Speaker #0Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Caput Mundi, le podcast qui parle de l'histoire de Rome, de sa fondation légendaire à sa chute, pour un épisode spécial fête de fin d'année, le troisième du genre dans Caput Mundi, cette fois consacré à Sol Invictus. Je vais vous présenter aujourd'hui une introduction du culte de Sol Invictus, son histoire, ses origines, son influence sur Rome et les empereurs, et surtout sa célébration le 25 décembre. Sol Invictus, le soleil invaincu, est un dieu chargé de symboles que nous allons... décortiqués aujourd'hui. Je vous raconte donc l'histoire du soleil invaincu dans Caputmundi. L'histoire du soleil comme une divinité varie beaucoup dans l'Antiquité. Parfois, il est un simple astre divin associé à la lune, la course des deux est remarquée, et comme tout temps a porté un nom divin, Sol est un dieu primordial. Il est connu des Romains, même s'il n'a pas encore un culte attitré. Varon nous explique que Sol fait partie des Dii Selecti, c'est-à-dire des grands dieux. Le soleil est ainsi nommé ou parce que les sabins se rappelaient de son nom, ou parce que seul, Solus, il produit le jour. La lune tire son nom de Luchere, l'huire, parce qu'elle l'huipe seule pendant la nuit. C'est pourquoi elle est appelée Noctiluca, sur le palatium, où son temple resplendit pendant la nuit. De même qu'on a donné le nom d'Apollon au soleil, on a donné celui de Diane à la lune. Le premier est grec et le second latin. La lune est aussi nommée Diviana, parce qu'elle parcourt le ciel en haut et en large. Ennus, dans son Épicarme, l'appelle encore Proserpine, parce qu'elle se cache souvent dans le sein de la Terre. Le nom de Proserpine exprime le mouvement qu'elle décrit à droite et à gauche, comme un serpent, car Serpere et Prospere étaient autrefois synonymes, comme on le voit dans Plot, Quasi, Proserpens, Bestia. C'était un extrait de Varon, des Linguas Latina, 5-68. En effet, il se trouve que le dieu Sol, tel un nom primitif, est plutôt remplacé dans l'usage commun par des associations en fonction de l'époque et du contexte dans lequel on se trouve. Je rappelle que lorsque l'on étudie un sujet transversal comme je suis en train de le faire, il faut se souvenir que la chronologie de Rome est longue. Voici une petite liste des dieux que l'on peut associer au Soleil. Apollon Hélios, qui a sa place à Rome à partir d'Auguste, car je le rappelle, le dénommé Octavien, avait placé sa victoire à Axiom sous la protection de ce dieu. On y trouve donc dans le Circus Maximus, en mémoire de cette bataille, deux obélisques, dédiés à Sol, venu d'Egypte d'ailleurs. Le culte d'Osiris est associé au soleil et connaît son petit succès. On pourrait aussi se souvenir du récit de la naissance de Néron, que le soleil est venu éclairer, laissant apparaître sa chevelure couleur cuivre. Et dans le même sens, la charge symbolique de la Domus Aurea et du colosse de Néron. transformé par la suite en Apollon, avec cette couronne radiée, couronne que l'on voit fréquemment couronner les empereurs sur les émissions monétaires. Émissions monétaires sur lesquelles d'ailleurs on peut lire fréquemment Sol Oriens, car le culte du soleil y trouve plusieurs formes, dont celle de Baal ou de Baal Amon. Que l'on associe aussi à Zeus, ou pour nous les romains Jupiter, Jupiter héliopolitain, que l'on retrouve à Balbeck ou Héliopolis au Liban par exemple. où on peut encore voir des vestiges du temple. N'hésitez pas à aller faire un tour sur Mappa Mundi. L'association du soleil au pouvoir impérial est donc déjà quelque chose qui plaît aux julio-clodiens. C'est l'héliolatrie, alors que les émissions monétaires à Soloriennes sont plutôt datées des Antonins. Enfin, pour conclure ce tour d'horizon des dieux solaires de l'Empire romain, on pourrait évoquer Mitra. C'est sûrement le dieu solaire le plus connu. Le culte de Mitra a eu beaucoup d'adeptes, notamment grâce aux légions. et nous reparlerons de ce canal de diffusion. Effectivement, on pourrait confondre ou ne pas savoir faire la différence, Mitra porte l'épithète de Sol Invictus. Je ferai peut-être un épisode spécial sur le métrianisme quand je serai plus formé à la question. Retournons pour l'instant