- Speaker #0
Alors mes courts-métrages, tu peux les retrouver en tout cas pour une grande partie sur maricamiloutan.com J'avais raison ! Tu peux me redire ta question !
- Speaker #1
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de Autour d'un pancake, c'est toujours un plaisir de vous retrouver. Aujourd'hui on va parler cinéma avec Marie-Camille Loutan, une réalisatrice et scénariste suisse. Elle est née en 1989 au Brésil. Son parcours est plutôt riche. D'abord, elle a décroché un diplôme en graphisme à l'ERACOM à Lausanne. Puis, elle a obtenu un brevet fédéral en marketing et communication. En 2018, elle a cofondé avec Valentine Corral Leave Your Emotion, une société de production audiovisuelle. Elle réalise et autoproduise plusieurs courts-métrages comme Le fou du roi et Le passeur en 2019, Perceptible en 2021 et plus récemment, en 2023, le court-métrage Toubab. produit par Type Image Productions. D'ailleurs, ce film a été projeté aux 60e journée de soleur au mois de janvier qui vient de passer. Et depuis, les deux réalisatrices travaillent sur leur propre projet. En ce moment, Marie-Camille travaille sur son premier long métrage qui s'appelle Ménina, un western moderne qui nous embarque entre la Suisse et le Brésil en 1994. C'est un projet porté par Type Image Productions et je ne sais pas vous, mais moi j'ai hâte d'en savoir plus.
- Speaker #0
autour d'un pancake, parce que c'est bien plus sympa qu'autour d'un beau chelou.
- Speaker #1
Salut Marie-Camille !
- Speaker #0
Salut Cindy !
- Speaker #1
Alors comment est née cette passion pour le cinéma ?
- Speaker #0
Ma passion pour le cinéma, c'est vraiment née depuis que je suis vraiment toute petite. Je n'arrive pas à me rappeler d'un moment précis, mais j'ai plein de vidéos de mon papa qui nous a filmées quand on était petite, qui témoignent de ça. Donc il avait acheté un caméscope quand j'étais gamine. Et ils nous filmaient tout le temps. Tout le temps, on a plein de vidéos de ma sœur et moi où on fait les bobettes, où on fait des bêtises, où on fait plein de trucs. Et en fait, il y a énormément d'images de moi qui tendent les bras et qui disent « Papa, donne-moi la caméra, donne-moi la caméra. Je veux voir, je veux voir, je veux voir. » Et c'est né de là. Donc j'ai commencé à filmer plein de choses. Et puis j'avais une envie aussi de raconter tout le temps des histoires. Donc combiné à l'image, ça a donné ça. Et puis après, il y a tellement de choses différentes. qui se sont passées dans ma vie pour que je nourrisse tout ça. Je suis graphiste de formation, donc déjà mon amour pour l'image a commencé à augmenter avec ça, avec cette formation. Après, j'ai été dans le marketing de la communication, donc ça aussi, ça a alimenté mon amour pour l'image, comprendre comment ça fonctionne, les émotions, etc. Et puis, tu n'es pas sans savoir que j'ai fait aussi de la radio.
- Speaker #1
Oui, oui, oui.
- Speaker #0
Vu que ce n'est pas la première fois qu'on se rencontre.
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Et puis ça aussi, ça m'a aidée pour tout ce qui est écriture, rythme. En fait, j'ai l'impression qu'il y a un peu tous les éléments de ma vie qui se sont combinés pour arriver à ça, pour avoir les compétences pour le faire.
- Speaker #1
Et c'est quoi alors le style que tu préfères faire ?
- Speaker #0
J'adore tout ce qui est comédie dramatique. Donc, je viens de faire un...
- Speaker #1
C'est pas grave !
- Speaker #0
Je t'avais promis pourtant !
- Speaker #1
Si tu peux faire des...
