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Mercedes Erra (BETC & HAVAS Worldwide) : "Publicité, politique, IA, égalité des sexes et l'immigration comme chance" cover
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Com'On En Parle !

Mercedes Erra (BETC & HAVAS Worldwide) : "Publicité, politique, IA, égalité des sexes et l'immigration comme chance"

Mercedes Erra (BETC & HAVAS Worldwide) : "Publicité, politique, IA, égalité des sexes et l'immigration comme chance"

1h00 |24/04/2023
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1h00 |24/04/2023
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Description

Bienvenue dans Com'On en Parle !, le podcast qui fait le tour de la planète Communication ! Nous sommes heureux de vous présenter une interview exclusive avec Mercedes Erra, fondatrice de l'agence de publicité BETC et présidente de HAVAS Worlwide. 

Découvrez le parcours fascinant de Mercedes Erra, ses conseils pour réussir dans le monde de la communication, et son engagement pour l'égalité des sexes, les droits humains ou encore l'immigration (comme chance).  Nous avons aussi abordé des sujets très impactés par la communication : l'écologie, la politique,  l'intelligence artificielle générative... 

Avec son approche dynamique et informelle, Com'On en Parle ! est le podcast idéal pour explorer les tendances de demain en termes de communication, de publicité, de créativité, de technologie et d'approche stratégique.

Au cours de cette interview, animée par François Gombert, vous découvrirez comment Mercedes Erra a donné vie à des marques telles que Canal+, Air France, Peugeot et Lacoste, comment elle a su rendre ces marques belles et attrayantes.

Vous pourrez également écouter les conseils de Mercedes Erra pour les jeunes professionnels qui souhaitent se lancer dans le monde de la communication et de la publicité, et découvrir sa vision de l'avenir de la publicité.

Ne manquez pas cette interview inédite avec Mercedes Erra, une figure emblématique de la communication en France. Écoutez Com'On en Parle ! pour découvrir les secrets de la réussite dans le monde de la communication, la publicité, et pour explorer les tendances de demain en termes de créativité, de technologie et d'approche stratégique.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hey hey hey vous écoutez comment on parle le podcast qui fait le tour de la planète communication aujourd'hui nous avons l'honneur d'être reçu par Mercedes Serra fondatrice de PETC publicitaire engagée power woman assumée daronne de la publicité plongée dans l'univers fascinant de la communication et découvrir ce qui fait ce qui fait ce qui fait Big Up à Rode Microphone pour leur généreux soutien pour un podcast de qualité sonore exceptionnel. Préparez-vous à être inspiré. C'est parti pour Comme on en parle, un podcast animé par François Gombert depuis la planète communication. Hey hey hey, vous écoutez comme on en parle, le podcast qui fait le tour de la planète communication. Aujourd'hui est un jour spécial car, pour la première fois, j'ai le plaisir d'être reçu par une femme de communication, une femme engagée et puissante, publicitaire mais pas que. Je suis honoré et fier qu'elle ait accepté de me recevoir car c'est une femme aux mille casquettes avec une carrière prolifique dans la publicité et qui incarne aujourd'hui le E de la maison BETC qu'elle a fondée. BETC, c'est, je crois pouvoir le dire sans me tromper, 1200 employés. C'est aussi la première agence française de publicité et elle figure dans le top 3 des agences européennes. Bonjour Mercedes. Bonjour. Vous allez bien ?

  • Speaker #1

    Je vais très bien.

  • Speaker #0

    Formidable. Merci de me recevoir dans les magnifiques locaux bien clouantins de BETC à Pantin, ou dit-on Pantine à présent ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est sympa d'ailleurs. En fait, on a un maire sympa. On dit comme le maire dit. D'abord, le maire nous a aidés à nous installer ici, donc c'est hyper sympa. Ce n'est pas loin. C'est juste qu'on est habitués à vivre dans le 8e, mais les gens normaux, non. Les gens viennent de partout. Quand on a bougé, ça n'a pas beaucoup éloigné les gens, sauf les gens un peu plus aisés, on va dire.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    On était un peu éloignés.

  • Speaker #0

    Les eaux, pour moi, c'est loin. C'est ce que vous vouliez dire.

  • Speaker #1

    En fait, c'est près.

  • Speaker #0

    Avant de découvrir votre incroyable et riche parcours, j'aimerais vous poser une question. C'est quoi la communication ? C'est quoi la publicité aujourd'hui ? et demain ?

  • Speaker #1

    Oh là là, ça commence très bien, parce que ça commence par une question lourde, large, lourde, importante.

  • Speaker #0

    Pour vous,

  • Speaker #1

    parce que je vous pose à tout le monde. Pour moi, c'est très important. En fait, je n'ai même pas de doute que c'est un passage obligé d'un monde libre, c'est-à-dire, il faut donner une parole à des entreprises, il faut donner une parole à des ONG, il faut donner une parole au gouvernement, Mais il vaut mieux qu'elles soient encadrées. C'est ça la publicité. C'est rendre public certaines choses et en même temps ne pas permettre de dire n'importe quoi. Donc on est encadré. Il n'y a pas de choses qui sont encadrées comme la publicité. Donc je trouve que finalement, c'est peut-être la publicité qui est une des thématiques les plus honnêtes dans le monde d'aujourd'hui en termes de communication.

  • Speaker #0

    Et est-ce que vous pensez, en allant dans ce sens-là, que finalement pour faire de la bonne publicité comme pour faire de la bonne communication, Et quand je dis ça, je pense à quelque chose qu'on a tous vu hier sur la télévision, il faut aimer les gens.

  • Speaker #1

    Je pense que vous avez vraiment raison. Je pense que je ne recommande pas aux gens qui n'aiment pas les gens de venir dans ce métier. Je crois que moi, je suis venue dans ce métier quand je me suis rendue compte à quel point il fallait passer du temps à comprendre les gens. Je me suis dit mais c'est extraordinaire. Toutes les sciences humaines s'en mêlent. Ce n'est pas facile de comprendre les gens. Non, mais c'est très intéressant. Et je ne m'en doutais pas quand je suis arrivée dans la publicité qu'il y avait cet enjeu tellement important de comprendre où sont les gens.

  • Speaker #0

    Je fais un nouvel aparté. Mais alors vous dites il faut entendre les gens, il faut comprendre les gens. Mais il faut aussi entendre et comprendre. les prospects et les clients qu'on a quand on est une agence de communication.

  • Speaker #1

    Oui, mais moi, je préfère les... Je trouve que nos clients finaux sont les clients les plus importants. Bien sûr. Et je crois que c'est parce que je pense ça que les clients viennent me voir.

  • Speaker #0

    Ça ne vous est jamais arrivé d'avoir un, mais ce n'est pas ce que j'avais demandé d'un client ?

  • Speaker #1

    Oh, je vais sans arrêt.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Comment vous faites pour...

  • Speaker #1

    Alors, il y a plusieurs façons de faire. D'abord, il faut écouter parce que... le client intermédiaire peut avoir raison. Si on avait tout le temps raison, ça se saurait. Donc, il faut écouter les arguments en honnêteté, mais si on pense qu'il a tort, il faut lui dire.

  • Speaker #0

    On va faire un gros flashback, mais un flashback quand même. Mercedes, vous pouvez nous parler de votre parcours depuis Barcelone, à la création de BETC, en passant par vos études. Et puis surtout, j'ai découvert que vous vouliez vous appeler Martine, quand vous étiez petite. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis née en Espagne, près de Barcelone. Donc dans le Nord, d'un pays. Tout le monde me disait que j'étais du Sud, mais moi j'étais du Nord. Oui, oui. Ben oui. et je suis arrivée en France à 6 ans, donc c'est toujours un moment fort pour un enfant, ou pour un adulte d'ailleurs, de changer de pays, de bouger, de traverser une frontière, c'est jamais anodin, ou passer d'une culture à une autre culture, même si c'est pas si éloigné que ça, mais malgré tout c'est pas anodin. Et ça a marqué toute ma vie en fait, le fait de rentrer en France à l'âge de 6 ans, je me suis pas rendu compte quand j'avais 6 ans, Je me souviens juste des grands moments du passage de la frontière. Mon père nous attendait, il avait une petite voiture, il ne trouvait pas le chauffage. Et moi, je croyais qu'on était allé dans le cercle polaire. Et je me disais, mais pourquoi mes parents m'emmènent-ils dans le cercle polaire ? Je ne comprenais pas. C'était le 25 décembre. Donc c'était Noël et mon papa m'avait acheté, je me souviens très bien, deux poupons qui étaient noirs. je me souviens. On se souvient de tout à ces moments-là. Et là, on a eu toutes les aventures avec cette voiture, avec le froid. On a failli perdre cette valise tellement célèbre dans l'immigration dans le Rhône, parce qu'on s'est, je ne sais pas, trop rapprochés du Rhône. Il y a eu un moment de panique. Et ça, ça marque, parce que quand vous êtes une petite fille, vous arrivez en France. Pour mes parents, c'était à la fois un nouveau pays et c'était à la fois un changement de... Un peu social, puisqu'ils étaient un peu dans la bourgeoisie moyenne en Espagne et que là, ils étaient plus pauvres que ça. Donc, ce n'était pas évident pour ma maman, plus clair pour mon papa, mais pas évident pour ma maman. Et donc, pour une petite fille, je me suis dit qu'il fallait s'intégrer et j'ai commencé à travailler à l'intégration à l'âge de 6 ans.

  • Speaker #0

    D'accord, et donc le prénom Martine, ça vient de là.

  • Speaker #1

    Alors, prénom Martine, c'est que quand j'allais à l'école, que je ne parlais pas français, je me disais, mais quand est-ce qu'il se moquait de moi, évidemment, parce que les autres enfants, ils sont durs de toute façon. Donc, je me suis tue pendant six mois. J'ai appris le français. Quand j'ai parlé, je parlais très bien.

  • Speaker #0

    Vous ne parlez que catalan.

  • Speaker #1

    Je parlais catalan, donc je croyais, quand les gens me disaient, vous parlez espagnol, je disais oui. Et là, ils parlaient une drôle de langue. Et donc je disais à ma mère, enfin quand même, je ne parle rien alors, je ne parle ni espagnol ni français. Donc j'ai appris le français mais avec beaucoup d'énergie, avec la radio, c'est pour ça que j'aime tant les podcasts, parce que je suis une fille de radio, j'ai appris le français avec France Inter. Et du coup très bien, puisque quand j'ai parlé, on ne m'a plus embêtée quoi, on ne m'a plus embêtée. Et on m'embêtait sur ce prénom. J'avais un peu honte. Une petite fille, c'est comme le conformiste de Montravière. Vous arrivez quelque part, vous voulez ressembler à tout le monde. Donc déjà, ma maman, elle me mettait des vêtements beaucoup plus sympas et chics que les petites françaises. Donc je disais, maman, est-ce que tu peux faire plus moche ? Et voilà, je voulais être habillée comme les petites filles françaises, c'est-à-dire à l'époque, les années 60, mal habillées. Les enfants, on ne s'occupait pas des enfants en France, on n'était pas très concernés. En Espagne, on s'en occupait beaucoup. Et puis, chaque fois que je disais mon prénom, c'était des moqueries pas possibles. Donc je disais à ma maman, écoute, il y a un prénom sublime, c'est Martine. Parce que j'avais les petits livres, Martine va à la plage, Martine à la campagne et tout. Je trouvais ça magnifique.

  • Speaker #0

    Pour continuer, j'ai oublié de vous le dire, vous avez à côté de vous un bouton non, enfin no plus exactement, parce que c'est un buzzer que j'ai acheté à Barcelone, justement, et si jamais vous ne voulez pas répondre à une question, vous tapez sur le truc rouge et tout le monde entendra que vous n'avez pas voulu répondre et on passera à autre chose. Je me demandais, finalement, dans la vie d'un publicitaire, si vous deviez choisir un super pouvoir qui vous permettrait d'être une super publicitaire, ce serait quoi ?

  • Speaker #1

    Ah mais je sais pas parce qu'en fait j'aime pas trop les super pouvoirs je crois que ce que j'ai aimé le plus dans ce métier c'était qu'on ramait pour persuader et en fait c'est un métier de persuasion de persuasion pour le public à la fin, il faut bien que je persuade que mon eau des viandes elle est intéressante, que le petit yogourt il faut s'y intéresser et tout ce qu'on veut qu'il faut regarder telle ou telle entreprise donc persuader Et en plus, il faut que je persuade plein de gens à l'intermédiaire. Mes clients directs, là aussi, quand on a une idée, une idée forte, il faut la vendre très longuement. Il faut être très tenace dans les ventes des idées quand vous y croyez. Mais c'est pareil aussi quand je parle à la création, à l'agence. Quand ils me disent, ton brief, il n'est pas bien. Alors là, je réfléchis. Soit ils ont raison. Soit ils ont tort, et j'insiste.

  • Speaker #0

    C'est vous qui faites les briefs directement à la créa ?

  • Speaker #1

    Souvent, oui. En fait, moi, je crois que ce métier est difficile. qu'il exige de la séniorité et qu'on fait exactement le contraire aujourd'hui puisqu'on nous paye de moins en moins et que notre tendance serait de mettre des juniors. Et je pense que les juniors c'est magnifique, mais qu'il faut toujours un senior dans l'histoire. Donc dans cette agence, vous avez beaucoup de seniors.

  • Speaker #0

    Pardonnez-moi, je vais mettre un peu les pieds dans le plat, mais quand on s'est parlé la dernière fois, je me suis posé une question. Je me suis dit, mais est-ce que c'est Mercedes, Mercedes-Era ? la chef d'entreprise de BETC, BETC Full Six, présidente exécutive d'Avast Worldwide, donc qui est présidente et qui en fait est une businesswoman, ou est-ce que c'est Mercedes Serra, la publicitaire, qui met les mains dans le cambouis, qui va prendre les briefs, qui va présenter les pitches, les stratégies, etc.

  • Speaker #1

    Moi, je pense que la meilleure façon d'être patron d'entreprise, c'est de faire son métier. Donc je crois que je suis publicitaire. Je crois que ce que je préfère profondément, c'est l'orientation des marques, des entreprises. J'adore ça. Et du coup, comme je pense que c'est ça le cœur de notre métier, je ne vois pas à quoi servent les présidents s'ils ne font pas ça. En tout cas, moi, je n'ai pas envie de faire un autre métier. Je n'ai pas envie d'être dans des avions. Je n'ai pas envie de faire des deals incroyables. J'ai envie... de défendre les marques, de défendre les entreprises, de leur donner la belle parole. Et je trouve ça tellement difficile qu'heureusement que j'ai beaucoup travaillé avant, parce que ça ne me paraît pas une évidence aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Non, il y a beaucoup de présidents aujourd'hui. Alors je vais prendre, par exemple, votre collègue Jacques Seguela, que j'ai interviewé il y a peu de temps, qui me disait qu'il n'avait jamais été aussi heureux parce qu'il prenait l'avion tout le temps depuis que la création d'Avast était au niveau mondial.

  • Speaker #1

    Mais moi, je crois que ce n'est pas dans un avion. Je pense que mondialement, Les stratégies ne se passent pas dans les avions. Pour réfléchir, il faut se mettre quelque part. Je crois beaucoup au leadership. En revanche, je pense qu'on peut penser global à partir de Barcelone, à partir de Londres, à partir de Paris. Et je pense qu'il faut une réalité de travail sur les enjeux du public. Quand le public est mondial, on travaille sur des données mondiales. Et quand le public est français, on travaille sur le public français. C'est tellement simple. En revanche, il faut beaucoup de travail. Puis une idée, c'est fragile. C'est fragile intellectuellement, c'est fragile créativement. Donc il faut la défendre, il faut la supporter. Moi, je fais plutôt le métier comme ça.

  • Speaker #0

    Je vais vous donner une chance, Mercedes Serra, d'un peu redorer votre blason auprès de ceux qui vous connaissent ou qui disent vous connaître, puisqu'on m'a dit Ouh là là, tu vas voir Mercedes Serra, elle va te démonter On m'a parlé d'une femme assez rugueuse, assez dure.

  • Speaker #1

    et l'avis moyen était prépare bien ton sujet parce qu'elle va t'éclater oh je crois pas je pense que je suis rigoureuse on peut pas me dire n'importe quoi ni me faire dire n'importe quoi je crois que je crois beaucoup à l'importance des mots donc je surveille ce que je dis J'aime pas qu'on écrive ce que je n'ai pas dit, ou j'aime pas qu'on l'écrive mal, donc ça, si ça est rugueux, voilà, mais moi, mes équipes, je pense qu'elles me trouvent à la fois rugueuses, c'est-à-dire disant la vérité, voulant exigeante, mais je pense être assez tendre et assez affective, et je pense pas que j'ai gardé 30 ans les mêmes personnes sans affection.

  • Speaker #0

    Bon, c'était plutôt des gens qui ne travaillaient pas directement avec vous.

  • Speaker #1

    Non, mais je pense qu'aujourd'hui, on peut dire tout et n'importe quoi et je déteste ça. Et donc, en effet, je peux être rugueuse.

  • Speaker #0

    Oui, je ne suis pas surpris.

  • Speaker #1

    Tendre et rugueuse à la fois.

  • Speaker #0

    C'est pas mal, c'est bien. Et justement, en tant que femme d'affaires et leader dans l'industrie de la publicité, quels ont été les défis que vous avez rencontrés au cours de votre carrière, y compris et surtout en tant que femme finalement ? Et comment vous les avez surmontés ?

  • Speaker #1

    En tant que femme, c'était assez simple. J'ai eu beaucoup de chance dans la vie. Je ne sais pas très bien comment mes parents m'ont élevée. Ma maman pourtant était à la maison. mais dans ma tête, très vite, je me suis dit qu'elle n'avait pas trop de chance. Je me suis dit que c'était mieux d'être à l'extérieur, que ma maman aurait été mieux à l'extérieur. Elle était brillante, très intelligente, et ça l'ennuyait de faire le ménage de façon constante. Ça ne l'intéressait pas. Donc j'ai été très bien élevée par une maman qui grognait, qui disait comme c'est dommage que j'ai à faire trois fois par jour des repas Et finalement, elle m'a mis dans la tête que l'extériorité... C'était une chose formidable. Donc quand je suis arrivée, moi je pense que le premier obstacle aux femmes, c'est elle-même. Si psychologiquement vous pensez que vous ne pouvez pas faire comme les hommes, que c'est vous qui devez porter le poids familial, que quand vous allez être au travail, vous allez manquer à votre enfant. C'est ça qui rend si fragiles les femmes. Elles portent beaucoup de choses, elles portent trop de choses. Moi j'avais la chance de me dire... que j'allais pouvoir porter les deux tranquillement et que mes enfants seraient heureux si j'avais réussi. Il n'y avait pas de conséquences. C'est-à-dire, on peut tout avoir, les enfants, c'est magique, c'est eux qui décident de leur chemin. Mais ce n'est pas parce que le maman travaille ou elle ne travaille pas que vous n'avez pas des difficultés avec vos enfants. Donc, je n'avais pas ça dans la tête et je voulais travailler. Voilà.

  • Speaker #0

    Si je vous montre le dernier livre de Frédéric Becbédé. Confession d'un hétérosexuel légèrement dépassé, c'est Albert Michel.

  • Speaker #1

    Il dit que quand il a écrit son livre sur la pub, il n'arrêtait pas de dire sauve-toi Et il critiquait, il disait, sauf toi. Et je pense qu'il n'aimait pas une certaine façon de faire la publicité. Dans

  • Speaker #0

    Il fait trop des infromans.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Il n'aimait pas toutes les façons de faire la publicité. Mais je pense que c'est un grand publicitaire.

  • Speaker #0

    C'est un très grand publicitaire, c'est un très grand auteur.

  • Speaker #1

    Moi, je suis arrivée, on disait, on gagne beaucoup d'argent dans la pub. Je suis arrivé, pourtant ça fait 30 ans que je suis là, je suis arrivé après. C'est-à-dire, ce n'est pas vrai que nous sommes très bien payés. C'est vrai que ce travail est un travail intense. et que franchement, la publicité a un combat aujourd'hui, c'est de se faire correctement rémunérer, pour qu'on puisse rémunérer les gens qui nous entourent et qui travaillent avec beaucoup de force et d'intérêt et d'intelligence.

  • Speaker #0

    Oui, je rebondis sur les salaires. C'est vrai qu'on est, moi ça fait 20 ans que je fais ça, on est globalement assez mal payé en agence dans les métiers de la communauté.

  • Speaker #1

    Bien sûr, si vous comparez en ce qui concerne les stratèges, C'est là où on a la plus grande difficulté à recruter. Vous comparez avec... Finalement, je les engage venant des mêmes écoles. Et je compare avec le conseil. Le conseil paye beaucoup mieux. Et je suis sûre que le conseil n'est pas plus difficile, n'est pas plus intéressant.

  • Speaker #0

    Non, pas plus intéressant.

  • Speaker #1

    N'est pas plus intéressant. C'est pareil. En tout cas, je respecte tout à fait. Je ne veux pas du tout que les gens du Conseil baissent leur rémunération. Je veux que les nôtres augmentent.

  • Speaker #0

    Je comprends. Alors, beauty. BETC a créé de grandes et belles campagnes. Alors, je pense notamment à Evian, bien sûr, avec les bébés. McDo, Venez comme vous êtes, la saga pour Canal+, ou d'incroyables films pour Air France. Je pense notamment à ce film intelligent et poétique sur fond de Chemical Brothers, qui, moi, reste parmi mes films de pub préférés. Quel dommage qu'Air France soit partie de chez vous, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Il ne faut pas s'inquiéter. Je pense qu'il y a des moments... Ces gens-là avaient travaillé avec nous pendant 20 ans. Donc, ils ont eu envie d'un peu d'air sur Terre. Pourquoi pas ? Après, moi, je crois beaucoup aux histoires, à la réalité, à la vérité de ce que l'on fait. Et quand on regarde les 20 ans, le travail était magnifique.

  • Speaker #0

    Ah,

  • Speaker #1

    c'est fou, c'est fou. Le futur peut être très bien, on verra. Parfois, les gens partent de chez BETC, y compris nos équipes, mais j'en ai beaucoup qui reviennent.

  • Speaker #0

    Et justement, en parlant de secret, quel est votre secret pour donner vie à ces marques, à ces entreprises, à les rendre belles et attrayantes ? Le cas d'Air France est exceptionnel, mais il y en a d'autres.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a l'insensité de ce qu'on a à dire. Moi, je crois que quand on n'a rien à dire, il vaut mieux rien dire. Donc la parole, je la préfère rare que racontant n'importe quoi. Donc l'enjeu, pour moi, c'est que l'entreprise ait des choses importantes à raconter. Parfois, quand mes clients me disent, mais ce que tu veux nous faire dire est difficile, après il va falloir tenir, je dis, c'est une bonne nouvelle, elle engage. Moi, j'aime les campagnes qui engagent l'entreprise. l'entreprise c'est un long chemin de progression donc engager une entreprise sur un chemin de progression c'est quelque chose de formidable

  • Speaker #0

    Mercedes, je sais que vous n'aimez pas que je vous pose cette question mais je vais vous la poser quand même quelle est la publicité le film publicitaire qui vous a le plus touché, que vous avez le plus vu que vous aimez le plus, il y a des films publicitaires qui sont même très vieux que j'aime beaucoup voir et revoir et il y a aussi, en tout cas c'est mon cas des publicités qui m'affligent qui m'agacent. Pour vous, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    J'en ai beaucoup qui m'agacent, mais il n'y a rien qui me vient. Mais la communication, en global, je trouve que c'est hyper difficile d'avoir du talent. Parce qu'on ne peut pas se contenter simplement. Déjà, il faut avoir quelque chose à dire d'important. Mais sur cette base-là, il faut le dire avec grâce. Et la grâce, elle est rare. Donc, quand je regarde un écran publicitaire, il y a un bon film pour si navet ou si façon de faire et honnêtement même chez nous parfois je me dis c'est pas possible qu'on ait fait ça donc il faut faire attention parce que c'est très c'est toujours sur la lame du rasoir c'est compliqué, on est sur une ligne de crête il faut identifier donc il y a plein de campagnes qui ne m'intéressent pas et je ne me souviens même pas des campagnes qui ne m'intéressent pas mais en revanche je me souviens des choses que j'aime et j'aime toujours les marques qui creusent un sillon J'ai toujours aimé Nike, j'ai toujours trouvé qu'on passe des cicatrices mises en avant et qui montrent à quel point le sport est parfois une violence, une dureté, mais c'est ça qui fait qu'on vibre à des joueurs de foot qui dans un aéroport s'amusent. Tout ça, ça continue à me passionner et à m'intéresser. J'aime les marques qui sont... Vous avez cité Air France, mais j'aime aussi certaines vieilles campagnes de Danone, par exemple des campagnes qui avaient eu des grands prix à Cannes, où c'était l'enfant qui nourrissait le parent pour lui apprendre à bien manger. Tout ça, c'est des choses qui forment ma mémoire. J'aime aussi les petits bateaux, là où je trouve que cette société s'est un peu perdue parce qu'il y avait des campagnes magnifiques sur... qu'est-ce que c'est des vêtements où on ne peut pas faire tout ce qu'on veut dedans. C'est des belles stratégies. J'aime bien tout ce qu'on fait sur la cosse, c'est souvent passionnant, mais le film sur la dispute est probablement un film essentiel parce que chaque fois, finalement, la publicité, ce que j'aime, c'est que chaque fois que vous arrivez à toucher quelque chose d'important, c'est comme un livre d'extrêmement humain. qui dépasse un peu à la fois votre marque, à la fois la catégorie dans laquelle vous êtes. il y a quelque chose qui se passe. Donc, ce que représente une dispute pour un être humain, un couple, la violence que ça représente et la façon de le raconter, ça, c'était magique.

  • Speaker #0

    Vous me donnez une perche. Est-ce que la grâce dont vous parlez, alors dans le cas d'Air France, elle ne vient pas du fait que ce soit, je crois, Michel Gondry qui ait fait le film avec les Chemical Brothers pour la musique. Vous me parliez de Lacoste. Vous venez de sortir une campagne Lacoste featuring Netflix. On n'attendait pas forcément une rencontre, moi j'adore, mais on n'attendait pas forcément une rencontre Netflix-La Coste. Est-ce que cette grâce, est-ce que cette amélioration de la marque ne vient pas de ces croisements, de ces rencontres ?

  • Speaker #1

    Alors, bien sûr, nous on est très, très... On est sensible à beaucoup de choses en fait. On est sensible au fond. C'est-à-dire que si on n'a pas de fond, vous pouvez raconter ce que vous voulez, ça n'intéresse personne. À tel point que parfois, je n'ai pas réussi complètement les films, mais parce que j'avais du fond, j'ai beaucoup vendu. Donc, le fond, il est primordial. Vous avez quelque chose à dire ou pas à dire. Mais après, l'idée, elle est primordiale. C'est-à-dire, qu'est-ce qu'un créatif peut nous raconter dans l'idée de Lacoste sur la dispute ? C'est quand même une idée d'abord créative. Mais si... Vous ne passez pas le troisième cap qui est le cap du craft. C'est tellement dommage, parce que le craft, c'est quand même ce qui va être vu. Donc là, oui, c'est des magnifiques rencontres. Mais on a, par exemple, Fabrice Brobelli, qui travaille énormément sur tout ce qui est musique. Les Chemical Brothers, personne ne les avait utilisés. Ils étaient à peine connus. Ça, on adore. Oui, c'est un succès. Allez chercher des gens soit de talent, En fait, plus vous avez de talent sur quelque chose, mieux ça vaut. Donc, c'est fatigant les talents, mais c'est génial. Donc, après, il ne faut pas perdre l'objectif. C'est-à-dire, il faut gérer les talents.

  • Speaker #0

    Pourquoi c'est fatigant les talents ?

  • Speaker #1

    C'est fatigant parce que vous mettez, c'est comme ici, moi je recrute des talents, vous mettez plein d'égos autour d'une table. Bien sûr. Mais peu importe, la culture, c'est d'habituer ses égos à parler à l'autre. Et si vous y arrivez, vous avez une belle agence. Pourquoi,

  • Speaker #0

    je vais garder le fil conducteur de la publicitaire, pourquoi est-ce qu'on nomme une publicitaire ? À la tête, donc présidente du conseil d'administration du musée national de l'histoire, de l'immigration et de l'établissement public du palais de la Porte Dorée.

  • Speaker #1

    Alors je ne sais pas s'ils ont pensé à ce point-là au fait que j'étais publicitaire, mais la publicité c'est extraordinaire comme formation. C'est-à-dire que quand vous faites de la publicité, vous êtes relié à ce que j'appelle le business, c'est-à-dire à l'efficacité. et vous savez quel est un peu le chemin qu'il faut faire pour aller à l'efficacité. Donc je ne pense pas qu'ils m'aient choisi parce que j'étais une publicitaire, je pense qu'ils m'ont choisi plutôt parce que j'avais une histoire de réussite, et pourtant j'étais immigrée, donc j'étais très liée à un engagement autour de l'ouverture, à l'immigration, etc. Donc je pense que c'est pour ça que Jacques Toubon, à l'époque, s'était approché de moi. Et après, je pense que la publicité nous rend efficaces. Moi, j'avais un musée qui n'allait pas bien, qui était remis en cause, qui était morné. C'est-à-dire qu'il avait été créé par Jacques Chirac, qui était très ouvert à tout ce qui venait d'ailleurs. Au moment où il a fait le quai Branly, il a préfiguré le palais de la Porte Dorée, donc le musée de l'immigration. Il a eu cette idée-là, c'est pour ça que Jacques Toubon a repris et a mis en place le musée. Mais tout de suite après, on a eu Sarkozy, qui a dit, ça ne sert à rien, un musée de l'immigration, on pourrait faire la France, voilà. Et donc c'est là où j'étais, où j'arrivais, et donc j'avais très peu de subventions, pas assez. J'arrivais même pas à la fin de l'année avec des subventions et j'avais un conseil d'administration complexe parce qu'il y avait tous les ministères. Ministère, pas tous, mais le ministère de l'éducation, le ministère de l'enseignement secondaire et de la recherche, le ministère de la culture qui était notre premier ministère et le ministère de l'intérieur. Donc j'étais très surveillée. Je pense qu'avec les ministères, en étant avec le conseil d'administration, en leur disant toujours la vérité, en leur montrant le trafic, en montrant, on me disait ça n'intéressera personne. Donc on a fait des belles expositions, les gens sont venus, on a fait de la belle publicité, les gens sont venus. J'étais contente parce que les ministères disaient ça marche la publicité ? Je disais ben oui, évidemment, les gens ne vont pas dépenser des sous, acheter des campagnes si ça ne marchait pas. Mais oui, ça a marché et depuis 10 ans, je fais tout pour que ça continue à marcher.

  • Speaker #0

    Je vous le disais tout à l'heure, on a des professionnels de la communication, puis aussi des jeunes professionnels de la communication, et aussi des étudiants de communication qui nous écoutent. Quel conseil donneriez-vous aux jeunes professionnels qui souhaitent se lancer dans le monde de la communication et de la publicité, et tout particulièrement en agence ? Parce que je remarque que souvent quand je donne des interventions, alors je n'ai pas votre aura Mercedes, mais... J'ai beaucoup de jeunes et de moins jeunes qui me disent, moi, je ne veux pas aller en agence parce que ce n'est pas bien payé, on travaille comme des chiens. C'est les charrettes, c'est tout ce qu'on a aimé finalement.

  • Speaker #1

    Mais c'est passionnant.

  • Speaker #0

    Mais oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Donc voilà, dans la vie, il faut choisir. Donc moi, j'ai tout aimé, y compris les charrettes.

  • Speaker #0

    Oui, mais moi, j'ai été aussi fier que de travailler toute la nuit.

  • Speaker #1

    Voilà, donc il y a un moment, d'abord, ça s'est calmé parce que nos histoires de télétravail, ça se recueille dans le monde. Donc je ne sais pas si ça le structure en bien ou en mal, mais en tout cas, il y a des choses bien et puis il y a des choses moins bien. Mais en tout cas, oui, c'est un métier de passionné. Donc oui, si vous n'avez pas de passion, ne venez pas. Vous allez trouver ça compliqué. Et puis si vous n'êtes pas très bon, ne venez pas, parce que ça va vous rendre compliqué. Donc il faut, de toute façon, moi je dis toujours aux jeunes, vous savez, il faut aller dans les endroits où vous réussissez. Parce que la vie, ce n'est pas fait pour se faire taper dessus. Et moi, je ne suis pas du tout dans une problématique française de l'enseignement. qui montre les faiblesses des gens et n'accentue pas les forces. Donc si vous sentez que vous avez une forme d'expertise pour ce métier, et si vous avez une passion, alors il faut venir. Après, moi, je trouve que j'ai eu une chance terrible de faire ce métier. Je pense que c'est un métier qui vous permet de vous agiter le neurone tout le temps. Vous n'êtes pas dépendant d'une entreprise.

