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Chimères

43. Ce que les artistes racontent d'eux-mêmes : être éthique et responsable avec Jasmine Touitou

43. Ce que les artistes racontent d'eux-mêmes : être éthique et responsable avec Jasmine Touitou

57min |29/05/2024
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Description

Les récits sont partout. Livres, films, podcasts... mais aussi biographies, documentaires, ou même post Instagram : tout support peut devenir un vecteur pour raconter une histoire bien ficelée.


Et les artistes ne sont pas en reste. Quand on crée pour un public, on doit à un moment ou un autre passer par l'exercice de se raconter et de raconter dans quel contexte nos œuvres sont nées.


Ce n’est pas bien ou mal : c’est nécessaire. Ce qui est bien ou mal : ce sont les choix que nous faisons dans ces récits. Le rôle que nous nous donnons, les valeurs que nous nous attribuons, les engagements que nous nous approprions, la véracité des expériences que nous mettons en avant pour inspirer et engager les autres à nous suivre.


Mais alors : comment être authentique ? Faut-il tout raconter ? Quelle responsabilité a-t-on vis à vis de notre public ?


Pour traiter ces questions à l’aide d’une experte, je me suis tournée vers Jasmine Touitou, consultante et formatrice en storytelling et en personal branding, et je vous propose notre échange pour ce 43ème épisode de Chimères !


Retrouvez Jasmine sur son compte Instagram : @jazzmine.toui

→ ou sur son site internet : https://www.jasmine-touitou.fr/

→ ou sur son podcast "Grosse rageuse" : https://podcast.ausha.co/le-podcast-sans-nom-by-jasmine-touitou


Retrouvez-moi sur Instagram pour discuter de tout ça : @juste.sirine

→ ou sur mon site internet : https://sirinebencheikh.com/


Et n'oubliez pas de mettre 5⭐ à l'émission si l'épisode vous a plu !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans Chimère, je parle souvent de ce qu'on raconte sur les artistes, de comment on les met en scène dans des histoires écrites pour la postérité, de ce qu'on retient de leurs pratiques, de leurs personnalités et des œuvres qu'ils et elles ont créées. Dans l'épisode du jour, je m'intéresse à ce que les artistes racontent d'eux-mêmes. Quand on présente son art à un public, ou quand on veut carrément en vivre, il faut à un moment passer par cette étape cruciale de se raconter et de mettre en contexte son travail. Un objet ne devient jamais une œuvre d'art spontanément. Ce qui fait une œuvre, c'est tout ce qu'il y a autour, c'est-à-dire une histoire, des symboliques, un message, des inspirations, etc. Et il en va de même pour les artistes. Leurs histoires sont importantes. Aujourd'hui comme hier, comme il y a 100 ou même 200 ans, Ce qui fait qu'on va apprécier, soutenir et donner du crédit à un artiste, ce n'est pas uniquement ses œuvres ou la personne qu'il ou elle est, mais comment ces deux entités s'articulent dans un récit qui mêle des expériences de vie formatrice, des valeurs, des idéaux et plein d'autres éléments qui vont se compléter pour former une trame narrative cohérente. Donc aucune histoire n'est jamais vraiment neutre. Chaque fois qu'on raconte une histoire, on insuffle une subjectivité, un parti pris, et la volonté de faire passer des messages bien particuliers. Et c'est d'autant plus important de se rendre compte de ça quand on parle de personnalité publique. Raconter une histoire, c'est toujours faire des choix. Ces choix ne sont pas faits au hasard, et c'est avec ce présupposé en tête que j'ai invité Jasmine Twitou, consultante en storytelling et en personal branding, à venir discuter avec moi, ici et pour vous, des enjeux et des questions d'éthique et de responsabilité quand on met en place un récit pour se mettre en valeur, ce que font tous les artistes et toutes les personnalités publiques. Et cette question, elle est vraiment primordiale, que ce soit pour les artistes et les artisans parmi vous qui... doivent aussi faire ces choix de narration, ou pour les spectateurs et les spectatrices que nous sommes tous, et qui devons rester critiques quant aux histoires qu'on nous raconte. Alors je vous invite à écouter attentivement cet échange, juste après le générique. A tout de suite ! Créer, imaginer, inventer, c'est génial mais ça va avec plein de questions. Moi c'est Cyrene et je vous accueille dans Chimère, le podcast où on parle création, créativité, art, artisanat, sans réponse faite, sans mépris et sans chiches. Merci d'être là et bienvenue dans l'épisode du jour. Je te souhaite la bienvenue dans mon podcast, je suis très contente que tu aies accepté de venir, ça me fait très plaisir.

  • Speaker #1

    Merci Céline.

  • Speaker #0

    Et du coup, au début, je demande toujours un peu aux gens de se présenter pour contextualiser un peu leur venue dans le podcast. Donc, est-ce que ça te va de nous expliquer un petit peu qui tu es et ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Oui, moi c'est Jasmine Tuitou, j'ai 28 ans, je suis dionèse et actuellement, je suis mentor et consultante en storytelling, personal branding et copywriting. Mon travail c'est d'accompagner des entrepreneurs, plutôt, mais il m'arrive de travailler avec des hommes, d'accompagner les entrepreneurs à développer des stratégies de marketing afin de convertir et de se rendre visible grâce au digital du moins.

  • Speaker #0

    ça marche mais du coup c'est un peu les raisons pour lesquelles je voulais que tu viennes parce que dans le podcast que je fais la question de comment est-ce qu'on parle de l'art et comment est-ce qu'on parle des artistes elle est centrale et en fait quand on regarde un petit peu tout ce qu'on peut dire sur les histoires des oeuvres et les histoires des personnes qui les créent on se rend compte assez vite qu'il n'y a pas grand chose qui est anodin et du coup la question de comment est-ce qu'on raconte les histoires elle est très très importante et c'est pour ça que je voulais que inviter quelqu'un qui est expert comme toi pour parler un petit peu de cette question-là. Et du coup, je voulais commencer par une petite question parce que c'est vrai que la question de parler de soi et de parler de ses œuvres et de construire une histoire autour de ça, ce n'est pas quelque chose qui fait l'unanimité quand tu parles avec d'autres artistes ou artisans. Et il y a un peu deux teams. Il y a les personnes qui ont un peu embrassé le truc et qui, effectivement, vont créer ces histoires-là, vont communiquer autour de qui ils sont et de ce qu'ils font. et en face tu as des gens qui souvent pour le coup sont un peu plus entre guillemets débutants dans la pratique et qui ne voient pas toujours l'intérêt justement de raconter une histoire autour de ce qu'ils font et qui limite des fois voient ça un petit peu d'un mauvais oeil en se disant mais en fait les gens devraient aimer ce que je fais pour ce que je fais et je ne devrais pas avoir besoin de parler de moi ou de raconter une histoire autour de mon oeuvre donc je voulais savoir un petit peu déjà qu'est-ce que tu pensais de ça au regard de ton travail et de ce que tu fais

  • Speaker #1

    Je pense que déjà c'est assez compliqué parce que l'art c'est multiple, c'est un paradigme qui englobe beaucoup de réalités, beaucoup de pratiques. Mais outre ça, en fait, faire du storytelling, c'est vrai que c'est assez compliqué. la question dans le sens où c'est tellement large. Je pense qu'il ne faut pas raconter ce avec quoi on n'est pas à l'aise. C'est-à-dire que si on n'a pas envie de raconter quelque chose, si on n'a pas envie de se mettre en avant, c'est qu'il y a une raison. Outre les raisons politiques du genre Ah mais moi je pense qu'on devrait acheter mon art pour ce que c'est et pas pour la personne qu'il y a derrière ça c'est encore une autre question, une autre problématique. Outre cette problématique, se raconter, se montrer, ce n'est pas forcément tout le temps évident. Et si on a du mal à se montrer ou à se raconter... Il ne faut pas le faire, il ne faut pas forcer. Maintenant que ça c'est dit, et quand je dis il ne faut pas le faire, il ne faut pas forcer, c'est-à-dire qu'on peut faire du storytelling sur d'autres sujets. On peut totalement raconter des histoires autour d'un produit, c'est-à-dire une œuvre d'art à une histoire. Les produits de luxe qui sont souvent brandés comme des œuvres d'art, les parfums de maison, etc., ont une histoire à part entière. C'est-à-dire que si à la fois je lisais ça et je l'avais présenté en masterclass, mais le parfum Baccarat Rouge de la maison Curdijan, de Francis Curdijan, je ne suis pas sûre de bien maîtriser le nom de famille, en tous les cas, si tu regardes un petit peu l'histoire du produit, on lui a écrit notre histoire sans parler de Francis Curdijan qui est le créateur. Donc on peut créer une histoire autour de son œuvre. une œuvre d'art à une histoire. Après, l'art, c'est autre chose. C'est vraiment autre chose par rapport à l'entrepreneuriat de base. Ce qui est compliqué, c'est que si j'écris une histoire sur une œuvre d'art, peut-être que j'empêche la personne en face de moi de l'interpréter comme elle le veut et d'en faire ce qu'elle veut. Donc ça, c'est autre chose. Mais parler de soi, ce n'est pas une obligation. Mais c'est vrai que les histoires créent de l'émotion. l'émotion crée de l'adhésion et donc crée la conversion. Effectivement, quand on parle de soi, quand on raconte pourquoi on est devenu artiste, pourquoi on s'est lancé, qu'est-ce que ça vient chercher chez nous, on connecte plus facilement avec les personnes qui nous suivent, qui regardent nos œuvres d'art, qui sont intéressées par notre travail. Mais ce n'est pas une obligation, je n'ai pas tellement d'avis. Je crois que tout ça, et tu l'as dit un moment, tu as dit que ce sont des personnes un peu plus députantes, je crois que tout ça, c'est une histoire de processus. qu'il y a un moment où on peut avoir envie de parler de soi, un moment un peu moins. Je pense qu'il faut juste parler de choses avec lesquelles on est à l'aise, parce qu'il ne faut pas se forcer. Et après... se laisser porter un petit peu par les envies et les besoins du moment ? Si j'ai répondu à côté, c'est possible.

  • Speaker #0

    Non, au contraire, je pense que c'est assez intéressant parce que nous, du coup, c'est des débats qu'on a souvent entre nous. Je parle de moi, mais avec par exemple d'autres artistes ou artisans avec qui j'ai pu échanger. C'est vrai que des fois, ce n'est pas toujours évident parce que ce n'est pas... Encore une fois, c'est comme quand on est entrepreneur de façon générale, il y a plein de casquettes. Et du coup... On est peut-être spécialiste dans notre pratique, mais on n'est pas spécialiste forcément dans les autres trucs. Et du coup, c'est vrai que toute cette histoire de raconter ce qu'on fait, parler de ce qu'on fait, ne serait-ce que parler de sa pratique et parler de ce qu'on crée, ce n'est pas toujours des trucs qu'on arrive à faire facilement parce que ce n'est aussi pas quelque chose qu'on nous a appris à faire ou qu'on a appris nous-mêmes à faire. Et du coup, c'est super intéressant d'avoir ton retour là-dessus parce qu'effectivement, comme tu dis, il n'y a pas... Il y a plein de personnes qui ne sont pas obligées de raconter toute leur vie pour parler de ce qu'elles créent. Par contre, effectivement, plus souvent, ça arrive quand même de contextualiser un peu l'œuvre sans forcément... Je pense qu'il y a quand même un truc par rapport à ce que tu disais, où il y a, comme tu dis, ce regard du spectateur ou de la personne qui va un peu consommer l'œuvre qui doit avoir une marge aussi d'appropriation, puisque... parce que de toute façon même si on le voulait pas ça se ferait quand même parce que ça fait partie du truc nous en tant qu'artiste on doit laisser quelque chose et faire le deuil que ça nous appartient plus vraiment mais c'est vrai que moi je suis un peu partisane de dire que c'est quand même bien de contextualiser parce que avec l'art il y a un truc aussi où on n'est pas tous égaux en termes de bagage culturel et que c'est cool aussi en fait, et même c'est important de mettre un petit peu le pied d'égalité sur ça

  • Speaker #1

    Et ça, je suis totalement d'accord avec toi. Je sais que moi, j'ai fait un master en littérature et moi qui ne suis pas chrétienne, il manquait pas mal de références pour l'intertextualité des textes où il y avait beaucoup de références à la Bible, à des choses comme ça. Et c'est vrai que c'était important d'en parler, de le montrer parce que comparé à quelqu'un qui avait fait du catéchisme, etc., moi, je n'avais pas du tout les mêmes références. Sur ça, je suis plutôt d'accord et je te suis. En fait, il faut aussi savoir de quoi on parle. Et je pense que c'est pour ça que j'ai eu du mal peut-être à répondre de quoi on parle. Est-ce que déjà on parle d'œuvres qu'on essaie de vendre, qu'on veut vendre, ou juste qu'on produit ? On parle d'artisans qui vendent des produits, ce n'est pas du tout la même chose.

  • Speaker #0

    Là, dans l'idée, je pensais plutôt à des œuvres que tu vas vendre et plutôt de l'artisanat.

  • Speaker #1

    C'est vrai que quand on fait de l'artisanat, je pense que c'est important de pouvoir raconter une histoire sur ce crochet, sur cette broderie, parce qu'elle nous donne un peu plus envie. En fait, il faut savoir que dans tout ce qui est... produit de luxe ou œuvre d'art, le produit, par exemple, il a une histoire et c'est le client qui décide ou pas. de faire partie de cette histoire. Enfin, selon moi. C'est-à-dire, je crée une broderie qui me rappelle mon enfance ou qui vient chercher des choses par rapport à mes positions politiques. Moi, je lui crée son histoire, je lui crée son existence et c'est la personne qui est en face de moi qui va réfléchir à est-ce que ça fait écho chez moi, est-ce que ça me parle et est-ce que je veux le posséder. après comme tu l'as dit contextualiser c'est important savoir un petit peu montrer les caractéristiques les valeurs que tu portes en fait quand je soutiens un artiste comme toi ou un artisan comme toi, qu'est-ce que je soutiens derrière ça paraît important, surtout actuellement avec les luttes sociales, mais tu l'as aussi dit, une oeuvre d'art ça ne nous appartient plus, très légèrement lorsqu'elle existe en fait au contact de l'autre elle n'est plus à nous, donc aussi il faut accepter que la personne en fasse sa propre histoire et l'interprète comme elle veut comme elle veut, pardon.

  • Speaker #0

    Oui, moi, ça, c'est un travail de deuil qu'on devrait tous faire à un moment donné. Et c'est normal aussi, et je pense que nous-mêmes, on consomme tous de l'art, et c'est normal qu'on se réapproprie aussi ce qu'on lit, ce qu'on voit, ce qu'on écoute. Donc voilà, mais c'est vrai que, pour le coup, on a une... en fait la seule prise qu'on a au final c'est justement ce que tu disais cette histoire là qu'on va raconter avant, au moment où on la rend publique au moment où elle sort de l'atelier et le contexte qu'on met à à cette oeuvre-là. Et du coup, pour le coup, bon, moi, c'est vrai que, comme je disais tout à l'heure, les discussions que j'ai avec les gens qui sont un peu frileux à l'idée de faire ça, c'est souvent effectivement des gens qui débutent un peu, et comme tu dis, il y a très certainement une idée de... Enfin, une histoire de process derrière où on n'a pas l'habitude de faire ça, et puis, accessoirement, voilà, je comprends tout à fait qu'on se dise, quand on commence, ah, mais j'ai passé 5 heures sur cette... sur cette pièce, ça devrait entre guillemets suffire, tu vois, à avoir sa valeur, mais de fait, ce n'est pas le cas.

  • Speaker #1

    Je disais, ce n'est pas le cas parce qu'à compétence égale, que tu aies mis 5 heures ou pas, tu n'es pas la seule à avoir mis 5 heures. C'est-à-dire qu'à compétence égale, ce qui va vous différencier outre le produit, ça va être le background de chacune et de chacun. Donc, penser qu'avoir mis X temps, ça suffit, ça suffirait si on n'était pas... pas dans le sous-digital s'il n'y avait pas de concurrence exacerbée. Moi, je pense que c'est pour ça que c'est important de se montrer après, effectivement, et je rebondis sur ça avant d'oublier mon propos parce que je suis sûre d'oublier. Moi, j'ai fait ma recherche sur une autrice qui s'appelle Marie Secondé. qui a écrit Moi, Tituba, sorcière noire de Salem Et c'est dingue parce qu'en fait, ce livre, il a été interprété par les féministes comme étant un livre ultra-féministe avec un personnage principal très féministe. Et dans les faits, Marie Scourder refuse d'être qualifiée de féministe, refuse Pour elle, Tituba, sorcière noire de Salem n'est pas un livre féministe. Après, quelle est la part de vérité ? Quelle est la part de mensonge ? Je ne sais pas. mais je trouve ça intéressant parce que pendant X temps il y a eu des recherches sur Marie Scondé des journalistes féministes on travaillait dessus je me rappelle que Lorraine Bastiet avait fait une soirée dessus sur le féminisme elle avait lié le féminisme à Tituba le personnage principal et pourtant quand on lit toutes les interviews quand on fait sa recherche une recherche sur l'autrice elle soutient Mordicus que ça n'a rien de féministe et je ne sais pas qui l'emporte à la fin. Et je crois que c'est bel et bien le spectateur, ou l'auditeur, ou le consommateur qui l'emporte sur l'artiste, et ça, il faut l'accepter.

  • Speaker #0

    c'est vrai que c'est un peu frustrant quand tu le dis comme ça mais oui après de toute façon encore une fois à partir du moment où tu rentres ton oeuvre publique le public s'en empare et de toute façon c'est ce qui va rester, il y a plein d'oeuvres comme ça où en fait on se rend compte que ce qu'on en a gardé c'est toutes les critiques qui en ont été faites et les retours qu'ont fait les gens même si l'artiste derrière n'était pas du tout dans ce zoom dans cet état d'esprit là où on ne voulait pas du tout porter ces messages là quoi donc Mais par rapport à ce truc que les artistes créent un narratif autour de leurs œuvres et aussi des fois autour de leurs personnes, une des raisons pour lesquelles je voulais t'inviter, la principale, c'était aussi pour parler de ça. Parce que moi, dans le cadre du podcast notamment et puis tout ce que je peux faire à côté, je me suis intéressée à pas mal de récits sur des artistes ou des pratiques artistiques. Et c'est vrai que... Il y a pas mal, enfin, moi je m'intéresse surtout à un peu essayer de déconstruire certains discours qu'on peut avoir sur certaines pratiques ou sur certaines personnalités. Et il y a un truc qui revient assez souvent quand même, et je suis désolée de te poser la question parce que je pense que 20 000 personnes ont juste la posé avant vu ton métier. Mais il y a toute cette question autour de l'authenticité quand on raconte une histoire, je suis désolée, mais autour de soi et autour de ce qu'on crée. et c'est vrai que souvent on parle de l'authenticité mais je vois assez peu de gens au final définir concrètement ce qu'il y a derrière en fait l'authenticité et souvent c'est un peu on amalgame ça un peu j'ai l'impression avec ce truc de il faut rien cacher, il faut être honnête il faut tout dire etc et du coup je voulais que tu reviennes un petit peu dessus si ça ne te débranche pas de refaire un truc que t'as du faire 50 000 fois pour remettre un petit peu les points sur l'île sur cette notion

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'il y a cette notion d'être authentique, full authentique, dans ce qu'on crée, dans ce qu'on dit, tout simplement dans notre image. Mais moi, je n'y crois pas. Je pense qu'être authentique, c'est être un minimum honnête, juste. Mais l'authenticité sans borne n'existe pas. Mais elle n'existe pas même dans notre vie de tous les jours. C'est-à-dire que les personnes qui sont vraiment authentiques, tout le temps sincères, etc., sont souvent des personnes, par exemple, autistes ou qui sont neuroatypiques, parce qu'en fait, la société, la bienséance, nous empêche. d'être 100% authentique. Et moi, je suis partisane d'une authenticité réfléchie. Ça, c'est pas moi qui le théorise, mais tout ce qu'on est... La Jasmine que tu vois ici, c'est la Jasmine qui est interviewée dans le cadre de son travail. Je ne suis pas la même Jasmine chez moi, je ne suis pas la même Jasmine avec mes amis, je ne suis pas la même Jasmine en soirée. Et c'est normal. Et ça, ça tient des masques sociaux qui ont été théorisés par Guy Desbordes dans la société du spectacle ou encore par Goffman. Et les masques sociaux, c'est l'idée de... Enfin, ce serait l'idée qu'on vit dans une société du spectacle où on est tout le temps en performance et qu'on performe notre identité. Et donc, que suivant où on est, avec qui on est... ce qu'on fait, on raconte pas les choses de la même manière, on raconte pas tout et on montre ce qu'on a envie de montrer. Je crois qu'être authentique, c'est ne pas mentir, ni mentir par omission. C'est-à-dire, oui, j'ai fait 10 millions de chiffres d'affaires sans dire que oui, mais il y avait 5 millions de sorties parce que t'avais des employés ou des fris. Enfin bref, j'abuse. Mais être authentique, c'est pas raconter avec qui l'on couche ce qu'on fait tout le temps. Être authentique, c'est ne pas mentir, c'est être... à l'idée c'est si demain je te rencontre dans la rue, ne pas être choquée parce qu'en face de moi j'ai une nana qui a rien à voir, ultra aigrie alors que sur les réseaux sociaux elle est tout le temps en train de taper le smile et aussi être authentique et ça chacun fait comme il veut c'est aussi se mettre à la place des gens et se dire est-ce que je veux les faire culpabiliser ou pas et est-ce que je veux vraiment qu'ils adhèrent à moi ou est-ce que je veux encore performer Parfois c'est compliqué parce qu'on a choisi l'entrepreneuriat pour être 100% nous et avoir toujours un sort de masque, bon alors un masque c'est normal, mais avoir un masque qui n'a rien à voir avec ce qu'on est réellement, c'est encore performer. Donc c'est épuisant en fait, outre les personnes qu'on a en face de nous, c'est épuisant pour nous parce qu'on n'est jamais vraiment aligné à ce qu'on fait et à ce qu'on est. et puis après il y a la notion comme je t'ai dit de culpabilité mais qui est plutôt tournée vers les autres c'est aussi se dire est-ce que là je donne l'impression d'aller super bien est-ce que là je donne l'impression que tout roule je suis sûre qu'il y a des personnes qui se comparent à moi, est-ce que j'ai envie de continuer à donner cette impression ou est-ce que je veux me rendre un peu plus accessible en sachant que je le dis ici la perfection ne permet pas l'adhésion ça peut marcher sur certaines stratégies des stratégies d'entrepreneuriat c'est très libéral du style Baïk Bonnet c'est-à-dire Yomi Denzel ou Samah Amar etc. ces personnes-là et je cite pas d'autres personnes parce que c'est bon mais ces personnes-là qui te vendent une vie de rêve à Dubaï et qui disent moi j'ai fait 10 millions d'euros alors qu'en fait parfois ils ont des procès au cul etc. ça peut marcher parce qu'en fait eux ce qu'ils vendent aux personnes qu'ils ont en face d'eux c'est de faire comme eux On appelle ça des business make money. Donc effectivement, plus moi je vais dire que je fais de l'argent et que ma vie est belle, plus ça va marcher parce que mon produit est lié au fait que je peux te permettre d'avoir cette vie. Mais quand tu vends des produits, quand tu n'es pas dans le make money, dans le pousser à faire de l'argent pour faire de l'argent, ça n'a aucun intérêt de paraître trop parfait, de paraître fake, parce qu'en fait ça ne permet pas l'adhésion, ça ne permet pas les émotions, et donc ça ne permet pas la conversion.

  • Speaker #0

    je suis assez d'accord avec ce truc là bon après voilà j'avoue que c'était un peu une question que je me sentais obligée de poser parce que vu le thème de l'épisode je pense que c'est bien quand même de poser les bases mais effectivement comme tu dis, je pense que l'authenticité, c'est pas juste une espèce de checklist de est-ce que j'ai dit tout ce que tout ce qui fait de moi que je suis moi, quoi, et puis sans filtre, parce qu'effectivement, déjà de un, il y a une grosse partie des trucs, tout le monde s'en fout et de deux, je pense pas que ce soit un truc qu'on doit non plus à son public quand bien même on fait un on a tout un récit autour de soi parce qu'il y a plein, effectivement, d'artistes, d'artisans qui ont eu qui créent des œuvres qui sont très liées à leur vécu et où ça a du sens de faire le lien avec des parties de leur histoire, mais il n'y a pas de nécessité de... en tout cas moi c'est comme ça que je le ressens et je le vis,

  • Speaker #1

    c'est qu'il n'y a pas nécessité de tout raconter je voulais aussi rebondir sur le fait que avant de parler de quelque chose parce qu'il faut en parler, t'as pris le temps toi de le processer t'as pris le temps de prendre de la hauteur dessus il y a une entrepreneuse que j'aime beaucoup qui s'appelle Alex Martel que j'apprécie énormément qui est canadienne qui un jour a bien parlé de la différence entre oui on crée du contenu, il n'y a pas de soucis mais C'est pas parce que t'as vécu un truc violent que t'es obligé d'en parler. Déjà t'es pas obligé d'avoir fait la guerre pour avoir des choses à raconter. Et outre ça, même si t'avais fait la guerre ou même si t'avais vécu des trucs violents, je crois qu'il faut différencier une plaie béante, ouverte, purulente, qui n'a pas eu le temps de cicatriser, et une cicatrice. En fait, ce que je veux dire par là, c'est que moi je suis pas très partisane qu'on m'envoie de la violence pour m'envoyer de la violence dans la gueule. Après ça, chacun c'est son kiff, tu vois. Mais moi, ça ne me fait pas forcément kiffer de lire des trucs ultra tristes, surtout quand la personne est encore dans la tristesse. Après, ça dépend quand j'ai lu de la poésie, un roman, c'est autre chose. Mais je sais qu'on n'est pas tout le temps là pour inspirer, qu'on peut être normaux et ne rien avoir à insuffler à ce moment-là précis. Mais je trouve quand même qu'afin de parler de trucs violents ou de trucs qui sont à l'origine de ce qu'on est, c'est important d'avoir fait un travail de digestion parce que déjà, le partager, ça… ça implique d'avoir des retours, des retours qui ne vont pas forcément dans notre sens. Et aussi, le partager, ça implique d'accepter que des gens jugent. Parce que oui, qu'on le veuille ou non, les humains jugent. Que des gens jugent ton parcours. Donc je crois que c'est plus pertinent lorsqu'on a des choses à raconter, des choses sensibles, d'attendre d'avoir pris une certaine hauteur et d'avoir une morale à partager. Enfin moi je suis partisane de ça. Parce que sinon on tombe vite dans quelque chose de pathétique qui tient vraiment du pathos. Et moi j'ai beaucoup de clients qui me disent moi j'aimerais parler de ça mais comment je peux pour pas que ce soit pathétique ? Bah est-ce que t'en souffres encore ? Effectivement si t'en souffres encore tu vas peut-être… plus provoquer l'appétit qu'autre chose. Et après, ça, c'est pas moi qui l'ai théorisé, c'est Aristote. Mais la base de la rhétorique, c'est pathos, ethos, logos, donc un mélange de pathos, les émotions, ethos, le jeu, la personne, le rôle de la personne. et logos les faits, la rationalité quand t'arrives à pouvoir raconter quelque chose de cette manière, bah t'es sûr que tu vas réussir à convaincre, voilà mais si t'y arrives pas, si c'est trop pathos c'est que peut-être l'éthos il est pas assez présent, parce que tu t'effaces un peu au profit de ton traumatisme de ce que t'as raconté, ou qu'encore le logos non plus n'est pas du tout présent parce que t'arrives pas du tout à rationaliser ni à tirer une morale quand je dis tirer une morale ça veut pas dire, ouais j'ai vécu ça c'est trop bien, ça veut dire prendre de la hauteur ou à le voir de loin. Donc aussi se poser la question de ouais, j'aimerais parler de ça, mais qu'est-ce que j'irais en dire ? Ça aussi, je trouve que c'est une question intéressante. qu'est-ce que j'ai à en dire ? Est-ce que ça va me faire du bien ? Après, ça peut être thérapeutique, mais moi, là, je parle du storytelling dans un but business. Les réseaux sociaux, ce n'est pas un journal intime, donc il faut quand même avoir quelque chose... Enfin, là, je dis, ce n'est pas par rapport à mon travail. Donc, il faut quand même que ça ait du sens dans ce que tu fais, dans ce que tu proposes.

  • Speaker #0

    Oui, je suis d'accord. Et puis, même si là, effectivement, tu raccroches ça à ton expérience et à... ton travail auprès d'entrepreneuses, notamment sur Internet. De fait, aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes qui se lancent dans l'artisanat via Instagram, TikTok ou d'autres réseaux. Donc, ça s'applique tout à fait. Et c'est vrai que cette question-là, elle est importante parce qu'en plus, pour le coup, il y a vraiment ce truc autour de... je trouve, quand tu crées quelque chose, souvent, tu le relis à un passé qui peut être plus ou moins difficile. Et c'est vrai que moi, ça m'est arrivé plusieurs fois, effectivement, de tomber sur des contes où ça se voit, en fait, que la personne, elle est encore un peu dedans. Et où, du coup, après, ça fait partie de l'histoire. Et c'est vrai que là, pour moi, c'est quand même un peu différent parce que ça reste des œuvres. Et forcément, oui, c'est quelque chose qui... Par exemple, c'est un traumatisme qui s'est passé où... où la personne a vécu quelque chose de dur et donc du coup elle en parle dans ses oeuvres donc c'est encore un peu différent parce que j'ai l'impression que c'est un terrain où on s'attend à voir ce genre de choses mais effectivement des fois comme tu dis c'est des choses qui ne sont pas totalement réglées et tu sens que la personne a du mal des fois à raccorder justement l'histoire qu'elle raconte parce qu'il n'y a pas de fin encore et puis il n'y a pas de... de suite à des fois juste l'événement traumatisant, il y a juste ça. Et ça reste un peu, comme tu dis, comme une plébéante au milieu du truc. Et oui, je suis assez d'accord du coup que c'est quelque chose à réfléchir. Et je trouve que c'est important que tu le dises parce que je pense qu'il y a vraiment un truc de l'ordre de... Pour revenir vite fait à cette question d'authenticité, il y a un peu ce truc de... Si tu réfléchis à ce que tu vas raconter, tu perds en authenticité, alors que... En fait, c'est tout à fait normal de le faire. Et ça n'enlève pas du tout de l'honnêteté à ce que tu vas raconter, mais c'est juste qu'effectivement, tu es sur une plateforme... C'est comme si tu faisais une intervention sur scène devant 5000 personnes et que tu ne préparais pas et que tu te dis je vais être authentique, donc je vais y aller comme ça Et en fait, je pense qu'on le perd souvent de vue parce qu'on a l'impression... les plateformes comme Instagram sont beaucoup dans l'instantané, tu peux faire des stories qui durent une journée, etc. Et on a l'impression que ça crée un espèce de truc où les gens vont toujours être un peu dans l'honnêteté, etc. et puis les réactions à chaud. Mais en fait...

