que la mort de joanie va avoir servi à juste comme tirer par en bas mais dit la mort de joanie pourrait m'amener à plus il a tout changé sa vie il a pris sa retraite écoute il se promenait avec un scooter bleu c'est vraiment tout Il a tout revu ses valeurs, il a tout revu l'importance justement des rapports humains. Il dit quand je rencontre quelqu'un maintenant, je rencontre quelqu'un. Je prends le temps de... il y a une relation humaine qu'il n'avait pas avant dans son ancienne vie. Puis un moment donné, j'avais une conférence où je racontais cette histoire-là, que lui avait pris la mort de sa fille pour l'amener à plus. Puis dans l'auditoire, évidemment je ne sais pas tout le temps qui est dans l'auditoire, mais il y avait une femme qui est venue me voir après. Puis, elle s'est levée et elle a parlé. Puis elle a dit, moi, mon fils, il y a quelques mois ou il y a un an, il était décédé, il y avait un marathon, il y avait un homme de 33 ans qui était décédé à la ligne d'arrivée du marathon. Puis c'était son fils. Puis elle a dit, moi, j'ai vu plein de psychologues, j'ai vu plein de thérapeutes, tout ça. Puis elle a dit, c'est la première fois que je vois une lueur d'espoir par rapport à la mort de mon fils.
- Speaker #0
Wow, comme quoi les histoires, quand on parlait de timing tantôt, peuvent avoir cet impact-là qu'un psy, qu'un thérapeute, que peu importe, nommons-les, les professionnels n'ont pas toujours l'impact souhaité.
- Speaker #2
Elle a levé le pic-là, ils ont formé le doctorat, puis là elle disait, oui peut-être que cette mort-là, l'adversité, c'est une grosse adversité, mais pour la première fois, elle se dit, peut-être que ça va m'amener plus haut plutôt que plus bas.
- Speaker #0
à s'identifier à cette histoire-là, à cette émotion-là. Wow ! C'est puissant,
- Speaker #2
hein ? Vraiment. À tous les fois, j'ai la chair de poule, parce que c'est ça, c'est vraiment une communion d'histoires. Parce que moi, j'ai eu la chance de prendre ces histoires-là et de leur donner un rayonnement, parce que sinon, ces histoires-là resteraient cachées. Puis c'est ça. Je reçois vraiment beaucoup de courriels, surtout de ce temps-ci, avec l'actualité, c'est assez morose. Des fois, j'essaie de raconter. Tu disais tantôt, des fois, tu essaies de raconter des histoires, mais de ce temps-ci, effectivement, des fois, j'essaie d'une petite histoire positive. Oui,
- Speaker #0
avec une leçon, un apprentissage, une happy end.
- Speaker #2
Oui, juste comme une belle histoire. J'avais raconté une belle histoire de DPJ, parce que des fois, je raconte des mauvaises histoires de DPJ, mais on a besoin de bonnes histoires aussi, des fois, juste pour nous alléger.
- Speaker #0
Un peu comme moi, en fait, ton livre... les gens heureux ont une histoire. Ça m'a fait un peu l'effet des bouillons de poulet pour l'âme. C'est-à-dire que c'est plein de petites histoires qui se consomment rapidement, rapidement quelques pages. Et à chaque fois que l'histoire se termine, on a ce sentiment de bien-être-là, d'inspiration-là qui nous... C'est ça que tu cherches à créer. D'ailleurs, tu dis ces temps-ci davantage parce que oui, effectivement, l'actualité est en escalier. On a besoin. L'humain a besoin de lire ces histoires-là.
- Speaker #2
Puis on le voit dans les commentaires au soleil. Maintenant, on a des commentaires sur notre site. Puis les gens nous disent « Merci, ça fait du bien. » Tu sais, c'est ça. Des fois, je dis que je raconte mes histoires pour deux raisons. Soit pour, mettons, les histoires où c'est plus difficile, où il y a des parents qui ont des enfants avec des besoins particuliers, par exemple. Puis il y en a plein de parents qui se mobilisent, puis qui ont trouvé des solutions, tout ça. Fait que moi, je me dis, les personnes qui ne vivent pas ça se disent, « Ouf, finalement, ma vie n'est pas si pire. Je ne vis pas ça. »
- Speaker #0
Ce qu'on parle, on se contrôle. Oui,
- Speaker #2
puis les autres qui vivent ça, ils se disent, « Bien, il y a des solutions. » Oui. Il y a de l'espoir, il y a moyen de... de voir les choses autrement.
