undefined cover
undefined cover
#3 - Lionel Meunier, chef et basse cover
#3 - Lionel Meunier, chef et basse cover
Confessions classiques

#3 - Lionel Meunier, chef et basse

#3 - Lionel Meunier, chef et basse

54min |03/06/2024|

162

Play
undefined cover
undefined cover
#3 - Lionel Meunier, chef et basse cover
#3 - Lionel Meunier, chef et basse cover
Confessions classiques

#3 - Lionel Meunier, chef et basse

#3 - Lionel Meunier, chef et basse

54min |03/06/2024|

162

Play

Description

On vous emmène en balade avec Lionel Meunier. Il est originaire de Clamecy, en France, mais il est installé en Région namuroise, à Malonne : et c’est là que Lionel et Vanessa sont allés se promener, longuement et vigoureusement ! pour cet entretien, entre chants d’oiseaux et – parfois – rénovation de façades. Du haut de son double mètre cinq, Lionel a partagé son regard philosophe sur l’existence. Avec lui, on a un peu parlé de musique mais surtout de balance, d’équilibre, d’humanité et de plans B. Son plan A, au quotidien, c’est d’être chanteur et directeur artistique de l’ensemble Vox Luminis. Ensemble vocal qui, en 2024, est artiste associé des Festivals de Wallonie et qui interprétera "The Fairy Queen" de Purcell en ouverture du Festival Musiq3, à Flagey le 27 juin, avec la soprano Gwendoline Blondeel, elle aussi artiste associée et que vous pourrez rencontrer à travers un prochain épisode de cette même série de podcasts.

 

Confessions classiques est un podcast produit par Les Festivals de Wallonie, réalisé par Vanessa Fantinel et mis en ondes par Marion Guillemette.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les festivals de Wallonie présentent... La sainte musique, la sublime musique.

  • Speaker #1

    On peut prendre la lettre O. J'avais les doigts qui me démangeaient et j'avais envie de reprendre mon instrument. C'est vrai que les 5 minutes avant d'y aller, c'est le grand stress. C'était vraiment une expérience inoubliable.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    On rêve totalement. Confessions classiques.

  • Speaker #3

    Aujourd'hui, je vous emmène en balade avec Lionel Meunier. Il est originaire de Clamsy en France, mais il est installé en région namuroise à Malonne. Et c'est là qu'on est allé se promener longuement et vigoureusement pour cet entretien entre champ d'oiseaux et parfois rénovation de façade. Du haut de son double maître 5, Lionel a partagé son regard philosophe sur l'existence. Avec lui, on a un peu parlé de musique, bien sûr, mais surtout de balance, d'équilibre, d'humanité et de plan B. Même si son plan A au quotidien, c'est d'être chanteur et directeur artistique de l'ensemble Vox Luminis, un ensemble vocal qui en 2024 est artiste associé des festivals de Wallonie et qui interprétera The Fairy Queen de Purcell en ouverture du Festival Musique 3 à Flagey le 27 juin avec la soprano Gwendoline Blondale, elle aussi artiste associée et que vous pourrez rencontrer à travers un autre épisode de cette même série de podcasts.

  • Speaker #1

    Les festivals de Wallonie Bonjour. Bon matin. Voilà, je connais tous les chemins.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #3

    Merci, la porte est restée ouverte,

  • Speaker #0

    c'est normal. Chercher l'équilibre, ça prend toute une vie par contre.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Vous en êtes où à la louche ?

  • Speaker #1

    Oh, à la louche ?

  • Speaker #0

    40% d'équilibre, 30%, 90% ?

  • Speaker #1

    Non, c'est une bonne question. Je pense que ça varie quand même souvent. Il y a deux mois, j'étais bien au-dessus de 50%. Et là, depuis les dernières semaines, un peu moins. Parce que l'activité a été intense. Oui, je pense que les musiciens et les artistes, on se pose beaucoup de questions, on s'écoute. Enfin, on s'écoute beaucoup. C'est-à-dire qu'on est très conscients de ce qui se passe à l'intérieur de notre corps, surtout les chanteurs. Dès qu'il y a un problème de santé, dès qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, on le ressent. Je suis quelqu'un qui travaille beaucoup. qui est bien peu importe où il est. Donc ça, c'est un avantage et un inconvénient. Avantage parce que je suis plutôt très heureux. Inconvénient parce que les gens que je ne vois pas à ce moment-là ne me manquent pas forcément. Et ça peut quand même créer des choses un peu bizarres. C'est inconvénient pour les autres,

  • Speaker #0

    ça,

  • Speaker #1

    pas pour vous. Oui, oui, pour les autres. J'avais une hantise. des deux derniers mois que je viens de passer enthousiasme, c'est peut-être un grand mot mais je n'étais pas stressé mais oui un peu anxieux de savoir comment ça va se passer parce que je n'avais plus fait de période comme ça vraiment, à ne pas m'arrêter à sauter d'un projet à l'autre sans même avoir une journée c'est-à-dire des fois c'était un voyage en train et voilà c'est parti et en fait j'ai adoré, j'avais une énergie incroyable tout le monde l'a dit, je sautais d'un projet à l'autre c'était fou Ça remet en cause un peu la balance, puisque je pensais vraiment qu'il fallait que je fasse moins pour être plus à la maison, etc. Ce que je penche toujours, il faut toujours être à la maison, c'est bien. Mais en fait, j'ai adoré ça tellement et tout le monde m'a regardé en disant mais c'est toi ça ! Là, on voit vraiment celui qui vit à 300% qui adore. Quand on parle de balance, j'adore être chez moi, c'est-à-dire isolé, avec ma famille, et voilà, aller faire mes petites courses, cuisiner. Je travaille à la maison, évidemment, je regarde les partitions avec l'ordinateur, évidemment, mais le... emmener mes enfants à l'école le matin. C'est quelque chose que j'adore. Et je les tiens encore par la main pour aller à l'école. Non, non, mais ma fille a 11 ans, mon fils a 9 ans.

  • Speaker #0

    Ils acceptent encore qu'ils leur tiennent la main.

  • Speaker #1

    Oui, oui, ah oui, oui. Et je vais les chercher, ils me sautent dans les bras. Quand j'arrive à l'école, je suis fier comme tout. Donc voilà, et à la fois, j'adore être entourné, j'adore partir. Et à la fois, c'est soit avec mon groupe, donc avec Vox Feminis, Parce que voilà, c'est une histoire assez incroyable, un truc que j'ai commencé en tant qu'étudiant ici à Namur d'ailleurs. Et qui fête ses 20 ans cette année. Et puis de plus en plus des projets extérieurs. Je me posais la question, est-ce que... Est-ce que je vais m'en faire ? J'ai refusé ça pendant de nombreuses années. Et les deux me plaisent énormément. Soit chef invité pour d'autres ensembles, ce qui peut être fabuleux, ou là, dernièrement, plus dans des conservatoires. Je ne suis pas quelqu'un qui est fait pour enseigner. On se donne à ses élèves, c'est quelque chose. Pour moi, je ne pourrais pas me donner à moitié, c'est-à-dire en ne sachant pas si je peux venir, quand. etc. Et je crois qu'enseigner me frustrerait parce que je m'attacherais aux élèves, ça c'est sûr. Et puis, je me rendrais compte que je n'arrive pas à être assez avec eux. Et donc, je m'en voudrais. Et puis, je me dirais, il faut que je fasse un peu moins de concerts. Mais si je commence à faire moins de concerts, je ne serais pas bien. Et donc, je serais moins à la maison. Et voilà, et je n'y arriverais pas.

  • Speaker #0

    C'est un peu contradictoire, ça, avec le fait que quand vous êtes partis, les gens ne vous manquent pas, mais vos élèves vous manqueraient. Ou la culpabilité.

  • Speaker #1

    La culpabilité, exactement. C'est plutôt la culpabilité. Je suis quelqu'un...

  • Speaker #0

    Pas le même sujet.

  • Speaker #1

    Non, je suis quelqu'un qui est heureux, qui est bien, mais qui peut se sentir coupable, oui. Mais à tous les niveaux. Culpabilité, ne pas être assez avec ma famille.

  • Speaker #0

    S'il vous coûte dans les bras à la sortie de l'école, c'est qu'il nous en donne pas le brage non plus.

  • Speaker #1

    Oui, maintenant, quand on est le papa ou la maman, enfin... Quand je suis là, par contre, je suis là à 100%. Alors, est-ce que c'est une manière de me rassurer de ma culpabilité ? C'est-à-dire de dire, au moins quand je suis là, je suis là à 100%, 200%. Je n'en sais rien. De toute façon, c'est ma vie. Alors on peut passer par là.

  • Speaker #0

    Oui, on peut peut-être expliquer où on est.

  • Speaker #1

    On est à plonger dans la conversation.

  • Speaker #0

    On est à Malone.

  • Speaker #1

    Dans le village de Malone. Village très ample.

  • Speaker #0

    On entre dans un sentier herbeux.

  • Speaker #1

    Avec beaucoup d'espace en fait, Malone. Il y a une rue principale dans laquelle j'habite. J'habite sur le haut. C'est ce qu'on appelle la place du Malpa. Et en fait, dans la rue qui descend, le fond de Malone. Il y a toutes les écoles. Donc en fait, il y a deux moments dans la journée où pas mal de gens se croisent. C'est le début de la journée et la fin de la journée pour les écoles. Et sinon, beaucoup de gens ont des maisons ici.

  • Speaker #0

    Mais vous êtes français d'origine ? Vous avez atterri à Malone par quel hasard ?

  • Speaker #1

    Alors, avant Malone, c'était Namur.

  • Speaker #0

    Vous avez étudié à l'IMEP ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est une longue histoire et courte. Voilà, moi je suis de la campagne, bourguignon, donc voilà, une vie normale dans l'école primaire, collège, lycée de ma ville. Mes parents travaillant dans le lycée d'ailleurs, donc j'ai habité dans une école toutes mes premières années jusqu'à 18 ans. Et la musique est devenue quelque chose qui m'a passionné.

  • Speaker #0

    C'est drôle parce que Malone a fait partie du duché de... De Bourgogne ? Oui, oui. À une époque, vous restez en terre bourguignonne d'une certaine manière.

  • Speaker #1

    Oui, des fois je le dis en rigolant, mais je pense qu'il y a un peu de ça peut-être. Donc je prenais des cours particuliers, etc. Et mon professeur, à l'époque, Hugo Rennes, a signé un contrat, je me souviens, c'était avec l'Université de la Musique, je crois à l'époque, pour enregistrer tous les opéras de Lully, etc. Et donc, il arrête d'enseigner. Et donc la place que j'espérais avoir au conservatoire avec lui s'envole. Je commence à rencontrer plusieurs personnes. Il faut trouver une place. Ce n'est pas facile d'étudier en France. Il y a un concours d'entrée qui est assez ardu, parce qu'il y a peu de place. Et alors il fallait être élève en musicologie aussi pour avoir un statut d'étudiant.

  • Speaker #0

    Donc l'instrument ne suffisait pas.

  • Speaker #1

    Et oui, donc il fallait, quand on était flûtistabec, il fallait aller à Dijon, normalement, quand on était bourguignons, pardon. Et donc il n'y avait pas de flûtabec au conservatoire de Dijon, c'était un peu une anomalie. Il fallait par contre aller en musicologie à Dijon, puisque ça y avait, mais alors je ne pouvais pas faire les deux en même temps. Il fallait aller à Paris, c'était stressant, moi la grande ville ne me faisait pas. Et puis j'ai rencontré des professeurs de flûtabec dans la région. parisiennes, dont un qui me parle d'un stage en Belgique, à Floref à l'époque. Et j'appelle des amis parce que mon école de musique avait été jumelée, jumelée avec l'académie de Bastogne à l'époque. Donc j'avais rencontré des gens à l'époque dans un échange et ils me disent écoute non, va pas faire le stage à Floref, va faire le stage à l'IMEP de Namur. Ça coûte moins cher. Et c'était moi qui me payais mon stage, moi-même. Non mais quand on dit des fois c'est des petits détails. Je dis moins cher, ça m'intéresse et on peut te loger si tu veux. On t'aide à te loger. Là je dis bingo. Je ne connaissais pas Namur, je n'y avais jamais été. La seule ville que je connaissais en Belgique était Bastogne, que j'avais beaucoup aimé d'ailleurs. Et j'entre en fait à Namur, j'arrive à la gare, tout de suite je ne sais pas pourquoi, je me sens bien, très bien. Voilà j'ai 18 ans, 18 ans et 3 mois. Et puis j'arrive dans cette petite école qui est à taille humaine, où on fait un stage et je m'entends bien avec pas mal de gens qui eux vont normalement commencer l'année. C'était aussi un stage préparatoire pour pas mal de gens. Puis je rencontre le directeur Michel Alenque, français lui aussi, qui avait fait sa vie en Belgique après avoir étudié. André Dumortier, lui m'avait entendu jouer dans l'examen, concert de fin de stage, en disant je le veux. Je ne l'ai su qu'après.

  • Speaker #0

    De la fute à bec alors à ce moment-là. Oui,

  • Speaker #1

    de la fute à bec.

  • Speaker #0

    Il y a eu la trompette avant ça aussi.

  • Speaker #1

    Il y a eu la trompette, mais oui. Admiration de Maurice André, mais je n'ai été ni Maurice ni André. J'ai adoré jouer de la trompette, mais voilà. Je pense que la trompette, ce que je garde, c'est le fait de jouer ensemble.