- Speaker #0
Non, alors franchement, je crois que c'est comédie dramatique, parce que j'ai toujours aimé tout ce qui était humour. D'ailleurs, avant, quand j'avais ma chaîne YouTube, je faisais principalement du cut ou du montage ou de l'écriture humoristique. Donc c'est vraiment quelque chose que j'aime de base. J'ai toujours en plus voulu, à la base, monter sur scène et faire de l'humour. Donc ça se combinait bien. Et le côté dramatique, parce qu'un film trop humoristique... Donc ouais, ça fait du bien, mais c'est pas quelque chose qui va forcément beaucoup me toucher. Donc j'aime bien équilibrer ces deux styles pour créer une atmosphère et des émotions que j'aime et que j'ai envie de transmettre. Et puis, bien sûr, il y a le côté action parce que j'aime pas quand c'est lent, pas quand c'est du slow motion, sauf si c'est très bien utilisé. Mais j'aime quand ça bouge, quand c'est dynamique. J'ai pas envie de m'ennuyer devant un film. J'ai envie qu'il se passe, entre guillemets, toujours quelque chose. Oui. Et ça, c'est super important pour moi. D'où ce style, je pense, entre comédie dramatique et avec des parts d'action quand même.
- Speaker #1
Et quand tu réalises des films, est-ce que tu as des petits rituels ou des petites habitudes avant de tourner ?
- Speaker #0
Ouais, les insomnies. Je les cumule quand même pendant quelques jours, voire semaines, avant le début d'un tournage. Parce que c'est extrêmement stressant. Réaliser un film, c'est un peu la loi de Pareto. C'est 80% de prépa et 20% sur le tournage, sur le terrain. Donc plus la prépa est bonne, plus on aura du plaisir pendant ces 20%, ce laps de temps, tout en sachant qu'il y aura toujours des problèmes et qu'il faudra les résoudre sur le moment. Mais c'est aussi la magie de ce métier.
- Speaker #1
Parce que quand on tourne un court métrage, on ne tourne pas non plus pendant trois mois. C'est assez court quand même.
- Speaker #0
Le court-métrage de Toubab, par exemple, il a duré 7 jours, enfin 6 réels, avec une journée d'entraînement pour le plan séquence du début, où on était obligé de faire une journée d'entraînement avec toute l'équipe pour s'assurer de la chorégraphie, pour être sûr que ça marche le jour J.
- Speaker #1
Mais 7 jours, c'est court finalement pour arriver à tout faire.
- Speaker #0
Oui, c'est très court.
- Speaker #1
Pour rien oublier, parce qu'après, c'est trop tard.
- Speaker #0
ça c'est vrai mais justement c'est là que la préparation fait tout son sens en fait, t'es obligé vraiment de tout cadrer, tout organiser c'est vraiment un travail d'orfèvrerie, c'est vraiment minutieux parce que tu dois caler absolument tous les acteurs avec toutes les bonnes personnes, les bons corps de métier au bon moment, les bons lieux la bonne heure, c'est un travail de titan merci à tous les assistants réalisateurs au passage pour ce travail titanesque.
- Speaker #1
Et justement quand tu travailles avec les acteurs, comment tu fais pour leur faire donner l'émotion que toi tu avais prévu dans ton histoire ?
- Speaker #0
Alors moi, déjà j'adore prendre du temps avec les comédiens, déjà en amont, pour qu'ils s'imprègnent vraiment du personnage, que je puisse vraiment échanger avec eux et leur transmettre le plus possible de ma vision on va dire, mais j'apprécie énormément, peu importe le corps de métier, que ça soit des maquilleurs, que ce soit du son, que ce soit des chefs-op ou autre, j'aime quand la personne apporte sa propre expertise. Donc en fait, si je vais choisir un comédien, je vais le choisir déjà avec le cœur, parce qu'on sait bien entendu, moi je fonctionne énormément au feeling. Donc il faut qu'il y ait quelque chose qui se passe avec cette personne. Et si cette chose se passe, si je la prends, c'est pour son énergie, pour son talent. Donc je ne vais jamais vouloir le brider ou la brider entièrement. Pour moi, il faut que le ou la comédienne puisse aussi apporter sa touche et s'exprimer, comme chacun des corps de métier. Parce qu'un film, c'est un truc d'équipe. Ce n'est pas juste mon film, c'est notre film. Et chacun doit pouvoir amener une touche dans cette vision qui est le tronc.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a une scène que tu as tournée dans un des courts-métrages que tu as déjà fait, qui t'a particulièrement marquée ?
