- Speaker #0
Bienvenue dans Coalition, le podcast de SportpowHER de qui donne la parole à celles et ceux qui font le business du sport féminin. Je suis Sophie Sauvage et j'accueille deux fois par mois à ce micro des championnes, des entreprises, clubs, institutions pour explorer ensemble l'économie du sport féminin, ses modèles de développement et le chemin pour construire une trajectoire pérenne et ambitieuse pour l'ensemble des acteurs sportifs et économiques. P ur notre tout premier épisode J'accueille Nodjialem Myaro, championne et présidente de la Ligue féminine de handball. Ensemble, nous allons évoquer les progrès, les challenges et le rôle créé des championnes dans le développement de leur sport. Bonne écoute ! Nojie, j'ai dit en deux secondes que tu étais une championne dirigeante. Tu es championne du monde et moi j'ai encore en mémoire la formidable remontada de 2003. On en dira un petit mot à la fin si tu veux bien. Tu es présidente de la Ligue féminine de handball depuis 2013. Et moi, j'ai envie de commencer par une première question. C'est qu'est-ce que tu as découvert en tant que présidente que tu n'avais pas perçu en tant que joueuse ?
- Speaker #1
Bonjour Sophie, ravie de faire ce podcast avec toi. Écoute, pour être très honnête et très transparente, j'ai découvert beaucoup de choses parce que je ne connaissais pas l'envers du décor comme on peut l'imaginer. C'est-à-dire que quand on est sportif de haut niveau, on est consacré énormément à sa pratique sportive. Et c'est vrai que même si on côtoie les dirigeants de club et on connaît l'écosystème de notre club, on n'a pas une connaissance assez fine de ce qui se joue. de l'autre côté du rideau, en dehors de notre 40-20, qui sont les dimensions du terrain de handball. Donc, j'ai découvert pas mal de choses. Je pensais que ce qui se jouait sur le terrain allait se rejouer de l'autre côté. Et en fait, ce n'est pas forcément ça. Il y a quand même une notion de concurrence que l'on retrouve entre les clubs, forcément. C'est bon. mais j'aurais... J'aurais pensé qu'il y avait quelque chose de plus harmonieux, encore plus fort et encore plus ancré. Et qu'on était vraiment dans une co-construction et dans un combat, si tu veux, mutuel. Et en fait, je me suis rendu compte que ce n'était pas forcément une réalité. Et puis après, il y a aussi une autre chose que j'ai découverte. Bon, là, je n'étais pas du tout étonnée, c'est l'engagement des dirigeants. C'est un engagement qui est énorme quand on est président de club et investi. Donc ça, je l'ai aussi découvert. J'ai découvert des modèles économiques qui étaient très hétérogènes et qui ne reflétaient pas forcément une harmonie qu'on pouvait trouver sur la compétition. Donc ça, c'était aussi nouveau. Donc voilà, c'est assez binaire comme découvert. C'est-à-dire qu'il y a eu des choses qui m'ont... énormément plus là. Et après, il y a eu aussi des points qui m'ont assez étonnée, où j'étais assez surprise de voir que ça pouvait... qu'il pouvait avoir des tensions aussi fortes des fois entre les clubs, ou entre la Fédération et les clubs, chose que j'avais moi peut-être un peu naïvement minimisée.
- Speaker #0
Et c'est là qu'intervient la troisième dimension de Nodji. Tu es également psychologue. Donc tu as cette formation qui, dans la gestion justement de conflits, dans la gestion de trajectoires différentes, dans la nécessité de fédérer les uns et les autres, doit certainement être un atout assez formidable pour toi.