  • Speaker #1

    c'est pas mal d'avoir une réflexion sur qu'est-ce que je raconte et comment je le raconte oui déjà je suis totalement d'accord moi par exemple je suis partisane moi je réfléchis pas trop à ce que je publie sur internet dans le sens où j'ai une idée et je la partage mais par contre je suis partisane il y a des choses dont je ne parlerai jamais parce que la notion de Alors aussi bien je suis très critique en termes de propriété privée, aussi bien la notion de vie privée c'est encore autre chose. Je crois que c'est totalement normal de réfléchir à ce qu'on dit. surtout que tu l'as dit effectivement tout paraît très rapide très instantané mais internet n'oublie jamais rien mais c'est des trucs bêtes mais moi qui suis une grande consommatrice de tic tac il suffit de voir un petit peu il y a des gens par exemple qui ont annoncé bah moi je voudrais faire une euthanasie et finalement ça s'est pas fait deux ans après on leur dit encore bah alors tu devais pas te suicider toi tu devais pas te faire euthanasier ou il y a des gens qui se sont mis en couple et ils ont fait et du jour au lendemain on les voit plus avec leurs compagnons ou leurs compagnes et ben alors il est où ? et donc t'as pas le temps de faire ton deuil parce que je crois que c'est totalement normal de pas tout raconter

  • Speaker #0

    Comme je t'ai dit, le but, et je crois que c'est ça la différence, l'authenticité, ce n'est pas de tout raconter, c'est d'éviter de performer quelque chose que tu n'es pas. Donc, la performance, c'est normal. On est tout le temps en train de performer pour être vu d'une telle ou telle manière. C'est normal, le personal branding, c'est la définition. La définition exacte du personal branding, c'est mettre au centre de sa valorisation personnelle et professionnelle nos... nos qualités, nos différences, etc. Donc c'est normal un petit peu de performer, on est tout le temps en train de performer, même là inconsciemment je performe sûrement. Mais l'authenticité c'est juste ne pas nous vendre quelqu'un que tu n'es pas. C'est tout en fait. Et je pense que si déjà tu arrives à faire ça, tu es déjà plus authentique que 80% de la population qui est toujours en train de surpasser.

  • Speaker #1

    voilà je suis tout à fait d'accord et je pense que c'est une définition très simple qui marche bien, donc je vais la garder je suis contente qu'elle soit enregistrée quelque part et je voulais revenir sur un truc que tu as mentionné tout à l'heure et ça je voulais aussi en parler donc je reviens dessus et on peut peut-être développer un peu je vois beaucoup et c'est vrai que c'est le cas surtout pour des artistes qui vont être assez connus mais pas que sur des personnes un peu moins connues ou des artisans sur Instagram il y a des fois j'ai l'impression une envie de raconter une histoire parce que du coup c'est des gens qui ont un peu ce truc là qui ont embrassé ce truc là de je vais contextualiser qui je suis et ce que je crée pour que il y ait un fil conducteur dans tout ce que je produis, très bien mais des fois j'ai l'impression qu'il y a un peu cette idée qu'il y a besoin d'avoir une histoire qui est un peu sensationnelle ou ou que la personne a surmonté un truc très dur ou très fort. Et du coup, je voulais un peu revenir là-dessus parce que je voulais te demander est-ce que c'est vraiment nécessaire justement d'avoir ces histoires-là qui doivent absolument être inspirantes ou ce n'est pas nécessaire justement pour raconter ses œuvres et son travail ?

  • Speaker #0

    Je pense que ce n'est pas nécessaire. Je pense que... J'ai déjà fait un post qui s'appelait Tu n'as pas besoin d'avoir vécu la guerre pour faire du storytelling Je crois que les... Je crois, je suis désolée de le dire aux gens qui ne s'y attendent pas, que l'humain partage la plupart... en fait non que l'humain partage la condition humaine et qu'en fait tout ce qu'on vit les autres personnes qu'on a en face de nous l'ont vécu, bon après excepté certaines choses très violentes etc qui n'arrivent pas à tout le monde et encore heureux on n'a pas besoin d'avoir vécu la guerre pour raconter quelque chose parce qu'on peut totalement créer l'adhésion sur des sujets qui font écho chez les gens moi je suis désolée, le storytelling quand je parle de conflit quand je parle de quelque chose qui vient mettre en friction c'est pas la mort, c'est pas la violence ça peut être juste une rencontre ça peut être un événement ça peut être un voyage qui est venu pointer du doigt certaines réalités chez nous, après effectivement ça peut être la maladie, ça peut être des choses un peu plus violentes on n'est pas obligé d'avoir vécu des choses ultra cruelles pour avoir des choses à dire en fait, Flaubert il a écrit tout un livre Madame de Bovary sur une histoire, non mais en fait il rêvait de faire un livre où il n'y avait pas vraiment de... d'énigmes en fait. L'énigme, c'est la vie. Et je crois qu'en fait, raconter des histoires sur la vie de tous les jours, c'est des histoires qui méritent d'exister en fait. C'est des histoires qui sont importantes, qui sont pures, qui sont réelles et qui peuvent permettre l'adhésion. Les gens peuvent s'identifier à ça parce qu'en fait, on partage la condition humaine. Ce que tu as vécu en voyage, ce que tu as ressenti. Donc, ça peut être très violent. Par exemple, Victor Hugo, quand il dit Demain, dès l'aube, j'irai à travers la nana parce qu'il a perdu sa fille bon, là, il a perdu sa fille, donc oui, c'est violent. Mais tu peux le lire en pensant à quelqu'un que tu as perdu. Parce que la condition humaine implique le deuil, implique l'amour, implique la perte, implique la joie, la tristesse. Et ces choses-là, on ne les retrouve pas que dans la violence extrême. Ou dans les choses extrêmes, on les retrouve dans la vie de tous les jours, dans les rencontres de tous les jours. Pas besoin d'avoir vécu la guerre pour avoir des choses à raconter, pour tirer des... Pour tirer des leçons de la vie, dans ce cas-là, 99,9% de l'humanité serait con, parce qu'il n'y a pas tout le monde qui a vécu la guerre, il n'y a pas tout le monde qui a vécu des violences, et je pense que pourtant, non, il y a plein de gens qui ont des choses à raconter, parce que les leçons de vie, c'est dans tout et c'est dans n'importe quoi. Moi, je ne suis pas partisane de raconter des trucs ultra violents et ultra misquines, pathétiques. Il y a des choses, moi, qui me rendent folle. À une époque, sur LinkedIn, les gens prenaient leurs parents sur leur lit de mort, ou leurs grands-parents, disons. Moi je suis pas partisane de ça, puis après moi je suis assez cruelle, c'est-à-dire on meurt tous un moment ou un autre. En tant que femme on s'est toutes fait agresser sexuellement, presque en tout cas, on est toutes… Enfin tu vois moi je crois aussi qu'avoir besoin de parler de la guerre ou d'un truc ultra violent pour avoir l'impression d'exister c'est qu'en fait t'es tellement privilégiée que tu trouves même pas de quoi raconter des choses impactantes dans ta vie de tous les jours. Ça doit être vraiment très triste. Oui.

  • Speaker #1

    effectivement je pense qu'en plus des fois il y a des histoires qui sont un peu tarabiscotées pour trouver le point un peu de tension qui va être un peu dramatique alors que comme tu dis moi je suis assez d'accord sur le fait que on a de façon générale des existences assez banales et que en plus même si on a tous l'impression qu'on est unique et que notre vie est et voilà elle est particulière, elle est exceptionnelle en fait on a tous un peu les mêmes vies quand même, à partir du moment où tu vis dans le même endroit où t'as les mêmes quotidiens il y a certes des différences il y a des choses qui peuvent t'arriver qui n'arrivent pas à ton voisin mais t'as quand même un socle commun de 80% de tes expériences qui seront, enfin 80-90% j'en sais rien, des expériences qui sont assez communes et qui sont pas effectivement euh... sensationnelles comme ça, mais qui font partie de ton histoire, non seulement de ton histoire, mais aussi de l'histoire de plein de gens qui peuvent s'y retrouver, même s'ils n'ont pas vécu exactement la même situation point par point.

  • Speaker #0

    Totalement. Et puis en fait aussi, outre les faits, Parce que tu l'as dit, on partage la condition humaine, donc on partage la plupart des faits. C'est aussi comment tu les vis. Moi, ma mère, je trouve qu'elle a une vie qui est romanesque. Elle, quand tu lui en parles, elle se sent pétain. Donc en fait, c'est aussi ta sensibilité. Moi, je sais que je serais beaucoup plus fragile par rapport à ça. Et en fait, le poids de tension, il est de partout, il est tout le temps. Tu vois, la douleur, la difficulté, c'est tout le temps. En fait, c'est tout le temps. Tu vois, moi qui fais de la thérapie depuis longtemps, on en parlait là-bas longtemps avec mon psy, c'est très, très rare que ça soit dans ta vie, dans ton couple, avec tes amis au travail, que tout soit tout bleu ou tout nuageux. Les points de tension, c'est tout le temps. Les gens qui savent faire du storytelling, c'est juste qu'ils savent les sublimer, qu'ils savent mettre de la couleur. Quand je parle de couleur, je parle d'adjectifs, je parle de style. C'est tout le temps. alors c'est peut-être parce que c'est mon travail mais moi je pourrais te raconter une histoire impactante sur comment je suis allée à la boulangerie ce matin et qu'est-ce que ça m'a appris sur la vie parce que je suis connectée aux gens qui m'entourent je suis, j'aime pas le mot hyper sensible mais je suis assez sensible à ce qui m'entoure et donc je peux tirer une morale de tout ce que je vis et en fait ce que j'essaie d'apprendre aux gens avec qui je travaille c'est ça, c'est comment tirer une morale comment tirer un souvenir comment tirer quelque chose d'impactant dans tout ce qu'on vit, parce que c'est comme ça qu'on évolue, c'est comme ça qu'on apprend, c'est comme ça qu'on vit aussi, tout simplement. et c'est juste que les gens ils s'attendent ou à avoir vécu la guerre ou à ne pas avoir vécu la guerre ou à avoir vécu telle chose ou de ne pas l'avoir vécu et en fait ils s'attendraient ils pensent c'est le même syndrome que les personnes qui disent je me suis fait toute seule en fait c'est des personnes qui ne se rendent même pas compte de ce qu'elles vivent et en fait à la fin moi j'ai plein de gens avec qui je travaille qui me disent mais Jasmine j'ai rien à raconter moi je ne peux pas entendre que je n'ai rien à raconter que tu n'aies rien de fabuleux de... d'extraordinaire à raconter, je veux l'entendre. Je peux l'entendre. On est 80% de la population à n'avoir rien d'extraordinaire à raconter. d'ailleurs il y a plus une minorité de personnes qui ont des choses à raconter extraordinaires, bon voilà ça c'est parenthèse fermée par contre tu n'as pas rien à raconter il faudrait que tu sois morte pour avoir rien à raconter j'ai envie de dire même enfermée dans une chambre en train de lire un livre tu as des choses à raconter parce que lire ça te pousse à réfléchir ça te vient faire écho chez toi ça te pousse à faire des liens ça te fait quelque chose à raconter donc en fait je pense que si les gens c'est pas leur vie qu'ils doivent changer parce que leur vie elle est parfaite comme elle doit être c'est plutôt le regard qui pose sur ce qu'ils vivent tous les jours. Parfois, tu sors, tu rencontres... Moi, je suis très proche des animaux. Tu rencontres un animal, tu dis waouh Là, tu vois un couple se tenir la main, ça t'apprend quelque chose. Ça fait écho, je ne sais pas, quand tu étais enfant, tu as vu tes parents se tenir la main. En fait, le beau, c'est partout, le moche aussi. Je ne sais pas, tu rencontres un enfant, il sourit, il rigole, il te fait une blague, tu manges une merguez avec tes potes en barbecue. Ça fait... Il y a du storytelling à raconter sur chaque moment de sa vie. Il faut juste savoir les capter. On vit dans une société tellement productiviste, capitaliste, qu'on est tellement tout le temps dans le speed qu'on ne prend pas le temps de regarder le monde qui nous entoure. Mais le monde, les animaux, les personnes âgées, les personnes plus jeunes, l'humanité nous apprend des choses à chaque seconde. Le truc, ce n'est pas de changer sa vie, c'est de changer le regard qu'on porte sur la vie qu'on a.

  • Speaker #1

    et bien je ne peux que t'applaudir parce que je pense qu'effectivement t'as posé le mot un peu le mot magique je trouve de regard et je suis tout à fait d'accord avec cette idée que c'est pas tant les événements qui se passent mais c'est le regard que tu poses dessus et ce que t'en tires toi et effectivement je pense que ça nous est tous arrivé de vivre exactement la même expérience que quelqu'un juste parce que t'étais avec la personne donc tu sais qu'elle a vécu ce même truc à la même heure mais en fait toi quand tu vas le raconter à tes potes tu vas pas le raconter de la même façon que cette personne parce que t'en attires un truc différent t'apposes un regard différent sur cette expérience et en fait de toute façon on raconte toutes des histoires on se dit tous on est plein à se dire je sais pas raconter d'histoire je sais pas faire, j'ai pas appris etc mais en fait quand tu racontes ta journée à tes parents ou tes colocs ou ton conjoint, ta copine quand tu rentres le soir tu racontes aussi une histoire parce qu'en fait tu mets déjà une certaine subjectivité dans comment tu vas raconter ta journée et la personne au travail qui t'a parlé qui t'a dit ça ou la personne que t'as vue dans le bus et du coup de toute façon tu te réappropries déjà ce truc là qui est un fait et tu en fais un récit qui est complètement subjectif c'est juste que effectivement quand t'es dans un cadre professionnel où tu fais ça avec le but d'intéresser les gens, d'engager les gens sur... à s'intéresser à ce que tu crées, à ce que tu produis et aux produits que tu mets en vente, tu mets une intentionnalité qui est très très différente de, effectivement, quand tu racontes ta journée chez toi quand tu rentres le soir. Et je pense que c'est là que les personnes comme toi, bah du coup, peuvent apporter aussi ce qui va peut-être manquer dans ce processus-là, de créer ce narratif autour de son travail.

  • Speaker #0

    Totalement d'accord avec toi. Totalement d'accord avec toi. Et effectivement, en fait, il y a des gens qui ont vécu exactement la même chose. En fait, si tu veux me dire toujours, il y a une réalité, plusieurs vérités. c'est-à-dire qu'ils ont vécu exactement la même chose mais ils n'ont pas tiré la même vérité aussi ça c'est le grand malheur j'avais un prof en littérature du 19ème qui en parlait tout le temps parce que c'est le grand malheur de la communication de dire à et que la personne en fait il y a moi l'émetteur, il y a le message et il y a le récepteur et à partir du moment où c'est sorti de ma bouche ça ne m'appartient plus en fait c'est-à-dire que ça va faire écho à une autre réalité à d'autres valeurs à un autre passé. Donc en fait, c'est juste effectivement le regard que je porte sur ce que j'ai vécu et qu'est-ce que j'en tire. Moi, en fait, j'essaie toujours de penser en termes de morale. Alors ça, c'est peut-être grâce à mon travail et aussi grâce à mes études, mais j'essaie toujours de tirer quelque chose et c'est comme ça que j'arrive à pousser les personnes avec qui je travaille à créer du contenu. Et outre ça, tu l'as dit, on est tout le temps en train de raconter des histoires. Le storytelling, ça n'a pas attendu Internet. ça existe depuis il y a pas longtemps je t'aurais dit le Moyen-Âge maintenant que j'ai refait des recherches ça existe depuis la préhistoire déjà avec les hiéroglyphes les mains etc. où on essayait de faire passer des messages et en fait j'avais un prof qui disait même une biographie devient fiction à partir du moment où elle est écrite ou racontée et en fait c'est vrai tout est fiction parce qu'on va venir mettre nos valeurs dessus on va venir mettre des adjectifs on va venir grossir le trait pour impacter parce que la réalité, parce qu'à l'écrit ou lorsqu'on on transmet, on ne peut pas avoir la même réalité. Donc, il faut bien trouver des moyens de la retranscrire. Donc, effectivement, moi, je suis totalement d'accord. On est tous des storytellers. Le problème, ce n'est pas de dire je n'ai rien à raconter, c'est plutôt comment je trouve ce que j'ai à raconter, comment je le garde et comment je le raconte ensuite. Ça, c'est une autre chose.

  • Speaker #1

    Ouais, carrément. Et puis, je vais vraiment souligner ce que tu viens de dire parce que je pense que c'est important de comprendre que toute histoire, en fait, elle est... Elle est... Enfin, même si on a l'impression, comme tu dis, une biographie, c'est... Tu te dis, bon, bah, c'est des faits, c'est une collection de faits, une suite historique, enfin, comment dire, une suite temporelle de ce qui s'est passé dans la vie de quelqu'un. en fait, c'est quand même une histoire où on va présenter la personne sous un certain jour, on va faire des choix de mettre en valeur certains événements, d'enterre d'autres, et de créer, en fait, dans ce truc-là, tout un fil conducteur qui va servir un discours. Et ça, vraiment, j'en suis persuadée. Et d'ailleurs, je pense que c'est une des raisons qui, moi, m'avaient poussée à la base à faire un petit peu ce travail sur le podcast, c'est de se dire que En fait, les histoires qu'on raconte sur l'art et les artistes, souvent, ça sert quand même à un propos idéologique qui va mettre en valeur certains types de cultures, certains types de personnes. Et du coup, je veux vraiment le souligner parce que je pense que c'est important de ne pas prendre tel quel tout ce qu'on peut raconter sur des figures dans l'art ou des institutions de l'art parce qu'en fait, c'est à chaque fois quelque chose qui est subjectif et qui… alors n'est pas forcément totalement faux c'est même pas la question mais c'est juste se dire en fait il faut le prendre comme une histoire qu'on raconte et pas comme une suite de faits complètement froids et déconnectés d'un propos particulier qu'on a envie de faire passer merci d'avoir parlé de ça parce que j'aurais presque oublié d'en parler

  • Speaker #0

    je pense que c'est important ouais et puis c'est pour ça que dans le même délire alors parfois ça me crée je vais faire attention à ce que je dis parce que voilà pareil parfois ça me crée des problèmes mais moi par exemple je dis rarement cette personne est toxique je sais que c'est des stratégies mais je ramène très rarement quelqu'un à une bêtise qu'il aurait fait tu vois je vais pas l'appeler le voleur le menteur euh et ça c'est parce que moi je me suis rendu compte en vieillissant que les personnes ne sont pas un acte isolé qu'ils auraient fait parce que l'autre il m'a menti, l'autre il m'a volé, je peux pas penser que cette personne alors il est voleur oui, il a commis un vol oui, il m'a menti c'est un connard, sur le coup il a été un gros connard avec moi, mais je peux pas le rappeler à ça parce qu'en fait tout simplement il est plein d'autres choses, quand les personnes me disent ouais cette personne elle est toxique Non, cette personne, elle a été toxique avec toi. Je suis sûre qu'avec d'autres personnes, elle ne l'est pas. Donc, elle ne peut pas être toxique. Et ça, je sais que parfois, les gens, ils n'aiment pas ça. Mais moi, je ne peux pas. Moi, je sais que j'ai été la toxique de plein de meufs avec qui j'ai été. J'ai été le canard de plein d'autres meufs. Donc, en fait... et je sais que j'ai des copines avec moi elles sont trop connes parfois j'ai envie de les claquer et avec d'autres personnes on les a jamais vues on les a jamais vues se la ramener tu vois et en fait tout ça tu peux le voir dans le par exemple le triangle de Cartman ou de Nantes ça c'est sur les relations où t'as le persécuteur, la victime et je sais plus lequel et normalement dans les relations ça tourne et t'as un autre un autre Un autre schéma qui permet aussi de comprendre les relations, tu as le schéma parent-enfant, où normalement dans une relation saine, ça tourne aussi. C'est-à-dire parfois je suis en position d'enfant, donc je suis un peu plus dominée, puis parfois je suis dans une position de parent. D'ailleurs, les relations deviennent problématiques quand une personne garde un rôle et qu'elle n'en sort jamais, et donc que ça ne tourne pas. Outre ça, comme tu l'as dit, moi je suis sûre que la même personne... suivant ce que je tire et suivant ce que je veux faire ressortir d'elle, je peux ou la faire passer comme la plus grosse des merdes, ou la faire passer comme quelqu'un d'adorable qui a été violenté par la vie et qui a fait des mauvais choix à un moment. Donc c'est pour ça que moi, quand les gens me disent ouais, je suis plus avec, elle était toxique, ouais, cette pote, elle était toxique non, votre relation, elle était sûrement toxique, ça n'allait pas pour toi. Tu vois, c'est comme dans les relations, moi, je dis jamais, même avec mes potes, je dis jamais ton problème, c'est… Non. tu es comme ça, et ça vient faire écho chez moi de cette manière-là, donc ça ne me va pas. Et ça, tu vois, c'est des choses que j'ai apprises en vie, mais c'est des choses encore très difficiles, surtout à l'époque de la pureté militante, où on aimerait réduire les gens à une chose. Moi, je pense que, comme tu l'as si bien dit, les histoires... comme je le redis, il y a une réalité, plusieurs vérités. Et moi, par contre, oui, effectivement, tu l'as aussi dit, dans une biographie, je peux te faire une biographie. Ça dépend de l'angle, en fait. Est-ce que j'ai envie d'humaniser la personne ou est-ce que j'ai envie de la mettre sous terre ? Je ne vais pas prendre les mêmes... Je vais faire du mensonge par omission. Là, je vais citer ça, alors que là, je ne cite pas. Tu vois ? Parce que rien n'est tout blanc, rien n'est tout noir. Voilà.

  • Speaker #1

    J'ai rien à rajouter sur ça, tu as tout dit. Et oui, je pense que le truc à retenir de ce truc-là, c'est vraiment de prendre conscience qu'effectivement, tout ce qu'on peut nous rapporter et tout ce qu'on peut raconter sur des personnalités restent, ou des personnes de toute façon, pas besoin que ce soit des personnes célèbres ou que sais-je, mais qu'effectivement, ça reste des récits qui sont à contextualiser. en fonction de la personne qui raconte et c'est vrai que oui quand j'avais fait un épisode à un moment donné sur Sur Lewis Carroll, c'était affreux. Je me suis fait défoncer en plus parce que visiblement, on ne peut pas toucher à Lewis Carroll parce que ça laisse au pays des merveilles. Mais bon, j'ai fait un épisode pour souligner qu'il y avait quand même beaucoup de non-dits dans les biographies qu'on lit de Lewis Carroll. Je n'enlève pas son œuvre, je n'enlève pas ce qu'il a créé et ce qui reste comme... un peu un truc très important dans la culture anglophone, il n'y a pas de souci. Ceci étant dit, moi, quand je lis des histoires sur Lewis Carroll, on nommait quand même beaucoup de choses et moi, j'ai dû vraiment faire des fouilles archéologiques pour retrouver certains éléments de sa vie qui ne sont quand même pas anecdotiques. Et je pense que le gars, il est mort depuis plus de 100 ans, ce n'est pas une question de je vais cancel Lewis Carroll. mais c'est juste que par contre moi quand on me parle d'Alice au pied des merveilles et du génie de ce gars je veux qu'on me contextualise que à côté de ça il avait eu des comportements absolument abjects et que ça doit faire partie de son histoire de toute façon et je pense que voilà il faut arriver à se dire bah oui en fonction de qui crée la biographie bah il y a un message à faire passer et et voilà quoi

  • Speaker #0

    mais tu imagines bien que si moi je crée la biographie parce que l'objectivité n'existe pas moi je n'y crois pas du tout si je crée la biographie de Marine Le Pen je vais pas la créer de la même manière que quelqu'un qui est partisan de Marine Le Pen parce que je vais aller chercher des choses que l'autre personne va plutôt cacher et en vrai c'est normal et comme moi moi je trouve que nos amitiés, et je parle de nos amitiés vraiment les plus intenses, c'est-à-dire vraiment des amitiés qui nous lient à vie. Ou notre rapport à nos parents. Moi, je sais que dans ma culture, ma mère est très importante. Ça montre exactement comment on peut ou rendre quelqu'un démoniaque ou le rendre fabuleux. Moi, ma mère, si tu la prends, si tu as envie de la valoriser, tu mets en avant tout ce qu'elle a fait de bien. Si tu as envie de la dévaloriser, tu mets en avant tout ce qu'elle a fait de mal. Et puis, si tu as juste envie de la fréquenter pour ce qu'elle est, tu acceptes les deux parties. mais dans les histoires pour qu'elles soient impactantes il faut avoir un peu plus il faut avoir un angle et c'est pareil pour tout en fait donc oui rester toujours critique par rapport aux histoires qu'on nous raconte même des personnes qu'on aime les personnes qu'on aime ne sont pas parfaites la perfection n'existe pas elles ont peut-être fait des erreurs elles ont peut-être eu des comportements minables après avoir aussi comment elles les ont réformées c'est-à-dire qu'est-ce qu'elles ont fait pour les régler est-ce que ça en fait des personnes pourries jusqu'à la moelle c'est-à-dire

  • Speaker #1

    oui et puis après je pense que pour un peu finir là dessus je pense qu'il y a aussi un moment où on fait aussi un choix de se dire moi ma limite je la trace ici et là en ce moment dans ma vie je pose ma limite là donc en fait là je suis pas capable de passer au delà de cette information là sur cette personnalité ou cette personne et c'est pas de soucis mais du coup je pense qu'il y a un peu ce truc de on voit aussi si on est capable de d'accepter

  • Speaker #0

    non mais ça me fait penser que c'est exactement ce qui se passe actuellement avec Blackout 2024 c'est à dire que suivant toi où est ta limite moi par exemple ma limite outre le fait qu'il n'en parle pas par exemple des personnalités on est en train tellement de s'éloigner du storytelling mais bon j'ai envie de le faire séparément outre le fait qu'il n'en parle pas mon autre limite c'est plutôt en parler mais pour faire l'apologie par exemple de ce qui se passe ou pour plutôt euh minimiser ce qui se passe. Ça veut dire chercher des trucs, quelles sont tes valeurs à toi ? Qu'est-ce que tu acceptes et qu'est-ce que tu n'acceptes pas ? Mais oui, garder en tête que le storytelling, c'est une subjectivité qui a pour but de servir un propos, et voilà, c'est tout. La seule fois où on m'a appris à ne pas servir mon propos, et ça m'a beaucoup appris dans la vie en général, c'était à la fac de lettres où j'écrivais des dissertations et où j'étais obligée de faire une thèse, une antithèse, alors qu'en fait, au moins, j'étais du côté de la thèse ou peut-être de l'antithèse, mais il fallait aussi que je fasse toute une partie. pour défendre le point de vue de l'autre. Et j'ai trouvé ça très intéressant. Et si on pouvait faire un peu plus ça, je pense que ça irait bien mieux parfois.

  • Speaker #1

    Oui, après, de toute façon, je pense que prendre les lunettes de l'autre ne veut pas dire renier complètement son... que ce soit son opinion ou ses valeurs ça veut juste dire si je me mets dans cette perspective là je vois pourquoi tu penses comme ça moi c'est juste que ma perspective de base elle se place pas ici du coup je peux pas être en accord avec toi in fine mais je vois effectivement qu'il y a une logique dans ce que tu dis les prérequis de base ne sont pas identiques pour nous deux. Mais effectivement, c'est un petit peu l'idée du propos, mais franchement, je pense que c'est aussi des... Parce que l'idée, c'est de parler de cette histoire, de se raconter et de raconter ce qu'on fait, de raconter ses œuvres. Mais on est tous aussi des spectateurs, spectatrices du travail des autres. Et je pense que c'est aussi bien de réfléchir au regard qu'on pose dessus. à comment est-ce qu'on reçoit tout ça et comment est-ce qu'on le critique ou non. Et je pense que c'est un truc qui n'est pas encore... Enfin, c'est fait par plein de gens et c'est fait de plus en plus, mais il y a des discours qu'on n'arrive toujours pas... Enfin, avec lesquels on... on se bat encore pas mal et on n'arrive pas encore à vraiment se mettre d'accord là-dessus et du coup je pense que c'est important qu'on ait cette discussion parce que tout à l'heure tu mentionnais ces trucs de bon ça c'est classique et c'est pas que l'art mais ça me sort par les yeux mais c'est ce truc de je me suis fait tout seul et puis t'as des histoires rocambolesques de gens qui en fait non ne se sont pas faits tout seuls parce que personne ne se fait tout seul et en plus souvent les gens qui disent je me suis fait tout seul c'est vraiment ceux qui pour le coup ne se sont vraiment vraiment vraiment pas faits tout seuls Et donc du coup, pareil, ça c'est des... c'est aussi un récit qui est bien construit qui très bien moi si c'était un roman probablement peut-être je le lirais tu vois mais par contre ce n'est pas la vraie vie et je pense que c'est bien d'avoir aussi un point de vue critique là dessus quoi on a fait le tour ? je pense qu'on a fait le tour est-ce qu'il y a quelque chose que t'avais envie de rajouter sur les derniers trucs qu'on s'est dit ou sur le thème de l'épisode ?

  • Speaker #0

    Le thème de l'hubilé, peut-être que je donnerais un conseil avant de laisser les gens. Ce n'est pas tant ce que vous vivez que plutôt le regard que vous portez sur ce que vous vivez qui est important. N'hésitez pas à aller chercher de l'inspiration, de la morale, des prises de confiance dans tout ce que vous vivez tout le temps. et n'oubliez pas que parfois les prises de conscience les belles choses ou les choses un peu plus moches c'est dans la vie de tous les jours et dans les petites choses de tous les jours donc gardez les yeux et le coeur ouvert sur l'extérieur c'était magnifique merci pour cette petite

  • Speaker #1

    conclusion et pour terminer je voulais te demander si tu voulais refaire un petit tour de où est-ce que on peut te retrouver et aussi de ce que les offres que tu as en ce moment si tu veux en parler un petit peu pour la fin de l'épisode

  • Speaker #0

    on peut me retrouver sur Instagram donc c'est jasmine.toui je pense que Cyril elle le mettra peut-être en présentation on peut me retrouver sur LinkedIn jasmine.toui2 il y a aussi ma newsletter Grosse Rageuse et mon podcast Grosse Rageuse les deux sont très bien merci, qui sont des moyens d'expression et puis actuellement ce que je fais c'est que je propose du consulting à l'heure ou aux deux heures merci pour débloquer des sujets de communication, de marketing et de stratégie pour se visibiliser et vendre ses offres et ses produits. Et puis aussi AirStory, mon petit produit à prix doux, en tout cas pour moi, qui te permet de créer ton histoire de marque et d'apprendre à la décliner sur tes différents canaux de conversion et de visibilité. Voilà ! et bah merci beaucoup en tout cas d'être venu d'avoir discuté sur cette petite pause midi merci à toi j'ai filé déjeuner c'était un plaisir ouais et puis des gros bisous à toutes les personnes qui nous auront écouté tout ce temps parce qu'on a quand même bien parlé si

  • Speaker #1

    cet épisode t'a plu je t'invite à mettre 5 étoiles sur Spotify ou Apple Podcast et à en parler autour de toi aux personnes qui auraient besoin d'entendre ces mots on se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode d'ici là prends bien soin de toi salut salut

  • Speaker #0

    Merci.

