- Speaker #0
Si on devait ouvrir une page d'un livre, on irait à quelle page de ton histoire ? C'est une très bonne question. Je crois qu'on irait à mes débuts, où j'ai commencé, je ne sais pas pour quelle raison, mais à être attirée par la musique. C'est quelque chose qui m'a souvent parlé, bercée. Plus jeune, je n'avais pas vraiment de message à faire passer encore, puisque je n'étais pas encore dans ce délire d'écrire des chansons. Mais en tout cas, je sais que j'ai prouvé beaucoup de choses. Et les musiques ? arriver à transposer un peu tout ce que je ressentais et depuis que je suis toute petite j'avais un délire c'était d'ouvrir mes fenêtres de ma maison et de chanter aux montagnes et au ciel et comme si on pouvait entendre un peu ma détresse d'une certaine manière mais je faisais ça sur des chansons de l'oreille quoi.
- Speaker #1
C'est beau comme tu racontes ça. Merci. C'est très joliment raconté. Merci. Et ben allez on y va on lance le jingle alors. C'est parti. Tu as fait le choix de plonger tes oreilles dans un univers plein d'histoires. Bonjour June. Salut. Comment ça va ?
- Speaker #0
Bah écoute, ça va plutôt bien. Plutôt, j'irais dans une énergie. Là, j'ai fait une journée entière de répétition.
- Speaker #1
En plus, il fait un peu chaud aujourd'hui.
- Speaker #0
Ouais, ouais. Il fait beau, il fait chaud, un petit peu estival. Le set est raccordé à l'album et en termes d'énergie, ça ne s'arrête pas.
- Speaker #1
Surtout que l'album est sorti il n'y a pas longtemps. Ouais,
- Speaker #0
la semaine dernière.
- Speaker #1
Par rapport à l'enregistrement, mais...
- Speaker #0
Carrément, la semaine dernière. Ouais. Il y a une semaine, quoi. Et c'est vrai que... C'est ce que je me suis rendu compte, c'est très cardio. Ouais, c'est très cardio.
- Speaker #1
On pourrait mentionner d'autres artistes en disant cardio.
- Speaker #0
Ouais, je pense Lady Gaga forcément quand c'est cardio, parce qu'elle, même elle, je chantais et dansais en même temps. Oui, mais à son niveau. Ah ! Mais c'est bien ça ! Franchement, ce que je me dis, je me dis, je ne suis pas encore à un niveau, mais j'essaye d'avoir des exemples vraiment des performeuses.
- Speaker #1
Alors, on va y aller, on va partir dans le concept de Caridas. Il est très simple, comme tu as déjà pu le voir, tu vas avoir des cartes devant toi avec des personnages dessus. Tu vas avoir parfois le choix, parfois un peu moins de choix, moi je pourrais aussi déclencher des fois quelques cartes si tu les déclenches pas. Voilà, j'aurai le petit rôle aussi là au milieu. Il y a un joker qui est juste là, le joker il a le rôle un petit peu du jeu. Voilà, mais toujours dans ton univers à toi quand même. On a le cupidon mais ça c'est moi qui le déclencherai tout à l'heure. Et on va commencer avec la première carte que je vais déclencher moi-même. Je vais devoir te citer trois mots pour définir ton univers et ta personnalité.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Et tu vas me dire si tu es d'accord avec et pourquoi j'aurais pu mentionner ces mots-là.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Alors ces trois mots, j'ai mentionné dark, égratignure et plume.
- Speaker #0
Ouais, moi je trouve ça plutôt juste pour le coup.
- Speaker #1
Ouais. Pourquoi j'aurais pu mentionner ces trois-là ?
- Speaker #0
Pourquoi mentionner ces trois-là ? Déjà Dark, on va pas se mentir, mon univers il est quand même assez... Je fais appel aux séries d'horreur, à la pop culture. Pas forcément la pop culture la plus lumineuse comme on va dire. Disons que j'aime bien les trucs avec du mordant, même si c'est dans l'humour comme Bojack. Il est drôle mais il est quand même vachement starbé le mec. Enfin, le cheval.
- Speaker #1
Oui le cheval, c'est surtout ça,
- Speaker #0
c'est que c'est un cheval. Oui mais il a un corps d'homme alors on sait plus à la fin. Mais Dark, je trouve que ça me correspond plutôt bien, même que ce soit sur l'univers visuel. Plume, forcément je suis quelqu'un qui essaye d'écrire un maximum. J'ai intégré des cours d'écriture avec Claude Lemel qui est un grand auteur français. Donc c'est quelque chose que je développe beaucoup. Et pour moi être un artiste c'est aussi se différencier dans ses textes, c'est développer sa propre patte. Et le dernier mot c'était gratineur il me semble, totalement. Je parle de mes peurs, de mes angoisses, de mes fêlures, de mes failles. Donc oui, j'aime bien dire des fois que je suis un peu une écorchée vive. Donc je trouve que le mot égratigneur est parfait pour le coup.
- Speaker #1
C'est violent quand même ?
- Speaker #0
Oui et non, je pense que du moment où on a fait aussi son travail sur ce qu'on est, sur tous ces bagages assez lourds, qu'on a pris du recul, qu'on a fait un travail thérapeutique, on développe une certaine forme de résilience parce qu'on ne peut pas effacer ce qui nous définit, on apprend juste à vivre avec et c'est un peu ce que je comprends en grandissant, en vieillissant.
- Speaker #1
Et tu as bien compris du coup ?
- Speaker #0
En tout cas, j'essaye de le mettre en application tous les jours, même si des fois c'est un peu plus dur que d'autres. Mais je sais très bien que je ne peux pas changer qui je suis, donc autant essayer d'avancer avec ce que j'ai. En tout cas, de faire en sorte de pouvoir les apprivoiser pour ne plus les subir.
- Speaker #1
Et on va rentrer dans cette première partie avec le roi rouge ou le roi bleu. Là par contre, tu as le choix. On va sur lequel ?
- Speaker #0
Moi, j'irai sur le rouge.
- Speaker #1
Ouais, vas-y, je te laisse le prendre.
- Speaker #0
Je suis un peu maso, le mal j'aime bien. Ah,
- Speaker #1
mince alors.
- Speaker #0
Que fais-tu quand tu veux respirer, souffler ? Alors qu'est-ce que je fais quand je veux respirer ? Déjà je suis quelqu'un qui écoute beaucoup de musique, mais surtout qui regarde beaucoup de séries de films, et ça, moi le Netflix and Chill c'est totalement mon truc. Sous un plaid ? C'est mon truc, c'est vrai que faire de la musique, la vie que j'ai elle est... ultra trépidante, c'est un peu un tourbillon sans fin. Et c'est vrai que les moments où je rentre chez moi, où je peux enfiler mon pyjama, mes chaussons, me mettre sous ma couette et déclencher mon petit film, ma petite série, avec mes petits Ausha autour de moi, là je souffle.