- Speaker #1
C'est ce qu'on me renvoie et c'est ce qu'on me dit que j'ai cette capacité d'écoute et de patience. Mais ça génère quand même aussi de la frustration parce qu'il y a des moments où tu as envie d'avancer. Et puis après, tu vois que le côté hétérogène est des fois un peu tellement prégnant que c'est compliqué de faire un. C'est compliqué de faire équipe. Donc, il faut quand même écouter tout le monde et comprendre les enjeux de chacun, chacune, de chaque club. Mais à côté de ça, il faut aussi, à un moment donné, penser à l'intérêt général de notre sport. Et c'est ce que j'essaye de faire. C'est vrai que ce n'est pas facile. Des fois, il y a des victoires et des fois, il y a des frustrations. Mon métier m'a appris à pouvoir bien gérer mes émotions et mes frustrations. C'est pour ça qu'on me renvoie le fait que j'arrive à prendre sur moi. Mais c'est vrai qu'après, la frustration que je peux avoir, c'est de me dire qu'on a un produit qui est tellement beau. et qui peut être tellement sympa que c'est dommage qu'on n'arrive pas à co-construire de manière un peu plus profonde. Mais néanmoins, on a quand même eu des combats communs qui ont été forts. Et le handball féminin est un des sport-co qui a été un peu, on va dire, un peu les pionniers, les pionnières de certaines choses quand même aussi dans le sport. Donc on a cette fierté-là, mais je pense que... Des fois, on a une ambition qui est tellement forte que tu as envie d'aller plus loin. Et à contrario, il y a la nécessité de comprendre que les clubs n'ont pas les mêmes enjeux. Déjà, aussi bien en local que dans la compétition. C'est-à-dire qu'un club qui est haut de tableau, qui va jouer la Champions League, qui va avoir ses joueuses qui seront internationales, n'aura pas les mêmes enjeux, la même dynamique qu'un club qui sera en train de jouer un peu sa survie en bas de tableau. joueuses internationales, où il n'y a pas la Coupe d'Europe, les calendriers ne sont pas les mêmes. Et ceux qui sont en milieu tableau, c'est encore une autre dynamique parce qu'on veut grappiller des points, on veut devenir européen. Il y a aussi tout ça comme enjeu qui se joue et en fait, comment on compose avec ça ? Avec tout ça ?
- Speaker #0
Il y a beaucoup de choses dans ce que tu dis. Le handball a été précurseur. Moi, j'ai en tête la date du 1er juillet 2021, je crois, avec la... la mise en œuvre de la convention collective, qui est un modèle pour beaucoup d'autres sports.
- Speaker #1
C'est beaucoup les clubs, les partenaires sociaux qui ont discuté entre eux, parce que dans les accords collectifs, si tu veux, il y avait l'enjeu aussi du contrat des joueurs et du salaire des joueurs. Donc la Fédération, la LFH, on a été à Garan et on a accompagné tous ces échanges-là. Mais c'est vraiment, si tu veux, ce travail de proximité qui a été fait entre... la JPH, qui est l'association des joueurs, 7 Masters pour les entraîneurs et l'UCPH Athlete Club, qui ont vraiment réussi à trouver ce terrain d'entente.
- Speaker #0
Donc le 1er juillet, ça c'est important. Le hand est devenu professionnel aussi dès 2008 avec la création de cette ligue. Moi j'ai en tête quand même, je pense qu'il faut qu'on en parle, que la ligue féminine de hand, c'est techniquement une commission au sein de la fédération. C'est une commission qui a certaines ressources propres, mais qui s'appuie aussi sur les ressources de la fédération. La fédération de Hand est là aussi un peu une fédération modèle pour la vision égalitaire, qui a été impulsée assez tôt. Est-ce que c'est ça qui a permis, qui a accompagné ou qui a déclenché la performance, ou est-ce que c'est la performance qui a déclenché ? Je pense que c'est un peu les deux, sans doute.
- Speaker #1
Je pense que c'est les deux. Je pense que c'est un peu les deux. Tu l'as bien dit, Sophie, la LFH, en fait, c'est une commission de la fédération. Donc, on est vraiment intégrés dans la fédération. Et d'ailleurs, je suis vice-présidente de la fédération et ma commission, c'est la LFH. D'où la présidence de la LFH. Et à contrario des garçons qui, eux, ont une autonomie et qui sont... liées avec la fédération par une convention. Donc, c'est des dynamiques qui sont très différentes et ça, c'est quelque chose qui est loin d'être négligeable. Parce que, du coup, on peut comprendre aussi des fois des enjeux qui peuvent se jouer et comment la fédération, qui est la maison mère pour la LFH, des fois doit prendre ses responsabilités et recadrer, si tu veux, ou imposer, entre guillemets, certaines conduites ou certaines décisions, certains choix.
- Speaker #0
Tu sais qu'il y a une loi en préparation qui... devrait permettre la constitution de ligues professionnelles féminines sous forme d'entités indépendantes, toujours liées aux fédérations, mais sous forme d'entités indépendantes, avec aussi la possibilité de créer des sociétés commerciales, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Est-ce que c'est une opportunité ?
