- Pierre
Il n'y a pas de transformation sans sacrifice, c'est pas facile, mais il faut relativiser parce qu'en fait, on passe tous par là.
- Thierry
Bonjour, je suis Thierry Regnier et vous écoutez C'est le chemin qui compte, le podcast qui permet à chacun d'entre nous de libérer son potentiel et de devenir qui nous sommes vraiment. Chaque épisode est l'occasion de partir à la rencontre d'invités singuliers, connus ou non, jeunes ou moins jeunes, pour explorer leur chemin de transformation et nous inspirer dans notre propre poquette de changement. Chemin faisant, nous plongerons ensemble dans les coulisses de leur voyage. Les défis surmontés, les victoires célébrées, les expériences marquantes, les rencontres déterminantes et les leçons apprises. Bref, toute chose qui nous rappelle que plus que la destination, c'est le chemin qui compte. Aujourd'hui, j'ai la chance de recevoir Pierre Alain, que j'ai envie de définir comme un chasseur de talent engagé. Est-ce que ça te convient cette appellation Pierre ?
- Pierre
Oui, ça me convient plutôt bien. Je pense que ça colle assez bien avec ce que je suis.
- Thierry
Alors c'est un vrai plaisir de te recevoir sur C'est le chemin qui compte Pierre et j'aimerais sans plus attendre remonter le cours de ton chemin singulier Tu es né il y a tout juste 30 ans à la Roche-sur-Yon en Vendée au sein d'une famille active, un père banquier, une maman commerciale et toi l'enfant du milieu entouré d'un grand frère et d'une petite soeur A l'âge de 5 ans tu es diagnostiqué hyperactif, tu débordes d'énergie et ton rejet de l'autorité te vale d'être souvent convoqué à l'école pour des problèmes d'attitude Malgré cela, tu as toujours montré des facilités académiques et un fort intérêt pour le business, qui t'orientent naturellement vers un bac techno. À 18 ans, ton bac en poche, tu quittes le nid familial, en route pour Nantes, où tu t'inscris en BTS. Tu vises ensuite une carrière dans les vins et spiritueux, et tu intègres l'INSEC à Paris pour te spécialiser dans ce domaine. Tu fais des stages dans des boîtes prestigieuses, comme LVMH, mais ton tempérament libre et extraverti se heurte aux environnements rigides et procéduriers, qui sont aux antipodes. de ta personnalité, toi l'électron libre, tu te dis, le marketing et le luxe, plus jamais. Tes études terminées, tu cherches un boulot en dehors du secteur du vin, une opportunité chez Michael Page t'ouvre la porte du monde du recrutement, une mission difficile mais ultra formatrice qui te convient bien à tel point que tu es nommé meilleur commercial France dès ta première année. Malgré ce succès, tu te débats avec le sentiment de ne pas être à ta place et tu luttes pour trouver ton identité. En 2017, à 23 ans, tu fais ton coming out. D'abord par le biais d'un message écrit à tes parents, puis à tout ton entourage, brisant enfin les chaînes qui t'empêchaient d'être toi-même. Tu changes ensuite de secteur pour rejoindre l'immobilier de luxe chez Espaces Atypiques, mais l'excès administratif te pousse à retourner dans le recrutement tech en freelance cette fois-ci. Et avec la reprise de la tech, des startups comme Spendesk et Hublot te font confiance et ton expertise en acquisition de talents grandit. Mais l'électron libre vit toujours en toi, et pendant la pandémie de Covid-19, tu prends la parole sur les réseaux sociaux pour dénoncer les pratiques obsolètes du recrutement. Ton franc-parler et tes idées nouvelles te propulsent en tant que top voice sur LinkedIn, accumulant des milliers d'abonnés et te donnant une vraie légitimité dans ton secteur. Aujourd'hui, tu réfléchis à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Dans quelques semaines, tu t'envoles pour Barcelone, espérant y trouver un rythme de vie plus harmonieux, en alignement avec tes valeurs et tes aspirations personnelles. Pierre, ton parcours est un témoignage puissant de résilience, de courage et d'authenticité. Je suis ravi de t'avoir avec nous aujourd'hui pour partager ton histoire et inspirer nos auditrices et nos auditeurs. Bienvenue sur le chemin, Pierre.
- Pierre
Merci pour ce récap et cette présentation. C'est flatteur, mais c'est aussi, je pense, certains reflets. On ne dit pas tout. Il y a pas mal de choses qui sont un peu moins roses, mais en tout cas, beau récap.
- Thierry
Ok, ben écoute, justement, moi j'avais envie de te faire réagir sur ce récap, sur ce portrait, sur ce chemin. Qu'est-ce que ça évoque pour toi ? Qu'est-ce que tu ressens quand on le reparcourt ce chemin ?
- Pierre
Ben, je me dis que si j'avais su tout ce qui allait m'attendre, j'aurais certainement fait certaines choses différemment. Et ça me rappelle à des souvenirs pas forcément toujours heureux. Mais je me dis que je suis quand même assez fier de ce que j'ai établi et je suis à l'aise aujourd'hui dans mes baskets. Et quand je revois un peu mon parcours, ça me rappelle aussi pas mal de moments de doute, de douleur, de réflexion. Et là, le sentiment d'un accomplissement, en tout cas, même si j'ai encore beaucoup de choses à faire.
