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Cadavre Exquis

#137︱Dany Brillant : « J’ai toujours été un révolutionnaire, impossible à faire rentrer dans le moule »

#137︱Dany Brillant : « J’ai toujours été un révolutionnaire, impossible à faire rentrer dans le moule »

46min |09/03/2025
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#137︱Dany Brillant : « J’ai toujours été un révolutionnaire, impossible à faire rentrer dans le moule »

#137︱Dany Brillant : « J’ai toujours été un révolutionnaire, impossible à faire rentrer dans le moule »

46min |09/03/2025
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Description

🎙️ Bonjour à tous, vous écoutez Cadavre Exquis, le podcast qui décompose un parcours inspirant. Pour ce nouvel épisode, je reçois un artiste qui fait swinguer la chanson française depuis plus de 30 ans  avec son style rétro et ensoleillé. Après avoir rendu hommage à Aznavour dans un album salué par le public, il revient avec un nouvel opus où il revisite le son festif des années 70, entre nostalgie et énergie dansante. J’ai le plaisir d’accueillir aujourd’hui Dany Brillant.

👉 Dany Brillant - Seventies
Après l'immense succès de son dernier album « Dany chante Aznavour » certifié platine, le crooner préféré des français revisite pour notre plus grand plaisir dans son nouvel opus, le son festif des années 70 dont il signe textes et musiques. « Les années 70 furent pour moi une parenthèse enchantée ».

📚 Références: 

Boris Vian - L'Écume des Jours
Elvis Presley
Arthur Crudup - That's All Right (Mama)
Et Dieu... Créa la Femme (Film)
Charles Aznavour
Dany Brillant - Nouveau Jour (Album)
Dany Brillant - Suzette (Chanson)

Aldous Huxley - Le Meilleur des Mondes (Livre)

Amicalement Votre

Michel Fugain & Le Big Bazar
Zaho De Sagazan
Lettes à un jeune poète de Rainer Maria Rilke
Antoine Duléry

📝 Contacts: 
www.instagram.com/cadavreexquispodcast/

www.facebook.com/cadavreexquispodcast

cadavreexquispodcast@gmail.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est des accidents de l'histoire qui ont fait dévier mon destin, puisque j'ai assisté à l'âge de 11 ans à un concert de Charles. Et c'est vrai que ça a été très révolutionnaire pour moi. Je n'avais jamais vu de concert et j'ai vu des gens qui écoutaient religieusement ses textes, sa voix et sa musique. Et moi, je suis sorti bouleversé de là et je me suis intéressé vraiment à la chanson après ce concert. Je me suis demandé comment un art pouvait provoquer autant de choses. autant d'émotions, autant d'applaudissements, autant de concentration. Et c'est vrai que c'est un art très important.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous. Vous écoutez Cadavrexki, le podcast qui décompose un parcours inspirant. Pour ce nouvel épisode, je reçois un artiste qui fait swinguer la chanson française depuis plus de 30 ans, avec son style rétro et ensoleillé. Après avoir rendu hommage à Aznavour dans un album salué par le public, il revient avec un nouvel opus où il revisite le son festif des années 70, entre nostalgie et énergie dansante. J'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui, Danny Briand. Bonjour Danny. Bonjour. Comment ça va ?

  • Speaker #0

    Très bien.

  • Speaker #1

    Merci de participer à ce podcast qui s'appelle... Cadavrexky et dans lequel je décompose des parcours inspirants. Je suis très content de te recevoir dans mon émission parce que c'est un parcours mine de rien assez consistant maintenant. Plusieurs casquettes et surtout un 13ème album studio depuis 91 avec Seventies. Et là je compte pas les best-of les captations live. Impressionnant quand même.

  • Speaker #0

    J'ai suivi mon chemin ma route, ça s'est fait naturellement et j'ai jamais vraiment... contrôler tout ça, c'est des demandes, des lives, c'est ma maison de disques. Mais je suis content que ça existe finalement un live, c'est une captation d'un instant comme ça qui est précis. Moi c'est pas ce que je préfère, parce que je préfère travailler le son en studio, mais le live on arrive à sentir l'énergie du concert.

  • Speaker #1

    Une belle carrière et on va en parler, je vais revenir non pas au début de ton parcours, mais ton existence vraiment pour planter le décor, pour voir d'où tu viens. Je procède de la même façon avec tous mes invités tout simplement, où est-ce que tu es né et où est-ce que tu as grandi ?

  • Speaker #0

    Alors je suis né en Tunisie, mais je n'ai pas grandi, parce qu'à l'âge d'un an je... Je suis né en France. Je suis arrivé en France, à Saint-Geneve-des-Bois, dans l'Essonne. Et puis, j'ai passé toute mon enfance dans l'Essonne. Et puis après 11 ans, je suis venu à Paris.

  • Speaker #1

    Et il faisait quoi tes parents comme métier quand tu vivais encore sous leur toit ?

  • Speaker #0

    Alors, ma mère ne travaillait pas, elle s'occupait de nous. Et mon père a toujours travaillé dans des supermarchés, des épiceries.

  • Speaker #1

    Il avait une situation bien plus confortable en Tunisie, je crois.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'était son problème. C'est qu'il est passé d'une situation assez... Il était assez gâté, il a été chassé de son pays, il est arrivé en France et il n'a jamais retrouvé quelque chose à la hauteur de ses ambitions.

  • Speaker #1

    Et ta maman, je crois que tu l'avais dit dans une interview, qu'elle était nostalgique de sa vie en Tunisie.

  • Speaker #0

    Bien sûr, parce que c'était une vie de rêve. Il paraît que la Tunisie des années 60, c'était toutes les communautés qui existaient ensemble, les juifs, les arabes, les catholiques, les italiens. Il paraît que tout le monde était très heureux. Tout le monde vivait sous le soleil, avec une espèce d'insouciance et de légèreté que, évidemment, quand ils sont arrivés dans la banlieue, dans la grisaille, ça a été un choc.

  • Speaker #1

    Et tu as ressenti cette tristesse à la maison, j'imagine ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai senti la tristesse. C'est vrai, je l'ai senti. Et j'avais envie de la réparer. Je ne savais pas en faisant quoi, mais c'est vrai, je me suis senti un peu le sauveur de mes parents. Je voulais les aider. J'ai l'impression que j'étais, en fait, les parents, c'était moi le chef de famille. J'ai toujours eu ce sentiment-là.

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup de musique à la maison quand même, des parents mélomanes.

  • Speaker #0

    Mon père, très mélomane, très bon chanteur. Aussi dans ma famille, il y avait des musiciens, des joueurs de lutte, de violon. Il y avait un gène quand même qui traînait dans la famille, un gène musical.

  • Speaker #1

    Et les influences, on peut les citer ou les styles musicaux en tout cas ?

  • Speaker #0

    Lesquels par exemple ?

  • Speaker #1

    Parce que de tes parents ?

  • Speaker #0

    Ça a été la musique orientale en Tunisie, mais ça a été aussi beaucoup la musique italienne. La Tunisie a été très influencée par l'Italie. Il faut dire que la Sicile était à une heure de bateau. Et donc, on a grandi dans une ambiance plus italienne d'ailleurs que française.

  • Speaker #1

    Et quand on t'entend dans tes interviews, tu parles de jazz, de swing, de salsa, de chansons françaises. Et j'ai beaucoup aimé le terme que tu as utilisé, des influences d'après-guerre. Quelqu'un qui a grandi dans les années 70-80, quand est arrivé Paul East, Michael Jackson, Ceyron, presque à contre-courant. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai. J'avais ce goût pour cette musique. En fait, c'est la musique de mon grand-père, si on doit. C'est même pas la musique de mon père. Parce que mon père était un jeune dans les années 60. Mais c'est vrai que j'avais ce goût pour les orchestres du swing, pour les crooners. Je ne sais pas pourquoi, mais voilà, c'est mon goût, c'est tombé sur moi.

  • Speaker #1

    Tu te demandais pourquoi les artistes des années 80, ils ne reprenaient pas de la musique latine, du swing, du boléro ?

  • Speaker #0

    En France, oui, ils ne reprenaient pas. Mais j'ai toujours trouvé que dans l'Angleterre et en Amérique, la tradition était respectée. Il y a toujours eu des crooners. Et je me souviens de plein de groupes comme Kid Kroll et les Uncoconuts, je ne sais pas si vous vous souvenez, ils faisaient de la musique latine. Il y a toujours eu un courant jazz, en tout cas en Amérique, avec Harry Connick Jr. Aujourd'hui, Michael Bublé. C'est juste en France que c'est une musique qui n'est pas tellement représentée. Je ne saurais pas dire pourquoi, puisque moi, je faisais partie d'une bande qui s'appelait les Azous dans les années 80. On était vraiment une bande qui se réunissait dans certains endroits. comme la Nouvelle-Ève, le Baladjo, le Royal Lieu, un endroit qui a été détruit, le Royal Lieu, c'était magnifique. Nous, on adorait le swing, on apprenait à danser, on dansait à deux jusqu'au petit matin. Et donc, voilà, même ces gens-là, parce qu'on était habillés aussi comme dans l'esprit, années 40 et tout ça, même ces gens-là, en fait, j'étais perdu, je ne sais plus où ils sont.

  • Speaker #1

    Je t'en parlais tout à l'heure, tu mentionnes souvent que tu traînais avec des bandes de Zazou.

  • Speaker #0

    Je traînais, oui, plus trop maintenant.

  • Speaker #1

    C'est des bandes de jeunes, c'est un mouvement qui a né pendant l'occupation allemande.

  • Speaker #0

    Ça oui, c'était un mouvement de résistance. Et comme les Allemands avaient interdit tout ce qui venait d'Amérique, ils avaient interdit le jazz. Ils disaient aussi que c'était une musique de nègres et de juifs. Ce qui est vrai, le jazz était essentiellement interprété par des juifs et des noirs. Mais il y avait un petit mouvement en France qui s'appelait les Azous, qui s'habillaient d'une manière assez extravagante. Je ne sais pas si vous avez vu des photos, des coupes de cheveux assez bizarres. C'était un mouvement de résistance en fait, et ils résistaient en faisant des booms. On en parle souvent dans les romans de Boris Vian, comme le ver coquin, le plancton, même dans l'écume des jours, qui écoutait du jazz aussi comme un moyen de résister à l'occupant, puisque évidemment c'était la musique maudite, et les Allemands ne voulaient pas du tout entendre de jazz, ils voulaient surtout de la musique classique. Cette musique-là faisait partie de leurs revendications, et il faut savoir aussi comment les Américains ont délivré la France en cas de réaction. 44-45, ça s'est fait beaucoup au son du jazz. Donc c'était une musique de liberté aussi, de libération.

  • Speaker #1

    Tu parlais d'une musique de noir, et c'était une musique de noir chantée par les Blancs. Alors,

  • Speaker #0

    c'est très spécial le jazz, c'est vrai qu'on peut dire que les Blancs ont volé au noir le jazz pour en faire quelque chose qui sortait de la communauté noire. Bon, mais après, si vous voulez, le rock'n'roll, ça a été l'effet inverse.

  • Speaker #1

    Elvis répondait un peu à tous les critères.

  • Speaker #0

    Voilà, Elvis, c'est le blanc aussi qui chantait comme un noir. Et il a fait d'une musique un peu, on pourrait dire ethnique, une musique populaire et ça a été une musique même plus que populaire mondiale. Puisque le rock, c'est quand même né de la musique noire, du blues, mélangé avec la country, qui est la musique blanche. La musique du sud de l'Amérique.

  • Speaker #1

    Blues qu'il a accéléré.

  • Speaker #0

    Qu'il a accéléré, absolument. Il a accéléré un vieux blues qui s'appelle That's Alright Mama. Un studio que j'ai visité d'ailleurs. Je suis parti là-bas comme en pèlerinage. Ils ont trouvé un son comme ça, par hasard en fait, en accélérant un vieux blues d'Arthur Crullup qui s'appelait That's Alright Mama.

  • Speaker #1

    Et je trouve intéressant de parler de ça parce que ta musique, on parle beaucoup du swing et le jazz et le rock apprend sa source. Du swing justement. Et pourtant c'est un style un peu méconnu je trouve ici.

  • Speaker #0

    Oui, en France, c'est vrai qu'il n'y a pas de courant. Déjà, par exemple, moi, je suis à fond dans cette musique et je ne trouve pas souvent de chanteurs, mais il y en a quand même, parce qu'on peut prendre quelqu'un comme Sansevierino ou Thomas Dutronc, leur musique est quand même basée là-dessus. Mais on n'est pas non plus des centaines, on est un petit noyau.

  • Speaker #1

    On a parlé musique, moi, je voulais parler avec toi d'instruments. Est-ce que tu pratiquais d'un instrument pendant l'adolescence ou quand tu as commencé ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai deux instruments, en fait. C'est le... La guitare et la percussion. J'ai toujours aimé ces deux instruments-là et j'ai souvent joué l'un ou l'autre. D'ailleurs, dans les clubs de jazz où je passais, je jouais l'un ou l'autre.

  • Speaker #1

    Tu as d'ailleurs acheté un combo après avoir vu le film « Éducrez la femme » de Brigitte Bardot.

  • Speaker #0

    J'ai acheté une paire de bongos. Oui, parce que c'est la première fois qu'en France, on voyait une femme se déhancher comme ça dans un film d'une manière torride, sur des rythmes latins. Je ne sais pas si vous avez vu le film dans « Éducrez la femme » . Ça a été vraiment une révélation pour moi, cette musique. La musique latine aussi, comme le jazz.

  • Speaker #1

    Par Sinatra, la révélation du jazz ?

  • Speaker #0

    Je ne peux pas dire ça, mais le jazz, c'est les grands orchestres, c'est Count Basie, c'est Glenn Miller. Sinatra a fait une espèce de variété sur fond jazzy, mais on ne peut pas dire que Sinatra fait du jazz. Je ne le trouve pas, je ne pense pas.

  • Speaker #1

    Autre révélation, c'est ce concert de Charles Aznavour auquel tu assistais à l'Olympia très jeune, par pur hasard, parce que ton père a raté son train et a récupéré sa place.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est des accidents de l'histoire qui ont fait dévier mon destin puisque j'ai assisté à l'âge de 11 ans à un concert de Charles ça a été très révolutionnaire pour moi, je n'avais jamais vu de concert et j'ai vu des gens qui écoutaient religieusement ses textes, sa voix et sa musique et moi je suis sorti bouleversé de là et je me suis intéressé vraiment à la chanson après ce concert je me suis demandé comment un art pouvait provoquer autant d'émotions, autant d'applaudissements autant de... de concentration et c'est vrai que c'est un art très important.

  • Speaker #1

    Sûrement en parallèle au parcours, il y a quelques points de similitude, je trouve. Être à contre-courant, ça crée la marque finalement.

  • Speaker #0

    C'est vrai que Charles, il parlait souvent de ses années difficiles parce que ça n'a pas fonctionné tout de suite. On l'aimait bien comme auteur, mais il avait du mal à se placer en tant que chanteur, en tant qu'interprète, parce qu'il avait une voix un peu voilée, son physique ne correspondait pas au canon de l'époque. Donc il a mis 17 ans de vache maigre.

  • Speaker #1

    impossible aujourd'hui, une carrière comme la sienne.

  • Speaker #0

    C'est impossible, oui, parce qu'il a commencé à avoir du succès vers 37-38 ans. J'ai l'impression que c'est un peu âgé pour un chanteur aujourd'hui. Quoique non, on sait jamais, il n'y a pas de règles. C'est surtout qu'après ça, il a duré des décennies. Il a presque atteint le siècle, quand même.

  • Speaker #1

    Et tu l'as repris récemment avec deux albums qui ont été certifiés Platine. Félicitations. Merci. Joli travail, vraiment. En plus, tu as eu la valse de sa fille, Katia. Et c'était un ami à toi. Pourquoi tu as choisi de... le reprendre parce que c'est ton ami, t'es inspiré t'as pas du tout eu peur de ce défi là ?

  • Speaker #0

    Non j'ai pas eu peur, je l'ai fait avec mon coeur, je l'ai fait comme je t'ai dit comme ma passion est née ce jour là, je me suis dit que c'était la boucle est bouclée, il fallait que je rende hommage à son oeuvre en plus je trouve qu'il y a pas beaucoup de chanteurs qui l'ont fait et en fait je l'ai fait dans une période très spéciale qui est le Covid, donc c'est une période où on avait beaucoup de temps, donc on avait du temps et comme on avait du temps, il n'y a pas que moi qui avais du temps, il y avait beaucoup d'artistes qui avaient du temps donc ce qui fait que tout le métier de la chanson avait du temps. Donc, ils sont venus faire les dios avec moi. Là, ce serait impossible à monter un projet pareil, puisque j'ai eu avec moi Patrick Bruel, Florent Pagny, Obispo,

  • Speaker #1

    enfin,

  • Speaker #0

    Carla Bruni, je ne peux pas tous les citer. Mais voilà, donc le Covid, ça a eu du bon, parce que ça a libéré les plannings, en fait. Donc, j'ai pu faire ce disque, parce qu'il n'y avait pas que moi, évidemment, qui aimait Charles. Toute ma génération était fan de Charles, presque à l'unanimité, je dirais. Donc, on était très contents de partager ce... Cet amour.

  • Speaker #1

    C'était un monument de la chanson française et pourtant, quand il a disparu, certes, il y a eu un hommage aux Invalides, mais c'est vrai qu'on n'en a pas tant parlé que ça. Il n'y a pas eu tant d'hommages que ça. Non,

  • Speaker #0

    mais c'est-à-dire, c'est quand on compare avec Johnny Hallyday. C'est vrai que Johnny Hallyday, c'est vraiment la star française. Et quand il a disparu, évidemment, il y a eu plein d'événements. Mais Charles, on ne se rend pas compte que c'est le chanteur français le plus connu à l'étranger, le plus célébré, avec des tubes, il en a un paquet. de tube. Ce n'est pas un titre, il y en a plein. Il a été repris par plein de chanteurs. Et donc, oui, j'ai trouvé que c'était un peu tiède comme hommage.

  • Speaker #1

    C'était un ami intime à toi ?

  • Speaker #0

    Intime, je ne dirais pas, mais disons que c'était un maître, je dirais, plus qu'ami.

  • Speaker #1

    Il paraît que tu as donné un conseil. Dany, si tu veux durer, il faut d'abord aborder des sujets de société. Chose que tu fais, je trouve, en réécoutant un peu tes albums. Tu fais ça à partir du quatrième, sorti en 99,

  • Speaker #0

    Nouveau Jour. Ah, très juste.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que... Les premiers, c'est un peu les paroles adolescentes. J'ai l'impression que c'est d'ailleurs ce qui est resté pour l'imaginaire collectif. Et qu'à partir de là, tu as vraiment suivi un peu son conseil.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on s'est beaucoup côtoyé à l'âge de mes 30 ans. C'était ma période Havana où j'avais sorti des albums avec mon tube. C'était quand je vois tes yeux. C'est vrai que Charles était bien sûr très sageval sur les textes. Il me dit, tu ne pourras pas tenir si tu fais des chansons comme ça d'adolescent. Il faudra aborder des sujets sérieux. Et je l'ai écouté, et j'ai fait tout un album après, qui s'appelait Nouveau Jour, dont tu parles, qui abordait des sujets de société, comme la chirurgie esthétique, comme le conditionnement, les débuts du formatage, etc. Je l'ai fait, donc j'étais content de le faire. Il n'a pas bien marché. Il n'a pas très bien marché. Donc après, je suis revenu à des choses un peu plus légères. Je me suis dit, les gens, ils aimaient bien ma légèreté chez moi. Et après, à partir de Dolce Vita, c'est là que j'ai trouvé un équilibre. entre la légèreté et la gravité. Et j'ai fait des chansons comme « Tant qu'il y aura des femmes » ou des choses comme ça, qui en même temps sont des chansons de charme, mais en même temps des chansons sociétales, puisque l'avancée des femmes dans la société, c'est très important aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Petite parenthèse, est-ce que tu as vu le film « Monsieur Aznavour » ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, je l'ai vu,

  • Speaker #1

    oui. T'en as pensé quoi ?

  • Speaker #0

    Je l'ai trouvé très bon, parce que comme il a été fait par la famille, il y a dedans des aspects de Charles qu'on ne connaissait pas du grand public, comme par exemple, il a de temps en temps des phases de dépression. Je ne l'avais jamais vu, j'ai trouvé Charles comme quelqu'un de... très centré, très équilibré, très rationnel. Et par moments, même quand sa carrière est à son zénith, on le sent un peu perdre pied. Et je pense que tout ce qui est dans ce film est vrai, puisque sa fille a dû tout superviser, etc. Et c'est intéressant de voir l'envers du décor, sa dualité entre sa grande ambition de vouloir s'en sortir, la rage de gagner, et en même temps la difficulté de s'occuper de sa famille, parce qu'il n'était pas souvent là, etc. Donc il y avait un tiraillement entre sa vie privée. et sa vie professionnelle.

  • Speaker #1

    Je vous invite vraiment à aller voir ce film, on apprend beaucoup de choses. Moi, par exemple, j'ai appris qu'il avait chanté La solitude de l'homosexuel, par exemple. C'est super intéressant. Et une chose sur laquelle je voulais revenir aussi, c'est qu'il t'a écrit un texte. Un texte que tu n'as pas mis en musique dans les deux albums. Je voulais savoir pourquoi.

  • Speaker #0

    Non, je le garde, c'est un texte pour moi. Je n'ai pas envie d'en faire une oeuvre commerciale. C'est un truc que j'ai pour moi. Je n'ai pas envie de... Je trouvais ça un peu, après sa disparition, un peu opportuniste de sortir un texte comme ça. Voilà, regardez, j'ai ma chanson. J'ai préféré reprendre ses anciens succès. Et puis un jour, peut-être, avec l'accord de la famille, peut-être je... Je le chanterai, je verrai, mais pour l'instant, non, je ne le sens pas.

  • Speaker #1

    Pour revenir un petit peu au début de ton parcours, c'est une histoire bien connue. Ta maman voulait faire de toi un médecin. Elle te pensait à la fac. Et toi, tu traînais dans les cabarets, aux Trois-Maiers, où tu as passé cinq ans. Alors pour que les gens s'imaginent, pour les plus jeunes surtout, s'imaginent ce que c'est, c'est un endroit assez intimiste.

  • Speaker #0

    Je connais.

  • Speaker #1

    On est très vite fait dans le sud de la France, on va dire. Ce n'était pas très démocrate,

  • Speaker #0

    vous savez.

  • Speaker #1

    Avec des tables. Et ce que je trouve intéressant, c'est que les gens ne viennent pas pour te voir, mais il faut que tu essaies de les distraire. Et en plus que ça, que tu les choppes.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Les gens sont très très prêts. Aujourd'hui, quand on fait un spectacle ou une télé, les gens sont loin. On les capte, mais ils sont dans un conditionnement avec des lumières, des sièges, il y a tout un truc. Ils sont là pour se concentrer. Mais c'est vrai que dans les clubs, ils ne sont pas très concentrés. Donc l'exercice, c'est d'essayer de capter leur attention. Alors au début, je faisais juste la pause des musiciens, parce qu'il y avait un groupe. 5 minutes, 6 minutes, et puis au fur et à mesure, comme le patron avait vu que j'avais un petit succès, il m'a donné l'espace pendant une heure. Alors pendant une heure, il faut les capter, et des fois c'était dur. Je n'y suis pas toujours arrivé, mais en tout cas, ça a été un apprentissage et une école qui m'a donné des principes de spectacle, puisque vous savez bien que dans ce métier, il n'y a pas d'école. Ça a été mon école, et je suis content d'être passé par là.

  • Speaker #1

    Je trouve intéressant que tu utilises le terme d'apprentissage, c'est ce que j'ai marqué. tu as appris ton métier sans savoir si ça allait marcher tu sentais un feu sacré en toi tu avais ça dans le ventre,

  • Speaker #0

    il fallait que tu tentes ta chance on sait jamais que ça va marcher même les gens qui font des trucs aujourd'hui savent jamais, il n'y a aucune assurance que ça marche, il n'y a aucune sécurité c'est pour ça que bien souvent les parents ont peur quand on leur dit qu'on va embrasser ce genre de profession puisque je n'ai aucune assurance que ça marche un jour, mais que ça marche 10 ans, 20 ans, 30 ans financièrement que je m'en sorte, que je puisse en même temps parallèlement fonder une famille. Non, c'est des métiers à haut risque, c'est des métiers très difficiles. Mais si vous voulez, comme tu dis, quand on a le feu sacré, quand on n'a pas envie de faire autre chose, il faut essayer au moins, il faut se donner un petit laps de temps. Mais je pense qu'il faut pas le faire perdurer beaucoup beaucoup de temps si vraiment il n'y a pas des signes favorables. Parce que bon, après on gâche sa vie.

  • Speaker #1

    5 ans quand même, c'est pas mal.

  • Speaker #0

    5 ans, c'est des études classiques. C'est la licence. Non, c'est la maîtrise.

  • Speaker #1

    En général, quand on se lance dans des domaines artistiques, c'est en général soit pour canaliser une certaine énergie, une certaine hyperactivité, soit pour combattre une timidité. Et toi, je crois que c'était ton cas. Pour te citer, tu te trouvais très laid, même si la beauté, c'est subjectif à l'adolescence, mais surtout, tu étais timide. Tu avais vraiment besoin d'embraser comme ça, un petit peu, de te mettre dans la peau d'un personnage.

  • Speaker #0

    Je vais dire la vérité, je me trouvais très laid. Je ne sais pas si je l'étais. Mais comme je portais des lunettes et que j'étais très très myope, ça ne me donnait pas un look très frais. J'étais avec des grosses lunettes. Le jour où j'ai mis mes lentilles, je me suis dit que je suis pas mal quand même. Mais parce qu'avant, je ne me suis jamais vu. Tu vois ce que je veux dire ? Et je me suis dit que j'ai changé de coupe de cheveux. Et puis, je me suis rectifié mes dents. Parce que j'avais des dents tordues. Et là, j'ai commencé à être pas mal. Enfin, je ne l'étais pas non plus, mais je me suis dit, voilà. Mais si tu veux, c'est mes lunettes, en fait, qui m'ont vu. À travers le prix de mes lunettes, je me suis vu à affreux pendant toute mon adolescence. Et après, si tu veux, le fait de chanter, d'avoir du succès devant les gens, c'est vrai que ça, ça donne une certaine assurance.

  • Speaker #1

    Le succès, il arrive par Suzette. Donc, je vais dire l'histoire pour ne pas que tu n'aies à le faire une dernière fois. Du nom de la mère de Francis Huster, pour les besoins d'un film, on a volé Charlie Spencer. Finalement, la chanson, elle n'est pas retenue. Tu la gardes sous la main. Et tu la sors à nouveau cinq ans plus tard, en 91. Et là, elle devient un succès populaire.

  • Speaker #0

    Et c'est parti. Oui, tout à fait. Ça m'a échappé. Et en fait, elle est sortie au bon moment. Je pense que les gens avaient envie. C'était en pleine guerre du Golfe. La situation était assez pesante, peut-être comme aujourd'hui. Il y a des guerres de partout. Et c'était une chanson qui apportait une certaine joie de vie, une fraîcheur d'après-guerre, d'ailleurs. Et c'est vrai que le moment où elle est sortie, c'était le bon moment. Cinq ans auparavant, peut-être que... elle n'aurait pas fonctionné. C'est comme ça, c'est les mystères des chansons. Elles ont leur destin propre.

  • Speaker #1

    Tu l'as sorti vraiment en fonction du contexte parce que tu es quelqu'un d'assez...

  • Speaker #0

    Je ne l'ai pas sorti, moi. C'est qu'un jour, j'ai trouvé une maison d'isques qui m'a signé et donc elle a choisi cette chanson parce que moi, je n'en avais plein. Il y a un Saint-Germain que j'aimais beaucoup. J'avais des chansons comme ça. Mais c'est le directeur de la promo qui l'a choisi et en fait, elle a eu tout de suite un impact de... Très fort, puisque la directrice des programmes d'RTL a dit « Ah, c'est pas mal ça » , puis elle l'a programmé. Et après, avant, tout le monde suivait RTL. Donc, toutes les radios s'y sont mises. Et puis, comme il y avait quatre émissions de variété à l'époque, par semaine, vous les faisiez toutes. Et évidemment, les gens allaient acheter le disque à l'époque. Donc, ça a été très vite.

  • Speaker #1

    Et toi, c'est un peu fidèle à ce que l'on sait de toi, c'est que tu n'essaies pas de calquer quelque chose qui marche. Tu reviens à ta source musicale, à ce qui t'a créé. finalement artistiquement. Tu t'es pas posé de questions, vraiment, t'as suivi ce que t'avais envie de faire.

  • Speaker #0

    Ensuite, j'ai bifurqué vers Cuba. Parce que je me suis dit, j'ai pas envie qu'on m'enferme dans le registre du swing, ou je sais pas comment on l'appelle. Il faut pas que je fasse la même chanson différente. Et donc j'ai essayé de brouiller les pistes, et je suis allé à Cuba. Donc c'est vraiment de passer de Suzette à La Havane, c'est bizarre. Mais j'ai fait un autre tube en même temps. Et en fait, ce qui est important, c'est les trois premiers albums, c'est le plus important dans ce métier. Souvent les gens font un très bon album au premier, puis le deuxième, c'est difficile. Mais le plus dur, c'est le troisième. Parce que souvent, on me dit tout dans les deux, et puis le troisième, c'est... Et moi, j'ai eu la chance de faire un très gros tube sur l'album que j'ai fait à Cuba. Quand je vois tes yeux.

  • Speaker #1

    Parce que le premier, quelque part, c'est le plus facile, parce qu'on a une vie derrière soi, donc c'est un peu la résultante de tout ça. Et après, il faut trouver des choses à dire. Et toi, ce que je trouve intéressant dans ton parcours, c'est que chaque album, c'est un concept, différents styles musicaux, mais toujours cette même couleur qui fait qu'on... On sait qu'on écoute du Danny Briand. Et moi, je trouve que c'est limite respectueux envers les gens qui t'écoutent. Tu leur proposes quelque chose de nouveau à chaque fois. Tout simplement, je voulais te demander pourquoi cette volonté de voyager ? Parce que tu as parlé de Cuba, il y a eu l'Italie.

  • Speaker #0

    C'est mon rêve. Moi, je suis à l'écoute de mon rêve. Et j'ai rêvé sur Cuba, j'ai rêvé sur la Nouvelle-Orléans, j'ai rêvé sur l'Italie. Tout ça, c'est des rêves pour moi. Donc, je vais juste suivre mon rêve. Je n'ai pas de calcul marketing. Je ne sais pas comment on fait un tube, je ne sais pas si je vais passer à la radio, je ne sais pas comment il va être accueilli mon album. Je fais juste ce que je ressens. Mais c'est vrai que je ne fais pas des albums comme ça, c'est toujours enfermé dans un univers. Parce qu'après, quand je raconte les histoires, il y a une histoire à raconter. Tu comprends, si je fais mon album à Paris, dans un studio obscur, à Porte d'Aubervilliers, pendant dix ans, je n'ai pas grand-chose à raconter aux gens. Quand je leur dis que je suis allé à Cuba... juste avant l'explosion de Cuba en 96 les gens ça les faisait rêver et moi ça me faisait rêver aussi donc après il y a tout qui découle, le clip les fringues, les danseuses tu vois la scène aussi il y a un univers sur scène donc moi je pense en spectacle total, je pense pas que les chansons je pense du début jusqu'à la fin l'univers,

  • Speaker #1

    le clip qui va illustrer donc en fait c'est plus facile ce que je trouve intéressant c'est que tu suis tes envies mais en même temps tu t'inscris dans la durée vu que la musique est cyclique et qu'elle revient tous les styles reviennent à chaque fois à la mode si je puis dire toi t'as touché à tous les studios la salsa tu l'as fait il y a super longtemps mais attention à la mode aux tendances,

  • Speaker #0

    il faut être quand même dans la tendance, parce que faut pas croire que la nostalgie ou le vintage ça marche comme ça, quand j'ai fait mon album cubain, il faut savoir que Cuba était revenu beaucoup à la mode, il y avait Buena Vista Social Club et voilà on reparlait de Cuba à nouveau, 96 quand j'ai fait mon album en Italie bon voilà, l'Italie était partout dans la mode dans le truc Quand j'ai fait mon album, je ne sais pas...

