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ROMAIN GARY - Le sens de ma vie cover
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BOUGIES

ROMAIN GARY - Le sens de ma vie

ROMAIN GARY - Le sens de ma vie

07min |07/05/2025
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ROMAIN GARY - Le sens de ma vie

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Description

ROMAIN GARY est né le 21 mai 1914 !

Venez découvrir cet auteur aussi talentueux qu’énigmatique dans Le sens de ma vie, paru chez Gallimard.


Un moment de confession radiophonique offert en 1980 à Radio-Canada, peu de temps avant son suicide.

C’est donc dans ce livre, aussi précieux qu’un Horcruxe, que sont restituées ses dernières paroles publiques.


À lire, à boire ou à déguster sans modération.


Romain, joyeux anniversaire !

Direction éditoriale : Alice Daubelcour

Production éditoriale, montage, création sonore : Simon Daubelcour


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous me demandez de raconter ma vie sous prétexte que j'en ai, mais... J'en suis pas tellement sûre. Je crois surtout que c'est la vie qui nous a, qui nous possède. Après, on a l'impression d'avoir vécu. On se souvient d'une vie à soi comme si on l'avait choisie. Personnellement, je sais que j'ai eu très peu de choix dans la vie. que c'est l'histoire au sens le plus général et à la fois le plus particulier et quotidien du mot qui m'a dirigée, qui m'a en quelque sorte embobinée. Je suis née en Russie, en 1914, de parents comédiens. Mes premiers souvenirs sont des souvenirs de théâtre, des coulisses de théâtre. Je me souviens de la révolution soviétique de 1917. J'étais couchée sur la place rouge. Il y avait des balles qui sifflaient, et ma mère s'est jetée sur moi pour me protéger. J'ai commencé à écrire à l'âge de 9 ans, en russe. Après, il y a eu des émigrations successives, j'ai donc changé, comme je vous le dirai plus tard, quatre fois de culture. Je suis passée de la culture russe à la culture et à la littérature polonaise. Ensuite, à 14 ans, en France, et j'ai vécu 10 ans en Amérique. J'ai même écrit un roman en américain. Je décris tout cela, et le rôle qu'a joué ma mère, qui a été déterminant dans ma vie, dans La promesse de l'aube. C'est ma première autobiographie que j'ai écrite à l'âge de 45 ans. Ma mère était une francophile comme on ne l'en conçoit pas aujourd'hui. Dès le début, son seul rêve était de faire de moi un Français. Ma mère est morte fin 1941. Elle n'a jamais rien su de ce que j'étais devenue. Officier de la Légion d'honneur, compagnon de la Libération, auteur connu, représentant le futur de la France à l'étranger, de la réalisation de ce que l'on pourrait appeler ces fantasmes, qui d'une certaine façon étaient simplement une manifestation d'amour, à la fois pour moi et pour la France. Je puis donc simplement dire que mon rapport avec les femmes a été d'abord un respect et une adoration pour ma mère, qui s'est sacrifiée pour moi, et un amour des femmes dans toutes les dimensions de la féminité, y compris bien sûr celle de la sexualité. On ne comprendra absolument jamais rien de mon œuvre si l'on ne comprend pas le fait très simple que ce sont d'abord des livres d'amour, et presque toujours l'amour de la féminité. Même si j'écris un livre dans lequel la féminité n'apparaît pas, elle y figure comme un manque, comme un trou. Je ne connais pas d'autre valeur personnelle en tant que philosophie de vie que le couple. Je reconnais que j'ai raté ma vie sur ce point. Si un homme rate sa vie, ça ne veut rien dire contre la valeur pour laquelle il a essayé de la vivre. Et si on me demande de dire quel a été le sens de ma vie, je répondrai toujours que c'est encore vraiment bizarre pour un homme qui n'a jamais mis les pieds dans une église autrement que dans un but artistique, que cela a été la parole du Christ dans ce qu'elle a de féminin, que si le christianisme n'était pas tombé entre les mains des hommes et entre les mains des femmes, on aurait eu aujourd'hui une toute autre vie, une toute autre société, une toute autre civilisation. Pour le reste, je voudrais simplement avoir encore le... Le temps de continuer dans la même direction, aussi longtemps que possible. Et je ne voudrais simplement pas qu'il y ait plus tard, quand on parlera de Romain Garry, une autre valeur que celle de la féminité.

