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Code'Cast - Parlons droit !

#22 Code'Cast : Comment est né le spectacle satirique des Rachimbourgs à Aix ?

#22 Code'Cast : Comment est né le spectacle satirique des Rachimbourgs à Aix ?

14min |27/02/2025
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#22 Code'Cast : Comment est né le spectacle satirique des Rachimbourgs à Aix ?

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14min |27/02/2025
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Description

Chaque année, le spectacle des Rachimbourgs anime la Faculté de droit d’Aix-en-Provence, mêlant satire et héritage historique. Mais d’où vient cette tradition ? Quels en sont les enjeux, et comment les étudiants s’approprient-ils cet événement qui interroge les limites de la liberté d’expression ?

Pour en parler, nous avons le plaisir d’accueillir Julien Broch, maître de conférences HDR en Histoire du droit et des institutions, Philippe Mouron professeur de droit privé et parrain de l’édition 2025, ainsi que deux représentants du Bureau des Étudiants, Florian Richard et Amendine Greco, qui nous dévoilent les les coulisses du spectacle.


Rendez-vous en avril 2025 pour assister à la prochaine édition de ce spectacle incontournable !



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Codcast, podcast juridique de la Faculté de droit et de sciences politiques d'Aix-Marseille Université. Bonjour à toutes et à tous, Code'cast revient avec un épisode consacré à une tradition emblématique de la Faculté de droit. D'Aix-en-Provence, le spectacle des Rachimbours. Ce spectacle unique mêle humour et droit. Ce rendez-vous annuel développe chez les étudiants des compétences essentielles, créativité, éloquence, en renforçant l'identité de l'esprit de la faculté.

  • Speaker #1

    Afin de faire un point historique sur les Rachimbours, nous avons le plaisir de recevoir Julien Broch, maître de conférence ASJDR en histoire du droit et des institutions, et responsable de la double licence droit à l'être. Bonjour.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Alors ma première question ce serait... Comment et dans quel contexte est née la tradition du spectacle des Rachembourg à la faculté de droit d'Alsace-en-Provence ? Et en quoi elle peut être reliée aux Rachembourg du haut Moyen-Âge qui ont influencé l'histoire du droit ?

  • Speaker #2

    Eh bien en fait, à Aix, les étudiants en droit ont toujours fait preuve d'inventivité dans le domaine des divertissements. Déjà au XIXe siècle, on signale de nombreux jeux, des serpentaux, pour déclarer sa flamme à son élu. des charivari lorsqu'il y avait des veufs ou des veuves qui se remariaient, des batailles rangées dans les théâtres, jets de farine, blagues en tous genres... Mais en 1831 va renaître une tradition d'Ancien Régime qui était la fête Dieu et au cours de cette tradition il y avait tout un carnaval à Aix-en-Provence organisé par des étudiants en droit avec un roi de la basoche, c'est-à-dire un roi des professions juridiques, un étudiant, avec un chat immense fleuri distribuant bouquets de fleurs jusqu'à 700 dans la ville à toutes les dames. On paradait depuis les anciens locaux de la faculté de droit, rue de Saporta, jusqu'au cours qui deviendra le cours Mirabeau. La particularité de cette journée, c'est qu'on inversait les rôles, les hiérarchies étaient bouleversées, les étudiants prenaient le pouvoir dans la ville, les bâtonniers, le maire, le sous-préfet, les magistrats participaient, on organisait des tournois de chevalerie comme au temps du roi René, etc. Tout ça, ça se baladait gaiement à Aix-en-Provence. Cette tradition ne s'est pas maintenue. pour des raisons politiques et religieuses, ça rappelait trop l'Ancien Régime, ça rappelait trop les fêtes religieuses. Et donc on y a mis un terme, et tout ça est réapparu spontanément, un jour de chahut, dans les années 1930. L'occasion s'est manifestée à ce moment-là de rétablir cette ancienne fête à Aix.

  • Speaker #1

    Merci. Quel rôle le professeur Auguste Dumas et son cours d'histoire du droit ont-ils joué dans l'émergence de cette tradition ?

  • Speaker #2

    Alors en fait, Auguste Dumas est l'introducteur involontaire des Rachimbours. Il se trouve que Dumas est un grand savant. qui est né à Aix-en-Provence, qui était connu, qui avait une vraie réputation scientifique en tant que spécialiste du haut Moyen-Âge, donc quelqu'un de très savant, très sérieux. Il se trouve qu'on se précipitait pour assister à ses cours, mais hélas, pas à cause de leur teneur scientifique, mais simplement parce qu'il avait un défaut d'élocution, essentiellement au moment de prononcer le mot fatidique « Rachimbourg » . Ce mot-là, il devait le prononcer chaque année lors du cours d'histoire des institutions publiques. Et donc les étudiants avaient attendu avec une grande... grande impatience ce moment-là pour débouler en amphithéâtre, car il prononçait ce mot « rar » « vabour » et donc voilà, c'était l'hilarité totale et les étudiants lançaient le top départ d'une série de festivités dans la ville, on sortait du cadre de la faculté, on allait défiler, déambuler et puis on se rendait sur la place du palais de justice de... devant la statue de Portalis, pour en quelque sorte baptiser la nouvelle promotion. Donc c'est un événement festif. Et puis à l'occasion de cela, on allait au théâtre, dans un amphithéâtre ou dans un autre lieu public, pour passer en revue les professeurs, qui devaient assister bien sagement, parfois sous des jets de farine, aux distributions de roses et d'épines les concernant.

  • Speaker #1

    Quels souvenirs marquants ou anecdotes des spectacles passés ont contribué à façonner cette tradition ?

  • Speaker #2

    Alors il y en a beaucoup, parce qu'il y a quelques constantes dans le spectacle, mais en même temps on a des vrais talents, des talents d'imitateurs. On pense au professeur Donorio qui imitait De Gaulle, au temps de Charles de Bache. On pense à de bons jeux de mots au moment du déclenchement. justement du procès Vasarely. Quelqu'un avait lancé la pique suivante. Il faut savoir que Charles de Bache avait beaucoup d'humour. Noël chez le galop, le juge d'instruction qui l'a fait incarcérer. Pâques au Togo. Allusion donc à la fuite. du pays de notre ancien doyen. Il y a eu des moments très marquants également quand des étudiants ont déclaré leur flamme aux enseignants parce qu'on pense au pic, s'agissant des Rachimbourg, au sketch, aux moqueries, aux pastiches. Mais je me rappelle d'une chanson, paraphrase en bas, l'avoine, dédiée je crois à Alexis Bugada.

  • Speaker #1

    Existe-t-il d'autres traditions universitaires comparables en France ?

  • Speaker #2

    Alors il faut savoir que les Aixois ont une longueur d'avance sur toutes les autres facultés de France, parce qu'ailleurs il ne s'est maintenu qu'un exercice, c'est celui du défilé, le monome. Le monome c'est littéralement une seule tête, on suit celui qui est devant. Cette tradition s'est bien maintenue en France, dans les grandes écoles, parfois dans les lycées, des établissements du secondaire, dans quelques facultés. Je crois que l'université de Cambas Normandie a relancé ça depuis les années 2000-2010. Mais ça reste le défilé, un spectacle éventuellement et des déguisements.

  • Speaker #1

    Je vous remercie pour votre réponse. C'était un plaisir de vous accueillir, M. Julien Broch.

  • Speaker #0

    Désormais, nous allons passer à la deuxième partie de l'épisode. Deux étudiants du Bureau des étudiants vont répondre à nos questions sur l'organisation de cette édition, M. Florian Richard et Mme Amandine Gréco. Pour débuter, première question, comment l'étudiant s'organise-t-il pour monter un tel événement et quels sont les rôles principaux ? dans la production.

  • Speaker #3

    Bien, bonjour à vous, merci encore pour l'invitation. Alors, le spectacle des Rachimbourg est un spectacle qui est organisé par le Bureau des étudiants. La principale force de ce spectacle, c'est qu'on utilise les membres du BDE sous couvert du volontariat pour former un spectacle d'environ une heure et demie. Toutes les semaines, tout le BDE qui est d'accord se réunit pour actuer des réunions. Tout d'abord, on a une réunion d'écriture. Pendant une, deux ou trois semaines, on commence par... écrire le spectacle, puis ensuite on revoit les textes et ensuite on peut jouer le spectacle afin de voir si tout ce que l'on a écrit rend bien à la caméra et en vrai.

