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Champions du digital

16. Allison Pineau - "La chance, c'est le résultat de tous les efforts"

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47min |19/04/2024
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Description

Dans cet épisode, Allison Pineau, élue meilleure joueuse de handball au monde en 2009, médaillée d'or aux Jeux Olympiques de Tokyo et médaillée d'argent aux Jeux de Rio, nous parle de son objectif de participer aux Jeux de Paris 2024 avant de prendre sa retraite sportive.


Je l'ai rencontrée il y a quelques semaines à Paris dans le cadre de la sortie de son autobiographie aux éditions Les Sportives, ALLI, Histoires(s) d'une championne


Au programme de cet épisode :

  • Des Jeux Olympiques à la sortie d'une autobiographie

  • Trouver le succès à travers l'échec : comment devenir une championne

  • Comment donner plus de place aux femmes dans le monde du sport et dans la société

  • L'évolution de la médiatisation du sport féminin

  • Sa reconversion : comment passer du sport à la finance

  • Les leçons tirées d'une expérience à l'international


Ressources de l’épisode : 



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Transcription

  • Speaker #0

    Nous, les sport-co, on est un peu dans la machine à la vue, on est sans cesse. On est rentrés de Tokyo, une semaine après, moi je devais retourner dans mon club. Aujourd'hui, j'ai deux médailles olympiques, j'en ai une en argent et une en or. Que si tu ne te faisais pas connaître et tu ne faisais pas parler de tes succès, les gens, ils oublient. Et savoir qu'elle voulait lancer sa maison d'édition avec moi, avec ce bouquin en premier, c'était un message fort. Moi, je suis très attachée aux sports féminins. Je me bats pour ça depuis plusieurs années. En 2008, mon délire, mon rêve, c'était de prendre une photo avec Michael Phelps. Quand tu fais ce que tu as toujours fait, tu as l'illustration que tu as toujours obtenue.

  • Speaker #1

    Hello, c'est Vanessa, créatrice de contenu dans le sport depuis 7 ans sous le pseudo champion du digital. Sur mes réseaux, vous retrouverez des interviews inspirantes d'athlètes de haut niveau, des insights dans les coulisses des plus grands événements sportifs et des conseils pour faire carrière dans l'industrie du sport. Sur ce podcast, j'alterne entre des interviews inspirantes de sportives et sportives de haut niveau et des décryptages avec des professionnels pour répondre à des problématiques concrètes autour de l'industrie du sport et du marketing. Que vous soyez étudiant. athlète, professionnel de l'industrie du sport ou du digital, ce podcast est fait pour vous. Ça fait plus de 7 ans que j'accompagne tous les acteurs du monde du sport qui veulent se rendre visibles sur les réseaux. L'année dernière, j'ai fait plusieurs millions de vues sur TikTok et Insta grâce à des vidéos verticales impactantes. Si vous avez un projet autour du sport dans les semaines à venir, écrivez-moi sur LinkedIn ou par mail et on en discute. Bonne écoute ! Dans cet épisode, je pars à la rencontre d'Alison Pinault. Une grande championne française de handball. On a échangé sur son parcours, ses médailles, ses souvenirs autour des Jeux, mais aussi sa préparation pour les Jeux de Paris 2024. J'ai échangé avec Alison au mois de décembre dernier, à l'occasion de la sortie de son livre Ali, histoire d'une championne où elle parle de son parcours, de ses obstacles, mais aussi de sa résilience. Juste avant de commencer, on parlait du PSG et du fait que tu commandes des matchs depuis pas longtemps. Est-ce que tu pourrais nous parler de ça ? Comment ça s'est passé ? Et comment tu en es arrivée là ?

  • Speaker #0

    Tout simplement pour mon amour du PSG. Je vais souvent au parc quand j'ai la possibilité. Et puis, il y a eu vent de ça. Elle m'a invitée justement sur l'émission 100% PSG, quelques mois. Et du coup, on a commencé à parler de fil en aiguille. Et elle m'a rappelé pour une autre émission au sujet de mon bouquin. Et elle m'a dit, il faut vraiment que tu viennes un soir avec nous. Commenter un match, ça va être super. Elle m'a invitée. J'ai sauté sur l'opportunité, je regarde le calendrier et je dis il y a Dortmund-PSG, MJ ? Ouais, banco, MJ, ouais, carrément et tout, pas de soucis, avec plaisir, on t'accueillera avec l'équipe. Et ça s'est fait comme ça, tout simplement. Du coup, mercredi soir, je me retrouve avec toute l'équipe, Rico, les invités, Pia, Miguel, et on se fait le game. C'était une superbe... C'est une super belle expérience parce que j'apporte une dimension un peu différente d'eux. Je suis toujours athlète, je suis toujours en activité et j'apporte finalement le ressenti de l'athlète, des joueurs, ce côté un peu pur terrain qu'ils n'ont pas et qu'ils ont qu'à travers des joueurs. C'était fabuleux, il y a eu un gros débat justement sur cette fin de match où il y a eu plutôt Enrique qui demandait une gestion et de l'autre côté tu avais Kylian qui lui voulait essayer de marquer, de pousser et donc il y a eu un gros débat, moi je disais ils ont raison, on ne va pas prendre de risques, on sentait qu'on était sur le fil du rasoir, que c'était un peu tendu et que peut-être on allait prendre un but en contre. donc il fallait aussi penser à ça il y avait l'équipe qui était là on est le PSG on peut pas faire ça on doit tout faire pour marquer on est prêts à tout à quel prix c'était un beau moment c'est surtout que toi t'as la vision qu'un journaliste qui n'a jamais été sportif ou sportif de haut niveau n'aura jamais,

  • Speaker #1

    c'est la vision du terrain donc c'est clair que c'est intéressant d'avoir cette vision là et puis cette empathie aussi que t'as en tant qu'athlète de haut niveau qui n'aurait pas forcément Un journaliste qui n'a pas expérimenté le terrain. Évidemment, tu as Paris 2024 dans le visage, les jeux à la maison. Qu'est-ce que ça a de particulier les Jeux Olympiques par rapport à d'autres compétitions, comme un mondial par exemple ? Et en quoi justement l'expérience est importante sur une compétition comme les Jeux Olympiques ?

  • Speaker #0

    Simplement, les Jeux c'est la planète. C'est ce qui différencie du monde, c'est qu'on se retrouve tous pendant deux semaines à un endroit, on est enfermés et on vit des émotions extraordinaires. Pour aller plus loin, les Jeux c'est l'universalité. Et tu te retrouves avec des gens que tu suis peut-être pendant l'année, tu suis les exploits sportifs. Je repense à quand je revois Michael Phelps en 2008, en 2007, tous les jeux. Moi, je suis une grande fan de Michael Phelps. Et donc, c'est tout ça en fait, les jeux, c'est de voir tous ces gens que tu vois performer. Je repense à Nadal, à Joko. Je pourrais en citer plein. Je me rappelle du Seinbold aussi au village, Asafa Powell, Jason Blake. Enfin, je pourrais te... Voilà. Frazer aussi, c'est tout ça. C'est vraiment ça les Jeux. Ça dépasse vraiment un mondial et un euro parce que déjà, ça se passe tous les quatre ans. Donc c'est une particularité, c'est pour dire à quel point c'est difficile d'aller aux Jeux. Il faut te qualifier, quand tu arrives là-bas, il faut prendre la dimension de l'événement, de ce moment particulier, il faut performer et après peut-être prétendre à une médaille. Donc c'est vraiment complexe les Jeux. Une compétition tellement spéciale, tu te prends à regarder des disciplines que finalement tu ne connaissais même peut-être pas ou que tu n'aurais jamais regardé si ce n'était pas les Jeux. Et c'est ça les Jeux, c'est se prendre goût à des disciplines auxquelles on ne parle pas, où on ne prête pas attention et c'est assez fabuleux. Et puis de voir tous ces pays du monde, toutes ces nations. Des fois tu vois la Série des Vertus, il y en a qui sont trois athlètes pour représenter leur pays. Et c'est ça qui est fabuleux, c'est ça les Jeux. C'est la représentation de toute cette population mondiale.

  • Speaker #1

    Et puis à la différence d'un mondial par exemple, qui est limité à un seul et unique sport, les Jeux c'est le moment où tu vas croiser des athlètes de toutes les disciplines. Et ce qui vous relie notamment, c'est le village olympique où se croisent tous les athlètes. Est-ce que tu aurais une anecdote qui te vient ? Tu parlais tout à l'heure de Usain Bolt ou d'autres athlètes que tu aurais rencontrés, des athlètes qui t'inspirent par exemple.

  • Speaker #0

    En 2008, mon délire, mon rêve, c'était de prendre une photo avec Michael Phelps. Parce que je le suivais déjà depuis quelques temps et je savais qu'il venait à Pékin pour battre le record de Mark Spitz. C'était ouf ! C'était ouf ! Et de se dire qu'il a réussi à le faire et je l'ai vu au self. et j'ai sauté sur l'occasion directe parce que certes il était connu mais pas encore il avait pas pris cette dimension j'ai sauté sur l'opportunité j'ai vu ma photo avec Michael Phelps j'ai vu Maradona aussi enfin que

  • Speaker #1

    des trucs du genre tu te dis je suis où mais c'est ça les jeux On va parler des Jeux de Tokyo un grand moment pour vous puisque vous gagnez la médaille d'or Quel est le premier souvenir qui te vient quand je te dis Jeux Olympiques de Tokyo ?

  • Speaker #0

    Délivrance, consécration, c'est le truc auquel je pense. Extraordinaire, extraordinaire de se dire qu'enfin on a réussi à le faire, qu'on a réussi à décrocher ce titre, à décrocher cette médaille d'or, après la déception de Rio. En tout cas, moi ça a été une déception personnelle parce qu'on n'a pas réussi à accrocher le titre et que certes, je suis d'accord, j'ai la chance d'avoir une médaille. médaille olympique en argent à Rio mais malgré tout il y a cette frustration avant les Jeux de Tokyo de se dire qu'on n'avait pas réussi et puis on ne sait jamais quand est-ce que l'opportunité va se représenter donc il y avait ça et aujourd'hui j'ai deux médailles olympiques,

  • Speaker #1

    j'en ai une en argent et une en or donc je suis entre guillemets comblée J'ai écouté récemment un épisode de podcast sur le podcast Championne du Monde dédicace à elle d'ailleurs si elle nous écoute et c'était un épisode avec Madeleine Malonga qui a participé aux Jeux Olympiques, qui a remporté les Jeux, et qui est en équipe de France de judo, et qui expliquait qu'elle n'a pas forcément le temps de savourer entre chaque jeu, entre chaque grande compétition, et que c'est déjà la next step. Est-ce que toi, tu prends le temps de savourer chaque victoire sur les grandes compétitions, et est-ce que tu arrives à avoir le recul de te dire waouh ? Voilà ce que j'ai fait, prendre le recul, de voir que c'est vraiment un exploit en fait, ou est-ce que tu es déjà dans la next step ?

  • Speaker #0

    C'est idem. Nous les sport-co, on est un peu dans la machine à la vie, on est rentrés de Tokyo, une semaine après je devais retourner dans mon club pour la reprise, et c'est vrai qu'on n'a pas le temps de prendre le temps finalement de savourer. Nos performances, nos exploits, des fois c'est frustrant parce que ça nous empêche finalement de réaliser la grandeur de ce qu'on a réalisé entre guillemets et de prendre le temps et de savourer avec les gens, de dire ouais on a réussi à le faire et de profiter entre guillemets de ce moment d'extase parce que c'est tous les quatre ans donc ça n'arrive pas tout le temps et c'est quand même particulier donc c'est vrai que c'est complexe de se dire et... J'ai fini et finalement, il faut déjà que je me projette sur la prochaine échéance. La prochaine échéance, c'est le club. Et puis après, surtout une compétition qui arrive quatre mois pour nous, l'Anbal, avec le Mondial du Co-op après les Jeux de Tokyo.

  • Speaker #1

    Si on est là aujourd'hui, c'est aussi pour parler de ton livre, de ta biographie, Ali, histoire d'une championne. que tu as coécrit avec Mejdaline et qui sort aux éditions Les Sportives. Comment est né ce projet ? Est-ce que tu peux nous en parler ? Et à noter que cet ouvrage sort aux éditions Les Sportives. C'est le premier ouvrage de la maison des éditions qui a été créé et fondé par Aurélie Bresson, qui a le média Les Sportives. Donc j'imagine que c'est aussi un choix de passer par les sportifs pour sortir cet ouvrage. Et comment ça s'est passé ? Comment s'est passé le processus d'écriture ? Parce que j'imagine que c'est un exercice vraiment particulier.

  • Speaker #0

    Le projet m'a été proposé il y a deux ans à peu près. J'avais eu cette opportunité quelques années auparavant, mais je n'avais pas donné suite parce que je pense que ce n'était pas le bon moment pour moi. Je ne sentais pas le réel feeling. Et là, ça a été immédiat avec Aurélie, parce que le projet me parlait, intérieurement, ça me parlait. Vraiment parce que déjà c'est Aurélie Bresson, c'est une femme qui se bat pour la place de la femme dans le sport, le sport féminin. Et savoir qu'elle voulait lancer sa maison d'édition avec moi, avec ce bouquin en premier, c'était un message fort. On est en adéquation sur les valeurs et finalement sur ce qui nous motive. Donc le choix a été simple et assez rapide de répondre positivement à ce projet d'autobiographie. Ça s'est très bien passé avec Mej, on s'est vus beaucoup de fois, on a fait beaucoup d'entretiens, on a passé beaucoup de temps, on a beaucoup échangé. Le travail d'introspection, c'est un art qui est assez complexe et qui est difficile parce que ça remue beaucoup de choses, il y a beaucoup d'émotions qu'on doit exprimer, qu'on doit essayer de transmettre à la plume qui va écrire. Donc, ce n'est pas simple, honnêtement. Ça a fait remonter beaucoup de souvenirs, des moins bons et des plus heureux, bien sûr. Mais aujourd'hui, je pense que je suis très apaisée d'avoir réussi à le faire.

  • Speaker #1

    Cette biographie parle évidemment du fait que tu es une athlète de haut niveau, championne, tu as gagné de nombreux titres. On en parlait tout à l'heure, mais du coup, moi, je suis partie aux États-Unis pendant cinq semaines récemment. Et donc, c'était un programme leadership et sport. Et on avait... La responsable du programme, c'était une ancienne coach de basket qui nous disait tout le temps Le sport, c'est ce que tu fais parce que tu es Est-ce que ça t'inspire quelque chose, cette phrase ? Qu'est-ce que t'en penses, toi ?

  • Speaker #0

    C'est assez marrant parce que... Alors, ça résonne. Mais en même temps je trouve ça un peu détaché parce que moi je trouve que finalement le sport c'est ce que tu es. Parce que de la manière dont tu es dans ta vie en dehors c'est aussi comment tu retranscris ça dans ton sport. Et donc je ne sais pas trop comment le prendre. Peut-être que la manière dont je l'interprète, c'est ce que tu fais dans le sport, ça peut être un exutoire du coup. Tu peux être quelqu'un en dehors, mais tu peux être aussi quelqu'un d'autre sur le terrain. Moi, je l'interprète plutôt de cette manière, c'est comme ça que je le vois. Mais malgré tout, tu emmènes qui tu es sur un terrain. Mais c'est vrai que j'ai appris ça tout au long de ma carrière, c'est que je le vois avec les coachs et avec certaines joueuses. C'est que des fois... T'as des coachs, ils sont super humains, ils sont super bien en dehors, et dès qu'ils mettent le pied sur le parquet, ils se transforment. Franchement, c'est assez bizarre, mais t'as l'impression qu'ils rentrent dans une bulle où c'est leur cocon, leur position, leur zone de confort, et c'est comme ça qu'ils fonctionnent. Et s'ils amènent un peu cette haute partie d'eux avec, ça ne fonctionne pas, ça ne marche pas. Et c'est vrai que c'est assez paradoxal.

  • Speaker #1

    mais pour moi je pense que je suis la même personne en dehors et sur le terrain je comprends ce que tu veux dire par exemple si t'as un échec ou si t'as une défaite au final tu l'emmènes avec toi en dehors du terrain et même si ça va impacter ta personne la défaite elle correspond à la défaite pas de la personne mais la défaite de la sportive et des fois on a tendance à à ne pas faire la différence. Moi, je le vois, par exemple, je pense à un truc, mais ça n'a peut-être rien à voir, mais en tant que créatrice de contenu, par exemple, je vais faire une vidéo et en fait, si la vidéo ne marche pas pour X ou Y raisons, peut-être que ce n'était pas au bon moment, peut-être qu'il y avait une erreur dans la caption ou quoi que ce soit, peut-être que je vais la reposter plus tard, elle va fonctionner, mais si elle ne marche pas à ce moment où je la poste, je vais me dire... Peut-être que je vais avoir tendance à me dire que c'est moi qui suis nulle, parce que ce que j'ai fait, c'est nul, ça ne marche pas. Alors qu'en fait... La personne qui crée les vidéos, c'est la personne qui crée les vidéos et il y a un humain derrière. Des fois, on a tendance à ne plus faire la différence et ça devient compliqué.

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Mais je trouve que c'est important du coup parce que finalement, ça veut dire que ça te touche, ça veut dire que ça t'affecte parce que tu y mets ton cœur, tu y mets toute ton énergie. Je trouve ça compliqué de dire... Moi, en tout cas, c'est comme ça que je le vis. Je veux dire, demain, il se passe quelque chose dans ton taf, tu as une situation qui n'est pas... confortable, où tu t'entends pas avec ton boss, avec ton manager, c'est quelque chose que... paradoxalement t'emmènes aussi chez toi parce que c'est ton quotidien, c'est ce que tu fais tous les jours quand tu te lèves, c'est ta raison d'être donc c'est logique et donc c'est un peu pareil dans le sport et ce qui est sûr c'est qu'on aura toujours des échecs, il y aura des réussites on essaie de minimiser les échecs mais malgré tout c'est aussi ce qui nous permet de nous remettre en question ces échecs et peut-être aussi de nous amener à nous poser des questions de manière différente Alors justement,

  • Speaker #1

    est-ce qu'il faut beaucoup échouer ? pour beaucoup réussir.

  • Speaker #0

    Il y en a qui aiment dire oui, il y en a qui aiment dire non. Je ne suis pas... Ce qui est clair, c'est qu'il faut avoir des échecs. On essaie de les minimiser. On essaie d'en avoir le moins possible. Je pense que plus il y a de la répétition, plus on arrive à magnifier ce qu'on fait. C'est logique, plus tu répètes un mouvement que tu prends l'habitude de faire plusieurs fois et plus tu t'améliores à le faire, plus tu es plus rapide, plus efficace, tu trouves finalement d'autres shortcuts pour le faire plus rapidement, pour l'améliorer. Je pense qu'il faut avoir des échecs, c'est clair et net. Après, le but, ce n'est pas de toucher le fond non plus. Mais je sais qu'il y a des gens qui fonctionnent comme ça et surtout, il y en a qui ont moins de talent. Et ces gens-là, en général, quand ils ont moins de talent, ils ont besoin d'échouer beaucoup de fois parce qu'ils ont besoin d'avoir un certain temps pour assimiler des choses. Et donc, c'est ce qui fait qu'il y a beaucoup d'échecs avant qu'ils réussissent. Et je pense que c'est de cette manière que je le vois. C'est que tu as des gens qui ont une facilité dans la vie pour faire des choses, peu importe ce à quoi ils touchent, ils ont une aisance, une facilité. Et tu as des gens... Si je retranquais ça un peu dans le sport, il y a des gens qui ne sont pas doués, mais c'est par leur force de travail qu'ils arrivent à leur but. Et moi, c'est comme ça que je vois que tu as des gens qui ont besoin de beaucoup d'échecs justement pour atteindre leurs objectifs.

  • Speaker #1

    Tu fais des études à côté, en parallèle à l'EDEC, en finance. Pourquoi c'était important pour toi de continuer ou de reprendre tes études ?

  • Speaker #0

    Alors moi, c'était indéniablement, je m'étais promis. Puis j'allais reprendre mes études après ma carrière, je m'étais promis ça quand j'ai décidé d'arrêter après le bac. J'avais commencé un cursus et après j'ai arrêté parce que je voulais me consacrer complètement à ma carrière. Et j'ai dit, tu te promets de reprendre tes études quand tu vas décider d'arrêter, parce qu'il faut que tu aies un bagage, il faut que tu aies une certaine légitimité. Et puis le temps est passé, passé, passé, et puis il y a eu quelques blessures, et tout de suite, même si tu as un moment dans ta carrière où ça se passe très bien pour toi, la réalité te rattrape rapidement. Et donc moi comme c'était une promesse que je m'étais faite, j'ai dit je vais reprendre mes études et j'ai fait l'EDEC parce que c'est une super business school et moi que je veux me spécialiser du coup en finance. Et l'EDEC fait partie des meilleures écoles dans ce domaine là, donc ils font partie du top 5. Donc il y a quelques années ils étaient dans le top 3, ils étaient même deuxième position. Donc voilà et puis surtout il y a une grosse communauté alumni qui est hyper importante et puis j'ai eu cette opportunité là et j'ai foncé. Pourquoi c'est important pour moi ? Je l'ai déjà dit, c'est le bagage, les skills que j'ai besoin d'acquérir. Certes, il y a toutes les soft skills que j'ai à acquérir durant ma carrière, mais il y a aussi tout ce bagage, cet autre bagage finance, corporate, que je ne maîtrise pas, que j'ai besoin d'avoir avec moi, tout ce côté purement entreprise, je vais dire, que j'ai besoin d'avoir. On est dans un monde où on sait que les femmes en finance, il n'y en a pas beaucoup. C'est un monde qui est très marqué par les hommes. Je sais que si je veux faire ma place et que je veux m'imposer, même si je sais que je suis douée dans plusieurs domaines et dans certaines choses et que j'ai une maîtrise, Si j'ai pas un diplôme, les gens, ils vont essayer de me rabaisser.

  • Speaker #1

    Non mais c'est incroyable ça, mais c'est vraiment un truc français en fait. Parce que quand j'étais aux Etats-Unis et que je discutais avec les gens, tu te rends compte qu'il y a des gens qui font des carrières incroyables. mais qui n'ont pas forcément fait de longues études. En France, on regarde de suite quelle école t'as fait, quel niveau d'études, etc. Alors que ce n'est pas ça qui fait la compétence. Tu peux être autodidacte et tu peux apprendre par toi-même plein de choses. Je ne dis pas qu'il ne faut pas faire d'études, parce que c'est important aussi. Mais ce truc de regarder quelle école, quel diplôme, etc. et de te poser cette question en premier, c'est très français. Oui,

  • Speaker #0

    exactement. Je suis d'accord avec ça. Donc moi c'est surtout plus dans cet aspect crédibilité parce qu'aujourd'hui je pense que j'ai des projets à côté, je fais des choses qui pourraient me permettre de ne pas en avoir besoin, mais malgré tout ça compte pour moi. J'ai vraiment envie d'avoir ce diplôme et d'avoir ce background, parce qu'après j'aimerais aller vers un master, peut-être un MBA aux US, donc j'ai besoin de ça. Et puis surtout c'est pour avoir... Moi je suis très attachée au sport féminin, je me bats pour ça depuis plusieurs années, c'est mon credo et j'ai envie de trouver le business model qui va faire que le sport féminin en fait ça va exploser et qu'il y a des gens qui vont s'intéresser vraiment au sport féminin. Et je veux comprendre, je pense comprendre les aspects du pourquoi. Les gens ne viennent pas voir le sport féminin, ils n'ont pas le clic en se disant Ah, mais on pourrait réussir dans le sport féminin aussi, parce que dans le sport, il n'y a pas énormément de gens qui gagnent de l'argent, de l'argent je veux dire au niveau des investisseurs. Mais pourtant, ils investissent. Donc, qu'est-ce qui fait que, donc s'il y a une histoire d'image, mais il y a aussi une histoire de produit, il y a une histoire de marketing, il y a plusieurs aspects aujourd'hui que... qui sont assez marquées, dont j'ai conscience. Et j'ai envie de trouver cette solution parce qu'on fait aussi des choses extraordinaires. Et à performance égale, on n'est pas mis sur le même pied d'estal des garçons. Et on peut réussir. Donc voilà, c'est aujourd'hui, c'est pour ça qu'aussi je fais de la finance, parce que je veux trouver ce truc un peu manquant pour le sport féminin.

  • Speaker #1

    C'est encore moi, je prends 10 secondes et je vous interromps dans cette conversation. Pour vous informer que vous pouvez vous procurer le livre d'Alison Pinault qui vient juste de sortir, Ali, histoire d'une championne, aux éditions Les Sportives, il vous suffit juste d'aller dans la description de cet épisode et je vous partage le lien. Je ne vous interromps pas plus et je vous laisse continuer cette conversation.

  • Speaker #0

    Réussir justement à élever les femmes et à dire à toutes ces gamines qu'elles peuvent faire du sport, elles peuvent rêver parce que demain elles vont pouvoir peut-être en vivre, ça va leur apporter une exposition. elles vont pouvoir s'exprimer, qui est aussi un peu ce safe space, tu vois. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, c'est pas faire de la finance pour faire de la finance. C'est gagner un apprentissage sur la finance pour mettre ça au service du développement du sport féminin.

  • Speaker #0

    Exactement. Je veux trouver vraiment ce pont, en fait, entre finance et sport, parce que moi, le sport, j'ai ça dans le sang. Et donc c'est sûr que je ne vais pas couper le cordon bilégal comme ça, mais aujourd'hui il y a cette volonté aussi d'aller au state et de faire un MBA parce que c'est une histoire aussi de réseau et de faire comprendre et d'expliquer pourquoi le sport féminin aujourd'hui ne réussit pas et pourquoi vous n'intéressez pas, mais qu'est-ce qu'on peut apporter en face de ça. Et je pense que l'une des premières problématiques, c'est qu'on n'arrive pas à mettre en avant de ce qu'on peut vendre comme produit.

  • Speaker #1

    Ce que tu dis, ça me fait penser à quelque chose quand je suis partie aux Etats-Unis. On est partie la fin de la première semaine en Californie pendant trois jours à l'ESPN Women's Summit. C'était des conférences qui étaient dédiées à l'économie du sport féminin. Et donc, tu avais tous les acteurs du sport business, des clubs, des annonceurs, etc. NBA, NHL, etc. Et en fait, sur une conférence, ils ont parlé d'une étude super intéressante qui avait été faite récemment et qui disait, en gros, il y a un problème d'investissement dans le sport féminin. Parce qu'il y a cette fausse image négative, perçue, qu'il n'y aurait pas de fans. Et en fait, ce qu'ils expliquaient, c'est pas qu'il n'y a pas de fans, c'est qu'il n'y a pas assez d'investissement, donc pas assez de communication.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et c'est comme si, par exemple, tu vas au milieu d'une forêt, tu mets une boutique, mais tu ne donnes jamais le chemin. Les gens ne vont pas arriver tout seuls, en fait. Et donc, ils expliquaient qu'il y a une image perçue, qu'il n'y a pas de fans. Parce que, en fait, c'est ça le problème, c'est que si tu investis, en fait, si tu communiques, les fans, ils vont arriver. Puisque tu vas communiquer, tu vas envoyer le message et ils vont s'identifier. Mais je pense que c'est aussi lié à tout ce qui est entertainment, divertissement, parce qu'en fait, quand tu vas voir un match de foot féminin, déjà, s'il n'y a pas cette communication, donc tu ne sais même pas qui sont les joueuses, tu ne vas pas t'identifier, et tu n'arrives pas à avoir cette connexion, en fait. Donc, pourquoi tirer les voir au stade ? Puisqu'en fait, souvent, les supporters, ils savent à peine qu'elles existent, en fait. C'est malheureux, mais c'est un vrai problème d'investissement, à la base, au départ.