  • Speaker #1

    Les danses de salon, c'est vraiment... Les danses de salon,

  • Speaker #0

    c'était juste avant Danse avec les stars. Je veux dire, c'était quand même... Tout ça, c'est quand même dans l'air du temps. Tu vois ce que je veux dire ? Ce n'est pas du vintage. Pour être vintage, il faut quand même... Et moi, j'ai un bon moyen pour flairer les tendances, et je continue toujours, c'est en fait de regarder les pubs. Si tu regardes des pubs aujourd'hui, tu verras, il y a plein de musiques soul, plein de musiques des années 70, avec des sons comme j'ai utilisés, parce que la pub est vraiment à l'écoute des gens. Contrairement peut-être aux artistes, ils sont même plus en avance des fois.

  • Speaker #1

    On parlait tout à l'heure en off de l'image qu'avaient les gens de toi. C'est vrai qu'on t'imagine toujours avec des textes romantiques, mais c'est vrai que sur chaque album, tu as toujours une ou deux chansons avec une portée sociale. Je me suis attardé vraiment sur l'album Nouveau Jour dont on parlait tout à l'heure, et de ses textes un peu plus travaillés. Oui,

  • Speaker #0

    c'était le but où j'ai travaillé vraiment l'écriture.

  • Speaker #1

    Toi et moi, c'est une ode à la révolution. En écoutant ça, je me suis dit, les gens n'ont pas cette image de Nanny Briand.

  • Speaker #0

    C'est pas grave, ça me dérange pas. Vous savez, c'est Sacha Guitry qui a dit qu'on n'est jamais connu pour les bonnes raisons. C'est pas très grave. De toute façon, les chansons, elles sont là, elles existent. Maintenant, en plus, avec Spotify, s'il y a bien un avantage de Spotify, c'est qu'on a tous les albums d'un clic. Alors qu'avant, c'était compliqué d'aller rechercher les anciens albums. Je pense moi-même, d'ailleurs, que je suis un révolutionnaire. J'ai toujours été dans ma tête. J'ai jamais voulu rentrer dans le moule. J'ai jamais été un mouton. Depuis même, quand j'étais petit, même dans ma famille. Ils savaient très bien que j'étais un rebelle, que je ne rentrais pas dans les cases. Donc, toi et moi, c'est vraiment une chanson. C'est oui, oui.

  • Speaker #1

    J'invite les gens vraiment à l'écouter. Ouais. Et tu as fait des choses folles que tu dis en interview. De temps en temps, les gens ne relèvent pas, mais c'est pour le sixième album, Jazz à la Nouvelle-Orléans, tu me pourris si je me trompe. Tu as enregistré avec le Big Band de Harry Connick Jr. Tout à fait. La musique de Can Rira Consalis, c'est ce gars-là.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais, ouais, j'ai enregistré parce que je trouvais que c'était un nouveau son dans le jazz et il avait quelque chose de très ancien, mais de très moderne. Donc, j'ai demandé à... à ma manageuse qui s'appelait Valérie Michelin qui avait travaillé avec lui de me donner ses coordonnées et j'ai appelé son manager et tout ça et il a dit ok pour me prêter son orchestre et c'est vrai que j'ai fait deux albums avec son orchestre J'ai fait Jazz à la Nouvelle Orléans. Et après, j'ai fait Histoire d'un amour, qui était un album sur les danses de coupe, mais toujours enregistré avec son orchestre. Et c'est vrai que son orchestre a un son terrible.

  • Speaker #1

    Ça rend bien.

  • Speaker #0

    Ah ouais.

  • Speaker #1

    Bon, je ne peux pas parler de toute ta carrière, mais là, j'ai parlé de la période, très grossièrement, de 91 à 2007, 2008, où il y a une apothéose à Bercy. J'ai l'impression que c'est un peu la fin de la phase ascendante de ta carrière. Après, il y a eu le théâtre. Tu avais besoin d'une pause après, à ce moment-là, où tu ne t'en étais plus inspiré ?

  • Speaker #0

    C'est vrai que je montais tout le temps. Chaque année, je montais jusqu'à Bercy, en tout cas en termes de spectateurs. C'était très beau Bercy, parce que moi je viens quand même d'un petit club de cabaret, je chantais devant 20 personnes et je me suis retrouvé devant 17 000. C'est vrai que c'était pas mal, j'ai adoré cette époque-là. Et puis après, j'ai dit bon, qu'est-ce que je peux faire de plus ? J'ai dit, je vais bifurquer un peu, je vais essayer de revenir à mes anciennes amours, qui sont la comédie quand même et le théâtre, puisque je ne sais pas, bon, je ne sais pas si je suis un bon chanteur, mais en tout cas, le théâtre a toujours été une de mes passions. et je me suis toujours vu comme un acteur comme un acteur qui chante je me suis toujours vu comme ça, donc après j'ai fait du théâtre et puis je sais pas ça s'est bien passé mais je n'ai pas réussi vraiment dans le théâtre la comédie, j'ai pas réussi je veux aller où ça il y a du soleil, vous voyez ce que je veux dire j'ai essayé en tout cas, et puis après comme j'ai vu que ça donnait rien je... Je garde pour moi mon talent d'acteur. Je le fais pour mes amis. Je raconte des histoires drôles. Non, je rigole.

  • Speaker #1

    Je crois que tu disais à l'époque que ça t'avait déconnecté un peu de la musique, finalement. C'était un peu plus dur.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est vrai. C'est vrai de jouer des personnages. On est avec eux toute la journée. Alors là, comme je jouais une espèce de mari un peu odieux, je me souviens, j'étais toujours énervé, même avec mes enfants et tout ça. Donc, ça demande beaucoup d'énergie.

  • Speaker #1

    C'était physique, ton rôle.

  • Speaker #0

    C'était très physique, oui. Ça demandait beaucoup d'énergie. Et après, j'ai eu du mal à me remettre à la composition, à l'écriture. J'ai l'impression qu'on ne peut pas faire deux choses en même temps. C'est compliqué de faire deux choses en même temps.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un événement déclencheur qui t'a donné envie de t'y remettre ?

  • Speaker #0

    C'est une question de rencontre. Un jour, on m'a appelé pour faire ce rôle. J'ai lu la pièce et je l'ai faite. Mais sinon, je laisse faire à l'avenir. Je n'ai jamais été frappé à aucune porte. La chanson, pareil. Je n'ai jamais été frappé à aucune porte. J'ai gardé cette philosophie. Quand les choses sont justes, elles viennent à toi. Et quand on va chercher, on ouvre une porte qui est fermée, tout ça, c'est ça. Enfin, moi, en tout cas, ça n'a jamais marché. Donc, si un jour, je devrais revenir à la comédie, c'est parce qu'il y a un rôle dans l'univers qui est pour moi et qu'il n'y a que moi qui pourrais le jouer. Et donc, on viendra me voir. Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire. C'est une espèce d'ajustement avec la vérité.

  • Speaker #1

    Il y a eu une autre période où tu ne savais pas si tu allais rechanter tout de suite. C'était juste après les albums d'Aznavour dont on a parlé tout à l'heure. Tu as dit honnêtement, je ne sais pas si je continuerai à chanter après cet album. C'est devenu tellement compliqué la musique aujourd'hui. Qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Non, c'est pas ça. C'est que l'industrie musicale a beaucoup changé, qu'il faut faire beaucoup de promos, qu'il faut aller parler énormément. On ne chante pas beaucoup, en fait, finalement. Quand on fait ce métier, on parle beaucoup, on essaie d'expliquer. Et je me suis demandé, est-ce que j'ai envie de faire ça ? Puis après, comme c'était une passion, j'ai dit, c'est pas grave, je jouerai le jeu. On y va. Et j'ai reçu sur tournée.

  • Speaker #1

    Et la drum.

  • Speaker #0

    Seventies j'ai fait Seventies au moment où on se parle il est sorti est-ce que tu peux nous expliquer la jeunesse de cet album je préférerais que tu nous en parles bon alors la jeunesse de cet album elle est très simple c'est que j'ai toujours fait des voyages dans l'espace je suis allé à peu près dans tous les pays où je voulais aller il me reste encore peut-être l'Argentine ou le Brésil j'ai pas fait mais peut-être même le Moyen-Orient parce que j'aime beaucoup la musique orientale Donc, c'est toujours lié à un pays, normalement, mes albums. Tous les trucs que j'ai faits, même l'album « Je suis à la Memphis » sur la terre d'Elvis et tout, parce que je voulais vraiment avoir le son. Et là, c'est la première fois que je fais un voyage, mais dans le temps. Parce que c'est une époque extrêmement riche, musicalement, mais pas que musicalement, littérairement, même au point de vue de la télévision, il y avait des programmes fantastiques. Voilà, tout était un peu très, très tiré vers le haut. à cette époque. Que ce soit la littérature, le cinéma, les humoristes, même tout était très intelligent, je trouvais. Et donc j'ai dit, ça serait bien de refaire des chansons comme il y en avait chez les Carpentiers, comme faisait Joe Dassin ou Claude François, parce que c'est un titre très spécial les années 70. C'est pas les années 80, c'est pas 60, c'est un truc très précis. Et donc je me suis baigné un peu là-dedans en écoutant beaucoup de cette musique et puis après, j'ai composé les chansons.

  • Speaker #1

    Et ce que je trouve intéressant, c'est que tu as beaucoup parlé dans les interviews de l'esprit Saint-Germain qui t'a inspiré, mais que tu n'as pas connu. Tandis que les années 70, tu as grandi dedans.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est très juste. On peut dire que les années 70, c'est la seule fois où je parle d'une musique que je connais, puisque je l'ai vécue en direct. Alors que l'autre, c'est un rêve. J'ai été chercher dans le passé des choses. Là, c'est vrai que je l'ai vécue en direct, puisque j'étais un grand fan de la radio à l'époque. J'avais toujours mon petit transistor avec moi. Je m'endormais avec. Et donc, j'ai passé tous les incendies à écouter. et la musique de l'époque, mais aussi les idées. Parce qu'il y avait tout un courant spirituel, intellectuel dans les années 70. C'est des écrivains fantastiques qui voulaient se libérer, qui voulaient libérer le monde, puisqu'il y avait 68. Ils voulaient se libérer du patriarcat, ils voulaient libérer la femme. On voulait redonner le droit aux minorités. Non, non, c'était une époque très, très, très, très importante, fourmillante d'idées. Et de rêve et d'espoir. Il y avait beaucoup d'espoir.

  • Speaker #1

    Qui aspirait à être heureux. Et on sent que c'est ce que tu as voulu retranscrire dans l'album. Oui,

  • Speaker #0

    moi, je sentais que les gens étaient heureux.

  • Speaker #1

    Parce que tu danses sur tes problèmes dans l'album, finalement.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Quand on a des problèmes, je pense qu'il faut danser dessus. Ça, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Et puis cet album, il faut le dire aussi, c'est une histoire de famille. Ton frère était malade et ensemble, pendant sa maladie, vous vous êtes remémoré.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Ces années 70 où le foyer familial était... Oui,

  • Speaker #0

    la famille était très importante. On n'avait qu'une télé. Donc, on regardait le programme tous ensemble. c'est fini parce que chacun est dans sa chambre avec son écran donc ça ça donnait une espèce de dialogue on parlait beaucoup, on s'échangeait on disait je sais pas la famille c'était uni, c'était sacré après ça s'est un peu désuni quand je suis parti de la maison j'ai perdu un peu le contact avec ma famille et là avec la maladie de mon frère c'est vrai que je me suis rebaigné dans notre enfance qui sont les années 70 Inconsciemment, je ne sais pas, mais j'ai peut-être fait ce disque pour lui.

  • Speaker #1

    Dans les années 70, musicalement, il y a beaucoup de choses. Il y a Reta Franklin, il y a James Brown, il y a énormément de choses. Qu'est-ce qui t'a inspiré principalement, toi, musicalement ?

  • Speaker #0

    Dans mon album, il y a tout. Il y a aussi bien du James Brown que du Joe Dassin. Il y a du Serge Reggiani, du Aznavour. Il y a un peu de tout, je pense, de tout ce que j'ai entendu. Puis il y a surtout des textes qui parlent d'aujourd'hui. C'est ça qui est marrant, c'est que c'est des chansons, c'est la musique des années 70, mais avec des textes qui parlent d'aujourd'hui. Donc ça, c'est un petit peu peut-être déroutant. Mais par exemple, j'ai pris une musique de James Brown pour très dansante. Et puis, j'ai parlé d'Internet, qui est un problème actuel. Pas du tout un problème des années 70, je ne sais même pas ce que c'était.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'il y a de la musique très soul, très jazz, avec des mélodies très rive gauche. Un mouvement soit associé au café, au cabaret des années 50-60. C'est un joli mélange, je trouve.

  • Speaker #0

    ça rend bien le mélange c'est ça qui fait l'origine de Dieu si on regarde les choses telles qu'elles étaient à l'époque ça n'a pas d'intérêt ce qui est bien c'est le mélange du connu et de l'inconnu ça doit être du boulot quand même ça pendant les préparations alors ce qui est du boulot c'est la musique ça n'a jamais été du boulot parce que j'ai peut-être 10 mélodies par jour je dois composer 10 mélodies par jour moi mais c'est toujours les textes qui sont longs parce qu'il faut trouver comment exprimer l'idée et Et ça, c'est de la transpiration. La musique, c'est de l'inspiration. Le texte, c'est une sorte de transpiration. Enfin, quand on veut sortir des textes comme j'écrivais au début, c'est vrai que j'écrivais mes textes au début, c'était très facile. Là, quand je veux aborder des sujets plus graves, c'est plus compliqué à écrire le texte.

  • Speaker #1

    Là, par exemple, dans Je préférais comment on s'aimait avant, tu regardes le temps où on pouvait rencontrer l'âme sœur, la fête de village, dans la rue, tout simplement qu'il y ait une rencontre humaine. Pas sur ces applications, parce que c'est le premier... vecteur de rencontre aujourd'hui.

  • Speaker #0

    C'est vrai, vraiment ? Je ne sais pas, je suis un peu déconnecté de la jeunesse, moi.

  • Speaker #1

    J'ai vu ça il n'y a pas longtemps. Ah,

  • Speaker #0

    c'est le premier vecteur.

  • Speaker #1

    Oui, ça y est, c'est fait. Je voulais savoir comment tu fais pour faire écrire des paroles qui te plaisent, qui sonnent et qui ne te font pas passer, tu me pardonneras l'expression, pour un vieux con, pour ne pas être le « c'était mieux avant » . Ah oui,

  • Speaker #0

    oui, oui, le « c'était mieux avant » . D'abord, je vais te dire un truc sur le « c'était mieux avant » . C'est vrai, c'était mieux avant. C'était mieux avant, je suis désolé, je ne vais pas me cacher pour plaire aux jeunes. C'était mieux avant, pas pour tout. Mais par exemple, en matière de séduction, il ne me viendrait jamais à l'idée de laisser un ordinateur choisir ma future fiancée. Je laisse faire le destin, le hasard, l'histoire, Dieu, je ne sais pas comment on l'appelle. Mais ça, c'est romantique. Et puis, c'est des histoires, on se raconte des histoires. Je ne sais pas, on s'assoit dans un avion. Et puis, à côté de vous, il y a une fille, vous voyez, qui est là. C'est joli à raconter. Alors, vous lui dites, c'est fou ce que vous ressemblez à ma deuxième femme. Elle me dit, mais vous en avez combien ? Ben, j'en ai qu'une. Vous voyez, ça, vous ne pouvez pas le faire sur, je ne sais pas quoi.

  • Speaker #1

    Ben non, c'est le marché. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Donc, voilà, c'est comme ça. Parce que moi, je suis un mec de cinéma. Enfin, j'ai vu des films, je suis romantique. Mais j'ai l'impression que les gens aussi sont comme ça au fond, finalement. Regardez le succès de l'amour ouf. Tout le monde y court parce que tout le monde a envie d'une histoire d'amour classique qui ne passe pas par les machines.

  • Speaker #1

    Et tu as une chanson dédiée à Internet carrément.

  • Speaker #0

    Oui, Internet. Internet est omniprésent. Par exemple, si je n'ai pas d'iPhone, là je passe pour un vieux con. Mais moi, si je n'ai pas envie d'avoir d'iPhone, il y a une pression. Il y a presque une dictature. Je pense qu'à la prochaine révolution... La dernière révolution en 68, elle s'est faite contre le patriarcat, contre l'autorité masculine. Eh bien, je pense que la prochaine révolution se fera contre l'ordinateur.

  • Speaker #1

    Contre Google, contre Apple.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, contre la mainmise de notre vie par des entités, des machines, de la technologie. Un jour, les gens voudront tout casser et retrouver l'humanité, ça j'en suis sûr. Ce sera la prochaine révolution.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'on est complètement asservis,

  • Speaker #0

    on est des esclaves. Comme à l'époque, on voulait se libérer des dictatures. Mais ça, c'est la vraie dictature. Mais c'est une dictature sournoise.

  • Speaker #1

    Ça choisit même notre musique maintenant.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est sournois parce qu'on a l'impression qu'on est libre. Mais pas du tout. On est aussi bien formaté et manipulé que quand les dictateurs faisaient des... Je sais pas, en Russie communiste, où les gens avaient l'impression que c'était sale bonheur. Puis ils se sont tous fait massacrer. Non, on ne va pas jusque là. Mais disons que je crois à une révolution contre l'algorithme.

  • Speaker #1

    Il y a aussi des chansons très personnelles. La première chanson que tu consacres à ta maman, 13 albums, tu vas être fier.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'elle est contente. D'autant plus que je l'ai écrite dans un contexte où elle a connu un deuil avec la disparition de mon frère. Donc c'est vrai, ça lui a mis un peu de baume de cette chanson dans laquelle elle s'est reconnue parce que, on pourrait dire que c'est universel, les mères, mais chaque mère a une histoire. Et là, je raconte un peu son histoire avec son départ. de son pays, de comment elle s'est battue pour faire tenir debout trois enfants. Et je crois que ça lui a fait du bien.

  • Speaker #1

    Et une chanson à ton frère ?

  • Speaker #0

    Oui, une chanson à mon frère, bien sûr.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est les chansons les plus difficiles à écrire ?

  • Speaker #0

    Ah non, je la sais. Alors, quand on parlait de transpiration, je l'écris en cinq minutes.

  • Speaker #1

    Là, tu as instinctivement...

  • Speaker #0

    Oui, parce que mon frère, en fait, je me suis battu avec lui pendant deux ans pour essayer de le sauver. On a parcouru les hôpitaux, les médecins. Évidemment, quand il a fermé les yeux un soir, je me rappelle très bien, c'était fin septembre. Eh bien, je suis rentré dans ma chambre. J'étais évidemment bouleversé, enfin plus que bouleversé. Il n'y a pas de mots, bref. Et puis, j'ai pris un papier et j'avais une émotion tellement grande. J'ai écrit la chanson en cinq minutes, par les musiques. Voilà, ça, c'est une inspiration.

  • Speaker #1

    Et je voulais que tu nous parles aussi de l'importance que tu as accordée à l'objet musical, donc le CD, le livret. Tu as créé des goodies aussi pour cet album. J'ai l'impression que la musique physique n'a plus de valeur, mais que toi... qui attache encore de l'importance finalement.

  • Speaker #0

    On est les derniers des Mohicans, on résiste encore un peu. On ne peut pas lutter contre une évolution, mais si on peut garder quelques objets qui puissent témoigner d'un moment, d'une époque, d'une photo, parce que quand on prend une photo, on a un certain âge, et elle va rester, garder quelque chose, une trace. C'est ça pour moi les livrets, c'est la trace.

  • Speaker #1

    Tu t'en occupes personnellement ?

  • Speaker #0

    Je travaille avec mon équipe, avec ma manageuse, on est plusieurs à donner notre avis, et oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et ce jeu de cartes à tourner Fiji ?

  • Speaker #0

    alors ça ce jeu de cartes c'est parce que tout le monde me disait à chaque fois est-ce que t'as la carte est-ce que t'as la carte je sais pas si j'ai la carte mais en tout cas j'ai le jeu je voulais te parler de quelque chose mais RTL m'a volé la primeur ces supporters de Brest qui ont repris je vois tes yeux oui mais qu'est-ce que t'en penses de ça ah moi j'adore c'est marrant c'est marrant pour moi une chanson qui s'évade comme ça c'est l'heure où on va s'en rendre au succès finalement ah bah ça c'est vrai que c'est une chanson qui est rentrée dans un inconscient collectif, puisque dans les matchs de foot, c'est là où il y a les instincts les plus communautaires. Je suis très fier de ça, évidemment. Il y a ça et les manifestations. Je me souviens quand Suzette était sortie, il y avait une manif au boulevard de la République. J'avais écouté ça aux infos. A l'époque, il n'y avait qu'un journal, c'est à 20h. C'était « On gagne des clopinettes » . J'ai trouvé ça génial. Je me dis « Voilà, la chanson, elle est partie. » « On gagne des clopinettes depuis... » Là, maintenant, je sais quand je vois tes yeux, donc je serais content.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as eu la curiosité de regarder Sur YouTube, Dany Briand, reprise. Les gens, ce qu'ils font avec tes chansons.

  • Speaker #0

    C'est rarement Briand, ces trucs-là.

  • Speaker #1

    Il y a de tout. Il y en a qui font des versions rock de tes chansons, des reprises de batterie, il y a des chorales, il y en a qui font des pièces de théâtre avec tes chansons.

  • Speaker #0

    Ah, c'est bien. Et même,

  • Speaker #1

    j'ai vu ça ce matin. ta voix est utilisée pour chanter d'autres chansons.

  • Speaker #0

    C'est l'IA, c'est avec l'IA.

  • Speaker #1

    Avec l'IA, oui. Je t'ai vu chanter les bébés brunes ce matin.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est marrant. Il faudrait écouter, ça m'intéresse. Qu'est-ce que je pense de l'IA ? Moi, je ne suis pas contre toute l'évolution. Mais le problème, c'est qu'aujourd'hui, quand il y a une invention, il y a toujours une part d'ombre et de lumière. Après, il faut gérer. Comme Internet, c'est fantastique. Moi, mon fils, qui a 14 ans, il a découvert des auteurs de livres. des films auxquels il n'aurait pu avoir accès qu'à l'âge de 17 ans ou 18 ans en faisant des études de cinéma. Là, avec Internet, il l'a. Mais d'un autre côté, il y a des choses un peu nauséabondes. On sait de quoi je parle. Donc c'est ça. Quand les choses ne sont pas gérées, il n'y a pas de garde-fou. Quand le permis de conduire, c'est à 18 ans. Tu ne peux pas aller conduire une voiture à 14 ans. Donc là, on donne une voiture à des enfants dans un monde comme ça. Je ne suis pas contre l'IA, ça doit avoir des choses fantastiques. Et puis après, si par contre, on se laisse devenir, si on n'est pas le maître, si on est l'esclave, comme tu disais le nom d'esclave, j'y crois beaucoup. D'ailleurs, dans le livre Le Meilleur des Mondes, je ne sais pas si c'est le livre d'Aldous Huxley, il parle déjà de l'esclavage. Il parle de ça.

  • Speaker #1

    Mais tous ces auteurs, les visionnaires, les Orwell.

  • Speaker #0

    Voilà, on y est, on y est. Donc voilà, il faut en être le maître et jamais l'esclave. C'est comme l'argent. L'argent aussi peut faire des choses magnifiques et peut... polluer l'âme des gens. Donc, il faut être le maître, jamais l'esclave.

  • Speaker #1

    Je voulais que tu me parles de la tournée 76, les dates qui arrivent. Ça va donner quoi sur scène ?

  • Speaker #0

    Écoute, c'est une tournée surtout best-of. Parce que comme je me suis dit quand même, Suzette, elle a 30 ans. Bon, je n'ai pas pu faire avant parce que j'avais fait mon projet Aznavour. Mais je vais vraiment fêter mes 30 ans parce que c'est quand même une victoire d'avoir survécu à toutes les modes, à tout ça. Donc, c'est surtout une tournée où je vais interpréter toutes mes chansons en donnant La preuve que ce que j'ai fait, en fait, ce n'est pas du tout, comme on me l'a souvent reproché, un truc vintage. C'est quelque chose d'intemporel. Et en les chantant aujourd'hui, je vais montrer aux gens qu'elles sont toujours... Par exemple, la chanson que tu m'as passée, là, quand je vois tes yeux, je l'ai écrite en 96. Et on est en 2024. Eh bien, elle est toujours là. Alors ça, pour moi, c'est une fierté parce qu'on me l'a reproché que c'était trop dans une époque. Et moi, j'ai dit non, c'est pas dans une époque, c'est quelque chose d'intemporel. Et je veux faire la preuve. de ce côté-là, en interprétant sur scène mes 30 ans de succès pour montrer qu'il n'y a rien qui a... Ça n'a pas pris de ride, en tout cas.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu les habilles différemment, les chansons, pour les jouer sur scène ?

  • Speaker #0

    Oui, je les habille un peu. C'est ton plaisir,

  • Speaker #1

    mais aussi pour... Non,

  • Speaker #0

    mais parce que j'ai évolué, j'ai plus d'expérience, et je sais maintenant rendre une chanson encore plus efficace. Si vous voulez, mes premiers albums, je ne les réalisais pas. Après, quand j'ai appris comment on faisait, maintenant, je crois que mes albums sonnent mieux aujourd'hui que ceux de... Enfin, sauf avant, bien sûr, au début, il y avait l'enthousiasme de la jeunesse. et il y avait un charme bien sûr que je pourrais pas retrouver parce que j'ai pas cette voix j'ai pas mais j'ai de l'expérience quand même tu vas passer partout là à Paris c'est le Playel ouais partout je sais pas moi je passerai partout on veut de moi moi je t'ai vu à Cana en Roussillon donc il y a pas longtemps ouais c'était en juillet alors c'était bien bah ouais moi j'adore en plus c'est le cadre c'est sympa le mec il va le mec il te dit alors c'était bien bon ça allait mais c'était pas non plus faut pas euh Mec, après une heure d'interview, tu sais.

  • Speaker #1

    Pour terminer cet entretien, je voulais te poser quelques questions pour te découvrir sous un prisme différent.

  • Speaker #0

    Mais attention, je ne me connais pas bien.

  • Speaker #1

    On parlait des années 70, tu avais une reco de vieille série. Pour moi.

  • Speaker #0

    Moi, c'est amicalement vôtre, avec Sonny Curtis et Roger Moore. Fantastique. Roger Moore avant James Bond. Et Tony Curtis, vraiment l'acteur phare des années 60, l'acteur américain qui est fantastique.

  • Speaker #1

    J'ai un doute sur la décennie, pour moi ce serait Mystère de l'Ouest.

  • Speaker #0

    Ah mais c'est ça. C'est ça. Manix, tout ça c'est des années 70. Starkey et Hutch.

  • Speaker #1

    Et une roco musicale, quelle que soit la décennie.

  • Speaker #0

    Alors moi je trouve que le chanteur qui exprime le mieux l'esprit communautaire, l'anti-égo des années 70, c'est ça, c'est vraiment les gens qui vivent ensemble. Pour moi c'est Michel Fugain et le Big Bazaar.

  • Speaker #1

    Et un artiste en ce moment qui te plaît ?

  • Speaker #0

    Zao de Sagazan. J'aime beaucoup parce que sa voix est très originale, ses orchestrations. Et je pense que ce qui importe à un artiste, c'est son originalité. Alors voilà, c'est quelqu'un qui ne ressemble à personne.

  • Speaker #1

    Et tu m'as cité quelques bouquins depuis le début de l'entretien. Je t'ai écouté très attentivement. Est-ce qu'il y en a un qui t'a plu aussi récemment ? Ou un vieux classique, même un peu un livre de chevet. Est-ce qu'il y en a un ?

  • Speaker #0

    Je me suis remis à lire l'être à un jeune poète de Réunir Maria Hilke, qui donne des conseils quand on embrasse la vie artistique. où il parle de la solitude, il parle de tout ça. Parce que moi, j'ai eu une période de deux ans très solitaire. Et ce bouquin m'a, comme tous les bouquins que j'ai lu, ça m'a beaucoup aidé. L'être un jeune poète, je le recommande.

  • Speaker #1

    Et trois dernières questions. Je vais savoir déjà s'il y avait quelqu'un que tu me recommanderais pour que j'invite dans mon émission et qu'on fasse le même exercice qu'on a fait ensemble aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Alors écoute-moi, justement, je viens de faire une émission où j'ai un copain qui m'a fait un petit hommage et tout ça. Et j'aimerais bien lui rendre l'appareil. Ce serait Antoine Dullery. Il n'est pas chanteur, c'est un très très bon acteur.

  • Speaker #1

    Je voulais savoir s'il y avait quelqu'un dans ta carrière professionnelle, je ne vais pas aller dans l'ordre du privé, à qui tu aimerais dire pardon.

  • Speaker #0

    Je n'ai jamais insulté personne. Non. Gérald Normand, peut-être, non. Non, parce que j'avais fait un... Non, je vais raconter l'histoire, en fait. Au début, quand je faisais mes premières tournées, les gens ne me connaissaient pas encore. Et donc, j'arrive, c'était ma première tournée, j'arrive dans un restaurant. Parce que moi, j'aime bien manger après le concert, pas avant. Donc mes musiciens préfèrent manger avant. Donc je mangeais tout seul. Et le mec me dit, je vous connais, vous me ferez le livre d'or. Je dis bonjour, oui bien sûr. Alors quelqu'un me regardait un peu comme ça, presque avec mépris, condescendance. il me donne le livre d'or c'est le livre où vous faites un truc c'était super beau alors j'ai mis c'était vraiment dégueulasse

  • Speaker #1

    Gérard Lenormand alors voilà c'était un joke je pense qu'il me pardonnera et pour terminer fort de toutes ces années de carrière j'ai essayé de dérouler le mieux possible en une heure je voulais savoir si ce 13ème album cette belle tournée qui arrive et tout ce que tu as vécu dans ta vie tu avais atteint une sorte de quétude de plénitude ah non pas du tout non non ça c'est pas ma personnalité d'être arrivé à la...

  • Speaker #0

    comment on appelle ça, la sérénité ? Non, malheureusement non. J'ai envie d'écrire un autre... J'ai envie d'écrire des chansons, je ne sais même pas si elles vont être entendues ou pas, mais c'est quelque chose de viscéral chez moi, j'ai besoin d'écrire des chansons. J'ai envie de m'y remettre, j'ai une comédie musicale aussi qui traîne un peu, mais parce que je pense que je ne peux pas l'écrire tout seul, il faut que je trouve la personne à l'écrire à deux. J'ai pas mal de projets comme ça.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Dani.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci à toutes et à tous d'avoir écouté cet épisode avec Tani Briand. Si vous voulez soutenir le projet, vous pouvez mettre 5 étoiles sur Apple Podcasts et Spotify et vous abonner à Cadavrexki sur toutes les plateformes de streaming. Je vous donne rendez-vous très bientôt en compagnie d'un nouvel invité.

