- Speaker #0
Bonjour la France, bonjour à tous, ici MédiaMala, bienvenue sur Burnout, le podcast au succès historique coloré. Je rappelle que le podcast est enregistré à la maison KissKiss, la plateforme de KissKissBankBank, dont un des piliers est la lutte contre toute forme de discrimination. Comme d'habitude, on s'abonne à la page Burnout sur Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Amazon Music. C'est très important pour le référencement, je compte sur vous, vous allez sur Spotify, vous vous abonnez sur la petite cloche. Et merci pour tous les messages. Pour ce nouvel épisode de Burnout, j'ai le plaisir immense de recevoir un invité qui a su conquérir le cœur du public par son humour incisif et son engagement authentique. Il a su se démarquer par son audace, abordant des thèmes qui nous interpellent et parfois même dérangent. C'est un artiste aux multiples facettes et un fervent défenseur de la diversité. Donc autant vous dire qu'il correspond complètement à l'ADN de ce podcast. Son parcours est un véritable témoignage de résilience et de créativité. J'ai eu la chance de le voir en spectacle. Il cartonne avec son propre podcast, Les 30 Glorieuses. Yacine Bellatar, bienvenue sur Burnout.
- Speaker #1
Merci, bel accueil.
- Speaker #0
C'est sincère.
- Speaker #1
Je le sens, je le sens, mais c'est très gentil, ça me touche à chaque fois. Je suis gêné quand on parle de moi.
- Speaker #0
C'est vrai ? Oui. T'es un peu pudique ?
- Speaker #1
Oui, je ne sais pas s'il a pudeur, mais peut-être l'éducation, peut-être l'envie de croire que c'est à la fin du bal qu'on paye les musiciens.
- Speaker #0
Enfin on se rend compte, est-ce que tu connaissais Burnout avant ou pas du tout ?
- Speaker #1
Écoute, je suis un mec là, c'est pas mal ce qu'il fait, qui s'appelle Djamil Lechelag. Ouais. Et je suis une frangine, une renois qui s'appelle Rokhaya Diallo. Ok. Je crois que t'as déjà fait 70% de la diversité quand t'as reçu les...
- Speaker #0
je me suis dit il lui manque 30% c'est la troisième saison de Burnout j'ai voulu te recevoir en saison 1 ça n'a jamais pu se faire j'ai une confidence à te faire par rapport à l'intérêt que j'avais à te recevoir qui était mouvant en fonction des années au début je t'avais découvert à la télé comme tout le monde je me suis dit bon bah un humoriste de plus très très bien etc basta, ensuite Je t'ai vu sur les plateaux télé avec ta casquette de militant. Et parfois, ça me gênait de te voir en mode punching ball de tous les experts autour. Et je me suis dit, ça me gêne. Je me suis un peu éloigné. Et ensuite, je t'ai vu en spectacle. Et là, je me suis dit non. Non, en fait, je ne peux pas passer à côté. D'où les 50 messages que je t'ai envoyés. Le mec, c'est un génie. Je vous invite vraiment à aller le voir en spectacle. Et là, tout de suite, il y a eu le shift. Je me suis dit, ce mec, il est fait pour la scène. et j'ai envie d'en découvrir un peu plus sur ton parcours. On est là pour ça, on va prendre le temps.
- Speaker #1
C'est gentil.
- Speaker #0
Et comme le veut la tradition à Yacine sur Burnout, on commence systématiquement par aborder l'enfance de l'invité. J'ai une première question. Toi, tu as aspiré à quoi quand tu étais au collège, par exemple ? Est-ce que tu savais exactement ce que tu voulais faire ?
- Speaker #1
Non, je suis fier parce que dorénavant, je suis un père de famille. J'ai trois enfants exceptionnels et je me rends compte qu'eux, très jeunes, ils ont su ce qu'ils voulaient faire. Mais objectivement, quand j'étais au collège, j'étais pas en déroute scolaire, mais je n'avais pas encore songé à l'importance que... que les études devaient avoir dans une vie. Donc la question, c'est est-ce que j'avais l'étincelle de l'humoriste au collège ? Pas du tout. J'étais un mec marrant, mais il y avait des mecs bien plus marrants que moi. Et ensuite, j'ai fait une scolarité vraiment, pour le coup, en dilettante. Je ne vais pas te dire le truc du cancre, parce que je n'étais pas idiot. Mais en tout cas, je n'étais pas... concerné.
- Speaker #0
Pas un parcours classique d'éducation nationale française ?
- Speaker #1
Non, si, mais comme beaucoup de gens qui, à un moment... Je pense que la notion de scolarité passe beaucoup par les parents. Je ne dis pas que mes parents m'ont mal éduqué, mais je pense que j'avais des parents comme, j'imagine, les tiens, qui travaillaient énormément. Et ce que je trouve assez fou, d'ailleurs, c'est que beaucoup d'entre nous de ma génération ont eu un déclic personnel. C'est-à-dire qu'un jour, ils se sont dit, il faut que j'ai des bonnes notes. J'en ai mis à moi... qui d'ailleurs écoute ton podcast, qui est polytechnicien, Ibrahim. Et il m'a raconté un truc très marrant. Un jour, son père lui a dit Mais c'est quoi tes études ? Alors qu'il était en polytechnique, ce qu'on peut dire comme l'élite. Il a dit Ça va être compliqué de t'expliquer, papa. Il dit Fais électricien, parce que notre ampoule, elle est cassée. Et je trouve que ça synthétise très bien comment on a grandi dans ce pays. C'est-à-dire que quand on voit des gens de ma génération, je crois un tout petit peu plus âgé que toi, les gens de ma génération, en fait, ils se sont auto-scolarisés, si tu veux. Et quand je vois des gens qui ont des parcours magnifiques, et Dieu sait qu'il y en a beaucoup en France, du coup je me dis, eux ils ont eu le déclic d'eux-mêmes. Je suis né en 82, donc t'imagines en 1998, Zidane, Zidane il a fait beaucoup de grabuches dans ma génération, parce que dès que t'étais un rebeu qui savait joncler pied droit, pied gauche, tu disais... Je vais y arriver. Jamel Debouze et tout, c'était aussi l'arrivée de cet humour remarqué. Et surtout, après, d'un coup, après le lycée, je me suis dit à un moment, je crois que mon daron, il va me jeter. Parce que je crois que je n'ai aucune valeur ajoutée dans cette famille. Je ne suis pas d'abord pécunier. Je faisais de la radio depuis que j'avais 10 ans, avant toute chose. Et j'ai repris la radio locale où j'étais. Enfin, je refaisais de la radio locale, je faisais de la radio pirate et j'ai fait de la radio locale sur une radio qui s'appelle Evelyn Radio avec des gens qui étaient juste après moi qui s'appelaient Le Palmachaud. Donc on était sur cette petite radio locale qui devrait avoir créé deux branches de l'humour français. Et après cette radio locale, ça allait très vite. Je suis allé à Génération à 20 ans. Et voilà, et depuis, la fierté, c'est que je ne suis jamais retourné en banlieue.
- Speaker #0
Super. Alors juste un petit truc, on revient sur ta découverte de la radio et du micro assez jeune. Et en préparant cette interview, je l'ai découvert. Autour de moi, on me demande souvent quel plaisir je prends à échanger au micro, pourquoi la radio, la podcast, parce que j'ai fait aussi de la radio avant et pas la télé. Et en fait, je n'arrive pas à l'expliquer, je voulais avoir ton avis. Mais moi, il y a une sorte d'adrénaline quand j'échange au micro. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais est-ce que toi, c'est quelque chose qui t'a frappé également, surtout que tu en fais encore aujourd'hui ? Est-ce que c'est une émotion particulière de ton côté ? Déjà,
- Speaker #1
je pense que la radio, à travers la voix, est très certainement le média le plus complexe, parce que ça nécessite d'être sincère. Je connais beaucoup de gens de télé qui ne sont pas sincères, et quand tu vois la télé, ils se forcent quelque part à jouer un rôle. Les gens de radio, je pense qu'on s'attache beaucoup plus vite à nous parce qu'on partage le quotidien, on partage la vie des gens qui nous écoutent. Et d'ailleurs, tu vois, c'est assez marrant avec le podcast, ça s'est totalement démocratisé puisque les gens nous écoutent maintenant dorénavant vraiment partout. Ensuite, c'est une rigueur la radio. C'est un tempo et c'est la meilleure école. Tu vois, la télé, c'est malheureusement quand on voit ce qu'il en est. Et je trouve que la radio affaiblit le jour où les gens de télé ont décidé de faire de la radio. Avant, c'était l'inverse. Dans les années 80, on était bon en radio et potentiellement, on faisait de la télé. Et dorénavant beaucoup de gens qui ne marchent pas Alors dorénavant t'as une dégringolade C'est à dire t'es pas marrant sur scène Tu fais de la télé, t'es nul en télé Tu fais de la radio, t'es nul en radio Tu fais un podcast
- Speaker #0
Voilà où j'ai atterri
- Speaker #1
Et je vais dire vraiment pour le coup avant de venir te voir Ça sent que t'es un homme de radio et compagnie Il y a beaucoup d'humoristes actuellement T'as vu c'est la grande mode qui lance des podcasts Et malheureusement beaucoup sont nuls Mais c'est pas contre eux
- Speaker #0
Il y a une certaine technique à avoir Mais déjà il faut être intéressant Oui
- Speaker #1
Mais déjà, il faut le dire, si tu n'es pas intéressant sur scène, il est peu probable que tu le sois ailleurs. Et surtout, tu vois, la radio, ça t'apprend à gérer les silences, à capter l'attention. C'est compliqué, la radio. Et je suis, moi, un homme de radio. J'ai vécu, quand j'étais petit, j'étais fan de Coluche à la radio. J'ai réécouté parce que j'étais trop petit pour écouter. Mais le tribunal des flagrants délires de Desproges a eu une réincidence sur moi. Et tous les humoristes, on a un rapport particulier. à cet outil qu'est la radio et je suis très très fier de voir l'évolution que ça a pris.
- Speaker #0
Il y a une étude sociologique qui était sortie qui disait qu'accepter sa propre voix avait un impact positif sur son self-esteem. Est-ce que toi au début, Yacine, comme beaucoup, quand tu t'entendais à la télé ou à la radio, tu disais putain, j'aime pas ma voix
- Speaker #1
Non, il s'avère que je ne suis pas le meilleur des musulmans, mais il y a un truc qui est important, c'est que si Dieu m'a fait comme ça, il faut que je m'accepte comme tel. Non, mais... Les dictates, quels qu'ils soient, qu'ils soient de critères physiques, vocaux ou autres, c'est vraiment une dictature de dire il faut faire ci, il faut faire ça. J'ai grandi dans les années 80, les voix radio c'était bonjour et bienvenue.
- Speaker #0
En mode coué.
- Speaker #1
Personne ne parle comme ça, objectivement. Et d'un coup, il faut dire la vérité, Maurice est arrivé, Maurice qui va là sur Skyrock. Et en fait, c'est ce que tu dis qui rend ta voix belle ou pas. Moi, si j'avais la voix de Georges Clounet, je pense que ça ne serait pas très intéressant. Récemment, j'étais un peu malade en Rouée. Beaucoup de gens de mon entourage trouvaient que j'avais une voix sexy. Donc, si vous connaissez quelqu'un de malade qui peut m'embrasser dans les jours qui viennent pour que j'ai une voix sexy, sinon, ma voix, c'est mon outil. L'une des plus belles voix, en tout cas, en radio que j'ai connue, c'est Manu Payet, qui sait très bien moduler sa voix, qui est vraiment un mec qui sait utiliser cet outil. Mais sinon, les autres, parlez, et ce que vous direz vous rendra... justement iconoclaste.
- Speaker #0
On va revenir sur ton enfance et là où tu as grandi. C'est dans les Yvelines. Tu es né dans les années 80, donc génération Black Blamber. Je ne vais pas faire le vieux, mais est-ce que ce n'était pas mieux avant ?
- Speaker #1
Non, c'est jamais mieux avant parce que je pense qu'un jour, je dirais à mes enfants que cette période que nous vivons, malgré le fait que ça soit difficile, était une période formidable. Moi, j'ai vécu dans une France qui ne considérait même pas le fait d'être arabe et noir comme une vertu ou comme une légitimité à part entière. On était invisibilisés. Ce qui fait que cette période est compliquée pour beaucoup de gens dans ce pays, c'est que les arabes et les noirs ont décidé de... d'exister par eux-mêmes, pour eux-mêmes. Alors certains appellent ça communautarisme, je n'ai pas l'impression que ce soit du communautarisme, parce qu'on est quand même, contrairement à des sociétés anglo-saxonnes, on se mélange beaucoup, il y a beaucoup de mariages mixtes, mais ce qui est sûr c'est que quand j'ai grandi, il y avait une forme d'insouciance par rapport à ce qu'on était, et vraiment moi j'avais l'ambition d'être accepté par la société française, je vivais dans cette... dans ce grand projet, en me disant La France reconnaîtra un jour que je suis l'un des siens Et en fait, pas du tout. Ce n'est pas du tout ce qui s'est passé. Comme tu disais, ce slogan de Jospin, Black, blanc, beurre a fini par décider que les Arabes et les Noirs, s'ils ne marquaient pas des buts à la Coupe du Monde, quelque part, n'étaient pas d'une grande utilité. Il y avait cette culture de l'excuse dans les premiers stand-upers. Je parlais de Jamel tout à l'heure, qui était un truc où, assez à la fin, qui était très beau. mais qui a fini par être handicapant parce que ça a plafonné nos thématiques d'humoriste, tout en sachant que Coluche s'appelle Michel Colucci, et qu'il est italien, mais quelque part il avait décidé de rentrer de par ses thématiques dans la société française. Mais pour te répondre, il y avait le hip-hop, et j'ai vécu peut-être les plus belles années en cela, du hip-hop, parce que dorénavant c'est vraiment très marqué, afro-trap, tu vois c'est fini, moi les rappeurs c'était des sociologues du bitume, tu vois, t'écoutais un album... D'ailleurs, ce n'est pas anodin de voir le succès autour du documentaire de DJ Mehdi. Parce que pour moi, DJ Mehdi, le peu de fois où je l'ai vu, je n'étais pas du tout proche. Je l'ai connu quand j'étais à Génération. C'était un anthropologue. Ce qui est d'ailleurs assez marrant, ça voudrait dire qu'il est parti du hip-hop et quand il était adoubé par l'électro, donc quelque part la hype blanche, il est devenu iconique. Mais je trouve que DJ Mehdi était iconique déjà dans ce qu'il avait fait dans le rap, ce qu'il a construit. Donc si tu veux, moi aujourd'hui, la période, je la ressens différemment parce que j'ai 42 ans, que j'ai des enfants qui sont majeurs et j'ai d'autres attentes de la société française. Mais par ailleurs, quand j'étais jeune, j'étais ce que j'appelle la France de la photo de classe. Il y avait des rebeux, des renois, des blancs, des feuges et tout le monde se mélangeait.