  • Speaker #0

    Vous en connaissez beaucoup, donc il y a un côté technologique.

  • Speaker #1

    Il dépend de l'entreprise Et du coup,

  • Speaker #0

    pas d'entreprise. Moi, j'étais trop désobéissante pour participer à une seule entreprise. J'aimais bien avoir ce regard extérieur qui me faisait du bien. Donc, il faut que ça vous corresponde. Et après, il y a beaucoup de métiers dans la communication, donc il ne faut pas se tromper. Pour être stratège, il faut être très fort, il faut aimer les sciences humaines, il faut aimer les gens. Mais les gens, ce n'est pas n'importe quoi. Faire des sciences humaines, c'est le contraire du il n'y a pas de rigueur etc. Non, c'est le contraire. Il y a autant de rigueur que dans la mathématique. Donc, si vous aimez ça, vous pouvez être stratège et c'est passionnant. Si vous aimez autre chose, cette folie aussi, qui est un peu une folie créative, qui est une espèce de liberté qui est on vous donne un brief, mais il faut faire plaisir aux gens au bout du bout Donc, comment est-ce que vous trouvez un moyen de dépasser le brief pour raconter les choses de façon intéressante aux gens ? Vous pouvez venir aussi.

  • Speaker #1

    Et on revient à cette histoire d'aimer les gens, finalement.

  • Speaker #0

    Ah bah oui. Je pense que c'est surtout chez les stratèges. Chez les créatifs, ce qu'ils aiment, c'est trouver une façon de faire, en effet, qui va créer un succès. Donc, un lien avec des gens. Vous avez raison. et un lien avec leur père. Ils sont hypersensibles à la reconnaissance de leur père. Alors que moi, je suis sensible à la reconnaissance des entreprises.

  • Speaker #1

    C'est normal, d'où les lions à cannes, etc.

  • Speaker #0

    C'est important, les lions à cannes, parce qu'en France, on ne respecte pas assez notre métier. Respecter notre métier, moi, quand mes clients ont des prix... Je ne sais pas. Ils ont le prix du meilleur produit. Ils ont fait... Je suis respectueuse. La meilleure innovation, je ne suis pas respectueuse. Donc, il faut être respectueux devant les prix créatifs. Et surtout, et vous allez le voir à Cannes, parce que la CC a fait un joli travail avec Cantart. En général, quand on est créatif, ça paye.

  • Speaker #1

    Oui, les Français marchent bien à Cannes, en général.

  • Speaker #0

    Pas mal, mais pas suffisamment. Et on n'est pas assez fiers. Et surtout, vous ne pouvez pas prendre toutes les communications de Cannes et dire que c'est efficace. Parfois, elles sont faites pour les prix, honnêtement. Mais les grandes marques sont créatives. Et donc, les grandes marques, par leur créativité, construisent du business. Il faut le garder de près.

  • Speaker #1

    Est-ce que, justement, on arrête avec ce public des plus jeunes ou de ceux qui sont encore à l'école ?

  • Speaker #0

    Non, mais moi j'adore les gens qui sont à l'école. Je les attends.

  • Speaker #1

    C'est une question qui me revient souvent. C'est, qu'est-ce que c'est un planeur stratégique ?

  • Speaker #0

    Alors, ça dépend des endroits.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Voilà. Le problème, ici, on a une certaine vision du planeur qui est différente, parce qu'on a une vision aussi différente de ce qu'on appelle communément le commercial. En Angleterre, le planeur, c'était celui plutôt, le planeur était plutôt du côté de la créa. et aider les créatifs à verrouiller leurs idées et à faire qu'une idée, elle soit intéressante, marrante, etc. Dans cette agence-là, le planeur, il est plutôt du côté du business. Moi, je pense que l'enjeu de la compréhension de la stratégie, elle ne doit pas être reliée purement à la créa. Donc, j'ai fait les choses différemment. Je pense que c'est le succès de BETC. Et puis, l'autre chose qui est importante, c'est qu'en Angleterre, souvent, les commerciaux sont des vendeurs. Et moi, je ne veux pas de vendeurs. Je veux des gens qui pensent et qui vont expliquer pourquoi ils ont pensé telle ou telle chose. Des consultants. Et je veux des consultants, des stratèges. Et j'aime bien quand ils sont engagés. sur quelque chose, parce que c'est toujours difficile de dire à un client, vous savez quoi ? Je crois que ça va marcher. Moi, j'ai peur quand je dis ça, parce que je me dis, oh là là, ça ne marche pas. Mais c'est ça, s'engager. S'engager, c'est à la fois avoir beaucoup pensé et puis avoir le courage d'avoir une direction. Ça, ce n'est jamais facile.

  • Speaker #1

    Avant de passer à d'autres sujets plus médiatiques, est-ce que vous pouvez nous parler un peu de BETC en termes de business, quelques chiffres ? les campagnes, l'Océan ?

  • Speaker #0

    En fait, on ne va pas parler de trop de données parce qu'elles sont données dans le groupe Avas et donc elles sont très surveillées. Mais c'est une très grosse agence. C'est parti très petit. C'est devenu grand et gros. Rémi me disait toujours, mais pourquoi tu veux grandir ? Rémi Babinet, pourquoi tu veux grandir ? Je disais parce que je ne veux pas que les Américains nous ennuient. Et donc, je vais avoir une taille américaine. C'est ce qui est arrivé puisqu'on est 1200 à Paris. Donc, on est une taille, c'est rien, c'est une ETI, il faut se calmer. En agence de com,

  • Speaker #1

    c'est très important.

  • Speaker #0

    Je crois que c'est la plus grande agence de com de France. On doit être dans les deux ou trois, je ne sais pas. Et surtout, on est classé tout le temps dans les cinq premiers mondiaux cette année troisième. Et c'est ça qui est important. On a des métiers multiples. J'ai créé, je pense que c'est un métier d'artisan. Donc grandir ne veut pas dire ne pas continuer à faire. C'est pour ça d'ailleurs que je continue à faire, parce que je pense que la qualité vient... Vous ne pouvez pas surveiller 30 budgets. Ça n'a pas de sens. Donc il faut trouver des gens de grande qualité. C'est pour ça qu'il nous faut des talents à tout prix pour être en charge des différents business de l'entreprise. Après, on couvre des secteurs très importants. que ce soit l'automobile, la banque, l'alimentaire, le luxe. Et on a créé des entités, BETC Full Six, qui est spécialisée dans tout ce qui est CRM, data, base de données, e-commerce, etc. BETC Toile Rouge, qui est spécialisée dans l'univers du luxe. On a BETC Corporate. Donc, on a créé des entités pour que tout soit toujours à taille humaine. Parce que, en fait, ce métier, c'est que des gens.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous vous souvenez de cette boîte ? Peut-être qu'elle existe encore, qui s'appelait Les Artisans du Paradis. C'est vieux, hein ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est pas Les Artisans du Paradis, non. C'est les... Je sais plus. Les Ouvriers. Ah, Les Ouvriers du Paradis. C'était encore mieux.

  • Speaker #1

    J'avais trouvé le nom de cette boîte.

  • Speaker #0

    C'était très joli. Eh bien, je crois que...

  • Speaker #1

    Ça m'a fait penser à ça.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Nous sommes des Ouvriers du Paradis. Je crois que c'était Thierry Consigny ?

  • Speaker #1

    Je crois.

  • Speaker #0

    Merci à Thierry, parce que nous considérons nous aussi que nous sommes des ouvriers du paradis.

  • Speaker #1

    C'était un très joli nom de boîte.

  • Speaker #0

    J'adore.

  • Speaker #1

    Sur un sujet un peu plus médiatique, je ne veux pas qu'on rentre dans l'aspect judiciaire de l'affaire, mais il y a l'affaire Palmade. On en a entendu parler sur toutes les chaînes d'info, puis sur la caisse de résonance des réseaux sociaux. En termes de communication, Comment expliquez-vous qu'un pays comme la France, où on est les premiers fumeurs de joint, les premiers consommateurs de cannabis, les plus gros consommateurs d'anxiolithique, on n'est pas une publicité de prévention, une campagne de prévention ? Si tu te défonces, tu restes chez toi ? Ou la drogue c'est de la merde, mais c'est une campagne qui a déjà existé ? Ou Gainsbourg par exemple, qui dans son album You are under arrest avait fait une chanson aux enfants de la chance ? Tout ça, c'était des messages forts qu'on envoyait aux jeunes pour les sensibiliser au danger de la drogue. Alors qu'aujourd'hui, c'est hyper violent, c'est des amendes, c'est des machins, c'est des... Pourquoi est-ce que la publicité ne se saisit pas de ce problème ?

  • Speaker #0

    Alors, d'une part, c'est une problématique gouvernementale. J'entends. C'est-à-dire, comment est-ce qu'ils envisagent cette problématique qui est une problématique extrêmement lourde que celle de l'addiction, et très compliquée, qui est aussi liée aux problématiques de santé mentale. Et nous, on fait beaucoup de choses dans ce sens. C'est-à-dire, on a soutenu Amine Beniamina, qui est un des grands addictologues français. Et Amine s'occupait, voulait lancer un portail. pour justement que les gens puissent, quand il y a un enjeu d'alcool important, quand il y a un enjeu de coke important, puissent avoir un lieu où les familles ou même les jeunes puissent comprendre comment on peut s'en sortir, de quelle histoire il s'agit. Beaucoup, beaucoup soutenu ce portail. On a fait beaucoup de choses. On a fait de l'activisme autour de ça, etc. On soutient beaucoup de choses autour de la santé mentale. L'œuvre Falray, en particulier. Moi, je suis au conseil d'administration. Là, on est en train de regarder avec Jean-Victor Blanc, qui travaille autour de tout ce qui est la pop-musique, etc. Et les problèmes de santé mentale, parce que très souvent, les problèmes de... Les problèmes de drogue et d'alcool sont quand même liés à un mal-être. Et la première addiction la plus violente, la plus dure, la plus forte, c'est l'alcool. Et quand on a les problèmes de féminicide, etc., on voit réapparaître en éléments forts, libératoires de stupidité, etc. ...se mettent à taper l'alcool. Oui,

  • Speaker #1

    la loi de la santé mentale du Hôtel-Lichon.

  • Speaker #0

    Donc moi, je suis acquise à tout ce que vous me dites. Moi, je propose toujours de tout faire gratuitement, mais enfin, l'État ne veut jamais, parce que je pense que, oui, c'est un combat. Je pense que le combat aussi de la santé mentale en est un, parce que là, les jeunes... Vous vous rendez compte à quel point, après le Covid, ils peuvent être paumés, c'est-à-dire, même avec le télétravail, ils peuvent être paumés. Parce que moi, je réfléchis à mon époque, quand je suis sortie de mes études, la voie était claire. Je voulais trouver un travail, je voulais qu'il m'intéresse et je voulais que ce soit une passion. Puis là, on leur prend la tête, il faut l'équilibre, télétravail, enfin, ils finissent chez eux, face à je ne sais pas trop quoi. Je ne trouve pas ça toujours d'une efficacité redoutable. J'ai un de mes gamins qui fait des jeux vidéo. Son premier job, il était enfermé chez lui face à son ordi tout seul. Je ne suis pas sûre que ça structure le monde.

  • Speaker #1

    Oui, dans le télétravail, il y a parfois plus télé que travail.

  • Speaker #0

    Et je pense qu'on n'est pas fait pour être... Vous voyez, ce n'est pas la même chose. Les gens ne sont pas tous au même endroit, à la même époque. Vous êtes jeune, vous sortez des études, vous avez envie de vous insérer dans quelque chose, donc il faut quelque chose qui vous insère. Moi, je fais très attention à l'ambiance de l'agence sur ce point-là.

  • Speaker #1

    Je vais mettre les pieds dans le plat encore. Je vous rappelle que vous avez toujours le bouton non si vous ne voulez pas y répondre, et je le comprendrai. Est-ce qu'on ne trouve pas plus de drogue, plus d'alcool ? Et plus de problèmes de santé mentale finalement, liés à des burn-out et plein d'autres choses d'ailleurs. Dans les agences de communication, c'est vrai, on travaille peut-être plus tard, plus longtemps, où c'est plus dur, il y a de la pression, que dans d'autres univers de métiers de service.

  • Speaker #0

    Alors, je ne sais pas, parce que franchement, on n'a pas d'élément super comparatif. Je pense que dans les consultants, ça ne doit pas être moindre non plus. Après, je vois plus, on a un milieu créatif dont à l'époque, si j'écoute BD, il y avait beaucoup de drogue. Donc, je pense que ça, ça peut continuer un peu dans cet univers. En tout cas, nous, on fait tout pour essayer d'aider les gens qui sont dans ce type d'addiction. Il y a des choses en RH pour les aider. Surtout, ce qu'on voit apparaître, c'est ce qu'on appelle le burn-out, parce que je pense qu'il veut tout dire et rien dire. Le burn-out, c'est quand les gens vont mal, le croisement entre le travail et la difficulté d'être donne du burn-out. Donc en agence, moi je m'aperçois qu'ici, ce qui est compliqué, c'est qu'il faut prendre les gens qui sont... bien au niveau, et qui sont capables de ne pas s'angoisser, parce qu'ils sont bien au niveau de compétences. Si vous prenez un peu en dessous, il y a un seuil qui est acquis, qui est trop difficile, et là, ça donne de la dureté. Mais bien sûr, c'est un métier... Moi, c'est ce que j'aimais dans le métier, c'est la liberté que j'avais de penser. Mais quand quelqu'un m'appelle à 8h et qu'il me jette tout ce que j'ai fait, il faut être de bonne humeur.

  • Speaker #1

    À 8h, c'est sympa. Il y en a qui le font à 2h du mat.

  • Speaker #0

    À 8h du soir, on se dit, ça ne va pas. Donc, il y a des endroits où... Je pense qu'il y a des profils qui peuvent très bien supporter ça. Je me disais, mais ce n'est pas lui qui va me mettre de bonne ou de mauvaise humeur. Et puis, il y a des profils qui ne peuvent pas supporter ça. Donc, il y a probablement plus de burn-out dans des choses qui sont du registre du service, avec une pression du service et surtout une pression des idées. C'est-à-dire, peut-être vous avez ça en cabinet d'architecture, etc. C'est-à-dire, parfois les gens grognent et... et on a très envie enfin moi je fais ça souvent parce que c'est ça que vous appelez mon tempérament rugueux je ne l'ai pas rappelé je dis souvent vous avez une idée à nous soumettre à mon client parce que c'est bien de grogner mais une idée vous savez ça peut venir de tout le monde donc n'hésitez pas parce que ça sert à rien moi par exemple il y a un mot que je déteste c'est l'urgence Souvent, on est dans un sentiment d'urgence qui est archi faux.

  • Speaker #1

    Oui, il ne faut pas comprendre urgence et précipitation.

  • Speaker #0

    Urgence pour faire des nullités ou urgence... Oui, on est pressé, mais il faut quand même qu'on ait le temps d'approfondir, de faire quelque chose de bien. De plus en plus, on est dans un monde agité qu'il faut calmer. Parce que ce qui compte pour les gens... c'est qu'il y ait de la qualité dans la relation, qu'il y ait de la qualité dans ce que l'on sort, et pas qu'on sorte sans arrêt. Le digital n'a pas aidé.

  • Speaker #1

    Non, mais il y a une phrase que j'ai beaucoup entendue en agence, c'est l'urgent est fait, l'impossible est en cours, pour les miracles, prévore un délai

  • Speaker #0

    Oui, mais vous avez raison. Non, et puis surtout, moi, l'urgent, quand on me dit c'est urgent j'ai un système immédiat, c'est que je ralentis. Donc il ne faut jamais me dire ça.

  • Speaker #1

    Donc vous êtes rugueuse.

  • Speaker #0

    Donc je suis rugueuse. J'aime bien défendre mes équipes et le métier de la pub.

  • Speaker #1

    Il faut, il faut. En plus, si vous arrivez à concilier liberté de penser aussi, liberté de s'exprimer au sein d'une entreprise, c'est très important. Toujours sur un sujet médiatique, et c'est un passage obligé, après des mois de mouvement social, certains parlent même d'une démocratie en crise. Quel regard portez-vous sur la communication du président Macron et de l'exécutif à propos des retraites après plusieurs mois de mobilisation ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est à propos des retraites. Je pense que c'est plus profond que cela. Donc, je ne sais pas, par exemple, ce qu'il pouvait faire hier. Autre que de dire... Enfin, je trouvais que ce n'était pas du tout clair. Quand vous ne voulez pas bouger, vous allez raconter autre chose. Alors que vous ne voulez pas bouger, je ne suis pas sûre. Mais je pense que c'est plus profond que cela. C'est-à-dire, c'est quoi une belle communication ? Je pense que très souvent... nos patrons, nos dirigeants, aiment bien les coups. Ah, je vais parler à tel public, etc. Et je pense que c'est plus profond que ça, plus empathique que ça. Et cette empathie, elle est nécessaire à un moment donné. Il faut être empathique devant la compréhension de ce que ressentent les gens.

  • Speaker #1

    L'empathie est un peu cassée. Je vais vous dire rapidement ce que ça m'a inspiré. J'ai eu l'impression de voir un patron d'agence qui était allé voir avant tous les gens de son agence pour leur dire un tel client n'est pas content, il me faut des idées à annoncer avec des deadlines et comme ça, ça va le rassurer. Ça n'engage que moi, mais c'est un peu ce que j'ai vu.

  • Speaker #0

    Je crois que vous savez quand vous avez des gens énervés sur un sujet.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas sûre que c'est le bon moment de parler.

  • Speaker #1

    Non, surtout pas de personne.

  • Speaker #0

    Parce que, soit vous leur dites que vous les avez compris, vous changez quelque chose, soit si vous ne voulez pas changer, ce qui aussi, ce n'est pas non plus critiquable, parce que, en gros, si vous changez tout le temps, il y a un moment où on ne comprend rien, mais en tout cas, je pense que du coup, la parole, elle est inaudible dans ces cas-là. Voilà. Donc, je ne suis pas sûre que j'aurais parlé à ce moment-là. Voilà, parce que la parole est inaudible.

  • Speaker #1

    Ah bah je vous mets mon biais que ce matin tout le monde a oublié ce qu'il a dit, mais bon, peu importe. Sur le même sujet, récemment Emmanuel Macron a accordé une interview à Pif Gadget. Marlène Schiappa était la semaine dernière, je crois, en une de...

  • Speaker #0

    C'est ce que j'appelle les coups.

  • Speaker #1

    Oui, mais enfin, quelle est votre opinion sur ce choix de médias et l'influence que ça a sur le public ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il faut éviter les coups. C'est-à-dire, vous voyez bien que... que c'est des coups. Donc moi, je crois qu'il faut faire attention. Je ne pense pas que les dirigeants, d'ailleurs, en général, je ne pense pas que c'est formidable de répondre à ce genre d'idées un peu... Ah oui, d'ouverture. Je trouve ça un peu naïf et franchement, je ne suis pas très à l'aise. Ni par l'un, ni par l'autre. Alors que Marlène Schiappa, lorsqu'on écoute ses discours, c'est une bonne communicante.

  • Speaker #1

    Mais c'est aussi une bonne communicante quand elle part toute seule finalement, sans première personne. Bon, chez Playboy, après moi je...

  • Speaker #0

    Mais là, Playboy, je ne sais pas ce que ça lui apporte.

  • Speaker #1

    Je pense que ça ne lui apporte rien, mais en tout cas, elle met le sujet du droit des femmes dans un magazine qui n'en parlait pas beaucoup. Moi, j'ai lu un Playboy il y a peut-être 25 ans que mon père m'avait donné. Ce n'était pas forcément le droit des femmes.

  • Speaker #0

    C'est vrai, mais elle ne se protège pas beaucoup. Voilà, elle ne se protège pas beaucoup. Si on a besoin d'elle, ça n'aide pas. Mais moi, je trouve qu'elle a une parole, pour l'avoir écoutée très souvent, je trouve qu'elle a une des belles paroles du gouvernement. Pour être honnête, je trouve que on a beaucoup critiqué, on a dit qu'elle communiquait plus, qu'elle ne faisait de choses lorsqu'elle était à l'égalité homme-femme.

  • Speaker #1

    Secrétariat d'État.

  • Speaker #0

    Secrétariat d'État pour les femmes. Mais je trouvais que cette parole était importante et que c'était aussi une façon de faire bouger le monde que de parler.

  • Speaker #1

    Je voudrais maintenant qu'on parle des intelligences artificielles génératives. Alors, ça ne vous a pas échappé, on en parle matin, midi, soir, la nuit et plus encore. On parle essentiellement de chat d'EPT et de mid-journée. Ça prend de plus en plus d'importance, notamment dans le monde de la communication. J'entends un peu partout dire que l'IA va tuer plein de métiers comme les graphistes, les concepteurs, rédacteurs. Mais ne croyez-vous pas au contraire qu'il faut prendre le taureau par les cornes, apprendre aux gens à utiliser ces outils et ainsi créer de nouveaux métiers finalement ?

  • Speaker #0

    Je pense comme vous. Je pense comme vous. Je n'ai jamais... En plus, j'ai un gamin, mon grand, qui est dans le digital et qui me répète sans fin. rien ne vaut l'homme. Donc, tout ce qui est instrument, il faut savoir l'utiliser. Donc, utilisons ça. On a utilisé Photoshop à des moments donnés. Ça faisait peur, on l'a utilisé. Mais est-ce que ça remplace une idée brillante et tout ? Je ne suis pas sûre.

  • Speaker #1

    Pas du tout.

  • Speaker #0

    Donc, je ne suis jamais effrayée par... par l'utilisation, le fait qu'on ait des outils à utiliser. Après, je pense que je suis plus effrayée par la naïveté face aux datas, parfois incompréhensibles, qui ne servent à rien les trois quarts du temps. Vous avez beaucoup de datas, en fait, vous n'avez toujours pas compris le levier de modification d'un consommateur. Donc, il y a beaucoup de bruit autour de ça. Mais moi, je... Je suis une éternelle positive et optimiste. Je pense que l'humain, l'intelligence humaine, et j'avais entendu un discours très brillant d'un des patrons de l'innovation français, d'origine française d'ailleurs, qui habitait à Los Angeles et qui travaillait à l'époque sur Sony de façon très intéressante, et qui disait, vous savez ce qui a changé avec le temps, c'est la taille des ordinateurs. il y a plus de données qui peuvent être traitées. Donc, je suis assez calme par rapport à ça. Après, regardons bien, parce que plein de choses peuvent être utilisées. Ne fermons pas les portes.

  • Speaker #1

    Et justement, d'un point de vue technologique, là, vraiment, je vous parle de ce que je vous ai déjà posé, la question sur la communication tout à l'heure, mais là, la communication plus la technologie plus le business. Quelle est votre vision de la publicité de demain ? Comment vous imaginez finalement l'évolution du secteur, de l'industrie en termes de créativité, de techno, d'approche stratégique ? Parce que c'est important.

  • Speaker #0

    Alors, il y a beaucoup de questions. Oui. Alors, la digitalisation, elle modifie profondément des tas de choses chez les consommateurs. Ça, c'est vraiment intéressant, ne serait-ce qu'en inventant une autre forme d'aller acheter, faire des courses. On regarde tous maintenant nos petits iPhones pour savoir le meilleur prix, où se trouve le produit, etc. Donc, il y a une... Il y a une facilitation des achats, une comparaison possible, etc. Donc ça, ça change profondément les gens. En revanche, ce qui ne change pas, c'est les gens. Les gens, c'est toujours des gens. Ils sont capables de lire un livre qui a été écrit il y a 20 siècles. et d'y trouver un intérêt très fort. On est capable d'aller voir des expos qui remontent à Lascaux et on se dit, c'est magnifique ces dessins, et ça retrouve Picasso. Et donc, je ne pense pas que les êtres humains se modifient à ce point-là. Et je pense que ce qui a été fondamental hier sera fondamental demain. Donc, là où je suis assez emballée, c'est que je pense qu'il faudra toujours dire quelque chose d'important pour les gens. Les gens, ils bougent. On les écoute bouger. Mon fils, que j'adore citer parce que c'est tellement bien. Lui, il a un comportement très nouvelle génération, très concerné par l'écologie et tout, mais il n'est pas...

  • Speaker #1

    Quel âge a votre fils ?

  • Speaker #0

    Il a 35 ans. Il n'est pas du tout... Il n'est pas... écolo pur et dur. Et pourtant, tous ces gestes sont écolos. Mais il me dit, je ne sais pas pourquoi vous grognez tous, le monde a changé et les gens ont changé. Ils ont fait plein d'efforts. Et personne ne le dit de façon positive. Comme si le monde s'écroulait. Le monde a toujours évolué, bougé pour être... Le monde se protège toujours. Et les gens bougent. Ils ont énormément bougé. En très peu de temps, qui aurait pensé qu'on allait avoir au Galerie Lafayette tout un étage consacré au vintage ? aux secondes mains. Mais jamais j'aurais pensé ça il y a quelques années. Donc il y a des choses incroyables. Pas que des phénomènes de tri ou des choses comme ça. Des choses incroyables. Mon gamin, il a des enfants. Il n'a jamais acheté un truc neuf. Qu'est-ce que c'est ? Est-ce qu'il fait des théories dans sa tête ? Pas du tout. Il n'a jamais acheté un truc dans un point barre. Il récupère, etc. Tout ça, le monde a changé. Donc, il faut tenir compte de ces changements dans la tête des gens. On ne parle plus de la consommation comme avant. Elle a évolué, elle est différente, mais ils ont envie de plaisir, ils ont envie de bonnes choses, ils ont envie de pouvoir voyager, ils ont envie de plein de trucs qui restent de ce qu'il y avait avant. Donc je pense qu'on est... Les mécaniques de fond, de l'amour, de l'amitié, du lien, de la nourriture, de l'importance du corps, etc. Elles restent là, importantes.

  • Speaker #1

    Mais alors pourquoi les Français semblent détester autant la publicité et la réclame ?

  • Speaker #0

    Mais non, mais moi, les Français chez moi, ils adorent la pub. Je ne sais pas quelles études on leur fait. Moi, ils adorent la pub. Je vais vous dire.

  • Speaker #1

    Les Français chez vous, c'est vous entendre.

  • Speaker #0

    Non, les Français, c'est hyper simple. Moi, si vous me dites est-ce que j'aime la pub ? J'aime mon métier. Mais est-ce que je regarde la pub comme si c'était le centre du monde ? Pas du tout. Mais pourquoi je vous dis que les Français aiment la pub ? C'est parce que moi, c'est très simple. Quand je fais de la pub, les Français viennent me chercher. Quand je fais pas de pub, ils viennent pas. les marques qui connaissent, c'est les marques de la pub. Les marques qu'ils aiment, c'est les marques qui ont fait de la pub. Quand je me tais, c'est-à-dire même dans le corporate, quand tout d'un coup, en corporate, on ne communique pas, les Français pensent qu'on ment, parce qu'on ne communique pas. Donc, je pense que peut-être on leur pose la question de façon un peu étrange, non ? C'est-à-dire, est-ce que vous aimez la pub ? Mais franchement...

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Je ne sais pas comment sont faits les sondages.

  • Speaker #0

    Voilà. Mais moi, ce que je sais, c'est que pendant le Covid, Les entreprises qui ont beaucoup aimé la pub Les entreprises très courageuses qui ont continué, elles ont marqué des points en part de marché incroyables.

  • Speaker #1

    Et en notoriété.

  • Speaker #0

    En notoriété, en lien avec le conso, Ferreiro. Incroyable, si j'en crois la pub. Même après leur accident qui les a meurtris, parce que c'est des malades de la qualité, et qui en plus, l'accident s'est passé dans leur usine la plus neuve, donc ils étaient à ramasser tous à la petite cuillère. La même année, ils vendaient plus qu'avant. la même année. C'est la force des marques. Et c'est la force de la pub. Donc, moi, je ne comprends pas qu'on puisse dire des choses aussi naïves qu'ils n'aiment pas la pub. Je n'ai jamais vu, même à l'époque, même il y a longtemps, vous demander aux gens, est-ce que vous écoutez plus la pub ou la recommandation d'un ami ? J'écoute plus la recommandation d'un ami.

  • Speaker #1

    Évidemment.

  • Speaker #0

    Évidemment.

  • Speaker #1

    Mais ça, c'est déjà ce qu'on disait il y a 20 ans avant des trucs.

  • Speaker #0

    Mais c'est normal. Mais en tout cas, il vaut mieux écouter la pub que certains médias sociaux.

  • Speaker #1

    Ah oui, mais ça, c'est autre chose.

  • Speaker #0

    Mais en tout cas, moi, je n'ai pas d'inquiétude sur... Je pense que, heureusement, les gens ne vous disent pas que la passion de leur vie, c'est la pub. Il y a quelques fous, mais c'est des fous.

  • Speaker #1

    Alors, vous vous concentrez comme un fou. Moi, je regarde des vieilles pubs, par exemple.

  • Speaker #0

    Oui, mais parce qu'on est des amateurs de ce métier. Mais quand moi, je suis rentrée dans la pub, je n'aimais pas la pub.

  • Speaker #1

    Moi, par exemple, je regarde souvent la pub de Cadbury avec le gorille et cette musique de Phil Collins, je ne me souviens plus quoi ça s'appelait, qui est absolument énorme. Et je me régale toujours autant.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Non mais combien je vous comprends maintenant. Mais quand je suis rentrée dans la pub, non. En fait, j'ai trouvé le métier passionnant de persuasion, des liens avec les gens, de culture aussi. Parce que quand vous parlez d'huile, vous parlez de thé, vous parlez de... de la culture qui s'est accumulée à travers des générations, etc. Alors tout ça se résume par School est envahi par des prospectus Non. D'ailleurs, la pub, honnêtement, elle m'énerve sur le digital.

  • Speaker #1

    Tout ce qui est cancer intrusif, c'est insupportable.

  • Speaker #0

    Donc je pense que, qu'est-ce que ça veut dire pour le futur ?

  • Speaker #1

    communiquons moins et communiquons mieux ça va pas dans le sens de ma prochaine question mais je vais vous la poser quand même c'est une question techno encore mais c'est la dernière on parle beaucoup du web 3 en ce moment On parle beaucoup des NFT, du Web3, des nouveaux services, des crypto-monnaies. Ça va révolutionner, ça révolutionne déjà la façon dont les gens interagissent en ligne, la façon dont on les aide aussi pour les flux financiers, je pense aux crypto-monnaies, à la blockchain, etc. Il y a même des magasins avec qui on peut payer en crypto maintenant. Quelle place voyez-vous pour le Web3 dans la publicité des jours à venir, mais des années à venir ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'on est en train tous de chercher, c'est-à-dire il faut éviter, moi j'ai vécu beaucoup de périodes de modifications lourdes. Je me souviens que j'avais des clients qui perdaient la tête et qui voulaient faire des agences médias au lieu de vendre leurs produits, parce qu'à une époque il y a eu une bulle internet, il y a eu une bulle digitale, donc il faut éviter l'effet bulle et il faut éviter de perdre le bon sens. Donc le Web 3 pour nous, ici, c'est un sujet qu'on prend très au sérieux et qu'on regarde, mais surtout d'ailleurs en production. Après, est-ce que tout va être dématérialisé ? Je ne suis pas sûre. Non. Et je ne suis pas sûre qu'on ait intérêt, surtout, à aller mettre dans la tête des gens. que c'est mieux de vivre dans un monde virtuel que dans un monde réel.

  • Speaker #1

    On peut regarder l'échec du Métaverse, dont on parlait autant que le Web3 à l'époque où c'était la folie du Métaverse, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Donc voilà, il faut juste faire attention parce que par exemple, pour les gamins, ça fait un peu peur quand ils sont plus dans le virtuel que dans le réel. C'est ça. Mais je pense qu'il faut explorer parce qu'en termes de production, ça nous donne des possibilités assez formidables. Et donc, je suis très positive. Mais... Tout ce qui est révolution technique ne révolutionne pas la tête des gens.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Mercedes, merci d'avoir pris le temps de répondre aux questions de Comme on en parle. Merci beaucoup à vous de nous écouter, voire de nous avoir partagé. Merci également à Rode Music de m'avoir fourni le Rodecaster Pro 2, des micros et tout le matériel nécessaire pour vous offrir un enregistrement de qualité. Pour nos auditeurs, si vous souhaitez en savoir plus sur Mercedes-Era et BETC, BETC Paris, BETC Full Six et BETC, j'ai oublié le troisième.