Description

🎙️ Bonjour à tous, vous écoutez Cadavre Exquis, le podcast qui décompose un parcours inspirant. Pour ce nouvel épisode, je reçois un artiste qui fait swinguer la chanson française depuis plus de 30 ans  avec son style rétro et ensoleillé. Après avoir rendu hommage à Aznavour dans un album salué par le public, il revient avec un nouvel opus où il revisite le son festif des années 70, entre nostalgie et énergie dansante. J’ai le plaisir d’accueillir aujourd’hui Dany Brillant.

👉 Dany Brillant - Seventies
Après l'immense succès de son dernier album « Dany chante Aznavour » certifié platine, le crooner préféré des français revisite pour notre plus grand plaisir dans son nouvel opus, le son festif des années 70 dont il signe textes et musiques. « Les années 70 furent pour moi une parenthèse enchantée ».

📚 Références: 

Boris Vian - L'Écume des Jours
Elvis Presley
Arthur Crudup - That's All Right (Mama)
Et Dieu... Créa la Femme (Film)
Charles Aznavour
Dany Brillant - Nouveau Jour (Album)
Dany Brillant - Suzette (Chanson)

Aldous Huxley - Le Meilleur des Mondes (Livre)

Amicalement Votre

Michel Fugain & Le Big Bazar
Zaho De Sagazan
Lettes à un jeune poète de Rainer Maria Rilke
Antoine Duléry

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Transcription

  • Speaker #0

    C'est des accidents de l'histoire qui ont fait dévier mon destin, puisque j'ai assisté à l'âge de 11 ans à un concert de Charles. Et c'est vrai que ça a été très révolutionnaire pour moi. Je n'avais jamais vu de concert et j'ai vu des gens qui écoutaient religieusement ses textes, sa voix et sa musique. Et moi, je suis sorti bouleversé de là et je me suis intéressé vraiment à la chanson après ce concert. Je me suis demandé comment un art pouvait provoquer autant de choses. autant d'émotions, autant d'applaudissements, autant de concentration. Et c'est vrai que c'est un art très important.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous. Vous écoutez Cadavrexki, le podcast qui décompose un parcours inspirant. Pour ce nouvel épisode, je reçois un artiste qui fait swinguer la chanson française depuis plus de 30 ans, avec son style rétro et ensoleillé. Après avoir rendu hommage à Aznavour dans un album salué par le public, il revient avec un nouvel opus où il revisite le son festif des années 70, entre nostalgie et énergie dansante. J'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui, Danny Briand. Bonjour Danny. Bonjour. Comment ça va ?

  • Speaker #0

    Très bien.

  • Speaker #1

    Merci de participer à ce podcast qui s'appelle... Cadavrexky et dans lequel je décompose des parcours inspirants. Je suis très content de te recevoir dans mon émission parce que c'est un parcours mine de rien assez consistant maintenant. Plusieurs casquettes et surtout un 13ème album studio depuis 91 avec Seventies. Et là je compte pas les best-of les captations live. Impressionnant quand même.

  • Speaker #0

    J'ai suivi mon chemin ma route, ça s'est fait naturellement et j'ai jamais vraiment... contrôler tout ça, c'est des demandes, des lives, c'est ma maison de disques. Mais je suis content que ça existe finalement un live, c'est une captation d'un instant comme ça qui est précis. Moi c'est pas ce que je préfère, parce que je préfère travailler le son en studio, mais le live on arrive à sentir l'énergie du concert.

  • Speaker #1

    Une belle carrière et on va en parler, je vais revenir non pas au début de ton parcours, mais ton existence vraiment pour planter le décor, pour voir d'où tu viens. Je procède de la même façon avec tous mes invités tout simplement, où est-ce que tu es né et où est-ce que tu as grandi ?

  • Speaker #0

    Alors je suis né en Tunisie, mais je n'ai pas grandi, parce qu'à l'âge d'un an je... Je suis né en France. Je suis arrivé en France, à Saint-Geneve-des-Bois, dans l'Essonne. Et puis, j'ai passé toute mon enfance dans l'Essonne. Et puis après 11 ans, je suis venu à Paris.

  • Speaker #1

    Et il faisait quoi tes parents comme métier quand tu vivais encore sous leur toit ?

  • Speaker #0

    Alors, ma mère ne travaillait pas, elle s'occupait de nous. Et mon père a toujours travaillé dans des supermarchés, des épiceries.

  • Speaker #1

    Il avait une situation bien plus confortable en Tunisie, je crois.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'était son problème. C'est qu'il est passé d'une situation assez... Il était assez gâté, il a été chassé de son pays, il est arrivé en France et il n'a jamais retrouvé quelque chose à la hauteur de ses ambitions.

  • Speaker #1

    Et ta maman, je crois que tu l'avais dit dans une interview, qu'elle était nostalgique de sa vie en Tunisie.

  • Speaker #0

    Bien sûr, parce que c'était une vie de rêve. Il paraît que la Tunisie des années 60, c'était toutes les communautés qui existaient ensemble, les juifs, les arabes, les catholiques, les italiens. Il paraît que tout le monde était très heureux. Tout le monde vivait sous le soleil, avec une espèce d'insouciance et de légèreté que, évidemment, quand ils sont arrivés dans la banlieue, dans la grisaille, ça a été un choc.

  • Speaker #1

    Et tu as ressenti cette tristesse à la maison, j'imagine ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai senti la tristesse. C'est vrai, je l'ai senti. Et j'avais envie de la réparer. Je ne savais pas en faisant quoi, mais c'est vrai, je me suis senti un peu le sauveur de mes parents. Je voulais les aider. J'ai l'impression que j'étais, en fait, les parents, c'était moi le chef de famille. J'ai toujours eu ce sentiment-là.

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup de musique à la maison quand même, des parents mélomanes.

  • Speaker #0

    Mon père, très mélomane, très bon chanteur. Aussi dans ma famille, il y avait des musiciens, des joueurs de lutte, de violon. Il y avait un gène quand même qui traînait dans la famille, un gène musical.

  • Speaker #1

    Et les influences, on peut les citer ou les styles musicaux en tout cas ?

  • Speaker #0

    Lesquels par exemple ?

  • Speaker #1

    Parce que de tes parents ?

  • Speaker #0

    Ça a été la musique orientale en Tunisie, mais ça a été aussi beaucoup la musique italienne. La Tunisie a été très influencée par l'Italie. Il faut dire que la Sicile était à une heure de bateau. Et donc, on a grandi dans une ambiance plus italienne d'ailleurs que française.

  • Speaker #1

    Et quand on t'entend dans tes interviews, tu parles de jazz, de swing, de salsa, de chansons françaises. Et j'ai beaucoup aimé le terme que tu as utilisé, des influences d'après-guerre. Quelqu'un qui a grandi dans les années 70-80, quand est arrivé Paul East, Michael Jackson, Ceyron, presque à contre-courant. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai. J'avais ce goût pour cette musique. En fait, c'est la musique de mon grand-père, si on doit. C'est même pas la musique de mon père. Parce que mon père était un jeune dans les années 60. Mais c'est vrai que j'avais ce goût pour les orchestres du swing, pour les crooners. Je ne sais pas pourquoi, mais voilà, c'est mon goût, c'est tombé sur moi.

  • Speaker #1

    Tu te demandais pourquoi les artistes des années 80, ils ne reprenaient pas de la musique latine, du swing, du boléro ?

  • Speaker #0

    En France, oui, ils ne reprenaient pas. Mais j'ai toujours trouvé que dans l'Angleterre et en Amérique, la tradition était respectée. Il y a toujours eu des crooners. Et je me souviens de plein de groupes comme Kid Kroll et les Uncoconuts, je ne sais pas si vous vous souvenez, ils faisaient de la musique latine. Il y a toujours eu un courant jazz, en tout cas en Amérique, avec Harry Connick Jr. Aujourd'hui, Michael Bublé. C'est juste en France que c'est une musique qui n'est pas tellement représentée. Je ne saurais pas dire pourquoi, puisque moi, je faisais partie d'une bande qui s'appelait les Azous dans les années 80. On était vraiment une bande qui se réunissait dans certains endroits. comme la Nouvelle-Ève, le Baladjo, le Royal Lieu, un endroit qui a été détruit, le Royal Lieu, c'était magnifique. Nous, on adorait le swing, on apprenait à danser, on dansait à deux jusqu'au petit matin. Et donc, voilà, même ces gens-là, parce qu'on était habillés aussi comme dans l'esprit, années 40 et tout ça, même ces gens-là, en fait, j'étais perdu, je ne sais plus où ils sont.

  • Speaker #1

    Je t'en parlais tout à l'heure, tu mentionnes souvent que tu traînais avec des bandes de Zazou.

  • Speaker #0

    Je traînais, oui, plus trop maintenant.

  • Speaker #1

    C'est des bandes de jeunes, c'est un mouvement qui a né pendant l'occupation allemande.

  • Speaker #0

    Ça oui, c'était un mouvement de résistance. Et comme les Allemands avaient interdit tout ce qui venait d'Amérique, ils avaient interdit le jazz. Ils disaient aussi que c'était une musique de nègres et de juifs. Ce qui est vrai, le jazz était essentiellement interprété par des juifs et des noirs. Mais il y avait un petit mouvement en France qui s'appelait les Azous, qui s'habillaient d'une manière assez extravagante. Je ne sais pas si vous avez vu des photos, des coupes de cheveux assez bizarres. C'était un mouvement de résistance en fait, et ils résistaient en faisant des booms. On en parle souvent dans les romans de Boris Vian, comme le ver coquin, le plancton, même dans l'écume des jours, qui écoutait du jazz aussi comme un moyen de résister à l'occupant, puisque évidemment c'était la musique maudite, et les Allemands ne voulaient pas du tout entendre de jazz, ils voulaient surtout de la musique classique. Cette musique-là faisait partie de leurs revendications, et il faut savoir aussi comment les Américains ont délivré la France en cas de réaction. 44-45, ça s'est fait beaucoup au son du jazz. Donc c'était une musique de liberté aussi, de libération.

  • Speaker #1

    Tu parlais d'une musique de noir, et c'était une musique de noir chantée par les Blancs. Alors,

  • Speaker #0

    c'est très spécial le jazz, c'est vrai qu'on peut dire que les Blancs ont volé au noir le jazz pour en faire quelque chose qui sortait de la communauté noire. Bon, mais après, si vous voulez, le rock'n'roll, ça a été l'effet inverse.

  • Speaker #1

    Elvis répondait un peu à tous les critères.

  • Speaker #0

    Voilà, Elvis, c'est le blanc aussi qui chantait comme un noir. Et il a fait d'une musique un peu, on pourrait dire ethnique, une musique populaire et ça a été une musique même plus que populaire mondiale. Puisque le rock, c'est quand même né de la musique noire, du blues, mélangé avec la country, qui est la musique blanche. La musique du sud de l'Amérique.

  • Speaker #1

    Blues qu'il a accéléré.

  • Speaker #0

    Qu'il a accéléré, absolument. Il a accéléré un vieux blues qui s'appelle That's Alright Mama. Un studio que j'ai visité d'ailleurs. Je suis parti là-bas comme en pèlerinage. Ils ont trouvé un son comme ça, par hasard en fait, en accélérant un vieux blues d'Arthur Crullup qui s'appelait That's Alright Mama.

  • Speaker #1

    Et je trouve intéressant de parler de ça parce que ta musique, on parle beaucoup du swing et le jazz et le rock apprend sa source. Du swing justement. Et pourtant c'est un style un peu méconnu je trouve ici.

  • Speaker #0

    Oui, en France, c'est vrai qu'il n'y a pas de courant. Déjà, par exemple, moi, je suis à fond dans cette musique et je ne trouve pas souvent de chanteurs, mais il y en a quand même, parce qu'on peut prendre quelqu'un comme Sansevierino ou Thomas Dutronc, leur musique est quand même basée là-dessus. Mais on n'est pas non plus des centaines, on est un petit noyau.

  • Speaker #1

    On a parlé musique, moi, je voulais parler avec toi d'instruments. Est-ce que tu pratiquais d'un instrument pendant l'adolescence ou quand tu as commencé ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai deux instruments, en fait. C'est le... La guitare et la percussion. J'ai toujours aimé ces deux instruments-là et j'ai souvent joué l'un ou l'autre. D'ailleurs, dans les clubs de jazz où je passais, je jouais l'un ou l'autre.

  • Speaker #1

    Tu as d'ailleurs acheté un combo après avoir vu le film « Éducrez la femme » de Brigitte Bardot.

  • Speaker #0

    J'ai acheté une paire de bongos. Oui, parce que c'est la première fois qu'en France, on voyait une femme se déhancher comme ça dans un film d'une manière torride, sur des rythmes latins. Je ne sais pas si vous avez vu le film dans « Éducrez la femme » . Ça a été vraiment une révélation pour moi, cette musique. La musique latine aussi, comme le jazz.

  • Speaker #1

    Par Sinatra, la révélation du jazz ?

  • Speaker #0

    Je ne peux pas dire ça, mais le jazz, c'est les grands orchestres, c'est Count Basie, c'est Glenn Miller. Sinatra a fait une espèce de variété sur fond jazzy, mais on ne peut pas dire que Sinatra fait du jazz. Je ne le trouve pas, je ne pense pas.

  • Speaker #1

    Autre révélation, c'est ce concert de Charles Aznavour auquel tu assistais à l'Olympia très jeune, par pur hasard, parce que ton père a raté son train et a récupéré sa place.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est des accidents de l'histoire qui ont fait dévier mon destin puisque j'ai assisté à l'âge de 11 ans à un concert de Charles ça a été très révolutionnaire pour moi, je n'avais jamais vu de concert et j'ai vu des gens qui écoutaient religieusement ses textes, sa voix et sa musique et moi je suis sorti bouleversé de là et je me suis intéressé vraiment à la chanson après ce concert je me suis demandé comment un art pouvait provoquer autant d'émotions, autant d'applaudissements autant de... de concentration et c'est vrai que c'est un art très important.

  • Speaker #1

    Sûrement en parallèle au parcours, il y a quelques points de similitude, je trouve. Être à contre-courant, ça crée la marque finalement.

  • Speaker #0

    C'est vrai que Charles, il parlait souvent de ses années difficiles parce que ça n'a pas fonctionné tout de suite. On l'aimait bien comme auteur, mais il avait du mal à se placer en tant que chanteur, en tant qu'interprète, parce qu'il avait une voix un peu voilée, son physique ne correspondait pas au canon de l'époque. Donc il a mis 17 ans de vache maigre.

  • Speaker #1

    impossible aujourd'hui, une carrière comme la sienne.

  • Speaker #0

    C'est impossible, oui, parce qu'il a commencé à avoir du succès vers 37-38 ans. J'ai l'impression que c'est un peu âgé pour un chanteur aujourd'hui. Quoique non, on sait jamais, il n'y a pas de règles. C'est surtout qu'après ça, il a duré des décennies. Il a presque atteint le siècle, quand même.

  • Speaker #1

    Et tu l'as repris récemment avec deux albums qui ont été certifiés Platine. Félicitations. Merci. Joli travail, vraiment. En plus, tu as eu la valse de sa fille, Katia. Et c'était un ami à toi. Pourquoi tu as choisi de... le reprendre parce que c'est ton ami, t'es inspiré t'as pas du tout eu peur de ce défi là ?

  • Speaker #0

    Non j'ai pas eu peur, je l'ai fait avec mon coeur, je l'ai fait comme je t'ai dit comme ma passion est née ce jour là, je me suis dit que c'était la boucle est bouclée, il fallait que je rende hommage à son oeuvre en plus je trouve qu'il y a pas beaucoup de chanteurs qui l'ont fait et en fait je l'ai fait dans une période très spéciale qui est le Covid, donc c'est une période où on avait beaucoup de temps, donc on avait du temps et comme on avait du temps, il n'y a pas que moi qui avais du temps, il y avait beaucoup d'artistes qui avaient du temps donc ce qui fait que tout le métier de la chanson avait du temps. Donc, ils sont venus faire les dios avec moi. Là, ce serait impossible à monter un projet pareil, puisque j'ai eu avec moi Patrick Bruel, Florent Pagny, Obispo,

  • Speaker #1

    enfin,

  • Speaker #0

    Carla Bruni, je ne peux pas tous les citer. Mais voilà, donc le Covid, ça a eu du bon, parce que ça a libéré les plannings, en fait. Donc, j'ai pu faire ce disque, parce qu'il n'y avait pas que moi, évidemment, qui aimait Charles. Toute ma génération était fan de Charles, presque à l'unanimité, je dirais. Donc, on était très contents de partager ce... Cet amour.

  • Speaker #1

    C'était un monument de la chanson française et pourtant, quand il a disparu, certes, il y a eu un hommage aux Invalides, mais c'est vrai qu'on n'en a pas tant parlé que ça. Il n'y a pas eu tant d'hommages que ça. Non,

  • Speaker #0

    mais c'est-à-dire, c'est quand on compare avec Johnny Hallyday. C'est vrai que Johnny Hallyday, c'est vraiment la star française. Et quand il a disparu, évidemment, il y a eu plein d'événements. Mais Charles, on ne se rend pas compte que c'est le chanteur français le plus connu à l'étranger, le plus célébré, avec des tubes, il en a un paquet. de tube. Ce n'est pas un titre, il y en a plein. Il a été repris par plein de chanteurs. Et donc, oui, j'ai trouvé que c'était un peu tiède comme hommage.

  • Speaker #1

    C'était un ami intime à toi ?

  • Speaker #0

    Intime, je ne dirais pas, mais disons que c'était un maître, je dirais, plus qu'ami.

  • Speaker #1

    Il paraît que tu as donné un conseil. Dany, si tu veux durer, il faut d'abord aborder des sujets de société. Chose que tu fais, je trouve, en réécoutant un peu tes albums. Tu fais ça à partir du quatrième, sorti en 99,

  • Speaker #0

    Nouveau Jour. Ah, très juste.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que... Les premiers, c'est un peu les paroles adolescentes. J'ai l'impression que c'est d'ailleurs ce qui est resté pour l'imaginaire collectif. Et qu'à partir de là, tu as vraiment suivi un peu son conseil.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on s'est beaucoup côtoyé à l'âge de mes 30 ans. C'était ma période Havana où j'avais sorti des albums avec mon tube. C'était quand je vois tes yeux. C'est vrai que Charles était bien sûr très sageval sur les textes. Il me dit, tu ne pourras pas tenir si tu fais des chansons comme ça d'adolescent. Il faudra aborder des sujets sérieux. Et je l'ai écouté, et j'ai fait tout un album après, qui s'appelait Nouveau Jour, dont tu parles, qui abordait des sujets de société, comme la chirurgie esthétique, comme le conditionnement, les débuts du formatage, etc. Je l'ai fait, donc j'étais content de le faire. Il n'a pas bien marché. Il n'a pas très bien marché. Donc après, je suis revenu à des choses un peu plus légères. Je me suis dit, les gens, ils aimaient bien ma légèreté chez moi. Et après, à partir de Dolce Vita, c'est là que j'ai trouvé un équilibre. entre la légèreté et la gravité. Et j'ai fait des chansons comme « Tant qu'il y aura des femmes » ou des choses comme ça, qui en même temps sont des chansons de charme, mais en même temps des chansons sociétales, puisque l'avancée des femmes dans la société, c'est très important aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Petite parenthèse, est-ce que tu as vu le film « Monsieur Aznavour » ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, je l'ai vu,

  • Speaker #1

    oui. T'en as pensé quoi ?

  • Speaker #0

    Je l'ai trouvé très bon, parce que comme il a été fait par la famille, il y a dedans des aspects de Charles qu'on ne connaissait pas du grand public, comme par exemple, il a de temps en temps des phases de dépression. Je ne l'avais jamais vu, j'ai trouvé Charles comme quelqu'un de... très centré, très équilibré, très rationnel. Et par moments, même quand sa carrière est à son zénith, on le sent un peu perdre pied. Et je pense que tout ce qui est dans ce film est vrai, puisque sa fille a dû tout superviser, etc. Et c'est intéressant de voir l'envers du décor, sa dualité entre sa grande ambition de vouloir s'en sortir, la rage de gagner, et en même temps la difficulté de s'occuper de sa famille, parce qu'il n'était pas souvent là, etc. Donc il y avait un tiraillement entre sa vie privée. et sa vie professionnelle.

  • Speaker #1

    Je vous invite vraiment à aller voir ce film, on apprend beaucoup de choses. Moi, par exemple, j'ai appris qu'il avait chanté La solitude de l'homosexuel, par exemple. C'est super intéressant. Et une chose sur laquelle je voulais revenir aussi, c'est qu'il t'a écrit un texte. Un texte que tu n'as pas mis en musique dans les deux albums. Je voulais savoir pourquoi.

  • Speaker #0

    Non, je le garde, c'est un texte pour moi. Je n'ai pas envie d'en faire une oeuvre commerciale. C'est un truc que j'ai pour moi. Je n'ai pas envie de... Je trouvais ça un peu, après sa disparition, un peu opportuniste de sortir un texte comme ça. Voilà, regardez, j'ai ma chanson. J'ai préféré reprendre ses anciens succès. Et puis un jour, peut-être, avec l'accord de la famille, peut-être je... Je le chanterai, je verrai, mais pour l'instant, non, je ne le sens pas.

  • Speaker #1

    Pour revenir un petit peu au début de ton parcours, c'est une histoire bien connue. Ta maman voulait faire de toi un médecin. Elle te pensait à la fac. Et toi, tu traînais dans les cabarets, aux Trois-Maiers, où tu as passé cinq ans. Alors pour que les gens s'imaginent, pour les plus jeunes surtout, s'imaginent ce que c'est, c'est un endroit assez intimiste.

  • Speaker #0

    Je connais.

  • Speaker #1

    On est très vite fait dans le sud de la France, on va dire. Ce n'était pas très démocrate,

  • Speaker #0

    vous savez.

  • Speaker #1

    Avec des tables. Et ce que je trouve intéressant, c'est que les gens ne viennent pas pour te voir, mais il faut que tu essaies de les distraire. Et en plus que ça, que tu les choppes.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Les gens sont très très prêts. Aujourd'hui, quand on fait un spectacle ou une télé, les gens sont loin. On les capte, mais ils sont dans un conditionnement avec des lumières, des sièges, il y a tout un truc. Ils sont là pour se concentrer. Mais c'est vrai que dans les clubs, ils ne sont pas très concentrés. Donc l'exercice, c'est d'essayer de capter leur attention. Alors au début, je faisais juste la pause des musiciens, parce qu'il y avait un groupe. 5 minutes, 6 minutes, et puis au fur et à mesure, comme le patron avait vu que j'avais un petit succès, il m'a donné l'espace pendant une heure. Alors pendant une heure, il faut les capter, et des fois c'était dur. Je n'y suis pas toujours arrivé, mais en tout cas, ça a été un apprentissage et une école qui m'a donné des principes de spectacle, puisque vous savez bien que dans ce métier, il n'y a pas d'école. Ça a été mon école, et je suis content d'être passé par là.

  • Speaker #1

    Je trouve intéressant que tu utilises le terme d'apprentissage, c'est ce que j'ai marqué. tu as appris ton métier sans savoir si ça allait marcher tu sentais un feu sacré en toi tu avais ça dans le ventre,

  • Speaker #0

    il fallait que tu tentes ta chance on sait jamais que ça va marcher même les gens qui font des trucs aujourd'hui savent jamais, il n'y a aucune assurance que ça marche, il n'y a aucune sécurité c'est pour ça que bien souvent les parents ont peur quand on leur dit qu'on va embrasser ce genre de profession puisque je n'ai aucune assurance que ça marche un jour, mais que ça marche 10 ans, 20 ans, 30 ans financièrement que je m'en sorte, que je puisse en même temps parallèlement fonder une famille. Non, c'est des métiers à haut risque, c'est des métiers très difficiles. Mais si vous voulez, comme tu dis, quand on a le feu sacré, quand on n'a pas envie de faire autre chose, il faut essayer au moins, il faut se donner un petit laps de temps. Mais je pense qu'il faut pas le faire perdurer beaucoup beaucoup de temps si vraiment il n'y a pas des signes favorables. Parce que bon, après on gâche sa vie.

  • Speaker #1

    5 ans quand même, c'est pas mal.

  • Speaker #0

    5 ans, c'est des études classiques. C'est la licence. Non, c'est la maîtrise.

  • Speaker #1

    En général, quand on se lance dans des domaines artistiques, c'est en général soit pour canaliser une certaine énergie, une certaine hyperactivité, soit pour combattre une timidité. Et toi, je crois que c'était ton cas. Pour te citer, tu te trouvais très laid, même si la beauté, c'est subjectif à l'adolescence, mais surtout, tu étais timide. Tu avais vraiment besoin d'embraser comme ça, un petit peu, de te mettre dans la peau d'un personnage.

  • Speaker #0

    Je vais dire la vérité, je me trouvais très laid. Je ne sais pas si je l'étais. Mais comme je portais des lunettes et que j'étais très très myope, ça ne me donnait pas un look très frais. J'étais avec des grosses lunettes. Le jour où j'ai mis mes lentilles, je me suis dit que je suis pas mal quand même. Mais parce qu'avant, je ne me suis jamais vu. Tu vois ce que je veux dire ? Et je me suis dit que j'ai changé de coupe de cheveux. Et puis, je me suis rectifié mes dents. Parce que j'avais des dents tordues. Et là, j'ai commencé à être pas mal. Enfin, je ne l'étais pas non plus, mais je me suis dit, voilà. Mais si tu veux, c'est mes lunettes, en fait, qui m'ont vu. À travers le prix de mes lunettes, je me suis vu à affreux pendant toute mon adolescence. Et après, si tu veux, le fait de chanter, d'avoir du succès devant les gens, c'est vrai que ça, ça donne une certaine assurance.

  • Speaker #1

    Le succès, il arrive par Suzette. Donc, je vais dire l'histoire pour ne pas que tu n'aies à le faire une dernière fois. Du nom de la mère de Francis Huster, pour les besoins d'un film, on a volé Charlie Spencer. Finalement, la chanson, elle n'est pas retenue. Tu la gardes sous la main. Et tu la sors à nouveau cinq ans plus tard, en 91. Et là, elle devient un succès populaire.

  • Speaker #0

    Et c'est parti. Oui, tout à fait. Ça m'a échappé. Et en fait, elle est sortie au bon moment. Je pense que les gens avaient envie. C'était en pleine guerre du Golfe. La situation était assez pesante, peut-être comme aujourd'hui. Il y a des guerres de partout. Et c'était une chanson qui apportait une certaine joie de vie, une fraîcheur d'après-guerre, d'ailleurs. Et c'est vrai que le moment où elle est sortie, c'était le bon moment. Cinq ans auparavant, peut-être que... elle n'aurait pas fonctionné. C'est comme ça, c'est les mystères des chansons. Elles ont leur destin propre.

  • Speaker #1

    Tu l'as sorti vraiment en fonction du contexte parce que tu es quelqu'un d'assez...

  • Speaker #0

    Je ne l'ai pas sorti, moi. C'est qu'un jour, j'ai trouvé une maison d'isques qui m'a signé et donc elle a choisi cette chanson parce que moi, je n'en avais plein. Il y a un Saint-Germain que j'aimais beaucoup. J'avais des chansons comme ça. Mais c'est le directeur de la promo qui l'a choisi et en fait, elle a eu tout de suite un impact de... Très fort, puisque la directrice des programmes d'RTL a dit « Ah, c'est pas mal ça » , puis elle l'a programmé. Et après, avant, tout le monde suivait RTL. Donc, toutes les radios s'y sont mises. Et puis, comme il y avait quatre émissions de variété à l'époque, par semaine, vous les faisiez toutes. Et évidemment, les gens allaient acheter le disque à l'époque. Donc, ça a été très vite.

  • Speaker #1

    Et toi, c'est un peu fidèle à ce que l'on sait de toi, c'est que tu n'essaies pas de calquer quelque chose qui marche. Tu reviens à ta source musicale, à ce qui t'a créé. finalement artistiquement. Tu t'es pas posé de questions, vraiment, t'as suivi ce que t'avais envie de faire.

  • Speaker #0

    Ensuite, j'ai bifurqué vers Cuba. Parce que je me suis dit, j'ai pas envie qu'on m'enferme dans le registre du swing, ou je sais pas comment on l'appelle. Il faut pas que je fasse la même chanson différente. Et donc j'ai essayé de brouiller les pistes, et je suis allé à Cuba. Donc c'est vraiment de passer de Suzette à La Havane, c'est bizarre. Mais j'ai fait un autre tube en même temps. Et en fait, ce qui est important, c'est les trois premiers albums, c'est le plus important dans ce métier. Souvent les gens font un très bon album au premier, puis le deuxième, c'est difficile. Mais le plus dur, c'est le troisième. Parce que souvent, on me dit tout dans les deux, et puis le troisième, c'est... Et moi, j'ai eu la chance de faire un très gros tube sur l'album que j'ai fait à Cuba. Quand je vois tes yeux.

  • Speaker #1

    Parce que le premier, quelque part, c'est le plus facile, parce qu'on a une vie derrière soi, donc c'est un peu la résultante de tout ça. Et après, il faut trouver des choses à dire. Et toi, ce que je trouve intéressant dans ton parcours, c'est que chaque album, c'est un concept, différents styles musicaux, mais toujours cette même couleur qui fait qu'on... On sait qu'on écoute du Danny Briand. Et moi, je trouve que c'est limite respectueux envers les gens qui t'écoutent. Tu leur proposes quelque chose de nouveau à chaque fois. Tout simplement, je voulais te demander pourquoi cette volonté de voyager ? Parce que tu as parlé de Cuba, il y a eu l'Italie.

  • Speaker #0

    C'est mon rêve. Moi, je suis à l'écoute de mon rêve. Et j'ai rêvé sur Cuba, j'ai rêvé sur la Nouvelle-Orléans, j'ai rêvé sur l'Italie. Tout ça, c'est des rêves pour moi. Donc, je vais juste suivre mon rêve. Je n'ai pas de calcul marketing. Je ne sais pas comment on fait un tube, je ne sais pas si je vais passer à la radio, je ne sais pas comment il va être accueilli mon album. Je fais juste ce que je ressens. Mais c'est vrai que je ne fais pas des albums comme ça, c'est toujours enfermé dans un univers. Parce qu'après, quand je raconte les histoires, il y a une histoire à raconter. Tu comprends, si je fais mon album à Paris, dans un studio obscur, à Porte d'Aubervilliers, pendant dix ans, je n'ai pas grand-chose à raconter aux gens. Quand je leur dis que je suis allé à Cuba... juste avant l'explosion de Cuba en 96 les gens ça les faisait rêver et moi ça me faisait rêver aussi donc après il y a tout qui découle, le clip les fringues, les danseuses tu vois la scène aussi il y a un univers sur scène donc moi je pense en spectacle total, je pense pas que les chansons je pense du début jusqu'à la fin l'univers,

  • Speaker #1

    le clip qui va illustrer donc en fait c'est plus facile ce que je trouve intéressant c'est que tu suis tes envies mais en même temps tu t'inscris dans la durée vu que la musique est cyclique et qu'elle revient tous les styles reviennent à chaque fois à la mode si je puis dire toi t'as touché à tous les studios la salsa tu l'as fait il y a super longtemps mais attention à la mode aux tendances,

  • Speaker #0

    il faut être quand même dans la tendance, parce que faut pas croire que la nostalgie ou le vintage ça marche comme ça, quand j'ai fait mon album cubain, il faut savoir que Cuba était revenu beaucoup à la mode, il y avait Buena Vista Social Club et voilà on reparlait de Cuba à nouveau, 96 quand j'ai fait mon album en Italie bon voilà, l'Italie était partout dans la mode dans le truc Quand j'ai fait mon album, je ne sais pas...

