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Atchoum, le podcast des allergies qui répond à tes souhaits

L'allergie : mais de quoi parle-t-on?

L'allergie : mais de quoi parle-t-on?

11min |01/09/2024
Play
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Atchoum, le podcast des allergies qui répond à tes souhaits

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11min |01/09/2024
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Description

Vous pouvez aller plus loin dans vos connaissances sur les allergies avec les sites web oasis-allergie.org et allergique.org où vous me retrouverez mais également d'autres allergologues et patients allergiques pour d'autre type d'informations sur les allergies. Portez vous bien les amis.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut, c'est Atchoum, le podcast des allergies qui répond à tes souhaits. Je m'appelle Philippe, je suis médecin allergologue et je t'emmène avec moi dans le monde passionnant des allergies. Aujourd'hui, je vais vous parler de l'allergie. L'allergie touche environ 25 à 30% de la population française aujourd'hui. Je n'ai pas trouvé la source de cette affirmation, mais si l'on en croit les associations de patients et notre syndicat, l'OMS estimerait que 50% de la population mondiale sera allergique en 2050. Bon, clairement, ça augmente et ça se voit. Quand j'ai quitté les urgences dans les années 90 pour devenir allergologue, le président de l'Ordre des médecins, un professeur de pneumologie, m'a demandé pourquoi je quittais la médecine pour faire du psychologique. Ouais, il n'était pas le seul à le penser à l'époque. Le livre de référence des gastro-entérologues, le Frexinos, écrivait noir sur blanc, tranquillement, que l'allergie alimentaire, ça n'existe pas. C'était un autre temps. Pourquoi j'ai quitté les urgences pour devenir allergologue ? Mon fils aîné a mangé un bout de kiwi dans l'assiette de sa mère. Il avait dix mois et quelques minutes après, mon petit bordelais s'était transformé avec un visage tout bouffi, des plaques partout et des sifflements très inquiétants. C'est clairement le genre de truc qui réoriente ta carrière. J'ai profité de l'année du service militaire pour bosser l'immuno, passer l'examen d'entrée à la formation, l'examen de sortie, et depuis, l'allergie, c'est ma vie. Dans les années 90, Von Mutius, une médecin allemande, a observé que les patients allergiques étaient plus fréquents en ville qu'à la campagne. Alors quand le mur de Berlin s'est effondré, elle a suivi la population d'Allemagne de l'Est qui avait peu d'allergiques, et, avec l'adoption du mode de vie occidental, La prévalence des allergies à l'Est a rapidement rattrapé celle de l'Ouest. Le mode de vie que nous adoptons change les maladies dont nous souffrons. Quelques années plus tôt, en Croatie, c'est l'historien des sciences Mirko Girmesh qui invente le terme de pathocénose. Les maladies sont en concurrence les unes avec les autres et elles dessinent le paysage d'une époque. Des maladies disparaissent, d'autres apparaissent, certaines se concurrencent. Notre mode de vie occidentale a fait flamber trois maladies, les allergies, les diabètes et les mycies, maladies inflammatoires chroniques intestinales. Ce mode de vie a aussi permis de faire chuter la mortalité infectieuse et la pollution à grosses particules, avantages et inconvénients. Mais l'allergie, c'est quoi ? Votre système immunitaire est le gardien de votre intégrité. Il trie entre ce qui est à vous et ce qui ne devrait pas être là. Il empêche les microbes et parasites de rentrer ou du moins de rester actif et il est chargé de détruire les cellules anarchistes de votre corps et souvent il fait très bien le job. Parfois non. L'allergie c'est une erreur de votre système immunitaire par excès. C'est une erreur vis-à-vis de substances extérieures à vous. Des trucs comme le kiwi, du caca d'acariens, du lait, du pollen, que des trucs naturels. Car le problème ce n'est pas le kiwi, non. Le problème, c'est que votre système de défense a décidé, un jour, que certaines molécules du kiwi avaient quand même une tête de truc pas normale et que du coup, il fallait s'en défendre. Il s'est trompé, ça arrive. Je détaillerai dans un autre épisode comment on devient allergique. Une fois que votre système immunitaire s'est trompé, il a tendance à vouloir faire mieux au fur et à mesure des rencontres. Chaque crise d'allergie qui entraîne une inflammation allergique va se compliquer d'une fabrication de nouveaux anticorps, de nouvelles cellules mémoires. et finalement, vous allez être plus allergique. J'en vois quelques-uns qui se disent que c'était peut-être pas une bonne idée de laisser traîner leur allergie pour que leur système immunitaire devienne plus fort, et je suis d'accord, votre système de défense a amélioré sa défense, vous êtes juste devenu plus allergique. D'autant que l'inflammation créée par la crise a été l'occasion pour votre système immunitaire de se demander s'il ne devrait pas ajouter à ses défenses actuelles un ou deux autres trucs présents dans l'environnement en même temps. Le poil du chat ? Ouais, pourquoi pas. Vous voilà désormais sensibilisé au chat, en attendant la crise d'allergie quand vous serez parti, puis revenu. C'est l'occasion d'un point vocabulaire. D'abord, les allergènes. Ce sont des antigènes spéciaux qui provoquent des allergies. Des petites molécules constituantes du vivant, des briques, vis-à-vis desquelles nous sommes capables de mettre en place une réaction d'allergie. La liste en est restreinte, elle est accessible sur le site allergènes-sans-eux.org. Les allergènes sont dans des sources, les pollens, la salive, un fruit, un débris d'acariens, et parfois dans plusieurs sources à la fois, pollens et fruits par exemple. L'allergène majeur du noisetier, Cora 1, est présent de manière homologue dans le pollen du noisetier bien sûr, mais aussi dans la noisette, dans la pomme ou la carotte. C'est le domaine passionnant des allergies croisées que nous aborderons plus tard. Quand votre système immunitaire fabrique des anticorps ou des cellules contre un allergène, mais qu'il n'y a pas encore de symptômes d'allergie, on dit que vous êtes sensibilisé. Quand il y a des symptômes au contact de l'allergène, vous êtes allergique. Quand, après avoir été allergique, il n'y a pas de symptômes au contact de l'allergène, vous êtes tolérant. La tolérance fait appel à la notion de dose-seuil. Vous pouvez supporter votre allergène tant que