- Speaker #0
Je trouve que tu es très cohérent dans... Comment tu te justifies sur les plateaux télé quand tu justifies, entre guillemets, ta francité ? Juste de le dire, ça me semble absurde. Yacine, ce n'est pas épuisant. Tu n'as pas ressenti une lassitude à un moment pour justifier que tu es français au même titre qu'un autre, là où systématiquement on nous renvoie à notre pays d'origine ?
- Speaker #1
Écoute, tu fais bien de le dire, c'est pour ça que j'ai quitté les plateaux télé. J'en fais... beaucoup moins. Je n'ai pas sacrifié, parce que ça, je laisse le public décider de savoir si ça a été un sacrifice ou pas. Dieu merci, mes salles sont encore remplies, même si là, je n'ai plus de spectacle. Mais jusqu'au Bataclan que j'ai fait au mois de juin, mon nom était à côté du mot complet, donc ça a été plutôt plaisant. Ce qui est sûr, c'est que ma carrière n'aurait pas pris cette tournure si j'avais été l'Arabe, et plus je pousse même au fait d'avoir été noir, si j'avais été, disons, le racisé. que les médias français bobos souhaitent. Est-ce que mon ennemi sur le ring, c'est l'extrême droite ? Évidemment. Est-ce que le promoteur du spectacle, qui est la boboïsation et la gentrification de ce que sont les Arabes et les Noirs, l'est d'autant plus dorénavant ? Absolument. Je pense que les bobos font beaucoup plus de mal à nos thématiques que l'extrême droite, qui, somme toute, sera toujours en face de nous. Et en fait, sur les plateaux télé, comme tu disais assez bien, je me fatiguais. Et je le disais dans... dans un sketch que j'avais écrit, il y avait très certainement aussi, et je le dis maintenant avec le recul, une part d'ego. Parce que tu y vas, tu envoies deux, trois punchlines, mais ça nourrit. C'est plus, quelque part, peut-être une fêlure, il faudra que je retourne voir mon psy, plutôt que la thématique en elle-même, qui est celle de je ne vais pas convaincre toutes les semaines les fachos que je suis né à conflans à Tonorine. Tu vois, mon état civil parle pour moi. Mais de savoir qu'en 2024, c'est encore, et tu fais bien, ne juge pas tes questions, mais ta question est légitime, parce que de savoir qu'en 2024... On ne nous considère toujours pas comme légitimes. Ça doit poser la question non pas à Yassine Benata, mais à la société dans laquelle nous sommes. Et objectivement, ce qui me rend triste, au fond de moi, c'est de découvrir qu'en tant que racisé, tout le monde nous a laissé tomber. L'extrême droite nous a mis au coin de la société. Certes, la droite nous a aussi jugés, mais je ne savais pas que la gauche allait nous détruire. Ce qui est très dur à vivre pour les musulmans de ce pays, ou les racisés plus généralement. C'est comment un homme comme Manuel Valls, qui était connu pour être un homme de gauche, a fini par briser le lien entre la culture dont nous sommes issus et une histoire de la gauche. Quand tu me posais la question tout à l'heure de savoir, oui, quand tu étais jeune, moi, quand j'étais jeune, la gauche n'avait pas de mépris à l'égard du vote musulman. Alors que là, regarde, ils se le refilent comme une patate chaude en disant, non, mais c'est l'islamo-gauchisme, tu vois. Je l'ai dit une fois d'ailleurs, je l'ai dit à un homme politique de premier plan, je crois, qui est président de la République, mais islamo-gauchiste, c'est la même construction que judéo-bolchévique. C'est le religieux à côté du point de vue politique. Et l'histoire nous juge, évidemment pas avec les mêmes conséquences, parce que judéo-bolchévique, on sait durant quelle période ça a été fait. Mais on regardera un jour cette appellation sordide d'islamo-gauchiste, tu vois. avec le regard de la honte. Vous vous souvenez que dans les médias, on traitait des gens comme ça à l'envolée en disant c'est un islamo-gauchiste. Je leur dis pour leur provoquer, mais moi, islamo-oui, gauchiste, un peu moins. Objectivement, je te le dis, c'est ça qui m'a fait beaucoup de peine. C'est ça qui m'a beaucoup attristé, c'est de voir cette espèce de milieu très prétentieux qui finit par dire les Arabes et les Noirs. Il y a une énergie. Moi je connais des arabes et des noirs, ils sont tout mollassons. Pourquoi nous on vient avec une énergie ? Je déteste quand on dit de moi, il a la tchatche. C'est vraiment...
- Speaker #0
Ouais, ça fait genre un vendeur de tapis. Ouais,
- Speaker #1
et en fait non. Pourquoi quand un blanc il parle bien, on dit il est éloquent, et quand un arabois noir il parle bien, on dit il a la tchatche. Pourquoi ? Parce qu'à la fin, je vais te vendre un jean Levis, et tu sais de quoi je parle, parce que tu l'as vécu. Toutes ces petites appellations sont des micro-blessures qui, à la fin, font une grosse blessure. Donc, pour moi, la vérité, c'est ce que je te dis. Je suis sorti du champ médiatique parce qu'en fait, j'ai fait ce que j'avais à faire. Maintenant, ça y est, vous allez trouver un autre gars. Et je le dis aux Arabes et aux Noirs. Il y en a plein qui m'appellent en disant Pourquoi tu n'y retournes plus ? Ou sinon Je vais y aller. Frangin, je connais très bien la machine. Tu vas te faire mal. À partir du moment où tu vas te rendre public, tu vas te mettre en danger. Toi, ta famille, tes proches, ta construction. On n'aime pas les Arabes et les Noirs qui ne baissent pas la tête. Fais attention.
- Speaker #0
Tu as évoqué tes enfants. Moi, je suis papa aussi. C'est quelque chose que je vais dire la première fois. Ma fille, elle a 9 ans. Je pense que c'était il y a deux ans. C'est arrivé il y a deux ans. Elle est rentrée à la maison. Elle m'a dit, papa, il y a un tel à la cantine qui n'a pas voulu manger à côté de moi. Et elle m'a dit, je ne mange pas avec les Arabes. J'ai bégayé, je n'ai pas su quoi répondre, vraiment. Et je me suis dit, à ce moment-là, il faut que je commence à réfléchir à une toolbox, à une boîte à outils, pas des punchlines, parce que je ne veux pas en faire quelqu'un non plus. Mais comment la protéger ? Est-ce que toi, tu protèges tes enfants ? Est-ce que tu arrives à leur inculquer des armes, un bouclier ? Je ne sais pas comment le formuler.
- Speaker #1
Alors, moi Mehdi, je vais te dire, c'est peut-être le contexte très chaleureux de ton accueil qui fait que je parle assez rarement de mes enfants parce que je pleure immédiatement quand j'en parle. Non, non, non, pas... Je vais te raconter quelque chose sur mes filles que j'aime énormément, qui ont le double de l'âge de ta fille. Je suis très très fier de mes filles. Je pense que c'est un élément clé de ma construction. J'ai appris beaucoup de choses à travers mes filles et je pense qu'elles ont appris beaucoup de choses à travers moi. La construction des enfants, elle se fait aussi par eux-mêmes. Bien évidemment qu'il faut les éduquer. Tu as déjà fait un travail invraisemblable pendant 9 ans, je te le souhaite. Un rapport entre sa fille et son père, c'est beaucoup plus... j'allais dire beaucoup plus particuliers qu'avec un garçon. Sache que ça fait partie de leur construction, ce genre de remarques. Ça va changer la trajectoire morale de ta fille, et elle t'en parle, mais il faut les laisser vivre aussi ces séquences-là. Est-ce que je suis malheureux en tant que père de famille que mes enfants vivent des choses que moi j'ai vécues par le passé et que mes parents ont vécues ? Absolument. C'est-à-dire que normalement, cette discussion, j'aurais cru qu'à un moment, elle soit obsolète. Et je n'oublie pas mon fils. que j'aime d'amour, lui aussi commence à découvrir. des remarques ou des choses qui sont liées par rapport à ce qu'il est. Et en fait, c'est ça que la France ne veut pas comprendre. Et tu vois, je t'en parle avec la voix qui déraille. L'émotion que j'ai la plus difficile, c'est quand on me dit Mais pourquoi t'es engagé ? Je ne suis pas engagé pour moi. Je suis engagé pour que mes enfants ne vivent jamais ce que j'ai vécu. Et mon désarroi le plus total qui fait que je peux pleurer derrière ton micro, c'est de découvrir qu'a priori... Sur certains points, les choses n'ont pas changé. Est-ce que mes enfants vont avoir plus de facilité pour avoir l'accès au travail ? Absolument. Est-ce que si elles veulent aller en boîte de nuit, ce que je ne leur souhaite pas en tant que bon père, elles iront. Mais par ailleurs, de savoir qu'elles peuvent encore se manger. Une remarque raciste. Et je souhaite en tout cas que leurs mères, les mères de mes enfants, puisque j'ai été marié deux fois, comprennent que même si elles ne sont pas de... Notre communauté, c'est des femmes qui sont d'une autre culture. Elles doivent comprendre que ce sujet devient le leur aussi. Et il n'y a rien de pire que dans un couple mixte, quand l'un des deux prend ce combat et que l'autre l'amoindrit. En disant, tu vois, la mère de mon fils, elle dit toujours, tu vois, je suis séparé d'elle, elle dit, oh ça va. Non, ça ne va pas. Non, non, non, si moi c'est un sujet douloureux, il faut que tu conçoives l'idée que c'est douloureux. Parce que si on fait grandir nos enfants dans une bulle, en leur faisant croire que tout va bien, le jour où ils vont être confrontés à ce racisme-là, comme tu disais tout à l'heure, ils seront égarés. Tu vois, moi, ça a été... J'avais deux parents à la maison qui parlaient un français. Enfin, mon père parle mieux français que ma mère. Je me disais, OK, je comprends pourquoi on m'attaque là-dessus. Mais tu vois, nos enfants, tu t'exprimes bien.
- Speaker #0
J'ai la tchatche.
- Speaker #1
T'as la tchatche, absolument. Quand ta fille, elle se mange ça, elle se dit, mais papa... J'avais oublié que j'étais arabe. Parce que tu vois... C'est clair. Ouais. Moi, quand je rentrais le soir chez moi, quand j'étais petit, je savais que j'étais... Non, que j'étais arabe. Je le sentais même à travers le parfum de la maison. Mais là, tu vois, aujourd'hui, je dis pas que quand tu rentres chez moi, c'est un mobilier finlandais. Mais mon fils, quand je lui évoque mon fils de 9 ans, il est un peu plus en train de vivre ça. sur le fait d'avoir des copains de toutes les couleurs. Mais je te raconte un truc que je n'ai jamais raconté à mon fils, mais ça va te faire marrer. Mon fils est invité à tous les anniversaires, ce qui fait de lui un garçon populaire. Et je suis un peu jaloux. Parce que tu te souviens que... Et moi, j'ai grandi avec des Blancs quand j'étais petit. Et un jour, je me souviens de m'être mangé un truc que des gens ici... Il y a un mec qui est venu et il me dit Ma mère ne veut pas qu'on t'invite parce que tu es arabe. C'est un peu plus puissant que Je ne veux pas manger à côté de toi. Et à l'époque, je ne savais pas ce que ça voulait dire. Je dis D'accord. Bah ouais. Et je suis rentré chez moi et ma mère me dit On a le DNA de moi et tout. Et ma mère a fait un truc très mignon, elle a fait un anniversaire pour moi. Ce n'était pas mon anniversaire, mais elle a fêté un truc, tu vois. Et je t'en parle avec émotion. Ces petits riens, je le dis à la bobosphère qui nous regarde, vous n'avez pas encore fait de film sur nos vraies vies. Là, quand nous, on va rentrer dans le cinéma français, ce qui n'est pas l'ambition. On rentrera pour que Tahar Rahim finisse par jouer Aznavour. Ne vous en faites pas, on a de la ressource. Mais la vérité, et ça va être un succès. Le producteur a beaucoup de talent, les réalisateurs ont beaucoup de talent. Tahar, je crois qu'on n'a plus à le justifier. Mais si tu veux, le truc de nos histoires, le Ken Loach, je dis souvent, de nos vies... qui va raconter ces petits détails. Tu vois, il y a un film en ce moment qui sort sur Barbès. Ça reste encore un film, tu vois, assez rare. Mais les petites anecdotes de nos vies, on raconte comment nos darons, ils nous ont éduqués.
- Speaker #0
Une sacrée pisse.