  • Speaker #0

    Et donc le but c'est, si j'ai bien compris, également de se moquer un peu des professeurs et des membres de l'administration. Comment vous trouvez vos inspirations ? Par exemple, comme toi, ceux qui arrivent en première année de droit, comment ils connaissent un peu les professeurs à l'avance ?

  • Speaker #4

    C'est lorsqu'on va en CM, la plupart du temps les professeurs vont aussi nous parler un peu de leur vie. Donc on va avoir des petits hic qui vont nous dire, ah ça, ça serait bien pour les rachimbours, pour les spectacles et tout. D'autres personnes qui sont volontaires de participer pour les rachimbours, ne sont pas forcément en licence 1, sont aussi en licence 2, 3 ou même des fois en master, qui ont eu l'habitude de côtoyer des professeurs de la faculté. Et même dans le corps administratif, on ne se moque pas aussi des professeurs, on se moque aussi des élèves. et on peut voir dans l'enceinte de la fac tous les clichés qu'il peut y avoir.

  • Speaker #0

    Quel défi logistique et financier le BDE rencontre-t-il pour maintenir cette tradition ? Parce qu'il faut quand même pas mal de participants volontaires.

  • Speaker #3

    Alors concernant la logistique, c'est vrai que c'est le point qui est le plus important dans l'élaboration du spectacle. Comme c'est basé sur le volontariat, c'est vraiment important de pousser nos membres, déjà dans un premier temps de les faire rejoindre le BDE. et dans un second temps de les pousser à participer à cet événement qui est long de par l'écriture, etc. Et en termes logistiques, financiers, c'est vrai que c'est quand même un coup. Le spectacle dure une soirée, mais en vérité, c'est tout au long de l'année qu'on va devoir aller chercher des subventions, etc. Donc c'est un travail d'organisation, si je devrais résumer ça.

  • Speaker #0

    Et avec quel professeur vous devez discuter justement pour organiser ?

  • Speaker #4

    En termes de financement, on ne va pas vraiment s'adresser à des professeurs, mais plus à des... pas forcément des associations non plus, mais on va avoir un conseil qui va passer, où on va demander aux courses de subvenir à certains coûts, à la faculté également, qui vont pouvoir nous aider à organiser, d'avoir des micros, des lumières et tout. Pour les textes, pour que tout ce qui se passe bien, on demande à nos parrains et à nos marraines de revenir par derrière pour savoir si... certains mots, certaines phrases ne sont pas trop borderline et qu'on n'aille pas dans les excès.

  • Speaker #0

    Donc tout ce que vous dites pendant le spectacle c'est écrit ou des fois il y a un peu une part d'improvisation pendant le spectacle ?

  • Speaker #4

    La plupart du temps on écrit, on a nos textes qu'on écrit. Après forcément on n'est pas des acteurs donc on aura forcément des trous, donc il y aura forcément de l'improvisation. Mais voilà.

  • Speaker #0

    Selon vous comment cette tradition elle pourrait évoluer dans les prochaines années ? Florian par exemple ?

  • Speaker #3

    Alors... C'est compliqué à dire parce que les Rachembourg, c'est un spectacle qui est là depuis énormément d'années. Donc il y a une envie de la part du bureau des étudiants de garder cette tradition. Et allier la tradition avec la modernité, c'est parfois très compliqué. Évidemment que le numérique va forcément jouer un rôle majeur dans les prochaines années afin de pouvoir innover pour le spectacle.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tout le monde peut participer, un étudiant qui aurait envie de jouer aux Rachembourg ? Ou faut-il forcément... partie du BDE ?

  • Speaker #3

    Alors, pour jouer au Rachembourg, oui, il est important, il est obligatoire de rejoindre le BDE, mais ça n'impose rien à l'étudiant de rejoindre le BDE, donc on peut dire que, oui, c'est... n'importe qui on va dire peut jouer au rachembourg et le spectacle est aussi en accès libre à n'importe quel étudiant ou professeur ok d'accord merci à vous je crois qu'on en a fini pour les questions d'organisation monsieur mouron est ce que pourquoi

  • Speaker #0

    vous aviez décidé d'être le parrain de cette édition pourquoi ce spectacle vous tient à coeur alors bonjour je commencerai par dire que je n'ai pas

  • Speaker #5

    Choisi à proprement parler, j'ai répondu à une proposition qui m'a été faite par les étudiants du BDE et que j'ai très volontiers accepté. Je suis même honoré, je dois le dire, honoré d'être le parrain de cette belle tradition pour cette année. Alors, ce qui me motive évidemment, c'est de participer d'une certaine manière à un événement phare de la faculté de droit et de sciences politiques d'Aix-Marseille. Un événement phare parce que... C'est un marqueur de notre communauté. C'est aussi un moyen de, je pense, dédramatiser certaines tensions de la part des étudiants, des enseignants. C'est un peu comme ces traditions qui existent localement en France. Une fois par an, on se réunit, tout le monde se déguise, on se moque les uns des autres pour finalement faire une espèce de cassardis, je dirais.

  • Speaker #0

    Et puis peut-être dernière question, comment on va dire ce spectacle peut permettre de développer chez les étudiants des compétences comme... La créativité, l'éloquence, c'est vrai qu'on dit parfois que l'humour ça permet d'aider à apprendre et à retenir. En quoi, M. Mouron, ça peut aider et développer ces nouvelles capacités ?

  • Speaker #5

    Alors, je pense que de façon générale, c'est une occasion pour eux qui peut être extrêmement précieuse, de se mettre en scène, d'apprendre à parler en public, d'apprendre à être éloquent, même s'il y a aussi un concours d'éloquence, là on parle des Rachimbourg, mais c'est un autre sujet. Je pense que ça fait partie aussi de compétences qu'il faut avoir, surtout quand on se destine à des métiers du droit, des métiers où on va forcément apprendre à parler en public. C'est aussi, je pense, une façon de prendre les choses de manière un peu plus détendue, un peu moins sérieuse, de savoir vivre dans un microcosme où on peut tester les limites de la liberté d'expression. D'ailleurs, je le précise, puisque le rôle des parrains et marraines, c'est aussi de lire le spectacle qui a été écrit. avant qu'il soit présenté et de déceler d'éventuelles limites, abus. Ça a été évoqué tout à l'heure. Donc c'est aussi l'occasion de réfléchir ensemble, de se dire en quoi est-ce que ce spectacle, c'est aussi une façon d'exercer la liberté d'expression, la liberté d'expression humoristique, le droit à l'humour, et de vérifier ensemble qu'est-ce qui est permis, qu'est-ce qui n'est pas permis. Je prendrai juste quelques exemples. On peut prendre les Rachimbourg comme un laboratoire, je dirais, d'études de la liberté d'expression. J'ai pensé aux questions suivantes. Est-ce que, par exemple, l'attachement obsessionnel d'une enseignante pour la Chine pourrait constituer un sujet d'intérêt général au sens de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme ? La réponse est très certainement positive. Est-ce que le fait de révéler le nombre et les marques des montres d'un enseignant constitue une atteinte à sa vie privée au sens de l'article 9 du Code civil ? On garde la réponse pour la suite. Est-ce que le fait d'évoquer l'arrêt commune de mort sans surorge ? le lancer de nain, dans un spectacle humoristique, et bien sûr entre nous pour faire une blague du juriste, est-ce que cela aussi peut constituer un abus de la liberté d'expression ? Ce sont tant de sujets dont on a discuté, parce qu'il ne faut pas oublier que le spectacle est quand même public, donc partant de là, il peut y avoir quand même des responsabilités pénales, civiles, qu'il faut envisager très sérieusement. C'est aussi l'occasion de réfléchir à tout ça ensemble d'une façon plus détendue.