la quantité ne dépasse pas le seuil de déclenchement de la réaction d'allergie. C'est le monde merveilleux de la désensibilisation, de l'induction de tolérance, immunothérapie allergénique et tout le tintouin. Vous avez les grandes lignes. Maintenant, compliquons un peu les choses. Votre système immunitaire a plusieurs outils à sa disposition pour faire de l'allergie. Des anticorps et des cellules, différents types d'anticorps, différents types de cellules. Malgré le grand âge de cette classification, 1975, on n'a pas encore trouvé mieux que celle des Britanniques Robin Coombs et Philippe Gell pour parler des hypersensibilités immunitaires. Ils les ont classées en quatre familles de réactions, et ce sont en gros les quatre types d'allergies. Les allergies de type 1, dites immédiates, elles sont dépendantes des IGE, anticorps de la famille E, ce sont les plus connues. à la fois les plus banales et les plus mortelles. Acariens, pollens, arachides, etc. Elles surviennent en quelques minutes, une demi-heure maximum, sauf la viande, mais nous verrons cela plus tard. Les allergies de type 2, les cytotoxiques. Votre allergène se fixe sur une cellule, le système immunitaire fait des anticorps pour dégommer l'antigène, et il explose la cellule avec. Ce peut être par exemple le Schweppes que vous buvez en terrasse qui va se fixer sur les plaquettes du sang. Oui, ça existe. Le résultat, c'est une destruction de vos plaquettes, éléments fondamentaux de votre coagulation par votre système immunitaire. Le timing, c'est quelques heures. Les allergies de type 3, dites aliments complexes, vous faites des anticorps qui vont faire une barrière autour de l'antigène, un gros tas d'anticorps avec l'antigène au milieu. Comme c'est gros, ça ne passe plus les filtres, alors ça fait des dépôts dans les filtres, les articulations, les reins, les alvéoles pulmonaires, en fonction des allergènes. Par exemple, pour les sérums antivenimeux, que l'on fait fabriquer par des chevaux, on va les injecter à des humains. Lors de la deuxième injection, vous pouvez être devenu allergique au sérum de cheval et faire cette maladie allergique également appelée phénomène d'Arthus. Là aussi, on est dans les 6 heures après l'injection d'antivenin. Les allergies de type 4, cette fois, ce sont des cellules qui font le taf, les lymphocytes. L'allergène est constitué par un morceau extérieur qu'on appelle aptène. Le nickel, par exemple, qui se fixe sur un fragment normal de votre corps, en l'occurrence le kératinocyte, une de vos cellules de la peau. Comme toujours, il y a d'abord sensibilisation, le système reconnaît l'adversaire et prépare ses défenses, puis plus tard, lors d'un prochain contact, allergie. Mais là, les lymphocytes, il faut les faire venir. Ils font leur balade sanguine, tranquillement, et ah, tiens, on me demande. Un signal de danger est émis par les macrophages qui ont capté l'allergène, ça les attire, ils vont voir. Oh bah tiens, c'est nickel ça ! Les voilà qui créent une grosse inflammation locale en 24-48 heures que votre médecin appellera eczéma de contact Les allergies de type 1, ça donne donc des rhinites, de l'asthme, des conjonctivites, des urticaires mais rarement isolés, des œdèmes, des chocs anaphylactiques. Bref, en général, quand on parle d'allergie, c'est plutôt de ça qu'on parle. Les allergies de type 2 et 3, c'est des trucs plus rares, avec des médicaments, vous pouvez mettre la quinine à la place du Schweppes, des sérums, de la paille, de la fibre de coton. On en voit à l'hôpital et en médecine du travail, mais pas trop en ville. Les allergies de type 4, ça donne de l'asthme, chrome, isothiazolinone, parfum d'ambiance, et donc probablement des rhinites, mais évidemment et surtout de l'eczéma. En général, c'est testé sur votre dos à la demande des dermatologues ou parce que votre allergologue suspecte un mécanisme de ce type dans vos problèmes. Mais l'allergie, qu'est-ce que ça n'est pas ? Vous vous piquez avec des orties, vous avez un bouton ? Vous n'êtes pas allergique à l'ortie, vous vous êtes injecté une toxine qui active vos mastocytes et vous faites un bouton d'urticaire. Vous vous gavez de thon dans votre restaurant japonais préféré, toute la table vomit, fait de l'urticaire, gonfle, fait un malaise façon anaphylaxie ? C'est une scombroïdose. Ces poissons peuvent être très riches en histamine et vous déclencher comme une allergie, mais sans passer par le système immunitaire. Vous avez un énorme bouton de moustique qui fait bien 10 cm sur le mollet, c'est pas non plus de l'allergie. Inquiétez-vous si, piqué au mollet, vous faites dans les minutes qui suivent une urticaire généralisée de l'asthme, un malaise. Alors oui, si vous avez des inquiétudes sur une réaction, parlez-en à votre allergologue. Mais globalement, l'allergie est un drame, alors elle répond aux règles de la dramaturgie. Unité de lieu, unité de temps, unité d'action. Je profite de ce moment pour remercier Mme Perfiche, ma prof de français du collège. Vous voyez, j'ai au moins retenu ça. Si à chaque fois que je vais chez mamie, je tousse, je siffle, j'ai les yeux qui gonflent, c'est un drame familial. Je suis donc probablement allergique. probablement pas à mamie. On résume. Réagir à quelque chose, parfois oui, parfois non, plus ou moins, c'est probablement pas de l'allergie. L'allergie, c'est une maladie de votre système immunitaire qui a reconnu par erreur des substances normales de l'environnement. Quand la dose en contact avec vous dépasse les bornes, vous quittez la tolérance, vous basculez dans l'allergie. Dans l'allergie, le système immunitaire réagit la plupart du temps en immédiat, dans la demi-heure, avec rhinite, conjonctivite. asthme, urticaire ou anaphylaxie, ou de façon retardée en 48 heures avec de l'eczéma. Nous avons vu qu'il y a d'autres situations, semi-retardées, mais elles sont rares dans la vie quotidienne. Il y a de plus en plus d'allergies, c'est certain. Et aujourd'hui, plus aucun médecin ne nie leur existence. La prévalence de l'allergie à 50% de la population pour 2050, ce n'est pas du bluff. Dès aujourd'hui, si vous demandez autour de vous, vous trouverez pas loin d'une personne sur deux qui éternue au printemps. qui fait de l'eczéma aux bijoux fantaisies ou qui a une allergie alimentaire. Simplement, l'allergique qui évite son allergène, il va bien, ça ne se voit pas. Dans le prochain épisode, je répondrai à vos souhaits en vous parlant de l'allergie aux animaux. Belle journée à vous les amis !