  • Speaker #0

    Et puis on reste avec ces trois instruments puisque maintenant vous chantez,

  • Speaker #1

    on reste sur le souffle aussi. Ça oui, je pense qu'il n'y a rien à faire, le souffle, la vibration qu'on produit. Je crois que j'ai recherché jusqu'à trouver le chant qui était la vibration ultime.

  • Speaker #0

    Mais qu'est-ce qui a fait basculer justement le...

  • Speaker #1

    Eh bien l'IMEP ! Je détestais le chant enfant, donc je fais ce stage, il me parle après, me disant, tu sais, si tu viens, tu peux être étudiant sans aller en musicologie, etc. Et on a envie de toi, je crée, j'ouvre la classe. Enfin voilà, une sorte de... C'est un truc de cœur. Oui, oui, le soir, j'étais complètement perdu. Je parle avec certains, on guindaille, voilà un des premiers mots que j'ai appris ici. Et dans le silence de la nuit, je commence à me dire, en fait, je suis quelqu'un de très intuitif, qui suit beaucoup son intuition. Et je me dis, je crois que c'est ça. Je crois que si cette personne est venue vers moi, c'est parce que si j'avais ça en moi, je sens que c'est ici. Et donc je rentre chez moi, j'arrive et je dis à mes parents tout de suite, je dois vous parler. Et je dis voilà je pars. Je pars, pas à Paris mais je vais là-bas. L'année allait déjà commencer, j'avais pas encore fait l'examen d'entrée, mais on m'aide pour trouver un cote. Deuxième mot qu'on apprend. Lui dit, vous inquiétez pas, je me souviens, j'arrive ici, mes parents m'emmènent. Il avait laissé une lettre. Pour mes parents, quelque chose d'assez fort qui les a rassurés, je pense. En disant, voilà, je veillerai sur lui. Je crois qu'encore maintenant, je ne me rends pas compte. De ce que ça a fait ? Oui, oui, peut-être. La violence, c'est peut-être un mot fort, mais c'est quand même quelque chose.

  • Speaker #0

    Vous avez deux frères et soeurs ?

  • Speaker #1

    Oui, deux soeurs. Je suis le grand. Et donc on arrive, et puis j'arrive d'ailleurs le deuxième jour, et puis il m'a marqué, oui, l'année à l'IMEP commence par un stage de chant choral. Voici. Le chant de mon vie. Et moi, je me souviens de dire à mes parents, non, non, mais ça non. Le chant, ça ne va pas être possible. Non, je ne vais pas chanter. Et là, on me fait bien comprendre que... Il n'y a pas le choix. Que c'est ça ou il n'y aura pas d'année.

  • Speaker #0

    C'était l'entrée en matière obligatoire.

  • Speaker #1

    Oui, c'était l'entrée en matière obligatoire. Il y a longtemps, c'était Alfred Deller qui le faisait, puis Marc Deller. Je suis certain des chanteurs d'ailleurs de l'IMEP, on fait l'école de direction avec Pierre Chaos, qui est devenu le chœur de chambre de Namur, etc. Donc vraiment, il y a cette tradition de chant. Je me rends bien compte que je n'ai pas le choix. Puis on me dit, et puis tu auras deux heures de chant choral toutes les semaines. Et puis un cours de chant.

  • Speaker #0

    On vous avait bien eu.

  • Speaker #1

    Et à ce moment-là, vraiment, quand je dis j'y allais, je me dis mais je ne vais pas y aller. Un peu le rebelle français qui se plaint, qui râle. Et donc vous vous résignez au chant choral. Je me résigne, je n'ai pas le choix. Et donc l'idée, c'est que toute l'école se rassemble la première semaine pour se connaître. Il faut savoir que l'IMEP à l'époque, c'était 80. Petite centaine d'élèves. Quand j'en suis sorti, on était déjà entre 100 et 200, et maintenant il y en a plusieurs centaines. Et je me souviens encore, Stabat Mater de Francis Poulenc. Je commence ténor le premier jour, puisqu'on me demande, tu chantes quoi comme voix ? Je dis, je n'en sais rien du tout. Il vous manque de quoi ? On me dit ténor. Je dis, alors je vais faire ténor. Le premier jour, je dis, c'est vraiment fatigant. Deuxième jour, bariton. Troisième jour, basse. Et là voilà, il y a pas mal de gens qui ricanent, enfin qui le font, il y en a qui aiment bien, mais... Et moi c'est une sorte d'explosion interne j'allais dire, ou quelque chose, c'est... Une révélation ? Une révélation. Je me dis, mon Dieu, qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    C'est quoi ? C'est physique ? La sensation, la vibration ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est physique. C'est la sensation de produire un son ensemble. Et je me rends compte que la flûte à bec, que j'adore, ça reste bon. On a peu d'occasion de jouer avec grands groupes où on fait un petit couture de flûte à bec. Où je ne ressens pas ces vibrations-là. J'adore jouer de la flûte à bec, j'en joue encore maintenant. Mais là, c'est quelque chose comme je n'avais jamais vécu avant.

  • Speaker #0

    Une session classique.

  • Speaker #1

    Je suis quelqu'un qui suit mon intuition, mais alors... quasiment tout le temps.

  • Speaker #0

    Vous avez confiance en elle.

  • Speaker #1

    À bon escient. Ça me vient souvent dans des moments silencieux. D'ailleurs, soit dans la nature, soit assis, soit allongé d'ailleurs. Ou d'un seul coup, il y a des choses qui sont évidentes, comme ça. Et donc je suis ça, et donc le chant d'un seul coup, c'est ça. Je demande à devenir élève chanteur aussi. on me permet de faire les deux cursus. Et là, voilà, c'est le bonheur, même si les problèmes de santé arrivent à ce moment-là. Et je pense que le champ m'a permis de m'en rendre compte. Donc le champ m'a sauvé aussi, quelque part, de certaines choses, certains problèmes de santé, ou qu'en tout cas, j'ai dû régler. Et puis voilà, l'autre découverte pour le chant, j'en ai parlé juste avant, c'était le Chœur Mondial des Jeunes. Ils étaient basés dans le même bâtiment à l'époque que le Chœur de Chambre de la Mûre, qui avait maintenant, sur la citadelle, il y avait ce bâtiment du chant choral, donc il y avait à Chœur Joie, etc. Et mon professeur de chant à l'époque, Benoît Gillot, qui était un ancien élève de l'IMEP également, créateur du Chœur de Chambre, de Namur, etc., me dit, tiens, il y a le Chœur Mondial des Jeunes, toi qui es là pendant une partie des vacances d'hiver, justement, pas à la maison, ils vont répéter, ils vont chanter. C'est une expérience incroyable, tu devrais aller les écouter. Ils chantent à la Maison de la Culture à Namur, je me souviens. Et là, je vais voir ça. Et là, je suis quelqu'un qui adore avoir des objectifs, ou en tout cas des idées, quelque chose qu'il a envie de faire. Et là, je vois ce concert qui me bouleverse. Je me dis, voilà, des jeunes qui viennent de partout dans le monde et qui ont l'air de s'éclater comme des fous à chanter. On voit bien qu'il y a quelque chose qui se passe de plus. C'est des choses qu'on ne peut pas expliquer de nouveau de manière, j'allais dire, cartésienne. Il y a quelque chose qui se passe dans la pièce. Et là, je le regarde après. Je lui ai dit, je veux faire ça, je veux en faire partie. Et puis il m'a dit, oui, il va falloir bosser, mais tu vas y arriver. Donc j'en ai été membre un an et demi après. Donc le chant est associé à Namur, inévitablement. Est-ce que je peux paraître assez calme comme ça ? Je suis assez calme, d'apparence. Je ne suis pas quelqu'un de stressé. Je suis quelqu'un qui dort très bien. Je n'ai pas de stress sur scène, ce qui est un grand avantage. Vraiment, je ne régale toujours pas de track, du tout. Ce qui est vraiment une sorte de miracle, de la chance, c'est l'école de mes enfants. On passe à côté, l'école fondamentale de Valanne. Seignement public, on dirait ça, comme moi j'ai été élevé. J'ai été élevé comme ça, c'est ce que j'avais envie aussi de leur offrir. C'est une chouette école. Non, pas de trac du tout. La seule chose qui peut me stresser, c'est l'administration. Voilà, je déteste ça. Mais je le fais parce que je n'ai pas le choix. Je suis très mauvais dans le suivi d'emails, dans les factures, les machins. D'ailleurs,

  • Speaker #0

    on a eu du mal à se rencontrer.

  • Speaker #1

    Oui, non, non, non. Quand je suis là, je suis là. Mais voilà. C'est-à-dire que si j'ai une passion, elle me dévore. Ça peut d'ailleurs être une passion. J'ai deux passions principales. Allez, le sport est peut-être une troisième. J'adore le basket.

  • Speaker #0

    Pratiquer ?

  • Speaker #1

    Non, je l'ai pratiqué beaucoup, mais je suis fan d'une équipe aux Etats-Unis, les San Antonio Spurs, que je vais voir quasiment tous les ans là-bas. Il y a un nouveau joueur français, Victor Buenbanama, qui fait 20 centimètres de plus que moi, il faut imaginer. Donc voilà, j'ai des amis là-bas. Austin au Texas mais les deux choses je pense qui me passionnent le plus c'est la musique, ça c'est clair et les humains ça peut paraître bizarre mais les gens pourquoi plus tard ? c'est quoi qui vous intéresse ?

  • Speaker #0

    c'est leur personnalité ? c'est leur manière de vivre ensemble ?

  • Speaker #1

    les gens donc la musique c'est quelque chose qui me passionne J'allais dire, oui, si on met tous les pourcentages de ma vie, j'arrive à 500%, de toute façon, mais non, 200%, je vide ça. Mais découvrir des nouvelles personnes, etc., c'est quelque chose qui me fascine, que j'adore. Je peux donc être, c'est pas boulimique, c'est-à-dire vraiment vouloir connaître une personne énormément, alors que je suis quelqu'un qui ne se dévoile pas forcément, d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Et c'est vrai aussi bien dans le travail que dans la vie courante cette envie de rencontrer les gens

  • Speaker #1

    Oui, et à la fois j'adore être tout seul là pour moi c'est clairement le Covid qui m'a aidé énormément

  • Speaker #0

    A aimé être seul ?

  • Speaker #1

    Oui, pour moi c'est une des choses qui m'a aidé le plus, qui m'a sauvé j'étais vraiment à la limite je crois de craquer parce que je travaillais énormément parce que je fais toujours Encore plus que maintenant Oui tête en avant, sans vraiment me préoccuper de moi, et me disant, de toute façon, il n'y a que ça que je peux faire, c'est ma passion, c'est ce que... Voilà, c'est ça. La musique, c'est moi, je l'ai dit. Non, non, ce n'est pas du tout ça que je pense, mais c'est que la musique m'a bâti en tant que personne, etc. Et je pensais que c'était ça que je devais faire, et puis quand j'étais à la maison, c'était bien. Mais je ne me rendais même pas compte, en fait, j'étais peu à la maison, enfin, c'était... Comme ça, je vivais comme ça. Et alors le fait de rester à la maison pour le Covid, déjà de voir les enfants beaucoup plus, ça a été fabuleux. Je me suis rapproché d'eux à un point incroyable. Mais ceci de me rendre compte, alors je dis que c'est une passion incroyable, mais je me suis rendu compte que je pouvais vivre sans. Moi, je n'ai pas du tout eu ce manque incroyable ou de dépression de ne pas pouvoir chanter. Non, en fait, j'ai fait d'autres choses. J'étais dans le jardin pendant des heures et des heures tous les jours. En plus, il faisait un temps incroyable au début du Covid. C'était parfait, la rhubarbe poussée, les confitures. Non, non, mais j'étais bien, j'avais besoin de me reposer. Et en fait, je me suis rendu compte que le... Il y a deux choses qui m'ont manqué, enfin qui me manquaient, c'était quelque chose que je ne faisais pas consciemment totalement. À l'époque où j'avais fait plus jeune mais que j'avais arrêté un peu, c'était marcher. Je me suis rendu compte que là par contre, arrêter de marcher, ne pas pouvoir sortir, ça me rendait... plus fou que de ne pas faire de musique. On a passé devant chez moi tout à l'heure, tout près, donc en fait il y a une petite forêt qui démarre de mon jardin, donc oui, je me glissais et j'allais marcher. Et donc méditer, non, par contre être dans la nature, oui, une heure, deux heures, donc je marche. Bon, il y a des exceptions, quelques jours j'y arrive pas, mais en général j'essaie de faire entre 8 et 10 km par jour. Oui, ce n'est pas rien. Avec mes jambes, c'est l'équivalent de 5 km pour d'autres. Et ça devient, je pense que pour certaines personnes, c'est le jogging par exemple, courir ou la salle de sport. qui peut être vraiment quelque chose dont ils ont besoin. Moi, c'est marcher, c'est entendre la nature. Je marche sans musique. Des fois, oui, quand je dois écouter quelque chose, mais c'est plus souvent sans musique. Ça me fait un bien fou et je réfléchis. Je laisse ma tête aller, j'essaye de ne pas avoir peur, parce que la tête va dans tous les sens. Et l'autre endroit, ça, je vais le faire bâtir bientôt, c'est le sauna. Je suis un fou de sauna, qui m'aide aussi pour ma santé de nouveau, pour mes poumons, etc. Et c'est un endroit où on ne peut rien faire d'autre. Il y a une chose que je me rends compte, peut-être qu'une des choses qui vient dans ma tête tout le temps, c'est que quand je ne vis pas totalement, en fait, que je me rends compte que le métier prend tellement de place.