  • Speaker #0

    Merci à vous, M. Brun, pour ces dernières explications. Un merci également à M. Julien Broch pour son éclairage historique et à Florian et à Mandine du BDE. Nous espérons que cet épisode vous aura intéressé. N'hésitez pas à le partager autour de vous, à nous faire part de vos retours et pourquoi pas à nous suggérer des thématiques futures. A très bientôt pour un nouvel épisode de Codecast. Merci à toutes et à tous. Au revoir.

Description

Chaque année, le spectacle des Rachimbourgs anime la Faculté de droit d’Aix-en-Provence, mêlant satire et héritage historique. Mais d’où vient cette tradition ? Quels en sont les enjeux, et comment les étudiants s’approprient-ils cet événement qui interroge les limites de la liberté d’expression ?

Pour en parler, nous avons le plaisir d’accueillir Julien Broch, maître de conférences HDR en Histoire du droit et des institutions, Philippe Mouron professeur de droit privé et parrain de l’édition 2025, ainsi que deux représentants du Bureau des Étudiants, Florian Richard et Amendine Greco, qui nous dévoilent les les coulisses du spectacle.


Rendez-vous en avril 2025 pour assister à la prochaine édition de ce spectacle incontournable !



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Codcast, podcast juridique de la Faculté de droit et de sciences politiques d'Aix-Marseille Université. Bonjour à toutes et à tous, Code'cast revient avec un épisode consacré à une tradition emblématique de la Faculté de droit. D'Aix-en-Provence, le spectacle des Rachimbours. Ce spectacle unique mêle humour et droit. Ce rendez-vous annuel développe chez les étudiants des compétences essentielles, créativité, éloquence, en renforçant l'identité de l'esprit de la faculté.

  • Speaker #1

    Afin de faire un point historique sur les Rachimbours, nous avons le plaisir de recevoir Julien Broch, maître de conférence ASJDR en histoire du droit et des institutions, et responsable de la double licence droit à l'être. Bonjour.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Alors ma première question ce serait... Comment et dans quel contexte est née la tradition du spectacle des Rachembourg à la faculté de droit d'Alsace-en-Provence ? Et en quoi elle peut être reliée aux Rachembourg du haut Moyen-Âge qui ont influencé l'histoire du droit ?

  • Speaker #2

    Eh bien en fait, à Aix, les étudiants en droit ont toujours fait preuve d'inventivité dans le domaine des divertissements. Déjà au XIXe siècle, on signale de nombreux jeux, des serpentaux, pour déclarer sa flamme à son élu. des charivari lorsqu'il y avait des veufs ou des veuves qui se remariaient, des batailles rangées dans les théâtres, jets de farine, blagues en tous genres... Mais en 1831 va renaître une tradition d'Ancien Régime qui était la fête Dieu et au cours de cette tradition il y avait tout un carnaval à Aix-en-Provence organisé par des étudiants en droit avec un roi de la basoche, c'est-à-dire un roi des professions juridiques, un étudiant, avec un chat immense fleuri distribuant bouquets de fleurs jusqu'à 700 dans la ville à toutes les dames. On paradait depuis les anciens locaux de la faculté de droit, rue de Saporta, jusqu'au cours qui deviendra le cours Mirabeau. La particularité de cette journée, c'est qu'on inversait les rôles, les hiérarchies étaient bouleversées, les étudiants prenaient le pouvoir dans la ville, les bâtonniers, le maire, le sous-préfet, les magistrats participaient, on organisait des tournois de chevalerie comme au temps du roi René, etc. Tout ça, ça se baladait gaiement à Aix-en-Provence. Cette tradition ne s'est pas maintenue. pour des raisons politiques et religieuses, ça rappelait trop l'Ancien Régime, ça rappelait trop les fêtes religieuses. Et donc on y a mis un terme, et tout ça est réapparu spontanément, un jour de chahut, dans les années 1930. L'occasion s'est manifestée à ce moment-là de rétablir cette ancienne fête à Aix.

  • Speaker #1

    Merci. Quel rôle le professeur Auguste Dumas et son cours d'histoire du droit ont-ils joué dans l'émergence de cette tradition ?

  • Speaker #2

    Alors en fait, Auguste Dumas est l'introducteur involontaire des Rachimbours. Il se trouve que Dumas est un grand savant. qui est né à Aix-en-Provence, qui était connu, qui avait une vraie réputation scientifique en tant que spécialiste du haut Moyen-Âge, donc quelqu'un de très savant, très sérieux. Il se trouve qu'on se précipitait pour assister à ses cours, mais hélas, pas à cause de leur teneur scientifique, mais simplement parce qu'il avait un défaut d'élocution, essentiellement au moment de prononcer le mot fatidique « Rachimbourg » . Ce mot-là, il devait le prononcer chaque année lors du cours d'histoire des institutions publiques. Et donc les étudiants avaient attendu avec une grande... grande impatience ce moment-là pour débouler en amphithéâtre, car il prononçait ce mot « rar » « vabour » et donc voilà, c'était l'hilarité totale et les étudiants lançaient le top départ d'une série de festivités dans la ville, on sortait du cadre de la faculté, on allait défiler, déambuler et puis on se rendait sur la place du palais de justice de... devant la statue de Portalis, pour en quelque sorte baptiser la nouvelle promotion. Donc c'est un événement festif. Et puis à l'occasion de cela, on allait au théâtre, dans un amphithéâtre ou dans un autre lieu public, pour passer en revue les professeurs, qui devaient assister bien sagement, parfois sous des jets de farine, aux distributions de roses et d'épines les concernant.

  • Speaker #1

    Quels souvenirs marquants ou anecdotes des spectacles passés ont contribué à façonner cette tradition ?

  • Speaker #2

    Alors il y en a beaucoup, parce qu'il y a quelques constantes dans le spectacle, mais en même temps on a des vrais talents, des talents d'imitateurs. On pense au professeur Donorio qui imitait De Gaulle, au temps de Charles de Bache. On pense à de bons jeux de mots au moment du déclenchement. justement du procès Vasarely. Quelqu'un avait lancé la pique suivante. Il faut savoir que Charles de Bache avait beaucoup d'humour. Noël chez le galop, le juge d'instruction qui l'a fait incarcérer. Pâques au Togo. Allusion donc à la fuite. du pays de notre ancien doyen. Il y a eu des moments très marquants également quand des étudiants ont déclaré leur flamme aux enseignants parce qu'on pense au pic, s'agissant des Rachimbourg, au sketch, aux moqueries, aux pastiches. Mais je me rappelle d'une chanson, paraphrase en bas, l'avoine, dédiée je crois à Alexis Bugada.

  • Speaker #1

    Existe-t-il d'autres traditions universitaires comparables en France ?

  • Speaker #2

    Alors il faut savoir que les Aixois ont une longueur d'avance sur toutes les autres facultés de France, parce qu'ailleurs il ne s'est maintenu qu'un exercice, c'est celui du défilé, le monome. Le monome c'est littéralement une seule tête, on suit celui qui est devant. Cette tradition s'est bien maintenue en France, dans les grandes écoles, parfois dans les lycées, des établissements du secondaire, dans quelques facultés. Je crois que l'université de Cambas Normandie a relancé ça depuis les années 2000-2010. Mais ça reste le défilé, un spectacle éventuellement et des déguisements.

  • Speaker #1

    Je vous remercie pour votre réponse. C'était un plaisir de vous accueillir, M. Julien Broch.

  • Speaker #0

    Désormais, nous allons passer à la deuxième partie de l'épisode. Deux étudiants du Bureau des étudiants vont répondre à nos questions sur l'organisation de cette édition, M. Florian Richard et Mme Amandine Gréco. Pour débuter, première question, comment l'étudiant s'organise-t-il pour monter un tel événement et quels sont les rôles principaux ? dans la production.

  • Speaker #3

    Bien, bonjour à vous, merci encore pour l'invitation. Alors, le spectacle des Rachimbourg est un spectacle qui est organisé par le Bureau des étudiants. La principale force de ce spectacle, c'est qu'on utilise les membres du BDE sous couvert du volontariat pour former un spectacle d'environ une heure et demie. Toutes les semaines, tout le BDE qui est d'accord se réunit pour actuer des réunions. Tout d'abord, on a une réunion d'écriture. Pendant une, deux ou trois semaines, on commence par... écrire le spectacle, puis ensuite on revoit les textes et ensuite on peut jouer le spectacle afin de voir si tout ce que l'on a écrit rend bien à la caméra et en vrai.