Description

Vous pouvez aller plus loin dans vos connaissances sur les allergies avec les sites web oasis-allergie.org et allergique.org où vous me retrouverez mais également d'autres allergologues et patients allergiques pour d'autre type d'informations sur les allergies. Portez vous bien les amis.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut, c'est Atchoum, le podcast des allergies qui répond à tes souhaits. Je m'appelle Philippe, je suis médecin allergologue et je t'emmène avec moi dans le monde passionnant des allergies. Aujourd'hui, je vais vous parler de l'allergie. L'allergie touche environ 25 à 30% de la population française aujourd'hui. Je n'ai pas trouvé la source de cette affirmation, mais si l'on en croit les associations de patients et notre syndicat, l'OMS estimerait que 50% de la population mondiale sera allergique en 2050. Bon, clairement, ça augmente et ça se voit. Quand j'ai quitté les urgences dans les années 90 pour devenir allergologue, le président de l'Ordre des médecins, un professeur de pneumologie, m'a demandé pourquoi je quittais la médecine pour faire du psychologique. Ouais, il n'était pas le seul à le penser à l'époque. Le livre de référence des gastro-entérologues, le Frexinos, écrivait noir sur blanc, tranquillement, que l'allergie alimentaire, ça n'existe pas. C'était un autre temps. Pourquoi j'ai quitté les urgences pour devenir allergologue ? Mon fils aîné a mangé un bout de kiwi dans l'assiette de sa mère. Il avait dix mois et quelques minutes après, mon petit bordelais s'était transformé avec un visage tout bouffi, des plaques partout et des sifflements très inquiétants. C'est clairement le genre de truc qui réoriente ta carrière. J'ai profité de l'année du service militaire pour bosser l'immuno, passer l'examen d'entrée à la formation, l'examen de sortie, et depuis, l'allergie, c'est ma vie. Dans les années 90, Von Mutius, une médecin allemande, a observé que les patients allergiques étaient plus fréquents en ville qu'à la campagne. Alors quand le mur de Berlin s'est effondré, elle a suivi la population d'Allemagne de l'Est qui avait peu d'allergiques, et, avec l'adoption du mode de vie occidental, La prévalence des allergies à l'Est a rapidement rattrapé celle de l'Ouest. Le mode de vie que nous adoptons change les maladies dont nous souffrons. Quelques années plus tôt, en Croatie, c'est l'historien des sciences Mirko Girmesh qui invente le terme de pathocénose. Les maladies sont en concurrence les unes avec les autres et elles dessinent le paysage d'une époque. Des maladies disparaissent, d'autres apparaissent, certaines se concurrencent. Notre mode de vie occidentale a fait flamber trois maladies, les allergies, les diabètes et les mycies, maladies inflammatoires chroniques intestinales. Ce mode de vie a aussi permis de faire chuter la mortalité infectieuse et la pollution à grosses particules, avantages et inconvénients. Mais l'allergie, c'est quoi ? Votre système immunitaire est le gardien de votre intégrité. Il trie entre ce qui est à vous et ce qui ne devrait pas être là. Il empêche les microbes et parasites de rentrer ou du moins de rester actif et il est chargé de détruire les cellules anarchistes de votre corps et souvent il fait très bien le job. Parfois non. L'allergie c'est une erreur de votre système immunitaire par excès. C'est une erreur vis-à-vis de substances extérieures à vous. Des trucs comme le kiwi, du caca d'acariens, du lait, du pollen, que des trucs naturels. Car le problème ce n'est pas le kiwi, non. Le problème, c'est que votre système de défense a décidé, un jour, que certaines molécules du kiwi avaient quand même une tête de truc pas normale et que du coup, il fallait s'en défendre. Il s'est trompé, ça arrive. Je détaillerai dans un autre épisode comment on devient allergique. Une fois que votre système immunitaire s'est trompé, il a tendance à vouloir faire mieux au fur et à mesure des rencontres. Chaque crise d'allergie qui entraîne une inflammation allergique va se compliquer d'une fabrication de nouveaux anticorps, de nouvelles cellules mémoires. et finalement, vous allez être plus allergique. J'en vois quelques-uns qui se disent que c'était peut-être pas une bonne idée de laisser traîner leur allergie pour que leur système immunitaire devienne plus fort, et je suis d'accord, votre système de défense a amélioré sa défense, vous êtes juste devenu plus allergique. D'autant que l'inflammation créée par la crise a été l'occasion pour votre système immunitaire de se demander s'il ne devrait pas ajouter à ses défenses actuelles un ou deux autres trucs présents dans l'environnement en même temps. Le poil du chat ? Ouais, pourquoi pas. Vous voilà désormais sensibilisé au chat, en attendant la crise d'allergie quand vous serez parti, puis revenu. C'est l'occasion d'un point vocabulaire. D'abord, les allergènes. Ce sont des antigènes spéciaux qui provoquent des allergies. Des petites molécules constituantes du vivant, des briques, vis-à-vis desquelles nous sommes capables de mettre en place une réaction d'allergie. La liste en est restreinte, elle est accessible sur le site allergènes-sans-eux.org. Les allergènes sont dans des sources, les pollens, la salive, un fruit, un débris d'acariens, et parfois dans plusieurs sources à la fois, pollens et fruits par exemple. L'allergène majeur du noisetier, Cora 1, est présent de manière homologue dans le pollen du noisetier bien sûr, mais aussi dans la noisette, dans la pomme ou la carotte. C'est le domaine passionnant des allergies croisées que nous aborderons plus tard. Quand votre système immunitaire fabrique des anticorps ou des cellules contre un allergène, mais qu'il n'y a pas encore de symptômes d'allergie, on dit que vous êtes sensibilisé. Quand il y a des symptômes au contact de l'allergène, vous êtes allergique. Quand, après avoir été allergique, il n'y a pas de symptômes au contact de l'allergène, vous êtes tolérant. La tolérance fait appel à la notion de dose-seuil. Vous pouvez supporter votre allergène tant que la quantité ne dépasse pas le seuil de déclenchement de la réaction d'allergie. C'est le monde merveilleux de la désensibilisation, de l'induction de tolérance, immunothérapie allergénique et tout le tintouin. Vous avez les