Speaker #0quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, huit, neuf, dix, huit, neuf, dix, n'était pas quelqu'un pour qui on voulait mourir, mais quelqu'un à qui on souhaitait du bien. La définition était si simple qu'elle confinait à l'absurde. Je n'avais jamais imaginé qu'une vie puisse contenir des sortes d'amour si différentes. Et pourtant. Non, ce n'est pas la première phrase d'un livre, car ceci n'est pas une participation au club de lecture de Choix-Pitre. Il s'agit d'une citation tirée d'un livre qui m'a énormément marquée. Le genre de livre qui continue d'habiter notre tête même après l'avoir refermé. Je ne sais pas si vous voyez ce moment où, après avoir lu les derniers mots, on referme le livre, on le garde dans ses mains et on regarde devant soi. Au hasard, on regarde le paysage qui défile par la fenêtre du train. Le livre est terminé, la logique voudrait qu'on le range et qu'on passe à autre chose. Mais on reste là, sans rien faire, encore imprégné de l'ambiance du livre et de l'histoire qu'il racontait. C'est ça. que ce livre m'a fait ressentir. Aujourd'hui, je vais vous parler du roman Les 30 noms de la nuit de Tsein Joukadar. C'est un roman à deux voix, chaque chapitre donnant la parole à l'une des deux personnes. La première personne est une personne dont on ne connaît pas le nom, puisque son prénom est barré au début de chaque chapitre. Cette personne d'origine syrienne vit dans le New York d'aujourd'hui avec sa grand-mère malade. Yael essaye de trouver sa place dans le monde entre l'incompréhension de la communauté syrienne envers son identité de genre et le racisme subi à l'extérieur de cette communauté. En hommage à sa mère décédée, et elle peint des oiseaux sur les murs de la ville. Le deuxième personnage est Laila. Elle, son nom est bien écrit en haut de chaque chapitre. Une jeune immigrée syrienne arrivée depuis peu à New York, une ou deux générations auparavant. On suit son adaptation dans la ville, si différente du pays où elle a grandi, puis son voyage à travers les Etats-Unis, alors qu'elle rejoint une caravane. Partout où elle passe, elle laisse des petites aquarelles, représentant des oiseaux, toujours des oiseaux. Au début, les deux récits semblent avoir peu en commun, seulement la culture syrienne. Et puis le premier narrateur trouve un carnet dans un immeuble abandonné, un carnet dont s'échappe une aquarelle représentant un oiseau. Comme je le disais au début, c'est un roman qui m'a profondément marquée et qui me fait toujours aussi forte impression à chaque fois que je le relis. L'auteur a vraiment le don de poser une ambiance et de nous emporter. La culture syrienne est très présente car... La grand-mère étant confinée dans leur appartement, il y a de nombreuses scènes de la vie quotidienne, là où la culture transparaît le plus. Le thé, les pâtisseries, les petites habitudes, tout ça contribue à nous imprégner des personnages et de leur histoire. Ici, pas de grand récit d'aventure, pas de monde en danger, seulement des personnes qui essayent de survivre au quotidien, malgré les médicaments trop chers, malgré les mauvais regards sur la peau trop foncée. Le récit entre les deux personnages se fait écho de façon très intelligente. pour montrer les différences et les points communs entre la vie d'alors et la vie de maintenant. On s'attache très fort aux personnages, même ceux dont je n'ai pas parlé ici. Tous sont pleins de complexité, de tendresse et de colère. Non, ce n'est pas incompatible. Je ne saurais pas en dire plus sans en dire trop, donc je vais m'arrêter là. C'était Mielou, à la prochaine ! Je vous rappelle que Choapitre est un podcast du label Podcut, un label qui héberge des podcasts géniaux comme Dr. What, Wouhouhou ! ou encore la réponse D. Rejoignez-nous sur Discord pour discuter avec nous. On est gentils.