Description

Les récits sont partout. Livres, films, podcasts... mais aussi biographies, documentaires, ou même post Instagram : tout support peut devenir un vecteur pour raconter une histoire bien ficelée.


Et les artistes ne sont pas en reste. Quand on crée pour un public, on doit à un moment ou un autre passer par l'exercice de se raconter et de raconter dans quel contexte nos œuvres sont nées.


Ce n’est pas bien ou mal : c’est nécessaire. Ce qui est bien ou mal : ce sont les choix que nous faisons dans ces récits. Le rôle que nous nous donnons, les valeurs que nous nous attribuons, les engagements que nous nous approprions, la véracité des expériences que nous mettons en avant pour inspirer et engager les autres à nous suivre.


Mais alors : comment être authentique ? Faut-il tout raconter ? Quelle responsabilité a-t-on vis à vis de notre public ?


Pour traiter ces questions à l’aide d’une experte, je me suis tournée vers Jasmine Touitou, consultante et formatrice en storytelling et en personal branding, et je vous propose notre échange pour ce 43ème épisode de Chimères !


Retrouvez Jasmine sur son compte Instagram : @jazzmine.toui

→ ou sur son site internet : https://www.jasmine-touitou.fr/

→ ou sur son podcast "Grosse rageuse" : https://podcast.ausha.co/le-podcast-sans-nom-by-jasmine-touitou


Retrouvez-moi sur Instagram pour discuter de tout ça : @juste.sirine

→ ou sur mon site internet : https://sirinebencheikh.com/


Et n'oubliez pas de mettre 5⭐ à l'émission si l'épisode vous a plu !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans Chimère, je parle souvent de ce qu'on raconte sur les artistes, de comment on les met en scène dans des histoires écrites pour la postérité, de ce qu'on retient de leurs pratiques, de leurs personnalités et des œuvres qu'ils et elles ont créées. Dans l'épisode du jour, je m'intéresse à ce que les artistes racontent d'eux-mêmes. Quand on présente son art à un public, ou quand on veut carrément en vivre, il faut à un moment passer par cette étape cruciale de se raconter et de mettre en contexte son travail. Un objet ne devient jamais une œuvre d'art spontanément. Ce qui fait une œuvre, c'est tout ce qu'il y a autour, c'est-à-dire une histoire, des symboliques, un message, des inspirations, etc. Et il en va de même pour les artistes. Leurs histoires sont importantes. Aujourd'hui comme hier, comme il y a 100 ou même 200 ans, Ce qui fait qu'on va apprécier, soutenir et donner du crédit à un artiste, ce n'est pas uniquement ses œuvres ou la personne qu'il ou elle est, mais comment ces deux entités s'articulent dans un récit qui mêle des expériences de vie formatrice, des valeurs, des idéaux et plein d'autres éléments qui vont se compléter pour former une trame narrative cohérente. Donc aucune histoire n'est jamais vraiment neutre. Chaque fois qu'on raconte une histoire, on insuffle une subjectivité, un parti pris, et la volonté de faire passer des messages bien particuliers. Et c'est d'autant plus important de se rendre compte de ça quand on parle de personnalité publique. Raconter une histoire, c'est toujours faire des choix. Ces choix ne sont pas faits au hasard, et c'est avec ce présupposé en tête que j'ai invité Jasmine Twitou, consultante en storytelling et en personal branding, à venir discuter avec moi, ici et pour vous, des enjeux et des questions d'éthique et de responsabilité quand on met en place un récit pour se mettre en valeur, ce que font tous les artistes et toutes les personnalités publiques. Et cette question, elle est vraiment primordiale, que ce soit pour les artistes et les artisans parmi vous qui... doivent aussi faire ces choix de narration, ou pour les spectateurs et les spectatrices que nous sommes tous, et qui devons rester critiques quant aux histoires qu'on nous raconte. Alors je vous invite à écouter attentivement cet échange, juste après le générique. A tout de suite ! Créer, imaginer, inventer, c'est génial mais ça va avec plein de questions. Moi c'est Cyrene et je vous accueille dans Chimère, le podcast où on parle création, créativité, art, artisanat, sans réponse faite, sans mépris et sans chiches. Merci d'être là et bienvenue dans l'épisode du jour. Je te souhaite la bienvenue dans mon podcast, je suis très contente que tu aies accepté de venir, ça me fait très plaisir.

  • Speaker #1

    Merci Céline.

  • Speaker #0

    Et du coup, au début, je demande toujours un peu aux gens de se présenter pour contextualiser un peu leur venue dans le podcast. Donc, est-ce que ça te va de nous expliquer un petit peu qui tu es et ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Oui, moi c'est Jasmine Tuitou, j'ai 28 ans, je suis dionèse et actuellement, je suis mentor et consultante en storytelling, personal branding et copywriting. Mon travail c'est d'accompagner des entrepreneurs, plutôt, mais il m'arrive de travailler avec des hommes, d'accompagner les entrepreneurs à développer des stratégies de marketing afin de convertir et de se rendre visible grâce au digital du moins.

  • Speaker #0

    ça marche mais du coup c'est un peu les raisons pour lesquelles je voulais que tu viennes parce que dans le podcast que je fais la question de comment est-ce qu'on parle de l'art et comment est-ce qu'on parle des artistes elle est centrale et en fait quand on regarde un petit peu tout ce qu'on peut dire sur les histoires des oeuvres et les histoires des personnes qui les créent on se rend compte assez vite qu'il n'y a pas grand chose qui est anodin et du coup la question de comment est-ce qu'on raconte les histoires elle est très très importante et c'est pour ça que je voulais que inviter quelqu'un qui est expert comme toi pour parler un petit peu de cette question-là. Et du coup, je voulais commencer par une petite question parce que c'est vrai que la question de parler de soi et de parler de ses œuvres et de construire une histoire autour de ça, ce n'est pas quelque chose qui fait l'unanimité quand tu parles avec d'autres artistes ou artisans. Et il y a un peu deux teams. Il y a les personnes qui ont un peu embrassé le truc et qui, effectivement, vont créer ces histoires-là, vont communiquer autour de qui ils sont et de ce qu'ils font. et en face tu as des gens qui souvent pour le coup sont un peu plus entre guillemets débutants dans la pratique et qui ne voient pas toujours l'intérêt justement de raconter une histoire autour de ce qu'ils font et qui limite des fois voient ça un petit peu d'un mauvais oeil en se disant mais en fait les gens devraient aimer ce que je fais pour ce que je fais et je ne devrais pas avoir besoin de parler de moi ou de raconter une histoire autour de mon oeuvre donc je voulais savoir un petit peu déjà qu'est-ce que tu pensais de ça au regard de ton travail et de ce que tu fais

  • Speaker #1

    Je pense que déjà c'est assez compliqué parce que l'art c'est multiple, c'est un paradigme qui englobe beaucoup de réalités, beaucoup de pratiques. Mais outre ça, en fait, faire du storytelling, c'est vrai que c'est assez compliqué. la question dans le sens où c'est tellement large. Je pense qu'il ne faut pas raconter ce avec quoi on n'est pas à l'aise. C'est-à-dire que si on n'a pas envie de raconter quelque chose, si on n'a pas envie de se mettre en avant, c'est qu'il y a une raison. Outre les raisons politiques du genre Ah mais moi je pense qu'on devrait acheter mon art pour ce que c'est et pas pour la personne qu'il y a derrière ça c'est encore une autre question, une autre problématique. Outre cette problématique, se raconter, se montrer, ce n'est pas forcément tout le temps évident. Et si on a du mal à se montrer ou à se raconter... Il ne faut pas le faire, il ne faut pas forcer. Maintenant que ça c'est dit, et quand je dis il ne faut pas le faire, il ne faut pas forcer, c'est-à-dire qu'on peut faire du storytelling sur d'autres sujets. On peut totalement raconter des histoires autour d'un produit, c'est-à-dire une œuvre d'art à une histoire. Les produits de luxe qui sont souvent brandés comme des œuvres d'art, les parfums de maison, etc., ont une histoire à part entière. C'est-à-dire que si à la fois je lisais ça et je l'avais présenté en masterclass, mais le parfum Baccarat Rouge de la maison Curdijan, de Francis Curdijan, je ne suis pas sûre de bien maîtriser le nom de famille, en tous les cas, si tu regardes un petit peu l'histoire du produit, on lui a écrit notre histoire sans parler de Francis Curdijan qui est le créateur. Donc on peut créer une histoire autour de son œuvre. une œuvre d'art à une histoire. Après, l'art, c'est autre chose. C'est vraiment autre chose par rapport à l'entrepreneuriat de base. Ce qui est compliqué, c'est que si j'écris une histoire sur une œuvre d'art, peut-être que j'empêche la personne en face de moi de l'interpréter comme elle le veut et d'en faire ce qu'elle veut. Donc ça, c'est autre chose. Mais parler de soi, ce n'est pas une obligation. Mais c'est vrai que les histoires créent de l'émotion. l'émotion crée de l'adhésion et donc crée la conversion. Effectivement, quand on parle de soi, quand on raconte pourquoi on est devenu artiste, pourquoi on s'est lancé, qu'est-ce que ça vient chercher chez nous, on connecte plus facilement avec les personnes qui nous suivent, qui regardent nos œuvres d'art, qui sont intéressées par notre travail. Mais ce n'est pas une obligation, je n'ai pas tellement d'avis. Je crois que tout ça, et tu l'as dit un moment, tu as dit que ce sont des personnes un peu plus députantes, je crois que tout ça, c'est une histoire de processus. qu'il y a un moment où on peut avoir envie de parler de soi, un moment un peu moins. Je pense qu'il faut juste parler de choses avec lesquelles on est à l'aise, parce qu'il ne faut pas se forcer. Et après... se laisser porter un petit peu par les envies et les besoins du moment ? Si j'ai répondu à côté, c'est possible.

  • Speaker #0

    Non, au contraire, je pense que c'est assez intéressant parce que nous, du coup, c'est des débats qu'on a souvent entre nous. Je parle de moi, mais avec par exemple d'autres artistes ou artisans avec qui j'ai pu échanger. C'est vrai que des fois, ce n'est pas toujours évident parce que ce n'est pas... Encore une fois, c'est comme quand on est entrepreneur de façon générale, il y a plein de casquettes. Et du coup... On est peut-être spécialiste dans notre pratique, mais on n'est pas spécialiste forcément dans les autres trucs. Et du coup, c'est vrai que toute cette histoire de raconter ce qu'on fait, parler de ce qu'on fait, ne serait-ce que parler de sa pratique et parler de ce qu'on crée, ce n'est pas toujours des trucs qu'on arrive à faire facilement parce que ce n'est aussi pas quelque chose qu'on nous a appris à faire ou qu'on a appris nous-mêmes à faire. Et du coup, c'est super intéressant d'avoir ton retour là-dessus parce qu'effectivement, comme tu dis, il n'y a pas... Il y a plein de personnes qui ne sont pas obligées de raconter toute leur vie pour parler de ce qu'elles créent. Par contre, effectivement, plus souvent, ça arrive quand même de contextualiser un peu l'œuvre sans forcément... Je pense qu'il y a quand même un truc par rapport à ce que tu disais, où il y a, comme tu dis, ce regard du spectateur ou de la personne qui va un peu consommer l'œuvre qui doit avoir une marge aussi d'appropriation, puisque... parce que de toute façon même si on le voulait pas ça se ferait quand même parce que ça fait partie du truc nous en tant qu'artiste on doit laisser quelque chose et faire le deuil que ça nous appartient plus vraiment mais c'est vrai que moi je suis un peu partisane de dire que c'est quand même bien de contextualiser parce que avec l'art il y a un truc aussi où on n'est pas tous égaux en termes de bagage culturel et que c'est cool aussi en fait, et même c'est important de mettre un petit peu le pied d'égalité sur ça

  • Speaker #1

    Et ça, je suis totalement d'accord avec toi. Je sais que moi, j'ai fait un master en littérature et moi qui ne suis pas chrétienne, il manquait pas mal de références pour l'intertextualité des textes où il y avait beaucoup de références à la Bible, à des choses comme ça. Et c'est vrai que c'était important d'en parler, de le montrer parce que comparé à quelqu'un qui avait fait du catéchisme, etc., moi, je n'avais pas du tout les mêmes références. Sur ça, je suis plutôt d'accord et je te suis. En fait, il faut aussi savoir de quoi on parle. Et je pense que c'est pour ça que j'ai eu du mal peut-être à répondre de quoi on parle. Est-ce que déjà on parle d'œuvres qu'on essaie de vendre, qu'on veut vendre, ou juste qu'on produit ? On parle d'artisans qui vendent des produits, ce n'est pas du tout la même chose.

  • Speaker #0

    Là, dans l'idée, je pensais plutôt à des œuvres que tu vas vendre et plutôt de l'artisanat.

  • Speaker #1

    C'est vrai que quand on fait de l'artisanat, je pense que c'est important de pouvoir raconter une histoire sur ce crochet, sur cette broderie, parce qu'elle nous donne un peu plus envie. En fait, il faut savoir que dans tout ce qui est... produit de luxe ou œuvre d'art, le produit, par exemple, il a une histoire et c'est le client qui décide ou pas. de faire partie de cette histoire. Enfin, selon moi. C'est-à-dire, je crée une broderie qui me rappelle mon enfance ou qui vient chercher des choses par rapport à mes positions politiques. Moi, je lui crée son histoire, je lui crée son existence et c'est la personne qui est en face de moi qui va réfléchir à est-ce que ça fait écho chez moi, est-ce que ça me parle et est-ce que je veux le posséder. après comme tu l'as dit contextualiser c'est important savoir un petit peu montrer les caractéristiques les valeurs que tu portes en fait quand je soutiens un artiste comme toi ou un artisan comme toi, qu'est-ce que je soutiens derrière ça paraît important, surtout actuellement avec les luttes sociales, mais tu l'as aussi dit, une oeuvre d'art ça ne nous appartient plus, très légèrement lorsqu'elle existe en fait au contact de l'autre elle n'est plus à nous, donc aussi il faut accepter que la personne en fasse sa propre histoire et l'interprète comme elle veut comme elle veut, pardon.

  • Speaker #0

    Oui, moi, ça, c'est un travail de deuil qu'on devrait tous faire à un moment donné. Et c'est normal aussi, et je pense que nous-mêmes, on consomme tous de l'art, et c'est normal qu'on se réapproprie aussi ce qu'on lit, ce qu'on voit, ce qu'on écoute. Donc voilà, mais c'est vrai que, pour le coup, on a une... en fait la seule prise qu'on a au final c'est justement ce que tu disais cette histoire là qu'on va raconter avant, au moment où on la rend publique au moment où elle sort de l'atelier et le contexte qu'on met à à cette oeuvre-là. Et du coup, pour le coup, bon, moi, c'est vrai que, comme je disais tout à l'heure, les discussions que j'ai avec les gens qui sont un peu frileux à l'idée de faire ça, c'est souvent effectivement des gens qui débutent un peu, et comme tu dis, il y a très certainement une idée de... Enfin, une histoire de process derrière où on n'a pas l'habitude de faire ça, et puis, accessoirement, voilà, je comprends tout à fait qu'on se dise, quand on commence, ah, mais j'ai passé 5 heures sur cette... sur cette pièce, ça devrait entre guillemets suffire, tu vois, à avoir sa valeur, mais de fait, ce n'est pas le cas.

  • Speaker #1

    Je disais, ce n'est pas le cas parce qu'à compétence égale, que tu aies mis 5 heures ou pas, tu n'es pas la seule à avoir mis 5 heures. C'est-à-dire qu'à compétence égale, ce qui va vous différencier outre le produit, ça va être le background de chacune et de chacun. Donc, penser qu'avoir mis X temps, ça suffit, ça suffirait si on n'était pas... pas dans le sous-digital s'il n'y avait pas de concurrence exacerbée. Moi, je pense que c'est pour ça que c'est important de se montrer après, effectivement, et je rebondis sur ça avant d'oublier mon propos parce que je suis sûre d'oublier. Moi, j'ai fait ma recherche sur une autrice qui s'appelle Marie Secondé. qui a écrit Moi, Tituba, sorcière noire de Salem Et c'est dingue parce qu'en fait, ce livre, il a été interprété par les féministes comme étant un livre ultra-féministe avec un personnage principal très féministe. Et dans les faits, Marie Scourder refuse d'être qualifiée de féministe, refuse Pour elle, Tituba, sorcière noire de Salem n'est pas un livre féministe. Après, quelle est la part de vérité ? Quelle est la part de mensonge ? Je ne sais pas. mais je trouve ça intéressant parce que pendant X temps il y a eu des recherches sur Marie Scondé des journalistes féministes on travaillait dessus je me rappelle que Lorraine Bastiet avait fait une soirée dessus sur le féminisme elle avait lié le féminisme à Tituba le personnage principal et pourtant quand on lit toutes les interviews quand on fait sa recherche une recherche sur l'autrice elle soutient Mordicus que ça n'a rien de féministe et je ne sais pas qui l'emporte à la fin. Et je crois que c'est bel et bien le spectateur, ou l'auditeur, ou le consommateur qui l'emporte sur l'artiste, et ça, il faut l'accepter.

  • Speaker #0

    c'est vrai que c'est un peu frustrant quand tu le dis comme ça mais oui après de toute façon encore une fois à partir du moment où tu rentres ton oeuvre publique le public s'en empare et de toute façon c'est ce qui va rester, il y a plein d'oeuvres comme ça où en fait on se rend compte que ce qu'on en a gardé c'est toutes les critiques qui en ont été faites et les retours qu'ont fait les gens même si l'artiste derrière n'était pas du tout dans ce zoom dans cet état d'esprit là où on ne voulait pas du tout porter ces messages là quoi donc Mais par rapport à ce truc que les artistes créent un narratif autour de leurs œuvres et aussi des fois autour de leurs personnes, une des raisons pour lesquelles je voulais t'inviter, la principale, c'était aussi pour parler de ça. Parce que moi, dans le cadre du podcast notamment et puis tout ce que je peux faire à côté, je me suis intéressée à pas mal de récits sur des artistes ou des pratiques artistiques. Et c'est vrai que... Il y a pas mal, enfin, moi je m'intéresse surtout à un peu essayer de déconstruire certains discours qu'on peut avoir sur certaines pratiques ou sur certaines personnalités. Et il y a un truc qui revient assez souvent quand même, et je suis désolée de te poser la question parce que je pense que 20 000 personnes ont juste la posé avant vu ton métier. Mais il y a toute cette question autour de l'authenticité quand on raconte une histoire, je suis désolée, mais autour de soi et autour de ce qu'on crée. et c'est vrai que souvent on parle de l'authenticité mais je vois assez peu de gens au final définir concrètement ce qu'il y a derrière en fait l'authenticité et souvent c'est un peu on amalgame ça un peu j'ai l'impression avec ce truc de il faut rien cacher, il faut être honnête il faut tout dire etc et du coup je voulais que tu reviennes un petit peu dessus si ça ne te débranche pas de refaire un truc que t'as du faire 50 000 fois pour remettre un petit peu les points sur l'île sur cette notion

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'il y a cette notion d'être authentique, full authentique, dans ce qu'on crée, dans ce qu'on dit, tout simplement dans notre image. Mais moi, je n'y crois pas. Je pense qu'être authentique, c'est être un minimum honnête, juste. Mais l'authenticité sans borne n'existe pas. Mais elle n'existe pas même dans notre vie de tous les jours. C'est-à-dire que les personnes qui sont vraiment authentiques, tout le temps sincères, etc., sont souvent des personnes, par exemple, autistes ou qui sont neuroatypiques, parce qu'en fait, la société, la bienséance, nous empêche. d'être 100% authentique. Et moi, je suis partisane d'une authenticité réfléchie. Ça, c'est pas moi qui le théorise, mais tout ce qu'on est... La Jasmine que tu vois ici, c'est la Jasmine qui est interviewée dans le cadre de son travail. Je ne suis pas la même Jasmine chez moi, je ne suis pas la même Jasmine avec mes amis, je ne suis pas la même Jasmine en soirée. Et c'est normal. Et ça, ça tient des masques sociaux qui ont été théorisés par Guy Desbordes dans la société du spectacle ou encore par Goffman. Et les masques sociaux, c'est l'idée de... Enfin, ce serait l'idée qu'on vit dans une société du spectacle où on est tout le temps en performance et qu'on performe notre identité. Et donc, que suivant où on est, avec qui on est... ce qu'on fait, on raconte pas les choses de la même manière, on raconte pas tout et on montre ce qu'on a envie de montrer. Je crois qu'être authentique, c'est ne pas mentir, ni mentir par omission. C'est-à-dire, oui, j'ai fait 10 millions de chiffres d'affaires sans dire que oui, mais il y avait 5 millions de sorties parce que t'avais des employés ou des fris. Enfin bref, j'abuse. Mais être authentique, c'est pas raconter avec qui l'on couche ce qu'on fait tout le temps. Être authentique, c'est ne pas mentir, c'est être... à l'idée c'est si demain je te rencontre dans la rue, ne pas être choquée parce qu'en face de moi j'ai une nana qui a rien à voir, ultra aigrie alors que sur les réseaux sociaux elle est tout le temps en train de taper le smile et aussi être authentique et ça chacun fait comme il veut c'est aussi se mettre à la place des gens et se dire est-ce que je veux les faire culpabiliser ou pas et est-ce que je veux vraiment qu'ils adhèrent à moi ou est-ce que je veux encore performer Parfois c'est compliqué parce qu'on a choisi l'entrepreneuriat pour être 100% nous et avoir toujours un sort de masque, bon alors un masque c'est normal, mais avoir un masque qui n'a rien à voir avec ce qu'on est réellement, c'est encore performer. Donc c'est épuisant en fait, outre les personnes qu'on a en face de nous, c'est épuisant pour nous parce qu'on n'est jamais vraiment aligné à ce qu'on fait et à ce qu'on est. et puis après il y a la notion comme je t'ai dit de culpabilité mais qui est plutôt tournée vers les autres c'est aussi se dire est-ce que là je donne l'impression d'aller super bien est-ce que là je donne l'impression que tout roule je suis sûre qu'il y a des personnes qui se comparent à moi, est-ce que j'ai envie de continuer à donner cette impression ou est-ce que je veux me rendre un peu plus accessible en sachant que je le dis ici la perfection ne permet pas l'adhésion ça peut marcher sur certaines stratégies des stratégies d'entrepreneuriat c'est très libéral du style Baïk Bonnet c'est-à-dire Yomi Denzel ou Samah Amar etc. ces personnes-là et je cite pas d'autres personnes parce que c'est bon mais ces personnes-là qui te vendent une vie de rêve à Dubaï et qui disent moi j'ai fait 10 millions d'euros alors qu'en fait parfois ils ont des procès au cul etc. ça peut marcher parce qu'en fait eux ce qu'ils vendent aux personnes qu'ils ont en face d'eux c'est de faire comme eux On appelle ça des business make money. Donc effectivement, plus moi je vais dire que je fais de l'argent et que ma vie est belle, plus ça va marcher parce que mon produit est lié au fait que je peux te permettre d'avoir cette vie. Mais quand tu vends des produits, quand tu n'es pas dans le make money, dans le pousser à faire de l'argent pour faire de l'argent, ça n'a aucun intérêt de paraître trop parfait, de paraître fake, parce qu'en fait ça ne permet pas l'adhésion, ça ne permet pas les émotions, et donc ça ne permet pas la conversion.

  • Speaker #0

    je suis assez d'accord avec ce truc là bon après voilà j'avoue que c'était un peu une question que je me sentais obligée de poser parce que vu le thème de l'épisode je pense que c'est bien quand même de poser les bases mais effectivement comme tu dis, je pense que l'authenticité, c'est pas juste une espèce de checklist de est-ce que j'ai dit tout ce que tout ce qui fait de moi que je suis moi, quoi, et puis sans filtre, parce qu'effectivement, déjà de un, il y a une grosse partie des trucs, tout le monde s'en fout et de deux, je pense pas que ce soit un truc qu'on doit non plus à son public quand bien même on fait un on a tout un récit autour de soi parce qu'il y a plein, effectivement, d'artistes, d'artisans qui ont eu qui créent des œuvres qui sont très liées à leur vécu et où ça a du sens de faire le lien avec des parties de leur histoire, mais il n'y a pas de nécessité de... en tout cas moi c'est comme ça que je le ressens et je le vis,

  • Speaker #1

    c'est qu'il n'y a pas nécessité de tout raconter je voulais aussi rebondir sur le fait que avant de parler de quelque chose parce qu'il faut en parler, t'as pris le temps toi de le processer t'as pris le temps de prendre de la hauteur dessus il y a une entrepreneuse que j'aime beaucoup qui s'appelle Alex Martel que j'apprécie énormément qui est canadienne qui un jour a bien parlé de la différence entre oui on crée du contenu, il n'y a pas de soucis mais C'est pas parce que t'as vécu un truc violent que t'es obligé d'en parler. Déjà t'es pas obligé d'avoir fait la guerre pour avoir des choses à raconter. Et outre ça, même si t'avais fait la guerre ou même si t'avais vécu des trucs violents, je crois qu'il faut différencier une plaie béante, ouverte, purulente, qui n'a pas eu le temps de cicatriser, et une cicatrice. En fait, ce que je veux dire par là, c'est que moi je suis pas très partisane qu'on m'envoie de la violence pour m'envoyer de la violence dans la gueule. Après ça, chacun c'est son kiff, tu vois. Mais moi, ça ne me fait pas forcément kiffer de lire des trucs ultra tristes, surtout quand la personne est encore dans la tristesse. Après, ça dépend quand j'ai lu de la poésie, un roman, c'est autre chose. Mais je sais qu'on n'est pas tout le temps là pour inspirer, qu'on peut être normaux et ne rien avoir à insuffler à ce moment-là précis. Mais je trouve quand même qu'afin de parler de trucs violents ou de trucs qui sont à l'origine de ce qu'on est, c'est important d'avoir fait un travail de digestion parce que déjà, le partager, ça… ça implique d'avoir des retours, des retours qui ne vont pas forcément dans notre sens. Et aussi, le partager, ça implique d'accepter que des gens jugent. Parce que oui, qu'on le veuille ou non, les humains jugent. Que des gens jugent ton parcours. Donc je crois que c'est plus pertinent lorsqu'on a des choses à raconter, des choses sensibles, d'attendre d'avoir pris une certaine hauteur et d'avoir une morale à partager. Enfin moi je suis partisane de ça. Parce que sinon on tombe vite dans quelque chose de pathétique qui tient vraiment du pathos. Et moi j'ai beaucoup de clients qui me disent moi j'aimerais parler de ça mais comment je peux pour pas que ce soit pathétique ? Bah est-ce que t'en souffres encore ? Effectivement si t'en souffres encore tu vas peut-être… plus provoquer l'appétit qu'autre chose. Et après, ça, c'est pas moi qui l'ai théorisé, c'est Aristote. Mais la base de la rhétorique, c'est pathos, ethos, logos, donc un mélange de pathos, les émotions, ethos, le jeu, la personne, le rôle de la personne. et logos les faits, la rationalité quand t'arrives à pouvoir raconter quelque chose de cette manière, bah t'es sûr que tu vas réussir à convaincre, voilà mais si t'y arrives pas, si c'est trop pathos c'est que peut-être l'éthos il est pas assez présent, parce que tu t'effaces un peu au profit de ton traumatisme de ce que t'as raconté, ou qu'encore le logos non plus n'est pas du tout présent parce que t'arrives pas du tout à rationaliser ni à tirer une morale quand je dis tirer une morale ça veut pas dire, ouais j'ai vécu ça c'est trop bien, ça veut dire prendre de la hauteur ou à le voir de loin. Donc aussi se poser la question de ouais, j'aimerais parler de ça, mais qu'est-ce que j'irais en dire ? Ça aussi, je trouve que c'est une question intéressante. qu'est-ce que j'ai à en dire ? Est-ce que ça va me faire du bien ? Après, ça peut être thérapeutique, mais moi, là, je parle du storytelling dans un but business. Les réseaux sociaux, ce n'est pas un journal intime, donc il faut quand même avoir quelque chose... Enfin, là, je dis, ce n'est pas par rapport à mon travail. Donc, il faut quand même que ça ait du sens dans ce que tu fais, dans ce que tu proposes.

  • Speaker #0

    Oui, je suis d'accord. Et puis, même si là, effectivement, tu raccroches ça à ton expérience et à... ton travail auprès d'entrepreneuses, notamment sur Internet. De fait, aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes qui se lancent dans l'artisanat via Instagram, TikTok ou d'autres réseaux. Donc, ça s'applique tout à fait. Et c'est vrai que cette question-là, elle est importante parce qu'en plus, pour le coup, il y a vraiment ce truc autour de... je trouve, quand tu crées quelque chose, souvent, tu le relis à un passé qui peut être plus ou moins difficile. Et c'est vrai que moi, ça m'est arrivé plusieurs fois, effectivement, de tomber sur des contes où ça se voit, en fait, que la personne, elle est encore un peu dedans. Et où, du coup, après, ça fait partie de l'histoire. Et c'est vrai que là, pour moi, c'est quand même un peu différent parce que ça reste des œuvres. Et forcément, oui, c'est quelque chose qui... Par exemple, c'est un traumatisme qui s'est passé où... où la personne a vécu quelque chose de dur et donc du coup elle en parle dans ses oeuvres donc c'est encore un peu différent parce que j'ai l'impression que c'est un terrain où on s'attend à voir ce genre de choses mais effectivement des fois comme tu dis c'est des choses qui ne sont pas totalement réglées et tu sens que la personne a du mal des fois à raccorder justement l'histoire qu'elle raconte parce qu'il n'y a pas de fin encore et puis il n'y a pas de... de suite à des fois juste l'événement traumatisant, il y a juste ça. Et ça reste un peu, comme tu dis, comme une plébéante au milieu du truc. Et oui, je suis assez d'accord du coup que c'est quelque chose à réfléchir. Et je trouve que c'est important que tu le dises parce que je pense qu'il y a vraiment un truc de l'ordre de... Pour revenir vite fait à cette question d'authenticité, il y a un peu ce truc de... Si tu réfléchis à ce que tu vas raconter, tu perds en authenticité, alors que... En fait, c'est tout à fait normal de le faire. Et ça n'enlève pas du tout de l'honnêteté à ce que tu vas raconter, mais c'est juste qu'effectivement, tu es sur une plateforme... C'est comme si tu faisais une intervention sur scène devant 5000 personnes et que tu ne préparais pas et que tu te dis je vais être authentique, donc je vais y aller comme ça Et en fait, je pense qu'on le perd souvent de vue parce qu'on a l'impression... les plateformes comme Instagram sont beaucoup dans l'instantané, tu peux faire des stories qui durent une journée, etc. Et on a l'impression que ça crée un espèce de truc où les gens vont toujours être un peu dans l'honnêteté, etc. et puis les réactions à chaud. Mais en fait...

