- Speaker #0
Bonjour à tous, bienvenue pour un nouvel épisode de podcast. Aujourd'hui je suis accompagnée de deux personnes, de deux invités. L'un que vous connaissez déjà, qui se présentera juste après, et quelqu'un que vous n'avez encore jamais entendu sur le podcast. On va parler du trouble borderline, et ça faisait un petit temps que j'avais pensé à faire cet épisode là, parce qu'au final il y a très peu de gens qui s'y connaissent vraiment. à part les personnes qui sont entourées de gens qui sont borderline ou de personnes qui le sont et le même. Et donc je trouve que c'est important de pouvoir parler de santé mentale de manière générale, de ce trouble-là pour aujourd'hui, parce qu'il y a quand même encore beaucoup de tabous sur tous ces sujets-là. Et je pense que c'est important de pouvoir inviter des personnes qui sont concernées pour en parler, etc. Donc est-ce que tu veux bien te présenter ?
- Speaker #1
Coucou, alors c'est mon retour. Du coup, je m'appelle Matt, je suis... Lesbienne, du coup. Le trouble borderline, c'est quelque chose que je connais, on va dire, depuis quelques années maintenant, parce qu'une personne m'en a parlé.
- Speaker #2
Salut, alors moi, c'est Maëlle. Je me considère comme transmasque, lesbienne. Et ça fait depuis mes 15 ans que je me questionne sur le trouble borderline. Donc, j'ai été diagnostiquée il y a environ deux mois de ça par une psychiatre.
- Speaker #0
OK, merci pour cette petite présentation. Avant de rentrer dans le sujet principal, est-ce que vous avez des œuvres à nous présenter, que vous appréciez, que vous souhaitez partager avec d'autres personnes ?
- Speaker #1
Alors du coup, moi aussi, c'est un podcast que j'ai à conseiller, juste il est anglophone, donc pour les personnes peut-être qui sont plus à l'aise avec l'anglais, qui s'appelle In Bed With The Right, donc dans le lit de la droite, littéralement. Du coup, je crois que c'est des Américains, donc il y a une femme et un homme, qui souvent sont... vont inviter des universitaires, par exemple, pour parler de sujets qui concernent la droite et l'extrême droite. Là, le dernier que j'avais écouté, c'était sur l'IA et comment l'extrême droite, la droite, utilise beaucoup l'IA pour ancrer des imaginaires dans l'inconscient collectif. Et du coup, c'est extrêmement intéressant pour les gens qui parlent bien anglais. C'est extrêmement riche, très sourcé aussi.
- Speaker #0
Maintenant, pour entrer dans le sujet, je me suis dit que c'était important de commencer... par une définition, par aussi des sources et peut-être des statistiques afin de mieux comprendre qu'est-ce que le trouble borderline et ensuite on énuméra petit à petit les symptômes.
- Speaker #2
Alors du coup le trouble borderline se caractérise par une instabilité marquée par les émotions, les relations interpersonnelles et l'image de soi. Ça se base sur 9 symptômes dont 5 nécessaires à avoir pour se faire diagnostiquer.
- Speaker #0
Et en termes de statistiques, est-ce qu'on a plus de précisions par rapport aux personnes qui sont borderline ?
- Speaker #2
Alors, il y a 2 à 6% de la population qui sont diagnostiquées borderline par des médecins, mais ça n'équivaut pas à toute la population parce que l'autodiag aussi est valide et vous êtes tous aussi légitimes à vous autodiagnostiquer.
- Speaker #1
Exactement, je pense que c'est quand même important de se renseigner, comme Maëlle disait, sur les symptômes. Mais il ne faut pas oublier du coup qu'avoir accès à un diagnostic ou même à un professionnel de santé, ça reste un privilège parce qu'on n'a pas tous les mêmes chances d'accès à la médecine ou à des rendez-vous. Et tous les rendez-vous psy ne sont pas forcément remboursés. Le message, ce n'est pas aller vous autodiag à tout va, mais par contre, vous êtes légitime de vous poser des questions et de vous le dire si vous estimez que vous avez cinq symptômes, par exemple, sur neuf. Ok,
- Speaker #0
super. Et juste pour compléter ce que vous avez dit, c'est sûr que l'autodétermination de manière générale, c'est super important. Et c'est important de le garder en tête. C'est pourquoi, finalement, les statistiques officielles sont faussées d'ores et déjà. Donc maintenant, on va rentrer un petit peu plus dans la liste des symptômes.