  • Speaker #0

    BETC corporate et BETC étoile rouge et BETC Buenos Aires et BETC Shanghai sur BETC si on partait à BETC Buenos Aires c'est une très bonne idée quelle bonne idée donc

  • Speaker #1

    vous pouvez suivre tout ça sur leurs réseaux sociaux et leurs sites, merci encore d'avoir écouté l'émission et à très bientôt pour un nouvel épisode du Love sur vous parce que la publicité c'est l'amour des gens merci à vous merci

Description

Bienvenue dans Com'On en Parle !, le podcast qui fait le tour de la planète Communication ! Nous sommes heureux de vous présenter une interview exclusive avec Mercedes Erra, fondatrice de l'agence de publicité BETC et présidente de HAVAS Worlwide. 

Découvrez le parcours fascinant de Mercedes Erra, ses conseils pour réussir dans le monde de la communication, et son engagement pour l'égalité des sexes, les droits humains ou encore l'immigration (comme chance).  Nous avons aussi abordé des sujets très impactés par la communication : l'écologie, la politique,  l'intelligence artificielle générative... 

Avec son approche dynamique et informelle, Com'On en Parle ! est le podcast idéal pour explorer les tendances de demain en termes de communication, de publicité, de créativité, de technologie et d'approche stratégique.

Au cours de cette interview, animée par François Gombert, vous découvrirez comment Mercedes Erra a donné vie à des marques telles que Canal+, Air France, Peugeot et Lacoste, comment elle a su rendre ces marques belles et attrayantes.

Vous pourrez également écouter les conseils de Mercedes Erra pour les jeunes professionnels qui souhaitent se lancer dans le monde de la communication et de la publicité, et découvrir sa vision de l'avenir de la publicité.

Ne manquez pas cette interview inédite avec Mercedes Erra, une figure emblématique de la communication en France. Écoutez Com'On en Parle ! pour découvrir les secrets de la réussite dans le monde de la communication, la publicité, et pour explorer les tendances de demain en termes de créativité, de technologie et d'approche stratégique.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hey hey hey vous écoutez comment on parle le podcast qui fait le tour de la planète communication aujourd'hui nous avons l'honneur d'être reçu par Mercedes Serra fondatrice de PETC publicitaire engagée power woman assumée daronne de la publicité plongée dans l'univers fascinant de la communication et découvrir ce qui fait ce qui fait ce qui fait Big Up à Rode Microphone pour leur généreux soutien pour un podcast de qualité sonore exceptionnel. Préparez-vous à être inspiré. C'est parti pour Comme on en parle, un podcast animé par François Gombert depuis la planète communication. Hey hey hey, vous écoutez comme on en parle, le podcast qui fait le tour de la planète communication. Aujourd'hui est un jour spécial car, pour la première fois, j'ai le plaisir d'être reçu par une femme de communication, une femme engagée et puissante, publicitaire mais pas que. Je suis honoré et fier qu'elle ait accepté de me recevoir car c'est une femme aux mille casquettes avec une carrière prolifique dans la publicité et qui incarne aujourd'hui le E de la maison BETC qu'elle a fondée. BETC, c'est, je crois pouvoir le dire sans me tromper, 1200 employés. C'est aussi la première agence française de publicité et elle figure dans le top 3 des agences européennes. Bonjour Mercedes. Bonjour. Vous allez bien ?

  • Speaker #1

    Je vais très bien.

  • Speaker #0

    Formidable. Merci de me recevoir dans les magnifiques locaux bien clouantins de BETC à Pantin, ou dit-on Pantine à présent ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est sympa d'ailleurs. En fait, on a un maire sympa. On dit comme le maire dit. D'abord, le maire nous a aidés à nous installer ici, donc c'est hyper sympa. Ce n'est pas loin. C'est juste qu'on est habitués à vivre dans le 8e, mais les gens normaux, non. Les gens viennent de partout. Quand on a bougé, ça n'a pas beaucoup éloigné les gens, sauf les gens un peu plus aisés, on va dire.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    On était un peu éloignés.

  • Speaker #0

    Les eaux, pour moi, c'est loin. C'est ce que vous vouliez dire.

  • Speaker #1

    En fait, c'est près.

  • Speaker #0

    Avant de découvrir votre incroyable et riche parcours, j'aimerais vous poser une question. C'est quoi la communication ? C'est quoi la publicité aujourd'hui ? et demain ?

  • Speaker #1

    Oh là là, ça commence très bien, parce que ça commence par une question lourde, large, lourde, importante.

  • Speaker #0

    Pour vous,

  • Speaker #1

    parce que je vous pose à tout le monde. Pour moi, c'est très important. En fait, je n'ai même pas de doute que c'est un passage obligé d'un monde libre, c'est-à-dire, il faut donner une parole à des entreprises, il faut donner une parole à des ONG, il faut donner une parole au gouvernement, Mais il vaut mieux qu'elles soient encadrées. C'est ça la publicité. C'est rendre public certaines choses et en même temps ne pas permettre de dire n'importe quoi. Donc on est encadré. Il n'y a pas de choses qui sont encadrées comme la publicité. Donc je trouve que finalement, c'est peut-être la publicité qui est une des thématiques les plus honnêtes dans le monde d'aujourd'hui en termes de communication.

  • Speaker #0

    Et est-ce que vous pensez, en allant dans ce sens-là, que finalement pour faire de la bonne publicité comme pour faire de la bonne communication, Et quand je dis ça, je pense à quelque chose qu'on a tous vu hier sur la télévision, il faut aimer les gens.

  • Speaker #1

    Je pense que vous avez vraiment raison. Je pense que je ne recommande pas aux gens qui n'aiment pas les gens de venir dans ce métier. Je crois que moi, je suis venue dans ce métier quand je me suis rendue compte à quel point il fallait passer du temps à comprendre les gens. Je me suis dit mais c'est extraordinaire. Toutes les sciences humaines s'en mêlent. Ce n'est pas facile de comprendre les gens. Non, mais c'est très intéressant. Et je ne m'en doutais pas quand je suis arrivée dans la publicité qu'il y avait cet enjeu tellement important de comprendre où sont les gens.

  • Speaker #0

    Je fais un nouvel aparté. Mais alors vous dites il faut entendre les gens, il faut comprendre les gens. Mais il faut aussi entendre et comprendre. les prospects et les clients qu'on a quand on est une agence de communication.

  • Speaker #1

    Oui, mais moi, je préfère les... Je trouve que nos clients finaux sont les clients les plus importants. Bien sûr. Et je crois que c'est parce que je pense ça que les clients viennent me voir.

  • Speaker #0

    Ça ne vous est jamais arrivé d'avoir un, mais ce n'est pas ce que j'avais demandé d'un client ?

  • Speaker #1

    Oh, je vais sans arrêt.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Comment vous faites pour...

  • Speaker #1

    Alors, il y a plusieurs façons de faire. D'abord, il faut écouter parce que... le client intermédiaire peut avoir raison. Si on avait tout le temps raison, ça se saurait. Donc, il faut écouter les arguments en honnêteté, mais si on pense qu'il a tort, il faut lui dire.

  • Speaker #0

    On va faire un gros flashback, mais un flashback quand même. Mercedes, vous pouvez nous parler de votre parcours depuis Barcelone, à la création de BETC, en passant par vos études. Et puis surtout, j'ai découvert que vous vouliez vous appeler Martine, quand vous étiez petite. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis née en Espagne, près de Barcelone. Donc dans le Nord, d'un pays. Tout le monde me disait que j'étais du Sud, mais moi j'étais du Nord. Oui, oui. Ben oui. et je suis arrivée en France à 6 ans, donc c'est toujours un moment fort pour un enfant, ou pour un adulte d'ailleurs, de changer de pays, de bouger, de traverser une frontière, c'est jamais anodin, ou passer d'une culture à une autre culture, même si c'est pas si éloigné que ça, mais malgré tout c'est pas anodin. Et ça a marqué toute ma vie en fait, le fait de rentrer en France à l'âge de 6 ans, je me suis pas rendu compte quand j'avais 6 ans, Je me souviens juste des grands moments du passage de la frontière. Mon père nous attendait, il avait une petite voiture, il ne trouvait pas le chauffage. Et moi, je croyais qu'on était allé dans le cercle polaire. Et je me disais, mais pourquoi mes parents m'emmènent-ils dans le cercle polaire ? Je ne comprenais pas. C'était le 25 décembre. Donc c'était Noël et mon papa m'avait acheté, je me souviens très bien, deux poupons qui étaient noirs. je me souviens. On se souvient de tout à ces moments-là. Et là, on a eu toutes les aventures avec cette voiture, avec le froid. On a failli perdre cette valise tellement célèbre dans l'immigration dans le Rhône, parce qu'on s'est, je ne sais pas, trop rapprochés du Rhône. Il y a eu un moment de panique. Et ça, ça marque, parce que quand vous êtes une petite fille, vous arrivez en France. Pour mes parents, c'était à la fois un nouveau pays et c'était à la fois un changement de... Un peu social, puisqu'ils étaient un peu dans la bourgeoisie moyenne en Espagne et que là, ils étaient plus pauvres que ça. Donc, ce n'était pas évident pour ma maman, plus clair pour mon papa, mais pas évident pour ma maman. Et donc, pour une petite fille, je me suis dit qu'il fallait s'intégrer et j'ai commencé à travailler à l'intégration à l'âge de 6 ans.

  • Speaker #0

    D'accord, et donc le prénom Martine, ça vient de là.

  • Speaker #1

    Alors, prénom Martine, c'est que quand j'allais à l'école, que je ne parlais pas français, je me disais, mais quand est-ce qu'il se moquait de moi, évidemment, parce que les autres enfants, ils sont durs de toute façon. Donc, je me suis tue pendant six mois. J'ai appris le français. Quand j'ai parlé, je parlais très bien.

  • Speaker #0

    Vous ne parlez que catalan.

  • Speaker #1

    Je parlais catalan, donc je croyais, quand les gens me disaient, vous parlez espagnol, je disais oui. Et là, ils parlaient une drôle de langue. Et donc je disais à ma mère, enfin quand même, je ne parle rien alors, je ne parle ni espagnol ni français. Donc j'ai appris le français mais avec beaucoup d'énergie, avec la radio, c'est pour ça que j'aime tant les podcasts, parce que je suis une fille de radio, j'ai appris le français avec France Inter. Et du coup très bien, puisque quand j'ai parlé, on ne m'a plus embêtée quoi, on ne m'a plus embêtée. Et on m'embêtait sur ce prénom. J'avais un peu honte. Une petite fille, c'est comme le conformiste de Montravière. Vous arrivez quelque part, vous voulez ressembler à tout le monde. Donc déjà, ma maman, elle me mettait des vêtements beaucoup plus sympas et chics que les petites françaises. Donc je disais, maman, est-ce que tu peux faire plus moche ? Et voilà, je voulais être habillée comme les petites filles françaises, c'est-à-dire à l'époque, les années 60, mal habillées. Les enfants, on ne s'occupait pas des enfants en France, on n'était pas très concernés. En Espagne, on s'en occupait beaucoup. Et puis, chaque fois que je disais mon prénom, c'était des moqueries pas possibles. Donc je disais à ma maman, écoute, il y a un prénom sublime, c'est Martine. Parce que j'avais les petits livres, Martine va à la plage, Martine à la campagne et tout. Je trouvais ça magnifique.

  • Speaker #0

    Pour continuer, j'ai oublié de vous le dire, vous avez à côté de vous un bouton non, enfin no plus exactement, parce que c'est un buzzer que j'ai acheté à Barcelone, justement, et si jamais vous ne voulez pas répondre à une question, vous tapez sur le truc rouge et tout le monde entendra que vous n'avez pas voulu répondre et on passera à autre chose. Je me demandais, finalement, dans la vie d'un publicitaire, si vous deviez choisir un super pouvoir qui vous permettrait d'être une super publicitaire, ce serait quoi ?

  • Speaker #1

    Ah mais je sais pas parce qu'en fait j'aime pas trop les super pouvoirs je crois que ce que j'ai aimé le plus dans ce métier c'était qu'on ramait pour persuader et en fait c'est un métier de persuasion de persuasion pour le public à la fin, il faut bien que je persuade que mon eau des viandes elle est intéressante, que le petit yogourt il faut s'y intéresser et tout ce qu'on veut qu'il faut regarder telle ou telle entreprise donc persuader Et en plus, il faut que je persuade plein de gens à l'intermédiaire. Mes clients directs, là aussi, quand on a une idée, une idée forte, il faut la vendre très longuement. Il faut être très tenace dans les ventes des idées quand vous y croyez. Mais c'est pareil aussi quand je parle à la création, à l'agence. Quand ils me disent, ton brief, il n'est pas bien. Alors là, je réfléchis. Soit ils ont raison. Soit ils ont tort, et j'insiste.

  • Speaker #0

    C'est vous qui faites les briefs directement à la créa ?

  • Speaker #1

    Souvent, oui. En fait, moi, je crois que ce métier est difficile. qu'il exige de la séniorité et qu'on fait exactement le contraire aujourd'hui puisqu'on nous paye de moins en moins et que notre tendance serait de mettre des juniors. Et je pense que les juniors c'est magnifique, mais qu'il faut toujours un senior dans l'histoire. Donc dans cette agence, vous avez beaucoup de seniors.

  • Speaker #0

    Pardonnez-moi, je vais mettre un peu les pieds dans le plat, mais quand on s'est parlé la dernière fois, je me suis posé une question. Je me suis dit, mais est-ce que c'est Mercedes, Mercedes-Era ? la chef d'entreprise de BETC, BETC Full Six, présidente exécutive d'Avast Worldwide, donc qui est présidente et qui en fait est une businesswoman, ou est-ce que c'est Mercedes Serra, la publicitaire, qui met les mains dans le cambouis, qui va prendre les briefs, qui va présenter les pitches, les stratégies, etc.

  • Speaker #1

    Moi, je pense que la meilleure façon d'être patron d'entreprise, c'est de faire son métier. Donc je crois que je suis publicitaire. Je crois que ce que je préfère profondément, c'est l'orientation des marques, des entreprises. J'adore ça. Et du coup, comme je pense que c'est ça le cœur de notre métier, je ne vois pas à quoi servent les présidents s'ils ne font pas ça. En tout cas, moi, je n'ai pas envie de faire un autre métier. Je n'ai pas envie d'être dans des avions. Je n'ai pas envie de faire des deals incroyables. J'ai envie... de défendre les marques, de défendre les entreprises, de leur donner la belle parole. Et je trouve ça tellement difficile qu'heureusement que j'ai beaucoup travaillé avant, parce que ça ne me paraît pas une évidence aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Non, il y a beaucoup de présidents aujourd'hui. Alors je vais prendre, par exemple, votre collègue Jacques Seguela, que j'ai interviewé il y a peu de temps, qui me disait qu'il n'avait jamais été aussi heureux parce qu'il prenait l'avion tout le temps depuis que la création d'Avast était au niveau mondial.

  • Speaker #1

    Mais moi, je crois que ce n'est pas dans un avion. Je pense que mondialement, Les stratégies ne se passent pas dans les avions. Pour réfléchir, il faut se mettre quelque part. Je crois beaucoup au leadership. En revanche, je pense qu'on peut penser global à partir de Barcelone, à partir de Londres, à partir de Paris. Et je pense qu'il faut une réalité de travail sur les enjeux du public. Quand le public est mondial, on travaille sur des données mondiales. Et quand le public est français, on travaille sur le public français. C'est tellement simple. En revanche, il faut beaucoup de travail. Puis une idée, c'est fragile. C'est fragile intellectuellement, c'est fragile créativement. Donc il faut la défendre, il faut la supporter. Moi, je fais plutôt le métier comme ça.

  • Speaker #0

    Je vais vous donner une chance, Mercedes Serra, d'un peu redorer votre blason auprès de ceux qui vous connaissent ou qui disent vous connaître, puisqu'on m'a dit Ouh là là, tu vas voir Mercedes Serra, elle va te démonter On m'a parlé d'une femme assez rugueuse, assez dure.

  • Speaker #1

    et l'avis moyen était prépare bien ton sujet parce qu'elle va t'éclater oh je crois pas je pense que je suis rigoureuse on peut pas me dire n'importe quoi ni me faire dire n'importe quoi je crois que je crois beaucoup à l'importance des mots donc je surveille ce que je dis J'aime pas qu'on écrive ce que je n'ai pas dit, ou j'aime pas qu'on l'écrive mal, donc ça, si ça est rugueux, voilà, mais moi, mes équipes, je pense qu'elles me trouvent à la fois rugueuses, c'est-à-dire disant la vérité, voulant exigeante, mais je pense être assez tendre et assez affective, et je pense pas que j'ai gardé 30 ans les mêmes personnes sans affection.

  • Speaker #0

    Bon, c'était plutôt des gens qui ne travaillaient pas directement avec vous.

  • Speaker #1

    Non, mais je pense qu'aujourd'hui, on peut dire tout et n'importe quoi et je déteste ça. Et donc, en effet, je peux être rugueuse.

  • Speaker #0

    Oui, je ne suis pas surpris.

  • Speaker #1

    Tendre et rugueuse à la fois.

  • Speaker #0

    C'est pas mal, c'est bien. Et justement, en tant que femme d'affaires et leader dans l'industrie de la publicité, quels ont été les défis que vous avez rencontrés au cours de votre carrière, y compris et surtout en tant que femme finalement ? Et comment vous les avez surmontés ?

  • Speaker #1

    En tant que femme, c'était assez simple. J'ai eu beaucoup de chance dans la vie. Je ne sais pas très bien comment mes parents m'ont élevée. Ma maman pourtant était à la maison. mais dans ma tête, très vite, je me suis dit qu'elle n'avait pas trop de chance. Je me suis dit que c'était mieux d'être à l'extérieur, que ma maman aurait été mieux à l'extérieur. Elle était brillante, très intelligente, et ça l'ennuyait de faire le ménage de façon constante. Ça ne l'intéressait pas. Donc j'ai été très bien élevée par une maman qui grognait, qui disait comme c'est dommage que j'ai à faire trois fois par jour des repas Et finalement, elle m'a mis dans la tête que l'extériorité... C'était une chose formidable. Donc quand je suis arrivée, moi je pense que le premier obstacle aux femmes, c'est elle-même. Si psychologiquement vous pensez que vous ne pouvez pas faire comme les hommes, que c'est vous qui devez porter le poids familial, que quand vous allez être au travail, vous allez manquer à votre enfant. C'est ça qui rend si fragiles les femmes. Elles portent beaucoup de choses, elles portent trop de choses. Moi j'avais la chance de me dire... que j'allais pouvoir porter les deux tranquillement et que mes enfants seraient heureux si j'avais réussi. Il n'y avait pas de conséquences. C'est-à-dire, on peut tout avoir, les enfants, c'est magique, c'est eux qui décident de leur chemin. Mais ce n'est pas parce que le maman travaille ou elle ne travaille pas que vous n'avez pas des difficultés avec vos enfants. Donc, je n'avais pas ça dans la tête et je voulais travailler. Voilà.

  • Speaker #0

    Si je vous montre le dernier livre de Frédéric Becbédé. Confession d'un hétérosexuel légèrement dépassé, c'est Albert Michel.

  • Speaker #1

    Il dit que quand il a écrit son livre sur la pub, il n'arrêtait pas de dire sauve-toi Et il critiquait, il disait, sauf toi. Et je pense qu'il n'aimait pas une certaine façon de faire la publicité. Dans

  • Speaker #0

    Il fait trop des infromans.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Il n'aimait pas toutes les façons de faire la publicité. Mais je pense que c'est un grand publicitaire.

  • Speaker #0

    C'est un très grand publicitaire, c'est un très grand auteur.

  • Speaker #1

    Moi, je suis arrivée, on disait, on gagne beaucoup d'argent dans la pub. Je suis arrivé, pourtant ça fait 30 ans que je suis là, je suis arrivé après. C'est-à-dire, ce n'est pas vrai que nous sommes très bien payés. C'est vrai que ce travail est un travail intense. et que franchement, la publicité a un combat aujourd'hui, c'est de se faire correctement rémunérer, pour qu'on puisse rémunérer les gens qui nous entourent et qui travaillent avec beaucoup de force et d'intérêt et d'intelligence.

  • Speaker #0

    Oui, je rebondis sur les salaires. C'est vrai qu'on est, moi ça fait 20 ans que je fais ça, on est globalement assez mal payé en agence dans les métiers de la communauté.

  • Speaker #1

    Bien sûr, si vous comparez en ce qui concerne les stratèges, C'est là où on a la plus grande difficulté à recruter. Vous comparez avec... Finalement, je les engage venant des mêmes écoles. Et je compare avec le conseil. Le conseil paye beaucoup mieux. Et je suis sûre que le conseil n'est pas plus difficile, n'est pas plus intéressant.

  • Speaker #0

    Non, pas plus intéressant.

  • Speaker #1

    N'est pas plus intéressant. C'est pareil. En tout cas, je respecte tout à fait. Je ne veux pas du tout que les gens du Conseil baissent leur rémunération. Je veux que les nôtres augmentent.

  • Speaker #0

    Je comprends. Alors, beauty. BETC a créé de grandes et belles campagnes. Alors, je pense notamment à Evian, bien sûr, avec les bébés. McDo, Venez comme vous êtes, la saga pour Canal+, ou d'incroyables films pour Air France. Je pense notamment à ce film intelligent et poétique sur fond de Chemical Brothers, qui, moi, reste parmi mes films de pub préférés. Quel dommage qu'Air France soit partie de chez vous, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Il ne faut pas s'inquiéter. Je pense qu'il y a des moments... Ces gens-là avaient travaillé avec nous pendant 20 ans. Donc, ils ont eu envie d'un peu d'air sur Terre. Pourquoi pas ? Après, moi, je crois beaucoup aux histoires, à la réalité, à la vérité de ce que l'on fait. Et quand on regarde les 20 ans, le travail était magnifique.

  • Speaker #0

    Ah,

  • Speaker #1

    c'est fou, c'est fou. Le futur peut être très bien, on verra. Parfois, les gens partent de chez BETC, y compris nos équipes, mais j'en ai beaucoup qui reviennent.

  • Speaker #0

    Et justement, en parlant de secret, quel est votre secret pour donner vie à ces marques, à ces entreprises, à les rendre belles et attrayantes ? Le cas d'Air France est exceptionnel, mais il y en a d'autres.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a l'insensité de ce qu'on a à dire. Moi, je crois que quand on n'a rien à dire, il vaut mieux rien dire. Donc la parole, je la préfère rare que racontant n'importe quoi. Donc l'enjeu, pour moi, c'est que l'entreprise ait des choses importantes à raconter. Parfois, quand mes clients me disent, mais ce que tu veux nous faire dire est difficile, après il va falloir tenir, je dis, c'est une bonne nouvelle, elle engage. Moi, j'aime les campagnes qui engagent l'entreprise. l'entreprise c'est un long chemin de progression donc engager une entreprise sur un chemin de progression c'est quelque chose de formidable

  • Speaker #0

    Mercedes, je sais que vous n'aimez pas que je vous pose cette question mais je vais vous la poser quand même quelle est la publicité le film publicitaire qui vous a le plus touché, que vous avez le plus vu que vous aimez le plus, il y a des films publicitaires qui sont même très vieux que j'aime beaucoup voir et revoir et il y a aussi, en tout cas c'est mon cas des publicités qui m'affligent qui m'agacent. Pour vous, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    J'en ai beaucoup qui m'agacent, mais il n'y a rien qui me vient. Mais la communication, en global, je trouve que c'est hyper difficile d'avoir du talent. Parce qu'on ne peut pas se contenter simplement. Déjà, il faut avoir quelque chose à dire d'important. Mais sur cette base-là, il faut le dire avec grâce. Et la grâce, elle est rare. Donc, quand je regarde un écran publicitaire, il y a un bon film pour si navet ou si façon de faire et honnêtement même chez nous parfois je me dis c'est pas possible qu'on ait fait ça donc il faut faire attention parce que c'est très c'est toujours sur la lame du rasoir c'est compliqué, on est sur une ligne de crête il faut identifier donc il y a plein de campagnes qui ne m'intéressent pas et je ne me souviens même pas des campagnes qui ne m'intéressent pas mais en revanche je me souviens des choses que j'aime et j'aime toujours les marques qui creusent un sillon J'ai toujours aimé Nike, j'ai toujours trouvé qu'on passe des cicatrices mises en avant et qui montrent à quel point le sport est parfois une violence, une dureté, mais c'est ça qui fait qu'on vibre à des joueurs de foot qui dans un aéroport s'amusent. Tout ça, ça continue à me passionner et à m'intéresser. J'aime les marques qui sont... Vous avez cité Air France, mais j'aime aussi certaines vieilles campagnes de Danone, par exemple des campagnes qui avaient eu des grands prix à Cannes, où c'était l'enfant qui nourrissait le parent pour lui apprendre à bien manger. Tout ça, c'est des choses qui forment ma mémoire. J'aime aussi les petits bateaux, là où je trouve que cette société s'est un peu perdue parce qu'il y avait des campagnes magnifiques sur... qu'est-ce que c'est des vêtements où on ne peut pas faire tout ce qu'on veut dedans. C'est des belles stratégies. J'aime bien tout ce qu'on fait sur la cosse, c'est souvent passionnant, mais le film sur la dispute est probablement un film essentiel parce que chaque fois, finalement, la publicité, ce que j'aime, c'est que chaque fois que vous arrivez à toucher quelque chose d'important, c'est comme un livre d'extrêmement humain. qui dépasse un peu à la fois votre marque, à la fois la catégorie dans laquelle vous êtes. il y a quelque chose qui se passe. Donc, ce que représente une dispute pour un être humain, un couple, la violence que ça représente et la façon de le raconter, ça, c'était magique.

  • Speaker #0

    Vous me donnez une perche. Est-ce que la grâce dont vous parlez, alors dans le cas d'Air France, elle ne vient pas du fait que ce soit, je crois, Michel Gondry qui ait fait le film avec les Chemical Brothers pour la musique. Vous me parliez de Lacoste. Vous venez de sortir une campagne Lacoste featuring Netflix. On n'attendait pas forcément une rencontre, moi j'adore, mais on n'attendait pas forcément une rencontre Netflix-La Coste. Est-ce que cette grâce, est-ce que cette amélioration de la marque ne vient pas de ces croisements, de ces rencontres ?

  • Speaker #1

    Alors, bien sûr, nous on est très, très... On est sensible à beaucoup de choses en fait. On est sensible au fond. C'est-à-dire que si on n'a pas de fond, vous pouvez raconter ce que vous voulez, ça n'intéresse personne. À tel point que parfois, je n'ai pas réussi complètement les films, mais parce que j'avais du fond, j'ai beaucoup vendu. Donc, le fond, il est primordial. Vous avez quelque chose à dire ou pas à dire. Mais après, l'idée, elle est primordiale. C'est-à-dire, qu'est-ce qu'un créatif peut nous raconter dans l'idée de Lacoste sur la dispute ? C'est quand même une idée d'abord créative. Mais si... Vous ne passez pas le troisième cap qui est le cap du craft. C'est tellement dommage, parce que le craft, c'est quand même ce qui va être vu. Donc là, oui, c'est des magnifiques rencontres. Mais on a, par exemple, Fabrice Brobelli, qui travaille énormément sur tout ce qui est musique. Les Chemical Brothers, personne ne les avait utilisés. Ils étaient à peine connus. Ça, on adore. Oui, c'est un succès. Allez chercher des gens soit de talent, En fait, plus vous avez de talent sur quelque chose, mieux ça vaut. Donc, c'est fatigant les talents, mais c'est génial. Donc, après, il ne faut pas perdre l'objectif. C'est-à-dire, il faut gérer les talents.

  • Speaker #0

    Pourquoi c'est fatigant les talents ?

  • Speaker #1

    C'est fatigant parce que vous mettez, c'est comme ici, moi je recrute des talents, vous mettez plein d'égos autour d'une table. Bien sûr. Mais peu importe, la culture, c'est d'habituer ses égos à parler à l'autre. Et si vous y arrivez, vous avez une belle agence. Pourquoi,

  • Speaker #0

    je vais garder le fil conducteur de la publicitaire, pourquoi est-ce qu'on nomme une publicitaire ? À la tête, donc présidente du conseil d'administration du musée national de l'histoire, de l'immigration et de l'établissement public du palais de la Porte Dorée.

  • Speaker #1

    Alors je ne sais pas s'ils ont pensé à ce point-là au fait que j'étais publicitaire, mais la publicité c'est extraordinaire comme formation. C'est-à-dire que quand vous faites de la publicité, vous êtes relié à ce que j'appelle le business, c'est-à-dire à l'efficacité. et vous savez quel est un peu le chemin qu'il faut faire pour aller à l'efficacité. Donc je ne pense pas qu'ils m'aient choisi parce que j'étais une publicitaire, je pense qu'ils m'ont choisi plutôt parce que j'avais une histoire de réussite, et pourtant j'étais immigrée, donc j'étais très liée à un engagement autour de l'ouverture, à l'immigration, etc. Donc je pense que c'est pour ça que Jacques Toubon, à l'époque, s'était approché de moi. Et après, je pense que la publicité nous rend efficaces. Moi, j'avais un musée qui n'allait pas bien, qui était remis en cause, qui était morné. C'est-à-dire qu'il avait été créé par Jacques Chirac, qui était très ouvert à tout ce qui venait d'ailleurs. Au moment où il a fait le quai Branly, il a préfiguré le palais de la Porte Dorée, donc le musée de l'immigration. Il a eu cette idée-là, c'est pour ça que Jacques Toubon a repris et a mis en place le musée. Mais tout de suite après, on a eu Sarkozy, qui a dit, ça ne sert à rien, un musée de l'immigration, on pourrait faire la France, voilà. Et donc c'est là où j'étais, où j'arrivais, et donc j'avais très peu de subventions, pas assez. J'arrivais même pas à la fin de l'année avec des subventions et j'avais un conseil d'administration complexe parce qu'il y avait tous les ministères. Ministère, pas tous, mais le ministère de l'éducation, le ministère de l'enseignement secondaire et de la recherche, le ministère de la culture qui était notre premier ministère et le ministère de l'intérieur. Donc j'étais très surveillée. Je pense qu'avec les ministères, en étant avec le conseil d'administration, en leur disant toujours la vérité, en leur montrant le trafic, en montrant, on me disait ça n'intéressera personne. Donc on a fait des belles expositions, les gens sont venus, on a fait de la belle publicité, les gens sont venus. J'étais contente parce que les ministères disaient ça marche la publicité ? Je disais ben oui, évidemment, les gens ne vont pas dépenser des sous, acheter des campagnes si ça ne marchait pas. Mais oui, ça a marché et depuis 10 ans, je fais tout pour que ça continue à marcher.

  • Speaker #0

    Je vous le disais tout à l'heure, on a des professionnels de la communication, puis aussi des jeunes professionnels de la communication, et aussi des étudiants de communication qui nous écoutent. Quel conseil donneriez-vous aux jeunes professionnels qui souhaitent se lancer dans le monde de la communication et de la publicité, et tout particulièrement en agence ? Parce que je remarque que souvent quand je donne des interventions, alors je n'ai pas votre aura Mercedes, mais... J'ai beaucoup de jeunes et de moins jeunes qui me disent, moi, je ne veux pas aller en agence parce que ce n'est pas bien payé, on travaille comme des chiens. C'est les charrettes, c'est tout ce qu'on a aimé finalement.

  • Speaker #1

    Mais c'est passionnant.

  • Speaker #0

    Mais oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Donc voilà, dans la vie, il faut choisir. Donc moi, j'ai tout aimé, y compris les charrettes.

  • Speaker #0

    Oui, mais moi, j'ai été aussi fier que de travailler toute la nuit.

  • Speaker #1

    Voilà, donc il y a un moment, d'abord, ça s'est calmé parce que nos histoires de télétravail, ça se recueille dans le monde. Donc je ne sais pas si ça le structure en bien ou en mal, mais en tout cas, il y a des choses bien et puis il y a des choses moins bien. Mais en tout cas, oui, c'est un métier de passionné. Donc oui, si vous n'avez pas de passion, ne venez pas. Vous allez trouver ça compliqué. Et puis si vous n'êtes pas très bon, ne venez pas, parce que ça va vous rendre compliqué. Donc il faut, de toute façon, moi je dis toujours aux jeunes, vous savez, il faut aller dans les endroits où vous réussissez. Parce que la vie, ce n'est pas fait pour se faire taper dessus. Et moi, je ne suis pas du tout dans une problématique française de l'enseignement. qui montre les faiblesses des gens et n'accentue pas les forces. Donc si vous sentez que vous avez une forme d'expertise pour ce métier, et si vous avez une passion, alors il faut venir. Après, moi, je trouve que j'ai eu une chance terrible de faire ce métier. Je pense que c'est un métier qui vous permet de vous agiter le neurone tout le temps. Vous n'êtes pas dépendant d'une entreprise.