- Speaker #1
Là, c'est quelque chose qui a fait énormément débat entre la fédération et les clubs. déjà Dès mon arrivée, c'est-à-dire que là maintenant, ça fait plus de dix ans que ce sujet-là est sur la table. Au début, tu vois, j'ai resté assez perplexe. Après, on a fait des réunions, on a vraiment travaillé pour essayer de construire et de co-construire une ligue autonome. Et puis après, finalement, on est revenu à un statu quo. Moi, ce qui m'interpelle, ce qui m'inquiète, c'est l'économie. de manière très claire. Quand on sait que déjà, il y a la gestion du club en lui-même et de son budget, et quand l'histoire de la LFH l'a montré, il y a une fragilité économique qui est bien présente. C'est comment va fonctionner cette Ligue autonome et avec quel budget ? Bien sûr que s'il y avait un budget, la LFH a complètement son mérite d'être autonome à la hauteur des garçons. En plus, ça fait un peu partie de notre ADN. On a toujours milité pour qu'on grimpe, qu'on soit vraiment à égalité, à équité avec les garçons.
- Speaker #0
Je vois ça comme une opportunité de travailler sur le plan économique pour, à un moment, voir si cette émancipation est possible. Et c'est sans doute une construction qui doit être étudiée avec les entreprises qui sont déjà partenaires de la LFH, parce que c'est aussi une étape de croissance. Donc, est-ce que les entreprises qui sont là... ont envie d'accompagner cette croissance et qui va dans un sens aussi de plus d'égalité. Avoir la possibilité de créer une ligue professionnelle féminine, ce serait une nouveauté, c'est quelque chose qui aujourd'hui n'est pas possible.
- Speaker #1
Aujourd'hui, ce n'est pas possible parce que il faudrait un accord de la part de tous les clubs pour se dire on y va. Tu sais, la LNH l'a fait à partir du moment où ils ont eu les droits télé. C'est les droits télé, c'est la... cet argent de ce budget qui pouvait leur permettre de sortir du giron fédéral, qui leur a permis cette émancipation. Nous, aujourd'hui, on n'a pas de droit télé, on a des partenaires, mais ce n'est pas un montant qui permettrait de faire fonctionner la Ligue. Donc, si c'était le cas, je pense qu'il y aurait une autonomie qui aurait été faite depuis un certain temps. Aujourd'hui, les partenariats que l'on a ne nous permettent pas de se dire qu'on a un budget pour fonctionner. Et comme tu l'as dit en introduction, On est une commission. J'ai trois salariés qui sont directement reliés à la LFH avec des alternants. Et après, il y a un gros travail, un énorme travail transversal avec les salariés fédéraux. Donc, comment je fonctionne ? Comment on fonctionne en termes de budget, ne serait-ce que RH, si on devait sortir ? Aujourd'hui, on n'a pas trouvé ce chemin.
- Speaker #0
La priorité aujourd'hui, c'est sans doute d'arriver à une stabilisation du modèle économique des clubs. Et là, il y a une grande diversité entre ceux qui ont de grandes ambitions, mais ceux aussi qui travaillent leur modèle économique de manière plus structurée que d'autres. Je sais, je vois, et ce n'est pas que dans le hand pour le coup, il y a des difficultés économiques dans le sport féminin et l'essentiel aujourd'hui, et je crois que l'enjeu... Et c'est la raison d'être de SportpowHER. La raison d'être de SportpowHER, c'est de faire comprendre à tous les dirigeants d'entreprise que le sport féminin est un formidable terrain d'engagement, porteur de valeur, porteur de croissance et porteur d'impact.