que ce n'est effectivement pas le même dieu que Mitra vient de Perse, et maître du ciel, dit Hurne par son aspect principal, c'est un culte dit à mystère, c'est-à-dire une religion dont seuls les initiés ont accès. Si je vous parle de Mitra et de l'Orient, c'est parce que l'histoire que je veux vous raconter aujourd'hui se termine bien à Rome, mais débute à Émèze, en Syrie. Là-bas, une dynastie dirige un culte et la charge de grand maître leur est échue. Ce culte est tourné vers Elagabal. Elle, c'est Dieu, Gabal, la montagne. Ce n'est pas le dieu des montagnes, non, c'est le dieu des hauteurs. Et à l'instar de Mitra, la Gabal prend une dimension solaire, et la Gabal, Sol Invictus. Le grand prêtre porte une tenue de soie brodée d'or, une couronne de pierres précieuses, et rend hommage quotidiennement à Sol Invictus. Il n'y a pas d'image, pas de statue du dieu sous une forme anthropomorphique, quand on peut le voir ailleurs. L'objet du culte est un bétil noir sorti une fois par an par le grand prêtre. Hérodiens, historiens romains de langue grecque du IIIe siècle nous racontent. On ne voit pas dans le temple comme chez les Grecs et les Romains de statues faites à l'image du dieu par la main d'un artiste habile. On y remarque une grande pierre arrondie à la base et qui se termine en pointe. Sa forme est conique et sa couleur noire. Les indigènes prétendent fièrement qu'elle est tombée du ciel. Ils y montrent certaines aspérités, certaines figures peu apparentes, ils veulent que ce soit une image du soleil qui n'est pas l'œuvre d'un homme, et ils l'adorent comme tel. On peut avoir une idée de ce bétil grâce à des monnaies, dont vous pouvez consulter les images dans le dossier complémentaire de l'épisode sur caputmondi.fr. Quel est le rapport avec Rome ? Le rapport, c'est la chute de Comode, la guerre civile qui en découle et l'arrivée au pouvoir de Septime Sévère. dont la femme Julia Domna est la fille du grand prêtre d'Emez. La sœur de Julia Domna, Julia Maeza, a épousé le frère de Septime Sévère. Cette dernière a eu deux filles, qui sont les mères des empereurs connus sous le nom de Elagabal et de Sévère Alexandre. Ils ne sont pas les héritiers directs de l'Empire, mais à la chute de Caracalla, le fils de Septime Sévère et de Julia Domna, le pouvoir tombe entre les mains de Macrin, qui le perd en faveur du... petit-fils de Julia Maisa, Varius Auitus Bassianus, héritier de l'Empire. Certes, mais le jeune homme de 14 ans est aussi l'héritier d'une charge qui lui tient à cœur, grand prêtre d'Hémèse de Sol Invictus. Je suis passé vite sur le déroulé des événements, tout cela sera raconté dans des épisodes chronologiques à la suite des Antonins dans les futurs épisodes de Caputmundi. Ce qui est essentiel de savoir pour l'instant, c'est que le 17 juin 218, Macrin est vaincu et Varius Auitus Bassianus est empereur de Rome, notamment grâce au soutien de la 3e Légion Gallia. Si vous avez une mauvaise mémoire des Trianomina, je vous rassure, Varius Auitus Bassianus décide de se faire appeler Ela Gabal. Même punition, je ne vais pas trop m'étendre sur les empereurs pour les réserver à des épisodes dédiés, mais quelques faits valent le détour. Sol Invictus, le dieu soleil, est en route vers Rome. Le bétil est sorti de son temple et transporté sur un char qui part pour une procession, c'est le mot, d'un an à travers l'Empire. Sur la route, l'Empereur prend tout de même des dispositions pour se faire connaître. Il commence par faire frapper des monnaies, il envoie des portraits de lui et plus particulièrement au Sénat de Rome. Il faut dire qu'un Empereur habillé en grand prêtre, il faut être prêt à voir ça. Et pour être sûr que l'on n'oublie pas, son portrait est affiché dans le Sénat, au-dessus de l'Hôtel de la Victoire. Les réformes religieuses vont bon train. Ils demandent qu'à Rome soient faits des sacrifices à Sol Invictus et que ce dernier soit placé au-dessus de tous les autres dieux de l'Empire. Arrivé à Rome, l'Empereur distribue des congières habituelles et il est plutôt bien accueilli. Le bétil prend alors place sur le Palatin avant d'être placé dans un nouveau temple dans les jardins d'Adonis, un Nella Gabalium. Du côté de la Porta