  • Speaker #0

    Quand vous ne vivez pas totalement ?

  • Speaker #1

    Que mon métier prend trop de place par rapport à vivre. Quand je parle vivre, c'est aller boire un café avec quelqu'un, c'est-à-dire aller marcher avec quelqu'un d'autre, parler. Découvrir une personne, je me rends compte que ça peut me manquer énormément. La période de folie dont on parlait hors micro avant, où pendant des semaines et des semaines, j'étais parti. Les projets ont été fabuleux. Vraiment, j'ai adoré. Mais pourquoi j'ai adoré cette période, même si je n'y arrivais pas ? C'est que j'ai découvert des gens. Il y a des personnes au conservatoire à Amsterdam, au conservatoire de Paris, ou même des nouvelles personnes qui sont venus à Vaux-Mélysse avec qui j'ai passé du temps. Et pour moi, ça n'a pas de prix. Le Festival de Wallonie

  • Speaker #0

    L'ensemble vous laisse vraiment la responsabilité décisionnelle ?

  • Speaker #1

    Au niveau artistique, je dis toujours, il n'y a pas de chef en général qui dirige, avec le bâton devant qui est tout puissant. Maintenant, il a fallu aussi que j'assume quel était mon rôle. Il y avait un moment où j'avais plutôt tendance à... sous-estimé, ce que je faisais. Pas pour me forcer, etc. La fierté, elle est là. J'ai peu de fierté sur moi, en fait. Je le dis assez souvent. C'est pas pour faire le faux modeste, etc. C'est-à-dire, voir mon nom sur une affiche me fait pas grand-chose, en fait. Ça fait sourire mes enfants. Quand ils voient les CD, des fois, à la maison, ils disent Oh, il y a encore ton nom, papa, là-dessus. Pourquoi il n'y a pas ton nom sur celui-là ? Donc, eux, oui, ça les fait réagir. Moi, mais vraiment, Rien du tout, mais vraiment, c'est pas mon truc. Par contre, voir le nom de mon ensemble, en gros, sur des façades de certaines salles, prestigieux, etc., oui, ça, ça me fait quelque chose. Je suis fier, très fier, j'en suis fier comme on peut être fier d'un enfant. C'est un peu bizarre de dire ça, parce que bon, un enfant, c'est pas quand même le même système de fabrication, j'allais dire.

  • Speaker #0

    C'est pas le même genre de projet.

  • Speaker #1

    C'est pas le même genre de projet.

  • Speaker #0

    Et donc au moment de choisir le nom ?

  • Speaker #1

    Au moment de choisir le nom, je dis souvent que je ne voulais pas du tout créer ce que j'ai fait. C'est-à-dire qu'au départ Voxomis, c'était un ensemble que je voulais créer pour faire un projet par an, avec des gens avec qui j'avais envie de travailler, et de faire de la musique. Pour le plaisir. Et de faire de la musique. dont j'avais envie. Voilà, c'est-à-dire le répertoire qui me plaisait. Donc au départ, c'était Stabat Mater Scarlatti, ça allait être d'autres choses. Auquel moment, j'ai dit, je vais créer un ensemble qui va devenir incroyable, qui va me prendre tout mon temps, qui va tourner dans le monde entier, faire 70, au moins 70, 80 concerts tous les ans, des enregistrements, qui va deux fois aux Etats-Unis. Là, j'aurais ricané. Ce n'était pas du tout ce que j'avais envie.

  • Speaker #0

    Ce n'était pas l'ambition de base du tout.

  • Speaker #1

    Non. Par contre, il y avait... Ce fait d'être un peu plus international, en tout cas cosmopolitan ou tout ce qu'on veut, a été pour le choix du nom, pour le latin. Ça oui. J'avais étudié du latin à l'école, mais je m'étais rendu compte que des fois quand on prend un nom dans une certaine langue, quand on tourne, quand on va ailleurs, ou pour les gens, puisqu'il y avait déjà pas mal de nationalités différentes, on se dit ça veut dire quoi ? Est-ce qu'on traduit ? Est-ce qu'on ne traduit pas ? Et je me suis rendu compte que le latin en général, puisque c'est quand même la racine de beaucoup des langues ici en Europe, pas du hongrois, mais beaucoup d'autres, on ne traduit pas.

  • Speaker #0

    Donc c'était une fonction d'universalité en fait. Oui,

  • Speaker #1

    tout à fait. Je pense que ça, ça a été présent. Et puis, très vite, la voix Vox a été là assez vite. Et puis je bloquais. J'étais dans la bibliothèque de l'IMEP à l'époque. Je me dis, mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu, il ne reste plus qu'une heure. Je n'ai toujours pas trouvé. Et voilà la lumière, comme ça. Et pas tellement où je me dis Vox Luminis, ça tient. Quelle est la traduction ? C'est plutôt, je pense, lumière, dans le son, dans le son que j'avais en tête. J'avais une sorte de son en tête. Puis je me dis Luminis. Vox Luminis. Ouais, c'est pas mal. Bon, je changerai plus tard, mais au niveau intermédiaire, enfin voilà, comme premier nom, c'est pas si mal que ça. Et je vais le garder. En tout cas, pour ce qui concerne l'annonce, je l'écris, je dis voilà, Vox Luminis. C'est court. Et ce qui est très drôle, c'est qu'après le premier concert, les gens me disent super ce nom, comment tu l'as trouvé ? Je dis non, non, si on continue, si on refait un projet, parce qu'il n'y a pas d'autres projets prévus, on réfléchira à quelque chose de mieux. Enfin, quel problème, ça sonne bien, c'est court et on le retient facilement. c'est beau ah bon ? et donc voilà j'avais 20 ans 21 ans quand j'ai trouvé ce nom et il est resté

  • Speaker #2

    Vous êtes donc une voix de basse.

  • Speaker #1

    Oui, basse bariton. Basse bariton.

  • Speaker #0

    Ça veut dire que la plus basse note que vous chantez, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Ha ! Dès que je vous parle, peut-être que je pourrais chanter un contrut, mais je ne suis pas basse profonde, malgré ma taille. Alors souvent, la plupart des ténors sont petits, la plupart des basses sont grandes, mais ce n'est pas une règle exacte.

  • Speaker #0

    C'est la taille des cordes vocales, l'épaisseur et la taille qui définit. Et il se trouve qu'en plus j'ai une anomalie des cordes vocales.

  • Speaker #1

    Une anomalie bienheureuse ?

  • Speaker #0

    Bienheureuse, oui et non. Donc j'ai une corde vocale qui ne fait pas du tout la même taille que l'autre. Ça m'a causé beaucoup de problèmes d'ailleurs, puisqu'en fait, en général, celle qui est plus grande a tendance à compenser avec l'autre, et donc à se fatiguer, on perd sa voix, ce qui m'est arrivé beaucoup, beaucoup. Ce qui est particulier pour les voix d'hommes, en tout cas et notamment voix de bariton, voix de basse, c'est qu'en fait, on parle sur certaines des notes qu'on chante. Les voix de basse, c'est souvent ce qu'on dit. De toute façon, ils parlent comme ils chantent, donc ils n'ont même pas besoin de s'échauffer le matin. Ils parlent un peu et hop, c'est parti, la voix est échauffée. C'est un peu un cliché, mais il y a quelque chose d'assez vrai là-dedans. Bon, je suis quand même content d'avoir une voix basse bariton. Elle correspond quand même quand on fait plus de deux mètres. Je suis assez heureux de la voix que j'ai. Là je ne parle pas du niveau de la voix, mais j'adore la fonction de la voix de basse quand je chante, c'est-à-dire quand je chante en ensemble. Là je ne parle pas de solo, moi je suis quelqu'un, la chose qui me passionne le plus c'est de chanter en ensemble. Et j'adore avoir la fondamentale, c'est-à-dire la chose qui supporte la fondation. La basse, c'est de l'acné, toute la polyphonie, toute la musique. Je suis très heureux avec la voix qu'on m'a donnée. Et aussi, j'ai une voix qui est plutôt faite, on m'a souvent dit pour la musique ancienne. Je peux chanter d'autres choses, évidemment. Une des musiques qui me plaît le plus, c'est évidemment la musique ancienne, la musique baroque.

  • Speaker #1

    Je voulais vous poser la question parce que Vox Luminis fait une spécialité du répertoire musique ancienne. Pourquoi ? Qu'est-ce qui vous plaît tant dans cette musique ? De quoi on parle d'abord ? De quelle époque on parle de musique ancienne ?

  • Speaker #0

    Je dis volontairement musique ancienne, puisqu'on a tendance des fois à confondre la musique baroque avec la musique ancienne. La musique baroque fait partie. de la musique ancienne.

  • Speaker #1

    Oui, baroque, on est au XVIIe, musique ancienne.

  • Speaker #0

    Voilà, XVIIe jusqu'au... Alors, arbitrairement, je vais dire.

  • Speaker #1

    Jusqu'à la mort de Bach.

  • Speaker #0

    Jusqu'à la mort de Bach, donc au 1750, donc le milieu du XVIIIe pile. C'est évidemment, voilà, comme dans tout, il y a l'histoire de la musique, exactement, c'est un peu comme l'histoire. Il y a certaines dates auxquelles on ne peut pas... dérogé. Les dates de naissance et de mort des compositeurs, etc. Après le reste, les périodes, c'est la même chose que pour l'art, la peinture, tout ce qu'on veut. Il y a des choses arbitraires, mais voilà, c'est parce que c'est comme ça. La musique baroque, donc mon premier amour avec, ça a été la deuxième pièce que j'ai chantée, d'ailleurs, à l'IMEP. C'était le Magnificat de Bach. C'est une musique qui me parle. Elle vous touche ? Elle me touche, oui. La musique ancienne, la polyphonie de la Renaissance, est quelque chose qui est arrivé un tout petit peu plus tard. Quand j'étais en Hollande, j'adorais Walgas. J'achetais à l'époque quasiment tous leurs CD. J'adorais ça, ça me fascinait. Mais ce qui m'a fasciné de nouveau encore plus, ça a été quand j'ai pu en chanter. On m'a proposé de rentrer dans un ensemble qui s'appelle Capella Pratensis. Donc, chapelle jusqu'à un des prés. Donc là on lisait sur des photos des manuscrits originaux, reproduits à la taille exacte. Et là je me suis rendu compte que pour moi c'était incroyable. Ça me faisait du bien à ma voix d'ailleurs de pouvoir chanter des lignes comme ça, au corps, à la tête, etc. C'était des heures, des heures, des heures qui me faisaient un bien fou. La musique baroque me parle, je l'adore.

  • Speaker #1

    C'est une question d'intuition aussi finalement, le choix d'aller vers la musique ancienne.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Être tombé dessus et s'être dit,

  • Speaker #1

    voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    C'est ça. Je crois qu'il y a des fois, tant je suis quelqu'un qui adore intellectualiser beaucoup de choses, qui aime bien comprendre, je veux dire, plus qu'intellectualiser. Et donc j'essaie de nouveau, on parle de balance, mais j'essaie deux choses. J'ai cet élément qui fait que je veux comprendre. Et à la fois, je peux ne pas comprendre, même si ça me laisse des fois ma tête un peu en branle, et je suis mes intuitions. Mais je crois qu'on en a tous cette dualité chez nous. Elle m'a dérangé par moments, mais maintenant, je l'embrasse, je l'embrasse en anglais.

  • Speaker #1

    Confessions classiques

  • Speaker #0

    Quand Vox Feminis a été créé, on disait ensemble de musique ancienne, mais en fait on faisait que du baroque. Et c'est moi qui ai apporté de faire un peu de renaissance, parce que ça c'est aussi là de nouveau plus technique, en tout cas plus réfléchi. Pour arriver à comprendre la musique que l'on fait, souvent on doit essayer de comprendre celle d'avant. Elle peut nous apporter... Pour prendre Bach par exemple, qui est quelqu'un, je n'ai pas la prétention de le comprendre à 100%, j'aime beaucoup sa musique, ses bateaux, mais il y a certaines choses que j'aimais moins bien de lui. Pour le comprendre, ça a été en faisant beaucoup de musique de sa famille ou d'autres, qui nous ont permis de comprendre plus chez lui. Après, on se rend compte, si on étudie, qu'il donnait des motets de la Renaissance, à chanter toutes les semaines avant les cantates, donc que les élèves de Saint-Thomas aussi devaient y passer, au chant grégorien. En fait, on se rend compte qu'étudier ces choses-là et les faire, c'est en fait se rapprocher. de ce qu'il pouvait faire. Et donc, une des niches qui a fait connaître Vox Feminis, ça a été le 17e siècle, vraiment. Allemand, notamment. J'ai trouvé un passionné, même un fable mot, à Jérôme Lejeune, de cette musique-là, mais je l'étais aussi. Et donc, on s'est trouvé. Ça a été des idées d'enregistrement, on en a des dizaines. Et là, maintenant, on fait d'autres choses. On élargit, je crois qu'élargir le spectre. Oui, il faut essayer. On a fait notre première commande contemporaine il y a trois semaines maintenant. Caroline Shaw, qui est une des compositrices les plus en vie actuelle. Alors on est de la même génération, on a quelques mois de différence. On a vécu un énorme succès au même moment quand nous on a eu le gramophone, cet enregistrement de l'année, toute catégorie qui a changé la vie. Elle a eu le Pulitzer à ce moment-là. Donc on en a parlé, quand on s'est rencontrés, on a un peu parlé de musique, on a parlé de la vie. pour reprendre ce dont je parlais. Et c'est en fait pour ça, elle prenait une année sabbatique, elle. Elle avait décidé de ne pas composer pendant un an. Et elle a fait une exception. Après qu'on se soit rencontrés tous les deux, on avait envie de faire ça ensemble. Donc là, c'est de nouveau un langage actuel. Quelqu'un qui nous comprend. Donc là, elle a composé en six jours. Donc elle est arrivée le dimanche, on était en Turin, je nous faisais d'autres projets. Donc Bach commençait à composer normalement le dimanche, après l'office. Et le mercredi, il commençait à rencontrer les copistes, etc. pour commencer à dire dans quelle direction il allait et pour commencer aussi à recopier. Donc le mercredi, on l'a rencontré, elle a commencé à nous écouter un peu, à faire des essais. Ok, ok. Et elle a fini la pièce le samedi matin à 4h du matin. Et on l'a donnée ce jour-là. Je me suis promis d'arrêter. J'espère qu'on ne me ressortira pas cet enregistrement en me disant vous ne l'avez pas fait Non, non, mais le fait d'avoir eu le Covid et de m'être rendu compte que je pouvais vivre sans.

