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C'est La Voix

Eva Gentili, une comédienne pleine de ressources

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39min |12/11/2024|

42

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Description

Pour ce nouvel épisode, je reçois Eva Gentili, chanteuse, comédienne et improvisatrice qui joue entre autre dans New, la comédie musicale improvisée et dans les Swing Birds.

Elle nous parle de son expérience à la Royal Academy of Music et de son expérience.


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Transcription

  • Speaker #0

    Chers auditeurs et auditrices, un petit mot avant de commencer cet épisode. C'est la Voix a désormais un Patreon. En vous y abonnant, vous débloquez la possibilité d'accéder aux épisodes en avance et d'avoir votre nom cité dedans. Et surtout, vous participez à voir grandir ce petit podcast que je prends plaisir à réaliser. C'est la Voix est et restera disponible sur toutes les bonnes plateformes. Et sur ce, bonne écoute. Bonjour à tous et bienvenue ! dans C'est la voix, un podcast où j'invite un mardi sur deux des professionnels de la voix, que ce soit des chanteurs, des coachs vocaux ou d'autres spécialistes. Pour ce nouvel épisode, je reçois Eva Gentili. Eva est comédienne et chanteuse et elle joue dans New, la comédie musicale improvisée. Eva, bonjour. Bonjour. Bienvenue dans C'est la voix.

  • Speaker #1

    Merci, je suis ravie d'être là.

  • Speaker #0

    Et je suis ravi de te recevoir. Alors, on va commencer par la question traditionnelle. Je vais te demander de présenter ton parcours, s'il te plaît.

  • Speaker #1

    Oh lord. Alors... Alors moi, j'ai commencé très, très jeune dans ce milieu-là. Je suis chanteuse depuis que j'ai six ans. Et j'étais à la Cigale de Lyon, qui est un chœur professionnel d'enfants. Et on a fait des tournées dans le monde entier à partir de mes dix ans jusqu'à mes dix-huit ans. Et c'était un peu la folie. Donc c'est là, à partir de cet âge-là, je suis tombée dans la musique. On faisait beaucoup de chants sacrés, d'opéras et de choses comme ça. Et j'ai eu la chance de pouvoir aller chanter en Chine. En Europe, partout, avant ma majorité, ce qui était un peu dingue pour mon âge. Et de faire partie d'un groupe aussi qualitatif, c'était assez cool. Et après, j'ai passé mon bac comme tout le monde, même si je n'avais pas très envie. Parce que j'avais très envie de tout de suite faire de la musique. Mais ma mère, qui est prof, m'a dit « Ah ah, non ! Tu passes ton bac ! » Donc mon bac en poche, en théâtre, en spéthéâtre et musique, évidemment. Et je suis partie tout de suite. enfin non je suis partie à l'école avant j'étais en école de théâtre et de musique à un conservatoire à lyon la scène sur sonne qui n'existe plus maintenant mais on était à lyon donc ma ville natale et j'ai beaucoup appris c'est là où je suis tombé je tombais en amour de l'impro de du théâtre du théâtre de la comédie à del arte et de tout ça j'ai fait beaucoup de clowns on a fait beaucoup de champs parce qu'on a travaillé beaucoup sur brecht et sur ce genre de d'auteurs où ça chante mine de rien sur scène, on faisait de l'opérette, c'était très très très varié. Et après je suis partie grandir un peu en Amérique du Sud, parce que j'avais besoin de me mettre un peu de plomb dans la cervelle, et je suis allée écouter du tango et interviewer des vieilles mamies sur les places où j'ai chanté avec elles d'ailleurs. J'ai pris beaucoup de cours de chant aussi là-bas. Et après, les cours florants, comme... Quelqu'un qui panique, qui rentre en France et qui dit « Mon Dieu, il me faut une école, qu'est-ce qui se passe ? Ma sœur est à Paris, je peux faire de la comédie musicale ? » Je suis un peu tombée dedans par hasard, je ne le viens pas du tout. Je n'étais pas passionnée de comédie musicale quand j'étais môme, moi j'adorais le chant et le théâtre séparés. Et j'étais plutôt fan de Coluche et de Garbo, mais bon, ça c'est autre chose. Et voilà, j'ai fait mes cours Florent deux ans en comédie musicale où j'ai rencontré des gens fabuleux et des gens qui m'ont donné justement cette envie de la comédie musicale. Et c'est là que j'ai un peu craqué et je me suis dit, YOLO, on n'a qu'une vie, je vais partir à Londres. Et j'ai tenté les concours de la Royal Academy of Music et j'ai été prise. Et c'était dingue, j'ai fait un master là-bas et voilà. Et là maintenant, j'arrête les écoles parce que ça suffit. Et depuis, je travaille et j'ai la chance de... J'ai la chance de beaucoup travailler et de travailler avec des gens assez formidables. Donc voilà, je chante, je danse, je m'amuse.

  • Speaker #0

    Et alors, quand tu étais enfant et que du coup tu as fait ces différentes tournées, etc. Au niveau scolarité, ça se passait comment ? Parce que voilà, on se demande toujours, est-ce que tu sautes des cours et tu rattrapes ?

  • Speaker #1

    Alors, ça dépendait. En général, les tournées étaient sur les périodes de vacances scolaires. Mais quand il y avait beaucoup, beaucoup de travail, la tournée en Chine, on a dû la préparer... énormément, parce qu'on est partis de 4 semaines en Chine. Donc ça débordait un peu sur l'école. Et dans ce cas-là, en fait, j'avais des profs qui étaient merveilleux parce que c'est un accord avec eux. Moi, je travaillais, évidemment, je rendais mes devoirs et je rendais tout ça. Mais eux m'ont aussi demandé de préparer un exposé sur ce que je faisais, sur pourquoi je partais, et c'est ce que j'avais fait. Donc en fait, ça avait servi autant mes camarades que moi. Il y a eu un espèce de partage et ils m'ont dit que c'est une expérience incroyable. Évidemment qu'on dit oui. L'école, ils t'ont dit de y être tous les jours.

  • Speaker #0

    Comme tu as dit que tu t'es formée à la Royal Academy of Music.

  • Speaker #1

    Yes, darling.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu as l'impression que ça t'a apporté quelque chose en plus par rapport à une école francophone ?

  • Speaker #1

    Oui, beaucoup. Déjà, la charge de travail n'a rien à voir. Ça, ça m'a un peu choquée et ça m'a un peu rendue triste parce que je me suis dit, en fait, je crois que les Français, on est très feignants, surtout à l'école. Et je m'inclus complètement dedans. Je veux dire, je ne suis pas du tout en train de juger. Non, non, c'est tout le monde en général. Je voyais l'école. Moi, j'étais à quoi, 35 heures par semaine au cours Florent, mais tout était mélangé. On devait passer une ou deux chansons par semaine. On avait des choses à apprendre, mais c'était un texte ou deux. On devait trouver des scènes. C'était plutôt relax. On travaillait, mais c'était plutôt relax. Et il fallait quand même rendre des choses. Je ne veux pas critiquer du tout l'écho, Florence. Ce n'est pas du tout le but. C'est vraiment pour dire qu'on avait du travail à rendre et ça me paraissait beaucoup à l'époque. Et là, j'arrive à Londres et je me suis pris une énorme claque parce que par semaine, déjà, je devais avoir rien qu'en chant, 15 heures de chant, que de chant. En plus, j'avais des cours de répertoire, en plus j'avais des cours de CD. En fait, j'arrivais à l'école à 7h du matin et je repartais à 23h, 23h30 en général, tous les jours, sans pause. Enfin, j'avais une pause le midi évidemment, parce que ce n'est pas des tortionnaires, mais j'ai compris vraiment le sens du mot travail, voilà. Et mine de rien, j'avais 5-6 chansons à présenter par semaine. Donc déjà, la différence, elle était assez flagrante. Il fallait que je fasse des cours de répertoire, donc en plus que je travaille 4-5 chansons. en plus, pas par cœur, mais que je les connaisse, que je pense aux chansons d'après, j'avais des thèmes, j'ai des textes de théâtre, il fallait apprendre des chorés. Et vraiment, toute la semaine, on fait... Et c'est très intense. Mais du coup, le niveau n'a rien à voir.

  • Speaker #0

    Effectivement, donc. Ça devait être beaucoup plus éprouvant. Et du coup, pourquoi avoir choisi de revenir en France ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, je suis tombée sur... Ce n'est pas vraiment un choix, je t'avoue. Je suis tombée sur l'année Covid. Et du coup, j'ai dû rentrer, malgré moi. parce que mes parents étaient malades et très à risque. Et ma sœur habite au Canada, donc j'étais la plus près. Donc on a dit, OK, moi, je lâche Londres, je rentre en France, au cas où, et après, je repartirai. Sauf que j'étais rentrée en France et j'avais encore un pied entre les deux. Mais en fait, le travail est très vite revenu en France et ça, je suis très chanceuse. Je me suis jamais retrouvée dans le caca comme beaucoup de mes collègues à moi. Moi, je touche tout ce que je peux, tout le temps. Mais le travail est revenu très vite. Et du coup, pour repartir à Londres, sachant que les contacts, c'était un peu étiolé, ça faisait 7-8 mois, personne ne travaillait là-bas. C'est assez compliqué de se dire, je repars à Londres pour être serveuse, parce que c'est ce qui se serait passé, tout simplement. Et j'avais un peu l'impression de faire un step back dans ma vie, alors qu'en France, je faisais le travail que j'aimais. Donc bon, je passe encore des auditions là-bas. La porte n'est pas fermée. Et je pense que pour y retourner tout de suite, ce serait peut-être un peu compliqué, pour y habiter en tout cas.

  • Speaker #0

    C'est un objectif à terme ?

  • Speaker #1

    Complètement. Ah oui, moi je veux travailler là-bas, au moins faire une saison, où surtout j'écris aussi beaucoup et j'écris des comédies musicales et je suis en lien en ce moment avec une production là-bas parce que j'ai envie que mes pièces se jouent là-bas surtout.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a une pièce qui se joue là-bas que t'aimerais, toi, jouer ?

  • Speaker #1

    Oh, tellement ! Faut que j'en choisisse une, on est sûr. En vrai, il y en a deux qui m'ont mais... Je pense que j'ai arrêté de respirer quand je les ai vus, quand je les ai découvertes. Je me suis dit, ça aussi, c'est la comédie musicale, mais je veux faire ça. C'est Next to Normal, où là, en ce moment, ils jouent et ils ont eu un prix Pulitzer. C'est vraiment exceptionnel à voir. C'est sur la santé mentale. C'est le thème, les chansons, tout est magnifique. La mise en scène, c'est exceptionnel. Et ça parle de la perte aussi d'un enfant. Il y a énormément de choses qui sont en lien avec la maladie mentale. Et avec la fatigue mentale, avec la dépression, avec l'acceptation de la mort de son fils, en l'occurrence. Et sinon, de manière un peu plus légère, mon rôle, mon dream, mon rôle à vie, je pense que ce sera Falsetto. Le rôle de Trina, la mère. Et elle est dingue. Et en fait, c'est un musical qui est sur l'explosion de la famille. En fait, c'est une femme juive très traditionnelle qui a fait sa vie avec quelqu'un, qui a un enfant, qui a une vie parfaite. Et en fait, son mari est gay et elle l'apprend et il part avec un homme et tout explose. Tout ce qu'elle a, toutes ses croyances, toutes ces choses-là. C'est très, très drôle, mine de rien. Et il y a beaucoup d'humour dans cette comédie musicale. Et en fait, elle se rend compte que tu ne m'avais pas demandé de faire un pitch, en fait.

  • Speaker #0

    Non, non, mais j'aime bien.

  • Speaker #1

    Je suis en train de me lancer. Non, mais parce que tu crois le personnage. Enfin, bref.

  • Speaker #0

    Ce qui est cool, c'est que dans ce podcast, je rencontre des gens passionnés et j'aime ça en fait parce que quand les gens parlent de leur passion, c'est toujours hyper intéressant ne serait-ce que pour moi, mais surtout pour les auditeurs.

  • Speaker #1

    Ouais, bon bah tant mieux. Ce musical, je vous en prie. Et sinon, Lady Macbeth. Mais ça, ce serait qu'en théâtre. Et ça, on est dans les top 3 de mes 3 rôles. Voilà, un jour.

  • Speaker #0

    Ok. Donc, comme je l'ai dit dans l'introduction, tu joues dans New, la comédie musicale improvisée. Et moi, j'ai envie de te demander, est-ce que ce n'est pas un peu difficile de mêler comédie musicale et improvisation ?

  • Speaker #1

    Eva a quitté le podcast. Oui, c'est très, très dur. Évidemment, c'est très, très dur. Mais pour le coup, j'étais terrifiée à ma première parce que j'ai fait beaucoup d'impro théâtrale. Mais il y a dix ans, à l'école, on clown, on se cache un peu derrière un personnage. Et là, j'ai débarqué avec une quinzaine de tarés d'impro qui sont des talentueux au possible. Ça chante, ça joue, ils ont une rapidité d'esprit. Et moi, j'étais un peu... J'ai l'impression d'être un Bernard Lhermitte et de reculer. Mais en fait, c'était exceptionnel. Ils ont rendu l'expérience, je pense que l'équipe est très importante et ils ont rendu cette expérience exceptionnelle. Je ne me suis jamais autant amusée que dans cette chose-là. C'était incroyable. Après, mes rimes, au début, étaient très pauvres. Parce que forcément, quand tu penses à ton personnage, la gestuelle, et puis il faut faire rire, et puis il faut faire ça, et puis il y a ça. Puis il y a l'histoire aussi peut-être. Ah, les musiciens se mettent à jouer. Ah mon Dieu, il faut que je chante. Quand tu penses à tout ça, tu fais un peu des rimes en « et » au début. Bon voilà, il n'y a pas trop d'allitération, mais ça vient. Et en fait, on se rend compte que le cerveau est un gymnaste digne de Simon Bills et qu'en vrai, il est fort. Et voilà, en fait, c'est un kiff, mais c'est un kiff de se mettre autant en danger parce que même quand on se vautre, et ça m'est arrivé plein de fois, mais même quand on se vautre, le public rigole avec nous parce qu'ils attendent ça aussi. Ils se disent, si on y arrivait tout le temps, c'est pas si difficile que ça. Alors que parfois, je fais une rime pourrie, je regarde le public, et en fait, tout le monde rigole et on repart, et c'est ça qui est génial.

  • Speaker #0

    Et c'est ça qui est bon dans le spectacle vivant, en fait, c'est ce lien avec le public.

  • Speaker #1

    Exactement, oui.

  • Speaker #0

    Et du coup, on précise que dans New, il y a une équipe anglophone, équipe francophone.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et toi, tu es bilingue, est-ce que tu joues dans les deux ?

  • Speaker #1

    Alors, je fais les deux. Je fais partie des deux. Je n'ai pas encore eu la chance de jouer en anglais parce que l'équipe est vachement plus petite. Et du coup, je suis un peu le backup. Ça me paraît normal de laisser aussi les personnes vraiment anglophones s'amuser un peu quand même. Et il y a beaucoup moins de dates. Donc, pour l'instant, je n'ai pas fait de date, mais je suis dans l'équipe.

  • Speaker #0

    Et c'est quand la prochaine date d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Alors, la prochaine date de New, je n'ai pas la date officielle. J'ai ma prochaine date à moi. Mais moi, je vais jouer en... Le 24 novembre, là, en tournée. Et voilà, j'ai très très hâte parce que ça fait un petit moment, je suis très occupée en ce moment et du coup, je n'ai pas pu jouer New. Et là, j'ai très très envie.

  • Speaker #0

    Tu dis dans ta bio, t'amuser de plus en plus au cinéma ou à l'écran.

  • Speaker #1

    Oui, évidemment.

  • Speaker #0

    Évidemment. Comment tu vois cet art par rapport à la scène ?

  • Speaker #1

    Le cinéma. Alors, je trouve ça passionnant parce que ce n'est pas le même métier. Pour moi, ce n'est vraiment pas le même métier. Je sais qu'on dit souvent que c'est un peu pareil, c'est des comédiens, mais en fait pour moi c'est vraiment pas la même chose, parce que l'art de la scène, il y a une espèce de liberté et d'instantanéité. Oui, si j'en rentre des mots, il faut me les dire. Mais bref. Et en fait tout est sur l'instant et il est déjà passé, on joue presque au passé en fait. On a le lien avec le public, on peut tester l'ambiance, on peut sentir ce qui marche, ce qui marche pas, s'adapter, c'est que du réglage, mais on est très solitaire. Parce que, enfin, solitaire, nous, avec nous-mêmes, je veux dire, on a des partenaires, on a un metteur en scène, tout ça. Mais au final, et c'est ça qui est terrible, je pense, pour les metteurs en scène, c'est que la vérité est au plateau. Et que si un comédien n'a pas envie, se trompe, a une idée de génie, en vrai, tout est possible sur le plateau. Parce que c'est nous qui avons les commandes. Entre guillemets, entre gros guillemets, évidemment. Et tous les metteurs en scène avec qui j'ai travaillé, il faut m'appeler, il faut être gentil. Bref, mais non, pas du tout. Alors que le cinéma, il y a un... C'est de l'art fingé, en fait, qu'on ne peut plus retoucher. Il faut être bon tout de suite. Les répétitions, évidemment, existent, mais ce ne sont pas les mêmes. Et en fait, la caméra, elle va choper un moment et elle vient te chercher. Donc, c'est comme si l'œil du spectateur était à ça de nous. Donc, ce n'est pas le même jeu, ce n'est pas la même grandeur de jeu, en tout cas. Tout doit être beaucoup plus précis. On ne va pas jouer pour le dernier rang, on va jouer pour l'œil de la caméra. Et si le gros plan... Enfin, il faut complètement se réadapter. Et même la diction ne sera pas la même parce qu'on ne va pas porter la voix de la même manière. Oui, ce n'est vraiment pas la même chose. La création de personnages est très importante du coup au cinéma. Évidemment qu'elle est importante au théâtre, mais je la trouve très importante au cinéma parce que le cinéma, c'est la vie. Alors qu'au théâtre, on a tendance à devoir un peu grossir cette vie qui est naturelle aussi, mais de la grossir parce qu'on est dans une salle entre quatre murs en fait. Et c'est nous qui faisons tout. Alors qu'au cinéma, il y a les décors, les costumes. On est dans l'espace. Donc, on a intérêt à être extrêmement juste et extrêmement intense. Parce que sinon, la caméra... Ce n'est pas le même métier. Ce n'est pas le même travail. En fait, voilà.

  • Speaker #0

    Mais c'est drôle parce que c'était, je crois, Jimmy Fallon, Jimmy Kimmel. Enfin, je confonds toujours les deux. Oui. Et qui faisait un épisode spécial où il est en voiture avec des stars de Broadway. Ils leur demandent, oui alors au fait, qu'est-ce que tu préfères, le théâtre ou l'argent ?

  • Speaker #1

    Clairement c'est ça, clairement c'est ça. Les acteurs qui viennent au théâtre, c'est je pense pour s'amuser et pour se faire plaisir. Et oui, après ils sont quand même extrêmement bien payés. Mais le cinéma, ce n'est pas les mêmes budgets, ce n'est pas du tout les mêmes retombées. Moi je le vois, mon compagnon, il est en cinéma et quand je lui parle de budget... Lui, il n'est pas du tout estomaqué d'un budget à 8-9 millions. Moi, je suis en panique. Je me dis, oh purée, j'achète deux théâtres avec ça. Et en fait, c'est marrant parce que moi, les budgets que j'imagine, par exemple pour mes pièces, déjà, si je suis à des budgets à 600-700 000 euros, je me dis que c'est énorme comme création. Alors que quand on en parle, mon compagnon me dit, non, ça me paraît normal, il faut payer ça, il faut payer ça. Je dis, oui, je sais que c'est normal, mais c'est juste que les retombées ne sont pas les mêmes. Donc, l'argent n'est pas au même endroit.

  • Speaker #0

    En 2020, tu as joué dans une comédie musicale française appelée Demain commence ici.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous en parler ? J'ai vu un peu quelques extraits et ça a l'air d'être très sympa, mais je n'ai pas vu en vrai. Parle-nous de Demain commence ici.

