Description
Le 14 juin 2023, le jeune Alhoussein Camara est tué au volant de sa voiture par les balles d’un policier alors qu’il se rendait sur son lieu de travail. Dans cette création sonore signée par le Collectif Vérité et Justice pour Alhoussein, nous sommes au temps de la mémoire et de l'hommage. Pour ne pas oublier Alhoussein, et rappeler le combat pour la vérité, contre l'impunité policière et pour toutes les victimes.
Alhoussein Camara, le petit frère de tout Angoulême
Alhoussein, jeune guinéen et angoumoisin de 19 ans, vivait à Saint-Yrieix-Sur Charente, en banlieue de Angoulême depuis ses 14 ans. Originaire de Matam, commune de Conakry en Guinée, Alhoussein arrive à Angoulême en 2018. Il est mineur isolé et pris en charge par l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance). C’est dans la ville de Charente qu’il construit sa vie d’adulte, vivant dans un foyer de jeunes travailleurs, alors qu’il travaille à Intermarché pour aider sa famille restée au pays. Il avait des ami·es, un travail, il était passionné de foot et apprécié par tous·tes celleux qui avaient pu avoir la chance de le rencontrer. Il était venu en France pour une vie meilleure, pour lui et sa famille.
Halte à l’impunité et au permis de tuer
Le 14 juin 2023, alors qu’il est en route vers son lieu de travail, aux alentours de 4h du matin, Alhoussein est assassiné d’une balle dans le thorax suite à un "refus d’obtempérer", selon la version de la police. Pourtant, l’autopsie révèle que le jeune homme est tué d’une balle dans le dos par le policier, contredisant la thèse de la légitime défense. Accusé de conduire en zigzaguant au moment de son interpellation, les images de vidéos surveillance révéleront pourtant qu’Alhoussein conduisait normalement, sans excès de vitesse ou comportement inquiétant. Plusieurs zones d’ombre : caméras des policiers éteintes, des analyses toxicologiques négatives, un casier vierge et un véhicule vide de tout objet incriminant. Le 28 juin 2023, le policier auteur du coup de feu est mis en examen pour homicide volontaire.
La mort d’Alhoussein fait tragiquement écho à celle du jeune Nahel Merzouk, assassiné deux semaines après Alhoussein, le 27 juin 2023 à Nanterre. Ils font partie des trop nombreuses victimes de refus d’obtempérer, victimes de l’impunité policière et du racisme.
Hommage et mémoire empêchés
Un an après sa mort, le 22 juin 2024, est organisée la marche commémorative pour Alhoussein, au départ du foyer Jeunes Travailleurs dans lequel il vivait. Le 13 juillet 2024, le Comité Justice pour Alhoussein organise un match de Gala par son équipe de foot C.s Leroy Somer, afin de raviver le souvenir de leur ami en se rassemblant autour de son sport préféré. La mairie d'Angoulême refusant de mettre un stade à disposition pour que le match commémoratif soit tenu, le match est finalement déplacé à Villenave d'Ornon, près de Bordeaux, organisé par son équipe et Syli Bordeaux, équipe de foot guinéenne. Il sera de nouveau interdit par arrêté préfectoral, empêchant aux proches et soutiens de partager ce moment de recueil et de mémoire. Malgré ces entraves, le Collectif Vérité et Justice pour Alhoussein l'affirme : « D’autres moments, d’actions mémorielles ont depuis été faites, et beaucoup d’autres le seront encore malgré toutes les mécaniques d’invisibilisations, d’épuisements, d’oppressions… Pour honorer sa mémoire, soutenir sa famille et ses proches, obtenir justice pour lui et toutes les autres victimes de violences policières et d’État. Les organisations se font, la lutte continue. Pas de Justice, pas de Paix. »
Ce documentaire, réalisé par le Collectif Vérité et Justice pour Alhoussein, nous déplace entre ces deux temps d'hommage, l'un permis et l'autre annulé, entre émotion et détermination, nous donnant aussi la chance de mieux connaître Alhoussein, par les voix de ses proches.
Réalisation : Comité Vérité et Justice pour Alhoussein
Article : Bertille Hyvon