- Speaker #0
Es-tu d'accord avec ça, toi, que les histoires ont ce pouvoir de connexion, vraiment ?
- Speaker #2
Oui, ben oui. Ben oui, c'est ça. Oui, ben c'est clair. Quand on raconte quelqu'un, on va lui raconter d'où on vient. Déjà, on raconte nos propres histoires. On s'est parlé avant l'entrevue, puis je veux dire, on a vraiment beaucoup de points communs, comme notre non-amour de Noël.
- Speaker #0
Notre amour de Noël ?
- Speaker #2
Notre non-amour de Noël. Notre désamour de Noël.
- Speaker #0
C'est rare quand même.
- Speaker #2
Donc, c'est ça. On pourrait raconter quelque chose là-dessus, notre rapport à Noël. Il y a de l'histoire partout. Et effectivement, c'est tout le temps la mise en commun de l'histoire qui fait qu'on se retrouve des proximités ou des connexions.
- Speaker #0
Qui crée des ponts vers l'autre, vraiment. Et toi, Mylène, qu'est-ce que ça vient nourrir pour toi personnellement ? Parce que là, tu dis... À cet impact-là, on trouve des solutions, ça fait du bien. Pour toi, la chroniqueuse qui écrit ces mots-là, qu'est-ce que ça vient faire ?
- Speaker #2
Bien, c'est pour... Pour moi, c'est une grande responsabilité de raconter des histoires parce que je les raconte publiquement. Puis tu sais, moi, les gens qui me racontent leur histoire, ils savent pas qu'est-ce que je vais écrire de leur histoire. Tu sais, moi, mes rencontres, ça dure une heure, deux heures, puis je vais sortir entre 800 et 1000 mots de ces rencontres-là. Donc la personne sait pas sur quoi je vais mettre l'accent. Donc première chose, pour moi, c'est une très, très, très grande responsabilité parce que ces gens-là se confient à moi et acceptent que je raconte leur histoire publiquement. Puis ça, c'est vraiment pas rien, là. Tu sais, c'est... extrêmement consciente de ça. Des fois, c'est très long d'écrire. Des fois, ça va me prendre un jour ou deux. Je vais laisser l'entrevue ou les propos de la personne un peu mijoter ou... Tu sais, moi, j'avais de la famille qui avait une ferme, puis tu sais, quand le petit lait monte, là. Quand on rentrait la vape, puis le petit lait monte, ben t'es pas le petit lait, ça prend un petit peu de temps, mais qui remonte, mais c'est ça. Fait que dans la fond, j'essayais de trouver le petit lait de l'histoire que la personne m'a racontée. Évidemment, quand j'arrive à le mettre en mots, souvent l'histoire s'écrit dans ma tête. Je dis souvent que je la télécharge. Quand je m'assis à mon ordinateur, habituellement, c'est pas mal...
- Speaker #0
le fil narratif est fait.
- Speaker #2
Oui, le fil narratif. Ça, c'est bien important. Ça, c'est ma technique de journaliste et de chroniqueuse aussi. Mais l'art du récit, c'est d'amener le lecteur... Tu l'accroches au début, puis il ne faut pas qu'il décroche. Il faut qu'il finisse une ligne Il est obligé d'aller à l'autre d'après Parce qu'il veut savoir ce qui se passe Comme le tourne-page quand on lit un livre Le tourne-phrase, on n'est pas capable de s'arrêter D'ailleurs, moi, des fois, c'est tellement Cislé, c'est tellement comme Chaque paragraphe qui suit Est connecté avec le précédent Que des fois, je veux rajouter un bout Ou je veux enlever un bout, puis là, je ne suis pas capable Parce que ça brise le fil
- Speaker #0
Oui, ils sont trop bien mariés ensemble Oui, c'est ça Moi,
- Speaker #2
c'est long avant De... le titre, il faut que je trouve le titre, je trouve le premier paragraphe, puis après ça, bien, souvent, ça déboule. Puis après, la petite phrase à la fin, bien là, ça, des fois, ça me tue plus long, mais...
- Speaker #0
Ah, j'adore, j'adore. Moi aussi, dans mon travail, j'ai à rédiger, justement, puis quand tu dis le fil narratif, l'arc narratif, tout à fait. Dans mon cas, c'est les pépites que je vais aller extraire. Dans mon univers, c'est ce que je dis, puis quand j'ai toute cette... Cet ensemble de pépites là, qui fait du sens, alors là je suis en mesure de télécharger comme tu dis l'histoire, un peu le même processus là, mais effectivement je comprends quand tu dis un coup qu'on peut bouger rien, c'est comme des sons là.