- Speaker #0
Alors, j'en ai deux qui me viennent en tête. Je vais redire celle de Toubab, le plan séquence, parce que c'était une des scènes les plus complexes que j'ai eu à réaliser. Et celle avec le plus de pression, le plus de personnes impliquées et le plus d'argent investi aussi. Donc, celle-là, elle était très intense. Et une autre qui est plus, on va dire, émotionnelle, parce que celle de Toubab, je dirais qu'elle est plus technique. Et celle qui est plus émotionnelle pour moi, c'est celle du passeur, où la petite Eva Pinelli qui... Bon, je vais spoiler, tant pis, mais meurt. Et en fait, cette scène, elle était extrêmement émouvante. Enfin, on fait jouer la mort à une enfant de 5 ans. Il y avait un silence dans cette pièce. Tout le monde retenait son souffle. En plus, on lui a mis du chocolat fondu pour simuler le sang avec du colorant. Et elle n'aimait pas le chocolat. la seule enfant qui n'aime pas le chocolat, je te jure. Voilà, c'était complexe. Et puis ça lui coulait un peu dans la bouche, comme ça, depuis l'oreille. Et on voit sa petite lèvre trembler. Et ça, c'est quelque chose, même en le regardant, alors que je le connais par cœur et que je l'ai réalisé, je ne peux pas m'empêcher d'avoir une émotion ou presque une larme quand je vois cette scène. Oui,
- Speaker #1
oui. Bon, c'est fort. Une enfant de 5 ans comme ça, tu fais comment pour la driller un petit peu ou lui dire ce que tu veux ? C'est facile parce qu'ils sont assez éponges ?
- Speaker #0
Après, on a la chance, la maman d'Eva Pinelli, d'ailleurs, qui nous a quitté, qui s'appelle Stefania, qu'on aime très fort. Elle était comédienne et du coup, elle l'avait déjà aussi, d'un point de vue personnel, déjà initiée à tout ce monde, au théâtre, au cinéma, etc. Donc, on avait déjà une bonne base. Et après, Valentine Corral qui travaille dans le monde de l'éducation. Elle a pu vraiment la coacher. Et puis en fait, ce qu'il faut faire, c'est se dire qu'elle ne peut pas tout comprendre. Elle peut comprendre une petite partie. Elle avait même compris une très grosse partie, vu qu'elle était capable de nous parler de l'histoire. Mais il faut prendre chaque scène comme un jeu. Il faut transformer ça en jeu. Il faut la coacher comme si on est en train de faire un jeu et toute l'équipe doit s'adapter. Parce que c'est un enfant de 5 ans, il faut prendre la prise au moment où ça y est, parce que sinon c'est perdu.
- Speaker #1
Oui, Et si on revient sur Toubab, je l'ai dit tout à l'heure, tu as eu l'occasion d'aller au Journée de Soleil avec ce film-là au mois de janvier 2025. C'était comment ce moment-là ?
- Speaker #0
Franchement, c'était assez excitant, émouvant. Il y avait plein d'émotions différentes. Déjà parce qu'on retrouvait une grande partie de l'équipe pendant une des projections. De voir son film sur grand écran, ça fait toujours quelque chose. Et surtout que là, c'était la première fois qu'il était présenté à des gens qu'on ne connaissait pas. Donc vraiment à un vrai public. Il avait été présenté à Morge pour l'avant-première. Mais c'était des personnes de notre famille, des amis, des professionnels qui avaient participé au film. Mais là, il rencontrait un public. Et du coup, de voir les réactions, les rires... Les visages qui se crispent, les yeux qui sont écarquillés, toutes ces émotions, c'était assez fort. C'était vraiment puissant.
- Speaker #1
C'est beau de se rendre compte que tu crées des émotions chez les gens.
- Speaker #0
Pour moi, c'est pour ça que je fais ce métier-là. Il y a plusieurs raisons, mais notamment ça. J'aime trop l'émotion qu'un film peut procurer à quelqu'un. D'ailleurs, j'ai des fois du plaisir quand j'aime un film profondément. à inviter des amis et dire, vas-y, je te montre le film. Et en fait, je vais passer mon temps à regarder leurs expressions.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Plutôt que l'écran.
- Speaker #1
Que tu connais déjà. Oui,
- Speaker #0
exactement. Mais parce que je veux voir dans les yeux l'émotion qui se passe. Et des fois, on se trompe et des fois, on est assez alignés. Je fonctionne beaucoup comme ça quand je construis mes histoires.
- Speaker #1
Sur tous les projets que tu as déjà réalisés, c'est lequel ton petit chouchou ? Si tu en as un.