- Speaker #1
Il y en a combien des Ausha ?
- Speaker #0
J'en ai deux.
- Speaker #1
Deux ? Ils s'appellent comment ?
- Speaker #0
Alors c'est Prunille et Zoé.
- Speaker #1
Ah, et bien on leur fait un coucou alors.
- Speaker #0
Je leur fais des petits coucous.
- Speaker #1
Voilà, alors si je te demande comment tu te définirais ?
- Speaker #0
Ouf ! Comment je me définis ? Je pourrais dire que je suis un peu la fille parano qui fait l'amour et la gueule. Je suis aussi, comme je le dis, une meuf qui a beaucoup de blessures, mais qui essaye d'en faire quelque chose de lumineux. Parce que, comme je dis, je sais que je peux avoir un côté extrêmement dépressif. Après, est-ce que ce n'est pas le monde aussi, la société dans laquelle on vit, qui nous amène à être comme ça ? Mais du coup, on ne peut pas changer le monde, on ne peut pas changer soi-même. Donc, essayer de vivre avec et de faire en sorte que ça aille mieux. de s'entourer avec des bonnes personnes, d'essayer de prendre des résolutions qui sont beaucoup plus saines par rapport à l'hygiène de vie qu'on peut avoir actuelle. En vrai, il faut arriver à avoir un certain recul des fois sur sa propre personne. Ce n'est pas facile, mais si on s'entoure bien aussi, ça nous permet d'avoir du recul justement et de se regarder un peu à travers un autre miroir.
- Speaker #1
Et par rapport à ça, ton enfant intérieur, il est comment ?
- Speaker #0
Il est toujours là ? Mon enfant intérieur, je pense qu'il est toujours là. Je pense que ces dernières années, je l'ai un peu, on va dire, étouffée. Parce que j'ai perdu ma mère il y a quelques années et ça a été une épreuve assez difficile. Forcément, quand on perd sa mère en tant qu'enfant, on a l'impression de s'oublier. Et en fait, à travers cet album, ce que j'ai écrit, les sensations que j'ai retrouvées, et oui, j'ai eu la sensation de me dire que cette petite chose que j'avais en moi, cette petite tête, ce petit enfant, finalement, c'est grâce à ça. Petit enfant que je suis là aujourd'hui. Je pense que si à l'époque d'être enfant, je n'avais pas des grands rêves de faire de la musique et de pouvoir un jour défendre ma musique, je ne serais peut-être pas là.
- Speaker #1
Et par rapport à cette évolution entre l'enfant que tu étais, qu'est-ce que June adulte, elle dirait à la June enfant ?
- Speaker #0
Alors June pour moi, c'est un peu une entité, on va dire. Ça fait un peu... très possession pour les coups là mais non pour moi June the Girl c'est un peu une entité en fait c'est une prolongation de ce que j'aimerais être au best de ma enfin je sais pas comment expliquer mais ma meilleure version de moi-même quoi mais du coup qu'est-ce que Marine du coup dirait Marine justement enfin c'est June qui s'intéresse enfin qui s'adresse à Marine ou c'est Marine qui s'intéresse à June on peut le faire dans les deux sens c'est totalement schizo si vraiment tu le veux moi ça me va parce que ça peut être intéressant dans les deux sens disons que si c'était Marine qui parlait à June je pense que Marine lui dirait merci elle lui dirait merci merci d'être une personne d'être une meuf qui a confiance en elle la confiance en soi c'est toujours ce que je dis pour moi c'est savoir bien porter un masque mais ouais elle lui dirait merci en fait parce que grâce à ce que tu fais à travers ton rêve de la musique bah On a pu faire de la scène, on a pu faire des premières parties de Luan, on a pu faire des émissions TV, on a pu faire des interviews. Enfin, c'est un truc de dingue. Donc je pense que je lui dirais déjà merci, parce qu'à contrario, Marine, je dirais que c'est plus une personne avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de failles. Et en fait, June, c'est un peu ce qui me sert d'étendard et de microphone pour créer tout ce désarroi et toute cette fêlure, d'une certaine manière. Et voilà, c'est ce que... Je pense que June, elle lui dirait un truc du genre, t'inquiète pas, prends sur toi, ça va aller. Moi, je suis là plus tard pour sortir ce qu'il y aura à sortir.
- Speaker #1
Et Marine, elle pourrait arriver un jour à la place de June ?
- Speaker #0
Je pense que Marine, elle est toujours un petit peu là. Je pense que les moments où il y a beaucoup de fragilité qui va ressortir, je pense que c'est clairement Marine pour le coup. Et June n'existerait pas sans Marine, donc d'une certaine manière, on ne peut pas les dissocier. C'est la force et la faiblesse qui se sont assemblées quoi, dans mon corps.
- Speaker #1
Ouais, voilà. Mais parce que du coup, quand je t'ai demandé là, quand on s'est installé juste avant de commencer l'enregistrement, je t'ai demandé s'il fallait que je t'appelle Marine ou June. Ouais. Et tu m'as dit June.
- Speaker #0
June.
- Speaker #1
Mais parce que, c'est quoi, c'est vraiment ce côté, June elle a confiance, donc du coup appelle-moi June parce que c'est moi, c'est voilà, je...
- Speaker #0
Il y a de ça. Il y a aussi le fait que moi pour mon propre psyché, je pense rester assez équilibrée, J'ai besoin d'avoir cette dissociation de June, c'est la star, celle qui fait la musique, c'est celle qui fait des interviews, celle qui fait des trucs un peu what the fuck. Et Marine finalement c'est une citoyenne française, qui vit une vie assez normale, qui fait des choses complètement comme tout le monde. Et je trouve ça important de garder cet équilibre d'une certaine manière. Donc voilà pourquoi elle est là en mode June. parce que je parle de mon projet musical, donc je suis June. Et ouais, June, c'est une meuf qui a confiance en elle. Donc forcément, dès que je dis que je suis June, ça a un côté plus guerrière qui commence à sortir.
- Speaker #1
Mais du coup, il se passe quoi en ce moment dans la tête de June ?
- Speaker #0
En ce moment, dans la tête de June,
- Speaker #1
c'est un peu le bordel.