- Thierry
Il y a une première question que j'ai envie de te poser quand on regarde ton parcours, les thèmes qui jalonnent ton chemin, c'est l'indépendance d'esprit, le rejet de l'autorité, l'envie de toujours questionner un peu le status quo. Bref, est-ce que l'électron libre vit toujours en toi ou est-ce qu'il s'est assagi avec les années ?
- Pierre
Je dirais qu'il s'est assagi, mais néanmoins, il est toujours là. C'est juste que je suis un peu moins révolté que je l'étais par le passé. Peut-être parce que j'ai trouvé aussi une forme d'apaisement avec moi-même, mais néanmoins, je resterai quand même un électron libre. Et je dirais qu'aujourd'hui, j'ai un environnement, par exemple, de travail qui me permet d'être davantage moi-même. Je suis convaincu que si j'étais dans des environnements plus stricts, je serais toujours le même... électron libre révolté en réalité.
- Thierry
D'accord, donc l'environnement compte beaucoup ?
- Pierre
Évidemment, il compte énormément. En réalité, moi demain, si on me mettait dans un environnement très structuré, avec beaucoup de règles, beaucoup d'administratifs, beaucoup de rigidité, je pense que j'aurais toujours les mêmes réactions et j'aurais envie de faire péter toutes ces barrières.
- Thierry
Alors tu sais, ce podcast traite de la transformation et malgré ton jeune âge, ton parcours en est riche de ces transformations. Est-ce que donc tu peux partager avec nous comment toi tu as pris conscience de ton potentiel de transformation ? À quel moment c'est arrivé ? Dans quelles circonstances ? Et aussi la manière dont tu as procédé finalement pour trouver ton chemin. Est-ce que c'était une trouvaille, je dirais peut-être une rencontre inopinée ou est-ce que c'est quelque chose que tu as vraiment travaillé, calculé ?
- Pierre
Alors j'ai rien calculé, je dirais que j'ai... C'est le fruit d'une longue réflexion et c'est le fruit d'une longue lutte avec moi-même, puisque du coup, il y avait ce sentiment d'être déjà des gamins, en fait, d'être différents à plusieurs égards, déjà par le tempérament hyperactif qui, du coup, ne collait pas vraiment aux cases et aux normes et aux attentes de la société, mais du coup, des parents, des professeurs, etc. Donc là, ça a été déjà l'un des points de réflexion. Et je dirais que le deuxième point évidemment qui a forgé mon chemin, c'est l'acceptation. D'abord la lutte contre mon orientation sexuelle, puis l'acceptation finalement et le fait d'en parler ouvertement. Donc en fait, toutes ces années, c'est le fruit d'une réflexion intime. Et je dirais que j'ai fini par exploser en réalité en 2020, c'était qu'elle est 2017 en réalité, quand j'ai fait mon coming out. Et après, évidemment, il y a eu tout ce chemin de réflexion sur mon parcours professionnel. Et aujourd'hui, je suis toujours dans la réflexion et je pense qu'en réalité, on l'est tous, les auditeurs qui nous écoutent, toi et n'importe qui d'autre, se comprendre et s'apprécier et s'aimer soi-même. Je pense que c'est un peu, alors certains y arrivent plus tôt, mais c'est un peu le travail d'une vie.
- Thierry
Comment cette transformation a été rendue nécessaire à un moment donné ? Tu as dit donc ce coming out est intervenu, j'imagine qu'il n'est pas intervenu... Par hasard en fait.
- Pierre
Il n'est pas du tout intervenu par hasard. En fait, j'ai très vite compris que je n'étais pas hétérosexuel. Et du coup, je me suis forgé une identité d'hétérosexuel. Donc, je faisais tout pour que s'il y avait de la féminité, ça ne se voit pas. Même dans l'attentation de ma voix, j'étais dans le contrôle constant de mes gestes, de mon attitude, de ma posture. Comme un gamin, on me faisait comprendre des trucs tout bêtes. Moi j'aimais bien jouer à la Barbie quand j'étais gosse, on m'a fait comprendre que c'était pas bien. Alors que pourtant je suis issu d'une famille avec des gens très ouverts. Mais en réalité je pense qu'à l'époque avoir un gamin qui joue à la poupée, c'est pas ce qu'on attendait et c'est pas l'image qu'on voulait avoir de son fils. Et très vite du coup je me suis adapté à ce qu'on voulait de moi. Arrivé au collège et au lycée, du coup j'avais pas mal de conquêtes féminines. En école de commerce ça a été la même chose. Et en fait, c'était un peu mon propre piège finalement, parce que sortir de cette image un peu de donjouant, si j'ose dire, avec des relations, même des relations longues. D'ailleurs, l'une de mes plus longues relations, c'est trois ans et c'est avec une femme. En sortir, ça a été très dur parce que du coup, je m'étais moi-même un peu convaincu du mensonge. Mais ça ne m'empêchait pas non plus, en réalité, au fond, de me dire le soir en me couchant, t'as un problème, t'es gay. Mais je ne voulais pas l'accepter. Le lendemain, je me disais... J'espère que demain, tu seras sur une autre voie et que tu vas rentrer dans les cases. Et en fait, non. Et au fait, au bout d'un moment, c'était plus tenable. C'était plus tenable. Et en fait, ce qui m'a poussé, c'est que je suis tombé en dépression à force de torture un peu d'esprit, torture mentale. Et je me suis dit, en fait, tu ne vas pas avoir beaucoup d'options. Parce que là, vu comment t'es, tu as plusieurs choix. Mais soit tu sors du placard, soit en fait, tu vas finir par te suicider. Ou alors, tu vas continuer à le garder pour toi et puis tu vas choper une maladie, un cancer qui va sortir parce qu'en fait, c'est un peu une gangrène. C'est un truc qui pourrissait de l'intérieur et cette torture et cette gymnastique mentale, c'était plus du tout viable en fait. Et au bout d'un moment, je me suis dit, je ne vais pas être heureux.
