Dans cet épisode du Bureau 404, Delphine Labbouz, psychosociologue spécialiste des changements de comportements en faveur de la transition écologique et énergétique évoque les différents biais cognitifs qui nous font défaut et les leviers nécessaires pour changer nos
comportements, grâce au pouvoir du collectif. Avec Sandy Lasry, planneuse stratégique à l’agence, elles explorent 3 voies stratégiques qui pourraient inspirer les marques et les entreprises de demain, mais aussi tout un chacun dans son quotidien.
VOIE 1 : Créer une impulsion collective à échelle locale
100 entreprises sont responsables de 71% des émissions de CO2. Ce chiffre fréquemment repris par l’opinion public vient renforcer la croyance selon laquelle la somme des initiatives individuelles resterait dérisoire comparée aux efforts que les grandes industries doivent fournir.
Delphine apporte son éclairage : le problème viendrait principalement de la massification des campagnes de sensibilisation qui n’adressent pas l’individu à échelle d’une vie.
Nous sommes souvent confrontés à un biais lié à la distance psychologique perçue, à la fois dans le temps (40 ans, c’est loin) et dans l’espace (les ours polaires ne sont pas proches de nous) qui ne permet pas suffisamment de projection. Pour réduire cette distance, il faudrait donc se rapprocher de l’individu.
À titre d'exemple, la marque Décathlon invitant tout près de chez soi, à participer à des actions responsables aux côtés d’autres clients, en échange de récompenses via son programme de fidélité.
Pour les marques, Il s’agirait donc d’adopter une approche plus micro (vs macro) qui rend compte des bienfaits d’une démarche collective, pour permettre aux individus de se sentir valorisés et
récompensés.
VOIE 2 : Réveiller le pouvoir du communautaire
En 2021, 185 millions d’euros ont été collectés en faveur de la transition énergétique grâce au crowdfunding entre citoyens. Un montant record, selon Green Univers.
Delphine rappelle : « Nous avons tous besoin de nous sentir utile. » La valorisation des actions
collectives prenant en compte le bien commun et l’intérêt général, recrée de la motivation et accroit le bien-être individuel.
Le sentiment d’appartenance à une tribu, un squad peut aussi encourager le passage à l’action comme en témoigne l’opération « Volunteer for the oceans » initiée par Corona et Parley incitant les individus à protéger les littoraux mais aussi le ZEVENT, un évènement qui réunit chaque année des communautés de gamers parvenant à récolter des fonds pour des associations grâce à leurs seules audiences.
Les marques et les entreprises auraient tout intérêt à capitaliser sur ces mouvements, voire à créer les leur, en activant les micro-communautés qui gravitent autour de leur écosystème.
VOIE 3 : Faire du mentoring collectif
Selon Ipsos, 70 % des Français jugent que l’on ne peut pas faire confiance « aux autres ». C’est pourtant grâce à son prochain que l’on s’élève et que l’on grandit !
Delphine suggère qu’au sein d’un groupe, chacun a des compétences et des expertises complémentaires qui peuvent permettre de s’élever individuellement. La culpabilité n’est pas un levier du changement : au contraire, c’est en déculpabilisant les individus que ceux-ci feront preuve davantage d’honnêteté.
La 3ème voie explore ainsi l’importance du collectif pour gagner en compétence, progresser et dépasser la charge mentale qui nous incombe. La création de « safe spaces », par exemple, peut permettre de s’exprimer librement sur la difficulté qu’un changement représente dans notre quotidien.
Démystifier les actions à réaliser seul, être accompagné par ses pairs et partager ses conseils sans culpabilité sont autant de façons d’engager qui pourraient être initiées par les marques, à l’heure où la solastalgie (aussi appelée éco-anxiété) d’un côté et le déni de l’autre, viennent encore justifier le sentiment d’impuissance et son pendant dévastateur : l’inaction.