- Speaker #1
C'est un investissement et c'est un engagement d'aller dans le sport féminin. Je te rejoins complètement. Et tu vois, moi, un des rapports d'étonnement que j'ai eus, c'est que je ne… Je n'ai pas compris, je n'ai jamais compris, et je pense que je ne comprendrai pas, comment ça se fait qu'il y ait si peu de partenaires, de sponsors qui veuillent s'engager à la hauteur des fois de ce qu'ils s'engagent avec d'autres sports masculins. J'ai du mal à comprendre ce qui se joue, qu'est-ce qui fait que... À chaque fois, tu vois, quand il y en a eu, j'en ai fait des réunions avec... des éventuels partenaires et tout, c'est super, on est super intéressés, oui, vous véhiculez de belles valeurs, mais par contre, quand il faut passer, prendre le stylo dans la main et signer le partenariat, ça ne se concrétise pas. Et j'ai du mal à comprendre ce qui fait que, bien sûr, il y a un produit à vendre, bien sûr, on pourrait le perfectionner, ce produit, bien sûr, on a comme mission de structurer, de faire en sorte d'être harmonieux. On le travaille, mais ça, on peut le travailler que si on est accompagné, aidé. Et je trouve dommage que les partenaires ne s'engagent pas, parce que je trouve que pour une entreprise, ça serait vraiment porteur de quelque chose de très grand et de très fort, de se dire, allez, on y va, on va accompagner ces femmes qui s'entraînent autant que des hommes, ces femmes qui véhiculent de belles valeurs, ces femmes qui ont plusieurs choses dans leur vie à gérer. Et en plus de ça, j'ai entendu, ne serait-ce que la semaine dernière, que les entreprises s'engageaient plus avec, tu sais, le côté RSE. et qui avaient des attentes très fortes vis-à-vis des fédérations de vraiment s'engager là-dessus. Donc, allons-y, quoi. Allons-y. Et je pense que si on arrive à être bien accompagnés et qu'on a une entreprise, des partenaires qui s'engagent... Beaucoup de choses peuvent changer.
- Speaker #0
Moi, je suis convaincue que ça va arriver. Je crois que la raison pour laquelle ce n'est pas le cas encore aujourd'hui, c'est sans doute le manque de structuration autonome. Et le message finalement du sport féminin, il est souvent dilué et il n'est pas priorisé. Et du coup, il n'est pas vraiment perceptible. On le voit un peu comme l'à côté. Alors, dans le monde, les clubs ne sont pas les mêmes que les clubs masculins, pour l'essentiel. Ce sont des clubs différents, mais dans les sports dans lesquels c'est commun, il y a souvent un petit peu cette marginalisation. Et puis après, il y a un sujet, à mon avis, et je reviens à la structuration des ligues, en fait, le fait d'avoir décidé que les ligues professionnelles seraient d'abord masculines, c'est ce qui s'est fait. mais historiquement, ça crée un environnement plus favorable à l'investissement. Là où, finalement, une commission avec peu de ressources, ça ne passe pas la dynamique, ça ne passe pas le message de business, d'engagement, d'investissement. Et donc, après, il faut avoir certains dirigeants qui vont se dire « Non, mais moi, j'y crois à fond, je veux y aller et je peux construire un modèle économique qui va fonctionner. » Donc, il y en a. Il y a des exemples dans la Ligue qui fonctionnent très bien. Mais la structure de Ligue passe un message plus favorable aux investisseurs, là où la structure de commission fait plus dans le marginal. On développe aussi le sport féminin, mais finalement on ne s'adresse quasiment pas aux mêmes personnes. Et puis on a aussi une forte dépendance aux collectivités. sur un modèle économique qui n'est pas très engageant. Et du coup, les entreprises aussi regardent ça avec un œil. Ça serait bien d'aider un peu plutôt que sur un œil. Mais oui, c'est un formidable terrain d'engagement. En plus, c'est un sport qui gagne. C'est un sport avec des championnes fantastiques. On a les meilleures joueuses du monde qui jouent dans le championnat. On a des clubs qui prétendent à la victoire en Ligue des Champions.
- Speaker #1
Mais tu as raison. Parce qu'au tout départ, on se disait que c'était les résultats sportifs qui nous manquaient. Par rapport aux garçons qui avaient déjà eu pas mal de résultats, même ne serait-ce que les équipes de France. Et après, quand ma génération et les générations qui ont suivi ont gagné des titres et se sont stabilisés sur le haut du podium, bien sûr, il y a eu des partenaires, plus de partenaires. pour les équipes de France. Et en plus de ça, on avait quand même une volonté fédérale de se dire que le partenaire qui va investir chez les garçons va investir autant chez les filles. Et ça, ça a été quelque chose de très marqué. Néanmoins, quand on regarde les courbes de la performance sportive et de la performance économique avec les partenaires, ce n'est pas la même. Ça veut bien dire qu'il y a autre chose qui se joue. Et c'est là où je te rejoins. pas gagnons des matchs, gagnons des titres et les partenaires vont venir. Il y a d'autres messages. Par contre, je suis convaincue que c'est un parcours, qu'on a bien avancé, qu'on peut être frustré à se dire qu'on n'avance pas aussi vite qu'on le souhaiterait, mais que quand je vois ma génération et que je vois la génération aujourd'hui, il y a quand même, si tu veux, en termes de médiatisation, des matchs qui peuvent être vus à la télé de manière beaucoup plus régulière que ce qui en était avant. des partenaires qui se fidélisent. L'accord Dihane, les accords sectoriels, ce n'était même pas envisageable avant. La maternité qui s'installe, là on a trois joueuses, deux qui sont des jeunes mamans et une qui est enceinte. Il peut y avoir des joueuses internationales mamans, des joueuses en championnat qui peuvent avoir cette liberté de cheminer aussi bien dans leur vie de femme que dans leur vie de sportive. Donc on avance. C'est un cheminement. On y est. On est dedans. Là où j'ai quand même une bonne satisfaction, c'est qu'on a entreouvert une porte au niveau du handball féminin. Et je trouve qu'il y a d'autres sports qui ont bien poussé cette porte-là. Avec Butagaz, on a eu le premier naming. Et puis après, le foot est rapidement arrêté avec Arkema. Et je pense qu'il faut qu'on le regarde d'un œil, en mode sororité, et se dire que tout ce qu'on va faire, ça va aider les autres sports, et qu'il faut y aller. Là, je dérive un peu, mais quand tu vois sur le Tour de France tout ce qui a pu se faire en termes de visibilité, et comment les sportives sont un peu plus professionnelles aujourd'hui, on avance.
