Speaker #0Bonjour à tous, bienvenue pour ce nouvel épisode de podcast. Aujourd'hui je vais aborder mes trois identités, le fait d'être queer, adoptée, racisée. C'est un épisode que j'ai vraiment envie de dédicacer au moi que j'étais quand j'étais plus jeune, quand j'étais adolescent notamment, et que j'avais pas forcément les ressources pour pouvoir m'identifier et mettre des mots sur ce qu'étaient mes expériences sociales du monde. Donc aujourd'hui, c'est un petit peu pour rendre hommage aux mois d'avant et aussi pour pouvoir aider des personnes qui, comme moi, ont besoin de sentir qu'elles ne sont pas seules, parce que c'est facile de se sentir vraiment isolée, même si physiquement, on ne l'est pas forcément et que, objectivement, j'appartiens à des groupes de pères, j'appartiens à des groupes sociaux, formels ou informels, que ce soit ma famille, mes amis, à l'école, etc. Mais il y a énormément de choses qui font que le sentiment d'appartenance C'est un peu compliqué quand on est à l'intersection de différentes identités qui se recoupent plus ou moins bien, qui s'accumulent, qui parfois sont très séparées finalement parce que ça va dépendre des moments de ma vie, ça va dépendre de mon entourage aussi. Et j'ai tendance à dire que je suis une personne qui est queer, donc d'abord queer puis adoptée et racisée parce que le fait d'être adoptée et racisée ça va plutôt ensemble et je l'ai conscientisé assez jeune. et en fait je mets toujours queer en premier alors que si je le prends d'une façon chronologique ça aurait plus de sens de mettre que je suis adoptée racisée en premier et après queer, même si en soi j'ai toujours été queer, j'ai pas mis les termes depuis que je suis très très jeune, alors que j'avais conscientisé très jeune que j'avais une race sociale perçue qui était pas la même que mes parents par exemple, ou que la plupart de mes amis qui étaient blanches, donc je trouve que c'est quand même très différent, et en vrai ça serait plus logique de dire que je suis adoptée racisée queer. Je pense que c'est parce que je suis plus entourée de personnes queer, du coup j'ai plus l'habitude de le mettre en premier. En tout cas, cet épisode c'est vraiment un hommage au moi d'avant, qui a besoin de ressources, qui a besoin de représentation. Et du coup, je vais vous parler un petit peu de tout ça, comment ça s'est goupillé, comment ça s'est recoupé, comment ça s'est manifesté dans ma vie, plus ou moins en même temps, plus ou moins de manière séparée. Mais en tout cas, je vais aborder un peu ce sujet-là dans cet épisode. D'ailleurs ça fait un petit temps que j'ai pas présenté d'oeuvre littéraire, de production artistique ou quoi, mais j'avais envie de présenter un livre qui s'appelle Sous les strates, qui a été écrit par Lou Eve, et c'est un roman qu'on m'a prêté d'une personne justement qui est adoptée du Vietnam et qui est aussi queer, et en fait c'est un livre qui est romancé, mais ça part de son histoire personnelle et en fait c'est une adoptée qui est adoptée du Vietnam qui est aussi queer, enfin qui est lesbienne et Et du coup, elle retrace un peu son histoire. Je trouve que c'est super intéressant parce qu'il y a plein de moments où je me retrouve dans ce qu'elle dit. Par exemple, le fait d'avoir commencé à avoir des romances avec des hommes cis et d'avoir exploré les relations romantiques dans des amours hétéros. Elle n'a jamais ressenti d'attirance, en tout cas, elle ne s'est jamais autorisée à ressentir des attirances envers... des garçons qui étaient asiatiques, qui étaient vietnamiens elle disait que on nous a jamais apprécié nos propres traits donc pourquoi on les trouverait jolis sur les autres, sur des garçons qui ont les mêmes traits que moi et je trouve ça hyper pertinent parce que moi comme je l'avais dit dans l'épisode sur les relations en mixité, j'ai toujours ressenti cette forme de pas de dégoût mais cette forme de distance énorme au fait d'avoir des crushs sur des personnes asiatiques et même Aujourd'hui, je ne suis pas du tout attirée. Et les attirances sont construites socialement. Je n'ai jamais été attirée par des personnes asiatiques. Parce que pour moi, j'avais vraiment l'impression de sortir avec des cousins-cousines, des frères