- Speaker #1
Ouais, tu vois, quand moi je vois un humoriste à rabais noir dire J'ai grandi dans la pauvreté je me dis C'est pas vrai, Frangin. S'il y a bien un truc dans lequel on n'a pas grandi, c'est la pauvreté. Moi, j'ai jamais vécu la pauvreté. de causette, c'est-à-dire que mes parents malgré le fait de ne pas gagner des mille et des cents ont mis suffisamment le hamdoulilah dans mon assiette je partais tous les ans en vacances je le dis souvent, j'emmenais des gens en vacances je rentre du Maroc avec mes parents j'étais avec mes parents au Maroc parce que j'aime bien le chiller avec mes parents Et mon daron, je disais, tu te souviens, quand on arrivait en vacances au Bled, et que tu prenais 5-6 personnes, et que tu les emmenais, alors qu'on avait l'hamdoulilah, mais de te dire, je vais amener d'autres gens. Tu vois, nous aujourd'hui, c'est en ça qu'on est francisés. Tu pars en vacances avec... ta femme, ta fille, jamais tu te dis je vais récupérer deux cousins que je connais.
- Speaker #0
Jamais de la vie.
- Speaker #1
D'un coup, tu appelles la police en disant ils me suivent, ils sont là tout l'été, ils me suivent. Alors que moi, c'est des petits riens qui font des grands touts. Et cette générosité, c'est pour ça qu'elle est naturelle chez nous, de voir nos parents avoir fait autant, avoir payé des mariages, comme dit dans le spectacle, avoir payé des circoncisions, d'avoir payé tant de choses. et que ces gens-là continuent à marcher dans la rue, qui sont nos parents, et que les gens se disent Ah oui, il faut les aider mais tu ne te rends pas compte, c'est des PME, ça. C'est des PME qui respirent, qui marchent, tu vois, le sens du sacrifice dans le sens le plus noble. Et vraiment, pour finir de répondre à ta question, et ne pas partir trop loin, laisse ta fille vivre le pays. Moi, ce que je dis à mes potes qui ont des enfants, parce que je suis un lieu, j'ai des enfants d'un certain âge, je les ai eus très jeunes et je suis très fier, laisse, laisse-les se cabosser. Ne va pas à l'école en t'attaquant à un tel, à un tel. La directrice ou le directeur, il faut que tu comprennes, être au Rebeu, Renoir ou autre dans une école française publique, c'est se confronter à ce genre de choses.
- Speaker #0
Je suis d'accord, Yacine. Après, on ferme définitivement la parenthèse sur ce sujet. Je pense que dans cette histoire, ce n'est pas ma fille qui a eu le plus mal, c'est moi. Je m'explique. En fait, j'ai une journée comme tout le monde, de taf. Je dois payer les factures. J'ai une charge mentale. Si en plus, comme dit Rokhaya Diallo, j'ai une charge raciale à gérer à la maison, je ne m'en sors pas. Et ça, c'est important que les auditeurs se l'imprègnent bien, c'est qu'on a une charge supplémentaire, et moi, je n'ai ni l'énergie, ni le temps, ni les outils pour gérer ça. Donc, je prends le conseil, elle va se prendre des murs, des salles arabes, de je ne mange pas avec toi
- Speaker #1
Non, mais c'est suffisamment rare, c'est inacceptable. C'est suffisamment rare. pour aujourd'hui se dire que la société avance. Est-ce que néanmoins, ce que tu viens de dire est quelque chose de délicat à vivre, en tant que parent, évidemment. Mais la vérité aujourd'hui, c'est notre très cher Maboula Soumaoro, qui a été la première à parler de charges raciales. Et Maboula et Rokhaya sont des gens que j'aime. Je me suis mangé ça dans un commentaire, je le dis ici, je sais que Rokhaya regarde. Et un mec m'a dit, mais pourquoi Melatar aime autant les Noirs ? C'est un rebeu qui m'a écrit ça. Et je voulais dire... Il est possédé. On a déjà suffisamment d'ennemis en face, qui sont de l'extrême droite, pour que tu commences à dire Rokhaya fait partie intégrante de ma vie. Quand je suis arrivé à Paris, elle faisait les Yabon Wars. Ça fait 20 ans qu'on se connaît avec Rokhaya. Et Maboula, notre grande sœur à tous, puisque c'est elle qui donne les directives. Mais Marouane Mohamed, sociologue, qui m'insulte sur mes positions politiques. Marouane Mohamed, aujourd'hui, ça me fait rire quand les gens disent Ah, c'est un sociologue de talent Mais les amis, Marouane, avant qu'il ne passe chez vous, était une référence pour nous. Marouane Mohamed est un pégor. Je sais bien et je trouve que tu as fait un travail admirable. Mais tu vois ce qui est rare et cher. Marouane, quand il prend la parole, on l'écoute. Il y a même quelqu'un qui m'a dit Pourquoi il ne vient pas souvent à la télé ? Parce qu'il a un vrai métier à côté de lui. C'est-à-dire qu'il ne va pas beaucoup. Et c'est pour ça que je te dis qu'aujourd'hui... On a beau la fermer la parenthèse, il faut être le fruit de son époque. Il faut se confronter à des choses qui permettent justement, et je l'espère, ta fille, pardon ta soeur, ta fille vient de prendre une claque morale qui va peut-être changer sa trajectoire. Et aujourd'hui, j'ai des amis à moi qui ont fait l'inverse en mettant leurs enfants dans le privé, des rebeutes. C'est des écoles catholiques en disant, il n'y a pas d'embrouille. Puis d'un coup, à 15 ans... Un jour, il y a une remarque et le gamin s'effondre parce que tu as 15 ans de retard sur la réalité de ta vie. Tu fais ce que tu veux malgré que tu aies des cheveux sublimes. Notre visage raconte des histoires. Tu peux faire comme tu veux, comme les blancs, ce que tu veux. À la fin, tu te couches, t'es rebeu, t'es renoi. C'est pour ça que Tanguy David m'a touché. Tu vois, quand je l'ai vu arriver, tu te souviens. Et je voulais dire, mais t'as pas de miroir chez toi ? Et quand à la fin, ils l'ont traité, je vais pas répéter le langage de l'extrême droite que tu connais, ça m'a fait de la peine, dans son regard, de découvrir que, mais ouais, gars, t'es que l'un des... T'es l'un des leurs. Tu crois quand même pas. C'est ce que j'avais dit à Jean Messiaen. Je le cite pas parce que c'est devenu vraiment...
- Speaker #0
Je l'avais oublié, lui.
- Speaker #1
Ouais, ouais, mais parce que je l'ai créé. Quand tu me disais, pourquoi tu vas plus sur les plateaux télé ? Jean Messiaen ne doit son existence médiatique qu'à ma présence. Sinon, jamais il va chez Cyril Hanouna. Et c'est pour ça que je dis...
- Speaker #0
On va en reparler après. Moi, j'ai envie qu'on revienne sur ton parcours. J'ai une question simple. Comment toi, tu tombes dans le milieu de l'humour ?
- Speaker #1
Comment je tombe dans le milieu de l'humour ?
- Speaker #0
Il n'y a aucune transition entre ce qu'on vient de dire et ça. Je pense que c'est important qu'on y trouve...
- Speaker #1
Je ne sais pas pourquoi ça s'appelait Burnout maintenant, je sais. Non, je ne tombe pas dedans. Je suis... Je suis... Comment dire ? Je suis dans... Comment je rentre dans l'humour ? Déjà, on dit souvent que les humoristes sont des gens qui ont déjà un entourage marrant. Toi qui es d'origine marocaine, ce pays magnifique, qui va bientôt rentrer au G8, c'est que moi j'ai un père marrakechis déjà.
- Speaker #0
Donc mes origines sont marrantes. Pour les gens qui disent là, c'est quoi cette histoire de Marrakech ?
- Speaker #1
C'est important ce que tu dis parce que c'est vrai que les Français, ils n'ont pas forcément les références et il y a des traits de caractère par une fois.
- Speaker #0
Je ne suis pas français, pardon Frangin, je te reprends juste. Ne dis pas français, on est français. Farid a fait un très bon sketch là-dessus récemment. Les blancs.
- Speaker #1
Les blancs. Il ne faut pas qu'on soit mal à l'aise, c'est vrai. Les blancs n'ont pas forcément les références de traits de caractère des différentes régions au Maroc. Et c'est vrai que les marrakechis sont de nature très très drôle.
- Speaker #0
Ouais,
- Speaker #1
ouais. On a connu ça au Maroc.
- Speaker #0
Pour faire un parallèle, on dit les Marseillais, mais dans la tradition marocaine, quand on dit que c'est quelqu'un de fessy, on sait qu'il va se la raconter de ouf. S'il est de Casa, on sait qu'il va faire des sandwichs buccadillos.
- Speaker #1
Meknesic ou gros crevard.
- Speaker #0
Voilà, Meknesic, Tangier, Danger. Mais il ne faut pas oublier que le Maroc, ce sont des traditions tribales. Et c'est ce qui aussi justifie un roi, pour que les gens comprennent. Et en fait, quand tu pars de Tangier jusqu'à Dakhla, tu as 15 types de Marocains que tu vas croiser. Et souvent, dans les traditions marocaines, et tu le sais, quand on dit, tes parents surtout le disaient, ils disent, non mais il est marrant, Mrakchi. Et dans ce qui est en fait la ville de provenance, en cela, déjà c'est une promesse, on va rigoler. Mon père est un mec... exceptionnel. Vraiment drôle. Mais drôle. Tu vois, là, je reviens du Maroc où j'ai fait le festival l'Afrique du rire avec Wallace. Et j'ai pu traîner avec mes parents pendant 3 jours. Le luxe. C'est vraiment des vannes drôles. Tu vois, je te jure... Je raconte juste l'anecdote parce que comme tu vois, moi aussi, borakchi. Mais ma mère m'a dit j'ai grandi ici. Elle m'a montré sa maison à Kaza, parce que ma mère a grandi à Kaza, dans un quartier qui s'appelle Darb Lihoudi, qui est par traduction le quartier des Juifs. Ma mère très mignonne dit j'ai grandi là-bas tout ça. Et mon père a dit cette phrase à Kaza, il dit c'est ici que je l'ai sauvé. Je me suis dit c'est une très bonne vanne. Mes parents sont mariés depuis 48 ans. C'est une belle vanne. comme toutes les familles, comme les d'autres, je pense qu'on a plus souvent parlé de divorce que de mariage.
- Speaker #1
C'est clair, je confirme.
- Speaker #0
Et ce que je trouve magnifique avec nos darons, c'est qu'ils sont toujours ensemble. Et par pudeur, ils vont regarder cette émission, je sais qu'ils s'aiment. Mais cette espèce de fait de ne l'avoir jamais dit, mais de se rendre indispensable l'un pour l'autre. Je pense que si ma mère quitte mon père, il ne sait pas vivre. Et inversement. Et c'est comme ça que je suis né dans l'humour. Mon père faisait des grandes tablées marocaines tous les week-ends que tu as connues, avec des gens que j'appelle dorénavant Emy et Tata. Et c'est là que j'ai eu le sens de la vanne. Mon père faisait avec mes oncles de Marrakech, Boubker, Hamza... Les igas,
- Speaker #1
par exemple.
- Speaker #0
Ouais ! Non, parce que je les aime d'amour, comme si c'était mes oncles de sang. C'est des oncles de cœur. Mais ils avaient ce point commun de tous venir de Marrakech. 20 élèves de Marrakech ont été mis à conflans à Tonorine dans une usine. C'est comme ça qu'est née ma France. Et tous ont eu des enfants que j'appelle cousins ou cousines. Et tous se voient un corps. Je suis plus proche de ces gens-là que de ma propre famille au bled. Et tous les week-ends, on allait de famille en famille. Et au lieu d'aller au théâtre, moi j'allais et ça rigolait. Tu vois, ça rigolait fort. Et ça rigolait en plus dans des thématiques qui ressortent dorénavant. C'est le fatalisme. Si quelqu'un était mort le jeudi... je pense que samedi, il pouvait se manger une vanne. En plus, tout en ayant prié le vendredi pour lui. Et ça, c'est mieux que le cours Florent. C'est mieux que n'importe quelle école. Et donc, quand j'ai transposé ça à l'école, ce qui a été la grande défaite de mon père, il disait, l'école, ce n'est pas ça. Et quelque part, j'ai gardé ça. J'ai toujours plébiscité la camaraderie. Je suis très fier de Djamil, de Benjamin Tragny. Mais quand on faisait les Trente Glorieuses, ce qui était fort, ce n'était pas l'un ou l'autre. C'était les uns avec les autres. Et dorénavant, ces phénomènes de groupe, je le vois avec le podcast. Quand tu invites des gens qui sont marrants, qui n'ont pas de jugement de concurrence, quand les gens ont la même perspective ensemble de faire rire, c'est inarrêtable.
- Speaker #1
Et à cette époque, hormis ta famille, est-ce que tu avais une source d'inspiration qui passait déjà à la télé ? Un humoriste ?
- Speaker #0
Évidemment, moi je suis plus école Smaïn que Djamal. Smaïn a eu un vrai impact parce que c'était le premier rebeu que je regardais à la télé avec mes parents. Et ce Maine a été pour moi... Je me disais, waouh ! Et ensuite, j'ai vécu la vie que je devais vivre. Malheureusement, j'ai perdu deux de mes frères quand j'étais petit, mon grand frère et mon petit frère. Je te le dis ici, puisqu'on doit tous dire, ça a eu un grand impact sur moi. Je trouvais ça très injuste de perdre des membres de ma famille, et notamment mon plus petit frère Amine, quand il avait cinq ans. L'humour m'a sauvé de cette noirceur. En fait, j'ai dû créer un imaginaire, tu vois, sur le fatalisme. Je dis souvent que le fatalisme, c'est vraiment pour moi une estrade, quoi. Tu vois, même en ce moment, avec ce qui se passe, est-ce que je vais aller m'engager dans le conflit israélo-palestinien physiquement ? Non. Est-ce que je vais y aller pour faire de l'humanitaire ? Absolument pas, ça serait mentir que de dire ça. Mais faire des blagues pour solliciter l'attention des gens, Ça, oui, c'est mon métier. Et donc, quelque part, Smaïn a été le premier à non pas rire des Arabes, mais expliquer les Arabes dans son humour. C'était très anthropologique. Les Blancs, la vieille France, à l'époque, avant Smaïn, il n'y avait pas d'humoriste rebeu qui arrivait et qui disait je vais vous expliquer comment c'est chez nous Il y avait aussi des films qu'aujourd'hui, on ne pourrait plus faire. L'œil au beurre noir notamment avec Legitimus et Smaïn. Quand tu revois, c'est un chef-d'œuvre. Tu vois, ça racontait... Quand il fait la scène du verre de thé dans des verres de blanc, et le verre, il explose. Il dit, vos verres, c'est de la merde. Venez avec moi au marché. Ça, c'est des choses qu'on a vécues.