- Speaker #0
En vrai, il y a beaucoup de choses en ce moment. La sortie de l'album. beaucoup d'excitation, de la peur aussi forcément, parce que quand on a un projet à soi pendant un an, qui ne nous appartient qu'à nous, et qu'on le livre, déjà ça ne nous appartient plus, et en plus il y a toujours cette moi, je pense toujours à aller après, et je me dis toujours, mais qu'est-ce que je vais faire après ? Qu'est-ce que je vais écrire ? Qu'est-ce que je vais chanter ? Parce que le processus de faire un album, pour moi c'est vraiment sortir tout le jus qu'il y a de ma propre personne. Donc une fois que j'ai vidé tout le jus, j'ai toujours cette question du genre, Ouais mais... qu'est-ce que je vais pouvoir raconter après ? Forcément, je me la suis posée cette question déjà avant de créer l'album. L'album est arrivé, donc je me dis vie, écrit et chante. Et on verra après.
- Speaker #1
Et on verra. Parce qu'il y a quand même une chanson qui s'appelle à la fin, mais après quand même.
- Speaker #0
Totalement. C'est pour te dire, c'est quelque chose qui me... L'avenir, que ce soit personnel, professionnel, mais même... Des fois je me dis mais où est-ce qu'on va ? Est-ce qu'on va droit dans l'ur ? Mais je parle pas que de moi, je parle de la vie, de la société, du monde, tout ça. Et ouais, je vais pas dire que je suis quelqu'un de rassuré et qui me dit ouais mon univers je le vois très clairement. Je pense pas. C'est flou. Donc maintenant je préfère me dire... Un peu je pense comme tous les gens de ma génération aujourd'hui, ils se disent on bosse, on vit notre vie et puis on verra où la vie nous mène en fait.
- Speaker #1
Et tu penses qu'elle va te mener où ?
- Speaker #0
Eh ben le plus loin possible. Je l'espère, en tout cas je travaille dur pour. Ça c'est déjà pas mal si tu penses ça. Oui, je fais faire en sorte que ça m'amène le plus loin possible. En tout cas, ce que je me promets c'est de tout faire en sorte. Au moins je sais que moi j'aurais rien à me reprocher sur le fait que je ne me suis pas assez battue pour. Après il y a beaucoup de choses que je ne contrôle pas, mais en tout cas sur le fait de travailler et défendre un maximum mon projet et ma musique, ça c'est un truc que je suis en mesure de faire, donc je le ferai.
- Speaker #1
Et avec tout ce qui se passe en ce moment, tu gères comment ta santé mentale ?
- Speaker #0
J'écris des chansons.
- Speaker #1
Ça c'est une bonne solution.
- Speaker #0
J'écris totalement des chansons. En plus je suis quelqu'un qui s'intéresse vraiment au monde dans lequel on vit. Je suis assez passionnée par tout ce qui est actualité, que ce soit sociale, politique, économique, tout ça. Du coup c'est vrai que... Et puis je pars du principe qu'être artiste aujourd'hui c'est aussi vivre dans son temps. Et pour vivre dans son temps, il faut le comprendre. Et c'est ce que je fais. Le simple fait de vivre en fait, normalement. En France, tu comprends un peu l'avis de tout le monde. J'ai l'impression, en tout cas, de 70% des Français.
- Speaker #1
Et pour rester dans ta personnalité, tu pleures facilement ?
- Speaker #0
Je suis une hypersensible. En fait,
- Speaker #1
tu as beaucoup de choses.
- Speaker #0
Oui, beaucoup de casseroles, comme en lit.
- Speaker #1
Des casseroles, non ! Il y a le sourire, c'est ça déjà. Oui,
- Speaker #0
toujours. Oui, je peux pleurer facilement. Je pleure facilement pour une musique qui va me toucher, une artiste sur scène, pour des films ou des moments assez tragiques, ou dès que je vois des petits animaux dans la rue ou des trucs comme ça, je peux pleurer sur commande, ou tu m'amènes à la SPA. Ok. Ouais, là j'arrête pas de chialer.
- Speaker #1
Pourtant t'as daté de Ausha quand même.
- Speaker #0
Ouais, ma première je suis allée à la SPA et à peine je suis arrivée j'ai pleuré, j'ai pleuré quand j'étais devant les cages des Ausha, j'ai pleuré quand j'ai vu mon chat, et j'ai pleuré quand je suis repartie. D'accord. C'est un peu mon côté. Une grosse sensibilité. Je veux sauver tout le monde, je veux sauver tous les animaux. Des fois, on m'appelle Brigitte Bardot pour rigoler.
- Speaker #1
Et sauver les gens aussi ?
- Speaker #0
Oui, je le fais à travers ma musique, mais je pense aux animaux, parce que c'est vrai que les animaux, ils n'ont pas le même mode d'expression que nous. Et souvent, on fait des choses atroces aux bêtes, donc elles ne sont pas là pour se défendre. Donc je me dis, c'est bien aussi d'en parler. Que nous, on a la chance d'avoir la parole, les points, les mots pour se défendre.
- Speaker #1
Je vais te faire poser la carte que tu as dans la main, parce que je vois que tu as envie de la garder dans la main. Mais il n'y a pas de soucis, c'est pas un problème, parce qu'il y a le cupidon qu'il faudrait que tu prennes là maintenant.
- Speaker #0
Ok, c'est parti pour le cupidon. Que veut dire l'amour pour toi ? L'amour, c'est un bien grand mot l'amour. L'amour pour moi c'est du respect, ça c'est sûr, de l'honnêteté aussi, c'est très important. Après, si je suis très honnête sur mon histoire à moi et comment je le ressens, c'est aussi très passionnel et conflictuel, on va pas se mentir. Je suis quelqu'un qui ressent, je le dis beaucoup les choses, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, mais aussi d'un côté extrême. Donc moi l'amour ça peut être quand j'aime, c'est vraiment j'aime mais à outrance au point d'étouffer. Et quand ça va pas dans mon sens, c'est que... Tu vas me dire un truc et je vais rentrer dans un état de furie. J'aime pas le dire parce que c'est pas, on va dire, le meilleur truc de moi-même, mais par amour, par moment, j'ai pu vriller, ouais. Grave vriller.
- Speaker #1
Vriller comment ça ?
- Speaker #0
Je vais pas dire que j'ai tapé, mais j'étais violente dans mes mots et dans mes gestes. Donc c'est pas forcément un truc que j'ai réitéré, mais je sais en tout cas que je l'avais en moi. Donc je sais que l'amour pour moi c'est quelque chose de... Comme on dit, de l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas et c'est vrai dans ce que je vais ressentir.
- Speaker #1
C'est fort du coup,
- Speaker #0
ouais. Ouais. En tout cas, je ressens les choses à fond. Je ne vais pas à demi-mot, pas à demi-mesure, je vais à fond dans tout ce que je fais, que ce soit bien ou mal.
- Speaker #1
Une amoureuse de l'amour quand même. C'est ça.