  • Speaker #1

    Alors, Demain commence ici, c'est un petit projet bijou que j'ai eu la chance d'avoir. On a très peu joué parce qu'évidemment, c'était l'année Covid. Mais voilà, donc on a joué trois fois au lieu de jouer 120 dates. Mais c'est un projet d'Émilie Courtemanche, qui est une parapentiste qui fait en même temps du fil, qui électrifie le fil et qui va se jeter dans le vide en lançant des sushis sur le peuple. Voilà, c'est quelqu'un de fou. Elle est folle, cette personne. Elle est talentueuse au possible. Elle a décidé d'écrire son spectacle, de parler des femmes, de parler d'une... de trois générations de femmes en tout cas, de la grand-mère, la mère, la fille. Donc évidemment, il y a les copines de ces personnes-là à chaque fois. Et de parler de la vieillesse, de parler des gens en EHPAD et de parler de toutes ces choses dont on ne parle pas normalement. Parce que les femmes qui vieillissent, ça n'existe pas, enfin voyons. Les femmes qui ne vont pas bien, qui sont en dépression, ça n'existe pas. Les femmes qui veulent être mère, qui ne veulent pas être mère. En fait, c'était que des sujets assez tabous dans notre société. Et Émilie, évidemment, s'est dit « Eh bien moi, je vais parler de tout ça » . Et c'est pour ça que j'adore cette personne. C'est quelqu'un qui a, j'aime bien dire ça, ça va paraître un peu vulgaire, mais qui a clairement ses ovaires sur la table et qui dit « Maintenant, on fait les choses, on va les faire bien et on va les faire maintenant » . Et je trouve ça merveilleux parce qu'il y a peu de gens comme ça, qui sont des gens qui font des choses et à la fête des choses. Elle nous a servi à un spectacle génial, en tout cas à faire. Et je pense que si le Covid... n'était pas arrivée, on aurait fait beaucoup parler de ce spectacle en effet. Elle s'est démenée pour trouver des... On était payés rubis sur l'ongle, traités merveilleusement bien. Et Émilie est quelqu'un de fabuleux. On avait une équipe fabuleuse. J'étais avec Roxane et Marine. En tout cas, notre groupe de copines était superbe. Les danseuses étaient... Tout le monde était à sa place, talentueux. C'était très agréable à faire. On n'a pas eu la chance d'être dans un théâtre Honnête et respectueux de la production et du coup on n'a pas pu continuer mais c'est des choses qui arrivent. Mais Émilie en tout cas s'est battue bec et ongles pour ce projet et nous aussi. Et elle a tout fait un peu toute seule quoi. Je sais qu'elle s'est débrouillée pour avoir 750 000 euros de budget pour une comédie musicale française avec que des inconnus. Je trouve ça exceptionnel d'avoir réussi à faire ça. Voilà Émilie.

  • Speaker #0

    Oui effectivement. Mais par contre, tu parlais de sujets, de la vieillesse, de choses comme ça, surtout des choses dont on n'entend pas parler en France.

  • Speaker #1

    Oui, en France, exactement.

  • Speaker #0

    Parce que c'est des choses dont on entend déjà un peu plus parler dans le monde anglophone. Là-dessus, pareil, le théâtre anglophone a beaucoup abordé de sujets très différents. Pour revenir sur Next to Normal, où tu parlais effectivement de la santé mentale, ça fait partie des choses qui sont déjà dans cette forme de théâtre-là.

  • Speaker #1

    Complètement. En France, on a un peu de retard, enfin on a beaucoup de retard, parce que l'art de la comédie musicale ne se développe pas du tout de la même manière. Et en fait, on a moins de demandes. Mais après, les comédies musicales marchent, les grands budgets en tout cas, les grosses productions. Mais j'ai l'impression que pour l'instant, on associe encore la comédie musicale au divertissement. Et du coup, ça doit être simple, drôle. Il y a une histoire d'amour. Et en fait, on est juste content d'entendre des gens qui chantent. Et dès que c'est un petit peu plus profond, il faut trouver son public. Il faut se dire, en fait, non, c'est un art complet. Il n'y a pas que des histoires heureuses, en fait. On peut parler de beaucoup de choses en comédie musicale. On n'est pas obligé d'être jazz hands et tout le monde s'aime à la fin. Il y en faut, mais je pense qu'il faut de tout. Et ça arrive. Doucement, mais sûrement. En France, ça arrive.

  • Speaker #0

    Oui. Et est-ce que... qu'on n'a pas un peu trop hérité du théâtre et de l'opéra pour ça, en fait ?

  • Speaker #1

    Alors, ça, c'est un grand débat. Je pense qu'en effet, la France est un pays de théâtreux, clairement. Et il y a cette espèce de guéguerre de qui joue le mieux. Et en France, on a vraiment ce côté-là en comédie musicale, ce n'est pas des comédiens, c'est des chanteurs qui savent jouer, alors que non ! Ce n'est pas vrai. C'est juste qu'en effet, pour l'instant, les livrets de comédie musicale en France sont extrêmement pauvres. Il n'y a pas grand-chose à jouer. Parce qu'il y a quatre phrases pour dire « Je suis amoureuse. » « Moi aussi. » « Bam, chanson. » « C'est vrai que le maf ! » Parfois, tu es un peu là. « Allez, faites un effort, les gars. »

  • Speaker #0

    Tu as également joué dans une fiction radio sur le fantôme de l'opéra. Oui. Tu fais un peu de tout avec ta voix. C'est génial. J'essaie. Et moi, j'aimerais bien que tu me parles justement de cette adaptation, parce que tout le monde connaît Le Fantôme de l'Opéra, et tu as donc joué Christine.

  • Speaker #1

    Exactement. Et j'étais très, très fière, parce que moi, je suis alto. Je ne sais pas si vous l'entendez un peu dans ma voix, mais je ne suis pas une soprane coloratour. Et Christine, c'est le rôle de la comédie musicale qui, je pense, est le plus aigu. Et quand je disais, j'ai été prise dans Le Fantôme de l'Opéra, je vais faire Christine Day. Tu es... toutes mes amies qui étaient là, what ? Attends, pardon ? Non, mais la version radiophonique. Et là, elles me disaient... Ça me faisait marrer de jouer là-dessus. Mais oui, non, je ne chantais pas. Oh, mon Dieu ! Je ne chantais pas. C'était vraiment une réadaptation du livre, une adaptation de Samedi Noir, des fictions de Samedi Noir de France Culture. Et c'était une pièce de théâtre radiophonique.

  • Speaker #0

    Oui, au départ, c'est un bouquin de Gaston Leroux.

  • Speaker #1

    Exactement. Et c'était vraiment la réadaptation. C'était très, très bien écrit, d'ailleurs. Ils avaient gardé beaucoup de choses, beaucoup de choses du livre, en fait, tout simplement. Et Mélé, moi, j'avais surtout été vraiment amazed. Voilà, je n'étais pas chopée.

  • Speaker #0

    Impressionnée.

  • Speaker #1

    Impressionnée, merci. J'avais vraiment été impressionnée par la bruiteuse. Parce qu'on avait une bruiteuse, vu que c'était pour la radio. Et en fait, tout ce qu'on faisait, elle faisait dans sa petite cabane, elle faisait tous ses bruitages. Et c'était exceptionnel. C'est un métier exceptionnel, bruiteur. Et bref, j'étais avec des partenaires sublimes qui sortaient d'une CNSAD de Paris. Bref, c'était merveilleux.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, tu dis coacher de plus en plus d'artistes français et anglais pour des rôles et auditions. C'est quoi le meilleur conseil qu'on puisse donner, selon toi ?

  • Speaker #1

    À quelqu'un qui passe une audition, à un jeune acteur, en général, dans la vie ?

  • Speaker #0

    J'ai envie de te dire, c'est quoi le meilleur conseil pour faire un bon dessert ?

  • Speaker #1

    Pour la vie en général, pour moi, c'est manger bien, dormir et soyez heureux. Voilà, c'est tout. Soyez gentils,

  • Speaker #0

    surtout. OK, très bien. Question suivante. Quand tu vas passer une audition, est-ce qu'il y a des choses que tu conseilles en particulier ?

  • Speaker #1

    Alors, pour des gens qui vont passer des auditions, moi, le premier truc que je dis, c'est travail. Ne viens pas si tu n'es pas préparé. Ça ne se passe pas bien, ce n'est pas vrai. Ça se passe une fois bien sur mille parce que... T'as eu une révélation d'Abraham qui est descendu avec Jésus et Jean-Mouloud III, mais non, en fait, c'est pas vrai, ça se passe pas bien. Donc travaille, sois le plus préparé que tu peux, comme ça tu pourras te permettre de faire n'importe quoi et ce sera génial. Mais si tu travailles pas assez, ça marchera pas. Et ne t'interdis rien en audition, jamais, rien. Si t'as envie de venir avec un costume, si t'as envie de venir avec ta grand-mère pour qu'elle te donne la réplique, fais-le en fait. Parce que souvent, la... Première impression est la bonne. La première intuition, en tout cas, est la bonne. Et moi, ça m'est arrivé plein. On m'a toujours dit, viens pas costumer en audition, ramène pas trop de trucs, viens vraiment simple, sobre, machin, machin. Et en fait, les dernières fois où j'ai fait, mais en fait, fuck off. Ce rôle-là m'inspire ça. Là, aujourd'hui, j'étais en casting, je suis venue, je me suis collée des gommettes sur le front parce que le rôle, c'était Phoebe dans Friends. Et je me suis dit, pff, mais grave, Phoebe, elle ferait trop ça. J'ai pris les stickers de ma gamine et je me suis mis plein d'étoiles sur le côté. Oui, ça aurait pu faire costume. J'étais venue avec mes boucles d'oreilles. Toi, tu le vois, mais les autres, non. Mais bref, je m'étais un peu habillée dans le style du rôle. Je n'étais pas venue avec un costume de chez La Fête à Dudule. Mais j'étais venue avec quelque chose où ça me met dans le personnage. On peut dire que ça fait trop. Ça faisait certainement un peu trop. Mais en fait, elle m'a vue arriver et ils ont explosé de rire. Et en fait, ça... Ça détend l'atmosphère. Et tu vois, je me suis dit, pourquoi je me l'interdirais ? Parce qu'on m'a dit de ne pas le faire. Si j'ai envie d'arriver en audition avec une foule tenue de dinosaures, parce que je pense que ça peut correspondre, les trucs gonflables, en fait, je le fais. Et si ça ne marche pas, tant pis, c'est qu'on ne va pas travailler ensemble. Mais en tout cas, ne vous interdisez rien. Rien, rien, rien. Parce que c'est fait pour se faire confiance.

  • Speaker #0

    En parlant de dinosaures, je passe un coucou à l'équipe de Denver.

  • Speaker #1

    Yes !

  • Speaker #0

    notamment ma pote à Châtissier qui joue Denver on l'aime très fort parce que chapeau bas ouais ouais alors moi je peux pas encore aller voir ce spectacle mais je salue parce que Denver c'était un personnage de mon enfance et que je me dis c'est super sympa de le faire vivre en théâtre musical trop bien bah oui tu joues également pour le coup plutôt côté chanson avec The Swingbirds oui Parle-nous de The Swingbirds.

  • Speaker #1

    Alors, Les Swingbirds, c'est un groupe de close harmony, où en fait, c'est un peu les Andrew Sisters, Poppeny Sisters, tout ce genre de musique. Et ça a été créé par Alice Fesh, si je ne me trompe pas, parce qu'elle a le nom de son mari aussi, salut Laurent, qui est un batteur, un percussionniste, pardon, de ouf. Et en fait, elle a créé ça, c'est dans le style un peu américain des... de trois chanteuses, il y a des claquettes aussi, trois chanteuses qui vont chanter des standards, des standards de jazz et des standards actuels remixés un peu à la post-modern jukebox. Et en fait, on va chanter, c'est que des harmonies qui frottent, qui sont vraiment très très proches. Et on se retrouve, moi c'est un son que j'adore, que j'adore.

  • Speaker #0

    Moi j'en profite pour saluer les Jingle Bells.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est le même concept.

  • Speaker #0

    que j'aime beaucoup, que pour le coup, j'ai vu sur scène avec Lauren Van Kempen, l'an dernier, bah oui, Lauren qu'on aime tous beaucoup, Devin Graves aussi, Devin que j'aimerais bien inviter ici un jour, qui est d'ailleurs cartonné avec le type Beautiful Lie en début d'année, et que je salue d'ailleurs si elle écoute. Il y a un point sur ton CV que j'ai relevé, qui est assez drôle. Si tu mets que tu aimes la crème de marron et le fromage blanc et l'accent russe.

  • Speaker #1

    Oui, parce que...

  • Speaker #0

    Ça mérite d'être original. Et j'ai envie de te dire, pourquoi mettre ça sur ton CV ?

  • Speaker #1

    Alors, pourquoi j'ai mis ça ? Parce qu'en fait, ça me saoule de faire des CV, des lettres de motif, des trucs comme ça. Et évidemment, il y en faut, parce qu'il y a des gens qui ne te connaissent pas. Je ne suis pas encore Beyoncé pour que les gens m'appellent sans me demander ce que j'ai fait. Un jour, peut-être. Mais en fait, j'ai fait mon CV à l'anglaise. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais en tout cas, je trouve ça vachement bien fait. C'est très efficace. On voit tous les rôles que tu as faits, si c'était du musical, du théâtre, du machin, du machin. Sauf qu'à la fin, les Anglais, ils mettent une petite case extra où tu mets tes passions. Tu mets un truc qui est un peu plus personnel. Parce qu'un CV, au final, c'est très factuel. Tu n'as vraiment que tes spectacles que tu as faits et basta, avec les noms, les dates et tout. Et à la fin, tu es censé mettre un petit truc un peu pour donner tes skills que tu as en plus. Si tu parles avec l'accent américain, parce que du coup, l'accent anglais, c'est particulier. Donc, tu mets tes accents, tu mets si tu es danseuse, si tu... Et en fait, tu peux mettre si tu fais de la pâtisserie à haut niveau, si tu fais du cheval, si tu fais du deltaplane, parce qu'au final, pour le cinéma, ça peut être utile, ce genre de skills. Et moi, ça me faisait marrer de mettre un truc...

  • Speaker #0

    Parce qu'au final, je suis très douée en accent. J'adore ça, j'en fais beaucoup. Notamment pour New, c'est très important de faire un accent sans se moquer parce qu'il y a des accents, on peut très vite tomber dans le raciste et le machin. Et non, non, c'est vraiment de se... En fait, tu prends ce que le public te donne. Donc tu vas faire un accent parce qu'on te l'a demandé. Sauf qu'il y a un moment, tu vas le faire avec respect et tu vas le faire bien. Parce que la moindre des choses, c'est pas de se moquer, c'est de faire les choses bien. Donc j'adore les accents, je le mets sur mon CV. Je me suis dit, j'adore faire l'accent russe. Et en fait, je me suis dit, mets un petit truc sur toi rigolo pour voir ceux qui lisent ton CV en entier, tout simplement. Et il y a pas mal de prods qui me disent, moi aussi, j'adore la crème brûlée, j'adore ça et tout. Et en fait, je change parfois mon dessert et je vois ceux qui m'en parlent et je me dis, ça casse la glace au début. Et j'aime bien me marrer en audition parce qu'il n'y a rien de pire que cet exercice-là. Tout le monde est mal à l'aise, personne n'a envie de le faire, mais on le fait tous. Et même si on essaie de s'amuser, justement, je me dis que ça peut faire un petit truc où ils se disent « Ah, elle est drôle ! »

  • Speaker #1

    Ils auraient bien raison parce que c'est vrai que t'es drôle.

  • Speaker #0

    Ah, j'essaye, écoute. Mais oui.

  • Speaker #1

    Eh bien, on arrive petit à petit sur la fin de ce podcast. Oui. Et je vais te demander tes recommandations culturelles. Alors. Avec l'imace que t'as fait.

  • Speaker #0

    Oui, de ouf, parce que mes goûts, je suis quelqu'un de spécial. Alors, mes recommandations cinématographiques, allez voir. The Substance. C'est quoi ? Voilà, vous n'avez pas le choix. C'est un film sur les femmes et les dictates de la beauté poussées à l'extrême. C'est un film d'horreur, c'est gore. Il y a du sang partout. Je crois que j'ai lu cette information ce matin. Il y a eu plus de 140 000 litres de sang utilisés pendant le tournage.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Rien que pour ça, je voulais le voir. Non, non, et c'est surtout que c'est un film qui est fait par une femme. Je vais mal prononcer son nom, c'est Coralie Farja. Et c'est avec des mimours justement en rôle principal. Et en fait, il y a toute cette... Écoutez ses interviews à Coralie Farja, parce qu'elle dit qu'elle savait que ça allait être très compliqué de trouver une actrice pour faire ce rôle-là. Parce que forcément, les actrices, on travaille avec notre image. Et une actrice qui vieillit et qui montre qu'elle vieillit. Surtout une américaine. Et du coup, c'est exceptionnel. Parce qu'il y a toutes ces choses-là qui sont remises en question. En gros, tu peux prendre une substance qui va changer ton apparence. Je dis ça comme ça, je ne peux vraiment rien dévoiler. Ok. Mais oui, c'est vraiment sur l'apparence des femmes surtout. Et qu'est-ce que c'est la jeunesse ? Qu'est-ce que c'est l'acceptation ? Et le fait que ça passe par un film de genre, un film gore. En fait, c'est pas « Bouhou, bouh sur vous, il faut pas penser comme ça » . Et je trouve qu'elle traite ça avec beaucoup plus d'intelligence parce que ça va trop loin. Et on se dit « Ah ouais, c'est un peu comme Black Mirror, ça pourrait clairement tomber là-dedans. Allez, on s'accepte, ça suffit, on passe aux choses. » Et je trouve ça formidable. Qu'est-ce que je peux recommander ? Je sais pas. Est-ce que je suis allée au théâtre récemment ? Non, je suis allée voir des trucs que j'aimais pas. pas envie de vous la recommander non une pièce que j'ai envie d'aller voir mais du coup je sais pas trop si c'est une recommandation mais que j'ai très très envie d'aller voir c'est Oublie-moi je sais je suis à la bourre mais voilà on l'a recommandé en long en large et en travers et du coup j'ai envie de la recommander même si je ne l'ai pas vue parce

  • Speaker #1

    que je vais aller la voir pour ma part je recommande alors cinéma aussi d'aller voir Le robot sauvage je l'ai vu sublime j'ai pleuré j'ai pleuré voilà il est beau très très beau film

  • Speaker #0

    En plus, je suis en plein dedans. J'ai les hormones on fire en ce moment parce que j'ai 32 ans et je pense à faire des enfants. Le rôle de la mère, la place de tout cet amour où tu ne sais pas où le place, ça m'a tuée. J'avais les larmes comme ça avec la petite à côté. Ça va, regarde le film.

  • Speaker #1

    C'est vraiment un super film. Effectivement, sur cette place-là, sur...

  • Speaker #0

    La différence.

  • Speaker #1

    Sur les différences, sur la solidarité aussi, un plaisir immense que de voir ce type de film. Et comme je dis à des amis, c'est vrai que récemment on a eu plein de très bons films d'animation. Je pense au film Spider-Verse, je pense au dernier Tortue Ninja, je pense au Chapoté, la dernière quête, qui était exceptionnelle. Je pense à tous ces films-là qui sont à destiner des enfants, mais pas qu'eux. Même 19 est de très bons trucs avec Luca, avec Alerte Rouge, avec tout ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai qu'il se renouvelle un peu, les sujets en tout cas.

  • Speaker #1

    je trouve que ça évolue dans un sens assez profond et c'est cool ouais ouais ouais on fait des choses qui sont plus en phase avec la génération actuelle avec l'ère du temps j'ai envie de dire et c'est très très cool donc moi je suis très content de ça et il y a autre chose dont je suis content c'est de t'avoir reçu Eva bah écoute avec plaisir et si je peux vous conseiller une sortie culturelle venez voir New Exactement, venez voir New avec Eva. Tu me dis, c'est quand la prochaine date pour toi ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis en tournée, mais du coup, ma prochaine date sur Paris, c'est le 17 décembre.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Vous avez le temps.

  • Speaker #1

    Voilà, prenez note, prenez date. Et puis d'ici là, allez au théâtre, chantez, allez voir des films et des séries avec Eva dedans. Oui,

  • Speaker #0

    tout avec moi, tout le temps. Ça,

  • Speaker #1

    c'était pour l'accent russe.

  • Speaker #0

    Mais j'ai même oublié, en ce moment, je suis dans un spectacle où je joue la comtesse russe comme ça. Et du coup, c'est très agréable.

  • Speaker #1

    Très bien. Merci Eva. Et puis, prenez soin de vous. Merci aux éditeurs. Et à bientôt.