  • Speaker #1

    Romain Garry,

  • Speaker #0

    le sens de ma vie, entretient.

  • Speaker #1

    Romain Garry, né Roman Cassiou, est mort le 2 décembre 1980, quelques mois seulement après cet entretien que vous venez d'entendre. Il quitta la vie d'une balle dans la bouche, allongée dans son lit. Son dernier mot, ceci n'a rien à voir avec Jane Seberg. Ce qu'il nous laisse, des romans, des nouvelles, des scénarios, signés parfois de noms différents, comme celui d'Emile Ajar. Ce dernier pseudonyme lui permit le plus grand hold-up littéraire de tous les temps, en remportant deux fois le prix Goncourt. Un exploit inédit. D'abord en 1956, avec Les Racines du Ciel, le premier roman écologiste jamais écrit, puis presque 20 ans plus tard, en 1975, avec La Vie devant Soi, publié sous le nom d'Ajar. Ce n'est qu'après sa mort que la supercherie fut révélée, faisant de lui une inspiration incontestée de la culture pop. Gary, c'est aussi un aviateur pendant la Seconde Guerre mondiale. Un diplomate de Sofia à Los Angeles, un scénariste et même un réalisateur, l'auteur du sublime roman Claire de Femmes n'a cependant pas eu la vie amoureuse à la hauteur de son imagination. Ses histoires furent toutes brisées par la guerre ou le divorce, comme par exemple son mariage avec l'actrice américaine Jane Seberg. Un mariage qui se conclut d'ailleurs par cette célèbre histoire du jour où Gary proposa un véritable duel au revolver à l'amant de sa femme. qui à cette époque n'était autre que Clint Eastwood. Spoiler alert, le célèbre Clint s'est dérobé ce jour-là. Juste de quoi ajouter une touche de panache à la légende de Gary. Pour plus de confidence encore, Bougie vous renvoie vers ses différents romans autobiographiques qu'aucune bio d'aucun podcast ne pourra synthétiser. Jusqu'au bout, Romain Gary demeure un mystère. Un écrivain qui n'a jamais cessé de renaître, tel un phénix en faisant de la littérature un ultime acte de liberté. Romain,

  • Speaker #0

    joyeux anniversaire.

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ROMAIN GARY est né le 21 mai 1914 !

Venez découvrir cet auteur aussi talentueux qu’énigmatique dans Le sens de ma vie, paru chez Gallimard.


Un moment de confession radiophonique offert en 1980 à Radio-Canada, peu de temps avant son suicide.

C’est donc dans ce livre, aussi précieux qu’un Horcruxe, que sont restituées ses dernières paroles publiques.


À lire, à boire ou à déguster sans modération.


Romain, joyeux anniversaire !