  • Speaker #1

    Les danses de salon, c'est vraiment... Les danses de salon,

  • Speaker #0

    c'était juste avant Danse avec les stars. Je veux dire, c'était quand même... Tout ça, c'est quand même dans l'air du temps. Tu vois ce que je veux dire ? Ce n'est pas du vintage. Pour être vintage, il faut quand même... Et moi, j'ai un bon moyen pour flairer les tendances, et je continue toujours, c'est en fait de regarder les pubs. Si tu regardes des pubs aujourd'hui, tu verras, il y a plein de musiques soul, plein de musiques des années 70, avec des sons comme j'ai utilisés, parce que la pub est vraiment à l'écoute des gens. Contrairement peut-être aux artistes, ils sont même plus en avance des fois.

  • Speaker #1

    On parlait tout à l'heure en off de l'image qu'avaient les gens de toi. C'est vrai qu'on t'imagine toujours avec des textes romantiques, mais c'est vrai que sur chaque album, tu as toujours une ou deux chansons avec une portée sociale. Je me suis attardé vraiment sur l'album Nouveau Jour dont on parlait tout à l'heure, et de ses textes un peu plus travaillés. Oui,

  • Speaker #0

    c'était le but où j'ai travaillé vraiment l'écriture.

  • Speaker #1

    Toi et moi, c'est une ode à la révolution. En écoutant ça, je me suis dit, les gens n'ont pas cette image de Nanny Briand.

  • Speaker #0

    C'est pas grave, ça me dérange pas. Vous savez, c'est Sacha Guitry qui a dit qu'on n'est jamais connu pour les bonnes raisons. C'est pas très grave. De toute façon, les chansons, elles sont là, elles existent. Maintenant, en plus, avec Spotify, s'il y a bien un avantage de Spotify, c'est qu'on a tous les albums d'un clic. Alors qu'avant, c'était compliqué d'aller rechercher les anciens albums. Je pense moi-même, d'ailleurs, que je suis un révolutionnaire. J'ai toujours été dans ma tête. J'ai jamais voulu rentrer dans le moule. J'ai jamais été un mouton. Depuis même, quand j'étais petit, même dans ma famille. Ils savaient très bien que j'étais un rebelle, que je ne rentrais pas dans les cases. Donc, toi et moi, c'est vraiment une chanson. C'est oui, oui.

  • Speaker #1

    J'invite les gens vraiment à l'écouter. Ouais. Et tu as fait des choses folles que tu dis en interview. De temps en temps, les gens ne relèvent pas, mais c'est pour le sixième album, Jazz à la Nouvelle-Orléans, tu me pourris si je me trompe. Tu as enregistré avec le Big Band de Harry Connick Jr. Tout à fait. La musique de Can Rira Consalis, c'est ce gars-là.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais, ouais, j'ai enregistré parce que je trouvais que c'était un nouveau son dans le jazz et il avait quelque chose de très ancien, mais de très moderne. Donc, j'ai demandé à... à ma manageuse qui s'appelait Valérie Michelin qui avait travaillé avec lui de me donner ses coordonnées et j'ai appelé son manager et tout ça et il a dit ok pour me prêter son orchestre et c'est vrai que j'ai fait deux albums avec son orchestre J'ai fait Jazz à la Nouvelle Orléans. Et après, j'ai fait Histoire d'un amour, qui était un album sur les danses de coupe, mais toujours enregistré avec son orchestre. Et c'est vrai que son orchestre a un son terrible.

  • Speaker #1

    Ça rend bien.

  • Speaker #0

    Ah ouais.

  • Speaker #1

    Bon, je ne peux pas parler de toute ta carrière, mais là, j'ai parlé de la période, très grossièrement, de 91 à 2007, 2008, où il y a une apothéose à Bercy. J'ai l'impression que c'est un peu la fin de la phase ascendante de ta carrière. Après, il y a eu le théâtre. Tu avais besoin d'une pause après, à ce moment-là, où tu ne t'en étais plus inspiré ?

  • Speaker #0

    C'est vrai que je montais tout le temps. Chaque année, je montais jusqu'à Bercy, en tout cas en termes de spectateurs. C'était très beau Bercy, parce que moi je viens quand même d'un petit club de cabaret, je chantais devant 20 personnes et je me suis retrouvé devant 17 000. C'est vrai que c'était pas mal, j'ai adoré cette époque-là. Et puis après, j'ai dit bon, qu'est-ce que je peux faire de plus ? J'ai dit, je vais bifurquer un peu, je vais essayer de revenir à mes anciennes amours, qui sont la comédie quand même et le théâtre, puisque je ne sais pas, bon, je ne sais pas si je suis un bon chanteur, mais en tout cas, le théâtre a toujours été une de mes passions. et je me suis toujours vu comme un acteur comme un acteur qui chante je me suis toujours vu comme ça, donc après j'ai fait du théâtre et puis je sais pas ça s'est bien passé mais je n'ai pas réussi vraiment dans le théâtre la comédie, j'ai pas réussi je veux aller où ça il y a du soleil, vous voyez ce que je veux dire j'ai essayé en tout cas, et puis après comme j'ai vu que ça donnait rien je... Je garde pour moi mon talent d'acteur. Je le fais pour mes amis. Je raconte des histoires drôles. Non, je rigole.

  • Speaker #1

    Je crois que tu disais à l'époque que ça t'avait déconnecté un peu de la musique, finalement. C'était un peu plus dur.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est vrai. C'est vrai de jouer des personnages. On est avec eux toute la journée. Alors là, comme je jouais une espèce de mari un peu odieux, je me souviens, j'étais toujours énervé, même avec mes enfants et tout ça. Donc, ça demande beaucoup d'énergie.

  • Speaker #1

    C'était physique, ton rôle.

  • Speaker #0

    C'était très physique, oui. Ça demandait beaucoup d'énergie. Et après, j'ai eu du mal à me remettre à la composition, à l'écriture. J'ai l'impression qu'on ne peut pas faire deux choses en même temps. C'est compliqué de faire deux choses en même temps.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un événement déclencheur qui t'a donné envie de t'y remettre ?

  • Speaker #0

    C'est une question de rencontre. Un jour, on m'a appelé pour faire ce rôle. J'ai lu la pièce et je l'ai faite. Mais sinon, je laisse faire à l'avenir. Je n'ai jamais été frappé à aucune porte. La chanson, pareil. Je n'ai jamais été frappé à aucune porte. J'ai gardé cette philosophie. Quand les choses sont justes, elles viennent à toi. Et quand on va chercher, on ouvre une porte qui est fermée, tout ça, c'est ça. Enfin, moi, en tout cas, ça n'a jamais marché. Donc, si un jour, je devrais revenir à la comédie, c'est parce qu'il y a un rôle dans l'univers qui est pour moi et qu'il n'y a que moi qui pourrais le jouer. Et donc, on viendra me voir. Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire. C'est une espèce d'ajustement avec la vérité.

  • Speaker #1

    Il y a eu une autre période où tu ne savais pas si tu allais rechanter tout de suite. C'était juste après les albums d'Aznavour dont on a parlé tout à l'heure. Tu as dit honnêtement, je ne sais pas si je continuerai à chanter après cet album. C'est devenu tellement compliqué la musique aujourd'hui. Qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Non, c'est pas ça. C'est que l'industrie musicale a beaucoup changé, qu'il faut faire beaucoup de promos, qu'il faut aller parler énormément. On ne chante pas beaucoup, en fait, finalement. Quand on fait ce métier, on parle beaucoup, on essaie d'expliquer. Et je me suis demandé, est-ce que j'ai envie de faire ça ? Puis après, comme c'était une passion, j'ai dit, c'est pas grave, je jouerai le jeu. On y va. Et j'ai reçu sur tournée.

  • Speaker #1

    Et la drum.

  • Speaker #0

    Seventies j'ai fait Seventies au moment où on se parle il est sorti est-ce que tu peux nous expliquer la jeunesse de cet album je préférerais que tu nous en parles bon alors la jeunesse de cet album elle est très simple c'est que j'ai toujours fait des voyages dans l'espace je suis allé à peu près dans tous les pays où je voulais aller il me reste encore peut-être l'Argentine ou le Brésil j'ai pas fait mais peut-être même le Moyen-Orient parce que j'aime beaucoup la musique orientale Donc, c'est toujours lié à un pays, normalement, mes albums. Tous les trucs que j'ai faits, même l'album « Je suis à la Memphis » sur la terre d'Elvis et tout, parce que je voulais vraiment avoir le son. Et là, c'est la première fois que je fais un voyage, mais dans le temps. Parce que c'est une époque extrêmement riche, musicalement, mais pas que musicalement, littérairement, même au point de vue de la télévision, il y avait des programmes fantastiques. Voilà, tout était un peu très, très tiré vers le haut. à cette époque. Que ce soit la littérature, le cinéma, les humoristes, même tout était très intelligent, je trouvais. Et donc j'ai dit, ça serait bien de refaire des chansons comme il y en avait chez les Carpentiers, comme faisait Joe Dassin ou Claude François, parce que c'est un titre très spécial les années 70. C'est pas les années 80, c'est pas 60, c'est un truc très précis. Et donc je me suis baigné un peu là-dedans en écoutant beaucoup de cette musique et puis après, j'ai composé les chansons.

  • Speaker #1

    Et ce que je trouve intéressant, c'est que tu as beaucoup parlé dans les interviews de l'esprit Saint-Germain qui t'a inspiré, mais que tu n'as pas connu. Tandis que les années 70, tu as grandi dedans.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est très juste. On peut dire que les années 70, c'est la seule fois où je parle d'une musique que je connais, puisque je l'ai vécue en direct. Alors que l'autre, c'est un rêve. J'ai été chercher dans le passé des choses. Là, c'est vrai que je l'ai vécue en direct, puisque j'étais un grand fan de la radio à l'époque. J'avais toujours mon petit transistor avec moi. Je m'endormais avec. Et donc, j'ai passé tous les incendies à écouter. et la musique de l'époque, mais aussi les idées. Parce qu'il y avait tout un courant spirituel, intellectuel dans les années 70. C'est des écrivains fantastiques qui voulaient se libérer, qui voulaient libérer le monde, puisqu'il y avait 68. Ils voulaient se libérer du patriarcat, ils voulaient libérer la femme. On voulait redonner le droit aux minorités. Non, non, c'était une époque très, très, très, très importante, fourmillante d'idées. Et de rêve et d'espoir. Il y avait beaucoup d'espoir.

  • Speaker #1

    Qui aspirait à être heureux. Et on sent que c'est ce que tu as voulu retranscrire dans l'album. Oui,

  • Speaker #0

    moi, je sentais que les gens étaient heureux.

  • Speaker #1

    Parce que tu danses sur tes problèmes dans l'album, finalement.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Quand on a des problèmes, je pense qu'il faut danser dessus. Ça, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Et puis cet album, il faut le dire aussi, c'est une histoire de famille. Ton frère était malade et ensemble, pendant sa maladie, vous vous êtes remémoré.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Ces années 70 où le foyer familial était... Oui,

  • Speaker #0

    la famille était très importante. On n'avait qu'une télé. Donc, on regardait le programme tous ensemble. c'est fini parce que chacun est dans sa chambre avec son écran donc ça ça donnait une espèce de dialogue on parlait beaucoup, on s'échangeait on disait je sais pas la famille c'était uni, c'était sacré après ça s'est un peu désuni quand je suis parti de la maison j'ai perdu un peu le contact avec ma famille et là avec la maladie de mon frère c'est vrai que je me suis rebaigné dans notre enfance qui sont les années 70 Inconsciemment, je ne sais pas, mais j'ai peut-être fait ce disque pour lui.

  • Speaker #1

    Dans les années 70, musicalement, il y a beaucoup de choses. Il y a Reta Franklin, il y a James Brown, il y a énormément de choses. Qu'est-ce qui t'a inspiré principalement, toi, musicalement ?

  • Speaker #0

    Dans mon album, il y a tout. Il y a aussi bien du James Brown que du Joe Dassin. Il y a du Serge Reggiani, du Aznavour. Il y a un peu de tout, je pense, de tout ce que j'ai entendu. Puis il y a surtout des textes qui parlent d'aujourd'hui. C'est ça qui est marrant, c'est que c'est des chansons, c'est la musique des années 70, mais avec des textes qui parlent d'aujourd'hui. Donc ça, c'est un petit peu peut-être déroutant. Mais par exemple, j'ai pris une musique de James Brown pour très dansante. Et puis, j'ai parlé d'Internet, qui est un problème actuel. Pas du tout un problème des années 70, je ne sais même pas ce que c'était.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'il y a de la musique très soul, très jazz, avec des mélodies très rive gauche. Un mouvement soit associé au café, au cabaret des années 50-60. C'est un joli mélange, je trouve.

  • Speaker #0

    ça rend bien le mélange c'est ça qui fait l'origine de Dieu si on regarde les choses telles qu'elles étaient à l'époque ça n'a pas d'intérêt ce qui est bien c'est le mélange du connu et de l'inconnu ça doit être du boulot quand même ça pendant les préparations alors ce qui est du boulot c'est la musique ça n'a jamais été du boulot parce que j'ai peut-être 10 mélodies par jour je dois composer 10 mélodies par jour moi mais c'est toujours les textes qui sont longs parce qu'il faut trouver comment exprimer l'idée et Et ça, c'est de la transpiration. La musique, c'est de l'inspiration. Le texte, c'est une sorte de transpiration. Enfin, quand on veut sortir des textes comme j'écrivais au début, c'est vrai que j'écrivais mes textes au début, c'était très facile. Là, quand je veux aborder des sujets plus graves, c'est plus compliqué à écrire le texte.

  • Speaker #1

    Là, par exemple, dans Je préférais comment on s'aimait avant, tu regardes le temps où on pouvait rencontrer l'âme sœur, la fête de village, dans la rue, tout simplement qu'il y ait une rencontre humaine. Pas sur ces applications, parce que c'est le premier... vecteur de rencontre aujourd'hui.

  • Speaker #0

    C'est vrai, vraiment ? Je ne sais pas, je suis un peu déconnecté de la jeunesse, moi.

  • Speaker #1

    J'ai vu ça il n'y a pas longtemps. Ah,

  • Speaker #0

    c'est le premier vecteur.

  • Speaker #1

    Oui, ça y est, c'est fait. Je voulais savoir comment tu fais pour faire écrire des paroles qui te plaisent, qui sonnent et qui ne te font pas passer, tu me pardonneras l'expression, pour un vieux con, pour ne pas être le « c'était mieux avant » . Ah oui,

  • Speaker #0

    oui, oui, le « c'était mieux avant » . D'abord, je vais te dire un truc sur le « c'était mieux avant » . C'est vrai, c'était mieux avant. C'était mieux avant, je suis désolé, je ne vais pas me cacher pour plaire aux jeunes. C'était mieux avant, pas pour tout. Mais par exemple, en matière de séduction, il ne me viendrait jamais à l'idée de laisser un ordinateur choisir ma future fiancée. Je laisse faire le destin, le hasard, l'histoire, Dieu, je ne sais pas comment on l'appelle. Mais ça, c'est romantique. Et puis, c'est des histoires, on se raconte des histoires. Je ne sais pas, on s'assoit dans un avion. Et puis, à côté de vous, il y a une fille, vous voyez, qui est là. C'est joli à raconter. Alors, vous lui dites, c'est fou ce que vous ressemblez à ma deuxième femme. Elle me dit, mais vous en avez combien ? Ben, j'en ai qu'une. Vous voyez, ça, vous ne pouvez pas le faire sur, je ne sais pas quoi.

  • Speaker #1

    Ben non, c'est le marché. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Donc, voilà, c'est comme ça. Parce que moi, je suis un mec de cinéma. Enfin, j'ai vu des films, je suis romantique. Mais j'ai l'impression que les gens aussi sont comme ça au fond, finalement. Regardez le succès de l'amour ouf. Tout le monde y court parce que tout le monde a envie d'une histoire d'amour classique qui ne passe pas par les machines.

  • Speaker #1

    Et tu as une chanson dédiée à Internet carrément.

  • Speaker #0

    Oui, Internet. Internet est omniprésent. Par exemple, si je n'ai pas d'iPhone, là je passe pour un vieux con. Mais moi, si je n'ai pas envie d'avoir d'iPhone, il y a une pression. Il y a presque une dictature. Je pense qu'à la prochaine révolution... La dernière révolution en 68, elle s'est faite contre le patriarcat, contre l'autorité masculine. Eh bien, je pense que la prochaine révolution se fera contre l'ordinateur.

  • Speaker #1

    Contre Google, contre Apple.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, contre la mainmise de notre vie par des entités, des machines, de la technologie. Un jour, les gens voudront tout casser et retrouver l'humanité, ça j'en suis sûr. Ce sera la prochaine révolution.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'on est complètement asservis,

  • Speaker #0

    on est des esclaves. Comme à l'époque, on voulait se libérer des dictatures. Mais ça, c'est la vraie dictature. Mais c'est une dictature sournoise.

  • Speaker #1

    Ça choisit même notre musique maintenant.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est sournois parce qu'on a l'impression qu'on est libre. Mais pas du tout. On est aussi bien formaté et manipulé que quand les dictateurs faisaient des... Je sais pas, en Russie communiste, où les gens avaient l'impression que c'était sale bonheur. Puis ils se sont tous fait massacrer. Non, on ne va pas jusque là. Mais disons que je crois à une révolution contre l'algorithme.

  • Speaker #1

    Il y a aussi des chansons très personnelles. La première chanson que tu consacres à ta maman, 13 albums, tu vas être fier.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'elle est contente. D'autant plus que je l'ai écrite dans un contexte où elle a connu un deuil avec la disparition de mon frère. Donc c'est vrai, ça lui a mis un peu de baume de cette chanson dans laquelle elle s'est reconnue parce que, on pourrait dire que c'est universel, les mères, mais chaque mère a une histoire. Et là, je raconte un peu son histoire avec son départ. de son pays, de comment elle s'est battue pour faire tenir debout trois enfants. Et je crois que ça lui a fait du bien.

  • Speaker #1

    Et une chanson à ton frère ?

  • Speaker #0

    Oui, une chanson à mon frère, bien sûr.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est les chansons les plus difficiles à écrire ?

  • Speaker #0

    Ah non, je la sais. Alors, quand on parlait de transpiration, je l'écris en cinq minutes.

  • Speaker #1

    Là, tu as instinctivement...

  • Speaker #0

    Oui, parce que mon frère, en fait, je me suis battu avec lui pendant deux ans pour essayer de le sauver. On a parcouru les hôpitaux, les médecins. Évidemment, quand il a fermé les yeux un soir, je me rappelle très bien, c'était fin septembre. Eh bien, je suis rentré dans ma chambre. J'étais évidemment bouleversé, enfin plus que bouleversé. Il n'y a pas de mots, bref. Et puis, j'ai pris un papier et j'avais une émotion tellement grande. J'ai écrit la chanson en cinq minutes, par les musiques. Voilà, ça, c'est une inspiration.

  • Speaker #1

    Et je voulais que tu nous parles aussi de l'importance que tu as accordée à l'objet musical, donc le CD, le livret. Tu as créé des goodies aussi pour cet album. J'ai l'impression que la musique physique n'a plus de valeur, mais que toi... qui attache encore de l'importance finalement.

  • Speaker #0

    On est les derniers des Mohicans, on résiste encore un peu. On ne peut pas lutter contre une évolution, mais si on peut garder quelques objets qui puissent témoigner d'un moment, d'une époque, d'une photo, parce que quand on prend une photo, on a un certain âge, et elle va rester, garder quelque chose, une trace. C'est ça pour moi les livrets, c'est la trace.

  • Speaker #1

    Tu t'en occupes personnellement ?

  • Speaker #0

    Je travaille avec mon équipe, avec ma manageuse, on est plusieurs à donner notre avis, et oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et ce jeu de cartes à tourner Fiji ?

  • Speaker #0

    alors ça ce jeu de cartes c'est parce que tout le monde me disait à chaque fois est-ce que t'as la carte est-ce que t'as la carte je sais pas si j'ai la carte mais en tout cas j'ai le jeu je voulais te parler de quelque chose mais RTL m'a volé la primeur ces supporters de Brest qui ont repris je vois tes yeux oui mais qu'est-ce que t'en penses de ça ah moi j'adore c'est marrant c'est marrant pour moi une chanson qui s'évade comme ça c'est l'heure où on va s'en rendre au succès finalement ah bah ça c'est vrai que c'est une chanson qui est rentrée dans un inconscient collectif, puisque dans les matchs de foot, c'est là où il y a les instincts les plus communautaires. Je suis très fier de ça, évidemment. Il y a ça et les manifestations. Je me souviens quand Suzette était sortie, il y avait une manif au boulevard de la République. J'avais écouté ça aux infos. A l'époque, il n'y avait qu'un journal, c'est à 20h. C'était « On gagne des clopinettes » . J'ai trouvé ça génial. Je me dis « Voilà, la chanson, elle est partie. » « On gagne des clopinettes depuis... » Là, maintenant, je sais quand je vois tes yeux, donc je serais content.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as eu la curiosité de regarder Sur YouTube, Dany Briand, reprise. Les gens, ce qu'ils font avec tes chansons.

  • Speaker #0

    C'est rarement Briand, ces trucs-là.

  • Speaker #1

    Il y a de tout. Il y en a qui font des versions rock de tes chansons, des reprises de batterie, il y a des chorales, il y en a qui font des pièces de théâtre avec tes chansons.

  • Speaker #0

    Ah, c'est bien. Et même,

  • Speaker #1

    j'ai vu ça ce matin. ta voix est utilisée pour chanter d'autres chansons.

  • Speaker #0

    C'est l'IA, c'est avec l'IA.

  • Speaker #1

    Avec l'IA, oui. Je t'ai vu chanter les bébés brunes ce matin.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est marrant. Il faudrait écouter, ça m'intéresse. Qu'est-ce que je pense de l'IA ? Moi, je ne suis pas contre toute l'évolution. Mais le problème, c'est qu'aujourd'hui, quand il y a une invention, il y a toujours une part d'ombre et de lumière. Après, il faut gérer. Comme Internet, c'est fantastique. Moi, mon fils, qui a 14 ans, il a découvert des auteurs de livres. des films auxquels il n'aurait pu avoir accès qu'à l'âge de 17 ans ou 18 ans en faisant des études de cinéma. Là, avec Internet, il l'a. Mais d'un autre côté, il y a des choses un peu nauséabondes. On sait de quoi je parle. Donc c'est ça. Quand les choses ne sont pas gérées, il n'y a pas de garde-fou. Quand le permis de conduire, c'est à 18 ans. Tu ne peux pas aller conduire une voiture à 14 ans. Donc là, on donne une voiture à des enfants dans un monde comme ça. Je ne suis pas contre l'IA, ça doit avoir des choses fantastiques. Et puis après, si par contre, on se laisse devenir, si on n'est pas le maître, si on est l'esclave, comme tu disais le nom d'esclave, j'y crois beaucoup. D'ailleurs, dans le livre Le Meilleur des Mondes, je ne sais pas si c'est le livre d'Aldous Huxley, il parle déjà de l'esclavage. Il parle de ça.

  • Speaker #1

    Mais tous ces auteurs, les visionnaires, les Orwell.

  • Speaker #0

    Voilà, on y est, on y est. Donc voilà, il faut en être le maître et jamais l'esclave. C'est comme l'argent. L'argent aussi peut faire des choses magnifiques et peut... polluer l'âme des gens. Donc, il faut être le maître, jamais l'esclave.

  • Speaker #1

    Je voulais que tu me parles de la tournée 76, les dates qui arrivent. Ça va donner quoi sur scène ?

  • Speaker #0

    Écoute, c'est une tournée surtout best-of. Parce que comme je me suis dit quand même, Suzette, elle a 30 ans. Bon, je n'ai pas pu faire avant parce que j'avais fait mon projet Aznavour. Mais je vais vraiment fêter mes 30 ans parce que c'est quand même une victoire d'avoir survécu à toutes les modes, à tout ça. Donc, c'est surtout une tournée où je vais interpréter toutes mes chansons en donnant La preuve que ce que j'ai fait, en fait, ce n'est pas du tout, comme on me l'a souvent reproché, un truc vintage. C'est quelque chose d'intemporel. Et en les chantant aujourd'hui, je vais montrer aux gens qu'elles sont toujours... Par exemple, la chanson que tu m'as passée, là, quand je vois tes yeux, je l'ai écrite en 96. Et on est en 2024. Eh bien, elle est toujours là. Alors ça, pour moi, c'est une fierté parce qu'on me l'a reproché que c'était trop dans une époque. Et moi, j'ai dit non, c'est pas dans une époque, c'est quelque chose d'intemporel. Et je veux faire la preuve. de ce côté-là, en interprétant sur scène mes 30 ans de succès pour montrer qu'il n'y a rien qui a... Ça n'a pas pris de ride, en tout cas.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu les habilles différemment, les chansons, pour les jouer sur scène ?

  • Speaker #0

    Oui, je les habille un peu. C'est ton plaisir,

  • Speaker #1

    mais aussi pour... Non,

  • Speaker #0

    mais parce que j'ai évolué, j'ai plus d'expérience, et je sais maintenant rendre une chanson encore plus efficace. Si vous voulez, mes premiers albums, je ne les réalisais pas. Après, quand j'ai appris comment on faisait, maintenant, je crois que mes albums sonnent mieux aujourd'hui que ceux de... Enfin, sauf avant, bien sûr, au début, il y avait l'enthousiasme de la jeunesse. et il y avait un charme bien sûr que je pourrais pas retrouver parce que j'ai pas cette voix j'ai pas mais j'ai de l'expérience quand même tu vas passer partout là à Paris c'est le Playel ouais partout je sais pas moi je passerai partout on veut de moi moi je t'ai vu à Cana en Roussillon donc il y a pas longtemps ouais c'était en juillet alors c'était bien bah ouais moi j'adore en plus c'est le cadre c'est sympa le mec il va le mec il te dit alors c'était bien bon ça allait mais c'était pas non plus faut pas euh Mec, après une heure d'interview, tu sais.

  • Speaker #1

    Pour terminer cet entretien, je voulais te poser quelques questions pour te découvrir sous un prisme différent.

  • Speaker #0

    Mais attention, je ne me connais pas bien.

  • Speaker #1

    On parlait des années 70, tu avais une reco de vieille série. Pour moi.

  • Speaker #0

    Moi, c'est amicalement vôtre, avec Sonny Curtis et Roger Moore. Fantastique. Roger Moore avant James Bond. Et Tony Curtis, vraiment l'acteur phare des années 60, l'acteur américain qui est fantastique.

  • Speaker #1

    J'ai un doute sur la décennie, pour moi ce serait Mystère de l'Ouest.

  • Speaker #0

    Ah mais c'est ça. C'est ça. Manix, tout ça c'est des années 70. Starkey et Hutch.

  • Speaker #1

    Et une roco musicale, quelle que soit la décennie.

  • Speaker #0

    Alors moi je trouve que le chanteur qui exprime le mieux l'esprit communautaire, l'anti-égo des années 70, c'est ça, c'est vraiment les gens qui vivent ensemble. Pour moi c'est Michel Fugain et le Big Bazaar.

  • Speaker #1

    Et un artiste en ce moment qui te plaît ?

  • Speaker #0

    Zao de Sagazan. J'aime beaucoup parce que sa voix est très originale, ses orchestrations. Et je pense que ce qui importe à un artiste, c'est son originalité. Alors voilà, c'est quelqu'un qui ne ressemble à personne.

  • Speaker #1

    Et tu m'as cité quelques bouquins depuis le début de l'entretien. Je t'ai écouté très attentivement. Est-ce qu'il y en a un qui t'a plu aussi récemment ? Ou un vieux classique, même un peu un livre de chevet. Est-ce qu'il y en a un ?

  • Speaker #0

    Je me suis remis à lire l'être à un jeune poète de Réunir Maria Hilke, qui donne des conseils quand on embrasse la vie artistique. où il parle de la solitude, il parle de tout ça. Parce que moi, j'ai eu une période de deux ans très solitaire. Et ce bouquin m'a, comme tous les bouquins que j'ai lu, ça m'a beaucoup aidé. L'être un jeune poète, je le recommande.

  • Speaker #1

    Et trois dernières questions. Je vais savoir déjà s'il y avait quelqu'un que tu me recommanderais pour que j'invite dans mon émission et qu'on fasse le même exercice qu'on a fait ensemble aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Alors écoute-moi, justement, je viens de faire une émission où j'ai un copain qui m'a fait un petit hommage et tout ça. Et j'aimerais bien lui rendre l'appareil. Ce serait Antoine Dullery. Il n'est pas chanteur, c'est un très très bon acteur.

  • Speaker #1

    Je voulais savoir s'il y avait quelqu'un dans ta carrière professionnelle, je ne vais pas aller dans l'ordre du privé, à qui tu aimerais dire pardon.

  • Speaker #0

    Je n'ai jamais insulté personne. Non. Gérald Normand, peut-être, non. Non, parce que j'avais fait un... Non, je vais raconter l'histoire, en fait. Au début, quand je faisais mes premières tournées, les gens ne me connaissaient pas encore. Et donc, j'arrive, c'était ma première tournée, j'arrive dans un restaurant. Parce que moi, j'aime bien manger après le concert, pas avant. Donc mes musiciens préfèrent manger avant. Donc je mangeais tout seul. Et le mec me dit, je vous connais, vous me ferez le livre d'or. Je dis bonjour, oui bien sûr. Alors quelqu'un me regardait un peu comme ça, presque avec mépris, condescendance. il me donne le livre d'or c'est le livre où vous faites un truc c'était super beau alors j'ai mis c'était vraiment dégueulasse

  • Speaker #1

    Gérard Lenormand alors voilà c'était un joke je pense qu'il me pardonnera et pour terminer fort de toutes ces années de carrière j'ai essayé de dérouler le mieux possible en une heure je voulais savoir si ce 13ème album cette belle tournée qui arrive et tout ce que tu as vécu dans ta vie tu avais atteint une sorte de quétude de plénitude ah non pas du tout non non ça c'est pas ma personnalité d'être arrivé à la...

  • Speaker #0

    comment on appelle ça, la sérénité ? Non, malheureusement non. J'ai envie d'écrire un autre... J'ai envie d'écrire des chansons, je ne sais même pas si elles vont être entendues ou pas, mais c'est quelque chose de viscéral chez moi, j'ai besoin d'écrire des chansons. J'ai envie de m'y remettre, j'ai une comédie musicale aussi qui traîne un peu, mais parce que je pense que je ne peux pas l'écrire tout seul, il faut que je trouve la personne à l'écrire à deux. J'ai pas mal de projets comme ça.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Dani.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci à toutes et à tous d'avoir écouté cet épisode avec Tani Briand. Si vous voulez soutenir le projet, vous pouvez mettre 5 étoiles sur Apple Podcasts et Spotify et vous abonner à Cadavrexki sur toutes les plateformes de streaming. Je vous donne rendez-vous très bientôt en compagnie d'un nouvel invité.