- Speaker #2
Puis tu sais, à force de faire des entrevues ou de rencontrer des gens, parce que c'est pas obligé de faire un texte avec ça, mais on les pépites, ils se révèlent assez naturellement. Moi je prends encore des notes dans un calepin de notes. Puis quand la personne me parle, je vais mettre une petite étoile. Je le sens. Les gens qui font de la radio, les réalisateurs, ils vont mettre un petit marqueur pour dire que cette citation-là est bonne. Mais moi, quand je vois quelque chose comme « Ah oui, ça, c'est bon. Ça, ça ressort. Ça, ça se distingue. » Justement, là, je vais trouver de l'universel.
- Speaker #0
Oui, tu as ce talent-là avec le temps. Oui,
- Speaker #2
je pense que c'est ça.
- Speaker #0
Tu les vois émerger sans avoir à faire un grand travail ensuite. C'est comme naturel. Ça émerge. Oui, très bien. Je comprends. Oui. Est-ce qu'il y a des personnes qui refusent ? de faire raconter leur histoire, que toi, t'aimerais donc raconter leur histoire. C'est-tu déjà arrivé, ça ? Ou c'est plus dans l'inverse qui se passe ?
- Speaker #2
L'inverse est arrivé. J'ai déjà écrit une chronique sur un monsieur puis il m'a harcelé pendant des mois pour que j'en écrive un autre. Ah ! Là, je t'ai lu bien. Il a aimé ça. Oui, il était content. En plus, là, encore. Mais non, en général, non. Bien, tu sais, je suis rare que... Des fois, les gens qui vivent des choses plus difficiles, c'est arrivé une fois... Un père dont le fils avait commis des choses assez hallucinantes, mais lui, il ne le sentait pas, il n'était pas rendu là. Mais en général, c'est rare que je vais faire les premiers pas. Parce que tu reçois tellement de courriels. Écoute, j'ai des centaines de courriels. Pas de jour ? Non, mais comme dans un dossier, j'ai des sujets, j'en ai... plein plein plein les gens ils se demandent si je manque de sujets non non tenez là pour dire c'est vraiment puis je reçois beaucoup de courriels c'est à peu près 12 ans j'ai dû recevoir à peu près 30 000 35000 courriel comment j'ai tout répondu tous répondu tu réponds à tous les courriels espèces de voir le même si je me dis mon temps est pas moins précieux plus précieux que les gens qui m'écrivent si tu prends le temps de m'écrire je prends le temps de répondre Mais non, des fois, c'est un peu long. Des fois, là, ça va bien. Je suis comme à jour dans mes courriels, mais ça, c'est toujours... Des fois, je peux en avoir 1400 courriels de retard à répondre. Oh,
- Speaker #0
mon Dieu ! Tu réponds toi-même.
- Speaker #2
Oui, oui, moi-même.
- Speaker #0
Tu n'as pas d'assistante qui répond à tes courriels.
- Speaker #2
Non, mais c'est important parce que, tu sais, des fois, c'est dans ces courriels-là que je peux trouver un autre sujet.
- Speaker #0
Es-tu d'accord, toi, de dire que la vulnérabilité prend une grande place dans les histoires que tu racontes ?
- Speaker #2
Vulnérabilité, ça dépend. Souvent, les gens sont dans des situations de vulnérabilité, mais moi, j'essaie justement de donner plus comment ils composent avec leur vulnérabilité. Donc, c'est jamais juste dire, voici, d'exposer la vulnérabilité, mais d'exposer, quand je dénonce une injustice, évidemment, là, c'est différent parce que... Là, souvent, les personnes n'ont plus de recours. Souvent, ça aussi, ça arrive. Je suis un peu comme Obi-Wan Kenobi. Vous êtes mon seul espoir. Donc, ça, ça m'arrive aussi. Ça, c'est que les gens qui m'écrivent, ils ont tout essayé. Ils ne savent plus où frapper. Donc là, oui, il y a un élément très fort de vulnérabilité.
- Speaker #0
Puis ça, toi, c'est-tu un élément qui te touche particulièrement ?
- Speaker #2
Oui,
- Speaker #0
bien oui. C'est-tu quelque chose qui fait en sorte que, OK, là... Je vais prendre ce sujet-là.