- Speaker #0
Moi, je suis totalement convaincue de ce que tu dis. C'est pour ça qu'on a appelé notre podcast « Coalition » . C'est parce que ça se fait ensemble, ça ne se fait pas tout seul. Et c'est un vrai mouvement aussi qui doit se construire. Il y a des progrès. C'est un peu lent, mais c'est inéluctable, en fait. Donc, il y a des progrès, il y a toujours des difficultés, il y a toujours des clubs qui ne passent pas le cap. en fin de saison, qui sont en difficulté financière. Donc ça, c'est les challenges. Mais il y a des progrès. J'ai une question un peu différente. Quelle peut être la place des championnes dans la prise de pouvoir du sport féminin ? Moi, je sais que la parole des championnes est très puissante. Et je ressens aussi qu'elle n'est pas suffisamment développée et qu'elle n'a pas suffisamment de place.
- Speaker #1
Oui, leur place, elle est essentielle. Moi, je trouve que leur place, elle est essentielle. Alors là où je suis assez rassurée, je me dis qu'on avance, c'est que je suis en lien avec des enseignes internationales qui veulent s'engager. Tu sais, avant, quand on était joueuses, derrière, on ne... Très peu ou rare étaient celles qui allaient partir dans la continuité du handball et se dire « je vais devenir entraîneuse, je vais devenir dirigeante, présidente ou salariée d'un club » ou autre. Aujourd'hui, ce n'est plus du tout la même chose. Tu as des joueuses qui parlent, qui revendiquent des choses. Tu vois, le calendrier qui est quelque chose qui les impacte énormément par exemple, elles vont parler de la charge des entraînements et elles vont pouvoir le dire. Donc moi, je trouve que ça avance et elles ont un rôle qui est crucial parce qu'en plus, c'est elles notre vitrine. Elles sont vraiment notre vitrine. Et moi, je sais que j'ai invité celle qui était tout récemment à la retraite à vraiment venir s'investir et être à mes côtés parce que j'ai besoin d'elles, très clairement. Parce que moi, ça y est, je suis presque vintage, on va dire. Les jeunes générations, ils vont se dire, OK, Président de la Ligue, mais il faut leur dire, elle a été championne du monde, tu vois. Donc, ce n'est pas moi qu'elles veulent voir. Avant, c'était des Cléopâtre Darleux. Maintenant, c'est des Méline Nocandy et Hatadou Sako. Tu vois ça, c'est elles qui vont pouvoir avoir cette parole-là. C'est elles qu'il faut qu'on arrive à voir à côté des partenaires, tu vois, pour vraiment véhiculer certaines choses. C'est leur image et c'est ce qu'elles veulent. faire passer aussi comme message en tant que sportive, en tant que femme, qu'il faut qu'on arrive à capitaliser là-dessus. Donc, pour moi, c'est essentiel qu'il y ait cette place qui soit prise par les joueuses, qu'elles soient fraîchement retraitées ou qu'elles soient encore en activité. Et surtout, si elles sont encore en activité, de parler, de s'imposer, de revendiquer, de dire. Tu vois, j'ai encore l'image du Cléopâtre quand il y a eu, tu sais, Messi qui avait signé à... au PSG et que les filles avaient été sacrées et qu'elles n'ont pas fait la une de l'équipe.