  • Speaker #1

    c'est pas mal d'avoir une réflexion sur qu'est-ce que je raconte et comment je le raconte oui déjà je suis totalement d'accord moi par exemple je suis partisane moi je réfléchis pas trop à ce que je publie sur internet dans le sens où j'ai une idée et je la partage mais par contre je suis partisane il y a des choses dont je ne parlerai jamais parce que la notion de Alors aussi bien je suis très critique en termes de propriété privée, aussi bien la notion de vie privée c'est encore autre chose. Je crois que c'est totalement normal de réfléchir à ce qu'on dit. surtout que tu l'as dit effectivement tout paraît très rapide très instantané mais internet n'oublie jamais rien mais c'est des trucs bêtes mais moi qui suis une grande consommatrice de tic tac il suffit de voir un petit peu il y a des gens par exemple qui ont annoncé bah moi je voudrais faire une euthanasie et finalement ça s'est pas fait deux ans après on leur dit encore bah alors tu devais pas te suicider toi tu devais pas te faire euthanasier ou il y a des gens qui se sont mis en couple et ils ont fait et du jour au lendemain on les voit plus avec leurs compagnons ou leurs compagnes et ben alors il est où ? et donc t'as pas le temps de faire ton deuil parce que je crois que c'est totalement normal de pas tout raconter

  • Speaker #0

    Comme je t'ai dit, le but, et je crois que c'est ça la différence, l'authenticité, ce n'est pas de tout raconter, c'est d'éviter de performer quelque chose que tu n'es pas. Donc, la performance, c'est normal. On est tout le temps en train de performer pour être vu d'une telle ou telle manière. C'est normal, le personal branding, c'est la définition. La définition exacte du personal branding, c'est mettre au centre de sa valorisation personnelle et professionnelle nos... nos qualités, nos différences, etc. Donc c'est normal un petit peu de performer, on est tout le temps en train de performer, même là inconsciemment je performe sûrement. Mais l'authenticité c'est juste ne pas nous vendre quelqu'un que tu n'es pas. C'est tout en fait. Et je pense que si déjà tu arrives à faire ça, tu es déjà plus authentique que 80% de la population qui est toujours en train de surpasser.

  • Speaker #1

    voilà je suis tout à fait d'accord et je pense que c'est une définition très simple qui marche bien, donc je vais la garder je suis contente qu'elle soit enregistrée quelque part et je voulais revenir sur un truc que tu as mentionné tout à l'heure et ça je voulais aussi en parler donc je reviens dessus et on peut peut-être développer un peu je vois beaucoup et c'est vrai que c'est le cas surtout pour des artistes qui vont être assez connus mais pas que sur des personnes un peu moins connues ou des artisans sur Instagram il y a des fois j'ai l'impression une envie de raconter une histoire parce que du coup c'est des gens qui ont un peu ce truc là qui ont embrassé ce truc là de je vais contextualiser qui je suis et ce que je crée pour que il y ait un fil conducteur dans tout ce que je produis, très bien mais des fois j'ai l'impression qu'il y a un peu cette idée qu'il y a besoin d'avoir une histoire qui est un peu sensationnelle ou ou que la personne a surmonté un truc très dur ou très fort. Et du coup, je voulais un peu revenir là-dessus parce que je voulais te demander est-ce que c'est vraiment nécessaire justement d'avoir ces histoires-là qui doivent absolument être inspirantes ou ce n'est pas nécessaire justement pour raconter ses œuvres et son travail ?

  • Speaker #0

    Je pense que ce n'est pas nécessaire. Je pense que... J'ai déjà fait un post qui s'appelait Tu n'as pas besoin d'avoir vécu la guerre pour faire du storytelling Je crois que les... Je crois, je suis désolée de le dire aux gens qui ne s'y attendent pas, que l'humain partage la plupart... en fait non que l'humain partage la condition humaine et qu'en fait tout ce qu'on vit les autres personnes qu'on a en face de nous l'ont vécu, bon après excepté certaines choses très violentes etc qui n'arrivent pas à tout le monde et encore heureux on n'a pas besoin d'avoir vécu la guerre pour raconter quelque chose parce qu'on peut totalement créer l'adhésion sur des sujets qui font écho chez les gens moi je suis désolée, le storytelling quand je parle de conflit quand je parle de quelque chose qui vient mettre en friction c'est pas la mort, c'est pas la violence ça peut être juste une rencontre ça peut être un événement ça peut être un voyage qui est venu pointer du doigt certaines réalités chez nous, après effectivement ça peut être la maladie, ça peut être des choses un peu plus violentes on n'est pas obligé d'avoir vécu des choses ultra cruelles pour avoir des choses à dire en fait, Flaubert il a écrit tout un livre Madame de Bovary sur une histoire, non mais en fait il rêvait de faire un livre où il n'y avait pas vraiment de... d'énigmes en fait. L'énigme, c'est la vie. Et je crois qu'en fait, raconter des histoires sur la vie de tous les jours, c'est des histoires qui méritent d'exister en fait. C'est des histoires qui sont importantes, qui sont pures, qui sont réelles et qui peuvent permettre l'adhésion. Les gens peuvent s'identifier à ça parce qu'en fait, on partage la condition humaine. Ce que tu as vécu en voyage, ce que tu as ressenti. Donc, ça peut être très violent. Par exemple, Victor Hugo, quand il dit Demain, dès l'aube, j'irai à travers la nana parce qu'il a perdu sa fille bon, là, il a perdu sa fille, donc oui, c'est violent. Mais tu peux le lire en pensant à quelqu'un que tu as perdu. Parce que la condition humaine implique le deuil, implique l'amour, implique la perte, implique la joie, la tristesse. Et ces choses-là, on ne les retrouve pas que dans la violence extrême. Ou dans les choses extrêmes, on les retrouve dans la vie de tous les jours, dans les rencontres de tous les jours. Pas besoin d'avoir vécu la guerre pour avoir des choses à raconter, pour tirer des... Pour tirer des leçons de la vie, dans ce cas-là, 99,9% de l'humanité serait con, parce qu'il n'y a pas tout le monde qui a vécu la guerre, il n'y a pas tout le monde qui a vécu des violences, et je pense que pourtant, non, il y a plein de gens qui ont des choses à raconter, parce que les leçons de vie, c'est dans tout et c'est dans n'importe quoi. Moi, je ne suis pas partisane de raconter des trucs ultra violents et ultra misquines, pathétiques. Il y a des choses, moi, qui me rendent folle. À une époque, sur LinkedIn, les gens prenaient leurs parents sur leur lit de mort, ou leurs grands-parents, disons. Moi je suis pas partisane de ça, puis après moi je suis assez cruelle, c'est-à-dire on meurt tous un moment ou un autre. En tant que femme on s'est toutes fait agresser sexuellement, presque en tout cas, on est toutes… Enfin tu vois moi je crois aussi qu'avoir besoin de parler de la guerre ou d'un truc ultra violent pour avoir l'impression d'exister c'est qu'en fait t'es tellement privilégiée que tu trouves même pas de quoi raconter des choses impactantes dans ta vie de tous les jours. Ça doit être vraiment très triste. Oui.

  • Speaker #1

    effectivement je pense qu'en plus des fois il y a des histoires qui sont un peu tarabiscotées pour trouver le point un peu de tension qui va être un peu dramatique alors que comme tu dis moi je suis assez d'accord sur le fait que on a de façon générale des existences assez banales et que en plus même si on a tous l'impression qu'on est unique et que notre vie est et voilà elle est particulière, elle est exceptionnelle en fait on a tous un peu les mêmes vies quand même, à partir du moment où tu vis dans le même endroit où t'as les mêmes quotidiens il y a certes des différences il y a des choses qui peuvent t'arriver qui n'arrivent pas à ton voisin mais t'as quand même un socle commun de 80% de tes expériences qui seront, enfin 80-90% j'en sais rien, des expériences qui sont assez communes et qui sont pas effectivement euh... sensationnelles comme ça, mais qui font partie de ton histoire, non seulement de ton histoire, mais aussi de l'histoire de plein de gens qui peuvent s'y retrouver, même s'ils n'ont pas vécu exactement la même situation point par point.

  • Speaker #0

    Totalement. Et puis en fait aussi, outre les faits, Parce que tu l'as dit, on partage la condition humaine, donc on partage la plupart des faits. C'est aussi comment tu les vis. Moi, ma mère, je trouve qu'elle a une vie qui est romanesque. Elle, quand tu lui en parles, elle se sent pétain. Donc en fait, c'est aussi ta sensibilité. Moi, je sais que je serais beaucoup plus fragile par rapport à ça. Et en fait, le poids de tension, il est de partout, il est tout le temps. Tu vois, la douleur, la difficulté, c'est tout le temps. En fait, c'est tout le temps. Tu vois, moi qui fais de la thérapie depuis longtemps, on en parlait là-bas longtemps avec mon psy, c'est très, très rare que ça soit dans ta vie, dans ton couple, avec tes amis au travail, que tout soit tout bleu ou tout nuageux. Les points de tension, c'est tout le temps. Les gens qui savent faire du storytelling, c'est juste qu'ils savent les sublimer, qu'ils savent mettre de la couleur. Quand je parle de couleur, je parle d'adjectifs, je parle de style. C'est tout le temps. alors c'est peut-être parce que c'est mon travail mais moi je pourrais te raconter une histoire impactante sur comment je suis allée à la boulangerie ce matin et qu'est-ce que ça m'a appris sur la vie parce que je suis connectée aux gens qui m'entourent je suis, j'aime pas le mot hyper sensible mais je suis assez sensible à ce qui m'entoure et donc je peux tirer une morale de tout ce que je vis et en fait ce que j'essaie d'apprendre aux gens avec qui je travaille c'est ça, c'est comment tirer une morale comment tirer un souvenir comment tirer quelque chose d'impactant dans tout ce qu'on vit, parce que c'est comme ça qu'on évolue, c'est comme ça qu'on apprend, c'est comme ça qu'on vit aussi, tout simplement. et c'est juste que les gens ils s'attendent ou à avoir vécu la guerre ou à ne pas avoir vécu la guerre ou à avoir vécu telle chose ou de ne pas l'avoir vécu et en fait ils s'attendraient ils pensent c'est le même syndrome que les personnes qui disent je me suis fait toute seule en fait c'est des personnes qui ne se rendent même pas compte de ce qu'elles vivent et en fait à la fin moi j'ai plein de gens avec qui je travaille qui me disent mais Jasmine j'ai rien à raconter moi je ne peux pas entendre que je n'ai rien à raconter que tu n'aies rien de fabuleux de... d'extraordinaire à raconter, je veux l'entendre. Je peux l'entendre. On est 80% de la population à n'avoir rien d'extraordinaire à raconter. d'ailleurs il y a plus une minorité de personnes qui ont des choses à raconter extraordinaires, bon voilà ça c'est parenthèse fermée par contre tu n'as pas rien à raconter il faudrait que tu sois morte pour avoir rien à raconter j'ai envie de dire même enfermée dans une chambre en train de lire un livre tu as des choses à raconter parce que lire ça te pousse à réfléchir ça te vient faire écho chez toi ça te pousse à faire des liens ça te fait quelque chose à raconter donc en fait je pense que si les gens c'est pas leur vie qu'ils doivent changer parce que leur vie elle est parfaite comme elle doit être c'est plutôt le regard qui pose sur ce qu'ils vivent tous les jours. Parfois, tu sors, tu rencontres... Moi, je suis très proche des animaux. Tu rencontres un animal, tu dis waouh Là, tu vois un couple se tenir la main, ça t'apprend quelque chose. Ça fait écho, je ne sais pas, quand tu étais enfant, tu as vu tes parents se tenir la main. En fait, le beau, c'est partout, le moche aussi. Je ne sais pas, tu rencontres un enfant, il sourit, il rigole, il te fait une blague, tu manges une merguez avec tes potes en barbecue. Ça fait... Il y a du storytelling à raconter sur chaque moment de sa vie. Il faut juste savoir les capter. On vit dans une société tellement productiviste, capitaliste, qu'on est tellement tout le temps dans le speed qu'on ne prend pas le temps de regarder le monde qui nous entoure. Mais le monde, les animaux, les personnes âgées, les personnes plus jeunes, l'humanité nous apprend des choses à chaque seconde. Le truc, ce n'est pas de changer sa vie, c'est de changer le regard qu'on porte sur la vie qu'on a.

  • Speaker #1

    et bien je ne peux que t'applaudir parce que je pense qu'effectivement t'as posé le mot un peu le mot magique je trouve de regard et je suis tout à fait d'accord avec cette idée que c'est pas tant les événements qui se passent mais c'est le regard que tu poses dessus et ce que t'en tires toi et effectivement je pense que ça nous est tous arrivé de vivre exactement la même expérience que quelqu'un juste parce que t'étais avec la personne donc tu sais qu'elle a vécu ce même truc à la même heure mais en fait toi quand tu vas le raconter à tes potes tu vas pas le raconter de la même façon que cette personne parce que t'en attires un truc différent t'apposes un regard différent sur cette expérience et en fait de toute façon on raconte toutes des histoires on se dit tous on est plein à se dire je sais pas raconter d'histoire je sais pas faire, j'ai pas appris etc mais en fait quand tu racontes ta journée à tes parents ou tes colocs ou ton conjoint, ta copine quand tu rentres le soir tu racontes aussi une histoire parce qu'en fait tu mets déjà une certaine subjectivité dans comment tu vas raconter ta journée et la personne au travail qui t'a parlé qui t'a dit ça ou la personne que t'as vue dans le bus et du coup de toute façon tu te réappropries déjà ce truc là qui est un fait et tu en fais un récit qui est complètement subjectif c'est juste que effectivement quand t'es dans un cadre professionnel où tu fais ça avec le but d'intéresser les gens, d'engager les gens sur... à s'intéresser à ce que tu crées, à ce que tu produis et aux produits que tu mets en vente, tu mets une intentionnalité qui est très très différente de, effectivement, quand tu racontes ta journée chez toi quand tu rentres le soir. Et je pense que c'est là que les personnes comme toi, bah du coup, peuvent apporter aussi ce qui va peut-être manquer dans ce processus-là, de créer ce narratif autour de son travail.

  • Speaker #0

    Totalement d'accord avec toi. Totalement d'accord avec toi. Et effectivement, en fait, il y a des gens qui ont vécu exactement la même chose. En fait, si tu veux me dire toujours, il y a une réalité, plusieurs vérités. c'est-à-dire qu'ils ont vécu exactement la même chose mais ils n'ont pas tiré la même vérité aussi ça c'est le grand malheur j'avais un prof en littérature du 19ème qui en parlait tout le temps parce que c'est le grand malheur de la communication de dire à et que la personne en fait il y a moi l'émetteur, il y a le message et il y a le récepteur et à partir du moment où c'est sorti de ma bouche ça ne m'appartient plus en fait c'est-à-dire que ça va faire écho à une autre réalité à d'autres valeurs à un autre passé. Donc en fait, c'est juste effectivement le regard que je porte sur ce que j'ai vécu et qu'est-ce que j'en tire. Moi, en fait, j'essaie toujours de penser en termes de morale. Alors ça, c'est peut-être grâce à mon travail et aussi grâce à mes études, mais j'essaie toujours de tirer quelque chose et c'est comme ça que j'arrive à pousser les personnes avec qui je travaille à créer du contenu. Et outre ça, tu l'as dit, on est tout le temps en train de raconter des histoires. Le storytelling, ça n'a pas attendu Internet. ça existe depuis il y a pas longtemps je t'aurais dit le Moyen-Âge maintenant que j'ai refait des recherches ça existe depuis la préhistoire déjà avec les hiéroglyphes les mains etc. où on essayait de faire passer des messages et en fait j'avais un prof qui disait même une biographie devient fiction à partir du moment où elle est écrite ou racontée et en fait c'est vrai tout est fiction parce qu'on va venir mettre nos valeurs dessus on va venir mettre des adjectifs on va venir grossir le trait pour impacter parce que la réalité, parce qu'à l'écrit ou lorsqu'on on transmet, on ne peut pas avoir la même réalité. Donc, il faut bien trouver des moyens de la retranscrire. Donc, effectivement, moi, je suis totalement d'accord. On est tous des storytellers. Le problème, ce n'est pas de dire je n'ai rien à raconter, c'est plutôt comment je trouve ce que j'ai à raconter, comment je le garde et comment je le raconte ensuite. Ça, c'est une autre chose.

  • Speaker #1

    Ouais, carrément. Et puis, je vais vraiment souligner ce que tu viens de dire parce que je pense que c'est important de comprendre que toute histoire, en fait, elle est... Elle est... Enfin, même si on a l'impression, comme tu dis, une biographie, c'est... Tu te dis, bon, bah, c'est des faits, c'est une collection de faits, une suite historique, enfin, comment dire, une suite temporelle de ce qui s'est passé dans la vie de quelqu'un. en fait, c'est quand même une histoire où on va présenter la personne sous un certain jour, on va faire des choix de mettre en valeur certains événements, d'enterre d'autres, et de créer, en fait, dans ce truc-là, tout un fil conducteur qui va servir un discours. Et ça, vraiment, j'en suis persuadée. Et d'ailleurs, je pense que c'est une des raisons qui, moi, m'avaient poussée à la base à faire un petit peu ce travail sur le podcast, c'est de se dire que En fait, les histoires qu'on raconte sur l'art et les artistes, souvent, ça sert quand même à un propos idéologique qui va mettre en valeur certains types de cultures, certains types de personnes. Et du coup, je veux vraiment le souligner parce que je pense que c'est important de ne pas prendre tel quel tout ce qu'on peut raconter sur des figures dans l'art ou des institutions de l'art parce qu'en fait, c'est à chaque fois quelque chose qui est subjectif et qui… alors n'est pas forcément totalement faux c'est même pas la question mais c'est juste se dire en fait il faut le prendre comme une histoire qu'on raconte et pas comme une suite de faits complètement froids et déconnectés d'un propos particulier qu'on a envie de faire passer merci d'avoir parlé de ça parce que j'aurais presque oublié d'en parler

  • Speaker #0

    je pense que c'est important ouais et puis c'est pour ça que dans le même délire alors parfois ça me crée je vais faire attention à ce que je dis parce que voilà pareil parfois ça me crée des problèmes mais moi par exemple je dis rarement cette personne est toxique je sais que c'est des stratégies mais je ramène très rarement quelqu'un à une bêtise qu'il aurait fait tu vois je vais pas l'appeler le voleur le menteur euh et ça c'est parce que moi je me suis rendu compte en vieillissant que les personnes ne sont pas un acte isolé qu'ils auraient fait parce que l'autre il m'a menti, l'autre il m'a volé, je peux pas penser que cette personne alors il est voleur oui, il a commis un vol oui, il m'a menti c'est un connard, sur le coup il a été un gros connard avec moi, mais je peux pas le rappeler à ça parce qu'en fait tout simplement il est plein d'autres choses, quand les personnes me disent ouais cette personne elle est toxique Non, cette personne, elle a été toxique avec toi. Je suis sûre qu'avec d'autres personnes, elle ne l'est pas. Donc, elle ne peut pas être toxique. Et ça, je sais que parfois, les gens, ils n'aiment pas ça. Mais moi, je ne peux pas. Moi, je sais que j'ai été la toxique de plein de meufs avec qui j'ai été. J'ai été le canard de plein d'autres meufs. Donc, en fait... et je sais que j'ai des copines avec moi elles sont trop connes parfois j'ai envie de les claquer et avec d'autres personnes on les a jamais vues on les a jamais vues se la ramener tu vois et en fait tout ça tu peux le voir dans le par exemple le triangle de Cartman ou de Nantes ça c'est sur les relations où t'as le persécuteur, la victime et je sais plus lequel et normalement dans les relations ça tourne et t'as un autre un autre Un autre schéma qui permet aussi de comprendre les relations, tu as le schéma parent-enfant, où normalement dans une relation saine, ça tourne aussi. C'est-à-dire parfois je suis en position d'enfant, donc je suis un peu plus dominée, puis parfois je suis dans une position de parent. D'ailleurs, les relations deviennent problématiques quand une personne garde un rôle et qu'elle n'en sort jamais, et donc que ça ne tourne pas. Outre ça, comme tu l'as dit, moi je suis sûre que la même personne... suivant ce que je tire et suivant ce que je veux faire ressortir d'elle, je peux ou la faire passer comme la plus grosse des merdes, ou la faire passer comme quelqu'un d'adorable qui a été violenté par la vie et qui a fait des mauvais choix à un moment. Donc c'est pour ça que moi, quand les gens me disent ouais, je suis plus avec, elle était toxique, ouais, cette pote, elle était toxique non, votre relation, elle était sûrement toxique, ça n'allait pas pour toi. Tu vois, c'est comme dans les relations, moi, je dis jamais, même avec mes potes, je dis jamais ton problème, c'est… Non. tu es comme ça, et ça vient faire écho chez moi de cette manière-là, donc ça ne me va pas. Et ça, tu vois, c'est des choses que j'ai apprises en vie, mais c'est des choses encore très difficiles, surtout à l'époque de la pureté militante, où on aimerait réduire les gens à une chose. Moi, je pense que, comme tu l'as si bien dit, les histoires... comme je le redis, il y a une réalité, plusieurs vérités. Et moi, par contre, oui, effectivement, tu l'as aussi dit, dans une biographie, je peux te faire une biographie. Ça dépend de l'angle, en fait. Est-ce que j'ai envie d'humaniser la personne ou est-ce que j'ai envie de la mettre sous terre ? Je ne vais pas prendre les mêmes... Je vais faire du mensonge par omission. Là, je vais citer ça, alors que là, je ne cite pas. Tu vois ? Parce que rien n'est tout blanc, rien n'est tout noir. Voilà.

  • Speaker #1

    J'ai rien à rajouter sur ça, tu as tout dit. Et oui, je pense que le truc à retenir de ce truc-là, c'est vraiment de prendre conscience qu'effectivement, tout ce qu'on peut nous rapporter et tout ce qu'on peut raconter sur des personnalités restent, ou des personnes de toute façon, pas besoin que ce soit des personnes célèbres ou que sais-je, mais qu'effectivement, ça reste des récits qui sont à contextualiser. en fonction de la personne qui raconte et c'est vrai que oui quand j'avais fait un épisode à un moment donné sur Sur Lewis Carroll, c'était affreux. Je me suis fait défoncer en plus parce que visiblement, on ne peut pas toucher à Lewis Carroll parce que ça laisse au pays des merveilles. Mais bon, j'ai fait un épisode pour souligner qu'il y avait quand même beaucoup de non-dits dans les biographies qu'on lit de Lewis Carroll. Je n'enlève pas son œuvre, je n'enlève pas ce qu'il a créé et ce qui reste comme... un peu un truc très important dans la culture anglophone, il n'y a pas de souci. Ceci étant dit, moi, quand je lis des histoires sur Lewis Carroll, on nommait quand même beaucoup de choses et moi, j'ai dû vraiment faire des fouilles archéologiques pour retrouver certains éléments de sa vie qui ne sont quand même pas anecdotiques. Et je pense que le gars, il est mort depuis plus de 100 ans, ce n'est pas une question de je vais cancel Lewis Carroll. mais c'est juste que par contre moi quand on me parle d'Alice au pied des merveilles et du génie de ce gars je veux qu'on me contextualise que à côté de ça il avait eu des comportements absolument abjects et que ça doit faire partie de son histoire de toute façon et je pense que voilà il faut arriver à se dire bah oui en fonction de qui crée la biographie bah il y a un message à faire passer et et voilà quoi

  • Speaker #0

    mais tu imagines bien que si moi je crée la biographie parce que l'objectivité n'existe pas moi je n'y crois pas du tout si je crée la biographie de Marine Le Pen je vais pas la créer de la même manière que quelqu'un qui est partisan de Marine Le Pen parce que je vais aller chercher des choses que l'autre personne va plutôt cacher et en vrai c'est normal et comme moi moi je trouve que nos amitiés, et je parle de nos amitiés vraiment les plus intenses, c'est-à-dire vraiment des amitiés qui nous lient à vie. Ou notre rapport à nos parents. Moi, je sais que dans ma culture, ma mère est très importante. Ça montre exactement comment on peut ou rendre quelqu'un démoniaque ou le rendre fabuleux. Moi, ma mère, si tu la prends, si tu as envie de la valoriser, tu mets en avant tout ce qu'elle a fait de bien. Si tu as envie de la dévaloriser, tu mets en avant tout ce qu'elle a fait de mal. Et puis, si tu as juste envie de la fréquenter pour ce qu'elle est, tu acceptes les deux parties. mais dans les histoires pour qu'elles soient impactantes il faut avoir un peu plus il faut avoir un angle et c'est pareil pour tout en fait donc oui rester toujours critique par rapport aux histoires qu'on nous raconte même des personnes qu'on aime les personnes qu'on aime ne sont pas parfaites la perfection n'existe pas elles ont peut-être fait des erreurs elles ont peut-être eu des comportements minables après avoir aussi comment elles les ont réformées c'est-à-dire qu'est-ce qu'elles ont fait pour les régler est-ce que ça en fait des personnes pourries jusqu'à la moelle c'est-à-dire

  • Speaker #1

    oui et puis après je pense que pour un peu finir là dessus je pense qu'il y a aussi un moment où on fait aussi un choix de se dire moi ma limite je la trace ici et là en ce moment dans ma vie je pose ma limite là donc en fait là je suis pas capable de passer au delà de cette information là sur cette personnalité ou cette personne et c'est pas de soucis mais du coup je pense qu'il y a un peu ce truc de on voit aussi si on est capable de d'accepter

  • Speaker #0

    non mais ça me fait penser que c'est exactement ce qui se passe actuellement avec Blackout 2024 c'est à dire que suivant toi où est ta limite moi par exemple ma limite outre le fait qu'il n'en parle pas par exemple des personnalités on est en train tellement de s'éloigner du storytelling mais bon j'ai envie de le faire séparément outre le fait qu'il n'en parle pas mon autre limite c'est plutôt en parler mais pour faire l'apologie par exemple de ce qui se passe ou pour plutôt euh minimiser ce qui se passe. Ça veut dire chercher des trucs, quelles sont tes valeurs à toi ? Qu'est-ce que tu acceptes et qu'est-ce que tu n'acceptes pas ? Mais oui, garder en tête que le storytelling, c'est une subjectivité qui a pour but de servir un propos, et voilà, c'est tout. La seule fois où on m'a appris à ne pas servir mon propos, et ça m'a beaucoup appris dans la vie en général, c'était à la fac de lettres où j'écrivais des dissertations et où j'étais obligée de faire une thèse, une antithèse, alors qu'en fait, au moins, j'étais du côté de la thèse ou peut-être de l'antithèse, mais il fallait aussi que je fasse toute une partie. pour défendre le point de vue de l'autre. Et j'ai trouvé ça très intéressant. Et si on pouvait faire un peu plus ça, je pense que ça irait bien mieux parfois.

  • Speaker #1

    Oui, après, de toute façon, je pense que prendre les lunettes de l'autre ne veut pas dire renier complètement son... que ce soit son opinion ou ses valeurs ça veut juste dire si je me mets dans cette perspective là je vois pourquoi tu penses comme ça moi c'est juste que ma perspective de base elle se place pas ici du coup je peux pas être en accord avec toi in fine mais je vois effectivement qu'il y a une logique dans ce que tu dis les prérequis de base ne sont pas identiques pour nous deux. Mais effectivement, c'est un petit peu l'idée du propos, mais franchement, je pense que c'est aussi des... Parce que l'idée, c'est de parler de cette histoire, de se raconter et de raconter ce qu'on fait, de raconter ses œuvres. Mais on est tous aussi des spectateurs, spectatrices du travail des autres. Et je pense que c'est aussi bien de réfléchir au regard qu'on pose dessus. à comment est-ce qu'on reçoit tout ça et comment est-ce qu'on le critique ou non. Et je pense que c'est un truc qui n'est pas encore... Enfin, c'est fait par plein de gens et c'est fait de plus en plus, mais il y a des discours qu'on n'arrive toujours pas... Enfin, avec lesquels on... on se bat encore pas mal et on n'arrive pas encore à vraiment se mettre d'accord là-dessus et du coup je pense que c'est important qu'on ait cette discussion parce que tout à l'heure tu mentionnais ces trucs de bon ça c'est classique et c'est pas que l'art mais ça me sort par les yeux mais c'est ce truc de je me suis fait tout seul et puis t'as des histoires rocambolesques de gens qui en fait non ne se sont pas faits tout seuls parce que personne ne se fait tout seul et en plus souvent les gens qui disent je me suis fait tout seul c'est vraiment ceux qui pour le coup ne se sont vraiment vraiment vraiment pas faits tout seuls Et donc du coup, pareil, ça c'est des... c'est aussi un récit qui est bien construit qui très bien moi si c'était un roman probablement peut-être je le lirais tu vois mais par contre ce n'est pas la vraie vie et je pense que c'est bien d'avoir aussi un point de vue critique là dessus quoi on a fait le tour ? je pense qu'on a fait le tour est-ce qu'il y a quelque chose que t'avais envie de rajouter sur les derniers trucs qu'on s'est dit ou sur le thème de l'épisode ?

  • Speaker #0

    Le thème de l'hubilé, peut-être que je donnerais un conseil avant de laisser les gens. Ce n'est pas tant ce que vous vivez que plutôt le regard que vous portez sur ce que vous vivez qui est important. N'hésitez pas à aller chercher de l'inspiration, de la morale, des prises de confiance dans tout ce que vous vivez tout le temps. et n'oubliez pas que parfois les prises de conscience les belles choses ou les choses un peu plus moches c'est dans la vie de tous les jours et dans les petites choses de tous les jours donc gardez les yeux et le coeur ouvert sur l'extérieur c'était magnifique merci pour cette petite

  • Speaker #1

    conclusion et pour terminer je voulais te demander si tu voulais refaire un petit tour de où est-ce que on peut te retrouver et aussi de ce que les offres que tu as en ce moment si tu veux en parler un petit peu pour la fin de l'épisode

  • Speaker #0

    on peut me retrouver sur Instagram donc c'est jasmine.toui je pense que Cyril elle le mettra peut-être en présentation on peut me retrouver sur LinkedIn jasmine.toui2 il y a aussi ma newsletter Grosse Rageuse et mon podcast Grosse Rageuse les deux sont très bien merci, qui sont des moyens d'expression et puis actuellement ce que je fais c'est que je propose du consulting à l'heure ou aux deux heures merci pour débloquer des sujets de communication, de marketing et de stratégie pour se visibiliser et vendre ses offres et ses produits. Et puis aussi AirStory, mon petit produit à prix doux, en tout cas pour moi, qui te permet de créer ton histoire de marque et d'apprendre à la décliner sur tes différents canaux de conversion et de visibilité. Voilà ! et bah merci beaucoup en tout cas d'être venu d'avoir discuté sur cette petite pause midi merci à toi j'ai filé déjeuner c'était un plaisir ouais et puis des gros bisous à toutes les personnes qui nous auront écouté tout ce temps parce qu'on a quand même bien parlé si

  • Speaker #1

    cet épisode t'a plu je t'invite à mettre 5 étoiles sur Spotify ou Apple Podcast et à en parler autour de toi aux personnes qui auraient besoin d'entendre ces mots on se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode d'ici là prends bien soin de toi salut salut

  • Speaker #0

    Merci.