- Speaker #2
Oui, ça c'est clair. Il ne faut pas que ce soit un cas isolé trop non plus, parce qu'il y a l'aspect universel aussi, parce que je m'adresse à des milliers de personnes. Donc des fois, les gens vont m'exposer un cas très très précis, mais tu vois, dans ce cas-là, je ne vais pas... Des fois, je vais les orienter vers d'autres ressources, je fais ça aussi. J'ai un petit côté... Tu ne vas pas les rester tant. Non, c'est ça. Les centres de justice de proximité, j'ai un... Un éventail de ressources vers lesquelles je peux les diriger, parce que des fois, les gens, ça m'est même arrivé d'appeler la police parce que j'ai eu des propos suicidaires de quelqu'un. Ça, c'est arrivé deux fois. Fait que, c'est ça, il y a un côté, tu sais, quand tu vas dans l'humain, tu vas dans l'humain, tu sais, all in, là, tu sais, t'es vraiment... Parce que les gens, oui, je raconte des histoires, mais tu sais, les gens me perçoivent comme... Ils se sentent proches de moi. Parce que, tu sais, des fois, je me raconte tout ça un peu. Je parle de mes enfants. Donc, tu sais, souvent, les gens me disent « Bonjour, Mylène. » Tu sais, « Je te tutoie parce que j'ai l'impression de te connaître. » Donc,
- Speaker #0
c'est ça. C'est un contact facile, il faut dire, Mylène. Oui. Oui, oui. Je pense que c'est important aussi dans ce que tu fais.
- Speaker #2
Oui,
- Speaker #0
bien c'est ça. De rentrer facilement en contact avec les gens parce que, comme tu dis, ils se livrent à toi. C'est ça ton... ton objectif,
- Speaker #2
tu peux y aller sur le contrôle. Je ne peux pas dire « livrez-vous à moi » , mais en même temps, si je provoque des choses chez vous, ou si vous avez le goût de me contacter pour d'autres choses, ça vient avec. Il faut que tu acceptes ça aussi. Oui,
- Speaker #0
tu as une approche très humaine, très relation d'aide, à la limite.
- Speaker #2
Moi, quand j'ai fait... Je voulais toujours être journaliste, mais le côté « aider les autres » , ça a tout le temps été très présent chez moi. Donc là, c'est le... C'est le mélange parfait. Oui. Parce que j'écris des histoires, mais en même temps, effectivement, je fais du bien.
- Speaker #0
Tu fais du bien à travers ça. Tu es comme une psychologue ambulante.
- Speaker #2
Oui,
- Speaker #0
oui.
- Speaker #2
C'est là qu'on voit que la madame et son fils, ça fait partie, je pense, d'un ensemble de choses qui peut aider les autres.
- Speaker #0
Tout à fait. Tout à fait. Puis, tu sais, dans le contexte économique dans lequel on est, dans les enjeux aussi des médias traditionnels dont le journal fait partie, comment tu expliques ça qu'avec toutes les coupures, on en parlait justement off the record avant, toutes les coupures dans les journaux que ta chronique est toujours vivante ?
- Speaker #2
J'ai des patrons extraordinaires, qui m'aiment beaucoup. Mais non, mais effectivement, je pense que je me suis fait un nom, je me suis fait une niche. Quand j'ai commencé ça il y a 12-13 ans, ça n'existait pas vraiment. Le « human » a été longtemps un style très dénigré, un peu comme les fêtes d'hiver d'ailleurs. Donc, toute l'histoire « human » , c'était très vu comme du journalisme de bas étage. quand j'ai quand j'ai appris le sté les 5 w les l'espèce de l'île de toute l'histoire dans les dons que pourquoi lire la suite ouais ouais donc les anglais avait pas ça mais les francophones on avait sur le 5 w le journalisme très classique donc c'est ça donc on est sortis de ça, puis je pense que l'évolution, c'est vers un peu ce que je fais, puis d'autres fonds. Émilie Dubreuil le fait à Radio-Canada. Raconter l'histoire des gens pour raconter la petite histoire et la grande histoire, on la voit de plus en plus. Parce que les gens ont compris, les médias ont compris que tu vas bien plus toucher tes lecteurs si tu leur passes, si tu rentres par Julie, que si tu rentres par un sondage qui dit que 22% des jeunes filles, c'est bon. C'est ça, parce que dans le fond, si on veut, on veut être lu. Puis bon, évidemment, les jeunes, je pense que ça les touche plus quand il y a une proximité avec le sujet. Mais je pense que les Anglais, même moi, quand j'ai commencé, puis c'était vraiment, nous, on était très, très, très, c'était très clérical, notre affaire. Mais moi, j'avais lu un des manuels de journalisme qui m'avait marqué. C'était un manuel anglais que j'avais lu. puis les derniers mots du manuel, tu apprends toutes les règles du journaliste, puis la dernière phrase c'était « have fun » . Amuse-toi. Si tu arrives dans une conférence de presse, puis c'est une phrase qui t'a marquée, bien, pas avec cette phrase-là. Puis moi, j'ai supervisé des stages, on a des stages au soleil, puis souvent les jeunes stagiaires, ils rentrent au bureau, puis là ils disent « Hey, là, j'allais couvrir ça, puis là, c'est capoté. Là, ils font ça, puis enfin, ok, wow, tu sais. » Fait que là, ils écrivent, là, ils t'envoyent ton texte. Hier soir, au palais des congrès, le nanana, c'est un ennui. Là, t'es comme, non, c'était pas ça que tu me racontais.