  • Speaker #0

    Merci. Salut.

Description

Pour ce nouvel épisode, je reçois Eva Gentili, chanteuse, comédienne et improvisatrice qui joue entre autre dans New, la comédie musicale improvisée et dans les Swing Birds.

Elle nous parle de son expérience à la Royal Academy of Music et de son expérience.


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Transcription

  • Speaker #0

    Chers auditeurs et auditrices, un petit mot avant de commencer cet épisode. C'est la Voix a désormais un Patreon. En vous y abonnant, vous débloquez la possibilité d'accéder aux épisodes en avance et d'avoir votre nom cité dedans. Et surtout, vous participez à voir grandir ce petit podcast que je prends plaisir à réaliser. C'est la Voix est et restera disponible sur toutes les bonnes plateformes. Et sur ce, bonne écoute. Bonjour à tous et bienvenue ! dans C'est la voix, un podcast où j'invite un mardi sur deux des professionnels de la voix, que ce soit des chanteurs, des coachs vocaux ou d'autres spécialistes. Pour ce nouvel épisode, je reçois Eva Gentili. Eva est comédienne et chanteuse et elle joue dans New, la comédie musicale improvisée. Eva, bonjour. Bonjour. Bienvenue dans C'est la voix.

  • Speaker #1

    Merci, je suis ravie d'être là.

  • Speaker #0

    Et je suis ravi de te recevoir. Alors, on va commencer par la question traditionnelle. Je vais te demander de présenter ton parcours, s'il te plaît.

  • Speaker #1

    Oh lord. Alors... Alors moi, j'ai commencé très, très jeune dans ce milieu-là. Je suis chanteuse depuis que j'ai six ans. Et j'étais à la Cigale de Lyon, qui est un chœur professionnel d'enfants. Et on a fait des tournées dans le monde entier à partir de mes dix ans jusqu'à mes dix-huit ans. Et c'était un peu la folie. Donc c'est là, à partir de cet âge-là, je suis tombée dans la musique. On faisait beaucoup de chants sacrés, d'opéras et de choses comme ça. Et j'ai eu la chance de pouvoir aller chanter en Chine. En Europe, partout, avant ma majorité, ce qui était un peu dingue pour mon âge. Et de faire partie d'un groupe aussi qualitatif, c'était assez cool. Et après, j'ai passé mon bac comme tout le monde, même si je n'avais pas très envie. Parce que j'avais très envie de tout de suite faire de la musique. Mais ma mère, qui est prof, m'a dit « Ah ah, non ! Tu passes ton bac ! » Donc mon bac en poche, en théâtre, en spéthéâtre et musique, évidemment. Et je suis partie tout de suite. enfin non je suis partie à l'école avant j'étais en école de théâtre et de musique à un conservatoire à lyon la scène sur sonne qui n'existe plus maintenant mais on était à lyon donc ma ville natale et j'ai beaucoup appris c'est là où je suis tombé je tombais en amour de l'impro de du théâtre du théâtre de la comédie à del arte et de tout ça j'ai fait beaucoup de clowns on a fait beaucoup de champs parce qu'on a travaillé beaucoup sur brecht et sur ce genre de d'auteurs où ça chante mine de rien sur scène, on faisait de l'opérette, c'était très très très varié. Et après je suis partie grandir un peu en Amérique du Sud, parce que j'avais besoin de me mettre un peu de plomb dans la cervelle, et je suis allée écouter du tango et interviewer des vieilles mamies sur les places où j'ai chanté avec elles d'ailleurs. J'ai pris beaucoup de cours de chant aussi là-bas. Et après, les cours florants, comme... Quelqu'un qui panique, qui rentre en France et qui dit « Mon Dieu, il me faut une école, qu'est-ce qui se passe ? Ma sœur est à Paris, je peux faire de la comédie musicale ? » Je suis un peu tombée dedans par hasard, je ne le viens pas du tout. Je n'étais pas passionnée de comédie musicale quand j'étais môme, moi j'adorais le chant et le théâtre séparés. Et j'étais plutôt fan de Coluche et de Garbo, mais bon, ça c'est autre chose. Et voilà, j'ai fait mes cours Florent deux ans en comédie musicale où j'ai rencontré des gens fabuleux et des gens qui m'ont donné justement cette envie de la comédie musicale. Et c'est là que j'ai un peu craqué et je me suis dit, YOLO, on n'a qu'une vie, je vais partir à Londres. Et j'ai tenté les concours de la Royal Academy of Music et j'ai été prise. Et c'était dingue, j'ai fait un master là-bas et voilà. Et là maintenant, j'arrête les écoles parce que ça suffit. Et depuis, je travaille et j'ai la chance de... J'ai la chance de beaucoup travailler et de travailler avec des gens assez formidables. Donc voilà, je chante, je danse, je m'amuse.

  • Speaker #0

    Et alors, quand tu étais enfant et que du coup tu as fait ces différentes tournées, etc. Au niveau scolarité, ça se passait comment ? Parce que voilà, on se demande toujours, est-ce que tu sautes des cours et tu rattrapes ?

  • Speaker #1

    Alors, ça dépendait. En général, les tournées étaient sur les périodes de vacances scolaires. Mais quand il y avait beaucoup, beaucoup de travail, la tournée en Chine, on a dû la préparer... énormément, parce qu'on est partis de 4 semaines en Chine. Donc ça débordait un peu sur l'école. Et dans ce cas-là, en fait, j'avais des profs qui étaient merveilleux parce que c'est un accord avec eux. Moi, je travaillais, évidemment, je rendais mes devoirs et je rendais tout ça. Mais eux m'ont aussi demandé de préparer un exposé sur ce que je faisais, sur pourquoi je partais, et c'est ce que j'avais fait. Donc en fait, ça avait servi autant mes camarades que moi. Il y a eu un espèce de partage et ils m'ont dit que c'est une expérience incroyable. Évidemment qu'on dit oui. L'école, ils t'ont dit de y être tous les jours.

  • Speaker #0

    Comme tu as dit que tu t'es formée à la Royal Academy of Music.

  • Speaker #1

    Yes, darling.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu as l'impression que ça t'a apporté quelque chose en plus par rapport à une école francophone ?

  • Speaker #1

    Oui, beaucoup. Déjà, la charge de travail n'a rien à voir. Ça, ça m'a un peu choquée et ça m'a un peu rendue triste parce que je me suis dit, en fait, je crois que les Français, on est très feignants, surtout à l'école. Et je m'inclus complètement dedans. Je veux dire, je ne suis pas du tout en train de juger. Non, non, c'est tout le monde en général. Je voyais l'école. Moi, j'étais à quoi, 35 heures par semaine au cours Florent, mais tout était mélangé. On devait passer une ou deux chansons par semaine. On avait des choses à apprendre, mais c'était un texte ou deux. On devait trouver des scènes. C'était plutôt relax. On travaillait, mais c'était plutôt relax. Et il fallait quand même rendre des choses. Je ne veux pas critiquer du tout l'écho, Florence. Ce n'est pas du tout le but. C'est vraiment pour dire qu'on avait du travail à rendre et ça me paraissait beaucoup à l'époque. Et là, j'arrive à Londres et je me suis pris une énorme claque parce que par semaine, déjà, je devais avoir rien qu'en chant, 15 heures de chant, que de chant. En plus, j'avais des cours de répertoire, en plus j'avais des cours de CD. En fait, j'arrivais à l'école à 7h du matin et je repartais à 23h, 23h30 en général, tous les jours, sans pause. Enfin, j'avais une pause le midi évidemment, parce que ce n'est pas des tortionnaires, mais j'ai compris vraiment le sens du mot travail, voilà. Et mine de rien, j'avais 5-6 chansons à présenter par semaine. Donc déjà, la différence, elle était assez flagrante. Il fallait que je fasse des cours de répertoire, donc en plus que je travaille 4-5 chansons. en plus, pas par cœur, mais que je les connaisse, que je pense aux chansons d'après, j'avais des thèmes, j'ai des textes de théâtre, il fallait apprendre des chorés. Et vraiment, toute la semaine, on fait... Et c'est très intense. Mais du coup, le niveau n'a rien à voir.

  • Speaker #0

    Effectivement, donc. Ça devait être beaucoup plus éprouvant. Et du coup, pourquoi avoir choisi de revenir en France ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, je suis tombée sur... Ce n'est pas vraiment un choix, je t'avoue. Je suis tombée sur l'année Covid. Et du coup, j'ai dû rentrer, malgré moi. parce que mes parents étaient malades et très à risque. Et ma sœur habite au Canada, donc j'étais la plus près. Donc on a dit, OK, moi, je lâche Londres, je rentre en France, au cas où, et après, je repartirai. Sauf que j'étais rentrée en France et j'avais encore un pied entre les deux. Mais en fait, le travail est très vite revenu en France et ça, je suis très chanceuse. Je me suis jamais retrouvée dans le caca comme beaucoup de mes collègues à moi. Moi, je touche tout ce que je peux, tout le temps. Mais le travail est revenu très vite. Et du coup, pour repartir à Londres, sachant que les contacts, c'était un peu étiolé, ça faisait 7-8 mois, personne ne travaillait là-bas. C'est assez compliqué de se dire, je repars à Londres pour être serveuse, parce que c'est ce qui se serait passé, tout simplement. Et j'avais un peu l'impression de faire un step back dans ma vie, alors qu'en France, je faisais le travail que j'aimais. Donc bon, je passe encore des auditions là-bas. La porte n'est pas fermée. Et je pense que pour y retourner tout de suite, ce serait peut-être un peu compliqué, pour y habiter en tout cas.

  • Speaker #0

    C'est un objectif à terme ?

  • Speaker #1

    Complètement. Ah oui, moi je veux travailler là-bas, au moins faire une saison, où surtout j'écris aussi beaucoup et j'écris des comédies musicales et je suis en lien en ce moment avec une production là-bas parce que j'ai envie que mes pièces se jouent là-bas surtout.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a une pièce qui se joue là-bas que t'aimerais, toi, jouer ?

  • Speaker #1

    Oh, tellement ! Faut que j'en choisisse une, on est sûr. En vrai, il y en a deux qui m'ont mais... Je pense que j'ai arrêté de respirer quand je les ai vus, quand je les ai découvertes. Je me suis dit, ça aussi, c'est la comédie musicale, mais je veux faire ça. C'est Next to Normal, où là, en ce moment, ils jouent et ils ont eu un prix Pulitzer. C'est vraiment exceptionnel à voir. C'est sur la santé mentale. C'est le thème, les chansons, tout est magnifique. La mise en scène, c'est exceptionnel. Et ça parle de la perte aussi d'un enfant. Il y a énormément de choses qui sont en lien avec la maladie mentale. Et avec la fatigue mentale, avec la dépression, avec l'acceptation de la mort de son fils, en l'occurrence. Et sinon, de manière un peu plus légère, mon rôle, mon dream, mon rôle à vie, je pense que ce sera Falsetto. Le rôle de Trina, la mère. Et elle est dingue. Et en fait, c'est un musical qui est sur l'explosion de la famille. En fait, c'est une femme juive très traditionnelle qui a fait sa vie avec quelqu'un, qui a un enfant, qui a une vie parfaite. Et en fait, son mari est gay et elle l'apprend et il part avec un homme et tout explose. Tout ce qu'elle a, toutes ses croyances, toutes ces choses-là. C'est très, très drôle, mine de rien. Et il y a beaucoup d'humour dans cette comédie musicale. Et en fait, elle se rend compte que tu ne m'avais pas demandé de faire un pitch, en fait.

  • Speaker #0

    Non, non, mais j'aime bien.

  • Speaker #1

    Je suis en train de me lancer. Non, mais parce que tu crois le personnage. Enfin, bref.

  • Speaker #0

    Ce qui est cool, c'est que dans ce podcast, je rencontre des gens passionnés et j'aime ça en fait parce que quand les gens parlent de leur passion, c'est toujours hyper intéressant ne serait-ce que pour moi, mais surtout pour les auditeurs.

  • Speaker #1

    Ouais, bon bah tant mieux. Ce musical, je vous en prie. Et sinon, Lady Macbeth. Mais ça, ce serait qu'en théâtre. Et ça, on est dans les top 3 de mes 3 rôles. Voilà, un jour.

  • Speaker #0

    Ok. Donc, comme je l'ai dit dans l'introduction, tu joues dans New, la comédie musicale improvisée. Et moi, j'ai envie de te demander, est-ce que ce n'est pas un peu difficile de mêler comédie musicale et improvisation ?

  • Speaker #1

    Eva a quitté le podcast. Oui, c'est très, très dur. Évidemment, c'est très, très dur. Mais pour le coup, j'étais terrifiée à ma première parce que j'ai fait beaucoup d'impro théâtrale. Mais il y a dix ans, à l'école, on clown, on se cache un peu derrière un personnage. Et là, j'ai débarqué avec une quinzaine de tarés d'impro qui sont des talentueux au possible. Ça chante, ça joue, ils ont une rapidité d'esprit. Et moi, j'étais un peu... J'ai l'impression d'être un Bernard Lhermitte et de reculer. Mais en fait, c'était exceptionnel. Ils ont rendu l'expérience, je pense que l'équipe est très importante et ils ont rendu cette expérience exceptionnelle. Je ne me suis jamais autant amusée que dans cette chose-là. C'était incroyable. Après, mes rimes, au début, étaient très pauvres. Parce que forcément, quand tu penses à ton personnage, la gestuelle, et puis il faut faire rire, et puis il faut faire ça, et puis il y a ça. Puis il y a l'histoire aussi peut-être. Ah, les musiciens se mettent à jouer. Ah mon Dieu, il faut que je chante. Quand tu penses à tout ça, tu fais un peu des rimes en « et » au début. Bon voilà, il n'y a pas trop d'allitération, mais ça vient. Et en fait, on se rend compte que le cerveau est un gymnaste digne de Simon Bills et qu'en vrai, il est fort. Et voilà, en fait, c'est un kiff, mais c'est un kiff de se mettre autant en danger parce que même quand on se vautre, et ça m'est arrivé plein de fois, mais même quand on se vautre, le public rigole avec nous parce qu'ils attendent ça aussi. Ils se disent, si on y arrivait tout le temps, c'est pas si difficile que ça. Alors que parfois, je fais une rime pourrie, je regarde le public, et en fait, tout le monde rigole et on repart, et c'est ça qui est génial.

  • Speaker #0

    Et c'est ça qui est bon dans le spectacle vivant, en fait, c'est ce lien avec le public.

  • Speaker #1

    Exactement, oui.

  • Speaker #0

    Et du coup, on précise que dans New, il y a une équipe anglophone, équipe francophone.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et toi, tu es bilingue, est-ce que tu joues dans les deux ?

  • Speaker #1

    Alors, je fais les deux. Je fais partie des deux. Je n'ai pas encore eu la chance de jouer en anglais parce que l'équipe est vachement plus petite. Et du coup, je suis un peu le backup. Ça me paraît normal de laisser aussi les personnes vraiment anglophones s'amuser un peu quand même. Et il y a beaucoup moins de dates. Donc, pour l'instant, je n'ai pas fait de date, mais je suis dans l'équipe.

  • Speaker #0

    Et c'est quand la prochaine date d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Alors, la prochaine date de New, je n'ai pas la date officielle. J'ai ma prochaine date à moi. Mais moi, je vais jouer en... Le 24 novembre, là, en tournée. Et voilà, j'ai très très hâte parce que ça fait un petit moment, je suis très occupée en ce moment et du coup, je n'ai pas pu jouer New. Et là, j'ai très très envie.

  • Speaker #0

    Tu dis dans ta bio, t'amuser de plus en plus au cinéma ou à l'écran.

  • Speaker #1

    Oui, évidemment.

  • Speaker #0

    Évidemment. Comment tu vois cet art par rapport à la scène ?

  • Speaker #1

    Le cinéma. Alors, je trouve ça passionnant parce que ce n'est pas le même métier. Pour moi, ce n'est vraiment pas le même métier. Je sais qu'on dit souvent que c'est un peu pareil, c'est des comédiens, mais en fait pour moi c'est vraiment pas la même chose, parce que l'art de la scène, il y a une espèce de liberté et d'instantanéité. Oui, si j'en rentre des mots, il faut me les dire. Mais bref. Et en fait tout est sur l'instant et il est déjà passé, on joue presque au passé en fait. On a le lien avec le public, on peut tester l'ambiance, on peut sentir ce qui marche, ce qui marche pas, s'adapter, c'est que du réglage, mais on est très solitaire. Parce que, enfin, solitaire, nous, avec nous-mêmes, je veux dire, on a des partenaires, on a un metteur en scène, tout ça. Mais au final, et c'est ça qui est terrible, je pense, pour les metteurs en scène, c'est que la vérité est au plateau. Et que si un comédien n'a pas envie, se trompe, a une idée de génie, en vrai, tout est possible sur le plateau. Parce que c'est nous qui avons les commandes. Entre guillemets, entre gros guillemets, évidemment. Et tous les metteurs en scène avec qui j'ai travaillé, il faut m'appeler, il faut être gentil. Bref, mais non, pas du tout. Alors que le cinéma, il y a un... C'est de l'art fingé, en fait, qu'on ne peut plus retoucher. Il faut être bon tout de suite. Les répétitions, évidemment, existent, mais ce ne sont pas les mêmes. Et en fait, la caméra, elle va choper un moment et elle vient te chercher. Donc, c'est comme si l'œil du spectateur était à ça de nous. Donc, ce n'est pas le même jeu, ce n'est pas la même grandeur de jeu, en tout cas. Tout doit être beaucoup plus précis. On ne va pas jouer pour le dernier rang, on va jouer pour l'œil de la caméra. Et si le gros plan... Enfin, il faut complètement se réadapter. Et même la diction ne sera pas la même parce qu'on ne va pas porter la voix de la même manière. Oui, ce n'est vraiment pas la même chose. La création de personnages est très importante du coup au cinéma. Évidemment qu'elle est importante au théâtre, mais je la trouve très importante au cinéma parce que le cinéma, c'est la vie. Alors qu'au théâtre, on a tendance à devoir un peu grossir cette vie qui est naturelle aussi, mais de la grossir parce qu'on est dans une salle entre quatre murs en fait. Et c'est nous qui faisons tout. Alors qu'au cinéma, il y a les décors, les costumes. On est dans l'espace. Donc, on a intérêt à être extrêmement juste et extrêmement intense. Parce que sinon, la caméra... Ce n'est pas le même métier. Ce n'est pas le même travail. En fait, voilà.

  • Speaker #0

    Mais c'est drôle parce que c'était, je crois, Jimmy Fallon, Jimmy Kimmel. Enfin, je confonds toujours les deux. Oui. Et qui faisait un épisode spécial où il est en voiture avec des stars de Broadway. Ils leur demandent, oui alors au fait, qu'est-ce que tu préfères, le théâtre ou l'argent ?

  • Speaker #1

    Clairement c'est ça, clairement c'est ça. Les acteurs qui viennent au théâtre, c'est je pense pour s'amuser et pour se faire plaisir. Et oui, après ils sont quand même extrêmement bien payés. Mais le cinéma, ce n'est pas les mêmes budgets, ce n'est pas du tout les mêmes retombées. Moi je le vois, mon compagnon, il est en cinéma et quand je lui parle de budget... Lui, il n'est pas du tout estomaqué d'un budget à 8-9 millions. Moi, je suis en panique. Je me dis, oh purée, j'achète deux théâtres avec ça. Et en fait, c'est marrant parce que moi, les budgets que j'imagine, par exemple pour mes pièces, déjà, si je suis à des budgets à 600-700 000 euros, je me dis que c'est énorme comme création. Alors que quand on en parle, mon compagnon me dit, non, ça me paraît normal, il faut payer ça, il faut payer ça. Je dis, oui, je sais que c'est normal, mais c'est juste que les retombées ne sont pas les mêmes. Donc, l'argent n'est pas au même endroit.

  • Speaker #0

    En 2020, tu as joué dans une comédie musicale française appelée Demain commence ici.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous en parler ? J'ai vu un peu quelques extraits et ça a l'air d'être très sympa, mais je n'ai pas vu en vrai. Parle-nous de Demain commence ici.