grandes lignes. Maintenant, compliquons un peu les choses. Votre système immunitaire a plusieurs outils à sa disposition pour faire de l'allergie. Des anticorps et des cellules, différents types d'anticorps, différents types de cellules. Malgré le grand âge de cette classification, 1975, on n'a pas encore trouvé mieux que celle des Britanniques Robin Coombs et Philippe Gell pour parler des hypersensibilités immunitaires. Ils les ont classées en quatre familles de réactions, et ce sont en gros les quatre types d'allergies. Les allergies de type 1, dites immédiates, elles sont dépendantes des IGE, anticorps de la famille E, ce sont les plus connues. à la fois les plus banales et les plus mortelles. Acariens, pollens, arachides, etc. Elles surviennent en quelques minutes, une demi-heure maximum, sauf la viande, mais nous verrons cela plus tard. Les allergies de type 2, les cytotoxiques. Votre allergène se fixe sur une cellule, le système immunitaire fait des anticorps pour dégommer l'antigène, et il explose la cellule avec. Ce peut être par exemple le Schweppes que vous buvez en terrasse qui va se fixer sur les plaquettes du sang. Oui, ça existe. Le résultat, c'est une destruction de vos plaquettes, éléments fondamentaux de votre coagulation par votre système immunitaire. Le timing, c'est quelques heures. Les allergies de type 3, dites aliments complexes, vous faites des anticorps qui vont faire une barrière autour de l'antigène, un gros tas d'anticorps avec l'antigène au milieu. Comme c'est gros, ça ne passe plus les filtres, alors ça fait des dépôts dans les filtres, les articulations, les reins, les alvéoles pulmonaires, en fonction des allergènes. Par exemple, pour les sérums antivenimeux, que l'on fait fabriquer par des chevaux, on va les injecter à des humains. Lors de la deuxième injection, vous pouvez être devenu allergique au sérum de cheval et faire cette maladie allergique également appelée phénomène d'Arthus. Là aussi, on est dans les 6 heures après l'injection d'antivenin. Les allergies de type 4, cette fois, ce sont des cellules qui font le taf, les lymphocytes. L'allergène est constitué par un morceau extérieur qu'on appelle aptène. Le nickel, par exemple, qui se fixe sur un fragment normal de votre corps, en l'occurrence le kératinocyte, une de vos cellules de la peau. Comme toujours, il y a d'abord sensibilisation, le système reconnaît l'adversaire et prépare ses défenses, puis plus tard, lors d'un prochain contact, allergie. Mais là, les lymphocytes, il faut les faire venir. Ils font leur balade sanguine, tranquillement, et ah, tiens, on me demande. Un signal de danger est émis par les macrophages qui ont capté l'allergène, ça les attire, ils vont voir. Oh bah tiens, c'est nickel ça ! Les voilà qui créent une grosse inflammation locale en 24-48 heures que votre médecin appellera eczéma de contact Les allergies de type 1, ça donne donc des rhinites, de l'asthme, des conjonctivites, des urticaires mais rarement isolés, des œdèmes, des chocs anaphylactiques. Bref, en général, quand on parle d'allergie, c'est plutôt de ça qu'on parle. Les allergies de type 2 et 3, c'est des trucs plus rares, avec des médicaments, vous pouvez mettre la quinine à la place du Schweppes, des sérums, de la paille, de la fibre de coton. On en voit à l'hôpital et en médecine du travail, mais pas trop en ville. Les allergies de type 4, ça donne de l'asthme, chrome, isothiazolinone, parfum d'ambiance, et donc probablement des rhinites, mais évidemment et surtout de l'eczéma. En général, c'est testé sur votre dos à la demande des dermatologues ou parce que votre allergologue suspecte un mécanisme de ce type dans vos problèmes. Mais l'allergie, qu'est-ce que ça n'est pas ? Vous vous piquez avec des orties, vous avez un bouton ? Vous n'êtes pas allergique à l'ortie, vous vous êtes injecté une toxine qui active vos mastocytes et vous faites un bouton d'urticaire. Vous vous gavez de thon dans votre restaurant japonais préféré, toute la table vomit, fait de l'urticaire, gonfle, fait un malaise façon anaphylaxie ? C'est une scombroïdose. Ces poissons peuvent être très riches en histamine et vous déclencher comme une allergie, mais sans passer par le système immunitaire. Vous avez un énorme bouton de moustique qui fait bien 10 cm sur le mollet, c'est pas non plus de l'allergie. Inquiétez-vous si, piqué au mollet, vous faites dans les minutes qui suivent une urticaire généralisée de l'asthme, un malaise. Alors oui, si vous avez des inquiétudes sur une réaction, parlez-en à votre allergologue. Mais globalement, l'allergie est un drame, alors elle répond aux règles de la dramaturgie. Unité de lieu, unité de temps, unité d'action. Je profite de ce moment pour remercier Mme Perfiche, ma prof de français du collège. Vous voyez, j'ai au moins retenu ça. Si à chaque fois que je vais chez mamie, je tousse, je siffle, j'ai les yeux qui gonflent, c'est un drame familial. Je suis donc probablement allergique. probablement pas à mamie. On résume. Réagir à quelque chose, parfois oui, parfois non, plus ou moins, c'est probablement pas de l'allergie. L'allergie, c'est une maladie de votre système immunitaire qui a reconnu par erreur des substances normales de l'environnement. Quand la dose en contact avec vous dépasse les bornes, vous quittez la tolérance, vous basculez dans l'allergie. Dans l'allergie, le système immunitaire réagit la plupart du temps en immédiat, dans la demi-heure, avec rhinite, conjonctivite. asthme, urticaire ou anaphylaxie, ou de façon retardée en 48 heures avec de l'eczéma. Nous avons vu qu'il y a d'autres situations, semi-retardées, mais elles sont rares dans la vie quotidienne. Il y a de plus en plus d'allergies, c'est certain. Et aujourd'hui, plus aucun médecin ne nie leur existence. La prévalence de l'allergie à 50% de la population pour 2050, ce n'est pas du bluff. Dès aujourd'hui, si vous demandez autour de vous, vous trouverez pas loin d'une personne sur deux qui éternue au printemps. qui fait de l'eczéma aux bijoux fantaisies ou qui a une allergie alimentaire. Simplement, l'allergique qui évite son allergène, il va bien, ça ne se voit pas. Dans le prochain épisode, je répondrai à vos souhaits en vous parlant de l'allergie aux animaux. Belle journée à vous les amis !