- Speaker #0
Il y a pas beaucoup de fun, là, présentement.
- Speaker #2
Mais on dirait qu'il y a encore ce réflexe-là, tu sais, je pense peut-être dans les écoles ou dans la formation, ou dans le... quand on se fait pas confiance, on y va peut-être pour les choses plus de base, là. Mais là, je dis non, mais il faut que ce que je lise, c'est ce que tu me racontais.
- Speaker #0
Il faut qu'il y ait de l'émotion. Oui,
- Speaker #2
mais tu sais, c'est souvent, quand on arrive... quelque part, mettons que tu vois un film, tu vas arriver après le film, tu vas dire « il y a un bout du film qui t'a marqué » . Oui,
- Speaker #0
assurément.
- Speaker #2
C'est ça. Mais si tu fais une critique du film, plus beige, plus tu vas dire les protagonistes.
- Speaker #0
Tu fais une description plus nulle.
- Speaker #2
C'est ça. Mais moi, je pense que quand on raconte une histoire, il faut vraiment y aller par, d'abord, ce qui nous a marqués, puis après ça, pour accrocher la personne.
- Speaker #0
Il faut accepter de se laisser toucher soi-même. Oui, c'est ça. C'est super important. Oui, c'est ça. Puis pas de mettre ça de côté.
- Speaker #2
Non, c'est ça justement, c'est vraiment précisément ça que j'observe chez les stagiaires ou les nouveaux, c'est qu'ils se sentent comme dans l'obligation d'écrire quelque chose d'un peu classique ou un peu traditionnel.
- Speaker #0
Avec une structure peut-être qu'ils ont appuyé à l'école.
- Speaker #2
Peut-être des entrepreneurs aussi, c'est ça, mais quelqu'un qui n'est pas... habitué à faire ça, il va avoir tout de suite le réflexe de parler de choses de très large ou de très vague, alors que souvent, c'est plus par une anecdote ou plus par un petit détail, que là, tu vas vraiment toucher à l'histoire pour vrai.
- Speaker #0
Tout à fait, tout à fait. J'aime que tu dises que tu vois comme l'avenir, si on veut, tu me corriges si je me trompe, si j'ai bien compris ce que tu veux dire, mais comme si on est voué de plus en plus à raconter les histoires. toucher, puis à voir ça comme valorisé, puis ça, alors qu'avant, c'était l'inverse. Il y a comme un déplacement, je crois, une inversion, si on veut, avec ça. Puis je le crois aussi, je partage absolument cette croyance-là, puis je le vois de plus en plus. Puis...
- Speaker #2
C'est d'autant plus important avec l'intelligence artificielle.
- Speaker #0
Oui !
- Speaker #2
Parce que...
- Speaker #0
Allons-y !
- Speaker #2
Bien oui, parce que, tu sais, je veux dire, c'est facile de demander à ChatGPT, raconte-moi l'histoire de... Mais tu sais, Il faut que ce soit une vraie histoire, mais le danger d'aller dans les généralités, c'est que l'intelligence artificielle peut faire ça. Te pondre un texte sur...
- Speaker #0
Peu importe quel sujet.
- Speaker #2
C'est ça. Mais une histoire vraie qui touche à l'émotion, on n'est pas encore rendu là. Puis Julie, il faut qu'elle existe.
- Speaker #0
Oui, c'est ça qui te démarque. Toi, beaucoup, c'est ce qui démarque tes chroniques, puis c'est ce qui continue de toucher autant. sinon de plus en plus d'intérêt de connecteurs.