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Description

🎙️ Bonjour à tous, vous écoutez Cadavre Exquis, le podcast qui décompose un parcours inspirant. Pour ce nouvel épisode, je reçois un artiste qui fait swinguer la chanson française depuis plus de 30 ans  avec son style rétro et ensoleillé. Après avoir rendu hommage à Aznavour dans un album salué par le public, il revient avec un nouvel opus où il revisite le son festif des années 70, entre nostalgie et énergie dansante. J’ai le plaisir d’accueillir aujourd’hui Dany Brillant.

👉 Dany Brillant - Seventies
Après l'immense succès de son dernier album « Dany chante Aznavour » certifié platine, le crooner préféré des français revisite pour notre plus grand plaisir dans son nouvel opus, le son festif des années 70 dont il signe textes et musiques. « Les années 70 furent pour moi une parenthèse enchantée ».

📚 Références: 

Boris Vian - L'Écume des Jours
Elvis Presley
Arthur Crudup - That's All Right (Mama)
Et Dieu... Créa la Femme (Film)
Charles Aznavour
Dany Brillant - Nouveau Jour (Album)
Dany Brillant - Suzette (Chanson)

Aldous Huxley - Le Meilleur des Mondes (Livre)

Amicalement Votre

Michel Fugain & Le Big Bazar
Zaho De Sagazan
Lettes à un jeune poète de Rainer Maria Rilke
Antoine Duléry

📝 Contacts: 
www.instagram.com/cadavreexquispodcast/

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est des accidents de l'histoire qui ont fait dévier mon destin, puisque j'ai assisté à l'âge de 11 ans à un concert de Charles. Et c'est vrai que ça a été très révolutionnaire pour moi. Je n'avais jamais vu de concert et j'ai vu des gens qui écoutaient religieusement ses textes, sa voix et sa musique. Et moi, je suis sorti bouleversé de là et je me suis intéressé vraiment à la chanson après ce concert. Je me suis demandé comment un art pouvait provoquer autant de choses. autant d'émotions, autant d'applaudissements, autant de concentration. Et c'est vrai que c'est un art très important.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous. Vous écoutez Cadavrexki, le podcast qui décompose un parcours inspirant. Pour ce nouvel épisode, je reçois un artiste qui fait swinguer la chanson française depuis plus de 30 ans, avec son style rétro et ensoleillé. Après avoir rendu hommage à Aznavour dans un album salué par le public, il revient avec un nouvel opus où il revisite le son festif des années 70, entre nostalgie et énergie dansante. J'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui, Danny Briand. Bonjour Danny. Bonjour. Comment ça va ?

  • Speaker #0

    Très bien.

  • Speaker #1

    Merci de participer à ce podcast qui s'appelle... Cadavrexky et dans lequel je décompose des parcours inspirants. Je suis très content de te recevoir dans mon émission parce que c'est un parcours mine de rien assez consistant maintenant. Plusieurs casquettes et surtout un 13ème album studio depuis 91 avec Seventies. Et là je compte pas les best-of les captations live. Impressionnant quand même.

  • Speaker #0

    J'ai suivi mon chemin ma route, ça s'est fait naturellement et j'ai jamais vraiment... contrôler tout ça, c'est des demandes, des lives, c'est ma maison de disques. Mais je suis content que ça existe finalement un live, c'est une captation d'un instant comme ça qui est précis. Moi c'est pas ce que je préfère, parce que je préfère travailler le son en studio, mais le live on arrive à sentir l'énergie du concert.

  • Speaker #1

    Une belle carrière et on va en parler, je vais revenir non pas au début de ton parcours, mais ton existence vraiment pour planter le décor, pour voir d'où tu viens. Je procède de la même façon avec tous mes invités tout simplement, où est-ce que tu es né et où est-ce que tu as grandi ?

  • Speaker #0

    Alors je suis né en Tunisie, mais je n'ai pas grandi, parce qu'à l'âge d'un an je... Je suis né en France. Je suis arrivé en France, à Saint-Geneve-des-Bois, dans l'Essonne. Et puis, j'ai passé toute mon enfance dans l'Essonne. Et puis après 11 ans, je suis venu à Paris.

  • Speaker #1

    Et il faisait quoi tes parents comme métier quand tu vivais encore sous leur toit ?

  • Speaker #0

    Alors, ma mère ne travaillait pas, elle s'occupait de nous. Et mon père a toujours travaillé dans des supermarchés, des épiceries.

  • Speaker #1

    Il avait une situation bien plus confortable en Tunisie, je crois.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'était son problème. C'est qu'il est passé d'une situation assez... Il était assez gâté, il a été chassé de son pays, il est arrivé en France et il n'a jamais retrouvé quelque chose à la hauteur de ses ambitions.

  • Speaker #1

    Et ta maman, je crois que tu l'avais dit dans une interview, qu'elle était nostalgique de sa vie en Tunisie.

  • Speaker #0

    Bien sûr, parce que c'était une vie de rêve. Il paraît que la Tunisie des années 60, c'était toutes les communautés qui existaient ensemble, les juifs, les arabes, les catholiques, les italiens. Il paraît que tout le monde était très heureux. Tout le monde vivait sous le soleil, avec une espèce d'insouciance et de légèreté que, évidemment, quand ils sont arrivés dans la banlieue, dans la grisaille, ça a été un choc.

  • Speaker #1

    Et tu as ressenti cette tristesse à la maison, j'imagine ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai senti la tristesse. C'est vrai, je l'ai senti. Et j'avais envie de la réparer. Je ne savais pas en faisant quoi, mais c'est vrai, je me suis senti un peu le sauveur de mes parents. Je voulais les aider. J'ai l'impression que j'étais, en fait, les parents, c'était moi le chef de famille. J'ai toujours eu ce sentiment-là.

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup de musique à la maison quand même, des parents mélomanes.

  • Speaker #0

    Mon père, très mélomane, très bon chanteur. Aussi dans ma famille, il y avait des musiciens, des joueurs de lutte, de violon. Il y avait un gène quand même qui traînait dans la famille, un gène musical.

  • Speaker #1

    Et les influences, on peut les citer ou les styles musicaux en tout cas ?

  • Speaker #0

    Lesquels par exemple ?

  • Speaker #1

    Parce que de tes parents ?

  • Speaker #0

    Ça a été la musique orientale en Tunisie, mais ça a été aussi beaucoup la musique italienne. La Tunisie a été très influencée par l'Italie. Il faut dire que la Sicile était à une heure de bateau. Et donc, on a grandi dans une ambiance plus italienne d'ailleurs que française.

  • Speaker #1

    Et quand on t'entend dans tes interviews, tu parles de jazz, de swing, de salsa, de chansons françaises. Et j'ai beaucoup aimé le terme que tu as utilisé, des influences d'après-guerre. Quelqu'un qui a grandi dans les années 70-80, quand est arrivé Paul East, Michael Jackson, Ceyron, presque à contre-courant. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai. J'avais ce goût pour cette musique. En fait, c'est la musique de mon grand-père, si on doit. C'est même pas la musique de mon père. Parce que mon père était un jeune dans les années 60. Mais c'est vrai que j'avais ce goût pour les orchestres du swing, pour les crooners. Je ne sais pas pourquoi, mais voilà, c'est mon goût, c'est tombé sur moi.

  • Speaker #1

    Tu te demandais pourquoi les artistes des années 80, ils ne reprenaient pas de la musique latine, du swing, du boléro ?

  • Speaker #0

    En France, oui, ils ne reprenaient pas. Mais j'ai toujours trouvé que dans l'Angleterre et en Amérique, la tradition était respectée. Il y a toujours eu des crooners. Et je me souviens de plein de groupes comme Kid Kroll et les Uncoconuts, je ne sais pas si vous vous souvenez, ils faisaient de la musique latine. Il y a toujours eu un courant jazz, en tout cas en Amérique, avec Harry Connick Jr. Aujourd'hui, Michael Bublé. C'est juste en France que c'est une musique qui n'est pas tellement représentée. Je ne saurais pas dire pourquoi, puisque moi, je faisais partie d'une bande qui s'appelait les Azous dans les années 80. On était vraiment une bande qui se réunissait dans certains endroits. comme la Nouvelle-Ève, le Baladjo, le Royal Lieu, un endroit qui a été détruit, le Royal Lieu, c'était magnifique. Nous, on adorait le swing, on apprenait à danser, on dansait à deux jusqu'au petit matin. Et donc, voilà, même ces gens-là, parce qu'on était habillés aussi comme dans l'esprit, années 40 et tout ça, même ces gens-là, en fait, j'étais perdu, je ne sais plus où ils sont.

  • Speaker #1

    Je t'en parlais tout à l'heure, tu mentionnes souvent que tu traînais avec des bandes de Zazou.

  • Speaker #0

    Je traînais, oui, plus trop maintenant.

  • Speaker #1

    C'est des bandes de jeunes, c'est un mouvement qui a né pendant l'occupation allemande.

  • Speaker #0

    Ça oui, c'était un mouvement de résistance. Et comme les Allemands avaient interdit tout ce qui venait d'Amérique, ils avaient interdit le jazz. Ils disaient aussi que c'était une musique de nègres et de juifs. Ce qui est vrai, le jazz était essentiellement interprété par des juifs et des noirs. Mais il y avait un petit mouvement en France qui s'appelait les Azous, qui s'habillaient d'une manière assez extravagante. Je ne sais pas si vous avez vu des photos, des coupes de cheveux assez bizarres. C'était un mouvement de résistance en fait, et ils résistaient en faisant des booms. On en parle souvent dans les romans de Boris Vian, comme le ver coquin, le plancton, même dans l'écume des jours, qui écoutait du jazz aussi comme un moyen de résister à l'occupant, puisque évidemment c'était la musique maudite, et les Allemands ne voulaient pas du tout entendre de jazz, ils voulaient surtout de la musique classique. Cette musique-là faisait partie de leurs revendications, et il faut savoir aussi comment les Américains ont délivré la France en cas de réaction. 44-45, ça s'est fait beaucoup au son du jazz. Donc c'était une musique de liberté aussi, de libération.

  • Speaker #1

    Tu parlais d'une musique de noir, et c'était une musique de noir chantée par les Blancs. Alors,

  • Speaker #0

    c'est très spécial le jazz, c'est vrai qu'on peut dire que les Blancs ont volé au noir le jazz pour en faire quelque chose qui sortait de la communauté noire. Bon, mais après, si vous voulez, le rock'n'roll, ça a été l'effet inverse.

  • Speaker #1

    Elvis répondait un peu à tous les critères.

  • Speaker #0

    Voilà, Elvis, c'est le blanc aussi qui chantait comme un noir. Et il a fait d'une musique un peu, on pourrait dire ethnique, une musique populaire et ça a été une musique même plus que populaire mondiale. Puisque le rock, c'est quand même né de la musique noire, du blues, mélangé avec la country, qui est la musique blanche. La musique du sud de l'Amérique.

  • Speaker #1

    Blues qu'il a accéléré.

  • Speaker #0

    Qu'il a accéléré, absolument. Il a accéléré un vieux blues qui s'appelle That's Alright Mama. Un studio que j'ai visité d'ailleurs. Je suis parti là-bas comme en pèlerinage. Ils ont trouvé un son comme ça, par hasard en fait, en accélérant un vieux blues d'Arthur Crullup qui s'appelait That's Alright Mama.

  • Speaker #1

    Et je trouve intéressant de parler de ça parce que ta musique, on parle beaucoup du swing et le jazz et le rock apprend sa source. Du swing justement. Et pourtant c'est un style un peu méconnu je trouve ici.

  • Speaker #0

    Oui, en France, c'est vrai qu'il n'y a pas de courant. Déjà, par exemple, moi, je suis à fond dans cette musique et je ne trouve pas souvent de chanteurs, mais il y en a quand même, parce qu'on peut prendre quelqu'un comme Sansevierino ou Thomas Dutronc, leur musique est quand même basée là-dessus. Mais on n'est pas non plus des centaines, on est un petit noyau.

  • Speaker #1

    On a parlé musique, moi, je voulais parler avec toi d'instruments. Est-ce que tu pratiquais d'un instrument pendant l'adolescence ou quand tu as commencé ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai deux instruments, en fait. C'est le... La guitare et la percussion. J'ai toujours aimé ces deux instruments-là et j'ai souvent joué l'un ou l'autre. D'ailleurs, dans les clubs de jazz où je passais, je jouais l'un ou l'autre.

  • Speaker #1

    Tu as d'ailleurs acheté un combo après avoir vu le film « Éducrez la femme » de Brigitte Bardot.

  • Speaker #0

    J'ai acheté une paire de bongos. Oui, parce que c'est la première fois qu'en France, on voyait une femme se déhancher comme ça dans un film d'une manière torride, sur des rythmes latins. Je ne sais pas si vous avez vu le film dans « Éducrez la femme » . Ça a été vraiment une révélation pour moi, cette musique. La musique latine aussi, comme le jazz.

  • Speaker #1

    Par Sinatra, la révélation du jazz ?

  • Speaker #0

    Je ne peux pas dire ça, mais le jazz, c'est les grands orchestres, c'est Count Basie, c'est Glenn Miller. Sinatra a fait une espèce de variété sur fond jazzy, mais on ne peut pas dire que Sinatra fait du jazz. Je ne le trouve pas, je ne pense pas.

  • Speaker #1

    Autre révélation, c'est ce concert de Charles Aznavour auquel tu assistais à l'Olympia très jeune, par pur hasard, parce que ton père a raté son train et a récupéré sa place.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est des accidents de l'histoire qui ont fait dévier mon destin puisque j'ai assisté à l'âge de 11 ans à un concert de Charles ça a été très révolutionnaire pour moi, je n'avais jamais vu de concert et j'ai vu des gens qui écoutaient religieusement ses textes, sa voix et sa musique et moi je suis sorti bouleversé de là et je me suis intéressé vraiment à la chanson après ce concert je me suis demandé comment un art pouvait provoquer autant d'émotions, autant d'applaudissements autant de... de concentration et c'est vrai que c'est un art très important.

  • Speaker #1

    Sûrement en parallèle au parcours, il y a quelques points de similitude, je trouve. Être à contre-courant, ça crée la marque finalement.

  • Speaker #0

    C'est vrai que Charles, il parlait souvent de ses années difficiles parce que ça n'a pas fonctionné tout de suite. On l'aimait bien comme auteur, mais il avait du mal à se placer en tant que chanteur, en tant qu'interprète, parce qu'il avait une voix un peu voilée, son physique ne correspondait pas au canon de l'époque. Donc il a mis 17 ans de vache maigre.

  • Speaker #1

    impossible aujourd'hui, une carrière comme la sienne.

  • Speaker #0

    C'est impossible, oui, parce qu'il a commencé à avoir du succès vers 37-38 ans. J'ai l'impression que c'est un peu âgé pour un chanteur aujourd'hui. Quoique non, on sait jamais, il n'y a pas de règles. C'est surtout qu'après ça, il a duré des décennies. Il a presque atteint le siècle, quand même.

  • Speaker #1

    Et tu l'as repris récemment avec deux albums qui ont été certifiés Platine. Félicitations. Merci. Joli travail, vraiment. En plus, tu as eu la valse de sa fille, Katia. Et c'était un ami à toi. Pourquoi tu as choisi de... le reprendre parce que c'est ton ami, t'es inspiré t'as pas du tout eu peur de ce défi là ?

  • Speaker #0

    Non j'ai pas eu peur, je l'ai fait avec mon coeur, je l'ai fait comme je t'ai dit comme ma passion est née ce jour là, je me suis dit que c'était la boucle est bouclée, il fallait que je rende hommage à son oeuvre en plus je trouve qu'il y a pas beaucoup de chanteurs qui l'ont fait et en fait je l'ai fait dans une période très spéciale qui est le Covid, donc c'est une période où on avait beaucoup de temps, donc on avait du temps et comme on avait du temps, il n'y a pas que moi qui avais du temps, il y avait beaucoup d'artistes qui avaient du temps donc ce qui fait que tout le métier de la chanson avait du temps. Donc, ils sont venus faire les dios avec moi. Là, ce serait impossible à monter un projet pareil, puisque j'ai eu avec moi Patrick Bruel, Florent Pagny, Obispo,

  • Speaker #1

    enfin,

  • Speaker #0

    Carla Bruni, je ne peux pas tous les citer. Mais voilà, donc le Covid, ça a eu du bon, parce que ça a libéré les plannings, en fait. Donc, j'ai pu faire ce disque, parce qu'il n'y avait pas que moi, évidemment, qui aimait Charles. Toute ma génération était fan de Charles, presque à l'unanimité, je dirais. Donc, on était très contents de partager ce... Cet amour.

  • Speaker #1

    C'était un monument de la chanson française et pourtant, quand il a disparu, certes, il y a eu un hommage aux Invalides, mais c'est vrai qu'on n'en a pas tant parlé que ça. Il n'y a pas eu tant d'hommages que ça. Non,

  • Speaker #0

    mais c'est-à-dire, c'est quand on compare avec Johnny Hallyday. C'est vrai que Johnny Hallyday, c'est vraiment la star française. Et quand il a disparu, évidemment, il y a eu plein d'événements. Mais Charles, on ne se rend pas compte que c'est le chanteur français le plus connu à l'étranger, le plus célébré, avec des tubes, il en a un paquet. de tube. Ce n'est pas un titre, il y en a plein. Il a été repris par plein de chanteurs. Et donc, oui, j'ai trouvé que c'était un peu tiède comme hommage.

  • Speaker #1

    C'était un ami intime à toi ?

  • Speaker #0

    Intime, je ne dirais pas, mais disons que c'était un maître, je dirais, plus qu'ami.

  • Speaker #1

    Il paraît que tu as donné un conseil. Dany, si tu veux durer, il faut d'abord aborder des sujets de société. Chose que tu fais, je trouve, en réécoutant un peu tes albums. Tu fais ça à partir du quatrième, sorti en 99,

  • Speaker #0

    Nouveau Jour. Ah, très juste.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que... Les premiers, c'est un peu les paroles adolescentes. J'ai l'impression que c'est d'ailleurs ce qui est resté pour l'imaginaire collectif. Et qu'à partir de là, tu as vraiment suivi un peu son conseil.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on s'est beaucoup côtoyé à l'âge de mes 30 ans. C'était ma période Havana où j'avais sorti des albums avec mon tube. C'était quand je vois tes yeux. C'est vrai que Charles était bien sûr très sageval sur les textes. Il me dit, tu ne pourras pas tenir si tu fais des chansons comme ça d'adolescent. Il faudra aborder des sujets sérieux. Et je l'ai écouté, et j'ai fait tout un album après, qui s'appelait Nouveau Jour, dont tu parles, qui abordait des sujets de société, comme la chirurgie esthétique, comme le conditionnement, les débuts du formatage, etc. Je l'ai fait, donc j'étais content de le faire. Il n'a pas bien marché. Il n'a pas très bien marché. Donc après, je suis revenu à des choses un peu plus légères. Je me suis dit, les gens, ils aimaient bien ma légèreté chez moi. Et après, à partir de Dolce Vita, c'est là que j'ai trouvé un équilibre. entre la légèreté et la gravité. Et j'ai fait des chansons comme « Tant qu'il y aura des femmes » ou des choses comme ça, qui en même temps sont des chansons de charme, mais en même temps des chansons sociétales, puisque l'avancée des femmes dans la société, c'est très important aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Petite parenthèse, est-ce que tu as vu le film « Monsieur Aznavour » ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, je l'ai vu,

  • Speaker #1

    oui. T'en as pensé quoi ?

  • Speaker #0

    Je l'ai trouvé très bon, parce que comme il a été fait par la famille, il y a dedans des aspects de Charles qu'on ne connaissait pas du grand public, comme par exemple, il a de temps en temps des phases de dépression. Je ne l'avais jamais vu, j'ai trouvé Charles comme quelqu'un de... très centré, très équilibré, très rationnel. Et par moments, même quand sa carrière est à son zénith, on le sent un peu perdre pied. Et je pense que tout ce qui est dans ce film est vrai, puisque sa fille a dû tout superviser, etc. Et c'est intéressant de voir l'envers du décor, sa dualité entre sa grande ambition de vouloir s'en sortir, la rage de gagner, et en même temps la difficulté de s'occuper de sa famille, parce qu'il n'était pas souvent là, etc. Donc il y avait un tiraillement entre sa vie privée. et sa vie professionnelle.

  • Speaker #1

    Je vous invite vraiment à aller voir ce film, on apprend beaucoup de choses. Moi, par exemple, j'ai appris qu'il avait chanté La solitude de l'homosexuel, par exemple. C'est super intéressant. Et une chose sur laquelle je voulais revenir aussi, c'est qu'il t'a écrit un texte. Un texte que tu n'as pas mis en musique dans les deux albums. Je voulais savoir pourquoi.

  • Speaker #0

    Non, je le garde, c'est un texte pour moi. Je n'ai pas envie d'en faire une oeuvre commerciale. C'est un truc que j'ai pour moi. Je n'ai pas envie de... Je trouvais ça un peu, après sa disparition, un peu opportuniste de sortir un texte comme ça. Voilà, regardez, j'ai ma chanson. J'ai préféré reprendre ses anciens succès. Et puis un jour, peut-être, avec l'accord de la famille, peut-être je... Je le chanterai, je verrai, mais pour l'instant, non, je ne le sens pas.

  • Speaker #1

    Pour revenir un petit peu au début de ton parcours, c'est une histoire bien connue. Ta maman voulait faire de toi un médecin. Elle te pensait à la fac. Et toi, tu traînais dans les cabarets, aux Trois-Maiers, où tu as passé cinq ans. Alors pour que les gens s'imaginent, pour les plus jeunes surtout, s'imaginent ce que c'est, c'est un endroit assez intimiste.

  • Speaker #0

    Je connais.

  • Speaker #1

    On est très vite fait dans le sud de la France, on va dire. Ce n'était pas très démocrate,

  • Speaker #0

    vous savez.

  • Speaker #1

    Avec des tables. Et ce que je trouve intéressant, c'est que les gens ne viennent pas pour te voir, mais il faut que tu essaies de les distraire. Et en plus que ça, que tu les choppes.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Les gens sont très très prêts. Aujourd'hui, quand on fait un spectacle ou une télé, les gens sont loin. On les capte, mais ils sont dans un conditionnement avec des lumières, des sièges, il y a tout un truc. Ils sont là pour se concentrer. Mais c'est vrai que dans les clubs, ils ne sont pas très concentrés. Donc l'exercice, c'est d'essayer de capter leur attention. Alors au début, je faisais juste la pause des musiciens, parce qu'il y avait un groupe. 5 minutes, 6 minutes, et puis au fur et à mesure, comme le patron avait vu que j'avais un petit succès, il m'a donné l'espace pendant une heure. Alors pendant une heure, il faut les capter, et des fois c'était dur. Je n'y suis pas toujours arrivé, mais en tout cas, ça a été un apprentissage et une école qui m'a donné des principes de spectacle, puisque vous savez bien que dans ce métier, il n'y a pas d'école. Ça a été mon école, et je suis content d'être passé par là.

  • Speaker #1

    Je trouve intéressant que tu utilises le terme d'apprentissage, c'est ce que j'ai marqué. tu as appris ton métier sans savoir si ça allait marcher tu sentais un feu sacré en toi tu avais ça dans le ventre,

  • Speaker #0

    il fallait que tu tentes ta chance on sait jamais que ça va marcher même les gens qui font des trucs aujourd'hui savent jamais, il n'y a aucune assurance que ça marche, il n'y a aucune sécurité c'est pour ça que bien souvent les parents ont peur quand on leur dit qu'on va embrasser ce genre de profession puisque je n'ai aucune assurance que ça marche un jour, mais que ça marche 10 ans, 20 ans, 30 ans financièrement que je m'en sorte, que je puisse en même temps parallèlement fonder une famille. Non, c'est des métiers à haut risque, c'est des métiers très difficiles. Mais si vous voulez, comme tu dis, quand on a le feu sacré, quand on n'a pas envie de faire autre chose, il faut essayer au moins, il faut se donner un petit laps de temps. Mais je pense qu'il faut pas le faire perdurer beaucoup beaucoup de temps si vraiment il n'y a pas des signes favorables. Parce que bon, après on gâche sa vie.

  • Speaker #1

    5 ans quand même, c'est pas mal.

  • Speaker #0

    5 ans, c'est des études classiques. C'est la licence. Non, c'est la maîtrise.

  • Speaker #1

    En général, quand on se lance dans des domaines artistiques, c'est en général soit pour canaliser une certaine énergie, une certaine hyperactivité, soit pour combattre une timidité. Et toi, je crois que c'était ton cas. Pour te citer, tu te trouvais très laid, même si la beauté, c'est subjectif à l'adolescence, mais surtout, tu étais timide. Tu avais vraiment besoin d'embraser comme ça, un petit peu, de te mettre dans la peau d'un personnage.

  • Speaker #0

    Je vais dire la vérité, je me trouvais très laid. Je ne sais pas si je l'étais. Mais comme je portais des lunettes et que j'étais très très myope, ça ne me donnait pas un look très frais. J'étais avec des grosses lunettes. Le jour où j'ai mis mes lentilles, je me suis dit que je suis pas mal quand même. Mais parce qu'avant, je ne me suis jamais vu. Tu vois ce que je veux dire ? Et je me suis dit que j'ai changé de coupe de cheveux. Et puis, je me suis rectifié mes dents. Parce que j'avais des dents tordues. Et là, j'ai commencé à être pas mal. Enfin, je ne l'étais pas non plus, mais je me suis dit, voilà. Mais si tu veux, c'est mes lunettes, en fait, qui m'ont vu. À travers le prix de mes lunettes, je me suis vu à affreux pendant toute mon adolescence. Et après, si tu veux, le fait de chanter, d'avoir du succès devant les gens, c'est vrai que ça, ça donne une certaine assurance.

  • Speaker #1

    Le succès, il arrive par Suzette. Donc, je vais dire l'histoire pour ne pas que tu n'aies à le faire une dernière fois. Du nom de la mère de Francis Huster, pour les besoins d'un film, on a volé Charlie Spencer. Finalement, la chanson, elle n'est pas retenue. Tu la gardes sous la main. Et tu la sors à nouveau cinq ans plus tard, en 91. Et là, elle devient un succès populaire.

  • Speaker #0

    Et c'est parti. Oui, tout à fait. Ça m'a échappé. Et en fait, elle est sortie au bon moment. Je pense que les gens avaient envie. C'était en pleine guerre du Golfe. La situation était assez pesante, peut-être comme aujourd'hui. Il y a des guerres de partout. Et c'était une chanson qui apportait une certaine joie de vie, une fraîcheur d'après-guerre, d'ailleurs. Et c'est vrai que le moment où elle est sortie, c'était le bon moment. Cinq ans auparavant, peut-être que... elle n'aurait pas fonctionné. C'est comme ça, c'est les mystères des chansons. Elles ont leur destin propre.

  • Speaker #1

    Tu l'as sorti vraiment en fonction du contexte parce que tu es quelqu'un d'assez...

  • Speaker #0

    Je ne l'ai pas sorti, moi. C'est qu'un jour, j'ai trouvé une maison d'isques qui m'a signé et donc elle a choisi cette chanson parce que moi, je n'en avais plein. Il y a un Saint-Germain que j'aimais beaucoup. J'avais des chansons comme ça. Mais c'est le directeur de la promo qui l'a choisi et en fait, elle a eu tout de suite un impact de... Très fort, puisque la directrice des programmes d'RTL a dit « Ah, c'est pas mal ça » , puis elle l'a programmé. Et après, avant, tout le monde suivait RTL. Donc, toutes les radios s'y sont mises. Et puis, comme il y avait quatre émissions de variété à l'époque, par semaine, vous les faisiez toutes. Et évidemment, les gens allaient acheter le disque à l'époque. Donc, ça a été très vite.

  • Speaker #1

    Et toi, c'est un peu fidèle à ce que l'on sait de toi, c'est que tu n'essaies pas de calquer quelque chose qui marche. Tu reviens à ta source musicale, à ce qui t'a créé. finalement artistiquement. Tu t'es pas posé de questions, vraiment, t'as suivi ce que t'avais envie de faire.

  • Speaker #0

    Ensuite, j'ai bifurqué vers Cuba. Parce que je me suis dit, j'ai pas envie qu'on m'enferme dans le registre du swing, ou je sais pas comment on l'appelle. Il faut pas que je fasse la même chanson différente. Et donc j'ai essayé de brouiller les pistes, et je suis allé à Cuba. Donc c'est vraiment de passer de Suzette à La Havane, c'est bizarre. Mais j'ai fait un autre tube en même temps. Et en fait, ce qui est important, c'est les trois premiers albums, c'est le plus important dans ce métier. Souvent les gens font un très bon album au premier, puis le deuxième, c'est difficile. Mais le plus dur, c'est le troisième. Parce que souvent, on me dit tout dans les deux, et puis le troisième, c'est... Et moi, j'ai eu la chance de faire un très gros tube sur l'album que j'ai fait à Cuba. Quand je vois tes yeux.

  • Speaker #1

    Parce que le premier, quelque part, c'est le plus facile, parce qu'on a une vie derrière soi, donc c'est un peu la résultante de tout ça. Et après, il faut trouver des choses à dire. Et toi, ce que je trouve intéressant dans ton parcours, c'est que chaque album, c'est un concept, différents styles musicaux, mais toujours cette même couleur qui fait qu'on... On sait qu'on écoute du Danny Briand. Et moi, je trouve que c'est limite respectueux envers les gens qui t'écoutent. Tu leur proposes quelque chose de nouveau à chaque fois. Tout simplement, je voulais te demander pourquoi cette volonté de voyager ? Parce que tu as parlé de Cuba, il y a eu l'Italie.

  • Speaker #0

    C'est mon rêve. Moi, je suis à l'écoute de mon rêve. Et j'ai rêvé sur Cuba, j'ai rêvé sur la Nouvelle-Orléans, j'ai rêvé sur l'Italie. Tout ça, c'est des rêves pour moi. Donc, je vais juste suivre mon rêve. Je n'ai pas de calcul marketing. Je ne sais pas comment on fait un tube, je ne sais pas si je vais passer à la radio, je ne sais pas comment il va être accueilli mon album. Je fais juste ce que je ressens. Mais c'est vrai que je ne fais pas des albums comme ça, c'est toujours enfermé dans un univers. Parce qu'après, quand je raconte les histoires, il y a une histoire à raconter. Tu comprends, si je fais mon album à Paris, dans un studio obscur, à Porte d'Aubervilliers, pendant dix ans, je n'ai pas grand-chose à raconter aux gens. Quand je leur dis que je suis allé à Cuba... juste avant l'explosion de Cuba en 96 les gens ça les faisait rêver et moi ça me faisait rêver aussi donc après il y a tout qui découle, le clip les fringues, les danseuses tu vois la scène aussi il y a un univers sur scène donc moi je pense en spectacle total, je pense pas que les chansons je pense du début jusqu'à la fin l'univers,

  • Speaker #1

    le clip qui va illustrer donc en fait c'est plus facile ce que je trouve intéressant c'est que tu suis tes envies mais en même temps tu t'inscris dans la durée vu que la musique est cyclique et qu'elle revient tous les styles reviennent à chaque fois à la mode si je puis dire toi t'as touché à tous les studios la salsa tu l'as fait il y a super longtemps mais attention à la mode aux tendances,

  • Speaker #0

    il faut être quand même dans la tendance, parce que faut pas croire que la nostalgie ou le vintage ça marche comme ça, quand j'ai fait mon album cubain, il faut savoir que Cuba était revenu beaucoup à la mode, il y avait Buena Vista Social Club et voilà on reparlait de Cuba à nouveau, 96 quand j'ai fait mon album en Italie bon voilà, l'Italie était partout dans la mode dans le truc Quand j'ai fait mon album, je ne sais pas...