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Vous pouvez aller plus loin dans vos connaissances sur les allergies avec les sites web oasis-allergie.org et allergique.org où vous me retrouverez mais également d'autres allergologues et patients allergiques pour d'autre type d'informations sur les allergies. Portez vous bien les amis.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut, c'est Atchoum, le podcast des allergies qui répond à tes souhaits. Je m'appelle Philippe, je suis médecin allergologue et je t'emmène avec moi dans le monde passionnant des allergies. Aujourd'hui, je vais vous parler de l'allergie. L'allergie touche environ 25 à 30% de la population française aujourd'hui. Je n'ai pas trouvé la source de cette affirmation, mais si l'on en croit les associations de patients et notre syndicat, l'OMS estimerait que 50% de la population mondiale sera allergique en 2050. Bon, clairement, ça augmente et ça se voit. Quand j'ai quitté les urgences dans les années 90 pour devenir allergologue, le président de l'Ordre des médecins, un professeur de pneumologie, m'a demandé pourquoi je quittais la médecine pour faire du psychologique. Ouais, il n'était pas le seul à le penser à l'époque. Le livre de référence des gastro-entérologues, le Frexinos, écrivait noir sur blanc, tranquillement, que l'allergie alimentaire, ça n'existe pas. C'était un autre temps. Pourquoi j'ai quitté les urgences pour devenir allergologue ? Mon fils aîné a mangé un bout de kiwi dans l'assiette de sa mère. Il avait dix mois et quelques minutes après, mon petit bordelais s'était transformé avec un visage tout bouffi, des plaques partout et des sifflements très inquiétants. C'est clairement le genre de truc qui réoriente ta carrière. J'ai profité de l'année du service militaire pour bosser l'immuno, passer l'examen d'entrée à la formation, l'examen de sortie, et depuis, l'allergie, c'est ma vie. Dans les années 90, Von Mutius, une médecin allemande, a observé que les patients allergiques étaient plus fréquents en ville qu'à la campagne. Alors quand le mur de Berlin s'est effondré, elle a suivi la population d'Allemagne de l'Est qui avait peu d'allergiques, et, avec l'adoption du mode de vie occidental, La prévalence des allergies à l'Est a rapidement rattrapé celle de l'Ouest. Le mode de vie que nous adoptons change les maladies dont nous souffrons. Quelques années plus tôt, en Croatie, c'est l'historien des sciences Mirko Girmesh qui invente le terme de pathocénose. Les maladies sont en concurrence les unes avec les autres et elles dessinent le paysage d'une époque. Des maladies disparaissent, d'autres apparaissent, certaines se concurrencent. Notre mode de vie occidentale a fait flamber trois maladies, les allergies, les diabètes et les mycies, maladies inflammatoires chroniques intestinales. Ce mode de vie a aussi permis de faire chuter la mortalité infectieuse et la pollution à grosses particules, avantages et inconvénients. Mais l'allergie, c'est quoi ? Votre système immunitaire est le gardien de votre intégrité. Il trie entre ce qui est à vous et ce qui ne devrait pas être là. Il empêche les microbes et parasites de rentrer ou du moins de rester actif et il est chargé de détruire les cellules anarchistes de votre corps et souvent il fait très bien le job. Parfois non. L'allergie c'est une erreur de votre système immunitaire par excès. C'est une erreur vis-à-vis de substances extérieures à vous. Des trucs comme le kiwi, du caca d'acariens, du lait, du pollen, que des trucs naturels. Car le problème ce n'est pas le kiwi, non. Le problème, c'est que votre système de défense a décidé, un jour, que certaines molécules du kiwi avaient quand même une tête de truc pas normale et que du coup, il fallait s'en défendre. Il s'est trompé, ça arrive. Je détaillerai dans un autre épisode comment on devient allergique. Une fois que votre système immunitaire s'est trompé, il a tendance à vouloir faire mieux au fur et à mesure des rencontres. Chaque crise d'allergie qui entraîne une inflammation allergique va se compliquer d'une fabrication de nouveaux anticorps, de nouvelles cellules mémoires. et finalement, vous allez être plus allergique. J'en vois quelques-uns qui se disent que c'était peut-être pas une bonne idée de laisser traîner leur allergie pour que leur système immunitaire devienne plus fort, et je suis d'accord, votre système de défense a amélioré sa défense, vous êtes juste devenu plus allergique. D'autant que l'inflammation créée par la crise a été l'occasion pour votre système immunitaire de se demander s'il ne devrait pas ajouter à ses défenses actuelles un ou deux autres trucs présents dans l'environnement en même temps. Le poil du chat ? Ouais, pourquoi pas. Vous voilà désormais sensibilisé au chat, en attendant la crise d'allergie quand vous serez parti, puis revenu. C'est l'occasion d'un point vocabulaire. D'abord, les allergènes. Ce sont des antigènes spéciaux qui provoquent des allergies. Des petites molécules constituantes du vivant, des briques, vis-à-vis desquelles nous sommes capables de mettre en place une réaction d'allergie. La liste en est restreinte, elle est accessible sur le site allergènes-sans-eux.org. Les allergènes sont dans des sources, les pollens, la salive, un fruit, un débris d'acariens, et parfois dans plusieurs sources à la fois, pollens et fruits par exemple. L'allergène majeur du noisetier, Cora 1, est présent de manière homologue dans le pollen du noisetier bien sûr, mais aussi dans la noisette, dans la pomme ou la carotte. C'est le domaine passionnant des allergies croisées que nous aborderons plus tard. Quand votre système immunitaire fabrique des anticorps ou des cellules contre un allergène, mais qu'il n'y a pas encore de symptômes d'allergie, on dit que vous êtes sensibilisé. Quand il y a des symptômes au contact de l'allergène, vous êtes allergique. Quand, après avoir été allergique, il n'y a pas de symptômes au contact de l'allergène, vous êtes tolérant. La tolérance fait appel à la notion de dose-seuil. Vous pouvez supporter votre allergène tant que la quantité ne dépasse pas le seuil de déclenchement de la réaction d'allergie. C'est le monde merveilleux de la désensibilisation, de l'induction de tolérance, immunothérapie allergénique et tout le