- Speaker #1
C'est intéressant ce que tu dis. Je l'avais dit à Djamil pendant l'épisode de Burnout. Quand j'avais créé ce podcast, je m'étais fait un peu une promesse à moi-même. Je m'étais dit, je ne vais recevoir ni humoriste, ni rappeur, ni footballeur. Parce que systématiquement, encore une fois, dans l'imaginaire collectif, nous, people of the diaspora, on nous renvoie à seulement ces rôles modèles. J'ai changé d'avis, évidemment, depuis. Je ne sais pas, peut-être qu'il regardera un jour, et peut-être que je le recevrai, je ne sais pas, mais c'est Jamel Debouze. Tu l'as évoqué, moi, je n'ai jamais réussi à accrocher, parce que, contrairement à Smaïn, pour faire écho à ce que tu viens de dire, il rigolait des Arabes, et ça, moi, ça m'a toujours gêné. Alors, je ne sais pas si tu partages cet avis, si tu veux apporter une nuance.
- Speaker #0
Je veux bien apporter une nuance, et c'est de notoriété publique qu'on n'est pas proche avec Jamel. Jamel a ouvert une porte, c'est indéniable. Le tout appuyé par une chaîne qui s'appelait Canal+. Quand tu prends du recul, c'est quand même ouf que toute la chaîne Canal+, quasiment, soutenait ce petit rebeu de trappe et aussi handicapé. Il faut dire la vérité, quand même. Que Jamel, jusqu'au deuxième spectacle... Désolé,
- Speaker #1
mais tu me fais... La manière dont tu le dis, même derrière, il rigole.
- Speaker #0
Non, non, mais on a tendance à l'oublier.
- Speaker #1
Je m'ai dépassé.
- Speaker #0
Non, mais on a tendance à l'oublier. Après tout, l'handicap... Non, je t'en prie, l'handicap n'a jamais été un frein. Parce qu'évidemment, dans notre culture, frère, t'es handicapé. C'est plus un régal pour les vannes que le pauvre... Non ! Et je trouve que Jamel, pour le coup, a transcendé ça, vraiment, pour le coup, comme un... Il a donné une fierté aux handicapés.
- Speaker #1
On l'oubliait à la fin, son handicap, en plus.
- Speaker #0
Et quand tu fais oublier ce que t'es, c'est-à-dire que t'as gagné. Ensuite, Jamel a... Je ne dis pas que c'est de l'oisiveté, je ne dis pas ça du tout. Je pense que là où Jamel a failli, c'est le fait de ne pas être allé chercher, quelque part, l'aspect iconique et légendaire du tribun. Je m'explique. Un humoriste n'a pas d'amis. C'est la règle. Si t'as des amis, t'es pas humoriste, t'es Géo. Le Géo, il est club. Au Club Med, il est copain avec tout le monde. Nous, notre métier, c'est la défiance. Je parle en tout cas dans notre catégorie d'humoriste, parce que... Monsieur Fraisse, par exemple, qui est un très bon humoriste, n'est pas dans mon univers. Mais quand les gens disent comment tu fais ces vannes-là ? Nous, on est là pour déranger. On n'est pas là pour arranger. Moi, je suis très fier de la place qui est la mienne. tu me voyais chez VTEP, quand c'était autorisé aux musulmans de faire le décor penché, je pense que tu aurais dit Yacine, qu'est-ce qui se passe ? Non, non, mais juste pour te dire, quand je vois des fois des Rebeux et des Renois à la télé essayer de se raconter une espèce de carrière à la... Tu vois, vraiment, à la provinciale, en disant, non, mais moi, c'est des thématiques d'ensemble. On s'en bat les couilles, frère, des thématiques d'ensemble. Qu'est-ce que tu racontes ? Tu ne vois pas que là, frère, le Front National, il est à plus de 50 Si ce n'est pas là que tu t'engages, ça n'existe pas. Et je pense que Djamal, pour le coup, en voulant à un moment faire du nombre et non pas de l'historique, bien sûr, il a fait des Zénith, des Bercy. Demain, moi, tu me demandes de faire le Zénith ou Bercy, ça ne m'est pas utile. Ce n'est pas la différence de gagner beaucoup d'argent et d'être malheureux avec, plutôt que d'en gagner moins, mais d'être en accord avec mes fondements idéologiques. Voilà. Et récemment, ma fille m'a dit une très belle chose. Elle m'a dit, ça veut dire quoi, intègre ? Et j'avais du mal à lui expliquer un mot aussi simple. L'humoriste est intègre. L'humoriste, c'est un mec, tu l'invites à une soirée. Il dit, excuse-moi, je ne vais pas venir. Pourquoi ? Parce qu'il y a vraiment des mecs que j'aime à Patassoiré. D'accord. Voilà. Et donc aujourd'hui, quand je vois moi que dans ma corporation, il y a très peu de gens que je considère comme humoristes. Beaucoup, je les considère comme des acteurs pas très talentueux qui ont pris la départementale de la chronique France Inter pour faire des espèces de trucs de merde. Mais toujours, genre, on frôle. On frôle l'irrévérence pour quand même faire des films au cinéma. Mais frère, moi je vois les bons humoristes que j'aime, ils t'envoient une vanne en pleine tête sans se poser la question de savoir quand est-ce qu'ils vont aller au Festival de Cannes.
- Speaker #1
Il y a qui aujourd'hui en humoriste que tu considères, que tu admires un peu, qui te fait rire tout simplement ?
- Speaker #0
Bruno Rotaillot, Benjamin Tranié. Benjamin Tranié, évidemment, je suis fier, j'en parle comme... À la famille, je suis tellement fier de Benjamin. Pour ce qu'il est, il n'a pas changé. C'est un mec, tu vois, la France Inter, il me dit, je ne sais pas si tu connais, ce n'est pas que je le connais, frère. Et je ne savais pas que ce mec-là allait marquer l'humour aussi rapidement. Djamil, parce que Wiltralti, parce que lui aussi,
- Speaker #1
je crois qu'il est intègre.
- Speaker #0
Parce qu'il est intègre. Farid, Jason Brokers. Samy, le compte de Bouddha Arbalab, parce que ça fait 20 ans qu'on a commencé ensemble.
- Speaker #1
J'avais une question, je vais quand même te la poser. Dis-moi. Elle est périmée parce que tu as répondu partiellement sur le collectif, la notion de collectif. Tu as dit que l'humoriste, il faut qu'il avance seul, c'est quelqu'un de solitaire. Est-ce que tu as déjà pensé ou est-ce que toi, ça serait possible, par exemple, d'imaginer un Bercy qu'avec les grands humoristes de ta génération ? Je pense à toi, à Samy Lecondo-Bouderbal, à Djamil Lechlaï. Est-ce que c'est quelque chose qui peut se passer au même titre ?
- Speaker #0
Je n'ai pas fini ma liste, comme ça, je ne vais pas me faire un ennemi. Malik Bentala, Moustapha El-Atrassi. Hakim Gemili, très bon techniquement. Et vraiment, quand Hakim décide d'aller loin, il va loin. Il va loin, il a le talent. Redouane Bouguera-Bah est un... est un non-chalant. Et j'espère que son prochain spectacle finira par montrer que ce n'est pas juste un humoriste qui allume la salle et qui dit ça on sait faire, c'est la chicha, c'est super Redouane va avoir rendez-vous avec lui-même dans les mois qui viennent. C'est un mec qui a du charisme, qui a une grosse voix. Mais il va falloir maintenant qu'il rentre dans ce qu'on appelle le travail d'écriture. Romane Fréciné, que je considère comme le Mozart de l'humour. C'est un petit aphélite, comme on dit chez nous, qui est sorti de la côte de l'humour français. C'est un mec absolument délicieux.
- Speaker #1
Et en femme, tu as des idées ?
- Speaker #0
Je ne suis pas du tout. Non, je dis ça pour te vanner, mais pour moi, il n'y a que Blanche Gardin. Franchement, sans faire offense, Blanche est quelqu'un que j'estime, que je respecte parce que... Mise en danger, tu vois ? Blanche ne vient pas te dire que son mec, il l'a quitté, c'est un bâtard. Il y a... Et cette espèce de truc dans l'humour français féminin, il ne faut pas partir sur un truc qui serait teinté de misogynie. En ce moment, il y a des meufs qui disent, ouais, mais les mecs, ils n'aiment pas les meufs parce qu'ils sont misogynes. Non, je crois qu'à la base, ce n'était pas marrant. Non, mais ça vient... Après, si tu veux, plus tard, on pourra parler. Mais si, dorénavant, c'est comme si moi, je disais Ah, les gens, ils m'aiment pas parce que je suis arabou noir. Non. Tu vois, comme on avait écrit avec mon co-auteur Thomas Barbazan, Je t'aime pas parce que t'es un connard. Après, t'es arabou noir. C'est cette espèce de truc, là, qui existe dans l'humour français, où on envoie des meufs à tir larigot partout, en disant Ouais, il faut des meufs, il faut des meufs. Ouais, mais à un moment, il faut aussi que les meufs qui montent sur scène... aussi on prenne des nanas qui sont doués. Il y en a dans les comédies club, je te dis ça en 20 ans, je fais pas de comédie club. Mais les gens avec qui je bosse, notamment ce que j'appelle les rookies qui viennent au podcast, me disent tiens regarde le sketch de cette nana, ou regarde le sketch de cette nana. Et il y a beaucoup de femmes humoristes malheureusement qui sont plus moralisatrices qu'humoristes. Donc tu vois si 80% de ton papier il n'y a pas de vanne, ben frangine t'es chroniqueuse. T'es pas humoriste. Et pareil pour les hommes. C'est-à-dire que moi, je vois des hommes qui commencent à faire des chroniques en disant Vous savez l'écologie ? Viens, mais il n'y a pas de vanne. Mais moi, dans une situation, fais-moi un peu rêver. Et donc, franchement, et après, je ne vais pas cracher non plus sur les collègues, les zadistes, comme Guillaume Meurice, Émeric Lompré, Pierre-Emmanuel Barret, ils font du bon boulot actuellement sur Nova. C'est une autre frange de l'humour français. C'est des mecs qui sont doués, qui savent tenir la scène et compagnie. Un bon humoriste, il est reconnu par ses pairs. Et ce qui a tué notre métier, c'est le copinage. C'est-à-dire, la cooptation a fini par dégoûter le public. L'un des meilleurs humoristes que j'ai reçu récemment dans mon podcast Il s'appelle Alpatch Qui n'a pas de numéro de sécu Qu'est-ce que cet épisode m'a fait rire Parce que c'est marrant Hier je l'ai appelé Le podcast t'a cartonné Après ça fait de moi un dresseur de fauve Moi je t'amène Alpatch ici Je pense que ton studio il brûle Il prend le kiss Il laisse bang bang Mais quand il vient Je l'aime, ça fait des années, je le dis ici, je l'aime. Mais tu sais, il est possédé, frère. Tu sais, il n'a pas de stratégie. Mais j'ai vu,
- Speaker #1
parfois il avait des moments d'absence, après il revient avec une punchline, c'est...
- Speaker #0
Non mais lui, c'est le seul problème.
- Speaker #1
Déjà un genou non direct.
- Speaker #0
Et tu vois, là il m'a dit, Ah, il y a Malik Bentala, il m'a appelé. Là il m'a appelé, il m'a dit, Je suis exceptionnel. Ça veut dire, je suis au-dessus de Malik Bentala. Mais pourquoi son compte en banque, c'est pas mon compte en... Et hier, il m'a dit, Je te laisse, je passe à la douane. Il m'a dit, Je vais aux toilettes. Tu vois, possédé. Mais pourquoi je l'aime ? Ça fait des années qu'on se connaît. Est-ce que ce mec, aujourd'hui, tu le mettrais sur France Inter, est-ce qu'il serait plus ridicule que les autres ? Pas du tout. Pas du tout. Mais pourquoi ? Copinage. Parce que les mecs, ils se disent, non, mais il ne vient pas aux soirées. Écoute-moi, on vient dans ta soirée, il n'y a plus de soirée.
- Speaker #1
Mais après, c'est représentatif de la société. Même en entreprise, c'est pareil. Cooptation, copinage. On met en lumière et on fait, on met en avant la médiocrité. C'est la société.
- Speaker #0
Oui, mais... Quelque part là où c'est marrant, c'est que nous, entre nous, entre humoristes, moi j'estime le talent. d'ailleurs pas genré, homme, femme j'aime les gens qui ont du talent et j'aime les gens qui ne trichent pas l'humour pour moi, je peux t'en parler avec beaucoup d'émotion, je suis très émotif mais quand je vois quelqu'un de marrant ça me touche, c'est beau tu vois les gens rire c'est neuf, c'est un art quand il n'y a pas de tricherie et moi je connais beaucoup d'humoristes mais t'as pas besoin, ils sont en train de manger pimenté face à Kyan Kojandi mais de les voir manger du tabasco en faisant croire qu'ils sont marrants moi je leur dis et c'est bon c'est mon côté provocateur. Je suis plus marrant que vous. Vous le savez, au fond de vous. Montez avec moi sur le ring. Moi, je suis méchant, je suis poids lourd. Mais boxeur, c'est pas... Voilà, c'est pas Sugar Ray Robinson. Moi, j'aime Tyson. J'aime mettre... des patates d'humour où les gens se disent ça, tu vois, ce truc de podcast, quand ils enlèvent, ils disent c'est trop, j'ai trop rigolé. Non, mais tu vois, Alpache, même Farid, même Boudère.