  • Speaker #0

    Et en fait, ça me résonne trop. Tu vois, par exemple, j'ai eu cette réflexion, il y a... Deux, trois jours, parce que je réfléchissais encore sur ce business model et j'essayais de comprendre, parce que moi je veux aller, après une fois que j'arrête ma carrière, je veux aller faire vraiment une tournée aux US, de voir les clubs, de voir les infrastructures, et vraiment voir ce côté show à l'américaine. Mais dans différents sports, j'ai déjà vu qu'en NBA, j'aimerais bien faire de la NFL, j'aimerais bien faire de nouveau des matchs de NBA, j'aimerais bien aller au baseball. Parce que regarde, aujourd'hui comment tu m'expliques que le baseball, le baseball ce n'est pas un sport qui joue partout dans le monde. Ça se joue dans certains pays. Et donc, comment tu arrives à générer autant d'argent ? Tu as un mec qui vient de signer le plus gros comptable d'histoire sur 10 ans. On parle de baseball. Donc, c'est pour dire que ce n'est pas une question de sport. Ce n'est pas une question de genre ou de femme. C'est juste que comment ils arrivent à monétiser tout ça ? Ils sont à un seul par, mais ils sont très forts dans ça. Le cricket aussi en Inde, c'est hyper… Et pourtant, ce n'est pas joué dans ton pays que ça. C'est là qu'il faut aller chercher et comprendre les business models, et comprendre comment ça fonctionne, parce que ce n'est pas une question de sport. Moi, je pense qu'au niveau de mon sport, le handball, on a dit que c'est un sport qui n'est pas assez universel, qu'on ne peut pas jouer assez facilement parce qu'il faut des cages. Ouais, ok. Mais du coup, ça veut dire que comment on arrive à casser cette barrière, cette image qu'on a, pour justement faire en sorte que ça soit plus universel. Et je pense que dans le sport féminin, c'est typiquement ça, c'est qu'il y a cette barrière, il n'y a pas de fan, mais on peut reprendre par exemple la Formule 1, ok c'est un sport de riche, mais la Formule 1 était en train de mourir il y a 6 ans. pourquoi finalement ils ont attiré un nouveau public de nouveau des jeunes et tu vas dans des grands prix c'est blindé tu vois un public qui est jeune et qui s'est pris au jeu mais pourquoi ? parce qu'il y a eu une stratégie marketing on veut attirer un nouveau public on veut attirer une jeune génération et c'est ça la force et nous c'est on doit s'inspirer de ça on doit trouver notre propre identité notre propre modèle mais on doit s'inspirer de ça et de comprendre aussi que si c'est possible chez les garçons c'est aussi possible chez nous pourquoi les filles pourquoi les filles des fois tu vois certaines filles qui vont au foot masculin mais qui ne vont pas au foot féminin. Tu vois, il y a plein de trucs comme ça et je pense qu'il y a un vrai rapport d'image. C'est ça notre truc qui nous manque. C'est qu'on a du mal du coup à créer une communauté et la nourrir.

  • Speaker #1

    C'est super intéressant ce que tu dis et d'ailleurs ça me parle notamment au niveau du foot féminin. Quand je parle avec les gens, il y en a beaucoup qui me disent Oui, mais ça avance, Vanessa, tu ne peux pas comparer avec les Etats-Unis, avec l'Angleterre. Je suis désolée, mais les bonnes pratiques, on peut les piocher partout, quel que soit le pays en fait. Et pour moi, j'ai un exemple, c'est l'Australie, quand je suis partie en Australie pour la Coupe du Monde féminine. Pour moi, c'est carrément le truc de... Ça casse le truc de... C'est une question de culture. C'est-à-dire qu'en Australie, ils font pas du foot. C'est pas un pays de foot.

  • Speaker #0

    Ouais, exactement.

  • Speaker #1

    Je suis restée cinq semaines en Australie, j'ai vu des fan zones remplies. Des fan zones avec 30 000 personnes. En Australie, à l'autre bout de la Terre. C'est-à-dire que les fans... du Brésil, des États-Unis, des fans du monde entier qui étaient présents sur place, qui se sont déplacés pour venir voir, pour assister à la Coupe du Monde féminine. Donc à un moment donné, c'est qu'ils ont réussi à avoir une stratégie marketing, non seulement pour fédérer des fans et des supporters en Australie, mais aussi à l'international.

  • Speaker #0

    Ils l'ont fait, et puis surtout, ils se disent, c'est l'Australie, ils sont quand même à l'autre bout du monde. C'est ça. Je veux dire, en termes de prix, ce n'est pas le pays le plus accessible. Je veux dire, l'Australie, la vie est chère.

  • Speaker #1

    Pour en revenir sur ton parcours, tu es la seule Française à avoir reçu le titre de meilleure joueuse au monde en handball. Est-ce que ça a changé ta vie ?

  • Speaker #0

    Pas du tout. Je vais te raconter une petite anecdote. Ça m'a vraiment marquée. C'était Nicolas Karabacic quand il a remporté son premier titre de meilleur joueur du monde. Il était en Allemagne, il était à Kiel. Je me souviendrai toujours quand j'ai lu l'article, elle a dit que c'est la première fois qu'un belge français est titré et désigné le meilleur joueur du monde, et en fait personne n'en parle. C'est fou, c'est dingue, c'est incroyable. Et certes c'est que du handball, mais c'est le premier français, il n'y a personne qui a eu cette désignation, ce trophée avant lui. Et ça m'est resté, et moi j'ai remporté du coup aussi le mien. 2009. et du coup non dans la sphère handball oui ça s'est su mais après au dehors, et puis j'étais très jeune j'avais 20 ans en plus, j'étais pas entourée encore donc non pas du tout ça a pas changé ma vie ça a changé certaines choses dans la perception peut-être dans ce que je devais devenir dans le futur, une motivation supplémentaire etc mais non ça a pas changé ma vue en termes de sponsor ok c'est fou quand même de se dire que ça a pas d'impact au niveau hum

  • Speaker #1

    Il y a peut-être eu un pic de médiatisation, mais dire que ça n'a pas d'impact au niveau du sponsoring, c'est assez fou quand même, parce que normalement ça devrait être lié. Du coup, j'aurais une autre question. Comment tu as vu, toi, l'évolution de la médiatisation du sport féminin depuis que tu as commencé dans le hand ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a eu un vrai cap. où on a senti que les gens commençaient à mettre des choses en place, je pense après les Jeux de Londres, petit à petit il y a eu, mais aujourd'hui c'est quoi, c'est 4 ou 6% je pense, la médiatique, voilà c'est 4%, je pense que j'ai vu l'évolution, parce que quand j'étais en France, moi j'ai commencé en 2006 du coup en pro, donc j'ai vu l'évolution de la Ligue, j'ai vu les efforts, j'ai vu la communication se mettre petit à petit, mais ça reste infime, c'est infime, quand tu... Quand tu regardes le palmarès de l'équipe de France féminine, et quand tu vois aujourd'hui à l'échelle, tu fais la ratio entre titres, c'est un film.

  • Speaker #1

    J'imagine qu'il y a eu des pics de médiatisation au moment où il y a des titres.

  • Speaker #0

    Comme toujours. De toute manière, c'est aussi pour ça que j'ai décidé de me faire accompagner en 2017, parce que j'ai compris. que si tu ne te faisais pas connaître et tu ne faisais pas parler de tes succès, les gens, ils oublient. Les gens oublient très, très vite, mais vraiment. Parce que, par exemple, à Rio, on remporte la médaille d'argent. Il y a Sarah O'Gramoun qui rapporte la même médaille. Et Sarah, on la voyait partout. Et on la voyait partout, partout, partout. Et je me suis posé la question. OK, certes, elle fait un sport individuel et nous, on fait un sport de co. Pas de problème. Mais je la voyais partout, partout. Tu la vois tellement partout que tu te disais, mais elle est championne olympique en fait cette fille. Non, elle est championne olympique. Et donc c'est pour te dire la force, la force des médias quand tu plantes des graines et quand tu te fais connaître et que tu parles de ça, finalement tu marques les esprits. Et après c'est quelque chose que tu dois entretenir sans cesse. Mais si tu ne le fais pas, je pourrais citer des autres athlètes qui ont été championnes olympiques. Il y a des gens qui ne les connaissent même pas.

  • Speaker #1

    Justement, de quelle manière tu utilises les réseaux sociaux pour te rendre visible ? Est-ce que tu vois ça comme un outil pour être ton propre média ? Moi,

  • Speaker #0

    si je vois totalement comme ça les réseaux sociaux, je pense que le seul problème aujourd'hui, c'est que tu as beaucoup d'athlètes, tu as beaucoup de filles qui ne se sentent pas légitimes, qui n'ont pas envie d'être sur les réseaux. Moi, je vois très bien dans mon équipe, il y a des filles, on essaie de mettre des trucs en place. Il faut un peu les tirer. Parce que je pense que déjà d'une, il y a un peu ce syndrome de l'imposteur, il y a ce truc, je ne suis pas légitime, mais je n'ai pas gagné de titres, moi je ne suis personne. Mais en fait, ce n'est pas ça les réseaux sociaux. Tu te mets en avant parce que tu veux parler à des gens, tu veux parler à ta communauté, tu veux transmettre un message et je pense qu'il y a une perception qui n'est pas bonne. À la base, les réseaux sociaux, c'est juste en gros pour les stars. Il y en a beaucoup qui pensent ça. Alors que non. En fait, peut-être que ta communauté, ça les intéresse de savoir qui tu es, ce que tu fais dans ton quotidien, quel est le message que tu veux faire passer. Moi, tu es maman, ton credo, c'est maman. Tu cliques, tu es maman, parle-le. Peu importe. Exactement. Et je pense que c'est hyper important de faire vraiment un travail aussi sur ça et de dire, les filles, vous devez communiquer parce que c'est là où vous pouvez vous exprimer. C'est votre safe space à vous. C'est vous qui décidez de ce que vous voulez mettre sur vos réseaux. Et en fait, tout le monde a un message à faire passer. Tout le monde a une voix. Et ça aussi c'est une problématique parce que du coup, quand tu es dans un club où finalement ils ne sont pas très bons dans la communication, où ils ne font pas beaucoup de communication parce qu'il n'y a pas de budget, ben justement c'est là que les filles et tu peux te rater du monde. et en fait ça se mesure pas que par le fait d'avoir des followers c'est pas ça mais il y a ce rapport et je pense qu'il y a une énorme pédagogie à faire et de dire aussi d'aiguiller des filles en disant peut-être dans les clubs, moi c'est mon idée mais de dire, de convoquer en fait les filles et de dire ok pourquoi aujourd'hui t'es pas sur les réseaux, qu'est-ce qui te bloque est-ce que t'aimerais le faire, mais si tu le fais pas on a besoin de toi parce que nanana et de dire qu'est-ce que t'aimerais faire et justement d'aider les filles à trouver cette ligne directrice être en gros un guide et dire Vous pouvez être sur les réseaux, c'est bien pour le club, c'est bien aussi pour vous, ça peut attirer d'autres sponsors, et puis finalement vous pouvez vous créer aussi une communauté, et puis c'est des gens qui peuvent venir aussi au match. Et je pense qu'il y a un énorme travail à faire autour de ça, de vraiment casser ces barrières et cette image de dire les réseaux sociaux c'est pour les stars.

  • Speaker #1

    Et tu vois, quand TikTok est arrivé, moi j'y suis allée en 2019, il n'y avait quasi personne dessus, c'était plutôt les Américains qui étaient dessus, et le monde du sport en France, les clubs, tout ça n'était pas dessus. Et en fait... Quand j'ai compris comment fonctionnait TikTok, c'est-à-dire tu peux avoir 3 abonnés et faire 100 000 vues, je me suis dit, là, cette plateforme, elle est en train de changer quelque chose. Parce qu'en fait, si les sportives et les athlètes de disciplines qui sont moins médiatisées y vont, en fait, il n'y aura plus besoin d'avoir... je sais pas, 15 000 ou 30 000 abonnés pour pouvoir faire des partenariats ou collaborer avec des marques et donc monétiser son contenu. Et je pense que TikTok est arrivé à casser un peu le game sur ça et aujourd'hui, les marques ne regardent plus que le nombre d'abonnés parce qu'en fait, tu peux très bien avoir un million d'abonnés et faire 300 vues et avoir 2000 abonnés et faire 50 000 vues à chaque vidéo. Donc en fait, ce qui compte, c'est le taux d'engagement. C'est les interactions que génère ton contenu.

  • Speaker #0

    C'est l'engagement aussi du coup, c'est le taux d'engagement. Tu sais que des fois, tu peux avoir une petite communauté, mais en fait, ils sont hyper actifs, hyper réactifs et tout. Et c'est plus valorisant que d'avoir une communauté hyper importante et où du coup, les gens, ils ne sont pas vraiment engagés. Mais en effet, ce n'est pas une question de... Parce que c'est vrai que les gens, ils pensent, ouais, du coup, tu as beaucoup de fleurs, donc du coup, tu peux avoir des marques, tu peux avoir des sponsors, etc. Mais ce n'est pas que ça, en fait, ce n'est pas que ça.

  • Speaker #1

    J'ai vu que ton autobiographie, la préface, c'est Marie-Josée Pérec. En quoi elle a été un modèle pour toi ? En quoi elle t'a inspirée dans ton sport ?

  • Speaker #0

    C'est mon modèle de jeunesse, clairement. Marie-Jo, c'est l'icône. C'est la personne qui, à l'heure actuelle, détient toujours la seule athlète française à détenir trois titres olympiques sur la même Olympiade. C'est... Extraordinaire, moi je pense que c'est un truc de fou. Puis surtout, on vient de la même île, je suis longiline comme elle, on m'a beaucoup dit que je lui ressemblais quand j'étais jeune et beaucoup pensaient que j'allais aller vers l'athlète justement par rapport à ça. Et finalement non, mais elle m'a inspirée par... Quand je la voyais à la télé, j'avais envie de faire comme elle. Cet amour de l'olympisme, ça vient de ma région.

  • Speaker #1

    Tu as eu plusieurs expériences à l'international. Du coup, tu as beaucoup voyagé aussi. Qu'est-ce que tu en as retenu ? Qu'est-ce que tu as appris de ces expériences à l'international ?

  • Speaker #0

    Ce qui m'a marquée, c'est la richesse des différentes cultures. Cette variété, moi, c'est ce qui me nourrit. C'est ce que j'aime. C'est ce que je vais chercher finalement dans les différents pays. Tu te rends compte que les gens, ils ont beaucoup moins que ce qu'on a en France, mais ils ont le cœur sur la main. Et puis de découvrir de nouvelles traditions. C'est hyper enrichissant. Moi, c'est ce que je dis, c'est que finalement, l'étranger, ça a façonné la femme que je suis devenue et surtout, ça m'a pris l'ouverture d'esprit. C'est surtout ça que ça t'apprend l'étranger parce que t'as un peu tes codes, t'as un peu tes préjugés, entre guillemets. Tu viens avec une image et en fait, t'arrives là-bas et tu prends une claque. Et du coup, tu fais, ah mais ouais, mais en fait, tous ces préjugés, tous ces a priori surtout, que t'as en fait au départ, très rapidement. Il tombe parce que déjà tu te retrouves dans un pays où tu ne parles pas la langue, donc tu es obligé de sortir de ta zone de confort, les gens vivent d'une certaine manière, il y a des règles à respecter, il y a des traditions à respecter, la nourriture est différente, tu vois, de ce que c'est exactement. Donc tu vois, il y a tout ça et du coup c'est ça qui est fort, c'est que tu es obligé de t'adapter. T'es obligé de comprendre les gens où tu vis parce que tu vas pas venir toi, de ton petit endroit et te dire non mais vous devez faire comme ça, pas du tout. Et c'est ça qui est fort, c'est ça que j'aime, ça me remplit moi, vraiment c'est très... C'est très enrichissant de partir comme ça, mais moi, c'est indéniablement, c'est vraiment l'ouverture d'esprit que ça m'a appris.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser à un truc, là, ce que tu racontes. Quand je suis partie aux États-Unis pour ce programme sur leadership et sport, on était 16 femmes du monde entier, en fait, à avoir été sélectionnées. Donc, 16 femmes de chaque fois un pays différent. et je me rappelle donc on devait toutes avoir un projet en venant aux Etats-Unis et j'ai une de mes collègues qui était athlète de haut niveau qui était nageuse de haut niveau qui a fait les Jeux Olympiques et elle venait de Bolivie et en fait elle avait un projet c'était de créer une piscine sociale en Bolivie et tu sais tu te dis en France bon ben les enfants ils apprennent à nager à l'école quoi enfin tu vois tu trouves que tu penses que c'est normal mais en fait c'est pas normal c'est-à-dire qu'elle nous racontait qu'en Bolivie on avait un projet aller à la piscine, ça coûte plus cher qu'aller prendre des cours de sport. C'est hyper cher. Et du coup, le point de quelle manière ça a un impact, c'est qu'en fait, les enfants, ils ne savent pas nager. parce qu'ils ne peuvent pas aller, ils n'apprennent pas à nager à l'école. Et donc, il y a beaucoup d'accidents, tout ça. Et en fait, donc, elle disait, elle voulait faire un projet, justement, pour mettre en place des piscines sociales dans son pays. Et là, c'est là que tu prends du recul et tu dis, ah ouais, mais en fait, ce que moi, j'ai, c'est que tout le monde ne l'a pas, en fait. Et je trouve ça incroyable, en fait, d'aller à l'étranger, à l'international et de prendre du recul, en fait, sur la vision que tu as habituellement, quoi.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça, mais c'est ça. Et c'est pour ça que je dis, moi, ça m'a façonné à l'étranger parce que les problématiques, comme tu viens juste de soulever, ne sont pas les mêmes. Et en fait, ça te fait redescendre. Et ça te fait redescendre, en fait, et tu te dis, ah mais ouais, en fait. Et tu te rends compte à quel point tu es privilégiée en France. Parce que tu vois que les autres, en fait, ils triment pour des trucs, ils triment pour des trucs qui sont basiques, de petites nécessités. Et toi, tu dis, ah mais ouais, mais nous, en fait, on est couverts par ça. Ah mais nous, on a accès à ça. Ah mais il y a ça en France. Ah mais ouais, la couverture sociale. Ah mais en fait, en Bolivie, c'est comme ça, il faut payer. Ça te fait redescendre d'un cran, voire de même de plus, parce que tu te dis, ouais, en fait, en France, on est chanceux. On est vraiment chanceux. Et certes, en fait, chaque pays a ses avantages, ses inconvénients, mais quand même, quand même. Tu vis dans un pays développé qui t'apporte quand même beaucoup de choses.

  • Speaker #1

    Mon compte s'appelle Champion du Digital, du coup je vais te poser la question, c'est quoi pour toi un champion ou une championne ?

  • Speaker #0

    Ma question m'a été posée récemment, c'est vrai que j'avais beaucoup hésité au départ. Je trouve que c'est difficile de définir un champion ou une championne, ça ne se résume pas qu'à tes titres, ce que tu as gagné, parce que finalement tu peux être aussi un champion en amateur, c'est aussi à ton level, parce que tu combats aussi des obstacles qui sont différents peut-être d'avoir quelqu'un qui a un niveau au-dessus. Moi je pense que les athlètes hors normes et hors du commun, c'est des gens qui restent focus. Pour moi c'est ça, c'est que... Tu restes fixé sur ton objectif peu importe ce qui se passe. Et tu ne te détournes pas de ton objectif final, peu importe ce qui arrive. Un champion, pour moi, ça ne se résume pas qu'à ses titres. Il y a l'athlète, mais il y a aussi l'athlète qui potentiellement dépasse son sport, qui est aussi engagé sur des causes sociétales. C'est important pour moi aussi en tant que sportif de dire qu'il y a l'athlète, la femme et cette autre personne qui est engagée pour des causes qui sont importantes. Parce que tu sais que tu as un pouvoir d'action que quelqu'un de lambda n'aura pas. Et tu as une vitrine supplémentaire, exactement. Pour moi, un champion hors du commun, c'est quelqu'un qui ne se préoccupe pas des autres. C'est vraiment quelqu'un qui reste focus sur son objectif. et que peu importe ce qui arrive en chemin il va au bout, après il y a échec ou il y a réussite mais voilà tu te détournes pas de ton point A on va dire Ah ouais il y a un truc qui me revient par rapport à tout à l'heure

  • Speaker #1

    On parlait du fait d'aller à l'international, le fait que ça casse des stéréotypes, des préjugés et que tu as une vision différente. Et c'est un truc que j'ai expérimenté en partant aux Etats-Unis. Tu sais, le truc de la langue de l'accent. Quand tu arrives dans un pays qui n'est pas le tien, où tu ne parles pas la même langue. En arrivant aux Etats-Unis, je me disais, mon accent, il est vraiment horrible, mon accent français, quand je parle en anglais. Et en fait, je me suis vite rendu compte que... Toutes les critiques que j'ai eues sur mon accent, c'était que par des Français, en fait. Et c'était en France, par des Français, qui jugent comment tu parles. Même si toi-même, tu sais que ton accent n'est pas bon, tu vas avoir ce jugement-là, qui t'empêche d'avoir confiance. Et je me rends compte à quel point, en partant à l'étranger, tu peux gagner en confiance. Parce que tu vois, quand je suis partie aux États-Unis, je suis revenue. Là-bas, aux États-Unis, rien que le fait que tu saches parler anglais, ils trouvent ça génial. Et justement, ils adorent les... Alors déjà, aux Etats-Unis, ils adorent les Français. Mais en plus, ils adorent l'accent français. Et au contraire, ils te disent Moi, je ne sais même pas parler français, en fait. Donc, c'est incroyable que tu aies appris la langue. Et qu'importe si tu as un accent qui n'est pas bon, du temps qu'on arrive à te comprendre, tout va bien. Et je trouve que c'est ça. Ça, c'est un truc important aussi. Quand tu vas à l'international, c'est cette confiance en soi que tu gagnes, en fait.

  • Speaker #0

    Exactement. Je pense que c'est super mal que tu te sois confronté finalement à Outstate parce que je l'ai vu au travers de mes différents voyages, ce que les gens ils aiment c'est de dire que tu fais l'effort. Alors que nous en France, on aime beaucoup parler, dire Ah mais ton accent il est pourri, ouais mais ça il est pourri. Mais en fait, il y en a beaucoup qui ne parlent pas de langue, qui n'ont jamais été là-bas et ils ne savent pas. Et on est très fort pour ça, pour critiquer et pour dire Ouais mais nanana nanana nanana Mais non en fait. Et du coup, nous, c'est ce qu'on nous reproche à l'étranger. C'est-à-dire, oui, mais vous, les Français, vous parlez juste français et c'est tout. Vous n'avez pas parlé d'autres langues. Alors que dans les autres pays, tu vois, et tu vois même des fois, tu vois des petites personnes de 50 ans dans les pays balcones, tu vois, ils ne parlent pas super bien anglais, mais ils baragouinent quelques trucs et du coup, c'est suffisant. Et en fait, le principal. ouais ok t'aimerais bien peut-être avoir un meilleur accent mais tu peux le changer mais peut-être que pour l'instant c'est pas ton truc tu peux toujours t'améliorer mais finalement pour toi là l'essentiel c'est de te dire que je me fais comprendre, les gens me comprennent c'est l'essentiel et peut-être que plus tard j'essaierai de m'améliorer, de progresser dans mon accent mais je comprends que t'es peur et en fait c'est ça c'est ce que les gens vont penser, c'est la perception que toi tu dis ok, moi je suis ok je sais que mon anglais il est pas super mais le plus important pour moi finalement c'est de me faire comprendre et si les gens me comprennent ça va

  • Speaker #1

    Carrément. Et quand je suis allée aux Etats-Unis, que j'étais en stage à ESPN, le deuxième jour, on a rencontré le PDG d'ESPN et je lui ai demandé un conseil qu'il partagerait en termes de leadership ou en tant que leader d'ESPN. Et il m'a dit un truc que je me souviendrai toujours, c'est... Le courage, c'est pas de ne pas avoir peur, c'est la capacité à vaincre tes peurs.

  • Speaker #0

    Exactement, et puis surtout, tu te rends compte, tu te dis cette peur, c'est pas que c'est débile, parce que c'est pas le bon terme, mais tu te dis, finalement, j'étais stressée, j'avais peur pour pas grand-chose, parce qu'il a totalement raison, c'est qu'au bout d'un moment, c'est tous les trucs que tu te mets dans ta tête, toi toute seule, qui te bloquent. Et si tu arrives à passer au-dessus de ça, tu te rends compte, mais... Je suis sûre qu'au bout de trois semaines, déjà, tu étais beaucoup plus fluide. C'était fluide. Tu réfléchissais plus comment je dois le dire, comment je dois chercher. En fait, ça vient tout seul. Et c'est ça, en fait. Il faut être courageux. Il faut aller au-delà de ses peurs. Et une fois que tu passes au-delà de ça, tu te fais why En fait, tu te dis je me faisais des primes pour rien du tout Et justement,

  • Speaker #1

    si je t'aurais conté cette histoire, c'était pour aller sur la question suivante. Quel est le meilleur conseil que tu as reçu dans ta carrière de sportive ?

  • Speaker #0

    Alors moi j'ai un leitmotiv Olivier Crombol s'est répété tout le temps quand on était Souvent, avant des matchs, quand on préparait des matchs, on préparait une grosse séance et ils nous disaient souvent, les filles, il faut payer le prix. Et moi, des fois, j'avais du mal à la sauter. Je disais, il faut payer le prix de quoi et tout. Non, non, OK, il faut bien se préparer. Non, non, mais je dis, mais ouais. Et en fait, au fur et à mesure que j'ai avancé dans ma carrière, j'ai compris le message derrière. Parce que je voulais atteindre les sommets, je voulais être la meilleure. Et moi, je l'ai reformulé à ma manière. Et c'est mon credo. Et dans la vie, en fait, je vois les trucs comme ça. C'est-à-dire qu'à un moment donné, tu te fiches un objectif, tu mesures le prix et après, tu payes le prix. Et c'est comme ça, moi, que je vois aussi un champion. C'est qu'à un moment donné... Tu vas avoir des obstacles, tu vas tomber, tu vas te relever, et c'est ce que je disais tout à l'heure, c'est que le bateau il bouge, il tangue, tu prends des tempêtes, mais si tu gardes en ligne de mire ton objectif final, tu arrives, tu arrives. Après peut-être que tu vas échouer devant, mais au moins tu arrives au bout, tu vas au bout, et tu t'arrêtes pas. Et ce qui fait la différence, je pense, dans... D'un athlète, d'un hors du commun, c'est ça, c'est qu'à un moment donné, il se fiche l'objectif, il dit ok, je dois faire ça. Et en fait, si je veux réussir à atteindre mon objectif, il faut que je paye le prix. Et payer le prix, c'est-à-dire que moi, c'est ce que j'ai fait par exemple pour les Jeux de Tokyo. Je savais qu'il fallait que je sacrifier mes vacances d'été, le repos avant les Jeux, pour pouvoir aller aux Jeux, pour aller me préparer différemment avec mes prépa physiques pendant 10 jours. Et c'est tout ça, payer le prix. C'est-à-dire qu'à un moment donné, peut-être que tu vas devoir mettre ta vie... dans un projet, ta vie peut-être un peu perso, aller à l'époque, boire des petits coups, sortir, prendre du temps pour les week-ends, peut-être que tu vas devoir sacrifier un an de ta vie pour quelque chose qui va te rapporter peut-être x10. Et moi, c'est comme ça que je vois la live. J'ai un peu remodelé le truc, mais le meilleur conseil que je pense qu'on m'ait donné, il y en a plusieurs peut-être, là-dessus, c'est compliqué.

  • Speaker #1

    Mais c'est ce que tu viens d'expliquer en fait. Dans ta vision, c'est en gros de se dire au final, personne n'aurait réussi, tout le monde... Serez champion si tout le monde faisait la même chose ? Et tu te rends compte que ce qui arrive, c'est que ceux qui réussissent, c'est ceux qui n'ont pas abandonné, qui ont répété, répété, répété, même s'il y avait des échecs.

  • Speaker #0

    Exactement. Il y a un bon dicton qui dit un truc, c'est-à-dire que quand tu fais ce que tu as toujours fait, tu as le résultat que tu as toujours obtenu. Et donc, si tu veux obtenir des résultats que tu n'as jamais obtenus, commence par faire des choses que tu n'as jamais faites. C'est surtout, c'est ça, c'est que tu répètes, tu répètes, et puis au bout d'un moment, tu t'améliores. Je pense que c'est ça qui est aussi frustrant, c'est que les gens, en fait, ils voient juste le résultat et ils se disent Ah, mais tu as trop de chance ! La chance, en fait, je l'ai provoquée et c'est le résultat de tous ces efforts. Et c'est beau. Les gens ne voient que la partie immergée de l'iceberg.

  • Speaker #1

    Pour terminer, ça représente quoi, les Jeux de Paris 2024 pour toi ?

  • Speaker #0

    L'aboutissement d'une carrière. Je pense que pour moi, c'est le plus beau au revoir que je pourrais avoir. Le farewell de best.

  • Speaker #1

    Je vais terminer avec la question que j'aurais pu te poser tout au début, mais on la garde pour la fin. Après tout ce que tu viens de nous raconter, ton parcours, tout ce que tu as fait pour être là où tu es aujourd'hui, comment, si tu devais te présenter, qu'est-ce que tu dirais ?

  • Speaker #0

    Je lui dirais que je m'appelle Alison Pinault, que je suis plutôt cool, je suis fun, j'ai énormément de choses à dire. Je suis quelqu'un, je suis entière, je vais au bout des choses, je me donne toujours les moyens de mes ambitions et que la cause féminine, la femme dans le sport et la femme dans la société, c'est quelque chose qui comptait énormément pour moi. Donc dans la vie, il faut savoir foncer et n'oubliez pas de me follow au cas où. Merci à toi Vanessa, c'était au top, en tout cas super.

  • Speaker #1

    Vous avez trouvé cet épisode inspirant ou utile ? Sachez que vous pouvez m'aider à le mettre en avant sur les plateformes de podcast. Pour cela, il suffit que vous mettiez 5 étoiles sur Apple Podcast ou sur Spotify et vous pouvez également commenter en posant une question ou en faisant une remarque sur l'épisode. Un autre moyen pour mettre en lumière l'épisode, c'est de partager le lien sur votre profil LinkedIn et de me mentionner dans la publication. J'hésiterai pas de mon côté à vous repartager. Merci !