- Speaker #0
Et puis mes copines, elles me le disaient tout le temps parce que j'avais tout le temps des crushs et j'étais déçue et je pleurais. Et elle me disait tout le temps, ce qui est bien avec toi, Barine, c'est que tu as toujours envie d'y croire. J'y allais en tout cas, j'étais un vrai cœur d'artichaut.
- Speaker #1
Mais d'un côté c'est bien.
- Speaker #0
Oui, c'est ce que je me disais, c'est trop triste de ne plus croire en l'amour. Même des fois ça me fait peur, je me dis si je finissais seule, et alors si t'es seule c'est pas grave, on est 7 milliards et encore plus sur Terre, tu trouveras toujours quelqu'un.
- Speaker #1
Il y aura toujours quelqu'un pour plaire.
- Speaker #0
C'est ça. Ou même, je sais pas moi, pendant un long moment je croyais aussi à les âmes soeurs jumelles. soi-disant sur Terre. À la base, on était deux et on a été séparés. Et en fait, on a été envoyés, on s'est répartis. Et chaque être a une âme sœur jumelle qui lui est destinée. Et ça, ça me fascine aussi.
- Speaker #1
Un petit côté où tu aimes tout ce qui est voyance,
- Speaker #0
spirituel. Je pense que ça va aussi un peu dans mon projet. Je pense que c'est pour ça aussi que les films d'horreur, les séries d'horreur me parlent beaucoup. Parce que les gens, des fois, ne comprennent pas vraiment trop pourquoi. Mais ça me parle. Et pareil, tout ce qui est film, des trucs comme Eternal Sunshine, Spotless Mind, le fait de pouvoir supprimer ses souvenirs, tout ça, ça me parle de ouf.
- Speaker #1
À ce point-là ?
- Speaker #0
Ouais, ouais, ouais, de ouf. Quand j'ai vu le film, il y a des films comme ça, j'ai l'impression qu'ils ont été écrits pour moi. Très clairement.
- Speaker #1
Eh bien, on va terminer cette première partie avec, du coup, la petite dame devant le miroir que je viens de te mettre juste là.
- Speaker #0
Très bien.
- Speaker #1
Pareil, je te laisse la prendre et répondre à la question.
- Speaker #0
Mais finalement, qui es-tu ? Je pense qu'en vrai, on pourrait poser cette question à beaucoup de monde. Je ne suis pas sûre qu'ils arriveraient à y répondre.
- Speaker #1
Je ne pense pas. Parce que même moi, je ne pourrais pas y répondre. Mais là, on a développé pas mal de choses dans cette première partie.
- Speaker #0
Je pourrais dire que je suis un peu tout ce que j'ai défini. Mais qu'est-ce que je suis finalement ? Une artiste qui a le spleen, je vais te dire, une artiste qui a le spleen mais qui a beaucoup de choses à raconter et voilà, une combattante, je dirais une combattante aussi.
- Speaker #1
Bah oui, et qui fait de la musique.
- Speaker #0
Ouais, c'est pour ça, je dis une artiste pour moi, ça regroupe un peu tout ce qui est de l'univers artistique, spleen parce que forcément mes textes sont assez lourds parfois, mais voilà, toujours combattante et avec énergie parce que voilà, on n'est pas là pour se laisser abattre, donc il faut s'en sortir, donc on y va.
- Speaker #1
Et c'est parti, voilà, et là on va parler de ta musique, tiens, avec la reine rouge ou la reine jaune ?
- Speaker #0
Bah toujours rouge, moi je reste la reine rouge, ouais, on reste comme la couleur de la pochette de l'album.
- Speaker #1
Et on n'oublie pas que le joker est toujours là aussi.
- Speaker #0
Ouais, mais pour l'instant ça va, on rentre pas trop dans les...
- Speaker #1
Y'a pas de soucis, oh y'aura pas forcément de moment où tu vas pleurer, hein, pas forcément !
- Speaker #0
Paumée, rongée jusqu'à l'os, l'image est violente. Point d'interrogation.
- Speaker #1
Moi j'ai l'image, je vois ronger jusqu'à l'os, c'est surtout le côté visuel, quand on lit cette phrase, on se dit mais c'est bizarre.
- Speaker #0
Ouais, alors moi déjà, comme je l'ai dit, comme j'ai fait des textes avec Claude Lemel, c'est là où j'ai pu vraiment découvrir la richesse de la langue française. Et ronger jusqu'à l'os, paumer, c'est un peu moins courant, mais c'est vrai que le ronger jusqu'à l'os, c'est un truc qu'on a tendance à... à dire pour un os qui ronge un chien ou un truc du genre putain j'en ai jusqu'à l'os pour montrer à quel point on est atteint. Et je trouvais ça sympa, c'est venu assez naturellement pour sortir et parler du manque de confiance qui est quelque chose qui m'atteint profondément, jusqu'à l'os, que je le porte en moi. C'est pas quelque chose que j'arrive à canaliser, disons que j'arrive juste à le masquer d'une certaine manière. Donc il est toujours là. Et l'image est violente. Je pense que c'est ce qu'on pourrait dire en vrai si on ne lisait que mes textes, sans la musique. On pourrait se dire « Waouh, c'est encore quand même ! »
- Speaker #1
Déjà rien que les titres des chansons.
- Speaker #0
Ouais, et puis dans cette chanson, à un moment je dis « La vie est trop dégueulasse, et puis à la fin tu meurs ! » Tu vois, les gens disent « Ah oui, quand même ! » Ah oui,
- Speaker #1
elle n'est pas joyeuse, mais il y a beaucoup de chansons qui sont pas joyeuses.
- Speaker #0
Il y a toujours la dérision qui arrive avec « J'ai piqué la phrase à Beaujac, ma définition du bonheur. » C'est une manière vraiment de dire, j'ai bien conscience de la vie, j'ai bien conscience de mon mal-être, mais je vais faire avec. C'est toujours la même chose. apprivoiser, apprendre à vivre avec. Et même si l'image, en termes d'écriture, ça peut paraître violent, moi je le ressens pas comme ça. En tout cas, la manière dont je le chante, c'est plutôt libérateur que violent. Je le ressens plus comme ça.
- Speaker #1
Mais du coup, pourquoi tu trouves cette inspiration dans le cinéma ? Ça vient d'où ?
- Speaker #0
Alors ça, depuis que je suis toute petite, je regarde les films.
- Speaker #1
Tu parles de Bojack encore, du coup ?