  • Speaker #0

    Et donc le but c'est, si j'ai bien compris, également de se moquer un peu des professeurs et des membres de l'administration. Comment vous trouvez vos inspirations ? Par exemple, comme toi, ceux qui arrivent en première année de droit, comment ils connaissent un peu les professeurs à l'avance ?

  • Speaker #4

    C'est lorsqu'on va en CM, la plupart du temps les professeurs vont aussi nous parler un peu de leur vie. Donc on va avoir des petits hic qui vont nous dire, ah ça, ça serait bien pour les rachimbours, pour les spectacles et tout. D'autres personnes qui sont volontaires de participer pour les rachimbours, ne sont pas forcément en licence 1, sont aussi en licence 2, 3 ou même des fois en master, qui ont eu l'habitude de côtoyer des professeurs de la faculté. Et même dans le corps administratif, on ne se moque pas aussi des professeurs, on se moque aussi des élèves. et on peut voir dans l'enceinte de la fac tous les clichés qu'il peut y avoir.

  • Speaker #0

    Quel défi logistique et financier le BDE rencontre-t-il pour maintenir cette tradition ? Parce qu'il faut quand même pas mal de participants volontaires.

  • Speaker #3

    Alors concernant la logistique, c'est vrai que c'est le point qui est le plus important dans l'élaboration du spectacle. Comme c'est basé sur le volontariat, c'est vraiment important de pousser nos membres, déjà dans un premier temps de les faire rejoindre le BDE. et dans un second temps de les pousser à participer à cet événement qui est long de par l'écriture, etc. Et en termes logistiques, financiers, c'est vrai que c'est quand même un coup. Le spectacle dure une soirée, mais en vérité, c'est tout au long de l'année qu'on va devoir aller chercher des subventions, etc. Donc c'est un travail d'organisation, si je devrais résumer ça.

  • Speaker #0

    Et avec quel professeur vous devez discuter justement pour organiser ?

  • Speaker #4

    En termes de financement, on ne va pas vraiment s'adresser à des professeurs, mais plus à des... pas forcément des associations non plus, mais on va avoir un conseil qui va passer, où on va demander aux courses de subvenir à certains coûts, à la faculté également, qui vont pouvoir nous aider à organiser, d'avoir des micros, des lumières et tout. Pour les textes, pour que tout ce qui se passe bien, on demande à nos parrains et à nos marraines de revenir par derrière pour savoir si... certains mots, certaines phrases ne sont pas trop borderline et qu'on n'aille pas dans les excès.

  • Speaker #0

    Donc tout ce que vous dites pendant le spectacle c'est écrit ou des fois il y a un peu une part d'improvisation pendant le spectacle ?

  • Speaker #4

    La plupart du temps on écrit, on a nos textes qu'on écrit. Après forcément on n'est pas des acteurs donc on aura forcément des trous, donc il y aura forcément de l'improvisation. Mais voilà.

  • Speaker #0

    Selon vous comment cette tradition elle pourrait évoluer dans les prochaines années ? Florian par exemple ?

  • Speaker #3

    Alors... C'est compliqué à dire parce que les Rachembourg, c'est un spectacle qui est là depuis énormément d'années. Donc il y a une envie de la part du bureau des étudiants de garder cette tradition. Et allier la tradition avec la modernité, c'est parfois très compliqué. Évidemment que le numérique va forcément jouer un rôle majeur dans les prochaines années afin de pouvoir innover pour le spectacle.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tout le monde peut participer, un étudiant qui aurait envie de jouer aux Rachembourg ? Ou faut-il forcément... partie du BDE ?

  • Speaker #3

    Alors, pour jouer au Rachembourg, oui, il est important, il est obligatoire de rejoindre le BDE, mais ça n'impose rien à l'étudiant de rejoindre le BDE, donc on peut dire que, oui, c'est... n'importe qui on va dire peut jouer au rachembourg et le spectacle est aussi en accès libre à n'importe quel étudiant ou professeur ok d'accord merci à vous je crois qu'on en a fini pour les questions d'organisation monsieur mouron est ce que pourquoi

  • Speaker #0

    vous aviez décidé d'être le parrain de cette édition pourquoi ce spectacle vous tient à coeur alors bonjour je commencerai par dire que je n'ai pas

  • Speaker #5

    Choisi à proprement parler, j'ai répondu à une proposition qui m'a été faite par les étudiants du BDE et que j'ai très volontiers accepté. Je suis même honoré, je dois le dire, honoré d'être le parrain de cette belle tradition pour cette année. Alors, ce qui me motive évidemment, c'est de participer d'une certaine manière à un événement phare de la faculté de droit et de sciences politiques d'Aix-Marseille. Un événement phare parce que... C'est un marqueur de notre communauté. C'est aussi un moyen de, je pense, dédramatiser certaines tensions de la part des étudiants, des enseignants. C'est un peu comme ces traditions qui existent localement en France. Une fois par an, on se réunit, tout le monde se déguise, on se moque les uns des autres pour finalement faire une espèce de cassardis, je dirais.

  • Speaker #0

    Et puis peut-être dernière question, comment on va dire ce spectacle peut permettre de développer chez les étudiants des compétences comme... La créativité, l'éloquence, c'est vrai qu'on dit parfois que l'humour ça permet d'aider à apprendre et à retenir. En quoi, M. Mouron, ça peut aider et développer ces nouvelles capacités ?

  • Speaker #5

    Alors, je pense que de façon générale, c'est une occasion pour eux qui peut être extrêmement précieuse, de se mettre en scène, d'apprendre à parler en public, d'apprendre à être éloquent, même s'il y a aussi un concours d'éloquence, là on parle des Rachimbourg, mais c'est un autre sujet. Je pense que ça fait partie aussi de compétences qu'il faut avoir, surtout quand on se destine à des métiers du droit, des métiers où on va forcément apprendre à parler en public. C'est aussi, je pense, une façon de prendre les choses de manière un peu plus détendue, un peu moins sérieuse, de savoir vivre dans un microcosme où on peut tester les limites de la liberté d'expression. D'ailleurs, je le précise, puisque le rôle des parrains et marraines, c'est aussi de lire le spectacle qui a été écrit. avant qu'il soit présenté et de déceler d'éventuelles limites, abus. Ça a été évoqué tout à l'heure. Donc c'est aussi l'occasion de réfléchir ensemble, de se dire en quoi est-ce que ce spectacle, c'est aussi une façon d'exercer la liberté d'expression, la liberté d'expression humoristique, le droit à l'humour, et de vérifier ensemble qu'est-ce qui est permis, qu'est-ce qui n'est pas permis. Je prendrai juste quelques exemples. On peut prendre les Rachimbourg comme un laboratoire, je dirais, d'études de la liberté d'expression. J'ai pensé aux questions suivantes. Est-ce que, par exemple, l'attachement obsessionnel d'une enseignante pour la Chine pourrait constituer un sujet d'intérêt général au sens de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme ? La réponse est très certainement positive. Est-ce que le fait de révéler le nombre et les marques des montres d'un enseignant constitue une atteinte à sa vie privée au sens de l'article 9 du Code civil ? On garde la réponse pour la suite. Est-ce que le fait d'évoquer l'arrêt commune de mort sans surorge ? le lancer de nain, dans un spectacle humoristique, et bien sûr entre nous pour faire une blague du juriste, est-ce que cela aussi peut constituer un abus de la liberté d'expression ? Ce sont tant de sujets dont on a discuté, parce qu'il ne faut pas oublier que le spectacle est quand même public, donc partant de là, il peut y avoir quand même des responsabilités pénales, civiles, qu'il faut envisager très sérieusement. C'est aussi l'occasion de réfléchir à tout ça ensemble d'une façon plus détendue.

  • Speaker #0

    Merci à vous, M. Brun, pour ces dernières explications. Un merci également à M. Julien Broch pour son éclairage historique et à Florian et à Mandine du BDE. Nous espérons que cet épisode vous aura intéressé. N'hésitez pas à le partager autour de vous, à nous faire part de vos retours et pourquoi pas à nous suggérer des thématiques futures. A très bientôt pour un nouvel épisode de Codecast. Merci à toutes et à tous. Au revoir.