  • Speaker #1

    Ça soulage un peu. Pardon ? Ça soulage aussi, ça ? Ah oui. De pouvoir se dire, en fait, c'est pas mon unique point d'ancrage.

  • Speaker #0

    C'est pas mon unique point d'ancrage. La vie est un point d'ancrage. C'est-à-dire, oui, la nature, le cuisiner. Le cuisiner,

  • Speaker #1

    pardon. Il soulage bien le personnage, en fait. Il n'y a pas de plan B. Donc, si jamais un jour la musique s'arrête, le plan B, ce sera selon l'intuition du moment.

  • Speaker #0

    Alors, il y a certains des plans B qui ne seraient plus possibles maintenant. Il y avait des plans B à l'époque. Même si je suis quelqu'un qui en fait donne tout pour le plan A. Ça c'est quelque chose, la musique ça a été ça, je m'y suis mis à fond. Donc quand j'étais plus jeune, un des plans morts était la recherche. Donc j'étais un scientifique à l'école, très fort. Pourquoi pas la recherche dans les maladies, etc. Il y a une chose, je sais que ça surprend les gens, la politique. Au départ, c'est quand même une manière de réfléchir et d'essayer de prendre des décisions pour améliorer la vie, pour organiser la vie aussi. On peut parler de démocratie, on parlait du leadership dans Vox Feminis, ce que ça a été, ça a été quand même aussi créer une sorte de démocratie. On a parfois tendance à confondre démocratie et anarchie. On voit souvent la démocratie en disant, ben voilà, la démocratie c'est chacun a le droit de parole, chacun a le droit de s'exprimer, en musique c'est ce qu'on dit, chacun peut dire ce qu'il veut sur la musique, etc. C'est vrai, mais s'il n'y a pas de règles... Et s'il n'y a pas de responsable, de boss, de tout ce qu'on veut, c'est une anarchie. C'est-à-dire, c'est à celui qui crie le plus fort. Et donc, en fait, une démocratie, Vox Unis m'a élu, entre guillemets, au départ, parce que je n'étais pas le chef au départ, j'étais juste le créateur. Après avoir fait deux projets où c'était moi le coach ou le leader artistique, les gens ont dit, ben voilà, c'est toi. Après, le rôle, et ce n'est pas facile, quand la taille d'un groupe change, etc., de créer un espace où les gens se sentent bien, même si soi-même on ne se sent pas bien, ou on se sent moins bien, et laisser un terrain où les gens peuvent s'exprimer, ont le droit de s'exprimer, etc.

  • Speaker #1

    Il y a la stratégie pour compenser cette énergie-là, ou l'intuition ?

  • Speaker #0

    C'est beaucoup à l'intuition de nouveau. Je pense qu'il y a une partie de stratégie maintenant, au bout de nombreuses années. Mais en fait, ça reste l'intuition, très très fort. En fait, j'ai commencé à me rendre compte que je ressentais beaucoup de choses, des gens. C'est pas que j'en sens tout, etc. Je ne suis pas voyant. Mais c'était vraiment difficile, c'est-à-dire, si on essaie d'être un peu moins centré sur soi-même, on commence à ressentir, la voix notamment, et quelque chose, c'est difficile de mentir quand on chante. Si on connaît les personnes. Comment ça les connaître vraiment ? Et donc oui, je suis l'intuition. C'est-à-dire qu'il y a des jours où je me dis, là il faut travailler moins. Il y a des jours où je me dis, là je peux pousser aujourd'hui. Mais c'est très très intuitif. Je n'ai jamais appris à être chef en fait. C'est venu sur le tas. Je reviens de nouveau à l'humain. Je pense que souvent on... On voit les chefs d'ensemble comme des génies musicaux. Je ne dis pas qu'on n'est rien du tout, mais je pense qu'il y a... Il y a une partie, en tout cas dans mon cas, c'est moins de 50%. Je pense que plus de 50% c'est l'humain, c'est le fait de connaître les gens, c'est le choix des gens avec qui on peut s'imaginer faire un bon petit chemin ensemble. Une des particularités de l'ensemble c'est aussi la stabilité. Donc il y a quand même des gens qui sont là depuis plus de 15 ans. Dans un monde quand même, le monde de la musique, c'est une lessiveuse. Ça... Ça tourne, ça tourne. Pour moi, on peut faire ce qu'on veut. Oui, je peux arriver avec la meilleure analyse possible d'une pièce. Si les gens qui sont en face de moi ne se sentent pas bien, ça sera peut-être analytiquement fabuleux. Je ne suis pas sûr que ça va toucher les gens. Parce que ce qui touche les gens, en fait, une des questions qu'on m'a posées le plus, c'est quel est le secret de Vox Feminis ? Un des secrets, je pense, c'est qu'il n'y en a pas, ou qu'en tout cas, on ne le connaît pas. Et je crois que ça fonctionnera tant qu'on ne le connaîtra pas. De nouveau, on parlait de stratégie, je pense qu'il y a très peu de stratégie. Pour moi, une stratégie, c'est une recette. Alors, j'adore cuisiner, mais qu'est-ce qu'il y a de chouette dans les recettes, dans la cuisine ? C'est justement de modifier quelques petites choses sur le moment, sur l'intuition, et de se dire, tiens, il manque tel ingrédient. Qu'est-ce que je vais mettre à la place ? Ça va changer. On fait la même chose pour nous, c'est-à-dire, des fois, moi j'invite mon équipe et puis il y en a un qui n'est pas libre. Quel est l'ingrédient différent que je vais apporter ? Et je ne sais pas penser en ingrédient, comment dire, de remplacement, mais plutôt, ah voilà, un ingrédient qui a un goût différent, une épice différente. Et comment ça va changer mon plat ?

  • Speaker #1

    Concession classique

  • Speaker #0

    Je crois qu'il y a un des secrets, c'est que les gens se rendent compte qu'on est heureux de faire ce qu'on fait. Ça paraît tout bête, mais il y a des fois, ça peut arriver aussi de l'être moins et que... Je ne sais pas, là je le dis, mais c'est une idée qui me passe par la tête. Peut-être que ça nous dépasse. En fait, que ce qui se passe nous dépasse. C'est-à-dire... qu'à la fois on se rend compte qu'on crée un son vraiment unique, c'est même pas beau, je sais pas, mais qu'on est chacun parti de quelque chose. Et que ça touche les gens. Oui, on ne sait pas vraiment pourquoi.

  • Speaker #1

    On vous écoute. Vous avez juste eu de la chance.

  • Speaker #0

    Oui, j'en parle souvent. La chance est une énorme chose. Il y a plusieurs chances. Déjà, la chance d'avoir une passion. Tout simplement. Pas tout le monde naît et a une passion comme ça, qui vraiment les habite. Deuxième chance dans mon cas, j'ai la chance d'être plutôt bon dans ma passion. parce qu'on peut aussi être passionné de quelque chose. J'adorais le basket aussi. Si mon seul rêve avait été d'être joueur professionnel de basket, je ne l'aurais jamais été. Donc voilà, il y a des rencontres. La chance des rencontres, la chance de rencontrer Jérôme Lejeune à un moment où son label venait d'être acheté, où on lui dit, voilà, tu as autant d'ensemble, tu peux en prendre un de plus. Et il décide que ce soit nous. La chance, peu importe quel membre de l'ensemble que j'ai rencontré à différentes occasions, et de me dire, lui, j'en ai besoin. Et de tous ces gens que j'ai rencontrés, il n'y en a pas un que je n'ai pas réussi à convaincre de nous rejoindre, au moins d'essayer. Et en général, quand il essayait, c'est bon.

  • Speaker #1

    Il y a eu des résistances, des hésitations ?

  • Speaker #0

    Des hésitations,

  • Speaker #1

    oui.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Là, on parle de la première étape, la première étape quand on n'est pas installé. Je me souviens, il y en a un qui est fanatique du groupe. Donc, il fête ses 15 ans avec nous. Il est français, Philippe. La première fois, il était arrivé me voir parce que je l'entends et quelque part, je lui dis cette voix, j'en ai besoin. Alors, c'est de nouveau, moi, je ne cherche pas les meilleurs chanteurs ou tout ça. Je cherche, c'est dans ma tête. C'est un peu bizarre, mais je me dis cette voix-là, oui, soit une combinaison avec un tel, soit un répertoire que j'ai envie de faire. Il me manque quelqu'un. Et là, je lui dis, j'ai un jeune ensemble. Il me dit, tu ne peux pas imaginer, on entend ça tout le temps. Quelqu'un qui dit, j'ai créé un ensemble. Et là même, je l'ai payé de ma poche. C'est-à-dire, on faisait ça gratuitement, nous, à l'époque. Et moi, lui, je lui ai donné de mon argent pour le convaincre. Parce que j'étais vraiment persuadé. J'avais une intuition de nouveau. C'était lui dont j'avais besoin. Et là, je le convainc juste par le choix de la musique. Il me dit Samuel Scheidt. Alors là, je ne savais pas qu'il était fanatique de cette musique. Donc voilà, il y a un coup de chance de nouveau. Non, mais on parle de... Oui, des gens qui ont résisté. Il y en a eu, et tant mieux. En fait, j'adore ça. J'adore. Pourquoi ? Pourquoi ? Je crois qu'on aime toujours aussi dans sa vie aller vers des choses qui nous résistent. Il y a la même chose dans les instruments. Pour moi, la flûte à bec a toujours été facile. Ça, je crois que dans l'étape de ma vie, quand j'étais jeune, ça aussi, ça m'a séduit. C'est-à-dire le fait d'être doué. J'adore ça. J'étais le garçon doué qui faisait 3-4 années d'académie en un an.

  • Speaker #1

    C'est le contraire de la résistance.

  • Speaker #0

    Oui, mais donc, quand le chant est arrivé, il y a eu beaucoup plus de difficultés. Et c'est pour ça que je n'ai pas lâché. J'ai adoré le fait de me dire, je veux y arriver, je veux y arriver. et son ensemble, sans aide, sans rien. Je pense qu'en fait, si ça avait été trop facile, je ne pense pas que votre ministre serait encore là. Je crois que j'aurais arrêté.

  • Speaker #1

    C'était conquérir un continent, un peu.

  • Speaker #0

    Conquérir, oui, le... Alors, on parlait de politique avant, je n'ai aucun passe-droit, je déteste ça. Je voulais toujours... Je suis quelqu'un, oui, on parle beaucoup de ça en France, l'école du mérite. On adore ça. C'est-à-dire d'estimer qu'on peut partir de nulle part. De soi-même. De soi-même. Et que si on étudie bien, si on est passionné, on a des qualités, il y a un moment ou l'autre, ça fonctionnera. Et ça, je crois que c'est vraiment très fort en moi. Mes deux parents étaient... Ils sont toujours, mais ils étaient, parce qu'ils sont à la retraite fonctionnaire, tous les deux. Donc voilà, l'école, c'est quelque chose d'important. Ah oui, je crois que ce que j'ai adoré, et ce que j'adore toujours, enfin c'est plus facile entre guillemets maintenant, mais il y a toujours des autres difficultés, financières ou que sais-je. Je crois que ce que j'adore, c'est arriver à réaliser des choses qui étaient a priori pas possibles, ou en tout cas difficiles. La résistance, j'adore ça, j'adore le challenge, j'adore le... Oui, j'adore y arriver. Et donc je crois que j'aime beaucoup ça. Je disais oui, j'ai besoin de marcher, j'ai besoin de réfléchir, etc. C'est parce que je me rends compte que si tout est facile, je m'ennuie. et j'aime pas m'ennuyer je crois en fait là je parle mais ça doit être rare c'est rare oui je m'ennuie très peu donc est-ce que j'ai bâti une vie aussi qui me permet de pas m'ennuyer c'est tout à fait possible c'est pas consciemment mais j'adore la vie j'adore vivre une valse à trois temps qui s'en prend encore le temps

  • Speaker #2

    Qui s'offre encore le temps de s'offrir des détours du côté de l'amour Comme c'est charmant une valse à quatre temps C'est beaucoup moins dansant C'est beaucoup moins dansant mais tout aussi charmant Qu'une valse à trois temps, une valse à quatre temps, une valse à vingt ans C'est beaucoup plus troublant C'est beaucoup plus troublant mais beaucoup plus charmant Qu'une valse à trois temps, une valse à vingt ans, une valse à cent ans Une valse à cent ans Sur ces jolis mots avec Lionel Meunier,

  • Speaker #3

    on a pris le chemin du retour et poursuivi la discussion sur un terrain plus quotidien, futile, anecdotique peut-être, mais ça fait partie de la vie aussi.