  • Speaker #0

    Vous en connaissez beaucoup, donc il y a un côté technologique.

  • Speaker #1

    Il dépend de l'entreprise Et du coup,

  • Speaker #0

    pas d'entreprise. Moi, j'étais trop désobéissante pour participer à une seule entreprise. J'aimais bien avoir ce regard extérieur qui me faisait du bien. Donc, il faut que ça vous corresponde. Et après, il y a beaucoup de métiers dans la communication, donc il ne faut pas se tromper. Pour être stratège, il faut être très fort, il faut aimer les sciences humaines, il faut aimer les gens. Mais les gens, ce n'est pas n'importe quoi. Faire des sciences humaines, c'est le contraire du il n'y a pas de rigueur etc. Non, c'est le contraire. Il y a autant de rigueur que dans la mathématique. Donc, si vous aimez ça, vous pouvez être stratège et c'est passionnant. Si vous aimez autre chose, cette folie aussi, qui est un peu une folie créative, qui est une espèce de liberté qui est on vous donne un brief, mais il faut faire plaisir aux gens au bout du bout Donc, comment est-ce que vous trouvez un moyen de dépasser le brief pour raconter les choses de façon intéressante aux gens ? Vous pouvez venir aussi.

  • Speaker #1

    Et on revient à cette histoire d'aimer les gens, finalement.

  • Speaker #0

    Ah bah oui. Je pense que c'est surtout chez les stratèges. Chez les créatifs, ce qu'ils aiment, c'est trouver une façon de faire, en effet, qui va créer un succès. Donc, un lien avec des gens. Vous avez raison. et un lien avec leur père. Ils sont hypersensibles à la reconnaissance de leur père. Alors que moi, je suis sensible à la reconnaissance des entreprises.

  • Speaker #1

    C'est normal, d'où les lions à cannes, etc.

  • Speaker #0

    C'est important, les lions à cannes, parce qu'en France, on ne respecte pas assez notre métier. Respecter notre métier, moi, quand mes clients ont des prix... Je ne sais pas. Ils ont le prix du meilleur produit. Ils ont fait... Je suis respectueuse. La meilleure innovation, je ne suis pas respectueuse. Donc, il faut être respectueux devant les prix créatifs. Et surtout, et vous allez le voir à Cannes, parce que la CC a fait un joli travail avec Cantart. En général, quand on est créatif, ça paye.

  • Speaker #1

    Oui, les Français marchent bien à Cannes, en général.

  • Speaker #0

    Pas mal, mais pas suffisamment. Et on n'est pas assez fiers. Et surtout, vous ne pouvez pas prendre toutes les communications de Cannes et dire que c'est efficace. Parfois, elles sont faites pour les prix, honnêtement. Mais les grandes marques sont créatives. Et donc, les grandes marques, par leur créativité, construisent du business. Il faut le garder de près.

  • Speaker #1

    Est-ce que, justement, on arrête avec ce public des plus jeunes ou de ceux qui sont encore à l'école ?

  • Speaker #0

    Non, mais moi j'adore les gens qui sont à l'école. Je les attends.

  • Speaker #1

    C'est une question qui me revient souvent. C'est, qu'est-ce que c'est un planeur stratégique ?

  • Speaker #0

    Alors, ça dépend des endroits.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Voilà. Le problème, ici, on a une certaine vision du planeur qui est différente, parce qu'on a une vision aussi différente de ce qu'on appelle communément le commercial. En Angleterre, le planeur, c'était celui plutôt, le planeur était plutôt du côté de la créa. et aider les créatifs à verrouiller leurs idées et à faire qu'une idée, elle soit intéressante, marrante, etc. Dans cette agence-là, le planeur, il est plutôt du côté du business. Moi, je pense que l'enjeu de la compréhension de la stratégie, elle ne doit pas être reliée purement à la créa. Donc, j'ai fait les choses différemment. Je pense que c'est le succès de BETC. Et puis, l'autre chose qui est importante, c'est qu'en Angleterre, souvent, les commerciaux sont des vendeurs. Et moi, je ne veux pas de vendeurs. Je veux des gens qui pensent et qui vont expliquer pourquoi ils ont pensé telle ou telle chose. Des consultants. Et je veux des consultants, des stratèges. Et j'aime bien quand ils sont engagés. sur quelque chose, parce que c'est toujours difficile de dire à un client, vous savez quoi ? Je crois que ça va marcher. Moi, j'ai peur quand je dis ça, parce que je me dis, oh là là, ça ne marche pas. Mais c'est ça, s'engager. S'engager, c'est à la fois avoir beaucoup pensé et puis avoir le courage d'avoir une direction. Ça, ce n'est jamais facile.

  • Speaker #1

    Avant de passer à d'autres sujets plus médiatiques, est-ce que vous pouvez nous parler un peu de BETC en termes de business, quelques chiffres ? les campagnes, l'Océan ?

  • Speaker #0

    En fait, on ne va pas parler de trop de données parce qu'elles sont données dans le groupe Avas et donc elles sont très surveillées. Mais c'est une très grosse agence. C'est parti très petit. C'est devenu grand et gros. Rémi me disait toujours, mais pourquoi tu veux grandir ? Rémi Babinet, pourquoi tu veux grandir ? Je disais parce que je ne veux pas que les Américains nous ennuient. Et donc, je vais avoir une taille américaine. C'est ce qui est arrivé puisqu'on est 1200 à Paris. Donc, on est une taille, c'est rien, c'est une ETI, il faut se calmer. En agence de com,

  • Speaker #1

    c'est très important.

  • Speaker #0

    Je crois que c'est la plus grande agence de com de France. On doit être dans les deux ou trois, je ne sais pas. Et surtout, on est classé tout le temps dans les cinq premiers mondiaux cette année troisième. Et c'est ça qui est important. On a des métiers multiples. J'ai créé, je pense que c'est un métier d'artisan. Donc grandir ne veut pas dire ne pas continuer à faire. C'est pour ça d'ailleurs que je continue à faire, parce que je pense que la qualité vient... Vous ne pouvez pas surveiller 30 budgets. Ça n'a pas de sens. Donc il faut trouver des gens de grande qualité. C'est pour ça qu'il nous faut des talents à tout prix pour être en charge des différents business de l'entreprise. Après, on couvre des secteurs très importants. que ce soit l'automobile, la banque, l'alimentaire, le luxe. Et on a créé des entités, BETC Full Six, qui est spécialisée dans tout ce qui est CRM, data, base de données, e-commerce, etc. BETC Toile Rouge, qui est spécialisée dans l'univers du luxe. On a BETC Corporate. Donc, on a créé des entités pour que tout soit toujours à taille humaine. Parce que, en fait, ce métier, c'est que des gens.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous vous souvenez de cette boîte ? Peut-être qu'elle existe encore, qui s'appelait Les Artisans du Paradis. C'est vieux, hein ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est pas Les Artisans du Paradis, non. C'est les... Je sais plus. Les Ouvriers. Ah, Les Ouvriers du Paradis. C'était encore mieux.

  • Speaker #1

    J'avais trouvé le nom de cette boîte.

  • Speaker #0

    C'était très joli. Eh bien, je crois que...

  • Speaker #1

    Ça m'a fait penser à ça.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Nous sommes des Ouvriers du Paradis. Je crois que c'était Thierry Consigny ?

  • Speaker #1

    Je crois.

  • Speaker #0

    Merci à Thierry, parce que nous considérons nous aussi que nous sommes des ouvriers du paradis.

  • Speaker #1

    C'était un très joli nom de boîte.

  • Speaker #0

    J'adore.

  • Speaker #1

    Sur un sujet un peu plus médiatique, je ne veux pas qu'on rentre dans l'aspect judiciaire de l'affaire, mais il y a l'affaire Palmade. On en a entendu parler sur toutes les chaînes d'info, puis sur la caisse de résonance des réseaux sociaux. En termes de communication, Comment expliquez-vous qu'un pays comme la France, où on est les premiers fumeurs de joint, les premiers consommateurs de cannabis, les plus gros consommateurs d'anxiolithique, on n'est pas une publicité de prévention, une campagne de prévention ? Si tu te défonces, tu restes chez toi ? Ou la drogue c'est de la merde, mais c'est une campagne qui a déjà existé ? Ou Gainsbourg par exemple, qui dans son album You are under arrest avait fait une chanson aux enfants de la chance ? Tout ça, c'était des messages forts qu'on envoyait aux jeunes pour les sensibiliser au danger de la drogue. Alors qu'aujourd'hui, c'est hyper violent, c'est des amendes, c'est des machins, c'est des... Pourquoi est-ce que la publicité ne se saisit pas de ce problème ?

  • Speaker #0

    Alors, d'une part, c'est une problématique gouvernementale. J'entends. C'est-à-dire, comment est-ce qu'ils envisagent cette problématique qui est une problématique extrêmement lourde que celle de l'addiction, et très compliquée, qui est aussi liée aux problématiques de santé mentale. Et nous, on fait beaucoup de choses dans ce sens. C'est-à-dire, on a soutenu Amine Beniamina, qui est un des grands addictologues français. Et Amine s'occupait, voulait lancer un portail. pour justement que les gens puissent, quand il y a un enjeu d'alcool important, quand il y a un enjeu de coke important, puissent avoir un lieu où les familles ou même les jeunes puissent comprendre comment on peut s'en sortir, de quelle histoire il s'agit. Beaucoup, beaucoup soutenu ce portail. On a fait beaucoup de choses. On a fait de l'activisme autour de ça, etc. On soutient beaucoup de choses autour de la santé mentale. L'œuvre Falray, en particulier. Moi, je suis au conseil d'administration. Là, on est en train de regarder avec Jean-Victor Blanc, qui travaille autour de tout ce qui est la pop-musique, etc. Et les problèmes de santé mentale, parce que très souvent, les problèmes de... Les problèmes de drogue et d'alcool sont quand même liés à un mal-être. Et la première addiction la plus violente, la plus dure, la plus forte, c'est l'alcool. Et quand on a les problèmes de féminicide, etc., on voit réapparaître en éléments forts, libératoires de stupidité, etc. ...se mettent à taper l'alcool. Oui,

  • Speaker #1

    la loi de la santé mentale du Hôtel-Lichon.

  • Speaker #0

    Donc moi, je suis acquise à tout ce que vous me dites. Moi, je propose toujours de tout faire gratuitement, mais enfin, l'État ne veut jamais, parce que je pense que, oui, c'est un combat. Je pense que le combat aussi de la santé mentale en est un, parce que là, les jeunes... Vous vous rendez compte à quel point, après le Covid, ils peuvent être paumés, c'est-à-dire, même avec le télétravail, ils peuvent être paumés. Parce que moi, je réfléchis à mon époque, quand je suis sortie de mes études, la voie était claire. Je voulais trouver un travail, je voulais qu'il m'intéresse et je voulais que ce soit une passion. Puis là, on leur prend la tête, il faut l'équilibre, télétravail, enfin, ils finissent chez eux, face à je ne sais pas trop quoi. Je ne trouve pas ça toujours d'une efficacité redoutable. J'ai un de mes gamins qui fait des jeux vidéo. Son premier job, il était enfermé chez lui face à son ordi tout seul. Je ne suis pas sûre que ça structure le monde.

  • Speaker #1

    Oui, dans le télétravail, il y a parfois plus télé que travail.

  • Speaker #0

    Et je pense qu'on n'est pas fait pour être... Vous voyez, ce n'est pas la même chose. Les gens ne sont pas tous au même endroit, à la même époque. Vous êtes jeune, vous sortez des études, vous avez envie de vous insérer dans quelque chose, donc il faut quelque chose qui vous insère. Moi, je fais très attention à l'ambiance de l'agence sur ce point-là.

  • Speaker #1

    Je vais mettre les pieds dans le plat encore. Je vous rappelle que vous avez toujours le bouton non si vous ne voulez pas y répondre, et je le comprendrai. Est-ce qu'on ne trouve pas plus de drogue, plus d'alcool ? Et plus de problèmes de santé mentale finalement, liés à des burn-out et plein d'autres choses d'ailleurs. Dans les agences de communication, c'est vrai, on travaille peut-être plus tard, plus longtemps, où c'est plus dur, il y a de la pression, que dans d'autres univers de métiers de service.

  • Speaker #0

    Alors, je ne sais pas, parce que franchement, on n'a pas d'élément super comparatif. Je pense que dans les consultants, ça ne doit pas être moindre non plus. Après, je vois plus, on a un milieu créatif dont à l'époque, si j'écoute BD, il y avait beaucoup de drogue. Donc, je pense que ça, ça peut continuer un peu dans cet univers. En tout cas, nous, on fait tout pour essayer d'aider les gens qui sont dans ce type d'addiction. Il y a des choses en RH pour les aider. Surtout, ce qu'on voit apparaître, c'est ce qu'on appelle le burn-out, parce que je pense qu'il veut tout dire et rien dire. Le burn-out, c'est quand les gens vont mal, le croisement entre le travail et la difficulté d'être donne du burn-out. Donc en agence, moi je m'aperçois qu'ici, ce qui est compliqué, c'est qu'il faut prendre les gens qui sont... bien au niveau, et qui sont capables de ne pas s'angoisser, parce qu'ils sont bien au niveau de compétences. Si vous prenez un peu en dessous, il y a un seuil qui est acquis, qui est trop difficile, et là, ça donne de la dureté. Mais bien sûr, c'est un métier... Moi, c'est ce que j'aimais dans le métier, c'est la liberté que j'avais de penser. Mais quand quelqu'un m'appelle à 8h et qu'il me jette tout ce que j'ai fait, il faut être de bonne humeur.

  • Speaker #1

    À 8h, c'est sympa. Il y en a qui le font à 2h du mat.

  • Speaker #0

    À 8h du soir, on se dit, ça ne va pas. Donc, il y a des endroits où... Je pense qu'il y a des profils qui peuvent très bien supporter ça. Je me disais, mais ce n'est pas lui qui va me mettre de bonne ou de mauvaise humeur. Et puis, il y a des profils qui ne peuvent pas supporter ça. Donc, il y a probablement plus de burn-out dans des choses qui sont du registre du service, avec une pression du service et surtout une pression des idées. C'est-à-dire, peut-être vous avez ça en cabinet d'architecture, etc. C'est-à-dire, parfois les gens grognent et... et on a très envie enfin moi je fais ça souvent parce que c'est ça que vous appelez mon tempérament rugueux je ne l'ai pas rappelé je dis souvent vous avez une idée à nous soumettre à mon client parce que c'est bien de grogner mais une idée vous savez ça peut venir de tout le monde donc n'hésitez pas parce que ça sert à rien moi par exemple il y a un mot que je déteste c'est l'urgence Souvent, on est dans un sentiment d'urgence qui est archi faux.

  • Speaker #1

    Oui, il ne faut pas comprendre urgence et précipitation.

  • Speaker #0

    Urgence pour faire des nullités ou urgence... Oui, on est pressé, mais il faut quand même qu'on ait le temps d'approfondir, de faire quelque chose de bien. De plus en plus, on est dans un monde agité qu'il faut calmer. Parce que ce qui compte pour les gens... c'est qu'il y ait de la qualité dans la relation, qu'il y ait de la qualité dans ce que l'on sort, et pas qu'on sorte sans arrêt. Le digital n'a pas aidé.

  • Speaker #1

    Non, mais il y a une phrase que j'ai beaucoup entendue en agence, c'est l'urgent est fait, l'impossible est en cours, pour les miracles, prévore un délai

  • Speaker #0

    Oui, mais vous avez raison. Non, et puis surtout, moi, l'urgent, quand on me dit c'est urgent j'ai un système immédiat, c'est que je ralentis. Donc il ne faut jamais me dire ça.

  • Speaker #1

    Donc vous êtes rugueuse.

  • Speaker #0

    Donc je suis rugueuse. J'aime bien défendre mes équipes et le métier de la pub.

  • Speaker #1

    Il faut, il faut. En plus, si vous arrivez à concilier liberté de penser aussi, liberté de s'exprimer au sein d'une entreprise, c'est très important. Toujours sur un sujet médiatique, et c'est un passage obligé, après des mois de mouvement social, certains parlent même d'une démocratie en crise. Quel regard portez-vous sur la communication du président Macron et de l'exécutif à propos des retraites après plusieurs mois de mobilisation ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est à propos des retraites. Je pense que c'est plus profond que cela. Donc, je ne sais pas, par exemple, ce qu'il pouvait faire hier. Autre que de dire... Enfin, je trouvais que ce n'était pas du tout clair. Quand vous ne voulez pas bouger, vous allez raconter autre chose. Alors que vous ne voulez pas bouger, je ne suis pas sûre. Mais je pense que c'est plus profond que cela. C'est-à-dire, c'est quoi une belle communication ? Je pense que très souvent... nos patrons, nos dirigeants, aiment bien les coups. Ah, je vais parler à tel public, etc. Et je pense que c'est plus profond que ça, plus empathique que ça. Et cette empathie, elle est nécessaire à un moment donné. Il faut être empathique devant la compréhension de ce que ressentent les gens.

  • Speaker #1

    L'empathie est un peu cassée. Je vais vous dire rapidement ce que ça m'a inspiré. J'ai eu l'impression de voir un patron d'agence qui était allé voir avant tous les gens de son agence pour leur dire un tel client n'est pas content, il me faut des idées à annoncer avec des deadlines et comme ça, ça va le rassurer. Ça n'engage que moi, mais c'est un peu ce que j'ai vu.

  • Speaker #0

    Je crois que vous savez quand vous avez des gens énervés sur un sujet.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas sûre que c'est le bon moment de parler.

  • Speaker #1

    Non, surtout pas de personne.

  • Speaker #0

    Parce que, soit vous leur dites que vous les avez compris, vous changez quelque chose, soit si vous ne voulez pas changer, ce qui aussi, ce n'est pas non plus critiquable, parce que, en gros, si vous changez tout le temps, il y a un moment où on ne comprend rien, mais en tout cas, je pense que du coup, la parole, elle est inaudible dans ces cas-là. Voilà. Donc, je ne suis pas sûre que j'aurais parlé à ce moment-là. Voilà, parce que la parole est inaudible.

  • Speaker #1

    Ah bah je vous mets mon biais que ce matin tout le monde a oublié ce qu'il a dit, mais bon, peu importe. Sur le même sujet, récemment Emmanuel Macron a accordé une interview à Pif Gadget. Marlène Schiappa était la semaine dernière, je crois, en une de...

  • Speaker #0

    C'est ce que j'appelle les coups.

  • Speaker #1

    Oui, mais enfin, quelle est votre opinion sur ce choix de médias et l'influence que ça a sur le public ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il faut éviter les coups. C'est-à-dire, vous voyez bien que... que c'est des coups. Donc moi, je crois qu'il faut faire attention. Je ne pense pas que les dirigeants, d'ailleurs, en général, je ne pense pas que c'est formidable de répondre à ce genre d'idées un peu... Ah oui, d'ouverture. Je trouve ça un peu naïf et franchement, je ne suis pas très à l'aise. Ni par l'un, ni par l'autre. Alors que Marlène Schiappa, lorsqu'on écoute ses discours, c'est une bonne communicante.

  • Speaker #1

    Mais c'est aussi une bonne communicante quand elle part toute seule finalement, sans première personne. Bon, chez Playboy, après moi je...

  • Speaker #0

    Mais là, Playboy, je ne sais pas ce que ça lui apporte.

  • Speaker #1

    Je pense que ça ne lui apporte rien, mais en tout cas, elle met le sujet du droit des femmes dans un magazine qui n'en parlait pas beaucoup. Moi, j'ai lu un Playboy il y a peut-être 25 ans que mon père m'avait donné. Ce n'était pas forcément le droit des femmes.

  • Speaker #0

    C'est vrai, mais elle ne se protège pas beaucoup. Voilà, elle ne se protège pas beaucoup. Si on a besoin d'elle, ça n'aide pas. Mais moi, je trouve qu'elle a une parole, pour l'avoir écoutée très souvent, je trouve qu'elle a une des belles paroles du gouvernement. Pour être honnête, je trouve que on a beaucoup critiqué, on a dit qu'elle communiquait plus, qu'elle ne faisait de choses lorsqu'elle était à l'égalité homme-femme.

  • Speaker #1

    Secrétariat d'État.

  • Speaker #0

    Secrétariat d'État pour les femmes. Mais je trouvais que cette parole était importante et que c'était aussi une façon de faire bouger le monde que de parler.

  • Speaker #1

    Je voudrais maintenant qu'on parle des intelligences artificielles génératives. Alors, ça ne vous a pas échappé, on en parle matin, midi, soir, la nuit et plus encore. On parle essentiellement de chat d'EPT et de mid-journée. Ça prend de plus en plus d'importance, notamment dans le monde de la communication. J'entends un peu partout dire que l'IA va tuer plein de métiers comme les graphistes, les concepteurs, rédacteurs. Mais ne croyez-vous pas au contraire qu'il faut prendre le taureau par les cornes, apprendre aux gens à utiliser ces outils et ainsi créer de nouveaux métiers finalement ?

  • Speaker #0

    Je pense comme vous. Je pense comme vous. Je n'ai jamais... En plus, j'ai un gamin, mon grand, qui est dans le digital et qui me répète sans fin. rien ne vaut l'homme. Donc, tout ce qui est instrument, il faut savoir l'utiliser. Donc, utilisons ça. On a utilisé Photoshop à des moments donnés. Ça faisait peur, on l'a utilisé. Mais est-ce que ça remplace une idée brillante et tout ? Je ne suis pas sûre.

  • Speaker #1

    Pas du tout.

  • Speaker #0

    Donc, je ne suis jamais effrayée par... par l'utilisation, le fait qu'on ait des outils à utiliser. Après, je pense que je suis plus effrayée par la naïveté face aux datas, parfois incompréhensibles, qui ne servent à rien les trois quarts du temps. Vous avez beaucoup de datas, en fait, vous n'avez toujours pas compris le levier de modification d'un consommateur. Donc, il y a beaucoup de bruit autour de ça. Mais moi, je... Je suis une éternelle positive et optimiste. Je pense que l'humain, l'intelligence humaine, et j'avais entendu un discours très brillant d'un des patrons de l'innovation français, d'origine française d'ailleurs, qui habitait à Los Angeles et qui travaillait à l'époque sur Sony de façon très intéressante, et qui disait, vous savez ce qui a changé avec le temps, c'est la taille des ordinateurs. il y a plus de données qui peuvent être traitées. Donc, je suis assez calme par rapport à ça. Après, regardons bien, parce que plein de choses peuvent être utilisées. Ne fermons pas les portes.

  • Speaker #1

    Et justement, d'un point de vue technologique, là, vraiment, je vous parle de ce que je vous ai déjà posé, la question sur la communication tout à l'heure, mais là, la communication plus la technologie plus le business. Quelle est votre vision de la publicité de demain ? Comment vous imaginez finalement l'évolution du secteur, de l'industrie en termes de créativité, de techno, d'approche stratégique ? Parce que c'est important.

  • Speaker #0

    Alors, il y a beaucoup de questions. Oui. Alors, la digitalisation, elle modifie profondément des tas de choses chez les consommateurs. Ça, c'est vraiment intéressant, ne serait-ce qu'en inventant une autre forme d'aller acheter, faire des courses. On regarde tous maintenant nos petits iPhones pour savoir le meilleur prix, où se trouve le produit, etc. Donc, il y a une... Il y a une facilitation des achats, une comparaison possible, etc. Donc ça, ça change profondément les gens. En revanche, ce qui ne change pas, c'est les gens. Les gens, c'est toujours des gens. Ils sont capables de lire un livre qui a été écrit il y a 20 siècles. et d'y trouver un intérêt très fort. On est capable d'aller voir des expos qui remontent à Lascaux et on se dit, c'est magnifique ces dessins, et ça retrouve Picasso. Et donc, je ne pense pas que les êtres humains se modifient à ce point-là. Et je pense que ce qui a été fondamental hier sera fondamental demain. Donc, là où je suis assez emballée, c'est que je pense qu'il faudra toujours dire quelque chose d'important pour les gens. Les gens, ils bougent. On les écoute bouger. Mon fils, que j'adore citer parce que c'est tellement bien. Lui, il a un comportement très nouvelle génération, très concerné par l'écologie et tout, mais il n'est pas...

  • Speaker #1

    Quel âge a votre fils ?

  • Speaker #0

    Il a 35 ans. Il n'est pas du tout... Il n'est pas... écolo pur et dur. Et pourtant, tous ces gestes sont écolos. Mais il me dit, je ne sais pas pourquoi vous grognez tous, le monde a changé et les gens ont changé. Ils ont fait plein d'efforts. Et personne ne le dit de façon positive. Comme si le monde s'écroulait. Le monde a toujours évolué, bougé pour être... Le monde se protège toujours. Et les gens bougent. Ils ont énormément bougé. En très peu de temps, qui aurait pensé qu'on allait avoir au Galerie Lafayette tout un étage consacré au vintage ? aux secondes mains. Mais jamais j'aurais pensé ça il y a quelques années. Donc il y a des choses incroyables. Pas que des phénomènes de tri ou des choses comme ça. Des choses incroyables. Mon gamin, il a des enfants. Il n'a jamais acheté un truc neuf. Qu'est-ce que c'est ? Est-ce qu'il fait des théories dans sa tête ? Pas du tout. Il n'a jamais acheté un truc dans un point barre. Il récupère, etc. Tout ça, le monde a changé. Donc, il faut tenir compte de ces changements dans la tête des gens. On ne parle plus de la consommation comme avant. Elle a évolué, elle est différente, mais ils ont envie de plaisir, ils ont envie de bonnes choses, ils ont envie de pouvoir voyager, ils ont envie de plein de trucs qui restent de ce qu'il y avait avant. Donc je pense qu'on est... Les mécaniques de fond, de l'amour, de l'amitié, du lien, de la nourriture, de l'importance du corps, etc. Elles restent là, importantes.

  • Speaker #1

    Mais alors pourquoi les Français semblent détester autant la publicité et la réclame ?

  • Speaker #0

    Mais non, mais moi, les Français chez moi, ils adorent la pub. Je ne sais pas quelles études on leur fait. Moi, ils adorent la pub. Je vais vous dire.

  • Speaker #1

    Les Français chez vous, c'est vous entendre.

  • Speaker #0

    Non, les Français, c'est hyper simple. Moi, si vous me dites est-ce que j'aime la pub ? J'aime mon métier. Mais est-ce que je regarde la pub comme si c'était le centre du monde ? Pas du tout. Mais pourquoi je vous dis que les Français aiment la pub ? C'est parce que moi, c'est très simple. Quand je fais de la pub, les Français viennent me chercher. Quand je fais pas de pub, ils viennent pas. les marques qui connaissent, c'est les marques de la pub. Les marques qu'ils aiment, c'est les marques qui ont fait de la pub. Quand je me tais, c'est-à-dire même dans le corporate, quand tout d'un coup, en corporate, on ne communique pas, les Français pensent qu'on ment, parce qu'on ne communique pas. Donc, je pense que peut-être on leur pose la question de façon un peu étrange, non ? C'est-à-dire, est-ce que vous aimez la pub ? Mais franchement...

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Je ne sais pas comment sont faits les sondages.

  • Speaker #0

    Voilà. Mais moi, ce que je sais, c'est que pendant le Covid, Les entreprises qui ont beaucoup aimé la pub Les entreprises très courageuses qui ont continué, elles ont marqué des points en part de marché incroyables.

  • Speaker #1

    Et en notoriété.

  • Speaker #0

    En notoriété, en lien avec le conso, Ferreiro. Incroyable, si j'en crois la pub. Même après leur accident qui les a meurtris, parce que c'est des malades de la qualité, et qui en plus, l'accident s'est passé dans leur usine la plus neuve, donc ils étaient à ramasser tous à la petite cuillère. La même année, ils vendaient plus qu'avant. la même année. C'est la force des marques. Et c'est la force de la pub. Donc, moi, je ne comprends pas qu'on puisse dire des choses aussi naïves qu'ils n'aiment pas la pub. Je n'ai jamais vu, même à l'époque, même il y a longtemps, vous demander aux gens, est-ce que vous écoutez plus la pub ou la recommandation d'un ami ? J'écoute plus la recommandation d'un ami.

  • Speaker #1

    Évidemment.

  • Speaker #0

    Évidemment.

  • Speaker #1

    Mais ça, c'est déjà ce qu'on disait il y a 20 ans avant des trucs.

  • Speaker #0

    Mais c'est normal. Mais en tout cas, il vaut mieux écouter la pub que certains médias sociaux.

  • Speaker #1

    Ah oui, mais ça, c'est autre chose.

  • Speaker #0

    Mais en tout cas, moi, je n'ai pas d'inquiétude sur... Je pense que, heureusement, les gens ne vous disent pas que la passion de leur vie, c'est la pub. Il y a quelques fous, mais c'est des fous.

  • Speaker #1

    Alors, vous vous concentrez comme un fou. Moi, je regarde des vieilles pubs, par exemple.

  • Speaker #0

    Oui, mais parce qu'on est des amateurs de ce métier. Mais quand moi, je suis rentrée dans la pub, je n'aimais pas la pub.

  • Speaker #1

    Moi, par exemple, je regarde souvent la pub de Cadbury avec le gorille et cette musique de Phil Collins, je ne me souviens plus quoi ça s'appelait, qui est absolument énorme. Et je me régale toujours autant.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Non mais combien je vous comprends maintenant. Mais quand je suis rentrée dans la pub, non. En fait, j'ai trouvé le métier passionnant de persuasion, des liens avec les gens, de culture aussi. Parce que quand vous parlez d'huile, vous parlez de thé, vous parlez de... de la culture qui s'est accumulée à travers des générations, etc. Alors tout ça se résume par School est envahi par des prospectus Non. D'ailleurs, la pub, honnêtement, elle m'énerve sur le digital.

  • Speaker #1

    Tout ce qui est cancer intrusif, c'est insupportable.

  • Speaker #0

    Donc je pense que, qu'est-ce que ça veut dire pour le futur ?

  • Speaker #1

    communiquons moins et communiquons mieux ça va pas dans le sens de ma prochaine question mais je vais vous la poser quand même c'est une question techno encore mais c'est la dernière on parle beaucoup du web 3 en ce moment On parle beaucoup des NFT, du Web3, des nouveaux services, des crypto-monnaies. Ça va révolutionner, ça révolutionne déjà la façon dont les gens interagissent en ligne, la façon dont on les aide aussi pour les flux financiers, je pense aux crypto-monnaies, à la blockchain, etc. Il y a même des magasins avec qui on peut payer en crypto maintenant. Quelle place voyez-vous pour le Web3 dans la publicité des jours à venir, mais des années à venir ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'on est en train tous de chercher, c'est-à-dire il faut éviter, moi j'ai vécu beaucoup de périodes de modifications lourdes. Je me souviens que j'avais des clients qui perdaient la tête et qui voulaient faire des agences médias au lieu de vendre leurs produits, parce qu'à une époque il y a eu une bulle internet, il y a eu une bulle digitale, donc il faut éviter l'effet bulle et il faut éviter de perdre le bon sens. Donc le Web 3 pour nous, ici, c'est un sujet qu'on prend très au sérieux et qu'on regarde, mais surtout d'ailleurs en production. Après, est-ce que tout va être dématérialisé ? Je ne suis pas sûre. Non. Et je ne suis pas sûre qu'on ait intérêt, surtout, à aller mettre dans la tête des gens. que c'est mieux de vivre dans un monde virtuel que dans un monde réel.

  • Speaker #1

    On peut regarder l'échec du Métaverse, dont on parlait autant que le Web3 à l'époque où c'était la folie du Métaverse, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Donc voilà, il faut juste faire attention parce que par exemple, pour les gamins, ça fait un peu peur quand ils sont plus dans le virtuel que dans le réel. C'est ça. Mais je pense qu'il faut explorer parce qu'en termes de production, ça nous donne des possibilités assez formidables. Et donc, je suis très positive. Mais... Tout ce qui est révolution technique ne révolutionne pas la tête des gens.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Mercedes, merci d'avoir pris le temps de répondre aux questions de Comme on en parle. Merci beaucoup à vous de nous écouter, voire de nous avoir partagé. Merci également à Rode Music de m'avoir fourni le Rodecaster Pro 2, des micros et tout le matériel nécessaire pour vous offrir un enregistrement de qualité. Pour nos auditeurs, si vous souhaitez en savoir plus sur Mercedes-Era et BETC, BETC Paris, BETC Full Six et BETC, j'ai oublié le troisième.