Direction éditoriale : Alice Daubelcour

Production éditoriale, montage, création sonore : Simon Daubelcour


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Vous me demandez de raconter ma vie sous prétexte que j'en ai, mais... J'en suis pas tellement sûre. Je crois surtout que c'est la vie qui nous a, qui nous possède. Après, on a l'impression d'avoir vécu. On se souvient d'une vie à soi comme si on l'avait choisie. Personnellement, je sais que j'ai eu très peu de choix dans la vie. que c'est l'histoire au sens le plus général et à la fois le plus particulier et quotidien du mot qui m'a dirigée, qui m'a en quelque sorte embobinée. Je suis née en Russie, en 1914, de parents comédiens. Mes premiers souvenirs sont des souvenirs de théâtre, des coulisses de théâtre. Je me souviens de la révolution soviétique de 1917. J'étais couchée sur la place rouge. Il y avait des balles qui sifflaient, et ma mère s'est jetée sur moi pour me protéger. J'ai commencé à écrire à l'âge de 9 ans, en russe. Après, il y a eu des émigrations successives, j'ai donc changé, comme je vous le dirai plus tard, quatre fois de culture. Je suis passée de la culture russe à la culture et à la littérature polonaise. Ensuite, à 14 ans, en France, et j'ai vécu 10 ans en Amérique. J'ai même écrit un roman en américain. Je décris tout cela, et le rôle qu'a joué ma mère, qui a été déterminant dans ma vie, dans La promesse de l'aube. C'est ma première autobiographie que j'ai écrite à l'âge de 45 ans. Ma mère était une francophile comme on ne l'en conçoit pas aujourd'hui. Dès le début, son seul rêve était de faire de moi un Français. Ma mère est morte fin 1941. Elle n'a jamais rien su de ce que j'étais devenue. Officier de la Légion d'honneur, compagnon de la Libération, auteur connu, représentant le futur de la France à l'étranger, de la réalisation de ce que l'on pourrait appeler ces fantasmes, qui d'une certaine façon étaient simplement une manifestation d'amour, à la fois pour moi et pour la France. Je puis donc simplement dire que mon rapport avec les femmes a été d'abord un respect et une adoration pour ma mère, qui s'est sacrifiée pour moi, et un amour des femmes dans toutes les dimensions de la féminité, y compris bien sûr celle de la sexualité. On ne comprendra absolument jamais rien de mon œuvre si l'on ne comprend pas le fait très simple que ce sont d'abord des livres d'amour, et presque toujours l'amour de la féminité. Même si j'écris un livre dans lequel la féminité n'apparaît pas, elle y figure comme un manque, comme un trou. Je ne connais pas d'autre valeur personnelle en tant que philosophie de vie que le couple. Je reconnais que j'ai raté ma vie sur ce point. Si un homme rate sa vie, ça ne veut rien dire contre la valeur pour laquelle il a essayé de la vivre. Et si on me demande de dire quel a été le sens de ma vie, je répondrai toujours que c'est encore vraiment bizarre pour un homme qui n'a jamais mis les pieds dans une église autrement que dans un but artistique, que cela a été la parole du Christ dans ce qu'elle a de féminin, que si le christianisme n'était pas tombé entre les mains des hommes et entre les mains des femmes, on aurait eu aujourd'hui une toute autre vie, une toute autre société, une toute autre civilisation. Pour le reste, je voudrais simplement avoir encore le... Le temps de continuer dans la même direction, aussi longtemps que possible. Et je ne voudrais simplement pas qu'il y ait plus tard, quand on parlera de Romain Garry, une autre valeur que celle de la féminité.

  • Speaker #1

    Romain Garry,

  • Speaker #0

    le sens de ma vie, entretient.

  • Speaker #1

    Romain Garry, né Roman Cassiou, est mort le 2 décembre 1980, quelques mois seulement après cet entretien que vous venez d'entendre. Il quitta la vie d'une balle dans la bouche, allongée dans son lit. Son dernier mot, ceci n'a rien à voir avec Jane Seberg. Ce qu'il nous laisse, des romans, des nouvelles, des scénarios, signés parfois de noms différents, comme celui d'Emile Ajar. Ce dernier pseudonyme lui permit le plus grand hold-up littéraire de tous les temps, en remportant deux fois le prix Goncourt. Un exploit inédit. D'abord en 1956, avec Les Racines du Ciel, le premier roman écologiste jamais écrit, puis presque 20 ans plus tard, en 1975, avec La Vie devant Soi, publié sous le nom d'Ajar. Ce n'est qu'après sa mort que la supercherie fut révélée, faisant de lui une inspiration incontestée de la culture pop. Gary, c'est aussi un aviateur pendant la Seconde Guerre mondiale. Un diplomate de Sofia à Los Angeles, un scénariste et même un réalisateur, l'auteur du sublime roman Claire de Femmes n'a cependant pas eu la vie amoureuse à la hauteur de son imagination. Ses histoires furent toutes brisées par la guerre ou le divorce, comme par exemple son mariage avec l'actrice américaine Jane Seberg. Un mariage qui se conclut d'ailleurs par cette célèbre histoire du jour où Gary proposa un véritable duel au revolver à l'amant de sa femme. qui à cette époque n'était autre que Clint Eastwood. Spoiler alert, le célèbre Clint s'est dérobé ce jour-là. Juste de quoi ajouter une touche de panache à la légende de Gary. Pour plus de confidence encore, Bougie vous renvoie vers ses différents romans autobiographiques qu'aucune bio d'aucun podcast ne pourra synthétiser. Jusqu'au bout, Romain Gary demeure un mystère. Un écrivain qui n'a jamais cessé de renaître, tel un phénix en faisant de la littérature un ultime acte de liberté. Romain,

  • Speaker #0

    joyeux anniversaire.