- Speaker #2
J'avais déjà écrit une chronique il y a quelques années, ça s'appelait La fatigue de Mme Sylvie. C'était une histoire super émouvante qui m'avait vraiment touchée. C'était le chum qui m'avait écrit. Sa blonde était prof au primaire, super dévouée. Elle s'est brûlée à l'ouvrage. Elle a eu une infection autour de la Saint-Valentin. Elle avait fait des petits chocolats pour ses élèves, des petits sacs de chocolat. Puis, infection fulgurante, elle est décédée. avant de pouvoir avoir remis les petits sacs. Puis finalement, c'est son chum qui était allé remettre les petits sacs. Puis ça s'appelait « La fatigue de Mme Sylvie » parce que c'est un peu son dévouement comme prof qui avait fini par... qui a été décédé en état de fatigue extrême. Puis écoute, ça avait été partagé ou lu 2,7 millions de fois. À l'époque où on pouvait savoir les chiffres.
- Speaker #0
Oui, j'avoue, maintenant,
- Speaker #2
c'est plus possible. Non, mais ça n'a plus pu, mais c'est ça, ça avait été partagé, pas celle-là, mais ça, 2,7 millions, ça avait été vu deux fois. Fait que, tu sais, c'est ça, puis clairement, c'est allé en Europe. Mais, tu sais, c'est là que tu vois une histoire, en plus, avec les réseaux sociaux, puis avec Internet, maintenant aussi, tu sais, on peut être lu partout. Oui. Tu sais, 2,7 millions, c'est clairement pas à Québec.
- Speaker #0
Non, c'est pas juste la ville de Québec. On s'entend.
- Speaker #2
Oui. Fait que ça, c'est une belle, moi, je trouve ça, c'est une belle évolution, là, de pouvoir être lu partout. parce qu'on le voit le tic à j'écris une chronique plus à part d'un réseau le c'est comme ça par là le tout va plus le fun parce que tu touches plein de gens oui tout à fait oui fait que tu vois ça donne un très positif ben oui oui l'impact que ça peut gérer les gens sa bonne parce que c'est sûr que mais là nous on a un mur payant fait que c'est sûr que si ça va viral ça va un petit peu moins virale qu'avant parce que c'est des gens on doit 6 articles gratuits par mois avec leur courriel mais là c'est sûr que c'était rendu à ton septième pas beaucoup de m 10 piastres mois Ben là...
- Speaker #0
Oui, je comprends. C'est ça, il y a cet enjeu-là.
- Speaker #2
Oui, c'est sûr. Mais tu sais, c'est le choix qu'on a fait parce que... Il faut vivre. Mais oui. Mais non, c'est ça. Mais ça, les réseaux sociaux, on le voit vraiment beaucoup. Mais tu sais, c'est ça qui est un peu insultant. C'est que, tu sais, c'était comme un échange de bons procédés qu'on était sur Facebook, où, tu sais, ça faisait des commentaires, ça faisait rouler, les autres, ça leur faisait du contenu, tu sais. Puis... Du coup, me semble que ça n'aurait pas été la fin du monde s'ils nous avaient donné une petite redevance. Quelque part, tu prends du contenu, il faut que tu... Comprends. On sait c'est quoi.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #2
oui. Mais c'est ça, les autres ont choisi de tout nous couper, mais c'est ça. Moi, je trouve que là-dessus, tout le monde est un peu perdant. Oui,
- Speaker #0
oui. Dis-moi donc, j'ai deux dernières questions pour toi. OK. La dernière, c'est... Je pense à mes auditeurs. Puis tantôt, tu as parlé un peu de ça quand même, tu as répondu à ça, de quelle façon on contacte Mylène, qu'on peut espérer avoir un retour. J'espère avoir un retour, on a toujours un retour de ta part, tu réponds à tous les courriels, mais espérer être l'élu, si on veut l'être choisi. Tu as dit que c'était surtout par courriel que les communiqués de presse, tu les lisais pratiquement pas ou moins, en tout cas peut-être, c'était quelque chose qui t'attirait moins. C'est quoi les faux pas à ne pas commettre ? Y en as-tu ?
- Speaker #2
Oui, euh... Pas vraiment. Si c'est trop... Non, vraiment chaque...
- Speaker #0
Il n'y a pas d'angle ou de sujet à proscrire ou des choses vraiment que...