  • Speaker #0

    BETC corporate et BETC étoile rouge et BETC Buenos Aires et BETC Shanghai sur BETC si on partait à BETC Buenos Aires c'est une très bonne idée quelle bonne idée donc

  • Speaker #1

    vous pouvez suivre tout ça sur leurs réseaux sociaux et leurs sites, merci encore d'avoir écouté l'émission et à très bientôt pour un nouvel épisode du Love sur vous parce que la publicité c'est l'amour des gens merci à vous merci

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Description

Bienvenue dans Com'On en Parle !, le podcast qui fait le tour de la planète Communication ! Nous sommes heureux de vous présenter une interview exclusive avec Mercedes Erra, fondatrice de l'agence de publicité BETC et présidente de HAVAS Worlwide. 

Découvrez le parcours fascinant de Mercedes Erra, ses conseils pour réussir dans le monde de la communication, et son engagement pour l'égalité des sexes, les droits humains ou encore l'immigration (comme chance).  Nous avons aussi abordé des sujets très impactés par la communication : l'écologie, la politique,  l'intelligence artificielle générative... 

Avec son approche dynamique et informelle, Com'On en Parle ! est le podcast idéal pour explorer les tendances de demain en termes de communication, de publicité, de créativité, de technologie et d'approche stratégique.

Au cours de cette interview, animée par François Gombert, vous découvrirez comment Mercedes Erra a donné vie à des marques telles que Canal+, Air France, Peugeot et Lacoste, comment elle a su rendre ces marques belles et attrayantes.

Vous pourrez également écouter les conseils de Mercedes Erra pour les jeunes professionnels qui souhaitent se lancer dans le monde de la communication et de la publicité, et découvrir sa vision de l'avenir de la publicité.

Ne manquez pas cette interview inédite avec Mercedes Erra, une figure emblématique de la communication en France. Écoutez Com'On en Parle ! pour découvrir les secrets de la réussite dans le monde de la communication, la publicité, et pour explorer les tendances de demain en termes de créativité, de technologie et d'approche stratégique.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hey hey hey vous écoutez comment on parle le podcast qui fait le tour de la planète communication aujourd'hui nous avons l'honneur d'être reçu par Mercedes Serra fondatrice de PETC publicitaire engagée power woman assumée daronne de la publicité plongée dans l'univers fascinant de la communication et découvrir ce qui fait ce qui fait ce qui fait Big Up à Rode Microphone pour leur généreux soutien pour un podcast de qualité sonore exceptionnel. Préparez-vous à être inspiré. C'est parti pour Comme on en parle, un podcast animé par François Gombert depuis la planète communication. Hey hey hey, vous écoutez comme on en parle, le podcast qui fait le tour de la planète communication. Aujourd'hui est un jour spécial car, pour la première fois, j'ai le plaisir d'être reçu par une femme de communication, une femme engagée et puissante, publicitaire mais pas que. Je suis honoré et fier qu'elle ait accepté de me recevoir car c'est une femme aux mille casquettes avec une carrière prolifique dans la publicité et qui incarne aujourd'hui le E de la maison BETC qu'elle a fondée. BETC, c'est, je crois pouvoir le dire sans me tromper, 1200 employés. C'est aussi la première agence française de publicité et elle figure dans le top 3 des agences européennes. Bonjour Mercedes. Bonjour. Vous allez bien ?

  • Speaker #1

    Je vais très bien.

  • Speaker #0

    Formidable. Merci de me recevoir dans les magnifiques locaux bien clouantins de BETC à Pantin, ou dit-on Pantine à présent ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est sympa d'ailleurs. En fait, on a un maire sympa. On dit comme le maire dit. D'abord, le maire nous a aidés à nous installer ici, donc c'est hyper sympa. Ce n'est pas loin. C'est juste qu'on est habitués à vivre dans le 8e, mais les gens normaux, non. Les gens viennent de partout. Quand on a bougé, ça n'a pas beaucoup éloigné les gens, sauf les gens un peu plus aisés, on va dire.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    On était un peu éloignés.

  • Speaker #0

    Les eaux, pour moi, c'est loin. C'est ce que vous vouliez dire.

  • Speaker #1

    En fait, c'est près.

  • Speaker #0

    Avant de découvrir votre incroyable et riche parcours, j'aimerais vous poser une question. C'est quoi la communication ? C'est quoi la publicité aujourd'hui ? et demain ?

  • Speaker #1

    Oh là là, ça commence très bien, parce que ça commence par une question lourde, large, lourde, importante.

  • Speaker #0

    Pour vous,

  • Speaker #1

    parce que je vous pose à tout le monde. Pour moi, c'est très important. En fait, je n'ai même pas de doute que c'est un passage obligé d'un monde libre, c'est-à-dire, il faut donner une parole à des entreprises, il faut donner une parole à des ONG, il faut donner une parole au gouvernement, Mais il vaut mieux qu'elles soient encadrées. C'est ça la publicité. C'est rendre public certaines choses et en même temps ne pas permettre de dire n'importe quoi. Donc on est encadré. Il n'y a pas de choses qui sont encadrées comme la publicité. Donc je trouve que finalement, c'est peut-être la publicité qui est une des thématiques les plus honnêtes dans le monde d'aujourd'hui en termes de communication.

  • Speaker #0

    Et est-ce que vous pensez, en allant dans ce sens-là, que finalement pour faire de la bonne publicité comme pour faire de la bonne communication, Et quand je dis ça, je pense à quelque chose qu'on a tous vu hier sur la télévision, il faut aimer les gens.

  • Speaker #1

    Je pense que vous avez vraiment raison. Je pense que je ne recommande pas aux gens qui n'aiment pas les gens de venir dans ce métier. Je crois que moi, je suis venue dans ce métier quand je me suis rendue compte à quel point il fallait passer du temps à comprendre les gens. Je me suis dit mais c'est extraordinaire. Toutes les sciences humaines s'en mêlent. Ce n'est pas facile de comprendre les gens. Non, mais c'est très intéressant. Et je ne m'en doutais pas quand je suis arrivée dans la publicité qu'il y avait cet enjeu tellement important de comprendre où sont les gens.

  • Speaker #0

    Je fais un nouvel aparté. Mais alors vous dites il faut entendre les gens, il faut comprendre les gens. Mais il faut aussi entendre et comprendre. les prospects et les clients qu'on a quand on est une agence de communication.

  • Speaker #1

    Oui, mais moi, je préfère les... Je trouve que nos clients finaux sont les clients les plus importants. Bien sûr. Et je crois que c'est parce que je pense ça que les clients viennent me voir.

  • Speaker #0

    Ça ne vous est jamais arrivé d'avoir un, mais ce n'est pas ce que j'avais demandé d'un client ?

  • Speaker #1

    Oh, je vais sans arrêt.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Comment vous faites pour...

  • Speaker #1

    Alors, il y a plusieurs façons de faire. D'abord, il faut écouter parce que... le client intermédiaire peut avoir raison. Si on avait tout le temps raison, ça se saurait. Donc, il faut écouter les arguments en honnêteté, mais si on pense qu'il a tort, il faut lui dire.

  • Speaker #0

    On va faire un gros flashback, mais un flashback quand même. Mercedes, vous pouvez nous parler de votre parcours depuis Barcelone, à la création de BETC, en passant par vos études. Et puis surtout, j'ai découvert que vous vouliez vous appeler Martine, quand vous étiez petite. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis née en Espagne, près de Barcelone. Donc dans le Nord, d'un pays. Tout le monde me disait que j'étais du Sud, mais moi j'étais du Nord. Oui, oui. Ben oui. et je suis arrivée en France à 6 ans, donc c'est toujours un moment fort pour un enfant, ou pour un adulte d'ailleurs, de changer de pays, de bouger, de traverser une frontière, c'est jamais anodin, ou passer d'une culture à une autre culture, même si c'est pas si éloigné que ça, mais malgré tout c'est pas anodin. Et ça a marqué toute ma vie en fait, le fait de rentrer en France à l'âge de 6 ans, je me suis pas rendu compte quand j'avais 6 ans, Je me souviens juste des grands moments du passage de la frontière. Mon père nous attendait, il avait une petite voiture, il ne trouvait pas le chauffage. Et moi, je croyais qu'on était allé dans le cercle polaire. Et je me disais, mais pourquoi mes parents m'emmènent-ils dans le cercle polaire ? Je ne comprenais pas. C'était le 25 décembre. Donc c'était Noël et mon papa m'avait acheté, je me souviens très bien, deux poupons qui étaient noirs. je me souviens. On se souvient de tout à ces moments-là. Et là, on a eu toutes les aventures avec cette voiture, avec le froid. On a failli perdre cette valise tellement célèbre dans l'immigration dans le Rhône, parce qu'on s'est, je ne sais pas, trop rapprochés du Rhône. Il y a eu un moment de panique. Et ça, ça marque, parce que quand vous êtes une petite fille, vous arrivez en France. Pour mes parents, c'était à la fois un nouveau pays et c'était à la fois un changement de... Un peu social, puisqu'ils étaient un peu dans la bourgeoisie moyenne en Espagne et que là, ils étaient plus pauvres que ça. Donc, ce n'était pas évident pour ma maman, plus clair pour mon papa, mais pas évident pour ma maman. Et donc, pour une petite fille, je me suis dit qu'il fallait s'intégrer et j'ai commencé à travailler à l'intégration à l'âge de 6 ans.

  • Speaker #0

    D'accord, et donc le prénom Martine, ça vient de là.

  • Speaker #1

    Alors, prénom Martine, c'est que quand j'allais à l'école, que je ne parlais pas français, je me disais, mais quand est-ce qu'il se moquait de moi, évidemment, parce que les autres enfants, ils sont durs de toute façon. Donc, je me suis tue pendant six mois. J'ai appris le français. Quand j'ai parlé, je parlais très bien.

  • Speaker #0

    Vous ne parlez que catalan.

  • Speaker #1

    Je parlais catalan, donc je croyais, quand les gens me disaient, vous parlez espagnol, je disais oui. Et là, ils parlaient une drôle de langue. Et donc je disais à ma mère, enfin quand même, je ne parle rien alors, je ne parle ni espagnol ni français. Donc j'ai appris le français mais avec beaucoup d'énergie, avec la radio, c'est pour ça que j'aime tant les podcasts, parce que je suis une fille de radio, j'ai appris le français avec France Inter. Et du coup très bien, puisque quand j'ai parlé, on ne m'a plus embêtée quoi, on ne m'a plus embêtée. Et on m'embêtait sur ce prénom. J'avais un peu honte. Une petite fille, c'est comme le conformiste de Montravière. Vous arrivez quelque part, vous voulez ressembler à tout le monde. Donc déjà, ma maman, elle me mettait des vêtements beaucoup plus sympas et chics que les petites françaises. Donc je disais, maman, est-ce que tu peux faire plus moche ? Et voilà, je voulais être habillée comme les petites filles françaises, c'est-à-dire à l'époque, les années 60, mal habillées. Les enfants, on ne s'occupait pas des enfants en France, on n'était pas très concernés. En Espagne, on s'en occupait beaucoup. Et puis, chaque fois que je disais mon prénom, c'était des moqueries pas possibles. Donc je disais à ma maman, écoute, il y a un prénom sublime, c'est Martine. Parce que j'avais les petits livres, Martine va à la plage, Martine à la campagne et tout. Je trouvais ça magnifique.

  • Speaker #0

    Pour continuer, j'ai oublié de vous le dire, vous avez à côté de vous un bouton non, enfin no plus exactement, parce que c'est un buzzer que j'ai acheté à Barcelone, justement, et si jamais vous ne voulez pas répondre à une question, vous tapez sur le truc rouge et tout le monde entendra que vous n'avez pas voulu répondre et on passera à autre chose. Je me demandais, finalement, dans la vie d'un publicitaire, si vous deviez choisir un super pouvoir qui vous permettrait d'être une super publicitaire, ce serait quoi ?

  • Speaker #1

    Ah mais je sais pas parce qu'en fait j'aime pas trop les super pouvoirs je crois que ce que j'ai aimé le plus dans ce métier c'était qu'on ramait pour persuader et en fait c'est un métier de persuasion de persuasion pour le public à la fin, il faut bien que je persuade que mon eau des viandes elle est intéressante, que le petit yogourt il faut s'y intéresser et tout ce qu'on veut qu'il faut regarder telle ou telle entreprise donc persuader Et en plus, il faut que je persuade plein de gens à l'intermédiaire. Mes clients directs, là aussi, quand on a une idée, une idée forte, il faut la vendre très longuement. Il faut être très tenace dans les ventes des idées quand vous y croyez. Mais c'est pareil aussi quand je parle à la création, à l'agence. Quand ils me disent, ton brief, il n'est pas bien. Alors là, je réfléchis. Soit ils ont raison. Soit ils ont tort, et j'insiste.

  • Speaker #0

    C'est vous qui faites les briefs directement à la créa ?

  • Speaker #1

    Souvent, oui. En fait, moi, je crois que ce métier est difficile. qu'il exige de la séniorité et qu'on fait exactement le contraire aujourd'hui puisqu'on nous paye de moins en moins et que notre tendance serait de mettre des juniors. Et je pense que les juniors c'est magnifique, mais qu'il faut toujours un senior dans l'histoire. Donc dans cette agence, vous avez beaucoup de seniors.

  • Speaker #0

    Pardonnez-moi, je vais mettre un peu les pieds dans le plat, mais quand on s'est parlé la dernière fois, je me suis posé une question. Je me suis dit, mais est-ce que c'est Mercedes, Mercedes-Era ? la chef d'entreprise de BETC, BETC Full Six, présidente exécutive d'Avast Worldwide, donc qui est présidente et qui en fait est une businesswoman, ou est-ce que c'est Mercedes Serra, la publicitaire, qui met les mains dans le cambouis, qui va prendre les briefs, qui va présenter les pitches, les stratégies, etc.

  • Speaker #1

    Moi, je pense que la meilleure façon d'être patron d'entreprise, c'est de faire son métier. Donc je crois que je suis publicitaire. Je crois que ce que je préfère profondément, c'est l'orientation des marques, des entreprises. J'adore ça. Et du coup, comme je pense que c'est ça le cœur de notre métier, je ne vois pas à quoi servent les présidents s'ils ne font pas ça. En tout cas, moi, je n'ai pas envie de faire un autre métier. Je n'ai pas envie d'être dans des avions. Je n'ai pas envie de faire des deals incroyables. J'ai envie... de défendre les marques, de défendre les entreprises, de leur donner la belle parole. Et je trouve ça tellement difficile qu'heureusement que j'ai beaucoup travaillé avant, parce que ça ne me paraît pas une évidence aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Non, il y a beaucoup de présidents aujourd'hui. Alors je vais prendre, par exemple, votre collègue Jacques Seguela, que j'ai interviewé il y a peu de temps, qui me disait qu'il n'avait jamais été aussi heureux parce qu'il prenait l'avion tout le temps depuis que la création d'Avast était au niveau mondial.

  • Speaker #1

    Mais moi, je crois que ce n'est pas dans un avion. Je pense que mondialement, Les stratégies ne se passent pas dans les avions. Pour réfléchir, il faut se mettre quelque part. Je crois beaucoup au leadership. En revanche, je pense qu'on peut penser global à partir de Barcelone, à partir de Londres, à partir de Paris. Et je pense qu'il faut une réalité de travail sur les enjeux du public. Quand le public est mondial, on travaille sur des données mondiales. Et quand le public est français, on travaille sur le public français. C'est tellement simple. En revanche, il faut beaucoup de travail. Puis une idée, c'est fragile. C'est fragile intellectuellement, c'est fragile créativement. Donc il faut la défendre, il faut la supporter. Moi, je fais plutôt le métier comme ça.

  • Speaker #0

    Je vais vous donner une chance, Mercedes Serra, d'un peu redorer votre blason auprès de ceux qui vous connaissent ou qui disent vous connaître, puisqu'on m'a dit Ouh là là, tu vas voir Mercedes Serra, elle va te démonter On m'a parlé d'une femme assez rugueuse, assez dure.

  • Speaker #1

    et l'avis moyen était prépare bien ton sujet parce qu'elle va t'éclater oh je crois pas je pense que je suis rigoureuse on peut pas me dire n'importe quoi ni me faire dire n'importe quoi je crois que je crois beaucoup à l'importance des mots donc je surveille ce que je dis J'aime pas qu'on écrive ce que je n'ai pas dit, ou j'aime pas qu'on l'écrive mal, donc ça, si ça est rugueux, voilà, mais moi, mes équipes, je pense qu'elles me trouvent à la fois rugueuses, c'est-à-dire disant la vérité, voulant exigeante, mais je pense être assez tendre et assez affective, et je pense pas que j'ai gardé 30 ans les mêmes personnes sans affection.

  • Speaker #0

    Bon, c'était plutôt des gens qui ne travaillaient pas directement avec vous.

  • Speaker #1

    Non, mais je pense qu'aujourd'hui, on peut dire tout et n'importe quoi et je déteste ça. Et donc, en effet, je peux être rugueuse.

  • Speaker #0

    Oui, je ne suis pas surpris.

  • Speaker #1

    Tendre et rugueuse à la fois.

  • Speaker #0

    C'est pas mal, c'est bien. Et justement, en tant que femme d'affaires et leader dans l'industrie de la publicité, quels ont été les défis que vous avez rencontrés au cours de votre carrière, y compris et surtout en tant que femme finalement ? Et comment vous les avez surmontés ?

  • Speaker #1

    En tant que femme, c'était assez simple. J'ai eu beaucoup de chance dans la vie. Je ne sais pas très bien comment mes parents m'ont élevée. Ma maman pourtant était à la maison. mais dans ma tête, très vite, je me suis dit qu'elle n'avait pas trop de chance. Je me suis dit que c'était mieux d'être à l'extérieur, que ma maman aurait été mieux à l'extérieur. Elle était brillante, très intelligente, et ça l'ennuyait de faire le ménage de façon constante. Ça ne l'intéressait pas. Donc j'ai été très bien élevée par une maman qui grognait, qui disait comme c'est dommage que j'ai à faire trois fois par jour des repas Et finalement, elle m'a mis dans la tête que l'extériorité... C'était une chose formidable. Donc quand je suis arrivée, moi je pense que le premier obstacle aux femmes, c'est elle-même. Si psychologiquement vous pensez que vous ne pouvez pas faire comme les hommes, que c'est vous qui devez porter le poids familial, que quand vous allez être au travail, vous allez manquer à votre enfant. C'est ça qui rend si fragiles les femmes. Elles portent beaucoup de choses, elles portent trop de choses. Moi j'avais la chance de me dire... que j'allais pouvoir porter les deux tranquillement et que mes enfants seraient heureux si j'avais réussi. Il n'y avait pas de conséquences. C'est-à-dire, on peut tout avoir, les enfants, c'est magique, c'est eux qui décident de leur chemin. Mais ce n'est pas parce que le maman travaille ou elle ne travaille pas que vous n'avez pas des difficultés avec vos enfants. Donc, je n'avais pas ça dans la tête et je voulais travailler. Voilà.

  • Speaker #0

    Si je vous montre le dernier livre de Frédéric Becbédé. Confession d'un hétérosexuel légèrement dépassé, c'est Albert Michel.

  • Speaker #1

    Il dit que quand il a écrit son livre sur la pub, il n'arrêtait pas de dire sauve-toi Et il critiquait, il disait, sauf toi. Et je pense qu'il n'aimait pas une certaine façon de faire la publicité. Dans

  • Speaker #0

    Il fait trop des infromans.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Il n'aimait pas toutes les façons de faire la publicité. Mais je pense que c'est un grand publicitaire.

  • Speaker #0

    C'est un très grand publicitaire, c'est un très grand auteur.

  • Speaker #1

    Moi, je suis arrivée, on disait, on gagne beaucoup d'argent dans la pub. Je suis arrivé, pourtant ça fait 30 ans que je suis là, je suis arrivé après. C'est-à-dire, ce n'est pas vrai que nous sommes très bien payés. C'est vrai que ce travail est un travail intense. et que franchement, la publicité a un combat aujourd'hui, c'est de se faire correctement rémunérer, pour qu'on puisse rémunérer les gens qui nous entourent et qui travaillent avec beaucoup de force et d'intérêt et d'intelligence.

  • Speaker #0

    Oui, je rebondis sur les salaires. C'est vrai qu'on est, moi ça fait 20 ans que je fais ça, on est globalement assez mal payé en agence dans les métiers de la communauté.

  • Speaker #1

    Bien sûr, si vous comparez en ce qui concerne les stratèges, C'est là où on a la plus grande difficulté à recruter. Vous comparez avec... Finalement, je les engage venant des mêmes écoles. Et je compare avec le conseil. Le conseil paye beaucoup mieux. Et je suis sûre que le conseil n'est pas plus difficile, n'est pas plus intéressant.

  • Speaker #0

    Non, pas plus intéressant.

  • Speaker #1

    N'est pas plus intéressant. C'est pareil. En tout cas, je respecte tout à fait. Je ne veux pas du tout que les gens du Conseil baissent leur rémunération. Je veux que les nôtres augmentent.

  • Speaker #0

    Je comprends. Alors, beauty. BETC a créé de grandes et belles campagnes. Alors, je pense notamment à Evian, bien sûr, avec les bébés. McDo, Venez comme vous êtes, la saga pour Canal+, ou d'incroyables films pour Air France. Je pense notamment à ce film intelligent et poétique sur fond de Chemical Brothers, qui, moi, reste parmi mes films de pub préférés. Quel dommage qu'Air France soit partie de chez vous, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Il ne faut pas s'inquiéter. Je pense qu'il y a des moments... Ces gens-là avaient travaillé avec nous pendant 20 ans. Donc, ils ont eu envie d'un peu d'air sur Terre. Pourquoi pas ? Après, moi, je crois beaucoup aux histoires, à la réalité, à la vérité de ce que l'on fait. Et quand on regarde les 20 ans, le travail était magnifique.

  • Speaker #0

    Ah,

  • Speaker #1

    c'est fou, c'est fou. Le futur peut être très bien, on verra. Parfois, les gens partent de chez BETC, y compris nos équipes, mais j'en ai beaucoup qui reviennent.

  • Speaker #0

    Et justement, en parlant de secret, quel est votre secret pour donner vie à ces marques, à ces entreprises, à les rendre belles et attrayantes ? Le cas d'Air France est exceptionnel, mais il y en a d'autres.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a l'insensité de ce qu'on a à dire. Moi, je crois que quand on n'a rien à dire, il vaut mieux rien dire. Donc la parole, je la préfère rare que racontant n'importe quoi. Donc l'enjeu, pour moi, c'est que l'entreprise ait des choses importantes à raconter. Parfois, quand mes clients me disent, mais ce que tu veux nous faire dire est difficile, après il va falloir tenir, je dis, c'est une bonne nouvelle, elle engage. Moi, j'aime les campagnes qui engagent l'entreprise. l'entreprise c'est un long chemin de progression donc engager une entreprise sur un chemin de progression c'est quelque chose de formidable

  • Speaker #0

    Mercedes, je sais que vous n'aimez pas que je vous pose cette question mais je vais vous la poser quand même quelle est la publicité le film publicitaire qui vous a le plus touché, que vous avez le plus vu que vous aimez le plus, il y a des films publicitaires qui sont même très vieux que j'aime beaucoup voir et revoir et il y a aussi, en tout cas c'est mon cas des publicités qui m'affligent qui m'agacent. Pour vous, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    J'en ai beaucoup qui m'agacent, mais il n'y a rien qui me vient. Mais la communication, en global, je trouve que c'est hyper difficile d'avoir du talent. Parce qu'on ne peut pas se contenter simplement. Déjà, il faut avoir quelque chose à dire d'important. Mais sur cette base-là, il faut le dire avec grâce. Et la grâce, elle est rare. Donc, quand je regarde un écran publicitaire, il y a un bon film pour si navet ou si façon de faire et honnêtement même chez nous parfois je me dis c'est pas possible qu'on ait fait ça donc il faut faire attention parce que c'est très c'est toujours sur la lame du rasoir c'est compliqué, on est sur une ligne de crête il faut identifier donc il y a plein de campagnes qui ne m'intéressent pas et je ne me souviens même pas des campagnes qui ne m'intéressent pas mais en revanche je me souviens des choses que j'aime et j'aime toujours les marques qui creusent un sillon J'ai toujours aimé Nike, j'ai toujours trouvé qu'on passe des cicatrices mises en avant et qui montrent à quel point le sport est parfois une violence, une dureté, mais c'est ça qui fait qu'on vibre à des joueurs de foot qui dans un aéroport s'amusent. Tout ça, ça continue à me passionner et à m'intéresser. J'aime les marques qui sont... Vous avez cité Air France, mais j'aime aussi certaines vieilles campagnes de Danone, par exemple des campagnes qui avaient eu des grands prix à Cannes, où c'était l'enfant qui nourrissait le parent pour lui apprendre à bien manger. Tout ça, c'est des choses qui forment ma mémoire. J'aime aussi les petits bateaux, là où je trouve que cette société s'est un peu perdue parce qu'il y avait des campagnes magnifiques sur... qu'est-ce que c'est des vêtements où on ne peut pas faire tout ce qu'on veut dedans. C'est des belles stratégies. J'aime bien tout ce qu'on fait sur la cosse, c'est souvent passionnant, mais le film sur la dispute est probablement un film essentiel parce que chaque fois, finalement, la publicité, ce que j'aime, c'est que chaque fois que vous arrivez à toucher quelque chose d'important, c'est comme un livre d'extrêmement humain. qui dépasse un peu à la fois votre marque, à la fois la catégorie dans laquelle vous êtes. il y a quelque chose qui se passe. Donc, ce que représente une dispute pour un être humain, un couple, la violence que ça représente et la façon de le raconter, ça, c'était magique.

  • Speaker #0

    Vous me donnez une perche. Est-ce que la grâce dont vous parlez, alors dans le cas d'Air France, elle ne vient pas du fait que ce soit, je crois, Michel Gondry qui ait fait le film avec les Chemical Brothers pour la musique. Vous me parliez de Lacoste. Vous venez de sortir une campagne Lacoste featuring Netflix. On n'attendait pas forcément une rencontre, moi j'adore, mais on n'attendait pas forcément une rencontre Netflix-La Coste. Est-ce que cette grâce, est-ce que cette amélioration de la marque ne vient pas de ces croisements, de ces rencontres ?

  • Speaker #1

    Alors, bien sûr, nous on est très, très... On est sensible à beaucoup de choses en fait. On est sensible au fond. C'est-à-dire que si on n'a pas de fond, vous pouvez raconter ce que vous voulez, ça n'intéresse personne. À tel point que parfois, je n'ai pas réussi complètement les films, mais parce que j'avais du fond, j'ai beaucoup vendu. Donc, le fond, il est primordial. Vous avez quelque chose à dire ou pas à dire. Mais après, l'idée, elle est primordiale. C'est-à-dire, qu'est-ce qu'un créatif peut nous raconter dans l'idée de Lacoste sur la dispute ? C'est quand même une idée d'abord créative. Mais si... Vous ne passez pas le troisième cap qui est le cap du craft. C'est tellement dommage, parce que le craft, c'est quand même ce qui va être vu. Donc là, oui, c'est des magnifiques rencontres. Mais on a, par exemple, Fabrice Brobelli, qui travaille énormément sur tout ce qui est musique. Les Chemical Brothers, personne ne les avait utilisés. Ils étaient à peine connus. Ça, on adore. Oui, c'est un succès. Allez chercher des gens soit de talent, En fait, plus vous avez de talent sur quelque chose, mieux ça vaut. Donc, c'est fatigant les talents, mais c'est génial. Donc, après, il ne faut pas perdre l'objectif. C'est-à-dire, il faut gérer les talents.

  • Speaker #0

    Pourquoi c'est fatigant les talents ?

  • Speaker #1

    C'est fatigant parce que vous mettez, c'est comme ici, moi je recrute des talents, vous mettez plein d'égos autour d'une table. Bien sûr. Mais peu importe, la culture, c'est d'habituer ses égos à parler à l'autre. Et si vous y arrivez, vous avez une belle agence. Pourquoi,

  • Speaker #0

    je vais garder le fil conducteur de la publicitaire, pourquoi est-ce qu'on nomme une publicitaire ? À la tête, donc présidente du conseil d'administration du musée national de l'histoire, de l'immigration et de l'établissement public du palais de la Porte Dorée.

  • Speaker #1

    Alors je ne sais pas s'ils ont pensé à ce point-là au fait que j'étais publicitaire, mais la publicité c'est extraordinaire comme formation. C'est-à-dire que quand vous faites de la publicité, vous êtes relié à ce que j'appelle le business, c'est-à-dire à l'efficacité. et vous savez quel est un peu le chemin qu'il faut faire pour aller à l'efficacité. Donc je ne pense pas qu'ils m'aient choisi parce que j'étais une publicitaire, je pense qu'ils m'ont choisi plutôt parce que j'avais une histoire de réussite, et pourtant j'étais immigrée, donc j'étais très liée à un engagement autour de l'ouverture, à l'immigration, etc. Donc je pense que c'est pour ça que Jacques Toubon, à l'époque, s'était approché de moi. Et après, je pense que la publicité nous rend efficaces. Moi, j'avais un musée qui n'allait pas bien, qui était remis en cause, qui était morné. C'est-à-dire qu'il avait été créé par Jacques Chirac, qui était très ouvert à tout ce qui venait d'ailleurs. Au moment où il a fait le quai Branly, il a préfiguré le palais de la Porte Dorée, donc le musée de l'immigration. Il a eu cette idée-là, c'est pour ça que Jacques Toubon a repris et a mis en place le musée. Mais tout de suite après, on a eu Sarkozy, qui a dit, ça ne sert à rien, un musée de l'immigration, on pourrait faire la France, voilà. Et donc c'est là où j'étais, où j'arrivais, et donc j'avais très peu de subventions, pas assez. J'arrivais même pas à la fin de l'année avec des subventions et j'avais un conseil d'administration complexe parce qu'il y avait tous les ministères. Ministère, pas tous, mais le ministère de l'éducation, le ministère de l'enseignement secondaire et de la recherche, le ministère de la culture qui était notre premier ministère et le ministère de l'intérieur. Donc j'étais très surveillée. Je pense qu'avec les ministères, en étant avec le conseil d'administration, en leur disant toujours la vérité, en leur montrant le trafic, en montrant, on me disait ça n'intéressera personne. Donc on a fait des belles expositions, les gens sont venus, on a fait de la belle publicité, les gens sont venus. J'étais contente parce que les ministères disaient ça marche la publicité ? Je disais ben oui, évidemment, les gens ne vont pas dépenser des sous, acheter des campagnes si ça ne marchait pas. Mais oui, ça a marché et depuis 10 ans, je fais tout pour que ça continue à marcher.

  • Speaker #0

    Je vous le disais tout à l'heure, on a des professionnels de la communication, puis aussi des jeunes professionnels de la communication, et aussi des étudiants de communication qui nous écoutent. Quel conseil donneriez-vous aux jeunes professionnels qui souhaitent se lancer dans le monde de la communication et de la publicité, et tout particulièrement en agence ? Parce que je remarque que souvent quand je donne des interventions, alors je n'ai pas votre aura Mercedes, mais... J'ai beaucoup de jeunes et de moins jeunes qui me disent, moi, je ne veux pas aller en agence parce que ce n'est pas bien payé, on travaille comme des chiens. C'est les charrettes, c'est tout ce qu'on a aimé finalement.

  • Speaker #1

    Mais c'est passionnant.

  • Speaker #0

    Mais oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Donc voilà, dans la vie, il faut choisir. Donc moi, j'ai tout aimé, y compris les charrettes.

  • Speaker #0

    Oui, mais moi, j'ai été aussi fier que de travailler toute la nuit.

  • Speaker #1

    Voilà, donc il y a un moment, d'abord, ça s'est calmé parce que nos histoires de télétravail, ça se recueille dans le monde. Donc je ne sais pas si ça le structure en bien ou en mal, mais en tout cas, il y a des choses bien et puis il y a des choses moins bien. Mais en tout cas, oui, c'est un métier de passionné. Donc oui, si vous n'avez pas de passion, ne venez pas. Vous allez trouver ça compliqué. Et puis si vous n'êtes pas très bon, ne venez pas, parce que ça va vous rendre compliqué. Donc il faut, de toute façon, moi je dis toujours aux jeunes, vous savez, il faut aller dans les endroits où vous réussissez. Parce que la vie, ce n'est pas fait pour se faire taper dessus. Et moi, je ne suis pas du tout dans une problématique française de l'enseignement. qui montre les faiblesses des gens et n'accentue pas les forces. Donc si vous sentez que vous avez une forme d'expertise pour ce métier, et si vous avez une passion, alors il faut venir. Après, moi, je trouve que j'ai eu une chance terrible de faire ce métier. Je pense que c'est un métier qui vous permet de vous agiter le neurone tout le temps. Vous n'êtes pas dépendant d'une entreprise.

  • Speaker #0

    Vous en connaissez beaucoup, donc il y a un côté technologique.