Chapters

  • Début interview avec Allison Pineau

    01:30

Description

Dans cet épisode, Allison Pineau, élue meilleure joueuse de handball au monde en 2009, médaillée d'or aux Jeux Olympiques de Tokyo et médaillée d'argent aux Jeux de Rio, nous parle de son objectif de participer aux Jeux de Paris 2024 avant de prendre sa retraite sportive.


Je l'ai rencontrée il y a quelques semaines à Paris dans le cadre de la sortie de son autobiographie aux éditions Les Sportives, ALLI, Histoires(s) d'une championne


Au programme de cet épisode :

  • Des Jeux Olympiques à la sortie d'une autobiographie

  • Trouver le succès à travers l'échec : comment devenir une championne

  • Comment donner plus de place aux femmes dans le monde du sport et dans la société

  • L'évolution de la médiatisation du sport féminin

  • Sa reconversion : comment passer du sport à la finance

  • Les leçons tirées d'une expérience à l'international


Ressources de l’épisode : 



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Transcription

  • Speaker #0

    Nous, les sport-co, on est un peu dans la machine à la vue, on est sans cesse. On est rentrés de Tokyo, une semaine après, moi je devais retourner dans mon club. Aujourd'hui, j'ai deux médailles olympiques, j'en ai une en argent et une en or. Que si tu ne te faisais pas connaître et tu ne faisais pas parler de tes succès, les gens, ils oublient. Et savoir qu'elle voulait lancer sa maison d'édition avec moi, avec ce bouquin en premier, c'était un message fort. Moi, je suis très attachée aux sports féminins. Je me bats pour ça depuis plusieurs années. En 2008, mon délire, mon rêve, c'était de prendre une photo avec Michael Phelps. Quand tu fais ce que tu as toujours fait, tu as l'illustration que tu as toujours obtenue.

  • Speaker #1

    Hello, c'est Vanessa, créatrice de contenu dans le sport depuis 7 ans sous le pseudo champion du digital. Sur mes réseaux, vous retrouverez des interviews inspirantes d'athlètes de haut niveau, des insights dans les coulisses des plus grands événements sportifs et des conseils pour faire carrière dans l'industrie du sport. Sur ce podcast, j'alterne entre des interviews inspirantes de sportives et sportives de haut niveau et des décryptages avec des professionnels pour répondre à des problématiques concrètes autour de l'industrie du sport et du marketing. Que vous soyez étudiant. athlète, professionnel de l'industrie du sport ou du digital, ce podcast est fait pour vous. Ça fait plus de 7 ans que j'accompagne tous les acteurs du monde du sport qui veulent se rendre visibles sur les réseaux. L'année dernière, j'ai fait plusieurs millions de vues sur TikTok et Insta grâce à des vidéos verticales impactantes. Si vous avez un projet autour du sport dans les semaines à venir, écrivez-moi sur LinkedIn ou par mail et on en discute. Bonne écoute ! Dans cet épisode, je pars à la rencontre d'Alison Pinault. Une grande championne française de handball. On a échangé sur son parcours, ses médailles, ses souvenirs autour des Jeux, mais aussi sa préparation pour les Jeux de Paris 2024. J'ai échangé avec Alison au mois de décembre dernier, à l'occasion de la sortie de son livre Ali, histoire d'une championne où elle parle de son parcours, de ses obstacles, mais aussi de sa résilience. Juste avant de commencer, on parlait du PSG et du fait que tu commandes des matchs depuis pas longtemps. Est-ce que tu pourrais nous parler de ça ? Comment ça s'est passé ? Et comment tu en es arrivée là ?

  • Speaker #0

    Tout simplement pour mon amour du PSG. Je vais souvent au parc quand j'ai la possibilité. Et puis, il y a eu vent de ça. Elle m'a invitée justement sur l'émission 100% PSG, quelques mois. Et du coup, on a commencé à parler de fil en aiguille. Et elle m'a rappelé pour une autre émission au sujet de mon bouquin. Et elle m'a dit, il faut vraiment que tu viennes un soir avec nous. Commenter un match, ça va être super. Elle m'a invitée. J'ai sauté sur l'opportunité, je regarde le calendrier et je dis il y a Dortmund-PSG, MJ ? Ouais, banco, MJ, ouais, carrément et tout, pas de soucis, avec plaisir, on t'accueillera avec l'équipe. Et ça s'est fait comme ça, tout simplement. Du coup, mercredi soir, je me retrouve avec toute l'équipe, Rico, les invités, Pia, Miguel, et on se fait le game. C'était une superbe... C'est une super belle expérience parce que j'apporte une dimension un peu différente d'eux. Je suis toujours athlète, je suis toujours en activité et j'apporte finalement le ressenti de l'athlète, des joueurs, ce côté un peu pur terrain qu'ils n'ont pas et qu'ils ont qu'à travers des joueurs. C'était fabuleux, il y a eu un gros débat justement sur cette fin de match où il y a eu plutôt Enrique qui demandait une gestion et de l'autre côté tu avais Kylian qui lui voulait essayer de marquer, de pousser et donc il y a eu un gros débat, moi je disais ils ont raison, on ne va pas prendre de risques, on sentait qu'on était sur le fil du rasoir, que c'était un peu tendu et que peut-être on allait prendre un but en contre. donc il fallait aussi penser à ça il y avait l'équipe qui était là on est le PSG on peut pas faire ça on doit tout faire pour marquer on est prêts à tout à quel prix c'était un beau moment c'est surtout que toi t'as la vision qu'un journaliste qui n'a jamais été sportif ou sportif de haut niveau n'aura jamais,

  • Speaker #1

    c'est la vision du terrain donc c'est clair que c'est intéressant d'avoir cette vision là et puis cette empathie aussi que t'as en tant qu'athlète de haut niveau qui n'aurait pas forcément Un journaliste qui n'a pas expérimenté le terrain. Évidemment, tu as Paris 2024 dans le visage, les jeux à la maison. Qu'est-ce que ça a de particulier les Jeux Olympiques par rapport à d'autres compétitions, comme un mondial par exemple ? Et en quoi justement l'expérience est importante sur une compétition comme les Jeux Olympiques ?

  • Speaker #0

    Simplement, les Jeux c'est la planète. C'est ce qui différencie du monde, c'est qu'on se retrouve tous pendant deux semaines à un endroit, on est enfermés et on vit des émotions extraordinaires. Pour aller plus loin, les Jeux c'est l'universalité. Et tu te retrouves avec des gens que tu suis peut-être pendant l'année, tu suis les exploits sportifs. Je repense à quand je revois Michael Phelps en 2008, en 2007, tous les jeux. Moi, je suis une grande fan de Michael Phelps. Et donc, c'est tout ça en fait, les jeux, c'est de voir tous ces gens que tu vois performer. Je repense à Nadal, à Joko. Je pourrais en citer plein. Je me rappelle du Seinbold aussi au village, Asafa Powell, Jason Blake. Enfin, je pourrais te... Voilà. Frazer aussi, c'est tout ça. C'est vraiment ça les Jeux. Ça dépasse vraiment un mondial et un euro parce que déjà, ça se passe tous les quatre ans. Donc c'est une particularité, c'est pour dire à quel point c'est difficile d'aller aux Jeux. Il faut te qualifier, quand tu arrives là-bas, il faut prendre la dimension de l'événement, de ce moment particulier, il faut performer et après peut-être prétendre à une médaille. Donc c'est vraiment complexe les Jeux. Une compétition tellement spéciale, tu te prends à regarder des disciplines que finalement tu ne connaissais même peut-être pas ou que tu n'aurais jamais regardé si ce n'était pas les Jeux. Et c'est ça les Jeux, c'est se prendre goût à des disciplines auxquelles on ne parle pas, où on ne prête pas attention et c'est assez fabuleux. Et puis de voir tous ces pays du monde, toutes ces nations. Des fois tu vois la Série des Vertus, il y en a qui sont trois athlètes pour représenter leur pays. Et c'est ça qui est fabuleux, c'est ça les Jeux. C'est la représentation de toute cette population mondiale.

  • Speaker #1

    Et puis à la différence d'un mondial par exemple, qui est limité à un seul et unique sport, les Jeux c'est le moment où tu vas croiser des athlètes de toutes les disciplines. Et ce qui vous relie notamment, c'est le village olympique où se croisent tous les athlètes. Est-ce que tu aurais une anecdote qui te vient ? Tu parlais tout à l'heure de Usain Bolt ou d'autres athlètes que tu aurais rencontrés, des athlètes qui t'inspirent par exemple.

  • Speaker #0

    En 2008, mon délire, mon rêve, c'était de prendre une photo avec Michael Phelps. Parce que je le suivais déjà depuis quelques temps et je savais qu'il venait à Pékin pour battre le record de Mark Spitz. C'était ouf ! C'était ouf ! Et de se dire qu'il a réussi à le faire et je l'ai vu au self. et j'ai sauté sur l'occasion directe parce que certes il était connu mais pas encore il avait pas pris cette dimension j'ai sauté sur l'opportunité j'ai vu ma photo avec Michael Phelps j'ai vu Maradona aussi enfin que

  • Speaker #1

    des trucs du genre tu te dis je suis où mais c'est ça les jeux On va parler des Jeux de Tokyo un grand moment pour vous puisque vous gagnez la médaille d'or Quel est le premier souvenir qui te vient quand je te dis Jeux Olympiques de Tokyo ?

  • Speaker #0

    Délivrance, consécration, c'est le truc auquel je pense. Extraordinaire, extraordinaire de se dire qu'enfin on a réussi à le faire, qu'on a réussi à décrocher ce titre, à décrocher cette médaille d'or, après la déception de Rio. En tout cas, moi ça a été une déception personnelle parce qu'on n'a pas réussi à accrocher le titre et que certes, je suis d'accord, j'ai la chance d'avoir une médaille. médaille olympique en argent à Rio mais malgré tout il y a cette frustration avant les Jeux de Tokyo de se dire qu'on n'avait pas réussi et puis on ne sait jamais quand est-ce que l'opportunité va se représenter donc il y avait ça et aujourd'hui j'ai deux médailles olympiques,

  • Speaker #1

    j'en ai une en argent et une en or donc je suis entre guillemets comblée J'ai écouté récemment un épisode de podcast sur le podcast Championne du Monde dédicace à elle d'ailleurs si elle nous écoute et c'était un épisode avec Madeleine Malonga qui a participé aux Jeux Olympiques, qui a remporté les Jeux, et qui est en équipe de France de judo, et qui expliquait qu'elle n'a pas forcément le temps de savourer entre chaque jeu, entre chaque grande compétition, et que c'est déjà la next step. Est-ce que toi, tu prends le temps de savourer chaque victoire sur les grandes compétitions, et est-ce que tu arrives à avoir le recul de te dire waouh ? Voilà ce que j'ai fait, prendre le recul, de voir que c'est vraiment un exploit en fait, ou est-ce que tu es déjà dans la next step ?

  • Speaker #0

    C'est idem. Nous les sport-co, on est un peu dans la machine à la vie, on est rentrés de Tokyo, une semaine après je devais retourner dans mon club pour la reprise, et c'est vrai qu'on n'a pas le temps de prendre le temps finalement de savourer. Nos performances, nos exploits, des fois c'est frustrant parce que ça nous empêche finalement de réaliser la grandeur de ce qu'on a réalisé entre guillemets et de prendre le temps et de savourer avec les gens, de dire ouais on a réussi à le faire et de profiter entre guillemets de ce moment d'extase parce que c'est tous les quatre ans donc ça n'arrive pas tout le temps et c'est quand même particulier donc c'est vrai que c'est complexe de se dire et... J'ai fini et finalement, il faut déjà que je me projette sur la prochaine échéance. La prochaine échéance, c'est le club. Et puis après, surtout une compétition qui arrive quatre mois pour nous, l'Anbal, avec le Mondial du Co-op après les Jeux de Tokyo.

  • Speaker #1

    Si on est là aujourd'hui, c'est aussi pour parler de ton livre, de ta biographie, Ali, histoire d'une championne. que tu as coécrit avec Mejdaline et qui sort aux éditions Les Sportives. Comment est né ce projet ? Est-ce que tu peux nous en parler ? Et à noter que cet ouvrage sort aux éditions Les Sportives. C'est le premier ouvrage de la maison des éditions qui a été créé et fondé par Aurélie Bresson, qui a le média Les Sportives. Donc j'imagine que c'est aussi un choix de passer par les sportifs pour sortir cet ouvrage. Et comment ça s'est passé ? Comment s'est passé le processus d'écriture ? Parce que j'imagine que c'est un exercice vraiment particulier.

  • Speaker #0

    Le projet m'a été proposé il y a deux ans à peu près. J'avais eu cette opportunité quelques années auparavant, mais je n'avais pas donné suite parce que je pense que ce n'était pas le bon moment pour moi. Je ne sentais pas le réel feeling. Et là, ça a été immédiat avec Aurélie, parce que le projet me parlait, intérieurement, ça me parlait. Vraiment parce que déjà c'est Aurélie Bresson, c'est une femme qui se bat pour la place de la femme dans le sport, le sport féminin. Et savoir qu'elle voulait lancer sa maison d'édition avec moi, avec ce bouquin en premier, c'était un message fort. On est en adéquation sur les valeurs et finalement sur ce qui nous motive. Donc le choix a été simple et assez rapide de répondre positivement à ce projet d'autobiographie. Ça s'est très bien passé avec Mej, on s'est vus beaucoup de fois, on a fait beaucoup d'entretiens, on a passé beaucoup de temps, on a beaucoup échangé. Le travail d'introspection, c'est un art qui est assez complexe et qui est difficile parce que ça remue beaucoup de choses, il y a beaucoup d'émotions qu'on doit exprimer, qu'on doit essayer de transmettre à la plume qui va écrire. Donc, ce n'est pas simple, honnêtement. Ça a fait remonter beaucoup de souvenirs, des moins bons et des plus heureux, bien sûr. Mais aujourd'hui, je pense que je suis très apaisée d'avoir réussi à le faire.

  • Speaker #1

    Cette biographie parle évidemment du fait que tu es une athlète de haut niveau, championne, tu as gagné de nombreux titres. On en parlait tout à l'heure, mais du coup, moi, je suis partie aux États-Unis pendant cinq semaines récemment. Et donc, c'était un programme leadership et sport. Et on avait... La responsable du programme, c'était une ancienne coach de basket qui nous disait tout le temps Le sport, c'est ce que tu fais parce que tu es Est-ce que ça t'inspire quelque chose, cette phrase ? Qu'est-ce que t'en penses, toi ?

  • Speaker #0

    C'est assez marrant parce que... Alors, ça résonne. Mais en même temps je trouve ça un peu détaché parce que moi je trouve que finalement le sport c'est ce que tu es. Parce que de la manière dont tu es dans ta vie en dehors c'est aussi comment tu retranscris ça dans ton sport. Et donc je ne sais pas trop comment le prendre. Peut-être que la manière dont je l'interprète, c'est ce que tu fais dans le sport, ça peut être un exutoire du coup. Tu peux être quelqu'un en dehors, mais tu peux être aussi quelqu'un d'autre sur le terrain. Moi, je l'interprète plutôt de cette manière, c'est comme ça que je le vois. Mais malgré tout, tu emmènes qui tu es sur un terrain. Mais c'est vrai que j'ai appris ça tout au long de ma carrière, c'est que je le vois avec les coachs et avec certaines joueuses. C'est que des fois... T'as des coachs, ils sont super humains, ils sont super bien en dehors, et dès qu'ils mettent le pied sur le parquet, ils se transforment. Franchement, c'est assez bizarre, mais t'as l'impression qu'ils rentrent dans une bulle où c'est leur cocon, leur position, leur zone de confort, et c'est comme ça qu'ils fonctionnent. Et s'ils amènent un peu cette haute partie d'eux avec, ça ne fonctionne pas, ça ne marche pas. Et c'est vrai que c'est assez paradoxal.

  • Speaker #1

    mais pour moi je pense que je suis la même personne en dehors et sur le terrain je comprends ce que tu veux dire par exemple si t'as un échec ou si t'as une défaite au final tu l'emmènes avec toi en dehors du terrain et même si ça va impacter ta personne la défaite elle correspond à la défaite pas de la personne mais la défaite de la sportive et des fois on a tendance à à ne pas faire la différence. Moi, je le vois, par exemple, je pense à un truc, mais ça n'a peut-être rien à voir, mais en tant que créatrice de contenu, par exemple, je vais faire une vidéo et en fait, si la vidéo ne marche pas pour X ou Y raisons, peut-être que ce n'était pas au bon moment, peut-être qu'il y avait une erreur dans la caption ou quoi que ce soit, peut-être que je vais la reposter plus tard, elle va fonctionner, mais si elle ne marche pas à ce moment où je la poste, je vais me dire... Peut-être que je vais avoir tendance à me dire que c'est moi qui suis nulle, parce que ce que j'ai fait, c'est nul, ça ne marche pas. Alors qu'en fait... La personne qui crée les vidéos, c'est la personne qui crée les vidéos et il y a un humain derrière. Des fois, on a tendance à ne plus faire la différence et ça devient compliqué.

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Mais je trouve que c'est important du coup parce que finalement, ça veut dire que ça te touche, ça veut dire que ça t'affecte parce que tu y mets ton cœur, tu y mets toute ton énergie. Je trouve ça compliqué de dire... Moi, en tout cas, c'est comme ça que je le vis. Je veux dire, demain, il se passe quelque chose dans ton taf, tu as une situation qui n'est pas... confortable, où tu t'entends pas avec ton boss, avec ton manager, c'est quelque chose que... paradoxalement t'emmènes aussi chez toi parce que c'est ton quotidien, c'est ce que tu fais tous les jours quand tu te lèves, c'est ta raison d'être donc c'est logique et donc c'est un peu pareil dans le sport et ce qui est sûr c'est qu'on aura toujours des échecs, il y aura des réussites on essaie de minimiser les échecs mais malgré tout c'est aussi ce qui nous permet de nous remettre en question ces échecs et peut-être aussi de nous amener à nous poser des questions de manière différente Alors justement,

  • Speaker #1

    est-ce qu'il faut beaucoup échouer ? pour beaucoup réussir.

  • Speaker #0

    Il y en a qui aiment dire oui, il y en a qui aiment dire non. Je ne suis pas... Ce qui est clair, c'est qu'il faut avoir des échecs. On essaie de les minimiser. On essaie d'en avoir le moins possible. Je pense que plus il y a de la répétition, plus on arrive à magnifier ce qu'on fait. C'est logique, plus tu répètes un mouvement que tu prends l'habitude de faire plusieurs fois et plus tu t'améliores à le faire, plus tu es plus rapide, plus efficace, tu trouves finalement d'autres shortcuts pour le faire plus rapidement, pour l'améliorer. Je pense qu'il faut avoir des échecs, c'est clair et net. Après, le but, ce n'est pas de toucher le fond non plus. Mais je sais qu'il y a des gens qui fonctionnent comme ça et surtout, il y en a qui ont moins de talent. Et ces gens-là, en général, quand ils ont moins de talent, ils ont besoin d'échouer beaucoup de fois parce qu'ils ont besoin d'avoir un certain temps pour assimiler des choses. Et donc, c'est ce qui fait qu'il y a beaucoup d'échecs avant qu'ils réussissent. Et je pense que c'est de cette manière que je le vois. C'est que tu as des gens qui ont une facilité dans la vie pour faire des choses, peu importe ce à quoi ils touchent, ils ont une aisance, une facilité. Et tu as des gens... Si je retranquais ça un peu dans le sport, il y a des gens qui ne sont pas doués, mais c'est par leur force de travail qu'ils arrivent à leur but. Et moi, c'est comme ça que je vois que tu as des gens qui ont besoin de beaucoup d'échecs justement pour atteindre leurs objectifs.

  • Speaker #1

    Tu fais des études à côté, en parallèle à l'EDEC, en finance. Pourquoi c'était important pour toi de continuer ou de reprendre tes études ?

  • Speaker #0

    Alors moi, c'était indéniablement, je m'étais promis. Puis j'allais reprendre mes études après ma carrière, je m'étais promis ça quand j'ai décidé d'arrêter après le bac. J'avais commencé un cursus et après j'ai arrêté parce que je voulais me consacrer complètement à ma carrière. Et j'ai dit, tu te promets de reprendre tes études quand tu vas décider d'arrêter, parce qu'il faut que tu aies un bagage, il faut que tu aies une certaine légitimité. Et puis le temps est passé, passé, passé, et puis il y a eu quelques blessures, et tout de suite, même si tu as un moment dans ta carrière où ça se passe très bien pour toi, la réalité te rattrape rapidement. Et donc moi comme c'était une promesse que je m'étais faite, j'ai dit je vais reprendre mes études et j'ai fait l'EDEC parce que c'est une super business school et moi que je veux me spécialiser du coup en finance. Et l'EDEC fait partie des meilleures écoles dans ce domaine là, donc ils font partie du top 5. Donc il y a quelques années ils étaient dans le top 3, ils étaient même deuxième position. Donc voilà et puis surtout il y a une grosse communauté alumni qui est hyper importante et puis j'ai eu cette opportunité là et j'ai foncé. Pourquoi c'est important pour moi ? Je l'ai déjà dit, c'est le bagage, les skills que j'ai besoin d'acquérir. Certes, il y a toutes les soft skills que j'ai à acquérir durant ma carrière, mais il y a aussi tout ce bagage, cet autre bagage finance, corporate, que je ne maîtrise pas, que j'ai besoin d'avoir avec moi, tout ce côté purement entreprise, je vais dire, que j'ai besoin d'avoir. On est dans un monde où on sait que les femmes en finance, il n'y en a pas beaucoup. C'est un monde qui est très marqué par les hommes. Je sais que si je veux faire ma place et que je veux m'imposer, même si je sais que je suis douée dans plusieurs domaines et dans certaines choses et que j'ai une maîtrise, Si j'ai pas un diplôme, les gens, ils vont essayer de me rabaisser.

  • Speaker #1

    Non mais c'est incroyable ça, mais c'est vraiment un truc français en fait. Parce que quand j'étais aux Etats-Unis et que je discutais avec les gens, tu te rends compte qu'il y a des gens qui font des carrières incroyables. mais qui n'ont pas forcément fait de longues études. En France, on regarde de suite quelle école t'as fait, quel niveau d'études, etc. Alors que ce n'est pas ça qui fait la compétence. Tu peux être autodidacte et tu peux apprendre par toi-même plein de choses. Je ne dis pas qu'il ne faut pas faire d'études, parce que c'est important aussi. Mais ce truc de regarder quelle école, quel diplôme, etc. et de te poser cette question en premier, c'est très français. Oui,

  • Speaker #0

    exactement. Je suis d'accord avec ça. Donc moi c'est surtout plus dans cet aspect crédibilité parce qu'aujourd'hui je pense que j'ai des projets à côté, je fais des choses qui pourraient me permettre de ne pas en avoir besoin, mais malgré tout ça compte pour moi. J'ai vraiment envie d'avoir ce diplôme et d'avoir ce background, parce qu'après j'aimerais aller vers un master, peut-être un MBA aux US, donc j'ai besoin de ça. Et puis surtout c'est pour avoir... Moi je suis très attachée au sport féminin, je me bats pour ça depuis plusieurs années, c'est mon credo et j'ai envie de trouver le business model qui va faire que le sport féminin en fait ça va exploser et qu'il y a des gens qui vont s'intéresser vraiment au sport féminin. Et je veux comprendre, je pense comprendre les aspects du pourquoi. Les gens ne viennent pas voir le sport féminin, ils n'ont pas le clic en se disant Ah, mais on pourrait réussir dans le sport féminin aussi, parce que dans le sport, il n'y a pas énormément de gens qui gagnent de l'argent, de l'argent je veux dire au niveau des investisseurs. Mais pourtant, ils investissent. Donc, qu'est-ce qui fait que, donc s'il y a une histoire d'image, mais il y a aussi une histoire de produit, il y a une histoire de marketing, il y a plusieurs aspects aujourd'hui que... qui sont assez marquées, dont j'ai conscience. Et j'ai envie de trouver cette solution parce qu'on fait aussi des choses extraordinaires. Et à performance égale, on n'est pas mis sur le même pied d'estal des garçons. Et on peut réussir. Donc voilà, c'est aujourd'hui, c'est pour ça qu'aussi je fais de la finance, parce que je veux trouver ce truc un peu manquant pour le sport féminin.

  • Speaker #1

    C'est encore moi, je prends 10 secondes et je vous interromps dans cette conversation. Pour vous informer que vous pouvez vous procurer le livre d'Alison Pinault qui vient juste de sortir, Ali, histoire d'une championne, aux éditions Les Sportives, il vous suffit juste d'aller dans la description de cet épisode et je vous partage le lien. Je ne vous interromps pas plus et je vous laisse continuer cette conversation.

  • Speaker #0

    Réussir justement à élever les femmes et à dire à toutes ces gamines qu'elles peuvent faire du sport, elles peuvent rêver parce que demain elles vont pouvoir peut-être en vivre, ça va leur apporter une exposition. elles vont pouvoir s'exprimer, qui est aussi un peu ce safe space, tu vois. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, c'est pas faire de la finance pour faire de la finance. C'est gagner un apprentissage sur la finance pour mettre ça au service du développement du sport féminin.

  • Speaker #0

    Exactement. Je veux trouver vraiment ce pont, en fait, entre finance et sport, parce que moi, le sport, j'ai ça dans le sang. Et donc c'est sûr que je ne vais pas couper le cordon bilégal comme ça, mais aujourd'hui il y a cette volonté aussi d'aller au state et de faire un MBA parce que c'est une histoire aussi de réseau et de faire comprendre et d'expliquer pourquoi le sport féminin aujourd'hui ne réussit pas et pourquoi vous n'intéressez pas, mais qu'est-ce qu'on peut apporter en face de ça. Et je pense que l'une des premières problématiques, c'est qu'on n'arrive pas à mettre en avant de ce qu'on peut vendre comme produit.

  • Speaker #1

    Ce que tu dis, ça me fait penser à quelque chose quand je suis partie aux Etats-Unis. On est partie la fin de la première semaine en Californie pendant trois jours à l'ESPN Women's Summit. C'était des conférences qui étaient dédiées à l'économie du sport féminin. Et donc, tu avais tous les acteurs du sport business, des clubs, des annonceurs, etc. NBA, NHL, etc. Et en fait, sur une conférence, ils ont parlé d'une étude super intéressante qui avait été faite récemment et qui disait, en gros, il y a un problème d'investissement dans le sport féminin. Parce qu'il y a cette fausse image négative, perçue, qu'il n'y aurait pas de fans. Et en fait, ce qu'ils expliquaient, c'est pas qu'il n'y a pas de fans, c'est qu'il n'y a pas assez d'investissement, donc pas assez de communication.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et c'est comme si, par exemple, tu vas au milieu d'une forêt, tu mets une boutique, mais tu ne donnes jamais le chemin. Les gens ne vont pas arriver tout seuls, en fait. Et donc, ils expliquaient qu'il y a une image perçue, qu'il n'y a pas de fans. Parce que, en fait, c'est ça le problème, c'est que si tu investis, en fait, si tu communiques, les fans, ils vont arriver. Puisque tu vas communiquer, tu vas envoyer le message et ils vont s'identifier. Mais je pense que c'est aussi lié à tout ce qui est entertainment, divertissement, parce qu'en fait, quand tu vas voir un match de foot féminin, déjà, s'il n'y a pas cette communication, donc tu ne sais même pas qui sont les joueuses, tu ne vas pas t'identifier, et tu n'arrives pas à avoir cette connexion, en fait. Donc, pourquoi tirer les voir au stade ? Puisqu'en fait, souvent, les supporters, ils savent à peine qu'elles existent, en fait. C'est malheureux, mais c'est un vrai problème d'investissement, à la base, au départ.