et sœurs. Et c'est exactement ce qu'elle dit. Il y a beaucoup ce truc de communautarisme qui est facilement étiqueté sur les personnes racisées. Quand on se réunit ensemble, qu'on est communautaire, qu'on ne s'intègre pas. Il y a beaucoup ce stigmate raciste aussi qui est présent. Donc c'est vrai que c'était super intéressant de pouvoir commencer à lire ce livre-là et voir qu'il y a beaucoup de choses sur lesquelles je me retrouve, et même en termes de ressenti, de façon de se représenter le monde et de façon d'être soi-même dans un monde qui n'est pas forcément le nôtre, qu'on n'a pas vraiment l'impression d'appartenir. Du coup, je trouve que c'est super intéressant de revenir sur ces idées en cité-là et je trouve que ça fait vachement écho avec l'épisode du jour. Donc n'hésitez pas à aller checker ce livre-là, c'est de Lou Eve. je mettrai en description le livre, mais je ne le connaissais pas du tout pour le coup et c'est vrai vraiment chouette. Ça évoque l'adoption transraciale, les identités queer aussi et les liens familiaux. C'est vraiment chouette et moi ça me fait beaucoup de bien au cœur. C'est un livre très introspectif et il a une portée très symbolique pour moi. Je vais commencer avec mon identité adoptée, racisée. En vrai, les deux vont beaucoup ensemble même s'il y a des moments où je sens qu'il y a quand même un décalage. Mais je pense que c'est important pour moi de prendre les deux en compte. Parce que si je dis juste que je suis racisée, il y a quand même un décalage avec des personnes qui sont racisées, qui ont grandi dans leur environnement culturel d'origine, leur langue, leur religion, etc. Et moi, comme ce n'est pas le cas, il y a quand même une grosse différence parce que c'est un peu le mythe de la banane du coup, mais c'est extérieurement, je suis perçue en étant entre guillemets jaune et à l'intérieur, je suis blanche. tu vois, c'est vraiment ça pour être caricaturale, mais c'est vrai que, bah, dès les premières expériences que j'ai à l'école, Sur les bancs de l'école, j'ai vécu du racisme et je ne comprenais pas trop en fait pourquoi les jeunes traitaient de chinoises. Je me plaignais beaucoup à mes parents en disant mais regardez, c'est pas normal, on me dit qin chan chong. Les enfants de mon école, ils tirent leurs yeux pour éviter mes yeux qu'on dit en amande. On me demande si je mange du chien et toutes ces choses-là, ça a vraiment façonné pour moi une façon qu'on avait de me voir. Et du coup, comme je faisais face à beaucoup de discrimination à l'école, Et que j'étais jeune, enfin c'est encore, t'as 7 ans, t'as 9 ans, etc. Enfin t'as même pas 10 ans quoi. Et tu subis des choses comme ça vraiment dès le plus jeune âge. Donc c'est vrai que j'ai rapidement conscientisé le fait que les traits asiatiques, ils étaient moqués en fait. Donc pourquoi je trouverais ça beau ? Pourquoi je trouverais ça esthétique ? Et pourquoi j'apprécierais qui je suis si derrière je reçois des moqueries à longueur de journée ? Donc c'était un peu ça que je m'étais dit. Et c'était un peu ça que je me disais. pense, en tout cas avec le recul que j'en ai aujourd'hui je pense que je l'ai vu comme ça de façon inconsciente évidemment ça construit des imaginaires sur certaines communautés et donc je pense que c'est pour ça par rapport au fait de ne pas ressentir d'attirance envers des personnes de ma communauté raciale, c'est parce que j'ai toujours appris à penser que c'était pas joli que c'était pas beau et que qu'on se moquait de nous même tu vois genre là avant-hier Non, la semaine dernière, j'ai rencontré une personne, du coup, comme je vous disais, qui a été aussi adoptée au Vietnam, qui est queer. Et du coup, c'était trop intéressant. On a parlé plein de choses. Et en fait, ça m'arrive très peu souvent. Et là, je l'ai remarqué d'être accompagnée dans l'espace public de personnes asiatiques, de personnes vietnamiennes en particulier. C'est quelque chose qui arrive très peu souvent. En tout cas, ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Du coup, c'est vrai que je me posais des questions en mode qu'est-ce qu'on pense de nous ? Est-ce qu'on pense qu'on est sœurs ? Je m'imaginais de comment les gens nous percevaient. Parce que le regard