- Speaker #0
Ouais, parce que pour moi, c'est... C'est comme je disais, il y a la musique, ça retransmet des émotions, mais les images aussi, les films, quand je te disais qu'il y a des films, j'ai l'impression qu'ils me sont destinés, c'est la même chose en fait qu'avec la musique, j'ai besoin... Et puis quand tu fais de l'artistique, tu peux te nourrir de tout, de livres, de films, de séries, de musiques, donc en fait, il n'y a pas de limite, moi c'est avec des films. Et le cinéma, depuis que je suis toute petite, il faut savoir que mon père, j'avais 5 ans, il m'a montré Kill Bill, tu vois. La guerre des mondes.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
On n'est pas sur les choses très jouées. Ouais, mais c'était quand même des grands films. Et je pense que c'est peut-être pour ça que ça a commencé cet attrait. Après, dans des trucs un petit peu bizarres. Mais en même temps, tu commences là-dessus, ça te pose la dégâts. Et après, moi, j'ai kiffé en grandissant des trucs comme Charmed, toujours dans Super Naturel, Supernatural aussi, Stargate SG-1, il y avait quoi encore ? Il y avait Puffy contre les vampires. Enfin, tout ce monde-là, finalement, qui était un petit peu magique. Parfois démoniaque. Enfin, en fait, un monde qui était très différent du monde dans lequel je vivais m'inspirait.
- Speaker #1
Et tu parles de Buffy contre les vampires. Il y a dans la chanson, tu parles de chasseuse de monstres.
- Speaker #0
Totalement. Je me considère un peu comme une chasseuse de monstres. Pas proprement parlé, mais mes monstres, en fait, ce sont mes monstres à moi, mes peurs. Je suis une chasseuse, en fait, de mes propres limites, ma propre anxiété, mes propres angoisses. Et je pars du principe que comme elles sont communes, Je peux peut-être chasser celle des autres à travers mes chansons.
- Speaker #1
Je vais te laisser prendre La Reine Jaune. Tiens, petite exception à la règle.
- Speaker #0
Je sens que la réponse peut-être à...
- Speaker #1
Ouais, et puis on parle de cinéma, donc du coup...
- Speaker #0
Tu as autant d'amour maternel que Norman Bates. Ah ouais, en plus lui, on peut dire qu'il était complètement ch'tard avec sa mère. J'ai autant... J'ai pas le même que lui, parce que lui, il a vraiment une relation très spéciale avec sa mère.
- Speaker #1
Ça, je suis d'accord. J'ai trouvé la référence Normane aussi dans tes chansons Ouais
- Speaker #0
Et forcément l'amour maternel C'est quelque chose qui est extrêmement important pour moi J'ai été élevée par ma mère Donc c'est quelqu'un qui a été très très présente pour moi Elle a fait mon éducation Elle m'a amenée jusqu'au bout Par contre le jour où je lui ai dit que je voulais faire de la musique Elle était moins emballée
- Speaker #1
Ils ne sont jamais emballés quand on leur parle de choses comme ça, de culture.
- Speaker #0
Oui, il m'a dit, mais tu sais, la musique, ce n'est pas un métier, c'est un loisir.
- Speaker #1
Voilà,
- Speaker #0
c'est ça.
- Speaker #1
Elle a beaucoup entendu ce genre de choses. Je ne fais pas de musique, mais j'ai entendu ce genre de choses aussi.
- Speaker #0
Après, je peux comprendre quand on est une mère, qu'on aime ses enfants, qu'on a envie de les protéger. On a envie qu'ils soient, on va dire, d'une manière, dans des métiers le plus stable possible. Et c'est vrai que quand on dit, je veux faire de la musique, c'est tellement incertain. C'est des routes qui... Il n'y a aucune route qui n'est la même. Aucun artiste n'a eu le même parcours. Et quand on a des parents qui ne sont pas du tout issus du milieu, on se dit... Moi, ma mère, elle se dit, putain, j'ai ma gamine de 18 ans. Elle va aller voir des mecs. Non ! Tu n'y vas pas, en fait. Et du coup, j'ai une mère ultra protectrice. Et du coup, ça s'est senti aussi dans son amour. Et avec ma mère, c'était vraiment, pour le coup, de l'amour à la haine. Il n'y a qu'un pas, totalement. On avait en plus les mêmes caractères. On était... très autoritaire l'une et l'autre, donc pour s'écouter parler, c'était super. Mais ouais, totalement. Je la sens en tout cas partout, dans ce que j'écris, dans ce que je fais. Et puis comme je dis, j'espère qu'elle est fière.
- Speaker #1
Elle t'a inspirée sur certaines choses ?
- Speaker #0
Ouais, elle m'inspire dans ce côté... Ma mère, c'était quelqu'un qui voulait avoir une grande carrière professionnelle, mais des enfants. En étant une femme,
- Speaker #1
c'est plutôt compliqué du coup.
- Speaker #0
Ouais, et c'est surtout qu'elle avait un grand rêve, c'était comme disait la chanson. elle a voulu un bébé toute seule. Sauf qu'il y a eu mon père entre-temps. C'est bizarrement dit ça. Non, en fait, c'est par rapport à mon histoire, je ne pourrais pas développer parce que c'est extrêmement personnel pour le coup. Mais c'est vrai que ma mère avait beaucoup de place dans notre éducation. Et du coup, comme on dit, celle qui portait la culotte, je crois que c'est ça le terme d'aujourd'hui. Et comme elle prenait toute la place, pour moi, il y avait beaucoup d'elle. Et aujourd'hui, dans tout ce que je fais, C'est un exemple pour moi, elle n'est peut-être plus là, mais je me dis qu'elle était capable d'avoir une grande carrière professionnelle, d'élever ses enfants en même temps. Elle ne s'est jamais posée de limite et elle n'a jamais rien laissé être un obstacle et la freiner. Et ça, pour moi, c'est un vrai exemple.
- Speaker #1
Tu parles de maternité dans tes chansons ?
- Speaker #0
Totalement. Je parle de maternité dans une chanson particulière qui s'appelle « Aïe, je sais pas » , très clairement, je ne sais pas si je vais avoir des enfants. Et des fois, je me demande si c'est parce que j'ai perdu ma mère peut-être. trop tôt. C'est des questions qu'on se pose justement à un âge où on a 25 ans, 30 ans, et moi je l'ai perdu sur cette période un peu avant, donc finalement où je quittais un peu l'adolescence et je devenais une jeune adulte. Et puis comme j'ai passé le cap des 30 ans, forcément, tout ce qui est horloge biologique, les gens que je rencontre, quand je leur dis que j'ai pas d'enfant, forcément, ah bah va falloir penser à s'y mettre ! Et forcément, comme si c'était logique que c'était écrit sur le marbre que toute femme devait procréer. Sauf qu'on est dans un monde aujourd'hui où économiquement c'est difficile, où l'avenir on ne sait pas trop comment l'envisager, que ce soit en termes de réchauffement climatique, économique, social, il y a beaucoup de choses et moi je me dis est-ce qu'un enfant dans tout ça ce serait judicieux, est-ce que ce serait lui faire une fleur ? Je ne sais pas. Et moi-même en tant qu'individu, des fois quand je vois tout le travail que j'ai à faire, je me dis est-ce que je suis capable d'élever un enfant ? Je ne sais pas après quand... J'en parle, les gens me disent « Tu sais, puisqu'on est sûr que tu ferais une bonne mère, c'est justement parce que tu te poses ces questions. »
- Speaker #1
Et tu serais comment en tant que mère ?