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ROMAIN GARY est né le 21 mai 1914 !

Venez découvrir cet auteur aussi talentueux qu’énigmatique dans Le sens de ma vie, paru chez Gallimard.


Un moment de confession radiophonique offert en 1980 à Radio-Canada, peu de temps avant son suicide.

C’est donc dans ce livre, aussi précieux qu’un Horcruxe, que sont restituées ses dernières paroles publiques.


À lire, à boire ou à déguster sans modération.


Romain, joyeux anniversaire !

Direction éditoriale : Alice Daubelcour

Production éditoriale, montage, création sonore : Simon Daubelcour


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous me demandez de raconter ma vie sous prétexte que j'en ai, mais... J'en suis pas tellement sûre. Je crois surtout que c'est la vie qui nous a, qui nous possède. Après, on a l'impression d'avoir vécu. On se souvient d'une vie à soi comme si on l'avait choisie. Personnellement, je sais que j'ai eu très peu de choix dans la vie. que c'est l'histoire au sens le plus général et à la fois le plus particulier et quotidien du mot qui m'a dirigée, qui m'a en quelque sorte embobinée. Je suis née en Russie, en 1914, de parents comédiens. Mes premiers souvenirs sont des souvenirs de théâtre, des coulisses de théâtre. Je me souviens de la révolution soviétique de 1917. J'étais couchée sur la place rouge. Il y avait des balles qui sifflaient, et ma mère s'est jetée sur moi pour me protéger. J'ai commencé à écrire à l'âge de 9 ans, en russe. Après, il y a eu des émigrations successives, j'ai donc changé, comme je vous le dirai plus tard, quatre fois de culture. Je suis passée de la culture russe à la culture et à la littérature polonaise. Ensuite, à 14 ans, en France, et j'ai vécu 10 ans en Amérique. J'ai même écrit un roman en américain. Je décris tout cela, et le rôle qu'a joué ma mère, qui a été déterminant dans ma vie, dans La promesse de l'aube. C'est ma première autobiographie que j'ai écrite à l'âge de 45 ans. Ma mère était une francophile comme on ne l'en conçoit pas aujourd'hui. Dès le début, son seul rêve était de faire de moi un Français. Ma mère est morte fin 1941. Elle n'a jamais rien su de ce que j'étais devenue. Officier de la Légion d'honneur, compagnon de la Libération, auteur connu, représentant le futur de la France à l'étranger, de la réalisation de ce que l'on pourrait appeler ces fantasmes, qui d'une certaine façon étaient simplement une manifestation d'amour, à la fois pour moi et pour la France. Je puis donc simplement dire que mon rapport avec les femmes a été d'abord un respect et une adoration pour ma mère, qui s'est sacrifiée pour moi, et un amour des femmes dans toutes les dimensions de la féminité, y compris bien sûr celle de la sexualité. On ne comprendra absolument jamais rien de mon œuvre si l'on ne comprend pas le fait très simple que ce sont d'abord des livres d'amour, et presque toujours l'amour de la féminité. Même si j'écris un livre dans lequel la féminité n'apparaît pas, elle y figure comme un manque, comme un trou. Je ne connais pas d'autre valeur personnelle en tant que philosophie de vie que le couple. Je reconnais que j'ai raté ma vie sur ce point. Si un homme rate sa vie, ça ne veut rien dire contre la valeur pour laquelle il a essayé de la vivre. Et si on me demande de dire quel a été le sens de ma vie, je répondrai toujours que c'est encore vraiment bizarre pour un homme qui n'a jamais mis les pieds dans une église autrement que dans un but artistique, que cela a été la parole du Christ dans ce qu'elle a de féminin, que si le christianisme n'était pas tombé entre les mains des hommes et entre les mains des femmes, on aurait eu aujourd'hui une toute autre vie, une toute autre société, une toute autre civilisation. Pour le reste, je voudrais simplement avoir encore le... Le temps de continuer dans la même direction, aussi longtemps que possible. Et je ne voudrais simplement pas qu'il y ait plus tard, quand on parlera de Romain Garry, une autre valeur que celle de la féminité.