- Speaker #0
J'ai noté la date parce que ça fait partie des matins où j'ai été le plus énervée dans ma vie.
- Speaker #1
Moi, c'est marrant parce que cette une, moi aussi, elle m'est restée. Il y a eu deux profils, tu sais, avec l'avion et puis après, la disproportion, si tu veux, des informations. Et le coup de gueule de Cléopâtre, il a été utile. parce que ça a été entendu, ça a été relayé, et je pense que c'est elles qui doivent avoir encore plus la parole. Donc oui, bien sûr qu'il faut qu'elles s'investissent, il faut qu'elles s'engagent. Moi, je vois qu'il y a quand même de beaux progrès qui ont été faits par rapport à ça, quand même, tu vois, sur la conscience de l'impact qu'elles ont sur beaucoup de choses. Et aussi bien, tu vois, ne serait-ce que sur les licenciés, on veut faire venir des licenciés. Tu sais, avec la LFH, on a au début la visibilité, en tout cas la médiatisation, elle ne se faisait que par rapport à la compétition. C'est-à-dire qu'on arrivait, on diffusait le match et on repartait. Et on a décidé de faire ce hashtag inspirante, justement parce que les joies sont inspirantes, c'est notre source d'inspiration. Après, on peut aller le dupliquer sur la vie d'un club et d'autres personnes, toutes les personnes qui travaillent dans un club. Mais quand on a fait le inspirante, c'était vraiment se dire qu'est-ce qui se passe dans leur semaine, par exemple, parler d'elles autrement, les découvrir. Il y avait vraiment cette mise en avant et cette volonté de leur donner la parole pour qu'elles puissent s'exprimer.
- Speaker #0
Et puis, finalement, le public du sport féminin en France, il est assez peu touché par les médias existants et il est assez largement sur les réseaux sociaux. Et c'est important de lui parler, en fait. C'est important de le faire adhérer et de lui apporter des contenus qui l'intéressent. On sait très bien que les fans de sport féminin suivent les championnes avant de suivre les clubs. et qu'ils ont ce lien très authentique avec elles. Et donc, ça se construit là-dessus. Et plus ça va se développer, plus les marques et les entreprises vont comprendre, vont percevoir la valeur. Donc, le hashtag inspirante, il fait vraiment, vraiment beaucoup de sens. Et moi, je me demandais si toi, en tant que présidente, tu dis que tu parles aux différentes championnes qui viennent de s'arrêter. ou qui sont encore en activité, est-ce que tu envisages de créer un conseil de championne autour de toi pour t'aider et aussi pour les aider, elles, à se former sur la thématique de dirigeante et de présidente ?
- Speaker #1
Oui, alors après, au niveau fédéral, il y a eu cette notion d'ambassadrice qui a été faite. Et après, c'est vrai que depuis quelques années, dès qu'il y a la possibilité d'avoir une ancienne joueuse ou une joueuse... Alors, souvent, c'est ancienne joueuse. Pourquoi ? Comme ça, ça lui permet de s'investir vraiment pleinement. Ou même quand elle était en activité, tu vois, qui travaille dans les différents groupes que l'on a. Le groupe calendrier, tu vois, il y a Blandine Dancette qui travaille là-dedans. Là, maintenant, on a tout ce qui va être au niveau de la santé et des commotions cérébrales. Et bien, Cléopâtre, elle est investie dedans et elle veut vraiment... prendre à bras le corps ce sujet-là. D'une autre façon, mais sans lien direct, si Rabat Dembele, qui est agent, il y a tout ce travail qui est fait aussi, ou en tout cas ces échanges que l'on peut avoir. Donc oui, c'est assez informel aujourd'hui. Il n'y a pas physiquement une entité qui dit que c'est les anciennes joueuses qui se regroupent, mais moi je pense que c'est quelque chose qui peut être intéressant à faire, et je pense que ça peut même être intéressant. à le faire de manière inter-sport. C'est-à-dire que je ne le cantonnerai pas qu'au côté famille du handball. Je pense que la réflexion, comme la dynamique que tu crées avec SportpowHER, pendant le Covid, on avait eu énormément de réunions entre les différents sports. Il y avait basket, volley, rugby, foot. On avait créé une forme d'union, de collectif où on réfléchissait ensemble. Et je trouve que ça, ça nous manque aussi de faire union, de faire corps, de pouvoir réfléchir ensemble sur des problématiques qui sont fortes et pour justement faire avancer un peu plus ces choses. Donc je pense qu'à terme, oui, il y aura sans doute une formalisation de ce petit groupe-là d'anciennes joueuses qui se fait. Moi, je sais que cette année... Je mets un point d'honneur à être encore plus en contact direct avec les capitaines de chaque club, pour vraiment avoir le retour. Au-delà, il y a tout ce qui va se faire avec les partenaires sociaux, avec la JPH qui accompagne les joueuses. Mais je pense qu'il faut aussi qu'il y ait d'autres passerelles qui permettent de réfléchir ensemble.