- Speaker #0
Moi, des fois, je me dis avec le peu de patience que j'ai, c'est horrible ce que je vais dire. Je suis désolée, c'est moins de 16 ans. Mais je pense que moi, si j'ai des enfants, je les tue deux fois. Je vais tous les tuer. Les bébés retrouvés dans les congélateurs.
- Speaker #1
Parlons de Slenderman, du coup. Oui, voilà, tu représentes pour toi l'image de Slenderman.
- Speaker #0
Alors Slenderman, je l'ai écrit à un moment bien précis de ma vie, justement c'était pendant la Covid, en 2021 après le premier confinement.
- Speaker #1
Donc on dit la Covid.
- Speaker #0
Je crois que c'est la Covid, tout le monde dit le Covid mais c'est la Covid. Et c'était pendant le premier confinement, c'était assez compliqué pour moi, on était tous enfermés. Et moi j'avais développé limite un peu de la phobie sociale. Je me rappelle que je devais aller à la poste pour poster une lettre et il m'a fallu trois semaines pour me motiver. J'y arrivais pas. Et je me sentais dans une petite boîte toute noire, sans porte de sortie. Et je me disais mais qu'est-ce que je vais faire ? Et j'ai vu le Slenderman. Et la particularité des films d'horreur c'est qu'en général tu vois un monstre, tu pars en courant. Enfin c'est le but premier.
- Speaker #1
Non tu restes pas devant un monstre.
- Speaker #0
Tu sais que ta survie elle tient à ta fuite.
- Speaker #1
Même hors film d'horreur. Ah, je peux... Oui.
- Speaker #0
Oui, mais dans les films d'horreur, c'est souvent ça. Et là, pour le coup, le Slenderman, il y a une nana, en fait, dans le début de la série, on comprend vite qu'elle est désespérée, qu'elle vit dans une famille vachement dysfonctionnelle, qu'elle n'a pas beaucoup d'argent et que du coup, même pour penser à ses études plus tard, elle est condamnée à vivre dans son petit patelin paumé. Donc elle est tellement désespérée qu'elle dit, moi je rêverais de faire invoquer le Slenderman et qu'il vienne me chercher. Et je me dis, mais elle est ch'tard, celle-là ! Et je me suis dit, mais ça me parle tellement meuf ! Alors, ouais, on ne sait pas en fait. peut-être qu'il est mieux son monde. Le seul truc, c'est que dont on revient jamais, donc personne peut venir en reparler. Et en fait, c'est un sentiment, c'est un film qui m'a beaucoup parlé, et je me suis dit vas-y, j'écris dessus, et je me suis mise en fait à la place de cette nana, et je me suis dit, bah viens, avoue qu'on le slenderman.
- Speaker #1
T'aimes bien dire le mot « jeterbé » .
- Speaker #0
Ouais. Et en fait, je me considère un peu comme ça, c'est mon petit côté Marseillais, je pense. Parce que j'ai vécu quelques années à Marseille, et là j'ai ma soeur qui est montée, donc elle arrive, Là, ça y est, j'ai tout le langage marseillais qui revient. je me considère un peu comme folle comme je dis j'ai beaucoup d'identité j'en ai 22 pour préciser je fais ma petite vie à mettre des cartes en même temps c'est pour ça que tu t'arrêtes de parler j'ai remis le roi bleu qu'on avait tout à l'heure parce que tu parles de Marseille alors on
- Speaker #1
va retourner sur le roi bleu ok alors je pars finalement on aura retourné beaucoup de cartes plutôt le Bami Guyanais au poulet ou la bouillabaisse franchement je reste sur le Bami Guyanais
- Speaker #0
Parce que j'adore le bami. Ça me fait délire en plus que tu aies sorti le bami. Le bami, j'en ai parlé il y a deux mois avec ma meilleure amie. Parce que sa mère, elle en fait justement. Elle a appris là-bas. Et c'était peut-être le plat que je consommais le plus en Guyane, le bami. C'est tellement bon. La bouillabaisse, c'est bon.
- Speaker #1
Je ne sais pas, mais j'ai vu ça sur internet. C'est tellement bon.
- Speaker #0
C'est grave bon. La bouillabaisse, si j'aime bien. Mais le problème de la bouillabaisse, c'est qu'il y en a beaucoup qui sont des fausses. C'est de la soupe de poisson. Mais je sais où manger des bonnes.
- Speaker #1
Ah bon ? Ouais.
- Speaker #0
C'est où ? Il y a l'intercontinental où c'est vraiment pas mal. Après, il faut savoir, une bonne bouillabaisse, c'est entre 50 et 60 euros. Mais parce que là, t'as du vrai poisson, quoi. C'est le poisson qui est pêché le matin. D'accord. Donc voilà.
- Speaker #1
C'était les conseils cuisine.
- Speaker #0
Ouais. Bon, après, c'est pour deux. 50 balles pour deux. Ça reste raisonnable pour du poisson frais.
- Speaker #1
25 euros ça va ça passe On va retourner. C'est parti. Mais on peut rester sur la cuisine, il n'y a pas de problème.
- Speaker #0
Moi je fais tout.
- Speaker #1
On va partir sur l'as. Du coup, l'as bleu, le rouge ou le joker, toujours un cake.
- Speaker #0
Je préfère partir sur l'as de trèfle. Ouais ? Ouais.
- Speaker #1
Eh ben allez, on y va.
- Speaker #0
Avec son petit masque là.
- Speaker #1
Le rouge, toujours.
- Speaker #0
Toujours.
- Speaker #1
Parce que là, on laissera le bleu cette fois.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a un film qui pourrait fusionner avec ta musique ? Bah moi j'ai envie de... de te dire The Substance.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Je l'ai écrite, cette chanson Pretty Girls Are A Smile, très clairement après avoir vu le film.
- Speaker #1
Il est récent en plus celui-là.