Prenessina, aujourd'hui connue comme étant la Porta Maggiore, est construit un deuxième édifice, le Caesaurium, pour le dieu. Et une fois par an, le bétil est transféré du palatin à la porta prenestina dans une grande procession. Le culte de Sol Invictus sous Hela Gabal est bruyant et très exotique pour les Romains. Il n'est pas vraiment compris. Notant plus qu'en termes de violation de Mos Maiorum, la tradition des ancêtres et de la Pax Deorum, la paix des dieux, l'empereur commet des fautes gravissimes. D'abord, et c'est peut-être simplement administratif, il refuse la charge de grand pontife et conserve celui de grand maître d'Hémèse. Ensuite, convaincu d'être le dieu Sol Invictus, il épouse une Vestale, le but étant de marier les deux cultes et aussi d'épouser une femme de son rang. C'est ce qu'on appelle la Hiérogamie. Je vous rassure peut-être en vous disant qu'il a finalement renoncé. Le culte d'Elagabal, Sol Invictus ne survit pas à la mort de son importateur à Rome. Le bétil est renvoyé à Émèse où le culte continue d'exister et d'avoir des fidèles parmi les légions et le temple de Sol Invictus à Rome est dédié à Jupiter Ultor. Le Vengeur. Mais ça n'est pas fini de l'histoire de Sol Invictus et Rome. Lorsque l'empereur Aurélien arrive à la pourpre impériale en 270, il porte la volonté de réunifier l'Empire sur tous les plans, y compris religieux. Lors d'une reconquête de l'Orient près des Mezes en 272, il fait le rêve que Sol Invictus lui promet la victoire. A la suite de quoi Aurélien va organiser l'avènement de Sol Invictus comme dieu de l'Empire. Il fait les choses un peu mieux que son malheureux prédécesseur, qui n'avait eu de cesse de contrarier l'esprit des Romains. À Rome, on fait comme les Romains dit l'adage. Eh bien... Il s'agit de romaniser Sol Invictus. Pas question de ramener le bétil, de sacrifier en robe de soie ou d'en faire un dieu supérieur aux autres, non. Sol Invictus se hisse au rang de Jupiter, Mars, Junon, mais en égal. Un décret impérial en fait bien le dieu officiel des romains, mais sans nier les autres, et surtout en opérant un syncrétisme qui ne laisse personne indifférent. Finalement, tout le monde pourrait y trouver son compte. Un dieu à l'image de ses sujets, un dieu... à l'image de l'Empire, puissant, rayonnant et multiple. Il fait construire sur le campus Agrippa un temple circulaire entouré de portiques. Des statues représentant les dieux solaires de Naguère sont érigées comme Baal et Helios. 25 décembre 274, Dies Natalis Invicti. Nous sommes le jour du solstice d'hiver. Le soleil est invaincu, le temple est inauguré et l'anniversaire de sa naissance sera célébré tous les ans. Et tous les quatre ans auront lieu des jeux. Agon Solis, en l'honneur du dieu Sol Invictus. Cette histoire ne remplace pas les Saturnales. On n'y parle pas de cadeaux ou de sapins, mais on y fête surtout le retour de la lumière, le commencement... Des jours qui se rallongent. En conclusion de cet épisode spécial, j'aimerais parler de ce qui nous rapproche de Sol Invictus et de nos célébrations de Noël. Dans le contexte de la christianisation de l'Empire, on ne pouvait pas laisser l'anniversaire du Soleil être célébré. C'est le Christ qui doit être célébré. D'ordinaire, on ne connaît pas la date de naissance de Jésus, et c'est pour cela que les chrétiens célèbrent son baptême vers le 6 janvier. La proximité des deux dates n'aurait pas plu aux autorités chrétiennes, et je pense... plus particulièrement à Ambroise de Milan. Et au lieu de fêter la naissance du soleil invaincu le 25 décembre, on se met à fêter la naissance du Christ, le soleil de la religion chrétienne. Et on retrouve à ce sujet une mosaïque que je vous laisse aller admirer dans le dossier complémentaire. C'est déjà la fin de cet épisode, n'hésitez pas à commenter si vous avez des questions ou des précisions. Pour aller plus loin, je vous recommande le culte de sol Invictus par Catherine Salle et Elio Gabal et le sacre du soleil de Robert Turcotte. quand où vous trouverez beaucoup d'illustrations et de plans pour faciliter la compréhension de cette histoire les sources antiques et les autres études sont dans la bibliographie et moi je vous dis à bientôt dans capote ponte