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Description

Les récits sont partout. Livres, films, podcasts... mais aussi biographies, documentaires, ou même post Instagram : tout support peut devenir un vecteur pour raconter une histoire bien ficelée.


Et les artistes ne sont pas en reste. Quand on crée pour un public, on doit à un moment ou un autre passer par l'exercice de se raconter et de raconter dans quel contexte nos œuvres sont nées.


Ce n’est pas bien ou mal : c’est nécessaire. Ce qui est bien ou mal : ce sont les choix que nous faisons dans ces récits. Le rôle que nous nous donnons, les valeurs que nous nous attribuons, les engagements que nous nous approprions, la véracité des expériences que nous mettons en avant pour inspirer et engager les autres à nous suivre.


Mais alors : comment être authentique ? Faut-il tout raconter ? Quelle responsabilité a-t-on vis à vis de notre public ?


Pour traiter ces questions à l’aide d’une experte, je me suis tournée vers Jasmine Touitou, consultante et formatrice en storytelling et en personal branding, et je vous propose notre échange pour ce 43ème épisode de Chimères !


Retrouvez Jasmine sur son compte Instagram : @jazzmine.toui

→ ou sur son site internet : https://www.jasmine-touitou.fr/

→ ou sur son podcast "Grosse rageuse" : https://podcast.ausha.co/le-podcast-sans-nom-by-jasmine-touitou


Retrouvez-moi sur Instagram pour discuter de tout ça : @juste.sirine

→ ou sur mon site internet : https://sirinebencheikh.com/


Et n'oubliez pas de mettre 5⭐ à l'émission si l'épisode vous a plu !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans Chimère, je parle souvent de ce qu'on raconte sur les artistes, de comment on les met en scène dans des histoires écrites pour la postérité, de ce qu'on retient de leurs pratiques, de leurs personnalités et des œuvres qu'ils et elles ont créées. Dans l'épisode du jour, je m'intéresse à ce que les artistes racontent d'eux-mêmes. Quand on présente son art à un public, ou quand on veut carrément en vivre, il faut à un moment passer par cette étape cruciale de se raconter et de mettre en contexte son travail. Un objet ne devient jamais une œuvre d'art spontanément. Ce qui fait une œuvre, c'est tout ce qu'il y a autour, c'est-à-dire une histoire, des symboliques, un message, des inspirations, etc. Et il en va de même pour les artistes. Leurs histoires sont importantes. Aujourd'hui comme hier, comme il y a 100 ou même 200 ans, Ce qui fait qu'on va apprécier, soutenir et donner du crédit à un artiste, ce n'est pas uniquement ses œuvres ou la personne qu'il ou elle est, mais comment ces deux entités s'articulent dans un récit qui mêle des expériences de vie formatrice, des valeurs, des idéaux et plein d'autres éléments qui vont se compléter pour former une trame narrative cohérente. Donc aucune histoire n'est jamais vraiment neutre. Chaque fois qu'on raconte une histoire, on insuffle une subjectivité, un parti pris, et la volonté de faire passer des messages bien particuliers. Et c'est d'autant plus important de se rendre compte de ça quand on parle de personnalité publique. Raconter une histoire, c'est toujours faire des choix. Ces choix ne sont pas faits au hasard, et c'est avec ce présupposé en tête que j'ai invité Jasmine Twitou, consultante en storytelling et en personal branding, à venir discuter avec moi, ici et pour vous, des enjeux et des questions d'éthique et de responsabilité quand on met en place un récit pour se mettre en valeur, ce que font tous les artistes et toutes les personnalités publiques. Et cette question, elle est vraiment primordiale, que ce soit pour les artistes et les artisans parmi vous qui... doivent aussi faire ces choix de narration, ou pour les spectateurs et les spectatrices que nous sommes tous, et qui devons rester critiques quant aux histoires qu'on nous raconte. Alors je vous invite à écouter attentivement cet échange, juste après le générique. A tout de suite ! Créer, imaginer, inventer, c'est génial mais ça va avec plein de questions. Moi c'est Cyrene et je vous accueille dans Chimère, le podcast où on parle création, créativité, art, artisanat, sans réponse faite, sans mépris et sans chiches. Merci d'être là et bienvenue dans l'épisode du jour. Je te souhaite la bienvenue dans mon podcast, je suis très contente que tu aies accepté de venir, ça me fait très plaisir.

  • Speaker #1

    Merci Céline.

  • Speaker #0

    Et du coup, au début, je demande toujours un peu aux gens de se présenter pour contextualiser un peu leur venue dans le podcast. Donc, est-ce que ça te va de nous expliquer un petit peu qui tu es et ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Oui, moi c'est Jasmine Tuitou, j'ai 28 ans, je suis dionèse et actuellement, je suis mentor et consultante en storytelling, personal branding et copywriting. Mon travail c'est d'accompagner des entrepreneurs, plutôt, mais il m'arrive de travailler avec des hommes, d'accompagner les entrepreneurs à développer des stratégies de marketing afin de convertir et de se rendre visible grâce au digital du moins.

  • Speaker #0

    ça marche mais du coup c'est un peu les raisons pour lesquelles je voulais que tu viennes parce que dans le podcast que je fais la question de comment est-ce qu'on parle de l'art et comment est-ce qu'on parle des artistes elle est centrale et en fait quand on regarde un petit peu tout ce qu'on peut dire sur les histoires des oeuvres et les histoires des personnes qui les créent on se rend compte assez vite qu'il n'y a pas grand chose qui est anodin et du coup la question de comment est-ce qu'on raconte les histoires elle est très très importante et c'est pour ça que je voulais que inviter quelqu'un qui est expert comme toi pour parler un petit peu de cette question-là. Et du coup, je voulais commencer par une petite question parce que c'est vrai que la question de parler de soi et de parler de ses œuvres et de construire une histoire autour de ça, ce n'est pas quelque chose qui fait l'unanimité quand tu parles avec d'autres artistes ou artisans. Et il y a un peu deux teams. Il y a les personnes qui ont un peu embrassé le truc et qui, effectivement, vont créer ces histoires-là, vont communiquer autour de qui ils sont et de ce qu'ils font. et en face tu as des gens qui souvent pour le coup sont un peu plus entre guillemets débutants dans la pratique et qui ne voient pas toujours l'intérêt justement de raconter une histoire autour de ce qu'ils font et qui limite des fois voient ça un petit peu d'un mauvais oeil en se disant mais en fait les gens devraient aimer ce que je fais pour ce que je fais et je ne devrais pas avoir besoin de parler de moi ou de raconter une histoire autour de mon oeuvre donc je voulais savoir un petit peu déjà qu'est-ce que tu pensais de ça au regard de ton travail et de ce que tu fais

  • Speaker #1

    Je pense que déjà c'est assez compliqué parce que l'art c'est multiple, c'est un paradigme qui englobe beaucoup de réalités, beaucoup de pratiques. Mais outre ça, en fait, faire du storytelling, c'est vrai que c'est assez compliqué. la question dans le sens où c'est tellement large. Je pense qu'il ne faut pas raconter ce avec quoi on n'est pas à l'aise. C'est-à-dire que si on n'a pas envie de raconter quelque chose, si on n'a pas envie de se mettre en avant, c'est qu'il y a une raison. Outre les raisons politiques du genre Ah mais moi je pense qu'on devrait acheter mon art pour ce que c'est et pas pour la personne qu'il y a derrière ça c'est encore une autre question, une autre problématique. Outre cette problématique, se raconter, se montrer, ce n'est pas forcément tout le temps évident. Et si on a du mal à se montrer ou à se raconter... Il ne faut pas le faire, il ne faut pas forcer. Maintenant que ça c'est dit, et quand je dis il ne faut pas le faire, il ne faut pas forcer, c'est-à-dire qu'on peut faire du storytelling sur d'autres sujets. On peut totalement raconter des histoires autour d'un produit, c'est-à-dire une œuvre d'art à une histoire. Les produits de luxe qui sont souvent brandés comme des œuvres d'art, les parfums de maison, etc., ont une histoire à part entière. C'est-à-dire que si à la fois je lisais ça et je l'avais présenté en masterclass, mais le parfum Baccarat Rouge de la maison Curdijan, de Francis Curdijan, je ne suis pas sûre de bien maîtriser le nom de famille, en tous les cas, si tu regardes un petit peu l'histoire du produit, on lui a écrit notre histoire sans parler de Francis Curdijan qui est le créateur. Donc on peut créer une histoire autour de son œuvre. une œuvre d'art à une histoire. Après, l'art, c'est autre chose. C'est vraiment autre chose par rapport à l'entrepreneuriat de base. Ce qui est compliqué, c'est que si j'écris une histoire sur une œuvre d'art, peut-être que j'empêche la personne en face de moi de l'interpréter comme elle le veut et d'en faire ce qu'elle veut. Donc ça, c'est autre chose. Mais parler de soi, ce n'est pas une obligation. Mais c'est vrai que les histoires créent de l'émotion. l'émotion crée de l'adhésion et donc crée la conversion. Effectivement, quand on parle de soi, quand on raconte pourquoi on est devenu artiste, pourquoi on s'est lancé, qu'est-ce que ça vient chercher chez nous, on connecte plus facilement avec les personnes qui nous suivent, qui regardent nos œuvres d'art, qui sont intéressées par notre travail. Mais ce n'est pas une obligation, je n'ai pas tellement d'avis. Je crois que tout ça, et tu l'as dit un moment, tu as dit que ce sont des personnes un peu plus députantes, je crois que tout ça, c'est une histoire de processus. qu'il y a un moment où on peut avoir envie de parler de soi, un moment un peu moins. Je pense qu'il faut juste parler de choses avec lesquelles on est à l'aise, parce qu'il ne faut pas se forcer. Et après... se laisser porter un petit peu par les envies et les besoins du moment ? Si j'ai répondu à côté, c'est possible.

  • Speaker #0

    Non, au contraire, je pense que c'est assez intéressant parce que nous, du coup, c'est des débats qu'on a souvent entre nous. Je parle de moi, mais avec par exemple d'autres artistes ou artisans avec qui j'ai pu échanger. C'est vrai que des fois, ce n'est pas toujours évident parce que ce n'est pas... Encore une fois, c'est comme quand on est entrepreneur de façon générale, il y a plein de casquettes. Et du coup... On est peut-être spécialiste dans notre pratique, mais on n'est pas spécialiste forcément dans les autres trucs. Et du coup, c'est vrai que toute cette histoire de raconter ce qu'on fait, parler de ce qu'on fait, ne serait-ce que parler de sa pratique et parler de ce qu'on crée, ce n'est pas toujours des trucs qu'on arrive à faire facilement parce que ce n'est aussi pas quelque chose qu'on nous a appris à faire ou qu'on a appris nous-mêmes à faire. Et du coup, c'est super intéressant d'avoir ton retour là-dessus parce qu'effectivement, comme tu dis, il n'y a pas... Il y a plein de personnes qui ne sont pas obligées de raconter toute leur vie pour parler de ce qu'elles créent. Par contre, effectivement, plus souvent, ça arrive quand même de contextualiser un peu l'œuvre sans forcément... Je pense qu'il y a quand même un truc par rapport à ce que tu disais, où il y a, comme tu dis, ce regard du spectateur ou de la personne qui va un peu consommer l'œuvre qui doit avoir une marge aussi d'appropriation, puisque... parce que de toute façon même si on le voulait pas ça se ferait quand même parce que ça fait partie du truc nous en tant qu'artiste on doit laisser quelque chose et faire le deuil que ça nous appartient plus vraiment mais c'est vrai que moi je suis un peu partisane de dire que c'est quand même bien de contextualiser parce que avec l'art il y a un truc aussi où on n'est pas tous égaux en termes de bagage culturel et que c'est cool aussi en fait, et même c'est important de mettre un petit peu le pied d'égalité sur ça

  • Speaker #1

    Et ça, je suis totalement d'accord avec toi. Je sais que moi, j'ai fait un master en littérature et moi qui ne suis pas chrétienne, il manquait pas mal de références pour l'intertextualité des textes où il y avait beaucoup de références à la Bible, à des choses comme ça. Et c'est vrai que c'était important d'en parler, de le montrer parce que comparé à quelqu'un qui avait fait du catéchisme, etc., moi, je n'avais pas du tout les mêmes références. Sur ça, je suis plutôt d'accord et je te suis. En fait, il faut aussi savoir de quoi on parle. Et je pense que c'est pour ça que j'ai eu du mal peut-être à répondre de quoi on parle. Est-ce que déjà on parle d'œuvres qu'on essaie de vendre, qu'on veut vendre, ou juste qu'on produit ? On parle d'artisans qui vendent des produits, ce n'est pas du tout la même chose.

  • Speaker #0

    Là, dans l'idée, je pensais plutôt à des œuvres que tu vas vendre et plutôt de l'artisanat.

  • Speaker #1

    C'est vrai que quand on fait de l'artisanat, je pense que c'est important de pouvoir raconter une histoire sur ce crochet, sur cette broderie, parce qu'elle nous donne un peu plus envie. En fait, il faut savoir que dans tout ce qui est... produit de luxe ou œuvre d'art, le produit, par exemple, il a une histoire et c'est le client qui décide ou pas. de faire partie de cette histoire. Enfin, selon moi. C'est-à-dire, je crée une broderie qui me rappelle mon enfance ou qui vient chercher des choses par rapport à mes positions politiques. Moi, je lui crée son histoire, je lui crée son existence et c'est la personne qui est en face de moi qui va réfléchir à est-ce que ça fait écho chez moi, est-ce que ça me parle et est-ce que je veux le posséder. après comme tu l'as dit contextualiser c'est important savoir un petit peu montrer les caractéristiques les valeurs que tu portes en fait quand je soutiens un artiste comme toi ou un artisan comme toi, qu'est-ce que je soutiens derrière ça paraît important, surtout actuellement avec les luttes sociales, mais tu l'as aussi dit, une oeuvre d'art ça ne nous appartient plus, très légèrement lorsqu'elle existe en fait au contact de l'autre elle n'est plus à nous, donc aussi il faut accepter que la personne en fasse sa propre histoire et l'interprète comme elle veut comme elle veut, pardon.

  • Speaker #0

    Oui, moi, ça, c'est un travail de deuil qu'on devrait tous faire à un moment donné. Et c'est normal aussi, et je pense que nous-mêmes, on consomme tous de l'art, et c'est normal qu'on se réapproprie aussi ce qu'on lit, ce qu'on voit, ce qu'on écoute. Donc voilà, mais c'est vrai que, pour le coup, on a une... en fait la seule prise qu'on a au final c'est justement ce que tu disais cette histoire là qu'on va raconter avant, au moment où on la rend publique au moment où elle sort de l'atelier et le contexte qu'on met à à cette oeuvre-là. Et du coup, pour le coup, bon, moi, c'est vrai que, comme je disais tout à l'heure, les discussions que j'ai avec les gens qui sont un peu frileux à l'idée de faire ça, c'est souvent effectivement des gens qui débutent un peu, et comme tu dis, il y a très certainement une idée de... Enfin, une histoire de process derrière où on n'a pas l'habitude de faire ça, et puis, accessoirement, voilà, je comprends tout à fait qu'on se dise, quand on commence, ah, mais j'ai passé 5 heures sur cette... sur cette pièce, ça devrait entre guillemets suffire, tu vois, à avoir sa valeur, mais de fait, ce n'est pas le cas.

  • Speaker #1

    Je disais, ce n'est pas le cas parce qu'à compétence égale, que tu aies mis 5 heures ou pas, tu n'es pas la seule à avoir mis 5 heures. C'est-à-dire qu'à compétence égale, ce qui va vous différencier outre le produit, ça va être le background de chacune et de chacun. Donc, penser qu'avoir mis X temps, ça suffit, ça suffirait si on n'était pas... pas dans le sous-digital s'il n'y avait pas de concurrence exacerbée. Moi, je pense que c'est pour ça que c'est important de se montrer après, effectivement, et je rebondis sur ça avant d'oublier mon propos parce que je suis sûre d'oublier. Moi, j'ai fait ma recherche sur une autrice qui s'appelle Marie Secondé. qui a écrit Moi, Tituba, sorcière noire de Salem Et c'est dingue parce qu'en fait, ce livre, il a été interprété par les féministes comme étant un livre ultra-féministe avec un personnage principal très féministe. Et dans les faits, Marie Scourder refuse d'être qualifiée de féministe, refuse Pour elle, Tituba, sorcière noire de Salem n'est pas un livre féministe. Après, quelle est la part de vérité ? Quelle est la part de mensonge ? Je ne sais pas. mais je trouve ça intéressant parce que pendant X temps il y a eu des recherches sur Marie Scondé des journalistes féministes on travaillait dessus je me rappelle que Lorraine Bastiet avait fait une soirée dessus sur le féminisme elle avait lié le féminisme à Tituba le personnage principal et pourtant quand on lit toutes les interviews quand on fait sa recherche une recherche sur l'autrice elle soutient Mordicus que ça n'a rien de féministe et je ne sais pas qui l'emporte à la fin. Et je crois que c'est bel et bien le spectateur, ou l'auditeur, ou le consommateur qui l'emporte sur l'artiste, et ça, il faut l'accepter.

  • Speaker #0

    c'est vrai que c'est un peu frustrant quand tu le dis comme ça mais oui après de toute façon encore une fois à partir du moment où tu rentres ton oeuvre publique le public s'en empare et de toute façon c'est ce qui va rester, il y a plein d'oeuvres comme ça où en fait on se rend compte que ce qu'on en a gardé c'est toutes les critiques qui en ont été faites et les retours qu'ont fait les gens même si l'artiste derrière n'était pas du tout dans ce zoom dans cet état d'esprit là où on ne voulait pas du tout porter ces messages là quoi donc Mais par rapport à ce truc que les artistes créent un narratif autour de leurs œuvres et aussi des fois autour de leurs personnes, une des raisons pour lesquelles je voulais t'inviter, la principale, c'était aussi pour parler de ça. Parce que moi, dans le cadre du podcast notamment et puis tout ce que je peux faire à côté, je me suis intéressée à pas mal de récits sur des artistes ou des pratiques artistiques. Et c'est vrai que... Il y a pas mal, enfin, moi je m'intéresse surtout à un peu essayer de déconstruire certains discours qu'on peut avoir sur certaines pratiques ou sur certaines personnalités. Et il y a un truc qui revient assez souvent quand même, et je suis désolée de te poser la question parce que je pense que 20 000 personnes ont juste la posé avant vu ton métier. Mais il y a toute cette question autour de l'authenticité quand on raconte une histoire, je suis désolée, mais autour de soi et autour de ce qu'on crée. et c'est vrai que souvent on parle de l'authenticité mais je vois assez peu de gens au final définir concrètement ce qu'il y a derrière en fait l'authenticité et souvent c'est un peu on amalgame ça un peu j'ai l'impression avec ce truc de il faut rien cacher, il faut être honnête il faut tout dire etc et du coup je voulais que tu reviennes un petit peu dessus si ça ne te débranche pas de refaire un truc que t'as du faire 50 000 fois pour remettre un petit peu les points sur l'île sur cette notion

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'il y a cette notion d'être authentique, full authentique, dans ce qu'on crée, dans ce qu'on dit, tout simplement dans notre image. Mais moi, je n'y crois pas. Je pense qu'être authentique, c'est être un minimum honnête, juste. Mais l'authenticité sans borne n'existe pas. Mais elle n'existe pas même dans notre vie de tous les jours. C'est-à-dire que les personnes qui sont vraiment authentiques, tout le temps sincères, etc., sont souvent des personnes, par exemple, autistes ou qui sont neuroatypiques, parce qu'en fait, la société, la bienséance, nous empêche. d'être 100% authentique. Et moi, je suis partisane d'une authenticité réfléchie. Ça, c'est pas moi qui le théorise, mais tout ce qu'on est... La Jasmine que tu vois ici, c'est la Jasmine qui est interviewée dans le cadre de son travail. Je ne suis pas la même Jasmine chez moi, je ne suis pas la même Jasmine avec mes amis, je ne suis pas la même Jasmine en soirée. Et c'est normal. Et ça, ça tient des masques sociaux qui ont été théorisés par Guy Desbordes dans la société du spectacle ou encore par Goffman. Et les masques sociaux, c'est l'idée de... Enfin, ce serait l'idée qu'on vit dans une société du spectacle où on est tout le temps en performance et qu'on performe notre identité. Et donc, que suivant où on est, avec qui on est... ce qu'on fait, on raconte pas les choses de la même manière, on raconte pas tout et on montre ce qu'on a envie de montrer. Je crois qu'être authentique, c'est ne pas mentir, ni mentir par omission. C'est-à-dire, oui, j'ai fait 10 millions de chiffres d'affaires sans dire que oui, mais il y avait 5 millions de sorties parce que t'avais des employés ou des fris. Enfin bref, j'abuse. Mais être authentique, c'est pas raconter avec qui l'on couche ce qu'on fait tout le temps. Être authentique, c'est ne pas mentir, c'est être... à l'idée c'est si demain je te rencontre dans la rue, ne pas être choquée parce qu'en face de moi j'ai une nana qui a rien à voir, ultra aigrie alors que sur les réseaux sociaux elle est tout le temps en train de taper le smile et aussi être authentique et ça chacun fait comme il veut c'est aussi se mettre à la place des gens et se dire est-ce que je veux les faire culpabiliser ou pas et est-ce que je veux vraiment qu'ils adhèrent à moi ou est-ce que je veux encore performer Parfois c'est compliqué parce qu'on a choisi l'entrepreneuriat pour être 100% nous et avoir toujours un sort de masque, bon alors un masque c'est normal, mais avoir un masque qui n'a rien à voir avec ce qu'on est réellement, c'est encore performer. Donc c'est épuisant en fait, outre les personnes qu'on a en face de nous, c'est épuisant pour nous parce qu'on n'est jamais vraiment aligné à ce qu'on fait et à ce qu'on est. et puis après il y a la notion comme je t'ai dit de culpabilité mais qui est plutôt tournée vers les autres c'est aussi se dire est-ce que là je donne l'impression d'aller super bien est-ce que là je donne l'impression que tout roule je suis sûre qu'il y a des personnes qui se comparent à moi, est-ce que j'ai envie de continuer à donner cette impression ou est-ce que je veux me rendre un peu plus accessible en sachant que je le dis ici la perfection ne permet pas l'adhésion ça peut marcher sur certaines stratégies des stratégies d'entrepreneuriat c'est très libéral du style Baïk Bonnet c'est-à-dire Yomi Denzel ou Samah Amar etc. ces personnes-là et je cite pas d'autres personnes parce que c'est bon mais ces personnes-là qui te vendent une vie de rêve à Dubaï et qui disent moi j'ai fait 10 millions d'euros alors qu'en fait parfois ils ont des procès au cul etc. ça peut marcher parce qu'en fait eux ce qu'ils vendent aux personnes qu'ils ont en face d'eux c'est de faire comme eux On appelle ça des business make money. Donc effectivement, plus moi je vais dire que je fais de l'argent et que ma vie est belle, plus ça va marcher parce que mon produit est lié au fait que je peux te permettre d'avoir cette vie. Mais quand tu vends des produits, quand tu n'es pas dans le make money, dans le pousser à faire de l'argent pour faire de l'argent, ça n'a aucun intérêt de paraître trop parfait, de paraître fake, parce qu'en fait ça ne permet pas l'adhésion, ça ne permet pas les émotions, et donc ça ne permet pas la conversion.

  • Speaker #0

    je suis assez d'accord avec ce truc là bon après voilà j'avoue que c'était un peu une question que je me sentais obligée de poser parce que vu le thème de l'épisode je pense que c'est bien quand même de poser les bases mais effectivement comme tu dis, je pense que l'authenticité, c'est pas juste une espèce de checklist de est-ce que j'ai dit tout ce que tout ce qui fait de moi que je suis moi, quoi, et puis sans filtre, parce qu'effectivement, déjà de un, il y a une grosse partie des trucs, tout le monde s'en fout et de deux, je pense pas que ce soit un truc qu'on doit non plus à son public quand bien même on fait un on a tout un récit autour de soi parce qu'il y a plein, effectivement, d'artistes, d'artisans qui ont eu qui créent des œuvres qui sont très liées à leur vécu et où ça a du sens de faire le lien avec des parties de leur histoire, mais il n'y a pas de nécessité de... en tout cas moi c'est comme ça que je le ressens et je le vis,

  • Speaker #1

    c'est qu'il n'y a pas nécessité de tout raconter je voulais aussi rebondir sur le fait que avant de parler de quelque chose parce qu'il faut en parler, t'as pris le temps toi de le processer t'as pris le temps de prendre de la hauteur dessus il y a une entrepreneuse que j'aime beaucoup qui s'appelle Alex Martel que j'apprécie énormément qui est canadienne qui un jour a bien parlé de la différence entre oui on crée du contenu, il n'y a pas de soucis mais C'est pas parce que t'as vécu un truc violent que t'es obligé d'en parler. Déjà t'es pas obligé d'avoir fait la guerre pour avoir des choses à raconter. Et outre ça, même si t'avais fait la guerre ou même si t'avais vécu des trucs violents, je crois qu'il faut différencier une plaie béante, ouverte, purulente, qui n'a pas eu le temps de cicatriser, et une cicatrice. En fait, ce que je veux dire par là, c'est que moi je suis pas très partisane qu'on m'envoie de la violence pour m'envoyer de la violence dans la gueule. Après ça, chacun c'est son kiff, tu vois. Mais moi, ça ne me fait pas forcément kiffer de lire des trucs ultra tristes, surtout quand la personne est encore dans la tristesse. Après, ça dépend quand j'ai lu de la poésie, un roman, c'est autre chose. Mais je sais qu'on n'est pas tout le temps là pour inspirer, qu'on peut être normaux et ne rien avoir à insuffler à ce moment-là précis. Mais je trouve quand même qu'afin de parler de trucs violents ou de trucs qui sont à l'origine de ce qu'on est, c'est important d'avoir fait un travail de digestion parce que déjà, le partager, ça… ça implique d'avoir des retours, des retours qui ne vont pas forcément dans notre sens. Et aussi, le partager, ça implique d'accepter que des gens jugent. Parce que oui, qu'on le veuille ou non, les humains jugent. Que des gens jugent ton parcours. Donc je crois que c'est plus pertinent lorsqu'on a des choses à raconter, des choses sensibles, d'attendre d'avoir pris une certaine hauteur et d'avoir une morale à partager. Enfin moi je suis partisane de ça. Parce que sinon on tombe vite dans quelque chose de pathétique qui tient vraiment du pathos. Et moi j'ai beaucoup de clients qui me disent moi j'aimerais parler de ça mais comment je peux pour pas que ce soit pathétique ? Bah est-ce que t'en souffres encore ? Effectivement si t'en souffres encore tu vas peut-être… plus provoquer l'appétit qu'autre chose. Et après, ça, c'est pas moi qui l'ai théorisé, c'est Aristote. Mais la base de la rhétorique, c'est pathos, ethos, logos, donc un mélange de pathos, les émotions, ethos, le jeu, la personne, le rôle de la personne. et logos les faits, la rationalité quand t'arrives à pouvoir raconter quelque chose de cette manière, bah t'es sûr que tu vas réussir à convaincre, voilà mais si t'y arrives pas, si c'est trop pathos c'est que peut-être l'éthos il est pas assez présent, parce que tu t'effaces un peu au profit de ton traumatisme de ce que t'as raconté, ou qu'encore le logos non plus n'est pas du tout présent parce que t'arrives pas du tout à rationaliser ni à tirer une morale quand je dis tirer une morale ça veut pas dire, ouais j'ai vécu ça c'est trop bien, ça veut dire prendre de la hauteur ou à le voir de loin. Donc aussi se poser la question de ouais, j'aimerais parler de ça, mais qu'est-ce que j'irais en dire ? Ça aussi, je trouve que c'est une question intéressante. qu'est-ce que j'ai à en dire ? Est-ce que ça va me faire du bien ? Après, ça peut être thérapeutique, mais moi, là, je parle du storytelling dans un but business. Les réseaux sociaux, ce n'est pas un journal intime, donc il faut quand même avoir quelque chose... Enfin, là, je dis, ce n'est pas par rapport à mon travail. Donc, il faut quand même que ça ait du sens dans ce que tu fais, dans ce que tu proposes.

  • Speaker #0

    Oui, je suis d'accord. Et puis, même si là, effectivement, tu raccroches ça à ton expérience et à... ton travail auprès d'entrepreneuses, notamment sur Internet. De fait, aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes qui se lancent dans l'artisanat via Instagram, TikTok ou d'autres réseaux. Donc, ça s'applique tout à fait. Et c'est vrai que cette question-là, elle est importante parce qu'en plus, pour le coup, il y a vraiment ce truc autour de... je trouve, quand tu crées quelque chose, souvent, tu le relis à un passé qui peut être plus ou moins difficile. Et c'est vrai que moi, ça m'est arrivé plusieurs fois, effectivement, de tomber sur des contes où ça se voit, en fait, que la personne, elle est encore un peu dedans. Et où, du coup, après, ça fait partie de l'histoire. Et c'est vrai que là, pour moi, c'est quand même un peu différent parce que ça reste des œuvres. Et forcément, oui, c'est quelque chose qui... Par exemple, c'est un traumatisme qui s'est passé où... où la personne a vécu quelque chose de dur et donc du coup elle en parle dans ses oeuvres donc c'est encore un peu différent parce que j'ai l'impression que c'est un terrain où on s'attend à voir ce genre de choses mais effectivement des fois comme tu dis c'est des choses qui ne sont pas totalement réglées et tu sens que la personne a du mal des fois à raccorder justement l'histoire qu'elle raconte parce qu'il n'y a pas de fin encore et puis il n'y a pas de... de suite à des fois juste l'événement traumatisant, il y a juste ça. Et ça reste un peu, comme tu dis, comme une plébéante au milieu du truc. Et oui, je suis assez d'accord du coup que c'est quelque chose à réfléchir. Et je trouve que c'est important que tu le dises parce que je pense qu'il y a vraiment un truc de l'ordre de... Pour revenir vite fait à cette question d'authenticité, il y a un peu ce truc de... Si tu réfléchis à ce que tu vas raconter, tu perds en authenticité, alors que... En fait, c'est tout à fait normal de le faire. Et ça n'enlève pas du tout de l'honnêteté à ce que tu vas raconter, mais c'est juste qu'effectivement, tu es sur une plateforme... C'est comme si tu faisais une intervention sur scène devant 5000 personnes et que tu ne préparais pas et que tu te dis je vais être authentique, donc je vais y aller comme ça Et en fait, je pense qu'on le perd souvent de vue parce qu'on a l'impression... les plateformes comme Instagram sont beaucoup dans l'instantané, tu peux faire des stories qui durent une journée, etc. Et on a l'impression que ça crée un espèce de truc où les gens vont toujours être un peu dans l'honnêteté, etc. et puis les réactions à chaud. Mais en fait...