- Thierry
C'est une nécessité vitale.
- Pierre
C'était une nécessité vitale. J'avais plus le choix. J'arrivais plus.
- Thierry
Et comment tu as procédé justement pour passer à cette prochaine étape ?
- Pierre
Alors, l'étape, ça a été, je me suis dit, comment je vais faire ? Comment je vais le dire ? J'étais tétanisé à l'idée d'en parler. Et je me suis dit, de toute façon, je n'aurai pas la force, je pense, d'en parler en face. Il n'y a pas de bonne façon, je pense, de le faire. Chacun est libre de faire comme il l'entend. Moi, en tout cas, ma voix, c'était l'écrit. Et du coup, je leur ai fait un message à ma famille. Donc, groupé, mes parents, ma sœur, mon frère. Et je l'ai envoyé, j'ai attendu la réponse. Et c'était long. Et finalement, c'est très bien passé. La réponse a été... En fait, chez mes parents, ce que ça a provoqué, c'est de la tristesse, en réalité, parce qu'ils n'avaient pas saisi à quel point je pouvais être malheureux. Ils se sentaient coupables de ne pas l'avoir vu plus tôt. Et en réalité, moi, je ne leur en veux pas parce qu'en fait, j'ai tout fait pour que ça ne se voit pas. Donc du coup, ils ne pouvaient pas se douter de tout ça. Je pense que j'avais bien travaillé mon rôle. Donc j'étais dans de l'acting constant. Et du coup... Moi, j'étais soulagé en réalité en face aussi parce que je savais que j'avais pu me cacher auprès d'eux et j'allais enfin pouvoir être moi-même. Donc, ça m'a libéré. Mais après, il y a eu tout un travail d'acceptation aussi, puisque même si j'avais fait ce pas-là de dire qui je suis vraiment en termes d'orientation, en tout cas. Après ça, il faut construire une image qui révélait sa propre image et c'était pas un réflexe naturel pour moi puisque j'avais pas... J'avais jamais vécu ça avant et j'ai dû un peu reconstruire le schéma de relation et de moi avec moi et de moi avec ma famille, mon entourage. J'ai tout fait d'un coup.
- Thierry
Dans mon autre personnage quoi.
- Pierre
Voilà, dans mon autre personnage. J'ai tout fait d'un coup, j'ai fait mes amis dans la foulée aussi. Et je me suis dit, j'ai pas envie de devoir faire cet exercice 36 fois. Donc je me suis dit, tant qu'à faire, si on saute, on y va et on balance l'info. Et terminado pipo, je veux avancer.
- Thierry
Et dans quelle mesure aujourd'hui tu as le sentiment d'être plus aligné avec toi-même et d'être plus retrouvé ?
- Pierre
Déjà, j'ai pu vivre de vraies relations. Et donc, évidemment, ça veut dire beaucoup plus d'alignement et de bonheur derrière. Je suis beaucoup moins angoissé, beaucoup moins stressé. La question ne se pose même plus. En fait, ça m'a libéré. Après, on a tous nos démons. Donc, j'ai d'autres démons à côté. Mais en tout cas, je suis aligné avec mon identité sexuelle et je n'ai aucun problème à en parler. Ça a été long, même quelques années après mon coming out. C'était toujours compliqué. Je ne suis pas venu sur le sujet encore du professionnel, mais ça a été compliqué à bien des égards. Aujourd'hui, je n'ai aucun problème d'en parler. Au contraire, d'ailleurs, je me sers un peu de ma visibilité sur LinkedIn pour sensibiliser à certains sujets qui me sont chers. Et c'est sûrement aussi des messages que j'aurais aimé lire à l'époque. potentiellement pour me rassurer, mais aussi pour m'encourager.
- Thierry
Bien sûr. Et justement, peut-être avec le recul, est-ce qu'il y a des choses que tu ferais différemment ou dans la perspective de pouvoir conseiller ceux qui sont dans cette situation et qui n'ont pas encore fait leur coming out ? Est-ce que toi, tu aurais des choses à leur proposer ou des choses que tu ferais différemment ?
- Pierre
C'est très difficile parce qu'en fait, c'est vraiment un cheminement personnel. Et en fait, moi, le meilleur conseil que j'ai à donner, évidemment, c'est aimez-vous, n'ayez pas peur. Il y a plein d'associations, il y a plein de gens qui sont finalement bienveillants. Tout dépend aussi du contexte familial, mettez-vous pas en danger non plus si vous n'avez pas les moyens et les ressources financières. J'ai des gens dans mon entourage qui se sont fait sortir par les parents parce que gays. Et ça, ça détruit des personnes. Donc voilà, soyez vigilants sur le momentum. Évaluez si vous pouvez la réaction en amont. de vos parents, c'est que c'est compliqué en réalité parce qu'en fait c'est tellement personnel en fait et c'est tellement lié au contexte de chacun que donner des conseils c'est un peu complexe mais après moi je dirais essayer de sortir du placard le plus tôt possible dans les meilleures conditions et éviter de s'inventer un personnage parce qu'en fait c'est un piège et je dirais aussi plus on attend plus dur c'est et moi c'est vrai qu'à un moment je me suis dit mais en fait si tu le dis pas tu vas te pourrir la tête Mais ça va ressortir sur ton corps un jour. Et je me suis dit, je n'ai pas envie de me taper un cancer en réalité. Donc moi, ça a été un peu aussi un des déclics. Et je me suis aussi dit, après avoir eu des idées noires, tu ne peux pas arrêter de vivre pour ça. Il y a trop de belles choses à accomplir. La vie, c'est quelque chose de beau. Comme dirait Dormeson, c'est une vallée de larmes et c'est aussi une vallée de roses. Et du coup, ça, il ne faut pas l'oublier.