- Speaker #0
J'espère que nous, on pourra y contribuer. On arrive presque à la fin de notre temps d'échange. Et j'ai trois petites questions pour toi. Donc, je t'ai dit que je voulais revenir sur le moment de sport féminin. Alors moi, mon moment de ton sport féminin, c'est la remontada de 2003. Déjà, il y avait eu quatre ans avant. Donc, il y avait eu 99, c'était pas loin. Mais 2003, quand tu es à sept buts à sept minutes de la fin et que tu gagnes en prolongation.
- Speaker #1
Alors bien sûr, 2003, ça va rester ancré et c'est à vie. Mais 1999 m'a plus impactée de manière plus profonde et intime, je ne sais pas comment l'expliquer, que 2003.
- Speaker #0
Alors, sans doute qu'il y a, parce que c'était le premier podium, tu vois, tout était nouveau. Cette équipe, elle était jeune, elle était en train de se construire. Elle sortait d'un mondial où on avait fini dixième. Olivier, c'était notre entraîneur quand on était en équipe de France jeune, tu vois. Il venait d'arriver. Il y a une alchimie qui s'est passée à ce moment-là, qui était juste formidable. Et puis après, moi, je pense que j'ai eu aussi le sentiment d'avoir... plus apporté à l'équipe de France en 1999 qu'en 2003. Donc du coup, c'est le truc qui m'a plus marqué. 2003, ça reste juste un moment magique parce que le scénario était vraiment à notre défaveur et tu te rends compte en fait que la force du collectif, c'est-à-dire qu'une Myriam Borg-Korfanty qui rentre à un moment où elle n'aurait pas dû rentrer, mais c'est parce qu'Isabelle Wendling a pris carton rouge et que là, elle nous fait un match de fou. Valérie, Nicolas, qui avaient mal commencé son match et qui ferment la boutique comme il faut. Tu vois, tu te dis, chacune a joué la partition, et après, à un moment donné, il y a quelque chose qui s'est aligné. Et après, de l'autre côté, tu vois la peur dans le... Tu sais, voir la peur dans le visage de l'adversaire, c'est un truc assez particulier et unique. Tu vois la peur, tu vois le doute. Tu vois que ça bascule. À un moment donné, il y a un truc qui bascule. Et là, tu nous vois, nous, prendre vraiment de la... une confiance. Donc, c'était juste un truc extraordinaire. Après, dans les histoires de sport féminin, il y a Sydney qui m'a marquée, si tu veux. C'est Freeman avec tout ce côté symbolique qu'il y a eu. Et à côté de ça, il y avait la période avec Pérec. Donc, je trouvais que c'était assez schizophrénique, tu vois, de se dire, Pérec, notre star qui ne va pas bien. Et puis après, Freeman, qui est vraiment le symbole de... des aborigènes. Voilà. C'était beau.
- Speaker #1
Il y avait des céréales qui étaient fortes. Nodji, le 26 novembre, c'est le début des championnats du monde féminin. Et la France a toujours des grandes ambitions pour ces compétitions. A ton avis, quelles sont nos chances, quelles sont nos ambitions ? Et surtout, est-ce que tu penses que cet événement qui se déroule dans les pays nordiques Merci. va à nouveau donner un coup de projecteur sur le handball ? Est-ce qu'il peut être favorable au développement de la Ligue ou est-ce que c'est complètement indépendant ?