  • Speaker #1

    c'est pas mal d'avoir une réflexion sur qu'est-ce que je raconte et comment je le raconte oui déjà je suis totalement d'accord moi par exemple je suis partisane moi je réfléchis pas trop à ce que je publie sur internet dans le sens où j'ai une idée et je la partage mais par contre je suis partisane il y a des choses dont je ne parlerai jamais parce que la notion de Alors aussi bien je suis très critique en termes de propriété privée, aussi bien la notion de vie privée c'est encore autre chose. Je crois que c'est totalement normal de réfléchir à ce qu'on dit. surtout que tu l'as dit effectivement tout paraît très rapide très instantané mais internet n'oublie jamais rien mais c'est des trucs bêtes mais moi qui suis une grande consommatrice de tic tac il suffit de voir un petit peu il y a des gens par exemple qui ont annoncé bah moi je voudrais faire une euthanasie et finalement ça s'est pas fait deux ans après on leur dit encore bah alors tu devais pas te suicider toi tu devais pas te faire euthanasier ou il y a des gens qui se sont mis en couple et ils ont fait et du jour au lendemain on les voit plus avec leurs compagnons ou leurs compagnes et ben alors il est où ? et donc t'as pas le temps de faire ton deuil parce que je crois que c'est totalement normal de pas tout raconter

  • Speaker #0

    Comme je t'ai dit, le but, et je crois que c'est ça la différence, l'authenticité, ce n'est pas de tout raconter, c'est d'éviter de performer quelque chose que tu n'es pas. Donc, la performance, c'est normal. On est tout le temps en train de performer pour être vu d'une telle ou telle manière. C'est normal, le personal branding, c'est la définition. La définition exacte du personal branding, c'est mettre au centre de sa valorisation personnelle et professionnelle nos... nos qualités, nos différences, etc. Donc c'est normal un petit peu de performer, on est tout le temps en train de performer, même là inconsciemment je performe sûrement. Mais l'authenticité c'est juste ne pas nous vendre quelqu'un que tu n'es pas. C'est tout en fait. Et je pense que si déjà tu arrives à faire ça, tu es déjà plus authentique que 80% de la population qui est toujours en train de surpasser.

  • Speaker #1

    voilà je suis tout à fait d'accord et je pense que c'est une définition très simple qui marche bien, donc je vais la garder je suis contente qu'elle soit enregistrée quelque part et je voulais revenir sur un truc que tu as mentionné tout à l'heure et ça je voulais aussi en parler donc je reviens dessus et on peut peut-être développer un peu je vois beaucoup et c'est vrai que c'est le cas surtout pour des artistes qui vont être assez connus mais pas que sur des personnes un peu moins connues ou des artisans sur Instagram il y a des fois j'ai l'impression une envie de raconter une histoire parce que du coup c'est des gens qui ont un peu ce truc là qui ont embrassé ce truc là de je vais contextualiser qui je suis et ce que je crée pour que il y ait un fil conducteur dans tout ce que je produis, très bien mais des fois j'ai l'impression qu'il y a un peu cette idée qu'il y a besoin d'avoir une histoire qui est un peu sensationnelle ou ou que la personne a surmonté un truc très dur ou très fort. Et du coup, je voulais un peu revenir là-dessus parce que je voulais te demander est-ce que c'est vraiment nécessaire justement d'avoir ces histoires-là qui doivent absolument être inspirantes ou ce n'est pas nécessaire justement pour raconter ses œuvres et son travail ?

  • Speaker #0

    Je pense que ce n'est pas nécessaire. Je pense que... J'ai déjà fait un post qui s'appelait Tu n'as pas besoin d'avoir vécu la guerre pour faire du storytelling Je crois que les... Je crois, je suis désolée de le dire aux gens qui ne s'y attendent pas, que l'humain partage la plupart... en fait non que l'humain partage la condition humaine et qu'en fait tout ce qu'on vit les autres personnes qu'on a en face de nous l'ont vécu, bon après excepté certaines choses très violentes etc qui n'arrivent pas à tout le monde et encore heureux on n'a pas besoin d'avoir vécu la guerre pour raconter quelque chose parce qu'on peut totalement créer l'adhésion sur des sujets qui font écho chez les gens moi je suis désolée, le storytelling quand je parle de conflit quand je parle de quelque chose qui vient mettre en friction c'est pas la mort, c'est pas la violence ça peut être juste une rencontre ça peut être un événement ça peut être un voyage qui est venu pointer du doigt certaines réalités chez nous, après effectivement ça peut être la maladie, ça peut être des choses un peu plus violentes on n'est pas obligé d'avoir vécu des choses ultra cruelles pour avoir des choses à dire en fait, Flaubert il a écrit tout un livre Madame de Bovary sur une histoire, non mais en fait il rêvait de faire un livre où il n'y avait pas vraiment de... d'énigmes en fait. L'énigme, c'est la vie. Et je crois qu'en fait, raconter des histoires sur la vie de tous les jours, c'est des histoires qui méritent d'exister en fait. C'est des histoires qui sont importantes, qui sont pures, qui sont réelles et qui peuvent permettre l'adhésion. Les gens peuvent s'identifier à ça parce qu'en fait, on partage la condition humaine. Ce que tu as vécu en voyage, ce que tu as ressenti. Donc, ça peut être très violent. Par exemple, Victor Hugo, quand il dit Demain, dès l'aube, j'irai à travers la nana parce qu'il a perdu sa fille bon, là, il a perdu sa fille, donc oui, c'est violent. Mais tu peux le lire en pensant à quelqu'un que tu as perdu. Parce que la condition humaine implique le deuil, implique l'amour, implique la perte, implique la joie, la tristesse. Et ces choses-là, on ne les retrouve pas que dans la violence extrême. Ou dans les choses extrêmes, on les retrouve dans la vie de tous les jours, dans les rencontres de tous les jours. Pas besoin d'avoir vécu la guerre pour avoir des choses à raconter, pour tirer des... Pour tirer des leçons de la vie, dans ce cas-là, 99,9% de l'humanité serait con, parce qu'il n'y a pas tout le monde qui a vécu la guerre, il n'y a pas tout le monde qui a vécu des violences, et je pense que pourtant, non, il y a plein de gens qui ont des choses à raconter, parce que les leçons de vie, c'est dans tout et c'est dans n'importe quoi. Moi, je ne suis pas partisane de raconter des trucs ultra violents et ultra misquines, pathétiques. Il y a des choses, moi, qui me rendent folle. À une époque, sur LinkedIn, les gens prenaient leurs parents sur leur lit de mort, ou leurs grands-parents, disons. Moi je suis pas partisane de ça, puis après moi je suis assez cruelle, c'est-à-dire on meurt tous un moment ou un autre. En tant que femme on s'est toutes fait agresser sexuellement, presque en tout cas, on est toutes… Enfin tu vois moi je crois aussi qu'avoir besoin de parler de la guerre ou d'un truc ultra violent pour avoir l'impression d'exister c'est qu'en fait t'es tellement privilégiée que tu trouves même pas de quoi raconter des choses impactantes dans ta vie de tous les jours. Ça doit être vraiment très triste. Oui.

  • Speaker #1

    effectivement je pense qu'en plus des fois il y a des histoires qui sont un peu tarabiscotées pour trouver le point un peu de tension qui va être un peu dramatique alors que comme tu dis moi je suis assez d'accord sur le fait que on a de façon générale des existences assez banales et que en plus même si on a tous l'impression qu'on est unique et que notre vie est et voilà elle est particulière, elle est exceptionnelle en fait on a tous un peu les mêmes vies quand même, à partir du moment où tu vis dans le même endroit où t'as les mêmes quotidiens il y a certes des différences il y a des choses qui peuvent t'arriver qui n'arrivent pas à ton voisin mais t'as quand même un socle commun de 80% de tes expériences qui seront, enfin 80-90% j'en sais rien, des expériences qui sont assez communes et qui sont pas effectivement euh... sensationnelles comme ça, mais qui font partie de ton histoire, non seulement de ton histoire, mais aussi de l'histoire de plein de gens qui peuvent s'y retrouver, même s'ils n'ont pas vécu exactement la même situation point par point.

  • Speaker #0

    Totalement. Et puis en fait aussi, outre les faits, Parce que tu l'as dit, on partage la condition humaine, donc on partage la plupart des faits. C'est aussi comment tu les vis. Moi, ma mère, je trouve qu'elle a une vie qui est romanesque. Elle, quand tu lui en parles, elle se sent pétain. Donc en fait, c'est aussi ta sensibilité. Moi, je sais que je serais beaucoup plus fragile par rapport à ça. Et en fait, le poids de tension, il est de partout, il est tout le temps. Tu vois, la douleur, la difficulté, c'est tout le temps. En fait, c'est tout le temps. Tu vois, moi qui fais de la thérapie depuis longtemps, on en parlait là-bas longtemps avec mon psy, c'est très, très rare que ça soit dans ta vie, dans ton couple, avec tes amis au travail, que tout soit tout bleu ou tout nuageux. Les points de tension, c'est tout le temps. Les gens qui savent faire du storytelling, c'est juste qu'ils savent les sublimer, qu'ils savent mettre de la couleur. Quand je parle de couleur, je parle d'adjectifs, je parle de style. C'est tout le temps. alors c'est peut-être parce que c'est mon travail mais moi je pourrais te raconter une histoire impactante sur comment je suis allée à la boulangerie ce matin et qu'est-ce que ça m'a appris sur la vie parce que je suis connectée aux gens qui m'entourent je suis, j'aime pas le mot hyper sensible mais je suis assez sensible à ce qui m'entoure et donc je peux tirer une morale de tout ce que je vis et en fait ce que j'essaie d'apprendre aux gens avec qui je travaille c'est ça, c'est comment tirer une morale comment tirer un souvenir comment tirer quelque chose d'impactant dans tout ce qu'on vit, parce que c'est comme ça qu'on évolue, c'est comme ça qu'on apprend, c'est comme ça qu'on vit aussi, tout simplement. et c'est juste que les gens ils s'attendent ou à avoir vécu la guerre ou à ne pas avoir vécu la guerre ou à avoir vécu telle chose ou de ne pas l'avoir vécu et en fait ils s'attendraient ils pensent c'est le même syndrome que les personnes qui disent je me suis fait toute seule en fait c'est des personnes qui ne se rendent même pas compte de ce qu'elles vivent et en fait à la fin moi j'ai plein de gens avec qui je travaille qui me disent mais Jasmine j'ai rien à raconter moi je ne peux pas entendre que je n'ai rien à raconter que tu n'aies rien de fabuleux de... d'extraordinaire à raconter, je veux l'entendre. Je peux l'entendre. On est 80% de la population à n'avoir rien d'extraordinaire à raconter. d'ailleurs il y a plus une minorité de personnes qui ont des choses à raconter extraordinaires, bon voilà ça c'est parenthèse fermée par contre tu n'as pas rien à raconter il faudrait que tu sois morte pour avoir rien à raconter j'ai envie de dire même enfermée dans une chambre en train de lire un livre tu as des choses à raconter parce que lire ça te pousse à réfléchir ça te vient faire écho chez toi ça te pousse à faire des liens ça te fait quelque chose à raconter donc en fait je pense que si les gens c'est pas leur vie qu'ils doivent changer parce que leur vie elle est parfaite comme elle doit être c'est plutôt le regard qui pose sur ce qu'ils vivent tous les jours. Parfois, tu sors, tu rencontres... Moi, je suis très proche des animaux. Tu rencontres un animal, tu dis waouh Là, tu vois un couple se tenir la main, ça t'apprend quelque chose. Ça fait écho, je ne sais pas, quand tu étais enfant, tu as vu tes parents se tenir la main. En fait, le beau, c'est partout, le moche aussi. Je ne sais pas, tu rencontres un enfant, il sourit, il rigole, il te fait une blague, tu manges une merguez avec tes potes en barbecue. Ça fait... Il y a du storytelling à raconter sur chaque moment de sa vie. Il faut juste savoir les capter. On vit dans une société tellement productiviste, capitaliste, qu'on est tellement tout le temps dans le speed qu'on ne prend pas le temps de regarder le monde qui nous entoure. Mais le monde, les animaux, les personnes âgées, les personnes plus jeunes, l'humanité nous apprend des choses à chaque seconde. Le truc, ce n'est pas de changer sa vie, c'est de changer le regard qu'on porte sur la vie qu'on a.

  • Speaker #1

    et bien je ne peux que t'applaudir parce que je pense qu'effectivement t'as posé le mot un peu le mot magique je trouve de regard et je suis tout à fait d'accord avec cette idée que c'est pas tant les événements qui se passent mais c'est le regard que tu poses dessus et ce que t'en tires toi et effectivement je pense que ça nous est tous arrivé de vivre exactement la même expérience que quelqu'un juste parce que t'étais avec la personne donc tu sais qu'elle a vécu ce même truc à la même heure mais en fait toi quand tu vas le raconter à tes potes tu vas pas le raconter de la même façon que cette personne parce que t'en attires un truc différent t'apposes un regard différent sur cette expérience et en fait de toute façon on raconte toutes des histoires on se dit tous on est plein à se dire je sais pas raconter d'histoire je sais pas faire, j'ai pas appris etc mais en fait quand tu racontes ta journée à tes parents ou tes colocs ou ton conjoint, ta copine quand tu rentres le soir tu racontes aussi une histoire parce qu'en fait tu mets déjà une certaine subjectivité dans comment tu vas raconter ta journée et la personne au travail qui t'a parlé qui t'a dit ça ou la personne que t'as vue dans le bus et du coup de toute façon tu te réappropries déjà ce truc là qui est un fait et tu en fais un récit qui est complètement subjectif c'est juste que effectivement quand t'es dans un cadre professionnel où tu fais ça avec le but d'intéresser les gens, d'engager les gens sur... à s'intéresser à ce que tu crées, à ce que tu produis et aux produits que tu mets en vente, tu mets une intentionnalité qui est très très différente de, effectivement, quand tu racontes ta journée chez toi quand tu rentres le soir. Et je pense que c'est là que les personnes comme toi, bah du coup, peuvent apporter aussi ce qui va peut-être manquer dans ce processus-là, de créer ce narratif autour de son travail.

  • Speaker #0

    Totalement d'accord avec toi. Totalement d'accord avec toi. Et effectivement, en fait, il y a des gens qui ont vécu exactement la même chose. En fait, si tu veux me dire toujours, il y a une réalité, plusieurs vérités. c'est-à-dire qu'ils ont vécu exactement la même chose mais ils n'ont pas tiré la même vérité aussi ça c'est le grand malheur j'avais un prof en littérature du 19ème qui en parlait tout le temps parce que c'est le grand malheur de la communication de dire à et que la personne en fait il y a moi l'émetteur, il y a le message et il y a le récepteur et à partir du moment où c'est sorti de ma bouche ça ne m'appartient plus en fait c'est-à-dire que ça va faire écho à une autre réalité à d'autres valeurs à un autre passé. Donc en fait, c'est juste effectivement le regard que je porte sur ce que j'ai vécu et qu'est-ce que j'en tire. Moi, en fait, j'essaie toujours de penser en termes de morale. Alors ça, c'est peut-être grâce à mon travail et aussi grâce à mes études, mais j'essaie toujours de tirer quelque chose et c'est comme ça que j'arrive à pousser les personnes avec qui je travaille à créer du contenu. Et outre ça, tu l'as dit, on est tout le temps en train de raconter des histoires. Le storytelling, ça n'a pas attendu Internet. ça existe depuis il y a pas longtemps je t'aurais dit le Moyen-Âge maintenant que j'ai refait des recherches ça existe depuis la préhistoire déjà avec les hiéroglyphes les mains etc. où on essayait de faire passer des messages et en fait j'avais un prof qui disait même une biographie devient fiction à partir du moment où elle est écrite ou racontée et en fait c'est vrai tout est fiction parce qu'on va venir mettre nos valeurs dessus on va venir mettre des adjectifs on va venir grossir le trait pour impacter parce que la réalité, parce qu'à l'écrit ou lorsqu'on on transmet, on ne peut pas avoir la même réalité. Donc, il faut bien trouver des moyens de la retranscrire. Donc, effectivement, moi, je suis totalement d'accord. On est tous des storytellers. Le problème, ce n'est pas de dire je n'ai rien à raconter, c'est plutôt comment je trouve ce que j'ai à raconter, comment je le garde et comment je le raconte ensuite. Ça, c'est une autre chose.

  • Speaker #1

    Ouais, carrément. Et puis, je vais vraiment souligner ce que tu viens de dire parce que je pense que c'est important de comprendre que toute histoire, en fait, elle est... Elle est... Enfin, même si on a l'impression, comme tu dis, une biographie, c'est... Tu te dis, bon, bah, c'est des faits, c'est une collection de faits, une suite historique, enfin, comment dire, une suite temporelle de ce qui s'est passé dans la vie de quelqu'un. en fait, c'est quand même une histoire où on va présenter la personne sous un certain jour, on va faire des choix de mettre en valeur certains événements, d'enterre d'autres, et de créer, en fait, dans ce truc-là, tout un fil conducteur qui va servir un discours. Et ça, vraiment, j'en suis persuadée. Et d'ailleurs, je pense que c'est une des raisons qui, moi, m'avaient poussée à la base à faire un petit peu ce travail sur le podcast, c'est de se dire que En fait, les histoires qu'on raconte sur l'art et les artistes, souvent, ça sert quand même à un propos idéologique qui va mettre en valeur certains types de cultures, certains types de personnes. Et du coup, je veux vraiment le souligner parce que je pense que c'est important de ne pas prendre tel quel tout ce qu'on peut raconter sur des figures dans l'art ou des institutions de l'art parce qu'en fait, c'est à chaque fois quelque chose qui est subjectif et qui… alors n'est pas forcément totalement faux c'est même pas la question mais c'est juste se dire en fait il faut le prendre comme une histoire qu'on raconte et pas comme une suite de faits complètement froids et déconnectés d'un propos particulier qu'on a envie de faire passer merci d'avoir parlé de ça parce que j'aurais presque oublié d'en parler

  • Speaker #0

    je pense que c'est important ouais et puis c'est pour ça que dans le même délire alors parfois ça me crée je vais faire attention à ce que je dis parce que voilà pareil parfois ça me crée des problèmes mais moi par exemple je dis rarement cette personne est toxique je sais que c'est des stratégies mais je ramène très rarement quelqu'un à une bêtise qu'il aurait fait tu vois je vais pas l'appeler le voleur le menteur euh et ça c'est parce que moi je me suis rendu compte en vieillissant que les personnes ne sont pas un acte isolé qu'ils auraient fait parce que l'autre il m'a menti, l'autre il m'a volé, je peux pas penser que cette personne alors il est voleur oui, il a commis un vol oui, il m'a menti c'est un connard, sur le coup il a été un gros connard avec moi, mais je peux pas le rappeler à ça parce qu'en fait tout simplement il est plein d'autres choses, quand les personnes me disent ouais cette personne elle est toxique Non, cette personne, elle a été toxique avec toi. Je suis sûre qu'avec d'autres personnes, elle ne l'est pas. Donc, elle ne peut pas être toxique. Et ça, je sais que parfois, les gens, ils n'aiment pas ça. Mais moi, je ne peux pas. Moi, je sais que j'ai été la toxique de plein de meufs avec qui j'ai été. J'ai été le canard de plein d'autres meufs. Donc, en fait... et je sais que j'ai des copines avec moi elles sont trop connes parfois j'ai envie de les claquer et avec d'autres personnes on les a jamais vues on les a jamais vues se la ramener tu vois et en fait tout ça tu peux le voir dans le par exemple le triangle de Cartman ou de Nantes ça c'est sur les relations où t'as le persécuteur, la victime et je sais plus lequel et normalement dans les relations ça tourne et t'as un autre un autre Un autre schéma qui permet aussi de comprendre les relations, tu as le schéma parent-enfant, où normalement dans une relation saine, ça tourne aussi. C'est-à-dire parfois je suis en position d'enfant, donc je suis un peu plus dominée, puis parfois je suis dans une position de parent. D'ailleurs, les relations deviennent problématiques quand une personne garde un rôle et qu'elle n'en sort jamais, et donc que ça ne tourne pas. Outre ça, comme tu l'as dit, moi je suis sûre que la même personne... suivant ce que je tire et suivant ce que je veux faire ressortir d'elle, je peux ou la faire passer comme la plus grosse des merdes, ou la faire passer comme quelqu'un d'adorable qui a été violenté par la vie et qui a fait des mauvais choix à un moment. Donc c'est pour ça que moi, quand les gens me disent ouais, je suis plus avec, elle était toxique, ouais, cette pote, elle était toxique non, votre relation, elle était sûrement toxique, ça n'allait pas pour toi. Tu vois, c'est comme dans les relations, moi, je dis jamais, même avec mes potes, je dis jamais ton problème, c'est… Non. tu es comme ça, et ça vient faire écho chez moi de cette manière-là, donc ça ne me va pas. Et ça, tu vois, c'est des choses que j'ai apprises en vie, mais c'est des choses encore très difficiles, surtout à l'époque de la pureté militante, où on aimerait réduire les gens à une chose. Moi, je pense que, comme tu l'as si bien dit, les histoires... comme je le redis, il y a une réalité, plusieurs vérités. Et moi, par contre, oui, effectivement, tu l'as aussi dit, dans une biographie, je peux te faire une biographie. Ça dépend de l'angle, en fait. Est-ce que j'ai envie d'humaniser la personne ou est-ce que j'ai envie de la mettre sous terre ? Je ne vais pas prendre les mêmes... Je vais faire du mensonge par omission. Là, je vais citer ça, alors que là, je ne cite pas. Tu vois ? Parce que rien n'est tout blanc, rien n'est tout noir. Voilà.

  • Speaker #1

    J'ai rien à rajouter sur ça, tu as tout dit. Et oui, je pense que le truc à retenir de ce truc-là, c'est vraiment de prendre conscience qu'effectivement, tout ce qu'on peut nous rapporter et tout ce qu'on peut raconter sur des personnalités restent, ou des personnes de toute façon, pas besoin que ce soit des personnes célèbres ou que sais-je, mais qu'effectivement, ça reste des récits qui sont à contextualiser. en fonction de la personne qui raconte et c'est vrai que oui quand j'avais fait un épisode à un moment donné sur Sur Lewis Carroll, c'était affreux. Je me suis fait défoncer en plus parce que visiblement, on ne peut pas toucher à Lewis Carroll parce que ça laisse au pays des merveilles. Mais bon, j'ai fait un épisode pour souligner qu'il y avait quand même beaucoup de non-dits dans les biographies qu'on lit de Lewis Carroll. Je n'enlève pas son œuvre, je n'enlève pas ce qu'il a créé et ce qui reste comme... un peu un truc très important dans la culture anglophone, il n'y a pas de souci. Ceci étant dit, moi, quand je lis des histoires sur Lewis Carroll, on nommait quand même beaucoup de choses et moi, j'ai dû vraiment faire des fouilles archéologiques pour retrouver certains éléments de sa vie qui ne sont quand même pas anecdotiques. Et je pense que le gars, il est mort depuis plus de 100 ans, ce n'est pas une question de je vais cancel Lewis Carroll. mais c'est juste que par contre moi quand on me parle d'Alice au pied des merveilles et du génie de ce gars je veux qu'on me contextualise que à côté de ça il avait eu des comportements absolument abjects et que ça doit faire partie de son histoire de toute façon et je pense que voilà il faut arriver à se dire bah oui en fonction de qui crée la biographie bah il y a un message à faire passer et et voilà quoi

  • Speaker #0

    mais tu imagines bien que si moi je crée la biographie parce que l'objectivité n'existe pas moi je n'y crois pas du tout si je crée la biographie de Marine Le Pen je vais pas la créer de la même manière que quelqu'un qui est partisan de Marine Le Pen parce que je vais aller chercher des choses que l'autre personne va plutôt cacher et en vrai c'est normal et comme moi moi je trouve que nos amitiés, et je parle de nos amitiés vraiment les plus intenses, c'est-à-dire vraiment des amitiés qui nous lient à vie. Ou notre rapport à nos parents. Moi, je sais que dans ma culture, ma mère est très importante. Ça montre exactement comment on peut ou rendre quelqu'un démoniaque ou le rendre fabuleux. Moi, ma mère, si tu la prends, si tu as envie de la valoriser, tu mets en avant tout ce qu'elle a fait de bien. Si tu as envie de la dévaloriser, tu mets en avant tout ce qu'elle a fait de mal. Et puis, si tu as juste envie de la fréquenter pour ce qu'elle est, tu acceptes les deux parties. mais dans les histoires pour qu'elles soient impactantes il faut avoir un peu plus il faut avoir un angle et c'est pareil pour tout en fait donc oui rester toujours critique par rapport aux histoires qu'on nous raconte même des personnes qu'on aime les personnes qu'on aime ne sont pas parfaites la perfection n'existe pas elles ont peut-être fait des erreurs elles ont peut-être eu des comportements minables après avoir aussi comment elles les ont réformées c'est-à-dire qu'est-ce qu'elles ont fait pour les régler est-ce que ça en fait des personnes pourries jusqu'à la moelle c'est-à-dire

  • Speaker #1

    oui et puis après je pense que pour un peu finir là dessus je pense qu'il y a aussi un moment où on fait aussi un choix de se dire moi ma limite je la trace ici et là en ce moment dans ma vie je pose ma limite là donc en fait là je suis pas capable de passer au delà de cette information là sur cette personnalité ou cette personne et c'est pas de soucis mais du coup je pense qu'il y a un peu ce truc de on voit aussi si on est capable de d'accepter

  • Speaker #0

    non mais ça me fait penser que c'est exactement ce qui se passe actuellement avec Blackout 2024 c'est à dire que suivant toi où est ta limite moi par exemple ma limite outre le fait qu'il n'en parle pas par exemple des personnalités on est en train tellement de s'éloigner du storytelling mais bon j'ai envie de le faire séparément outre le fait qu'il n'en parle pas mon autre limite c'est plutôt en parler mais pour faire l'apologie par exemple de ce qui se passe ou pour plutôt euh minimiser ce qui se passe. Ça veut dire chercher des trucs, quelles sont tes valeurs à toi ? Qu'est-ce que tu acceptes et qu'est-ce que tu n'acceptes pas ? Mais oui, garder en tête que le storytelling, c'est une subjectivité qui a pour but de servir un propos, et voilà, c'est tout. La seule fois où on m'a appris à ne pas servir mon propos, et ça m'a beaucoup appris dans la vie en général, c'était à la fac de lettres où j'écrivais des dissertations et où j'étais obligée de faire une thèse, une antithèse, alors qu'en fait, au moins, j'étais du côté de la thèse ou peut-être de l'antithèse, mais il fallait aussi que je fasse toute une partie. pour défendre le point de vue de l'autre. Et j'ai trouvé ça très intéressant. Et si on pouvait faire un peu plus ça, je pense que ça irait bien mieux parfois.

  • Speaker #1

    Oui, après, de toute façon, je pense que prendre les lunettes de l'autre ne veut pas dire renier complètement son... que ce soit son opinion ou ses valeurs ça veut juste dire si je me mets dans cette perspective là je vois pourquoi tu penses comme ça moi c'est juste que ma perspective de base elle se place pas ici du coup je peux pas être en accord avec toi in fine mais je vois effectivement qu'il y a une logique dans ce que tu dis les prérequis de base ne sont pas identiques pour nous deux. Mais effectivement, c'est un petit peu l'idée du propos, mais franchement, je pense que c'est aussi des... Parce que l'idée, c'est de parler de cette histoire, de se raconter et de raconter ce qu'on fait, de raconter ses œuvres. Mais on est tous aussi des spectateurs, spectatrices du travail des autres. Et je pense que c'est aussi bien de réfléchir au regard qu'on pose dessus. à comment est-ce qu'on reçoit tout ça et comment est-ce qu'on le critique ou non. Et je pense que c'est un truc qui n'est pas encore... Enfin, c'est fait par plein de gens et c'est fait de plus en plus, mais il y a des discours qu'on n'arrive toujours pas... Enfin, avec lesquels on... on se bat encore pas mal et on n'arrive pas encore à vraiment se mettre d'accord là-dessus et du coup je pense que c'est important qu'on ait cette discussion parce que tout à l'heure tu mentionnais ces trucs de bon ça c'est classique et c'est pas que l'art mais ça me sort par les yeux mais c'est ce truc de je me suis fait tout seul et puis t'as des histoires rocambolesques de gens qui en fait non ne se sont pas faits tout seuls parce que personne ne se fait tout seul et en plus souvent les gens qui disent je me suis fait tout seul c'est vraiment ceux qui pour le coup ne se sont vraiment vraiment vraiment pas faits tout seuls Et donc du coup, pareil, ça c'est des... c'est aussi un récit qui est bien construit qui très bien moi si c'était un roman probablement peut-être je le lirais tu vois mais par contre ce n'est pas la vraie vie et je pense que c'est bien d'avoir aussi un point de vue critique là dessus quoi on a fait le tour ? je pense qu'on a fait le tour est-ce qu'il y a quelque chose que t'avais envie de rajouter sur les derniers trucs qu'on s'est dit ou sur le thème de l'épisode ?

  • Speaker #0

    Le thème de l'hubilé, peut-être que je donnerais un conseil avant de laisser les gens. Ce n'est pas tant ce que vous vivez que plutôt le regard que vous portez sur ce que vous vivez qui est important. N'hésitez pas à aller chercher de l'inspiration, de la morale, des prises de confiance dans tout ce que vous vivez tout le temps. et n'oubliez pas que parfois les prises de conscience les belles choses ou les choses un peu plus moches c'est dans la vie de tous les jours et dans les petites choses de tous les jours donc gardez les yeux et le coeur ouvert sur l'extérieur c'était magnifique merci pour cette petite

  • Speaker #1

    conclusion et pour terminer je voulais te demander si tu voulais refaire un petit tour de où est-ce que on peut te retrouver et aussi de ce que les offres que tu as en ce moment si tu veux en parler un petit peu pour la fin de l'épisode

  • Speaker #0

    on peut me retrouver sur Instagram donc c'est jasmine.toui je pense que Cyril elle le mettra peut-être en présentation on peut me retrouver sur LinkedIn jasmine.toui2 il y a aussi ma newsletter Grosse Rageuse et mon podcast Grosse Rageuse les deux sont très bien merci, qui sont des moyens d'expression et puis actuellement ce que je fais c'est que je propose du consulting à l'heure ou aux deux heures merci pour débloquer des sujets de communication, de marketing et de stratégie pour se visibiliser et vendre ses offres et ses produits. Et puis aussi AirStory, mon petit produit à prix doux, en tout cas pour moi, qui te permet de créer ton histoire de marque et d'apprendre à la décliner sur tes différents canaux de conversion et de visibilité. Voilà ! et bah merci beaucoup en tout cas d'être venu d'avoir discuté sur cette petite pause midi merci à toi j'ai filé déjeuner c'était un plaisir ouais et puis des gros bisous à toutes les personnes qui nous auront écouté tout ce temps parce qu'on a quand même bien parlé si

  • Speaker #1

    cet épisode t'a plu je t'invite à mettre 5 étoiles sur Spotify ou Apple Podcast et à en parler autour de toi aux personnes qui auraient besoin d'entendre ces mots on se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode d'ici là prends bien soin de toi salut salut

  • Speaker #0

    Merci.