- Speaker #2
Alors, le trouble borderline, il se caractérise par neuf symptômes qu'on a dit précédemment. Donc le premier, le principal, c'est la peur de l'abandon. Ensuite, c'est les comportements impulsifs et autodestructeurs. Le sentiment de vide. les problèmes relationnels. Il y a aussi un problème avec la gestion de la colère, ainsi que les problèmes d'identité, les changements d'humeur et la sensation de se sentir bizarre ou parano. Ok,
- Speaker #0
merci pour cette énumération des neuf symptômes de votre côté. C'est quels symptômes qui vous parlent le plus et qui peut-être vous ont mis la puce à l'oreille sur « Ah oui, peut-être que je suis borderline, peut-être que je vais me renseigner, etc. »
- Speaker #2
Alors moi, du coup, j'ai commencé à me poser des questions quand j'avais environ 15 ans, avec les comportements autodestructeurs et aussi avec mes problèmes relationnels, passer de l'idéalisation à de la dévalorisation. Et aussi les comportements impulsifs et tout ce que je viens de citer auparavant. Et aussi les changements d'humeur. Je passais d'une humeur assez euphorique à vouloir faire plein de choses, à être vraiment bien, à des épisodes dépressifs. Et le sentiment de vide aussi qui était beaucoup présent et qui amenait aussi des comportements autodestructeurs pour remplir ce vide. Par exemple, dans les conduites impulsives, On peut se mettre dans des situations de danger, par exemple au niveau sexuel, au niveau dépense d'argent, à prendre des médicaments ou à faire des crises de boulimie. Dans se faire du mal, pareil, qui est mis en danger, surtout scarification et tentative de suicide.
- Speaker #1
Du coup, les symptômes dans lesquels je me reconnais le plus, ça va être les problèmes relationnels également. l'idée de... l'idéalisation et la dévalorisation c'est quelque chose qui joue énormément dans les relations interpersonnelles quand on est borderline donc l'idéalisation comme le nom l'indique on va juste idéaliser une personne, ça peut être notre partenaire, ça peut être un ami, ça peut être un parent et c'est du coup quelqu'un avec qui on va vraiment avoir une relation spéciale, on appelle ça la personne préférée dans le groupe borderline c'est quelque chose qui peut te détruire comme te rendre euphorique et c'est extrêmement aussi lié au changement d'humeur ... Et grosso modo, c'est une personne qui, quand elle est borderline, va pouvoir faire la pluie le beau temps sur ce que tu ressens et qui va énormément influer sur ta dépendance également. C'est pour ça qu'on peut aussi confondre ça avec la dépendance affective. Ou également le changement de humeur qui est très présent chez moi. Le fait que je puisse me réveiller en pleurant et 20 minutes plus tard rigoler. C'est vraiment quelque chose qui est vraiment ponctuel et vraiment sur le moment.
- Speaker #2
Juste à ne pas confondre avec le trouble bipolaire où c'est juste des phases qui durent sur plusieurs mois, tandis que le trouble borderline, ça va vraiment se compter en jours et ou en heures.
- Speaker #0
Ok, merci pour vos témoignages. C'est vrai que je me posais pas mal de questions sur ce trouble-là parce que moi je me suis toujours dit oui, je suis hypersensible, mais en vrai, c'est un peu tout et rien dire. Je veux inclure tellement de choses dans ça et même la dépendance affective en vrai. Et c'est vrai que quand vous décrivez cette chose, il y a plein d'aspects où je me dis que ça pourrait... faire sens en fait. Parce que des fois t'as l'impression que c'est juste des toxiques etc. et les gens cherchent pas forcément à comprendre. Mais du coup je trouve que c'est hyper intéressant parce que j'ai l'impression que c'est toujours des montagnes russes aussi. Et moi c'est souvent ce que je vis un peu, le côté très intense etc. Donc bah merci pour le témoignage, ça me met du même aussi de mon côté parce que je suis encore en pleine réflexion.