- Thierry
Est-ce que tu peux nous parler peut-être de rituels, d'habitudes ou d'influences, même de rencontres que tu as eues sur ton chemin et qui t'ont accompagné pour t'aider à devenir qui tu es aujourd'hui ou dans cette transformation que tu as vécue ou ces transformations que tu as vécues ?
- Pierre
Je pense que l'une des premières rencontres qui m'a aidé dans ce chemin-là, ça a été mon premier copain du coup. Ce que je n'ai pas précisé, c'est que quand j'ai... Enfin assumer qui j'étais c'est aussi parce que j'étais avec lui mais que j'assumais absolument pas du tout. Pour moi c'était même pas, je voulais pas mettre de mots sur la relation. C'était, il y avait pas de mots quoi. Et au bout d'un moment, j'ai compris que j'allais le perdre puisqu'il me l'a fait comprendre en réalité. Mais il a été patient et il m'a aidé, je pense. Il m'a aidé parce qu'il a été patient. Il m'a aussi aidé parce qu'il m'a un peu bousculé à un moment donné. Parce qu'à force d'être patient, on finit aussi par se lasser. Et quand j'ai eu aussi le déclic de me dire Bon, tu déconnes en fait, tu respectes même pas cette personne en réalité parce que tu lui accordes du temps quand t'as envie de lui en accorder, mais en réalité... C'est pas respectueux de pas mettre un mot sur la relation, ça c'est une première chose, mais aussi de lui faire rencontrer ton entourage. On ne peut rien construire quand on est dans une relation cachée. Ça c'est l'une des premières personnes qui m'a aidé dans mon cheminement. Je dirais aussi, ma famille m'a aidé en réalité. Mais une fois qu'ils l'ont su, ils ne pouvaient pas m'aider avant de toute façon. Ils m'ont aidé à relativiser, ils m'ont aidé parce qu'ils ont accueilli à bras ouverts mon copain d'époque, et mes grands-parents aussi ont fait ça d'ailleurs. Donc oui, je dirais mes parents, mon premier copain, sont des gens qui m'ont aidé dans ma transformation. Après, là on parle vraiment du coming out. Si je devais parler d'autres personnes, il y a évidemment des gens dans le professionnel. Oui,
- Thierry
on peut parler effectivement, élargir à l'ensemble de tes transformations et de savoir quelles sont effectivement peut-être tes influences. Toi aussi. Avec ton expérience, des rituels, des habitudes que tu as pu développer qui t'aident justement dans ce cheminement, dans cette transformation ?
- Pierre
Je dirais que le meilleur rituel pour moi, c'est m'entourer de personnes qui sont relativement sensibles et surtout d'échanger des conversations profondes. Je suis quelqu'un d'assez sociable, donc du coup, je vois toujours du monde très régulièrement. Et ouais, je dirais que c'est ça l'un de mes rituels, c'est de voir mes potes, de profiter avec eux. de pouvoir communiquer mes doutes, mes craintes mais aussi se construire ensemble donc en fait les relations que j'ai avec mes proches sont assez intimes et on se dit tout et même avec mes parents encore aujourd'hui donc moi j'ai pas des rituels de je me lève le matin, je vais faire du yoga et ensuite je vais nager à la piscine, je vais courir je vais bosser, ensuite je me fais de la méditation le midi enfin non, moi en réalité je suis quelqu'un d'assez simple, j'aimerais du coup avoir plus de rituels parce que je n'ai pas encore trouvé l'équilibre. L'un des rituels que je voudrais reprendre, c'est le sport notamment, puisqu'en fait, en lien avec mon tempérament un peu anxieux, mais aussi avec mon hyperactivité, le sport, c'est quelque chose qui va certainement réguler pas mal de choses. Donc, il faut que je m'y remette. Donc, je dirais que là, aujourd'hui, moi, ce que je suis en train de mettre en place, ce ne sont pas des rituels, ce sont des changements de vie. Typiquement, début d'année compliqué, la décision de partir vivre à Barcelone, ce n'est pas un rituel, c'est une transformation, un virage que je prends. pas pour avoir une vie plus simple, mais plus douce.
- Thierry
Peut-être qu'on peut faire une petite parenthèse là-dessus. Comment c'est arrivé ? Pourquoi tu as envisagé de faire cette transformation-là et carrément de t'extraire de ton pays natal pour rejoindre l'Espagne ?