Description

Les récits sont partout. Livres, films, podcasts... mais aussi biographies, documentaires, ou même post Instagram : tout support peut devenir un vecteur pour raconter une histoire bien ficelée.


Et les artistes ne sont pas en reste. Quand on crée pour un public, on doit à un moment ou un autre passer par l'exercice de se raconter et de raconter dans quel contexte nos œuvres sont nées.


Ce n’est pas bien ou mal : c’est nécessaire. Ce qui est bien ou mal : ce sont les choix que nous faisons dans ces récits. Le rôle que nous nous donnons, les valeurs que nous nous attribuons, les engagements que nous nous approprions, la véracité des expériences que nous mettons en avant pour inspirer et engager les autres à nous suivre.


Mais alors : comment être authentique ? Faut-il tout raconter ? Quelle responsabilité a-t-on vis à vis de notre public ?


Pour traiter ces questions à l’aide d’une experte, je me suis tournée vers Jasmine Touitou, consultante et formatrice en storytelling et en personal branding, et je vous propose notre échange pour ce 43ème épisode de Chimères !


Retrouvez Jasmine sur son compte Instagram : @jazzmine.toui

→ ou sur son site internet : https://www.jasmine-touitou.fr/

→ ou sur son podcast "Grosse rageuse" : https://podcast.ausha.co/le-podcast-sans-nom-by-jasmine-touitou


Retrouvez-moi sur Instagram pour discuter de tout ça : @juste.sirine

→ ou sur mon site internet : https://sirinebencheikh.com/


Et n'oubliez pas de mettre 5⭐ à l'émission si l'épisode vous a plu !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans Chimère, je parle souvent de ce qu'on raconte sur les artistes, de comment on les met en scène dans des histoires écrites pour la postérité, de ce qu'on retient de leurs pratiques, de leurs personnalités et des œuvres qu'ils et elles ont créées. Dans l'épisode du jour, je m'intéresse à ce que les artistes racontent d'eux-mêmes. Quand on présente son art à un public, ou quand on veut carrément en vivre, il faut à un moment passer par cette étape cruciale de se raconter et de mettre en contexte son travail. Un objet ne devient jamais une œuvre d'art spontanément. Ce qui fait une œuvre, c'est tout ce qu'il y a autour, c'est-à-dire une histoire, des symboliques, un message, des inspirations, etc. Et il en va de même pour les artistes. Leurs histoires sont importantes. Aujourd'hui comme hier, comme il y a 100 ou même 200 ans, Ce qui fait qu'on va apprécier, soutenir et donner du crédit à un artiste, ce n'est pas uniquement ses œuvres ou la personne qu'il ou elle est, mais comment ces deux entités s'articulent dans un récit qui mêle des expériences de vie formatrice, des valeurs, des idéaux et plein d'autres éléments qui vont se compléter pour former une trame narrative cohérente. Donc aucune histoire n'est jamais vraiment neutre. Chaque fois qu'on raconte une histoire, on insuffle une subjectivité, un parti pris, et la volonté de faire passer des messages bien particuliers. Et c'est d'autant plus important de se rendre compte de ça quand on parle de personnalité publique. Raconter une histoire, c'est toujours faire des choix. Ces choix ne sont pas faits au hasard, et c'est avec ce présupposé en tête que j'ai invité Jasmine Twitou, consultante en storytelling et en personal branding, à venir discuter avec moi, ici et pour vous, des enjeux et des questions d'éthique et de responsabilité quand on met en place un récit pour se mettre en valeur, ce que font tous les artistes et toutes les personnalités publiques. Et cette question, elle est vraiment primordiale, que ce soit pour les artistes et les artisans parmi vous qui... doivent aussi faire ces choix de narration, ou pour les spectateurs et les spectatrices que nous sommes tous, et qui devons rester critiques quant aux histoires qu'on nous raconte. Alors je vous invite à écouter attentivement cet échange, juste après le générique. A tout de suite ! Créer, imaginer, inventer, c'est génial mais ça va avec plein de questions. Moi c'est Cyrene et je vous accueille dans Chimère, le podcast où on parle création, créativité, art, artisanat, sans réponse faite, sans mépris et sans chiches. Merci d'être là et bienvenue dans l'épisode du jour. Je te souhaite la bienvenue dans mon podcast, je suis très contente que tu aies accepté de venir, ça me fait très plaisir.

  • Speaker #1

    Merci Céline.

  • Speaker #0

    Et du coup, au début, je demande toujours un peu aux gens de se présenter pour contextualiser un peu leur venue dans le podcast. Donc, est-ce que ça te va de nous expliquer un petit peu qui tu es et ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Oui, moi c'est Jasmine Tuitou, j'ai 28 ans, je suis dionèse et actuellement, je suis mentor et consultante en storytelling, personal branding et copywriting. Mon travail c'est d'accompagner des entrepreneurs, plutôt, mais il m'arrive de travailler avec des hommes, d'accompagner les entrepreneurs à développer des stratégies de marketing afin de convertir et de se rendre visible grâce au digital du moins.

  • Speaker #0

    ça marche mais du coup c'est un peu les raisons pour lesquelles je voulais que tu viennes parce que dans le podcast que je fais la question de comment est-ce qu'on parle de l'art et comment est-ce qu'on parle des artistes elle est centrale et en fait quand on regarde un petit peu tout ce qu'on peut dire sur les histoires des oeuvres et les histoires des personnes qui les créent on se rend compte assez vite qu'il n'y a pas grand chose qui est anodin et du coup la question de comment est-ce qu'on raconte les histoires elle est très très importante et c'est pour ça que je voulais que inviter quelqu'un qui est expert comme toi pour parler un petit peu de cette question-là. Et du coup, je voulais commencer par une petite question parce que c'est vrai que la question de parler de soi et de parler de ses œuvres et de construire une histoire autour de ça, ce n'est pas quelque chose qui fait l'unanimité quand tu parles avec d'autres artistes ou artisans. Et il y a un peu deux teams. Il y a les personnes qui ont un peu embrassé le truc et qui, effectivement, vont créer ces histoires-là, vont communiquer autour de qui ils sont et de ce qu'ils font. et en face tu as des gens qui souvent pour le coup sont un peu plus entre guillemets débutants dans la pratique et qui ne voient pas toujours l'intérêt justement de raconter une histoire autour de ce qu'ils font et qui limite des fois voient ça un petit peu d'un mauvais oeil en se disant mais en fait les gens devraient aimer ce que je fais pour ce que je fais et je ne devrais pas avoir besoin de parler de moi ou de raconter une histoire autour de mon oeuvre donc je voulais savoir un petit peu déjà qu'est-ce que tu pensais de ça au regard de ton travail et de ce que tu fais

  • Speaker #1

    Je pense que déjà c'est assez compliqué parce que l'art c'est multiple, c'est un paradigme qui englobe beaucoup de réalités, beaucoup de pratiques. Mais outre ça, en fait, faire du storytelling, c'est vrai que c'est assez compliqué. la question dans le sens où c'est tellement large. Je pense qu'il ne faut pas raconter ce avec quoi on n'est pas à l'aise. C'est-à-dire que si on n'a pas envie de raconter quelque chose, si on n'a pas envie de se mettre en avant, c'est qu'il y a une raison. Outre les raisons politiques du genre Ah mais moi je pense qu'on devrait acheter mon art pour ce que c'est et pas pour la personne qu'il y a derrière ça c'est encore une autre question, une autre problématique. Outre cette problématique, se raconter, se montrer, ce n'est pas forcément tout le temps évident. Et si on a du mal à se montrer ou à se raconter... Il ne faut pas le faire, il ne faut pas forcer. Maintenant que ça c'est dit, et quand je dis il ne faut pas le faire, il ne faut pas forcer, c'est-à-dire qu'on peut faire du storytelling sur d'autres sujets. On peut totalement raconter des histoires autour d'un produit, c'est-à-dire une œuvre d'art à une histoire. Les produits de luxe qui sont souvent brandés comme des œuvres d'art, les parfums de maison, etc., ont une histoire à part entière. C'est-à-dire que si à la fois je lisais ça et je l'avais présenté en masterclass, mais le parfum Baccarat Rouge de la maison Curdijan, de Francis Curdijan, je ne suis pas sûre de bien maîtriser le nom de famille, en tous les cas, si tu regardes un petit peu l'histoire du produit, on lui a écrit notre histoire sans parler de Francis Curdijan qui est le créateur. Donc on peut créer une histoire autour de son œuvre. une œuvre d'art à une histoire. Après, l'art, c'est autre chose. C'est vraiment autre chose par rapport à l'entrepreneuriat de base. Ce qui est compliqué, c'est que si j'écris une histoire sur une œuvre d'art, peut-être que j'empêche la personne en face de moi de l'interpréter comme elle le veut et d'en faire ce qu'elle veut. Donc ça, c'est autre chose. Mais parler de soi, ce n'est pas une obligation. Mais c'est vrai que les histoires créent de l'émotion. l'émotion crée de l'adhésion et donc crée la conversion. Effectivement, quand on parle de soi, quand on raconte pourquoi on est devenu artiste, pourquoi on s'est lancé, qu'est-ce que ça vient chercher chez nous, on connecte plus facilement avec les personnes qui nous suivent, qui regardent nos œuvres d'art, qui sont intéressées par notre travail. Mais ce n'est pas une obligation, je n'ai pas tellement d'avis. Je crois que tout ça, et tu l'as dit un moment, tu as dit que ce sont des personnes un peu plus députantes, je crois que tout ça, c'est une histoire de processus. qu'il y a un moment où on peut avoir envie de parler de soi, un moment un peu moins. Je pense qu'il faut juste parler de choses avec lesquelles on est à l'aise, parce qu'il ne faut pas se forcer. Et après... se laisser porter un petit peu par les envies et les besoins du moment ? Si j'ai répondu à côté, c'est possible.

  • Speaker #0

    Non, au contraire, je pense que c'est assez intéressant parce que nous, du coup, c'est des débats qu'on a souvent entre nous. Je parle de moi, mais avec par exemple d'autres artistes ou artisans avec qui j'ai pu échanger. C'est vrai que des fois, ce n'est pas toujours évident parce que ce n'est pas... Encore une fois, c'est comme quand on est entrepreneur de façon générale, il y a plein de casquettes. Et du coup... On est peut-être spécialiste dans notre pratique, mais on n'est pas spécialiste forcément dans les autres trucs. Et du coup, c'est vrai que toute cette histoire de raconter ce qu'on fait, parler de ce qu'on fait, ne serait-ce que parler de sa pratique et parler de ce qu'on crée, ce n'est pas toujours des trucs qu'on arrive à faire facilement parce que ce n'est aussi pas quelque chose qu'on nous a appris à faire ou qu'on a appris nous-mêmes à faire. Et du coup, c'est super intéressant d'avoir ton retour là-dessus parce qu'effectivement, comme tu dis, il n'y a pas... Il y a plein de personnes qui ne sont pas obligées de raconter toute leur vie pour parler de ce qu'elles créent. Par contre, effectivement, plus souvent, ça arrive quand même de contextualiser un peu l'œuvre sans forcément... Je pense qu'il y a quand même un truc par rapport à ce que tu disais, où il y a, comme tu dis, ce regard du spectateur ou de la personne qui va un peu consommer l'œuvre qui doit avoir une marge aussi d'appropriation, puisque... parce que de toute façon même si on le voulait pas ça se ferait quand même parce que ça fait partie du truc nous en tant qu'artiste on doit laisser quelque chose et faire le deuil que ça nous appartient plus vraiment mais c'est vrai que moi je suis un peu partisane de dire que c'est quand même bien de contextualiser parce que avec l'art il y a un truc aussi où on n'est pas tous égaux en termes de bagage culturel et que c'est cool aussi en fait, et même c'est important de mettre un petit peu le pied d'égalité sur ça

  • Speaker #1

    Et ça, je suis totalement d'accord avec toi. Je sais que moi, j'ai fait un master en littérature et moi qui ne suis pas chrétienne, il manquait pas mal de références pour l'intertextualité des textes où il y avait beaucoup de références à la Bible, à des choses comme ça. Et c'est vrai que c'était important d'en parler, de le montrer parce que comparé à quelqu'un qui avait fait du catéchisme, etc., moi, je n'avais pas du tout les mêmes références. Sur ça, je suis plutôt d'accord et je te suis. En fait, il faut aussi savoir de quoi on parle. Et je pense que c'est pour ça que j'ai eu du mal peut-être à répondre de quoi on parle. Est-ce que déjà on parle d'œuvres qu'on essaie de vendre, qu'on veut vendre, ou juste qu'on produit ? On parle d'artisans qui vendent des produits, ce n'est pas du tout la même chose.

  • Speaker #0

    Là, dans l'idée, je pensais plutôt à des œuvres que tu vas vendre et plutôt de l'artisanat.

  • Speaker #1

    C'est vrai que quand on fait de l'artisanat, je pense que c'est important de pouvoir raconter une histoire sur ce crochet, sur cette broderie, parce qu'elle nous donne un peu plus envie. En fait, il faut savoir que dans tout ce qui est... produit de luxe ou œuvre d'art, le produit, par exemple, il a une histoire et c'est le client qui décide ou pas. de faire partie de cette histoire. Enfin, selon moi. C'est-à-dire, je crée une broderie qui me rappelle mon enfance ou qui vient chercher des choses par rapport à mes positions politiques. Moi, je lui crée son histoire, je lui crée son existence et c'est la personne qui est en face de moi qui va réfléchir à est-ce que ça fait écho chez moi, est-ce que ça me parle et est-ce que je veux le posséder. après comme tu l'as dit contextualiser c'est important savoir un petit peu montrer les caractéristiques les valeurs que tu portes en fait quand je soutiens un artiste comme toi ou un artisan comme toi, qu'est-ce que je soutiens derrière ça paraît important, surtout actuellement avec les luttes sociales, mais tu l'as aussi dit, une oeuvre d'art ça ne nous appartient plus, très légèrement lorsqu'elle existe en fait au contact de l'autre elle n'est plus à nous, donc aussi il faut accepter que la personne en fasse sa propre histoire et l'interprète comme elle veut comme elle veut, pardon.

  • Speaker #0

    Oui, moi, ça, c'est un travail de deuil qu'on devrait tous faire à un moment donné. Et c'est normal aussi, et je pense que nous-mêmes, on consomme tous de l'art, et c'est normal qu'on se réapproprie aussi ce qu'on lit, ce qu'on voit, ce qu'on écoute. Donc voilà, mais c'est vrai que, pour le coup, on a une... en fait la seule prise qu'on a au final c'est justement ce que tu disais cette histoire là qu'on va raconter avant, au moment où on la rend publique au moment où elle sort de l'atelier et le contexte qu'on met à à cette oeuvre-là. Et du coup, pour le coup, bon, moi, c'est vrai que, comme je disais tout à l'heure, les discussions que j'ai avec les gens qui sont un peu frileux à l'idée de faire ça, c'est souvent effectivement des gens qui débutent un peu, et comme tu dis, il y a très certainement une idée de... Enfin, une histoire de process derrière où on n'a pas l'habitude de faire ça, et puis, accessoirement, voilà, je comprends tout à fait qu'on se dise, quand on commence, ah, mais j'ai passé 5 heures sur cette... sur cette pièce, ça devrait entre guillemets suffire, tu vois, à avoir sa valeur, mais de fait, ce n'est pas le cas.

  • Speaker #1

    Je disais, ce n'est pas le cas parce qu'à compétence égale, que tu aies mis 5 heures ou pas, tu n'es pas la seule à avoir mis 5 heures. C'est-à-dire qu'à compétence égale, ce qui va vous différencier outre le produit, ça va être le background de chacune et de chacun. Donc, penser qu'avoir mis X temps, ça suffit, ça suffirait si on n'était pas... pas dans le sous-digital s'il n'y avait pas de concurrence exacerbée. Moi, je pense que c'est pour ça que c'est important de se montrer après, effectivement, et je rebondis sur ça avant d'oublier mon propos parce que je suis sûre d'oublier. Moi, j'ai fait ma recherche sur une autrice qui s'appelle Marie Secondé. qui a écrit Moi, Tituba, sorcière noire de Salem Et c'est dingue parce qu'en fait, ce livre, il a été interprété par les féministes comme étant un livre ultra-féministe avec un personnage principal très féministe. Et dans les faits, Marie Scourder refuse d'être qualifiée de féministe, refuse Pour elle, Tituba, sorcière noire de Salem n'est pas un livre féministe. Après, quelle est la part de vérité ? Quelle est la part de mensonge ? Je ne sais pas. mais je trouve ça intéressant parce que pendant X temps il y a eu des recherches sur Marie Scondé des journalistes féministes on travaillait dessus je me rappelle que Lorraine Bastiet avait fait une soirée dessus sur le féminisme elle avait lié le féminisme à Tituba le personnage principal et pourtant quand on lit toutes les interviews quand on fait sa recherche une recherche sur l'autrice elle soutient Mordicus que ça n'a rien de féministe et je ne sais pas qui l'emporte à la fin. Et je crois que c'est bel et bien le spectateur, ou l'auditeur, ou le consommateur qui l'emporte sur l'artiste, et ça, il faut l'accepter.

  • Speaker #0

    c'est vrai que c'est un peu frustrant quand tu le dis comme ça mais oui après de toute façon encore une fois à partir du moment où tu rentres ton oeuvre publique le public s'en empare et de toute façon c'est ce qui va rester, il y a plein d'oeuvres comme ça où en fait on se rend compte que ce qu'on en a gardé c'est toutes les critiques qui en ont été faites et les retours qu'ont fait les gens même si l'artiste derrière n'était pas du tout dans ce zoom dans cet état d'esprit là où on ne voulait pas du tout porter ces messages là quoi donc Mais par rapport à ce truc que les artistes créent un narratif autour de leurs œuvres et aussi des fois autour de leurs personnes, une des raisons pour lesquelles je voulais t'inviter, la principale, c'était aussi pour parler de ça. Parce que moi, dans le cadre du podcast notamment et puis tout ce que je peux faire à côté, je me suis intéressée à pas mal de récits sur des artistes ou des pratiques artistiques. Et c'est vrai que... Il y a pas mal, enfin, moi je m'intéresse surtout à un peu essayer de déconstruire certains discours qu'on peut avoir sur certaines pratiques ou sur certaines personnalités. Et il y a un truc qui revient assez souvent quand même, et je suis désolée de te poser la question parce que je pense que 20 000 personnes ont juste la posé avant vu ton métier. Mais il y a toute cette question autour de l'authenticité quand on raconte une histoire, je suis désolée, mais autour de soi et autour de ce qu'on crée. et c'est vrai que souvent on parle de l'authenticité mais je vois assez peu de gens au final définir concrètement ce qu'il y a derrière en fait l'authenticité et souvent c'est un peu on amalgame ça un peu j'ai l'impression avec ce truc de il faut rien cacher, il faut être honnête il faut tout dire etc et du coup je voulais que tu reviennes un petit peu dessus si ça ne te débranche pas de refaire un truc que t'as du faire 50 000 fois pour remettre un petit peu les points sur l'île sur cette notion

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'il y a cette notion d'être authentique, full authentique, dans ce qu'on crée, dans ce qu'on dit, tout simplement dans notre image. Mais moi, je n'y crois pas. Je pense qu'être authentique, c'est être un minimum honnête, juste. Mais l'authenticité sans borne n'existe pas. Mais elle n'existe pas même dans notre vie de tous les jours. C'est-à-dire que les personnes qui sont vraiment authentiques, tout le temps sincères, etc., sont souvent des personnes, par exemple, autistes ou qui sont neuroatypiques, parce qu'en fait, la société, la bienséance, nous empêche. d'être 100% authentique. Et moi, je suis partisane d'une authenticité réfléchie. Ça, c'est pas moi qui le théorise, mais tout ce qu'on est... La Jasmine que tu vois ici, c'est la Jasmine qui est interviewée dans le cadre de son travail. Je ne suis pas la même Jasmine chez moi, je ne suis pas la même Jasmine avec mes amis, je ne suis pas la même Jasmine en soirée. Et c'est normal. Et ça, ça tient des masques sociaux qui ont été théorisés par Guy Desbordes dans la société du spectacle ou encore par Goffman. Et les masques sociaux, c'est l'idée de... Enfin, ce serait l'idée qu'on vit dans une société du spectacle où on est tout le temps en performance et qu'on performe notre identité. Et donc, que suivant où on est, avec qui on est... ce qu'on fait, on raconte pas les choses de la même manière, on raconte pas tout et on montre ce qu'on a envie de montrer. Je crois qu'être authentique, c'est ne pas mentir, ni mentir par omission. C'est-à-dire, oui, j'ai fait 10 millions de chiffres d'affaires sans dire que oui, mais il y avait 5 millions de sorties parce que t'avais des employés ou des fris. Enfin bref, j'abuse. Mais être authentique, c'est pas raconter avec qui l'on couche ce qu'on fait tout le temps. Être authentique, c'est ne pas mentir, c'est être... à l'idée c'est si demain je te rencontre dans la rue, ne pas être choquée parce qu'en face de moi j'ai une nana qui a rien à voir, ultra aigrie alors que sur les réseaux sociaux elle est tout le temps en train de taper le smile et aussi être authentique et ça chacun fait comme il veut c'est aussi se mettre à la place des gens et se dire est-ce que je veux les faire culpabiliser ou pas et est-ce que je veux vraiment qu'ils adhèrent à moi ou est-ce que je veux encore performer Parfois c'est compliqué parce qu'on a choisi l'entrepreneuriat pour être 100% nous et avoir toujours un sort de masque, bon alors un masque c'est normal, mais avoir un masque qui n'a rien à voir avec ce qu'on est réellement, c'est encore performer. Donc c'est épuisant en fait, outre les personnes qu'on a en face de nous, c'est épuisant pour nous parce qu'on n'est jamais vraiment aligné à ce qu'on fait et à ce qu'on est. et puis après il y a la notion comme je t'ai dit de culpabilité mais qui est plutôt tournée vers les autres c'est aussi se dire est-ce que là je donne l'impression d'aller super bien est-ce que là je donne l'impression que tout roule je suis sûre qu'il y a des personnes qui se comparent à moi, est-ce que j'ai envie de continuer à donner cette impression ou est-ce que je veux me rendre un peu plus accessible en sachant que je le dis ici la perfection ne permet pas l'adhésion ça peut marcher sur certaines stratégies des stratégies d'entrepreneuriat c'est très libéral du style Baïk Bonnet c'est-à-dire Yomi Denzel ou Samah Amar etc. ces personnes-là et je cite pas d'autres personnes parce que c'est bon mais ces personnes-là qui te vendent une vie de rêve à Dubaï et qui disent moi j'ai fait 10 millions d'euros alors qu'en fait parfois ils ont des procès au cul etc. ça peut marcher parce qu'en fait eux ce qu'ils vendent aux personnes qu'ils ont en face d'eux c'est de faire comme eux On appelle ça des business make money. Donc effectivement, plus moi je vais dire que je fais de l'argent et que ma vie est belle, plus ça va marcher parce que mon produit est lié au fait que je peux te permettre d'avoir cette vie. Mais quand tu vends des produits, quand tu n'es pas dans le make money, dans le pousser à faire de l'argent pour faire de l'argent, ça n'a aucun intérêt de paraître trop parfait, de paraître fake, parce qu'en fait ça ne permet pas l'adhésion, ça ne permet pas les émotions, et donc ça ne permet pas la conversion.

  • Speaker #0

    je suis assez d'accord avec ce truc là bon après voilà j'avoue que c'était un peu une question que je me sentais obligée de poser parce que vu le thème de l'épisode je pense que c'est bien quand même de poser les bases mais effectivement comme tu dis, je pense que l'authenticité, c'est pas juste une espèce de checklist de est-ce que j'ai dit tout ce que tout ce qui fait de moi que je suis moi, quoi, et puis sans filtre, parce qu'effectivement, déjà de un, il y a une grosse partie des trucs, tout le monde s'en fout et de deux, je pense pas que ce soit un truc qu'on doit non plus à son public quand bien même on fait un on a tout un récit autour de soi parce qu'il y a plein, effectivement, d'artistes, d'artisans qui ont eu qui créent des œuvres qui sont très liées à leur vécu et où ça a du sens de faire le lien avec des parties de leur histoire, mais il n'y a pas de nécessité de... en tout cas moi c'est comme ça que je le ressens et je le vis,

  • Speaker #1

    c'est qu'il n'y a pas nécessité de tout raconter je voulais aussi rebondir sur le fait que avant de parler de quelque chose parce qu'il faut en parler, t'as pris le temps toi de le processer t'as pris le temps de prendre de la hauteur dessus il y a une entrepreneuse que j'aime beaucoup qui s'appelle Alex Martel que j'apprécie énormément qui est canadienne qui un jour a bien parlé de la différence entre oui on crée du contenu, il n'y a pas de soucis mais C'est pas parce que t'as vécu un truc violent que t'es obligé d'en parler. Déjà t'es pas obligé d'avoir fait la guerre pour avoir des choses à raconter. Et outre ça, même si t'avais fait la guerre ou même si t'avais vécu des trucs violents, je crois qu'il faut différencier une plaie béante, ouverte, purulente, qui n'a pas eu le temps de cicatriser, et une cicatrice. En fait, ce que je veux dire par là, c'est que moi je suis pas très partisane qu'on m'envoie de la violence pour m'envoyer de la violence dans la gueule. Après ça, chacun c'est son kiff, tu vois. Mais moi, ça ne me fait pas forcément kiffer de lire des trucs ultra tristes, surtout quand la personne est encore dans la tristesse. Après, ça dépend quand j'ai lu de la poésie, un roman, c'est autre chose. Mais je sais qu'on n'est pas tout le temps là pour inspirer, qu'on peut être normaux et ne rien avoir à insuffler à ce moment-là précis. Mais je trouve quand même qu'afin de parler de trucs violents ou de trucs qui sont à l'origine de ce qu'on est, c'est important d'avoir fait un travail de digestion parce que déjà, le partager, ça… ça implique d'avoir des retours, des retours qui ne vont pas forcément dans notre sens. Et aussi, le partager, ça implique d'accepter que des gens jugent. Parce que oui, qu'on le veuille ou non, les humains jugent. Que des gens jugent ton parcours. Donc je crois que c'est plus pertinent lorsqu'on a des choses à raconter, des choses sensibles, d'attendre d'avoir pris une certaine hauteur et d'avoir une morale à partager. Enfin moi je suis partisane de ça. Parce que sinon on tombe vite dans quelque chose de pathétique qui tient vraiment du pathos. Et moi j'ai beaucoup de clients qui me disent moi j'aimerais parler de ça mais comment je peux pour pas que ce soit pathétique ? Bah est-ce que t'en souffres encore ? Effectivement si t'en souffres encore tu vas peut-être… plus provoquer l'appétit qu'autre chose. Et après, ça, c'est pas moi qui l'ai théorisé, c'est Aristote. Mais la base de la rhétorique, c'est pathos, ethos, logos, donc un mélange de pathos, les émotions, ethos, le jeu, la personne, le rôle de la personne. et logos les faits, la rationalité quand t'arrives à pouvoir raconter quelque chose de cette manière, bah t'es sûr que tu vas réussir à convaincre, voilà mais si t'y arrives pas, si c'est trop pathos c'est que peut-être l'éthos il est pas assez présent, parce que tu t'effaces un peu au profit de ton traumatisme de ce que t'as raconté, ou qu'encore le logos non plus n'est pas du tout présent parce que t'arrives pas du tout à rationaliser ni à tirer une morale quand je dis tirer une morale ça veut pas dire, ouais j'ai vécu ça c'est trop bien, ça veut dire prendre de la hauteur ou à le voir de loin. Donc aussi se poser la question de ouais, j'aimerais parler de ça, mais qu'est-ce que j'irais en dire ? Ça aussi, je trouve que c'est une question intéressante. qu'est-ce que j'ai à en dire ? Est-ce que ça va me faire du bien ? Après, ça peut être thérapeutique, mais moi, là, je parle du storytelling dans un but business. Les réseaux sociaux, ce n'est pas un journal intime, donc il faut quand même avoir quelque chose... Enfin, là, je dis, ce n'est pas par rapport à mon travail. Donc, il faut quand même que ça ait du sens dans ce que tu fais, dans ce que tu proposes.

  • Speaker #0

    Oui, je suis d'accord. Et puis, même si là, effectivement, tu raccroches ça à ton expérience et à... ton travail auprès d'entrepreneuses, notamment sur Internet. De fait, aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes qui se lancent dans l'artisanat via Instagram, TikTok ou d'autres réseaux. Donc, ça s'applique tout à fait. Et c'est vrai que cette question-là, elle est importante parce qu'en plus, pour le coup, il y a vraiment ce truc autour de... je trouve, quand tu crées quelque chose, souvent, tu le relis à un passé qui peut être plus ou moins difficile. Et c'est vrai que moi, ça m'est arrivé plusieurs fois, effectivement, de tomber sur des contes où ça se voit, en fait, que la personne, elle est encore un peu dedans. Et où, du coup, après, ça fait partie de l'histoire. Et c'est vrai que là, pour moi, c'est quand même un peu différent parce que ça reste des œuvres. Et forcément, oui, c'est quelque chose qui... Par exemple, c'est un traumatisme qui s'est passé où... où la personne a vécu quelque chose de dur et donc du coup elle en parle dans ses oeuvres donc c'est encore un peu différent parce que j'ai l'impression que c'est un terrain où on s'attend à voir ce genre de choses mais effectivement des fois comme tu dis c'est des choses qui ne sont pas totalement réglées et tu sens que la personne a du mal des fois à raccorder justement l'histoire qu'elle raconte parce qu'il n'y a pas de fin encore et puis il n'y a pas de... de suite à des fois juste l'événement traumatisant, il y a juste ça. Et ça reste un peu, comme tu dis, comme une plébéante au milieu du truc. Et oui, je suis assez d'accord du coup que c'est quelque chose à réfléchir. Et je trouve que c'est important que tu le dises parce que je pense qu'il y a vraiment un truc de l'ordre de... Pour revenir vite fait à cette question d'authenticité, il y a un peu ce truc de... Si tu réfléchis à ce que tu vas raconter, tu perds en authenticité, alors que... En fait, c'est tout à fait normal de le faire. Et ça n'enlève pas du tout de l'honnêteté à ce que tu vas raconter, mais c'est juste qu'effectivement, tu es sur une plateforme... C'est comme si tu faisais une intervention sur scène devant 5000 personnes et que tu ne préparais pas et que tu te dis je vais être authentique, donc je vais y aller comme ça Et en fait, je pense qu'on le perd souvent de vue parce qu'on a l'impression... les plateformes comme Instagram sont beaucoup dans l'instantané, tu peux faire des stories qui durent une journée, etc. Et on a l'impression que ça crée un espèce de truc où les gens vont toujours être un peu dans l'honnêteté, etc. et puis les réactions à chaud. Mais en fait...