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Description

Chaque année, le spectacle des Rachimbourgs anime la Faculté de droit d’Aix-en-Provence, mêlant satire et héritage historique. Mais d’où vient cette tradition ? Quels en sont les enjeux, et comment les étudiants s’approprient-ils cet événement qui interroge les limites de la liberté d’expression ?

Pour en parler, nous avons le plaisir d’accueillir Julien Broch, maître de conférences HDR en Histoire du droit et des institutions, Philippe Mouron professeur de droit privé et parrain de l’édition 2025, ainsi que deux représentants du Bureau des Étudiants, Florian Richard et Amendine Greco, qui nous dévoilent les les coulisses du spectacle.


Rendez-vous en avril 2025 pour assister à la prochaine édition de ce spectacle incontournable !



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Codcast, podcast juridique de la Faculté de droit et de sciences politiques d'Aix-Marseille Université. Bonjour à toutes et à tous, Code'cast revient avec un épisode consacré à une tradition emblématique de la Faculté de droit. D'Aix-en-Provence, le spectacle des Rachimbours. Ce spectacle unique mêle humour et droit. Ce rendez-vous annuel développe chez les étudiants des compétences essentielles, créativité, éloquence, en renforçant l'identité de l'esprit de la faculté.

  • Speaker #1

    Afin de faire un point historique sur les Rachimbours, nous avons le plaisir de recevoir Julien Broch, maître de conférence ASJDR en histoire du droit et des institutions, et responsable de la double licence droit à l'être. Bonjour.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Alors ma première question ce serait... Comment et dans quel contexte est née la tradition du spectacle des Rachembourg à la faculté de droit d'Alsace-en-Provence ? Et en quoi elle peut être reliée aux Rachembourg du haut Moyen-Âge qui ont influencé l'histoire du droit ?

  • Speaker #2

    Eh bien en fait, à Aix, les étudiants en droit ont toujours fait preuve d'inventivité dans le domaine des divertissements. Déjà au XIXe siècle, on signale de nombreux jeux, des serpentaux, pour déclarer sa flamme à son élu. des charivari lorsqu'il y avait des veufs ou des veuves qui se remariaient, des batailles rangées dans les théâtres, jets de farine, blagues en tous genres... Mais en 1831 va renaître une tradition d'Ancien Régime qui était la fête Dieu et au cours de cette tradition il y avait tout un carnaval à Aix-en-Provence organisé par des étudiants en droit avec un roi de la basoche, c'est-à-dire un roi des professions juridiques, un étudiant, avec un chat immense fleuri distribuant bouquets de fleurs jusqu'à 700 dans la ville à toutes les dames. On paradait depuis les anciens locaux de la faculté de droit, rue de Saporta, jusqu'au cours qui deviendra le cours Mirabeau. La particularité de cette journée, c'est qu'on inversait les rôles, les hiérarchies étaient bouleversées, les étudiants prenaient le pouvoir dans la ville, les bâtonniers, le maire, le sous-préfet, les magistrats participaient, on organisait des tournois de chevalerie comme au temps du roi René, etc. Tout ça, ça se baladait gaiement à Aix-en-Provence. Cette tradition ne s'est pas maintenue. pour des raisons politiques et religieuses, ça rappelait trop l'Ancien Régime, ça rappelait trop les fêtes religieuses. Et donc on y a mis un terme, et tout ça est réapparu spontanément, un jour de chahut, dans les années 1930. L'occasion s'est manifestée à ce moment-là de rétablir cette ancienne fête à Aix.

  • Speaker #1

    Merci. Quel rôle le professeur Auguste Dumas et son cours d'histoire du droit ont-ils joué dans l'émergence de cette tradition ?

  • Speaker #2

    Alors en fait, Auguste Dumas est l'introducteur involontaire des Rachimbours. Il se trouve que Dumas est un grand savant. qui est né à Aix-en-Provence, qui était connu, qui avait une vraie réputation scientifique en tant que spécialiste du haut Moyen-Âge, donc quelqu'un de très savant, très sérieux. Il se trouve qu'on se précipitait pour assister à ses cours, mais hélas, pas à cause de leur teneur scientifique, mais simplement parce qu'il avait un défaut d'élocution, essentiellement au moment de prononcer le mot fatidique « Rachimbourg » . Ce mot-là, il devait le prononcer chaque année lors du cours d'histoire des institutions publiques. Et donc les étudiants avaient attendu avec une grande... grande impatience ce moment-là pour débouler en amphithéâtre, car il prononçait ce mot « rar » « vabour » et donc voilà, c'était l'hilarité totale et les étudiants lançaient le top départ d'une série de festivités dans la ville, on sortait du cadre de la faculté, on allait défiler, déambuler et puis on se rendait sur la place du palais de justice de... devant la statue de Portalis, pour en quelque sorte baptiser la nouvelle promotion. Donc c'est un événement festif. Et puis à l'occasion de cela, on allait au théâtre, dans un amphithéâtre ou dans un autre lieu public, pour passer en revue les professeurs, qui devaient assister bien sagement, parfois sous des jets de farine, aux distributions de roses et d'épines les concernant.

  • Speaker #1

    Quels souvenirs marquants ou anecdotes des spectacles passés ont contribué à façonner cette tradition ?

  • Speaker #2

    Alors il y en a beaucoup, parce qu'il y a quelques constantes dans le spectacle, mais en même temps on a des vrais talents, des talents d'imitateurs. On pense au professeur Donorio qui imitait De Gaulle, au temps de Charles de Bache. On pense à de bons jeux de mots au moment du déclenchement. justement du procès Vasarely. Quelqu'un avait lancé la pique suivante. Il faut savoir que Charles de Bache avait beaucoup d'humour. Noël chez le galop, le juge d'instruction qui l'a fait incarcérer. Pâques au Togo. Allusion donc à la fuite. du pays de notre ancien doyen. Il y a eu des moments très marquants également quand des étudiants ont déclaré leur flamme aux enseignants parce qu'on pense au pic, s'agissant des Rachimbourg, au sketch, aux moqueries, aux pastiches. Mais je me rappelle d'une chanson, paraphrase en bas, l'avoine, dédiée je crois à Alexis Bugada.

  • Speaker #1

    Existe-t-il d'autres traditions universitaires comparables en France ?

  • Speaker #2

    Alors il faut savoir que les Aixois ont une longueur d'avance sur toutes les autres facultés de France, parce qu'ailleurs il ne s'est maintenu qu'un exercice, c'est celui du défilé, le monome. Le monome c'est littéralement une seule tête, on suit celui qui est devant. Cette tradition s'est bien maintenue en France, dans les grandes écoles, parfois dans les lycées, des établissements du secondaire, dans quelques facultés. Je crois que l'université de Cambas Normandie a relancé ça depuis les années 2000-2010. Mais ça reste le défilé, un spectacle éventuellement et des déguisements.

  • Speaker #1

    Je vous remercie pour votre réponse. C'était un plaisir de vous accueillir, M. Julien Broch.

  • Speaker #0

    Désormais, nous allons passer à la deuxième partie de l'épisode. Deux étudiants du Bureau des étudiants vont répondre à nos questions sur l'organisation de cette édition, M. Florian Richard et Mme Amandine Gréco. Pour débuter, première question, comment l'étudiant s'organise-t-il pour monter un tel événement et quels sont les rôles principaux ? dans la production.

  • Speaker #3

    Bien, bonjour à vous, merci encore pour l'invitation. Alors, le spectacle des Rachimbourg est un spectacle qui est organisé par le Bureau des étudiants. La principale force de ce spectacle, c'est qu'on utilise les membres du BDE sous couvert du volontariat pour former un spectacle d'environ une heure et demie. Toutes les semaines, tout le BDE qui est d'accord se réunit pour actuer des réunions. Tout d'abord, on a une réunion d'écriture. Pendant une, deux ou trois semaines, on commence par... écrire le spectacle, puis ensuite on revoit les textes et ensuite on peut jouer le spectacle afin de voir si tout ce que l'on a écrit rend bien à la caméra et en vrai.