- Speaker #2
Non. Non. Non. Bien, tu sais, il y a des choses que je ne fais pas, mais ça, ça ne touche pas les entrepreneurs, mais tu sais, comme les campagnes de sous-financement pour les maladies.
- Speaker #0
Ah, il doit y en avoir qui essaient de te contacter pour ça.
- Speaker #2
Oui. Ça, je me suis pris comme ligne de ne pas en faire. C'est très difficile, ça. C'est vraiment une ligne qui est très, très dure à tenir parce que, tu sais, je pourrais en faire à toutes les semaines.
- Speaker #0
Mais là-dedans se trouvent des histoires de gens qui sont dans le dernier espoir, qui espèrent...
- Speaker #2
Exactement, exactement. Ça, c'est vraiment très difficile de répondre à ces courriels-là. Ça, c'est très, très, très difficile. Parce que là, il faut que je leur dise, tu sais, j'écrirai pas cette histoire-là, même si je peux être tout à l'envers ou... Tu sais, je l'ai faite une fois pour adapter un domicile, mais tu sais, vraiment pour aller en Allemagne, subir un traitement, là, je vais pas là, tu sais. Mais ça, c'est difficile.
- Speaker #0
Je comprends.
- Speaker #2
Mais... toi d'abord pour moi oui parce que tu sais je sais ce que je ferais une différence que je ferais pas de différence des fonds le couvre en nouvelles des fois si je vois que comme une nouvelle où ça peut être traité par un de mes collègues je le fais tu réfères à louis porteau et des fois c'est du corps c'est du cas par cas quand je vois qu'ils ont des bons réseaux aussi des fois des très bons réseaux ça ça aide aussi mais pour y'a pas de faux pas même tu es motivé courir avec des fautes, ça me dérange même pas. Il y en a qui disent, ah, bien là, ça donne une idée de... ça donne une idée de rien. C'est pas ça que je cherche. Non, non, c'est ça. Mais, tu sais, des paragraphes, là. Des paragraphes, des phrases complètes. Même pas, mais tu sais, je veux dire, un gros moton, un gros moton de texte, là, ça, non. Ça va être moins digeste, mais ça va lire pareil. Puis il y aura peut-être une histoire dedans. Tu sais, moi, j'ai jamais d'a priori quand je reçois un courriel. Ça peut être, c'est ça, tu sais, si tu... Si tu viens toucher une de mes cordes, mais tu sais, j'en ai plein de cordes, fait que tu sais, mais des fois je peux pas tout faire, des fois c'est plus ça, tu sais, des fois c'est que je voudrais, mais j'ai trois chroniques par semaine, puis j'ai 24 heures dans une journée. Oui,
- Speaker #0
oui, c'est ça. Ah oui, tu dis, j'ai plusieurs cordes, donc la meilleure façon c'est de, on va se le dire, hein, d'apprendre un petit peu plus sur toi, qu'on écrit à quelqu'un, il faut faire minimalement un peu ses devoirs.
- Speaker #2
Oui, oui, mais tu sais, en fait, c'est que les gens, en me lisant... Souvent, c'est ça. Souvent, les gens vont m'écrire en me présentant une histoire qui est proche de celle que je raconte. Oui. Ils voient bien qu'il y a une parenté entre ce qu'ils m'écrivent et ce que j'écris d'habitude. Déjà là. Oui,
- Speaker #0
c'est ça. Ils ont plus de chance.
- Speaker #2
Ils ne vont pas me raconter « Je viens d'inventer un gadget qui fait que tu vas sauver 23 % d'eau quand tu prends ta douche. » Je vais faire comme « Ah non ! »
- Speaker #0
Ce que beaucoup d'entrepreneurs vont avoir le réflexe de prendre, de mettre de l'avant le bénéfice du produit ou du service.
- Speaker #2
On n'est pas là. Tu vas écrire Annie, qui est directrice des pages d'affaires, tu vas lui parler de ton bidule.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. L'angle ne sera pas du tout tout à fait intéressant. Pour terminer, Mylène, quelle est la meilleure histoire que tu rêves d'écrire, que tu n'as pas encore écrite ? Est-ce qu'elle existe ?
- Speaker #2
Je sais pas si c'est comme un artiste avec la meilleure chanson, j'imagine. Écoute, non, je ne regarde pas en avant, moi. Moi, je suis vraiment là. C'est même ma vie, là. En fait, au Cégep, quand j'étais au Cégep en journalisme, ils nous ont fait remplir un petit papier, qu'est-ce qu'on se voyait à 30 ans, ou où est-ce qu'on voyait notre carrière. Moi, c'était journaliste politique au soleil. J'ai été à 28 ans. Wow !