  • Speaker #1

    Alors, Demain commence ici, c'est un petit projet bijou que j'ai eu la chance d'avoir. On a très peu joué parce qu'évidemment, c'était l'année Covid. Mais voilà, donc on a joué trois fois au lieu de jouer 120 dates. Mais c'est un projet d'Émilie Courtemanche, qui est une parapentiste qui fait en même temps du fil, qui électrifie le fil et qui va se jeter dans le vide en lançant des sushis sur le peuple. Voilà, c'est quelqu'un de fou. Elle est folle, cette personne. Elle est talentueuse au possible. Elle a décidé d'écrire son spectacle, de parler des femmes, de parler d'une... de trois générations de femmes en tout cas, de la grand-mère, la mère, la fille. Donc évidemment, il y a les copines de ces personnes-là à chaque fois. Et de parler de la vieillesse, de parler des gens en EHPAD et de parler de toutes ces choses dont on ne parle pas normalement. Parce que les femmes qui vieillissent, ça n'existe pas, enfin voyons. Les femmes qui ne vont pas bien, qui sont en dépression, ça n'existe pas. Les femmes qui veulent être mère, qui ne veulent pas être mère. En fait, c'était que des sujets assez tabous dans notre société. Et Émilie, évidemment, s'est dit « Eh bien moi, je vais parler de tout ça » . Et c'est pour ça que j'adore cette personne. C'est quelqu'un qui a, j'aime bien dire ça, ça va paraître un peu vulgaire, mais qui a clairement ses ovaires sur la table et qui dit « Maintenant, on fait les choses, on va les faire bien et on va les faire maintenant » . Et je trouve ça merveilleux parce qu'il y a peu de gens comme ça, qui sont des gens qui font des choses et à la fête des choses. Elle nous a servi à un spectacle génial, en tout cas à faire. Et je pense que si le Covid... n'était pas arrivée, on aurait fait beaucoup parler de ce spectacle en effet. Elle s'est démenée pour trouver des... On était payés rubis sur l'ongle, traités merveilleusement bien. Et Émilie est quelqu'un de fabuleux. On avait une équipe fabuleuse. J'étais avec Roxane et Marine. En tout cas, notre groupe de copines était superbe. Les danseuses étaient... Tout le monde était à sa place, talentueux. C'était très agréable à faire. On n'a pas eu la chance d'être dans un théâtre Honnête et respectueux de la production et du coup on n'a pas pu continuer mais c'est des choses qui arrivent. Mais Émilie en tout cas s'est battue bec et ongles pour ce projet et nous aussi. Et elle a tout fait un peu toute seule quoi. Je sais qu'elle s'est débrouillée pour avoir 750 000 euros de budget pour une comédie musicale française avec que des inconnus. Je trouve ça exceptionnel d'avoir réussi à faire ça. Voilà Émilie.

  • Speaker #0

    Oui effectivement. Mais par contre, tu parlais de sujets, de la vieillesse, de choses comme ça, surtout des choses dont on n'entend pas parler en France.

  • Speaker #1

    Oui, en France, exactement.

  • Speaker #0

    Parce que c'est des choses dont on entend déjà un peu plus parler dans le monde anglophone. Là-dessus, pareil, le théâtre anglophone a beaucoup abordé de sujets très différents. Pour revenir sur Next to Normal, où tu parlais effectivement de la santé mentale, ça fait partie des choses qui sont déjà dans cette forme de théâtre-là.

  • Speaker #1

    Complètement. En France, on a un peu de retard, enfin on a beaucoup de retard, parce que l'art de la comédie musicale ne se développe pas du tout de la même manière. Et en fait, on a moins de demandes. Mais après, les comédies musicales marchent, les grands budgets en tout cas, les grosses productions. Mais j'ai l'impression que pour l'instant, on associe encore la comédie musicale au divertissement. Et du coup, ça doit être simple, drôle. Il y a une histoire d'amour. Et en fait, on est juste content d'entendre des gens qui chantent. Et dès que c'est un petit peu plus profond, il faut trouver son public. Il faut se dire, en fait, non, c'est un art complet. Il n'y a pas que des histoires heureuses, en fait. On peut parler de beaucoup de choses en comédie musicale. On n'est pas obligé d'être jazz hands et tout le monde s'aime à la fin. Il y en faut, mais je pense qu'il faut de tout. Et ça arrive. Doucement, mais sûrement. En France, ça arrive.

  • Speaker #0

    Oui. Et est-ce que... qu'on n'a pas un peu trop hérité du théâtre et de l'opéra pour ça, en fait ?

  • Speaker #1

    Alors, ça, c'est un grand débat. Je pense qu'en effet, la France est un pays de théâtreux, clairement. Et il y a cette espèce de guéguerre de qui joue le mieux. Et en France, on a vraiment ce côté-là en comédie musicale, ce n'est pas des comédiens, c'est des chanteurs qui savent jouer, alors que non ! Ce n'est pas vrai. C'est juste qu'en effet, pour l'instant, les livrets de comédie musicale en France sont extrêmement pauvres. Il n'y a pas grand-chose à jouer. Parce qu'il y a quatre phrases pour dire « Je suis amoureuse. » « Moi aussi. » « Bam, chanson. » « C'est vrai que le maf ! » Parfois, tu es un peu là. « Allez, faites un effort, les gars. »

  • Speaker #0

    Tu as également joué dans une fiction radio sur le fantôme de l'opéra. Oui. Tu fais un peu de tout avec ta voix. C'est génial. J'essaie. Et moi, j'aimerais bien que tu me parles justement de cette adaptation, parce que tout le monde connaît Le Fantôme de l'Opéra, et tu as donc joué Christine.

  • Speaker #1

    Exactement. Et j'étais très, très fière, parce que moi, je suis alto. Je ne sais pas si vous l'entendez un peu dans ma voix, mais je ne suis pas une soprane coloratour. Et Christine, c'est le rôle de la comédie musicale qui, je pense, est le plus aigu. Et quand je disais, j'ai été prise dans Le Fantôme de l'Opéra, je vais faire Christine Day. Tu es... toutes mes amies qui étaient là, what ? Attends, pardon ? Non, mais la version radiophonique. Et là, elles me disaient... Ça me faisait marrer de jouer là-dessus. Mais oui, non, je ne chantais pas. Oh, mon Dieu ! Je ne chantais pas. C'était vraiment une réadaptation du livre, une adaptation de Samedi Noir, des fictions de Samedi Noir de France Culture. Et c'était une pièce de théâtre radiophonique.

  • Speaker #0

    Oui, au départ, c'est un bouquin de Gaston Leroux.

  • Speaker #1

    Exactement. Et c'était vraiment la réadaptation. C'était très, très bien écrit, d'ailleurs. Ils avaient gardé beaucoup de choses, beaucoup de choses du livre, en fait, tout simplement. Et Mélé, moi, j'avais surtout été vraiment amazed. Voilà, je n'étais pas chopée.

  • Speaker #0

    Impressionnée.

  • Speaker #1

    Impressionnée, merci. J'avais vraiment été impressionnée par la bruiteuse. Parce qu'on avait une bruiteuse, vu que c'était pour la radio. Et en fait, tout ce qu'on faisait, elle faisait dans sa petite cabane, elle faisait tous ses bruitages. Et c'était exceptionnel. C'est un métier exceptionnel, bruiteur. Et bref, j'étais avec des partenaires sublimes qui sortaient d'une CNSAD de Paris. Bref, c'était merveilleux.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, tu dis coacher de plus en plus d'artistes français et anglais pour des rôles et auditions. C'est quoi le meilleur conseil qu'on puisse donner, selon toi ?

  • Speaker #1

    À quelqu'un qui passe une audition, à un jeune acteur, en général, dans la vie ?

  • Speaker #0

    J'ai envie de te dire, c'est quoi le meilleur conseil pour faire un bon dessert ?

  • Speaker #1

    Pour la vie en général, pour moi, c'est manger bien, dormir et soyez heureux. Voilà, c'est tout. Soyez gentils,

  • Speaker #0

    surtout. OK, très bien. Question suivante. Quand tu vas passer une audition, est-ce qu'il y a des choses que tu conseilles en particulier ?

  • Speaker #1

    Alors, pour des gens qui vont passer des auditions, moi, le premier truc que je dis, c'est travail. Ne viens pas si tu n'es pas préparé. Ça ne se passe pas bien, ce n'est pas vrai. Ça se passe une fois bien sur mille parce que... T'as eu une révélation d'Abraham qui est descendu avec Jésus et Jean-Mouloud III, mais non, en fait, c'est pas vrai, ça se passe pas bien. Donc travaille, sois le plus préparé que tu peux, comme ça tu pourras te permettre de faire n'importe quoi et ce sera génial. Mais si tu travailles pas assez, ça marchera pas. Et ne t'interdis rien en audition, jamais, rien. Si t'as envie de venir avec un costume, si t'as envie de venir avec ta grand-mère pour qu'elle te donne la réplique, fais-le en fait. Parce que souvent, la... Première impression est la bonne. La première intuition, en tout cas, est la bonne. Et moi, ça m'est arrivé plein. On m'a toujours dit, viens pas costumer en audition, ramène pas trop de trucs, viens vraiment simple, sobre, machin, machin. Et en fait, les dernières fois où j'ai fait, mais en fait, fuck off. Ce rôle-là m'inspire ça. Là, aujourd'hui, j'étais en casting, je suis venue, je me suis collée des gommettes sur le front parce que le rôle, c'était Phoebe dans Friends. Et je me suis dit, pff, mais grave, Phoebe, elle ferait trop ça. J'ai pris les stickers de ma gamine et je me suis mis plein d'étoiles sur le côté. Oui, ça aurait pu faire costume. J'étais venue avec mes boucles d'oreilles. Toi, tu le vois, mais les autres, non. Mais bref, je m'étais un peu habillée dans le style du rôle. Je n'étais pas venue avec un costume de chez La Fête à Dudule. Mais j'étais venue avec quelque chose où ça me met dans le personnage. On peut dire que ça fait trop. Ça faisait certainement un peu trop. Mais en fait, elle m'a vue arriver et ils ont explosé de rire. Et en fait, ça... Ça détend l'atmosphère. Et tu vois, je me suis dit, pourquoi je me l'interdirais ? Parce qu'on m'a dit de ne pas le faire. Si j'ai envie d'arriver en audition avec une foule tenue de dinosaures, parce que je pense que ça peut correspondre, les trucs gonflables, en fait, je le fais. Et si ça ne marche pas, tant pis, c'est qu'on ne va pas travailler ensemble. Mais en tout cas, ne vous interdisez rien. Rien, rien, rien. Parce que c'est fait pour se faire confiance.

  • Speaker #0

    En parlant de dinosaures, je passe un coucou à l'équipe de Denver.

  • Speaker #1

    Yes !

  • Speaker #0

    notamment ma pote à Châtissier qui joue Denver on l'aime très fort parce que chapeau bas ouais ouais alors moi je peux pas encore aller voir ce spectacle mais je salue parce que Denver c'était un personnage de mon enfance et que je me dis c'est super sympa de le faire vivre en théâtre musical trop bien bah oui tu joues également pour le coup plutôt côté chanson avec The Swingbirds oui Parle-nous de The Swingbirds.

  • Speaker #1

    Alors, Les Swingbirds, c'est un groupe de close harmony, où en fait, c'est un peu les Andrew Sisters, Poppeny Sisters, tout ce genre de musique. Et ça a été créé par Alice Fesh, si je ne me trompe pas, parce qu'elle a le nom de son mari aussi, salut Laurent, qui est un batteur, un percussionniste, pardon, de ouf. Et en fait, elle a créé ça, c'est dans le style un peu américain des... de trois chanteuses, il y a des claquettes aussi, trois chanteuses qui vont chanter des standards, des standards de jazz et des standards actuels remixés un peu à la post-modern jukebox. Et en fait, on va chanter, c'est que des harmonies qui frottent, qui sont vraiment très très proches. Et on se retrouve, moi c'est un son que j'adore, que j'adore.

  • Speaker #0

    Moi j'en profite pour saluer les Jingle Bells.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est le même concept.

  • Speaker #0

    que j'aime beaucoup, que pour le coup, j'ai vu sur scène avec Lauren Van Kempen, l'an dernier, bah oui, Lauren qu'on aime tous beaucoup, Devin Graves aussi, Devin que j'aimerais bien inviter ici un jour, qui est d'ailleurs cartonné avec le type Beautiful Lie en début d'année, et que je salue d'ailleurs si elle écoute. Il y a un point sur ton CV que j'ai relevé, qui est assez drôle. Si tu mets que tu aimes la crème de marron et le fromage blanc et l'accent russe.

  • Speaker #1

    Oui, parce que...

  • Speaker #0

    Ça mérite d'être original. Et j'ai envie de te dire, pourquoi mettre ça sur ton CV ?

  • Speaker #1

    Alors, pourquoi j'ai mis ça ? Parce qu'en fait, ça me saoule de faire des CV, des lettres de motif, des trucs comme ça. Et évidemment, il y en faut, parce qu'il y a des gens qui ne te connaissent pas. Je ne suis pas encore Beyoncé pour que les gens m'appellent sans me demander ce que j'ai fait. Un jour, peut-être. Mais en fait, j'ai fait mon CV à l'anglaise. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais en tout cas, je trouve ça vachement bien fait. C'est très efficace. On voit tous les rôles que tu as faits, si c'était du musical, du théâtre, du machin, du machin. Sauf qu'à la fin, les Anglais, ils mettent une petite case extra où tu mets tes passions. Tu mets un truc qui est un peu plus personnel. Parce qu'un CV, au final, c'est très factuel. Tu n'as vraiment que tes spectacles que tu as faits et basta, avec les noms, les dates et tout. Et à la fin, tu es censé mettre un petit truc un peu pour donner tes skills que tu as en plus. Si tu parles avec l'accent américain, parce que du coup, l'accent anglais, c'est particulier. Donc, tu mets tes accents, tu mets si tu es danseuse, si tu... Et en fait, tu peux mettre si tu fais de la pâtisserie à haut niveau, si tu fais du cheval, si tu fais du deltaplane, parce qu'au final, pour le cinéma, ça peut être utile, ce genre de skills. Et moi, ça me faisait marrer de mettre un truc...

  • Speaker #0

    Parce qu'au final, je suis très douée en accent. J'adore ça, j'en fais beaucoup. Notamment pour New, c'est très important de faire un accent sans se moquer parce qu'il y a des accents, on peut très vite tomber dans le raciste et le machin. Et non, non, c'est vraiment de se... En fait, tu prends ce que le public te donne. Donc tu vas faire un accent parce qu'on te l'a demandé. Sauf qu'il y a un moment, tu vas le faire avec respect et tu vas le faire bien. Parce que la moindre des choses, c'est pas de se moquer, c'est de faire les choses bien. Donc j'adore les accents, je le mets sur mon CV. Je me suis dit, j'adore faire l'accent russe. Et en fait, je me suis dit, mets un petit truc sur toi rigolo pour voir ceux qui lisent ton CV en entier, tout simplement. Et il y a pas mal de prods qui me disent, moi aussi, j'adore la crème brûlée, j'adore ça et tout. Et en fait, je change parfois mon dessert et je vois ceux qui m'en parlent et je me dis, ça casse la glace au début. Et j'aime bien me marrer en audition parce qu'il n'y a rien de pire que cet exercice-là. Tout le monde est mal à l'aise, personne n'a envie de le faire, mais on le fait tous. Et même si on essaie de s'amuser, justement, je me dis que ça peut faire un petit truc où ils se disent « Ah, elle est drôle ! »

  • Speaker #1

    Ils auraient bien raison parce que c'est vrai que t'es drôle.

  • Speaker #0

    Ah, j'essaye, écoute. Mais oui.

  • Speaker #1

    Eh bien, on arrive petit à petit sur la fin de ce podcast. Oui. Et je vais te demander tes recommandations culturelles. Alors. Avec l'imace que t'as fait.

  • Speaker #0

    Oui, de ouf, parce que mes goûts, je suis quelqu'un de spécial. Alors, mes recommandations cinématographiques, allez voir. The Substance. C'est quoi ? Voilà, vous n'avez pas le choix. C'est un film sur les femmes et les dictates de la beauté poussées à l'extrême. C'est un film d'horreur, c'est gore. Il y a du sang partout. Je crois que j'ai lu cette information ce matin. Il y a eu plus de 140 000 litres de sang utilisés pendant le tournage.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Rien que pour ça, je voulais le voir. Non, non, et c'est surtout que c'est un film qui est fait par une femme. Je vais mal prononcer son nom, c'est Coralie Farja. Et c'est avec des mimours justement en rôle principal. Et en fait, il y a toute cette... Écoutez ses interviews à Coralie Farja, parce qu'elle dit qu'elle savait que ça allait être très compliqué de trouver une actrice pour faire ce rôle-là. Parce que forcément, les actrices, on travaille avec notre image. Et une actrice qui vieillit et qui montre qu'elle vieillit. Surtout une américaine. Et du coup, c'est exceptionnel. Parce qu'il y a toutes ces choses-là qui sont remises en question. En gros, tu peux prendre une substance qui va changer ton apparence. Je dis ça comme ça, je ne peux vraiment rien dévoiler. Ok. Mais oui, c'est vraiment sur l'apparence des femmes surtout. Et qu'est-ce que c'est la jeunesse ? Qu'est-ce que c'est l'acceptation ? Et le fait que ça passe par un film de genre, un film gore. En fait, c'est pas « Bouhou, bouh sur vous, il faut pas penser comme ça » . Et je trouve qu'elle traite ça avec beaucoup plus d'intelligence parce que ça va trop loin. Et on se dit « Ah ouais, c'est un peu comme Black Mirror, ça pourrait clairement tomber là-dedans. Allez, on s'accepte, ça suffit, on passe aux choses. » Et je trouve ça formidable. Qu'est-ce que je peux recommander ? Je sais pas. Est-ce que je suis allée au théâtre récemment ? Non, je suis allée voir des trucs que j'aimais pas. pas envie de vous la recommander non une pièce que j'ai envie d'aller voir mais du coup je sais pas trop si c'est une recommandation mais que j'ai très très envie d'aller voir c'est Oublie-moi je sais je suis à la bourre mais voilà on l'a recommandé en long en large et en travers et du coup j'ai envie de la recommander même si je ne l'ai pas vue parce

  • Speaker #1

    que je vais aller la voir pour ma part je recommande alors cinéma aussi d'aller voir Le robot sauvage je l'ai vu sublime j'ai pleuré j'ai pleuré voilà il est beau très très beau film

  • Speaker #0

    En plus, je suis en plein dedans. J'ai les hormones on fire en ce moment parce que j'ai 32 ans et je pense à faire des enfants. Le rôle de la mère, la place de tout cet amour où tu ne sais pas où le place, ça m'a tuée. J'avais les larmes comme ça avec la petite à côté. Ça va, regarde le film.

  • Speaker #1

    C'est vraiment un super film. Effectivement, sur cette place-là, sur...

  • Speaker #0

    La différence.

  • Speaker #1

    Sur les différences, sur la solidarité aussi, un plaisir immense que de voir ce type de film. Et comme je dis à des amis, c'est vrai que récemment on a eu plein de très bons films d'animation. Je pense au film Spider-Verse, je pense au dernier Tortue Ninja, je pense au Chapoté, la dernière quête, qui était exceptionnelle. Je pense à tous ces films-là qui sont à destiner des enfants, mais pas qu'eux. Même 19 est de très bons trucs avec Luca, avec Alerte Rouge, avec tout ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai qu'il se renouvelle un peu, les sujets en tout cas.

  • Speaker #1

    je trouve que ça évolue dans un sens assez profond et c'est cool ouais ouais ouais on fait des choses qui sont plus en phase avec la génération actuelle avec l'ère du temps j'ai envie de dire et c'est très très cool donc moi je suis très content de ça et il y a autre chose dont je suis content c'est de t'avoir reçu Eva bah écoute avec plaisir et si je peux vous conseiller une sortie culturelle venez voir New Exactement, venez voir New avec Eva. Tu me dis, c'est quand la prochaine date pour toi ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis en tournée, mais du coup, ma prochaine date sur Paris, c'est le 17 décembre.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Vous avez le temps.

  • Speaker #1

    Voilà, prenez note, prenez date. Et puis d'ici là, allez au théâtre, chantez, allez voir des films et des séries avec Eva dedans. Oui,

  • Speaker #0

    tout avec moi, tout le temps. Ça,

  • Speaker #1

    c'était pour l'accent russe.

  • Speaker #0

    Mais j'ai même oublié, en ce moment, je suis dans un spectacle où je joue la comtesse russe comme ça. Et du coup, c'est très agréable.

  • Speaker #1

    Très bien. Merci Eva. Et puis, prenez soin de vous. Merci aux éditeurs. Et à bientôt.