- Speaker #1
Aussi en profiter pour préciser je pense que les gens qui ne sont pas du tout connaisseurs du trouble ont une assez mauvaise image en général des personnes du coup porteuses parce qu'on a vraiment l'image d'épinal des... personnes qui sont toxiques, qui ne savent pas relationner et comprendre qu'en fait généralement si quelqu'un qui agit comme une merde va vous dire je suis borderline, ce ne sera qu'une excuse et comme vient de dire Maëlle on n'agit pas mal parce qu'on est borderline on agit mal parce qu'on est toxique ou qu'on a juste des problèmes à régler mais les personnes borderline sont complètement capables de relationner normalement de vivre normalement une fois qu'elles sont aiguillées une fois qu'elles ont aussi conscience de leurs troubles parce que Merci. C'est vraiment une étape importante de conscientiser qu'on a un problème et qu'on n'est pas juste toxique ou dépendant ou entre guillemets fou. Parce que des fois, quand t'es borderline, tu te dis juste, en fait, je suis fou. Genre, je suis le fou, la folle du bus. Et personne ne comprendra jamais vraiment ce que je ressens.
- Speaker #0
Merci pour ces petits détails et ces rappels. Parce que je trouve qu'on peut diaboliser rapidement le trouble borderline de manière générale. Et c'est pour ça que ça reste aussi très tabou. Donc ouais, dès qu'on a plus de ressources, rien qu'en parler aujourd'hui, je pense que ça pourra aider des gens et j'espère que ça pourra aider des gens aussi.
- Speaker #2
A ne pas oublier aussi que le trouble borderline se déclenche surtout par un traumatisme dans l'enfance, souvent par un abandon ou un sentiment d'abandon. Et il peut se déclencher à l'adolescence ou à l'âge adulte, jeune adulte.
- Speaker #0
Et donc comme on a dit dans l'introduction, c'est un peu compliqué de savoir il y a combien de personnes qui sont vraiment borderline. sachant que les statistiques sont faussées. Donc pourquoi c'est difficile de détecter les personnes qui le sont ?
- Speaker #1
Alors je peux donner un premier élément de réponse, qui est la comorbidité du coup. C'est le fait qu'il y ait des symptômes qui soient aussi retrouvables dans d'autres pathologies. Mais également le fait qu'on a beaucoup d'appellations, comme par exemple le HPI, hypersensibilité, qui ont un peu pop dans les années 2000, parce que c'était un peu presque trendy au niveau psychologique, alors que c'est un peu fourre-tout et que ça ne veut rien dire. Et des fois, par exemple, d'âge, je pense à toi qui m'avais dit que tu pensais que tu étais juste hypersensible, alors que c'est peut-être un trouble qui est plus gros que ça. Donc, que ce soit la dépendance affective, le sentiment de vide, on peut expliquer ça par âge. C'est juste la dépression, c'est ma grosse sensibilité. Donc, déjà, ça, ça empêche de, en gros, relier tous ces éléments pour comprendre que tout ça, c'est un trouble. Et je vais laisser Mel parler sur nos expériences personnelles avec un autre trouble qu'on a.
- Speaker #2
Alors, du coup, Math et moi... On a été diagnostiqués bipolaires il y a quelques années. La question du trou borderline dans nos suivis n'a jamais été présente. Moi, je sais que c'est quand j'ai parlé de mon sentiment de vide à ma psychiatre, du coup, qu'elle a commencé à se poser la question. Mais en soi... Ça n'a jamais été une question. Et toujours basé sur le trouble bipolar qui prenait beaucoup de place. Donc le trouble borderline n'était pas assez existant pour les médecins.
- Speaker #0
Et aussi on voulait apporter un élément de précision sur les personnes qui sont diagnostiquées borderline. Donc Matt, est-ce que tu veux bien nous en parler ?
- Speaker #1
Ouais, toute petite précision. Honnêtement, je ne vais pas sortir le chiffre parce que je ne sais pas vraiment d'où il est sourcé, mais j'avais vu un discours sur les réseaux sociaux que c'était énormément des personnes femmes ou sexisées qui étaient diag borderline et que quelque chose comme, je ne sais pas, 80-90% limite du troupe borderline, du coup, c'était des personnes perçues comme femmes ou sexisées. Mais après, ça s'explique aussi juste par le fait que les personnes sexisées vont beaucoup plus entamer la démarche d'aller voir des professionnels de santé. et vont également beaucoup plus remettre en question leurs comportements, entre guillemets, problématiques, parce que ça ne veut rien dire, c'est assez polysémique comme terme, et que du coup, socialement, c'est beaucoup plus, comment dire, dévalorisé d'être comme ça, et ça a aussi un lien avec la fameuse hystérie, les femmes folles, et le fait qu'on va davantage aller conseiller à une femme ou une personne sexisée d'aller consulter si ses comportements sont problématiques qu'à un homme, et que du coup, la sociologie des personnes qui sont direct borderline, pas dire grand chose si ce n'est sur la misogynie et le patriarcat justement.