des autres a longtemps construit et fabriqué l'image que j'avais de moi-même et que je m'étais faite, mais en parallèle et en miroir, des personnes qui me ressemblaient aussi. Donc ça m'a fait un peu questionner. Je me suis dit, intéressant tu vois, c'est hyper intéressant. Parce que quand j'étais en primaire, j'avais l'habitude d'être tout le temps entourée de ma meilleure amie qui me ressemblait pour le coup. On nous appelait carrément les jumelles. Parce qu'on était viettes tous les deux. Et on nous appelait tout le temps les jumelles. En plus, on portait les mêmes lunettes, on faisait les mêmes choses, on traînait tout le temps ensemble. Moi, j'ai eu de la chance parce que j'ai eu cette personne dans ma vie qui a fait que je ne me suis pas sentie trop seule. Mais c'est plus après que c'était plus compliqué à vivre quand j'étais entourée que de blancs et que de personnes blanches qui ne comprenaient pas vraiment ce que je ressentais, ce que je vivais ou ce à quoi je pouvais... être victime en fait dans l'espace privé comme dans l'espace public en réalité. Plus j'avançais et que je m'éloignais de cette personne parce qu'on est resté quand même des amis assez longtemps et plus je perdais de repères parce que ouais c'était quand même un repère énorme d'avoir pu me construire avec cette personne aux côtés de cette personne qui vivait les mêmes choses que moi. Il y a un moment très marquant quand on était en primaire un an au collège, on a vécu du racisme pendant une salle de classe où tout était très désorganisé très chaotique Merci. Bref, il y a un truc qui allait, c'était la cinquième. Et à un moment donné, il y a un camarade de notre classe qui nous sort une insulte raciste. Et moi, je commence à me mettre à pleurer dans la classe. Et du coup, je sors en courant de la classe. Et après, mon ami sort deux minutes après moi. Et c'est un moment qui a été très marquant parce que le vivre à deux, je pense que ça a vraiment permis de renforcer notre lien premièrement, mais aussi pour moi de rester fort, pas être trop seule dans tout ça. parce que... C'est violent de vivre du racisme, mais c'est encore plus violent quand personne ne te comprend autour, quand tu dois te justifier de « oh tu vis ça » et « oh il s'est passé ça parce que tu es comme ça » et parce que t'as une tête d'Asiat en fait. Donc heureusement, entre guillemets, que j'ai vécu cette chose-là avec cet ami parce qu'on a pu en reparler après, on a pu avoir une discussion. Et ça, c'était vraiment quelque chose de quand même assez fort. Après, moi, j'ai eu de la chance, entre guillemets, parce que j'ai toujours été bien entourée, plutôt bien entourée, en tout cas, de personnes qui, racisées ou pas, mais qui, au moins, essayaient de comprendre, essayaient de soutenir. Et ça, c'est quand même mieux que rien, même si c'est pas pareil que d'être entourée de personnes qui vivent la même chose, qui vivent les mêmes expériences, où il n'y a pas besoin d'expliquer pour être compris. Parce qu'avec cet ami-là... ou avec d'autres amis que j'ai eus par la suite qui étaient aussi racisés, voire adoptés, on n'avait pas besoin de devoir faire de la pédagogie. On se comprenait juste en se regardant. Et ça, ça m'arrive très souvent avec des personnes qui sont adoptées, racisées pour le coup, où en fait on se comprend sans avoir besoin de parler, sans avoir besoin de mettre des mots, parce qu'on sait exactement ce que ça fait, on sait exactement à quel point ça peut faire mal, à quel point ça peut être humiliant. Avec une de mes meilleures amies qui a été adoptée, on a eu beaucoup de discussions quand on était plus jeune au collège sur ce genre de sujet où en fait on se comprenait et on se comprend sur d'autres sujets aussi comme par exemple les types d'attachement j'avais fait un épisode avec elle justement sur la dépendance affective donc n'hésitez pas à aller l'écouter parce que c'est quelque chose qui aussi est très marquant la façon dont on s'attache quand on est adopté c'est très particulier donc voilà il y a beaucoup de choses sur lesquelles on n'a pas besoin de plus d'explications en fait, genre juste on se sait Merci. Et ça suffit, et ça fait du bien. Après, avec le lycée, et puis mon année de césure, et