  • Speaker #0

    Et en fait, ça me résonne trop. Tu vois, par exemple, j'ai eu cette réflexion, il y a... Deux, trois jours, parce que je réfléchissais encore sur ce business model et j'essayais de comprendre, parce que moi je veux aller, après une fois que j'arrête ma carrière, je veux aller faire vraiment une tournée aux US, de voir les clubs, de voir les infrastructures, et vraiment voir ce côté show à l'américaine. Mais dans différents sports, j'ai déjà vu qu'en NBA, j'aimerais bien faire de la NFL, j'aimerais bien faire de nouveau des matchs de NBA, j'aimerais bien aller au baseball. Parce que regarde, aujourd'hui comment tu m'expliques que le baseball, le baseball ce n'est pas un sport qui joue partout dans le monde. Ça se joue dans certains pays. Et donc, comment tu arrives à générer autant d'argent ? Tu as un mec qui vient de signer le plus gros comptable d'histoire sur 10 ans. On parle de baseball. Donc, c'est pour dire que ce n'est pas une question de sport. Ce n'est pas une question de genre ou de femme. C'est juste que comment ils arrivent à monétiser tout ça ? Ils sont à un seul par, mais ils sont très forts dans ça. Le cricket aussi en Inde, c'est hyper… Et pourtant, ce n'est pas joué dans ton pays que ça. C'est là qu'il faut aller chercher et comprendre les business models, et comprendre comment ça fonctionne, parce que ce n'est pas une question de sport. Moi, je pense qu'au niveau de mon sport, le handball, on a dit que c'est un sport qui n'est pas assez universel, qu'on ne peut pas jouer assez facilement parce qu'il faut des cages. Ouais, ok. Mais du coup, ça veut dire que comment on arrive à casser cette barrière, cette image qu'on a, pour justement faire en sorte que ça soit plus universel. Et je pense que dans le sport féminin, c'est typiquement ça, c'est qu'il y a cette barrière, il n'y a pas de fan, mais on peut reprendre par exemple la Formule 1, ok c'est un sport de riche, mais la Formule 1 était en train de mourir il y a 6 ans. pourquoi finalement ils ont attiré un nouveau public de nouveau des jeunes et tu vas dans des grands prix c'est blindé tu vois un public qui est jeune et qui s'est pris au jeu mais pourquoi ? parce qu'il y a eu une stratégie marketing on veut attirer un nouveau public on veut attirer une jeune génération et c'est ça la force et nous c'est on doit s'inspirer de ça on doit trouver notre propre identité notre propre modèle mais on doit s'inspirer de ça et de comprendre aussi que si c'est possible chez les garçons c'est aussi possible chez nous pourquoi les filles pourquoi les filles des fois tu vois certaines filles qui vont au foot masculin mais qui ne vont pas au foot féminin. Tu vois, il y a plein de trucs comme ça et je pense qu'il y a un vrai rapport d'image. C'est ça notre truc qui nous manque. C'est qu'on a du mal du coup à créer une communauté et la nourrir.

  • Speaker #1

    C'est super intéressant ce que tu dis et d'ailleurs ça me parle notamment au niveau du foot féminin. Quand je parle avec les gens, il y en a beaucoup qui me disent Oui, mais ça avance, Vanessa, tu ne peux pas comparer avec les Etats-Unis, avec l'Angleterre. Je suis désolée, mais les bonnes pratiques, on peut les piocher partout, quel que soit le pays en fait. Et pour moi, j'ai un exemple, c'est l'Australie, quand je suis partie en Australie pour la Coupe du Monde féminine. Pour moi, c'est carrément le truc de... Ça casse le truc de... C'est une question de culture. C'est-à-dire qu'en Australie, ils font pas du foot. C'est pas un pays de foot.

  • Speaker #0

    Ouais, exactement.

  • Speaker #1

    Je suis restée cinq semaines en Australie, j'ai vu des fan zones remplies. Des fan zones avec 30 000 personnes. En Australie, à l'autre bout de la Terre. C'est-à-dire que les fans... du Brésil, des États-Unis, des fans du monde entier qui étaient présents sur place, qui se sont déplacés pour venir voir, pour assister à la Coupe du Monde féminine. Donc à un moment donné, c'est qu'ils ont réussi à avoir une stratégie marketing, non seulement pour fédérer des fans et des supporters en Australie, mais aussi à l'international.

  • Speaker #0

    Ils l'ont fait, et puis surtout, ils se disent, c'est l'Australie, ils sont quand même à l'autre bout du monde. C'est ça. Je veux dire, en termes de prix, ce n'est pas le pays le plus accessible. Je veux dire, l'Australie, la vie est chère.

  • Speaker #1

    Pour en revenir sur ton parcours, tu es la seule Française à avoir reçu le titre de meilleure joueuse au monde en handball. Est-ce que ça a changé ta vie ?

  • Speaker #0

    Pas du tout. Je vais te raconter une petite anecdote. Ça m'a vraiment marquée. C'était Nicolas Karabacic quand il a remporté son premier titre de meilleur joueur du monde. Il était en Allemagne, il était à Kiel. Je me souviendrai toujours quand j'ai lu l'article, elle a dit que c'est la première fois qu'un belge français est titré et désigné le meilleur joueur du monde, et en fait personne n'en parle. C'est fou, c'est dingue, c'est incroyable. Et certes c'est que du handball, mais c'est le premier français, il n'y a personne qui a eu cette désignation, ce trophée avant lui. Et ça m'est resté, et moi j'ai remporté du coup aussi le mien. 2009. et du coup non dans la sphère handball oui ça s'est su mais après au dehors, et puis j'étais très jeune j'avais 20 ans en plus, j'étais pas entourée encore donc non pas du tout ça a pas changé ma vie ça a changé certaines choses dans la perception peut-être dans ce que je devais devenir dans le futur, une motivation supplémentaire etc mais non ça a pas changé ma vue en termes de sponsor ok c'est fou quand même de se dire que ça a pas d'impact au niveau hum

  • Speaker #1

    Il y a peut-être eu un pic de médiatisation, mais dire que ça n'a pas d'impact au niveau du sponsoring, c'est assez fou quand même, parce que normalement ça devrait être lié. Du coup, j'aurais une autre question. Comment tu as vu, toi, l'évolution de la médiatisation du sport féminin depuis que tu as commencé dans le hand ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a eu un vrai cap. où on a senti que les gens commençaient à mettre des choses en place, je pense après les Jeux de Londres, petit à petit il y a eu, mais aujourd'hui c'est quoi, c'est 4 ou 6% je pense, la médiatique, voilà c'est 4%, je pense que j'ai vu l'évolution, parce que quand j'étais en France, moi j'ai commencé en 2006 du coup en pro, donc j'ai vu l'évolution de la Ligue, j'ai vu les efforts, j'ai vu la communication se mettre petit à petit, mais ça reste infime, c'est infime, quand tu... Quand tu regardes le palmarès de l'équipe de France féminine, et quand tu vois aujourd'hui à l'échelle, tu fais la ratio entre titres, c'est un film.

  • Speaker #1

    J'imagine qu'il y a eu des pics de médiatisation au moment où il y a des titres.

  • Speaker #0

    Comme toujours. De toute manière, c'est aussi pour ça que j'ai décidé de me faire accompagner en 2017, parce que j'ai compris. que si tu ne te faisais pas connaître et tu ne faisais pas parler de tes succès, les gens, ils oublient. Les gens oublient très, très vite, mais vraiment. Parce que, par exemple, à Rio, on remporte la médaille d'argent. Il y a Sarah O'Gramoun qui rapporte la même médaille. Et Sarah, on la voyait partout. Et on la voyait partout, partout, partout. Et je me suis posé la question. OK, certes, elle fait un sport individuel et nous, on fait un sport de co. Pas de problème. Mais je la voyais partout, partout. Tu la vois tellement partout que tu te disais, mais elle est championne olympique en fait cette fille. Non, elle est championne olympique. Et donc c'est pour te dire la force, la force des médias quand tu plantes des graines et quand tu te fais connaître et que tu parles de ça, finalement tu marques les esprits. Et après c'est quelque chose que tu dois entretenir sans cesse. Mais si tu ne le fais pas, je pourrais citer des autres athlètes qui ont été championnes olympiques. Il y a des gens qui ne les connaissent même pas.

  • Speaker #1

    Justement, de quelle manière tu utilises les réseaux sociaux pour te rendre visible ? Est-ce que tu vois ça comme un outil pour être ton propre média ? Moi,

  • Speaker #0

    si je vois totalement comme ça les réseaux sociaux, je pense que le seul problème aujourd'hui, c'est que tu as beaucoup d'athlètes, tu as beaucoup de filles qui ne se sentent pas légitimes, qui n'ont pas envie d'être sur les réseaux. Moi, je vois très bien dans mon équipe, il y a des filles, on essaie de mettre des trucs en place. Il faut un peu les tirer. Parce que je pense que déjà d'une, il y a un peu ce syndrome de l'imposteur, il y a ce truc, je ne suis pas légitime, mais je n'ai pas gagné de titres, moi je ne suis personne. Mais en fait, ce n'est pas ça les réseaux sociaux. Tu te mets en avant parce que tu veux parler à des gens, tu veux parler à ta communauté, tu veux transmettre un message et je pense qu'il y a une perception qui n'est pas bonne. À la base, les réseaux sociaux, c'est juste en gros pour les stars. Il y en a beaucoup qui pensent ça. Alors que non. En fait, peut-être que ta communauté, ça les intéresse de savoir qui tu es, ce que tu fais dans ton quotidien, quel est le message que tu veux faire passer. Moi, tu es maman, ton credo, c'est maman. Tu cliques, tu es maman, parle-le. Peu importe. Exactement. Et je pense que c'est hyper important de faire vraiment un travail aussi sur ça et de dire, les filles, vous devez communiquer parce que c'est là où vous pouvez vous exprimer. C'est votre safe space à vous. C'est vous qui décidez de ce que vous voulez mettre sur vos réseaux. Et en fait, tout le monde a un message à faire passer. Tout le monde a une voix. Et ça aussi c'est une problématique parce que du coup, quand tu es dans un club où finalement ils ne sont pas très bons dans la communication, où ils ne font pas beaucoup de communication parce qu'il n'y a pas de budget, ben justement c'est là que les filles et tu peux te rater du monde. et en fait ça se mesure pas que par le fait d'avoir des followers c'est pas ça mais il y a ce rapport et je pense qu'il y a une énorme pédagogie à faire et de dire aussi d'aiguiller des filles en disant peut-être dans les clubs, moi c'est mon idée mais de dire, de convoquer en fait les filles et de dire ok pourquoi aujourd'hui t'es pas sur les réseaux, qu'est-ce qui te bloque est-ce que t'aimerais le faire, mais si tu le fais pas on a besoin de toi parce que nanana et de dire qu'est-ce que t'aimerais faire et justement d'aider les filles à trouver cette ligne directrice être en gros un guide et dire Vous pouvez être sur les réseaux, c'est bien pour le club, c'est bien aussi pour vous, ça peut attirer d'autres sponsors, et puis finalement vous pouvez vous créer aussi une communauté, et puis c'est des gens qui peuvent venir aussi au match. Et je pense qu'il y a un énorme travail à faire autour de ça, de vraiment casser ces barrières et cette image de dire les réseaux sociaux c'est pour les stars.

  • Speaker #1

    Et tu vois, quand TikTok est arrivé, moi j'y suis allée en 2019, il n'y avait quasi personne dessus, c'était plutôt les Américains qui étaient dessus, et le monde du sport en France, les clubs, tout ça n'était pas dessus. Et en fait... Quand j'ai compris comment fonctionnait TikTok, c'est-à-dire tu peux avoir 3 abonnés et faire 100 000 vues, je me suis dit, là, cette plateforme, elle est en train de changer quelque chose. Parce qu'en fait, si les sportives et les athlètes de disciplines qui sont moins médiatisées y vont, en fait, il n'y aura plus besoin d'avoir... je sais pas, 15 000 ou 30 000 abonnés pour pouvoir faire des partenariats ou collaborer avec des marques et donc monétiser son contenu. Et je pense que TikTok est arrivé à casser un peu le game sur ça et aujourd'hui, les marques ne regardent plus que le nombre d'abonnés parce qu'en fait, tu peux très bien avoir un million d'abonnés et faire 300 vues et avoir 2000 abonnés et faire 50 000 vues à chaque vidéo. Donc en fait, ce qui compte, c'est le taux d'engagement. C'est les interactions que génère ton contenu.

  • Speaker #0

    C'est l'engagement aussi du coup, c'est le taux d'engagement. Tu sais que des fois, tu peux avoir une petite communauté, mais en fait, ils sont hyper actifs, hyper réactifs et tout. Et c'est plus valorisant que d'avoir une communauté hyper importante et où du coup, les gens, ils ne sont pas vraiment engagés. Mais en effet, ce n'est pas une question de... Parce que c'est vrai que les gens, ils pensent, ouais, du coup, tu as beaucoup de fleurs, donc du coup, tu peux avoir des marques, tu peux avoir des sponsors, etc. Mais ce n'est pas que ça, en fait, ce n'est pas que ça.

  • Speaker #1

    J'ai vu que ton autobiographie, la préface, c'est Marie-Josée Pérec. En quoi elle a été un modèle pour toi ? En quoi elle t'a inspirée dans ton sport ?

  • Speaker #0

    C'est mon modèle de jeunesse, clairement. Marie-Jo, c'est l'icône. C'est la personne qui, à l'heure actuelle, détient toujours la seule athlète française à détenir trois titres olympiques sur la même Olympiade. C'est... Extraordinaire, moi je pense que c'est un truc de fou. Puis surtout, on vient de la même île, je suis longiline comme elle, on m'a beaucoup dit que je lui ressemblais quand j'étais jeune et beaucoup pensaient que j'allais aller vers l'athlète justement par rapport à ça. Et finalement non, mais elle m'a inspirée par... Quand je la voyais à la télé, j'avais envie de faire comme elle. Cet amour de l'olympisme, ça vient de ma région.

  • Speaker #1

    Tu as eu plusieurs expériences à l'international. Du coup, tu as beaucoup voyagé aussi. Qu'est-ce que tu en as retenu ? Qu'est-ce que tu as appris de ces expériences à l'international ?

  • Speaker #0

    Ce qui m'a marquée, c'est la richesse des différentes cultures. Cette variété, moi, c'est ce qui me nourrit. C'est ce que j'aime. C'est ce que je vais chercher finalement dans les différents pays. Tu te rends compte que les gens, ils ont beaucoup moins que ce qu'on a en France, mais ils ont le cœur sur la main. Et puis de découvrir de nouvelles traditions. C'est hyper enrichissant. Moi, c'est ce que je dis, c'est que finalement, l'étranger, ça a façonné la femme que je suis devenue et surtout, ça m'a pris l'ouverture d'esprit. C'est surtout ça que ça t'apprend l'étranger parce que t'as un peu tes codes, t'as un peu tes préjugés, entre guillemets. Tu viens avec une image et en fait, t'arrives là-bas et tu prends une claque. Et du coup, tu fais, ah mais ouais, mais en fait, tous ces préjugés, tous ces a priori surtout, que t'as en fait au départ, très rapidement. Il tombe parce que déjà tu te retrouves dans un pays où tu ne parles pas la langue, donc tu es obligé de sortir de ta zone de confort, les gens vivent d'une certaine manière, il y a des règles à respecter, il y a des traditions à respecter, la nourriture est différente, tu vois, de ce que c'est exactement. Donc tu vois, il y a tout ça et du coup c'est ça qui est fort, c'est que tu es obligé de t'adapter. T'es obligé de comprendre les gens où tu vis parce que tu vas pas venir toi, de ton petit endroit et te dire non mais vous devez faire comme ça, pas du tout. Et c'est ça qui est fort, c'est ça que j'aime, ça me remplit moi, vraiment c'est très... C'est très enrichissant de partir comme ça, mais moi, c'est indéniablement, c'est vraiment l'ouverture d'esprit que ça m'a appris.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser à un truc, là, ce que tu racontes. Quand je suis partie aux États-Unis pour ce programme sur leadership et sport, on était 16 femmes du monde entier, en fait, à avoir été sélectionnées. Donc, 16 femmes de chaque fois un pays différent. et je me rappelle donc on devait toutes avoir un projet en venant aux Etats-Unis et j'ai une de mes collègues qui était athlète de haut niveau qui était nageuse de haut niveau qui a fait les Jeux Olympiques et elle venait de Bolivie et en fait elle avait un projet c'était de créer une piscine sociale en Bolivie et tu sais tu te dis en France bon ben les enfants ils apprennent à nager à l'école quoi enfin tu vois tu trouves que tu penses que c'est normal mais en fait c'est pas normal c'est-à-dire qu'elle nous racontait qu'en Bolivie on avait un projet aller à la piscine, ça coûte plus cher qu'aller prendre des cours de sport. C'est hyper cher. Et du coup, le point de quelle manière ça a un impact, c'est qu'en fait, les enfants, ils ne savent pas nager. parce qu'ils ne peuvent pas aller, ils n'apprennent pas à nager à l'école. Et donc, il y a beaucoup d'accidents, tout ça. Et en fait, donc, elle disait, elle voulait faire un projet, justement, pour mettre en place des piscines sociales dans son pays. Et là, c'est là que tu prends du recul et tu dis, ah ouais, mais en fait, ce que moi, j'ai, c'est que tout le monde ne l'a pas, en fait. Et je trouve ça incroyable, en fait, d'aller à l'étranger, à l'international et de prendre du recul, en fait, sur la vision que tu as habituellement, quoi.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça, mais c'est ça. Et c'est pour ça que je dis, moi, ça m'a façonné à l'étranger parce que les problématiques, comme tu viens juste de soulever, ne sont pas les mêmes. Et en fait, ça te fait redescendre. Et ça te fait redescendre, en fait, et tu te dis, ah mais ouais, en fait. Et tu te rends compte à quel point tu es privilégiée en France. Parce que tu vois que les autres, en fait, ils triment pour des trucs, ils triment pour des trucs qui sont basiques, de petites nécessités. Et toi, tu dis, ah mais ouais, mais nous, en fait, on est couverts par ça. Ah mais nous, on a accès à ça. Ah mais il y a ça en France. Ah mais ouais, la couverture sociale. Ah mais en fait, en Bolivie, c'est comme ça, il faut payer. Ça te fait redescendre d'un cran, voire de même de plus, parce que tu te dis, ouais, en fait, en France, on est chanceux. On est vraiment chanceux. Et certes, en fait, chaque pays a ses avantages, ses inconvénients, mais quand même, quand même. Tu vis dans un pays développé qui t'apporte quand même beaucoup de choses.

  • Speaker #1

    Mon compte s'appelle Champion du Digital, du coup je vais te poser la question, c'est quoi pour toi un champion ou une championne ?

  • Speaker #0

    Ma question m'a été posée récemment, c'est vrai que j'avais beaucoup hésité au départ. Je trouve que c'est difficile de définir un champion ou une championne, ça ne se résume pas qu'à tes titres, ce que tu as gagné, parce que finalement tu peux être aussi un champion en amateur, c'est aussi à ton level, parce que tu combats aussi des obstacles qui sont différents peut-être d'avoir quelqu'un qui a un niveau au-dessus. Moi je pense que les athlètes hors normes et hors du commun, c'est des gens qui restent focus. Pour moi c'est ça, c'est que... Tu restes fixé sur ton objectif peu importe ce qui se passe. Et tu ne te détournes pas de ton objectif final, peu importe ce qui arrive. Un champion, pour moi, ça ne se résume pas qu'à ses titres. Il y a l'athlète, mais il y a aussi l'athlète qui potentiellement dépasse son sport, qui est aussi engagé sur des causes sociétales. C'est important pour moi aussi en tant que sportif de dire qu'il y a l'athlète, la femme et cette autre personne qui est engagée pour des causes qui sont importantes. Parce que tu sais que tu as un pouvoir d'action que quelqu'un de lambda n'aura pas. Et tu as une vitrine supplémentaire, exactement. Pour moi, un champion hors du commun, c'est quelqu'un qui ne se préoccupe pas des autres. C'est vraiment quelqu'un qui reste focus sur son objectif. et que peu importe ce qui arrive en chemin il va au bout, après il y a échec ou il y a réussite mais voilà tu te détournes pas de ton point A on va dire Ah ouais il y a un truc qui me revient par rapport à tout à l'heure

  • Speaker #1

    On parlait du fait d'aller à l'international, le fait que ça casse des stéréotypes, des préjugés et que tu as une vision différente. Et c'est un truc que j'ai expérimenté en partant aux Etats-Unis. Tu sais, le truc de la langue de l'accent. Quand tu arrives dans un pays qui n'est pas le tien, où tu ne parles pas la même langue. En arrivant aux Etats-Unis, je me disais, mon accent, il est vraiment horrible, mon accent français, quand je parle en anglais. Et en fait, je me suis vite rendu compte que... Toutes les critiques que j'ai eues sur mon accent, c'était que par des Français, en fait. Et c'était en France, par des Français, qui jugent comment tu parles. Même si toi-même, tu sais que ton accent n'est pas bon, tu vas avoir ce jugement-là, qui t'empêche d'avoir confiance. Et je me rends compte à quel point, en partant à l'étranger, tu peux gagner en confiance. Parce que tu vois, quand je suis partie aux États-Unis, je suis revenue. Là-bas, aux États-Unis, rien que le fait que tu saches parler anglais, ils trouvent ça génial. Et justement, ils adorent les... Alors déjà, aux Etats-Unis, ils adorent les Français. Mais en plus, ils adorent l'accent français. Et au contraire, ils te disent Moi, je ne sais même pas parler français, en fait. Donc, c'est incroyable que tu aies appris la langue. Et qu'importe si tu as un accent qui n'est pas bon, du temps qu'on arrive à te comprendre, tout va bien. Et je trouve que c'est ça. Ça, c'est un truc important aussi. Quand tu vas à l'international, c'est cette confiance en soi que tu gagnes, en fait.

  • Speaker #0

    Exactement. Je pense que c'est super mal que tu te sois confronté finalement à Outstate parce que je l'ai vu au travers de mes différents voyages, ce que les gens ils aiment c'est de dire que tu fais l'effort. Alors que nous en France, on aime beaucoup parler, dire Ah mais ton accent il est pourri, ouais mais ça il est pourri. Mais en fait, il y en a beaucoup qui ne parlent pas de langue, qui n'ont jamais été là-bas et ils ne savent pas. Et on est très fort pour ça, pour critiquer et pour dire Ouais mais nanana nanana nanana Mais non en fait. Et du coup, nous, c'est ce qu'on nous reproche à l'étranger. C'est-à-dire, oui, mais vous, les Français, vous parlez juste français et c'est tout. Vous n'avez pas parlé d'autres langues. Alors que dans les autres pays, tu vois, et tu vois même des fois, tu vois des petites personnes de 50 ans dans les pays balcones, tu vois, ils ne parlent pas super bien anglais, mais ils baragouinent quelques trucs et du coup, c'est suffisant. Et en fait, le principal. ouais ok t'aimerais bien peut-être avoir un meilleur accent mais tu peux le changer mais peut-être que pour l'instant c'est pas ton truc tu peux toujours t'améliorer mais finalement pour toi là l'essentiel c'est de te dire que je me fais comprendre, les gens me comprennent c'est l'essentiel et peut-être que plus tard j'essaierai de m'améliorer, de progresser dans mon accent mais je comprends que t'es peur et en fait c'est ça c'est ce que les gens vont penser, c'est la perception que toi tu dis ok, moi je suis ok je sais que mon anglais il est pas super mais le plus important pour moi finalement c'est de me faire comprendre et si les gens me comprennent ça va

  • Speaker #1

    Carrément. Et quand je suis allée aux Etats-Unis, que j'étais en stage à ESPN, le deuxième jour, on a rencontré le PDG d'ESPN et je lui ai demandé un conseil qu'il partagerait en termes de leadership ou en tant que leader d'ESPN. Et il m'a dit un truc que je me souviendrai toujours, c'est... Le courage, c'est pas de ne pas avoir peur, c'est la capacité à vaincre tes peurs.

  • Speaker #0

    Exactement, et puis surtout, tu te rends compte, tu te dis cette peur, c'est pas que c'est débile, parce que c'est pas le bon terme, mais tu te dis, finalement, j'étais stressée, j'avais peur pour pas grand-chose, parce qu'il a totalement raison, c'est qu'au bout d'un moment, c'est tous les trucs que tu te mets dans ta tête, toi toute seule, qui te bloquent. Et si tu arrives à passer au-dessus de ça, tu te rends compte, mais... Je suis sûre qu'au bout de trois semaines, déjà, tu étais beaucoup plus fluide. C'était fluide. Tu réfléchissais plus comment je dois le dire, comment je dois chercher. En fait, ça vient tout seul. Et c'est ça, en fait. Il faut être courageux. Il faut aller au-delà de ses peurs. Et une fois que tu passes au-delà de ça, tu te fais why En fait, tu te dis je me faisais des primes pour rien du tout Et justement,

  • Speaker #1

    si je t'aurais conté cette histoire, c'était pour aller sur la question suivante. Quel est le meilleur conseil que tu as reçu dans ta carrière de sportive ?

  • Speaker #0

    Alors moi j'ai un leitmotiv Olivier Crombol s'est répété tout le temps quand on était Souvent, avant des matchs, quand on préparait des matchs, on préparait une grosse séance et ils nous disaient souvent, les filles, il faut payer le prix. Et moi, des fois, j'avais du mal à la sauter. Je disais, il faut payer le prix de quoi et tout. Non, non, OK, il faut bien se préparer. Non, non, mais je dis, mais ouais. Et en fait, au fur et à mesure que j'ai avancé dans ma carrière, j'ai compris le message derrière. Parce que je voulais atteindre les sommets, je voulais être la meilleure. Et moi, je l'ai reformulé à ma manière. Et c'est mon credo. Et dans la vie, en fait, je vois les trucs comme ça. C'est-à-dire qu'à un moment donné, tu te fiches un objectif, tu mesures le prix et après, tu payes le prix. Et c'est comme ça, moi, que je vois aussi un champion. C'est qu'à un moment donné... Tu vas avoir des obstacles, tu vas tomber, tu vas te relever, et c'est ce que je disais tout à l'heure, c'est que le bateau il bouge, il tangue, tu prends des tempêtes, mais si tu gardes en ligne de mire ton objectif final, tu arrives, tu arrives. Après peut-être que tu vas échouer devant, mais au moins tu arrives au bout, tu vas au bout, et tu t'arrêtes pas. Et ce qui fait la différence, je pense, dans... D'un athlète, d'un hors du commun, c'est ça, c'est qu'à un moment donné, il se fiche l'objectif, il dit ok, je dois faire ça. Et en fait, si je veux réussir à atteindre mon objectif, il faut que je paye le prix. Et payer le prix, c'est-à-dire que moi, c'est ce que j'ai fait par exemple pour les Jeux de Tokyo. Je savais qu'il fallait que je sacrifier mes vacances d'été, le repos avant les Jeux, pour pouvoir aller aux Jeux, pour aller me préparer différemment avec mes prépa physiques pendant 10 jours. Et c'est tout ça, payer le prix. C'est-à-dire qu'à un moment donné, peut-être que tu vas devoir mettre ta vie... dans un projet, ta vie peut-être un peu perso, aller à l'époque, boire des petits coups, sortir, prendre du temps pour les week-ends, peut-être que tu vas devoir sacrifier un an de ta vie pour quelque chose qui va te rapporter peut-être x10. Et moi, c'est comme ça que je vois la live. J'ai un peu remodelé le truc, mais le meilleur conseil que je pense qu'on m'ait donné, il y en a plusieurs peut-être, là-dessus, c'est compliqué.

  • Speaker #1

    Mais c'est ce que tu viens d'expliquer en fait. Dans ta vision, c'est en gros de se dire au final, personne n'aurait réussi, tout le monde... Serez champion si tout le monde faisait la même chose ? Et tu te rends compte que ce qui arrive, c'est que ceux qui réussissent, c'est ceux qui n'ont pas abandonné, qui ont répété, répété, répété, même s'il y avait des échecs.

  • Speaker #0

    Exactement. Il y a un bon dicton qui dit un truc, c'est-à-dire que quand tu fais ce que tu as toujours fait, tu as le résultat que tu as toujours obtenu. Et donc, si tu veux obtenir des résultats que tu n'as jamais obtenus, commence par faire des choses que tu n'as jamais faites. C'est surtout, c'est ça, c'est que tu répètes, tu répètes, et puis au bout d'un moment, tu t'améliores. Je pense que c'est ça qui est aussi frustrant, c'est que les gens, en fait, ils voient juste le résultat et ils se disent Ah, mais tu as trop de chance ! La chance, en fait, je l'ai provoquée et c'est le résultat de tous ces efforts. Et c'est beau. Les gens ne voient que la partie immergée de l'iceberg.

  • Speaker #1

    Pour terminer, ça représente quoi, les Jeux de Paris 2024 pour toi ?

  • Speaker #0

    L'aboutissement d'une carrière. Je pense que pour moi, c'est le plus beau au revoir que je pourrais avoir. Le farewell de best.

  • Speaker #1

    Je vais terminer avec la question que j'aurais pu te poser tout au début, mais on la garde pour la fin. Après tout ce que tu viens de nous raconter, ton parcours, tout ce que tu as fait pour être là où tu es aujourd'hui, comment, si tu devais te présenter, qu'est-ce que tu dirais ?

  • Speaker #0

    Je lui dirais que je m'appelle Alison Pinault, que je suis plutôt cool, je suis fun, j'ai énormément de choses à dire. Je suis quelqu'un, je suis entière, je vais au bout des choses, je me donne toujours les moyens de mes ambitions et que la cause féminine, la femme dans le sport et la femme dans la société, c'est quelque chose qui comptait énormément pour moi. Donc dans la vie, il faut savoir foncer et n'oubliez pas de me follow au cas où. Merci à toi Vanessa, c'était au top, en tout cas super.

  • Speaker #1

    Vous avez trouvé cet épisode inspirant ou utile ? Sachez que vous pouvez m'aider à le mettre en avant sur les plateformes de podcast. Pour cela, il suffit que vous mettiez 5 étoiles sur Apple Podcast ou sur Spotify et vous pouvez également commenter en posant une question ou en faisant une remarque sur l'épisode. Un autre moyen pour mettre en lumière l'épisode, c'est de partager le lien sur votre profil LinkedIn et de me mentionner dans la publication. J'hésiterai pas de mon côté à vous repartager. Merci !