tintouin. Vous avez les grandes lignes. Maintenant, compliquons un peu les choses. Votre système immunitaire a plusieurs outils à sa disposition pour faire de l'allergie. Des anticorps et des cellules, différents types d'anticorps, différents types de cellules. Malgré le grand âge de cette classification, 1975, on n'a pas encore trouvé mieux que celle des Britanniques Robin Coombs et Philippe Gell pour parler des hypersensibilités immunitaires. Ils les ont classées en quatre familles de réactions, et ce sont en gros les quatre types d'allergies. Les allergies de type 1, dites immédiates, elles sont dépendantes des IGE, anticorps de la famille E, ce sont les plus connues. à la fois les plus banales et les plus mortelles. Acariens, pollens, arachides, etc. Elles surviennent en quelques minutes, une demi-heure maximum, sauf la viande, mais nous verrons cela plus tard. Les allergies de type 2, les cytotoxiques. Votre allergène se fixe sur une cellule, le système immunitaire fait des anticorps pour dégommer l'antigène, et il explose la cellule avec. Ce peut être par exemple le Schweppes que vous buvez en terrasse qui va se fixer sur les plaquettes du sang. Oui, ça existe. Le résultat, c'est une destruction de vos plaquettes, éléments fondamentaux de votre coagulation par votre système immunitaire. Le timing, c'est quelques heures. Les allergies de type 3, dites aliments complexes, vous faites des anticorps qui vont faire une barrière autour de l'antigène, un gros tas d'anticorps avec l'antigène au milieu. Comme c'est gros, ça ne passe plus les filtres, alors ça fait des dépôts dans les filtres, les articulations, les reins, les alvéoles pulmonaires, en fonction des allergènes. Par exemple, pour les sérums antivenimeux, que l'on fait fabriquer par des chevaux, on va les injecter à des humains. Lors de la deuxième injection, vous pouvez être devenu allergique au sérum de cheval et faire cette maladie allergique également appelée phénomène d'Arthus. Là aussi, on est dans les 6 heures après l'injection d'antivenin. Les allergies de type 4, cette fois, ce sont des cellules qui font le taf, les lymphocytes. L'allergène est constitué par un morceau extérieur qu'on appelle aptène. Le nickel, par exemple, qui se fixe sur un fragment normal de votre corps, en l'occurrence le kératinocyte, une de vos cellules de la peau. Comme toujours, il y a d'abord sensibilisation, le système reconnaît l'adversaire et prépare ses défenses, puis plus tard, lors d'un prochain contact, allergie. Mais là, les lymphocytes, il faut les faire venir. Ils font leur balade sanguine, tranquillement, et ah, tiens, on me demande. Un signal de danger est émis par les macrophages qui ont capté l'allergène, ça les attire, ils vont voir. Oh bah tiens, c'est nickel ça ! Les voilà qui créent une grosse inflammation locale en 24-48 heures que votre médecin appellera eczéma de contact Les allergies de type 1, ça donne donc des rhinites, de l'asthme, des conjonctivites, des urticaires mais rarement isolés, des œdèmes, des chocs anaphylactiques. Bref, en général, quand on parle d'allergie, c'est plutôt de ça qu'on parle. Les allergies de type 2 et 3, c'est des trucs plus rares, avec des médicaments, vous pouvez mettre la quinine à la place du Schweppes, des sérums, de la paille, de la fibre de coton. On en voit à l'hôpital et en médecine du travail, mais pas trop en ville. Les allergies de type 4, ça donne de l'asthme, chrome, isothiazolinone, parfum d'ambiance, et donc probablement des rhinites, mais évidemment et surtout de l'eczéma. En général, c'est testé sur votre dos à la demande des dermatologues ou parce que votre allergologue suspecte un mécanisme de ce type dans vos problèmes. Mais l'allergie, qu'est-ce que ça n'est pas ? Vous vous piquez avec des orties, vous avez un bouton ? Vous n'êtes pas allergique à l'ortie, vous vous êtes injecté une toxine qui active vos mastocytes et vous faites un bouton d'urticaire. Vous vous gavez de thon dans votre restaurant japonais préféré, toute la table vomit, fait de l'urticaire, gonfle, fait un malaise façon anaphylaxie ? C'est une scombroïdose. Ces poissons peuvent être très riches en histamine et vous déclencher comme une allergie, mais sans passer par le système immunitaire. Vous avez un énorme bouton de moustique qui fait bien 10 cm sur le mollet, c'est pas non plus de l'allergie. Inquiétez-vous si, piqué au mollet, vous faites dans les minutes qui suivent une urticaire généralisée de l'asthme, un malaise. Alors oui, si vous avez des inquiétudes sur une réaction, parlez-en à votre allergologue. Mais globalement, l'allergie est un drame, alors elle répond aux règles de la dramaturgie. Unité de lieu, unité de temps, unité d'action. Je profite de ce moment pour remercier Mme Perfiche, ma prof de français du collège. Vous voyez, j'ai au moins retenu ça. Si à chaque fois que je vais chez mamie, je tousse, je siffle, j'ai les yeux qui gonflent, c'est un drame familial. Je suis donc probablement allergique. probablement pas à mamie. On résume. Réagir à quelque chose, parfois oui, parfois non, plus ou moins, c'est probablement pas de l'allergie. L'allergie, c'est une maladie de votre système immunitaire qui a reconnu par erreur des substances normales de l'environnement. Quand la dose en contact avec vous dépasse les bornes, vous quittez la tolérance, vous basculez dans l'allergie. Dans l'allergie, le système immunitaire réagit la plupart du temps en immédiat, dans la demi-heure, avec rhinite, conjonctivite. asthme, urticaire ou anaphylaxie, ou de façon retardée en 48 heures avec de l'eczéma. Nous avons vu qu'il y a d'autres situations, semi-retardées, mais elles sont rares dans la vie quotidienne. Il y a de plus en plus d'allergies, c'est certain. Et aujourd'hui, plus aucun médecin ne nie leur existence. La prévalence de l'allergie à 50% de la population pour 2050, ce n'est pas du bluff. Dès aujourd'hui, si vous demandez autour de vous, vous trouverez pas loin d'une personne sur deux qui éternue au printemps. qui fait de l'eczéma aux bijoux fantaisies ou qui a une allergie alimentaire. Simplement, l'allergique qui évite son allergène, il va bien, ça ne se voit pas. Dans le prochain épisode, je répondrai à vos souhaits en vous parlant de l'allergie aux animaux. Belle journée à vous les amis !