- Speaker #1
On ne voit pas l'heure passer.
- Speaker #0
Mais quand Boudère est venu au podcast, il y a des gens qui me disaient mais Boudère... il est à chialer de rire. C'est juste qu'il fait le décor penché, donc on peut le vader. Mais quand tu vannes Boudère, jamais il se vexe. C'est ça, les gens marrants. Parce qu'il va te la rendre plus marrant. Mais quand tu commences à faire un peu l'acteur, on parle pas comme ça. Allez, casse-toi de là. Tu vois ? Moi, c'est pour ça que... Tu vois, je te raconte un truc. L'humour est partout. J'ai pris un vol de la Royal Air Maroc, là. Et il s'avère, pour des raisons financières, j'étais au-devant de la vue. Et il y a un rebeu depuis la douane, je me disais, lui, je crois qu'il va être galerie. Tu sais, il avait le regard du démon. Et je monte, et j'étais juste au fond de la business. Donc lui, il était juste quelques rangs après moi. Et quand elle a tiré le rideau, c'est l'hôtesse, il a fait une voix que j'ai entendue, il a dit Je suis avec Yacine, je suis son puissant. Et je me dis, mes frères, ça donne lui, ça. Tu vois, il n'a rien à perdre. Et je pense que quand les humoristes ont commencé à se prendre au sérieux... C'est là où c'est parti en sucette. Tu vois, mon podcast, il marche parce qu'il est sincère, parce que les gens, ils sont drôles, surtout parce que je suis avec une machine de guerre qui s'appelle Thomas Barbazan, mais nous, aujourd'hui, quand on fait de la radio avec Thomas, en tout cas sur la partie humoristique, quand... me dit tel humoriste il a fait un podcast je le dis devant la caméra pardon quand j'écoute des podcasts d'humoristes la vie de ma mère je préfère Mireille Dumas bah les masques là tu sais des humoristes ils ont deux ans de carrière alors comment j'ai commencé l'humour parce que ça y est tu as déjà un biopic nous ça fait 20 ans on fait de la radio j'ai réveillé des Kaira à Génération comme j'ai fait Nova tu peux dire des choses sur moi mais ne dis jamais que je suis pas marrant tu vois même si tu dis ouais c'est pas mon univers parce que techniquement quand je monte sur scène tu vois ce gars là et tu te dis je
- Speaker #1
crois ça ça va être dur et tu vois et ça pour moi il y a beaucoup d'humoristes je me le dis pas je confirme et c'est une bonne transition j'ai envie qu'on fasse le focus maintenant sur ton duo avec Thomas Barbazan parce que lui aussi c'est un génie Explique-nous les coulisses de la rencontre. Tout d'abord, et ensuite, on va parler des Trente Glorieuses, du contexte et pourquoi ce titre. Voilà, dix questions, une, débrouille-toi.
- Speaker #0
Je suis indissociable de Thomas et Thomas est indissociable de moi. Thomas est arrivé dans ma vie, je suis arrivé dans la sienne, un beau matin à Génération, il y a 20 ans. 20 ans pile, on fête nos 20 ans. C'est déjà rare dans un duo. qui ont duré aussi longtemps. Thomas était journaliste avant de me rencontrer. Tu vois, comme quoi... Et en fait, il s'est passé de grand blanc, de 1m95, un peu ours. Et moi, j'avais vraiment, quand je suis arrivé à la génération, je ne vais pas mentir, je voulais aller combattre les djamels, enfin combattre, c'est un grand mot, mais je voulais aller à ce niveau-là. Et d'ailleurs, Bruno Laforestry, qui était mon patron à Génération, ne racontera jamais cette histoire. Quand je suis rentré dans son bureau, c'était le 27 juin 2004.
- Speaker #1
Parle bien devant le micro comme ça.
- Speaker #0
Le 27 juin 2004. Et c'est mon entretien d'embauche, frère, à Génération. Et il me dit, mais t'es content de rejoindre Génération ? Et je lui réponds, pour que tu saches que je suis ouf. Non mais je vais pas rester parce que je vais à Canal. Il m'a dit comment ça tu vas à Canal ? Je dis un an ou deux, je fais un an ou deux à Génération. Et après j'irai à Canal.
- Speaker #1
Mais genre t'étais de premier degré.
- Speaker #0
Mais frère j'étais dans ma tête, je me disais c'est une formalité. Et Bruno que je salue m'avait dit... Je me suis dit, soit il est ouf, soit il est vraiment... Et le jour où Canal a appelé, c'est lui qui m'a rappelé cette anecdote. Il me disait, tu te souviens que tu avais dit... Parce qu'à l'époque, faire partie de Canal, c'était le Brésil au foot. Là maintenant, Canal m'appelle et me dit, est-ce que tu veux être sur la chaîne ? Je dis, je préfère TV5Monde, sans faire offense à TV5Monde, qui passe tous les plus grands cabarets de Patrick Sébastien. Donc je rencontre Thomas comme ça et je me dis, il est golri. Et on lance un truc qui s'appelle DJ Chelou. Parce que Thomas fait partie de ces blancs frustrés qui ne seront jamais rappeurs, mais qui rappent très bien. Et Thomas, je te parlais tout à l'heure de Manu Payet, mais pour moi, l'un des plus solides en termes de modulation de voix, c'est Thomas Barbazan. Thomas, il fait à peu près ce qu'il veut avec sa voix, sans basculer dans l'imitateur. Il sait imiter des gens. Tu le vois bien avec DJ Chelou. Et en fait, ça explose. C'est-à-dire qu'à Génération, on cartonne. Et Thomas, pendant longtemps, on pensait qu'il était noir. Pour te dire le racisme, il y a d'autres radios. C'est que c'était que des rebuts et des renois à Génération. Et il y avait l'animateur Star, qui s'appelait Laurent, qui nous dit, vous allez faire la matinale. Et on a réussi à lier notre engagement... à l'émission, c'est-à-dire qu'on prenait des chauffeurs-livreurs au téléphone. Conjoncturellement, j'aurais préféré que ça n'existe pas, parce qu'on sait à cause de quoi c'est né, c'est les émeutes. Donc 2005-2007, nous on est à la radio, et on est la seule libre-antenne qui prend, comme avait dit Le Figaro, les émeutiers au téléphone. Et en fait, c'est l'arrivée du stand-up. En 2005, il y a, je rencontre NJ Joll, Eboué, Lecomte de Boudarbala, Yacine Bellouze. On crée une troupe. Après, ça deviendra pour eux le Jamel Comedy Club. Mais moi, je suis toujours avec Thomas. Et en fait, Thomas fait partie... Je n'ai pas envie qu'on pense que c'est mon sidekick. Moi, je suis celui qui est devant. Mais l'intégralité de ma carrière artistique se décide avec Thomas. Il n'y a pas une virgule, il n'y a pas un mot qui n'est pas pesé. ou construit avec Thomas. Sauf que Thomas a toujours voulu être dans l'ombre. Bon, là, maintenant, il doit se montrer parce qu'il fait des spectacles DJ chelou. Mais quand tu écoutes le podcast Les Trente Glorieuses, et d'ailleurs, en grande partie, je fais le podcast pour Thomas, c'est que quand Thomas, il balance des vannes, rarement, il tombe à côté. Et moi, qui suis fan d'humour, Thomas est vraiment, pour moi, l'un des descendants de Jean-Yann. Je ne sais pas si tu te souviens de Jean-Yann, qui était un grand acteur, mais c'était une méga star à l'époque. mais si tu veux il avait cette forme de il y avait plus de stars que lui personne dans l'humour français personne ne te dira que Thomas Barbazan n'est pas le meilleur Thomas Barbazan est certainement le plus grand auteur français, vraiment je le dis et je dis pas ça parce qu'il travaille avec moi mais Thomas tu lui donnes une comédie française de Philippe Lachaud Je pense qu'il en fait un chef-d'œuvre. Tu vois, Thomas, n'importe quelle blague, est capable de la pimper, de la retravailler. C'est un travail d'orfèvre. Et quand je vois la jeune génération, des jeunes humoristes, des jeunes auteurs, qui viennent voir Thomas comme tu vas chez Hermès, parce que Thomas, c'est une boutique d'élégance, et bien, quelque part, je me dis, il y a une justice dans l'humour. Parce que même le mec de l'ombre qui est avec moi a plus de reconnaissance que moi. Et pour moi, c'était déterminant.
- Speaker #1
Moi, je me suis posé la question. Est-ce qu'il y a une recette magique derrière ? Comme en 20 ans après Yacine. T'as réussi à faire de ce duo avec Thomas quelque chose qui n'est pas devenu, genre, qui a mal vieilli, kitsch, beauf. En fait, quand tu ris, quand je te vois rire à ses vannes, t'as toujours les yeux qui brillent. J'ai tout analysé, j'ai analysé tête au pied pour préparer cette interview. Je me dis, mais c'est pas possible. En fait, Yacine, il va pas au taf, il va délirer avec un pote, il a le meilleur métier du monde. T'as toujours les yeux qui brillent, tu rigoles, t'es sincère, etc. Lui, il kiffe autant. On voit que c'est préparé. On voit qu'il y a aussi quelque chose de spontané. Mais ça n'existe pas. Ça n'existe pas, en fait.
- Speaker #0
Écoute, tu vois ce qu'on rend visible. Thomas, c'est mon...
- Speaker #1
Mon meilleur ami.
- Speaker #0
Parce que tu vois, tu m'émeux à en reparler tout, mais... Quand on s'est rencontrés avec Thomas, tu vois, ils ont fait nos 20 ans et c'est pas tout le temps facile, mais on a vécu beaucoup de choses délicates. J'ai beaucoup... Ça a été très très dur un moment dans mon militantisme. Thomas n'est pas arabe, Thomas n'est pas noir. Il a vu mes enfants naître, j'ai vu son fils naître. Et tu sais, quand j'étais acculé en tant que... en tant que rebeu, en tant que muslim, en tant que mec de quartier, 2000 fois, Thomas aurait pu partir. Toujours en disant, ce n'est pas mes histoires. Et j'ai vraiment eu des moments, quand j'ai eu les menaces de mort. Et Thomas est pour moi le phare au milieu de la nuit. Pourquoi ? Parce que je ne laisserai jamais quelqu'un dire que les Blancs sont racistes, grâce à ma relation avec Thomas. J'ai plus trouvé d'amour, de fraternité en Thomas que je l'en ai trouvé envers des rebeux et des renois de ce putain de métier. Et ce qui fait que Thomas est un... Comme tu dis, tous les jours, je le vois avec les yeux de l'amour, même si en ce moment, il m'a un peu vénère. Je... Thomas est un mec qui fait partie intrinsèque de ma vie et de ma conception du monde. Et vraiment parce qu'on ne s'est jamais laissé tomber. Thomas est la première personne que j'appelle le matin, la dernière avec qui je raccroche le soir. Et le plus beau moment vraiment là-dessus, et ça me touche vraiment que tu le dises, tu m'as fait craquer ce que je fais rarement, c'est que quand on fait le podcast ensemble et que les deux on se met, tu regarderas, c'est des structures de blagues. Quand l'un commence, l'autre sait où il va. Tu vois ? Et tu peux pas, et je le dis vraiment, c'est pas une histoire concurrentielle avec les autres humoristes, beaucoup d'humoristes sont venus au podcast et me disent Je vais pas me mettre entre Thomas et toi. Vous avez trop de réflexes. Vous jouez trop au tennis ensemble. Et tu vois, et Thomas, pour te répondre... Si t'aimes pas les gens avec qui tu travailles, si tu les aimes pas d'un amour total... Ouais, mais tu vois, Thomas, c'est le fils de mes parents. Je suis le fils de sa mère, puisque son père a des idées politiques autres. Mais Thomas, et je le dis aux gens qui sont là, qui nous regardent, et notamment les humoristes, si t'aimes pas ton auteur, t'es un mauvais humoriste. Crois pas que toi, t'as du talent. T'as du talent, parce que le mec qui est à côté... Il a compris comment te donner du talent. Je vois des humoristes qui disent, j'ai changé d'auteur. Mais ça y est, c'est fini. Thomas, aujourd'hui, notamment sur le prochain spectacle, c'est des heures et des heures de discussion, de dire, on va où maintenant ? Et vu qu'il passe sa vie à écrire, et qu'il est relou, comme là en ce moment, je le répète, t'es relou. Il me dit, on s'en fout de ta vanne là. Tu vois, ça, c'est... Thomas fait trembler les humoristes quand il rentre dans une salle. Mais il n'est pas comme des mecs qui se prennent pour des pseudo-auteurs. Thomas, quand il rentre dans sa salle, les gens se disent, putain, il va juger mon travail avec un œil d'excellence. Ouais, d'expert. Et il va te donner un conseil ou deux. Et je le vois, c'est un mec qui s'est sculpté. Et tu vois, sur le prochain spectacle, je t'avoue que je voulais voyager, voir autre chose. Il m'a dit, mais tu es hôtesse de l'air. Il me dit, tu veux faire quoi ? Il me dit, remonte sur scène. Tu vas passer à côté d'un moment historique. où justement notre humour rencontre les hommes que nous sommes. Écoute bien cette phrase. J'ai 42 ans, je ne vais pas m'inventer une vie, alors que le Front National n'a jamais été autant en confiance. Quand je vois ce que fait Rotailleau, ce que je fais, et que Thomas me dise, ok, vas-y, on y va, on remonte sur scène, pour moi, c'est normal que tous les jours, je lui rende l'appareil en lui disant que je l'aime. Voilà, ça m'a fait qu'écras.