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  • Début interview avec Allison Pineau

    01:30

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Description

Dans cet épisode, Allison Pineau, élue meilleure joueuse de handball au monde en 2009, médaillée d'or aux Jeux Olympiques de Tokyo et médaillée d'argent aux Jeux de Rio, nous parle de son objectif de participer aux Jeux de Paris 2024 avant de prendre sa retraite sportive.


Je l'ai rencontrée il y a quelques semaines à Paris dans le cadre de la sortie de son autobiographie aux éditions Les Sportives, ALLI, Histoires(s) d'une championne


Au programme de cet épisode :

  • Des Jeux Olympiques à la sortie d'une autobiographie

  • Trouver le succès à travers l'échec : comment devenir une championne

  • Comment donner plus de place aux femmes dans le monde du sport et dans la société

  • L'évolution de la médiatisation du sport féminin

  • Sa reconversion : comment passer du sport à la finance

  • Les leçons tirées d'une expérience à l'international


Ressources de l’épisode : 



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Transcription

  • Speaker #0

    Nous, les sport-co, on est un peu dans la machine à la vue, on est sans cesse. On est rentrés de Tokyo, une semaine après, moi je devais retourner dans mon club. Aujourd'hui, j'ai deux médailles olympiques, j'en ai une en argent et une en or. Que si tu ne te faisais pas connaître et tu ne faisais pas parler de tes succès, les gens, ils oublient. Et savoir qu'elle voulait lancer sa maison d'édition avec moi, avec ce bouquin en premier, c'était un message fort. Moi, je suis très attachée aux sports féminins. Je me bats pour ça depuis plusieurs années. En 2008, mon délire, mon rêve, c'était de prendre une photo avec Michael Phelps. Quand tu fais ce que tu as toujours fait, tu as l'illustration que tu as toujours obtenue.

  • Speaker #1

    Hello, c'est Vanessa, créatrice de contenu dans le sport depuis 7 ans sous le pseudo champion du digital. Sur mes réseaux, vous retrouverez des interviews inspirantes d'athlètes de haut niveau, des insights dans les coulisses des plus grands événements sportifs et des conseils pour faire carrière dans l'industrie du sport. Sur ce podcast, j'alterne entre des interviews inspirantes de sportives et sportives de haut niveau et des décryptages avec des professionnels pour répondre à des problématiques concrètes autour de l'industrie du sport et du marketing. Que vous soyez étudiant. athlète, professionnel de l'industrie du sport ou du digital, ce podcast est fait pour vous. Ça fait plus de 7 ans que j'accompagne tous les acteurs du monde du sport qui veulent se rendre visibles sur les réseaux. L'année dernière, j'ai fait plusieurs millions de vues sur TikTok et Insta grâce à des vidéos verticales impactantes. Si vous avez un projet autour du sport dans les semaines à venir, écrivez-moi sur LinkedIn ou par mail et on en discute. Bonne écoute ! Dans cet épisode, je pars à la rencontre d'Alison Pinault. Une grande championne française de handball. On a échangé sur son parcours, ses médailles, ses souvenirs autour des Jeux, mais aussi sa préparation pour les Jeux de Paris 2024. J'ai échangé avec Alison au mois de décembre dernier, à l'occasion de la sortie de son livre Ali, histoire d'une championne où elle parle de son parcours, de ses obstacles, mais aussi de sa résilience. Juste avant de commencer, on parlait du PSG et du fait que tu commandes des matchs depuis pas longtemps. Est-ce que tu pourrais nous parler de ça ? Comment ça s'est passé ? Et comment tu en es arrivée là ?

  • Speaker #0

    Tout simplement pour mon amour du PSG. Je vais souvent au parc quand j'ai la possibilité. Et puis, il y a eu vent de ça. Elle m'a invitée justement sur l'émission 100% PSG, quelques mois. Et du coup, on a commencé à parler de fil en aiguille. Et elle m'a rappelé pour une autre émission au sujet de mon bouquin. Et elle m'a dit, il faut vraiment que tu viennes un soir avec nous. Commenter un match, ça va être super. Elle m'a invitée. J'ai sauté sur l'opportunité, je regarde le calendrier et je dis il y a Dortmund-PSG, MJ ? Ouais, banco, MJ, ouais, carrément et tout, pas de soucis, avec plaisir, on t'accueillera avec l'équipe. Et ça s'est fait comme ça, tout simplement. Du coup, mercredi soir, je me retrouve avec toute l'équipe, Rico, les invités, Pia, Miguel, et on se fait le game. C'était une superbe... C'est une super belle expérience parce que j'apporte une dimension un peu différente d'eux. Je suis toujours athlète, je suis toujours en activité et j'apporte finalement le ressenti de l'athlète, des joueurs, ce côté un peu pur terrain qu'ils n'ont pas et qu'ils ont qu'à travers des joueurs. C'était fabuleux, il y a eu un gros débat justement sur cette fin de match où il y a eu plutôt Enrique qui demandait une gestion et de l'autre côté tu avais Kylian qui lui voulait essayer de marquer, de pousser et donc il y a eu un gros débat, moi je disais ils ont raison, on ne va pas prendre de risques, on sentait qu'on était sur le fil du rasoir, que c'était un peu tendu et que peut-être on allait prendre un but en contre. donc il fallait aussi penser à ça il y avait l'équipe qui était là on est le PSG on peut pas faire ça on doit tout faire pour marquer on est prêts à tout à quel prix c'était un beau moment c'est surtout que toi t'as la vision qu'un journaliste qui n'a jamais été sportif ou sportif de haut niveau n'aura jamais,

  • Speaker #1

    c'est la vision du terrain donc c'est clair que c'est intéressant d'avoir cette vision là et puis cette empathie aussi que t'as en tant qu'athlète de haut niveau qui n'aurait pas forcément Un journaliste qui n'a pas expérimenté le terrain. Évidemment, tu as Paris 2024 dans le visage, les jeux à la maison. Qu'est-ce que ça a de particulier les Jeux Olympiques par rapport à d'autres compétitions, comme un mondial par exemple ? Et en quoi justement l'expérience est importante sur une compétition comme les Jeux Olympiques ?

  • Speaker #0

    Simplement, les Jeux c'est la planète. C'est ce qui différencie du monde, c'est qu'on se retrouve tous pendant deux semaines à un endroit, on est enfermés et on vit des émotions extraordinaires. Pour aller plus loin, les Jeux c'est l'universalité. Et tu te retrouves avec des gens que tu suis peut-être pendant l'année, tu suis les exploits sportifs. Je repense à quand je revois Michael Phelps en 2008, en 2007, tous les jeux. Moi, je suis une grande fan de Michael Phelps. Et donc, c'est tout ça en fait, les jeux, c'est de voir tous ces gens que tu vois performer. Je repense à Nadal, à Joko. Je pourrais en citer plein. Je me rappelle du Seinbold aussi au village, Asafa Powell, Jason Blake. Enfin, je pourrais te... Voilà. Frazer aussi, c'est tout ça. C'est vraiment ça les Jeux. Ça dépasse vraiment un mondial et un euro parce que déjà, ça se passe tous les quatre ans. Donc c'est une particularité, c'est pour dire à quel point c'est difficile d'aller aux Jeux. Il faut te qualifier, quand tu arrives là-bas, il faut prendre la dimension de l'événement, de ce moment particulier, il faut performer et après peut-être prétendre à une médaille. Donc c'est vraiment complexe les Jeux. Une compétition tellement spéciale, tu te prends à regarder des disciplines que finalement tu ne connaissais même peut-être pas ou que tu n'aurais jamais regardé si ce n'était pas les Jeux. Et c'est ça les Jeux, c'est se prendre goût à des disciplines auxquelles on ne parle pas, où on ne prête pas attention et c'est assez fabuleux. Et puis de voir tous ces pays du monde, toutes ces nations. Des fois tu vois la Série des Vertus, il y en a qui sont trois athlètes pour représenter leur pays. Et c'est ça qui est fabuleux, c'est ça les Jeux. C'est la représentation de toute cette population mondiale.

  • Speaker #1

    Et puis à la différence d'un mondial par exemple, qui est limité à un seul et unique sport, les Jeux c'est le moment où tu vas croiser des athlètes de toutes les disciplines. Et ce qui vous relie notamment, c'est le village olympique où se croisent tous les athlètes. Est-ce que tu aurais une anecdote qui te vient ? Tu parlais tout à l'heure de Usain Bolt ou d'autres athlètes que tu aurais rencontrés, des athlètes qui t'inspirent par exemple.

  • Speaker #0

    En 2008, mon délire, mon rêve, c'était de prendre une photo avec Michael Phelps. Parce que je le suivais déjà depuis quelques temps et je savais qu'il venait à Pékin pour battre le record de Mark Spitz. C'était ouf ! C'était ouf ! Et de se dire qu'il a réussi à le faire et je l'ai vu au self. et j'ai sauté sur l'occasion directe parce que certes il était connu mais pas encore il avait pas pris cette dimension j'ai sauté sur l'opportunité j'ai vu ma photo avec Michael Phelps j'ai vu Maradona aussi enfin que

  • Speaker #1

    des trucs du genre tu te dis je suis où mais c'est ça les jeux On va parler des Jeux de Tokyo un grand moment pour vous puisque vous gagnez la médaille d'or Quel est le premier souvenir qui te vient quand je te dis Jeux Olympiques de Tokyo ?

  • Speaker #0

    Délivrance, consécration, c'est le truc auquel je pense. Extraordinaire, extraordinaire de se dire qu'enfin on a réussi à le faire, qu'on a réussi à décrocher ce titre, à décrocher cette médaille d'or, après la déception de Rio. En tout cas, moi ça a été une déception personnelle parce qu'on n'a pas réussi à accrocher le titre et que certes, je suis d'accord, j'ai la chance d'avoir une médaille. médaille olympique en argent à Rio mais malgré tout il y a cette frustration avant les Jeux de Tokyo de se dire qu'on n'avait pas réussi et puis on ne sait jamais quand est-ce que l'opportunité va se représenter donc il y avait ça et aujourd'hui j'ai deux médailles olympiques,

  • Speaker #1

    j'en ai une en argent et une en or donc je suis entre guillemets comblée J'ai écouté récemment un épisode de podcast sur le podcast Championne du Monde dédicace à elle d'ailleurs si elle nous écoute et c'était un épisode avec Madeleine Malonga qui a participé aux Jeux Olympiques, qui a remporté les Jeux, et qui est en équipe de France de judo, et qui expliquait qu'elle n'a pas forcément le temps de savourer entre chaque jeu, entre chaque grande compétition, et que c'est déjà la next step. Est-ce que toi, tu prends le temps de savourer chaque victoire sur les grandes compétitions, et est-ce que tu arrives à avoir le recul de te dire waouh ? Voilà ce que j'ai fait, prendre le recul, de voir que c'est vraiment un exploit en fait, ou est-ce que tu es déjà dans la next step ?

  • Speaker #0

    C'est idem. Nous les sport-co, on est un peu dans la machine à la vie, on est rentrés de Tokyo, une semaine après je devais retourner dans mon club pour la reprise, et c'est vrai qu'on n'a pas le temps de prendre le temps finalement de savourer. Nos performances, nos exploits, des fois c'est frustrant parce que ça nous empêche finalement de réaliser la grandeur de ce qu'on a réalisé entre guillemets et de prendre le temps et de savourer avec les gens, de dire ouais on a réussi à le faire et de profiter entre guillemets de ce moment d'extase parce que c'est tous les quatre ans donc ça n'arrive pas tout le temps et c'est quand même particulier donc c'est vrai que c'est complexe de se dire et... J'ai fini et finalement, il faut déjà que je me projette sur la prochaine échéance. La prochaine échéance, c'est le club. Et puis après, surtout une compétition qui arrive quatre mois pour nous, l'Anbal, avec le Mondial du Co-op après les Jeux de Tokyo.

  • Speaker #1

    Si on est là aujourd'hui, c'est aussi pour parler de ton livre, de ta biographie, Ali, histoire d'une championne. que tu as coécrit avec Mejdaline et qui sort aux éditions Les Sportives. Comment est né ce projet ? Est-ce que tu peux nous en parler ? Et à noter que cet ouvrage sort aux éditions Les Sportives. C'est le premier ouvrage de la maison des éditions qui a été créé et fondé par Aurélie Bresson, qui a le média Les Sportives. Donc j'imagine que c'est aussi un choix de passer par les sportifs pour sortir cet ouvrage. Et comment ça s'est passé ? Comment s'est passé le processus d'écriture ? Parce que j'imagine que c'est un exercice vraiment particulier.

  • Speaker #0

    Le projet m'a été proposé il y a deux ans à peu près. J'avais eu cette opportunité quelques années auparavant, mais je n'avais pas donné suite parce que je pense que ce n'était pas le bon moment pour moi. Je ne sentais pas le réel feeling. Et là, ça a été immédiat avec Aurélie, parce que le projet me parlait, intérieurement, ça me parlait. Vraiment parce que déjà c'est Aurélie Bresson, c'est une femme qui se bat pour la place de la femme dans le sport, le sport féminin. Et savoir qu'elle voulait lancer sa maison d'édition avec moi, avec ce bouquin en premier, c'était un message fort. On est en adéquation sur les valeurs et finalement sur ce qui nous motive. Donc le choix a été simple et assez rapide de répondre positivement à ce projet d'autobiographie. Ça s'est très bien passé avec Mej, on s'est vus beaucoup de fois, on a fait beaucoup d'entretiens, on a passé beaucoup de temps, on a beaucoup échangé. Le travail d'introspection, c'est un art qui est assez complexe et qui est difficile parce que ça remue beaucoup de choses, il y a beaucoup d'émotions qu'on doit exprimer, qu'on doit essayer de transmettre à la plume qui va écrire. Donc, ce n'est pas simple, honnêtement. Ça a fait remonter beaucoup de souvenirs, des moins bons et des plus heureux, bien sûr. Mais aujourd'hui, je pense que je suis très apaisée d'avoir réussi à le faire.

  • Speaker #1

    Cette biographie parle évidemment du fait que tu es une athlète de haut niveau, championne, tu as gagné de nombreux titres. On en parlait tout à l'heure, mais du coup, moi, je suis partie aux États-Unis pendant cinq semaines récemment. Et donc, c'était un programme leadership et sport. Et on avait... La responsable du programme, c'était une ancienne coach de basket qui nous disait tout le temps Le sport, c'est ce que tu fais parce que tu es Est-ce que ça t'inspire quelque chose, cette phrase ? Qu'est-ce que t'en penses, toi ?

  • Speaker #0

    C'est assez marrant parce que... Alors, ça résonne. Mais en même temps je trouve ça un peu détaché parce que moi je trouve que finalement le sport c'est ce que tu es. Parce que de la manière dont tu es dans ta vie en dehors c'est aussi comment tu retranscris ça dans ton sport. Et donc je ne sais pas trop comment le prendre. Peut-être que la manière dont je l'interprète, c'est ce que tu fais dans le sport, ça peut être un exutoire du coup. Tu peux être quelqu'un en dehors, mais tu peux être aussi quelqu'un d'autre sur le terrain. Moi, je l'interprète plutôt de cette manière, c'est comme ça que je le vois. Mais malgré tout, tu emmènes qui tu es sur un terrain. Mais c'est vrai que j'ai appris ça tout au long de ma carrière, c'est que je le vois avec les coachs et avec certaines joueuses. C'est que des fois... T'as des coachs, ils sont super humains, ils sont super bien en dehors, et dès qu'ils mettent le pied sur le parquet, ils se transforment. Franchement, c'est assez bizarre, mais t'as l'impression qu'ils rentrent dans une bulle où c'est leur cocon, leur position, leur zone de confort, et c'est comme ça qu'ils fonctionnent. Et s'ils amènent un peu cette haute partie d'eux avec, ça ne fonctionne pas, ça ne marche pas. Et c'est vrai que c'est assez paradoxal.

  • Speaker #1

    mais pour moi je pense que je suis la même personne en dehors et sur le terrain je comprends ce que tu veux dire par exemple si t'as un échec ou si t'as une défaite au final tu l'emmènes avec toi en dehors du terrain et même si ça va impacter ta personne la défaite elle correspond à la défaite pas de la personne mais la défaite de la sportive et des fois on a tendance à à ne pas faire la différence. Moi, je le vois, par exemple, je pense à un truc, mais ça n'a peut-être rien à voir, mais en tant que créatrice de contenu, par exemple, je vais faire une vidéo et en fait, si la vidéo ne marche pas pour X ou Y raisons, peut-être que ce n'était pas au bon moment, peut-être qu'il y avait une erreur dans la caption ou quoi que ce soit, peut-être que je vais la reposter plus tard, elle va fonctionner, mais si elle ne marche pas à ce moment où je la poste, je vais me dire... Peut-être que je vais avoir tendance à me dire que c'est moi qui suis nulle, parce que ce que j'ai fait, c'est nul, ça ne marche pas. Alors qu'en fait... La personne qui crée les vidéos, c'est la personne qui crée les vidéos et il y a un humain derrière. Des fois, on a tendance à ne plus faire la différence et ça devient compliqué.

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Mais je trouve que c'est important du coup parce que finalement, ça veut dire que ça te touche, ça veut dire que ça t'affecte parce que tu y mets ton cœur, tu y mets toute ton énergie. Je trouve ça compliqué de dire... Moi, en tout cas, c'est comme ça que je le vis. Je veux dire, demain, il se passe quelque chose dans ton taf, tu as une situation qui n'est pas... confortable, où tu t'entends pas avec ton boss, avec ton manager, c'est quelque chose que... paradoxalement t'emmènes aussi chez toi parce que c'est ton quotidien, c'est ce que tu fais tous les jours quand tu te lèves, c'est ta raison d'être donc c'est logique et donc c'est un peu pareil dans le sport et ce qui est sûr c'est qu'on aura toujours des échecs, il y aura des réussites on essaie de minimiser les échecs mais malgré tout c'est aussi ce qui nous permet de nous remettre en question ces échecs et peut-être aussi de nous amener à nous poser des questions de manière différente Alors justement,

  • Speaker #1

    est-ce qu'il faut beaucoup échouer ? pour beaucoup réussir.

  • Speaker #0

    Il y en a qui aiment dire oui, il y en a qui aiment dire non. Je ne suis pas... Ce qui est clair, c'est qu'il faut avoir des échecs. On essaie de les minimiser. On essaie d'en avoir le moins possible. Je pense que plus il y a de la répétition, plus on arrive à magnifier ce qu'on fait. C'est logique, plus tu répètes un mouvement que tu prends l'habitude de faire plusieurs fois et plus tu t'améliores à le faire, plus tu es plus rapide, plus efficace, tu trouves finalement d'autres shortcuts pour le faire plus rapidement, pour l'améliorer. Je pense qu'il faut avoir des échecs, c'est clair et net. Après, le but, ce n'est pas de toucher le fond non plus. Mais je sais qu'il y a des gens qui fonctionnent comme ça et surtout, il y en a qui ont moins de talent. Et ces gens-là, en général, quand ils ont moins de talent, ils ont besoin d'échouer beaucoup de fois parce qu'ils ont besoin d'avoir un certain temps pour assimiler des choses. Et donc, c'est ce qui fait qu'il y a beaucoup d'échecs avant qu'ils réussissent. Et je pense que c'est de cette manière que je le vois. C'est que tu as des gens qui ont une facilité dans la vie pour faire des choses, peu importe ce à quoi ils touchent, ils ont une aisance, une facilité. Et tu as des gens... Si je retranquais ça un peu dans le sport, il y a des gens qui ne sont pas doués, mais c'est par leur force de travail qu'ils arrivent à leur but. Et moi, c'est comme ça que je vois que tu as des gens qui ont besoin de beaucoup d'échecs justement pour atteindre leurs objectifs.

  • Speaker #1

    Tu fais des études à côté, en parallèle à l'EDEC, en finance. Pourquoi c'était important pour toi de continuer ou de reprendre tes études ?

  • Speaker #0

    Alors moi, c'était indéniablement, je m'étais promis. Puis j'allais reprendre mes études après ma carrière, je m'étais promis ça quand j'ai décidé d'arrêter après le bac. J'avais commencé un cursus et après j'ai arrêté parce que je voulais me consacrer complètement à ma carrière. Et j'ai dit, tu te promets de reprendre tes études quand tu vas décider d'arrêter, parce qu'il faut que tu aies un bagage, il faut que tu aies une certaine légitimité. Et puis le temps est passé, passé, passé, et puis il y a eu quelques blessures, et tout de suite, même si tu as un moment dans ta carrière où ça se passe très bien pour toi, la réalité te rattrape rapidement. Et donc moi comme c'était une promesse que je m'étais faite, j'ai dit je vais reprendre mes études et j'ai fait l'EDEC parce que c'est une super business school et moi que je veux me spécialiser du coup en finance. Et l'EDEC fait partie des meilleures écoles dans ce domaine là, donc ils font partie du top 5. Donc il y a quelques années ils étaient dans le top 3, ils étaient même deuxième position. Donc voilà et puis surtout il y a une grosse communauté alumni qui est hyper importante et puis j'ai eu cette opportunité là et j'ai foncé. Pourquoi c'est important pour moi ? Je l'ai déjà dit, c'est le bagage, les skills que j'ai besoin d'acquérir. Certes, il y a toutes les soft skills que j'ai à acquérir durant ma carrière, mais il y a aussi tout ce bagage, cet autre bagage finance, corporate, que je ne maîtrise pas, que j'ai besoin d'avoir avec moi, tout ce côté purement entreprise, je vais dire, que j'ai besoin d'avoir. On est dans un monde où on sait que les femmes en finance, il n'y en a pas beaucoup. C'est un monde qui est très marqué par les hommes. Je sais que si je veux faire ma place et que je veux m'imposer, même si je sais que je suis douée dans plusieurs domaines et dans certaines choses et que j'ai une maîtrise, Si j'ai pas un diplôme, les gens, ils vont essayer de me rabaisser.

  • Speaker #1

    Non mais c'est incroyable ça, mais c'est vraiment un truc français en fait. Parce que quand j'étais aux Etats-Unis et que je discutais avec les gens, tu te rends compte qu'il y a des gens qui font des carrières incroyables. mais qui n'ont pas forcément fait de longues études. En France, on regarde de suite quelle école t'as fait, quel niveau d'études, etc. Alors que ce n'est pas ça qui fait la compétence. Tu peux être autodidacte et tu peux apprendre par toi-même plein de choses. Je ne dis pas qu'il ne faut pas faire d'études, parce que c'est important aussi. Mais ce truc de regarder quelle école, quel diplôme, etc. et de te poser cette question en premier, c'est très français. Oui,

  • Speaker #0

    exactement. Je suis d'accord avec ça. Donc moi c'est surtout plus dans cet aspect crédibilité parce qu'aujourd'hui je pense que j'ai des projets à côté, je fais des choses qui pourraient me permettre de ne pas en avoir besoin, mais malgré tout ça compte pour moi. J'ai vraiment envie d'avoir ce diplôme et d'avoir ce background, parce qu'après j'aimerais aller vers un master, peut-être un MBA aux US, donc j'ai besoin de ça. Et puis surtout c'est pour avoir... Moi je suis très attachée au sport féminin, je me bats pour ça depuis plusieurs années, c'est mon credo et j'ai envie de trouver le business model qui va faire que le sport féminin en fait ça va exploser et qu'il y a des gens qui vont s'intéresser vraiment au sport féminin. Et je veux comprendre, je pense comprendre les aspects du pourquoi. Les gens ne viennent pas voir le sport féminin, ils n'ont pas le clic en se disant Ah, mais on pourrait réussir dans le sport féminin aussi, parce que dans le sport, il n'y a pas énormément de gens qui gagnent de l'argent, de l'argent je veux dire au niveau des investisseurs. Mais pourtant, ils investissent. Donc, qu'est-ce qui fait que, donc s'il y a une histoire d'image, mais il y a aussi une histoire de produit, il y a une histoire de marketing, il y a plusieurs aspects aujourd'hui que... qui sont assez marquées, dont j'ai conscience. Et j'ai envie de trouver cette solution parce qu'on fait aussi des choses extraordinaires. Et à performance égale, on n'est pas mis sur le même pied d'estal des garçons. Et on peut réussir. Donc voilà, c'est aujourd'hui, c'est pour ça qu'aussi je fais de la finance, parce que je veux trouver ce truc un peu manquant pour le sport féminin.

  • Speaker #1

    C'est encore moi, je prends 10 secondes et je vous interromps dans cette conversation. Pour vous informer que vous pouvez vous procurer le livre d'Alison Pinault qui vient juste de sortir, Ali, histoire d'une championne, aux éditions Les Sportives, il vous suffit juste d'aller dans la description de cet épisode et je vous partage le lien. Je ne vous interromps pas plus et je vous laisse continuer cette conversation.

  • Speaker #0

    Réussir justement à élever les femmes et à dire à toutes ces gamines qu'elles peuvent faire du sport, elles peuvent rêver parce que demain elles vont pouvoir peut-être en vivre, ça va leur apporter une exposition. elles vont pouvoir s'exprimer, qui est aussi un peu ce safe space, tu vois. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, c'est pas faire de la finance pour faire de la finance. C'est gagner un apprentissage sur la finance pour mettre ça au service du développement du sport féminin.

  • Speaker #0

    Exactement. Je veux trouver vraiment ce pont, en fait, entre finance et sport, parce que moi, le sport, j'ai ça dans le sang. Et donc c'est sûr que je ne vais pas couper le cordon bilégal comme ça, mais aujourd'hui il y a cette volonté aussi d'aller au state et de faire un MBA parce que c'est une histoire aussi de réseau et de faire comprendre et d'expliquer pourquoi le sport féminin aujourd'hui ne réussit pas et pourquoi vous n'intéressez pas, mais qu'est-ce qu'on peut apporter en face de ça. Et je pense que l'une des premières problématiques, c'est qu'on n'arrive pas à mettre en avant de ce qu'on peut vendre comme produit.

  • Speaker #1

    Ce que tu dis, ça me fait penser à quelque chose quand je suis partie aux Etats-Unis. On est partie la fin de la première semaine en Californie pendant trois jours à l'ESPN Women's Summit. C'était des conférences qui étaient dédiées à l'économie du sport féminin. Et donc, tu avais tous les acteurs du sport business, des clubs, des annonceurs, etc. NBA, NHL, etc. Et en fait, sur une conférence, ils ont parlé d'une étude super intéressante qui avait été faite récemment et qui disait, en gros, il y a un problème d'investissement dans le sport féminin. Parce qu'il y a cette fausse image négative, perçue, qu'il n'y aurait pas de fans. Et en fait, ce qu'ils expliquaient, c'est pas qu'il n'y a pas de fans, c'est qu'il n'y a pas assez d'investissement, donc pas assez de communication.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et c'est comme si, par exemple, tu vas au milieu d'une forêt, tu mets une boutique, mais tu ne donnes jamais le chemin. Les gens ne vont pas arriver tout seuls, en fait. Et donc, ils expliquaient qu'il y a une image perçue, qu'il n'y a pas de fans. Parce que, en fait, c'est ça le problème, c'est que si tu investis, en fait, si tu communiques, les fans, ils vont arriver. Puisque tu vas communiquer, tu vas envoyer le message et ils vont s'identifier. Mais je pense que c'est aussi lié à tout ce qui est entertainment, divertissement, parce qu'en fait, quand tu vas voir un match de foot féminin, déjà, s'il n'y a pas cette communication, donc tu ne sais même pas qui sont les joueuses, tu ne vas pas t'identifier, et tu n'arrives pas à avoir cette connexion, en fait. Donc, pourquoi tirer les voir au stade ? Puisqu'en fait, souvent, les supporters, ils savent à peine qu'elles existent, en fait. C'est malheureux, mais c'est un vrai problème d'investissement, à la base, au départ.