- Speaker #0
Oui, j'allais dire, en fait, c'est un peu comme si on demandait de choisir entre tous ses enfants. du coup je suis un peu embarrassée tu as toujours un feeling un peu même si on ne le dit pas en vrai tu as toujours un feeling plus prononcé alors c'est possible mais écoute je vais répondre avec le coeur je ne crois pas que j'en ai un je les aime tous pour des raisons différentes parce qu'ils font tous partie d'une step c'est à dire le premier il servait à se lancer à se lancer Le deuxième, il nous a permis d'avoir le troisième. Et le troisième nous a permis d'avoir le quatrième, etc. Et en fait, ils ont tous joué un rôle. Et j'adore des fois regarder en arrière et me dire, grâce à celui-là, il s'est passé ça, ça, ça. Et grâce à celui-là, j'ai rencontré telle personne qui m'a amenée à tel endroit, etc. Donc en fait, j'ai de la peine à choisir. Après, au niveau budget, au niveau plan, lumière, couleur, technique, Bah, Toubab, c'est mon préféré parce que c'est le plus abouti. C'est celui où il y avait le plus de moyens. Mais après, en termes de cœur, je les aime tous. Je les aime tous pareil.
- Speaker #1
Chacun est une pierre à l'édifice.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Alors, le projet dont tu peux nous parler, parce qu'il y en a quelques-uns en cours, mais on peut en parler. C'est Ménina, ton premier long métrage à toi, qui est produit avec Tip Image Production aussi.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Tu peux nous en parler un petit peu de ce projet ?
- Speaker #0
Oui, que veux-tu savoir exactement ?
- Speaker #1
Déjà, qu'est-ce que c'est comme histoire ? Dans les grandes lignes, on ne va pas te demander tous les détails.
- Speaker #0
Non, sans coup, je n'ai pas le droit. Alors, Ménina, déjà, il faut savoir que c'est du portugais et que ça veut dire la petite fille. Pourquoi Ménina en portugais ? C'est parce qu'en fait, je suis moitié brésilienne, moitié suisse. Enfin, je suis 100% brésilienne, mais j'ai obtenu la nationalité suisse quand j'ai été adoptée, quand j'étais bébé. Donc, mes parents adoptifs sont venus me chercher au Brésil quand j'avais trois mois et m'ont importé en Suisse. Et depuis, j'y ai vécu toute ma vie en faisant des allers-retours assez régulièrement dans mon autre pays pour pouvoir découvrir mes origines et voir d'où je viens et qui je suis aussi. Parce que c'est aussi une part de moi. Donc, Ménina, c'est vraiment un film sur ces deux continents, sur ces deux cultures. qui se passe dans les années 90. C'est un western moderne qui se passera entre la Suisse et le Brésil qui réunit une fratrie, un méchant comme dans n'importe quel western et dans n'importe quel film et une petite fille qui se retrouve au milieu de tout ça.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #1
Bon ben on se réjouit. T'as déjà une date de sortie ?
- Speaker #0
J'aimerais beaucoup. J'aimerais beaucoup. Le cinéma c'est quelque chose de merveilleux. Tu sais pourquoi ? Parce que ça a dû m'apprendre quelque chose que je n'avais pas avant. De mettre un pied dedans. La passion.
- Speaker #1
Ouais,
- Speaker #0
ouais. Ça demande... énormément de patience parce que ça dépend de beaucoup de gens différents. Là, en l'occurrence, j'augmente la difficulté parce que je mets deux continents en plus ensemble. Du coup, ça augmente un petit peu le temps, la difficulté, etc. Là, on en est au stade où le scénario est fini. J'ai mes producteurs suisses fidèles au poste, Tipi Vache Productions et Alessandra Mauresco. Là, en ce moment, on est en discussion pour une coproduction au Brésil. Donc, ça se fera dans les prochains mois. Et à partir de là, il faudra chercher des financements et commencer à développer cette fameuse loi de Pareto, les 8 ans de 300.
- Speaker #1
C'est ça. Alors, on va être patients, nous aussi. Et puis, tu nous reviendras avec des nouvelles d'ici quelques jours.
- Speaker #0
Ah oui, si tu me reproposes. Oui, en fait, c'est vraiment réaliste. C'est la version réaliste.
- Speaker #1
C'est ça. Comme ça, il n'y a pas de déciaux. C'est ça,
- Speaker #0
exactement.
- Speaker #1
Si on sort un petit peu des projets actuels et qu'on réfléchit un peu de manière hypothétique, on dira ça comme ça, est-ce qu'il y a une scène que tu rêverais de tourner et que tu n'as encore pas pu réaliser ?