  • Speaker #0

    Ce que je fais, 13 kilomètres hier. Ça peut être tout simple, je me balade dans la forêt ici, où je vais chercher des fraises à Ouipion. Donc c'est ce que j'ai fait hier. J'ai pas de voiture. Ce qui est un... Oui. C'est un choix... Plus de voiture depuis... Depuis janvier 2020. Ah oui,

  • Speaker #1

    donc pour rentrer à Malone, ici, c'est...

  • Speaker #0

    C'est d'office le bus ou un taxi quand j'arrive trop tard. Et donc je ne vais plus dans les supermarchés. On peut y arriver. Oui, oui, oui. Oui, mais bon, à la fois, je ne suis pas non plus... Mon métier, c'est de voyager. Donc je vais dans des avions, j'essaie d'être dans le train le maximum possible, les trains de nuit, etc. Maintenant, je ne suis pas un exemple. Maintenant, je me suis rendu compte qu'en n'ayant pas de voiture... Ça a changé mon rythme de vie, etc. Et on se rend compte aussi beaucoup plus de ce qu'on a autour de soi. Il y a la ferme du Remont, ici, juste au-dessus, qui est à 10 minutes à pied, qui fait venir des produits. Donc tous les fromages viennent de 10 km maximum autour, sauf un comté très très bon, qui vont chercher par meule entière, enfin bon, pas ça. Donc quelques produits d'Espagne, comme je disais, des agrumes, etc., mais qui sont sans irrigation, enfin voilà, toutes les choses comme ça, mais la plupart, que ce soit peu de viande, en fait, vraiment petite quantité, mais très bien. très bien faite, etc. Et donc, pas de déchets non plus, parce que je suis également à la maison.

  • Speaker #1

    Zéro déchet à la maison ? Oui, le moins de déchets possible.

  • Speaker #0

    Et donc, je me suis rendu compte que si on commence à voir, en fait, à marcher un peu, surtout pendant le Covid, parce que j'ai déménagé et le Covid nous est tombé dessus trois mois après, quatre mois après, on se rend compte de ce qu'on a autour de soi. C'est-à-dire, au lieu de prendre la voiture pour aller à un supermarché, pour aller tout acheter, on se rend compte qu'on a des possibilités. Et donc, en fait, je me suis mis à... Pour ce qui est d'y arriver,

  • Speaker #3

    j'ai l'impression qu'on peut tranquillement faire confiance à Lionel. Pour commencer, on pourra lui confier nos oreilles le 27 juin à Flagey et à d'autres occasions, nombreuses vous l'avez entendu, d'aller écouter l'ensemble Vox Luminis. Si vous avez aimé ce podcast, signalez-le avec un petit cœur ou un petit pouce, partagez-le et faites votre marché pour les concerts à venir sur lesfestivalesdewallonie.be.

Description

On vous emmène en balade avec Lionel Meunier. Il est originaire de Clamecy, en France, mais il est installé en Région namuroise, à Malonne : et c’est là que Lionel et Vanessa sont allés se promener, longuement et vigoureusement ! pour cet entretien, entre chants d’oiseaux et – parfois – rénovation de façades. Du haut de son double mètre cinq, Lionel a partagé son regard philosophe sur l’existence. Avec lui, on a un peu parlé de musique mais surtout de balance, d’équilibre, d’humanité et de plans B. Son plan A, au quotidien, c’est d’être chanteur et directeur artistique de l’ensemble Vox Luminis. Ensemble vocal qui, en 2024, est artiste associé des Festivals de Wallonie et qui interprétera "The Fairy Queen" de Purcell en ouverture du Festival Musiq3, à Flagey le 27 juin, avec la soprano Gwendoline Blondeel, elle aussi artiste associée et que vous pourrez rencontrer à travers un prochain épisode de cette même série de podcasts.

 

Confessions classiques est un podcast produit par Les Festivals de Wallonie, réalisé par Vanessa Fantinel et mis en ondes par Marion Guillemette.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les festivals de Wallonie présentent... La sainte musique, la sublime musique.

  • Speaker #1

    On peut prendre la lettre O. J'avais les doigts qui me démangeaient et j'avais envie de reprendre mon instrument. C'est vrai que les 5 minutes avant d'y aller, c'est le grand stress. C'était vraiment une expérience inoubliable.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    On rêve totalement. Confessions classiques.

  • Speaker #3

    Aujourd'hui, je vous emmène en balade avec Lionel Meunier. Il est originaire de Clamsy en France, mais il est installé en région namuroise à Malonne. Et c'est là qu'on est allé se promener longuement et vigoureusement pour cet entretien entre champ d'oiseaux et parfois rénovation de façade. Du haut de son double maître 5, Lionel a partagé son regard philosophe sur l'existence. Avec lui, on a un peu parlé de musique, bien sûr, mais surtout de balance, d'équilibre, d'humanité et de plan B. Même si son plan A au quotidien, c'est d'être chanteur et directeur artistique de l'ensemble Vox Luminis, un ensemble vocal qui en 2024 est artiste associé des festivals de Wallonie et qui interprétera The Fairy Queen de Purcell en ouverture du Festival Musique 3 à Flagey le 27 juin avec la soprano Gwendoline Blondale, elle aussi artiste associée et que vous pourrez rencontrer à travers un autre épisode de cette même série de podcasts.

  • Speaker #1

    Les festivals de Wallonie Bonjour. Bon matin. Voilà, je connais tous les chemins.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #3

    Merci, la porte est restée ouverte,

  • Speaker #0

    c'est normal. Chercher l'équilibre, ça prend toute une vie par contre.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Vous en êtes où à la louche ?

  • Speaker #1

    Oh, à la louche ?

  • Speaker #0

    40% d'équilibre, 30%, 90% ?

  • Speaker #1

    Non, c'est une bonne question. Je pense que ça varie quand même souvent. Il y a deux mois, j'étais bien au-dessus de 50%. Et là, depuis les dernières semaines, un peu moins. Parce que l'activité a été intense. Oui, je pense que les musiciens et les artistes, on se pose beaucoup de questions, on s'écoute. Enfin, on s'écoute beaucoup. C'est-à-dire qu'on est très conscients de ce qui se passe à l'intérieur de notre corps, surtout les chanteurs. Dès qu'il y a un problème de santé, dès qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, on le ressent. Je suis quelqu'un qui travaille beaucoup. qui est bien peu importe où il est. Donc ça, c'est un avantage et un inconvénient. Avantage parce que je suis plutôt très heureux. Inconvénient parce que les gens que je ne vois pas à ce moment-là ne me manquent pas forcément. Et ça peut quand même créer des choses un peu bizarres. C'est inconvénient pour les autres,

  • Speaker #0

    ça,

  • Speaker #1

    pas pour vous. Oui, oui, pour les autres. J'avais une hantise. des deux derniers mois que je viens de passer enthousiasme, c'est peut-être un grand mot mais je n'étais pas stressé mais oui un peu anxieux de savoir comment ça va se passer parce que je n'avais plus fait de période comme ça vraiment, à ne pas m'arrêter à sauter d'un projet à l'autre sans même avoir une journée c'est-à-dire des fois c'était un voyage en train et voilà c'est parti et en fait j'ai adoré, j'avais une énergie incroyable tout le monde l'a dit, je sautais d'un projet à l'autre c'était fou Ça remet en cause un peu la balance, puisque je pensais vraiment qu'il fallait que je fasse moins pour être plus à la maison, etc. Ce que je penche toujours, il faut toujours être à la maison, c'est bien. Mais en fait, j'ai adoré ça tellement et tout le monde m'a regardé en disant mais c'est toi ça ! Là, on voit vraiment celui qui vit à 300% qui adore. Quand on parle de balance, j'adore être chez moi, c'est-à-dire isolé, avec ma famille, et voilà, aller faire mes petites courses, cuisiner. Je travaille à la maison, évidemment, je regarde les partitions avec l'ordinateur, évidemment, mais le... emmener mes enfants à l'école le matin. C'est quelque chose que j'adore. Et je les tiens encore par la main pour aller à l'école. Non, non, mais ma fille a 11 ans, mon fils a 9 ans.

  • Speaker #0

    Ils acceptent encore qu'ils leur tiennent la main.

  • Speaker #1

    Oui, oui, ah oui, oui. Et je vais les chercher, ils me sautent dans les bras. Quand j'arrive à l'école, je suis fier comme tout. Donc voilà, et à la fois, j'adore être entourné, j'adore partir. Et à la fois, c'est soit avec mon groupe, donc avec Vox Feminis, Parce que voilà, c'est une histoire assez incroyable, un truc que j'ai commencé en tant qu'étudiant ici à Namur d'ailleurs. Et qui fête ses 20 ans cette année. Et puis de plus en plus des projets extérieurs. Je me posais la question, est-ce que... Est-ce que je vais m'en faire ? J'ai refusé ça pendant de nombreuses années. Et les deux me plaisent énormément. Soit chef invité pour d'autres ensembles, ce qui peut être fabuleux, ou là, dernièrement, plus dans des conservatoires. Je ne suis pas quelqu'un qui est fait pour enseigner. On se donne à ses élèves, c'est quelque chose. Pour moi, je ne pourrais pas me donner à moitié, c'est-à-dire en ne sachant pas si je peux venir, quand. etc. Et je crois qu'enseigner me frustrerait parce que je m'attacherais aux élèves, ça c'est sûr. Et puis, je me rendrais compte que je n'arrive pas à être assez avec eux. Et donc, je m'en voudrais. Et puis, je me dirais, il faut que je fasse un peu moins de concerts. Mais si je commence à faire moins de concerts, je ne serais pas bien. Et donc, je serais moins à la maison. Et voilà, et je n'y arriverais pas.

  • Speaker #0

    C'est un peu contradictoire, ça, avec le fait que quand vous êtes partis, les gens ne vous manquent pas, mais vos élèves vous manqueraient. Ou la culpabilité.

  • Speaker #1

    La culpabilité, exactement. C'est plutôt la culpabilité. Je suis quelqu'un...

  • Speaker #0

    Pas le même sujet.

  • Speaker #1

    Non, je suis quelqu'un qui est heureux, qui est bien, mais qui peut se sentir coupable, oui. Mais à tous les niveaux. Culpabilité, ne pas être assez avec ma famille.

  • Speaker #0

    S'il vous coûte dans les bras à la sortie de l'école, c'est qu'il nous en donne pas le brage non plus.

  • Speaker #1

    Oui, maintenant, quand on est le papa ou la maman, enfin... Quand je suis là, par contre, je suis là à 100%. Alors, est-ce que c'est une manière de me rassurer de ma culpabilité ? C'est-à-dire de dire, au moins quand je suis là, je suis là à 100%, 200%. Je n'en sais rien. De toute façon, c'est ma vie. Alors on peut passer par là.

  • Speaker #0

    Oui, on peut peut-être expliquer où on est.

  • Speaker #1

    On est à plonger dans la conversation.

  • Speaker #0

    On est à Malone.

  • Speaker #1

    Dans le village de Malone. Village très ample.

  • Speaker #0

    On entre dans un sentier herbeux.

  • Speaker #1

    Avec beaucoup d'espace en fait, Malone. Il y a une rue principale dans laquelle j'habite. J'habite sur le haut. C'est ce qu'on appelle la place du Malpa. Et en fait, dans la rue qui descend, le fond de Malone. Il y a toutes les écoles. Donc en fait, il y a deux moments dans la journée où pas mal de gens se croisent. C'est le début de la journée et la fin de la journée pour les écoles. Et sinon, beaucoup de gens ont des maisons ici.

  • Speaker #0

    Mais vous êtes français d'origine ? Vous avez atterri à Malone par quel hasard ?

  • Speaker #1

    Alors, avant Malone, c'était Namur.

  • Speaker #0

    Vous avez étudié à l'IMEP ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est une longue histoire et courte. Voilà, moi je suis de la campagne, bourguignon, donc voilà, une vie normale dans l'école primaire, collège, lycée de ma ville. Mes parents travaillant dans le lycée d'ailleurs, donc j'ai habité dans une école toutes mes premières années jusqu'à 18 ans. Et la musique est devenue quelque chose qui m'a passionné.

  • Speaker #0

    C'est drôle parce que Malone a fait partie du duché de... De Bourgogne ? Oui, oui. À une époque, vous restez en terre bourguignonne d'une certaine manière.