- Pierre
L'Espagne, ça fait longtemps que j'en avais envie. Je me suis toujours dit que ce serait un projet de vie à deux. Et en réalité, l'été dernier, je me suis séparé de mon ex. On est restés très potes, on s'entend très très très bien, il vient me voir cet été trois semaines à Barcelone, sans ambiguïté aucune, on est devenus vraiment très amis. Et donc l'année dernière je me sépare et là je me suis un peu engouffré dans le travail. C'était un peu le réflexe de bosser comme un zinzin, certainement un peu une fuite en avant, une façon de ne pas penser à son perso, un contexte d'équipe un peu particulier avec aussi des difficultés personnelles au sein de l'équipe et du coup des gens qui étaient un peu moins présents, donc j'ai pris aussi le relais et une charge de travail supplémentaire. Je suis arrivé en décembre complètement cramé, je vais pas mentir, je suis parti en vacances au Mexique en me disant trois semaines ça va suffire. La réalité c'est que pas du tout. Et d'autre part en plus le Mexique ça a été pas mal d'aventures et surtout je suis tombé malade. Et ça a duré un long moment puisque j'ai commencé à aller mieux au mois de février. Entre temps j'avais signé mon CDI chez Hublot, ça fait un petit moment maintenant que je travaille chez eux, mais là je m'étais engagé sur du long terme avec eux en CDI. Du coup, je m'étais dit, la suite logique, c'est d'acheter un appartement à Paris. Du coup, je me suis lancé comme un taré, là aussi, dans la recherche d'appartements. Très vite, j'ai trouvé l'appartement. J'ai fait une offre, je suis rentré dans mon délai de réflexion. Et dans ce délai de réflexion, je suis à nouveau tombé malade. Je ne sais pas si c'est le corps qui essaie de me dire un truc. Et ça a été un long process pour trouver ce que j'avais. En réalité, c'est un truc tout con, mais on a suspecté un lymphome. Du coup, il y a eu... des analyses sur analyse, des rendez-vous, des examens chez l'hématologue et compagnie. Et donc dans ce délai de réflexion, à un moment donné, je me suis dit, mais si c'est un lymphome, je ne vais pas me faire un achat immobilier, gérer des travaux alors que si ça se trouve, je serai sous chimio, c'est hors de question. Et du coup, j'ai laissé tomber le projet, je me suis désisté. Et j'ai profité aussi de cette période où j'étais donc en arrêt maladie pour réfléchir. Et je me suis dit, mais en fait... Est-ce que tu te vois vraiment à Paris dans les prochaines années ? Je me suis dit non, j'en ai pas vraiment envie en réalité. Je vais pas me mettre un poids financier au pied alors que j'ai certainement envie d'autre chose. Et je me suis dit si en plus de ça les nouvelles sont bonnes, au bout du compte, il y a une chose dont j'ai vraiment envie, c'est de me casser et d'aller vivre à Barcelone. Et je me suis dit de toute façon, attendre d'être avec quelqu'un pour le faire, c'est aussi une barrière. Et je pense qu'il n'y a pas de bon moment. Le bon moment, c'est quand on décide et quand on décide de sauter, là encore. Et du coup, dès que j'ai repris le travail, le premier jour, j'ai annoncé ça à ma responsable. Pour lui dire, voilà, écoute, je t'explique un peu le cheminement. Moi, j'ai envie de rester chez vous. Par contre, j'ai envie de quitter Paris. Et donc, ça serait intéressant de voir s'il y a des possibilités d'avancer ensemble. Sinon, je partirais quand même.
- Thierry
Comment ça a été accueilli alors ?
- Pierre
Ça a été accueilli de façon assez positive. Ils ont bien pris la nouvelle. J'ai aussi demandé à parler en personne et annoncer directement la chose à nos cofondateurs. Ça me tenait à cœur de le faire de vive voix, qu'ils comprennent aussi le cheminement. Et en fait, trop cool, parce qu'ils m'ont accompagné et qu'ils m'ont dit, nous, on a envie de continuer à collaborer avec toi. Et si tu veux aller à Barcelone, on trouvera des solutions. Donc,
- Thierry
top.
- Pierre
Alignement des planètes, finalement.
- Thierry
Soit comment tu gères les moments de doute ? On a vu que dans ton chemin, il y a eu certainement beaucoup de doutes, beaucoup d'incertitudes. Comment t'es amené à les gérer ? Peut-être que c'était aussi lié à des critiques ou des jugements que tu as pu recevoir. Comment t'as adressé ça sur ton chemin de transformation, ces périodes de doutes et d'incertitudes ?
- Pierre
Alors... J'ai pas mal lu des bouquins de développement personnel. J'ai regardé pas mal de vidéos. Je consomme pas mal de contenu. Donc du coup, quand j'ai des doutes ou des interrogations, je vais toujours chercher des gens qui ont vécu la même chose.
- Thierry
Il y en a un qui te vient à l'esprit, qui a vraiment été transformatif pour toi ?
- Pierre
Non, il n'y a pas eu vraiment de choses transformatives. À ce point-là, c'est juste l'accumulation des contenus, je dirais. C'est peut-être aussi des reportages, des reportages par exemple sur le coming out, il y en a un paquet. Ça, ça m'a aidé. C'est aussi m'entourer. Alors moi, je n'avais pas de potes gays, j'en avais qu'un seul. J'avais une béquille grâce à lui. Et du coup, quand j'avais des vraies périodes de doute, je suis quelqu'un du coup, j'ai besoin de me nourrir des gens, de me nourrir de contenu, mais des gens aussi. Donc je suis quelqu'un qui prend mon téléphone, j'appelle ou on se voit. Et inversement, les gens se confient pas mal à moi aussi. D'ailleurs, je pense de meilleurs conseils, on l'est tous, bon conseil pour les autres, pas forcément pour soi.
- Thierry
Toi, avec le recul, quel impact tu dirais que ces transformations que tu as vécues ont eu sur toi-même, mais aussi sur les autres ?