- Speaker #0
Alors, je ne me suis jamais focalisée sur quelque chose en particulier. J'ai un peu des fantasmes comme ça, ce serait cool de faire un film un peu comme ça ou comme ça. Une scène précise. Il y a une scène dans Ménina que je me réjouis de tourner. Et elle ne spoile rien du tout. Donc voilà. C'est à un moment donné dans une forêt valaisanne au bord d'une falaise où il y a une alpharaméo des années 80 ou 90, je ne sais plus, qui va chuter d'une falaise.
- Speaker #1
Oh là là, ouais.
- Speaker #0
et je c'est même pas la chute c'est vraiment cette scène elle est tellement je trouve intense drôle décalée que je me réjouis vraiment de la tournée et après cet effet après on verra comment je le réalise mais l'effet que la voiture tombe d'une falaise je dois avouer que ça m'excite beaucoup c'est genre Tom Cruise qui saute la falaise en moto aussi ouais c'est un peu ça enfin avec beaucoup moins de moyens on va rester réaliste pour toujours mais c'est Dans l'idée, c'est quelque chose que je me réjouis de tourner.
- Speaker #1
Et tu le disais, un tournage, c'est court, c'est intense, il y a beaucoup de choses à faire. Est-ce que tu as déjà eu des galères notables sur un tournage ? Oui, beaucoup.
- Speaker #0
On a combien de temps d'émission ? Je sais pas combien de temps !
- Speaker #1
Raconte-nous ta vie !
- Speaker #0
Non, alors extraordinaire. Sur Toubab, on a tourné pendant la nuit dans une station essence. Donc en fait, tu dois avertir les propriétaires. Du coup, ils doivent avertir la sécurité, etc. Tu as des gens responsables de la situation, blablabla. Et ce soir-là, un des deux soirs, parce qu'il y avait deux nuits où on a tourné, on avait de l'avance, ce qui n'arrive jamais, tu vois. Il faut se méfier quand on a de l'avance, toujours. Et là, on avait de l'avance et on se dit, mais c'est génial, on a 30 minutes de battement, c'est super. Et d'un coup, tu as l'alarme anti-vol, je ne sais pas pourquoi, elle se déclenche, 11h30 ou quelque chose comme ça. Et je suis restée posée sur ma chaise à regarder un nuage de fumée commencer à embaumer toute la pièce. Et tout le monde commençait à courir partout en essayant d'aérer, enlever, parce qu'on était vraiment dans le smoke. Vraiment. Et moi, j'étais en état de choc, posée sur ma chaise à regarder ce jet de fumée et à ne pas comprendre ce qui se passait. Parce que pour moi, c'était clair, on avait débranché cette alarme. Et non. Donc voilà, c'était une bonne galère.
- Speaker #1
Mais ça a vraiment pris feu ?
- Speaker #0
Non, non, ça a été pour les voleurs.
- Speaker #1
Ah d'accord, ok.
- Speaker #0
Ces voleurs, ben t'es... T'es pas avec de l'eau ou quoi que ce soit, mais là, c'est vraiment de la fumée pour qu'ils ne puissent plus rien voir, les étouffer à moitié. Donc, on n'a plus rien vu, on s'est fait étouffer, on a perdu la demi-heure qu'on avait en avance. C'était sombre. Mais ça fait des super bons souvenirs. En tout cas, tout le monde s'en rappelle de celle-là. Qu'est-ce qu'on a eu ? Oui, perceptible. On a perdu la perruque de la comédienne principale. Unique perruque, évidemment. Ça aurait été trop facile. Ben oui. On l'a retrouvée plus tard. avec un gros trou dedans bouffé par des chèvres. Mais c'est là alors qu'on avait aussi demandé de les enlever. C'est complètement improbable. C'est trop improbable. Il ne se passe que des trucs comme ça sur tournage. Il ne se passe que des trucs rien à voir. Plein de choses inattendues, mais c'est ça qui fait la beauté du truc.
- Speaker #1
Aussi, le fait d'être réalisatrice, déjà être une femme dans ce domaine-là, j'imagine que ce n'est pas simple. Mais en plus, en Suisse, est-ce que c'est un défi, selon toi ?