  • Speaker #1

    Oui, des fois je le dis en rigolant, mais je pense qu'il y a un peu de ça peut-être. Donc je prenais des cours particuliers, etc. Et mon professeur, à l'époque, Hugo Rennes, a signé un contrat, je me souviens, c'était avec l'Université de la Musique, je crois à l'époque, pour enregistrer tous les opéras de Lully, etc. Et donc, il arrête d'enseigner. Et donc la place que j'espérais avoir au conservatoire avec lui s'envole. Je commence à rencontrer plusieurs personnes. Il faut trouver une place. Ce n'est pas facile d'étudier en France. Il y a un concours d'entrée qui est assez ardu, parce qu'il y a peu de place. Et alors il fallait être élève en musicologie aussi pour avoir un statut d'étudiant.

  • Speaker #0

    Donc l'instrument ne suffisait pas.

  • Speaker #1

    Et oui, donc il fallait, quand on était flûtistabec, il fallait aller à Dijon, normalement, quand on était bourguignons, pardon. Et donc il n'y avait pas de flûtabec au conservatoire de Dijon, c'était un peu une anomalie. Il fallait par contre aller en musicologie à Dijon, puisque ça y avait, mais alors je ne pouvais pas faire les deux en même temps. Il fallait aller à Paris, c'était stressant, moi la grande ville ne me faisait pas. Et puis j'ai rencontré des professeurs de flûtabec dans la région. parisiennes, dont un qui me parle d'un stage en Belgique, à Floref à l'époque. Et j'appelle des amis parce que mon école de musique avait été jumelée, jumelée avec l'académie de Bastogne à l'époque. Donc j'avais rencontré des gens à l'époque dans un échange et ils me disent écoute non, va pas faire le stage à Floref, va faire le stage à l'IMEP de Namur. Ça coûte moins cher. Et c'était moi qui me payais mon stage, moi-même. Non mais quand on dit des fois c'est des petits détails. Je dis moins cher, ça m'intéresse et on peut te loger si tu veux. On t'aide à te loger. Là je dis bingo. Je ne connaissais pas Namur, je n'y avais jamais été. La seule ville que je connaissais en Belgique était Bastogne, que j'avais beaucoup aimé d'ailleurs. Et j'entre en fait à Namur, j'arrive à la gare, tout de suite je ne sais pas pourquoi, je me sens bien, très bien. Voilà j'ai 18 ans, 18 ans et 3 mois. Et puis j'arrive dans cette petite école qui est à taille humaine, où on fait un stage et je m'entends bien avec pas mal de gens qui eux vont normalement commencer l'année. C'était aussi un stage préparatoire pour pas mal de gens. Puis je rencontre le directeur Michel Alenque, français lui aussi, qui avait fait sa vie en Belgique après avoir étudié. André Dumortier, lui m'avait entendu jouer dans l'examen, concert de fin de stage, en disant je le veux. Je ne l'ai su qu'après.

  • Speaker #0

    De la fute à bec alors à ce moment-là. Oui,

  • Speaker #1

    de la fute à bec.

  • Speaker #0

    Il y a eu la trompette avant ça aussi.

  • Speaker #1

    Il y a eu la trompette, mais oui. Admiration de Maurice André, mais je n'ai été ni Maurice ni André. J'ai adoré jouer de la trompette, mais voilà. Je pense que la trompette, ce que je garde, c'est le fait de jouer ensemble.

  • Speaker #0

    Et puis on reste avec ces trois instruments puisque maintenant vous chantez,

  • Speaker #1

    on reste sur le souffle aussi. Ça oui, je pense qu'il n'y a rien à faire, le souffle, la vibration qu'on produit. Je crois que j'ai recherché jusqu'à trouver le chant qui était la vibration ultime.

  • Speaker #0

    Mais qu'est-ce qui a fait basculer justement le...

  • Speaker #1

    Eh bien l'IMEP ! Je détestais le chant enfant, donc je fais ce stage, il me parle après, me disant, tu sais, si tu viens, tu peux être étudiant sans aller en musicologie, etc. Et on a envie de toi, je crée, j'ouvre la classe. Enfin voilà, une sorte de... C'est un truc de cœur. Oui, oui, le soir, j'étais complètement perdu. Je parle avec certains, on guindaille, voilà un des premiers mots que j'ai appris ici. Et dans le silence de la nuit, je commence à me dire, en fait, je suis quelqu'un de très intuitif, qui suit beaucoup son intuition. Et je me dis, je crois que c'est ça. Je crois que si cette personne est venue vers moi, c'est parce que si j'avais ça en moi, je sens que c'est ici. Et donc je rentre chez moi, j'arrive et je dis à mes parents tout de suite, je dois vous parler. Et je dis voilà je pars. Je pars, pas à Paris mais je vais là-bas. L'année allait déjà commencer, j'avais pas encore fait l'examen d'entrée, mais on m'aide pour trouver un cote. Deuxième mot qu'on apprend. Lui dit, vous inquiétez pas, je me souviens, j'arrive ici, mes parents m'emmènent. Il avait laissé une lettre. Pour mes parents, quelque chose d'assez fort qui les a rassurés, je pense. En disant, voilà, je veillerai sur lui. Je crois qu'encore maintenant, je ne me rends pas compte. De ce que ça a fait ? Oui, oui, peut-être. La violence, c'est peut-être un mot fort, mais c'est quand même quelque chose.

  • Speaker #0

    Vous avez deux frères et soeurs ?

  • Speaker #1

    Oui, deux soeurs. Je suis le grand. Et donc on arrive, et puis j'arrive d'ailleurs le deuxième jour, et puis il m'a marqué, oui, l'année à l'IMEP commence par un stage de chant choral. Voici. Le chant de mon vie. Et moi, je me souviens de dire à mes parents, non, non, mais ça non. Le chant, ça ne va pas être possible. Non, je ne vais pas chanter. Et là, on me fait bien comprendre que... Il n'y a pas le choix. Que c'est ça ou il n'y aura pas d'année.

  • Speaker #0

    C'était l'entrée en matière obligatoire.

  • Speaker #1

    Oui, c'était l'entrée en matière obligatoire. Il y a longtemps, c'était Alfred Deller qui le faisait, puis Marc Deller. Je suis certain des chanteurs d'ailleurs de l'IMEP, on fait l'école de direction avec Pierre Chaos, qui est devenu le chœur de chambre de Namur, etc. Donc vraiment, il y a cette tradition de chant. Je me rends bien compte que je n'ai pas le choix. Puis on me dit, et puis tu auras deux heures de chant choral toutes les semaines. Et puis un cours de chant.

  • Speaker #0

    On vous avait bien eu.

  • Speaker #1

    Et à ce moment-là, vraiment, quand je dis j'y allais, je me dis mais je ne vais pas y aller. Un peu le rebelle français qui se plaint, qui râle. Et donc vous vous résignez au chant choral. Je me résigne, je n'ai pas le choix. Et donc l'idée, c'est que toute l'école se rassemble la première semaine pour se connaître. Il faut savoir que l'IMEP à l'époque, c'était 80. Petite centaine d'élèves. Quand j'en suis sorti, on était déjà entre 100 et 200, et maintenant il y en a plusieurs centaines. Et je me souviens encore, Stabat Mater de Francis Poulenc. Je commence ténor le premier jour, puisqu'on me demande, tu chantes quoi comme voix ? Je dis, je n'en sais rien du tout. Il vous manque de quoi ? On me dit ténor. Je dis, alors je vais faire ténor. Le premier jour, je dis, c'est vraiment fatigant. Deuxième jour, bariton. Troisième jour, basse. Et là voilà, il y a pas mal de gens qui ricanent, enfin qui le font, il y en a qui aiment bien, mais... Et moi c'est une sorte d'explosion interne j'allais dire, ou quelque chose, c'est... Une révélation ? Une révélation. Je me dis, mon Dieu, qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    C'est quoi ? C'est physique ? La sensation, la vibration ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est physique. C'est la sensation de produire un son ensemble. Et je me rends compte que la flûte à bec, que j'adore, ça reste bon. On a peu d'occasion de jouer avec grands groupes où on fait un petit couture de flûte à bec. Où je ne ressens pas ces vibrations-là. J'adore jouer de la flûte à bec, j'en joue encore maintenant. Mais là, c'est quelque chose comme je n'avais jamais vécu avant.

  • Speaker #0

    Une session classique.

  • Speaker #1

    Je suis quelqu'un qui suit mon intuition, mais alors... quasiment tout le temps.

  • Speaker #0

    Vous avez confiance en elle.

  • Speaker #1

    À bon escient. Ça me vient souvent dans des moments silencieux. D'ailleurs, soit dans la nature, soit assis, soit allongé d'ailleurs. Ou d'un seul coup, il y a des choses qui sont évidentes, comme ça. Et donc je suis ça, et donc le chant d'un seul coup, c'est ça. Je demande à devenir élève chanteur aussi. on me permet de faire les deux cursus. Et là, voilà, c'est le bonheur, même si les problèmes de santé arrivent à ce moment-là. Et je pense que le champ m'a permis de m'en rendre compte. Donc le champ m'a sauvé aussi, quelque part, de certaines choses, certains problèmes de santé, ou qu'en tout cas, j'ai dû régler. Et puis voilà, l'autre découverte pour le chant, j'en ai parlé juste avant, c'était le Chœur Mondial des Jeunes. Ils étaient basés dans le même bâtiment à l'époque que le Chœur de Chambre de la Mûre, qui avait maintenant, sur la citadelle, il y avait ce bâtiment du chant choral, donc il y avait à Chœur Joie, etc. Et mon professeur de chant à l'époque, Benoît Gillot, qui était un ancien élève de l'IMEP également, créateur du Chœur de Chambre, de Namur, etc., me dit, tiens, il y a le Chœur Mondial des Jeunes, toi qui es là pendant une partie des vacances d'hiver, justement, pas à la maison, ils vont répéter, ils vont chanter. C'est une expérience incroyable, tu devrais aller les écouter. Ils chantent à la Maison de la Culture à Namur, je me souviens. Et là, je vais voir ça. Et là, je suis quelqu'un qui adore avoir des objectifs, ou en tout cas des idées, quelque chose qu'il a envie de faire. Et là, je vois ce concert qui me bouleverse. Je me dis, voilà, des jeunes qui viennent de partout dans le monde et qui ont l'air de s'éclater comme des fous à chanter. On voit bien qu'il y a quelque chose qui se passe de plus. C'est des choses qu'on ne peut pas expliquer de nouveau de manière, j'allais dire, cartésienne. Il y a quelque chose qui se passe dans la pièce. Et là, je le regarde après. Je lui ai dit, je veux faire ça, je veux en faire partie. Et puis il m'a dit, oui, il va falloir bosser, mais tu vas y arriver. Donc j'en ai été membre un an et demi après. Donc le chant est associé à Namur, inévitablement. Est-ce que je peux paraître assez calme comme ça ? Je suis assez calme, d'apparence. Je ne suis pas quelqu'un de stressé. Je suis quelqu'un qui dort très bien. Je n'ai pas de stress sur scène, ce qui est un grand avantage. Vraiment, je ne régale toujours pas de track, du tout. Ce qui est vraiment une sorte de miracle, de la chance, c'est l'école de mes enfants. On passe à côté, l'école fondamentale de Valanne. Seignement public, on dirait ça, comme moi j'ai été élevé. J'ai été élevé comme ça, c'est ce que j'avais envie aussi de leur offrir. C'est une chouette école. Non, pas de trac du tout. La seule chose qui peut me stresser, c'est l'administration. Voilà, je déteste ça. Mais je le fais parce que je n'ai pas le choix. Je suis très mauvais dans le suivi d'emails, dans les factures, les machins. D'ailleurs,

  • Speaker #0

    on a eu du mal à se rencontrer.

  • Speaker #1

    Oui, non, non, non. Quand je suis là, je suis là. Mais voilà. C'est-à-dire que si j'ai une passion, elle me dévore. Ça peut d'ailleurs être une passion. J'ai deux passions principales. Allez, le sport est peut-être une troisième. J'adore le basket.

  • Speaker #0

    Pratiquer ?

  • Speaker #1

    Non, je l'ai pratiqué beaucoup, mais je suis fan d'une équipe aux Etats-Unis, les San Antonio Spurs, que je vais voir quasiment tous les ans là-bas. Il y a un nouveau joueur français, Victor Buenbanama, qui fait 20 centimètres de plus que moi, il faut imaginer. Donc voilà, j'ai des amis là-bas. Austin au Texas mais les deux choses je pense qui me passionnent le plus c'est la musique, ça c'est clair et les humains ça peut paraître bizarre mais les gens pourquoi plus tard ? c'est quoi qui vous intéresse ?

  • Speaker #0

    c'est leur personnalité ? c'est leur manière de vivre ensemble ?

  • Speaker #1

    les gens donc la musique c'est quelque chose qui me passionne J'allais dire, oui, si on met tous les pourcentages de ma vie, j'arrive à 500%, de toute façon, mais non, 200%, je vide ça. Mais découvrir des nouvelles personnes, etc., c'est quelque chose qui me fascine, que j'adore. Je peux donc être, c'est pas boulimique, c'est-à-dire vraiment vouloir connaître une personne énormément, alors que je suis quelqu'un qui ne se dévoile pas forcément, d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Et c'est vrai aussi bien dans le travail que dans la vie courante cette envie de rencontrer les gens

  • Speaker #1

    Oui, et à la fois j'adore être tout seul là pour moi c'est clairement le Covid qui m'a aidé énormément

  • Speaker #0

    A aimé être seul ?