actuellement, je pense que j'ai trouvé des personnes qui me ressemblaient un peu par-ci, par-là. Des fois, ça me manque quand même un peu, parce que de manière générale, il y a quand même beaucoup de personnes blanches dans mon entourage, qui sont plus ou moins, on va dire, renseignées, basées sur l'antiracisme. Et aujourd'hui, c'est quelque chose qui... Il y a beaucoup de choses qui, moi, me choquent, qui ne choquent pas autant de gens que... que j'aurais pensé tu vois et des fois ça me crée beaucoup de décalages avec les gens qui m'entourent sur des situations que je vis de façon très violente que les gens ne remarquent même pas et ça ça crée quand même une forme d'incompréhension et de mal-être de mon côté que j'essaye de compenser avec d'autres ressources parce qu'aujourd'hui on a la chance d'avoir les réseaux sociaux quand même, d'avoir des médias qui permettent de s'y retrouver même des podcasts il y a quand même énormément de ressources disponibles donc moi ça me fait du bien Mais c'est vrai que j'ai vraiment été aussi dans cette recherche active de personnes qui me ressemblaient. Et là, du coup, je vais inclure le côté queer. Et sinon, sur mon identité queer, ça a été plus simple, dans un sens, je trouve, de trouver des personnes qui me ressemblaient par rapport à ma non-binarité, à ma pansexualité, au polya. Ça, c'est des choses qui sont venues plus simplement. Mais je pense que c'est dû au fait que l'adoption joue beaucoup sur ça. C'est que ça crée beaucoup de décalages, en fait. sur le fait d'être assisée. Parce qu'il y a beaucoup de choses sur lesquelles je vis complètement différemment que des personnes qui ont grandi avec leur propre communauté ethnico-raciale. Mais c'est vrai que pour le coup, trouver des personnes queer, ça s'est fait assez naturellement en vrai. Et depuis que je suis à Lille, quand je vois un peu autour de moi, je suis entourée que de personnes trans en vrai. Ou majoritairement de personnes queer de manière générale. Mais ça n'a pas été trop difficile depuis que je suis à Lille pour moi de... de m'y retrouver. C'était un peu compliqué quand j'étais à l'étranger, fin lycée, et pendant mon année de césure, parce que je voyageais beaucoup. J'étais encore beaucoup aussi définie par le male gaze, donc dans mes relations, etc. J'étais encore très perdue, je pense, très confused par rapport à plein de choses. Mais je pense que depuis que je suis à Lille, ça a quand même été un soulagement pour moi d'être majoritairement entourée de personnes queer et d'être vraiment compris, d'être genré de la bonne manière, qu'on m'appelle il ou elle, qu'on dise tâche. Enfin, toutes ces choses-là, c'est quand même une charge mentale en moi que je devais quand même subir quand j'étais avec mes parents ou quand j'étais avec ma famille ou des gens qui me connaissaient d'avant et qui continuaient à me mégenrer. Donc là, c'est vrai que c'était quand même très fluide et je n'ai pas eu trop besoin de faire de la pédagogie, par exemple, ou trop d'expliquer. Ça a été beaucoup plus simple, je trouve, pour ça. Mais là où c'est un peu particulier, c'est que j'ai l'impression que mes identités, je ne les vis jamais vraiment en même temps, même si en vrai, si. Mais j'ai l'impression que moi je les conscientise et m'y intéresse entre guillemets de façon assez périodique. C'est-à-dire que des fois je vais être vraiment à fond dans plein de témoignages sur l'adoption, faire des podcasts sur l'adoption, m'y intéresser etc. Des fois ça va vraiment être sur mes origines. En général les deux vont ensemble comme je l'avais dit. Et puis des fois je vais complètement oublier carrément que je suis racisée et que je ne suis pas comme tous mes copaines blancs et blanches. Et c'est là où je vais me rappeler que ah oui en fait je ne suis pas juste queer. Je suis queer, racisée, adopter racisé et ça je peux pas l'oublier parce qu'on me le rappelle aussi sans cesse et c'est aussi dans des moments de violence que bah moi ça me choque il y a des choses que je vis que je prends de plein fouet et que je vis de façon très violente qui bah m'ébahissent clairement et que des personnes queer qui sont en général blanches vont pas forcément remarquer bah ça ça va vraiment me faire beaucoup