  • Speaker #1

    Les danses de salon, c'est vraiment... Les danses de salon,

  • Speaker #0

    c'était juste avant Danse avec les stars. Je veux dire, c'était quand même... Tout ça, c'est quand même dans l'air du temps. Tu vois ce que je veux dire ? Ce n'est pas du vintage. Pour être vintage, il faut quand même... Et moi, j'ai un bon moyen pour flairer les tendances, et je continue toujours, c'est en fait de regarder les pubs. Si tu regardes des pubs aujourd'hui, tu verras, il y a plein de musiques soul, plein de musiques des années 70, avec des sons comme j'ai utilisés, parce que la pub est vraiment à l'écoute des gens. Contrairement peut-être aux artistes, ils sont même plus en avance des fois.

  • Speaker #1

    On parlait tout à l'heure en off de l'image qu'avaient les gens de toi. C'est vrai qu'on t'imagine toujours avec des textes romantiques, mais c'est vrai que sur chaque album, tu as toujours une ou deux chansons avec une portée sociale. Je me suis attardé vraiment sur l'album Nouveau Jour dont on parlait tout à l'heure, et de ses textes un peu plus travaillés. Oui,

  • Speaker #0

    c'était le but où j'ai travaillé vraiment l'écriture.

  • Speaker #1

    Toi et moi, c'est une ode à la révolution. En écoutant ça, je me suis dit, les gens n'ont pas cette image de Nanny Briand.

  • Speaker #0

    C'est pas grave, ça me dérange pas. Vous savez, c'est Sacha Guitry qui a dit qu'on n'est jamais connu pour les bonnes raisons. C'est pas très grave. De toute façon, les chansons, elles sont là, elles existent. Maintenant, en plus, avec Spotify, s'il y a bien un avantage de Spotify, c'est qu'on a tous les albums d'un clic. Alors qu'avant, c'était compliqué d'aller rechercher les anciens albums. Je pense moi-même, d'ailleurs, que je suis un révolutionnaire. J'ai toujours été dans ma tête. J'ai jamais voulu rentrer dans le moule. J'ai jamais été un mouton. Depuis même, quand j'étais petit, même dans ma famille. Ils savaient très bien que j'étais un rebelle, que je ne rentrais pas dans les cases. Donc, toi et moi, c'est vraiment une chanson. C'est oui, oui.

  • Speaker #1

    J'invite les gens vraiment à l'écouter. Ouais. Et tu as fait des choses folles que tu dis en interview. De temps en temps, les gens ne relèvent pas, mais c'est pour le sixième album, Jazz à la Nouvelle-Orléans, tu me pourris si je me trompe. Tu as enregistré avec le Big Band de Harry Connick Jr. Tout à fait. La musique de Can Rira Consalis, c'est ce gars-là.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais, ouais, j'ai enregistré parce que je trouvais que c'était un nouveau son dans le jazz et il avait quelque chose de très ancien, mais de très moderne. Donc, j'ai demandé à... à ma manageuse qui s'appelait Valérie Michelin qui avait travaillé avec lui de me donner ses coordonnées et j'ai appelé son manager et tout ça et il a dit ok pour me prêter son orchestre et c'est vrai que j'ai fait deux albums avec son orchestre J'ai fait Jazz à la Nouvelle Orléans. Et après, j'ai fait Histoire d'un amour, qui était un album sur les danses de coupe, mais toujours enregistré avec son orchestre. Et c'est vrai que son orchestre a un son terrible.

  • Speaker #1

    Ça rend bien.

  • Speaker #0

    Ah ouais.

  • Speaker #1

    Bon, je ne peux pas parler de toute ta carrière, mais là, j'ai parlé de la période, très grossièrement, de 91 à 2007, 2008, où il y a une apothéose à Bercy. J'ai l'impression que c'est un peu la fin de la phase ascendante de ta carrière. Après, il y a eu le théâtre. Tu avais besoin d'une pause après, à ce moment-là, où tu ne t'en étais plus inspiré ?

  • Speaker #0

    C'est vrai que je montais tout le temps. Chaque année, je montais jusqu'à Bercy, en tout cas en termes de spectateurs. C'était très beau Bercy, parce que moi je viens quand même d'un petit club de cabaret, je chantais devant 20 personnes et je me suis retrouvé devant 17 000. C'est vrai que c'était pas mal, j'ai adoré cette époque-là. Et puis après, j'ai dit bon, qu'est-ce que je peux faire de plus ? J'ai dit, je vais bifurquer un peu, je vais essayer de revenir à mes anciennes amours, qui sont la comédie quand même et le théâtre, puisque je ne sais pas, bon, je ne sais pas si je suis un bon chanteur, mais en tout cas, le théâtre a toujours été une de mes passions. et je me suis toujours vu comme un acteur comme un acteur qui chante je me suis toujours vu comme ça, donc après j'ai fait du théâtre et puis je sais pas ça s'est bien passé mais je n'ai pas réussi vraiment dans le théâtre la comédie, j'ai pas réussi je veux aller où ça il y a du soleil, vous voyez ce que je veux dire j'ai essayé en tout cas, et puis après comme j'ai vu que ça donnait rien je... Je garde pour moi mon talent d'acteur. Je le fais pour mes amis. Je raconte des histoires drôles. Non, je rigole.

  • Speaker #1

    Je crois que tu disais à l'époque que ça t'avait déconnecté un peu de la musique, finalement. C'était un peu plus dur.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est vrai. C'est vrai de jouer des personnages. On est avec eux toute la journée. Alors là, comme je jouais une espèce de mari un peu odieux, je me souviens, j'étais toujours énervé, même avec mes enfants et tout ça. Donc, ça demande beaucoup d'énergie.

  • Speaker #1

    C'était physique, ton rôle.

  • Speaker #0

    C'était très physique, oui. Ça demandait beaucoup d'énergie. Et après, j'ai eu du mal à me remettre à la composition, à l'écriture. J'ai l'impression qu'on ne peut pas faire deux choses en même temps. C'est compliqué de faire deux choses en même temps.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un événement déclencheur qui t'a donné envie de t'y remettre ?

  • Speaker #0

    C'est une question de rencontre. Un jour, on m'a appelé pour faire ce rôle. J'ai lu la pièce et je l'ai faite. Mais sinon, je laisse faire à l'avenir. Je n'ai jamais été frappé à aucune porte. La chanson, pareil. Je n'ai jamais été frappé à aucune porte. J'ai gardé cette philosophie. Quand les choses sont justes, elles viennent à toi. Et quand on va chercher, on ouvre une porte qui est fermée, tout ça, c'est ça. Enfin, moi, en tout cas, ça n'a jamais marché. Donc, si un jour, je devrais revenir à la comédie, c'est parce qu'il y a un rôle dans l'univers qui est pour moi et qu'il n'y a que moi qui pourrais le jouer. Et donc, on viendra me voir. Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire. C'est une espèce d'ajustement avec la vérité.

  • Speaker #1

    Il y a eu une autre période où tu ne savais pas si tu allais rechanter tout de suite. C'était juste après les albums d'Aznavour dont on a parlé tout à l'heure. Tu as dit honnêtement, je ne sais pas si je continuerai à chanter après cet album. C'est devenu tellement compliqué la musique aujourd'hui. Qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Non, c'est pas ça. C'est que l'industrie musicale a beaucoup changé, qu'il faut faire beaucoup de promos, qu'il faut aller parler énormément. On ne chante pas beaucoup, en fait, finalement. Quand on fait ce métier, on parle beaucoup, on essaie d'expliquer. Et je me suis demandé, est-ce que j'ai envie de faire ça ? Puis après, comme c'était une passion, j'ai dit, c'est pas grave, je jouerai le jeu. On y va. Et j'ai reçu sur tournée.

  • Speaker #1

    Et la drum.

  • Speaker #0

    Seventies j'ai fait Seventies au moment où on se parle il est sorti est-ce que tu peux nous expliquer la jeunesse de cet album je préférerais que tu nous en parles bon alors la jeunesse de cet album elle est très simple c'est que j'ai toujours fait des voyages dans l'espace je suis allé à peu près dans tous les pays où je voulais aller il me reste encore peut-être l'Argentine ou le Brésil j'ai pas fait mais peut-être même le Moyen-Orient parce que j'aime beaucoup la musique orientale Donc, c'est toujours lié à un pays, normalement, mes albums. Tous les trucs que j'ai faits, même l'album « Je suis à la Memphis » sur la terre d'Elvis et tout, parce que je voulais vraiment avoir le son. Et là, c'est la première fois que je fais un voyage, mais dans le temps. Parce que c'est une époque extrêmement riche, musicalement, mais pas que musicalement, littérairement, même au point de vue de la télévision, il y avait des programmes fantastiques. Voilà, tout était un peu très, très tiré vers le haut. à cette époque. Que ce soit la littérature, le cinéma, les humoristes, même tout était très intelligent, je trouvais. Et donc j'ai dit, ça serait bien de refaire des chansons comme il y en avait chez les Carpentiers, comme faisait Joe Dassin ou Claude François, parce que c'est un titre très spécial les années 70. C'est pas les années 80, c'est pas 60, c'est un truc très précis. Et donc je me suis baigné un peu là-dedans en écoutant beaucoup de cette musique et puis après, j'ai composé les chansons.

  • Speaker #1

    Et ce que je trouve intéressant, c'est que tu as beaucoup parlé dans les interviews de l'esprit Saint-Germain qui t'a inspiré, mais que tu n'as pas connu. Tandis que les années 70, tu as grandi dedans.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est très juste. On peut dire que les années 70, c'est la seule fois où je parle d'une musique que je connais, puisque je l'ai vécue en direct. Alors que l'autre, c'est un rêve. J'ai été chercher dans le passé des choses. Là, c'est vrai que je l'ai vécue en direct, puisque j'étais un grand fan de la radio à l'époque. J'avais toujours mon petit transistor avec moi. Je m'endormais avec. Et donc, j'ai passé tous les incendies à écouter. et la musique de l'époque, mais aussi les idées. Parce qu'il y avait tout un courant spirituel, intellectuel dans les années 70. C'est des écrivains fantastiques qui voulaient se libérer, qui voulaient libérer le monde, puisqu'il y avait 68. Ils voulaient se libérer du patriarcat, ils voulaient libérer la femme. On voulait redonner le droit aux minorités. Non, non, c'était une époque très, très, très, très importante, fourmillante d'idées. Et de rêve et d'espoir. Il y avait beaucoup d'espoir.

  • Speaker #1

    Qui aspirait à être heureux. Et on sent que c'est ce que tu as voulu retranscrire dans l'album. Oui,

  • Speaker #0

    moi, je sentais que les gens étaient heureux.

  • Speaker #1

    Parce que tu danses sur tes problèmes dans l'album, finalement.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Quand on a des problèmes, je pense qu'il faut danser dessus. Ça, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Et puis cet album, il faut le dire aussi, c'est une histoire de famille. Ton frère était malade et ensemble, pendant sa maladie, vous vous êtes remémoré.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Ces années 70 où le foyer familial était... Oui,

  • Speaker #0

    la famille était très importante. On n'avait qu'une télé. Donc, on regardait le programme tous ensemble. c'est fini parce que chacun est dans sa chambre avec son écran donc ça ça donnait une espèce de dialogue on parlait beaucoup, on s'échangeait on disait je sais pas la famille c'était uni, c'était sacré après ça s'est un peu désuni quand je suis parti de la maison j'ai perdu un peu le contact avec ma famille et là avec la maladie de mon frère c'est vrai que je me suis rebaigné dans notre enfance qui sont les années 70 Inconsciemment, je ne sais pas, mais j'ai peut-être fait ce disque pour lui.

  • Speaker #1

    Dans les années 70, musicalement, il y a beaucoup de choses. Il y a Reta Franklin, il y a James Brown, il y a énormément de choses. Qu'est-ce qui t'a inspiré principalement, toi, musicalement ?

  • Speaker #0

    Dans mon album, il y a tout. Il y a aussi bien du James Brown que du Joe Dassin. Il y a du Serge Reggiani, du Aznavour. Il y a un peu de tout, je pense, de tout ce que j'ai entendu. Puis il y a surtout des textes qui parlent d'aujourd'hui. C'est ça qui est marrant, c'est que c'est des chansons, c'est la musique des années 70, mais avec des textes qui parlent d'aujourd'hui. Donc ça, c'est un petit peu peut-être déroutant. Mais par exemple, j'ai pris une musique de James Brown pour très dansante. Et puis, j'ai parlé d'Internet, qui est un problème actuel. Pas du tout un problème des années 70, je ne sais même pas ce que c'était.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'il y a de la musique très soul, très jazz, avec des mélodies très rive gauche. Un mouvement soit associé au café, au cabaret des années 50-60. C'est un joli mélange, je trouve.

  • Speaker #0

    ça rend bien le mélange c'est ça qui fait l'origine de Dieu si on regarde les choses telles qu'elles étaient à l'époque ça n'a pas d'intérêt ce qui est bien c'est le mélange du connu et de l'inconnu ça doit être du boulot quand même ça pendant les préparations alors ce qui est du boulot c'est la musique ça n'a jamais été du boulot parce que j'ai peut-être 10 mélodies par jour je dois composer 10 mélodies par jour moi mais c'est toujours les textes qui sont longs parce qu'il faut trouver comment exprimer l'idée et Et ça, c'est de la transpiration. La musique, c'est de l'inspiration. Le texte, c'est une sorte de transpiration. Enfin, quand on veut sortir des textes comme j'écrivais au début, c'est vrai que j'écrivais mes textes au début, c'était très facile. Là, quand je veux aborder des sujets plus graves, c'est plus compliqué à écrire le texte.

  • Speaker #1

    Là, par exemple, dans Je préférais comment on s'aimait avant, tu regardes le temps où on pouvait rencontrer l'âme sœur, la fête de village, dans la rue, tout simplement qu'il y ait une rencontre humaine. Pas sur ces applications, parce que c'est le premier... vecteur de rencontre aujourd'hui.

  • Speaker #0

    C'est vrai, vraiment ? Je ne sais pas, je suis un peu déconnecté de la jeunesse, moi.

  • Speaker #1

    J'ai vu ça il n'y a pas longtemps. Ah,

  • Speaker #0

    c'est le premier vecteur.

  • Speaker #1

    Oui, ça y est, c'est fait. Je voulais savoir comment tu fais pour faire écrire des paroles qui te plaisent, qui sonnent et qui ne te font pas passer, tu me pardonneras l'expression, pour un vieux con, pour ne pas être le « c'était mieux avant » . Ah oui,

  • Speaker #0

    oui, oui, le « c'était mieux avant » . D'abord, je vais te dire un truc sur le « c'était mieux avant » . C'est vrai, c'était mieux avant. C'était mieux avant, je suis désolé, je ne vais pas me cacher pour plaire aux jeunes. C'était mieux avant, pas pour tout. Mais par exemple, en matière de séduction, il ne me viendrait jamais à l'idée de laisser un ordinateur choisir ma future fiancée. Je laisse faire le destin, le hasard, l'histoire, Dieu, je ne sais pas comment on l'appelle. Mais ça, c'est romantique. Et puis, c'est des histoires, on se raconte des histoires. Je ne sais pas, on s'assoit dans un avion. Et puis, à côté de vous, il y a une fille, vous voyez, qui est là. C'est joli à raconter. Alors, vous lui dites, c'est fou ce que vous ressemblez à ma deuxième femme. Elle me dit, mais vous en avez combien ? Ben, j'en ai qu'une. Vous voyez, ça, vous ne pouvez pas le faire sur, je ne sais pas quoi.

  • Speaker #1

    Ben non, c'est le marché. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Donc, voilà, c'est comme ça. Parce que moi, je suis un mec de cinéma. Enfin, j'ai vu des films, je suis romantique. Mais j'ai l'impression que les gens aussi sont comme ça au fond, finalement. Regardez le succès de l'amour ouf. Tout le monde y court parce que tout le monde a envie d'une histoire d'amour classique qui ne passe pas par les machines.

  • Speaker #1

    Et tu as une chanson dédiée à Internet carrément.

  • Speaker #0

    Oui, Internet. Internet est omniprésent. Par exemple, si je n'ai pas d'iPhone, là je passe pour un vieux con. Mais moi, si je n'ai pas envie d'avoir d'iPhone, il y a une pression. Il y a presque une dictature. Je pense qu'à la prochaine révolution... La dernière révolution en 68, elle s'est faite contre le patriarcat, contre l'autorité masculine. Eh bien, je pense que la prochaine révolution se fera contre l'ordinateur.

  • Speaker #1

    Contre Google, contre Apple.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, contre la mainmise de notre vie par des entités, des machines, de la technologie. Un jour, les gens voudront tout casser et retrouver l'humanité, ça j'en suis sûr. Ce sera la prochaine révolution.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'on est complètement asservis,

  • Speaker #0

    on est des esclaves. Comme à l'époque, on voulait se libérer des dictatures. Mais ça, c'est la vraie dictature. Mais c'est une dictature sournoise.

  • Speaker #1

    Ça choisit même notre musique maintenant.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est sournois parce qu'on a l'impression qu'on est libre. Mais pas du tout. On est aussi bien formaté et manipulé que quand les dictateurs faisaient des... Je sais pas, en Russie communiste, où les gens avaient l'impression que c'était sale bonheur. Puis ils se sont tous fait massacrer. Non, on ne va pas jusque là. Mais disons que je crois à une révolution contre l'algorithme.

  • Speaker #1

    Il y a aussi des chansons très personnelles. La première chanson que tu consacres à ta maman, 13 albums, tu vas être fier.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'elle est contente. D'autant plus que je l'ai écrite dans un contexte où elle a connu un deuil avec la disparition de mon frère. Donc c'est vrai, ça lui a mis un peu de baume de cette chanson dans laquelle elle s'est reconnue parce que, on pourrait dire que c'est universel, les mères, mais chaque mère a une histoire. Et là, je raconte un peu son histoire avec son départ. de son pays, de comment elle s'est battue pour faire tenir debout trois enfants. Et je crois que ça lui a fait du bien.

  • Speaker #1

    Et une chanson à ton frère ?

  • Speaker #0

    Oui, une chanson à mon frère, bien sûr.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est les chansons les plus difficiles à écrire ?

  • Speaker #0

    Ah non, je la sais. Alors, quand on parlait de transpiration, je l'écris en cinq minutes.

  • Speaker #1

    Là, tu as instinctivement...

  • Speaker #0

    Oui, parce que mon frère, en fait, je me suis battu avec lui pendant deux ans pour essayer de le sauver. On a parcouru les hôpitaux, les médecins. Évidemment, quand il a fermé les yeux un soir, je me rappelle très bien, c'était fin septembre. Eh bien, je suis rentré dans ma chambre. J'étais évidemment bouleversé, enfin plus que bouleversé. Il n'y a pas de mots, bref. Et puis, j'ai pris un papier et j'avais une émotion tellement grande. J'ai écrit la chanson en cinq minutes, par les musiques. Voilà, ça, c'est une inspiration.

  • Speaker #1

    Et je voulais que tu nous parles aussi de l'importance que tu as accordée à l'objet musical, donc le CD, le livret. Tu as créé des goodies aussi pour cet album. J'ai l'impression que la musique physique n'a plus de valeur, mais que toi... qui attache encore de l'importance finalement.

  • Speaker #0

    On est les derniers des Mohicans, on résiste encore un peu. On ne peut pas lutter contre une évolution, mais si on peut garder quelques objets qui puissent témoigner d'un moment, d'une époque, d'une photo, parce que quand on prend une photo, on a un certain âge, et elle va rester, garder quelque chose, une trace. C'est ça pour moi les livrets, c'est la trace.

  • Speaker #1

    Tu t'en occupes personnellement ?

  • Speaker #0

    Je travaille avec mon équipe, avec ma manageuse, on est plusieurs à donner notre avis, et oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et ce jeu de cartes à tourner Fiji ?

  • Speaker #0

    alors ça ce jeu de cartes c'est parce que tout le monde me disait à chaque fois est-ce que t'as la carte est-ce que t'as la carte je sais pas si j'ai la carte mais en tout cas j'ai le jeu je voulais te parler de quelque chose mais RTL m'a volé la primeur ces supporters de Brest qui ont repris je vois tes yeux oui mais qu'est-ce que t'en penses de ça ah moi j'adore c'est marrant c'est marrant pour moi une chanson qui s'évade comme ça c'est l'heure où on va s'en rendre au succès finalement ah bah ça c'est vrai que c'est une chanson qui est rentrée dans un inconscient collectif, puisque dans les matchs de foot, c'est là où il y a les instincts les plus communautaires. Je suis très fier de ça, évidemment. Il y a ça et les manifestations. Je me souviens quand Suzette était sortie, il y avait une manif au boulevard de la République. J'avais écouté ça aux infos. A l'époque, il n'y avait qu'un journal, c'est à 20h. C'était « On gagne des clopinettes » . J'ai trouvé ça génial. Je me dis « Voilà, la chanson, elle est partie. » « On gagne des clopinettes depuis... » Là, maintenant, je sais quand je vois tes yeux, donc je serais content.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as eu la curiosité de regarder Sur YouTube, Dany Briand, reprise. Les gens, ce qu'ils font avec tes chansons.

  • Speaker #0

    C'est rarement Briand, ces trucs-là.

  • Speaker #1

    Il y a de tout. Il y en a qui font des versions rock de tes chansons, des reprises de batterie, il y a des chorales, il y en a qui font des pièces de théâtre avec tes chansons.

  • Speaker #0

    Ah, c'est bien. Et même,

  • Speaker #1

    j'ai vu ça ce matin. ta voix est utilisée pour chanter d'autres chansons.

  • Speaker #0

    C'est l'IA, c'est avec l'IA.

  • Speaker #1

    Avec l'IA, oui. Je t'ai vu chanter les bébés brunes ce matin.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est marrant. Il faudrait écouter, ça m'intéresse. Qu'est-ce que je pense de l'IA ? Moi, je ne suis pas contre toute l'évolution. Mais le problème, c'est qu'aujourd'hui, quand il y a une invention, il y a toujours une part d'ombre et de lumière. Après, il faut gérer. Comme Internet, c'est fantastique. Moi, mon fils, qui a 14 ans, il a découvert des auteurs de livres. des films auxquels il n'aurait pu avoir accès qu'à l'âge de 17 ans ou 18 ans en faisant des études de cinéma. Là, avec Internet, il l'a. Mais d'un autre côté, il y a des choses un peu nauséabondes. On sait de quoi je parle. Donc c'est ça. Quand les choses ne sont pas gérées, il n'y a pas de garde-fou. Quand le permis de conduire, c'est à 18 ans. Tu ne peux pas aller conduire une voiture à 14 ans. Donc là, on donne une voiture à des enfants dans un monde comme ça. Je ne suis pas contre l'IA, ça doit avoir des choses fantastiques. Et puis après, si par contre, on se laisse devenir, si on n'est pas le maître, si on est l'esclave, comme tu disais le nom d'esclave, j'y crois beaucoup. D'ailleurs, dans le livre Le Meilleur des Mondes, je ne sais pas si c'est le livre d'Aldous Huxley, il parle déjà de l'esclavage. Il parle de ça.

  • Speaker #1

    Mais tous ces auteurs, les visionnaires, les Orwell.

  • Speaker #0

    Voilà, on y est, on y est. Donc voilà, il faut en être le maître et jamais l'esclave. C'est comme l'argent. L'argent aussi peut faire des choses magnifiques et peut... polluer l'âme des gens. Donc, il faut être le maître, jamais l'esclave.

  • Speaker #1

    Je voulais que tu me parles de la tournée 76, les dates qui arrivent. Ça va donner quoi sur scène ?

  • Speaker #0

    Écoute, c'est une tournée surtout best-of. Parce que comme je me suis dit quand même, Suzette, elle a 30 ans. Bon, je n'ai pas pu faire avant parce que j'avais fait mon projet Aznavour. Mais je vais vraiment fêter mes 30 ans parce que c'est quand même une victoire d'avoir survécu à toutes les modes, à tout ça. Donc, c'est surtout une tournée où je vais interpréter toutes mes chansons en donnant La preuve que ce que j'ai fait, en fait, ce n'est pas du tout, comme on me l'a souvent reproché, un truc vintage. C'est quelque chose d'intemporel. Et en les chantant aujourd'hui, je vais montrer aux gens qu'elles sont toujours... Par exemple, la chanson que tu m'as passée, là, quand je vois tes yeux, je l'ai écrite en 96. Et on est en 2024. Eh bien, elle est toujours là. Alors ça, pour moi, c'est une fierté parce qu'on me l'a reproché que c'était trop dans une époque. Et moi, j'ai dit non, c'est pas dans une époque, c'est quelque chose d'intemporel. Et je veux faire la preuve. de ce côté-là, en interprétant sur scène mes 30 ans de succès pour montrer qu'il n'y a rien qui a... Ça n'a pas pris de ride, en tout cas.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu les habilles différemment, les chansons, pour les jouer sur scène ?

  • Speaker #0

    Oui, je les habille un peu. C'est ton plaisir,

  • Speaker #1

    mais aussi pour... Non,

  • Speaker #0

    mais parce que j'ai évolué, j'ai plus d'expérience, et je sais maintenant rendre une chanson encore plus efficace. Si vous voulez, mes premiers albums, je ne les réalisais pas. Après, quand j'ai appris comment on faisait, maintenant, je crois que mes albums sonnent mieux aujourd'hui que ceux de... Enfin, sauf avant, bien sûr, au début, il y avait l'enthousiasme de la jeunesse. et il y avait un charme bien sûr que je pourrais pas retrouver parce que j'ai pas cette voix j'ai pas mais j'ai de l'expérience quand même tu vas passer partout là à Paris c'est le Playel ouais partout je sais pas moi je passerai partout on veut de moi moi je t'ai vu à Cana en Roussillon donc il y a pas longtemps ouais c'était en juillet alors c'était bien bah ouais moi j'adore en plus c'est le cadre c'est sympa le mec il va le mec il te dit alors c'était bien bon ça allait mais c'était pas non plus faut pas euh Mec, après une heure d'interview, tu sais.

  • Speaker #1

    Pour terminer cet entretien, je voulais te poser quelques questions pour te découvrir sous un prisme différent.

  • Speaker #0

    Mais attention, je ne me connais pas bien.

  • Speaker #1

    On parlait des années 70, tu avais une reco de vieille série. Pour moi.

  • Speaker #0

    Moi, c'est amicalement vôtre, avec Sonny Curtis et Roger Moore. Fantastique. Roger Moore avant James Bond. Et Tony Curtis, vraiment l'acteur phare des années 60, l'acteur américain qui est fantastique.

  • Speaker #1

    J'ai un doute sur la décennie, pour moi ce serait Mystère de l'Ouest.

  • Speaker #0

    Ah mais c'est ça. C'est ça. Manix, tout ça c'est des années 70. Starkey et Hutch.

  • Speaker #1

    Et une roco musicale, quelle que soit la décennie.

  • Speaker #0

    Alors moi je trouve que le chanteur qui exprime le mieux l'esprit communautaire, l'anti-égo des années 70, c'est ça, c'est vraiment les gens qui vivent ensemble. Pour moi c'est Michel Fugain et le Big Bazaar.

  • Speaker #1

    Et un artiste en ce moment qui te plaît ?

  • Speaker #0

    Zao de Sagazan. J'aime beaucoup parce que sa voix est très originale, ses orchestrations. Et je pense que ce qui importe à un artiste, c'est son originalité. Alors voilà, c'est quelqu'un qui ne ressemble à personne.

  • Speaker #1

    Et tu m'as cité quelques bouquins depuis le début de l'entretien. Je t'ai écouté très attentivement. Est-ce qu'il y en a un qui t'a plu aussi récemment ? Ou un vieux classique, même un peu un livre de chevet. Est-ce qu'il y en a un ?

  • Speaker #0

    Je me suis remis à lire l'être à un jeune poète de Réunir Maria Hilke, qui donne des conseils quand on embrasse la vie artistique. où il parle de la solitude, il parle de tout ça. Parce que moi, j'ai eu une période de deux ans très solitaire. Et ce bouquin m'a, comme tous les bouquins que j'ai lu, ça m'a beaucoup aidé. L'être un jeune poète, je le recommande.

  • Speaker #1

    Et trois dernières questions. Je vais savoir déjà s'il y avait quelqu'un que tu me recommanderais pour que j'invite dans mon émission et qu'on fasse le même exercice qu'on a fait ensemble aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Alors écoute-moi, justement, je viens de faire une émission où j'ai un copain qui m'a fait un petit hommage et tout ça. Et j'aimerais bien lui rendre l'appareil. Ce serait Antoine Dullery. Il n'est pas chanteur, c'est un très très bon acteur.

  • Speaker #1

    Je voulais savoir s'il y avait quelqu'un dans ta carrière professionnelle, je ne vais pas aller dans l'ordre du privé, à qui tu aimerais dire pardon.

  • Speaker #0

    Je n'ai jamais insulté personne. Non. Gérald Normand, peut-être, non. Non, parce que j'avais fait un... Non, je vais raconter l'histoire, en fait. Au début, quand je faisais mes premières tournées, les gens ne me connaissaient pas encore. Et donc, j'arrive, c'était ma première tournée, j'arrive dans un restaurant. Parce que moi, j'aime bien manger après le concert, pas avant. Donc mes musiciens préfèrent manger avant. Donc je mangeais tout seul. Et le mec me dit, je vous connais, vous me ferez le livre d'or. Je dis bonjour, oui bien sûr. Alors quelqu'un me regardait un peu comme ça, presque avec mépris, condescendance. il me donne le livre d'or c'est le livre où vous faites un truc c'était super beau alors j'ai mis c'était vraiment dégueulasse

  • Speaker #1

    Gérard Lenormand alors voilà c'était un joke je pense qu'il me pardonnera et pour terminer fort de toutes ces années de carrière j'ai essayé de dérouler le mieux possible en une heure je voulais savoir si ce 13ème album cette belle tournée qui arrive et tout ce que tu as vécu dans ta vie tu avais atteint une sorte de quétude de plénitude ah non pas du tout non non ça c'est pas ma personnalité d'être arrivé à la...

  • Speaker #0

    comment on appelle ça, la sérénité ? Non, malheureusement non. J'ai envie d'écrire un autre... J'ai envie d'écrire des chansons, je ne sais même pas si elles vont être entendues ou pas, mais c'est quelque chose de viscéral chez moi, j'ai besoin d'écrire des chansons. J'ai envie de m'y remettre, j'ai une comédie musicale aussi qui traîne un peu, mais parce que je pense que je ne peux pas l'écrire tout seul, il faut que je trouve la personne à l'écrire à deux. J'ai pas mal de projets comme ça.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Dani.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci à toutes et à tous d'avoir écouté cet épisode avec Tani Briand. Si vous voulez soutenir le projet, vous pouvez mettre 5 étoiles sur Apple Podcasts et Spotify et vous abonner à Cadavrexki sur toutes les plateformes de streaming. Je vous donne rendez-vous très bientôt en compagnie d'un nouvel invité.