- Speaker #0
Je pense que c'est bien que ce soit dans les pays nordiques parce qu'ils savent accueillir et ils savent vraiment... Le handball dans les pays nordiques, ça reste très emblématique. Je pense que ce qui va être super, c'est le monde qu'on va pouvoir avoir dans les salles et cette ambiance particulière parce que les Scandinaves se déplacent. Les Allemands se déplacent, tu vois, donc ça, c'est une très bonne chose. Comment je vois cette compétition ? Il y a quand même Chloé et Laura qui sont devenues de jeunes mamans, Estelle qui est enceinte, donc trois joueuses emblématiques qui seront absentes. Mais moi, j'aime bien dire que l'être humain n'aime pas trop le vide. J'ai assez hâte parce que cette équipe de France, elle est en reconstruction, elle est ambitieuse. avec des jeunes talents, des filles qui, en championnat LFH ou étranger, performent très, très bien. Des fois, certaines sont un peu timides en équipe de France. Donc là, maintenant qu'il y a certains leaders qui ne sont pas là, j'ai hâte de voir un peu les comportements, les attitudes et comment ça va se jouer. Donc, un peu de suspense quand même.
- Speaker #1
Tu penses que ça... que... Une compétition comme ça, ça met un peu de lumière aussi sur le championnat après, où il faut vraiment gagner pour qu'il se passe quelque chose.
- Speaker #0
Non, tu sais, nous après, on le relaie un maximum aussi. Donc, on essaye vraiment de faire vivre après les joueuses qui sont à l'FH et puis après vraiment supporter l'équipe de France et tout. Donc non, je pense que derrière, on le voit à chaque fois. Derrière, il y a quand même... C'est sûr que quand tu reviens avec un titre, dans les salles, il y a un engouement qui se fait, qui reste extraordinaire. Mais je pense que même si je leur souhaite un podium, bien évidemment, je leur souhaite le titre. Mais même s'il n'y a pas, je pense que ça restera quand même une compétition où on parlera de handball féminin. Et c'est aussi comment on va en parler qui sera important.
- Speaker #1
Tout à fait. Et puis ça sera diffusé sur TF1, les chaînes du groupe TF. Oui,
- Speaker #0
TMC, TFX, les trois premiers matchs là. Et puis après, en fonction de la suite de la compétition, il y aura les deux matchs, en tout cas sur soit demi-finale et finale, qui vont s'enchaîner. Et j'espère que si elles vont en finale, j'espère qu'on sera sur TF1 et que ce sera une heure de grande écoute pour pouvoir montrer du handball féminin à un maximum de public possible, parce que c'est ça aussi.
- Speaker #1
et pour finir qu'est-ce que ça veut dire pour toi coalition ?
- Speaker #0
coalition j'ai envie de dire que pour moi le synonyme ça va être unité j'ai envie de le mettre sous le nom d'unité mais unité secrète, je sais pas tu vois il y a quelque chose un peu d'un travail souterrain qui, comme ça, de manière assez abrupte, d'un travail souterrain puissant qui va se faire ensemble et qui va faire émerger quelque chose de très fort. Voilà comment je le perçois, mais il y a un côté un peu invisible. Il y a un côté un peu discret.
- Speaker #1
Il y a un gros travail.
- Speaker #0
Oui, un gros travail, un côté laborieux. Il y a un côté discret mais puissant. Je le perçois comme ça, ce terme-là. Mais aussi puissant dans le côté aimanté. Ça avance, mais ça va faire sortir quelque chose qui aujourd'hui n'est pas visible, mais qui le sera bientôt. Moi, j'ai la tête dans le guidon. J'ai la tête dans le guidon et c'est bien aussi d'être... d'avoir ce travail vraiment de coalition. Tu vois, c'est vraiment ce travail-là qui est fait avec toute l'expertise que tu as également. Et je pense que c'est bien aussi de pouvoir ne serait-ce que donner la parole. Tu vois, de donner la parole et essayer de comprendre vraiment ce qui se joue. Et si on pouvait donner envie aux gens de s'investir, d'être à nos côtés.
- Speaker #1
en s'alliant, en parlant, en faisant émerger un discours différent et un discours de conviction, on va pouvoir absolument convaincre les entreprises que le sport féminin est un terrain d'engagement formidable qui combine croissance, authenticité, des valeurs fortes et puis de l'impact. Nodji, merci beaucoup. Merci vraiment de ta confiance, d'avoir accepté de... d'être notre première invitée pour ce podcast. Moi, ça m'a passionnée et j'espère que ça aura passionné tous nos auditeurs. Merci. C'était Coalition, le podcast de SportpowHER. Merci de nous avoir écoutés. Et pour suivre toute l'actualité business du sport féminin, abonnez-vous à notre page LinkedIn et à notre newsletter sur le site sportpowher.com et surtout, rejoignez-nous dans la coalition.