- Pierre
Alors, sur moi-même et sur les autres, je dirais que ça a renforcé mes relations, ça a créé de l'authenticité dans mes relations également. J'avais peur d'être vu comme, c'est débile, mais j'avais peur d'être vu comme la tarlouze. J'avais peur qu'on se dise, Pierre c'est le gay, ça m'est arrivé d'ailleurs dans mes expériences professionnelles d'être catalogué comme ça. Mais en réalité je pense que ce que ça a provoqué c'est plus d'authenticité dans mes relations, un meilleur évidemment alignement avec moi-même, plus d'épanouissement, un sentiment de liberté.
- Thierry
C'est déjà pas mal.
- Pierre
C'est pas mal. Ouais. Et de la détermination. D'accord.
- Thierry
Donc ça c'est plutôt pour toi et pour les autres en fait, comment tu vois ton impact en fait de cette transformation sur ton environnement, sur ton écosystème ?
- Pierre
Sur mon écosystème, je dirais que cette transformation ça a apporté aussi de la fierté, en tout cas à mon entourage. Ouais, je dirais que ça a apporté de la fierté, je dirais ça.
- Thierry
Fierté de ton côté ou plutôt de celui de ton entourage ?
- Pierre
Celui de mon entourage.
- Thierry
D'accord, comment elle se manifeste en fait cette fierté ?
- Pierre
Tu vois, quand mes parents, enfin on n'en parle plus trop, mais je sais qu'ils ont été très fiers finalement de voir... Comment j'ai réussi à m'épanouir derrière, de me voir heureux aussi. Et du coup, ça leur a apporté de la fierté, mais aussi du bonheur, je pense.
- Thierry
Mais c'est super de se dire que notre transformation qui nous rapproche de nous-mêmes, qui nous met en meilleur alignement, a aussi un impact incroyable sur notre environnement parce qu'ils sont heureux de nous voir venir. Et ça contribue à leur propre alignement. Donc, c'est vraiment un cercle vertueux.
- Pierre
Hyper vertueux. Même là, le fait que je m'en aille à Barcelone, ça rend aussi fier mes darons. Parce qu'ils se disent, c'est bien, ils foncent, ils vont, ils sont courageux. Bon, ça va, ce n'est pas l'autre bout du monde, mais ils vont tout seuls. Et puis, le fait, pour être encore plus aligné aussi avec lui-même, on verra, je teste. Est-ce que ça va me plaire ? On verra, ça sera peut-être un autre épisode. Mais oui, ça leur apporte du bonheur.
- Thierry
On en a déjà un petit peu parlé, mais quel conseil toi t'aurais à donner à quelqu'un qui cherche à entamer son propre chemin de transformation personnelle, pas uniquement sur l'aspect effectivement de coming out qu'on a évoqué ensemble, et merci de l'avoir fait avec autant d'ouverture et d'authenticité. Mais voilà, toi, est-ce que tu as des conseils que tu donnerais à des gens qui sont sur le départ de leur transformation ?
- Pierre
Je dirais qu'il n'y a pas de transformation sans sacrifice, donc ça il faut l'avoir en tête, il faut l'accepter. Il n'y a pas de transformation qui se fait aussi, potentiellement sans douleur. Ça dépend des transformations, mais ce n'est pas facile. Mais il faut relativiser parce qu'en fait, on passe tous par là. Et du coup, je dirais qu'il faut aussi accepter ces émotions. Parce que la transformation, ça fait peur. C'est un peu l'inconnu. Mais en réalité, c'est souvent nécessaire. Et du coup, à mon sens, il faut accepter le fait d'être pas bien, le fait d'avoir peur. Il faut éviter de réprimander ces émotions parce que c'est en les acceptant qu'on va avancer mieux. Je pense qu'il faut aussi être réaliste. Il ne faut pas vouloir, je ne sais pas des gens, mais tout changer d'un coup sans avoir trop réfléchi au sujet. Ça peut accentuer le sentiment de peur, d'anxiété, de stress. J'irais qu'il faut aussi, à un moment donné, trouver le juste équilibre entre je saute, ou j'y vais avec trop de prudence. Il faut, à un moment donné aussi, il faut se faire un peu violence. Donc, c'est une question de trouver la balance. Mais ouais, je pense que ça résume assez bien ce que je pense et ce que je pourrais donner comme conseil.
- Thierry
On arrive presque à la fin de notre conversation, Pierre. Est-ce que toi, tu as une idée de à quoi ressemble la suite du chemin ? Est-ce que tu l'as imaginée ? Est-ce que tu l'as envisagée ?
- Pierre
Alors, la suite du chemin, si je fais le chemin idéal, bon, il va y avoir des hauts et des bas. Parce que des moments, je vais me dire, puis qu'est-ce que t'as fait ? T'es solo là ? Mais les hauts, ça va être aussi justement un des alignements que j'aimerais trouver, c'est être moins dépendant des autres. Et du coup, je pense que c'est important d'être bien soi-même, avec soi-même, seul, de vivre un peu plus dans la solitude. Je le fais beaucoup plus qu'avant. Donc l'idée, c'est que je pense que dans les prochaines années, pour moi, dans l'idéal, ça serait... de trouver un meilleur équilibre entre la vie sociale, les sorties, le travail, du coup garder plus de temps pour moi. C'est hyper important je pense de s'aimer et du coup s'aimer ça veut pas dire se trouver le plus beau du monde, pas du tout. Mais s'aimer c'est se respecter, c'est prendre du temps, c'est prendre soin de son corps finalement, parce qu'en fait la seule personne avec laquelle on passe le plus de temps c'est soi-même, donc c'est hyper important de se soigner. par le corps, par l'esprit, par un rythme de vie qui est sain, de s'écouter et de ne pas faire des choses qu'on n'a pas envie de faire. Donc je dirais que je pense que je vais tendre de plus en plus à ça. Et du coup, dans l'idéal, dans les dix prochaines années, une vie heureuse à Barcelone, des allers-retours à Paris, peut-être une relation stable, idéalement, peut-être un projet d'adoption, voilà.