  • Speaker #1

    Il dépend de l'entreprise Et du coup,

  • Speaker #0

    pas d'entreprise. Moi, j'étais trop désobéissante pour participer à une seule entreprise. J'aimais bien avoir ce regard extérieur qui me faisait du bien. Donc, il faut que ça vous corresponde. Et après, il y a beaucoup de métiers dans la communication, donc il ne faut pas se tromper. Pour être stratège, il faut être très fort, il faut aimer les sciences humaines, il faut aimer les gens. Mais les gens, ce n'est pas n'importe quoi. Faire des sciences humaines, c'est le contraire du il n'y a pas de rigueur etc. Non, c'est le contraire. Il y a autant de rigueur que dans la mathématique. Donc, si vous aimez ça, vous pouvez être stratège et c'est passionnant. Si vous aimez autre chose, cette folie aussi, qui est un peu une folie créative, qui est une espèce de liberté qui est on vous donne un brief, mais il faut faire plaisir aux gens au bout du bout Donc, comment est-ce que vous trouvez un moyen de dépasser le brief pour raconter les choses de façon intéressante aux gens ? Vous pouvez venir aussi.

  • Speaker #1

    Et on revient à cette histoire d'aimer les gens, finalement.

  • Speaker #0

    Ah bah oui. Je pense que c'est surtout chez les stratèges. Chez les créatifs, ce qu'ils aiment, c'est trouver une façon de faire, en effet, qui va créer un succès. Donc, un lien avec des gens. Vous avez raison. et un lien avec leur père. Ils sont hypersensibles à la reconnaissance de leur père. Alors que moi, je suis sensible à la reconnaissance des entreprises.

  • Speaker #1

    C'est normal, d'où les lions à cannes, etc.

  • Speaker #0

    C'est important, les lions à cannes, parce qu'en France, on ne respecte pas assez notre métier. Respecter notre métier, moi, quand mes clients ont des prix... Je ne sais pas. Ils ont le prix du meilleur produit. Ils ont fait... Je suis respectueuse. La meilleure innovation, je ne suis pas respectueuse. Donc, il faut être respectueux devant les prix créatifs. Et surtout, et vous allez le voir à Cannes, parce que la CC a fait un joli travail avec Cantart. En général, quand on est créatif, ça paye.

  • Speaker #1

    Oui, les Français marchent bien à Cannes, en général.

  • Speaker #0

    Pas mal, mais pas suffisamment. Et on n'est pas assez fiers. Et surtout, vous ne pouvez pas prendre toutes les communications de Cannes et dire que c'est efficace. Parfois, elles sont faites pour les prix, honnêtement. Mais les grandes marques sont créatives. Et donc, les grandes marques, par leur créativité, construisent du business. Il faut le garder de près.

  • Speaker #1

    Est-ce que, justement, on arrête avec ce public des plus jeunes ou de ceux qui sont encore à l'école ?

  • Speaker #0

    Non, mais moi j'adore les gens qui sont à l'école. Je les attends.

  • Speaker #1

    C'est une question qui me revient souvent. C'est, qu'est-ce que c'est un planeur stratégique ?

  • Speaker #0

    Alors, ça dépend des endroits.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Voilà. Le problème, ici, on a une certaine vision du planeur qui est différente, parce qu'on a une vision aussi différente de ce qu'on appelle communément le commercial. En Angleterre, le planeur, c'était celui plutôt, le planeur était plutôt du côté de la créa. et aider les créatifs à verrouiller leurs idées et à faire qu'une idée, elle soit intéressante, marrante, etc. Dans cette agence-là, le planeur, il est plutôt du côté du business. Moi, je pense que l'enjeu de la compréhension de la stratégie, elle ne doit pas être reliée purement à la créa. Donc, j'ai fait les choses différemment. Je pense que c'est le succès de BETC. Et puis, l'autre chose qui est importante, c'est qu'en Angleterre, souvent, les commerciaux sont des vendeurs. Et moi, je ne veux pas de vendeurs. Je veux des gens qui pensent et qui vont expliquer pourquoi ils ont pensé telle ou telle chose. Des consultants. Et je veux des consultants, des stratèges. Et j'aime bien quand ils sont engagés. sur quelque chose, parce que c'est toujours difficile de dire à un client, vous savez quoi ? Je crois que ça va marcher. Moi, j'ai peur quand je dis ça, parce que je me dis, oh là là, ça ne marche pas. Mais c'est ça, s'engager. S'engager, c'est à la fois avoir beaucoup pensé et puis avoir le courage d'avoir une direction. Ça, ce n'est jamais facile.

  • Speaker #1

    Avant de passer à d'autres sujets plus médiatiques, est-ce que vous pouvez nous parler un peu de BETC en termes de business, quelques chiffres ? les campagnes, l'Océan ?

  • Speaker #0

    En fait, on ne va pas parler de trop de données parce qu'elles sont données dans le groupe Avas et donc elles sont très surveillées. Mais c'est une très grosse agence. C'est parti très petit. C'est devenu grand et gros. Rémi me disait toujours, mais pourquoi tu veux grandir ? Rémi Babinet, pourquoi tu veux grandir ? Je disais parce que je ne veux pas que les Américains nous ennuient. Et donc, je vais avoir une taille américaine. C'est ce qui est arrivé puisqu'on est 1200 à Paris. Donc, on est une taille, c'est rien, c'est une ETI, il faut se calmer. En agence de com,

  • Speaker #1

    c'est très important.

  • Speaker #0

    Je crois que c'est la plus grande agence de com de France. On doit être dans les deux ou trois, je ne sais pas. Et surtout, on est classé tout le temps dans les cinq premiers mondiaux cette année troisième. Et c'est ça qui est important. On a des métiers multiples. J'ai créé, je pense que c'est un métier d'artisan. Donc grandir ne veut pas dire ne pas continuer à faire. C'est pour ça d'ailleurs que je continue à faire, parce que je pense que la qualité vient... Vous ne pouvez pas surveiller 30 budgets. Ça n'a pas de sens. Donc il faut trouver des gens de grande qualité. C'est pour ça qu'il nous faut des talents à tout prix pour être en charge des différents business de l'entreprise. Après, on couvre des secteurs très importants. que ce soit l'automobile, la banque, l'alimentaire, le luxe. Et on a créé des entités, BETC Full Six, qui est spécialisée dans tout ce qui est CRM, data, base de données, e-commerce, etc. BETC Toile Rouge, qui est spécialisée dans l'univers du luxe. On a BETC Corporate. Donc, on a créé des entités pour que tout soit toujours à taille humaine. Parce que, en fait, ce métier, c'est que des gens.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous vous souvenez de cette boîte ? Peut-être qu'elle existe encore, qui s'appelait Les Artisans du Paradis. C'est vieux, hein ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est pas Les Artisans du Paradis, non. C'est les... Je sais plus. Les Ouvriers. Ah, Les Ouvriers du Paradis. C'était encore mieux.

  • Speaker #1

    J'avais trouvé le nom de cette boîte.

  • Speaker #0

    C'était très joli. Eh bien, je crois que...

  • Speaker #1

    Ça m'a fait penser à ça.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Nous sommes des Ouvriers du Paradis. Je crois que c'était Thierry Consigny ?

  • Speaker #1

    Je crois.

  • Speaker #0

    Merci à Thierry, parce que nous considérons nous aussi que nous sommes des ouvriers du paradis.

  • Speaker #1

    C'était un très joli nom de boîte.

  • Speaker #0

    J'adore.

  • Speaker #1

    Sur un sujet un peu plus médiatique, je ne veux pas qu'on rentre dans l'aspect judiciaire de l'affaire, mais il y a l'affaire Palmade. On en a entendu parler sur toutes les chaînes d'info, puis sur la caisse de résonance des réseaux sociaux. En termes de communication, Comment expliquez-vous qu'un pays comme la France, où on est les premiers fumeurs de joint, les premiers consommateurs de cannabis, les plus gros consommateurs d'anxiolithique, on n'est pas une publicité de prévention, une campagne de prévention ? Si tu te défonces, tu restes chez toi ? Ou la drogue c'est de la merde, mais c'est une campagne qui a déjà existé ? Ou Gainsbourg par exemple, qui dans son album You are under arrest avait fait une chanson aux enfants de la chance ? Tout ça, c'était des messages forts qu'on envoyait aux jeunes pour les sensibiliser au danger de la drogue. Alors qu'aujourd'hui, c'est hyper violent, c'est des amendes, c'est des machins, c'est des... Pourquoi est-ce que la publicité ne se saisit pas de ce problème ?

  • Speaker #0

    Alors, d'une part, c'est une problématique gouvernementale. J'entends. C'est-à-dire, comment est-ce qu'ils envisagent cette problématique qui est une problématique extrêmement lourde que celle de l'addiction, et très compliquée, qui est aussi liée aux problématiques de santé mentale. Et nous, on fait beaucoup de choses dans ce sens. C'est-à-dire, on a soutenu Amine Beniamina, qui est un des grands addictologues français. Et Amine s'occupait, voulait lancer un portail. pour justement que les gens puissent, quand il y a un enjeu d'alcool important, quand il y a un enjeu de coke important, puissent avoir un lieu où les familles ou même les jeunes puissent comprendre comment on peut s'en sortir, de quelle histoire il s'agit. Beaucoup, beaucoup soutenu ce portail. On a fait beaucoup de choses. On a fait de l'activisme autour de ça, etc. On soutient beaucoup de choses autour de la santé mentale. L'œuvre Falray, en particulier. Moi, je suis au conseil d'administration. Là, on est en train de regarder avec Jean-Victor Blanc, qui travaille autour de tout ce qui est la pop-musique, etc. Et les problèmes de santé mentale, parce que très souvent, les problèmes de... Les problèmes de drogue et d'alcool sont quand même liés à un mal-être. Et la première addiction la plus violente, la plus dure, la plus forte, c'est l'alcool. Et quand on a les problèmes de féminicide, etc., on voit réapparaître en éléments forts, libératoires de stupidité, etc. ...se mettent à taper l'alcool. Oui,

  • Speaker #1

    la loi de la santé mentale du Hôtel-Lichon.

  • Speaker #0

    Donc moi, je suis acquise à tout ce que vous me dites. Moi, je propose toujours de tout faire gratuitement, mais enfin, l'État ne veut jamais, parce que je pense que, oui, c'est un combat. Je pense que le combat aussi de la santé mentale en est un, parce que là, les jeunes... Vous vous rendez compte à quel point, après le Covid, ils peuvent être paumés, c'est-à-dire, même avec le télétravail, ils peuvent être paumés. Parce que moi, je réfléchis à mon époque, quand je suis sortie de mes études, la voie était claire. Je voulais trouver un travail, je voulais qu'il m'intéresse et je voulais que ce soit une passion. Puis là, on leur prend la tête, il faut l'équilibre, télétravail, enfin, ils finissent chez eux, face à je ne sais pas trop quoi. Je ne trouve pas ça toujours d'une efficacité redoutable. J'ai un de mes gamins qui fait des jeux vidéo. Son premier job, il était enfermé chez lui face à son ordi tout seul. Je ne suis pas sûre que ça structure le monde.

  • Speaker #1

    Oui, dans le télétravail, il y a parfois plus télé que travail.

  • Speaker #0

    Et je pense qu'on n'est pas fait pour être... Vous voyez, ce n'est pas la même chose. Les gens ne sont pas tous au même endroit, à la même époque. Vous êtes jeune, vous sortez des études, vous avez envie de vous insérer dans quelque chose, donc il faut quelque chose qui vous insère. Moi, je fais très attention à l'ambiance de l'agence sur ce point-là.

  • Speaker #1

    Je vais mettre les pieds dans le plat encore. Je vous rappelle que vous avez toujours le bouton non si vous ne voulez pas y répondre, et je le comprendrai. Est-ce qu'on ne trouve pas plus de drogue, plus d'alcool ? Et plus de problèmes de santé mentale finalement, liés à des burn-out et plein d'autres choses d'ailleurs. Dans les agences de communication, c'est vrai, on travaille peut-être plus tard, plus longtemps, où c'est plus dur, il y a de la pression, que dans d'autres univers de métiers de service.

  • Speaker #0

    Alors, je ne sais pas, parce que franchement, on n'a pas d'élément super comparatif. Je pense que dans les consultants, ça ne doit pas être moindre non plus. Après, je vois plus, on a un milieu créatif dont à l'époque, si j'écoute BD, il y avait beaucoup de drogue. Donc, je pense que ça, ça peut continuer un peu dans cet univers. En tout cas, nous, on fait tout pour essayer d'aider les gens qui sont dans ce type d'addiction. Il y a des choses en RH pour les aider. Surtout, ce qu'on voit apparaître, c'est ce qu'on appelle le burn-out, parce que je pense qu'il veut tout dire et rien dire. Le burn-out, c'est quand les gens vont mal, le croisement entre le travail et la difficulté d'être donne du burn-out. Donc en agence, moi je m'aperçois qu'ici, ce qui est compliqué, c'est qu'il faut prendre les gens qui sont... bien au niveau, et qui sont capables de ne pas s'angoisser, parce qu'ils sont bien au niveau de compétences. Si vous prenez un peu en dessous, il y a un seuil qui est acquis, qui est trop difficile, et là, ça donne de la dureté. Mais bien sûr, c'est un métier... Moi, c'est ce que j'aimais dans le métier, c'est la liberté que j'avais de penser. Mais quand quelqu'un m'appelle à 8h et qu'il me jette tout ce que j'ai fait, il faut être de bonne humeur.

  • Speaker #1

    À 8h, c'est sympa. Il y en a qui le font à 2h du mat.

  • Speaker #0

    À 8h du soir, on se dit, ça ne va pas. Donc, il y a des endroits où... Je pense qu'il y a des profils qui peuvent très bien supporter ça. Je me disais, mais ce n'est pas lui qui va me mettre de bonne ou de mauvaise humeur. Et puis, il y a des profils qui ne peuvent pas supporter ça. Donc, il y a probablement plus de burn-out dans des choses qui sont du registre du service, avec une pression du service et surtout une pression des idées. C'est-à-dire, peut-être vous avez ça en cabinet d'architecture, etc. C'est-à-dire, parfois les gens grognent et... et on a très envie enfin moi je fais ça souvent parce que c'est ça que vous appelez mon tempérament rugueux je ne l'ai pas rappelé je dis souvent vous avez une idée à nous soumettre à mon client parce que c'est bien de grogner mais une idée vous savez ça peut venir de tout le monde donc n'hésitez pas parce que ça sert à rien moi par exemple il y a un mot que je déteste c'est l'urgence Souvent, on est dans un sentiment d'urgence qui est archi faux.

  • Speaker #1

    Oui, il ne faut pas comprendre urgence et précipitation.

  • Speaker #0

    Urgence pour faire des nullités ou urgence... Oui, on est pressé, mais il faut quand même qu'on ait le temps d'approfondir, de faire quelque chose de bien. De plus en plus, on est dans un monde agité qu'il faut calmer. Parce que ce qui compte pour les gens... c'est qu'il y ait de la qualité dans la relation, qu'il y ait de la qualité dans ce que l'on sort, et pas qu'on sorte sans arrêt. Le digital n'a pas aidé.

  • Speaker #1

    Non, mais il y a une phrase que j'ai beaucoup entendue en agence, c'est l'urgent est fait, l'impossible est en cours, pour les miracles, prévore un délai

  • Speaker #0

    Oui, mais vous avez raison. Non, et puis surtout, moi, l'urgent, quand on me dit c'est urgent j'ai un système immédiat, c'est que je ralentis. Donc il ne faut jamais me dire ça.

  • Speaker #1

    Donc vous êtes rugueuse.

  • Speaker #0

    Donc je suis rugueuse. J'aime bien défendre mes équipes et le métier de la pub.

  • Speaker #1

    Il faut, il faut. En plus, si vous arrivez à concilier liberté de penser aussi, liberté de s'exprimer au sein d'une entreprise, c'est très important. Toujours sur un sujet médiatique, et c'est un passage obligé, après des mois de mouvement social, certains parlent même d'une démocratie en crise. Quel regard portez-vous sur la communication du président Macron et de l'exécutif à propos des retraites après plusieurs mois de mobilisation ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est à propos des retraites. Je pense que c'est plus profond que cela. Donc, je ne sais pas, par exemple, ce qu'il pouvait faire hier. Autre que de dire... Enfin, je trouvais que ce n'était pas du tout clair. Quand vous ne voulez pas bouger, vous allez raconter autre chose. Alors que vous ne voulez pas bouger, je ne suis pas sûre. Mais je pense que c'est plus profond que cela. C'est-à-dire, c'est quoi une belle communication ? Je pense que très souvent... nos patrons, nos dirigeants, aiment bien les coups. Ah, je vais parler à tel public, etc. Et je pense que c'est plus profond que ça, plus empathique que ça. Et cette empathie, elle est nécessaire à un moment donné. Il faut être empathique devant la compréhension de ce que ressentent les gens.

  • Speaker #1

    L'empathie est un peu cassée. Je vais vous dire rapidement ce que ça m'a inspiré. J'ai eu l'impression de voir un patron d'agence qui était allé voir avant tous les gens de son agence pour leur dire un tel client n'est pas content, il me faut des idées à annoncer avec des deadlines et comme ça, ça va le rassurer. Ça n'engage que moi, mais c'est un peu ce que j'ai vu.

  • Speaker #0

    Je crois que vous savez quand vous avez des gens énervés sur un sujet.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas sûre que c'est le bon moment de parler.

  • Speaker #1

    Non, surtout pas de personne.

  • Speaker #0

    Parce que, soit vous leur dites que vous les avez compris, vous changez quelque chose, soit si vous ne voulez pas changer, ce qui aussi, ce n'est pas non plus critiquable, parce que, en gros, si vous changez tout le temps, il y a un moment où on ne comprend rien, mais en tout cas, je pense que du coup, la parole, elle est inaudible dans ces cas-là. Voilà. Donc, je ne suis pas sûre que j'aurais parlé à ce moment-là. Voilà, parce que la parole est inaudible.

  • Speaker #1

    Ah bah je vous mets mon biais que ce matin tout le monde a oublié ce qu'il a dit, mais bon, peu importe. Sur le même sujet, récemment Emmanuel Macron a accordé une interview à Pif Gadget. Marlène Schiappa était la semaine dernière, je crois, en une de...

  • Speaker #0

    C'est ce que j'appelle les coups.

  • Speaker #1

    Oui, mais enfin, quelle est votre opinion sur ce choix de médias et l'influence que ça a sur le public ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il faut éviter les coups. C'est-à-dire, vous voyez bien que... que c'est des coups. Donc moi, je crois qu'il faut faire attention. Je ne pense pas que les dirigeants, d'ailleurs, en général, je ne pense pas que c'est formidable de répondre à ce genre d'idées un peu... Ah oui, d'ouverture. Je trouve ça un peu naïf et franchement, je ne suis pas très à l'aise. Ni par l'un, ni par l'autre. Alors que Marlène Schiappa, lorsqu'on écoute ses discours, c'est une bonne communicante.

  • Speaker #1

    Mais c'est aussi une bonne communicante quand elle part toute seule finalement, sans première personne. Bon, chez Playboy, après moi je...

  • Speaker #0

    Mais là, Playboy, je ne sais pas ce que ça lui apporte.

  • Speaker #1

    Je pense que ça ne lui apporte rien, mais en tout cas, elle met le sujet du droit des femmes dans un magazine qui n'en parlait pas beaucoup. Moi, j'ai lu un Playboy il y a peut-être 25 ans que mon père m'avait donné. Ce n'était pas forcément le droit des femmes.

  • Speaker #0

    C'est vrai, mais elle ne se protège pas beaucoup. Voilà, elle ne se protège pas beaucoup. Si on a besoin d'elle, ça n'aide pas. Mais moi, je trouve qu'elle a une parole, pour l'avoir écoutée très souvent, je trouve qu'elle a une des belles paroles du gouvernement. Pour être honnête, je trouve que on a beaucoup critiqué, on a dit qu'elle communiquait plus, qu'elle ne faisait de choses lorsqu'elle était à l'égalité homme-femme.

  • Speaker #1

    Secrétariat d'État.

  • Speaker #0

    Secrétariat d'État pour les femmes. Mais je trouvais que cette parole était importante et que c'était aussi une façon de faire bouger le monde que de parler.

  • Speaker #1

    Je voudrais maintenant qu'on parle des intelligences artificielles génératives. Alors, ça ne vous a pas échappé, on en parle matin, midi, soir, la nuit et plus encore. On parle essentiellement de chat d'EPT et de mid-journée. Ça prend de plus en plus d'importance, notamment dans le monde de la communication. J'entends un peu partout dire que l'IA va tuer plein de métiers comme les graphistes, les concepteurs, rédacteurs. Mais ne croyez-vous pas au contraire qu'il faut prendre le taureau par les cornes, apprendre aux gens à utiliser ces outils et ainsi créer de nouveaux métiers finalement ?

  • Speaker #0

    Je pense comme vous. Je pense comme vous. Je n'ai jamais... En plus, j'ai un gamin, mon grand, qui est dans le digital et qui me répète sans fin. rien ne vaut l'homme. Donc, tout ce qui est instrument, il faut savoir l'utiliser. Donc, utilisons ça. On a utilisé Photoshop à des moments donnés. Ça faisait peur, on l'a utilisé. Mais est-ce que ça remplace une idée brillante et tout ? Je ne suis pas sûre.

  • Speaker #1

    Pas du tout.

  • Speaker #0

    Donc, je ne suis jamais effrayée par... par l'utilisation, le fait qu'on ait des outils à utiliser. Après, je pense que je suis plus effrayée par la naïveté face aux datas, parfois incompréhensibles, qui ne servent à rien les trois quarts du temps. Vous avez beaucoup de datas, en fait, vous n'avez toujours pas compris le levier de modification d'un consommateur. Donc, il y a beaucoup de bruit autour de ça. Mais moi, je... Je suis une éternelle positive et optimiste. Je pense que l'humain, l'intelligence humaine, et j'avais entendu un discours très brillant d'un des patrons de l'innovation français, d'origine française d'ailleurs, qui habitait à Los Angeles et qui travaillait à l'époque sur Sony de façon très intéressante, et qui disait, vous savez ce qui a changé avec le temps, c'est la taille des ordinateurs. il y a plus de données qui peuvent être traitées. Donc, je suis assez calme par rapport à ça. Après, regardons bien, parce que plein de choses peuvent être utilisées. Ne fermons pas les portes.

  • Speaker #1

    Et justement, d'un point de vue technologique, là, vraiment, je vous parle de ce que je vous ai déjà posé, la question sur la communication tout à l'heure, mais là, la communication plus la technologie plus le business. Quelle est votre vision de la publicité de demain ? Comment vous imaginez finalement l'évolution du secteur, de l'industrie en termes de créativité, de techno, d'approche stratégique ? Parce que c'est important.

  • Speaker #0

    Alors, il y a beaucoup de questions. Oui. Alors, la digitalisation, elle modifie profondément des tas de choses chez les consommateurs. Ça, c'est vraiment intéressant, ne serait-ce qu'en inventant une autre forme d'aller acheter, faire des courses. On regarde tous maintenant nos petits iPhones pour savoir le meilleur prix, où se trouve le produit, etc. Donc, il y a une... Il y a une facilitation des achats, une comparaison possible, etc. Donc ça, ça change profondément les gens. En revanche, ce qui ne change pas, c'est les gens. Les gens, c'est toujours des gens. Ils sont capables de lire un livre qui a été écrit il y a 20 siècles. et d'y trouver un intérêt très fort. On est capable d'aller voir des expos qui remontent à Lascaux et on se dit, c'est magnifique ces dessins, et ça retrouve Picasso. Et donc, je ne pense pas que les êtres humains se modifient à ce point-là. Et je pense que ce qui a été fondamental hier sera fondamental demain. Donc, là où je suis assez emballée, c'est que je pense qu'il faudra toujours dire quelque chose d'important pour les gens. Les gens, ils bougent. On les écoute bouger. Mon fils, que j'adore citer parce que c'est tellement bien. Lui, il a un comportement très nouvelle génération, très concerné par l'écologie et tout, mais il n'est pas...

  • Speaker #1

    Quel âge a votre fils ?

  • Speaker #0

    Il a 35 ans. Il n'est pas du tout... Il n'est pas... écolo pur et dur. Et pourtant, tous ces gestes sont écolos. Mais il me dit, je ne sais pas pourquoi vous grognez tous, le monde a changé et les gens ont changé. Ils ont fait plein d'efforts. Et personne ne le dit de façon positive. Comme si le monde s'écroulait. Le monde a toujours évolué, bougé pour être... Le monde se protège toujours. Et les gens bougent. Ils ont énormément bougé. En très peu de temps, qui aurait pensé qu'on allait avoir au Galerie Lafayette tout un étage consacré au vintage ? aux secondes mains. Mais jamais j'aurais pensé ça il y a quelques années. Donc il y a des choses incroyables. Pas que des phénomènes de tri ou des choses comme ça. Des choses incroyables. Mon gamin, il a des enfants. Il n'a jamais acheté un truc neuf. Qu'est-ce que c'est ? Est-ce qu'il fait des théories dans sa tête ? Pas du tout. Il n'a jamais acheté un truc dans un point barre. Il récupère, etc. Tout ça, le monde a changé. Donc, il faut tenir compte de ces changements dans la tête des gens. On ne parle plus de la consommation comme avant. Elle a évolué, elle est différente, mais ils ont envie de plaisir, ils ont envie de bonnes choses, ils ont envie de pouvoir voyager, ils ont envie de plein de trucs qui restent de ce qu'il y avait avant. Donc je pense qu'on est... Les mécaniques de fond, de l'amour, de l'amitié, du lien, de la nourriture, de l'importance du corps, etc. Elles restent là, importantes.

  • Speaker #1

    Mais alors pourquoi les Français semblent détester autant la publicité et la réclame ?

  • Speaker #0

    Mais non, mais moi, les Français chez moi, ils adorent la pub. Je ne sais pas quelles études on leur fait. Moi, ils adorent la pub. Je vais vous dire.

  • Speaker #1

    Les Français chez vous, c'est vous entendre.

  • Speaker #0

    Non, les Français, c'est hyper simple. Moi, si vous me dites est-ce que j'aime la pub ? J'aime mon métier. Mais est-ce que je regarde la pub comme si c'était le centre du monde ? Pas du tout. Mais pourquoi je vous dis que les Français aiment la pub ? C'est parce que moi, c'est très simple. Quand je fais de la pub, les Français viennent me chercher. Quand je fais pas de pub, ils viennent pas. les marques qui connaissent, c'est les marques de la pub. Les marques qu'ils aiment, c'est les marques qui ont fait de la pub. Quand je me tais, c'est-à-dire même dans le corporate, quand tout d'un coup, en corporate, on ne communique pas, les Français pensent qu'on ment, parce qu'on ne communique pas. Donc, je pense que peut-être on leur pose la question de façon un peu étrange, non ? C'est-à-dire, est-ce que vous aimez la pub ? Mais franchement...

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Je ne sais pas comment sont faits les sondages.

  • Speaker #0

    Voilà. Mais moi, ce que je sais, c'est que pendant le Covid, Les entreprises qui ont beaucoup aimé la pub Les entreprises très courageuses qui ont continué, elles ont marqué des points en part de marché incroyables.

  • Speaker #1

    Et en notoriété.

  • Speaker #0

    En notoriété, en lien avec le conso, Ferreiro. Incroyable, si j'en crois la pub. Même après leur accident qui les a meurtris, parce que c'est des malades de la qualité, et qui en plus, l'accident s'est passé dans leur usine la plus neuve, donc ils étaient à ramasser tous à la petite cuillère. La même année, ils vendaient plus qu'avant. la même année. C'est la force des marques. Et c'est la force de la pub. Donc, moi, je ne comprends pas qu'on puisse dire des choses aussi naïves qu'ils n'aiment pas la pub. Je n'ai jamais vu, même à l'époque, même il y a longtemps, vous demander aux gens, est-ce que vous écoutez plus la pub ou la recommandation d'un ami ? J'écoute plus la recommandation d'un ami.

  • Speaker #1

    Évidemment.

  • Speaker #0

    Évidemment.

  • Speaker #1

    Mais ça, c'est déjà ce qu'on disait il y a 20 ans avant des trucs.

  • Speaker #0

    Mais c'est normal. Mais en tout cas, il vaut mieux écouter la pub que certains médias sociaux.

  • Speaker #1

    Ah oui, mais ça, c'est autre chose.

  • Speaker #0

    Mais en tout cas, moi, je n'ai pas d'inquiétude sur... Je pense que, heureusement, les gens ne vous disent pas que la passion de leur vie, c'est la pub. Il y a quelques fous, mais c'est des fous.

  • Speaker #1

    Alors, vous vous concentrez comme un fou. Moi, je regarde des vieilles pubs, par exemple.

  • Speaker #0

    Oui, mais parce qu'on est des amateurs de ce métier. Mais quand moi, je suis rentrée dans la pub, je n'aimais pas la pub.

  • Speaker #1

    Moi, par exemple, je regarde souvent la pub de Cadbury avec le gorille et cette musique de Phil Collins, je ne me souviens plus quoi ça s'appelait, qui est absolument énorme. Et je me régale toujours autant.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Non mais combien je vous comprends maintenant. Mais quand je suis rentrée dans la pub, non. En fait, j'ai trouvé le métier passionnant de persuasion, des liens avec les gens, de culture aussi. Parce que quand vous parlez d'huile, vous parlez de thé, vous parlez de... de la culture qui s'est accumulée à travers des générations, etc. Alors tout ça se résume par School est envahi par des prospectus Non. D'ailleurs, la pub, honnêtement, elle m'énerve sur le digital.

  • Speaker #1

    Tout ce qui est cancer intrusif, c'est insupportable.

  • Speaker #0

    Donc je pense que, qu'est-ce que ça veut dire pour le futur ?

  • Speaker #1

    communiquons moins et communiquons mieux ça va pas dans le sens de ma prochaine question mais je vais vous la poser quand même c'est une question techno encore mais c'est la dernière on parle beaucoup du web 3 en ce moment On parle beaucoup des NFT, du Web3, des nouveaux services, des crypto-monnaies. Ça va révolutionner, ça révolutionne déjà la façon dont les gens interagissent en ligne, la façon dont on les aide aussi pour les flux financiers, je pense aux crypto-monnaies, à la blockchain, etc. Il y a même des magasins avec qui on peut payer en crypto maintenant. Quelle place voyez-vous pour le Web3 dans la publicité des jours à venir, mais des années à venir ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'on est en train tous de chercher, c'est-à-dire il faut éviter, moi j'ai vécu beaucoup de périodes de modifications lourdes. Je me souviens que j'avais des clients qui perdaient la tête et qui voulaient faire des agences médias au lieu de vendre leurs produits, parce qu'à une époque il y a eu une bulle internet, il y a eu une bulle digitale, donc il faut éviter l'effet bulle et il faut éviter de perdre le bon sens. Donc le Web 3 pour nous, ici, c'est un sujet qu'on prend très au sérieux et qu'on regarde, mais surtout d'ailleurs en production. Après, est-ce que tout va être dématérialisé ? Je ne suis pas sûre. Non. Et je ne suis pas sûre qu'on ait intérêt, surtout, à aller mettre dans la tête des gens. que c'est mieux de vivre dans un monde virtuel que dans un monde réel.

  • Speaker #1

    On peut regarder l'échec du Métaverse, dont on parlait autant que le Web3 à l'époque où c'était la folie du Métaverse, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Donc voilà, il faut juste faire attention parce que par exemple, pour les gamins, ça fait un peu peur quand ils sont plus dans le virtuel que dans le réel. C'est ça. Mais je pense qu'il faut explorer parce qu'en termes de production, ça nous donne des possibilités assez formidables. Et donc, je suis très positive. Mais... Tout ce qui est révolution technique ne révolutionne pas la tête des gens.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Mercedes, merci d'avoir pris le temps de répondre aux questions de Comme on en parle. Merci beaucoup à vous de nous écouter, voire de nous avoir partagé. Merci également à Rode Music de m'avoir fourni le Rodecaster Pro 2, des micros et tout le matériel nécessaire pour vous offrir un enregistrement de qualité. Pour nos auditeurs, si vous souhaitez en savoir plus sur Mercedes-Era et BETC, BETC Paris, BETC Full Six et BETC, j'ai oublié le troisième.