Description

🎙️ Bonjour à tous, vous écoutez Cadavre Exquis, le podcast qui décompose un parcours inspirant. Pour ce nouvel épisode, je reçois un artiste qui fait swinguer la chanson française depuis plus de 30 ans  avec son style rétro et ensoleillé. Après avoir rendu hommage à Aznavour dans un album salué par le public, il revient avec un nouvel opus où il revisite le son festif des années 70, entre nostalgie et énergie dansante. J’ai le plaisir d’accueillir aujourd’hui Dany Brillant.

👉 Dany Brillant - Seventies
Après l'immense succès de son dernier album « Dany chante Aznavour » certifié platine, le crooner préféré des français revisite pour notre plus grand plaisir dans son nouvel opus, le son festif des années 70 dont il signe textes et musiques. « Les années 70 furent pour moi une parenthèse enchantée ».

📚 Références: 

Boris Vian - L'Écume des Jours
Elvis Presley
Arthur Crudup - That's All Right (Mama)
Et Dieu... Créa la Femme (Film)
Charles Aznavour
Dany Brillant - Nouveau Jour (Album)
Dany Brillant - Suzette (Chanson)

Aldous Huxley - Le Meilleur des Mondes (Livre)

Amicalement Votre

Michel Fugain & Le Big Bazar
Zaho De Sagazan
Lettes à un jeune poète de Rainer Maria Rilke
Antoine Duléry

📝 Contacts: 
www.instagram.com/cadavreexquispodcast/

www.facebook.com/cadavreexquispodcast

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Transcription

  • Speaker #0

    C'est des accidents de l'histoire qui ont fait dévier mon destin, puisque j'ai assisté à l'âge de 11 ans à un concert de Charles. Et c'est vrai que ça a été très révolutionnaire pour moi. Je n'avais jamais vu de concert et j'ai vu des gens qui écoutaient religieusement ses textes, sa voix et sa musique. Et moi, je suis sorti bouleversé de là et je me suis intéressé vraiment à la chanson après ce concert. Je me suis demandé comment un art pouvait provoquer autant de choses. autant d'émotions, autant d'applaudissements, autant de concentration. Et c'est vrai que c'est un art très important.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous. Vous écoutez Cadavrexki, le podcast qui décompose un parcours inspirant. Pour ce nouvel épisode, je reçois un artiste qui fait swinguer la chanson française depuis plus de 30 ans, avec son style rétro et ensoleillé. Après avoir rendu hommage à Aznavour dans un album salué par le public, il revient avec un nouvel opus où il revisite le son festif des années 70, entre nostalgie et énergie dansante. J'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui, Danny Briand. Bonjour Danny. Bonjour. Comment ça va ?

  • Speaker #0

    Très bien.

  • Speaker #1

    Merci de participer à ce podcast qui s'appelle... Cadavrexky et dans lequel je décompose des parcours inspirants. Je suis très content de te recevoir dans mon émission parce que c'est un parcours mine de rien assez consistant maintenant. Plusieurs casquettes et surtout un 13ème album studio depuis 91 avec Seventies. Et là je compte pas les best-of les captations live. Impressionnant quand même.

  • Speaker #0

    J'ai suivi mon chemin ma route, ça s'est fait naturellement et j'ai jamais vraiment... contrôler tout ça, c'est des demandes, des lives, c'est ma maison de disques. Mais je suis content que ça existe finalement un live, c'est une captation d'un instant comme ça qui est précis. Moi c'est pas ce que je préfère, parce que je préfère travailler le son en studio, mais le live on arrive à sentir l'énergie du concert.

  • Speaker #1

    Une belle carrière et on va en parler, je vais revenir non pas au début de ton parcours, mais ton existence vraiment pour planter le décor, pour voir d'où tu viens. Je procède de la même façon avec tous mes invités tout simplement, où est-ce que tu es né et où est-ce que tu as grandi ?

  • Speaker #0

    Alors je suis né en Tunisie, mais je n'ai pas grandi, parce qu'à l'âge d'un an je... Je suis né en France. Je suis arrivé en France, à Saint-Geneve-des-Bois, dans l'Essonne. Et puis, j'ai passé toute mon enfance dans l'Essonne. Et puis après 11 ans, je suis venu à Paris.

  • Speaker #1

    Et il faisait quoi tes parents comme métier quand tu vivais encore sous leur toit ?

  • Speaker #0

    Alors, ma mère ne travaillait pas, elle s'occupait de nous. Et mon père a toujours travaillé dans des supermarchés, des épiceries.

  • Speaker #1

    Il avait une situation bien plus confortable en Tunisie, je crois.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'était son problème. C'est qu'il est passé d'une situation assez... Il était assez gâté, il a été chassé de son pays, il est arrivé en France et il n'a jamais retrouvé quelque chose à la hauteur de ses ambitions.

  • Speaker #1

    Et ta maman, je crois que tu l'avais dit dans une interview, qu'elle était nostalgique de sa vie en Tunisie.

  • Speaker #0

    Bien sûr, parce que c'était une vie de rêve. Il paraît que la Tunisie des années 60, c'était toutes les communautés qui existaient ensemble, les juifs, les arabes, les catholiques, les italiens. Il paraît que tout le monde était très heureux. Tout le monde vivait sous le soleil, avec une espèce d'insouciance et de légèreté que, évidemment, quand ils sont arrivés dans la banlieue, dans la grisaille, ça a été un choc.

  • Speaker #1

    Et tu as ressenti cette tristesse à la maison, j'imagine ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai senti la tristesse. C'est vrai, je l'ai senti. Et j'avais envie de la réparer. Je ne savais pas en faisant quoi, mais c'est vrai, je me suis senti un peu le sauveur de mes parents. Je voulais les aider. J'ai l'impression que j'étais, en fait, les parents, c'était moi le chef de famille. J'ai toujours eu ce sentiment-là.

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup de musique à la maison quand même, des parents mélomanes.

  • Speaker #0

    Mon père, très mélomane, très bon chanteur. Aussi dans ma famille, il y avait des musiciens, des joueurs de lutte, de violon. Il y avait un gène quand même qui traînait dans la famille, un gène musical.

  • Speaker #1

    Et les influences, on peut les citer ou les styles musicaux en tout cas ?

  • Speaker #0

    Lesquels par exemple ?

  • Speaker #1

    Parce que de tes parents ?

  • Speaker #0

    Ça a été la musique orientale en Tunisie, mais ça a été aussi beaucoup la musique italienne. La Tunisie a été très influencée par l'Italie. Il faut dire que la Sicile était à une heure de bateau. Et donc, on a grandi dans une ambiance plus italienne d'ailleurs que française.

  • Speaker #1

    Et quand on t'entend dans tes interviews, tu parles de jazz, de swing, de salsa, de chansons françaises. Et j'ai beaucoup aimé le terme que tu as utilisé, des influences d'après-guerre. Quelqu'un qui a grandi dans les années 70-80, quand est arrivé Paul East, Michael Jackson, Ceyron, presque à contre-courant. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai. J'avais ce goût pour cette musique. En fait, c'est la musique de mon grand-père, si on doit. C'est même pas la musique de mon père. Parce que mon père était un jeune dans les années 60. Mais c'est vrai que j'avais ce goût pour les orchestres du swing, pour les crooners. Je ne sais pas pourquoi, mais voilà, c'est mon goût, c'est tombé sur moi.

  • Speaker #1

    Tu te demandais pourquoi les artistes des années 80, ils ne reprenaient pas de la musique latine, du swing, du boléro ?

  • Speaker #0

    En France, oui, ils ne reprenaient pas. Mais j'ai toujours trouvé que dans l'Angleterre et en Amérique, la tradition était respectée. Il y a toujours eu des crooners. Et je me souviens de plein de groupes comme Kid Kroll et les Uncoconuts, je ne sais pas si vous vous souvenez, ils faisaient de la musique latine. Il y a toujours eu un courant jazz, en tout cas en Amérique, avec Harry Connick Jr. Aujourd'hui, Michael Bublé. C'est juste en France que c'est une musique qui n'est pas tellement représentée. Je ne saurais pas dire pourquoi, puisque moi, je faisais partie d'une bande qui s'appelait les Azous dans les années 80. On était vraiment une bande qui se réunissait dans certains endroits. comme la Nouvelle-Ève, le Baladjo, le Royal Lieu, un endroit qui a été détruit, le Royal Lieu, c'était magnifique. Nous, on adorait le swing, on apprenait à danser, on dansait à deux jusqu'au petit matin. Et donc, voilà, même ces gens-là, parce qu'on était habillés aussi comme dans l'esprit, années 40 et tout ça, même ces gens-là, en fait, j'étais perdu, je ne sais plus où ils sont.

  • Speaker #1

    Je t'en parlais tout à l'heure, tu mentionnes souvent que tu traînais avec des bandes de Zazou.

  • Speaker #0

    Je traînais, oui, plus trop maintenant.

  • Speaker #1

    C'est des bandes de jeunes, c'est un mouvement qui a né pendant l'occupation allemande.

  • Speaker #0

    Ça oui, c'était un mouvement de résistance. Et comme les Allemands avaient interdit tout ce qui venait d'Amérique, ils avaient interdit le jazz. Ils disaient aussi que c'était une musique de nègres et de juifs. Ce qui est vrai, le jazz était essentiellement interprété par des juifs et des noirs. Mais il y avait un petit mouvement en France qui s'appelait les Azous, qui s'habillaient d'une manière assez extravagante. Je ne sais pas si vous avez vu des photos, des coupes de cheveux assez bizarres. C'était un mouvement de résistance en fait, et ils résistaient en faisant des booms. On en parle souvent dans les romans de Boris Vian, comme le ver coquin, le plancton, même dans l'écume des jours, qui écoutait du jazz aussi comme un moyen de résister à l'occupant, puisque évidemment c'était la musique maudite, et les Allemands ne voulaient pas du tout entendre de jazz, ils voulaient surtout de la musique classique. Cette musique-là faisait partie de leurs revendications, et il faut savoir aussi comment les Américains ont délivré la France en cas de réaction. 44-45, ça s'est fait beaucoup au son du jazz. Donc c'était une musique de liberté aussi, de libération.

  • Speaker #1

    Tu parlais d'une musique de noir, et c'était une musique de noir chantée par les Blancs. Alors,

  • Speaker #0

    c'est très spécial le jazz, c'est vrai qu'on peut dire que les Blancs ont volé au noir le jazz pour en faire quelque chose qui sortait de la communauté noire. Bon, mais après, si vous voulez, le rock'n'roll, ça a été l'effet inverse.

  • Speaker #1

    Elvis répondait un peu à tous les critères.

  • Speaker #0

    Voilà, Elvis, c'est le blanc aussi qui chantait comme un noir. Et il a fait d'une musique un peu, on pourrait dire ethnique, une musique populaire et ça a été une musique même plus que populaire mondiale. Puisque le rock, c'est quand même né de la musique noire, du blues, mélangé avec la country, qui est la musique blanche. La musique du sud de l'Amérique.

  • Speaker #1

    Blues qu'il a accéléré.

  • Speaker #0

    Qu'il a accéléré, absolument. Il a accéléré un vieux blues qui s'appelle That's Alright Mama. Un studio que j'ai visité d'ailleurs. Je suis parti là-bas comme en pèlerinage. Ils ont trouvé un son comme ça, par hasard en fait, en accélérant un vieux blues d'Arthur Crullup qui s'appelait That's Alright Mama.

  • Speaker #1

    Et je trouve intéressant de parler de ça parce que ta musique, on parle beaucoup du swing et le jazz et le rock apprend sa source. Du swing justement. Et pourtant c'est un style un peu méconnu je trouve ici.

  • Speaker #0

    Oui, en France, c'est vrai qu'il n'y a pas de courant. Déjà, par exemple, moi, je suis à fond dans cette musique et je ne trouve pas souvent de chanteurs, mais il y en a quand même, parce qu'on peut prendre quelqu'un comme Sansevierino ou Thomas Dutronc, leur musique est quand même basée là-dessus. Mais on n'est pas non plus des centaines, on est un petit noyau.

  • Speaker #1

    On a parlé musique, moi, je voulais parler avec toi d'instruments. Est-ce que tu pratiquais d'un instrument pendant l'adolescence ou quand tu as commencé ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai deux instruments, en fait. C'est le... La guitare et la percussion. J'ai toujours aimé ces deux instruments-là et j'ai souvent joué l'un ou l'autre. D'ailleurs, dans les clubs de jazz où je passais, je jouais l'un ou l'autre.

  • Speaker #1

    Tu as d'ailleurs acheté un combo après avoir vu le film « Éducrez la femme » de Brigitte Bardot.

  • Speaker #0

    J'ai acheté une paire de bongos. Oui, parce que c'est la première fois qu'en France, on voyait une femme se déhancher comme ça dans un film d'une manière torride, sur des rythmes latins. Je ne sais pas si vous avez vu le film dans « Éducrez la femme » . Ça a été vraiment une révélation pour moi, cette musique. La musique latine aussi, comme le jazz.

  • Speaker #1

    Par Sinatra, la révélation du jazz ?

  • Speaker #0

    Je ne peux pas dire ça, mais le jazz, c'est les grands orchestres, c'est Count Basie, c'est Glenn Miller. Sinatra a fait une espèce de variété sur fond jazzy, mais on ne peut pas dire que Sinatra fait du jazz. Je ne le trouve pas, je ne pense pas.

  • Speaker #1

    Autre révélation, c'est ce concert de Charles Aznavour auquel tu assistais à l'Olympia très jeune, par pur hasard, parce que ton père a raté son train et a récupéré sa place.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est des accidents de l'histoire qui ont fait dévier mon destin puisque j'ai assisté à l'âge de 11 ans à un concert de Charles ça a été très révolutionnaire pour moi, je n'avais jamais vu de concert et j'ai vu des gens qui écoutaient religieusement ses textes, sa voix et sa musique et moi je suis sorti bouleversé de là et je me suis intéressé vraiment à la chanson après ce concert je me suis demandé comment un art pouvait provoquer autant d'émotions, autant d'applaudissements autant de... de concentration et c'est vrai que c'est un art très important.

  • Speaker #1

    Sûrement en parallèle au parcours, il y a quelques points de similitude, je trouve. Être à contre-courant, ça crée la marque finalement.

  • Speaker #0

    C'est vrai que Charles, il parlait souvent de ses années difficiles parce que ça n'a pas fonctionné tout de suite. On l'aimait bien comme auteur, mais il avait du mal à se placer en tant que chanteur, en tant qu'interprète, parce qu'il avait une voix un peu voilée, son physique ne correspondait pas au canon de l'époque. Donc il a mis 17 ans de vache maigre.

  • Speaker #1

    impossible aujourd'hui, une carrière comme la sienne.

  • Speaker #0

    C'est impossible, oui, parce qu'il a commencé à avoir du succès vers 37-38 ans. J'ai l'impression que c'est un peu âgé pour un chanteur aujourd'hui. Quoique non, on sait jamais, il n'y a pas de règles. C'est surtout qu'après ça, il a duré des décennies. Il a presque atteint le siècle, quand même.

  • Speaker #1

    Et tu l'as repris récemment avec deux albums qui ont été certifiés Platine. Félicitations. Merci. Joli travail, vraiment. En plus, tu as eu la valse de sa fille, Katia. Et c'était un ami à toi. Pourquoi tu as choisi de... le reprendre parce que c'est ton ami, t'es inspiré t'as pas du tout eu peur de ce défi là ?

  • Speaker #0

    Non j'ai pas eu peur, je l'ai fait avec mon coeur, je l'ai fait comme je t'ai dit comme ma passion est née ce jour là, je me suis dit que c'était la boucle est bouclée, il fallait que je rende hommage à son oeuvre en plus je trouve qu'il y a pas beaucoup de chanteurs qui l'ont fait et en fait je l'ai fait dans une période très spéciale qui est le Covid, donc c'est une période où on avait beaucoup de temps, donc on avait du temps et comme on avait du temps, il n'y a pas que moi qui avais du temps, il y avait beaucoup d'artistes qui avaient du temps donc ce qui fait que tout le métier de la chanson avait du temps. Donc, ils sont venus faire les dios avec moi. Là, ce serait impossible à monter un projet pareil, puisque j'ai eu avec moi Patrick Bruel, Florent Pagny, Obispo,

  • Speaker #1

    enfin,

  • Speaker #0

    Carla Bruni, je ne peux pas tous les citer. Mais voilà, donc le Covid, ça a eu du bon, parce que ça a libéré les plannings, en fait. Donc, j'ai pu faire ce disque, parce qu'il n'y avait pas que moi, évidemment, qui aimait Charles. Toute ma génération était fan de Charles, presque à l'unanimité, je dirais. Donc, on était très contents de partager ce... Cet amour.

  • Speaker #1

    C'était un monument de la chanson française et pourtant, quand il a disparu, certes, il y a eu un hommage aux Invalides, mais c'est vrai qu'on n'en a pas tant parlé que ça. Il n'y a pas eu tant d'hommages que ça. Non,

  • Speaker #0

    mais c'est-à-dire, c'est quand on compare avec Johnny Hallyday. C'est vrai que Johnny Hallyday, c'est vraiment la star française. Et quand il a disparu, évidemment, il y a eu plein d'événements. Mais Charles, on ne se rend pas compte que c'est le chanteur français le plus connu à l'étranger, le plus célébré, avec des tubes, il en a un paquet. de tube. Ce n'est pas un titre, il y en a plein. Il a été repris par plein de chanteurs. Et donc, oui, j'ai trouvé que c'était un peu tiède comme hommage.

  • Speaker #1

    C'était un ami intime à toi ?

  • Speaker #0

    Intime, je ne dirais pas, mais disons que c'était un maître, je dirais, plus qu'ami.

  • Speaker #1

    Il paraît que tu as donné un conseil. Dany, si tu veux durer, il faut d'abord aborder des sujets de société. Chose que tu fais, je trouve, en réécoutant un peu tes albums. Tu fais ça à partir du quatrième, sorti en 99,

  • Speaker #0

    Nouveau Jour. Ah, très juste.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que... Les premiers, c'est un peu les paroles adolescentes. J'ai l'impression que c'est d'ailleurs ce qui est resté pour l'imaginaire collectif. Et qu'à partir de là, tu as vraiment suivi un peu son conseil.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on s'est beaucoup côtoyé à l'âge de mes 30 ans. C'était ma période Havana où j'avais sorti des albums avec mon tube. C'était quand je vois tes yeux. C'est vrai que Charles était bien sûr très sageval sur les textes. Il me dit, tu ne pourras pas tenir si tu fais des chansons comme ça d'adolescent. Il faudra aborder des sujets sérieux. Et je l'ai écouté, et j'ai fait tout un album après, qui s'appelait Nouveau Jour, dont tu parles, qui abordait des sujets de société, comme la chirurgie esthétique, comme le conditionnement, les débuts du formatage, etc. Je l'ai fait, donc j'étais content de le faire. Il n'a pas bien marché. Il n'a pas très bien marché. Donc après, je suis revenu à des choses un peu plus légères. Je me suis dit, les gens, ils aimaient bien ma légèreté chez moi. Et après, à partir de Dolce Vita, c'est là que j'ai trouvé un équilibre. entre la légèreté et la gravité. Et j'ai fait des chansons comme « Tant qu'il y aura des femmes » ou des choses comme ça, qui en même temps sont des chansons de charme, mais en même temps des chansons sociétales, puisque l'avancée des femmes dans la société, c'est très important aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Petite parenthèse, est-ce que tu as vu le film « Monsieur Aznavour » ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, je l'ai vu,

  • Speaker #1

    oui. T'en as pensé quoi ?

  • Speaker #0

    Je l'ai trouvé très bon, parce que comme il a été fait par la famille, il y a dedans des aspects de Charles qu'on ne connaissait pas du grand public, comme par exemple, il a de temps en temps des phases de dépression. Je ne l'avais jamais vu, j'ai trouvé Charles comme quelqu'un de... très centré, très équilibré, très rationnel. Et par moments, même quand sa carrière est à son zénith, on le sent un peu perdre pied. Et je pense que tout ce qui est dans ce film est vrai, puisque sa fille a dû tout superviser, etc. Et c'est intéressant de voir l'envers du décor, sa dualité entre sa grande ambition de vouloir s'en sortir, la rage de gagner, et en même temps la difficulté de s'occuper de sa famille, parce qu'il n'était pas souvent là, etc. Donc il y avait un tiraillement entre sa vie privée. et sa vie professionnelle.

  • Speaker #1

    Je vous invite vraiment à aller voir ce film, on apprend beaucoup de choses. Moi, par exemple, j'ai appris qu'il avait chanté La solitude de l'homosexuel, par exemple. C'est super intéressant. Et une chose sur laquelle je voulais revenir aussi, c'est qu'il t'a écrit un texte. Un texte que tu n'as pas mis en musique dans les deux albums. Je voulais savoir pourquoi.

  • Speaker #0

    Non, je le garde, c'est un texte pour moi. Je n'ai pas envie d'en faire une oeuvre commerciale. C'est un truc que j'ai pour moi. Je n'ai pas envie de... Je trouvais ça un peu, après sa disparition, un peu opportuniste de sortir un texte comme ça. Voilà, regardez, j'ai ma chanson. J'ai préféré reprendre ses anciens succès. Et puis un jour, peut-être, avec l'accord de la famille, peut-être je... Je le chanterai, je verrai, mais pour l'instant, non, je ne le sens pas.

  • Speaker #1

    Pour revenir un petit peu au début de ton parcours, c'est une histoire bien connue. Ta maman voulait faire de toi un médecin. Elle te pensait à la fac. Et toi, tu traînais dans les cabarets, aux Trois-Maiers, où tu as passé cinq ans. Alors pour que les gens s'imaginent, pour les plus jeunes surtout, s'imaginent ce que c'est, c'est un endroit assez intimiste.

  • Speaker #0

    Je connais.

  • Speaker #1

    On est très vite fait dans le sud de la France, on va dire. Ce n'était pas très démocrate,

  • Speaker #0

    vous savez.

  • Speaker #1

    Avec des tables. Et ce que je trouve intéressant, c'est que les gens ne viennent pas pour te voir, mais il faut que tu essaies de les distraire. Et en plus que ça, que tu les choppes.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Les gens sont très très prêts. Aujourd'hui, quand on fait un spectacle ou une télé, les gens sont loin. On les capte, mais ils sont dans un conditionnement avec des lumières, des sièges, il y a tout un truc. Ils sont là pour se concentrer. Mais c'est vrai que dans les clubs, ils ne sont pas très concentrés. Donc l'exercice, c'est d'essayer de capter leur attention. Alors au début, je faisais juste la pause des musiciens, parce qu'il y avait un groupe. 5 minutes, 6 minutes, et puis au fur et à mesure, comme le patron avait vu que j'avais un petit succès, il m'a donné l'espace pendant une heure. Alors pendant une heure, il faut les capter, et des fois c'était dur. Je n'y suis pas toujours arrivé, mais en tout cas, ça a été un apprentissage et une école qui m'a donné des principes de spectacle, puisque vous savez bien que dans ce métier, il n'y a pas d'école. Ça a été mon école, et je suis content d'être passé par là.

  • Speaker #1

    Je trouve intéressant que tu utilises le terme d'apprentissage, c'est ce que j'ai marqué. tu as appris ton métier sans savoir si ça allait marcher tu sentais un feu sacré en toi tu avais ça dans le ventre,

  • Speaker #0

    il fallait que tu tentes ta chance on sait jamais que ça va marcher même les gens qui font des trucs aujourd'hui savent jamais, il n'y a aucune assurance que ça marche, il n'y a aucune sécurité c'est pour ça que bien souvent les parents ont peur quand on leur dit qu'on va embrasser ce genre de profession puisque je n'ai aucune assurance que ça marche un jour, mais que ça marche 10 ans, 20 ans, 30 ans financièrement que je m'en sorte, que je puisse en même temps parallèlement fonder une famille. Non, c'est des métiers à haut risque, c'est des métiers très difficiles. Mais si vous voulez, comme tu dis, quand on a le feu sacré, quand on n'a pas envie de faire autre chose, il faut essayer au moins, il faut se donner un petit laps de temps. Mais je pense qu'il faut pas le faire perdurer beaucoup beaucoup de temps si vraiment il n'y a pas des signes favorables. Parce que bon, après on gâche sa vie.

  • Speaker #1

    5 ans quand même, c'est pas mal.

  • Speaker #0

    5 ans, c'est des études classiques. C'est la licence. Non, c'est la maîtrise.

  • Speaker #1

    En général, quand on se lance dans des domaines artistiques, c'est en général soit pour canaliser une certaine énergie, une certaine hyperactivité, soit pour combattre une timidité. Et toi, je crois que c'était ton cas. Pour te citer, tu te trouvais très laid, même si la beauté, c'est subjectif à l'adolescence, mais surtout, tu étais timide. Tu avais vraiment besoin d'embraser comme ça, un petit peu, de te mettre dans la peau d'un personnage.

  • Speaker #0

    Je vais dire la vérité, je me trouvais très laid. Je ne sais pas si je l'étais. Mais comme je portais des lunettes et que j'étais très très myope, ça ne me donnait pas un look très frais. J'étais avec des grosses lunettes. Le jour où j'ai mis mes lentilles, je me suis dit que je suis pas mal quand même. Mais parce qu'avant, je ne me suis jamais vu. Tu vois ce que je veux dire ? Et je me suis dit que j'ai changé de coupe de cheveux. Et puis, je me suis rectifié mes dents. Parce que j'avais des dents tordues. Et là, j'ai commencé à être pas mal. Enfin, je ne l'étais pas non plus, mais je me suis dit, voilà. Mais si tu veux, c'est mes lunettes, en fait, qui m'ont vu. À travers le prix de mes lunettes, je me suis vu à affreux pendant toute mon adolescence. Et après, si tu veux, le fait de chanter, d'avoir du succès devant les gens, c'est vrai que ça, ça donne une certaine assurance.

  • Speaker #1

    Le succès, il arrive par Suzette. Donc, je vais dire l'histoire pour ne pas que tu n'aies à le faire une dernière fois. Du nom de la mère de Francis Huster, pour les besoins d'un film, on a volé Charlie Spencer. Finalement, la chanson, elle n'est pas retenue. Tu la gardes sous la main. Et tu la sors à nouveau cinq ans plus tard, en 91. Et là, elle devient un succès populaire.

  • Speaker #0

    Et c'est parti. Oui, tout à fait. Ça m'a échappé. Et en fait, elle est sortie au bon moment. Je pense que les gens avaient envie. C'était en pleine guerre du Golfe. La situation était assez pesante, peut-être comme aujourd'hui. Il y a des guerres de partout. Et c'était une chanson qui apportait une certaine joie de vie, une fraîcheur d'après-guerre, d'ailleurs. Et c'est vrai que le moment où elle est sortie, c'était le bon moment. Cinq ans auparavant, peut-être que... elle n'aurait pas fonctionné. C'est comme ça, c'est les mystères des chansons. Elles ont leur destin propre.

  • Speaker #1

    Tu l'as sorti vraiment en fonction du contexte parce que tu es quelqu'un d'assez...

  • Speaker #0

    Je ne l'ai pas sorti, moi. C'est qu'un jour, j'ai trouvé une maison d'isques qui m'a signé et donc elle a choisi cette chanson parce que moi, je n'en avais plein. Il y a un Saint-Germain que j'aimais beaucoup. J'avais des chansons comme ça. Mais c'est le directeur de la promo qui l'a choisi et en fait, elle a eu tout de suite un impact de... Très fort, puisque la directrice des programmes d'RTL a dit « Ah, c'est pas mal ça » , puis elle l'a programmé. Et après, avant, tout le monde suivait RTL. Donc, toutes les radios s'y sont mises. Et puis, comme il y avait quatre émissions de variété à l'époque, par semaine, vous les faisiez toutes. Et évidemment, les gens allaient acheter le disque à l'époque. Donc, ça a été très vite.

  • Speaker #1

    Et toi, c'est un peu fidèle à ce que l'on sait de toi, c'est que tu n'essaies pas de calquer quelque chose qui marche. Tu reviens à ta source musicale, à ce qui t'a créé. finalement artistiquement. Tu t'es pas posé de questions, vraiment, t'as suivi ce que t'avais envie de faire.

  • Speaker #0

    Ensuite, j'ai bifurqué vers Cuba. Parce que je me suis dit, j'ai pas envie qu'on m'enferme dans le registre du swing, ou je sais pas comment on l'appelle. Il faut pas que je fasse la même chanson différente. Et donc j'ai essayé de brouiller les pistes, et je suis allé à Cuba. Donc c'est vraiment de passer de Suzette à La Havane, c'est bizarre. Mais j'ai fait un autre tube en même temps. Et en fait, ce qui est important, c'est les trois premiers albums, c'est le plus important dans ce métier. Souvent les gens font un très bon album au premier, puis le deuxième, c'est difficile. Mais le plus dur, c'est le troisième. Parce que souvent, on me dit tout dans les deux, et puis le troisième, c'est... Et moi, j'ai eu la chance de faire un très gros tube sur l'album que j'ai fait à Cuba. Quand je vois tes yeux.

  • Speaker #1

    Parce que le premier, quelque part, c'est le plus facile, parce qu'on a une vie derrière soi, donc c'est un peu la résultante de tout ça. Et après, il faut trouver des choses à dire. Et toi, ce que je trouve intéressant dans ton parcours, c'est que chaque album, c'est un concept, différents styles musicaux, mais toujours cette même couleur qui fait qu'on... On sait qu'on écoute du Danny Briand. Et moi, je trouve que c'est limite respectueux envers les gens qui t'écoutent. Tu leur proposes quelque chose de nouveau à chaque fois. Tout simplement, je voulais te demander pourquoi cette volonté de voyager ? Parce que tu as parlé de Cuba, il y a eu l'Italie.

  • Speaker #0

    C'est mon rêve. Moi, je suis à l'écoute de mon rêve. Et j'ai rêvé sur Cuba, j'ai rêvé sur la Nouvelle-Orléans, j'ai rêvé sur l'Italie. Tout ça, c'est des rêves pour moi. Donc, je vais juste suivre mon rêve. Je n'ai pas de calcul marketing. Je ne sais pas comment on fait un tube, je ne sais pas si je vais passer à la radio, je ne sais pas comment il va être accueilli mon album. Je fais juste ce que je ressens. Mais c'est vrai que je ne fais pas des albums comme ça, c'est toujours enfermé dans un univers. Parce qu'après, quand je raconte les histoires, il y a une histoire à raconter. Tu comprends, si je fais mon album à Paris, dans un studio obscur, à Porte d'Aubervilliers, pendant dix ans, je n'ai pas grand-chose à raconter aux gens. Quand je leur dis que je suis allé à Cuba... juste avant l'explosion de Cuba en 96 les gens ça les faisait rêver et moi ça me faisait rêver aussi donc après il y a tout qui découle, le clip les fringues, les danseuses tu vois la scène aussi il y a un univers sur scène donc moi je pense en spectacle total, je pense pas que les chansons je pense du début jusqu'à la fin l'univers,

  • Speaker #1

    le clip qui va illustrer donc en fait c'est plus facile ce que je trouve intéressant c'est que tu suis tes envies mais en même temps tu t'inscris dans la durée vu que la musique est cyclique et qu'elle revient tous les styles reviennent à chaque fois à la mode si je puis dire toi t'as touché à tous les studios la salsa tu l'as fait il y a super longtemps mais attention à la mode aux tendances,

  • Speaker #0

    il faut être quand même dans la tendance, parce que faut pas croire que la nostalgie ou le vintage ça marche comme ça, quand j'ai fait mon album cubain, il faut savoir que Cuba était revenu beaucoup à la mode, il y avait Buena Vista Social Club et voilà on reparlait de Cuba à nouveau, 96 quand j'ai fait mon album en Italie bon voilà, l'Italie était partout dans la mode dans le truc Quand j'ai fait mon album, je ne sais pas...