- Thierry
C'est déjà beaucoup. Et il y a quelque chose que tu as mentionné qui est, pour un extraverti comme toi et quelqu'un qui se nourrit de la relation aux autres, tu as pourtant compris que c'était nécessaire de te retrouver aussi toi-même et d'être parfois dans ces moments de solitude. Comment c'était arrivé ça en fait ? Comment tu as eu cette réalisation ?
- Pierre
Cette réalisation, je l'ai eue en flashback sur mon rythme en réalité parce que je voyais mes semaines, tous les soirs j'avais des trucs. La conséquence a été aussi un épuisement. Je pense que j'étais pas loin du burn-out et je me suis dit tu fonces droit dans le mur là. Si tu prends pas plus de recul et de hauteur, si tu te stabilises pas un peu sur ton rythme de vie, là aussi ça va mal finir, tu vas finir avec un AVC à 40 berges. Donc je me suis dit faut que tu te calmes et d'autre part c'est par exemple, historiquement dès que j'étais célibataire, tout de suite je cherchais à me remettre en couple. J'étais pas à l'aise tout seul, aujourd'hui je suis super bien tout seul, ça veut pas dire que j'ai pas envie de me remettre avec quelqu'un. Mais voilà, c'est un peu se regarder dans le miroir et se dire à un moment donné, tu te poses, tu te regardes, tu te dis mais c'est quoi ce rythme ? Faut doser là. Doser, et mon entourage m'a fait prendre conscience aussi de pas mal de trucs. J'étais tête baissée, je fonçais, je travaillais. énormément, je travaille toujours beaucoup mais je pense que ça changera pas trop je vais réduire la voilure quand même mais je travaillais trop par le passé c'était un peu n'importe quoi voilà donc sortir la tête du guidon, se relever se regarder, écouter les proches souvent quand ils te disent oula Pierre t'es toujours en train de bosser, t'es toujours hyper speed tu prends jamais de temps pour toi du coup ouais je pense qu'il était temps pour moi justement d'écouter ce qui se disait et de m'écouter aussi.
- Thierry
Est-ce que tu souhaites toi partager une information ou un sujet qu'on n'aurait pas abordé, qui te tient à cœur, ou nous parler de ton actualité peut-être, personnelle ou professionnelle ?
- Pierre
On a parlé du coming out, on n'en a pas trop parlé dans le milieu professionnel. Moi, quand j'ai fait mon coming out dans le milieu professionnel, on me disait, pourquoi ce besoin ? Et pourquoi se justifier ? En fait, les gens ne se rendent pas compte. Donc moi, ce que je veux juste, c'est sensibiliser. à ce qui semble être la normalité. C'est-à-dire qu'en fait, aujourd'hui, on vit dans une société hétéronormée. Moi, typiquement, quand je suis arrivé dans ma première boîte en CDI, dans une équipe de commerciaux des sales, c'était des blagues un peu graveleuses, sur les femmes notamment. Et moi, parce que j'étais dans cette équipe-là, dès qu'il y avait des moments off, des vers d'équipe, des trucs un peu lourdingues, Ouais, Pierre, et toi, qu'est-ce que tu penses de cette nana ? etc. Et on tombe très facilement dans ces trucs-là. On considère en fait que t'es un homme, du coup t'es hétéro. Et en fait, ça crée le sentiment derrière. Moi, j'ai eu l'impression de devoir faire mon coming out plein de fois. Et du coup, je dirais que c'est très particulier dans le milieu professionnel. Et juste faire attention à ne pas considérer que l'hétérosexualité est quelque chose de classique.
- Thierry
Donc... Dans l'esprit d'une plus grande inclusion et de diversité sur nos lieux de travail, quel conseil tu aurais à donner à chacun d'entre nous pour être plus inclusif et d'accepter mieux cette diversité ?
- Pierre
Déjà, c'est est-ce qu'on a envie d'en parler nous ou pas ? Je pense qu'il faut respecter ça. Et quand on pose des questions, admettre qu'il y a plusieurs options. Donc, ce n'est pas forcément dire, et toi, tu as une telle copine. Ça sous-entend qu'évidemment, du coup, non, c'est plutôt est-ce que tu as quelqu'un ? Si jamais on en arrive à ce niveau de conversation. Et par ailleurs, c'est si la personne vous confie sa vie privée et qu'elle vous demande, par exemple, de respecter son intimité. S'il y a un lien de confiance qui se crée, c'est d'éviter les ragots, d'éviter d'aller le balancer à droite à gauche et aussi potentiellement de recadrer certaines fois des blagues qui peuvent être un peu déplacées. En fait, de ne pas laisser des débordements se normaliser.
- Thierry
Merci pour ce témoignage. Ce n'est pas tout à fait fini parce que, peut-être que tu le sais, mais dans ce podcast, il y a une tradition que j'appelle les questions mitraillettes. L'idée, c'est de répondre à un maximum de questions en moins de deux minutes. Est-ce que tu es prêt ? Allez, c'est parti. Qu'est-ce que tu lis comme livre en ce moment ?