- Speaker #0
Ouais, il est de l'année dernière. Et moi je me suis dit, ça passerait crème sur des inserts, des synchros du film. Je trouve que c'est ce que je trouve un peu fou avec les gens avec qui je bosse, François-Eliam de mon label Intense, c'est qu'ils arrivent à... capter un peu... Enfin, je leur parle d'un film, je leur parle de mes idées et ils arrivent à retranscrire ce que j'ai envie d'entendre. Parce que j'ai pas forcément le langage toujours qu'il faut. Alors je fais écouter des trucs, j'essaye d'écrire au maximum mais des fois, j'ai pas les bons termes, quoi. Et je trouve ça assez fascinant qu'on arrive à la fin à... Ils ont même pas vu le film à la base avant moi. Et à la fin, ça donne ça, quoi. Pretty Girls, The Red Smiles et... Cette chanson, je l'entends très bien, même en BO, pour ces grosses prétentieuses, mais je l'entends bien à la fin du film.
- Speaker #1
Et tu te mettrais dans la peau de... Alors c'est Démimour dans le film ?
- Speaker #0
Alors Démimour, c'est en fait celle qui tège d'une certaine manière, et avec Sue qui sort de son corps.
- Speaker #1
C'est ça. Parce que c'est un peu bizarre comme film quand même.
- Speaker #0
Moi je me reconnais totalement dans Démimour, le discours. J'ai pas son âge, mais en tout cas... La façon dont elle est perçue et ce que les gens racontent, c'est déjà ce qu'on peut ressentir à partir de la trentaine. On est perçu et encore, maintenant je trouve qu'on évolue beaucoup parce qu'il y a de plus en plus d'artistes féminines qui percent ou qui arrivent à s'installer à 30 ans passés. Et du coup ça donne plus de recul je trouve sur ce côté où il faut absolument prendre les filles jeunes pour se lancer dans le métier. Je trouve que ça, ça évolue. Donc ça c'est cool. Après, c'est vrai que c'est quand même... Des notions qui sont installées depuis des années, des années, des années, et on ne peut pas tout déconstruire rapidement comme ça, mais on arrive à prendre un peu de recul.
- Speaker #1
Mais par rapport à ça, l'âge te fait peur ?
- Speaker #0
Oui, j'ai très peur de vieillir. Déjà, à 30 ans, moi, je fais toujours un parallèle, mais ma mère m'a eu à 30 ans, 31, donc forcément, je crois que quand on arrive à l'âge des parents, enfin où on est né, il y a la question qui se pose. Et le fait de vieillir, ben oui... J'ai pas envie de vieillir parce que vieillir pour moi c'est aussi synonyme de maladie. Dans ma famille j'ai pas la chance d'avoir des personnes qui ont vieilli autour de moi. J'ai perdu ma mère, j'ai perdu ma soeur, j'ai perdu mes grands-parents, tous de maladie avant la soixantaine. Donc par moments je me dis, moi en tout cas vieillir s'associe à la mort. Donc c'est quelque chose qui me fait très peur. Et puis ouais, j'évolue dans un métier où forcément mon apparence est extrêmement importante et ça me fait toujours peur de me dire est-ce que si je suis vieille les gens vont juste arrêter à ça. Est-ce qu'elle est pas trop vieille pour faire de la musique, ce genre de phrase à la con ?
- Speaker #1
Et comme dans le film The Substance, tu commanderais la seringue ? Ou tu irais pas jusque là, peut-être ?
- Speaker #0
En vrai, elle sait pas dans quoi elle s'embarque. Et le produit, au début, on lui vend du rêve. C'est un peu comme elle a pas lu les petites lignes en rouge, mais on lui a pas trop donné. On lui dit juste, vous faites qu'un. Et en fait, c'est ça qu'elle a oublié, qu'elle faisait qu'un. Mais en vrai, si je ne connaissais pas toute la trame qu'il y a derrière, je me dirais pourquoi pas ? Ça donne envie. Mais quand on sait tout ce qui se passe, je dirais non. Non. Mais après, il y a tout un... Moi, j'avais essayé d'analyser pourquoi elle s'affronte alors qu'il le dit, vous ne faites qu'un. Mais en fait, la nana, elle rêve tellement de succès, de revenir dans le succès. Elle est tellement nostalgique de sa beauté que forcément l'extension qu'elle va créer d'elle-même va être obsédée par le succès et sa propre beauté. Donc en fait, elle voulait retrouver quelque chose, mais qui va créer son propre affrontement. Donc c'est ça que je trouvais fou dans cette histoire. C'est pour ça que j'aime bien les films aussi, des fois, qui font réfléchir. Il y a plusieurs lectures à avoir, où on ne s'arrête pas juste au fait que c'est un film qui parle du fait que ce n'est pas bien de vieillir. C'est ça, plus loin.
- Speaker #1
C'est résumer le film en une phrase.
- Speaker #0
Oui, c'est aujourd'hui, quand je pense que les gens ne comprennent pas trop, ils font vite des raccourcis.
- Speaker #1
On va un petit coup sur le Joker, quand même. Parce qu'on va pas tarder à arriver au bout donc il va falloir qu'on aille sur le joker quand même
- Speaker #0
Semblant ou pas semblant ? C'est à dire ?
- Speaker #1
On va jouer un petit peu Je vais te dire 3 affirmations et tu vas me dire si c'est semblant ou pas semblant Il faudra développer un peu derrière quand même Faut pas juste me dire semblant ou pas semblant Si je te dis la vie est trop dégueulasse
- Speaker #0
Pas semblant en vrai Non je dirais pas semblant Et puis moi mon père il m'avait dit cette phrase je pense que tout le monde connait mais quand il m'écoutait parler Merci. Il me disait des fois, tu sais ma fille, la vie c'est une belle tartine de merde et on en mange tous les jours. C'est joliment dit. Cette phrase elle est super et quand il me l'a dit j'ai fait mais papa c'est tellement vrai ce que tu racontes. Et ouais, comme je te l'ai dit, je suis une fille qui est très torturée, très sensible, donc il y a des choses qui ne touchent pas grand monde mais moi ça me touchait en plein coeur, je me pose beaucoup de questions, je suis toujours dans l'analyse, et pourquoi il a dit ça, et pourquoi il pense comme ça, et pourquoi il m'aime pas, et du coup bah... Bah ouais, à la fin, ça fait que tu te prends beaucoup la tête et les gens disent « Wow, mais détends-toi en fait, t'as un petit nuage au-dessus de la tête ! » Oui, totalement. Et ma mère m'appelait son petit Calimero, donc tu vois, c'est vraiment...
- Speaker #1
Tiens, en parlant de Calimero aussi, je t'ai dit le sourire.
- Speaker #0
Le sourire ?
- Speaker #1
Semblant ou pas semblant ?