- Speaker #0
J'ai été bêtement content.
- Speaker #2
Fait qu'à 28 ans, j'étais comme pognée à avoir réalisé le rêve de ma vie. Fait que je te dirais qu'après ça, ça a fait comme, OK, bien regarde, elle ne devienne que pour un. Puis, tu sais, moi, c'est ça, les choses se présentent à moi. Tu sais, la direction, tu sais, j'étais direction de l'information. Ça s'est présenté à moi. Moi, je ne suis pas une bosse dans l'âme, là. Mais tu sais, j'ai fait ça avec super, avec passion. J'ai adoré ça ces années-là. Bon, l'écriture m'a manqué, mais tu sais, je veux dire, je suis sautée là-dedans, pieds joints. C'est pas quelque chose que j'aurais pensé faire. Je l'ai fait. Tu sais, mes projets de livres, ça m'est arrivé. Tu sais, tu veux écrire un livre, ah ben, écrivons un livre, tu sais. Là, je fais de la radio, Amis Info, des fois, je commente l'actualité. Ah oui, ça me tente-tu ? Comment je le sens ? Si ça me tente pas, je vais le laisser passer. Mais en général, c'est vraiment juste là, présentement, ça me tente-tu d'embarquer là-dedans ? Puis si la réponse est oui, ben je vais. Mais j'ai pas de... Je n'ai pas de rêve de poulet dur. Je n'ai pas d'ego beaucoup. Je me mets beaucoup au service de mes histoires. C'est comme l'histoire qui vient avant moi. Je ne sais pas quelle histoire m'attendre.
- Speaker #0
C'est beau. Tu saisis les opportunités. Tu les laisses venir à toi. Tu es très accueillante là-dedans. Moi, dans la manifestation.
- Speaker #2
Je ne force pas les choses.
- Speaker #0
C'est ça, exact. Wow, merci Mylène. Ça fait un plaisir. Les auditeurs ? qui aimeraient davantage rentrer en contact avec moi ou te suivre, quel endroit c'est le mieux ? Qu'est-ce que tu as envie ? Où tu as envie de les référer ?
- Speaker #2
Bien, si réseau social Blue Sky. Je ne suis pas encore très présente, mais ça s'en vient.
- Speaker #0
Tu étais à la recherche de...
- Speaker #2
Parce que j'aimais bien Twitter, je dois avouer. Puis X, non. Puis True, non. Fait que c'est ça. Facebook, c'est vraiment une place. Mais moi, je suis très perso. C'est vraiment une page... Mes amis Facebook, c'est vraiment des amis avec qui je prends des viandes.
- Speaker #0
Vous n'allez pas commencer à faire plein de demandes d'amitié. Non,
- Speaker #2
c'est ça. J'en ai au moins quelques milliers qui sont en pendante. Je ne les accepte pas. Mais par courriel. Moi, c'est vraiment le courriel. C'est mon canal de communication préféré.
- Speaker #0
Si on veut plonger vraiment dans tes histoires, on lit tes chroniques dans Le Soleil. On lit tes livres aussi. En tout cas, celui-là, c'est un...
- Speaker #2
Oui, j'en ai juste. Oui, j'en ai plusieurs de deux.
- Speaker #0
Mais effectivement, tu en as écrit plusieurs. C'est un plaisir. Merci vraiment pour la belle chance, Mylène. Et à toi qui nous écoutes, je te donne rendez-vous dans deux semaines pour un épisode solo. Donc, merci pour ton écoute, puis je te souhaite une belle journée. Salut !
- Speaker #1
J'espère que tu repars avec de nouvelles idées pour colorer ta propre histoire et pour se connecter avec ta communauté. Continue à te démarquer, à créer des liens importants, puis ta touche perso. Puis d'ici là, si tu apprécies notre moment ensemble aujourd'hui, Ça serait génial si tu voulais laisser un avis sur le podcast. C'est comme un petit signe de la main quand on se croise dans notre village virtuel. Ça me réchauffe le cœur et ça me donne une meilleure idée de ce qui t'intéresse vraiment. N'hésite pas non plus à partager cet épisode-là avec tes amis ou sur les réseaux sociaux. Et si tu veux continuer la discussion, utilise le tag lavoisinepro sur Instagram. Ça va me faire vraiment plaisir d'échanger avec toi. On se retrouve très bientôt pour une nouvelle discussion en voisin.