  • Speaker #0

    Merci. Salut.

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Pour ce nouvel épisode, je reçois Eva Gentili, chanteuse, comédienne et improvisatrice qui joue entre autre dans New, la comédie musicale improvisée et dans les Swing Birds.

Elle nous parle de son expérience à la Royal Academy of Music et de son expérience.


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Transcription

  • Speaker #0

    Chers auditeurs et auditrices, un petit mot avant de commencer cet épisode. C'est la Voix a désormais un Patreon. En vous y abonnant, vous débloquez la possibilité d'accéder aux épisodes en avance et d'avoir votre nom cité dedans. Et surtout, vous participez à voir grandir ce petit podcast que je prends plaisir à réaliser. C'est la Voix est et restera disponible sur toutes les bonnes plateformes. Et sur ce, bonne écoute. Bonjour à tous et bienvenue ! dans C'est la voix, un podcast où j'invite un mardi sur deux des professionnels de la voix, que ce soit des chanteurs, des coachs vocaux ou d'autres spécialistes. Pour ce nouvel épisode, je reçois Eva Gentili. Eva est comédienne et chanteuse et elle joue dans New, la comédie musicale improvisée. Eva, bonjour. Bonjour. Bienvenue dans C'est la voix.

  • Speaker #1

    Merci, je suis ravie d'être là.

  • Speaker #0

    Et je suis ravi de te recevoir. Alors, on va commencer par la question traditionnelle. Je vais te demander de présenter ton parcours, s'il te plaît.

  • Speaker #1

    Oh lord. Alors... Alors moi, j'ai commencé très, très jeune dans ce milieu-là. Je suis chanteuse depuis que j'ai six ans. Et j'étais à la Cigale de Lyon, qui est un chœur professionnel d'enfants. Et on a fait des tournées dans le monde entier à partir de mes dix ans jusqu'à mes dix-huit ans. Et c'était un peu la folie. Donc c'est là, à partir de cet âge-là, je suis tombée dans la musique. On faisait beaucoup de chants sacrés, d'opéras et de choses comme ça. Et j'ai eu la chance de pouvoir aller chanter en Chine. En Europe, partout, avant ma majorité, ce qui était un peu dingue pour mon âge. Et de faire partie d'un groupe aussi qualitatif, c'était assez cool. Et après, j'ai passé mon bac comme tout le monde, même si je n'avais pas très envie. Parce que j'avais très envie de tout de suite faire de la musique. Mais ma mère, qui est prof, m'a dit « Ah ah, non ! Tu passes ton bac ! » Donc mon bac en poche, en théâtre, en spéthéâtre et musique, évidemment. Et je suis partie tout de suite. enfin non je suis partie à l'école avant j'étais en école de théâtre et de musique à un conservatoire à lyon la scène sur sonne qui n'existe plus maintenant mais on était à lyon donc ma ville natale et j'ai beaucoup appris c'est là où je suis tombé je tombais en amour de l'impro de du théâtre du théâtre de la comédie à del arte et de tout ça j'ai fait beaucoup de clowns on a fait beaucoup de champs parce qu'on a travaillé beaucoup sur brecht et sur ce genre de d'auteurs où ça chante mine de rien sur scène, on faisait de l'opérette, c'était très très très varié. Et après je suis partie grandir un peu en Amérique du Sud, parce que j'avais besoin de me mettre un peu de plomb dans la cervelle, et je suis allée écouter du tango et interviewer des vieilles mamies sur les places où j'ai chanté avec elles d'ailleurs. J'ai pris beaucoup de cours de chant aussi là-bas. Et après, les cours florants, comme... Quelqu'un qui panique, qui rentre en France et qui dit « Mon Dieu, il me faut une école, qu'est-ce qui se passe ? Ma sœur est à Paris, je peux faire de la comédie musicale ? » Je suis un peu tombée dedans par hasard, je ne le viens pas du tout. Je n'étais pas passionnée de comédie musicale quand j'étais môme, moi j'adorais le chant et le théâtre séparés. Et j'étais plutôt fan de Coluche et de Garbo, mais bon, ça c'est autre chose. Et voilà, j'ai fait mes cours Florent deux ans en comédie musicale où j'ai rencontré des gens fabuleux et des gens qui m'ont donné justement cette envie de la comédie musicale. Et c'est là que j'ai un peu craqué et je me suis dit, YOLO, on n'a qu'une vie, je vais partir à Londres. Et j'ai tenté les concours de la Royal Academy of Music et j'ai été prise. Et c'était dingue, j'ai fait un master là-bas et voilà. Et là maintenant, j'arrête les écoles parce que ça suffit. Et depuis, je travaille et j'ai la chance de... J'ai la chance de beaucoup travailler et de travailler avec des gens assez formidables. Donc voilà, je chante, je danse, je m'amuse.

  • Speaker #0

    Et alors, quand tu étais enfant et que du coup tu as fait ces différentes tournées, etc. Au niveau scolarité, ça se passait comment ? Parce que voilà, on se demande toujours, est-ce que tu sautes des cours et tu rattrapes ?

  • Speaker #1

    Alors, ça dépendait. En général, les tournées étaient sur les périodes de vacances scolaires. Mais quand il y avait beaucoup, beaucoup de travail, la tournée en Chine, on a dû la préparer... énormément, parce qu'on est partis de 4 semaines en Chine. Donc ça débordait un peu sur l'école. Et dans ce cas-là, en fait, j'avais des profs qui étaient merveilleux parce que c'est un accord avec eux. Moi, je travaillais, évidemment, je rendais mes devoirs et je rendais tout ça. Mais eux m'ont aussi demandé de préparer un exposé sur ce que je faisais, sur pourquoi je partais, et c'est ce que j'avais fait. Donc en fait, ça avait servi autant mes camarades que moi. Il y a eu un espèce de partage et ils m'ont dit que c'est une expérience incroyable. Évidemment qu'on dit oui. L'école, ils t'ont dit de y être tous les jours.

  • Speaker #0

    Comme tu as dit que tu t'es formée à la Royal Academy of Music.

  • Speaker #1

    Yes, darling.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu as l'impression que ça t'a apporté quelque chose en plus par rapport à une école francophone ?

  • Speaker #1

    Oui, beaucoup. Déjà, la charge de travail n'a rien à voir. Ça, ça m'a un peu choquée et ça m'a un peu rendue triste parce que je me suis dit, en fait, je crois que les Français, on est très feignants, surtout à l'école. Et je m'inclus complètement dedans. Je veux dire, je ne suis pas du tout en train de juger. Non, non, c'est tout le monde en général. Je voyais l'école. Moi, j'étais à quoi, 35 heures par semaine au cours Florent, mais tout était mélangé. On devait passer une ou deux chansons par semaine. On avait des choses à apprendre, mais c'était un texte ou deux. On devait trouver des scènes. C'était plutôt relax. On travaillait, mais c'était plutôt relax. Et il fallait quand même rendre des choses. Je ne veux pas critiquer du tout l'écho, Florence. Ce n'est pas du tout le but. C'est vraiment pour dire qu'on avait du travail à rendre et ça me paraissait beaucoup à l'époque. Et là, j'arrive à Londres et je me suis pris une énorme claque parce que par semaine, déjà, je devais avoir rien qu'en chant, 15 heures de chant, que de chant. En plus, j'avais des cours de répertoire, en plus j'avais des cours de CD. En fait, j'arrivais à l'école à 7h du matin et je repartais à 23h, 23h30 en général, tous les jours, sans pause. Enfin, j'avais une pause le midi évidemment, parce que ce n'est pas des tortionnaires, mais j'ai compris vraiment le sens du mot travail, voilà. Et mine de rien, j'avais 5-6 chansons à présenter par semaine. Donc déjà, la différence, elle était assez flagrante. Il fallait que je fasse des cours de répertoire, donc en plus que je travaille 4-5 chansons. en plus, pas par cœur, mais que je les connaisse, que je pense aux chansons d'après, j'avais des thèmes, j'ai des textes de théâtre, il fallait apprendre des chorés. Et vraiment, toute la semaine, on fait... Et c'est très intense. Mais du coup, le niveau n'a rien à voir.

  • Speaker #0

    Effectivement, donc. Ça devait être beaucoup plus éprouvant. Et du coup, pourquoi avoir choisi de revenir en France ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, je suis tombée sur... Ce n'est pas vraiment un choix, je t'avoue. Je suis tombée sur l'année Covid. Et du coup, j'ai dû rentrer, malgré moi. parce que mes parents étaient malades et très à risque. Et ma sœur habite au Canada, donc j'étais la plus près. Donc on a dit, OK, moi, je lâche Londres, je rentre en France, au cas où, et après, je repartirai. Sauf que j'étais rentrée en France et j'avais encore un pied entre les deux. Mais en fait, le travail est très vite revenu en France et ça, je suis très chanceuse. Je me suis jamais retrouvée dans le caca comme beaucoup de mes collègues à moi. Moi, je touche tout ce que je peux, tout le temps. Mais le travail est revenu très vite. Et du coup, pour repartir à Londres, sachant que les contacts, c'était un peu étiolé, ça faisait 7-8 mois, personne ne travaillait là-bas. C'est assez compliqué de se dire, je repars à Londres pour être serveuse, parce que c'est ce qui se serait passé, tout simplement. Et j'avais un peu l'impression de faire un step back dans ma vie, alors qu'en France, je faisais le travail que j'aimais. Donc bon, je passe encore des auditions là-bas. La porte n'est pas fermée. Et je pense que pour y retourner tout de suite, ce serait peut-être un peu compliqué, pour y habiter en tout cas.

  • Speaker #0

    C'est un objectif à terme ?

  • Speaker #1

    Complètement. Ah oui, moi je veux travailler là-bas, au moins faire une saison, où surtout j'écris aussi beaucoup et j'écris des comédies musicales et je suis en lien en ce moment avec une production là-bas parce que j'ai envie que mes pièces se jouent là-bas surtout.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a une pièce qui se joue là-bas que t'aimerais, toi, jouer ?

  • Speaker #1

    Oh, tellement ! Faut que j'en choisisse une, on est sûr. En vrai, il y en a deux qui m'ont mais... Je pense que j'ai arrêté de respirer quand je les ai vus, quand je les ai découvertes. Je me suis dit, ça aussi, c'est la comédie musicale, mais je veux faire ça. C'est Next to Normal, où là, en ce moment, ils jouent et ils ont eu un prix Pulitzer. C'est vraiment exceptionnel à voir. C'est sur la santé mentale. C'est le thème, les chansons, tout est magnifique. La mise en scène, c'est exceptionnel. Et ça parle de la perte aussi d'un enfant. Il y a énormément de choses qui sont en lien avec la maladie mentale. Et avec la fatigue mentale, avec la dépression, avec l'acceptation de la mort de son fils, en l'occurrence. Et sinon, de manière un peu plus légère, mon rôle, mon dream, mon rôle à vie, je pense que ce sera Falsetto. Le rôle de Trina, la mère. Et elle est dingue. Et en fait, c'est un musical qui est sur l'explosion de la famille. En fait, c'est une femme juive très traditionnelle qui a fait sa vie avec quelqu'un, qui a un enfant, qui a une vie parfaite. Et en fait, son mari est gay et elle l'apprend et il part avec un homme et tout explose. Tout ce qu'elle a, toutes ses croyances, toutes ces choses-là. C'est très, très drôle, mine de rien. Et il y a beaucoup d'humour dans cette comédie musicale. Et en fait, elle se rend compte que tu ne m'avais pas demandé de faire un pitch, en fait.

  • Speaker #0

    Non, non, mais j'aime bien.

  • Speaker #1

    Je suis en train de me lancer. Non, mais parce que tu crois le personnage. Enfin, bref.

  • Speaker #0

    Ce qui est cool, c'est que dans ce podcast, je rencontre des gens passionnés et j'aime ça en fait parce que quand les gens parlent de leur passion, c'est toujours hyper intéressant ne serait-ce que pour moi, mais surtout pour les auditeurs.

  • Speaker #1

    Ouais, bon bah tant mieux. Ce musical, je vous en prie. Et sinon, Lady Macbeth. Mais ça, ce serait qu'en théâtre. Et ça, on est dans les top 3 de mes 3 rôles. Voilà, un jour.

  • Speaker #0

    Ok. Donc, comme je l'ai dit dans l'introduction, tu joues dans New, la comédie musicale improvisée. Et moi, j'ai envie de te demander, est-ce que ce n'est pas un peu difficile de mêler comédie musicale et improvisation ?

  • Speaker #1

    Eva a quitté le podcast. Oui, c'est très, très dur. Évidemment, c'est très, très dur. Mais pour le coup, j'étais terrifiée à ma première parce que j'ai fait beaucoup d'impro théâtrale. Mais il y a dix ans, à l'école, on clown, on se cache un peu derrière un personnage. Et là, j'ai débarqué avec une quinzaine de tarés d'impro qui sont des talentueux au possible. Ça chante, ça joue, ils ont une rapidité d'esprit. Et moi, j'étais un peu... J'ai l'impression d'être un Bernard Lhermitte et de reculer. Mais en fait, c'était exceptionnel. Ils ont rendu l'expérience, je pense que l'équipe est très importante et ils ont rendu cette expérience exceptionnelle. Je ne me suis jamais autant amusée que dans cette chose-là. C'était incroyable. Après, mes rimes, au début, étaient très pauvres. Parce que forcément, quand tu penses à ton personnage, la gestuelle, et puis il faut faire rire, et puis il faut faire ça, et puis il y a ça. Puis il y a l'histoire aussi peut-être. Ah, les musiciens se mettent à jouer. Ah mon Dieu, il faut que je chante. Quand tu penses à tout ça, tu fais un peu des rimes en « et » au début. Bon voilà, il n'y a pas trop d'allitération, mais ça vient. Et en fait, on se rend compte que le cerveau est un gymnaste digne de Simon Bills et qu'en vrai, il est fort. Et voilà, en fait, c'est un kiff, mais c'est un kiff de se mettre autant en danger parce que même quand on se vautre, et ça m'est arrivé plein de fois, mais même quand on se vautre, le public rigole avec nous parce qu'ils attendent ça aussi. Ils se disent, si on y arrivait tout le temps, c'est pas si difficile que ça. Alors que parfois, je fais une rime pourrie, je regarde le public, et en fait, tout le monde rigole et on repart, et c'est ça qui est génial.

  • Speaker #0

    Et c'est ça qui est bon dans le spectacle vivant, en fait, c'est ce lien avec le public.

  • Speaker #1

    Exactement, oui.

  • Speaker #0

    Et du coup, on précise que dans New, il y a une équipe anglophone, équipe francophone.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et toi, tu es bilingue, est-ce que tu joues dans les deux ?

  • Speaker #1

    Alors, je fais les deux. Je fais partie des deux. Je n'ai pas encore eu la chance de jouer en anglais parce que l'équipe est vachement plus petite. Et du coup, je suis un peu le backup. Ça me paraît normal de laisser aussi les personnes vraiment anglophones s'amuser un peu quand même. Et il y a beaucoup moins de dates. Donc, pour l'instant, je n'ai pas fait de date, mais je suis dans l'équipe.

  • Speaker #0

    Et c'est quand la prochaine date d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Alors, la prochaine date de New, je n'ai pas la date officielle. J'ai ma prochaine date à moi. Mais moi, je vais jouer en... Le 24 novembre, là, en tournée. Et voilà, j'ai très très hâte parce que ça fait un petit moment, je suis très occupée en ce moment et du coup, je n'ai pas pu jouer New. Et là, j'ai très très envie.

  • Speaker #0

    Tu dis dans ta bio, t'amuser de plus en plus au cinéma ou à l'écran.

  • Speaker #1

    Oui, évidemment.

  • Speaker #0

    Évidemment. Comment tu vois cet art par rapport à la scène ?

  • Speaker #1

    Le cinéma. Alors, je trouve ça passionnant parce que ce n'est pas le même métier. Pour moi, ce n'est vraiment pas le même métier. Je sais qu'on dit souvent que c'est un peu pareil, c'est des comédiens, mais en fait pour moi c'est vraiment pas la même chose, parce que l'art de la scène, il y a une espèce de liberté et d'instantanéité. Oui, si j'en rentre des mots, il faut me les dire. Mais bref. Et en fait tout est sur l'instant et il est déjà passé, on joue presque au passé en fait. On a le lien avec le public, on peut tester l'ambiance, on peut sentir ce qui marche, ce qui marche pas, s'adapter, c'est que du réglage, mais on est très solitaire. Parce que, enfin, solitaire, nous, avec nous-mêmes, je veux dire, on a des partenaires, on a un metteur en scène, tout ça. Mais au final, et c'est ça qui est terrible, je pense, pour les metteurs en scène, c'est que la vérité est au plateau. Et que si un comédien n'a pas envie, se trompe, a une idée de génie, en vrai, tout est possible sur le plateau. Parce que c'est nous qui avons les commandes. Entre guillemets, entre gros guillemets, évidemment. Et tous les metteurs en scène avec qui j'ai travaillé, il faut m'appeler, il faut être gentil. Bref, mais non, pas du tout. Alors que le cinéma, il y a un... C'est de l'art fingé, en fait, qu'on ne peut plus retoucher. Il faut être bon tout de suite. Les répétitions, évidemment, existent, mais ce ne sont pas les mêmes. Et en fait, la caméra, elle va choper un moment et elle vient te chercher. Donc, c'est comme si l'œil du spectateur était à ça de nous. Donc, ce n'est pas le même jeu, ce n'est pas la même grandeur de jeu, en tout cas. Tout doit être beaucoup plus précis. On ne va pas jouer pour le dernier rang, on va jouer pour l'œil de la caméra. Et si le gros plan... Enfin, il faut complètement se réadapter. Et même la diction ne sera pas la même parce qu'on ne va pas porter la voix de la même manière. Oui, ce n'est vraiment pas la même chose. La création de personnages est très importante du coup au cinéma. Évidemment qu'elle est importante au théâtre, mais je la trouve très importante au cinéma parce que le cinéma, c'est la vie. Alors qu'au théâtre, on a tendance à devoir un peu grossir cette vie qui est naturelle aussi, mais de la grossir parce qu'on est dans une salle entre quatre murs en fait. Et c'est nous qui faisons tout. Alors qu'au cinéma, il y a les décors, les costumes. On est dans l'espace. Donc, on a intérêt à être extrêmement juste et extrêmement intense. Parce que sinon, la caméra... Ce n'est pas le même métier. Ce n'est pas le même travail. En fait, voilà.

  • Speaker #0

    Mais c'est drôle parce que c'était, je crois, Jimmy Fallon, Jimmy Kimmel. Enfin, je confonds toujours les deux. Oui. Et qui faisait un épisode spécial où il est en voiture avec des stars de Broadway. Ils leur demandent, oui alors au fait, qu'est-ce que tu préfères, le théâtre ou l'argent ?

  • Speaker #1

    Clairement c'est ça, clairement c'est ça. Les acteurs qui viennent au théâtre, c'est je pense pour s'amuser et pour se faire plaisir. Et oui, après ils sont quand même extrêmement bien payés. Mais le cinéma, ce n'est pas les mêmes budgets, ce n'est pas du tout les mêmes retombées. Moi je le vois, mon compagnon, il est en cinéma et quand je lui parle de budget... Lui, il n'est pas du tout estomaqué d'un budget à 8-9 millions. Moi, je suis en panique. Je me dis, oh purée, j'achète deux théâtres avec ça. Et en fait, c'est marrant parce que moi, les budgets que j'imagine, par exemple pour mes pièces, déjà, si je suis à des budgets à 600-700 000 euros, je me dis que c'est énorme comme création. Alors que quand on en parle, mon compagnon me dit, non, ça me paraît normal, il faut payer ça, il faut payer ça. Je dis, oui, je sais que c'est normal, mais c'est juste que les retombées ne sont pas les mêmes. Donc, l'argent n'est pas au même endroit.

  • Speaker #0

    En 2020, tu as joué dans une comédie musicale française appelée Demain commence ici.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous en parler ? J'ai vu un peu quelques extraits et ça a l'air d'être très sympa, mais je n'ai pas vu en vrai. Parle-nous de Demain commence ici.