Description

Vous pouvez aller plus loin dans vos connaissances sur les allergies avec les sites web oasis-allergie.org et allergique.org où vous me retrouverez mais également d'autres allergologues et patients allergiques pour d'autre type d'informations sur les allergies. Portez vous bien les amis.


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Transcription

  • Speaker #0

    Salut, c'est Atchoum, le podcast des allergies qui répond à tes souhaits. Je m'appelle Philippe, je suis médecin allergologue et je t'emmène avec moi dans le monde passionnant des allergies. Aujourd'hui, je vais vous parler de l'allergie. L'allergie touche environ 25 à 30% de la population française aujourd'hui. Je n'ai pas trouvé la source de cette affirmation, mais si l'on en croit les associations de patients et notre syndicat, l'OMS estimerait que 50% de la population mondiale sera allergique en 2050. Bon, clairement, ça augmente et ça se voit. Quand j'ai quitté les urgences dans les années 90 pour devenir allergologue, le président de l'Ordre des médecins, un professeur de pneumologie, m'a demandé pourquoi je quittais la médecine pour faire du psychologique. Ouais, il n'était pas le seul à le penser à l'époque. Le livre de référence des gastro-entérologues, le Frexinos, écrivait noir sur blanc, tranquillement, que l'allergie alimentaire, ça n'existe pas. C'était un autre temps. Pourquoi j'ai quitté les urgences pour devenir allergologue ? Mon fils aîné a mangé un bout de kiwi dans l'assiette de sa mère. Il avait dix mois et quelques minutes après, mon petit bordelais s'était transformé avec un visage tout bouffi, des plaques partout et des sifflements très inquiétants. C'est clairement le genre de truc qui réoriente ta carrière. J'ai profité de l'année du service militaire pour bosser l'immuno, passer l'examen d'entrée à la formation, l'examen de sortie, et depuis, l'allergie, c'est ma vie. Dans les années 90, Von Mutius, une médecin allemande, a observé que les patients allergiques étaient plus fréquents en ville qu'à la campagne. Alors quand le mur de Berlin s'est effondré, elle a suivi la population d'Allemagne de l'Est qui avait peu d'allergiques, et, avec l'adoption du mode de vie occidental, La prévalence des allergies à l'Est a rapidement rattrapé celle de l'Ouest. Le mode de vie que nous adoptons change les maladies dont nous souffrons. Quelques années plus tôt, en Croatie, c'est l'historien des sciences Mirko Girmesh qui invente le terme de pathocénose. Les maladies sont en concurrence les unes avec les autres et elles dessinent le paysage d'une époque. Des maladies disparaissent, d'autres apparaissent, certaines se concurrencent. Notre mode de vie occidentale a fait flamber trois maladies, les allergies, les diabètes et les mycies, maladies inflammatoires chroniques intestinales. Ce mode de vie a aussi permis de faire chuter la mortalité infectieuse et la pollution à grosses particules, avantages et inconvénients. Mais l'allergie, c'est quoi ? Votre système immunitaire est le gardien de votre intégrité. Il trie entre ce qui est à vous et ce qui ne devrait pas être là. Il empêche les microbes et parasites de rentrer ou du moins de rester actif et il est chargé de détruire les cellules anarchistes de votre corps et souvent il fait très bien le job. Parfois non. L'allergie c'est une erreur de votre système immunitaire par excès. C'est une erreur vis-à-vis de substances extérieures à vous. Des trucs comme le kiwi, du caca d'acariens, du lait, du pollen, que des trucs naturels. Car le problème ce n'est pas le kiwi, non. Le problème, c'est que votre système de défense a décidé, un jour, que certaines molécules du kiwi avaient quand même une tête de truc pas normale et que du coup, il fallait s'en défendre. Il s'est trompé, ça arrive. Je détaillerai dans un autre épisode comment on devient allergique. Une fois que votre système immunitaire s'est trompé, il a tendance à vouloir faire mieux au fur et à mesure des rencontres. Chaque crise d'allergie qui entraîne une inflammation allergique va se compliquer d'une fabrication de nouveaux anticorps, de nouvelles cellules mémoires. et finalement, vous allez être plus allergique. J'en vois quelques-uns qui se disent que c'était peut-être pas une bonne idée de laisser traîner leur allergie pour que leur système immunitaire devienne plus fort, et je suis d'accord, votre système de défense a amélioré sa défense, vous êtes juste devenu plus allergique. D'autant que l'inflammation créée par la crise a été l'occasion pour votre système immunitaire de se demander s'il ne devrait pas ajouter à ses défenses actuelles un ou deux autres trucs présents dans l'environnement en même temps. Le poil du chat ? Ouais, pourquoi pas. Vous voilà désormais sensibilisé au chat, en attendant la crise d'allergie quand vous serez parti, puis revenu. C'est l'occasion d'un point vocabulaire. D'abord, les allergènes. Ce sont des antigènes spéciaux qui provoquent des allergies. Des petites molécules constituantes du vivant, des briques, vis-à-vis desquelles nous sommes capables de mettre en place une réaction d'allergie. La liste en est restreinte, elle est accessible sur le site allergènes-sans-eux.org. Les allergènes sont dans des sources, les pollens, la salive, un fruit, un débris d'acariens, et parfois dans plusieurs sources à la fois, pollens et fruits par exemple. L'allergène majeur du noisetier, Cora 1, est présent de manière homologue dans le pollen du noisetier bien sûr, mais aussi dans la noisette, dans la pomme ou la carotte. C'est le domaine passionnant des allergies croisées que nous aborderons plus tard. Quand votre système immunitaire fabrique des anticorps ou des cellules contre un allergène, mais qu'il n'y a pas encore de symptômes d'allergie, on dit que vous êtes sensibilisé. Quand il y a des symptômes au contact de l'allergène, vous êtes allergique. Quand, après avoir été allergique, il n'y a pas de symptômes au contact de l'allergène, vous êtes tolérant. La tolérance fait appel à la notion de dose-seuil. Vous pouvez supporter votre allergène tant que la quantité ne dépasse pas le seuil de déclenchement de la réaction d'allergie. C'est le monde merveilleux de la désensibilisation, de l'induction de tolérance, immunothérapie allergénique et tout le tintouin. Vous avez les grandes