de mal et ça va me montrer à quel point il y a une différence quand même et un fossé parfois de de compréhension parce qu'on vit pas du tout la même réalité sociale sur cet aspect-là en tout cas. Ça m'a fait du bien depuis le début d'année, là, depuis septembre, d'être entourée de personnes queers, de pouvoir parler avec des gens, de pouvoir être un peu, tu vois, bizarre sans que ce soit chelou, parce que c'est un peu ça qu'on me renvoyait dans mon ancienne vie, on va dire. Voilà, que j'étais bizarre. Donc là, ça faisait du bien de pouvoir juste être soi-même sans devoir... Quoi que ce soit, qui que ce soit, parce que pour le coup avec mes parents c'était un peu compliqué sur ça, le fait d'assumer qui j'étais dans toute mon extravagance, de porter ce que je voulais, de me maquiller comme je voulais, ça c'était compliqué et ils comprenaient pas. Genre ma mère elle me fait encore beaucoup de remarques sur mon physique, où elle me demande mais pourquoi t'en fais autant, t'éranges pas que les jouets te regardent, ils se retournent pour te regarder, elle le comprend vraiment pas, elle a toujours pas compris je crois. Pour les Persingues, ça a été très compliqué aussi. Donc quand j'habitais chez eux, c'est vrai que là, c'était beaucoup de tensions familiales. Mais là, depuis que je suis partie, en vrai, c'est beaucoup plus apaisé. Et en vrai, heureusement que je ne suis pas restée à Nantes pour mes études. Parce que vivre avec eux, genre, tout le temps, je les aime. Du plus profond de mon cœur, je n'aurais pas pu vivre plus longtemps avec eux. Donc c'est un privilège de pouvoir partir de chez ses parents. Mais j'ai eu l'occasion de le faire, donc en vrai, j'ai saisi. la chance que j'avais, l'opportunité. Donc pour revenir à ce que je disais, aujourd'hui je ressens quand même le besoin d'être entourée aussi de personnes qui sont queer et racisées, voire adoptées. Ça c'est un peu compliqué d'en trouver, même s'il y en a un, mais il faut chercher on va dire. Après j'en ai trouvé quelques personnes sur l'île à qui je parle, que j'ai pu rencontrer et c'est vraiment trop trop bien et ça fait un soulagement énorme de pouvoir échanger, d'ailleurs en inviter sur le podcast parce que j'ai... vraiment envie de pouvoir mettre en lumière des parcours, des trajectoires qui sont similaires aux miennes et que ça puisse aussi peut-être leur faire du bien et pouvoir faire du bien d'autres personnes. Vraiment ce besoin d'identification, je pense qu'il est présent chez beaucoup de personnes qui font partie des minorités, dans les minorités on va dire. De plus en plus, je commence à rencontrer des personnes qui me ressemblent le plus, qui ont des expériences qui Ouais, sont plus ressemblantes aux miennes. Ça paraît pas comme ça, je trouve, mais c'est quelque chose qui est pour moi hyper essentiel. Genre, c'est comme la recherche d'origine. Je trouve que ça reste essentiel, à un moment donné dans sa vie, de pouvoir se reconnecter avec des gens qui ont quelque chose de commun en nous, ou voir plusieurs choses en commun, ou juste de se reconnecter avec soi-même, avec son histoire, d'où on vient, parce qu'on a besoin de ça pour avancer, je pense. Parce que c'est facile de se sentir isolée, c'est facile de s'isoler soi-même aussi, de sentir du vide, et moi c'est longtemps ce que j'ai ressenti, beaucoup beaucoup de vide dans ma vie, même si j'étais entourée, que j'ai toujours été entourée, il n'empêche que, intérieurement, c'était pas du tout le cas, parce que je manquais de ces personnes-là dans ma vie, je manquais de sentiments d'appartenance à une communauté où je me sens vraiment à ma place. Et je pense que quand on fait partie d'autant de... quand on a autant d'identités qui sont très différentes les unes des autres, je trouve que ça peut être vraiment compliqué de s'y retrouver dans tout ça. et j'ai l'impression que je suis censée être un peu un caméléon qui s'adapte partout, qui perd un peu qui elle est dans le fond, et des fois je me demande mais en fait qui suis-je vraiment ? Voilà, grande question philosophique. Donc connecter récemment avec des personnes qui étaient queer, racisées, voire adoptées, ça a été vraiment, waouh, une grande découverte de me dire que, ah mais en