  • Speaker #0

    BETC corporate et BETC étoile rouge et BETC Buenos Aires et BETC Shanghai sur BETC si on partait à BETC Buenos Aires c'est une très bonne idée quelle bonne idée donc

  • Speaker #1

    vous pouvez suivre tout ça sur leurs réseaux sociaux et leurs sites, merci encore d'avoir écouté l'émission et à très bientôt pour un nouvel épisode du Love sur vous parce que la publicité c'est l'amour des gens merci à vous merci

Description

Bienvenue dans Com'On en Parle !, le podcast qui fait le tour de la planète Communication ! Nous sommes heureux de vous présenter une interview exclusive avec Mercedes Erra, fondatrice de l'agence de publicité BETC et présidente de HAVAS Worlwide. 

Découvrez le parcours fascinant de Mercedes Erra, ses conseils pour réussir dans le monde de la communication, et son engagement pour l'égalité des sexes, les droits humains ou encore l'immigration (comme chance).  Nous avons aussi abordé des sujets très impactés par la communication : l'écologie, la politique,  l'intelligence artificielle générative... 

Avec son approche dynamique et informelle, Com'On en Parle ! est le podcast idéal pour explorer les tendances de demain en termes de communication, de publicité, de créativité, de technologie et d'approche stratégique.

Au cours de cette interview, animée par François Gombert, vous découvrirez comment Mercedes Erra a donné vie à des marques telles que Canal+, Air France, Peugeot et Lacoste, comment elle a su rendre ces marques belles et attrayantes.

Vous pourrez également écouter les conseils de Mercedes Erra pour les jeunes professionnels qui souhaitent se lancer dans le monde de la communication et de la publicité, et découvrir sa vision de l'avenir de la publicité.

Ne manquez pas cette interview inédite avec Mercedes Erra, une figure emblématique de la communication en France. Écoutez Com'On en Parle ! pour découvrir les secrets de la réussite dans le monde de la communication, la publicité, et pour explorer les tendances de demain en termes de créativité, de technologie et d'approche stratégique.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hey hey hey vous écoutez comment on parle le podcast qui fait le tour de la planète communication aujourd'hui nous avons l'honneur d'être reçu par Mercedes Serra fondatrice de PETC publicitaire engagée power woman assumée daronne de la publicité plongée dans l'univers fascinant de la communication et découvrir ce qui fait ce qui fait ce qui fait Big Up à Rode Microphone pour leur généreux soutien pour un podcast de qualité sonore exceptionnel. Préparez-vous à être inspiré. C'est parti pour Comme on en parle, un podcast animé par François Gombert depuis la planète communication. Hey hey hey, vous écoutez comme on en parle, le podcast qui fait le tour de la planète communication. Aujourd'hui est un jour spécial car, pour la première fois, j'ai le plaisir d'être reçu par une femme de communication, une femme engagée et puissante, publicitaire mais pas que. Je suis honoré et fier qu'elle ait accepté de me recevoir car c'est une femme aux mille casquettes avec une carrière prolifique dans la publicité et qui incarne aujourd'hui le E de la maison BETC qu'elle a fondée. BETC, c'est, je crois pouvoir le dire sans me tromper, 1200 employés. C'est aussi la première agence française de publicité et elle figure dans le top 3 des agences européennes. Bonjour Mercedes. Bonjour. Vous allez bien ?

  • Speaker #1

    Je vais très bien.

  • Speaker #0

    Formidable. Merci de me recevoir dans les magnifiques locaux bien clouantins de BETC à Pantin, ou dit-on Pantine à présent ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est sympa d'ailleurs. En fait, on a un maire sympa. On dit comme le maire dit. D'abord, le maire nous a aidés à nous installer ici, donc c'est hyper sympa. Ce n'est pas loin. C'est juste qu'on est habitués à vivre dans le 8e, mais les gens normaux, non. Les gens viennent de partout. Quand on a bougé, ça n'a pas beaucoup éloigné les gens, sauf les gens un peu plus aisés, on va dire.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    On était un peu éloignés.

  • Speaker #0

    Les eaux, pour moi, c'est loin. C'est ce que vous vouliez dire.

  • Speaker #1

    En fait, c'est près.

  • Speaker #0

    Avant de découvrir votre incroyable et riche parcours, j'aimerais vous poser une question. C'est quoi la communication ? C'est quoi la publicité aujourd'hui ? et demain ?

  • Speaker #1

    Oh là là, ça commence très bien, parce que ça commence par une question lourde, large, lourde, importante.

  • Speaker #0

    Pour vous,

  • Speaker #1

    parce que je vous pose à tout le monde. Pour moi, c'est très important. En fait, je n'ai même pas de doute que c'est un passage obligé d'un monde libre, c'est-à-dire, il faut donner une parole à des entreprises, il faut donner une parole à des ONG, il faut donner une parole au gouvernement, Mais il vaut mieux qu'elles soient encadrées. C'est ça la publicité. C'est rendre public certaines choses et en même temps ne pas permettre de dire n'importe quoi. Donc on est encadré. Il n'y a pas de choses qui sont encadrées comme la publicité. Donc je trouve que finalement, c'est peut-être la publicité qui est une des thématiques les plus honnêtes dans le monde d'aujourd'hui en termes de communication.

  • Speaker #0

    Et est-ce que vous pensez, en allant dans ce sens-là, que finalement pour faire de la bonne publicité comme pour faire de la bonne communication, Et quand je dis ça, je pense à quelque chose qu'on a tous vu hier sur la télévision, il faut aimer les gens.

  • Speaker #1

    Je pense que vous avez vraiment raison. Je pense que je ne recommande pas aux gens qui n'aiment pas les gens de venir dans ce métier. Je crois que moi, je suis venue dans ce métier quand je me suis rendue compte à quel point il fallait passer du temps à comprendre les gens. Je me suis dit mais c'est extraordinaire. Toutes les sciences humaines s'en mêlent. Ce n'est pas facile de comprendre les gens. Non, mais c'est très intéressant. Et je ne m'en doutais pas quand je suis arrivée dans la publicité qu'il y avait cet enjeu tellement important de comprendre où sont les gens.

  • Speaker #0

    Je fais un nouvel aparté. Mais alors vous dites il faut entendre les gens, il faut comprendre les gens. Mais il faut aussi entendre et comprendre. les prospects et les clients qu'on a quand on est une agence de communication.

  • Speaker #1

    Oui, mais moi, je préfère les... Je trouve que nos clients finaux sont les clients les plus importants. Bien sûr. Et je crois que c'est parce que je pense ça que les clients viennent me voir.

  • Speaker #0

    Ça ne vous est jamais arrivé d'avoir un, mais ce n'est pas ce que j'avais demandé d'un client ?

  • Speaker #1

    Oh, je vais sans arrêt.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Comment vous faites pour...

  • Speaker #1

    Alors, il y a plusieurs façons de faire. D'abord, il faut écouter parce que... le client intermédiaire peut avoir raison. Si on avait tout le temps raison, ça se saurait. Donc, il faut écouter les arguments en honnêteté, mais si on pense qu'il a tort, il faut lui dire.

  • Speaker #0

    On va faire un gros flashback, mais un flashback quand même. Mercedes, vous pouvez nous parler de votre parcours depuis Barcelone, à la création de BETC, en passant par vos études. Et puis surtout, j'ai découvert que vous vouliez vous appeler Martine, quand vous étiez petite. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis née en Espagne, près de Barcelone. Donc dans le Nord, d'un pays. Tout le monde me disait que j'étais du Sud, mais moi j'étais du Nord. Oui, oui. Ben oui. et je suis arrivée en France à 6 ans, donc c'est toujours un moment fort pour un enfant, ou pour un adulte d'ailleurs, de changer de pays, de bouger, de traverser une frontière, c'est jamais anodin, ou passer d'une culture à une autre culture, même si c'est pas si éloigné que ça, mais malgré tout c'est pas anodin. Et ça a marqué toute ma vie en fait, le fait de rentrer en France à l'âge de 6 ans, je me suis pas rendu compte quand j'avais 6 ans, Je me souviens juste des grands moments du passage de la frontière. Mon père nous attendait, il avait une petite voiture, il ne trouvait pas le chauffage. Et moi, je croyais qu'on était allé dans le cercle polaire. Et je me disais, mais pourquoi mes parents m'emmènent-ils dans le cercle polaire ? Je ne comprenais pas. C'était le 25 décembre. Donc c'était Noël et mon papa m'avait acheté, je me souviens très bien, deux poupons qui étaient noirs. je me souviens. On se souvient de tout à ces moments-là. Et là, on a eu toutes les aventures avec cette voiture, avec le froid. On a failli perdre cette valise tellement célèbre dans l'immigration dans le Rhône, parce qu'on s'est, je ne sais pas, trop rapprochés du Rhône. Il y a eu un moment de panique. Et ça, ça marque, parce que quand vous êtes une petite fille, vous arrivez en France. Pour mes parents, c'était à la fois un nouveau pays et c'était à la fois un changement de... Un peu social, puisqu'ils étaient un peu dans la bourgeoisie moyenne en Espagne et que là, ils étaient plus pauvres que ça. Donc, ce n'était pas évident pour ma maman, plus clair pour mon papa, mais pas évident pour ma maman. Et donc, pour une petite fille, je me suis dit qu'il fallait s'intégrer et j'ai commencé à travailler à l'intégration à l'âge de 6 ans.

  • Speaker #0

    D'accord, et donc le prénom Martine, ça vient de là.

  • Speaker #1

    Alors, prénom Martine, c'est que quand j'allais à l'école, que je ne parlais pas français, je me disais, mais quand est-ce qu'il se moquait de moi, évidemment, parce que les autres enfants, ils sont durs de toute façon. Donc, je me suis tue pendant six mois. J'ai appris le français. Quand j'ai parlé, je parlais très bien.

  • Speaker #0

    Vous ne parlez que catalan.

  • Speaker #1

    Je parlais catalan, donc je croyais, quand les gens me disaient, vous parlez espagnol, je disais oui. Et là, ils parlaient une drôle de langue. Et donc je disais à ma mère, enfin quand même, je ne parle rien alors, je ne parle ni espagnol ni français. Donc j'ai appris le français mais avec beaucoup d'énergie, avec la radio, c'est pour ça que j'aime tant les podcasts, parce que je suis une fille de radio, j'ai appris le français avec France Inter. Et du coup très bien, puisque quand j'ai parlé, on ne m'a plus embêtée quoi, on ne m'a plus embêtée. Et on m'embêtait sur ce prénom. J'avais un peu honte. Une petite fille, c'est comme le conformiste de Montravière. Vous arrivez quelque part, vous voulez ressembler à tout le monde. Donc déjà, ma maman, elle me mettait des vêtements beaucoup plus sympas et chics que les petites françaises. Donc je disais, maman, est-ce que tu peux faire plus moche ? Et voilà, je voulais être habillée comme les petites filles françaises, c'est-à-dire à l'époque, les années 60, mal habillées. Les enfants, on ne s'occupait pas des enfants en France, on n'était pas très concernés. En Espagne, on s'en occupait beaucoup. Et puis, chaque fois que je disais mon prénom, c'était des moqueries pas possibles. Donc je disais à ma maman, écoute, il y a un prénom sublime, c'est Martine. Parce que j'avais les petits livres, Martine va à la plage, Martine à la campagne et tout. Je trouvais ça magnifique.

  • Speaker #0

    Pour continuer, j'ai oublié de vous le dire, vous avez à côté de vous un bouton non, enfin no plus exactement, parce que c'est un buzzer que j'ai acheté à Barcelone, justement, et si jamais vous ne voulez pas répondre à une question, vous tapez sur le truc rouge et tout le monde entendra que vous n'avez pas voulu répondre et on passera à autre chose. Je me demandais, finalement, dans la vie d'un publicitaire, si vous deviez choisir un super pouvoir qui vous permettrait d'être une super publicitaire, ce serait quoi ?

  • Speaker #1

    Ah mais je sais pas parce qu'en fait j'aime pas trop les super pouvoirs je crois que ce que j'ai aimé le plus dans ce métier c'était qu'on ramait pour persuader et en fait c'est un métier de persuasion de persuasion pour le public à la fin, il faut bien que je persuade que mon eau des viandes elle est intéressante, que le petit yogourt il faut s'y intéresser et tout ce qu'on veut qu'il faut regarder telle ou telle entreprise donc persuader Et en plus, il faut que je persuade plein de gens à l'intermédiaire. Mes clients directs, là aussi, quand on a une idée, une idée forte, il faut la vendre très longuement. Il faut être très tenace dans les ventes des idées quand vous y croyez. Mais c'est pareil aussi quand je parle à la création, à l'agence. Quand ils me disent, ton brief, il n'est pas bien. Alors là, je réfléchis. Soit ils ont raison. Soit ils ont tort, et j'insiste.

  • Speaker #0

    C'est vous qui faites les briefs directement à la créa ?

  • Speaker #1

    Souvent, oui. En fait, moi, je crois que ce métier est difficile. qu'il exige de la séniorité et qu'on fait exactement le contraire aujourd'hui puisqu'on nous paye de moins en moins et que notre tendance serait de mettre des juniors. Et je pense que les juniors c'est magnifique, mais qu'il faut toujours un senior dans l'histoire. Donc dans cette agence, vous avez beaucoup de seniors.

  • Speaker #0

    Pardonnez-moi, je vais mettre un peu les pieds dans le plat, mais quand on s'est parlé la dernière fois, je me suis posé une question. Je me suis dit, mais est-ce que c'est Mercedes, Mercedes-Era ? la chef d'entreprise de BETC, BETC Full Six, présidente exécutive d'Avast Worldwide, donc qui est présidente et qui en fait est une businesswoman, ou est-ce que c'est Mercedes Serra, la publicitaire, qui met les mains dans le cambouis, qui va prendre les briefs, qui va présenter les pitches, les stratégies, etc.

  • Speaker #1

    Moi, je pense que la meilleure façon d'être patron d'entreprise, c'est de faire son métier. Donc je crois que je suis publicitaire. Je crois que ce que je préfère profondément, c'est l'orientation des marques, des entreprises. J'adore ça. Et du coup, comme je pense que c'est ça le cœur de notre métier, je ne vois pas à quoi servent les présidents s'ils ne font pas ça. En tout cas, moi, je n'ai pas envie de faire un autre métier. Je n'ai pas envie d'être dans des avions. Je n'ai pas envie de faire des deals incroyables. J'ai envie... de défendre les marques, de défendre les entreprises, de leur donner la belle parole. Et je trouve ça tellement difficile qu'heureusement que j'ai beaucoup travaillé avant, parce que ça ne me paraît pas une évidence aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Non, il y a beaucoup de présidents aujourd'hui. Alors je vais prendre, par exemple, votre collègue Jacques Seguela, que j'ai interviewé il y a peu de temps, qui me disait qu'il n'avait jamais été aussi heureux parce qu'il prenait l'avion tout le temps depuis que la création d'Avast était au niveau mondial.

  • Speaker #1

    Mais moi, je crois que ce n'est pas dans un avion. Je pense que mondialement, Les stratégies ne se passent pas dans les avions. Pour réfléchir, il faut se mettre quelque part. Je crois beaucoup au leadership. En revanche, je pense qu'on peut penser global à partir de Barcelone, à partir de Londres, à partir de Paris. Et je pense qu'il faut une réalité de travail sur les enjeux du public. Quand le public est mondial, on travaille sur des données mondiales. Et quand le public est français, on travaille sur le public français. C'est tellement simple. En revanche, il faut beaucoup de travail. Puis une idée, c'est fragile. C'est fragile intellectuellement, c'est fragile créativement. Donc il faut la défendre, il faut la supporter. Moi, je fais plutôt le métier comme ça.

  • Speaker #0

    Je vais vous donner une chance, Mercedes Serra, d'un peu redorer votre blason auprès de ceux qui vous connaissent ou qui disent vous connaître, puisqu'on m'a dit Ouh là là, tu vas voir Mercedes Serra, elle va te démonter On m'a parlé d'une femme assez rugueuse, assez dure.

  • Speaker #1

    et l'avis moyen était prépare bien ton sujet parce qu'elle va t'éclater oh je crois pas je pense que je suis rigoureuse on peut pas me dire n'importe quoi ni me faire dire n'importe quoi je crois que je crois beaucoup à l'importance des mots donc je surveille ce que je dis J'aime pas qu'on écrive ce que je n'ai pas dit, ou j'aime pas qu'on l'écrive mal, donc ça, si ça est rugueux, voilà, mais moi, mes équipes, je pense qu'elles me trouvent à la fois rugueuses, c'est-à-dire disant la vérité, voulant exigeante, mais je pense être assez tendre et assez affective, et je pense pas que j'ai gardé 30 ans les mêmes personnes sans affection.

  • Speaker #0

    Bon, c'était plutôt des gens qui ne travaillaient pas directement avec vous.

  • Speaker #1

    Non, mais je pense qu'aujourd'hui, on peut dire tout et n'importe quoi et je déteste ça. Et donc, en effet, je peux être rugueuse.

  • Speaker #0

    Oui, je ne suis pas surpris.

  • Speaker #1

    Tendre et rugueuse à la fois.

  • Speaker #0

    C'est pas mal, c'est bien. Et justement, en tant que femme d'affaires et leader dans l'industrie de la publicité, quels ont été les défis que vous avez rencontrés au cours de votre carrière, y compris et surtout en tant que femme finalement ? Et comment vous les avez surmontés ?

  • Speaker #1

    En tant que femme, c'était assez simple. J'ai eu beaucoup de chance dans la vie. Je ne sais pas très bien comment mes parents m'ont élevée. Ma maman pourtant était à la maison. mais dans ma tête, très vite, je me suis dit qu'elle n'avait pas trop de chance. Je me suis dit que c'était mieux d'être à l'extérieur, que ma maman aurait été mieux à l'extérieur. Elle était brillante, très intelligente, et ça l'ennuyait de faire le ménage de façon constante. Ça ne l'intéressait pas. Donc j'ai été très bien élevée par une maman qui grognait, qui disait comme c'est dommage que j'ai à faire trois fois par jour des repas Et finalement, elle m'a mis dans la tête que l'extériorité... C'était une chose formidable. Donc quand je suis arrivée, moi je pense que le premier obstacle aux femmes, c'est elle-même. Si psychologiquement vous pensez que vous ne pouvez pas faire comme les hommes, que c'est vous qui devez porter le poids familial, que quand vous allez être au travail, vous allez manquer à votre enfant. C'est ça qui rend si fragiles les femmes. Elles portent beaucoup de choses, elles portent trop de choses. Moi j'avais la chance de me dire... que j'allais pouvoir porter les deux tranquillement et que mes enfants seraient heureux si j'avais réussi. Il n'y avait pas de conséquences. C'est-à-dire, on peut tout avoir, les enfants, c'est magique, c'est eux qui décident de leur chemin. Mais ce n'est pas parce que le maman travaille ou elle ne travaille pas que vous n'avez pas des difficultés avec vos enfants. Donc, je n'avais pas ça dans la tête et je voulais travailler. Voilà.

  • Speaker #0

    Si je vous montre le dernier livre de Frédéric Becbédé. Confession d'un hétérosexuel légèrement dépassé, c'est Albert Michel.

  • Speaker #1

    Il dit que quand il a écrit son livre sur la pub, il n'arrêtait pas de dire sauve-toi Et il critiquait, il disait, sauf toi. Et je pense qu'il n'aimait pas une certaine façon de faire la publicité. Dans

  • Speaker #0

    Il fait trop des infromans.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Il n'aimait pas toutes les façons de faire la publicité. Mais je pense que c'est un grand publicitaire.

  • Speaker #0

    C'est un très grand publicitaire, c'est un très grand auteur.

  • Speaker #1

    Moi, je suis arrivée, on disait, on gagne beaucoup d'argent dans la pub. Je suis arrivé, pourtant ça fait 30 ans que je suis là, je suis arrivé après. C'est-à-dire, ce n'est pas vrai que nous sommes très bien payés. C'est vrai que ce travail est un travail intense. et que franchement, la publicité a un combat aujourd'hui, c'est de se faire correctement rémunérer, pour qu'on puisse rémunérer les gens qui nous entourent et qui travaillent avec beaucoup de force et d'intérêt et d'intelligence.

  • Speaker #0

    Oui, je rebondis sur les salaires. C'est vrai qu'on est, moi ça fait 20 ans que je fais ça, on est globalement assez mal payé en agence dans les métiers de la communauté.

  • Speaker #1

    Bien sûr, si vous comparez en ce qui concerne les stratèges, C'est là où on a la plus grande difficulté à recruter. Vous comparez avec... Finalement, je les engage venant des mêmes écoles. Et je compare avec le conseil. Le conseil paye beaucoup mieux. Et je suis sûre que le conseil n'est pas plus difficile, n'est pas plus intéressant.

  • Speaker #0

    Non, pas plus intéressant.

  • Speaker #1

    N'est pas plus intéressant. C'est pareil. En tout cas, je respecte tout à fait. Je ne veux pas du tout que les gens du Conseil baissent leur rémunération. Je veux que les nôtres augmentent.

  • Speaker #0

    Je comprends. Alors, beauty. BETC a créé de grandes et belles campagnes. Alors, je pense notamment à Evian, bien sûr, avec les bébés. McDo, Venez comme vous êtes, la saga pour Canal+, ou d'incroyables films pour Air France. Je pense notamment à ce film intelligent et poétique sur fond de Chemical Brothers, qui, moi, reste parmi mes films de pub préférés. Quel dommage qu'Air France soit partie de chez vous, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Il ne faut pas s'inquiéter. Je pense qu'il y a des moments... Ces gens-là avaient travaillé avec nous pendant 20 ans. Donc, ils ont eu envie d'un peu d'air sur Terre. Pourquoi pas ? Après, moi, je crois beaucoup aux histoires, à la réalité, à la vérité de ce que l'on fait. Et quand on regarde les 20 ans, le travail était magnifique.

  • Speaker #0

    Ah,

  • Speaker #1

    c'est fou, c'est fou. Le futur peut être très bien, on verra. Parfois, les gens partent de chez BETC, y compris nos équipes, mais j'en ai beaucoup qui reviennent.

  • Speaker #0

    Et justement, en parlant de secret, quel est votre secret pour donner vie à ces marques, à ces entreprises, à les rendre belles et attrayantes ? Le cas d'Air France est exceptionnel, mais il y en a d'autres.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a l'insensité de ce qu'on a à dire. Moi, je crois que quand on n'a rien à dire, il vaut mieux rien dire. Donc la parole, je la préfère rare que racontant n'importe quoi. Donc l'enjeu, pour moi, c'est que l'entreprise ait des choses importantes à raconter. Parfois, quand mes clients me disent, mais ce que tu veux nous faire dire est difficile, après il va falloir tenir, je dis, c'est une bonne nouvelle, elle engage. Moi, j'aime les campagnes qui engagent l'entreprise. l'entreprise c'est un long chemin de progression donc engager une entreprise sur un chemin de progression c'est quelque chose de formidable

  • Speaker #0

    Mercedes, je sais que vous n'aimez pas que je vous pose cette question mais je vais vous la poser quand même quelle est la publicité le film publicitaire qui vous a le plus touché, que vous avez le plus vu que vous aimez le plus, il y a des films publicitaires qui sont même très vieux que j'aime beaucoup voir et revoir et il y a aussi, en tout cas c'est mon cas des publicités qui m'affligent qui m'agacent. Pour vous, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    J'en ai beaucoup qui m'agacent, mais il n'y a rien qui me vient. Mais la communication, en global, je trouve que c'est hyper difficile d'avoir du talent. Parce qu'on ne peut pas se contenter simplement. Déjà, il faut avoir quelque chose à dire d'important. Mais sur cette base-là, il faut le dire avec grâce. Et la grâce, elle est rare. Donc, quand je regarde un écran publicitaire, il y a un bon film pour si navet ou si façon de faire et honnêtement même chez nous parfois je me dis c'est pas possible qu'on ait fait ça donc il faut faire attention parce que c'est très c'est toujours sur la lame du rasoir c'est compliqué, on est sur une ligne de crête il faut identifier donc il y a plein de campagnes qui ne m'intéressent pas et je ne me souviens même pas des campagnes qui ne m'intéressent pas mais en revanche je me souviens des choses que j'aime et j'aime toujours les marques qui creusent un sillon J'ai toujours aimé Nike, j'ai toujours trouvé qu'on passe des cicatrices mises en avant et qui montrent à quel point le sport est parfois une violence, une dureté, mais c'est ça qui fait qu'on vibre à des joueurs de foot qui dans un aéroport s'amusent. Tout ça, ça continue à me passionner et à m'intéresser. J'aime les marques qui sont... Vous avez cité Air France, mais j'aime aussi certaines vieilles campagnes de Danone, par exemple des campagnes qui avaient eu des grands prix à Cannes, où c'était l'enfant qui nourrissait le parent pour lui apprendre à bien manger. Tout ça, c'est des choses qui forment ma mémoire. J'aime aussi les petits bateaux, là où je trouve que cette société s'est un peu perdue parce qu'il y avait des campagnes magnifiques sur... qu'est-ce que c'est des vêtements où on ne peut pas faire tout ce qu'on veut dedans. C'est des belles stratégies. J'aime bien tout ce qu'on fait sur la cosse, c'est souvent passionnant, mais le film sur la dispute est probablement un film essentiel parce que chaque fois, finalement, la publicité, ce que j'aime, c'est que chaque fois que vous arrivez à toucher quelque chose d'important, c'est comme un livre d'extrêmement humain. qui dépasse un peu à la fois votre marque, à la fois la catégorie dans laquelle vous êtes. il y a quelque chose qui se passe. Donc, ce que représente une dispute pour un être humain, un couple, la violence que ça représente et la façon de le raconter, ça, c'était magique.

  • Speaker #0

    Vous me donnez une perche. Est-ce que la grâce dont vous parlez, alors dans le cas d'Air France, elle ne vient pas du fait que ce soit, je crois, Michel Gondry qui ait fait le film avec les Chemical Brothers pour la musique. Vous me parliez de Lacoste. Vous venez de sortir une campagne Lacoste featuring Netflix. On n'attendait pas forcément une rencontre, moi j'adore, mais on n'attendait pas forcément une rencontre Netflix-La Coste. Est-ce que cette grâce, est-ce que cette amélioration de la marque ne vient pas de ces croisements, de ces rencontres ?

  • Speaker #1

    Alors, bien sûr, nous on est très, très... On est sensible à beaucoup de choses en fait. On est sensible au fond. C'est-à-dire que si on n'a pas de fond, vous pouvez raconter ce que vous voulez, ça n'intéresse personne. À tel point que parfois, je n'ai pas réussi complètement les films, mais parce que j'avais du fond, j'ai beaucoup vendu. Donc, le fond, il est primordial. Vous avez quelque chose à dire ou pas à dire. Mais après, l'idée, elle est primordiale. C'est-à-dire, qu'est-ce qu'un créatif peut nous raconter dans l'idée de Lacoste sur la dispute ? C'est quand même une idée d'abord créative. Mais si... Vous ne passez pas le troisième cap qui est le cap du craft. C'est tellement dommage, parce que le craft, c'est quand même ce qui va être vu. Donc là, oui, c'est des magnifiques rencontres. Mais on a, par exemple, Fabrice Brobelli, qui travaille énormément sur tout ce qui est musique. Les Chemical Brothers, personne ne les avait utilisés. Ils étaient à peine connus. Ça, on adore. Oui, c'est un succès. Allez chercher des gens soit de talent, En fait, plus vous avez de talent sur quelque chose, mieux ça vaut. Donc, c'est fatigant les talents, mais c'est génial. Donc, après, il ne faut pas perdre l'objectif. C'est-à-dire, il faut gérer les talents.

  • Speaker #0

    Pourquoi c'est fatigant les talents ?

  • Speaker #1

    C'est fatigant parce que vous mettez, c'est comme ici, moi je recrute des talents, vous mettez plein d'égos autour d'une table. Bien sûr. Mais peu importe, la culture, c'est d'habituer ses égos à parler à l'autre. Et si vous y arrivez, vous avez une belle agence. Pourquoi,

  • Speaker #0

    je vais garder le fil conducteur de la publicitaire, pourquoi est-ce qu'on nomme une publicitaire ? À la tête, donc présidente du conseil d'administration du musée national de l'histoire, de l'immigration et de l'établissement public du palais de la Porte Dorée.

  • Speaker #1

    Alors je ne sais pas s'ils ont pensé à ce point-là au fait que j'étais publicitaire, mais la publicité c'est extraordinaire comme formation. C'est-à-dire que quand vous faites de la publicité, vous êtes relié à ce que j'appelle le business, c'est-à-dire à l'efficacité. et vous savez quel est un peu le chemin qu'il faut faire pour aller à l'efficacité. Donc je ne pense pas qu'ils m'aient choisi parce que j'étais une publicitaire, je pense qu'ils m'ont choisi plutôt parce que j'avais une histoire de réussite, et pourtant j'étais immigrée, donc j'étais très liée à un engagement autour de l'ouverture, à l'immigration, etc. Donc je pense que c'est pour ça que Jacques Toubon, à l'époque, s'était approché de moi. Et après, je pense que la publicité nous rend efficaces. Moi, j'avais un musée qui n'allait pas bien, qui était remis en cause, qui était morné. C'est-à-dire qu'il avait été créé par Jacques Chirac, qui était très ouvert à tout ce qui venait d'ailleurs. Au moment où il a fait le quai Branly, il a préfiguré le palais de la Porte Dorée, donc le musée de l'immigration. Il a eu cette idée-là, c'est pour ça que Jacques Toubon a repris et a mis en place le musée. Mais tout de suite après, on a eu Sarkozy, qui a dit, ça ne sert à rien, un musée de l'immigration, on pourrait faire la France, voilà. Et donc c'est là où j'étais, où j'arrivais, et donc j'avais très peu de subventions, pas assez. J'arrivais même pas à la fin de l'année avec des subventions et j'avais un conseil d'administration complexe parce qu'il y avait tous les ministères. Ministère, pas tous, mais le ministère de l'éducation, le ministère de l'enseignement secondaire et de la recherche, le ministère de la culture qui était notre premier ministère et le ministère de l'intérieur. Donc j'étais très surveillée. Je pense qu'avec les ministères, en étant avec le conseil d'administration, en leur disant toujours la vérité, en leur montrant le trafic, en montrant, on me disait ça n'intéressera personne. Donc on a fait des belles expositions, les gens sont venus, on a fait de la belle publicité, les gens sont venus. J'étais contente parce que les ministères disaient ça marche la publicité ? Je disais ben oui, évidemment, les gens ne vont pas dépenser des sous, acheter des campagnes si ça ne marchait pas. Mais oui, ça a marché et depuis 10 ans, je fais tout pour que ça continue à marcher.

  • Speaker #0

    Je vous le disais tout à l'heure, on a des professionnels de la communication, puis aussi des jeunes professionnels de la communication, et aussi des étudiants de communication qui nous écoutent. Quel conseil donneriez-vous aux jeunes professionnels qui souhaitent se lancer dans le monde de la communication et de la publicité, et tout particulièrement en agence ? Parce que je remarque que souvent quand je donne des interventions, alors je n'ai pas votre aura Mercedes, mais... J'ai beaucoup de jeunes et de moins jeunes qui me disent, moi, je ne veux pas aller en agence parce que ce n'est pas bien payé, on travaille comme des chiens. C'est les charrettes, c'est tout ce qu'on a aimé finalement.

  • Speaker #1

    Mais c'est passionnant.

  • Speaker #0

    Mais oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Donc voilà, dans la vie, il faut choisir. Donc moi, j'ai tout aimé, y compris les charrettes.

  • Speaker #0

    Oui, mais moi, j'ai été aussi fier que de travailler toute la nuit.

  • Speaker #1

    Voilà, donc il y a un moment, d'abord, ça s'est calmé parce que nos histoires de télétravail, ça se recueille dans le monde. Donc je ne sais pas si ça le structure en bien ou en mal, mais en tout cas, il y a des choses bien et puis il y a des choses moins bien. Mais en tout cas, oui, c'est un métier de passionné. Donc oui, si vous n'avez pas de passion, ne venez pas. Vous allez trouver ça compliqué. Et puis si vous n'êtes pas très bon, ne venez pas, parce que ça va vous rendre compliqué. Donc il faut, de toute façon, moi je dis toujours aux jeunes, vous savez, il faut aller dans les endroits où vous réussissez. Parce que la vie, ce n'est pas fait pour se faire taper dessus. Et moi, je ne suis pas du tout dans une problématique française de l'enseignement. qui montre les faiblesses des gens et n'accentue pas les forces. Donc si vous sentez que vous avez une forme d'expertise pour ce métier, et si vous avez une passion, alors il faut venir. Après, moi, je trouve que j'ai eu une chance terrible de faire ce métier. Je pense que c'est un métier qui vous permet de vous agiter le neurone tout le temps. Vous n'êtes pas dépendant d'une entreprise.

  • Speaker #0

    Vous en connaissez beaucoup, donc il y a un côté technologique.