- Speaker #1
Belle déclaration. C'est quoi ton meilleur... la meilleure parodie de Thomas ?
- Speaker #0
On les écrit souvent. En musique,
- Speaker #1
je parle de...
- Speaker #0
En musique, oui, évidemment. Comment on travaille ? En général, moi, je suis en mode shuffle. Quand vous me voyez dans la rue, j'écoute de la musique. Et souvent, je lui dis, tiens, ça serait marrant. Lui, c'est un très bon plaquiste. Moi, je sais avoir une idée générale. Lui, il sait exactement les cloisons, tout ça. Ouais. Je pense que Tonton Dubled, raciste. qui est récente, mais on en a tellement fait. Je crois que la dernière fois, on comptait, je crois, vraiment, on est quasiment à plus de 10 000 sketchs. Tu vois, et donc aujourd'hui, si tu me dis, la première fois qu'il a fait à Nova, bon, j'en parle même pas quand il faisait DJ Chelou, mais à Génération, déjà, il y a des sketchs que t'écoutais, mais moi, qui me faisaient pleurer de rire. Ça veut dire, Thomas, c'est comme...
- Speaker #1
c'est comme tu lui fais une passe D tu lui dis c'est ça l'idée et il va te marquer un but sensationnel tu vois mais des idées il en a moi j'invite vraiment les auditeurs à aller écouter je vais te dire ma
- Speaker #0
parodie préférée moi c'est Banana Split de Lyo c'est un anti-dépresseur les gars vraiment je vous invite quand vous êtes réprimé écoutez ça alors vu que t'es gentil je vais te raconter la genèse je pleurais de rire c'était il y a un an ok Gabriel Attal s'est découvert une passion soudaine pour le tissu et la baya. Et donc, je vois Gabriel Attal en train de s'exciter, puisque je le connais. Et je dis, mais il est possédé, lui. Qu'est-ce qu'il raconte, là ? Et même moi, je t'ai vexé en tant que musulman. Parce que je ne connaissais pas la baya. Non, mais tu es d'accord ? ou pas. C'est que des fois, j'ai envie de dire merci aux hommes politiques, parce que même nous, en tant que rebeux, vous nous faites découvrir des trucs. Tu vois, ma mère, elle avait pyjama, et après, civil. Mais il n'y a jamais eu d'abaya. Ouh là, je l'abats. Et Abaya, et ça commence à tourner dans ma tête, Abaya, Abaya. Et par hasard, je tombe sur Lyo, chez moi. Et j'entends Banana Split et je dis, putain, Abaya Split. Et moi, c'est comme ça qu'on travaille. J'ai le titre. Il faut que le titre, tout de suite, tu dis, comme tu viens de faire. à ses galeries. Donc, je lui envoie à Bayasplit. Thomas, tu sais, il a un budget mot sur SFR. Il t'envoie trois mots. Il dit, ça marche. Même pas. Génial. Des fois, j'aimerais, je le dis dans ton émission, j'aimerais qu'il m'envoie des... des smileys, tu vois, en disant, waouh, ça marche.
- Speaker #1
Prends ce qu'il te donne.
- Speaker #0
Et le soir, je m'en souviens, avec notre équipe, il fait Abaya Split, et d'ailleurs, je te le dis, comme quoi, l'argent ne fait pas le talent. On est dans un... un petit bar, 82 rue des Martyrs. On est dans un tout petit bar. Ils lancent Abaya Split, je suis à côté. Et je me dis, ça va faire mal. Et d'un coup, tout le monde me dit, mec... Le problème, c'est que les gens, ils aiment bien le morceau.
- Speaker #1
Moi, j'adore. Mais vraiment, ce jour-là, j'étais vénère. J'avais passé une sale journée, je tombe sur ça. Ma femme, elle me disait, mais ta gueule, je rigolais comme ça dans le lit.
- Speaker #0
N'écoutez jamais notre podcast dans un lit, ça crée des divorces. T'es ouf. Non, mais voilà, tu vois, il y a des morceaux comme ça, vraiment, quand ça marche. Le bonheur de la parodie, c'est ça. C'est-à-dire que les chansonniers, Thomas, fait partie de cette tradition, et le spectacle DJ Chelou, d'ailleurs, qu'on va bientôt arrêter, mais qu'on reprendra plus tard, les chansonniers, ça peut être ringard. Il y a des chansonniers qui font des parodies. Mais par contre, quand c'est marrant, tout de suite, les gens disent Ben oui, bien sûr. Mais tu ne peux pas faire un succès, tu ne peux pas faire une carrière sur une parodie. Il y a Split, depuis, on en a fait je ne sais pas combien. Mais quand on a commencé à Génération, et Thomas aime bien chanter, et Thomas est fils de chanteuse, sa mère a eu une petite carrière, mais néanmoins très respectable, il aime chanter. Et surtout, il chante bien. Mais quand il fait Enrico Macias, par exemple, ça nous fait chialer de rire. Mais tu vois, une bonne parodie, tu vois récemment on a décidé de faire des tubes de jeunes, on a fait Petit Génie là, ça marche, mais c'est un peu de la triche parce qu'on sait que les jeunes, tout de suite, ils vont enregistrer le morceau. Mais quand on fait des classiques comme Abaya Split, Il faut que tout de suite, ça touche la génération concernée. Et franchement, à chaque fois, bon là, ça fait quelques temps, on n'en a pas écrit une, mais là, la semaine prochaine, je pense qu'on va s'y remettre. L'actualité est tellement folle.
- Speaker #1
Il y a déjà un artiste qui vous a contacté en mode, genre Lio, non mais arrêtez là. Non, jamais.
- Speaker #0
Les artistes ont un clé carburant qui s'appelle l'ego. Donc du moment que tu fais quelque chose qui leur ou rend hommage, ça les flatte. Enfin bon, j'imagine que si Lio allait écouter mon podcast, ça se saurait. Mais tu vois Zoé de Sagan là ? Oui. Elle a liké récemment la parodie qu'a fait Thomas Dell. Et tu vois, c'est un petit clin d'œil. C'est sympa, quoi. Mais après, frère, qu'est-ce que tu vas faire ? Pardon, chasser l'Arabe, il revient en Caïra. Mais le mec, il m'envoie, il me dit, je vais dire, s'il te plaît. Mon frère, il est venu en France. Mon père, il est venu en France pour vivre l'Iran. On fait des vannes. Et surtout, la promesse, c'est quand c'est marrant, t'es en général inattaquable. Ce qui a fait la contrariété entre nous et l'humour Charlie Hebdo. Non pas qu'on soit contre la liberté d'expression, j'ai envie de le dire en tant que français de confession musulmane, mais juste, ce n'est pas marrant. Il faut faire un distinguo entre la liberté d'expression et la liberté d'agression. Quand tu fais une vanne qui n'est pas marrante, et que tu dis, regardez, vous n'avez pas compris, c'est marrant. Non, je crois qu'on est tous d'accord pour dire que ce n'est pas marrant. Oui mais je connais quelqu'un, oui sur 65 millions de personnes, il doit y avoir des gens qui te trouvent marrant tu vois. Mais quand c'est marrant, c'est marrant. Tu vois mes collègues qui sont marrants, tu vois il y a des mecs qui sont des spécialistes de ça. Et vraiment je le redis mais... Et nous, le public, le problème, c'est qu'il y a beaucoup d'humoristes. Ils allument la salle. Donnel Jacksman, qui est un humoriste que j'apprécie humainement et artistiquement. C'est un bon gars, Donnel. Il a fait un très bon sketch ces derniers temps en disant j'en peux plus des impros Ouais, t'es là, t'es sur scène, t'allumes des mecs qui sont venus te voir. Et en plus, c'est facile parce que si t'es sur scène, c'est que t'as un peu de répartie. Mais il y a des gens, tu vois, genre… Et moi, ce que j'aime, c'est les impros ratées, tu vois. Et ça arrive à des humoristes. Et moi, j'adore quand j'entends qu'une impro a été ratée.
- Speaker #1
Parlons d'argent maintenant du modèle économique des 30 Glorieux c'est important parce que les gens ne se rendent pas compte du taf que ça génère un podcast, une émission, parfois on perd de l'argent aussi, toi pour venir te voir, comment on fait ?
- Speaker #0
Dans le public ? Non, assister à l'émission c'est gratuit
- Speaker #1
Donc dans Paris, ensuite il y a un abonnement 5 euros par mois D'accord, ce qui est rien vu la qualité, l'étape qu'il y a derrière.
- Speaker #0
C'est gentil. Non, on avoisine les 4000 abonnés. On va essayer de toucher un peu plus large là. C'est le premier podcast payant en France. Ce modèle n'existe pas. Il existe beaucoup aux Etats-Unis. Aux Etats-Unis,
- Speaker #1
c'est vrai.
- Speaker #0
Ou des dénommés Joe Rogan. On réussit même à le vendre à Spotify, à des plateformes. Nous, en fait, les plateformes sont un peu encore à la mode française en disant tout ça est gratuit. Je vois toi ce que tu fais. ça génère du travail, il y a de la lumière, il y a des caméras, il y a des beaux cheveux, tu as un technicien, tout ça génère de l'argent. Bien sûr. Le problème, c'est que les Français, on les a beaucoup habitués à la gratuité. Donc en fait, quand tu leur dis, mais excuse-moi, payer, c'est soutenir. Et avec mon équipe, on essaye vraiment et on n'est pas les plus poussifs en mode, abonne-toi, tu vois. Mais malheureusement, si vous voulez ce type d'humour-là, et on voulait surtout une somme d'argent qui soit un dollar, 5 euros par mois, je trouve que c'est encore...
- Speaker #1
C'est plus que raisonnable.
- Speaker #0
Oui, c'est raisonnable, merci. Mais tu vois, là, je vois, on ne va pas me dire, oui, c'est la crise, c'est la crise, Frangin, mais si tu n'as pas 5 euros par mois, c'est le prix d'un grec. Thomas qui a trouvé cette belle formule. Mais le truc, c'est que je pense que dans les années qui viennent, beaucoup d'humoristes vont devoir se tourner vers le modèle payant parce que... Sinon, tu es payé par Bolloré.
- Speaker #1
Je vous invite vraiment à lâcher 5 euros par mois. Si vous ne le faites pas, cette promotion, je la fais à votre place. On arrive à la dernière partie de l'épisode, Yacine. J'aimerais évidemment qu'on échange sur ta casquette de militant. On en a parlé un peu en première partie. Mais aujourd'hui, quelle relation tu entretiens avec l'Élysée ?
- Speaker #0
Ah, c'est gentil. Non, je connais le locataire.
- Speaker #1
Oui. Tu as été beaucoup critiqué pour ça, d'ailleurs.
- Speaker #0
Je ne sais pas à quel moment ces critiques n'étaient pas fondées, en fait. Vous voulez plafonner mes amitiés ? Oui. C'est-à-dire que ça aurait été mieux que je connaisse Benzema et Pogba. Non, mais c'est parce que je suis un rebeu, en fait. C'est mieux d'être copain avec des footballeurs et des rappeurs. Je connais Emmanuel Macron depuis 2010. Je ne savais pas ses projets en 2010. C'est le président de tous les Français. Donc, quelque part, que moi, j'ai de l'amitié pour cet homme-là, ça ne veut pas dire que je n'ai pas des désaccords. Et je crois, puisque tu écoutes le podcast ou que tu connais quelques positions publiques, j'ai beaucoup critiqué les gouvernements succincts.
- Speaker #1
Je confirme.
- Speaker #0
Néanmoins, ça raconte une époque. Moi, ce qui est marrant, c'est que les gens qui me disent j'aime beaucoup François Hollande, j'aime beaucoup Jean-Louis Borloo ça, je te parle de gens avec qui j'ai de l'intimité, avec qui il m'arrive de dîner. Donc, moi, c'est un choix de ma vie, c'est que j'aime rencontrer des hommes politiques pour échanger. À ma petite échelle, et comme je le dis souvent, je suis le porte-drapeau de personnes, c'est toujours agréable aussi pour eux de rencontrer un mec qui s'appelle Yacine Bellata. Parce que ça leur permet aussi de savoir quel est mon chemin, quel est mon parcours.
- Speaker #1
D'avoir une autre lecture des choses aussi.