  • Speaker #1

    Les danses de salon, c'est vraiment... Les danses de salon,

  • Speaker #0

    c'était juste avant Danse avec les stars. Je veux dire, c'était quand même... Tout ça, c'est quand même dans l'air du temps. Tu vois ce que je veux dire ? Ce n'est pas du vintage. Pour être vintage, il faut quand même... Et moi, j'ai un bon moyen pour flairer les tendances, et je continue toujours, c'est en fait de regarder les pubs. Si tu regardes des pubs aujourd'hui, tu verras, il y a plein de musiques soul, plein de musiques des années 70, avec des sons comme j'ai utilisés, parce que la pub est vraiment à l'écoute des gens. Contrairement peut-être aux artistes, ils sont même plus en avance des fois.

  • Speaker #1

    On parlait tout à l'heure en off de l'image qu'avaient les gens de toi. C'est vrai qu'on t'imagine toujours avec des textes romantiques, mais c'est vrai que sur chaque album, tu as toujours une ou deux chansons avec une portée sociale. Je me suis attardé vraiment sur l'album Nouveau Jour dont on parlait tout à l'heure, et de ses textes un peu plus travaillés. Oui,

  • Speaker #0

    c'était le but où j'ai travaillé vraiment l'écriture.

  • Speaker #1

    Toi et moi, c'est une ode à la révolution. En écoutant ça, je me suis dit, les gens n'ont pas cette image de Nanny Briand.

  • Speaker #0

    C'est pas grave, ça me dérange pas. Vous savez, c'est Sacha Guitry qui a dit qu'on n'est jamais connu pour les bonnes raisons. C'est pas très grave. De toute façon, les chansons, elles sont là, elles existent. Maintenant, en plus, avec Spotify, s'il y a bien un avantage de Spotify, c'est qu'on a tous les albums d'un clic. Alors qu'avant, c'était compliqué d'aller rechercher les anciens albums. Je pense moi-même, d'ailleurs, que je suis un révolutionnaire. J'ai toujours été dans ma tête. J'ai jamais voulu rentrer dans le moule. J'ai jamais été un mouton. Depuis même, quand j'étais petit, même dans ma famille. Ils savaient très bien que j'étais un rebelle, que je ne rentrais pas dans les cases. Donc, toi et moi, c'est vraiment une chanson. C'est oui, oui.

  • Speaker #1

    J'invite les gens vraiment à l'écouter. Ouais. Et tu as fait des choses folles que tu dis en interview. De temps en temps, les gens ne relèvent pas, mais c'est pour le sixième album, Jazz à la Nouvelle-Orléans, tu me pourris si je me trompe. Tu as enregistré avec le Big Band de Harry Connick Jr. Tout à fait. La musique de Can Rira Consalis, c'est ce gars-là.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais, ouais, j'ai enregistré parce que je trouvais que c'était un nouveau son dans le jazz et il avait quelque chose de très ancien, mais de très moderne. Donc, j'ai demandé à... à ma manageuse qui s'appelait Valérie Michelin qui avait travaillé avec lui de me donner ses coordonnées et j'ai appelé son manager et tout ça et il a dit ok pour me prêter son orchestre et c'est vrai que j'ai fait deux albums avec son orchestre J'ai fait Jazz à la Nouvelle Orléans. Et après, j'ai fait Histoire d'un amour, qui était un album sur les danses de coupe, mais toujours enregistré avec son orchestre. Et c'est vrai que son orchestre a un son terrible.

  • Speaker #1

    Ça rend bien.

  • Speaker #0

    Ah ouais.

  • Speaker #1

    Bon, je ne peux pas parler de toute ta carrière, mais là, j'ai parlé de la période, très grossièrement, de 91 à 2007, 2008, où il y a une apothéose à Bercy. J'ai l'impression que c'est un peu la fin de la phase ascendante de ta carrière. Après, il y a eu le théâtre. Tu avais besoin d'une pause après, à ce moment-là, où tu ne t'en étais plus inspiré ?

  • Speaker #0

    C'est vrai que je montais tout le temps. Chaque année, je montais jusqu'à Bercy, en tout cas en termes de spectateurs. C'était très beau Bercy, parce que moi je viens quand même d'un petit club de cabaret, je chantais devant 20 personnes et je me suis retrouvé devant 17 000. C'est vrai que c'était pas mal, j'ai adoré cette époque-là. Et puis après, j'ai dit bon, qu'est-ce que je peux faire de plus ? J'ai dit, je vais bifurquer un peu, je vais essayer de revenir à mes anciennes amours, qui sont la comédie quand même et le théâtre, puisque je ne sais pas, bon, je ne sais pas si je suis un bon chanteur, mais en tout cas, le théâtre a toujours été une de mes passions. et je me suis toujours vu comme un acteur comme un acteur qui chante je me suis toujours vu comme ça, donc après j'ai fait du théâtre et puis je sais pas ça s'est bien passé mais je n'ai pas réussi vraiment dans le théâtre la comédie, j'ai pas réussi je veux aller où ça il y a du soleil, vous voyez ce que je veux dire j'ai essayé en tout cas, et puis après comme j'ai vu que ça donnait rien je... Je garde pour moi mon talent d'acteur. Je le fais pour mes amis. Je raconte des histoires drôles. Non, je rigole.

  • Speaker #1

    Je crois que tu disais à l'époque que ça t'avait déconnecté un peu de la musique, finalement. C'était un peu plus dur.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est vrai. C'est vrai de jouer des personnages. On est avec eux toute la journée. Alors là, comme je jouais une espèce de mari un peu odieux, je me souviens, j'étais toujours énervé, même avec mes enfants et tout ça. Donc, ça demande beaucoup d'énergie.

  • Speaker #1

    C'était physique, ton rôle.

  • Speaker #0

    C'était très physique, oui. Ça demandait beaucoup d'énergie. Et après, j'ai eu du mal à me remettre à la composition, à l'écriture. J'ai l'impression qu'on ne peut pas faire deux choses en même temps. C'est compliqué de faire deux choses en même temps.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un événement déclencheur qui t'a donné envie de t'y remettre ?

  • Speaker #0

    C'est une question de rencontre. Un jour, on m'a appelé pour faire ce rôle. J'ai lu la pièce et je l'ai faite. Mais sinon, je laisse faire à l'avenir. Je n'ai jamais été frappé à aucune porte. La chanson, pareil. Je n'ai jamais été frappé à aucune porte. J'ai gardé cette philosophie. Quand les choses sont justes, elles viennent à toi. Et quand on va chercher, on ouvre une porte qui est fermée, tout ça, c'est ça. Enfin, moi, en tout cas, ça n'a jamais marché. Donc, si un jour, je devrais revenir à la comédie, c'est parce qu'il y a un rôle dans l'univers qui est pour moi et qu'il n'y a que moi qui pourrais le jouer. Et donc, on viendra me voir. Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire. C'est une espèce d'ajustement avec la vérité.

  • Speaker #1

    Il y a eu une autre période où tu ne savais pas si tu allais rechanter tout de suite. C'était juste après les albums d'Aznavour dont on a parlé tout à l'heure. Tu as dit honnêtement, je ne sais pas si je continuerai à chanter après cet album. C'est devenu tellement compliqué la musique aujourd'hui. Qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Non, c'est pas ça. C'est que l'industrie musicale a beaucoup changé, qu'il faut faire beaucoup de promos, qu'il faut aller parler énormément. On ne chante pas beaucoup, en fait, finalement. Quand on fait ce métier, on parle beaucoup, on essaie d'expliquer. Et je me suis demandé, est-ce que j'ai envie de faire ça ? Puis après, comme c'était une passion, j'ai dit, c'est pas grave, je jouerai le jeu. On y va. Et j'ai reçu sur tournée.

  • Speaker #1

    Et la drum.

  • Speaker #0

    Seventies j'ai fait Seventies au moment où on se parle il est sorti est-ce que tu peux nous expliquer la jeunesse de cet album je préférerais que tu nous en parles bon alors la jeunesse de cet album elle est très simple c'est que j'ai toujours fait des voyages dans l'espace je suis allé à peu près dans tous les pays où je voulais aller il me reste encore peut-être l'Argentine ou le Brésil j'ai pas fait mais peut-être même le Moyen-Orient parce que j'aime beaucoup la musique orientale Donc, c'est toujours lié à un pays, normalement, mes albums. Tous les trucs que j'ai faits, même l'album « Je suis à la Memphis » sur la terre d'Elvis et tout, parce que je voulais vraiment avoir le son. Et là, c'est la première fois que je fais un voyage, mais dans le temps. Parce que c'est une époque extrêmement riche, musicalement, mais pas que musicalement, littérairement, même au point de vue de la télévision, il y avait des programmes fantastiques. Voilà, tout était un peu très, très tiré vers le haut. à cette époque. Que ce soit la littérature, le cinéma, les humoristes, même tout était très intelligent, je trouvais. Et donc j'ai dit, ça serait bien de refaire des chansons comme il y en avait chez les Carpentiers, comme faisait Joe Dassin ou Claude François, parce que c'est un titre très spécial les années 70. C'est pas les années 80, c'est pas 60, c'est un truc très précis. Et donc je me suis baigné un peu là-dedans en écoutant beaucoup de cette musique et puis après, j'ai composé les chansons.

  • Speaker #1

    Et ce que je trouve intéressant, c'est que tu as beaucoup parlé dans les interviews de l'esprit Saint-Germain qui t'a inspiré, mais que tu n'as pas connu. Tandis que les années 70, tu as grandi dedans.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est très juste. On peut dire que les années 70, c'est la seule fois où je parle d'une musique que je connais, puisque je l'ai vécue en direct. Alors que l'autre, c'est un rêve. J'ai été chercher dans le passé des choses. Là, c'est vrai que je l'ai vécue en direct, puisque j'étais un grand fan de la radio à l'époque. J'avais toujours mon petit transistor avec moi. Je m'endormais avec. Et donc, j'ai passé tous les incendies à écouter. et la musique de l'époque, mais aussi les idées. Parce qu'il y avait tout un courant spirituel, intellectuel dans les années 70. C'est des écrivains fantastiques qui voulaient se libérer, qui voulaient libérer le monde, puisqu'il y avait 68. Ils voulaient se libérer du patriarcat, ils voulaient libérer la femme. On voulait redonner le droit aux minorités. Non, non, c'était une époque très, très, très, très importante, fourmillante d'idées. Et de rêve et d'espoir. Il y avait beaucoup d'espoir.

  • Speaker #1

    Qui aspirait à être heureux. Et on sent que c'est ce que tu as voulu retranscrire dans l'album. Oui,

  • Speaker #0

    moi, je sentais que les gens étaient heureux.

  • Speaker #1

    Parce que tu danses sur tes problèmes dans l'album, finalement.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Quand on a des problèmes, je pense qu'il faut danser dessus. Ça, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Et puis cet album, il faut le dire aussi, c'est une histoire de famille. Ton frère était malade et ensemble, pendant sa maladie, vous vous êtes remémoré.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Ces années 70 où le foyer familial était... Oui,

  • Speaker #0

    la famille était très importante. On n'avait qu'une télé. Donc, on regardait le programme tous ensemble. c'est fini parce que chacun est dans sa chambre avec son écran donc ça ça donnait une espèce de dialogue on parlait beaucoup, on s'échangeait on disait je sais pas la famille c'était uni, c'était sacré après ça s'est un peu désuni quand je suis parti de la maison j'ai perdu un peu le contact avec ma famille et là avec la maladie de mon frère c'est vrai que je me suis rebaigné dans notre enfance qui sont les années 70 Inconsciemment, je ne sais pas, mais j'ai peut-être fait ce disque pour lui.

  • Speaker #1

    Dans les années 70, musicalement, il y a beaucoup de choses. Il y a Reta Franklin, il y a James Brown, il y a énormément de choses. Qu'est-ce qui t'a inspiré principalement, toi, musicalement ?

  • Speaker #0

    Dans mon album, il y a tout. Il y a aussi bien du James Brown que du Joe Dassin. Il y a du Serge Reggiani, du Aznavour. Il y a un peu de tout, je pense, de tout ce que j'ai entendu. Puis il y a surtout des textes qui parlent d'aujourd'hui. C'est ça qui est marrant, c'est que c'est des chansons, c'est la musique des années 70, mais avec des textes qui parlent d'aujourd'hui. Donc ça, c'est un petit peu peut-être déroutant. Mais par exemple, j'ai pris une musique de James Brown pour très dansante. Et puis, j'ai parlé d'Internet, qui est un problème actuel. Pas du tout un problème des années 70, je ne sais même pas ce que c'était.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'il y a de la musique très soul, très jazz, avec des mélodies très rive gauche. Un mouvement soit associé au café, au cabaret des années 50-60. C'est un joli mélange, je trouve.

  • Speaker #0

    ça rend bien le mélange c'est ça qui fait l'origine de Dieu si on regarde les choses telles qu'elles étaient à l'époque ça n'a pas d'intérêt ce qui est bien c'est le mélange du connu et de l'inconnu ça doit être du boulot quand même ça pendant les préparations alors ce qui est du boulot c'est la musique ça n'a jamais été du boulot parce que j'ai peut-être 10 mélodies par jour je dois composer 10 mélodies par jour moi mais c'est toujours les textes qui sont longs parce qu'il faut trouver comment exprimer l'idée et Et ça, c'est de la transpiration. La musique, c'est de l'inspiration. Le texte, c'est une sorte de transpiration. Enfin, quand on veut sortir des textes comme j'écrivais au début, c'est vrai que j'écrivais mes textes au début, c'était très facile. Là, quand je veux aborder des sujets plus graves, c'est plus compliqué à écrire le texte.

  • Speaker #1

    Là, par exemple, dans Je préférais comment on s'aimait avant, tu regardes le temps où on pouvait rencontrer l'âme sœur, la fête de village, dans la rue, tout simplement qu'il y ait une rencontre humaine. Pas sur ces applications, parce que c'est le premier... vecteur de rencontre aujourd'hui.

  • Speaker #0

    C'est vrai, vraiment ? Je ne sais pas, je suis un peu déconnecté de la jeunesse, moi.

  • Speaker #1

    J'ai vu ça il n'y a pas longtemps. Ah,

  • Speaker #0

    c'est le premier vecteur.

  • Speaker #1

    Oui, ça y est, c'est fait. Je voulais savoir comment tu fais pour faire écrire des paroles qui te plaisent, qui sonnent et qui ne te font pas passer, tu me pardonneras l'expression, pour un vieux con, pour ne pas être le « c'était mieux avant » . Ah oui,

  • Speaker #0

    oui, oui, le « c'était mieux avant » . D'abord, je vais te dire un truc sur le « c'était mieux avant » . C'est vrai, c'était mieux avant. C'était mieux avant, je suis désolé, je ne vais pas me cacher pour plaire aux jeunes. C'était mieux avant, pas pour tout. Mais par exemple, en matière de séduction, il ne me viendrait jamais à l'idée de laisser un ordinateur choisir ma future fiancée. Je laisse faire le destin, le hasard, l'histoire, Dieu, je ne sais pas comment on l'appelle. Mais ça, c'est romantique. Et puis, c'est des histoires, on se raconte des histoires. Je ne sais pas, on s'assoit dans un avion. Et puis, à côté de vous, il y a une fille, vous voyez, qui est là. C'est joli à raconter. Alors, vous lui dites, c'est fou ce que vous ressemblez à ma deuxième femme. Elle me dit, mais vous en avez combien ? Ben, j'en ai qu'une. Vous voyez, ça, vous ne pouvez pas le faire sur, je ne sais pas quoi.

  • Speaker #1

    Ben non, c'est le marché. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Donc, voilà, c'est comme ça. Parce que moi, je suis un mec de cinéma. Enfin, j'ai vu des films, je suis romantique. Mais j'ai l'impression que les gens aussi sont comme ça au fond, finalement. Regardez le succès de l'amour ouf. Tout le monde y court parce que tout le monde a envie d'une histoire d'amour classique qui ne passe pas par les machines.

  • Speaker #1

    Et tu as une chanson dédiée à Internet carrément.

  • Speaker #0

    Oui, Internet. Internet est omniprésent. Par exemple, si je n'ai pas d'iPhone, là je passe pour un vieux con. Mais moi, si je n'ai pas envie d'avoir d'iPhone, il y a une pression. Il y a presque une dictature. Je pense qu'à la prochaine révolution... La dernière révolution en 68, elle s'est faite contre le patriarcat, contre l'autorité masculine. Eh bien, je pense que la prochaine révolution se fera contre l'ordinateur.

  • Speaker #1

    Contre Google, contre Apple.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, contre la mainmise de notre vie par des entités, des machines, de la technologie. Un jour, les gens voudront tout casser et retrouver l'humanité, ça j'en suis sûr. Ce sera la prochaine révolution.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'on est complètement asservis,

  • Speaker #0

    on est des esclaves. Comme à l'époque, on voulait se libérer des dictatures. Mais ça, c'est la vraie dictature. Mais c'est une dictature sournoise.

  • Speaker #1

    Ça choisit même notre musique maintenant.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est sournois parce qu'on a l'impression qu'on est libre. Mais pas du tout. On est aussi bien formaté et manipulé que quand les dictateurs faisaient des... Je sais pas, en Russie communiste, où les gens avaient l'impression que c'était sale bonheur. Puis ils se sont tous fait massacrer. Non, on ne va pas jusque là. Mais disons que je crois à une révolution contre l'algorithme.

  • Speaker #1

    Il y a aussi des chansons très personnelles. La première chanson que tu consacres à ta maman, 13 albums, tu vas être fier.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'elle est contente. D'autant plus que je l'ai écrite dans un contexte où elle a connu un deuil avec la disparition de mon frère. Donc c'est vrai, ça lui a mis un peu de baume de cette chanson dans laquelle elle s'est reconnue parce que, on pourrait dire que c'est universel, les mères, mais chaque mère a une histoire. Et là, je raconte un peu son histoire avec son départ. de son pays, de comment elle s'est battue pour faire tenir debout trois enfants. Et je crois que ça lui a fait du bien.

  • Speaker #1

    Et une chanson à ton frère ?

  • Speaker #0

    Oui, une chanson à mon frère, bien sûr.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est les chansons les plus difficiles à écrire ?

  • Speaker #0

    Ah non, je la sais. Alors, quand on parlait de transpiration, je l'écris en cinq minutes.

  • Speaker #1

    Là, tu as instinctivement...

  • Speaker #0

    Oui, parce que mon frère, en fait, je me suis battu avec lui pendant deux ans pour essayer de le sauver. On a parcouru les hôpitaux, les médecins. Évidemment, quand il a fermé les yeux un soir, je me rappelle très bien, c'était fin septembre. Eh bien, je suis rentré dans ma chambre. J'étais évidemment bouleversé, enfin plus que bouleversé. Il n'y a pas de mots, bref. Et puis, j'ai pris un papier et j'avais une émotion tellement grande. J'ai écrit la chanson en cinq minutes, par les musiques. Voilà, ça, c'est une inspiration.

  • Speaker #1

    Et je voulais que tu nous parles aussi de l'importance que tu as accordée à l'objet musical, donc le CD, le livret. Tu as créé des goodies aussi pour cet album. J'ai l'impression que la musique physique n'a plus de valeur, mais que toi... qui attache encore de l'importance finalement.

  • Speaker #0

    On est les derniers des Mohicans, on résiste encore un peu. On ne peut pas lutter contre une évolution, mais si on peut garder quelques objets qui puissent témoigner d'un moment, d'une époque, d'une photo, parce que quand on prend une photo, on a un certain âge, et elle va rester, garder quelque chose, une trace. C'est ça pour moi les livrets, c'est la trace.

  • Speaker #1

    Tu t'en occupes personnellement ?

  • Speaker #0

    Je travaille avec mon équipe, avec ma manageuse, on est plusieurs à donner notre avis, et oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et ce jeu de cartes à tourner Fiji ?

  • Speaker #0

    alors ça ce jeu de cartes c'est parce que tout le monde me disait à chaque fois est-ce que t'as la carte est-ce que t'as la carte je sais pas si j'ai la carte mais en tout cas j'ai le jeu je voulais te parler de quelque chose mais RTL m'a volé la primeur ces supporters de Brest qui ont repris je vois tes yeux oui mais qu'est-ce que t'en penses de ça ah moi j'adore c'est marrant c'est marrant pour moi une chanson qui s'évade comme ça c'est l'heure où on va s'en rendre au succès finalement ah bah ça c'est vrai que c'est une chanson qui est rentrée dans un inconscient collectif, puisque dans les matchs de foot, c'est là où il y a les instincts les plus communautaires. Je suis très fier de ça, évidemment. Il y a ça et les manifestations. Je me souviens quand Suzette était sortie, il y avait une manif au boulevard de la République. J'avais écouté ça aux infos. A l'époque, il n'y avait qu'un journal, c'est à 20h. C'était « On gagne des clopinettes » . J'ai trouvé ça génial. Je me dis « Voilà, la chanson, elle est partie. » « On gagne des clopinettes depuis... » Là, maintenant, je sais quand je vois tes yeux, donc je serais content.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as eu la curiosité de regarder Sur YouTube, Dany Briand, reprise. Les gens, ce qu'ils font avec tes chansons.

  • Speaker #0

    C'est rarement Briand, ces trucs-là.

  • Speaker #1

    Il y a de tout. Il y en a qui font des versions rock de tes chansons, des reprises de batterie, il y a des chorales, il y en a qui font des pièces de théâtre avec tes chansons.

  • Speaker #0

    Ah, c'est bien. Et même,

  • Speaker #1

    j'ai vu ça ce matin. ta voix est utilisée pour chanter d'autres chansons.

  • Speaker #0

    C'est l'IA, c'est avec l'IA.

  • Speaker #1

    Avec l'IA, oui. Je t'ai vu chanter les bébés brunes ce matin.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est marrant. Il faudrait écouter, ça m'intéresse. Qu'est-ce que je pense de l'IA ? Moi, je ne suis pas contre toute l'évolution. Mais le problème, c'est qu'aujourd'hui, quand il y a une invention, il y a toujours une part d'ombre et de lumière. Après, il faut gérer. Comme Internet, c'est fantastique. Moi, mon fils, qui a 14 ans, il a découvert des auteurs de livres. des films auxquels il n'aurait pu avoir accès qu'à l'âge de 17 ans ou 18 ans en faisant des études de cinéma. Là, avec Internet, il l'a. Mais d'un autre côté, il y a des choses un peu nauséabondes. On sait de quoi je parle. Donc c'est ça. Quand les choses ne sont pas gérées, il n'y a pas de garde-fou. Quand le permis de conduire, c'est à 18 ans. Tu ne peux pas aller conduire une voiture à 14 ans. Donc là, on donne une voiture à des enfants dans un monde comme ça. Je ne suis pas contre l'IA, ça doit avoir des choses fantastiques. Et puis après, si par contre, on se laisse devenir, si on n'est pas le maître, si on est l'esclave, comme tu disais le nom d'esclave, j'y crois beaucoup. D'ailleurs, dans le livre Le Meilleur des Mondes, je ne sais pas si c'est le livre d'Aldous Huxley, il parle déjà de l'esclavage. Il parle de ça.

  • Speaker #1

    Mais tous ces auteurs, les visionnaires, les Orwell.

  • Speaker #0

    Voilà, on y est, on y est. Donc voilà, il faut en être le maître et jamais l'esclave. C'est comme l'argent. L'argent aussi peut faire des choses magnifiques et peut... polluer l'âme des gens. Donc, il faut être le maître, jamais l'esclave.

  • Speaker #1

    Je voulais que tu me parles de la tournée 76, les dates qui arrivent. Ça va donner quoi sur scène ?

  • Speaker #0

    Écoute, c'est une tournée surtout best-of. Parce que comme je me suis dit quand même, Suzette, elle a 30 ans. Bon, je n'ai pas pu faire avant parce que j'avais fait mon projet Aznavour. Mais je vais vraiment fêter mes 30 ans parce que c'est quand même une victoire d'avoir survécu à toutes les modes, à tout ça. Donc, c'est surtout une tournée où je vais interpréter toutes mes chansons en donnant La preuve que ce que j'ai fait, en fait, ce n'est pas du tout, comme on me l'a souvent reproché, un truc vintage. C'est quelque chose d'intemporel. Et en les chantant aujourd'hui, je vais montrer aux gens qu'elles sont toujours... Par exemple, la chanson que tu m'as passée, là, quand je vois tes yeux, je l'ai écrite en 96. Et on est en 2024. Eh bien, elle est toujours là. Alors ça, pour moi, c'est une fierté parce qu'on me l'a reproché que c'était trop dans une époque. Et moi, j'ai dit non, c'est pas dans une époque, c'est quelque chose d'intemporel. Et je veux faire la preuve. de ce côté-là, en interprétant sur scène mes 30 ans de succès pour montrer qu'il n'y a rien qui a... Ça n'a pas pris de ride, en tout cas.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu les habilles différemment, les chansons, pour les jouer sur scène ?

  • Speaker #0

    Oui, je les habille un peu. C'est ton plaisir,

  • Speaker #1

    mais aussi pour... Non,

  • Speaker #0

    mais parce que j'ai évolué, j'ai plus d'expérience, et je sais maintenant rendre une chanson encore plus efficace. Si vous voulez, mes premiers albums, je ne les réalisais pas. Après, quand j'ai appris comment on faisait, maintenant, je crois que mes albums sonnent mieux aujourd'hui que ceux de... Enfin, sauf avant, bien sûr, au début, il y avait l'enthousiasme de la jeunesse. et il y avait un charme bien sûr que je pourrais pas retrouver parce que j'ai pas cette voix j'ai pas mais j'ai de l'expérience quand même tu vas passer partout là à Paris c'est le Playel ouais partout je sais pas moi je passerai partout on veut de moi moi je t'ai vu à Cana en Roussillon donc il y a pas longtemps ouais c'était en juillet alors c'était bien bah ouais moi j'adore en plus c'est le cadre c'est sympa le mec il va le mec il te dit alors c'était bien bon ça allait mais c'était pas non plus faut pas euh Mec, après une heure d'interview, tu sais.

  • Speaker #1

    Pour terminer cet entretien, je voulais te poser quelques questions pour te découvrir sous un prisme différent.

  • Speaker #0

    Mais attention, je ne me connais pas bien.

  • Speaker #1

    On parlait des années 70, tu avais une reco de vieille série. Pour moi.

  • Speaker #0

    Moi, c'est amicalement vôtre, avec Sonny Curtis et Roger Moore. Fantastique. Roger Moore avant James Bond. Et Tony Curtis, vraiment l'acteur phare des années 60, l'acteur américain qui est fantastique.

  • Speaker #1

    J'ai un doute sur la décennie, pour moi ce serait Mystère de l'Ouest.

  • Speaker #0

    Ah mais c'est ça. C'est ça. Manix, tout ça c'est des années 70. Starkey et Hutch.

  • Speaker #1

    Et une roco musicale, quelle que soit la décennie.

  • Speaker #0

    Alors moi je trouve que le chanteur qui exprime le mieux l'esprit communautaire, l'anti-égo des années 70, c'est ça, c'est vraiment les gens qui vivent ensemble. Pour moi c'est Michel Fugain et le Big Bazaar.

  • Speaker #1

    Et un artiste en ce moment qui te plaît ?

  • Speaker #0

    Zao de Sagazan. J'aime beaucoup parce que sa voix est très originale, ses orchestrations. Et je pense que ce qui importe à un artiste, c'est son originalité. Alors voilà, c'est quelqu'un qui ne ressemble à personne.

  • Speaker #1

    Et tu m'as cité quelques bouquins depuis le début de l'entretien. Je t'ai écouté très attentivement. Est-ce qu'il y en a un qui t'a plu aussi récemment ? Ou un vieux classique, même un peu un livre de chevet. Est-ce qu'il y en a un ?

  • Speaker #0

    Je me suis remis à lire l'être à un jeune poète de Réunir Maria Hilke, qui donne des conseils quand on embrasse la vie artistique. où il parle de la solitude, il parle de tout ça. Parce que moi, j'ai eu une période de deux ans très solitaire. Et ce bouquin m'a, comme tous les bouquins que j'ai lu, ça m'a beaucoup aidé. L'être un jeune poète, je le recommande.

  • Speaker #1

    Et trois dernières questions. Je vais savoir déjà s'il y avait quelqu'un que tu me recommanderais pour que j'invite dans mon émission et qu'on fasse le même exercice qu'on a fait ensemble aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Alors écoute-moi, justement, je viens de faire une émission où j'ai un copain qui m'a fait un petit hommage et tout ça. Et j'aimerais bien lui rendre l'appareil. Ce serait Antoine Dullery. Il n'est pas chanteur, c'est un très très bon acteur.

  • Speaker #1

    Je voulais savoir s'il y avait quelqu'un dans ta carrière professionnelle, je ne vais pas aller dans l'ordre du privé, à qui tu aimerais dire pardon.

  • Speaker #0

    Je n'ai jamais insulté personne. Non. Gérald Normand, peut-être, non. Non, parce que j'avais fait un... Non, je vais raconter l'histoire, en fait. Au début, quand je faisais mes premières tournées, les gens ne me connaissaient pas encore. Et donc, j'arrive, c'était ma première tournée, j'arrive dans un restaurant. Parce que moi, j'aime bien manger après le concert, pas avant. Donc mes musiciens préfèrent manger avant. Donc je mangeais tout seul. Et le mec me dit, je vous connais, vous me ferez le livre d'or. Je dis bonjour, oui bien sûr. Alors quelqu'un me regardait un peu comme ça, presque avec mépris, condescendance. il me donne le livre d'or c'est le livre où vous faites un truc c'était super beau alors j'ai mis c'était vraiment dégueulasse

  • Speaker #1

    Gérard Lenormand alors voilà c'était un joke je pense qu'il me pardonnera et pour terminer fort de toutes ces années de carrière j'ai essayé de dérouler le mieux possible en une heure je voulais savoir si ce 13ème album cette belle tournée qui arrive et tout ce que tu as vécu dans ta vie tu avais atteint une sorte de quétude de plénitude ah non pas du tout non non ça c'est pas ma personnalité d'être arrivé à la...

  • Speaker #0

    comment on appelle ça, la sérénité ? Non, malheureusement non. J'ai envie d'écrire un autre... J'ai envie d'écrire des chansons, je ne sais même pas si elles vont être entendues ou pas, mais c'est quelque chose de viscéral chez moi, j'ai besoin d'écrire des chansons. J'ai envie de m'y remettre, j'ai une comédie musicale aussi qui traîne un peu, mais parce que je pense que je ne peux pas l'écrire tout seul, il faut que je trouve la personne à l'écrire à deux. J'ai pas mal de projets comme ça.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Dani.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci à toutes et à tous d'avoir écouté cet épisode avec Tani Briand. Si vous voulez soutenir le projet, vous pouvez mettre 5 étoiles sur Apple Podcasts et Spotify et vous abonner à Cadavrexki sur toutes les plateformes de streaming. Je vous donne rendez-vous très bientôt en compagnie d'un nouvel invité.

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