  • Speaker #0

    Et en fait, ça me résonne trop. Tu vois, par exemple, j'ai eu cette réflexion, il y a... Deux, trois jours, parce que je réfléchissais encore sur ce business model et j'essayais de comprendre, parce que moi je veux aller, après une fois que j'arrête ma carrière, je veux aller faire vraiment une tournée aux US, de voir les clubs, de voir les infrastructures, et vraiment voir ce côté show à l'américaine. Mais dans différents sports, j'ai déjà vu qu'en NBA, j'aimerais bien faire de la NFL, j'aimerais bien faire de nouveau des matchs de NBA, j'aimerais bien aller au baseball. Parce que regarde, aujourd'hui comment tu m'expliques que le baseball, le baseball ce n'est pas un sport qui joue partout dans le monde. Ça se joue dans certains pays. Et donc, comment tu arrives à générer autant d'argent ? Tu as un mec qui vient de signer le plus gros comptable d'histoire sur 10 ans. On parle de baseball. Donc, c'est pour dire que ce n'est pas une question de sport. Ce n'est pas une question de genre ou de femme. C'est juste que comment ils arrivent à monétiser tout ça ? Ils sont à un seul par, mais ils sont très forts dans ça. Le cricket aussi en Inde, c'est hyper… Et pourtant, ce n'est pas joué dans ton pays que ça. C'est là qu'il faut aller chercher et comprendre les business models, et comprendre comment ça fonctionne, parce que ce n'est pas une question de sport. Moi, je pense qu'au niveau de mon sport, le handball, on a dit que c'est un sport qui n'est pas assez universel, qu'on ne peut pas jouer assez facilement parce qu'il faut des cages. Ouais, ok. Mais du coup, ça veut dire que comment on arrive à casser cette barrière, cette image qu'on a, pour justement faire en sorte que ça soit plus universel. Et je pense que dans le sport féminin, c'est typiquement ça, c'est qu'il y a cette barrière, il n'y a pas de fan, mais on peut reprendre par exemple la Formule 1, ok c'est un sport de riche, mais la Formule 1 était en train de mourir il y a 6 ans. pourquoi finalement ils ont attiré un nouveau public de nouveau des jeunes et tu vas dans des grands prix c'est blindé tu vois un public qui est jeune et qui s'est pris au jeu mais pourquoi ? parce qu'il y a eu une stratégie marketing on veut attirer un nouveau public on veut attirer une jeune génération et c'est ça la force et nous c'est on doit s'inspirer de ça on doit trouver notre propre identité notre propre modèle mais on doit s'inspirer de ça et de comprendre aussi que si c'est possible chez les garçons c'est aussi possible chez nous pourquoi les filles pourquoi les filles des fois tu vois certaines filles qui vont au foot masculin mais qui ne vont pas au foot féminin. Tu vois, il y a plein de trucs comme ça et je pense qu'il y a un vrai rapport d'image. C'est ça notre truc qui nous manque. C'est qu'on a du mal du coup à créer une communauté et la nourrir.

  • Speaker #1

    C'est super intéressant ce que tu dis et d'ailleurs ça me parle notamment au niveau du foot féminin. Quand je parle avec les gens, il y en a beaucoup qui me disent Oui, mais ça avance, Vanessa, tu ne peux pas comparer avec les Etats-Unis, avec l'Angleterre. Je suis désolée, mais les bonnes pratiques, on peut les piocher partout, quel que soit le pays en fait. Et pour moi, j'ai un exemple, c'est l'Australie, quand je suis partie en Australie pour la Coupe du Monde féminine. Pour moi, c'est carrément le truc de... Ça casse le truc de... C'est une question de culture. C'est-à-dire qu'en Australie, ils font pas du foot. C'est pas un pays de foot.

  • Speaker #0

    Ouais, exactement.

  • Speaker #1

    Je suis restée cinq semaines en Australie, j'ai vu des fan zones remplies. Des fan zones avec 30 000 personnes. En Australie, à l'autre bout de la Terre. C'est-à-dire que les fans... du Brésil, des États-Unis, des fans du monde entier qui étaient présents sur place, qui se sont déplacés pour venir voir, pour assister à la Coupe du Monde féminine. Donc à un moment donné, c'est qu'ils ont réussi à avoir une stratégie marketing, non seulement pour fédérer des fans et des supporters en Australie, mais aussi à l'international.

  • Speaker #0

    Ils l'ont fait, et puis surtout, ils se disent, c'est l'Australie, ils sont quand même à l'autre bout du monde. C'est ça. Je veux dire, en termes de prix, ce n'est pas le pays le plus accessible. Je veux dire, l'Australie, la vie est chère.

  • Speaker #1

    Pour en revenir sur ton parcours, tu es la seule Française à avoir reçu le titre de meilleure joueuse au monde en handball. Est-ce que ça a changé ta vie ?

  • Speaker #0

    Pas du tout. Je vais te raconter une petite anecdote. Ça m'a vraiment marquée. C'était Nicolas Karabacic quand il a remporté son premier titre de meilleur joueur du monde. Il était en Allemagne, il était à Kiel. Je me souviendrai toujours quand j'ai lu l'article, elle a dit que c'est la première fois qu'un belge français est titré et désigné le meilleur joueur du monde, et en fait personne n'en parle. C'est fou, c'est dingue, c'est incroyable. Et certes c'est que du handball, mais c'est le premier français, il n'y a personne qui a eu cette désignation, ce trophée avant lui. Et ça m'est resté, et moi j'ai remporté du coup aussi le mien. 2009. et du coup non dans la sphère handball oui ça s'est su mais après au dehors, et puis j'étais très jeune j'avais 20 ans en plus, j'étais pas entourée encore donc non pas du tout ça a pas changé ma vie ça a changé certaines choses dans la perception peut-être dans ce que je devais devenir dans le futur, une motivation supplémentaire etc mais non ça a pas changé ma vue en termes de sponsor ok c'est fou quand même de se dire que ça a pas d'impact au niveau hum

  • Speaker #1

    Il y a peut-être eu un pic de médiatisation, mais dire que ça n'a pas d'impact au niveau du sponsoring, c'est assez fou quand même, parce que normalement ça devrait être lié. Du coup, j'aurais une autre question. Comment tu as vu, toi, l'évolution de la médiatisation du sport féminin depuis que tu as commencé dans le hand ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a eu un vrai cap. où on a senti que les gens commençaient à mettre des choses en place, je pense après les Jeux de Londres, petit à petit il y a eu, mais aujourd'hui c'est quoi, c'est 4 ou 6% je pense, la médiatique, voilà c'est 4%, je pense que j'ai vu l'évolution, parce que quand j'étais en France, moi j'ai commencé en 2006 du coup en pro, donc j'ai vu l'évolution de la Ligue, j'ai vu les efforts, j'ai vu la communication se mettre petit à petit, mais ça reste infime, c'est infime, quand tu... Quand tu regardes le palmarès de l'équipe de France féminine, et quand tu vois aujourd'hui à l'échelle, tu fais la ratio entre titres, c'est un film.

  • Speaker #1

    J'imagine qu'il y a eu des pics de médiatisation au moment où il y a des titres.

  • Speaker #0

    Comme toujours. De toute manière, c'est aussi pour ça que j'ai décidé de me faire accompagner en 2017, parce que j'ai compris. que si tu ne te faisais pas connaître et tu ne faisais pas parler de tes succès, les gens, ils oublient. Les gens oublient très, très vite, mais vraiment. Parce que, par exemple, à Rio, on remporte la médaille d'argent. Il y a Sarah O'Gramoun qui rapporte la même médaille. Et Sarah, on la voyait partout. Et on la voyait partout, partout, partout. Et je me suis posé la question. OK, certes, elle fait un sport individuel et nous, on fait un sport de co. Pas de problème. Mais je la voyais partout, partout. Tu la vois tellement partout que tu te disais, mais elle est championne olympique en fait cette fille. Non, elle est championne olympique. Et donc c'est pour te dire la force, la force des médias quand tu plantes des graines et quand tu te fais connaître et que tu parles de ça, finalement tu marques les esprits. Et après c'est quelque chose que tu dois entretenir sans cesse. Mais si tu ne le fais pas, je pourrais citer des autres athlètes qui ont été championnes olympiques. Il y a des gens qui ne les connaissent même pas.

  • Speaker #1

    Justement, de quelle manière tu utilises les réseaux sociaux pour te rendre visible ? Est-ce que tu vois ça comme un outil pour être ton propre média ? Moi,

  • Speaker #0

    si je vois totalement comme ça les réseaux sociaux, je pense que le seul problème aujourd'hui, c'est que tu as beaucoup d'athlètes, tu as beaucoup de filles qui ne se sentent pas légitimes, qui n'ont pas envie d'être sur les réseaux. Moi, je vois très bien dans mon équipe, il y a des filles, on essaie de mettre des trucs en place. Il faut un peu les tirer. Parce que je pense que déjà d'une, il y a un peu ce syndrome de l'imposteur, il y a ce truc, je ne suis pas légitime, mais je n'ai pas gagné de titres, moi je ne suis personne. Mais en fait, ce n'est pas ça les réseaux sociaux. Tu te mets en avant parce que tu veux parler à des gens, tu veux parler à ta communauté, tu veux transmettre un message et je pense qu'il y a une perception qui n'est pas bonne. À la base, les réseaux sociaux, c'est juste en gros pour les stars. Il y en a beaucoup qui pensent ça. Alors que non. En fait, peut-être que ta communauté, ça les intéresse de savoir qui tu es, ce que tu fais dans ton quotidien, quel est le message que tu veux faire passer. Moi, tu es maman, ton credo, c'est maman. Tu cliques, tu es maman, parle-le. Peu importe. Exactement. Et je pense que c'est hyper important de faire vraiment un travail aussi sur ça et de dire, les filles, vous devez communiquer parce que c'est là où vous pouvez vous exprimer. C'est votre safe space à vous. C'est vous qui décidez de ce que vous voulez mettre sur vos réseaux. Et en fait, tout le monde a un message à faire passer. Tout le monde a une voix. Et ça aussi c'est une problématique parce que du coup, quand tu es dans un club où finalement ils ne sont pas très bons dans la communication, où ils ne font pas beaucoup de communication parce qu'il n'y a pas de budget, ben justement c'est là que les filles et tu peux te rater du monde. et en fait ça se mesure pas que par le fait d'avoir des followers c'est pas ça mais il y a ce rapport et je pense qu'il y a une énorme pédagogie à faire et de dire aussi d'aiguiller des filles en disant peut-être dans les clubs, moi c'est mon idée mais de dire, de convoquer en fait les filles et de dire ok pourquoi aujourd'hui t'es pas sur les réseaux, qu'est-ce qui te bloque est-ce que t'aimerais le faire, mais si tu le fais pas on a besoin de toi parce que nanana et de dire qu'est-ce que t'aimerais faire et justement d'aider les filles à trouver cette ligne directrice être en gros un guide et dire Vous pouvez être sur les réseaux, c'est bien pour le club, c'est bien aussi pour vous, ça peut attirer d'autres sponsors, et puis finalement vous pouvez vous créer aussi une communauté, et puis c'est des gens qui peuvent venir aussi au match. Et je pense qu'il y a un énorme travail à faire autour de ça, de vraiment casser ces barrières et cette image de dire les réseaux sociaux c'est pour les stars.

  • Speaker #1

    Et tu vois, quand TikTok est arrivé, moi j'y suis allée en 2019, il n'y avait quasi personne dessus, c'était plutôt les Américains qui étaient dessus, et le monde du sport en France, les clubs, tout ça n'était pas dessus. Et en fait... Quand j'ai compris comment fonctionnait TikTok, c'est-à-dire tu peux avoir 3 abonnés et faire 100 000 vues, je me suis dit, là, cette plateforme, elle est en train de changer quelque chose. Parce qu'en fait, si les sportives et les athlètes de disciplines qui sont moins médiatisées y vont, en fait, il n'y aura plus besoin d'avoir... je sais pas, 15 000 ou 30 000 abonnés pour pouvoir faire des partenariats ou collaborer avec des marques et donc monétiser son contenu. Et je pense que TikTok est arrivé à casser un peu le game sur ça et aujourd'hui, les marques ne regardent plus que le nombre d'abonnés parce qu'en fait, tu peux très bien avoir un million d'abonnés et faire 300 vues et avoir 2000 abonnés et faire 50 000 vues à chaque vidéo. Donc en fait, ce qui compte, c'est le taux d'engagement. C'est les interactions que génère ton contenu.

  • Speaker #0

    C'est l'engagement aussi du coup, c'est le taux d'engagement. Tu sais que des fois, tu peux avoir une petite communauté, mais en fait, ils sont hyper actifs, hyper réactifs et tout. Et c'est plus valorisant que d'avoir une communauté hyper importante et où du coup, les gens, ils ne sont pas vraiment engagés. Mais en effet, ce n'est pas une question de... Parce que c'est vrai que les gens, ils pensent, ouais, du coup, tu as beaucoup de fleurs, donc du coup, tu peux avoir des marques, tu peux avoir des sponsors, etc. Mais ce n'est pas que ça, en fait, ce n'est pas que ça.

  • Speaker #1

    J'ai vu que ton autobiographie, la préface, c'est Marie-Josée Pérec. En quoi elle a été un modèle pour toi ? En quoi elle t'a inspirée dans ton sport ?

  • Speaker #0

    C'est mon modèle de jeunesse, clairement. Marie-Jo, c'est l'icône. C'est la personne qui, à l'heure actuelle, détient toujours la seule athlète française à détenir trois titres olympiques sur la même Olympiade. C'est... Extraordinaire, moi je pense que c'est un truc de fou. Puis surtout, on vient de la même île, je suis longiline comme elle, on m'a beaucoup dit que je lui ressemblais quand j'étais jeune et beaucoup pensaient que j'allais aller vers l'athlète justement par rapport à ça. Et finalement non, mais elle m'a inspirée par... Quand je la voyais à la télé, j'avais envie de faire comme elle. Cet amour de l'olympisme, ça vient de ma région.

  • Speaker #1

    Tu as eu plusieurs expériences à l'international. Du coup, tu as beaucoup voyagé aussi. Qu'est-ce que tu en as retenu ? Qu'est-ce que tu as appris de ces expériences à l'international ?

  • Speaker #0

    Ce qui m'a marquée, c'est la richesse des différentes cultures. Cette variété, moi, c'est ce qui me nourrit. C'est ce que j'aime. C'est ce que je vais chercher finalement dans les différents pays. Tu te rends compte que les gens, ils ont beaucoup moins que ce qu'on a en France, mais ils ont le cœur sur la main. Et puis de découvrir de nouvelles traditions. C'est hyper enrichissant. Moi, c'est ce que je dis, c'est que finalement, l'étranger, ça a façonné la femme que je suis devenue et surtout, ça m'a pris l'ouverture d'esprit. C'est surtout ça que ça t'apprend l'étranger parce que t'as un peu tes codes, t'as un peu tes préjugés, entre guillemets. Tu viens avec une image et en fait, t'arrives là-bas et tu prends une claque. Et du coup, tu fais, ah mais ouais, mais en fait, tous ces préjugés, tous ces a priori surtout, que t'as en fait au départ, très rapidement. Il tombe parce que déjà tu te retrouves dans un pays où tu ne parles pas la langue, donc tu es obligé de sortir de ta zone de confort, les gens vivent d'une certaine manière, il y a des règles à respecter, il y a des traditions à respecter, la nourriture est différente, tu vois, de ce que c'est exactement. Donc tu vois, il y a tout ça et du coup c'est ça qui est fort, c'est que tu es obligé de t'adapter. T'es obligé de comprendre les gens où tu vis parce que tu vas pas venir toi, de ton petit endroit et te dire non mais vous devez faire comme ça, pas du tout. Et c'est ça qui est fort, c'est ça que j'aime, ça me remplit moi, vraiment c'est très... C'est très enrichissant de partir comme ça, mais moi, c'est indéniablement, c'est vraiment l'ouverture d'esprit que ça m'a appris.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser à un truc, là, ce que tu racontes. Quand je suis partie aux États-Unis pour ce programme sur leadership et sport, on était 16 femmes du monde entier, en fait, à avoir été sélectionnées. Donc, 16 femmes de chaque fois un pays différent. et je me rappelle donc on devait toutes avoir un projet en venant aux Etats-Unis et j'ai une de mes collègues qui était athlète de haut niveau qui était nageuse de haut niveau qui a fait les Jeux Olympiques et elle venait de Bolivie et en fait elle avait un projet c'était de créer une piscine sociale en Bolivie et tu sais tu te dis en France bon ben les enfants ils apprennent à nager à l'école quoi enfin tu vois tu trouves que tu penses que c'est normal mais en fait c'est pas normal c'est-à-dire qu'elle nous racontait qu'en Bolivie on avait un projet aller à la piscine, ça coûte plus cher qu'aller prendre des cours de sport. C'est hyper cher. Et du coup, le point de quelle manière ça a un impact, c'est qu'en fait, les enfants, ils ne savent pas nager. parce qu'ils ne peuvent pas aller, ils n'apprennent pas à nager à l'école. Et donc, il y a beaucoup d'accidents, tout ça. Et en fait, donc, elle disait, elle voulait faire un projet, justement, pour mettre en place des piscines sociales dans son pays. Et là, c'est là que tu prends du recul et tu dis, ah ouais, mais en fait, ce que moi, j'ai, c'est que tout le monde ne l'a pas, en fait. Et je trouve ça incroyable, en fait, d'aller à l'étranger, à l'international et de prendre du recul, en fait, sur la vision que tu as habituellement, quoi.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça, mais c'est ça. Et c'est pour ça que je dis, moi, ça m'a façonné à l'étranger parce que les problématiques, comme tu viens juste de soulever, ne sont pas les mêmes. Et en fait, ça te fait redescendre. Et ça te fait redescendre, en fait, et tu te dis, ah mais ouais, en fait. Et tu te rends compte à quel point tu es privilégiée en France. Parce que tu vois que les autres, en fait, ils triment pour des trucs, ils triment pour des trucs qui sont basiques, de petites nécessités. Et toi, tu dis, ah mais ouais, mais nous, en fait, on est couverts par ça. Ah mais nous, on a accès à ça. Ah mais il y a ça en France. Ah mais ouais, la couverture sociale. Ah mais en fait, en Bolivie, c'est comme ça, il faut payer. Ça te fait redescendre d'un cran, voire de même de plus, parce que tu te dis, ouais, en fait, en France, on est chanceux. On est vraiment chanceux. Et certes, en fait, chaque pays a ses avantages, ses inconvénients, mais quand même, quand même. Tu vis dans un pays développé qui t'apporte quand même beaucoup de choses.

  • Speaker #1

    Mon compte s'appelle Champion du Digital, du coup je vais te poser la question, c'est quoi pour toi un champion ou une championne ?

  • Speaker #0

    Ma question m'a été posée récemment, c'est vrai que j'avais beaucoup hésité au départ. Je trouve que c'est difficile de définir un champion ou une championne, ça ne se résume pas qu'à tes titres, ce que tu as gagné, parce que finalement tu peux être aussi un champion en amateur, c'est aussi à ton level, parce que tu combats aussi des obstacles qui sont différents peut-être d'avoir quelqu'un qui a un niveau au-dessus. Moi je pense que les athlètes hors normes et hors du commun, c'est des gens qui restent focus. Pour moi c'est ça, c'est que... Tu restes fixé sur ton objectif peu importe ce qui se passe. Et tu ne te détournes pas de ton objectif final, peu importe ce qui arrive. Un champion, pour moi, ça ne se résume pas qu'à ses titres. Il y a l'athlète, mais il y a aussi l'athlète qui potentiellement dépasse son sport, qui est aussi engagé sur des causes sociétales. C'est important pour moi aussi en tant que sportif de dire qu'il y a l'athlète, la femme et cette autre personne qui est engagée pour des causes qui sont importantes. Parce que tu sais que tu as un pouvoir d'action que quelqu'un de lambda n'aura pas. Et tu as une vitrine supplémentaire, exactement. Pour moi, un champion hors du commun, c'est quelqu'un qui ne se préoccupe pas des autres. C'est vraiment quelqu'un qui reste focus sur son objectif. et que peu importe ce qui arrive en chemin il va au bout, après il y a échec ou il y a réussite mais voilà tu te détournes pas de ton point A on va dire Ah ouais il y a un truc qui me revient par rapport à tout à l'heure

  • Speaker #1

    On parlait du fait d'aller à l'international, le fait que ça casse des stéréotypes, des préjugés et que tu as une vision différente. Et c'est un truc que j'ai expérimenté en partant aux Etats-Unis. Tu sais, le truc de la langue de l'accent. Quand tu arrives dans un pays qui n'est pas le tien, où tu ne parles pas la même langue. En arrivant aux Etats-Unis, je me disais, mon accent, il est vraiment horrible, mon accent français, quand je parle en anglais. Et en fait, je me suis vite rendu compte que... Toutes les critiques que j'ai eues sur mon accent, c'était que par des Français, en fait. Et c'était en France, par des Français, qui jugent comment tu parles. Même si toi-même, tu sais que ton accent n'est pas bon, tu vas avoir ce jugement-là, qui t'empêche d'avoir confiance. Et je me rends compte à quel point, en partant à l'étranger, tu peux gagner en confiance. Parce que tu vois, quand je suis partie aux États-Unis, je suis revenue. Là-bas, aux États-Unis, rien que le fait que tu saches parler anglais, ils trouvent ça génial. Et justement, ils adorent les... Alors déjà, aux Etats-Unis, ils adorent les Français. Mais en plus, ils adorent l'accent français. Et au contraire, ils te disent Moi, je ne sais même pas parler français, en fait. Donc, c'est incroyable que tu aies appris la langue. Et qu'importe si tu as un accent qui n'est pas bon, du temps qu'on arrive à te comprendre, tout va bien. Et je trouve que c'est ça. Ça, c'est un truc important aussi. Quand tu vas à l'international, c'est cette confiance en soi que tu gagnes, en fait.

  • Speaker #0

    Exactement. Je pense que c'est super mal que tu te sois confronté finalement à Outstate parce que je l'ai vu au travers de mes différents voyages, ce que les gens ils aiment c'est de dire que tu fais l'effort. Alors que nous en France, on aime beaucoup parler, dire Ah mais ton accent il est pourri, ouais mais ça il est pourri. Mais en fait, il y en a beaucoup qui ne parlent pas de langue, qui n'ont jamais été là-bas et ils ne savent pas. Et on est très fort pour ça, pour critiquer et pour dire Ouais mais nanana nanana nanana Mais non en fait. Et du coup, nous, c'est ce qu'on nous reproche à l'étranger. C'est-à-dire, oui, mais vous, les Français, vous parlez juste français et c'est tout. Vous n'avez pas parlé d'autres langues. Alors que dans les autres pays, tu vois, et tu vois même des fois, tu vois des petites personnes de 50 ans dans les pays balcones, tu vois, ils ne parlent pas super bien anglais, mais ils baragouinent quelques trucs et du coup, c'est suffisant. Et en fait, le principal. ouais ok t'aimerais bien peut-être avoir un meilleur accent mais tu peux le changer mais peut-être que pour l'instant c'est pas ton truc tu peux toujours t'améliorer mais finalement pour toi là l'essentiel c'est de te dire que je me fais comprendre, les gens me comprennent c'est l'essentiel et peut-être que plus tard j'essaierai de m'améliorer, de progresser dans mon accent mais je comprends que t'es peur et en fait c'est ça c'est ce que les gens vont penser, c'est la perception que toi tu dis ok, moi je suis ok je sais que mon anglais il est pas super mais le plus important pour moi finalement c'est de me faire comprendre et si les gens me comprennent ça va

  • Speaker #1

    Carrément. Et quand je suis allée aux Etats-Unis, que j'étais en stage à ESPN, le deuxième jour, on a rencontré le PDG d'ESPN et je lui ai demandé un conseil qu'il partagerait en termes de leadership ou en tant que leader d'ESPN. Et il m'a dit un truc que je me souviendrai toujours, c'est... Le courage, c'est pas de ne pas avoir peur, c'est la capacité à vaincre tes peurs.

  • Speaker #0

    Exactement, et puis surtout, tu te rends compte, tu te dis cette peur, c'est pas que c'est débile, parce que c'est pas le bon terme, mais tu te dis, finalement, j'étais stressée, j'avais peur pour pas grand-chose, parce qu'il a totalement raison, c'est qu'au bout d'un moment, c'est tous les trucs que tu te mets dans ta tête, toi toute seule, qui te bloquent. Et si tu arrives à passer au-dessus de ça, tu te rends compte, mais... Je suis sûre qu'au bout de trois semaines, déjà, tu étais beaucoup plus fluide. C'était fluide. Tu réfléchissais plus comment je dois le dire, comment je dois chercher. En fait, ça vient tout seul. Et c'est ça, en fait. Il faut être courageux. Il faut aller au-delà de ses peurs. Et une fois que tu passes au-delà de ça, tu te fais why En fait, tu te dis je me faisais des primes pour rien du tout Et justement,

  • Speaker #1

    si je t'aurais conté cette histoire, c'était pour aller sur la question suivante. Quel est le meilleur conseil que tu as reçu dans ta carrière de sportive ?

  • Speaker #0

    Alors moi j'ai un leitmotiv Olivier Crombol s'est répété tout le temps quand on était Souvent, avant des matchs, quand on préparait des matchs, on préparait une grosse séance et ils nous disaient souvent, les filles, il faut payer le prix. Et moi, des fois, j'avais du mal à la sauter. Je disais, il faut payer le prix de quoi et tout. Non, non, OK, il faut bien se préparer. Non, non, mais je dis, mais ouais. Et en fait, au fur et à mesure que j'ai avancé dans ma carrière, j'ai compris le message derrière. Parce que je voulais atteindre les sommets, je voulais être la meilleure. Et moi, je l'ai reformulé à ma manière. Et c'est mon credo. Et dans la vie, en fait, je vois les trucs comme ça. C'est-à-dire qu'à un moment donné, tu te fiches un objectif, tu mesures le prix et après, tu payes le prix. Et c'est comme ça, moi, que je vois aussi un champion. C'est qu'à un moment donné... Tu vas avoir des obstacles, tu vas tomber, tu vas te relever, et c'est ce que je disais tout à l'heure, c'est que le bateau il bouge, il tangue, tu prends des tempêtes, mais si tu gardes en ligne de mire ton objectif final, tu arrives, tu arrives. Après peut-être que tu vas échouer devant, mais au moins tu arrives au bout, tu vas au bout, et tu t'arrêtes pas. Et ce qui fait la différence, je pense, dans... D'un athlète, d'un hors du commun, c'est ça, c'est qu'à un moment donné, il se fiche l'objectif, il dit ok, je dois faire ça. Et en fait, si je veux réussir à atteindre mon objectif, il faut que je paye le prix. Et payer le prix, c'est-à-dire que moi, c'est ce que j'ai fait par exemple pour les Jeux de Tokyo. Je savais qu'il fallait que je sacrifier mes vacances d'été, le repos avant les Jeux, pour pouvoir aller aux Jeux, pour aller me préparer différemment avec mes prépa physiques pendant 10 jours. Et c'est tout ça, payer le prix. C'est-à-dire qu'à un moment donné, peut-être que tu vas devoir mettre ta vie... dans un projet, ta vie peut-être un peu perso, aller à l'époque, boire des petits coups, sortir, prendre du temps pour les week-ends, peut-être que tu vas devoir sacrifier un an de ta vie pour quelque chose qui va te rapporter peut-être x10. Et moi, c'est comme ça que je vois la live. J'ai un peu remodelé le truc, mais le meilleur conseil que je pense qu'on m'ait donné, il y en a plusieurs peut-être, là-dessus, c'est compliqué.

  • Speaker #1

    Mais c'est ce que tu viens d'expliquer en fait. Dans ta vision, c'est en gros de se dire au final, personne n'aurait réussi, tout le monde... Serez champion si tout le monde faisait la même chose ? Et tu te rends compte que ce qui arrive, c'est que ceux qui réussissent, c'est ceux qui n'ont pas abandonné, qui ont répété, répété, répété, même s'il y avait des échecs.

  • Speaker #0

    Exactement. Il y a un bon dicton qui dit un truc, c'est-à-dire que quand tu fais ce que tu as toujours fait, tu as le résultat que tu as toujours obtenu. Et donc, si tu veux obtenir des résultats que tu n'as jamais obtenus, commence par faire des choses que tu n'as jamais faites. C'est surtout, c'est ça, c'est que tu répètes, tu répètes, et puis au bout d'un moment, tu t'améliores. Je pense que c'est ça qui est aussi frustrant, c'est que les gens, en fait, ils voient juste le résultat et ils se disent Ah, mais tu as trop de chance ! La chance, en fait, je l'ai provoquée et c'est le résultat de tous ces efforts. Et c'est beau. Les gens ne voient que la partie immergée de l'iceberg.

  • Speaker #1

    Pour terminer, ça représente quoi, les Jeux de Paris 2024 pour toi ?

  • Speaker #0

    L'aboutissement d'une carrière. Je pense que pour moi, c'est le plus beau au revoir que je pourrais avoir. Le farewell de best.

  • Speaker #1

    Je vais terminer avec la question que j'aurais pu te poser tout au début, mais on la garde pour la fin. Après tout ce que tu viens de nous raconter, ton parcours, tout ce que tu as fait pour être là où tu es aujourd'hui, comment, si tu devais te présenter, qu'est-ce que tu dirais ?

  • Speaker #0

    Je lui dirais que je m'appelle Alison Pinault, que je suis plutôt cool, je suis fun, j'ai énormément de choses à dire. Je suis quelqu'un, je suis entière, je vais au bout des choses, je me donne toujours les moyens de mes ambitions et que la cause féminine, la femme dans le sport et la femme dans la société, c'est quelque chose qui comptait énormément pour moi. Donc dans la vie, il faut savoir foncer et n'oubliez pas de me follow au cas où. Merci à toi Vanessa, c'était au top, en tout cas super.

  • Speaker #1

    Vous avez trouvé cet épisode inspirant ou utile ? Sachez que vous pouvez m'aider à le mettre en avant sur les plateformes de podcast. Pour cela, il suffit que vous mettiez 5 étoiles sur Apple Podcast ou sur Spotify et vous pouvez également commenter en posant une question ou en faisant une remarque sur l'épisode. Un autre moyen pour mettre en lumière l'épisode, c'est de partager le lien sur votre profil LinkedIn et de me mentionner dans la publication. J'hésiterai pas de mon côté à vous repartager. Merci !