- Speaker #0
Il y a du sang blanc, il y a du pâtisserie. semblant. Je suis quelqu'un, comme je te dis, je ressens vraiment les choses quand c'est un éclat de rire, que c'est une émotion qui m'a traversé, c'est très naturel. Et puis il y a le sourire des jours où c'est un peu lourd, mais qu'il faut quand même garder le sourire parce que les personnes qui sont en face de toi, ils n'ont rien demandé finalement. C'est pas parce que tu as passé une journée de merde que tu dois le faire ressentir à tout le monde. Donc ça c'est un truc que j'ai compris en bossant dans le commerce à un moment de ma vie. Voilà quoi, les clients qui viennent te voir, ils sont pas obligés de connaître toute ta vie. Et puis je trouve que c'est... C'est aussi cultiver une part de mystère et les gens, au moins, ils gardent toujours une belle image de toi.
- Speaker #1
Et pour la troisième affirmation, je te dis, allez sur Tinder. Semblant ou pas semblant ? Toujours en rapport avec...
- Speaker #0
J'étais pas sur Tinder, moi j'étais sur adoptermec.com.
- Speaker #1
C'est pas pareil,
- Speaker #0
mais à peu près quand même. En fait, c'est surtout que c'est pas arrivé au même âge, genre adoptermec.com, c'était genre quand j'avais 18 piges. Tinder Terreur, c'est arrivé, j'avais déjà 26 piges. Donc je vais pas mentir,
- Speaker #1
j'étais déjà... Tinder Terreur, du coup.
- Speaker #0
J'ai choisi Tinder parce que c'est plus actuel. Et je trouvais que le Tinder Terreur, ça matche vachement bien.
- Speaker #1
La chanson était bizarre si t'aurais dit « Adopte un mec Terreur » .
- Speaker #0
Je sais même pas si ça existe encore.
- Speaker #1
Je sais pas.
- Speaker #0
J'en entends plus parler, moi. Je suis même pas sûre que l'appli existe encore. Et même Tinder, j'ai des potes, j'ai des copines. Tout de suite, c'est « Ah, j'ai matché sur Tinder » . C'est tellement courant, le matching Tinder, tout ça. Donc je me suis dit, encore une fois, il faut vivre avec son temps.
- Speaker #1
Voilà pour les trois affirmations.
- Speaker #0
C'est parfait, c'était très bien.
- Speaker #1
Et tiens, tu as un concert qui arrive jeudi.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Tu vas transposer comment ton univers sur scène ?
- Speaker #0
Parce que tu as un univers,
- Speaker #1
comme on le dit, particulier depuis tout à l'heure. Comment il va être ?
- Speaker #0
Déjà, mes musiciens apportent une très très grosse énergie. Donc ça, c'est sûr que sans eux, ça ne rendrait pas la même. Et moi, scéniquement parlant, je pars du principe que ma musique va passer à travers ce que je vais chanter. mais aussi à travers ma propre personne, ce que je vais dégager, mes mouvements, ce que je vais dire. Et en fait, c'est tout ça. Je suis quelqu'un qui aime beaucoup tout ce qui est théâtral, donc forcément, je m'exprime avec mes dégestes, je fais des blagounettes. Je reste dans mon énergie, en fait, toujours de meuf un peu dark, mais drôle aussi en même temps. Mais ouais, sur scène, en fait, ça va être l'album, mais en deux voix plus puissantes, parce que c'est de la scène, parce que... On envoie du pâté, je retourne aussi sur des anciens titres. On a retravaillé d'anciens titres qui font partie de mon histoire. Donc je trouvais ça cool.
- Speaker #1
Tu le vois puissant l'album ? Tu dis là, Source Reine sera encore plus puissant. Du coup c'est que l'album est puissant déjà.
- Speaker #0
Pour moi, c'est ce que je me suis toujours dit, je ne sais pas ce que la vie me réserve, mais si ça devait s'arrêter demain, je pars la tête haute. Je pars avec quelque chose dont je suis extrêmement fière. Et c'est ça qui me fait peur quand je te dis que je ne sais pas si je suis capable de faire autre chose, je ne sais pas si je suis capable de faire mieux.
- Speaker #1
C'est une belle surprise cet album, je suis d'accord. J'avoue.
- Speaker #0
Merci, c'est gentil.
- Speaker #1
Et on va passer à la dernière carte. Que je te donne juste là, c'est tous les personnages réunis sur cette carte. La carte pour clôturer, voilà, c'est ça.
- Speaker #0
Peux-tu faire un bilan de toi du passé et que dirais-tu à toi du futur ? Alors dans le passé, je dirais que j'étais quelqu'un qui ne savait pas vraiment où elle allait. En même temps, j'étais jeune, je suis arrivée dans un métier que je ne connaissais pas. Je dirais aussi que j'avais un gros manque de confiance en moi, donc forcément je n'osais pas me positionner. J'étais parfois amenée à faire des choses, je n'ai jamais fait des choses que je regrette. Mais j'étais moins en mesure de défendre ce que je voulais et puis je n'étais peut-être pas sûre aussi de ce que je voulais, aussi à l'époque. Donc je pense que c'est ça, on va dire que j'étais un peu dans un... Même si là tu vois je dis que l'avenir je ne sais pas trop, en tout cas au jour d'aujourd'hui j'ai l'impression que je mène ma barque. que avant je sais pas trop où j'allais. Donc c'est ça ce que je dirais de mon bilan du passé. J'ai l'impression d'avoir un peu laissé des bagages un peu trop lourds aussi et d'avoir réussi à faire corps avec le personnage que je suis. Par moments aussi j'avais l'impression que mon costume était un peu trop grand et là j'ai l'impression qu'il me va parfaitement quoi, à merveille. Donc c'est ce que je dirais à ma moi du futur. Fais-toi confiance, bosse et défonce tout.
- Speaker #1
Et le costume il est comment ?
- Speaker #0
Là mon costume sur scène je vais avoir un petit haut avec des manches bouffantes un peu en mode chapelier fou dans Alice au pays des merveilles avec une couleur bien violette tu vois en mode Scooby-Doo Daphné De la couleur C'est ça Et pour le bas je pensais à une jupe noire vinyle avec une fermeture éclair qui passe en plein milieu Beaucoup dans le look et la mode Ouais j'adore la mode J'adore la mode et pour moi j'ai vraiment l'impression que La mode, finalement, et la musique, c'est de l'art. Et c'est associé. Et que ma musique se lie aussi sur mon personnage et ce que je dégage. Et d'où le violet, c'est très pop. Donc ça fait très Andy Warhol. Enfin, très mes rêves, quoi.
- Speaker #1
On va terminer sur ce très pop.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #1
Comme tu viens de le faire.
- Speaker #0
C'est parfait.
- Speaker #1
Merci beaucoup,
- Speaker #0
June. Merci à toi.
- Speaker #1
Et on va streamer à fond cet album. Streamer à fond. Voilà, c'est ça.