  • Speaker #0

    Et donc le but c'est, si j'ai bien compris, également de se moquer un peu des professeurs et des membres de l'administration. Comment vous trouvez vos inspirations ? Par exemple, comme toi, ceux qui arrivent en première année de droit, comment ils connaissent un peu les professeurs à l'avance ?

  • Speaker #4

    C'est lorsqu'on va en CM, la plupart du temps les professeurs vont aussi nous parler un peu de leur vie. Donc on va avoir des petits hic qui vont nous dire, ah ça, ça serait bien pour les rachimbours, pour les spectacles et tout. D'autres personnes qui sont volontaires de participer pour les rachimbours, ne sont pas forcément en licence 1, sont aussi en licence 2, 3 ou même des fois en master, qui ont eu l'habitude de côtoyer des professeurs de la faculté. Et même dans le corps administratif, on ne se moque pas aussi des professeurs, on se moque aussi des élèves. et on peut voir dans l'enceinte de la fac tous les clichés qu'il peut y avoir.

  • Speaker #0

    Quel défi logistique et financier le BDE rencontre-t-il pour maintenir cette tradition ? Parce qu'il faut quand même pas mal de participants volontaires.

  • Speaker #3

    Alors concernant la logistique, c'est vrai que c'est le point qui est le plus important dans l'élaboration du spectacle. Comme c'est basé sur le volontariat, c'est vraiment important de pousser nos membres, déjà dans un premier temps de les faire rejoindre le BDE. et dans un second temps de les pousser à participer à cet événement qui est long de par l'écriture, etc. Et en termes logistiques, financiers, c'est vrai que c'est quand même un coup. Le spectacle dure une soirée, mais en vérité, c'est tout au long de l'année qu'on va devoir aller chercher des subventions, etc. Donc c'est un travail d'organisation, si je devrais résumer ça.

  • Speaker #0

    Et avec quel professeur vous devez discuter justement pour organiser ?

  • Speaker #4

    En termes de financement, on ne va pas vraiment s'adresser à des professeurs, mais plus à des... pas forcément des associations non plus, mais on va avoir un conseil qui va passer, où on va demander aux courses de subvenir à certains coûts, à la faculté également, qui vont pouvoir nous aider à organiser, d'avoir des micros, des lumières et tout. Pour les textes, pour que tout ce qui se passe bien, on demande à nos parrains et à nos marraines de revenir par derrière pour savoir si... certains mots, certaines phrases ne sont pas trop borderline et qu'on n'aille pas dans les excès.

  • Speaker #0

    Donc tout ce que vous dites pendant le spectacle c'est écrit ou des fois il y a un peu une part d'improvisation pendant le spectacle ?

  • Speaker #4

    La plupart du temps on écrit, on a nos textes qu'on écrit. Après forcément on n'est pas des acteurs donc on aura forcément des trous, donc il y aura forcément de l'improvisation. Mais voilà.

  • Speaker #0

    Selon vous comment cette tradition elle pourrait évoluer dans les prochaines années ? Florian par exemple ?

  • Speaker #3

    Alors... C'est compliqué à dire parce que les Rachembourg, c'est un spectacle qui est là depuis énormément d'années. Donc il y a une envie de la part du bureau des étudiants de garder cette tradition. Et allier la tradition avec la modernité, c'est parfois très compliqué. Évidemment que le numérique va forcément jouer un rôle majeur dans les prochaines années afin de pouvoir innover pour le spectacle.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tout le monde peut participer, un étudiant qui aurait envie de jouer aux Rachembourg ? Ou faut-il forcément... partie du BDE ?

  • Speaker #3

    Alors, pour jouer au Rachembourg, oui, il est important, il est obligatoire de rejoindre le BDE, mais ça n'impose rien à l'étudiant de rejoindre le BDE, donc on peut dire que, oui, c'est... n'importe qui on va dire peut jouer au rachembourg et le spectacle est aussi en accès libre à n'importe quel étudiant ou professeur ok d'accord merci à vous je crois qu'on en a fini pour les questions d'organisation monsieur mouron est ce que pourquoi

  • Speaker #0

    vous aviez décidé d'être le parrain de cette édition pourquoi ce spectacle vous tient à coeur alors bonjour je commencerai par dire que je n'ai pas

  • Speaker #5

    Choisi à proprement parler, j'ai répondu à une proposition qui m'a été faite par les étudiants du BDE et que j'ai très volontiers accepté. Je suis même honoré, je dois le dire, honoré d'être le parrain de cette belle tradition pour cette année. Alors, ce qui me motive évidemment, c'est de participer d'une certaine manière à un événement phare de la faculté de droit et de sciences politiques d'Aix-Marseille. Un événement phare parce que... C'est un marqueur de notre communauté. C'est aussi un moyen de, je pense, dédramatiser certaines tensions de la part des étudiants, des enseignants. C'est un peu comme ces traditions qui existent localement en France. Une fois par an, on se réunit, tout le monde se déguise, on se moque les uns des autres pour finalement faire une espèce de cassardis, je dirais.

  • Speaker #0

    Et puis peut-être dernière question, comment on va dire ce spectacle peut permettre de développer chez les étudiants des compétences comme... La créativité, l'éloquence, c'est vrai qu'on dit parfois que l'humour ça permet d'aider à apprendre et à retenir. En quoi, M. Mouron, ça peut aider et développer ces nouvelles capacités ?

  • Speaker #5

    Alors, je pense que de façon générale, c'est une occasion pour eux qui peut être extrêmement précieuse, de se mettre en scène, d'apprendre à parler en public, d'apprendre à être éloquent, même s'il y a aussi un concours d'éloquence, là on parle des Rachimbourg, mais c'est un autre sujet. Je pense que ça fait partie aussi de compétences qu'il faut avoir, surtout quand on se destine à des métiers du droit, des métiers où on va forcément apprendre à parler en public. C'est aussi, je pense, une façon de prendre les choses de manière un peu plus détendue, un peu moins sérieuse, de savoir vivre dans un microcosme où on peut tester les limites de la liberté d'expression. D'ailleurs, je le précise, puisque le rôle des parrains et marraines, c'est aussi de lire le spectacle qui a été écrit. avant qu'il soit présenté et de déceler d'éventuelles limites, abus. Ça a été évoqué tout à l'heure. Donc c'est aussi l'occasion de réfléchir ensemble, de se dire en quoi est-ce que ce spectacle, c'est aussi une façon d'exercer la liberté d'expression, la liberté d'expression humoristique, le droit à l'humour, et de vérifier ensemble qu'est-ce qui est permis, qu'est-ce qui n'est pas permis. Je prendrai juste quelques exemples. On peut prendre les Rachimbourg comme un laboratoire, je dirais, d'études de la liberté d'expression. J'ai pensé aux questions suivantes. Est-ce que, par exemple, l'attachement obsessionnel d'une enseignante pour la Chine pourrait constituer un sujet d'intérêt général au sens de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme ? La réponse est très certainement positive. Est-ce que le fait de révéler le nombre et les marques des montres d'un enseignant constitue une atteinte à sa vie privée au sens de l'article 9 du Code civil ? On garde la réponse pour la suite. Est-ce que le fait d'évoquer l'arrêt commune de mort sans surorge ? le lancer de nain, dans un spectacle humoristique, et bien sûr entre nous pour faire une blague du juriste, est-ce que cela aussi peut constituer un abus de la liberté d'expression ? Ce sont tant de sujets dont on a discuté, parce qu'il ne faut pas oublier que le spectacle est quand même public, donc partant de là, il peut y avoir quand même des responsabilités pénales, civiles, qu'il faut envisager très sérieusement. C'est aussi l'occasion de réfléchir à tout ça ensemble d'une façon plus détendue.

  • Speaker #0

    Merci à vous, M. Brun, pour ces dernières explications. Un merci également à M. Julien Broch pour son éclairage historique et à Florian et à Mandine du BDE. Nous espérons que cet épisode vous aura intéressé. N'hésitez pas à le partager autour de vous, à nous faire part de vos retours et pourquoi pas à nous suggérer des thématiques futures. A très bientôt pour un nouvel épisode de Codecast. Merci à toutes et à tous. Au revoir.