  • Speaker #1

    Alors, Demain commence ici, c'est un petit projet bijou que j'ai eu la chance d'avoir. On a très peu joué parce qu'évidemment, c'était l'année Covid. Mais voilà, donc on a joué trois fois au lieu de jouer 120 dates. Mais c'est un projet d'Émilie Courtemanche, qui est une parapentiste qui fait en même temps du fil, qui électrifie le fil et qui va se jeter dans le vide en lançant des sushis sur le peuple. Voilà, c'est quelqu'un de fou. Elle est folle, cette personne. Elle est talentueuse au possible. Elle a décidé d'écrire son spectacle, de parler des femmes, de parler d'une... de trois générations de femmes en tout cas, de la grand-mère, la mère, la fille. Donc évidemment, il y a les copines de ces personnes-là à chaque fois. Et de parler de la vieillesse, de parler des gens en EHPAD et de parler de toutes ces choses dont on ne parle pas normalement. Parce que les femmes qui vieillissent, ça n'existe pas, enfin voyons. Les femmes qui ne vont pas bien, qui sont en dépression, ça n'existe pas. Les femmes qui veulent être mère, qui ne veulent pas être mère. En fait, c'était que des sujets assez tabous dans notre société. Et Émilie, évidemment, s'est dit « Eh bien moi, je vais parler de tout ça » . Et c'est pour ça que j'adore cette personne. C'est quelqu'un qui a, j'aime bien dire ça, ça va paraître un peu vulgaire, mais qui a clairement ses ovaires sur la table et qui dit « Maintenant, on fait les choses, on va les faire bien et on va les faire maintenant » . Et je trouve ça merveilleux parce qu'il y a peu de gens comme ça, qui sont des gens qui font des choses et à la fête des choses. Elle nous a servi à un spectacle génial, en tout cas à faire. Et je pense que si le Covid... n'était pas arrivée, on aurait fait beaucoup parler de ce spectacle en effet. Elle s'est démenée pour trouver des... On était payés rubis sur l'ongle, traités merveilleusement bien. Et Émilie est quelqu'un de fabuleux. On avait une équipe fabuleuse. J'étais avec Roxane et Marine. En tout cas, notre groupe de copines était superbe. Les danseuses étaient... Tout le monde était à sa place, talentueux. C'était très agréable à faire. On n'a pas eu la chance d'être dans un théâtre Honnête et respectueux de la production et du coup on n'a pas pu continuer mais c'est des choses qui arrivent. Mais Émilie en tout cas s'est battue bec et ongles pour ce projet et nous aussi. Et elle a tout fait un peu toute seule quoi. Je sais qu'elle s'est débrouillée pour avoir 750 000 euros de budget pour une comédie musicale française avec que des inconnus. Je trouve ça exceptionnel d'avoir réussi à faire ça. Voilà Émilie.

  • Speaker #0

    Oui effectivement. Mais par contre, tu parlais de sujets, de la vieillesse, de choses comme ça, surtout des choses dont on n'entend pas parler en France.

  • Speaker #1

    Oui, en France, exactement.

  • Speaker #0

    Parce que c'est des choses dont on entend déjà un peu plus parler dans le monde anglophone. Là-dessus, pareil, le théâtre anglophone a beaucoup abordé de sujets très différents. Pour revenir sur Next to Normal, où tu parlais effectivement de la santé mentale, ça fait partie des choses qui sont déjà dans cette forme de théâtre-là.

  • Speaker #1

    Complètement. En France, on a un peu de retard, enfin on a beaucoup de retard, parce que l'art de la comédie musicale ne se développe pas du tout de la même manière. Et en fait, on a moins de demandes. Mais après, les comédies musicales marchent, les grands budgets en tout cas, les grosses productions. Mais j'ai l'impression que pour l'instant, on associe encore la comédie musicale au divertissement. Et du coup, ça doit être simple, drôle. Il y a une histoire d'amour. Et en fait, on est juste content d'entendre des gens qui chantent. Et dès que c'est un petit peu plus profond, il faut trouver son public. Il faut se dire, en fait, non, c'est un art complet. Il n'y a pas que des histoires heureuses, en fait. On peut parler de beaucoup de choses en comédie musicale. On n'est pas obligé d'être jazz hands et tout le monde s'aime à la fin. Il y en faut, mais je pense qu'il faut de tout. Et ça arrive. Doucement, mais sûrement. En France, ça arrive.

  • Speaker #0

    Oui. Et est-ce que... qu'on n'a pas un peu trop hérité du théâtre et de l'opéra pour ça, en fait ?

  • Speaker #1

    Alors, ça, c'est un grand débat. Je pense qu'en effet, la France est un pays de théâtreux, clairement. Et il y a cette espèce de guéguerre de qui joue le mieux. Et en France, on a vraiment ce côté-là en comédie musicale, ce n'est pas des comédiens, c'est des chanteurs qui savent jouer, alors que non ! Ce n'est pas vrai. C'est juste qu'en effet, pour l'instant, les livrets de comédie musicale en France sont extrêmement pauvres. Il n'y a pas grand-chose à jouer. Parce qu'il y a quatre phrases pour dire « Je suis amoureuse. » « Moi aussi. » « Bam, chanson. » « C'est vrai que le maf ! » Parfois, tu es un peu là. « Allez, faites un effort, les gars. »

  • Speaker #0

    Tu as également joué dans une fiction radio sur le fantôme de l'opéra. Oui. Tu fais un peu de tout avec ta voix. C'est génial. J'essaie. Et moi, j'aimerais bien que tu me parles justement de cette adaptation, parce que tout le monde connaît Le Fantôme de l'Opéra, et tu as donc joué Christine.

  • Speaker #1

    Exactement. Et j'étais très, très fière, parce que moi, je suis alto. Je ne sais pas si vous l'entendez un peu dans ma voix, mais je ne suis pas une soprane coloratour. Et Christine, c'est le rôle de la comédie musicale qui, je pense, est le plus aigu. Et quand je disais, j'ai été prise dans Le Fantôme de l'Opéra, je vais faire Christine Day. Tu es... toutes mes amies qui étaient là, what ? Attends, pardon ? Non, mais la version radiophonique. Et là, elles me disaient... Ça me faisait marrer de jouer là-dessus. Mais oui, non, je ne chantais pas. Oh, mon Dieu ! Je ne chantais pas. C'était vraiment une réadaptation du livre, une adaptation de Samedi Noir, des fictions de Samedi Noir de France Culture. Et c'était une pièce de théâtre radiophonique.

  • Speaker #0

    Oui, au départ, c'est un bouquin de Gaston Leroux.

  • Speaker #1

    Exactement. Et c'était vraiment la réadaptation. C'était très, très bien écrit, d'ailleurs. Ils avaient gardé beaucoup de choses, beaucoup de choses du livre, en fait, tout simplement. Et Mélé, moi, j'avais surtout été vraiment amazed. Voilà, je n'étais pas chopée.

  • Speaker #0

    Impressionnée.

  • Speaker #1

    Impressionnée, merci. J'avais vraiment été impressionnée par la bruiteuse. Parce qu'on avait une bruiteuse, vu que c'était pour la radio. Et en fait, tout ce qu'on faisait, elle faisait dans sa petite cabane, elle faisait tous ses bruitages. Et c'était exceptionnel. C'est un métier exceptionnel, bruiteur. Et bref, j'étais avec des partenaires sublimes qui sortaient d'une CNSAD de Paris. Bref, c'était merveilleux.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, tu dis coacher de plus en plus d'artistes français et anglais pour des rôles et auditions. C'est quoi le meilleur conseil qu'on puisse donner, selon toi ?

  • Speaker #1

    À quelqu'un qui passe une audition, à un jeune acteur, en général, dans la vie ?

  • Speaker #0

    J'ai envie de te dire, c'est quoi le meilleur conseil pour faire un bon dessert ?

  • Speaker #1

    Pour la vie en général, pour moi, c'est manger bien, dormir et soyez heureux. Voilà, c'est tout. Soyez gentils,

  • Speaker #0

    surtout. OK, très bien. Question suivante. Quand tu vas passer une audition, est-ce qu'il y a des choses que tu conseilles en particulier ?

  • Speaker #1

    Alors, pour des gens qui vont passer des auditions, moi, le premier truc que je dis, c'est travail. Ne viens pas si tu n'es pas préparé. Ça ne se passe pas bien, ce n'est pas vrai. Ça se passe une fois bien sur mille parce que... T'as eu une révélation d'Abraham qui est descendu avec Jésus et Jean-Mouloud III, mais non, en fait, c'est pas vrai, ça se passe pas bien. Donc travaille, sois le plus préparé que tu peux, comme ça tu pourras te permettre de faire n'importe quoi et ce sera génial. Mais si tu travailles pas assez, ça marchera pas. Et ne t'interdis rien en audition, jamais, rien. Si t'as envie de venir avec un costume, si t'as envie de venir avec ta grand-mère pour qu'elle te donne la réplique, fais-le en fait. Parce que souvent, la... Première impression est la bonne. La première intuition, en tout cas, est la bonne. Et moi, ça m'est arrivé plein. On m'a toujours dit, viens pas costumer en audition, ramène pas trop de trucs, viens vraiment simple, sobre, machin, machin. Et en fait, les dernières fois où j'ai fait, mais en fait, fuck off. Ce rôle-là m'inspire ça. Là, aujourd'hui, j'étais en casting, je suis venue, je me suis collée des gommettes sur le front parce que le rôle, c'était Phoebe dans Friends. Et je me suis dit, pff, mais grave, Phoebe, elle ferait trop ça. J'ai pris les stickers de ma gamine et je me suis mis plein d'étoiles sur le côté. Oui, ça aurait pu faire costume. J'étais venue avec mes boucles d'oreilles. Toi, tu le vois, mais les autres, non. Mais bref, je m'étais un peu habillée dans le style du rôle. Je n'étais pas venue avec un costume de chez La Fête à Dudule. Mais j'étais venue avec quelque chose où ça me met dans le personnage. On peut dire que ça fait trop. Ça faisait certainement un peu trop. Mais en fait, elle m'a vue arriver et ils ont explosé de rire. Et en fait, ça... Ça détend l'atmosphère. Et tu vois, je me suis dit, pourquoi je me l'interdirais ? Parce qu'on m'a dit de ne pas le faire. Si j'ai envie d'arriver en audition avec une foule tenue de dinosaures, parce que je pense que ça peut correspondre, les trucs gonflables, en fait, je le fais. Et si ça ne marche pas, tant pis, c'est qu'on ne va pas travailler ensemble. Mais en tout cas, ne vous interdisez rien. Rien, rien, rien. Parce que c'est fait pour se faire confiance.

  • Speaker #0

    En parlant de dinosaures, je passe un coucou à l'équipe de Denver.

  • Speaker #1

    Yes !

  • Speaker #0

    notamment ma pote à Châtissier qui joue Denver on l'aime très fort parce que chapeau bas ouais ouais alors moi je peux pas encore aller voir ce spectacle mais je salue parce que Denver c'était un personnage de mon enfance et que je me dis c'est super sympa de le faire vivre en théâtre musical trop bien bah oui tu joues également pour le coup plutôt côté chanson avec The Swingbirds oui Parle-nous de The Swingbirds.

  • Speaker #1

    Alors, Les Swingbirds, c'est un groupe de close harmony, où en fait, c'est un peu les Andrew Sisters, Poppeny Sisters, tout ce genre de musique. Et ça a été créé par Alice Fesh, si je ne me trompe pas, parce qu'elle a le nom de son mari aussi, salut Laurent, qui est un batteur, un percussionniste, pardon, de ouf. Et en fait, elle a créé ça, c'est dans le style un peu américain des... de trois chanteuses, il y a des claquettes aussi, trois chanteuses qui vont chanter des standards, des standards de jazz et des standards actuels remixés un peu à la post-modern jukebox. Et en fait, on va chanter, c'est que des harmonies qui frottent, qui sont vraiment très très proches. Et on se retrouve, moi c'est un son que j'adore, que j'adore.

  • Speaker #0

    Moi j'en profite pour saluer les Jingle Bells.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est le même concept.

  • Speaker #0

    que j'aime beaucoup, que pour le coup, j'ai vu sur scène avec Lauren Van Kempen, l'an dernier, bah oui, Lauren qu'on aime tous beaucoup, Devin Graves aussi, Devin que j'aimerais bien inviter ici un jour, qui est d'ailleurs cartonné avec le type Beautiful Lie en début d'année, et que je salue d'ailleurs si elle écoute. Il y a un point sur ton CV que j'ai relevé, qui est assez drôle. Si tu mets que tu aimes la crème de marron et le fromage blanc et l'accent russe.

  • Speaker #1

    Oui, parce que...

  • Speaker #0

    Ça mérite d'être original. Et j'ai envie de te dire, pourquoi mettre ça sur ton CV ?

  • Speaker #1

    Alors, pourquoi j'ai mis ça ? Parce qu'en fait, ça me saoule de faire des CV, des lettres de motif, des trucs comme ça. Et évidemment, il y en faut, parce qu'il y a des gens qui ne te connaissent pas. Je ne suis pas encore Beyoncé pour que les gens m'appellent sans me demander ce que j'ai fait. Un jour, peut-être. Mais en fait, j'ai fait mon CV à l'anglaise. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais en tout cas, je trouve ça vachement bien fait. C'est très efficace. On voit tous les rôles que tu as faits, si c'était du musical, du théâtre, du machin, du machin. Sauf qu'à la fin, les Anglais, ils mettent une petite case extra où tu mets tes passions. Tu mets un truc qui est un peu plus personnel. Parce qu'un CV, au final, c'est très factuel. Tu n'as vraiment que tes spectacles que tu as faits et basta, avec les noms, les dates et tout. Et à la fin, tu es censé mettre un petit truc un peu pour donner tes skills que tu as en plus. Si tu parles avec l'accent américain, parce que du coup, l'accent anglais, c'est particulier. Donc, tu mets tes accents, tu mets si tu es danseuse, si tu... Et en fait, tu peux mettre si tu fais de la pâtisserie à haut niveau, si tu fais du cheval, si tu fais du deltaplane, parce qu'au final, pour le cinéma, ça peut être utile, ce genre de skills. Et moi, ça me faisait marrer de mettre un truc...

  • Speaker #0

    Parce qu'au final, je suis très douée en accent. J'adore ça, j'en fais beaucoup. Notamment pour New, c'est très important de faire un accent sans se moquer parce qu'il y a des accents, on peut très vite tomber dans le raciste et le machin. Et non, non, c'est vraiment de se... En fait, tu prends ce que le public te donne. Donc tu vas faire un accent parce qu'on te l'a demandé. Sauf qu'il y a un moment, tu vas le faire avec respect et tu vas le faire bien. Parce que la moindre des choses, c'est pas de se moquer, c'est de faire les choses bien. Donc j'adore les accents, je le mets sur mon CV. Je me suis dit, j'adore faire l'accent russe. Et en fait, je me suis dit, mets un petit truc sur toi rigolo pour voir ceux qui lisent ton CV en entier, tout simplement. Et il y a pas mal de prods qui me disent, moi aussi, j'adore la crème brûlée, j'adore ça et tout. Et en fait, je change parfois mon dessert et je vois ceux qui m'en parlent et je me dis, ça casse la glace au début. Et j'aime bien me marrer en audition parce qu'il n'y a rien de pire que cet exercice-là. Tout le monde est mal à l'aise, personne n'a envie de le faire, mais on le fait tous. Et même si on essaie de s'amuser, justement, je me dis que ça peut faire un petit truc où ils se disent « Ah, elle est drôle ! »

  • Speaker #1

    Ils auraient bien raison parce que c'est vrai que t'es drôle.

  • Speaker #0

    Ah, j'essaye, écoute. Mais oui.

  • Speaker #1

    Eh bien, on arrive petit à petit sur la fin de ce podcast. Oui. Et je vais te demander tes recommandations culturelles. Alors. Avec l'imace que t'as fait.

  • Speaker #0

    Oui, de ouf, parce que mes goûts, je suis quelqu'un de spécial. Alors, mes recommandations cinématographiques, allez voir. The Substance. C'est quoi ? Voilà, vous n'avez pas le choix. C'est un film sur les femmes et les dictates de la beauté poussées à l'extrême. C'est un film d'horreur, c'est gore. Il y a du sang partout. Je crois que j'ai lu cette information ce matin. Il y a eu plus de 140 000 litres de sang utilisés pendant le tournage.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Rien que pour ça, je voulais le voir. Non, non, et c'est surtout que c'est un film qui est fait par une femme. Je vais mal prononcer son nom, c'est Coralie Farja. Et c'est avec des mimours justement en rôle principal. Et en fait, il y a toute cette... Écoutez ses interviews à Coralie Farja, parce qu'elle dit qu'elle savait que ça allait être très compliqué de trouver une actrice pour faire ce rôle-là. Parce que forcément, les actrices, on travaille avec notre image. Et une actrice qui vieillit et qui montre qu'elle vieillit. Surtout une américaine. Et du coup, c'est exceptionnel. Parce qu'il y a toutes ces choses-là qui sont remises en question. En gros, tu peux prendre une substance qui va changer ton apparence. Je dis ça comme ça, je ne peux vraiment rien dévoiler. Ok. Mais oui, c'est vraiment sur l'apparence des femmes surtout. Et qu'est-ce que c'est la jeunesse ? Qu'est-ce que c'est l'acceptation ? Et le fait que ça passe par un film de genre, un film gore. En fait, c'est pas « Bouhou, bouh sur vous, il faut pas penser comme ça » . Et je trouve qu'elle traite ça avec beaucoup plus d'intelligence parce que ça va trop loin. Et on se dit « Ah ouais, c'est un peu comme Black Mirror, ça pourrait clairement tomber là-dedans. Allez, on s'accepte, ça suffit, on passe aux choses. » Et je trouve ça formidable. Qu'est-ce que je peux recommander ? Je sais pas. Est-ce que je suis allée au théâtre récemment ? Non, je suis allée voir des trucs que j'aimais pas. pas envie de vous la recommander non une pièce que j'ai envie d'aller voir mais du coup je sais pas trop si c'est une recommandation mais que j'ai très très envie d'aller voir c'est Oublie-moi je sais je suis à la bourre mais voilà on l'a recommandé en long en large et en travers et du coup j'ai envie de la recommander même si je ne l'ai pas vue parce

  • Speaker #1

    que je vais aller la voir pour ma part je recommande alors cinéma aussi d'aller voir Le robot sauvage je l'ai vu sublime j'ai pleuré j'ai pleuré voilà il est beau très très beau film

  • Speaker #0

    En plus, je suis en plein dedans. J'ai les hormones on fire en ce moment parce que j'ai 32 ans et je pense à faire des enfants. Le rôle de la mère, la place de tout cet amour où tu ne sais pas où le place, ça m'a tuée. J'avais les larmes comme ça avec la petite à côté. Ça va, regarde le film.

  • Speaker #1

    C'est vraiment un super film. Effectivement, sur cette place-là, sur...

  • Speaker #0

    La différence.

  • Speaker #1

    Sur les différences, sur la solidarité aussi, un plaisir immense que de voir ce type de film. Et comme je dis à des amis, c'est vrai que récemment on a eu plein de très bons films d'animation. Je pense au film Spider-Verse, je pense au dernier Tortue Ninja, je pense au Chapoté, la dernière quête, qui était exceptionnelle. Je pense à tous ces films-là qui sont à destiner des enfants, mais pas qu'eux. Même 19 est de très bons trucs avec Luca, avec Alerte Rouge, avec tout ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai qu'il se renouvelle un peu, les sujets en tout cas.

  • Speaker #1

    je trouve que ça évolue dans un sens assez profond et c'est cool ouais ouais ouais on fait des choses qui sont plus en phase avec la génération actuelle avec l'ère du temps j'ai envie de dire et c'est très très cool donc moi je suis très content de ça et il y a autre chose dont je suis content c'est de t'avoir reçu Eva bah écoute avec plaisir et si je peux vous conseiller une sortie culturelle venez voir New Exactement, venez voir New avec Eva. Tu me dis, c'est quand la prochaine date pour toi ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis en tournée, mais du coup, ma prochaine date sur Paris, c'est le 17 décembre.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Vous avez le temps.

  • Speaker #1

    Voilà, prenez note, prenez date. Et puis d'ici là, allez au théâtre, chantez, allez voir des films et des séries avec Eva dedans. Oui,

  • Speaker #0

    tout avec moi, tout le temps. Ça,

  • Speaker #1

    c'était pour l'accent russe.

  • Speaker #0

    Mais j'ai même oublié, en ce moment, je suis dans un spectacle où je joue la comtesse russe comme ça. Et du coup, c'est très agréable.

  • Speaker #1

    Très bien. Merci Eva. Et puis, prenez soin de vous. Merci aux éditeurs. Et à bientôt.