Chapters

  • Début interview avec Allison Pineau

    01:30

Description

Dans cet épisode, Allison Pineau, élue meilleure joueuse de handball au monde en 2009, médaillée d'or aux Jeux Olympiques de Tokyo et médaillée d'argent aux Jeux de Rio, nous parle de son objectif de participer aux Jeux de Paris 2024 avant de prendre sa retraite sportive.


Je l'ai rencontrée il y a quelques semaines à Paris dans le cadre de la sortie de son autobiographie aux éditions Les Sportives, ALLI, Histoires(s) d'une championne


Au programme de cet épisode :

  • Des Jeux Olympiques à la sortie d'une autobiographie

  • Trouver le succès à travers l'échec : comment devenir une championne

  • Comment donner plus de place aux femmes dans le monde du sport et dans la société

  • L'évolution de la médiatisation du sport féminin

  • Sa reconversion : comment passer du sport à la finance

  • Les leçons tirées d'une expérience à l'international


Ressources de l’épisode : 



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Transcription

  • Speaker #0

    Nous, les sport-co, on est un peu dans la machine à la vue, on est sans cesse. On est rentrés de Tokyo, une semaine après, moi je devais retourner dans mon club. Aujourd'hui, j'ai deux médailles olympiques, j'en ai une en argent et une en or. Que si tu ne te faisais pas connaître et tu ne faisais pas parler de tes succès, les gens, ils oublient. Et savoir qu'elle voulait lancer sa maison d'édition avec moi, avec ce bouquin en premier, c'était un message fort. Moi, je suis très attachée aux sports féminins. Je me bats pour ça depuis plusieurs années. En 2008, mon délire, mon rêve, c'était de prendre une photo avec Michael Phelps. Quand tu fais ce que tu as toujours fait, tu as l'illustration que tu as toujours obtenue.

  • Speaker #1

    Hello, c'est Vanessa, créatrice de contenu dans le sport depuis 7 ans sous le pseudo champion du digital. Sur mes réseaux, vous retrouverez des interviews inspirantes d'athlètes de haut niveau, des insights dans les coulisses des plus grands événements sportifs et des conseils pour faire carrière dans l'industrie du sport. Sur ce podcast, j'alterne entre des interviews inspirantes de sportives et sportives de haut niveau et des décryptages avec des professionnels pour répondre à des problématiques concrètes autour de l'industrie du sport et du marketing. Que vous soyez étudiant. athlète, professionnel de l'industrie du sport ou du digital, ce podcast est fait pour vous. Ça fait plus de 7 ans que j'accompagne tous les acteurs du monde du sport qui veulent se rendre visibles sur les réseaux. L'année dernière, j'ai fait plusieurs millions de vues sur TikTok et Insta grâce à des vidéos verticales impactantes. Si vous avez un projet autour du sport dans les semaines à venir, écrivez-moi sur LinkedIn ou par mail et on en discute. Bonne écoute ! Dans cet épisode, je pars à la rencontre d'Alison Pinault. Une grande championne française de handball. On a échangé sur son parcours, ses médailles, ses souvenirs autour des Jeux, mais aussi sa préparation pour les Jeux de Paris 2024. J'ai échangé avec Alison au mois de décembre dernier, à l'occasion de la sortie de son livre Ali, histoire d'une championne où elle parle de son parcours, de ses obstacles, mais aussi de sa résilience. Juste avant de commencer, on parlait du PSG et du fait que tu commandes des matchs depuis pas longtemps. Est-ce que tu pourrais nous parler de ça ? Comment ça s'est passé ? Et comment tu en es arrivée là ?

  • Speaker #0

    Tout simplement pour mon amour du PSG. Je vais souvent au parc quand j'ai la possibilité. Et puis, il y a eu vent de ça. Elle m'a invitée justement sur l'émission 100% PSG, quelques mois. Et du coup, on a commencé à parler de fil en aiguille. Et elle m'a rappelé pour une autre émission au sujet de mon bouquin. Et elle m'a dit, il faut vraiment que tu viennes un soir avec nous. Commenter un match, ça va être super. Elle m'a invitée. J'ai sauté sur l'opportunité, je regarde le calendrier et je dis il y a Dortmund-PSG, MJ ? Ouais, banco, MJ, ouais, carrément et tout, pas de soucis, avec plaisir, on t'accueillera avec l'équipe. Et ça s'est fait comme ça, tout simplement. Du coup, mercredi soir, je me retrouve avec toute l'équipe, Rico, les invités, Pia, Miguel, et on se fait le game. C'était une superbe... C'est une super belle expérience parce que j'apporte une dimension un peu différente d'eux. Je suis toujours athlète, je suis toujours en activité et j'apporte finalement le ressenti de l'athlète, des joueurs, ce côté un peu pur terrain qu'ils n'ont pas et qu'ils ont qu'à travers des joueurs. C'était fabuleux, il y a eu un gros débat justement sur cette fin de match où il y a eu plutôt Enrique qui demandait une gestion et de l'autre côté tu avais Kylian qui lui voulait essayer de marquer, de pousser et donc il y a eu un gros débat, moi je disais ils ont raison, on ne va pas prendre de risques, on sentait qu'on était sur le fil du rasoir, que c'était un peu tendu et que peut-être on allait prendre un but en contre. donc il fallait aussi penser à ça il y avait l'équipe qui était là on est le PSG on peut pas faire ça on doit tout faire pour marquer on est prêts à tout à quel prix c'était un beau moment c'est surtout que toi t'as la vision qu'un journaliste qui n'a jamais été sportif ou sportif de haut niveau n'aura jamais,

  • Speaker #1

    c'est la vision du terrain donc c'est clair que c'est intéressant d'avoir cette vision là et puis cette empathie aussi que t'as en tant qu'athlète de haut niveau qui n'aurait pas forcément Un journaliste qui n'a pas expérimenté le terrain. Évidemment, tu as Paris 2024 dans le visage, les jeux à la maison. Qu'est-ce que ça a de particulier les Jeux Olympiques par rapport à d'autres compétitions, comme un mondial par exemple ? Et en quoi justement l'expérience est importante sur une compétition comme les Jeux Olympiques ?

  • Speaker #0

    Simplement, les Jeux c'est la planète. C'est ce qui différencie du monde, c'est qu'on se retrouve tous pendant deux semaines à un endroit, on est enfermés et on vit des émotions extraordinaires. Pour aller plus loin, les Jeux c'est l'universalité. Et tu te retrouves avec des gens que tu suis peut-être pendant l'année, tu suis les exploits sportifs. Je repense à quand je revois Michael Phelps en 2008, en 2007, tous les jeux. Moi, je suis une grande fan de Michael Phelps. Et donc, c'est tout ça en fait, les jeux, c'est de voir tous ces gens que tu vois performer. Je repense à Nadal, à Joko. Je pourrais en citer plein. Je me rappelle du Seinbold aussi au village, Asafa Powell, Jason Blake. Enfin, je pourrais te... Voilà. Frazer aussi, c'est tout ça. C'est vraiment ça les Jeux. Ça dépasse vraiment un mondial et un euro parce que déjà, ça se passe tous les quatre ans. Donc c'est une particularité, c'est pour dire à quel point c'est difficile d'aller aux Jeux. Il faut te qualifier, quand tu arrives là-bas, il faut prendre la dimension de l'événement, de ce moment particulier, il faut performer et après peut-être prétendre à une médaille. Donc c'est vraiment complexe les Jeux. Une compétition tellement spéciale, tu te prends à regarder des disciplines que finalement tu ne connaissais même peut-être pas ou que tu n'aurais jamais regardé si ce n'était pas les Jeux. Et c'est ça les Jeux, c'est se prendre goût à des disciplines auxquelles on ne parle pas, où on ne prête pas attention et c'est assez fabuleux. Et puis de voir tous ces pays du monde, toutes ces nations. Des fois tu vois la Série des Vertus, il y en a qui sont trois athlètes pour représenter leur pays. Et c'est ça qui est fabuleux, c'est ça les Jeux. C'est la représentation de toute cette population mondiale.

  • Speaker #1

    Et puis à la différence d'un mondial par exemple, qui est limité à un seul et unique sport, les Jeux c'est le moment où tu vas croiser des athlètes de toutes les disciplines. Et ce qui vous relie notamment, c'est le village olympique où se croisent tous les athlètes. Est-ce que tu aurais une anecdote qui te vient ? Tu parlais tout à l'heure de Usain Bolt ou d'autres athlètes que tu aurais rencontrés, des athlètes qui t'inspirent par exemple.

  • Speaker #0

    En 2008, mon délire, mon rêve, c'était de prendre une photo avec Michael Phelps. Parce que je le suivais déjà depuis quelques temps et je savais qu'il venait à Pékin pour battre le record de Mark Spitz. C'était ouf ! C'était ouf ! Et de se dire qu'il a réussi à le faire et je l'ai vu au self. et j'ai sauté sur l'occasion directe parce que certes il était connu mais pas encore il avait pas pris cette dimension j'ai sauté sur l'opportunité j'ai vu ma photo avec Michael Phelps j'ai vu Maradona aussi enfin que

  • Speaker #1

    des trucs du genre tu te dis je suis où mais c'est ça les jeux On va parler des Jeux de Tokyo un grand moment pour vous puisque vous gagnez la médaille d'or Quel est le premier souvenir qui te vient quand je te dis Jeux Olympiques de Tokyo ?

  • Speaker #0

    Délivrance, consécration, c'est le truc auquel je pense. Extraordinaire, extraordinaire de se dire qu'enfin on a réussi à le faire, qu'on a réussi à décrocher ce titre, à décrocher cette médaille d'or, après la déception de Rio. En tout cas, moi ça a été une déception personnelle parce qu'on n'a pas réussi à accrocher le titre et que certes, je suis d'accord, j'ai la chance d'avoir une médaille. médaille olympique en argent à Rio mais malgré tout il y a cette frustration avant les Jeux de Tokyo de se dire qu'on n'avait pas réussi et puis on ne sait jamais quand est-ce que l'opportunité va se représenter donc il y avait ça et aujourd'hui j'ai deux médailles olympiques,

  • Speaker #1

    j'en ai une en argent et une en or donc je suis entre guillemets comblée J'ai écouté récemment un épisode de podcast sur le podcast Championne du Monde dédicace à elle d'ailleurs si elle nous écoute et c'était un épisode avec Madeleine Malonga qui a participé aux Jeux Olympiques, qui a remporté les Jeux, et qui est en équipe de France de judo, et qui expliquait qu'elle n'a pas forcément le temps de savourer entre chaque jeu, entre chaque grande compétition, et que c'est déjà la next step. Est-ce que toi, tu prends le temps de savourer chaque victoire sur les grandes compétitions, et est-ce que tu arrives à avoir le recul de te dire waouh ? Voilà ce que j'ai fait, prendre le recul, de voir que c'est vraiment un exploit en fait, ou est-ce que tu es déjà dans la next step ?

  • Speaker #0

    C'est idem. Nous les sport-co, on est un peu dans la machine à la vie, on est rentrés de Tokyo, une semaine après je devais retourner dans mon club pour la reprise, et c'est vrai qu'on n'a pas le temps de prendre le temps finalement de savourer. Nos performances, nos exploits, des fois c'est frustrant parce que ça nous empêche finalement de réaliser la grandeur de ce qu'on a réalisé entre guillemets et de prendre le temps et de savourer avec les gens, de dire ouais on a réussi à le faire et de profiter entre guillemets de ce moment d'extase parce que c'est tous les quatre ans donc ça n'arrive pas tout le temps et c'est quand même particulier donc c'est vrai que c'est complexe de se dire et... J'ai fini et finalement, il faut déjà que je me projette sur la prochaine échéance. La prochaine échéance, c'est le club. Et puis après, surtout une compétition qui arrive quatre mois pour nous, l'Anbal, avec le Mondial du Co-op après les Jeux de Tokyo.

  • Speaker #1

    Si on est là aujourd'hui, c'est aussi pour parler de ton livre, de ta biographie, Ali, histoire d'une championne. que tu as coécrit avec Mejdaline et qui sort aux éditions Les Sportives. Comment est né ce projet ? Est-ce que tu peux nous en parler ? Et à noter que cet ouvrage sort aux éditions Les Sportives. C'est le premier ouvrage de la maison des éditions qui a été créé et fondé par Aurélie Bresson, qui a le média Les Sportives. Donc j'imagine que c'est aussi un choix de passer par les sportifs pour sortir cet ouvrage. Et comment ça s'est passé ? Comment s'est passé le processus d'écriture ? Parce que j'imagine que c'est un exercice vraiment particulier.

  • Speaker #0

    Le projet m'a été proposé il y a deux ans à peu près. J'avais eu cette opportunité quelques années auparavant, mais je n'avais pas donné suite parce que je pense que ce n'était pas le bon moment pour moi. Je ne sentais pas le réel feeling. Et là, ça a été immédiat avec Aurélie, parce que le projet me parlait, intérieurement, ça me parlait. Vraiment parce que déjà c'est Aurélie Bresson, c'est une femme qui se bat pour la place de la femme dans le sport, le sport féminin. Et savoir qu'elle voulait lancer sa maison d'édition avec moi, avec ce bouquin en premier, c'était un message fort. On est en adéquation sur les valeurs et finalement sur ce qui nous motive. Donc le choix a été simple et assez rapide de répondre positivement à ce projet d'autobiographie. Ça s'est très bien passé avec Mej, on s'est vus beaucoup de fois, on a fait beaucoup d'entretiens, on a passé beaucoup de temps, on a beaucoup échangé. Le travail d'introspection, c'est un art qui est assez complexe et qui est difficile parce que ça remue beaucoup de choses, il y a beaucoup d'émotions qu'on doit exprimer, qu'on doit essayer de transmettre à la plume qui va écrire. Donc, ce n'est pas simple, honnêtement. Ça a fait remonter beaucoup de souvenirs, des moins bons et des plus heureux, bien sûr. Mais aujourd'hui, je pense que je suis très apaisée d'avoir réussi à le faire.

  • Speaker #1

    Cette biographie parle évidemment du fait que tu es une athlète de haut niveau, championne, tu as gagné de nombreux titres. On en parlait tout à l'heure, mais du coup, moi, je suis partie aux États-Unis pendant cinq semaines récemment. Et donc, c'était un programme leadership et sport. Et on avait... La responsable du programme, c'était une ancienne coach de basket qui nous disait tout le temps Le sport, c'est ce que tu fais parce que tu es Est-ce que ça t'inspire quelque chose, cette phrase ? Qu'est-ce que t'en penses, toi ?

  • Speaker #0

    C'est assez marrant parce que... Alors, ça résonne. Mais en même temps je trouve ça un peu détaché parce que moi je trouve que finalement le sport c'est ce que tu es. Parce que de la manière dont tu es dans ta vie en dehors c'est aussi comment tu retranscris ça dans ton sport. Et donc je ne sais pas trop comment le prendre. Peut-être que la manière dont je l'interprète, c'est ce que tu fais dans le sport, ça peut être un exutoire du coup. Tu peux être quelqu'un en dehors, mais tu peux être aussi quelqu'un d'autre sur le terrain. Moi, je l'interprète plutôt de cette manière, c'est comme ça que je le vois. Mais malgré tout, tu emmènes qui tu es sur un terrain. Mais c'est vrai que j'ai appris ça tout au long de ma carrière, c'est que je le vois avec les coachs et avec certaines joueuses. C'est que des fois... T'as des coachs, ils sont super humains, ils sont super bien en dehors, et dès qu'ils mettent le pied sur le parquet, ils se transforment. Franchement, c'est assez bizarre, mais t'as l'impression qu'ils rentrent dans une bulle où c'est leur cocon, leur position, leur zone de confort, et c'est comme ça qu'ils fonctionnent. Et s'ils amènent un peu cette haute partie d'eux avec, ça ne fonctionne pas, ça ne marche pas. Et c'est vrai que c'est assez paradoxal.

  • Speaker #1

    mais pour moi je pense que je suis la même personne en dehors et sur le terrain je comprends ce que tu veux dire par exemple si t'as un échec ou si t'as une défaite au final tu l'emmènes avec toi en dehors du terrain et même si ça va impacter ta personne la défaite elle correspond à la défaite pas de la personne mais la défaite de la sportive et des fois on a tendance à à ne pas faire la différence. Moi, je le vois, par exemple, je pense à un truc, mais ça n'a peut-être rien à voir, mais en tant que créatrice de contenu, par exemple, je vais faire une vidéo et en fait, si la vidéo ne marche pas pour X ou Y raisons, peut-être que ce n'était pas au bon moment, peut-être qu'il y avait une erreur dans la caption ou quoi que ce soit, peut-être que je vais la reposter plus tard, elle va fonctionner, mais si elle ne marche pas à ce moment où je la poste, je vais me dire... Peut-être que je vais avoir tendance à me dire que c'est moi qui suis nulle, parce que ce que j'ai fait, c'est nul, ça ne marche pas. Alors qu'en fait... La personne qui crée les vidéos, c'est la personne qui crée les vidéos et il y a un humain derrière. Des fois, on a tendance à ne plus faire la différence et ça devient compliqué.

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Mais je trouve que c'est important du coup parce que finalement, ça veut dire que ça te touche, ça veut dire que ça t'affecte parce que tu y mets ton cœur, tu y mets toute ton énergie. Je trouve ça compliqué de dire... Moi, en tout cas, c'est comme ça que je le vis. Je veux dire, demain, il se passe quelque chose dans ton taf, tu as une situation qui n'est pas... confortable, où tu t'entends pas avec ton boss, avec ton manager, c'est quelque chose que... paradoxalement t'emmènes aussi chez toi parce que c'est ton quotidien, c'est ce que tu fais tous les jours quand tu te lèves, c'est ta raison d'être donc c'est logique et donc c'est un peu pareil dans le sport et ce qui est sûr c'est qu'on aura toujours des échecs, il y aura des réussites on essaie de minimiser les échecs mais malgré tout c'est aussi ce qui nous permet de nous remettre en question ces échecs et peut-être aussi de nous amener à nous poser des questions de manière différente Alors justement,

  • Speaker #1

    est-ce qu'il faut beaucoup échouer ? pour beaucoup réussir.

  • Speaker #0

    Il y en a qui aiment dire oui, il y en a qui aiment dire non. Je ne suis pas... Ce qui est clair, c'est qu'il faut avoir des échecs. On essaie de les minimiser. On essaie d'en avoir le moins possible. Je pense que plus il y a de la répétition, plus on arrive à magnifier ce qu'on fait. C'est logique, plus tu répètes un mouvement que tu prends l'habitude de faire plusieurs fois et plus tu t'améliores à le faire, plus tu es plus rapide, plus efficace, tu trouves finalement d'autres shortcuts pour le faire plus rapidement, pour l'améliorer. Je pense qu'il faut avoir des échecs, c'est clair et net. Après, le but, ce n'est pas de toucher le fond non plus. Mais je sais qu'il y a des gens qui fonctionnent comme ça et surtout, il y en a qui ont moins de talent. Et ces gens-là, en général, quand ils ont moins de talent, ils ont besoin d'échouer beaucoup de fois parce qu'ils ont besoin d'avoir un certain temps pour assimiler des choses. Et donc, c'est ce qui fait qu'il y a beaucoup d'échecs avant qu'ils réussissent. Et je pense que c'est de cette manière que je le vois. C'est que tu as des gens qui ont une facilité dans la vie pour faire des choses, peu importe ce à quoi ils touchent, ils ont une aisance, une facilité. Et tu as des gens... Si je retranquais ça un peu dans le sport, il y a des gens qui ne sont pas doués, mais c'est par leur force de travail qu'ils arrivent à leur but. Et moi, c'est comme ça que je vois que tu as des gens qui ont besoin de beaucoup d'échecs justement pour atteindre leurs objectifs.

  • Speaker #1

    Tu fais des études à côté, en parallèle à l'EDEC, en finance. Pourquoi c'était important pour toi de continuer ou de reprendre tes études ?

  • Speaker #0

    Alors moi, c'était indéniablement, je m'étais promis. Puis j'allais reprendre mes études après ma carrière, je m'étais promis ça quand j'ai décidé d'arrêter après le bac. J'avais commencé un cursus et après j'ai arrêté parce que je voulais me consacrer complètement à ma carrière. Et j'ai dit, tu te promets de reprendre tes études quand tu vas décider d'arrêter, parce qu'il faut que tu aies un bagage, il faut que tu aies une certaine légitimité. Et puis le temps est passé, passé, passé, et puis il y a eu quelques blessures, et tout de suite, même si tu as un moment dans ta carrière où ça se passe très bien pour toi, la réalité te rattrape rapidement. Et donc moi comme c'était une promesse que je m'étais faite, j'ai dit je vais reprendre mes études et j'ai fait l'EDEC parce que c'est une super business school et moi que je veux me spécialiser du coup en finance. Et l'EDEC fait partie des meilleures écoles dans ce domaine là, donc ils font partie du top 5. Donc il y a quelques années ils étaient dans le top 3, ils étaient même deuxième position. Donc voilà et puis surtout il y a une grosse communauté alumni qui est hyper importante et puis j'ai eu cette opportunité là et j'ai foncé. Pourquoi c'est important pour moi ? Je l'ai déjà dit, c'est le bagage, les skills que j'ai besoin d'acquérir. Certes, il y a toutes les soft skills que j'ai à acquérir durant ma carrière, mais il y a aussi tout ce bagage, cet autre bagage finance, corporate, que je ne maîtrise pas, que j'ai besoin d'avoir avec moi, tout ce côté purement entreprise, je vais dire, que j'ai besoin d'avoir. On est dans un monde où on sait que les femmes en finance, il n'y en a pas beaucoup. C'est un monde qui est très marqué par les hommes. Je sais que si je veux faire ma place et que je veux m'imposer, même si je sais que je suis douée dans plusieurs domaines et dans certaines choses et que j'ai une maîtrise, Si j'ai pas un diplôme, les gens, ils vont essayer de me rabaisser.

  • Speaker #1

    Non mais c'est incroyable ça, mais c'est vraiment un truc français en fait. Parce que quand j'étais aux Etats-Unis et que je discutais avec les gens, tu te rends compte qu'il y a des gens qui font des carrières incroyables. mais qui n'ont pas forcément fait de longues études. En France, on regarde de suite quelle école t'as fait, quel niveau d'études, etc. Alors que ce n'est pas ça qui fait la compétence. Tu peux être autodidacte et tu peux apprendre par toi-même plein de choses. Je ne dis pas qu'il ne faut pas faire d'études, parce que c'est important aussi. Mais ce truc de regarder quelle école, quel diplôme, etc. et de te poser cette question en premier, c'est très français. Oui,

  • Speaker #0

    exactement. Je suis d'accord avec ça. Donc moi c'est surtout plus dans cet aspect crédibilité parce qu'aujourd'hui je pense que j'ai des projets à côté, je fais des choses qui pourraient me permettre de ne pas en avoir besoin, mais malgré tout ça compte pour moi. J'ai vraiment envie d'avoir ce diplôme et d'avoir ce background, parce qu'après j'aimerais aller vers un master, peut-être un MBA aux US, donc j'ai besoin de ça. Et puis surtout c'est pour avoir... Moi je suis très attachée au sport féminin, je me bats pour ça depuis plusieurs années, c'est mon credo et j'ai envie de trouver le business model qui va faire que le sport féminin en fait ça va exploser et qu'il y a des gens qui vont s'intéresser vraiment au sport féminin. Et je veux comprendre, je pense comprendre les aspects du pourquoi. Les gens ne viennent pas voir le sport féminin, ils n'ont pas le clic en se disant Ah, mais on pourrait réussir dans le sport féminin aussi, parce que dans le sport, il n'y a pas énormément de gens qui gagnent de l'argent, de l'argent je veux dire au niveau des investisseurs. Mais pourtant, ils investissent. Donc, qu'est-ce qui fait que, donc s'il y a une histoire d'image, mais il y a aussi une histoire de produit, il y a une histoire de marketing, il y a plusieurs aspects aujourd'hui que... qui sont assez marquées, dont j'ai conscience. Et j'ai envie de trouver cette solution parce qu'on fait aussi des choses extraordinaires. Et à performance égale, on n'est pas mis sur le même pied d'estal des garçons. Et on peut réussir. Donc voilà, c'est aujourd'hui, c'est pour ça qu'aussi je fais de la finance, parce que je veux trouver ce truc un peu manquant pour le sport féminin.

  • Speaker #1

    C'est encore moi, je prends 10 secondes et je vous interromps dans cette conversation. Pour vous informer que vous pouvez vous procurer le livre d'Alison Pinault qui vient juste de sortir, Ali, histoire d'une championne, aux éditions Les Sportives, il vous suffit juste d'aller dans la description de cet épisode et je vous partage le lien. Je ne vous interromps pas plus et je vous laisse continuer cette conversation.

  • Speaker #0

    Réussir justement à élever les femmes et à dire à toutes ces gamines qu'elles peuvent faire du sport, elles peuvent rêver parce que demain elles vont pouvoir peut-être en vivre, ça va leur apporter une exposition. elles vont pouvoir s'exprimer, qui est aussi un peu ce safe space, tu vois. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, c'est pas faire de la finance pour faire de la finance. C'est gagner un apprentissage sur la finance pour mettre ça au service du développement du sport féminin.

  • Speaker #0

    Exactement. Je veux trouver vraiment ce pont, en fait, entre finance et sport, parce que moi, le sport, j'ai ça dans le sang. Et donc c'est sûr que je ne vais pas couper le cordon bilégal comme ça, mais aujourd'hui il y a cette volonté aussi d'aller au state et de faire un MBA parce que c'est une histoire aussi de réseau et de faire comprendre et d'expliquer pourquoi le sport féminin aujourd'hui ne réussit pas et pourquoi vous n'intéressez pas, mais qu'est-ce qu'on peut apporter en face de ça. Et je pense que l'une des premières problématiques, c'est qu'on n'arrive pas à mettre en avant de ce qu'on peut vendre comme produit.

  • Speaker #1

    Ce que tu dis, ça me fait penser à quelque chose quand je suis partie aux Etats-Unis. On est partie la fin de la première semaine en Californie pendant trois jours à l'ESPN Women's Summit. C'était des conférences qui étaient dédiées à l'économie du sport féminin. Et donc, tu avais tous les acteurs du sport business, des clubs, des annonceurs, etc. NBA, NHL, etc. Et en fait, sur une conférence, ils ont parlé d'une étude super intéressante qui avait été faite récemment et qui disait, en gros, il y a un problème d'investissement dans le sport féminin. Parce qu'il y a cette fausse image négative, perçue, qu'il n'y aurait pas de fans. Et en fait, ce qu'ils expliquaient, c'est pas qu'il n'y a pas de fans, c'est qu'il n'y a pas assez d'investissement, donc pas assez de communication.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et c'est comme si, par exemple, tu vas au milieu d'une forêt, tu mets une boutique, mais tu ne donnes jamais le chemin. Les gens ne vont pas arriver tout seuls, en fait. Et donc, ils expliquaient qu'il y a une image perçue, qu'il n'y a pas de fans. Parce que, en fait, c'est ça le problème, c'est que si tu investis, en fait, si tu communiques, les fans, ils vont arriver. Puisque tu vas communiquer, tu vas envoyer le message et ils vont s'identifier. Mais je pense que c'est aussi lié à tout ce qui est entertainment, divertissement, parce qu'en fait, quand tu vas voir un match de foot féminin, déjà, s'il n'y a pas cette communication, donc tu ne sais même pas qui sont les joueuses, tu ne vas pas t'identifier, et tu n'arrives pas à avoir cette connexion, en fait. Donc, pourquoi tirer les voir au stade ? Puisqu'en fait, souvent, les supporters, ils savent à peine qu'elles existent, en fait. C'est malheureux, mais c'est un vrai problème d'investissement, à la base, au départ.