- Speaker #0
Et surtout, j'ai un autre chemin. C'est celui d'Yassine Bata. Je ne dis pas qu'il est significatif de tous les musulmans. Mais quand je suis à table avec eux et que je dis que je n'aime pas ce qu'on fait aux femmes voilées, c'est peut-être mieux d'arriver à ce niveau-là pour leur dire en direct. Et en fait, il va falloir que les bobos arrêtent de plafonner nos réussites et nos amitiés. C'est-à-dire qu'à un moment, si je veux côtoyer, si par hasard je côtoie, je ne suis pas à Brégançon, je ne suis pas avec lui, c'est une amitié et un respect. Moi, j'aime mon pays, j'aime la France. Et je vais te dire quelque chose, j'aimerais la France de la même manière quand il va partir. Est-ce que les gens, tu penses, ils vont m'appeler dans deux ans en disant Ah, Macron, je ne suis pas en train de te dire que le prochain locataire de l'Elysée, ça va être un ami. Et vu les derniers sondages, ça m'étonnerait même. Mais tu vois, une fois, il y a une femme blanche, Bobo, qui me disait Ouais, l'Élysée, je dis excuse-moi, je vais t'expliquer quelque chose. Un, je suis allé à l'Élysée avant Macron. Important. Pour rappeler que moi, je faisais ce métier et que j'étais déjà rentré à l'Élysée. De deux, ce n'est pas un luxe que les Arabes et les Noirs peuvent se permettre. que de devoir se justifier ou pas, ou de refuser quand on est convié à l'Elysée. Moi, Yacine Bellatar, quand je rentre à l'Elysée, je rentre aussi avec ton histoire, Mehdi. Je rentre avec l'histoire des Robé et des Renoir, de nos darons qui l'avaient déparqué, et que nous, 30 ans après, on y va, et je vais te dire un truc, c'est normal. Et si t'es pas content, ben on t'emmerde. Quand récemment j'ai été sollicité, que j'ai été consulté sur un point de vue, ce qui m'a abasourdi, c'est que les gens disent d'où ce rebeu il y va ? Regarde comment le pays est malade. C'est-à-dire que dorénavant, le fait même de retrait... dans un immeuble, déjà vous nous aviez recalé des boîtes de nuit. Bon. Mais dorénavant, de rentrer, attends, quand je rentre, je t'habille, je ne suis pas rentré par le toit. Mais ça renvoie plus la France, une certaine France à sa condescendance, plutôt que nous, sur la légitimité ou pas. Ça c'est en deux. Politiquement, je pense que c'est un président qui va marquer l'histoire, ou dans le pire, ou dans, j'allais dire, un futur nouveau. Vraiment, je ne suis pas en train de plébisciter ce qu'il a fait. Tu peux me parler. de la dissolution tout ça n'y a pas de souci je pense moi que la politique française est morte non pas lié à macron je crois qu'en fait on vit la politique comme des tic tockers et qu'en fait quasiment c'est le même jugement qu'on a sur le nombre de followers des canons politique une femme plus est, tout à l'heure tu me disais, je trouve aberrant ce que les femmes vivent en politique en France. C'est tout de suite, elles sont moindres, elles sont, tu vois. Mais en fait, si t'es pas un mec de télé-réalité, quasiment, si t'as pas une marque en politique, tu disparais. C'est pour ça que, quelque part, je suis pas du tout d'accord avec ce qu'il a pu faire avec Attal sur certains points. Mais Attal, il a créé une marque. Il est connu maintenant. Mais aujourd'hui, il y a des députés, il marche dans la rue, tu sais même pas qu'il est député. Tu te souviens que toi et moi, quand on était petits, un homme politique, une femme politique avait une stature. Oui. Donc, par rapport à Macron, le monde a changé. Le monde a changé puisque tous les pays n'accepteront tous, autant qu'ils sont, n'accepteront jamais d'être inférieurs à un autre pays. Je reviens du Maroc. Je ne dis pas ça parce que c'est le pays de mes aïeux. Je ne dis pas ça parce que c'est mon pays. Maroc est dans une décontraction par rapport au futur qui ferait rougir, je pense, Éric Zemmour. Le Maroc regarde devant. Il ne regarde ni derrière, ni... Il ne se contourne pas de son futur. Et les Français, pas que Macron. La politique française depuis des années, c'était de dire Ah, ça va, ils seront toujours inférieurs à nous Pas du tout. Donc pour te répondre et finir et conclure sur l'Élysée... Frangin, je souhaite à plein de gens de fréquenter des hommes politiques et des femmes politiques. Il faut arrêter de rougir de nos réussites. Si déjà, et je le dis, et c'est vraiment je le dis aux blancs qui regardent et qui écoutent ton émission, arrêtez de croire que vous parlez à nos darons. Et déjà, quand vous parliez comme ça à nos darons, on était profondément vexés. Mais ils n'avaient pas les 200 mots de vocabulaire qui nous permettent aujourd'hui de vous mettre à l'amende. On a encore des phrases aujourd'hui, que ce soit pour toi, tu les connais. Ah, j'écoute ton pote Théas parce que tu parles bien.
- Speaker #1
Tu n'as pas d'accent quand tu parles, comment ça se fait.
- Speaker #0
Oui, mais tout ça, je le dis. Quand moi, je vois aujourd'hui que dans l'industrie du disque, ceux qui trustent, c'est les Arabes et les Noirs, et que tu prends les victoires de la musique. où tu as des blancs bobos qui décident encore de poser leurs amis. Quand je vois les Molières, qui est une aberration...
- Speaker #1
César aussi dans le cinéma.
- Speaker #0
Non, mais tu vois, cette année, les Molières, c'est fini. Quand tu récompenses Sophia Aram, qui, je le rappelle, n'est pas marrante, c'est-à-dire, vraiment, tu as vu, tout à l'heure, je te parlais, c'est juste islamophobe. Et parce qu'elle est rebeu, alors là, frère, c'est Noël. Une rebeu de banlieue qui insulte les musulmans, pire que l'extrême droite, en plus, en se moquant. Et je le dis à Nicolas Demorand, ce Marocain-là, qui est né là-bas, et je le dis ici, que ce soit Nicolas Demorand ou Léa Salamé, vous savez très bien que ce qu'elle dit n'est pas marrant. Vous la laissez dire ça tous les matins avec l'argent des Français. Et je compte dedans nos parents qui payent la redevance. C'est quand même la télé. Et de se dire, elle a reçu frère cette année. le Molière. C'est-à-dire que la nana n'est pas connue pour être marrante. Ces spectacles, tu vas les voir, tu es entre consterné et gêné. Ça fait un peu spectacle de fin d'année d'un troisième. Et le milieu artistique parisien lui a donné... On s'en fout des Molières. Mais attendez les amis, il y a plein d'humoristes hommes et femmes qui tabassent tous les jours en termes de scéniquement parlant. Heureusement que j'ai rajouté scéniquement, parce qu'elles seraient capables de dire Vous avez vu, mais la terre ! Et vous n'êtes même pas capables de vous dire Il en va du crédit de votre cérémonie. Même titre pour les Césars. Et en fait, tu te rends compte, les digues sont en train de sauter parce qu'on n'a plus besoin de ces reconnaissances-là. On n'a plus besoin qu'on nous tamponne en disant Limite, c'est l'inverse. par exemple si les Molières m'appelaient l'année prochaine je serais un peu gêné ça veut dire que je suis un peu rebeu de service mais tant que vous continuez à vous plébisciter entre vous en disant il y a les bons et les mauvais arabes et noirs quelque part nous ça nous donnera de la force et je le dis aux gens qui écoutent faites vos trucs, regarde Frangin et je suis fier de toi et je te le dis pour conclure cette émission je suis fier de toi, je suis fier du garçon derrière la caméra et c'est pas du communautarisme ça ne m'a coûté que 3 secondes de te dire Je suis fier de vous. Parce que je sais ce que ça a coûté en termes de sacrifice, en se disant, est-ce que je suis légitime ? Je m'appelle Mehdi. Est-ce que quelque part, ma carrière n'était pas sur France Culture ? Pas du tout, Frangin. Ce que tu fais, c'est bien. C'est mieux quand je viens par rapport à Djamil. Mais vraiment, je te le dis, tu reçois Djamil. Djamil en est la preuve. Djamil, pourquoi je l'aime ? Djamil s'est affranchi très tôt de ce show business. Voilà, il est allé à France Inter. Allez, cassez-vous. Et il fait un podcast qui est néanmoins...... particulier, mais ça va s'installer. Il cherche,
- Speaker #1
il cherche. Non, t'inquiète.
- Speaker #0
Jamil, quand il joue au foot, il est 6, il est goal volant. Tu connais ça ? Parce qu'il y a un poste, comme disait notre cher Thomas Dijon, qui n'existe plus. C'est goal volant, allez. Mais Jamil, aujourd'hui, ce que j'aime, c'est que vraiment, il est spontané. Il se dit, je fais un podcast, écoute-moi, Franjin, je le dis ici, sans aucune stratégie. Toi et moi, on se prend la tête en disant, il faut qu'on touche le cœur de cible, parce qu'on est marrant, parce que c'est qualitatif. Il y a des choses qui sont très,
- Speaker #1
Le grand remplacement.
- Speaker #0
Moi, ce que j'aime chez Jamil, et je le dis, sa stratégie, c'est Non, mais toi, t'aimes ? Il va retourner le truc. Et quelque part, c'est ce qui fait le charme.
- Speaker #1
Je l'aime trop,
- Speaker #0
Jamil. C'est ce qui fait que quand son téléphone sonne, avec son nom dessus, quoi qu'il se passe, je serai toujours là. Parce qu'il me fait galerie. Il me fait galerie, non pas dans le sens Jamil est un garçon talentueux Frère, viens, on fait. On verra après. On l'enverra après.
- Speaker #1
Je reçois sa femme la semaine prochaine.
- Speaker #0
C'est pour ça que vous avez l'arme généalogique. Attends, pardon, mais je vais rectifier, je ne peux pas vous le dire. C'est Djamil qui est son mari, ce n'est pas elle qui est sa femme, Faiza Ghen.
- Speaker #1
C'est vrai.
- Speaker #0
Ah oui, François, fais attention dans l'ordre. Djamil, il était encore en train de vendre des voitures volées à Vichy. T'as raison. Que Faiza, elle était déjà au port du Goncourt.
- Speaker #1
Rappelons qu'elle a vendu plus de 500 000 exemplaires de son premier ouvrage.
- Speaker #0
Eh oui, frère. Et encore aujourd'hui, on dit, quand elle écrit... Faïza, c'est notre sœur, c'est un bijou. Et l'émotion de... Même si ça fait partie de ces couples, pour moi, c'est un couple gaulle. Faïza, c'est une grande dame. Et c'est vraiment une grande dame. Faïza a beaucoup compté dans ma vie avant que je rencontre ce schlag. Parce que je l'ai connu avant. Et ce mariage me rend fier. C'est vraiment des gens bons. Mais tu te rends compte, Faïza, ce qu'elle a été. Et je ne te parle pas de Jean-Éric Boulin, qui est un grand écrivain. Quand ils ont commencé ensemble, c'était des jeunes écrivains. Et Faïsa, je vais te raconter une anecdote qui raconte Faïsa, et qui rejoint ce que tu fais. Et tu diras que je te l'ai racontée. Quand elle a sorti son premier livre, Kif Kif Demain, France 2 lui propose Bouillon de Culture et lui disent on va venir te filmer je t'ai par en train de boire un thé à la menthe les bâtards non d'accord ouais tu sais dans la cité tu vois ce documentaire et Fayza qui était un petit bout de femme à l'époque elle raconte l'histoire elle dit bah y'a pas de souci mais vous allez le faire avec BQBD vous allez boire le thé avec ses parents répartis mais Jamil il est nul c'est Fayza qui est marrant mais ça Quand je te disais tout à l'heure notre constellation que tu reçois ici, Marouane Mohamed, Maboulassou Mahoro, Rokhaya Diallo, Djamil Lechlag, Samy Leconte, Njijol, Eboué, tous ces gens, on se connaît tous. Et tous, à notre manière, on a influé sur des prises de position des uns des autres. Tu vois, c'est parce qu'il y a eu Feiza que moi, ça m'a donné confiance pour monter sur scène et dire des trucs qui étaient proches de son livre. Je pense, modérément, c'est parce que j'étais à Nova. que j'ai eu l'opportunité de prendre Djamil Lechlag, qui me disait je viens de Vichy et qui m'a dit cette phrase, et c'est pour ça que je l'ai prise, et je te la raconte, parce qu'il ne te l'a pas racontée. Il est venu me voir et il m'a dit je crois que je suis le mec le plus marrant de France, personne ne le connaissait Il m'a dit ça, et j'ai dit ah ouais Déjà c'est marrant ça. Ouais, avec des jambes de 2 mètres, pas longues jambes. Et j'ai dit c'est toi le mec le plus marrant ? Et Djamil m'a dit ouais Et je me suis dit je crois qu'il est ouf Et c'était un mardi, je lui dis mais t'es libre samedi ? Il me dit oh je suis libre samedi. Je lui dis parce que c'est mon spectacle. Donc viens faire la première partie parce que t'es marrant. Il m'a dit ouais. Jeudi il m'a appelé, il m'a dit on peut boire un café ? Véridique. Et il m'a dit, je me suis un peu enflammé, et il m'a dit cette phrase qui me prend toujours l'air, il me dit, il y a du monde. Genre lui il croyait que je jouais dans des regards vides. Dans une sicha à trois pieds. Et bah je vais te dire un truc, Djamil pourquoi c'est un ouf ? Jamil tu lui donnes ta première partie, t'es mort. Je déteste, je détestais parce qu'il fait plus ma première partie à l'époque parce qu'il a pas de stratégie donc il allume le feu imagine, t'as vu son spectacle ?
- Speaker #1
J'étais mort de rire.
- Speaker #0
Mais imagine ça en 12 minutes ça veut dire il mettait tout une énergie et quand arrivé sur scène le public disait putain le mec la première partie dans la première partie, tu sais, quelque part, tu vas te dire ils vont faire, mais il y a encore des lacunes. Jamil, comme une canade, il disait, tu vas voir mon pote. Quand tu vas récupérer la scène, mais tu ne pourras pas jouer. Et en fait, c'est comme ça. C'est comme ça que Jamil il est. Donc quand aujourd'hui tu me dis que je reçois sa femme, je te dis, bah non.
- Speaker #1
Sans transition, encore une fois, et on a bientôt fini, promis, mais je suis obligé de te poser cette question. Aujourd'hui, tu entretiens quelle relation avec Hanouna ? On n'en a pas parlé de lui.
- Speaker #0
Écoute. T'es chiant parce que ça va faire le buzz, mais je veux bien te répondre. Je cherche jamais le buzz,
- Speaker #1
moi.