Description

Chaque année, le spectacle des Rachimbourgs anime la Faculté de droit d’Aix-en-Provence, mêlant satire et héritage historique. Mais d’où vient cette tradition ? Quels en sont les enjeux, et comment les étudiants s’approprient-ils cet événement qui interroge les limites de la liberté d’expression ?

Pour en parler, nous avons le plaisir d’accueillir Julien Broch, maître de conférences HDR en Histoire du droit et des institutions, Philippe Mouron professeur de droit privé et parrain de l’édition 2025, ainsi que deux représentants du Bureau des Étudiants, Florian Richard et Amendine Greco, qui nous dévoilent les les coulisses du spectacle.


Rendez-vous en avril 2025 pour assister à la prochaine édition de ce spectacle incontournable !



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Codcast, podcast juridique de la Faculté de droit et de sciences politiques d'Aix-Marseille Université. Bonjour à toutes et à tous, Code'cast revient avec un épisode consacré à une tradition emblématique de la Faculté de droit. D'Aix-en-Provence, le spectacle des Rachimbours. Ce spectacle unique mêle humour et droit. Ce rendez-vous annuel développe chez les étudiants des compétences essentielles, créativité, éloquence, en renforçant l'identité de l'esprit de la faculté.

  • Speaker #1

    Afin de faire un point historique sur les Rachimbours, nous avons le plaisir de recevoir Julien Broch, maître de conférence ASJDR en histoire du droit et des institutions, et responsable de la double licence droit à l'être. Bonjour.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Alors ma première question ce serait... Comment et dans quel contexte est née la tradition du spectacle des Rachembourg à la faculté de droit d'Alsace-en-Provence ? Et en quoi elle peut être reliée aux Rachembourg du haut Moyen-Âge qui ont influencé l'histoire du droit ?

  • Speaker #2

    Eh bien en fait, à Aix, les étudiants en droit ont toujours fait preuve d'inventivité dans le domaine des divertissements. Déjà au XIXe siècle, on signale de nombreux jeux, des serpentaux, pour déclarer sa flamme à son élu. des charivari lorsqu'il y avait des veufs ou des veuves qui se remariaient, des batailles rangées dans les théâtres, jets de farine, blagues en tous genres... Mais en 1831 va renaître une tradition d'Ancien Régime qui était la fête Dieu et au cours de cette tradition il y avait tout un carnaval à Aix-en-Provence organisé par des étudiants en droit avec un roi de la basoche, c'est-à-dire un roi des professions juridiques, un étudiant, avec un chat immense fleuri distribuant bouquets de fleurs jusqu'à 700 dans la ville à toutes les dames. On paradait depuis les anciens locaux de la faculté de droit, rue de Saporta, jusqu'au cours qui deviendra le cours Mirabeau. La particularité de cette journée, c'est qu'on inversait les rôles, les hiérarchies étaient bouleversées, les étudiants prenaient le pouvoir dans la ville, les bâtonniers, le maire, le sous-préfet, les magistrats participaient, on organisait des tournois de chevalerie comme au temps du roi René, etc. Tout ça, ça se baladait gaiement à Aix-en-Provence. Cette tradition ne s'est pas maintenue. pour des raisons politiques et religieuses, ça rappelait trop l'Ancien Régime, ça rappelait trop les fêtes religieuses. Et donc on y a mis un terme, et tout ça est réapparu spontanément, un jour de chahut, dans les années 1930. L'occasion s'est manifestée à ce moment-là de rétablir cette ancienne fête à Aix.

  • Speaker #1

    Merci. Quel rôle le professeur Auguste Dumas et son cours d'histoire du droit ont-ils joué dans l'émergence de cette tradition ?

  • Speaker #2

    Alors en fait, Auguste Dumas est l'introducteur involontaire des Rachimbours. Il se trouve que Dumas est un grand savant. qui est né à Aix-en-Provence, qui était connu, qui avait une vraie réputation scientifique en tant que spécialiste du haut Moyen-Âge, donc quelqu'un de très savant, très sérieux. Il se trouve qu'on se précipitait pour assister à ses cours, mais hélas, pas à cause de leur teneur scientifique, mais simplement parce qu'il avait un défaut d'élocution, essentiellement au moment de prononcer le mot fatidique « Rachimbourg » . Ce mot-là, il devait le prononcer chaque année lors du cours d'histoire des institutions publiques. Et donc les étudiants avaient attendu avec une grande... grande impatience ce moment-là pour débouler en amphithéâtre, car il prononçait ce mot « rar » « vabour » et donc voilà, c'était l'hilarité totale et les étudiants lançaient le top départ d'une série de festivités dans la ville, on sortait du cadre de la faculté, on allait défiler, déambuler et puis on se rendait sur la place du palais de justice de... devant la statue de Portalis, pour en quelque sorte baptiser la nouvelle promotion. Donc c'est un événement festif. Et puis à l'occasion de cela, on allait au théâtre, dans un amphithéâtre ou dans un autre lieu public, pour passer en revue les professeurs, qui devaient assister bien sagement, parfois sous des jets de farine, aux distributions de roses et d'épines les concernant.

  • Speaker #1

    Quels souvenirs marquants ou anecdotes des spectacles passés ont contribué à façonner cette tradition ?

  • Speaker #2

    Alors il y en a beaucoup, parce qu'il y a quelques constantes dans le spectacle, mais en même temps on a des vrais talents, des talents d'imitateurs. On pense au professeur Donorio qui imitait De Gaulle, au temps de Charles de Bache. On pense à de bons jeux de mots au moment du déclenchement. justement du procès Vasarely. Quelqu'un avait lancé la pique suivante. Il faut savoir que Charles de Bache avait beaucoup d'humour. Noël chez le galop, le juge d'instruction qui l'a fait incarcérer. Pâques au Togo. Allusion donc à la fuite. du pays de notre ancien doyen. Il y a eu des moments très marquants également quand des étudiants ont déclaré leur flamme aux enseignants parce qu'on pense au pic, s'agissant des Rachimbourg, au sketch, aux moqueries, aux pastiches. Mais je me rappelle d'une chanson, paraphrase en bas, l'avoine, dédiée je crois à Alexis Bugada.

  • Speaker #1

    Existe-t-il d'autres traditions universitaires comparables en France ?

  • Speaker #2

    Alors il faut savoir que les Aixois ont une longueur d'avance sur toutes les autres facultés de France, parce qu'ailleurs il ne s'est maintenu qu'un exercice, c'est celui du défilé, le monome. Le monome c'est littéralement une seule tête, on suit celui qui est devant. Cette tradition s'est bien maintenue en France, dans les grandes écoles, parfois dans les lycées, des établissements du secondaire, dans quelques facultés. Je crois que l'université de Cambas Normandie a relancé ça depuis les années 2000-2010. Mais ça reste le défilé, un spectacle éventuellement et des déguisements.

  • Speaker #1

    Je vous remercie pour votre réponse. C'était un plaisir de vous accueillir, M. Julien Broch.

  • Speaker #0

    Désormais, nous allons passer à la deuxième partie de l'épisode. Deux étudiants du Bureau des étudiants vont répondre à nos questions sur l'organisation de cette édition, M. Florian Richard et Mme Amandine Gréco. Pour débuter, première question, comment l'étudiant s'organise-t-il pour monter un tel événement et quels sont les rôles principaux ? dans la production.

  • Speaker #3

    Bien, bonjour à vous, merci encore pour l'invitation. Alors, le spectacle des Rachimbourg est un spectacle qui est organisé par le Bureau des étudiants. La principale force de ce spectacle, c'est qu'on utilise les membres du BDE sous couvert du volontariat pour former un spectacle d'environ une heure et demie. Toutes les semaines, tout le BDE qui est d'accord se réunit pour actuer des réunions. Tout d'abord, on a une réunion d'écriture. Pendant une, deux ou trois semaines, on commence par... écrire le spectacle, puis ensuite on revoit les textes et ensuite on peut jouer le spectacle afin de voir si tout ce que l'on a écrit rend bien à la caméra et en vrai.