  • Speaker #0

    Et en fait, ça me résonne trop. Tu vois, par exemple, j'ai eu cette réflexion, il y a... Deux, trois jours, parce que je réfléchissais encore sur ce business model et j'essayais de comprendre, parce que moi je veux aller, après une fois que j'arrête ma carrière, je veux aller faire vraiment une tournée aux US, de voir les clubs, de voir les infrastructures, et vraiment voir ce côté show à l'américaine. Mais dans différents sports, j'ai déjà vu qu'en NBA, j'aimerais bien faire de la NFL, j'aimerais bien faire de nouveau des matchs de NBA, j'aimerais bien aller au baseball. Parce que regarde, aujourd'hui comment tu m'expliques que le baseball, le baseball ce n'est pas un sport qui joue partout dans le monde. Ça se joue dans certains pays. Et donc, comment tu arrives à générer autant d'argent ? Tu as un mec qui vient de signer le plus gros comptable d'histoire sur 10 ans. On parle de baseball. Donc, c'est pour dire que ce n'est pas une question de sport. Ce n'est pas une question de genre ou de femme. C'est juste que comment ils arrivent à monétiser tout ça ? Ils sont à un seul par, mais ils sont très forts dans ça. Le cricket aussi en Inde, c'est hyper… Et pourtant, ce n'est pas joué dans ton pays que ça. C'est là qu'il faut aller chercher et comprendre les business models, et comprendre comment ça fonctionne, parce que ce n'est pas une question de sport. Moi, je pense qu'au niveau de mon sport, le handball, on a dit que c'est un sport qui n'est pas assez universel, qu'on ne peut pas jouer assez facilement parce qu'il faut des cages. Ouais, ok. Mais du coup, ça veut dire que comment on arrive à casser cette barrière, cette image qu'on a, pour justement faire en sorte que ça soit plus universel. Et je pense que dans le sport féminin, c'est typiquement ça, c'est qu'il y a cette barrière, il n'y a pas de fan, mais on peut reprendre par exemple la Formule 1, ok c'est un sport de riche, mais la Formule 1 était en train de mourir il y a 6 ans. pourquoi finalement ils ont attiré un nouveau public de nouveau des jeunes et tu vas dans des grands prix c'est blindé tu vois un public qui est jeune et qui s'est pris au jeu mais pourquoi ? parce qu'il y a eu une stratégie marketing on veut attirer un nouveau public on veut attirer une jeune génération et c'est ça la force et nous c'est on doit s'inspirer de ça on doit trouver notre propre identité notre propre modèle mais on doit s'inspirer de ça et de comprendre aussi que si c'est possible chez les garçons c'est aussi possible chez nous pourquoi les filles pourquoi les filles des fois tu vois certaines filles qui vont au foot masculin mais qui ne vont pas au foot féminin. Tu vois, il y a plein de trucs comme ça et je pense qu'il y a un vrai rapport d'image. C'est ça notre truc qui nous manque. C'est qu'on a du mal du coup à créer une communauté et la nourrir.

  • Speaker #1

    C'est super intéressant ce que tu dis et d'ailleurs ça me parle notamment au niveau du foot féminin. Quand je parle avec les gens, il y en a beaucoup qui me disent Oui, mais ça avance, Vanessa, tu ne peux pas comparer avec les Etats-Unis, avec l'Angleterre. Je suis désolée, mais les bonnes pratiques, on peut les piocher partout, quel que soit le pays en fait. Et pour moi, j'ai un exemple, c'est l'Australie, quand je suis partie en Australie pour la Coupe du Monde féminine. Pour moi, c'est carrément le truc de... Ça casse le truc de... C'est une question de culture. C'est-à-dire qu'en Australie, ils font pas du foot. C'est pas un pays de foot.

  • Speaker #0

    Ouais, exactement.

  • Speaker #1

    Je suis restée cinq semaines en Australie, j'ai vu des fan zones remplies. Des fan zones avec 30 000 personnes. En Australie, à l'autre bout de la Terre. C'est-à-dire que les fans... du Brésil, des États-Unis, des fans du monde entier qui étaient présents sur place, qui se sont déplacés pour venir voir, pour assister à la Coupe du Monde féminine. Donc à un moment donné, c'est qu'ils ont réussi à avoir une stratégie marketing, non seulement pour fédérer des fans et des supporters en Australie, mais aussi à l'international.

  • Speaker #0

    Ils l'ont fait, et puis surtout, ils se disent, c'est l'Australie, ils sont quand même à l'autre bout du monde. C'est ça. Je veux dire, en termes de prix, ce n'est pas le pays le plus accessible. Je veux dire, l'Australie, la vie est chère.

  • Speaker #1

    Pour en revenir sur ton parcours, tu es la seule Française à avoir reçu le titre de meilleure joueuse au monde en handball. Est-ce que ça a changé ta vie ?

  • Speaker #0

    Pas du tout. Je vais te raconter une petite anecdote. Ça m'a vraiment marquée. C'était Nicolas Karabacic quand il a remporté son premier titre de meilleur joueur du monde. Il était en Allemagne, il était à Kiel. Je me souviendrai toujours quand j'ai lu l'article, elle a dit que c'est la première fois qu'un belge français est titré et désigné le meilleur joueur du monde, et en fait personne n'en parle. C'est fou, c'est dingue, c'est incroyable. Et certes c'est que du handball, mais c'est le premier français, il n'y a personne qui a eu cette désignation, ce trophée avant lui. Et ça m'est resté, et moi j'ai remporté du coup aussi le mien. 2009. et du coup non dans la sphère handball oui ça s'est su mais après au dehors, et puis j'étais très jeune j'avais 20 ans en plus, j'étais pas entourée encore donc non pas du tout ça a pas changé ma vie ça a changé certaines choses dans la perception peut-être dans ce que je devais devenir dans le futur, une motivation supplémentaire etc mais non ça a pas changé ma vue en termes de sponsor ok c'est fou quand même de se dire que ça a pas d'impact au niveau hum

  • Speaker #1

    Il y a peut-être eu un pic de médiatisation, mais dire que ça n'a pas d'impact au niveau du sponsoring, c'est assez fou quand même, parce que normalement ça devrait être lié. Du coup, j'aurais une autre question. Comment tu as vu, toi, l'évolution de la médiatisation du sport féminin depuis que tu as commencé dans le hand ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a eu un vrai cap. où on a senti que les gens commençaient à mettre des choses en place, je pense après les Jeux de Londres, petit à petit il y a eu, mais aujourd'hui c'est quoi, c'est 4 ou 6% je pense, la médiatique, voilà c'est 4%, je pense que j'ai vu l'évolution, parce que quand j'étais en France, moi j'ai commencé en 2006 du coup en pro, donc j'ai vu l'évolution de la Ligue, j'ai vu les efforts, j'ai vu la communication se mettre petit à petit, mais ça reste infime, c'est infime, quand tu... Quand tu regardes le palmarès de l'équipe de France féminine, et quand tu vois aujourd'hui à l'échelle, tu fais la ratio entre titres, c'est un film.

  • Speaker #1

    J'imagine qu'il y a eu des pics de médiatisation au moment où il y a des titres.

  • Speaker #0

    Comme toujours. De toute manière, c'est aussi pour ça que j'ai décidé de me faire accompagner en 2017, parce que j'ai compris. que si tu ne te faisais pas connaître et tu ne faisais pas parler de tes succès, les gens, ils oublient. Les gens oublient très, très vite, mais vraiment. Parce que, par exemple, à Rio, on remporte la médaille d'argent. Il y a Sarah O'Gramoun qui rapporte la même médaille. Et Sarah, on la voyait partout. Et on la voyait partout, partout, partout. Et je me suis posé la question. OK, certes, elle fait un sport individuel et nous, on fait un sport de co. Pas de problème. Mais je la voyais partout, partout. Tu la vois tellement partout que tu te disais, mais elle est championne olympique en fait cette fille. Non, elle est championne olympique. Et donc c'est pour te dire la force, la force des médias quand tu plantes des graines et quand tu te fais connaître et que tu parles de ça, finalement tu marques les esprits. Et après c'est quelque chose que tu dois entretenir sans cesse. Mais si tu ne le fais pas, je pourrais citer des autres athlètes qui ont été championnes olympiques. Il y a des gens qui ne les connaissent même pas.

  • Speaker #1

    Justement, de quelle manière tu utilises les réseaux sociaux pour te rendre visible ? Est-ce que tu vois ça comme un outil pour être ton propre média ? Moi,

  • Speaker #0

    si je vois totalement comme ça les réseaux sociaux, je pense que le seul problème aujourd'hui, c'est que tu as beaucoup d'athlètes, tu as beaucoup de filles qui ne se sentent pas légitimes, qui n'ont pas envie d'être sur les réseaux. Moi, je vois très bien dans mon équipe, il y a des filles, on essaie de mettre des trucs en place. Il faut un peu les tirer. Parce que je pense que déjà d'une, il y a un peu ce syndrome de l'imposteur, il y a ce truc, je ne suis pas légitime, mais je n'ai pas gagné de titres, moi je ne suis personne. Mais en fait, ce n'est pas ça les réseaux sociaux. Tu te mets en avant parce que tu veux parler à des gens, tu veux parler à ta communauté, tu veux transmettre un message et je pense qu'il y a une perception qui n'est pas bonne. À la base, les réseaux sociaux, c'est juste en gros pour les stars. Il y en a beaucoup qui pensent ça. Alors que non. En fait, peut-être que ta communauté, ça les intéresse de savoir qui tu es, ce que tu fais dans ton quotidien, quel est le message que tu veux faire passer. Moi, tu es maman, ton credo, c'est maman. Tu cliques, tu es maman, parle-le. Peu importe. Exactement. Et je pense que c'est hyper important de faire vraiment un travail aussi sur ça et de dire, les filles, vous devez communiquer parce que c'est là où vous pouvez vous exprimer. C'est votre safe space à vous. C'est vous qui décidez de ce que vous voulez mettre sur vos réseaux. Et en fait, tout le monde a un message à faire passer. Tout le monde a une voix. Et ça aussi c'est une problématique parce que du coup, quand tu es dans un club où finalement ils ne sont pas très bons dans la communication, où ils ne font pas beaucoup de communication parce qu'il n'y a pas de budget, ben justement c'est là que les filles et tu peux te rater du monde. et en fait ça se mesure pas que par le fait d'avoir des followers c'est pas ça mais il y a ce rapport et je pense qu'il y a une énorme pédagogie à faire et de dire aussi d'aiguiller des filles en disant peut-être dans les clubs, moi c'est mon idée mais de dire, de convoquer en fait les filles et de dire ok pourquoi aujourd'hui t'es pas sur les réseaux, qu'est-ce qui te bloque est-ce que t'aimerais le faire, mais si tu le fais pas on a besoin de toi parce que nanana et de dire qu'est-ce que t'aimerais faire et justement d'aider les filles à trouver cette ligne directrice être en gros un guide et dire Vous pouvez être sur les réseaux, c'est bien pour le club, c'est bien aussi pour vous, ça peut attirer d'autres sponsors, et puis finalement vous pouvez vous créer aussi une communauté, et puis c'est des gens qui peuvent venir aussi au match. Et je pense qu'il y a un énorme travail à faire autour de ça, de vraiment casser ces barrières et cette image de dire les réseaux sociaux c'est pour les stars.

  • Speaker #1

    Et tu vois, quand TikTok est arrivé, moi j'y suis allée en 2019, il n'y avait quasi personne dessus, c'était plutôt les Américains qui étaient dessus, et le monde du sport en France, les clubs, tout ça n'était pas dessus. Et en fait... Quand j'ai compris comment fonctionnait TikTok, c'est-à-dire tu peux avoir 3 abonnés et faire 100 000 vues, je me suis dit, là, cette plateforme, elle est en train de changer quelque chose. Parce qu'en fait, si les sportives et les athlètes de disciplines qui sont moins médiatisées y vont, en fait, il n'y aura plus besoin d'avoir... je sais pas, 15 000 ou 30 000 abonnés pour pouvoir faire des partenariats ou collaborer avec des marques et donc monétiser son contenu. Et je pense que TikTok est arrivé à casser un peu le game sur ça et aujourd'hui, les marques ne regardent plus que le nombre d'abonnés parce qu'en fait, tu peux très bien avoir un million d'abonnés et faire 300 vues et avoir 2000 abonnés et faire 50 000 vues à chaque vidéo. Donc en fait, ce qui compte, c'est le taux d'engagement. C'est les interactions que génère ton contenu.

  • Speaker #0

    C'est l'engagement aussi du coup, c'est le taux d'engagement. Tu sais que des fois, tu peux avoir une petite communauté, mais en fait, ils sont hyper actifs, hyper réactifs et tout. Et c'est plus valorisant que d'avoir une communauté hyper importante et où du coup, les gens, ils ne sont pas vraiment engagés. Mais en effet, ce n'est pas une question de... Parce que c'est vrai que les gens, ils pensent, ouais, du coup, tu as beaucoup de fleurs, donc du coup, tu peux avoir des marques, tu peux avoir des sponsors, etc. Mais ce n'est pas que ça, en fait, ce n'est pas que ça.

  • Speaker #1

    J'ai vu que ton autobiographie, la préface, c'est Marie-Josée Pérec. En quoi elle a été un modèle pour toi ? En quoi elle t'a inspirée dans ton sport ?

  • Speaker #0

    C'est mon modèle de jeunesse, clairement. Marie-Jo, c'est l'icône. C'est la personne qui, à l'heure actuelle, détient toujours la seule athlète française à détenir trois titres olympiques sur la même Olympiade. C'est... Extraordinaire, moi je pense que c'est un truc de fou. Puis surtout, on vient de la même île, je suis longiline comme elle, on m'a beaucoup dit que je lui ressemblais quand j'étais jeune et beaucoup pensaient que j'allais aller vers l'athlète justement par rapport à ça. Et finalement non, mais elle m'a inspirée par... Quand je la voyais à la télé, j'avais envie de faire comme elle. Cet amour de l'olympisme, ça vient de ma région.

  • Speaker #1

    Tu as eu plusieurs expériences à l'international. Du coup, tu as beaucoup voyagé aussi. Qu'est-ce que tu en as retenu ? Qu'est-ce que tu as appris de ces expériences à l'international ?

  • Speaker #0

    Ce qui m'a marquée, c'est la richesse des différentes cultures. Cette variété, moi, c'est ce qui me nourrit. C'est ce que j'aime. C'est ce que je vais chercher finalement dans les différents pays. Tu te rends compte que les gens, ils ont beaucoup moins que ce qu'on a en France, mais ils ont le cœur sur la main. Et puis de découvrir de nouvelles traditions. C'est hyper enrichissant. Moi, c'est ce que je dis, c'est que finalement, l'étranger, ça a façonné la femme que je suis devenue et surtout, ça m'a pris l'ouverture d'esprit. C'est surtout ça que ça t'apprend l'étranger parce que t'as un peu tes codes, t'as un peu tes préjugés, entre guillemets. Tu viens avec une image et en fait, t'arrives là-bas et tu prends une claque. Et du coup, tu fais, ah mais ouais, mais en fait, tous ces préjugés, tous ces a priori surtout, que t'as en fait au départ, très rapidement. Il tombe parce que déjà tu te retrouves dans un pays où tu ne parles pas la langue, donc tu es obligé de sortir de ta zone de confort, les gens vivent d'une certaine manière, il y a des règles à respecter, il y a des traditions à respecter, la nourriture est différente, tu vois, de ce que c'est exactement. Donc tu vois, il y a tout ça et du coup c'est ça qui est fort, c'est que tu es obligé de t'adapter. T'es obligé de comprendre les gens où tu vis parce que tu vas pas venir toi, de ton petit endroit et te dire non mais vous devez faire comme ça, pas du tout. Et c'est ça qui est fort, c'est ça que j'aime, ça me remplit moi, vraiment c'est très... C'est très enrichissant de partir comme ça, mais moi, c'est indéniablement, c'est vraiment l'ouverture d'esprit que ça m'a appris.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser à un truc, là, ce que tu racontes. Quand je suis partie aux États-Unis pour ce programme sur leadership et sport, on était 16 femmes du monde entier, en fait, à avoir été sélectionnées. Donc, 16 femmes de chaque fois un pays différent. et je me rappelle donc on devait toutes avoir un projet en venant aux Etats-Unis et j'ai une de mes collègues qui était athlète de haut niveau qui était nageuse de haut niveau qui a fait les Jeux Olympiques et elle venait de Bolivie et en fait elle avait un projet c'était de créer une piscine sociale en Bolivie et tu sais tu te dis en France bon ben les enfants ils apprennent à nager à l'école quoi enfin tu vois tu trouves que tu penses que c'est normal mais en fait c'est pas normal c'est-à-dire qu'elle nous racontait qu'en Bolivie on avait un projet aller à la piscine, ça coûte plus cher qu'aller prendre des cours de sport. C'est hyper cher. Et du coup, le point de quelle manière ça a un impact, c'est qu'en fait, les enfants, ils ne savent pas nager. parce qu'ils ne peuvent pas aller, ils n'apprennent pas à nager à l'école. Et donc, il y a beaucoup d'accidents, tout ça. Et en fait, donc, elle disait, elle voulait faire un projet, justement, pour mettre en place des piscines sociales dans son pays. Et là, c'est là que tu prends du recul et tu dis, ah ouais, mais en fait, ce que moi, j'ai, c'est que tout le monde ne l'a pas, en fait. Et je trouve ça incroyable, en fait, d'aller à l'étranger, à l'international et de prendre du recul, en fait, sur la vision que tu as habituellement, quoi.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça, mais c'est ça. Et c'est pour ça que je dis, moi, ça m'a façonné à l'étranger parce que les problématiques, comme tu viens juste de soulever, ne sont pas les mêmes. Et en fait, ça te fait redescendre. Et ça te fait redescendre, en fait, et tu te dis, ah mais ouais, en fait. Et tu te rends compte à quel point tu es privilégiée en France. Parce que tu vois que les autres, en fait, ils triment pour des trucs, ils triment pour des trucs qui sont basiques, de petites nécessités. Et toi, tu dis, ah mais ouais, mais nous, en fait, on est couverts par ça. Ah mais nous, on a accès à ça. Ah mais il y a ça en France. Ah mais ouais, la couverture sociale. Ah mais en fait, en Bolivie, c'est comme ça, il faut payer. Ça te fait redescendre d'un cran, voire de même de plus, parce que tu te dis, ouais, en fait, en France, on est chanceux. On est vraiment chanceux. Et certes, en fait, chaque pays a ses avantages, ses inconvénients, mais quand même, quand même. Tu vis dans un pays développé qui t'apporte quand même beaucoup de choses.

  • Speaker #1

    Mon compte s'appelle Champion du Digital, du coup je vais te poser la question, c'est quoi pour toi un champion ou une championne ?

  • Speaker #0

    Ma question m'a été posée récemment, c'est vrai que j'avais beaucoup hésité au départ. Je trouve que c'est difficile de définir un champion ou une championne, ça ne se résume pas qu'à tes titres, ce que tu as gagné, parce que finalement tu peux être aussi un champion en amateur, c'est aussi à ton level, parce que tu combats aussi des obstacles qui sont différents peut-être d'avoir quelqu'un qui a un niveau au-dessus. Moi je pense que les athlètes hors normes et hors du commun, c'est des gens qui restent focus. Pour moi c'est ça, c'est que... Tu restes fixé sur ton objectif peu importe ce qui se passe. Et tu ne te détournes pas de ton objectif final, peu importe ce qui arrive. Un champion, pour moi, ça ne se résume pas qu'à ses titres. Il y a l'athlète, mais il y a aussi l'athlète qui potentiellement dépasse son sport, qui est aussi engagé sur des causes sociétales. C'est important pour moi aussi en tant que sportif de dire qu'il y a l'athlète, la femme et cette autre personne qui est engagée pour des causes qui sont importantes. Parce que tu sais que tu as un pouvoir d'action que quelqu'un de lambda n'aura pas. Et tu as une vitrine supplémentaire, exactement. Pour moi, un champion hors du commun, c'est quelqu'un qui ne se préoccupe pas des autres. C'est vraiment quelqu'un qui reste focus sur son objectif. et que peu importe ce qui arrive en chemin il va au bout, après il y a échec ou il y a réussite mais voilà tu te détournes pas de ton point A on va dire Ah ouais il y a un truc qui me revient par rapport à tout à l'heure

  • Speaker #1

    On parlait du fait d'aller à l'international, le fait que ça casse des stéréotypes, des préjugés et que tu as une vision différente. Et c'est un truc que j'ai expérimenté en partant aux Etats-Unis. Tu sais, le truc de la langue de l'accent. Quand tu arrives dans un pays qui n'est pas le tien, où tu ne parles pas la même langue. En arrivant aux Etats-Unis, je me disais, mon accent, il est vraiment horrible, mon accent français, quand je parle en anglais. Et en fait, je me suis vite rendu compte que... Toutes les critiques que j'ai eues sur mon accent, c'était que par des Français, en fait. Et c'était en France, par des Français, qui jugent comment tu parles. Même si toi-même, tu sais que ton accent n'est pas bon, tu vas avoir ce jugement-là, qui t'empêche d'avoir confiance. Et je me rends compte à quel point, en partant à l'étranger, tu peux gagner en confiance. Parce que tu vois, quand je suis partie aux États-Unis, je suis revenue. Là-bas, aux États-Unis, rien que le fait que tu saches parler anglais, ils trouvent ça génial. Et justement, ils adorent les... Alors déjà, aux Etats-Unis, ils adorent les Français. Mais en plus, ils adorent l'accent français. Et au contraire, ils te disent Moi, je ne sais même pas parler français, en fait. Donc, c'est incroyable que tu aies appris la langue. Et qu'importe si tu as un accent qui n'est pas bon, du temps qu'on arrive à te comprendre, tout va bien. Et je trouve que c'est ça. Ça, c'est un truc important aussi. Quand tu vas à l'international, c'est cette confiance en soi que tu gagnes, en fait.

  • Speaker #0

    Exactement. Je pense que c'est super mal que tu te sois confronté finalement à Outstate parce que je l'ai vu au travers de mes différents voyages, ce que les gens ils aiment c'est de dire que tu fais l'effort. Alors que nous en France, on aime beaucoup parler, dire Ah mais ton accent il est pourri, ouais mais ça il est pourri. Mais en fait, il y en a beaucoup qui ne parlent pas de langue, qui n'ont jamais été là-bas et ils ne savent pas. Et on est très fort pour ça, pour critiquer et pour dire Ouais mais nanana nanana nanana Mais non en fait. Et du coup, nous, c'est ce qu'on nous reproche à l'étranger. C'est-à-dire, oui, mais vous, les Français, vous parlez juste français et c'est tout. Vous n'avez pas parlé d'autres langues. Alors que dans les autres pays, tu vois, et tu vois même des fois, tu vois des petites personnes de 50 ans dans les pays balcones, tu vois, ils ne parlent pas super bien anglais, mais ils baragouinent quelques trucs et du coup, c'est suffisant. Et en fait, le principal. ouais ok t'aimerais bien peut-être avoir un meilleur accent mais tu peux le changer mais peut-être que pour l'instant c'est pas ton truc tu peux toujours t'améliorer mais finalement pour toi là l'essentiel c'est de te dire que je me fais comprendre, les gens me comprennent c'est l'essentiel et peut-être que plus tard j'essaierai de m'améliorer, de progresser dans mon accent mais je comprends que t'es peur et en fait c'est ça c'est ce que les gens vont penser, c'est la perception que toi tu dis ok, moi je suis ok je sais que mon anglais il est pas super mais le plus important pour moi finalement c'est de me faire comprendre et si les gens me comprennent ça va

  • Speaker #1

    Carrément. Et quand je suis allée aux Etats-Unis, que j'étais en stage à ESPN, le deuxième jour, on a rencontré le PDG d'ESPN et je lui ai demandé un conseil qu'il partagerait en termes de leadership ou en tant que leader d'ESPN. Et il m'a dit un truc que je me souviendrai toujours, c'est... Le courage, c'est pas de ne pas avoir peur, c'est la capacité à vaincre tes peurs.

  • Speaker #0

    Exactement, et puis surtout, tu te rends compte, tu te dis cette peur, c'est pas que c'est débile, parce que c'est pas le bon terme, mais tu te dis, finalement, j'étais stressée, j'avais peur pour pas grand-chose, parce qu'il a totalement raison, c'est qu'au bout d'un moment, c'est tous les trucs que tu te mets dans ta tête, toi toute seule, qui te bloquent. Et si tu arrives à passer au-dessus de ça, tu te rends compte, mais... Je suis sûre qu'au bout de trois semaines, déjà, tu étais beaucoup plus fluide. C'était fluide. Tu réfléchissais plus comment je dois le dire, comment je dois chercher. En fait, ça vient tout seul. Et c'est ça, en fait. Il faut être courageux. Il faut aller au-delà de ses peurs. Et une fois que tu passes au-delà de ça, tu te fais why En fait, tu te dis je me faisais des primes pour rien du tout Et justement,

  • Speaker #1

    si je t'aurais conté cette histoire, c'était pour aller sur la question suivante. Quel est le meilleur conseil que tu as reçu dans ta carrière de sportive ?

  • Speaker #0

    Alors moi j'ai un leitmotiv Olivier Crombol s'est répété tout le temps quand on était Souvent, avant des matchs, quand on préparait des matchs, on préparait une grosse séance et ils nous disaient souvent, les filles, il faut payer le prix. Et moi, des fois, j'avais du mal à la sauter. Je disais, il faut payer le prix de quoi et tout. Non, non, OK, il faut bien se préparer. Non, non, mais je dis, mais ouais. Et en fait, au fur et à mesure que j'ai avancé dans ma carrière, j'ai compris le message derrière. Parce que je voulais atteindre les sommets, je voulais être la meilleure. Et moi, je l'ai reformulé à ma manière. Et c'est mon credo. Et dans la vie, en fait, je vois les trucs comme ça. C'est-à-dire qu'à un moment donné, tu te fiches un objectif, tu mesures le prix et après, tu payes le prix. Et c'est comme ça, moi, que je vois aussi un champion. C'est qu'à un moment donné... Tu vas avoir des obstacles, tu vas tomber, tu vas te relever, et c'est ce que je disais tout à l'heure, c'est que le bateau il bouge, il tangue, tu prends des tempêtes, mais si tu gardes en ligne de mire ton objectif final, tu arrives, tu arrives. Après peut-être que tu vas échouer devant, mais au moins tu arrives au bout, tu vas au bout, et tu t'arrêtes pas. Et ce qui fait la différence, je pense, dans... D'un athlète, d'un hors du commun, c'est ça, c'est qu'à un moment donné, il se fiche l'objectif, il dit ok, je dois faire ça. Et en fait, si je veux réussir à atteindre mon objectif, il faut que je paye le prix. Et payer le prix, c'est-à-dire que moi, c'est ce que j'ai fait par exemple pour les Jeux de Tokyo. Je savais qu'il fallait que je sacrifier mes vacances d'été, le repos avant les Jeux, pour pouvoir aller aux Jeux, pour aller me préparer différemment avec mes prépa physiques pendant 10 jours. Et c'est tout ça, payer le prix. C'est-à-dire qu'à un moment donné, peut-être que tu vas devoir mettre ta vie... dans un projet, ta vie peut-être un peu perso, aller à l'époque, boire des petits coups, sortir, prendre du temps pour les week-ends, peut-être que tu vas devoir sacrifier un an de ta vie pour quelque chose qui va te rapporter peut-être x10. Et moi, c'est comme ça que je vois la live. J'ai un peu remodelé le truc, mais le meilleur conseil que je pense qu'on m'ait donné, il y en a plusieurs peut-être, là-dessus, c'est compliqué.

  • Speaker #1

    Mais c'est ce que tu viens d'expliquer en fait. Dans ta vision, c'est en gros de se dire au final, personne n'aurait réussi, tout le monde... Serez champion si tout le monde faisait la même chose ? Et tu te rends compte que ce qui arrive, c'est que ceux qui réussissent, c'est ceux qui n'ont pas abandonné, qui ont répété, répété, répété, même s'il y avait des échecs.

  • Speaker #0

    Exactement. Il y a un bon dicton qui dit un truc, c'est-à-dire que quand tu fais ce que tu as toujours fait, tu as le résultat que tu as toujours obtenu. Et donc, si tu veux obtenir des résultats que tu n'as jamais obtenus, commence par faire des choses que tu n'as jamais faites. C'est surtout, c'est ça, c'est que tu répètes, tu répètes, et puis au bout d'un moment, tu t'améliores. Je pense que c'est ça qui est aussi frustrant, c'est que les gens, en fait, ils voient juste le résultat et ils se disent Ah, mais tu as trop de chance ! La chance, en fait, je l'ai provoquée et c'est le résultat de tous ces efforts. Et c'est beau. Les gens ne voient que la partie immergée de l'iceberg.

  • Speaker #1

    Pour terminer, ça représente quoi, les Jeux de Paris 2024 pour toi ?

  • Speaker #0

    L'aboutissement d'une carrière. Je pense que pour moi, c'est le plus beau au revoir que je pourrais avoir. Le farewell de best.

  • Speaker #1

    Je vais terminer avec la question que j'aurais pu te poser tout au début, mais on la garde pour la fin. Après tout ce que tu viens de nous raconter, ton parcours, tout ce que tu as fait pour être là où tu es aujourd'hui, comment, si tu devais te présenter, qu'est-ce que tu dirais ?

  • Speaker #0

    Je lui dirais que je m'appelle Alison Pinault, que je suis plutôt cool, je suis fun, j'ai énormément de choses à dire. Je suis quelqu'un, je suis entière, je vais au bout des choses, je me donne toujours les moyens de mes ambitions et que la cause féminine, la femme dans le sport et la femme dans la société, c'est quelque chose qui comptait énormément pour moi. Donc dans la vie, il faut savoir foncer et n'oubliez pas de me follow au cas où. Merci à toi Vanessa, c'était au top, en tout cas super.

  • Speaker #1

    Vous avez trouvé cet épisode inspirant ou utile ? Sachez que vous pouvez m'aider à le mettre en avant sur les plateformes de podcast. Pour cela, il suffit que vous mettiez 5 étoiles sur Apple Podcast ou sur Spotify et vous pouvez également commenter en posant une question ou en faisant une remarque sur l'épisode. Un autre moyen pour mettre en lumière l'épisode, c'est de partager le lien sur votre profil LinkedIn et de me mentionner dans la publication. J'hésiterai pas de mon côté à vous repartager. Merci !

Chapters

  • Début interview avec Allison Pineau

    01:30

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