lignes. Maintenant, compliquons un peu les choses. Votre système immunitaire a plusieurs outils à sa disposition pour faire de l'allergie. Des anticorps et des cellules, différents types d'anticorps, différents types de cellules. Malgré le grand âge de cette classification, 1975, on n'a pas encore trouvé mieux que celle des Britanniques Robin Coombs et Philippe Gell pour parler des hypersensibilités immunitaires. Ils les ont classées en quatre familles de réactions, et ce sont en gros les quatre types d'allergies. Les allergies de type 1, dites immédiates, elles sont dépendantes des IGE, anticorps de la famille E, ce sont les plus connues. à la fois les plus banales et les plus mortelles. Acariens, pollens, arachides, etc. Elles surviennent en quelques minutes, une demi-heure maximum, sauf la viande, mais nous verrons cela plus tard. Les allergies de type 2, les cytotoxiques. Votre allergène se fixe sur une cellule, le système immunitaire fait des anticorps pour dégommer l'antigène, et il explose la cellule avec. Ce peut être par exemple le Schweppes que vous buvez en terrasse qui va se fixer sur les plaquettes du sang. Oui, ça existe. Le résultat, c'est une destruction de vos plaquettes, éléments fondamentaux de votre coagulation par votre système immunitaire. Le timing, c'est quelques heures. Les allergies de type 3, dites aliments complexes, vous faites des anticorps qui vont faire une barrière autour de l'antigène, un gros tas d'anticorps avec l'antigène au milieu. Comme c'est gros, ça ne passe plus les filtres, alors ça fait des dépôts dans les filtres, les articulations, les reins, les alvéoles pulmonaires, en fonction des allergènes. Par exemple, pour les sérums antivenimeux, que l'on fait fabriquer par des chevaux, on va les injecter à des humains. Lors de la deuxième injection, vous pouvez être devenu allergique au sérum de cheval et faire cette maladie allergique également appelée phénomène d'Arthus. Là aussi, on est dans les 6 heures après l'injection d'antivenin. Les allergies de type 4, cette fois, ce sont des cellules qui font le taf, les lymphocytes. L'allergène est constitué par un morceau extérieur qu'on appelle aptène. Le nickel, par exemple, qui se fixe sur un fragment normal de votre corps, en l'occurrence le kératinocyte, une de vos cellules de la peau. Comme toujours, il y a d'abord sensibilisation, le système reconnaît l'adversaire et prépare ses défenses, puis plus tard, lors d'un prochain contact, allergie. Mais là, les lymphocytes, il faut les faire venir. Ils font leur balade sanguine, tranquillement, et ah, tiens, on me demande. Un signal de danger est émis par les macrophages qui ont capté l'allergène, ça les attire, ils vont voir. Oh bah tiens, c'est nickel ça ! Les voilà qui créent une grosse inflammation locale en 24-48 heures que votre médecin appellera eczéma de contact Les allergies de type 1, ça donne donc des rhinites, de l'asthme, des conjonctivites, des urticaires mais rarement isolés, des œdèmes, des chocs anaphylactiques. Bref, en général, quand on parle d'allergie, c'est plutôt de ça qu'on parle. Les allergies de type 2 et 3, c'est des trucs plus rares, avec des médicaments, vous pouvez mettre la quinine à la place du Schweppes, des sérums, de la paille, de la fibre de coton. On en voit à l'hôpital et en médecine du travail, mais pas trop en ville. Les allergies de type 4, ça donne de l'asthme, chrome, isothiazolinone, parfum d'ambiance, et donc probablement des rhinites, mais évidemment et surtout de l'eczéma. En général, c'est testé sur votre dos à la demande des dermatologues ou parce que votre allergologue suspecte un mécanisme de ce type dans vos problèmes. Mais l'allergie, qu'est-ce que ça n'est pas ? Vous vous piquez avec des orties, vous avez un bouton ? Vous n'êtes pas allergique à l'ortie, vous vous êtes injecté une toxine qui active vos mastocytes et vous faites un bouton d'urticaire. Vous vous gavez de thon dans votre restaurant japonais préféré, toute la table vomit, fait de l'urticaire, gonfle, fait un malaise façon anaphylaxie ? C'est une scombroïdose. Ces poissons peuvent être très riches en histamine et vous déclencher comme une allergie, mais sans passer par le système immunitaire. Vous avez un énorme bouton de moustique qui fait bien 10 cm sur le mollet, c'est pas non plus de l'allergie. Inquiétez-vous si, piqué au mollet, vous faites dans les minutes qui suivent une urticaire généralisée de l'asthme, un malaise. Alors oui, si vous avez des inquiétudes sur une réaction, parlez-en à votre allergologue. Mais globalement, l'allergie est un drame, alors elle répond aux règles de la dramaturgie. Unité de lieu, unité de temps, unité d'action. Je profite de ce moment pour remercier Mme Perfiche, ma prof de français du collège. Vous voyez, j'ai au moins retenu ça. Si à chaque fois que je vais chez mamie, je tousse, je siffle, j'ai les yeux qui gonflent, c'est un drame familial. Je suis donc probablement allergique. probablement pas à mamie. On résume. Réagir à quelque chose, parfois oui, parfois non, plus ou moins, c'est probablement pas de l'allergie. L'allergie, c'est une maladie de votre système immunitaire qui a reconnu par erreur des substances normales de l'environnement. Quand la dose en contact avec vous dépasse les bornes, vous quittez la tolérance, vous basculez dans l'allergie. Dans l'allergie, le système immunitaire réagit la plupart du temps en immédiat, dans la demi-heure, avec rhinite, conjonctivite. asthme, urticaire ou anaphylaxie, ou de façon retardée en 48 heures avec de l'eczéma. Nous avons vu qu'il y a d'autres situations, semi-retardées, mais elles sont rares dans la vie quotidienne. Il y a de plus en plus d'allergies, c'est certain. Et aujourd'hui, plus aucun médecin ne nie leur existence. La prévalence de l'allergie à 50% de la population pour 2050, ce n'est pas du bluff. Dès aujourd'hui, si vous demandez autour de vous, vous trouverez pas loin d'une personne sur deux qui éternue au printemps. qui fait de l'eczéma aux bijoux fantaisies ou qui a une allergie alimentaire. Simplement, l'allergique qui évite son allergène, il va bien, ça ne se voit pas. Dans le prochain épisode, je répondrai à vos souhaits en vous parlant de l'allergie aux animaux. Belle journée à vous les amis !

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