fait je suis pas seule. Non, ça y est, je suis pas seule. J'ai pas à vivre ça seule aussi. Des fois c'est par le fruit du hasard, entre gros guillemets, mais des fois ça a été aussi moi qui ai beaucoup cherché pour trouver des personnes, parce qu'on est minoritaire, clairement. Donc ouais j'ai fait marcher beaucoup mon réseau, les réseaux sociaux et puis les associations, les groupes militants, tout ça. Mais en tout cas je commence vraiment plus à m'y retrouver et ça c'est quand même, ça fait du bien au mental. Et je suis pas censée être dans une forme de dissonance cognitive parce qu'au bout d'un moment quand je voyais qu'il y avait plein de décalages entre la plupart des gens qui m'entouraient et moi mon propre vécu, que ce soit sur le fait d'être queer ou sur le fait d'être assisée ou le fait d'être adoptée ou les trois en même temps. Au bout d'un moment, je me sentais complètement dépassée par ce qui se passait, complètement sur notre planète. Et je trouve que tu peux expliquer, et c'est ce que je faisais, j'essayais d'expliquer, j'essayais de montrer des ressources, des trucs. Mais au bout d'un moment, ça y est, moi je suis fatiguée. Franchement, je suis fatiguée, c'est une charge mentale énorme, qui est épuisante. Et j'ai décidé de mettre un peu mon énergie ailleurs, plutôt de manière collective et dans le militantisme. Plutôt que de toujours devoir faire des leçons aux gens, toujours devoir expliquer à un moment donné les gens. Genre il y a aussi de la mauvaise foi je trouve. Une fois que t'es consciente des privilèges, une fois que t'as conscience de certaines choses, de dynamique, d'inégalité. Si tu choisis de ne pas t'éduquer, c'est de la mauvaise foi pour moi. Et voilà, je parle bien des gens qui en ont conscience parce qu'il y a des gens qui n'ont pas les ressources encore une fois. Faut prendre conscience de ça, mais si t'as pris conscience de ça, je trouve que c'est juste que t'es plus à l'aise dans ta facilité. et en vrai on est humain mais c'est un effort réellement. de s'éduquer, de déconstruire entre guillemets je commence de moins en moins à apprécier ce terme je sais pas pourquoi il commence à m'énerver mais en tout cas voilà, vous avez compris ce que je veux dire de juste poser des questions, de s'intéresser à des sujets de pas être centré sur son petit nombril parce que je trouve que c'est facile de l'être mais moi ça m'énerve un peu parce que encore une fois c'est quelque chose de privilégié donc comme je l'ai dit j'aimerais bien inviter des personnes qui sont aussi concernées par l'intersectionnalité que ce soit sur des identités comme les miennes, mais d'autres identités d'ailleurs, ça peut être vraiment intéressant parce que moi j'essaie de toujours me renseigner un maximum sur plein de sujets, mais il y a forcément des sujets que je ne maîtrise pas et genre c'est sûr à 1000%, je trouve ça super intéressant et important de pouvoir partager des témoignages. J'aimerais bien aussi faire d'autres épisodes en lien avec tout ça parce qu'en vrai, genre là c'était plutôt de manière générale une forme de présentation, parce que ça reste quand même très complexe et il y a tellement d'aspects à aborder, ... de sphères que j'ai pas énormément approfondies comme la sphère familiale, comme la sphère amicale, la sphère dit-romantique, la sphère académique, la sphère militante, y'a tellement de moments où je me rends compte qu'il y a au moins une de mes identités qui est reniée d'une manière ou d'une autre. Je voulais commencer en tout cas par cette vidéo. Faut que j'arrête de dire vidéo avec cet épisode-là. Et j'ai envie aussi de me réapproprier ces sujets-là. Je me suis longtemps sentie très étrangère, même avec moi-même en fait. Donc j'espère que vous aurez appris des choses, que ça vous aura plu. N'hésitez pas à mettre 5 étoiles au podcast, à vous abonner en mettant la petite notification, comme ça vous êtes au courant quand il y a des nouveaux épisodes. Je commence à devenir vraiment malade. C'était le dernier épisode avant que je n'ai plus de voix et que demain c'est les partiels. Wouhou, fun, j'ai trop hâte. mais en tout cas voilà prenez soin de vous faites attention à vous et aux gens qui vous entourent soyons solitaires, bisous bisous