  • Speaker #1

    Romain Garry,

  • Speaker #0

    le sens de ma vie, entretient.

  • Speaker #1

    Romain Garry, né Roman Cassiou, est mort le 2 décembre 1980, quelques mois seulement après cet entretien que vous venez d'entendre. Il quitta la vie d'une balle dans la bouche, allongée dans son lit. Son dernier mot, ceci n'a rien à voir avec Jane Seberg. Ce qu'il nous laisse, des romans, des nouvelles, des scénarios, signés parfois de noms différents, comme celui d'Emile Ajar. Ce dernier pseudonyme lui permit le plus grand hold-up littéraire de tous les temps, en remportant deux fois le prix Goncourt. Un exploit inédit. D'abord en 1956, avec Les Racines du Ciel, le premier roman écologiste jamais écrit, puis presque 20 ans plus tard, en 1975, avec La Vie devant Soi, publié sous le nom d'Ajar. Ce n'est qu'après sa mort que la supercherie fut révélée, faisant de lui une inspiration incontestée de la culture pop. Gary, c'est aussi un aviateur pendant la Seconde Guerre mondiale. Un diplomate de Sofia à Los Angeles, un scénariste et même un réalisateur, l'auteur du sublime roman Claire de Femmes n'a cependant pas eu la vie amoureuse à la hauteur de son imagination. Ses histoires furent toutes brisées par la guerre ou le divorce, comme par exemple son mariage avec l'actrice américaine Jane Seberg. Un mariage qui se conclut d'ailleurs par cette célèbre histoire du jour où Gary proposa un véritable duel au revolver à l'amant de sa femme. qui à cette époque n'était autre que Clint Eastwood. Spoiler alert, le célèbre Clint s'est dérobé ce jour-là. Juste de quoi ajouter une touche de panache à la légende de Gary. Pour plus de confidence encore, Bougie vous renvoie vers ses différents romans autobiographiques qu'aucune bio d'aucun podcast ne pourra synthétiser. Jusqu'au bout, Romain Gary demeure un mystère. Un écrivain qui n'a jamais cessé de renaître, tel un phénix en faisant de la littérature un ultime acte de liberté. Romain,

  • Speaker #0

    joyeux anniversaire.

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ROMAIN GARY est né le 21 mai 1914 !

Venez découvrir cet auteur aussi talentueux qu’énigmatique dans Le sens de ma vie, paru chez Gallimard.


Un moment de confession radiophonique offert en 1980 à Radio-Canada, peu de temps avant son suicide.

C’est donc dans ce livre, aussi précieux qu’un Horcruxe, que sont restituées ses dernières paroles publiques.


À lire, à boire ou à déguster sans modération.


Romain, joyeux anniversaire !