  • Speaker #0

    Et donc le but c'est, si j'ai bien compris, également de se moquer un peu des professeurs et des membres de l'administration. Comment vous trouvez vos inspirations ? Par exemple, comme toi, ceux qui arrivent en première année de droit, comment ils connaissent un peu les professeurs à l'avance ?

  • Speaker #4

    C'est lorsqu'on va en CM, la plupart du temps les professeurs vont aussi nous parler un peu de leur vie. Donc on va avoir des petits hic qui vont nous dire, ah ça, ça serait bien pour les rachimbours, pour les spectacles et tout. D'autres personnes qui sont volontaires de participer pour les rachimbours, ne sont pas forcément en licence 1, sont aussi en licence 2, 3 ou même des fois en master, qui ont eu l'habitude de côtoyer des professeurs de la faculté. Et même dans le corps administratif, on ne se moque pas aussi des professeurs, on se moque aussi des élèves. et on peut voir dans l'enceinte de la fac tous les clichés qu'il peut y avoir.

  • Speaker #0

    Quel défi logistique et financier le BDE rencontre-t-il pour maintenir cette tradition ? Parce qu'il faut quand même pas mal de participants volontaires.

  • Speaker #3

    Alors concernant la logistique, c'est vrai que c'est le point qui est le plus important dans l'élaboration du spectacle. Comme c'est basé sur le volontariat, c'est vraiment important de pousser nos membres, déjà dans un premier temps de les faire rejoindre le BDE. et dans un second temps de les pousser à participer à cet événement qui est long de par l'écriture, etc. Et en termes logistiques, financiers, c'est vrai que c'est quand même un coup. Le spectacle dure une soirée, mais en vérité, c'est tout au long de l'année qu'on va devoir aller chercher des subventions, etc. Donc c'est un travail d'organisation, si je devrais résumer ça.

  • Speaker #0

    Et avec quel professeur vous devez discuter justement pour organiser ?

  • Speaker #4

    En termes de financement, on ne va pas vraiment s'adresser à des professeurs, mais plus à des... pas forcément des associations non plus, mais on va avoir un conseil qui va passer, où on va demander aux courses de subvenir à certains coûts, à la faculté également, qui vont pouvoir nous aider à organiser, d'avoir des micros, des lumières et tout. Pour les textes, pour que tout ce qui se passe bien, on demande à nos parrains et à nos marraines de revenir par derrière pour savoir si... certains mots, certaines phrases ne sont pas trop borderline et qu'on n'aille pas dans les excès.

  • Speaker #0

    Donc tout ce que vous dites pendant le spectacle c'est écrit ou des fois il y a un peu une part d'improvisation pendant le spectacle ?

  • Speaker #4

    La plupart du temps on écrit, on a nos textes qu'on écrit. Après forcément on n'est pas des acteurs donc on aura forcément des trous, donc il y aura forcément de l'improvisation. Mais voilà.

  • Speaker #0

    Selon vous comment cette tradition elle pourrait évoluer dans les prochaines années ? Florian par exemple ?

  • Speaker #3

    Alors... C'est compliqué à dire parce que les Rachembourg, c'est un spectacle qui est là depuis énormément d'années. Donc il y a une envie de la part du bureau des étudiants de garder cette tradition. Et allier la tradition avec la modernité, c'est parfois très compliqué. Évidemment que le numérique va forcément jouer un rôle majeur dans les prochaines années afin de pouvoir innover pour le spectacle.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tout le monde peut participer, un étudiant qui aurait envie de jouer aux Rachembourg ? Ou faut-il forcément... partie du BDE ?

  • Speaker #3

    Alors, pour jouer au Rachembourg, oui, il est important, il est obligatoire de rejoindre le BDE, mais ça n'impose rien à l'étudiant de rejoindre le BDE, donc on peut dire que, oui, c'est... n'importe qui on va dire peut jouer au rachembourg et le spectacle est aussi en accès libre à n'importe quel étudiant ou professeur ok d'accord merci à vous je crois qu'on en a fini pour les questions d'organisation monsieur mouron est ce que pourquoi

  • Speaker #0

    vous aviez décidé d'être le parrain de cette édition pourquoi ce spectacle vous tient à coeur alors bonjour je commencerai par dire que je n'ai pas

  • Speaker #5

    Choisi à proprement parler, j'ai répondu à une proposition qui m'a été faite par les étudiants du BDE et que j'ai très volontiers accepté. Je suis même honoré, je dois le dire, honoré d'être le parrain de cette belle tradition pour cette année. Alors, ce qui me motive évidemment, c'est de participer d'une certaine manière à un événement phare de la faculté de droit et de sciences politiques d'Aix-Marseille. Un événement phare parce que... C'est un marqueur de notre communauté. C'est aussi un moyen de, je pense, dédramatiser certaines tensions de la part des étudiants, des enseignants. C'est un peu comme ces traditions qui existent localement en France. Une fois par an, on se réunit, tout le monde se déguise, on se moque les uns des autres pour finalement faire une espèce de cassardis, je dirais.

  • Speaker #0

    Et puis peut-être dernière question, comment on va dire ce spectacle peut permettre de développer chez les étudiants des compétences comme... La créativité, l'éloquence, c'est vrai qu'on dit parfois que l'humour ça permet d'aider à apprendre et à retenir. En quoi, M. Mouron, ça peut aider et développer ces nouvelles capacités ?

  • Speaker #5

    Alors, je pense que de façon générale, c'est une occasion pour eux qui peut être extrêmement précieuse, de se mettre en scène, d'apprendre à parler en public, d'apprendre à être éloquent, même s'il y a aussi un concours d'éloquence, là on parle des Rachimbourg, mais c'est un autre sujet. Je pense que ça fait partie aussi de compétences qu'il faut avoir, surtout quand on se destine à des métiers du droit, des métiers où on va forcément apprendre à parler en public. C'est aussi, je pense, une façon de prendre les choses de manière un peu plus détendue, un peu moins sérieuse, de savoir vivre dans un microcosme où on peut tester les limites de la liberté d'expression. D'ailleurs, je le précise, puisque le rôle des parrains et marraines, c'est aussi de lire le spectacle qui a été écrit. avant qu'il soit présenté et de déceler d'éventuelles limites, abus. Ça a été évoqué tout à l'heure. Donc c'est aussi l'occasion de réfléchir ensemble, de se dire en quoi est-ce que ce spectacle, c'est aussi une façon d'exercer la liberté d'expression, la liberté d'expression humoristique, le droit à l'humour, et de vérifier ensemble qu'est-ce qui est permis, qu'est-ce qui n'est pas permis. Je prendrai juste quelques exemples. On peut prendre les Rachimbourg comme un laboratoire, je dirais, d'études de la liberté d'expression. J'ai pensé aux questions suivantes. Est-ce que, par exemple, l'attachement obsessionnel d'une enseignante pour la Chine pourrait constituer un sujet d'intérêt général au sens de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme ? La réponse est très certainement positive. Est-ce que le fait de révéler le nombre et les marques des montres d'un enseignant constitue une atteinte à sa vie privée au sens de l'article 9 du Code civil ? On garde la réponse pour la suite. Est-ce que le fait d'évoquer l'arrêt commune de mort sans surorge ? le lancer de nain, dans un spectacle humoristique, et bien sûr entre nous pour faire une blague du juriste, est-ce que cela aussi peut constituer un abus de la liberté d'expression ? Ce sont tant de sujets dont on a discuté, parce qu'il ne faut pas oublier que le spectacle est quand même public, donc partant de là, il peut y avoir quand même des responsabilités pénales, civiles, qu'il faut envisager très sérieusement. C'est aussi l'occasion de réfléchir à tout ça ensemble d'une façon plus détendue.

  • Speaker #0

    Merci à vous, M. Brun, pour ces dernières explications. Un merci également à M. Julien Broch pour son éclairage historique et à Florian et à Mandine du BDE. Nous espérons que cet épisode vous aura intéressé. N'hésitez pas à le partager autour de vous, à nous faire part de vos retours et pourquoi pas à nous suggérer des thématiques futures. A très bientôt pour un nouvel épisode de Codecast. Merci à toutes et à tous. Au revoir.

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