  • Speaker #1

    Il dépend de l'entreprise Et du coup,

  • Speaker #0

    pas d'entreprise. Moi, j'étais trop désobéissante pour participer à une seule entreprise. J'aimais bien avoir ce regard extérieur qui me faisait du bien. Donc, il faut que ça vous corresponde. Et après, il y a beaucoup de métiers dans la communication, donc il ne faut pas se tromper. Pour être stratège, il faut être très fort, il faut aimer les sciences humaines, il faut aimer les gens. Mais les gens, ce n'est pas n'importe quoi. Faire des sciences humaines, c'est le contraire du il n'y a pas de rigueur etc. Non, c'est le contraire. Il y a autant de rigueur que dans la mathématique. Donc, si vous aimez ça, vous pouvez être stratège et c'est passionnant. Si vous aimez autre chose, cette folie aussi, qui est un peu une folie créative, qui est une espèce de liberté qui est on vous donne un brief, mais il faut faire plaisir aux gens au bout du bout Donc, comment est-ce que vous trouvez un moyen de dépasser le brief pour raconter les choses de façon intéressante aux gens ? Vous pouvez venir aussi.

  • Speaker #1

    Et on revient à cette histoire d'aimer les gens, finalement.

  • Speaker #0

    Ah bah oui. Je pense que c'est surtout chez les stratèges. Chez les créatifs, ce qu'ils aiment, c'est trouver une façon de faire, en effet, qui va créer un succès. Donc, un lien avec des gens. Vous avez raison. et un lien avec leur père. Ils sont hypersensibles à la reconnaissance de leur père. Alors que moi, je suis sensible à la reconnaissance des entreprises.

  • Speaker #1

    C'est normal, d'où les lions à cannes, etc.

  • Speaker #0

    C'est important, les lions à cannes, parce qu'en France, on ne respecte pas assez notre métier. Respecter notre métier, moi, quand mes clients ont des prix... Je ne sais pas. Ils ont le prix du meilleur produit. Ils ont fait... Je suis respectueuse. La meilleure innovation, je ne suis pas respectueuse. Donc, il faut être respectueux devant les prix créatifs. Et surtout, et vous allez le voir à Cannes, parce que la CC a fait un joli travail avec Cantart. En général, quand on est créatif, ça paye.

  • Speaker #1

    Oui, les Français marchent bien à Cannes, en général.

  • Speaker #0

    Pas mal, mais pas suffisamment. Et on n'est pas assez fiers. Et surtout, vous ne pouvez pas prendre toutes les communications de Cannes et dire que c'est efficace. Parfois, elles sont faites pour les prix, honnêtement. Mais les grandes marques sont créatives. Et donc, les grandes marques, par leur créativité, construisent du business. Il faut le garder de près.

  • Speaker #1

    Est-ce que, justement, on arrête avec ce public des plus jeunes ou de ceux qui sont encore à l'école ?

  • Speaker #0

    Non, mais moi j'adore les gens qui sont à l'école. Je les attends.

  • Speaker #1

    C'est une question qui me revient souvent. C'est, qu'est-ce que c'est un planeur stratégique ?

  • Speaker #0

    Alors, ça dépend des endroits.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Voilà. Le problème, ici, on a une certaine vision du planeur qui est différente, parce qu'on a une vision aussi différente de ce qu'on appelle communément le commercial. En Angleterre, le planeur, c'était celui plutôt, le planeur était plutôt du côté de la créa. et aider les créatifs à verrouiller leurs idées et à faire qu'une idée, elle soit intéressante, marrante, etc. Dans cette agence-là, le planeur, il est plutôt du côté du business. Moi, je pense que l'enjeu de la compréhension de la stratégie, elle ne doit pas être reliée purement à la créa. Donc, j'ai fait les choses différemment. Je pense que c'est le succès de BETC. Et puis, l'autre chose qui est importante, c'est qu'en Angleterre, souvent, les commerciaux sont des vendeurs. Et moi, je ne veux pas de vendeurs. Je veux des gens qui pensent et qui vont expliquer pourquoi ils ont pensé telle ou telle chose. Des consultants. Et je veux des consultants, des stratèges. Et j'aime bien quand ils sont engagés. sur quelque chose, parce que c'est toujours difficile de dire à un client, vous savez quoi ? Je crois que ça va marcher. Moi, j'ai peur quand je dis ça, parce que je me dis, oh là là, ça ne marche pas. Mais c'est ça, s'engager. S'engager, c'est à la fois avoir beaucoup pensé et puis avoir le courage d'avoir une direction. Ça, ce n'est jamais facile.

  • Speaker #1

    Avant de passer à d'autres sujets plus médiatiques, est-ce que vous pouvez nous parler un peu de BETC en termes de business, quelques chiffres ? les campagnes, l'Océan ?

  • Speaker #0

    En fait, on ne va pas parler de trop de données parce qu'elles sont données dans le groupe Avas et donc elles sont très surveillées. Mais c'est une très grosse agence. C'est parti très petit. C'est devenu grand et gros. Rémi me disait toujours, mais pourquoi tu veux grandir ? Rémi Babinet, pourquoi tu veux grandir ? Je disais parce que je ne veux pas que les Américains nous ennuient. Et donc, je vais avoir une taille américaine. C'est ce qui est arrivé puisqu'on est 1200 à Paris. Donc, on est une taille, c'est rien, c'est une ETI, il faut se calmer. En agence de com,

  • Speaker #1

    c'est très important.

  • Speaker #0

    Je crois que c'est la plus grande agence de com de France. On doit être dans les deux ou trois, je ne sais pas. Et surtout, on est classé tout le temps dans les cinq premiers mondiaux cette année troisième. Et c'est ça qui est important. On a des métiers multiples. J'ai créé, je pense que c'est un métier d'artisan. Donc grandir ne veut pas dire ne pas continuer à faire. C'est pour ça d'ailleurs que je continue à faire, parce que je pense que la qualité vient... Vous ne pouvez pas surveiller 30 budgets. Ça n'a pas de sens. Donc il faut trouver des gens de grande qualité. C'est pour ça qu'il nous faut des talents à tout prix pour être en charge des différents business de l'entreprise. Après, on couvre des secteurs très importants. que ce soit l'automobile, la banque, l'alimentaire, le luxe. Et on a créé des entités, BETC Full Six, qui est spécialisée dans tout ce qui est CRM, data, base de données, e-commerce, etc. BETC Toile Rouge, qui est spécialisée dans l'univers du luxe. On a BETC Corporate. Donc, on a créé des entités pour que tout soit toujours à taille humaine. Parce que, en fait, ce métier, c'est que des gens.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous vous souvenez de cette boîte ? Peut-être qu'elle existe encore, qui s'appelait Les Artisans du Paradis. C'est vieux, hein ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est pas Les Artisans du Paradis, non. C'est les... Je sais plus. Les Ouvriers. Ah, Les Ouvriers du Paradis. C'était encore mieux.

  • Speaker #1

    J'avais trouvé le nom de cette boîte.

  • Speaker #0

    C'était très joli. Eh bien, je crois que...

  • Speaker #1

    Ça m'a fait penser à ça.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Nous sommes des Ouvriers du Paradis. Je crois que c'était Thierry Consigny ?

  • Speaker #1

    Je crois.

  • Speaker #0

    Merci à Thierry, parce que nous considérons nous aussi que nous sommes des ouvriers du paradis.

  • Speaker #1

    C'était un très joli nom de boîte.

  • Speaker #0

    J'adore.

  • Speaker #1

    Sur un sujet un peu plus médiatique, je ne veux pas qu'on rentre dans l'aspect judiciaire de l'affaire, mais il y a l'affaire Palmade. On en a entendu parler sur toutes les chaînes d'info, puis sur la caisse de résonance des réseaux sociaux. En termes de communication, Comment expliquez-vous qu'un pays comme la France, où on est les premiers fumeurs de joint, les premiers consommateurs de cannabis, les plus gros consommateurs d'anxiolithique, on n'est pas une publicité de prévention, une campagne de prévention ? Si tu te défonces, tu restes chez toi ? Ou la drogue c'est de la merde, mais c'est une campagne qui a déjà existé ? Ou Gainsbourg par exemple, qui dans son album You are under arrest avait fait une chanson aux enfants de la chance ? Tout ça, c'était des messages forts qu'on envoyait aux jeunes pour les sensibiliser au danger de la drogue. Alors qu'aujourd'hui, c'est hyper violent, c'est des amendes, c'est des machins, c'est des... Pourquoi est-ce que la publicité ne se saisit pas de ce problème ?

  • Speaker #0

    Alors, d'une part, c'est une problématique gouvernementale. J'entends. C'est-à-dire, comment est-ce qu'ils envisagent cette problématique qui est une problématique extrêmement lourde que celle de l'addiction, et très compliquée, qui est aussi liée aux problématiques de santé mentale. Et nous, on fait beaucoup de choses dans ce sens. C'est-à-dire, on a soutenu Amine Beniamina, qui est un des grands addictologues français. Et Amine s'occupait, voulait lancer un portail. pour justement que les gens puissent, quand il y a un enjeu d'alcool important, quand il y a un enjeu de coke important, puissent avoir un lieu où les familles ou même les jeunes puissent comprendre comment on peut s'en sortir, de quelle histoire il s'agit. Beaucoup, beaucoup soutenu ce portail. On a fait beaucoup de choses. On a fait de l'activisme autour de ça, etc. On soutient beaucoup de choses autour de la santé mentale. L'œuvre Falray, en particulier. Moi, je suis au conseil d'administration. Là, on est en train de regarder avec Jean-Victor Blanc, qui travaille autour de tout ce qui est la pop-musique, etc. Et les problèmes de santé mentale, parce que très souvent, les problèmes de... Les problèmes de drogue et d'alcool sont quand même liés à un mal-être. Et la première addiction la plus violente, la plus dure, la plus forte, c'est l'alcool. Et quand on a les problèmes de féminicide, etc., on voit réapparaître en éléments forts, libératoires de stupidité, etc. ...se mettent à taper l'alcool. Oui,

  • Speaker #1

    la loi de la santé mentale du Hôtel-Lichon.

  • Speaker #0

    Donc moi, je suis acquise à tout ce que vous me dites. Moi, je propose toujours de tout faire gratuitement, mais enfin, l'État ne veut jamais, parce que je pense que, oui, c'est un combat. Je pense que le combat aussi de la santé mentale en est un, parce que là, les jeunes... Vous vous rendez compte à quel point, après le Covid, ils peuvent être paumés, c'est-à-dire, même avec le télétravail, ils peuvent être paumés. Parce que moi, je réfléchis à mon époque, quand je suis sortie de mes études, la voie était claire. Je voulais trouver un travail, je voulais qu'il m'intéresse et je voulais que ce soit une passion. Puis là, on leur prend la tête, il faut l'équilibre, télétravail, enfin, ils finissent chez eux, face à je ne sais pas trop quoi. Je ne trouve pas ça toujours d'une efficacité redoutable. J'ai un de mes gamins qui fait des jeux vidéo. Son premier job, il était enfermé chez lui face à son ordi tout seul. Je ne suis pas sûre que ça structure le monde.

  • Speaker #1

    Oui, dans le télétravail, il y a parfois plus télé que travail.

  • Speaker #0

    Et je pense qu'on n'est pas fait pour être... Vous voyez, ce n'est pas la même chose. Les gens ne sont pas tous au même endroit, à la même époque. Vous êtes jeune, vous sortez des études, vous avez envie de vous insérer dans quelque chose, donc il faut quelque chose qui vous insère. Moi, je fais très attention à l'ambiance de l'agence sur ce point-là.

  • Speaker #1

    Je vais mettre les pieds dans le plat encore. Je vous rappelle que vous avez toujours le bouton non si vous ne voulez pas y répondre, et je le comprendrai. Est-ce qu'on ne trouve pas plus de drogue, plus d'alcool ? Et plus de problèmes de santé mentale finalement, liés à des burn-out et plein d'autres choses d'ailleurs. Dans les agences de communication, c'est vrai, on travaille peut-être plus tard, plus longtemps, où c'est plus dur, il y a de la pression, que dans d'autres univers de métiers de service.

  • Speaker #0

    Alors, je ne sais pas, parce que franchement, on n'a pas d'élément super comparatif. Je pense que dans les consultants, ça ne doit pas être moindre non plus. Après, je vois plus, on a un milieu créatif dont à l'époque, si j'écoute BD, il y avait beaucoup de drogue. Donc, je pense que ça, ça peut continuer un peu dans cet univers. En tout cas, nous, on fait tout pour essayer d'aider les gens qui sont dans ce type d'addiction. Il y a des choses en RH pour les aider. Surtout, ce qu'on voit apparaître, c'est ce qu'on appelle le burn-out, parce que je pense qu'il veut tout dire et rien dire. Le burn-out, c'est quand les gens vont mal, le croisement entre le travail et la difficulté d'être donne du burn-out. Donc en agence, moi je m'aperçois qu'ici, ce qui est compliqué, c'est qu'il faut prendre les gens qui sont... bien au niveau, et qui sont capables de ne pas s'angoisser, parce qu'ils sont bien au niveau de compétences. Si vous prenez un peu en dessous, il y a un seuil qui est acquis, qui est trop difficile, et là, ça donne de la dureté. Mais bien sûr, c'est un métier... Moi, c'est ce que j'aimais dans le métier, c'est la liberté que j'avais de penser. Mais quand quelqu'un m'appelle à 8h et qu'il me jette tout ce que j'ai fait, il faut être de bonne humeur.

  • Speaker #1

    À 8h, c'est sympa. Il y en a qui le font à 2h du mat.

  • Speaker #0

    À 8h du soir, on se dit, ça ne va pas. Donc, il y a des endroits où... Je pense qu'il y a des profils qui peuvent très bien supporter ça. Je me disais, mais ce n'est pas lui qui va me mettre de bonne ou de mauvaise humeur. Et puis, il y a des profils qui ne peuvent pas supporter ça. Donc, il y a probablement plus de burn-out dans des choses qui sont du registre du service, avec une pression du service et surtout une pression des idées. C'est-à-dire, peut-être vous avez ça en cabinet d'architecture, etc. C'est-à-dire, parfois les gens grognent et... et on a très envie enfin moi je fais ça souvent parce que c'est ça que vous appelez mon tempérament rugueux je ne l'ai pas rappelé je dis souvent vous avez une idée à nous soumettre à mon client parce que c'est bien de grogner mais une idée vous savez ça peut venir de tout le monde donc n'hésitez pas parce que ça sert à rien moi par exemple il y a un mot que je déteste c'est l'urgence Souvent, on est dans un sentiment d'urgence qui est archi faux.

  • Speaker #1

    Oui, il ne faut pas comprendre urgence et précipitation.

  • Speaker #0

    Urgence pour faire des nullités ou urgence... Oui, on est pressé, mais il faut quand même qu'on ait le temps d'approfondir, de faire quelque chose de bien. De plus en plus, on est dans un monde agité qu'il faut calmer. Parce que ce qui compte pour les gens... c'est qu'il y ait de la qualité dans la relation, qu'il y ait de la qualité dans ce que l'on sort, et pas qu'on sorte sans arrêt. Le digital n'a pas aidé.

  • Speaker #1

    Non, mais il y a une phrase que j'ai beaucoup entendue en agence, c'est l'urgent est fait, l'impossible est en cours, pour les miracles, prévore un délai

  • Speaker #0

    Oui, mais vous avez raison. Non, et puis surtout, moi, l'urgent, quand on me dit c'est urgent j'ai un système immédiat, c'est que je ralentis. Donc il ne faut jamais me dire ça.

  • Speaker #1

    Donc vous êtes rugueuse.

  • Speaker #0

    Donc je suis rugueuse. J'aime bien défendre mes équipes et le métier de la pub.

  • Speaker #1

    Il faut, il faut. En plus, si vous arrivez à concilier liberté de penser aussi, liberté de s'exprimer au sein d'une entreprise, c'est très important. Toujours sur un sujet médiatique, et c'est un passage obligé, après des mois de mouvement social, certains parlent même d'une démocratie en crise. Quel regard portez-vous sur la communication du président Macron et de l'exécutif à propos des retraites après plusieurs mois de mobilisation ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est à propos des retraites. Je pense que c'est plus profond que cela. Donc, je ne sais pas, par exemple, ce qu'il pouvait faire hier. Autre que de dire... Enfin, je trouvais que ce n'était pas du tout clair. Quand vous ne voulez pas bouger, vous allez raconter autre chose. Alors que vous ne voulez pas bouger, je ne suis pas sûre. Mais je pense que c'est plus profond que cela. C'est-à-dire, c'est quoi une belle communication ? Je pense que très souvent... nos patrons, nos dirigeants, aiment bien les coups. Ah, je vais parler à tel public, etc. Et je pense que c'est plus profond que ça, plus empathique que ça. Et cette empathie, elle est nécessaire à un moment donné. Il faut être empathique devant la compréhension de ce que ressentent les gens.

  • Speaker #1

    L'empathie est un peu cassée. Je vais vous dire rapidement ce que ça m'a inspiré. J'ai eu l'impression de voir un patron d'agence qui était allé voir avant tous les gens de son agence pour leur dire un tel client n'est pas content, il me faut des idées à annoncer avec des deadlines et comme ça, ça va le rassurer. Ça n'engage que moi, mais c'est un peu ce que j'ai vu.

  • Speaker #0

    Je crois que vous savez quand vous avez des gens énervés sur un sujet.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas sûre que c'est le bon moment de parler.

  • Speaker #1

    Non, surtout pas de personne.

  • Speaker #0

    Parce que, soit vous leur dites que vous les avez compris, vous changez quelque chose, soit si vous ne voulez pas changer, ce qui aussi, ce n'est pas non plus critiquable, parce que, en gros, si vous changez tout le temps, il y a un moment où on ne comprend rien, mais en tout cas, je pense que du coup, la parole, elle est inaudible dans ces cas-là. Voilà. Donc, je ne suis pas sûre que j'aurais parlé à ce moment-là. Voilà, parce que la parole est inaudible.

  • Speaker #1

    Ah bah je vous mets mon biais que ce matin tout le monde a oublié ce qu'il a dit, mais bon, peu importe. Sur le même sujet, récemment Emmanuel Macron a accordé une interview à Pif Gadget. Marlène Schiappa était la semaine dernière, je crois, en une de...

  • Speaker #0

    C'est ce que j'appelle les coups.

  • Speaker #1

    Oui, mais enfin, quelle est votre opinion sur ce choix de médias et l'influence que ça a sur le public ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il faut éviter les coups. C'est-à-dire, vous voyez bien que... que c'est des coups. Donc moi, je crois qu'il faut faire attention. Je ne pense pas que les dirigeants, d'ailleurs, en général, je ne pense pas que c'est formidable de répondre à ce genre d'idées un peu... Ah oui, d'ouverture. Je trouve ça un peu naïf et franchement, je ne suis pas très à l'aise. Ni par l'un, ni par l'autre. Alors que Marlène Schiappa, lorsqu'on écoute ses discours, c'est une bonne communicante.

  • Speaker #1

    Mais c'est aussi une bonne communicante quand elle part toute seule finalement, sans première personne. Bon, chez Playboy, après moi je...

  • Speaker #0

    Mais là, Playboy, je ne sais pas ce que ça lui apporte.

  • Speaker #1

    Je pense que ça ne lui apporte rien, mais en tout cas, elle met le sujet du droit des femmes dans un magazine qui n'en parlait pas beaucoup. Moi, j'ai lu un Playboy il y a peut-être 25 ans que mon père m'avait donné. Ce n'était pas forcément le droit des femmes.

  • Speaker #0

    C'est vrai, mais elle ne se protège pas beaucoup. Voilà, elle ne se protège pas beaucoup. Si on a besoin d'elle, ça n'aide pas. Mais moi, je trouve qu'elle a une parole, pour l'avoir écoutée très souvent, je trouve qu'elle a une des belles paroles du gouvernement. Pour être honnête, je trouve que on a beaucoup critiqué, on a dit qu'elle communiquait plus, qu'elle ne faisait de choses lorsqu'elle était à l'égalité homme-femme.

  • Speaker #1

    Secrétariat d'État.

  • Speaker #0

    Secrétariat d'État pour les femmes. Mais je trouvais que cette parole était importante et que c'était aussi une façon de faire bouger le monde que de parler.

  • Speaker #1

    Je voudrais maintenant qu'on parle des intelligences artificielles génératives. Alors, ça ne vous a pas échappé, on en parle matin, midi, soir, la nuit et plus encore. On parle essentiellement de chat d'EPT et de mid-journée. Ça prend de plus en plus d'importance, notamment dans le monde de la communication. J'entends un peu partout dire que l'IA va tuer plein de métiers comme les graphistes, les concepteurs, rédacteurs. Mais ne croyez-vous pas au contraire qu'il faut prendre le taureau par les cornes, apprendre aux gens à utiliser ces outils et ainsi créer de nouveaux métiers finalement ?

  • Speaker #0

    Je pense comme vous. Je pense comme vous. Je n'ai jamais... En plus, j'ai un gamin, mon grand, qui est dans le digital et qui me répète sans fin. rien ne vaut l'homme. Donc, tout ce qui est instrument, il faut savoir l'utiliser. Donc, utilisons ça. On a utilisé Photoshop à des moments donnés. Ça faisait peur, on l'a utilisé. Mais est-ce que ça remplace une idée brillante et tout ? Je ne suis pas sûre.

  • Speaker #1

    Pas du tout.

  • Speaker #0

    Donc, je ne suis jamais effrayée par... par l'utilisation, le fait qu'on ait des outils à utiliser. Après, je pense que je suis plus effrayée par la naïveté face aux datas, parfois incompréhensibles, qui ne servent à rien les trois quarts du temps. Vous avez beaucoup de datas, en fait, vous n'avez toujours pas compris le levier de modification d'un consommateur. Donc, il y a beaucoup de bruit autour de ça. Mais moi, je... Je suis une éternelle positive et optimiste. Je pense que l'humain, l'intelligence humaine, et j'avais entendu un discours très brillant d'un des patrons de l'innovation français, d'origine française d'ailleurs, qui habitait à Los Angeles et qui travaillait à l'époque sur Sony de façon très intéressante, et qui disait, vous savez ce qui a changé avec le temps, c'est la taille des ordinateurs. il y a plus de données qui peuvent être traitées. Donc, je suis assez calme par rapport à ça. Après, regardons bien, parce que plein de choses peuvent être utilisées. Ne fermons pas les portes.

  • Speaker #1

    Et justement, d'un point de vue technologique, là, vraiment, je vous parle de ce que je vous ai déjà posé, la question sur la communication tout à l'heure, mais là, la communication plus la technologie plus le business. Quelle est votre vision de la publicité de demain ? Comment vous imaginez finalement l'évolution du secteur, de l'industrie en termes de créativité, de techno, d'approche stratégique ? Parce que c'est important.

  • Speaker #0

    Alors, il y a beaucoup de questions. Oui. Alors, la digitalisation, elle modifie profondément des tas de choses chez les consommateurs. Ça, c'est vraiment intéressant, ne serait-ce qu'en inventant une autre forme d'aller acheter, faire des courses. On regarde tous maintenant nos petits iPhones pour savoir le meilleur prix, où se trouve le produit, etc. Donc, il y a une... Il y a une facilitation des achats, une comparaison possible, etc. Donc ça, ça change profondément les gens. En revanche, ce qui ne change pas, c'est les gens. Les gens, c'est toujours des gens. Ils sont capables de lire un livre qui a été écrit il y a 20 siècles. et d'y trouver un intérêt très fort. On est capable d'aller voir des expos qui remontent à Lascaux et on se dit, c'est magnifique ces dessins, et ça retrouve Picasso. Et donc, je ne pense pas que les êtres humains se modifient à ce point-là. Et je pense que ce qui a été fondamental hier sera fondamental demain. Donc, là où je suis assez emballée, c'est que je pense qu'il faudra toujours dire quelque chose d'important pour les gens. Les gens, ils bougent. On les écoute bouger. Mon fils, que j'adore citer parce que c'est tellement bien. Lui, il a un comportement très nouvelle génération, très concerné par l'écologie et tout, mais il n'est pas...

  • Speaker #1

    Quel âge a votre fils ?

  • Speaker #0

    Il a 35 ans. Il n'est pas du tout... Il n'est pas... écolo pur et dur. Et pourtant, tous ces gestes sont écolos. Mais il me dit, je ne sais pas pourquoi vous grognez tous, le monde a changé et les gens ont changé. Ils ont fait plein d'efforts. Et personne ne le dit de façon positive. Comme si le monde s'écroulait. Le monde a toujours évolué, bougé pour être... Le monde se protège toujours. Et les gens bougent. Ils ont énormément bougé. En très peu de temps, qui aurait pensé qu'on allait avoir au Galerie Lafayette tout un étage consacré au vintage ? aux secondes mains. Mais jamais j'aurais pensé ça il y a quelques années. Donc il y a des choses incroyables. Pas que des phénomènes de tri ou des choses comme ça. Des choses incroyables. Mon gamin, il a des enfants. Il n'a jamais acheté un truc neuf. Qu'est-ce que c'est ? Est-ce qu'il fait des théories dans sa tête ? Pas du tout. Il n'a jamais acheté un truc dans un point barre. Il récupère, etc. Tout ça, le monde a changé. Donc, il faut tenir compte de ces changements dans la tête des gens. On ne parle plus de la consommation comme avant. Elle a évolué, elle est différente, mais ils ont envie de plaisir, ils ont envie de bonnes choses, ils ont envie de pouvoir voyager, ils ont envie de plein de trucs qui restent de ce qu'il y avait avant. Donc je pense qu'on est... Les mécaniques de fond, de l'amour, de l'amitié, du lien, de la nourriture, de l'importance du corps, etc. Elles restent là, importantes.

  • Speaker #1

    Mais alors pourquoi les Français semblent détester autant la publicité et la réclame ?

  • Speaker #0

    Mais non, mais moi, les Français chez moi, ils adorent la pub. Je ne sais pas quelles études on leur fait. Moi, ils adorent la pub. Je vais vous dire.

  • Speaker #1

    Les Français chez vous, c'est vous entendre.

  • Speaker #0

    Non, les Français, c'est hyper simple. Moi, si vous me dites est-ce que j'aime la pub ? J'aime mon métier. Mais est-ce que je regarde la pub comme si c'était le centre du monde ? Pas du tout. Mais pourquoi je vous dis que les Français aiment la pub ? C'est parce que moi, c'est très simple. Quand je fais de la pub, les Français viennent me chercher. Quand je fais pas de pub, ils viennent pas. les marques qui connaissent, c'est les marques de la pub. Les marques qu'ils aiment, c'est les marques qui ont fait de la pub. Quand je me tais, c'est-à-dire même dans le corporate, quand tout d'un coup, en corporate, on ne communique pas, les Français pensent qu'on ment, parce qu'on ne communique pas. Donc, je pense que peut-être on leur pose la question de façon un peu étrange, non ? C'est-à-dire, est-ce que vous aimez la pub ? Mais franchement...

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Je ne sais pas comment sont faits les sondages.

  • Speaker #0

    Voilà. Mais moi, ce que je sais, c'est que pendant le Covid, Les entreprises qui ont beaucoup aimé la pub Les entreprises très courageuses qui ont continué, elles ont marqué des points en part de marché incroyables.

  • Speaker #1

    Et en notoriété.

  • Speaker #0

    En notoriété, en lien avec le conso, Ferreiro. Incroyable, si j'en crois la pub. Même après leur accident qui les a meurtris, parce que c'est des malades de la qualité, et qui en plus, l'accident s'est passé dans leur usine la plus neuve, donc ils étaient à ramasser tous à la petite cuillère. La même année, ils vendaient plus qu'avant. la même année. C'est la force des marques. Et c'est la force de la pub. Donc, moi, je ne comprends pas qu'on puisse dire des choses aussi naïves qu'ils n'aiment pas la pub. Je n'ai jamais vu, même à l'époque, même il y a longtemps, vous demander aux gens, est-ce que vous écoutez plus la pub ou la recommandation d'un ami ? J'écoute plus la recommandation d'un ami.

  • Speaker #1

    Évidemment.

  • Speaker #0

    Évidemment.

  • Speaker #1

    Mais ça, c'est déjà ce qu'on disait il y a 20 ans avant des trucs.

  • Speaker #0

    Mais c'est normal. Mais en tout cas, il vaut mieux écouter la pub que certains médias sociaux.

  • Speaker #1

    Ah oui, mais ça, c'est autre chose.

  • Speaker #0

    Mais en tout cas, moi, je n'ai pas d'inquiétude sur... Je pense que, heureusement, les gens ne vous disent pas que la passion de leur vie, c'est la pub. Il y a quelques fous, mais c'est des fous.

  • Speaker #1

    Alors, vous vous concentrez comme un fou. Moi, je regarde des vieilles pubs, par exemple.

  • Speaker #0

    Oui, mais parce qu'on est des amateurs de ce métier. Mais quand moi, je suis rentrée dans la pub, je n'aimais pas la pub.

  • Speaker #1

    Moi, par exemple, je regarde souvent la pub de Cadbury avec le gorille et cette musique de Phil Collins, je ne me souviens plus quoi ça s'appelait, qui est absolument énorme. Et je me régale toujours autant.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Non mais combien je vous comprends maintenant. Mais quand je suis rentrée dans la pub, non. En fait, j'ai trouvé le métier passionnant de persuasion, des liens avec les gens, de culture aussi. Parce que quand vous parlez d'huile, vous parlez de thé, vous parlez de... de la culture qui s'est accumulée à travers des générations, etc. Alors tout ça se résume par School est envahi par des prospectus Non. D'ailleurs, la pub, honnêtement, elle m'énerve sur le digital.

  • Speaker #1

    Tout ce qui est cancer intrusif, c'est insupportable.

  • Speaker #0

    Donc je pense que, qu'est-ce que ça veut dire pour le futur ?

  • Speaker #1

    communiquons moins et communiquons mieux ça va pas dans le sens de ma prochaine question mais je vais vous la poser quand même c'est une question techno encore mais c'est la dernière on parle beaucoup du web 3 en ce moment On parle beaucoup des NFT, du Web3, des nouveaux services, des crypto-monnaies. Ça va révolutionner, ça révolutionne déjà la façon dont les gens interagissent en ligne, la façon dont on les aide aussi pour les flux financiers, je pense aux crypto-monnaies, à la blockchain, etc. Il y a même des magasins avec qui on peut payer en crypto maintenant. Quelle place voyez-vous pour le Web3 dans la publicité des jours à venir, mais des années à venir ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'on est en train tous de chercher, c'est-à-dire il faut éviter, moi j'ai vécu beaucoup de périodes de modifications lourdes. Je me souviens que j'avais des clients qui perdaient la tête et qui voulaient faire des agences médias au lieu de vendre leurs produits, parce qu'à une époque il y a eu une bulle internet, il y a eu une bulle digitale, donc il faut éviter l'effet bulle et il faut éviter de perdre le bon sens. Donc le Web 3 pour nous, ici, c'est un sujet qu'on prend très au sérieux et qu'on regarde, mais surtout d'ailleurs en production. Après, est-ce que tout va être dématérialisé ? Je ne suis pas sûre. Non. Et je ne suis pas sûre qu'on ait intérêt, surtout, à aller mettre dans la tête des gens. que c'est mieux de vivre dans un monde virtuel que dans un monde réel.

  • Speaker #1

    On peut regarder l'échec du Métaverse, dont on parlait autant que le Web3 à l'époque où c'était la folie du Métaverse, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Donc voilà, il faut juste faire attention parce que par exemple, pour les gamins, ça fait un peu peur quand ils sont plus dans le virtuel que dans le réel. C'est ça. Mais je pense qu'il faut explorer parce qu'en termes de production, ça nous donne des possibilités assez formidables. Et donc, je suis très positive. Mais... Tout ce qui est révolution technique ne révolutionne pas la tête des gens.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Mercedes, merci d'avoir pris le temps de répondre aux questions de Comme on en parle. Merci beaucoup à vous de nous écouter, voire de nous avoir partagé. Merci également à Rode Music de m'avoir fourni le Rodecaster Pro 2, des micros et tout le matériel nécessaire pour vous offrir un enregistrement de qualité. Pour nos auditeurs, si vous souhaitez en savoir plus sur Mercedes-Era et BETC, BETC Paris, BETC Full Six et BETC, j'ai oublié le troisième.

  • Speaker #0

    BETC corporate et BETC étoile rouge et BETC Buenos Aires et BETC Shanghai sur BETC si on partait à BETC Buenos Aires c'est une très bonne idée quelle bonne idée donc

  • Speaker #1

    vous pouvez suivre tout ça sur leurs réseaux sociaux et leurs sites, merci encore d'avoir écouté l'émission et à très bientôt pour un nouvel épisode du Love sur vous parce que la publicité c'est l'amour des gens merci à vous merci

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