  • Speaker #1

    Oui, pour moi c'est une des choses qui m'a aidé le plus, qui m'a sauvé j'étais vraiment à la limite je crois de craquer parce que je travaillais énormément parce que je fais toujours Encore plus que maintenant Oui tête en avant, sans vraiment me préoccuper de moi, et me disant, de toute façon, il n'y a que ça que je peux faire, c'est ma passion, c'est ce que... Voilà, c'est ça. La musique, c'est moi, je l'ai dit. Non, non, ce n'est pas du tout ça que je pense, mais c'est que la musique m'a bâti en tant que personne, etc. Et je pensais que c'était ça que je devais faire, et puis quand j'étais à la maison, c'était bien. Mais je ne me rendais même pas compte, en fait, j'étais peu à la maison, enfin, c'était... Comme ça, je vivais comme ça. Et alors le fait de rester à la maison pour le Covid, déjà de voir les enfants beaucoup plus, ça a été fabuleux. Je me suis rapproché d'eux à un point incroyable. Mais ceci de me rendre compte, alors je dis que c'est une passion incroyable, mais je me suis rendu compte que je pouvais vivre sans. Moi, je n'ai pas du tout eu ce manque incroyable ou de dépression de ne pas pouvoir chanter. Non, en fait, j'ai fait d'autres choses. J'étais dans le jardin pendant des heures et des heures tous les jours. En plus, il faisait un temps incroyable au début du Covid. C'était parfait, la rhubarbe poussée, les confitures. Non, non, mais j'étais bien, j'avais besoin de me reposer. Et en fait, je me suis rendu compte que le... Il y a deux choses qui m'ont manqué, enfin qui me manquaient, c'était quelque chose que je ne faisais pas consciemment totalement. À l'époque où j'avais fait plus jeune mais que j'avais arrêté un peu, c'était marcher. Je me suis rendu compte que là par contre, arrêter de marcher, ne pas pouvoir sortir, ça me rendait... plus fou que de ne pas faire de musique. On a passé devant chez moi tout à l'heure, tout près, donc en fait il y a une petite forêt qui démarre de mon jardin, donc oui, je me glissais et j'allais marcher. Et donc méditer, non, par contre être dans la nature, oui, une heure, deux heures, donc je marche. Bon, il y a des exceptions, quelques jours j'y arrive pas, mais en général j'essaie de faire entre 8 et 10 km par jour. Oui, ce n'est pas rien. Avec mes jambes, c'est l'équivalent de 5 km pour d'autres. Et ça devient, je pense que pour certaines personnes, c'est le jogging par exemple, courir ou la salle de sport. qui peut être vraiment quelque chose dont ils ont besoin. Moi, c'est marcher, c'est entendre la nature. Je marche sans musique. Des fois, oui, quand je dois écouter quelque chose, mais c'est plus souvent sans musique. Ça me fait un bien fou et je réfléchis. Je laisse ma tête aller, j'essaye de ne pas avoir peur, parce que la tête va dans tous les sens. Et l'autre endroit, ça, je vais le faire bâtir bientôt, c'est le sauna. Je suis un fou de sauna, qui m'aide aussi pour ma santé de nouveau, pour mes poumons, etc. Et c'est un endroit où on ne peut rien faire d'autre. Il y a une chose que je me rends compte, peut-être qu'une des choses qui vient dans ma tête tout le temps, c'est que quand je ne vis pas totalement, en fait, que je me rends compte que le métier prend tellement de place.

  • Speaker #0

    Quand vous ne vivez pas totalement ?

  • Speaker #1

    Que mon métier prend trop de place par rapport à vivre. Quand je parle vivre, c'est aller boire un café avec quelqu'un, c'est-à-dire aller marcher avec quelqu'un d'autre, parler. Découvrir une personne, je me rends compte que ça peut me manquer énormément. La période de folie dont on parlait hors micro avant, où pendant des semaines et des semaines, j'étais parti. Les projets ont été fabuleux. Vraiment, j'ai adoré. Mais pourquoi j'ai adoré cette période, même si je n'y arrivais pas ? C'est que j'ai découvert des gens. Il y a des personnes au conservatoire à Amsterdam, au conservatoire de Paris, ou même des nouvelles personnes qui sont venus à Vaux-Mélysse avec qui j'ai passé du temps. Et pour moi, ça n'a pas de prix. Le Festival de Wallonie

  • Speaker #0

    L'ensemble vous laisse vraiment la responsabilité décisionnelle ?

  • Speaker #1

    Au niveau artistique, je dis toujours, il n'y a pas de chef en général qui dirige, avec le bâton devant qui est tout puissant. Maintenant, il a fallu aussi que j'assume quel était mon rôle. Il y avait un moment où j'avais plutôt tendance à... sous-estimé, ce que je faisais. Pas pour me forcer, etc. La fierté, elle est là. J'ai peu de fierté sur moi, en fait. Je le dis assez souvent. C'est pas pour faire le faux modeste, etc. C'est-à-dire, voir mon nom sur une affiche me fait pas grand-chose, en fait. Ça fait sourire mes enfants. Quand ils voient les CD, des fois, à la maison, ils disent Oh, il y a encore ton nom, papa, là-dessus. Pourquoi il n'y a pas ton nom sur celui-là ? Donc, eux, oui, ça les fait réagir. Moi, mais vraiment, Rien du tout, mais vraiment, c'est pas mon truc. Par contre, voir le nom de mon ensemble, en gros, sur des façades de certaines salles, prestigieux, etc., oui, ça, ça me fait quelque chose. Je suis fier, très fier, j'en suis fier comme on peut être fier d'un enfant. C'est un peu bizarre de dire ça, parce que bon, un enfant, c'est pas quand même le même système de fabrication, j'allais dire.

  • Speaker #0

    C'est pas le même genre de projet.

  • Speaker #1

    C'est pas le même genre de projet.

  • Speaker #0

    Et donc au moment de choisir le nom ?

  • Speaker #1

    Au moment de choisir le nom, je dis souvent que je ne voulais pas du tout créer ce que j'ai fait. C'est-à-dire qu'au départ Voxomis, c'était un ensemble que je voulais créer pour faire un projet par an, avec des gens avec qui j'avais envie de travailler, et de faire de la musique. Pour le plaisir. Et de faire de la musique. dont j'avais envie. Voilà, c'est-à-dire le répertoire qui me plaisait. Donc au départ, c'était Stabat Mater Scarlatti, ça allait être d'autres choses. Auquel moment, j'ai dit, je vais créer un ensemble qui va devenir incroyable, qui va me prendre tout mon temps, qui va tourner dans le monde entier, faire 70, au moins 70, 80 concerts tous les ans, des enregistrements, qui va deux fois aux Etats-Unis. Là, j'aurais ricané. Ce n'était pas du tout ce que j'avais envie.

  • Speaker #0

    Ce n'était pas l'ambition de base du tout.

  • Speaker #1

    Non. Par contre, il y avait... Ce fait d'être un peu plus international, en tout cas cosmopolitan ou tout ce qu'on veut, a été pour le choix du nom, pour le latin. Ça oui. J'avais étudié du latin à l'école, mais je m'étais rendu compte que des fois quand on prend un nom dans une certaine langue, quand on tourne, quand on va ailleurs, ou pour les gens, puisqu'il y avait déjà pas mal de nationalités différentes, on se dit ça veut dire quoi ? Est-ce qu'on traduit ? Est-ce qu'on ne traduit pas ? Et je me suis rendu compte que le latin en général, puisque c'est quand même la racine de beaucoup des langues ici en Europe, pas du hongrois, mais beaucoup d'autres, on ne traduit pas.

  • Speaker #0

    Donc c'était une fonction d'universalité en fait. Oui,

  • Speaker #1

    tout à fait. Je pense que ça, ça a été présent. Et puis, très vite, la voix Vox a été là assez vite. Et puis je bloquais. J'étais dans la bibliothèque de l'IMEP à l'époque. Je me dis, mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu, il ne reste plus qu'une heure. Je n'ai toujours pas trouvé. Et voilà la lumière, comme ça. Et pas tellement où je me dis Vox Luminis, ça tient. Quelle est la traduction ? C'est plutôt, je pense, lumière, dans le son, dans le son que j'avais en tête. J'avais une sorte de son en tête. Puis je me dis Luminis. Vox Luminis. Ouais, c'est pas mal. Bon, je changerai plus tard, mais au niveau intermédiaire, enfin voilà, comme premier nom, c'est pas si mal que ça. Et je vais le garder. En tout cas, pour ce qui concerne l'annonce, je l'écris, je dis voilà, Vox Luminis. C'est court. Et ce qui est très drôle, c'est qu'après le premier concert, les gens me disent super ce nom, comment tu l'as trouvé ? Je dis non, non, si on continue, si on refait un projet, parce qu'il n'y a pas d'autres projets prévus, on réfléchira à quelque chose de mieux. Enfin, quel problème, ça sonne bien, c'est court et on le retient facilement. c'est beau ah bon ? et donc voilà j'avais 20 ans 21 ans quand j'ai trouvé ce nom et il est resté

  • Speaker #2

    Vous êtes donc une voix de basse.

  • Speaker #1

    Oui, basse bariton. Basse bariton.

  • Speaker #0

    Ça veut dire que la plus basse note que vous chantez, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Ha ! Dès que je vous parle, peut-être que je pourrais chanter un contrut, mais je ne suis pas basse profonde, malgré ma taille. Alors souvent, la plupart des ténors sont petits, la plupart des basses sont grandes, mais ce n'est pas une règle exacte.

  • Speaker #0

    C'est la taille des cordes vocales, l'épaisseur et la taille qui définit. Et il se trouve qu'en plus j'ai une anomalie des cordes vocales.

  • Speaker #1

    Une anomalie bienheureuse ?

  • Speaker #0

    Bienheureuse, oui et non. Donc j'ai une corde vocale qui ne fait pas du tout la même taille que l'autre. Ça m'a causé beaucoup de problèmes d'ailleurs, puisqu'en fait, en général, celle qui est plus grande a tendance à compenser avec l'autre, et donc à se fatiguer, on perd sa voix, ce qui m'est arrivé beaucoup, beaucoup. Ce qui est particulier pour les voix d'hommes, en tout cas et notamment voix de bariton, voix de basse, c'est qu'en fait, on parle sur certaines des notes qu'on chante. Les voix de basse, c'est souvent ce qu'on dit. De toute façon, ils parlent comme ils chantent, donc ils n'ont même pas besoin de s'échauffer le matin. Ils parlent un peu et hop, c'est parti, la voix est échauffée. C'est un peu un cliché, mais il y a quelque chose d'assez vrai là-dedans. Bon, je suis quand même content d'avoir une voix basse bariton. Elle correspond quand même quand on fait plus de deux mètres. Je suis assez heureux de la voix que j'ai. Là je ne parle pas du niveau de la voix, mais j'adore la fonction de la voix de basse quand je chante, c'est-à-dire quand je chante en ensemble. Là je ne parle pas de solo, moi je suis quelqu'un, la chose qui me passionne le plus c'est de chanter en ensemble. Et j'adore avoir la fondamentale, c'est-à-dire la chose qui supporte la fondation. La basse, c'est de l'acné, toute la polyphonie, toute la musique. Je suis très heureux avec la voix qu'on m'a donnée. Et aussi, j'ai une voix qui est plutôt faite, on m'a souvent dit pour la musique ancienne. Je peux chanter d'autres choses, évidemment. Une des musiques qui me plaît le plus, c'est évidemment la musique ancienne, la musique baroque.

  • Speaker #1

    Je voulais vous poser la question parce que Vox Luminis fait une spécialité du répertoire musique ancienne. Pourquoi ? Qu'est-ce qui vous plaît tant dans cette musique ? De quoi on parle d'abord ? De quelle époque on parle de musique ancienne ?

  • Speaker #0

    Je dis volontairement musique ancienne, puisqu'on a tendance des fois à confondre la musique baroque avec la musique ancienne. La musique baroque fait partie. de la musique ancienne.

  • Speaker #1

    Oui, baroque, on est au XVIIe, musique ancienne.

  • Speaker #0

    Voilà, XVIIe jusqu'au... Alors, arbitrairement, je vais dire.

  • Speaker #1

    Jusqu'à la mort de Bach.

  • Speaker #0

    Jusqu'à la mort de Bach, donc au 1750, donc le milieu du XVIIIe pile. C'est évidemment, voilà, comme dans tout, il y a l'histoire de la musique, exactement, c'est un peu comme l'histoire. Il y a certaines dates auxquelles on ne peut pas... dérogé. Les dates de naissance et de mort des compositeurs, etc. Après le reste, les périodes, c'est la même chose que pour l'art, la peinture, tout ce qu'on veut. Il y a des choses arbitraires, mais voilà, c'est parce que c'est comme ça. La musique baroque, donc mon premier amour avec, ça a été la deuxième pièce que j'ai chantée, d'ailleurs, à l'IMEP. C'était le Magnificat de Bach. C'est une musique qui me parle. Elle vous touche ? Elle me touche, oui. La musique ancienne, la polyphonie de la Renaissance, est quelque chose qui est arrivé un tout petit peu plus tard. Quand j'étais en Hollande, j'adorais Walgas. J'achetais à l'époque quasiment tous leurs CD. J'adorais ça, ça me fascinait. Mais ce qui m'a fasciné de nouveau encore plus, ça a été quand j'ai pu en chanter. On m'a proposé de rentrer dans un ensemble qui s'appelle Capella Pratensis. Donc, chapelle jusqu'à un des prés. Donc là on lisait sur des photos des manuscrits originaux, reproduits à la taille exacte. Et là je me suis rendu compte que pour moi c'était incroyable. Ça me faisait du bien à ma voix d'ailleurs de pouvoir chanter des lignes comme ça, au corps, à la tête, etc. C'était des heures, des heures, des heures qui me faisaient un bien fou. La musique baroque me parle, je l'adore.