- Pierre
Rien.
- Thierry
Est-ce qu'il y a néanmoins un livre qui t'a particulièrement marqué ou influencé dans ta vie ?
- Pierre
Je pense trop. Je crois qu'il s'appelle comme ça. Je pense trop.
- Thierry
Est-ce qu'il y a une musique que tu écoutes en boucle en ce moment ?
- Pierre
Ouais, c'est une musique de Ed Sheeran. Je ne me souviens plus du titre. L'une de ses dernières.
- Thierry
Quelle est la personne qui t'inspire le plus ?
- Pierre
Ma mère.
- Thierry
Que voulais-tu faire quand tu étais petit ?
- Pierre
Dessinateur.
- Thierry
Quel talent aimerais-tu avoir ?
- Pierre
Le chant.
- Thierry
Quelle est ta plus grande force ?
- Pierre
Ma détermination.
- Thierry
Qu'est-ce qui te donne le plus d'énergie ?
- Pierre
Les potes.
- Thierry
Quel est le meilleur conseil qu'on t'ait jamais donné ?
- Pierre
Suis ton instinct.
- Thierry
Quelles sont les trois choses que tu emporterais sur une île déserte ?
- Pierre
Mon chat, mon chien et mon téléphone.
- Thierry
Quel est ton meilleur remède contre le stress ?
- Pierre
La musique.
- Thierry
Qu'est-ce que tu aurais aimé savoir quand tu avais 20 ans ?
- Pierre
Dans 10 ans, tu seras sorti du placard et tu seras heureux.
- Thierry
Qu'est-ce qui t'énerve le plus ?
- Pierre
Le manque d'humilité.
- Thierry
Qu'est-ce qui te donne le plus d'espoir ?
- Pierre
Aucune idée.
- Thierry
Comment aimerais-tu qu'on se souvienne de toi ?
- Pierre
Comme quelqu'un qui mâche pas ses mots, d'authentique.
- Thierry
Quel est le plus beau chemin que tu aies jamais emprunté ?
- Pierre
Je dirais que c'est l'ascension du Mont Batour à Bali.
- Thierry
Qu'est-ce que tu ferais si tu savais que tu ne pouvais pas échouer ?
- Pierre
Je me présenterai au présidentiel.
- Thierry
Qu'est-ce que l'homme d'aujourd'hui aurait envie de dire au petit garçon que tu étais à 10 ans ?
- Pierre
Ça va être dur, mais ça va aller.
- Thierry
Et enfin, qui aimerais-tu entendre à ce micro pour le prochain épisode ?
- Pierre
Ilona. Ilona Huynh. Il faut absolument que tu l'interviewes. En plus, pour le coup, le chemin, c'est vraiment son sujet. Je pense qu'il faut absolument que tu échanges avec elle.
- Thierry
Très envie de la rencontrer. Merci, Pierre, pour ton témoignage authentique et inspirant et bonne installation à Barcelone et bon chemin. Buen camino.
- Speaker #2
Merci d'avoir écouté cet épisode. Avant de me quitter, voici les quelques pépites que je retiens de la conversation avec Pierre. Premièrement, même s'il est difficile de conseiller celles et ceux d'entre nous qui souhaitent faire leur coming out, quelques conseils peuvent néanmoins résonner. Aimez-vous vous-même, n'ayez pas peur et faites-vous aider. Mais surtout, ne vous mettez pas en danger si vous estimez que le moment pour en parler n'est pas idéal. Bref, le faire le plus tôt possible et le faire dans les meilleures conditions. Deuxièmement, pour faciliter nos transformations, sachons nous entourer de personnes sensibles pour nous dire vraiment les choses et avoir avec elles des conversations profondes dans lesquelles nous pouvons partager nos doutes et nos craintes. Troisièmement, il n'y a pas de transformation sans sacrifice et potentiellement sans douleur. Nous passons tous par là. Il faut accepter nos émotions comme la peur de l'inconnu car c'est cette acceptation qui nous permettra d'avancer sur nos chemins de transformation. Quatrièmement, il faut être réaliste. dans le degré d'intensité de nos transformations et ne pas vouloir tout changer d'un coup, mais au contraire, trouver le juste équilibre entre j'y vais d'un coup ou j'y vais avec trop de prudence. Y aller, oui, mais y aller progressivement. Et enfin, pour trouver notre alignement, sachons être bien avec nous-mêmes en nous ménageant des moments de solitude et en nous détachant de notre dépendance aux autres. Nous sommes la personne avec laquelle nous passons le plus de temps, et il est normal que nous prenions soin de nous, de notre corps et de notre esprit, et que nous nous écoutions pour satisfaire nos besoins.
- Thierry
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Mille merci à notre invité pour la qualité de son témoignage. J'espère qu'il vous a permis d'alimenter votre réflexion sur votre propre chemin de transformation. On se retrouve la semaine prochaine avec un autre invité marquant, acteur ou témoin de la transformation. Entre temps, vous pouvez retrouver les épisodes de C'est le chemin qui compte sur toutes les plateformes de podcast. Et si vous avez aimé l'épisode, n'hésitez pas à partager vos avis, laisser des étoiles, à vous abonner et en parler autour de vous et sur les réseaux. Chaque nouvel auditeur est une victoire. A très vite et n'oubliez pas, c'est le chemin qui compte, alors bon chemin.