- Speaker #0
Alors moi, je vois les choses complètement différemment. Très bien. Je me dis que aujourd'hui, avec tout ce qui se passe justement par rapport à la place qu'ont les femmes dans les différents métiers ou autres, j'ai l'impression qu'on aura plus tendance à privilégier les femmes. Donc quelque part, je suis au bon endroit. C'est chouette. Même si je trouve que ça ne devrait pas être comme ça et que ça devrait être équitable. Je pense que pour moi, tu devrais mettre un scénario. Il ne devrait pas y avoir de nom, il ne devrait pas y avoir d'âge, il ne devrait pas y avoir de sexe. C'est l'histoire qui prime et c'est tout. Pour moi, ce serait équitable de le faire comme ça. Mais voilà. Mais du coup, pour le côté marché suisse, au contraire, je me suis souvent posé la question et pour moi, c'est une bonne stratégie parce que finalement, on est un plus petit marché. Donc, il y a moins de gens qui veulent faire ce métier. Ils auront plus tendance à partir du côté de la France ou de la Belgique. Du coup, ça laisse un peu plus de place. Et puis, si on est malin, qu'on sait un petit peu s'y prendre et qu'on a aussi de la chance, parce qu'il y a beaucoup un facteur chance, je pense que c'est chouette parce que tu arrives à sortir de là. plus vite, tu peux plus vite sortir du lot que si t'es en France et que t'es noyé parmi des millions de personnes. Enfin, c'est ma vision. Après, peut-être que je me trompe.
- Speaker #1
Et si t'avais l'occasion de discuter avec un réalisateur ou une réalisatrice qui serait vivant encore ou pas pour aller boire un café, par exemple, avec qui ce serait ?
- Speaker #0
Honnêtement, il y en a plusieurs. Déjà, à Soler, j'ai eu la chance de rencontrer Laetitia Doche qui a réalisé le procès du chien. Et que j'admirais parce que c'est justement une femme, elle est franco-suisse, son film est passé à Cannes, c'est son premier. En plus, après, elle est allée faire la tournée des médias en France. Enfin, ça donnait vachement envie. Et j'ai eu la chance de pouvoir discuter avec elle. Et puis ça, ça m'a fait super plaisir. Il y aurait Quentin Tarantino, j'aurais tellement de choses à lui dire, mais ce ne serait pas autour d'un café. Ça, c'est sûr que non. Ce serait un peu plus fort, à mon avis. Juste le grand-père de substitution, Spielberg, parce que c'est tous mes films d'enfance. C'est cliché à mort, j'en ai conscience, mais c'est Spielberg. Quand même. Et puis, c'est aussi lui qui a fait, comme beaucoup de réalisateurs, j'imagine, donner l'envie de réaliser. Il a fait des trucs de dingue.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a un conseil qui t'a marqué particulièrement dans ta carrière, qui t'a vraiment servi ?
- Speaker #0
Oui. Quand une porte se ferme, on ouvre la fenêtre. C'est le meilleur conseil qu'on m'ait donné. Ça veut dire oser, ça veut dire... Si c'est non, c'est pas grave, c'est qu'il y a un oui ailleurs. Ça veut dire croire toujours en toi, parce que si tu regardes juste cette porte, tu peux aussi décider de rebrousser chemin et de jamais y retourner, sauf que là, tu décides d'y aller quand même par un autre chemin. Donc ça veut dire garder la foi en toi, ta force, ton énergie. Pour moi, ça englobe tout ça. Et ça, je trouve que c'est un super conseil. Le culot, en gros.
- Speaker #1
Tu parlais de Spielberg. Après, est-ce qu'il y a un film ou une scène de lui ou de quelqu'un d'autre qui t'a tellement marqué que tu aurais voulu être toi derrière la caméra à ce moment-là ?
- Speaker #0
Encore une fois, c'est très cliché. D'ailleurs, je l'ai revu il n'y a pas longtemps à la RTS Soirée Travelling. C'était incroyable de le voir en grand écran. C'est Jurassic Park de 1993. pour la simple et bonne raison que de se retrouver face à un animatronix de 5, 6, 7 mètres, je sais pas combien il faisait, c'est un rêve de gosse. C'est un robot géant, juste pour nous, qu'on peut animer, faire bouger et puis filmer. Juste pour notre kiff perso. Et je suis là, ça c'est franchement, c'est un Lego géant, quoi. C'est trop bien. J'aurais adoré le... Le vivre, et je pense que pour les comédiens, ça devait aussi être épique parce que tu as une vraie émotion à transmettre. C'est pas comme tous ces fonds verts. Pour le comédien, t'es beaucoup plus dedans. Et pour le réal, c'est un trip de gosse. C'est un truc de fou.