  • Speaker #0

    Merci. Salut.

Description

Pour ce nouvel épisode, je reçois Eva Gentili, chanteuse, comédienne et improvisatrice qui joue entre autre dans New, la comédie musicale improvisée et dans les Swing Birds.

Elle nous parle de son expérience à la Royal Academy of Music et de son expérience.


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Transcription

  • Speaker #0

    Chers auditeurs et auditrices, un petit mot avant de commencer cet épisode. C'est la Voix a désormais un Patreon. En vous y abonnant, vous débloquez la possibilité d'accéder aux épisodes en avance et d'avoir votre nom cité dedans. Et surtout, vous participez à voir grandir ce petit podcast que je prends plaisir à réaliser. C'est la Voix est et restera disponible sur toutes les bonnes plateformes. Et sur ce, bonne écoute. Bonjour à tous et bienvenue ! dans C'est la voix, un podcast où j'invite un mardi sur deux des professionnels de la voix, que ce soit des chanteurs, des coachs vocaux ou d'autres spécialistes. Pour ce nouvel épisode, je reçois Eva Gentili. Eva est comédienne et chanteuse et elle joue dans New, la comédie musicale improvisée. Eva, bonjour. Bonjour. Bienvenue dans C'est la voix.

  • Speaker #1

    Merci, je suis ravie d'être là.

  • Speaker #0

    Et je suis ravi de te recevoir. Alors, on va commencer par la question traditionnelle. Je vais te demander de présenter ton parcours, s'il te plaît.

  • Speaker #1

    Oh lord. Alors... Alors moi, j'ai commencé très, très jeune dans ce milieu-là. Je suis chanteuse depuis que j'ai six ans. Et j'étais à la Cigale de Lyon, qui est un chœur professionnel d'enfants. Et on a fait des tournées dans le monde entier à partir de mes dix ans jusqu'à mes dix-huit ans. Et c'était un peu la folie. Donc c'est là, à partir de cet âge-là, je suis tombée dans la musique. On faisait beaucoup de chants sacrés, d'opéras et de choses comme ça. Et j'ai eu la chance de pouvoir aller chanter en Chine. En Europe, partout, avant ma majorité, ce qui était un peu dingue pour mon âge. Et de faire partie d'un groupe aussi qualitatif, c'était assez cool. Et après, j'ai passé mon bac comme tout le monde, même si je n'avais pas très envie. Parce que j'avais très envie de tout de suite faire de la musique. Mais ma mère, qui est prof, m'a dit « Ah ah, non ! Tu passes ton bac ! » Donc mon bac en poche, en théâtre, en spéthéâtre et musique, évidemment. Et je suis partie tout de suite. enfin non je suis partie à l'école avant j'étais en école de théâtre et de musique à un conservatoire à lyon la scène sur sonne qui n'existe plus maintenant mais on était à lyon donc ma ville natale et j'ai beaucoup appris c'est là où je suis tombé je tombais en amour de l'impro de du théâtre du théâtre de la comédie à del arte et de tout ça j'ai fait beaucoup de clowns on a fait beaucoup de champs parce qu'on a travaillé beaucoup sur brecht et sur ce genre de d'auteurs où ça chante mine de rien sur scène, on faisait de l'opérette, c'était très très très varié. Et après je suis partie grandir un peu en Amérique du Sud, parce que j'avais besoin de me mettre un peu de plomb dans la cervelle, et je suis allée écouter du tango et interviewer des vieilles mamies sur les places où j'ai chanté avec elles d'ailleurs. J'ai pris beaucoup de cours de chant aussi là-bas. Et après, les cours florants, comme... Quelqu'un qui panique, qui rentre en France et qui dit « Mon Dieu, il me faut une école, qu'est-ce qui se passe ? Ma sœur est à Paris, je peux faire de la comédie musicale ? » Je suis un peu tombée dedans par hasard, je ne le viens pas du tout. Je n'étais pas passionnée de comédie musicale quand j'étais môme, moi j'adorais le chant et le théâtre séparés. Et j'étais plutôt fan de Coluche et de Garbo, mais bon, ça c'est autre chose. Et voilà, j'ai fait mes cours Florent deux ans en comédie musicale où j'ai rencontré des gens fabuleux et des gens qui m'ont donné justement cette envie de la comédie musicale. Et c'est là que j'ai un peu craqué et je me suis dit, YOLO, on n'a qu'une vie, je vais partir à Londres. Et j'ai tenté les concours de la Royal Academy of Music et j'ai été prise. Et c'était dingue, j'ai fait un master là-bas et voilà. Et là maintenant, j'arrête les écoles parce que ça suffit. Et depuis, je travaille et j'ai la chance de... J'ai la chance de beaucoup travailler et de travailler avec des gens assez formidables. Donc voilà, je chante, je danse, je m'amuse.

  • Speaker #0

    Et alors, quand tu étais enfant et que du coup tu as fait ces différentes tournées, etc. Au niveau scolarité, ça se passait comment ? Parce que voilà, on se demande toujours, est-ce que tu sautes des cours et tu rattrapes ?

  • Speaker #1

    Alors, ça dépendait. En général, les tournées étaient sur les périodes de vacances scolaires. Mais quand il y avait beaucoup, beaucoup de travail, la tournée en Chine, on a dû la préparer... énormément, parce qu'on est partis de 4 semaines en Chine. Donc ça débordait un peu sur l'école. Et dans ce cas-là, en fait, j'avais des profs qui étaient merveilleux parce que c'est un accord avec eux. Moi, je travaillais, évidemment, je rendais mes devoirs et je rendais tout ça. Mais eux m'ont aussi demandé de préparer un exposé sur ce que je faisais, sur pourquoi je partais, et c'est ce que j'avais fait. Donc en fait, ça avait servi autant mes camarades que moi. Il y a eu un espèce de partage et ils m'ont dit que c'est une expérience incroyable. Évidemment qu'on dit oui. L'école, ils t'ont dit de y être tous les jours.

  • Speaker #0

    Comme tu as dit que tu t'es formée à la Royal Academy of Music.

  • Speaker #1

    Yes, darling.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu as l'impression que ça t'a apporté quelque chose en plus par rapport à une école francophone ?

  • Speaker #1

    Oui, beaucoup. Déjà, la charge de travail n'a rien à voir. Ça, ça m'a un peu choquée et ça m'a un peu rendue triste parce que je me suis dit, en fait, je crois que les Français, on est très feignants, surtout à l'école. Et je m'inclus complètement dedans. Je veux dire, je ne suis pas du tout en train de juger. Non, non, c'est tout le monde en général. Je voyais l'école. Moi, j'étais à quoi, 35 heures par semaine au cours Florent, mais tout était mélangé. On devait passer une ou deux chansons par semaine. On avait des choses à apprendre, mais c'était un texte ou deux. On devait trouver des scènes. C'était plutôt relax. On travaillait, mais c'était plutôt relax. Et il fallait quand même rendre des choses. Je ne veux pas critiquer du tout l'écho, Florence. Ce n'est pas du tout le but. C'est vraiment pour dire qu'on avait du travail à rendre et ça me paraissait beaucoup à l'époque. Et là, j'arrive à Londres et je me suis pris une énorme claque parce que par semaine, déjà, je devais avoir rien qu'en chant, 15 heures de chant, que de chant. En plus, j'avais des cours de répertoire, en plus j'avais des cours de CD. En fait, j'arrivais à l'école à 7h du matin et je repartais à 23h, 23h30 en général, tous les jours, sans pause. Enfin, j'avais une pause le midi évidemment, parce que ce n'est pas des tortionnaires, mais j'ai compris vraiment le sens du mot travail, voilà. Et mine de rien, j'avais 5-6 chansons à présenter par semaine. Donc déjà, la différence, elle était assez flagrante. Il fallait que je fasse des cours de répertoire, donc en plus que je travaille 4-5 chansons. en plus, pas par cœur, mais que je les connaisse, que je pense aux chansons d'après, j'avais des thèmes, j'ai des textes de théâtre, il fallait apprendre des chorés. Et vraiment, toute la semaine, on fait... Et c'est très intense. Mais du coup, le niveau n'a rien à voir.

  • Speaker #0

    Effectivement, donc. Ça devait être beaucoup plus éprouvant. Et du coup, pourquoi avoir choisi de revenir en France ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, je suis tombée sur... Ce n'est pas vraiment un choix, je t'avoue. Je suis tombée sur l'année Covid. Et du coup, j'ai dû rentrer, malgré moi. parce que mes parents étaient malades et très à risque. Et ma sœur habite au Canada, donc j'étais la plus près. Donc on a dit, OK, moi, je lâche Londres, je rentre en France, au cas où, et après, je repartirai. Sauf que j'étais rentrée en France et j'avais encore un pied entre les deux. Mais en fait, le travail est très vite revenu en France et ça, je suis très chanceuse. Je me suis jamais retrouvée dans le caca comme beaucoup de mes collègues à moi. Moi, je touche tout ce que je peux, tout le temps. Mais le travail est revenu très vite. Et du coup, pour repartir à Londres, sachant que les contacts, c'était un peu étiolé, ça faisait 7-8 mois, personne ne travaillait là-bas. C'est assez compliqué de se dire, je repars à Londres pour être serveuse, parce que c'est ce qui se serait passé, tout simplement. Et j'avais un peu l'impression de faire un step back dans ma vie, alors qu'en France, je faisais le travail que j'aimais. Donc bon, je passe encore des auditions là-bas. La porte n'est pas fermée. Et je pense que pour y retourner tout de suite, ce serait peut-être un peu compliqué, pour y habiter en tout cas.

  • Speaker #0

    C'est un objectif à terme ?

  • Speaker #1

    Complètement. Ah oui, moi je veux travailler là-bas, au moins faire une saison, où surtout j'écris aussi beaucoup et j'écris des comédies musicales et je suis en lien en ce moment avec une production là-bas parce que j'ai envie que mes pièces se jouent là-bas surtout.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a une pièce qui se joue là-bas que t'aimerais, toi, jouer ?

  • Speaker #1

    Oh, tellement ! Faut que j'en choisisse une, on est sûr. En vrai, il y en a deux qui m'ont mais... Je pense que j'ai arrêté de respirer quand je les ai vus, quand je les ai découvertes. Je me suis dit, ça aussi, c'est la comédie musicale, mais je veux faire ça. C'est Next to Normal, où là, en ce moment, ils jouent et ils ont eu un prix Pulitzer. C'est vraiment exceptionnel à voir. C'est sur la santé mentale. C'est le thème, les chansons, tout est magnifique. La mise en scène, c'est exceptionnel. Et ça parle de la perte aussi d'un enfant. Il y a énormément de choses qui sont en lien avec la maladie mentale. Et avec la fatigue mentale, avec la dépression, avec l'acceptation de la mort de son fils, en l'occurrence. Et sinon, de manière un peu plus légère, mon rôle, mon dream, mon rôle à vie, je pense que ce sera Falsetto. Le rôle de Trina, la mère. Et elle est dingue. Et en fait, c'est un musical qui est sur l'explosion de la famille. En fait, c'est une femme juive très traditionnelle qui a fait sa vie avec quelqu'un, qui a un enfant, qui a une vie parfaite. Et en fait, son mari est gay et elle l'apprend et il part avec un homme et tout explose. Tout ce qu'elle a, toutes ses croyances, toutes ces choses-là. C'est très, très drôle, mine de rien. Et il y a beaucoup d'humour dans cette comédie musicale. Et en fait, elle se rend compte que tu ne m'avais pas demandé de faire un pitch, en fait.

  • Speaker #0

    Non, non, mais j'aime bien.

  • Speaker #1

    Je suis en train de me lancer. Non, mais parce que tu crois le personnage. Enfin, bref.

  • Speaker #0

    Ce qui est cool, c'est que dans ce podcast, je rencontre des gens passionnés et j'aime ça en fait parce que quand les gens parlent de leur passion, c'est toujours hyper intéressant ne serait-ce que pour moi, mais surtout pour les auditeurs.

  • Speaker #1

    Ouais, bon bah tant mieux. Ce musical, je vous en prie. Et sinon, Lady Macbeth. Mais ça, ce serait qu'en théâtre. Et ça, on est dans les top 3 de mes 3 rôles. Voilà, un jour.

  • Speaker #0

    Ok. Donc, comme je l'ai dit dans l'introduction, tu joues dans New, la comédie musicale improvisée. Et moi, j'ai envie de te demander, est-ce que ce n'est pas un peu difficile de mêler comédie musicale et improvisation ?

  • Speaker #1

    Eva a quitté le podcast. Oui, c'est très, très dur. Évidemment, c'est très, très dur. Mais pour le coup, j'étais terrifiée à ma première parce que j'ai fait beaucoup d'impro théâtrale. Mais il y a dix ans, à l'école, on clown, on se cache un peu derrière un personnage. Et là, j'ai débarqué avec une quinzaine de tarés d'impro qui sont des talentueux au possible. Ça chante, ça joue, ils ont une rapidité d'esprit. Et moi, j'étais un peu... J'ai l'impression d'être un Bernard Lhermitte et de reculer. Mais en fait, c'était exceptionnel. Ils ont rendu l'expérience, je pense que l'équipe est très importante et ils ont rendu cette expérience exceptionnelle. Je ne me suis jamais autant amusée que dans cette chose-là. C'était incroyable. Après, mes rimes, au début, étaient très pauvres. Parce que forcément, quand tu penses à ton personnage, la gestuelle, et puis il faut faire rire, et puis il faut faire ça, et puis il y a ça. Puis il y a l'histoire aussi peut-être. Ah, les musiciens se mettent à jouer. Ah mon Dieu, il faut que je chante. Quand tu penses à tout ça, tu fais un peu des rimes en « et » au début. Bon voilà, il n'y a pas trop d'allitération, mais ça vient. Et en fait, on se rend compte que le cerveau est un gymnaste digne de Simon Bills et qu'en vrai, il est fort. Et voilà, en fait, c'est un kiff, mais c'est un kiff de se mettre autant en danger parce que même quand on se vautre, et ça m'est arrivé plein de fois, mais même quand on se vautre, le public rigole avec nous parce qu'ils attendent ça aussi. Ils se disent, si on y arrivait tout le temps, c'est pas si difficile que ça. Alors que parfois, je fais une rime pourrie, je regarde le public, et en fait, tout le monde rigole et on repart, et c'est ça qui est génial.

  • Speaker #0

    Et c'est ça qui est bon dans le spectacle vivant, en fait, c'est ce lien avec le public.

  • Speaker #1

    Exactement, oui.

  • Speaker #0

    Et du coup, on précise que dans New, il y a une équipe anglophone, équipe francophone.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et toi, tu es bilingue, est-ce que tu joues dans les deux ?

  • Speaker #1

    Alors, je fais les deux. Je fais partie des deux. Je n'ai pas encore eu la chance de jouer en anglais parce que l'équipe est vachement plus petite. Et du coup, je suis un peu le backup. Ça me paraît normal de laisser aussi les personnes vraiment anglophones s'amuser un peu quand même. Et il y a beaucoup moins de dates. Donc, pour l'instant, je n'ai pas fait de date, mais je suis dans l'équipe.

  • Speaker #0

    Et c'est quand la prochaine date d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Alors, la prochaine date de New, je n'ai pas la date officielle. J'ai ma prochaine date à moi. Mais moi, je vais jouer en... Le 24 novembre, là, en tournée. Et voilà, j'ai très très hâte parce que ça fait un petit moment, je suis très occupée en ce moment et du coup, je n'ai pas pu jouer New. Et là, j'ai très très envie.

  • Speaker #0

    Tu dis dans ta bio, t'amuser de plus en plus au cinéma ou à l'écran.

  • Speaker #1

    Oui, évidemment.

  • Speaker #0

    Évidemment. Comment tu vois cet art par rapport à la scène ?

  • Speaker #1

    Le cinéma. Alors, je trouve ça passionnant parce que ce n'est pas le même métier. Pour moi, ce n'est vraiment pas le même métier. Je sais qu'on dit souvent que c'est un peu pareil, c'est des comédiens, mais en fait pour moi c'est vraiment pas la même chose, parce que l'art de la scène, il y a une espèce de liberté et d'instantanéité. Oui, si j'en rentre des mots, il faut me les dire. Mais bref. Et en fait tout est sur l'instant et il est déjà passé, on joue presque au passé en fait. On a le lien avec le public, on peut tester l'ambiance, on peut sentir ce qui marche, ce qui marche pas, s'adapter, c'est que du réglage, mais on est très solitaire. Parce que, enfin, solitaire, nous, avec nous-mêmes, je veux dire, on a des partenaires, on a un metteur en scène, tout ça. Mais au final, et c'est ça qui est terrible, je pense, pour les metteurs en scène, c'est que la vérité est au plateau. Et que si un comédien n'a pas envie, se trompe, a une idée de génie, en vrai, tout est possible sur le plateau. Parce que c'est nous qui avons les commandes. Entre guillemets, entre gros guillemets, évidemment. Et tous les metteurs en scène avec qui j'ai travaillé, il faut m'appeler, il faut être gentil. Bref, mais non, pas du tout. Alors que le cinéma, il y a un... C'est de l'art fingé, en fait, qu'on ne peut plus retoucher. Il faut être bon tout de suite. Les répétitions, évidemment, existent, mais ce ne sont pas les mêmes. Et en fait, la caméra, elle va choper un moment et elle vient te chercher. Donc, c'est comme si l'œil du spectateur était à ça de nous. Donc, ce n'est pas le même jeu, ce n'est pas la même grandeur de jeu, en tout cas. Tout doit être beaucoup plus précis. On ne va pas jouer pour le dernier rang, on va jouer pour l'œil de la caméra. Et si le gros plan... Enfin, il faut complètement se réadapter. Et même la diction ne sera pas la même parce qu'on ne va pas porter la voix de la même manière. Oui, ce n'est vraiment pas la même chose. La création de personnages est très importante du coup au cinéma. Évidemment qu'elle est importante au théâtre, mais je la trouve très importante au cinéma parce que le cinéma, c'est la vie. Alors qu'au théâtre, on a tendance à devoir un peu grossir cette vie qui est naturelle aussi, mais de la grossir parce qu'on est dans une salle entre quatre murs en fait. Et c'est nous qui faisons tout. Alors qu'au cinéma, il y a les décors, les costumes. On est dans l'espace. Donc, on a intérêt à être extrêmement juste et extrêmement intense. Parce que sinon, la caméra... Ce n'est pas le même métier. Ce n'est pas le même travail. En fait, voilà.

  • Speaker #0

    Mais c'est drôle parce que c'était, je crois, Jimmy Fallon, Jimmy Kimmel. Enfin, je confonds toujours les deux. Oui. Et qui faisait un épisode spécial où il est en voiture avec des stars de Broadway. Ils leur demandent, oui alors au fait, qu'est-ce que tu préfères, le théâtre ou l'argent ?

  • Speaker #1

    Clairement c'est ça, clairement c'est ça. Les acteurs qui viennent au théâtre, c'est je pense pour s'amuser et pour se faire plaisir. Et oui, après ils sont quand même extrêmement bien payés. Mais le cinéma, ce n'est pas les mêmes budgets, ce n'est pas du tout les mêmes retombées. Moi je le vois, mon compagnon, il est en cinéma et quand je lui parle de budget... Lui, il n'est pas du tout estomaqué d'un budget à 8-9 millions. Moi, je suis en panique. Je me dis, oh purée, j'achète deux théâtres avec ça. Et en fait, c'est marrant parce que moi, les budgets que j'imagine, par exemple pour mes pièces, déjà, si je suis à des budgets à 600-700 000 euros, je me dis que c'est énorme comme création. Alors que quand on en parle, mon compagnon me dit, non, ça me paraît normal, il faut payer ça, il faut payer ça. Je dis, oui, je sais que c'est normal, mais c'est juste que les retombées ne sont pas les mêmes. Donc, l'argent n'est pas au même endroit.

  • Speaker #0

    En 2020, tu as joué dans une comédie musicale française appelée Demain commence ici.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous en parler ? J'ai vu un peu quelques extraits et ça a l'air d'être très sympa, mais je n'ai pas vu en vrai. Parle-nous de Demain commence ici.