Direction éditoriale : Alice Daubelcour

Production éditoriale, montage, création sonore : Simon Daubelcour


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous me demandez de raconter ma vie sous prétexte que j'en ai, mais... J'en suis pas tellement sûre. Je crois surtout que c'est la vie qui nous a, qui nous possède. Après, on a l'impression d'avoir vécu. On se souvient d'une vie à soi comme si on l'avait choisie. Personnellement, je sais que j'ai eu très peu de choix dans la vie. que c'est l'histoire au sens le plus général et à la fois le plus particulier et quotidien du mot qui m'a dirigée, qui m'a en quelque sorte embobinée. Je suis née en Russie, en 1914, de parents comédiens. Mes premiers souvenirs sont des souvenirs de théâtre, des coulisses de théâtre. Je me souviens de la révolution soviétique de 1917. J'étais couchée sur la place rouge. Il y avait des balles qui sifflaient, et ma mère s'est jetée sur moi pour me protéger. J'ai commencé à écrire à l'âge de 9 ans, en russe. Après, il y a eu des émigrations successives, j'ai donc changé, comme je vous le dirai plus tard, quatre fois de culture. Je suis passée de la culture russe à la culture et à la littérature polonaise. Ensuite, à 14 ans, en France, et j'ai vécu 10 ans en Amérique. J'ai même écrit un roman en américain. Je décris tout cela, et le rôle qu'a joué ma mère, qui a été déterminant dans ma vie, dans La promesse de l'aube. C'est ma première autobiographie que j'ai écrite à l'âge de 45 ans. Ma mère était une francophile comme on ne l'en conçoit pas aujourd'hui. Dès le début, son seul rêve était de faire de moi un Français. Ma mère est morte fin 1941. Elle n'a jamais rien su de ce que j'étais devenue. Officier de la Légion d'honneur, compagnon de la Libération, auteur connu, représentant le futur de la France à l'étranger, de la réalisation de ce que l'on pourrait appeler ces fantasmes, qui d'une certaine façon étaient simplement une manifestation d'amour, à la fois pour moi et pour la France. Je puis donc simplement dire que mon rapport avec les femmes a été d'abord un respect et une adoration pour ma mère, qui s'est sacrifiée pour moi, et un amour des femmes dans toutes les dimensions de la féminité, y compris bien sûr celle de la sexualité. On ne comprendra absolument jamais rien de mon œuvre si l'on ne comprend pas le fait très simple que ce sont d'abord des livres d'amour, et presque toujours l'amour de la féminité. Même si j'écris un livre dans lequel la féminité n'apparaît pas, elle y figure comme un manque, comme un trou. Je ne connais pas d'autre valeur personnelle en tant que philosophie de vie que le couple. Je reconnais que j'ai raté ma vie sur ce point. Si un homme rate sa vie, ça ne veut rien dire contre la valeur pour laquelle il a essayé de la vivre. Et si on me demande de dire quel a été le sens de ma vie, je répondrai toujours que c'est encore vraiment bizarre pour un homme qui n'a jamais mis les pieds dans une église autrement que dans un but artistique, que cela a été la parole du Christ dans ce qu'elle a de féminin, que si le christianisme n'était pas tombé entre les mains des hommes et entre les mains des femmes, on aurait eu aujourd'hui une toute autre vie, une toute autre société, une toute autre civilisation. Pour le reste, je voudrais simplement avoir encore le... Le temps de continuer dans la même direction, aussi longtemps que possible. Et je ne voudrais simplement pas qu'il y ait plus tard, quand on parlera de Romain Garry, une autre valeur que celle de la féminité.

  • Speaker #1

    Romain Garry,

  • Speaker #0

    le sens de ma vie, entretient.

  • Speaker #1

    Romain Garry, né Roman Cassiou, est mort le 2 décembre 1980, quelques mois seulement après cet entretien que vous venez d'entendre. Il quitta la vie d'une balle dans la bouche, allongée dans son lit. Son dernier mot, ceci n'a rien à voir avec Jane Seberg. Ce qu'il nous laisse, des romans, des nouvelles, des scénarios, signés parfois de noms différents, comme celui d'Emile Ajar. Ce dernier pseudonyme lui permit le plus grand hold-up littéraire de tous les temps, en remportant deux fois le prix Goncourt. Un exploit inédit. D'abord en 1956, avec Les Racines du Ciel, le premier roman écologiste jamais écrit, puis presque 20 ans plus tard, en 1975, avec La Vie devant Soi, publié sous le nom d'Ajar. Ce n'est qu'après sa mort que la supercherie fut révélée, faisant de lui une inspiration incontestée de la culture pop. Gary, c'est aussi un aviateur pendant la Seconde Guerre mondiale. Un diplomate de Sofia à Los Angeles, un scénariste et même un réalisateur, l'auteur du sublime roman Claire de Femmes n'a cependant pas eu la vie amoureuse à la hauteur de son imagination. Ses histoires furent toutes brisées par la guerre ou le divorce, comme par exemple son mariage avec l'actrice américaine Jane Seberg. Un mariage qui se conclut d'ailleurs par cette célèbre histoire du jour où Gary proposa un véritable duel au revolver à l'amant de sa femme. qui à cette époque n'était autre que Clint Eastwood. Spoiler alert, le célèbre Clint s'est dérobé ce jour-là. Juste de quoi ajouter une touche de panache à la légende de Gary. Pour plus de confidence encore, Bougie vous renvoie vers ses différents romans autobiographiques qu'aucune bio d'aucun podcast ne pourra synthétiser. Jusqu'au bout, Romain Gary demeure un mystère. Un écrivain qui n'a jamais cessé de renaître, tel un phénix en faisant de la littérature un ultime acte de liberté. Romain,

  • Speaker #0

    joyeux anniversaire.

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