- Speaker #0
Si. Sérieux ? Si, si. C'est pour des raisons évidentes de survie, mais c'est pas grave. Je te laisserai recevoir Boudère pour qu'il donne sa vraie identité. J'aime beaucoup Cyril. Mais on se parlera plus jamais avec Hanouna. Ok. On s'est dit des choses, qu'il nous regarde. J'ai été évidemment affecté par la perte de son père qui était un très grand monsieur. Vraiment, je le dis, et je le dis à dessein dans ce contexte, on dit juif, arabe. Les amis, comme on dit chez moi, j'ai trouvé le khair, j'ai trouvé la bonté chez des gens qui étaient diamétralement opposés de moi. Son père et sa mère sont vraiment des gens magnifiques. Son père est mort et quelque part, quand un ami à toi perd son père, tu perds aussi quelqu'un d'important. Cyril est un mec qui a été très talentueux, mais son émission dorénavant le possède. Ce n'est pas à l'inverse. Je lui avais déjà dit, c'est ce qui a fait ma sortie de l'émission, de ne plus recevoir des gens d'extrême droite parce qu'on sait que tu es des moments de télé. Tu me fais venir, je suis un bon client, tu fais venir un mec d'extrême droite, boum boum, gauche droite, des millions de vues. Sauf que le mec d'extrême droite derrière, il prend cette énergie, il dit, merci, maintenant, je vais bâtir de là, ce qui s'est passé avec Messiaen. Et il finit par faire une cagnotte de plus d'un million d'euros pour le policier qui a tué Naël. Et ça a été un électrochoc pour moi. J'en ai beaucoup pleuré. En me disant, regarde, espèce de mongol, tu crois que t'es un militant et c'est à cause de toi, indirectement, la cagnotte. Tu vois, j'ai beaucoup... Et quand il y a eu le conflit israélo-palestinien, il y a deux écoles. C'est même plus un conflit. Il existe deux écoles où t'es Arthur et t'as profondément une haine viscérale des Arabes et des musulmans de ce métier puisque tu fais tourner des listes sur les musulmans en disant, lui, il ne faut pas travailler avec lui. C'est ça que fait Arthur actuellement. Donc je le dis. tu vois j'ai eu arthur au téléphone j'ai dit arrête je s'entends pas arrête ça non mais alors que cyril on avait une discussion de rémus et romulus et quand je disais mais cyril tu as conscience dorénavant de ce que pensent de toi les musulmans Et en fait, je sais que ça l'affecte profondément. Après, je te dis ça, dans deux jours, il va recevoir Jordan Bardella pendant deux heures. Néanmoins, si au fond de lui, il reste... Et récemment, il a fait une sortie qui a été remarquée, où mon prénom est sorti, où il dit, j'ai plus de femmes voilées dans mon public et j'ai perdu beaucoup d'amis. Je pense modestement faire partie de cela. Cette guerre, ce qui se passe aujourd'hui en Palestine... Ce qui se passe pour une partie du peuple israélien, ce qui se passe au Liban, laissera des traces, et je te le dis, Franjin, indélibiles. Pourquoi ? Parce que c'est la première fois qu'en face, il y a des gens qui disent stop. Et je le dis à dessein, chez toi, la communauté juive doit arrêter de donner une légitimité à des Golnadels, à des Elisabeth Lévy, car ils ne sont représentatifs que d'eux-mêmes. Beaucoup de juifs qui, même regarde ce que tu fais, veulent que ça cesse. Tu vois, c'est malvenu de dire que les juifs sont en accord avec Netanyahou. Tu vois, c'est pas vrai. Il y en a beaucoup, ils veulent. Mais frangin, notre pays est le terreau fertile pour que ce conflit arrive. C'est pour ça que j'en veux beaucoup à des hommes politiques, je ne citerai même plus Mélenchon parce que je l'ai assez fait, qui disent oui, mais les musulmans, tu n'es pas musulman, tu fermes ta gueule. La plupart des musulmans, moi, avec qui je parle, Ils veulent que ça s'arrête. Ils veulent continuer à avoir une relation saine. Et pendant que je te parle, c'est les fêtes juives. Je souhaite de bonnes fêtes à la communauté juive. Et tu vois, il y a un truc qui m'a profondément vexé pour parler de Cyril Hanouna. J'ai envoyé un texto à un feu, parce que c'était Kippour il y a une semaine. Je dis Bonne fête Il m'a dit Yacine, je suis surpris que tu m'envoies encore ça. Parce que je pense... Et je le dis à Cyril. Cyril, il ne pourra pas mordre la main qui lui donne à manger, qui est le groupe Canal. Aujourd'hui, objectivement, la machine, elle est lancée. Je ne sais pas quand elle va s'arrêter. Quand j'apprends que Jordan Bardella, qui est édité par Fayard, qui a été racheté par Bolloré, va être partout dans la presse parce que Bolloré le soutient, ça me fait de la peine. Ça me fait de la peine parce que dorénavant, je le dis, moi, j'ai décidé de ne plus travailler ni pour le groupe Canal+. ni pour tout ce qui est attrait au groupe Canal+. Je ne ferai pas de cinéma en ayant de l'argent du groupe Canal+. Vraiment, c'est une décision. Je ne dis pas qu'ils m'avaient appelé tous les matins, mais en l'occurrence, jamais je ne pourrai me retrouver à travailler pour eux. Si tous les artistes de ce pays, tous les acteurs, toutes les actrices, tout le monde se disait on va arrêter tant que ce discours aujourd'hui parce que, en fait, c'est une grande blanchisseuse. C'est-à-dire que le cinéma français quelque part travaille. Pour Pascal Praud. C'est ça la réalité. Donc, Cyril Hanouna, cet été, on a eu une longue discussion. Et je lui ai dit, on ne se parlera plus. C'est un divorce douloureux. Tant que ton émission, ça sera ça, on n'a rien à se dire. Jamais je ne viendrai nourrir la machine. Et je te le dis, Cyril, fais attention parce que ton nom, il est du mauvais côté de l'histoire. Est-ce que tu fais ça, ça sera la grande discussion. Je réfléchis à ça. Est-ce qu'il est cynique ? Ou est-ce qu'ils le pensent vraiment ? Je vais te dire, je reste persuadé que par cynisme, ils se disent, je fais de l'audience, est-ce que j'ai plus de sympathie pour quotidien et la condescendance qu'ils ont à l'égard des Arabes et des Noirs ? Non. Mais en tout cas, sur Cyril Hanouna, le problème, c'est que plus la machine, elle avance, moins il est du bon côté de l'histoire. Et franchement,
- Speaker #1
je te dis… Peut-être qu'il n'arrive plus à reculer.
- Speaker #0
Mais tu ne peux plus reculer. Frangin, quel est le mec aujourd'hui assez ouf qui va te dire, tu sais quoi, je fais deux millions de personnes en disant des trucs de ouf tous les soirs, en invitant des gueudins, et on me dit, on va t'enlever peut-être un million de spectateurs, mais ça sera le touche-pas à mon poste de l'époque. Je ne suis pas en train de te dire que je le pardonne là-dessus. C'est que je le dis, et je l'ai dit à deux personnes, quand j'avais eu l'opportunité de le dire à François Hollande, qu'on a parlé de la déchéance de nationalité. Je lui ai dit, François... C'est une balafre sur mon visage. Parce que t'as fait de moi un français de seconde zone. J'oublierai jamais qu'un jour, t'as déclaré que des mecs comme nous, on est des français de sursis. Avec une lecture assez arbitraire. Qu'est-ce qui fait qu'on peut me retirer ma nationalité et tout ? Pour Cyril, c'est pareil. Ça me fait beaucoup de balafres. Mais tu sais, Cyril, pour l'un et pour l'autre, on a fait des choses, et je t'en parle, je vais pas... C'est vraiment... C'est le fils de ses parents. C'est un... C'est un feuge de banlieue comme il existe des milliers de feuges dans ce pays, qui sont des gens magnifiques. Je ne laisserai personne me dire, ouais, les feuges. Non, il y a des gaulmons parmi eux. On a les nôtres.
- Speaker #1
Comme partout. Ouais,
- Speaker #0
mais les nôtres, ils sont tout aussi stupéfiants que les leurs. Mais en attendant, c'est une communauté avec laquelle moi, j'ai vécu. Et je ne vais pas, du jour au lendemain, arrêter d'appeler. Tiens, ils viennent pour moi. Je ne vais pas arrêter du jour au lendemain d'appeler des feuges frères, ou des meufs feuges frangines. c'est des gens qui ont, notamment les séfarades, une culture très similaire de la nôtre. C'est pour ça que je leur souhaite une bonne fête. Dernière question, tu sais, il y a une rubrique sur Burnout, c'est la question sous le tarbouche que tu vois en face de toi, c'est une question d'un auditeur quand j'ai annoncé que j'allais te recevoir. C'est vrai ? Ouais, donc tu as parcellement répondu, parce que toi tu fais des questions réponses, t'es le meilleur invité, donc je te laisse la lire à haute voix et y répondre.
- Speaker #1
Yacine, entre nous, si demain Bolloré te propose de produire les Trolls Glorieuses avec un gros cachet à la clé, accepterais-tu ? Tu sais, c'est plutôt plaisant de se dire que la question est déjà répondue. Non, non, comme disait l'autre, parce que là, il y a des fachos qui vont dire Ah, il a fait une faute de français ! Il faut lui retirer sa nationalité ! Il y a une dame qui m'a arrêté dans la rue, une vieille dame. Elle m'a dit Qui vous a appris à parler comme ça ?
- Speaker #0
Pas grand-mère !
- Speaker #1
Non, ma mère a une très belle phrase. Elle dit Je ne sais pas très bien parler, mais mon fils a pris ma part. Mais l'élocution, c'est 95% de ton rapport à l'autre. Quelqu'un qui s'exprime bien. Tu vois, mes enfants, je suis très fier. Il y a des bases. Faire des fautes de français, c'est quelque chose de malvenu. Pour répondre à cette question, revoyez Star Wars. Revoyez Star Wars. Mars, regardez, l'étoile noire. Ça fait pas plaisir à Bolloré, mais disons qu'il est l'étoile blanche, même très blanche. Et je me ressens comme un Jedi dans le maquis. Et un jour, on rigolera de cette période. Il reste plein de positions, venir chez toi en est une, pour faire parler de nous. Il reste plein de supports. Je dis juste aux artistes, dorénavant, j'ai même pas... Il s'avère que j'ai croisé d'autres Bolloré dans ma vie. Il y en a des sympathiques. En tout cas, je pense que quand le nom d'un patron de groupe de médias finit par être plus connu que son propre contenu, c'est que ça ne va pas. Et je pense, tu vois, je ne sais pas, le mec qui va te parler, ça ne veut pas dire que je vais regarder Plus Belle la Vie, qui est quand même aussi un truc de merde. Ils ont mis, je crois, huit ans à mettre un noir. Mais le truc qui est important, tu vois, c'est que Canal+, ce n'est pas à Bolloré, c'est à nous. Beaucoup d'entre nous ont fait ce métier parce que quand on était jeunes, on ne regardait nulle part ailleurs, tout ça. Et pour ça, quand tu parlais, les abonnés ont un poids. Donc j'espère que dans les mois qui viennent, parce que la réalité c'est que dorénavant on sait que cette machine médiatique peut faire vriller un pays. La bolorisation des esprits, c'est vraiment un sujet. Moi qui suis parti sur les routes de province, les gens croient. Et une société qui a connu Pascal Praud comme commentateur du FC Nantes et qui finit par découvrir que le mec postule au prix Albert Londres en croyant être un journaliste. Ça ne va pas. Je ne dis pas que les journalistes sportifs, il y en a qui n'ont pas du talent. Michel Drucker, par exemple, a commencé comme commentateur. C'est méconnu, mais il était commentateur sportif. Mais par ailleurs, quand tu regardes ces news, quand tu vois la machine, et de toute manière, il y a plus de racisme dans ce pays que de gens comme nous. Et en fait, les racistes dans ce pays, auparavant, sans le dire contrairement aux Belges, on avait mis en place un cordon sanitaire. Artistiquement, moralement, même dans nos discussions, on ne parlait pas avec l'extrême droite. Et dorénavant, de voir des acteurs m'expliquer qu'ils ont fait un film de gauche avec l'argent de l'extrême droite, ça me fascine. Bolloré a tellement verrouillé le système qu'aujourd'hui, aucun acteur qui va venir, en plus, sur un plateau chez... Yann Barthez t'expliquait que lui, c'est un mec de gauche. Pas du tout, Franjin. Tu es un vrai mec engagé, ton film. Tu vas retirer les 4 millions que Canalit donne pour faire un film à la hauteur de tes valeurs. Et franchement, je le dis parce qu'il regarde. Il peut m'appeler quand il veut. Un jour, j'aimerais dîner avec Mouloud. C'est mon ambition pour qu'il m'explique comment il se réveille le matin en s'appelant Mouloud et en faisant ça. C'est un vrai... Je vous laisse 5 heures, c'est le bac philo. Mais je le dis, il n'y a pas de compromission. On ne travaille pas avec Bolloré quand on est un artiste français. Ce n'est pas possible. Donc pour moi, quand tu me dis les Trolls Glorieuses, je préfère 4000 abonnés. D'accord ? Qui ? jamais ne se retrouvons dans une posture délicate à financer l'extrême droite à travers ce que je fais, plutôt que d'aller chez Bolloré. Ouais, c'est relou. Je ne suis pas invité au Ressoa, je ne suis pas invité au Festival de Cannes, je ne suis pas invité dans les trucs mainstream. Mais le matin, il y a une expression bretonne qui dit L'hème d'ou l'hôte Et je me réveille en disant Waouh, waouh, il y aura des gens à mon enterrement qui viendront et diront J'avoue, il t'a fait hap, mais... Il est resté droit.
- Speaker #0
C'est beau. Très belle conclusion.
- Speaker #1
Merci à vous.
- Speaker #0
Yacine,
- Speaker #1
merci beaucoup pour ton authenticité.
- Speaker #0
Vraiment, non.
- Speaker #1
Tu m'as dit tout à l'heure qu'on allait faire une heure.
- Speaker #0
Je pense que c'est le record de Burnout, 1h35. Je n'ai jamais fait... Tu m'as dit, ouais. On va battre le record. On l'a battu. C'est officiel. Reviens quand tu veux. Merci. Je vous invite tous à écouter Les 30 Glorieuses sur Spotify, sur toutes les plateformes d'écoute. Ça vaut le coup. Sur YouTube aussi.
- Speaker #1
Ouais. Quand on est un peu moins crevard, on met des épisodes.
- Speaker #0
Et à très bientôt. Ciao. Salut Yacine.