  • Speaker #1

    Alors, Demain commence ici, c'est un petit projet bijou que j'ai eu la chance d'avoir. On a très peu joué parce qu'évidemment, c'était l'année Covid. Mais voilà, donc on a joué trois fois au lieu de jouer 120 dates. Mais c'est un projet d'Émilie Courtemanche, qui est une parapentiste qui fait en même temps du fil, qui électrifie le fil et qui va se jeter dans le vide en lançant des sushis sur le peuple. Voilà, c'est quelqu'un de fou. Elle est folle, cette personne. Elle est talentueuse au possible. Elle a décidé d'écrire son spectacle, de parler des femmes, de parler d'une... de trois générations de femmes en tout cas, de la grand-mère, la mère, la fille. Donc évidemment, il y a les copines de ces personnes-là à chaque fois. Et de parler de la vieillesse, de parler des gens en EHPAD et de parler de toutes ces choses dont on ne parle pas normalement. Parce que les femmes qui vieillissent, ça n'existe pas, enfin voyons. Les femmes qui ne vont pas bien, qui sont en dépression, ça n'existe pas. Les femmes qui veulent être mère, qui ne veulent pas être mère. En fait, c'était que des sujets assez tabous dans notre société. Et Émilie, évidemment, s'est dit « Eh bien moi, je vais parler de tout ça » . Et c'est pour ça que j'adore cette personne. C'est quelqu'un qui a, j'aime bien dire ça, ça va paraître un peu vulgaire, mais qui a clairement ses ovaires sur la table et qui dit « Maintenant, on fait les choses, on va les faire bien et on va les faire maintenant » . Et je trouve ça merveilleux parce qu'il y a peu de gens comme ça, qui sont des gens qui font des choses et à la fête des choses. Elle nous a servi à un spectacle génial, en tout cas à faire. Et je pense que si le Covid... n'était pas arrivée, on aurait fait beaucoup parler de ce spectacle en effet. Elle s'est démenée pour trouver des... On était payés rubis sur l'ongle, traités merveilleusement bien. Et Émilie est quelqu'un de fabuleux. On avait une équipe fabuleuse. J'étais avec Roxane et Marine. En tout cas, notre groupe de copines était superbe. Les danseuses étaient... Tout le monde était à sa place, talentueux. C'était très agréable à faire. On n'a pas eu la chance d'être dans un théâtre Honnête et respectueux de la production et du coup on n'a pas pu continuer mais c'est des choses qui arrivent. Mais Émilie en tout cas s'est battue bec et ongles pour ce projet et nous aussi. Et elle a tout fait un peu toute seule quoi. Je sais qu'elle s'est débrouillée pour avoir 750 000 euros de budget pour une comédie musicale française avec que des inconnus. Je trouve ça exceptionnel d'avoir réussi à faire ça. Voilà Émilie.

  • Speaker #0

    Oui effectivement. Mais par contre, tu parlais de sujets, de la vieillesse, de choses comme ça, surtout des choses dont on n'entend pas parler en France.

  • Speaker #1

    Oui, en France, exactement.

  • Speaker #0

    Parce que c'est des choses dont on entend déjà un peu plus parler dans le monde anglophone. Là-dessus, pareil, le théâtre anglophone a beaucoup abordé de sujets très différents. Pour revenir sur Next to Normal, où tu parlais effectivement de la santé mentale, ça fait partie des choses qui sont déjà dans cette forme de théâtre-là.

  • Speaker #1

    Complètement. En France, on a un peu de retard, enfin on a beaucoup de retard, parce que l'art de la comédie musicale ne se développe pas du tout de la même manière. Et en fait, on a moins de demandes. Mais après, les comédies musicales marchent, les grands budgets en tout cas, les grosses productions. Mais j'ai l'impression que pour l'instant, on associe encore la comédie musicale au divertissement. Et du coup, ça doit être simple, drôle. Il y a une histoire d'amour. Et en fait, on est juste content d'entendre des gens qui chantent. Et dès que c'est un petit peu plus profond, il faut trouver son public. Il faut se dire, en fait, non, c'est un art complet. Il n'y a pas que des histoires heureuses, en fait. On peut parler de beaucoup de choses en comédie musicale. On n'est pas obligé d'être jazz hands et tout le monde s'aime à la fin. Il y en faut, mais je pense qu'il faut de tout. Et ça arrive. Doucement, mais sûrement. En France, ça arrive.

  • Speaker #0

    Oui. Et est-ce que... qu'on n'a pas un peu trop hérité du théâtre et de l'opéra pour ça, en fait ?

  • Speaker #1

    Alors, ça, c'est un grand débat. Je pense qu'en effet, la France est un pays de théâtreux, clairement. Et il y a cette espèce de guéguerre de qui joue le mieux. Et en France, on a vraiment ce côté-là en comédie musicale, ce n'est pas des comédiens, c'est des chanteurs qui savent jouer, alors que non ! Ce n'est pas vrai. C'est juste qu'en effet, pour l'instant, les livrets de comédie musicale en France sont extrêmement pauvres. Il n'y a pas grand-chose à jouer. Parce qu'il y a quatre phrases pour dire « Je suis amoureuse. » « Moi aussi. » « Bam, chanson. » « C'est vrai que le maf ! » Parfois, tu es un peu là. « Allez, faites un effort, les gars. »

  • Speaker #0

    Tu as également joué dans une fiction radio sur le fantôme de l'opéra. Oui. Tu fais un peu de tout avec ta voix. C'est génial. J'essaie. Et moi, j'aimerais bien que tu me parles justement de cette adaptation, parce que tout le monde connaît Le Fantôme de l'Opéra, et tu as donc joué Christine.

  • Speaker #1

    Exactement. Et j'étais très, très fière, parce que moi, je suis alto. Je ne sais pas si vous l'entendez un peu dans ma voix, mais je ne suis pas une soprane coloratour. Et Christine, c'est le rôle de la comédie musicale qui, je pense, est le plus aigu. Et quand je disais, j'ai été prise dans Le Fantôme de l'Opéra, je vais faire Christine Day. Tu es... toutes mes amies qui étaient là, what ? Attends, pardon ? Non, mais la version radiophonique. Et là, elles me disaient... Ça me faisait marrer de jouer là-dessus. Mais oui, non, je ne chantais pas. Oh, mon Dieu ! Je ne chantais pas. C'était vraiment une réadaptation du livre, une adaptation de Samedi Noir, des fictions de Samedi Noir de France Culture. Et c'était une pièce de théâtre radiophonique.

  • Speaker #0

    Oui, au départ, c'est un bouquin de Gaston Leroux.

  • Speaker #1

    Exactement. Et c'était vraiment la réadaptation. C'était très, très bien écrit, d'ailleurs. Ils avaient gardé beaucoup de choses, beaucoup de choses du livre, en fait, tout simplement. Et Mélé, moi, j'avais surtout été vraiment amazed. Voilà, je n'étais pas chopée.

  • Speaker #0

    Impressionnée.

  • Speaker #1

    Impressionnée, merci. J'avais vraiment été impressionnée par la bruiteuse. Parce qu'on avait une bruiteuse, vu que c'était pour la radio. Et en fait, tout ce qu'on faisait, elle faisait dans sa petite cabane, elle faisait tous ses bruitages. Et c'était exceptionnel. C'est un métier exceptionnel, bruiteur. Et bref, j'étais avec des partenaires sublimes qui sortaient d'une CNSAD de Paris. Bref, c'était merveilleux.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, tu dis coacher de plus en plus d'artistes français et anglais pour des rôles et auditions. C'est quoi le meilleur conseil qu'on puisse donner, selon toi ?

  • Speaker #1

    À quelqu'un qui passe une audition, à un jeune acteur, en général, dans la vie ?

  • Speaker #0

    J'ai envie de te dire, c'est quoi le meilleur conseil pour faire un bon dessert ?

  • Speaker #1

    Pour la vie en général, pour moi, c'est manger bien, dormir et soyez heureux. Voilà, c'est tout. Soyez gentils,

  • Speaker #0

    surtout. OK, très bien. Question suivante. Quand tu vas passer une audition, est-ce qu'il y a des choses que tu conseilles en particulier ?

  • Speaker #1

    Alors, pour des gens qui vont passer des auditions, moi, le premier truc que je dis, c'est travail. Ne viens pas si tu n'es pas préparé. Ça ne se passe pas bien, ce n'est pas vrai. Ça se passe une fois bien sur mille parce que... T'as eu une révélation d'Abraham qui est descendu avec Jésus et Jean-Mouloud III, mais non, en fait, c'est pas vrai, ça se passe pas bien. Donc travaille, sois le plus préparé que tu peux, comme ça tu pourras te permettre de faire n'importe quoi et ce sera génial. Mais si tu travailles pas assez, ça marchera pas. Et ne t'interdis rien en audition, jamais, rien. Si t'as envie de venir avec un costume, si t'as envie de venir avec ta grand-mère pour qu'elle te donne la réplique, fais-le en fait. Parce que souvent, la... Première impression est la bonne. La première intuition, en tout cas, est la bonne. Et moi, ça m'est arrivé plein. On m'a toujours dit, viens pas costumer en audition, ramène pas trop de trucs, viens vraiment simple, sobre, machin, machin. Et en fait, les dernières fois où j'ai fait, mais en fait, fuck off. Ce rôle-là m'inspire ça. Là, aujourd'hui, j'étais en casting, je suis venue, je me suis collée des gommettes sur le front parce que le rôle, c'était Phoebe dans Friends. Et je me suis dit, pff, mais grave, Phoebe, elle ferait trop ça. J'ai pris les stickers de ma gamine et je me suis mis plein d'étoiles sur le côté. Oui, ça aurait pu faire costume. J'étais venue avec mes boucles d'oreilles. Toi, tu le vois, mais les autres, non. Mais bref, je m'étais un peu habillée dans le style du rôle. Je n'étais pas venue avec un costume de chez La Fête à Dudule. Mais j'étais venue avec quelque chose où ça me met dans le personnage. On peut dire que ça fait trop. Ça faisait certainement un peu trop. Mais en fait, elle m'a vue arriver et ils ont explosé de rire. Et en fait, ça... Ça détend l'atmosphère. Et tu vois, je me suis dit, pourquoi je me l'interdirais ? Parce qu'on m'a dit de ne pas le faire. Si j'ai envie d'arriver en audition avec une foule tenue de dinosaures, parce que je pense que ça peut correspondre, les trucs gonflables, en fait, je le fais. Et si ça ne marche pas, tant pis, c'est qu'on ne va pas travailler ensemble. Mais en tout cas, ne vous interdisez rien. Rien, rien, rien. Parce que c'est fait pour se faire confiance.

  • Speaker #0

    En parlant de dinosaures, je passe un coucou à l'équipe de Denver.

  • Speaker #1

    Yes !

  • Speaker #0

    notamment ma pote à Châtissier qui joue Denver on l'aime très fort parce que chapeau bas ouais ouais alors moi je peux pas encore aller voir ce spectacle mais je salue parce que Denver c'était un personnage de mon enfance et que je me dis c'est super sympa de le faire vivre en théâtre musical trop bien bah oui tu joues également pour le coup plutôt côté chanson avec The Swingbirds oui Parle-nous de The Swingbirds.

  • Speaker #1

    Alors, Les Swingbirds, c'est un groupe de close harmony, où en fait, c'est un peu les Andrew Sisters, Poppeny Sisters, tout ce genre de musique. Et ça a été créé par Alice Fesh, si je ne me trompe pas, parce qu'elle a le nom de son mari aussi, salut Laurent, qui est un batteur, un percussionniste, pardon, de ouf. Et en fait, elle a créé ça, c'est dans le style un peu américain des... de trois chanteuses, il y a des claquettes aussi, trois chanteuses qui vont chanter des standards, des standards de jazz et des standards actuels remixés un peu à la post-modern jukebox. Et en fait, on va chanter, c'est que des harmonies qui frottent, qui sont vraiment très très proches. Et on se retrouve, moi c'est un son que j'adore, que j'adore.

  • Speaker #0

    Moi j'en profite pour saluer les Jingle Bells.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est le même concept.

  • Speaker #0

    que j'aime beaucoup, que pour le coup, j'ai vu sur scène avec Lauren Van Kempen, l'an dernier, bah oui, Lauren qu'on aime tous beaucoup, Devin Graves aussi, Devin que j'aimerais bien inviter ici un jour, qui est d'ailleurs cartonné avec le type Beautiful Lie en début d'année, et que je salue d'ailleurs si elle écoute. Il y a un point sur ton CV que j'ai relevé, qui est assez drôle. Si tu mets que tu aimes la crème de marron et le fromage blanc et l'accent russe.

  • Speaker #1

    Oui, parce que...

  • Speaker #0

    Ça mérite d'être original. Et j'ai envie de te dire, pourquoi mettre ça sur ton CV ?

  • Speaker #1

    Alors, pourquoi j'ai mis ça ? Parce qu'en fait, ça me saoule de faire des CV, des lettres de motif, des trucs comme ça. Et évidemment, il y en faut, parce qu'il y a des gens qui ne te connaissent pas. Je ne suis pas encore Beyoncé pour que les gens m'appellent sans me demander ce que j'ai fait. Un jour, peut-être. Mais en fait, j'ai fait mon CV à l'anglaise. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais en tout cas, je trouve ça vachement bien fait. C'est très efficace. On voit tous les rôles que tu as faits, si c'était du musical, du théâtre, du machin, du machin. Sauf qu'à la fin, les Anglais, ils mettent une petite case extra où tu mets tes passions. Tu mets un truc qui est un peu plus personnel. Parce qu'un CV, au final, c'est très factuel. Tu n'as vraiment que tes spectacles que tu as faits et basta, avec les noms, les dates et tout. Et à la fin, tu es censé mettre un petit truc un peu pour donner tes skills que tu as en plus. Si tu parles avec l'accent américain, parce que du coup, l'accent anglais, c'est particulier. Donc, tu mets tes accents, tu mets si tu es danseuse, si tu... Et en fait, tu peux mettre si tu fais de la pâtisserie à haut niveau, si tu fais du cheval, si tu fais du deltaplane, parce qu'au final, pour le cinéma, ça peut être utile, ce genre de skills. Et moi, ça me faisait marrer de mettre un truc...

  • Speaker #0

    Parce qu'au final, je suis très douée en accent. J'adore ça, j'en fais beaucoup. Notamment pour New, c'est très important de faire un accent sans se moquer parce qu'il y a des accents, on peut très vite tomber dans le raciste et le machin. Et non, non, c'est vraiment de se... En fait, tu prends ce que le public te donne. Donc tu vas faire un accent parce qu'on te l'a demandé. Sauf qu'il y a un moment, tu vas le faire avec respect et tu vas le faire bien. Parce que la moindre des choses, c'est pas de se moquer, c'est de faire les choses bien. Donc j'adore les accents, je le mets sur mon CV. Je me suis dit, j'adore faire l'accent russe. Et en fait, je me suis dit, mets un petit truc sur toi rigolo pour voir ceux qui lisent ton CV en entier, tout simplement. Et il y a pas mal de prods qui me disent, moi aussi, j'adore la crème brûlée, j'adore ça et tout. Et en fait, je change parfois mon dessert et je vois ceux qui m'en parlent et je me dis, ça casse la glace au début. Et j'aime bien me marrer en audition parce qu'il n'y a rien de pire que cet exercice-là. Tout le monde est mal à l'aise, personne n'a envie de le faire, mais on le fait tous. Et même si on essaie de s'amuser, justement, je me dis que ça peut faire un petit truc où ils se disent « Ah, elle est drôle ! »

  • Speaker #1

    Ils auraient bien raison parce que c'est vrai que t'es drôle.

  • Speaker #0

    Ah, j'essaye, écoute. Mais oui.

  • Speaker #1

    Eh bien, on arrive petit à petit sur la fin de ce podcast. Oui. Et je vais te demander tes recommandations culturelles. Alors. Avec l'imace que t'as fait.

  • Speaker #0

    Oui, de ouf, parce que mes goûts, je suis quelqu'un de spécial. Alors, mes recommandations cinématographiques, allez voir. The Substance. C'est quoi ? Voilà, vous n'avez pas le choix. C'est un film sur les femmes et les dictates de la beauté poussées à l'extrême. C'est un film d'horreur, c'est gore. Il y a du sang partout. Je crois que j'ai lu cette information ce matin. Il y a eu plus de 140 000 litres de sang utilisés pendant le tournage.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Rien que pour ça, je voulais le voir. Non, non, et c'est surtout que c'est un film qui est fait par une femme. Je vais mal prononcer son nom, c'est Coralie Farja. Et c'est avec des mimours justement en rôle principal. Et en fait, il y a toute cette... Écoutez ses interviews à Coralie Farja, parce qu'elle dit qu'elle savait que ça allait être très compliqué de trouver une actrice pour faire ce rôle-là. Parce que forcément, les actrices, on travaille avec notre image. Et une actrice qui vieillit et qui montre qu'elle vieillit. Surtout une américaine. Et du coup, c'est exceptionnel. Parce qu'il y a toutes ces choses-là qui sont remises en question. En gros, tu peux prendre une substance qui va changer ton apparence. Je dis ça comme ça, je ne peux vraiment rien dévoiler. Ok. Mais oui, c'est vraiment sur l'apparence des femmes surtout. Et qu'est-ce que c'est la jeunesse ? Qu'est-ce que c'est l'acceptation ? Et le fait que ça passe par un film de genre, un film gore. En fait, c'est pas « Bouhou, bouh sur vous, il faut pas penser comme ça » . Et je trouve qu'elle traite ça avec beaucoup plus d'intelligence parce que ça va trop loin. Et on se dit « Ah ouais, c'est un peu comme Black Mirror, ça pourrait clairement tomber là-dedans. Allez, on s'accepte, ça suffit, on passe aux choses. » Et je trouve ça formidable. Qu'est-ce que je peux recommander ? Je sais pas. Est-ce que je suis allée au théâtre récemment ? Non, je suis allée voir des trucs que j'aimais pas. pas envie de vous la recommander non une pièce que j'ai envie d'aller voir mais du coup je sais pas trop si c'est une recommandation mais que j'ai très très envie d'aller voir c'est Oublie-moi je sais je suis à la bourre mais voilà on l'a recommandé en long en large et en travers et du coup j'ai envie de la recommander même si je ne l'ai pas vue parce

  • Speaker #1

    que je vais aller la voir pour ma part je recommande alors cinéma aussi d'aller voir Le robot sauvage je l'ai vu sublime j'ai pleuré j'ai pleuré voilà il est beau très très beau film

  • Speaker #0

    En plus, je suis en plein dedans. J'ai les hormones on fire en ce moment parce que j'ai 32 ans et je pense à faire des enfants. Le rôle de la mère, la place de tout cet amour où tu ne sais pas où le place, ça m'a tuée. J'avais les larmes comme ça avec la petite à côté. Ça va, regarde le film.

  • Speaker #1

    C'est vraiment un super film. Effectivement, sur cette place-là, sur...

  • Speaker #0

    La différence.

  • Speaker #1

    Sur les différences, sur la solidarité aussi, un plaisir immense que de voir ce type de film. Et comme je dis à des amis, c'est vrai que récemment on a eu plein de très bons films d'animation. Je pense au film Spider-Verse, je pense au dernier Tortue Ninja, je pense au Chapoté, la dernière quête, qui était exceptionnelle. Je pense à tous ces films-là qui sont à destiner des enfants, mais pas qu'eux. Même 19 est de très bons trucs avec Luca, avec Alerte Rouge, avec tout ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai qu'il se renouvelle un peu, les sujets en tout cas.

  • Speaker #1

    je trouve que ça évolue dans un sens assez profond et c'est cool ouais ouais ouais on fait des choses qui sont plus en phase avec la génération actuelle avec l'ère du temps j'ai envie de dire et c'est très très cool donc moi je suis très content de ça et il y a autre chose dont je suis content c'est de t'avoir reçu Eva bah écoute avec plaisir et si je peux vous conseiller une sortie culturelle venez voir New Exactement, venez voir New avec Eva. Tu me dis, c'est quand la prochaine date pour toi ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis en tournée, mais du coup, ma prochaine date sur Paris, c'est le 17 décembre.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Vous avez le temps.

  • Speaker #1

    Voilà, prenez note, prenez date. Et puis d'ici là, allez au théâtre, chantez, allez voir des films et des séries avec Eva dedans. Oui,

  • Speaker #0

    tout avec moi, tout le temps. Ça,

  • Speaker #1

    c'était pour l'accent russe.

  • Speaker #0

    Mais j'ai même oublié, en ce moment, je suis dans un spectacle où je joue la comtesse russe comme ça. Et du coup, c'est très agréable.

  • Speaker #1

    Très bien. Merci Eva. Et puis, prenez soin de vous. Merci aux éditeurs. Et à bientôt.

  • Speaker #0

    Merci. Salut.

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