- Speaker #0
Et puis aussi si vous connaissez un petit peu l'histoire de Frantz Fanon, les personnes qui faisaient partie de la résistance du coup en Algérie pendant la colonisation, beaucoup de résistants en fait ont fini par être mis dans des HP, dans des hôpitaux psychiatriques parce qu'on considérait qu'ils étaient fous alors qu'en fait juste ils osaient se soulever contre le régime qui était en place et contre la colonisation tout simplement. Donc ça a été aussi un outil de répression. Et donc pour terminer, je voudrais vous demander à vous deux, qu'est-ce que vous conseillez aux personnes qui se posent des questions sur le trouble borderline ? Parce que comme on l'a dit, ce n'est pas quelque chose qui est accessible à tous pour des moyens financiers, mais aussi parce que tout le monde n'est pas au courant des structures qui peuvent nous accueillir, des endroits qui peuvent nous conseiller et nous apporter des clés pour juste ne pas souffrir en permanence au quotidien ou se faire du mal.
- Speaker #2
Alors tout d'abord, il y a les CMP qui sont gratuits. C'est... des centres médicaux psychologiques qui sont gratuits et ouverts à tous dans toute la France. Donc normalement vous avez accès à infirmiers, psychologues et psychiatres, dont les psychiatres qui peuvent juste vous aider pour être suivis médicamenteusement, pour par exemple des régulateurs d'humeur ou des antipsychotiques qui peuvent vraiment apaiser le trouble. Et le suivi thérapeutique qui est presque indispensable dans le trouble borderline. Souvent par exemple des thérapies brèves comme les thérapies d'exposition ou de l'EMDR qui peuvent vraiment aider à apaiser le trouble et les symptômes.
- Speaker #1
Tout ça pour dire aussi qu'il y a des moyens qui existent. Quand on est malade en général, mais du coup particulièrement quand on est borderline, on n'est pas condamné à souffrir. Je pense que c'est important de le comprendre. On n'est pas condamné à avoir des relations dysfonctionnelles et à se sentir complètement incompris. Déjà, parlez-en autour de vous à peut-être des gens qui peuvent ressentir la même chose. Si vous voyez qu'il y a des gens qui sont un peu, on va dire, hypersensibles et qui ont souvent des réactions dans leurs relations qui vous paraissent disproportionnées, posez-vous aussi des questions. Posez-vous des questions sur l'environnement dans lequel elles ont grandi pour expliquer le développement de troubles. Et là, je me reste aussi aux personnes qui ne sont pas, du coup, touchées par le trouble borderline. Essayez d'être le moins stigmatisant possible, parce qu'en fait, on sait qu'on peut faire souffrir des gens, mais je pense que les premiers à en souffrir, c'est nous, justement. Donc, avoir de l'empathie, de la considération et beaucoup de patience, parce que je pense qu'il faut beaucoup de patience pour relâcher avec des personnes borderline, pour comprendre les tenants et les aboutissants du trouble.
- Speaker #2
Et juste pour ajouter une dernière chose sur ce que Matt vient de dire, je pense que c'est aussi important d'accompagner les personnes borderline dans leurs émotions et de valider leurs émotions, parce que ça se base sur toutes les émotions qui sont... explosives. Donc je pense que c'est important de les légitimer et de les valider et d'accompagner les personnes dont principalement par exemple la colère.
- Speaker #0
Ok, bah merci beaucoup pour ces conseils et aussi ces messages d'espoir qui font du bien je pense et qui pourront faire du bien je l'espère. Et bah merci d'être venu sur le podcast pour en parler, c'était super intéressant et je me disais aussi pour... pourquoi pas dans d'autres épisodes pouvoir approfondir différents symptômes, parce que je pense qu'on pourrait en parler plus longtemps, parler d'expérience, pouvoir aussi illustrer ce qu'on dit avec des exemples précis. Mais en tout cas, c'était je pense une bonne introduction générale de qu'est-ce que le trouble borderline. Et puis si vous avez des questions ou besoin d'avoir plus d'informations sur d'autres choses, n'hésitez pas à me DM sur Instagram, je mets toujours mon compte podcast. Merci à vous deux d'être venus.
- Speaker #2
Merci Dash.
- Speaker #1
Bisous au podcast. Bisous !