  • Speaker #1

    c'est pas mal d'avoir une réflexion sur qu'est-ce que je raconte et comment je le raconte oui déjà je suis totalement d'accord moi par exemple je suis partisane moi je réfléchis pas trop à ce que je publie sur internet dans le sens où j'ai une idée et je la partage mais par contre je suis partisane il y a des choses dont je ne parlerai jamais parce que la notion de Alors aussi bien je suis très critique en termes de propriété privée, aussi bien la notion de vie privée c'est encore autre chose. Je crois que c'est totalement normal de réfléchir à ce qu'on dit. surtout que tu l'as dit effectivement tout paraît très rapide très instantané mais internet n'oublie jamais rien mais c'est des trucs bêtes mais moi qui suis une grande consommatrice de tic tac il suffit de voir un petit peu il y a des gens par exemple qui ont annoncé bah moi je voudrais faire une euthanasie et finalement ça s'est pas fait deux ans après on leur dit encore bah alors tu devais pas te suicider toi tu devais pas te faire euthanasier ou il y a des gens qui se sont mis en couple et ils ont fait et du jour au lendemain on les voit plus avec leurs compagnons ou leurs compagnes et ben alors il est où ? et donc t'as pas le temps de faire ton deuil parce que je crois que c'est totalement normal de pas tout raconter

  • Speaker #0

    Comme je t'ai dit, le but, et je crois que c'est ça la différence, l'authenticité, ce n'est pas de tout raconter, c'est d'éviter de performer quelque chose que tu n'es pas. Donc, la performance, c'est normal. On est tout le temps en train de performer pour être vu d'une telle ou telle manière. C'est normal, le personal branding, c'est la définition. La définition exacte du personal branding, c'est mettre au centre de sa valorisation personnelle et professionnelle nos... nos qualités, nos différences, etc. Donc c'est normal un petit peu de performer, on est tout le temps en train de performer, même là inconsciemment je performe sûrement. Mais l'authenticité c'est juste ne pas nous vendre quelqu'un que tu n'es pas. C'est tout en fait. Et je pense que si déjà tu arrives à faire ça, tu es déjà plus authentique que 80% de la population qui est toujours en train de surpasser.

  • Speaker #1

    voilà je suis tout à fait d'accord et je pense que c'est une définition très simple qui marche bien, donc je vais la garder je suis contente qu'elle soit enregistrée quelque part et je voulais revenir sur un truc que tu as mentionné tout à l'heure et ça je voulais aussi en parler donc je reviens dessus et on peut peut-être développer un peu je vois beaucoup et c'est vrai que c'est le cas surtout pour des artistes qui vont être assez connus mais pas que sur des personnes un peu moins connues ou des artisans sur Instagram il y a des fois j'ai l'impression une envie de raconter une histoire parce que du coup c'est des gens qui ont un peu ce truc là qui ont embrassé ce truc là de je vais contextualiser qui je suis et ce que je crée pour que il y ait un fil conducteur dans tout ce que je produis, très bien mais des fois j'ai l'impression qu'il y a un peu cette idée qu'il y a besoin d'avoir une histoire qui est un peu sensationnelle ou ou que la personne a surmonté un truc très dur ou très fort. Et du coup, je voulais un peu revenir là-dessus parce que je voulais te demander est-ce que c'est vraiment nécessaire justement d'avoir ces histoires-là qui doivent absolument être inspirantes ou ce n'est pas nécessaire justement pour raconter ses œuvres et son travail ?

  • Speaker #0

    Je pense que ce n'est pas nécessaire. Je pense que... J'ai déjà fait un post qui s'appelait Tu n'as pas besoin d'avoir vécu la guerre pour faire du storytelling Je crois que les... Je crois, je suis désolée de le dire aux gens qui ne s'y attendent pas, que l'humain partage la plupart... en fait non que l'humain partage la condition humaine et qu'en fait tout ce qu'on vit les autres personnes qu'on a en face de nous l'ont vécu, bon après excepté certaines choses très violentes etc qui n'arrivent pas à tout le monde et encore heureux on n'a pas besoin d'avoir vécu la guerre pour raconter quelque chose parce qu'on peut totalement créer l'adhésion sur des sujets qui font écho chez les gens moi je suis désolée, le storytelling quand je parle de conflit quand je parle de quelque chose qui vient mettre en friction c'est pas la mort, c'est pas la violence ça peut être juste une rencontre ça peut être un événement ça peut être un voyage qui est venu pointer du doigt certaines réalités chez nous, après effectivement ça peut être la maladie, ça peut être des choses un peu plus violentes on n'est pas obligé d'avoir vécu des choses ultra cruelles pour avoir des choses à dire en fait, Flaubert il a écrit tout un livre Madame de Bovary sur une histoire, non mais en fait il rêvait de faire un livre où il n'y avait pas vraiment de... d'énigmes en fait. L'énigme, c'est la vie. Et je crois qu'en fait, raconter des histoires sur la vie de tous les jours, c'est des histoires qui méritent d'exister en fait. C'est des histoires qui sont importantes, qui sont pures, qui sont réelles et qui peuvent permettre l'adhésion. Les gens peuvent s'identifier à ça parce qu'en fait, on partage la condition humaine. Ce que tu as vécu en voyage, ce que tu as ressenti. Donc, ça peut être très violent. Par exemple, Victor Hugo, quand il dit Demain, dès l'aube, j'irai à travers la nana parce qu'il a perdu sa fille bon, là, il a perdu sa fille, donc oui, c'est violent. Mais tu peux le lire en pensant à quelqu'un que tu as perdu. Parce que la condition humaine implique le deuil, implique l'amour, implique la perte, implique la joie, la tristesse. Et ces choses-là, on ne les retrouve pas que dans la violence extrême. Ou dans les choses extrêmes, on les retrouve dans la vie de tous les jours, dans les rencontres de tous les jours. Pas besoin d'avoir vécu la guerre pour avoir des choses à raconter, pour tirer des... Pour tirer des leçons de la vie, dans ce cas-là, 99,9% de l'humanité serait con, parce qu'il n'y a pas tout le monde qui a vécu la guerre, il n'y a pas tout le monde qui a vécu des violences, et je pense que pourtant, non, il y a plein de gens qui ont des choses à raconter, parce que les leçons de vie, c'est dans tout et c'est dans n'importe quoi. Moi, je ne suis pas partisane de raconter des trucs ultra violents et ultra misquines, pathétiques. Il y a des choses, moi, qui me rendent folle. À une époque, sur LinkedIn, les gens prenaient leurs parents sur leur lit de mort, ou leurs grands-parents, disons. Moi je suis pas partisane de ça, puis après moi je suis assez cruelle, c'est-à-dire on meurt tous un moment ou un autre. En tant que femme on s'est toutes fait agresser sexuellement, presque en tout cas, on est toutes… Enfin tu vois moi je crois aussi qu'avoir besoin de parler de la guerre ou d'un truc ultra violent pour avoir l'impression d'exister c'est qu'en fait t'es tellement privilégiée que tu trouves même pas de quoi raconter des choses impactantes dans ta vie de tous les jours. Ça doit être vraiment très triste. Oui.

  • Speaker #1

    effectivement je pense qu'en plus des fois il y a des histoires qui sont un peu tarabiscotées pour trouver le point un peu de tension qui va être un peu dramatique alors que comme tu dis moi je suis assez d'accord sur le fait que on a de façon générale des existences assez banales et que en plus même si on a tous l'impression qu'on est unique et que notre vie est et voilà elle est particulière, elle est exceptionnelle en fait on a tous un peu les mêmes vies quand même, à partir du moment où tu vis dans le même endroit où t'as les mêmes quotidiens il y a certes des différences il y a des choses qui peuvent t'arriver qui n'arrivent pas à ton voisin mais t'as quand même un socle commun de 80% de tes expériences qui seront, enfin 80-90% j'en sais rien, des expériences qui sont assez communes et qui sont pas effectivement euh... sensationnelles comme ça, mais qui font partie de ton histoire, non seulement de ton histoire, mais aussi de l'histoire de plein de gens qui peuvent s'y retrouver, même s'ils n'ont pas vécu exactement la même situation point par point.

  • Speaker #0

    Totalement. Et puis en fait aussi, outre les faits, Parce que tu l'as dit, on partage la condition humaine, donc on partage la plupart des faits. C'est aussi comment tu les vis. Moi, ma mère, je trouve qu'elle a une vie qui est romanesque. Elle, quand tu lui en parles, elle se sent pétain. Donc en fait, c'est aussi ta sensibilité. Moi, je sais que je serais beaucoup plus fragile par rapport à ça. Et en fait, le poids de tension, il est de partout, il est tout le temps. Tu vois, la douleur, la difficulté, c'est tout le temps. En fait, c'est tout le temps. Tu vois, moi qui fais de la thérapie depuis longtemps, on en parlait là-bas longtemps avec mon psy, c'est très, très rare que ça soit dans ta vie, dans ton couple, avec tes amis au travail, que tout soit tout bleu ou tout nuageux. Les points de tension, c'est tout le temps. Les gens qui savent faire du storytelling, c'est juste qu'ils savent les sublimer, qu'ils savent mettre de la couleur. Quand je parle de couleur, je parle d'adjectifs, je parle de style. C'est tout le temps. alors c'est peut-être parce que c'est mon travail mais moi je pourrais te raconter une histoire impactante sur comment je suis allée à la boulangerie ce matin et qu'est-ce que ça m'a appris sur la vie parce que je suis connectée aux gens qui m'entourent je suis, j'aime pas le mot hyper sensible mais je suis assez sensible à ce qui m'entoure et donc je peux tirer une morale de tout ce que je vis et en fait ce que j'essaie d'apprendre aux gens avec qui je travaille c'est ça, c'est comment tirer une morale comment tirer un souvenir comment tirer quelque chose d'impactant dans tout ce qu'on vit, parce que c'est comme ça qu'on évolue, c'est comme ça qu'on apprend, c'est comme ça qu'on vit aussi, tout simplement. et c'est juste que les gens ils s'attendent ou à avoir vécu la guerre ou à ne pas avoir vécu la guerre ou à avoir vécu telle chose ou de ne pas l'avoir vécu et en fait ils s'attendraient ils pensent c'est le même syndrome que les personnes qui disent je me suis fait toute seule en fait c'est des personnes qui ne se rendent même pas compte de ce qu'elles vivent et en fait à la fin moi j'ai plein de gens avec qui je travaille qui me disent mais Jasmine j'ai rien à raconter moi je ne peux pas entendre que je n'ai rien à raconter que tu n'aies rien de fabuleux de... d'extraordinaire à raconter, je veux l'entendre. Je peux l'entendre. On est 80% de la population à n'avoir rien d'extraordinaire à raconter. d'ailleurs il y a plus une minorité de personnes qui ont des choses à raconter extraordinaires, bon voilà ça c'est parenthèse fermée par contre tu n'as pas rien à raconter il faudrait que tu sois morte pour avoir rien à raconter j'ai envie de dire même enfermée dans une chambre en train de lire un livre tu as des choses à raconter parce que lire ça te pousse à réfléchir ça te vient faire écho chez toi ça te pousse à faire des liens ça te fait quelque chose à raconter donc en fait je pense que si les gens c'est pas leur vie qu'ils doivent changer parce que leur vie elle est parfaite comme elle doit être c'est plutôt le regard qui pose sur ce qu'ils vivent tous les jours. Parfois, tu sors, tu rencontres... Moi, je suis très proche des animaux. Tu rencontres un animal, tu dis waouh Là, tu vois un couple se tenir la main, ça t'apprend quelque chose. Ça fait écho, je ne sais pas, quand tu étais enfant, tu as vu tes parents se tenir la main. En fait, le beau, c'est partout, le moche aussi. Je ne sais pas, tu rencontres un enfant, il sourit, il rigole, il te fait une blague, tu manges une merguez avec tes potes en barbecue. Ça fait... Il y a du storytelling à raconter sur chaque moment de sa vie. Il faut juste savoir les capter. On vit dans une société tellement productiviste, capitaliste, qu'on est tellement tout le temps dans le speed qu'on ne prend pas le temps de regarder le monde qui nous entoure. Mais le monde, les animaux, les personnes âgées, les personnes plus jeunes, l'humanité nous apprend des choses à chaque seconde. Le truc, ce n'est pas de changer sa vie, c'est de changer le regard qu'on porte sur la vie qu'on a.

  • Speaker #1

    et bien je ne peux que t'applaudir parce que je pense qu'effectivement t'as posé le mot un peu le mot magique je trouve de regard et je suis tout à fait d'accord avec cette idée que c'est pas tant les événements qui se passent mais c'est le regard que tu poses dessus et ce que t'en tires toi et effectivement je pense que ça nous est tous arrivé de vivre exactement la même expérience que quelqu'un juste parce que t'étais avec la personne donc tu sais qu'elle a vécu ce même truc à la même heure mais en fait toi quand tu vas le raconter à tes potes tu vas pas le raconter de la même façon que cette personne parce que t'en attires un truc différent t'apposes un regard différent sur cette expérience et en fait de toute façon on raconte toutes des histoires on se dit tous on est plein à se dire je sais pas raconter d'histoire je sais pas faire, j'ai pas appris etc mais en fait quand tu racontes ta journée à tes parents ou tes colocs ou ton conjoint, ta copine quand tu rentres le soir tu racontes aussi une histoire parce qu'en fait tu mets déjà une certaine subjectivité dans comment tu vas raconter ta journée et la personne au travail qui t'a parlé qui t'a dit ça ou la personne que t'as vue dans le bus et du coup de toute façon tu te réappropries déjà ce truc là qui est un fait et tu en fais un récit qui est complètement subjectif c'est juste que effectivement quand t'es dans un cadre professionnel où tu fais ça avec le but d'intéresser les gens, d'engager les gens sur... à s'intéresser à ce que tu crées, à ce que tu produis et aux produits que tu mets en vente, tu mets une intentionnalité qui est très très différente de, effectivement, quand tu racontes ta journée chez toi quand tu rentres le soir. Et je pense que c'est là que les personnes comme toi, bah du coup, peuvent apporter aussi ce qui va peut-être manquer dans ce processus-là, de créer ce narratif autour de son travail.

  • Speaker #0

    Totalement d'accord avec toi. Totalement d'accord avec toi. Et effectivement, en fait, il y a des gens qui ont vécu exactement la même chose. En fait, si tu veux me dire toujours, il y a une réalité, plusieurs vérités. c'est-à-dire qu'ils ont vécu exactement la même chose mais ils n'ont pas tiré la même vérité aussi ça c'est le grand malheur j'avais un prof en littérature du 19ème qui en parlait tout le temps parce que c'est le grand malheur de la communication de dire à et que la personne en fait il y a moi l'émetteur, il y a le message et il y a le récepteur et à partir du moment où c'est sorti de ma bouche ça ne m'appartient plus en fait c'est-à-dire que ça va faire écho à une autre réalité à d'autres valeurs à un autre passé. Donc en fait, c'est juste effectivement le regard que je porte sur ce que j'ai vécu et qu'est-ce que j'en tire. Moi, en fait, j'essaie toujours de penser en termes de morale. Alors ça, c'est peut-être grâce à mon travail et aussi grâce à mes études, mais j'essaie toujours de tirer quelque chose et c'est comme ça que j'arrive à pousser les personnes avec qui je travaille à créer du contenu. Et outre ça, tu l'as dit, on est tout le temps en train de raconter des histoires. Le storytelling, ça n'a pas attendu Internet. ça existe depuis il y a pas longtemps je t'aurais dit le Moyen-Âge maintenant que j'ai refait des recherches ça existe depuis la préhistoire déjà avec les hiéroglyphes les mains etc. où on essayait de faire passer des messages et en fait j'avais un prof qui disait même une biographie devient fiction à partir du moment où elle est écrite ou racontée et en fait c'est vrai tout est fiction parce qu'on va venir mettre nos valeurs dessus on va venir mettre des adjectifs on va venir grossir le trait pour impacter parce que la réalité, parce qu'à l'écrit ou lorsqu'on on transmet, on ne peut pas avoir la même réalité. Donc, il faut bien trouver des moyens de la retranscrire. Donc, effectivement, moi, je suis totalement d'accord. On est tous des storytellers. Le problème, ce n'est pas de dire je n'ai rien à raconter, c'est plutôt comment je trouve ce que j'ai à raconter, comment je le garde et comment je le raconte ensuite. Ça, c'est une autre chose.

  • Speaker #1

    Ouais, carrément. Et puis, je vais vraiment souligner ce que tu viens de dire parce que je pense que c'est important de comprendre que toute histoire, en fait, elle est... Elle est... Enfin, même si on a l'impression, comme tu dis, une biographie, c'est... Tu te dis, bon, bah, c'est des faits, c'est une collection de faits, une suite historique, enfin, comment dire, une suite temporelle de ce qui s'est passé dans la vie de quelqu'un. en fait, c'est quand même une histoire où on va présenter la personne sous un certain jour, on va faire des choix de mettre en valeur certains événements, d'enterre d'autres, et de créer, en fait, dans ce truc-là, tout un fil conducteur qui va servir un discours. Et ça, vraiment, j'en suis persuadée. Et d'ailleurs, je pense que c'est une des raisons qui, moi, m'avaient poussée à la base à faire un petit peu ce travail sur le podcast, c'est de se dire que En fait, les histoires qu'on raconte sur l'art et les artistes, souvent, ça sert quand même à un propos idéologique qui va mettre en valeur certains types de cultures, certains types de personnes. Et du coup, je veux vraiment le souligner parce que je pense que c'est important de ne pas prendre tel quel tout ce qu'on peut raconter sur des figures dans l'art ou des institutions de l'art parce qu'en fait, c'est à chaque fois quelque chose qui est subjectif et qui… alors n'est pas forcément totalement faux c'est même pas la question mais c'est juste se dire en fait il faut le prendre comme une histoire qu'on raconte et pas comme une suite de faits complètement froids et déconnectés d'un propos particulier qu'on a envie de faire passer merci d'avoir parlé de ça parce que j'aurais presque oublié d'en parler

  • Speaker #0

    je pense que c'est important ouais et puis c'est pour ça que dans le même délire alors parfois ça me crée je vais faire attention à ce que je dis parce que voilà pareil parfois ça me crée des problèmes mais moi par exemple je dis rarement cette personne est toxique je sais que c'est des stratégies mais je ramène très rarement quelqu'un à une bêtise qu'il aurait fait tu vois je vais pas l'appeler le voleur le menteur euh et ça c'est parce que moi je me suis rendu compte en vieillissant que les personnes ne sont pas un acte isolé qu'ils auraient fait parce que l'autre il m'a menti, l'autre il m'a volé, je peux pas penser que cette personne alors il est voleur oui, il a commis un vol oui, il m'a menti c'est un connard, sur le coup il a été un gros connard avec moi, mais je peux pas le rappeler à ça parce qu'en fait tout simplement il est plein d'autres choses, quand les personnes me disent ouais cette personne elle est toxique Non, cette personne, elle a été toxique avec toi. Je suis sûre qu'avec d'autres personnes, elle ne l'est pas. Donc, elle ne peut pas être toxique. Et ça, je sais que parfois, les gens, ils n'aiment pas ça. Mais moi, je ne peux pas. Moi, je sais que j'ai été la toxique de plein de meufs avec qui j'ai été. J'ai été le canard de plein d'autres meufs. Donc, en fait... et je sais que j'ai des copines avec moi elles sont trop connes parfois j'ai envie de les claquer et avec d'autres personnes on les a jamais vues on les a jamais vues se la ramener tu vois et en fait tout ça tu peux le voir dans le par exemple le triangle de Cartman ou de Nantes ça c'est sur les relations où t'as le persécuteur, la victime et je sais plus lequel et normalement dans les relations ça tourne et t'as un autre un autre Un autre schéma qui permet aussi de comprendre les relations, tu as le schéma parent-enfant, où normalement dans une relation saine, ça tourne aussi. C'est-à-dire parfois je suis en position d'enfant, donc je suis un peu plus dominée, puis parfois je suis dans une position de parent. D'ailleurs, les relations deviennent problématiques quand une personne garde un rôle et qu'elle n'en sort jamais, et donc que ça ne tourne pas. Outre ça, comme tu l'as dit, moi je suis sûre que la même personne... suivant ce que je tire et suivant ce que je veux faire ressortir d'elle, je peux ou la faire passer comme la plus grosse des merdes, ou la faire passer comme quelqu'un d'adorable qui a été violenté par la vie et qui a fait des mauvais choix à un moment. Donc c'est pour ça que moi, quand les gens me disent ouais, je suis plus avec, elle était toxique, ouais, cette pote, elle était toxique non, votre relation, elle était sûrement toxique, ça n'allait pas pour toi. Tu vois, c'est comme dans les relations, moi, je dis jamais, même avec mes potes, je dis jamais ton problème, c'est… Non. tu es comme ça, et ça vient faire écho chez moi de cette manière-là, donc ça ne me va pas. Et ça, tu vois, c'est des choses que j'ai apprises en vie, mais c'est des choses encore très difficiles, surtout à l'époque de la pureté militante, où on aimerait réduire les gens à une chose. Moi, je pense que, comme tu l'as si bien dit, les histoires... comme je le redis, il y a une réalité, plusieurs vérités. Et moi, par contre, oui, effectivement, tu l'as aussi dit, dans une biographie, je peux te faire une biographie. Ça dépend de l'angle, en fait. Est-ce que j'ai envie d'humaniser la personne ou est-ce que j'ai envie de la mettre sous terre ? Je ne vais pas prendre les mêmes... Je vais faire du mensonge par omission. Là, je vais citer ça, alors que là, je ne cite pas. Tu vois ? Parce que rien n'est tout blanc, rien n'est tout noir. Voilà.

  • Speaker #1

    J'ai rien à rajouter sur ça, tu as tout dit. Et oui, je pense que le truc à retenir de ce truc-là, c'est vraiment de prendre conscience qu'effectivement, tout ce qu'on peut nous rapporter et tout ce qu'on peut raconter sur des personnalités restent, ou des personnes de toute façon, pas besoin que ce soit des personnes célèbres ou que sais-je, mais qu'effectivement, ça reste des récits qui sont à contextualiser. en fonction de la personne qui raconte et c'est vrai que oui quand j'avais fait un épisode à un moment donné sur Sur Lewis Carroll, c'était affreux. Je me suis fait défoncer en plus parce que visiblement, on ne peut pas toucher à Lewis Carroll parce que ça laisse au pays des merveilles. Mais bon, j'ai fait un épisode pour souligner qu'il y avait quand même beaucoup de non-dits dans les biographies qu'on lit de Lewis Carroll. Je n'enlève pas son œuvre, je n'enlève pas ce qu'il a créé et ce qui reste comme... un peu un truc très important dans la culture anglophone, il n'y a pas de souci. Ceci étant dit, moi, quand je lis des histoires sur Lewis Carroll, on nommait quand même beaucoup de choses et moi, j'ai dû vraiment faire des fouilles archéologiques pour retrouver certains éléments de sa vie qui ne sont quand même pas anecdotiques. Et je pense que le gars, il est mort depuis plus de 100 ans, ce n'est pas une question de je vais cancel Lewis Carroll. mais c'est juste que par contre moi quand on me parle d'Alice au pied des merveilles et du génie de ce gars je veux qu'on me contextualise que à côté de ça il avait eu des comportements absolument abjects et que ça doit faire partie de son histoire de toute façon et je pense que voilà il faut arriver à se dire bah oui en fonction de qui crée la biographie bah il y a un message à faire passer et et voilà quoi

  • Speaker #0

    mais tu imagines bien que si moi je crée la biographie parce que l'objectivité n'existe pas moi je n'y crois pas du tout si je crée la biographie de Marine Le Pen je vais pas la créer de la même manière que quelqu'un qui est partisan de Marine Le Pen parce que je vais aller chercher des choses que l'autre personne va plutôt cacher et en vrai c'est normal et comme moi moi je trouve que nos amitiés, et je parle de nos amitiés vraiment les plus intenses, c'est-à-dire vraiment des amitiés qui nous lient à vie. Ou notre rapport à nos parents. Moi, je sais que dans ma culture, ma mère est très importante. Ça montre exactement comment on peut ou rendre quelqu'un démoniaque ou le rendre fabuleux. Moi, ma mère, si tu la prends, si tu as envie de la valoriser, tu mets en avant tout ce qu'elle a fait de bien. Si tu as envie de la dévaloriser, tu mets en avant tout ce qu'elle a fait de mal. Et puis, si tu as juste envie de la fréquenter pour ce qu'elle est, tu acceptes les deux parties. mais dans les histoires pour qu'elles soient impactantes il faut avoir un peu plus il faut avoir un angle et c'est pareil pour tout en fait donc oui rester toujours critique par rapport aux histoires qu'on nous raconte même des personnes qu'on aime les personnes qu'on aime ne sont pas parfaites la perfection n'existe pas elles ont peut-être fait des erreurs elles ont peut-être eu des comportements minables après avoir aussi comment elles les ont réformées c'est-à-dire qu'est-ce qu'elles ont fait pour les régler est-ce que ça en fait des personnes pourries jusqu'à la moelle c'est-à-dire

  • Speaker #1

    oui et puis après je pense que pour un peu finir là dessus je pense qu'il y a aussi un moment où on fait aussi un choix de se dire moi ma limite je la trace ici et là en ce moment dans ma vie je pose ma limite là donc en fait là je suis pas capable de passer au delà de cette information là sur cette personnalité ou cette personne et c'est pas de soucis mais du coup je pense qu'il y a un peu ce truc de on voit aussi si on est capable de d'accepter

  • Speaker #0

    non mais ça me fait penser que c'est exactement ce qui se passe actuellement avec Blackout 2024 c'est à dire que suivant toi où est ta limite moi par exemple ma limite outre le fait qu'il n'en parle pas par exemple des personnalités on est en train tellement de s'éloigner du storytelling mais bon j'ai envie de le faire séparément outre le fait qu'il n'en parle pas mon autre limite c'est plutôt en parler mais pour faire l'apologie par exemple de ce qui se passe ou pour plutôt euh minimiser ce qui se passe. Ça veut dire chercher des trucs, quelles sont tes valeurs à toi ? Qu'est-ce que tu acceptes et qu'est-ce que tu n'acceptes pas ? Mais oui, garder en tête que le storytelling, c'est une subjectivité qui a pour but de servir un propos, et voilà, c'est tout. La seule fois où on m'a appris à ne pas servir mon propos, et ça m'a beaucoup appris dans la vie en général, c'était à la fac de lettres où j'écrivais des dissertations et où j'étais obligée de faire une thèse, une antithèse, alors qu'en fait, au moins, j'étais du côté de la thèse ou peut-être de l'antithèse, mais il fallait aussi que je fasse toute une partie. pour défendre le point de vue de l'autre. Et j'ai trouvé ça très intéressant. Et si on pouvait faire un peu plus ça, je pense que ça irait bien mieux parfois.

  • Speaker #1

    Oui, après, de toute façon, je pense que prendre les lunettes de l'autre ne veut pas dire renier complètement son... que ce soit son opinion ou ses valeurs ça veut juste dire si je me mets dans cette perspective là je vois pourquoi tu penses comme ça moi c'est juste que ma perspective de base elle se place pas ici du coup je peux pas être en accord avec toi in fine mais je vois effectivement qu'il y a une logique dans ce que tu dis les prérequis de base ne sont pas identiques pour nous deux. Mais effectivement, c'est un petit peu l'idée du propos, mais franchement, je pense que c'est aussi des... Parce que l'idée, c'est de parler de cette histoire, de se raconter et de raconter ce qu'on fait, de raconter ses œuvres. Mais on est tous aussi des spectateurs, spectatrices du travail des autres. Et je pense que c'est aussi bien de réfléchir au regard qu'on pose dessus. à comment est-ce qu'on reçoit tout ça et comment est-ce qu'on le critique ou non. Et je pense que c'est un truc qui n'est pas encore... Enfin, c'est fait par plein de gens et c'est fait de plus en plus, mais il y a des discours qu'on n'arrive toujours pas... Enfin, avec lesquels on... on se bat encore pas mal et on n'arrive pas encore à vraiment se mettre d'accord là-dessus et du coup je pense que c'est important qu'on ait cette discussion parce que tout à l'heure tu mentionnais ces trucs de bon ça c'est classique et c'est pas que l'art mais ça me sort par les yeux mais c'est ce truc de je me suis fait tout seul et puis t'as des histoires rocambolesques de gens qui en fait non ne se sont pas faits tout seuls parce que personne ne se fait tout seul et en plus souvent les gens qui disent je me suis fait tout seul c'est vraiment ceux qui pour le coup ne se sont vraiment vraiment vraiment pas faits tout seuls Et donc du coup, pareil, ça c'est des... c'est aussi un récit qui est bien construit qui très bien moi si c'était un roman probablement peut-être je le lirais tu vois mais par contre ce n'est pas la vraie vie et je pense que c'est bien d'avoir aussi un point de vue critique là dessus quoi on a fait le tour ? je pense qu'on a fait le tour est-ce qu'il y a quelque chose que t'avais envie de rajouter sur les derniers trucs qu'on s'est dit ou sur le thème de l'épisode ?

  • Speaker #0

    Le thème de l'hubilé, peut-être que je donnerais un conseil avant de laisser les gens. Ce n'est pas tant ce que vous vivez que plutôt le regard que vous portez sur ce que vous vivez qui est important. N'hésitez pas à aller chercher de l'inspiration, de la morale, des prises de confiance dans tout ce que vous vivez tout le temps. et n'oubliez pas que parfois les prises de conscience les belles choses ou les choses un peu plus moches c'est dans la vie de tous les jours et dans les petites choses de tous les jours donc gardez les yeux et le coeur ouvert sur l'extérieur c'était magnifique merci pour cette petite

  • Speaker #1

    conclusion et pour terminer je voulais te demander si tu voulais refaire un petit tour de où est-ce que on peut te retrouver et aussi de ce que les offres que tu as en ce moment si tu veux en parler un petit peu pour la fin de l'épisode

  • Speaker #0

    on peut me retrouver sur Instagram donc c'est jasmine.toui je pense que Cyril elle le mettra peut-être en présentation on peut me retrouver sur LinkedIn jasmine.toui2 il y a aussi ma newsletter Grosse Rageuse et mon podcast Grosse Rageuse les deux sont très bien merci, qui sont des moyens d'expression et puis actuellement ce que je fais c'est que je propose du consulting à l'heure ou aux deux heures merci pour débloquer des sujets de communication, de marketing et de stratégie pour se visibiliser et vendre ses offres et ses produits. Et puis aussi AirStory, mon petit produit à prix doux, en tout cas pour moi, qui te permet de créer ton histoire de marque et d'apprendre à la décliner sur tes différents canaux de conversion et de visibilité. Voilà ! et bah merci beaucoup en tout cas d'être venu d'avoir discuté sur cette petite pause midi merci à toi j'ai filé déjeuner c'était un plaisir ouais et puis des gros bisous à toutes les personnes qui nous auront écouté tout ce temps parce qu'on a quand même bien parlé si

  • Speaker #1

    cet épisode t'a plu je t'invite à mettre 5 étoiles sur Spotify ou Apple Podcast et à en parler autour de toi aux personnes qui auraient besoin d'entendre ces mots on se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode d'ici là prends bien soin de toi salut salut

  • Speaker #0

    Merci.

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