- Speaker #1
Bon, qui sait, un jour, tu pourras peut-être faire un film avec un animatronique. C'est énorme.
- Speaker #0
Peut-être.
- Speaker #1
Quel animal tu choisirais ?
- Speaker #0
Je crois que j'aurais envie que ça soit un animal qui n'existe pas forcément, un truc à la Avatar ou un animal assez... ou un Pokémon géant. Un Pokémon géant ? Quand j'étais petite, je voulais créer des Pokémon robots pour avoir mon Pokémon.
- Speaker #1
Ah voilà.
- Speaker #0
Donc il y avait déjà quelque chose dans l'air. Oui,
- Speaker #1
on s'y attend alors.
- Speaker #0
Sans pression, tranquille.
- Speaker #1
Et selon toi, quel film il faut absolument voir en mangeant des pancakes ? Ton film culte. Ça sera le même ?
- Speaker #0
Non. Non. Non, quand même. Il y en a... J'ai le droit d'en dire deux.
- Speaker #1
Mais oui.
- Speaker #0
Je triche tout le temps. Je ne suis pas très cool.
- Speaker #1
On a le droit de manger deux pancakes. C'est vrai.
- Speaker #0
Et en plus, c'est rare d'en manger qu'un.
- Speaker #1
Oui, c'est clair.
- Speaker #0
Bon, alors je vais te sortir mes 15 films préférés. Non, déjà deux. Pourquoi ces deux-là ? Parce qu'ils m'ont marquée ces dernières années au cinéma. Mais vraiment beaucoup marquée. Il y a déjà Parasite, le film coréen. Ça... c'est une claque cinématographique pour moi honnêtement je rêverais d'être dans Men in Black avec le petit machin qui te permet d'effacer ta mémoire pour pouvoir le revoir et revivre ses émotions il fait partie des films que je t'expliquais tout à l'heure que j'ai envie de montrer aux gens et regarder la réaction des gens parce que je pourrais plus ressentir ce que j'ai ressenti la première fois que je l'ai vu et ça ça me rend triste mais quand t'arrives à un stade comme ça c'est que le film je trouve vraiment bon oui Et un autre, c'est les Daniels tout court, c'est Everything, Everywhere, All at Once. Aussi super moral, super graphique. Et puis je parlais de films qui bougent, où il y a de l'action, où on ne s'ennuie pas. Typiquement, ça c'est aussi un film qui m'a mis une claque scénaristique et visuelle. Vraiment.
- Speaker #1
Et pendant que tu manges ces pancakes, toi tu mets quoi dessus ?
- Speaker #0
Je mange pas de pancakes, je préfère le salami.
- Speaker #1
J'adore cette réponse. Je pense que c'est ma réponse préférée de tous mes invités.
- Speaker #0
Et j'aime tellement pas les pancakes, j'allais sortir à mort les pancakes. Sauf le podcast pancakes, c'est ça.
- Speaker #1
Ça va, on est juste autour, t'es pas obligée d'être...
- Speaker #0
Je suis pas obligée d'être autant agressive avec les pancakes, je peux aussi dire que j'aime pas ça, c'est tout.
- Speaker #1
Une dernière question que je voulais te poser est-ce qu'il y a un moyen de revoir tes courts-métrages qui sont déjà sortis ou pas encore ?
- Speaker #0
Alors oui, une bonne partie sont disponibles sur mon site web marikamiloutan.com Et Toubab, comme tu disais qui est aux journées de seule heure et actuellement en festival il sera bientôt disponible sur typeimage.ch
- Speaker #1
Très bien, alors on va mettre les liens de ces deux sites sur la description du podcast comme ça c'est aussi plus facile pour aller cliquer dessus
- Speaker #0
Super.
- Speaker #1
Merci beaucoup Marie-Camille.
- Speaker #0
Merci à toi pour l'invitation. C'est toujours un plaisir de faire des projets avec toi.
- Speaker #1
On se reparlera alors quand Manina sera sortie.
- Speaker #0
Oui, j'espère qu'on se parlera avant.
- Speaker #1
Oui, mais plus public.
- Speaker #0
Sans micro. Voilà. C'est ça. Normalement, tu veux dire.
- Speaker #1
À bientôt.
- Speaker #0
Merci. Ciao, ciao. Il tourne en pancake.