  • Speaker #1

    C'est une question d'intuition aussi finalement, le choix d'aller vers la musique ancienne.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Être tombé dessus et s'être dit,

  • Speaker #1

    voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    C'est ça. Je crois qu'il y a des fois, tant je suis quelqu'un qui adore intellectualiser beaucoup de choses, qui aime bien comprendre, je veux dire, plus qu'intellectualiser. Et donc j'essaie de nouveau, on parle de balance, mais j'essaie deux choses. J'ai cet élément qui fait que je veux comprendre. Et à la fois, je peux ne pas comprendre, même si ça me laisse des fois ma tête un peu en branle, et je suis mes intuitions. Mais je crois qu'on en a tous cette dualité chez nous. Elle m'a dérangé par moments, mais maintenant, je l'embrasse, je l'embrasse en anglais.

  • Speaker #1

    Confessions classiques

  • Speaker #0

    Quand Vox Feminis a été créé, on disait ensemble de musique ancienne, mais en fait on faisait que du baroque. Et c'est moi qui ai apporté de faire un peu de renaissance, parce que ça c'est aussi là de nouveau plus technique, en tout cas plus réfléchi. Pour arriver à comprendre la musique que l'on fait, souvent on doit essayer de comprendre celle d'avant. Elle peut nous apporter... Pour prendre Bach par exemple, qui est quelqu'un, je n'ai pas la prétention de le comprendre à 100%, j'aime beaucoup sa musique, ses bateaux, mais il y a certaines choses que j'aimais moins bien de lui. Pour le comprendre, ça a été en faisant beaucoup de musique de sa famille ou d'autres, qui nous ont permis de comprendre plus chez lui. Après, on se rend compte, si on étudie, qu'il donnait des motets de la Renaissance, à chanter toutes les semaines avant les cantates, donc que les élèves de Saint-Thomas aussi devaient y passer, au chant grégorien. En fait, on se rend compte qu'étudier ces choses-là et les faire, c'est en fait se rapprocher. de ce qu'il pouvait faire. Et donc, une des niches qui a fait connaître Vox Feminis, ça a été le 17e siècle, vraiment. Allemand, notamment. J'ai trouvé un passionné, même un fable mot, à Jérôme Lejeune, de cette musique-là, mais je l'étais aussi. Et donc, on s'est trouvé. Ça a été des idées d'enregistrement, on en a des dizaines. Et là, maintenant, on fait d'autres choses. On élargit, je crois qu'élargir le spectre. Oui, il faut essayer. On a fait notre première commande contemporaine il y a trois semaines maintenant. Caroline Shaw, qui est une des compositrices les plus en vie actuelle. Alors on est de la même génération, on a quelques mois de différence. On a vécu un énorme succès au même moment quand nous on a eu le gramophone, cet enregistrement de l'année, toute catégorie qui a changé la vie. Elle a eu le Pulitzer à ce moment-là. Donc on en a parlé, quand on s'est rencontrés, on a un peu parlé de musique, on a parlé de la vie. pour reprendre ce dont je parlais. Et c'est en fait pour ça, elle prenait une année sabbatique, elle. Elle avait décidé de ne pas composer pendant un an. Et elle a fait une exception. Après qu'on se soit rencontrés tous les deux, on avait envie de faire ça ensemble. Donc là, c'est de nouveau un langage actuel. Quelqu'un qui nous comprend. Donc là, elle a composé en six jours. Donc elle est arrivée le dimanche, on était en Turin, je nous faisais d'autres projets. Donc Bach commençait à composer normalement le dimanche, après l'office. Et le mercredi, il commençait à rencontrer les copistes, etc. pour commencer à dire dans quelle direction il allait et pour commencer aussi à recopier. Donc le mercredi, on l'a rencontré, elle a commencé à nous écouter un peu, à faire des essais. Ok, ok. Et elle a fini la pièce le samedi matin à 4h du matin. Et on l'a donnée ce jour-là. Je me suis promis d'arrêter. J'espère qu'on ne me ressortira pas cet enregistrement en me disant vous ne l'avez pas fait Non, non, mais le fait d'avoir eu le Covid et de m'être rendu compte que je pouvais vivre sans.

  • Speaker #1

    Ça soulage un peu. Pardon ? Ça soulage aussi, ça ? Ah oui. De pouvoir se dire, en fait, c'est pas mon unique point d'ancrage.

  • Speaker #0

    C'est pas mon unique point d'ancrage. La vie est un point d'ancrage. C'est-à-dire, oui, la nature, le cuisiner. Le cuisiner,

  • Speaker #1

    pardon. Il soulage bien le personnage, en fait. Il n'y a pas de plan B. Donc, si jamais un jour la musique s'arrête, le plan B, ce sera selon l'intuition du moment.

  • Speaker #0

    Alors, il y a certains des plans B qui ne seraient plus possibles maintenant. Il y avait des plans B à l'époque. Même si je suis quelqu'un qui en fait donne tout pour le plan A. Ça c'est quelque chose, la musique ça a été ça, je m'y suis mis à fond. Donc quand j'étais plus jeune, un des plans morts était la recherche. Donc j'étais un scientifique à l'école, très fort. Pourquoi pas la recherche dans les maladies, etc. Il y a une chose, je sais que ça surprend les gens, la politique. Au départ, c'est quand même une manière de réfléchir et d'essayer de prendre des décisions pour améliorer la vie, pour organiser la vie aussi. On peut parler de démocratie, on parlait du leadership dans Vox Feminis, ce que ça a été, ça a été quand même aussi créer une sorte de démocratie. On a parfois tendance à confondre démocratie et anarchie. On voit souvent la démocratie en disant, ben voilà, la démocratie c'est chacun a le droit de parole, chacun a le droit de s'exprimer, en musique c'est ce qu'on dit, chacun peut dire ce qu'il veut sur la musique, etc. C'est vrai, mais s'il n'y a pas de règles... Et s'il n'y a pas de responsable, de boss, de tout ce qu'on veut, c'est une anarchie. C'est-à-dire, c'est à celui qui crie le plus fort. Et donc, en fait, une démocratie, Vox Unis m'a élu, entre guillemets, au départ, parce que je n'étais pas le chef au départ, j'étais juste le créateur. Après avoir fait deux projets où c'était moi le coach ou le leader artistique, les gens ont dit, ben voilà, c'est toi. Après, le rôle, et ce n'est pas facile, quand la taille d'un groupe change, etc., de créer un espace où les gens se sentent bien, même si soi-même on ne se sent pas bien, ou on se sent moins bien, et laisser un terrain où les gens peuvent s'exprimer, ont le droit de s'exprimer, etc.

  • Speaker #1

    Il y a la stratégie pour compenser cette énergie-là, ou l'intuition ?

  • Speaker #0

    C'est beaucoup à l'intuition de nouveau. Je pense qu'il y a une partie de stratégie maintenant, au bout de nombreuses années. Mais en fait, ça reste l'intuition, très très fort. En fait, j'ai commencé à me rendre compte que je ressentais beaucoup de choses, des gens. C'est pas que j'en sens tout, etc. Je ne suis pas voyant. Mais c'était vraiment difficile, c'est-à-dire, si on essaie d'être un peu moins centré sur soi-même, on commence à ressentir, la voix notamment, et quelque chose, c'est difficile de mentir quand on chante. Si on connaît les personnes. Comment ça les connaître vraiment ? Et donc oui, je suis l'intuition. C'est-à-dire qu'il y a des jours où je me dis, là il faut travailler moins. Il y a des jours où je me dis, là je peux pousser aujourd'hui. Mais c'est très très intuitif. Je n'ai jamais appris à être chef en fait. C'est venu sur le tas. Je reviens de nouveau à l'humain. Je pense que souvent on... On voit les chefs d'ensemble comme des génies musicaux. Je ne dis pas qu'on n'est rien du tout, mais je pense qu'il y a... Il y a une partie, en tout cas dans mon cas, c'est moins de 50%. Je pense que plus de 50% c'est l'humain, c'est le fait de connaître les gens, c'est le choix des gens avec qui on peut s'imaginer faire un bon petit chemin ensemble. Une des particularités de l'ensemble c'est aussi la stabilité. Donc il y a quand même des gens qui sont là depuis plus de 15 ans. Dans un monde quand même, le monde de la musique, c'est une lessiveuse. Ça... Ça tourne, ça tourne. Pour moi, on peut faire ce qu'on veut. Oui, je peux arriver avec la meilleure analyse possible d'une pièce. Si les gens qui sont en face de moi ne se sentent pas bien, ça sera peut-être analytiquement fabuleux. Je ne suis pas sûr que ça va toucher les gens. Parce que ce qui touche les gens, en fait, une des questions qu'on m'a posées le plus, c'est quel est le secret de Vox Feminis ? Un des secrets, je pense, c'est qu'il n'y en a pas, ou qu'en tout cas, on ne le connaît pas. Et je crois que ça fonctionnera tant qu'on ne le connaîtra pas. De nouveau, on parlait de stratégie, je pense qu'il y a très peu de stratégie. Pour moi, une stratégie, c'est une recette. Alors, j'adore cuisiner, mais qu'est-ce qu'il y a de chouette dans les recettes, dans la cuisine ? C'est justement de modifier quelques petites choses sur le moment, sur l'intuition, et de se dire, tiens, il manque tel ingrédient. Qu'est-ce que je vais mettre à la place ? Ça va changer. On fait la même chose pour nous, c'est-à-dire, des fois, moi j'invite mon équipe et puis il y en a un qui n'est pas libre. Quel est l'ingrédient différent que je vais apporter ? Et je ne sais pas penser en ingrédient, comment dire, de remplacement, mais plutôt, ah voilà, un ingrédient qui a un goût différent, une épice différente. Et comment ça va changer mon plat ?

  • Speaker #1

    Concession classique

  • Speaker #0

    Je crois qu'il y a un des secrets, c'est que les gens se rendent compte qu'on est heureux de faire ce qu'on fait. Ça paraît tout bête, mais il y a des fois, ça peut arriver aussi de l'être moins et que... Je ne sais pas, là je le dis, mais c'est une idée qui me passe par la tête. Peut-être que ça nous dépasse. En fait, que ce qui se passe nous dépasse. C'est-à-dire... qu'à la fois on se rend compte qu'on crée un son vraiment unique, c'est même pas beau, je sais pas, mais qu'on est chacun parti de quelque chose. Et que ça touche les gens. Oui, on ne sait pas vraiment pourquoi.

  • Speaker #1

    On vous écoute. Vous avez juste eu de la chance.

  • Speaker #0

    Oui, j'en parle souvent. La chance est une énorme chose. Il y a plusieurs chances. Déjà, la chance d'avoir une passion. Tout simplement. Pas tout le monde naît et a une passion comme ça, qui vraiment les habite. Deuxième chance dans mon cas, j'ai la chance d'être plutôt bon dans ma passion. parce qu'on peut aussi être passionné de quelque chose. J'adorais le basket aussi. Si mon seul rêve avait été d'être joueur professionnel de basket, je ne l'aurais jamais été. Donc voilà, il y a des rencontres. La chance des rencontres, la chance de rencontrer Jérôme Lejeune à un moment où son label venait d'être acheté, où on lui dit, voilà, tu as autant d'ensemble, tu peux en prendre un de plus. Et il décide que ce soit nous. La chance, peu importe quel membre de l'ensemble que j'ai rencontré à différentes occasions, et de me dire, lui, j'en ai besoin. Et de tous ces gens que j'ai rencontrés, il n'y en a pas un que je n'ai pas réussi à convaincre de nous rejoindre, au moins d'essayer. Et en général, quand il essayait, c'est bon.

  • Speaker #1

    Il y a eu des résistances, des hésitations ?

  • Speaker #0

    Des hésitations,

  • Speaker #1

    oui.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Là, on parle de la première étape, la première étape quand on n'est pas installé. Je me souviens, il y en a un qui est fanatique du groupe. Donc, il fête ses 15 ans avec nous. Il est français, Philippe. La première fois, il était arrivé me voir parce que je l'entends et quelque part, je lui dis cette voix, j'en ai besoin. Alors, c'est de nouveau, moi, je ne cherche pas les meilleurs chanteurs ou tout ça. Je cherche, c'est dans ma tête. C'est un peu bizarre, mais je me dis cette voix-là, oui, soit une combinaison avec un tel, soit un répertoire que j'ai envie de faire. Il me manque quelqu'un. Et là, je lui dis, j'ai un jeune ensemble. Il me dit, tu ne peux pas imaginer, on entend ça tout le temps. Quelqu'un qui dit, j'ai créé un ensemble. Et là même, je l'ai payé de ma poche. C'est-à-dire, on faisait ça gratuitement, nous, à l'époque. Et moi, lui, je lui ai donné de mon argent pour le convaincre. Parce que j'étais vraiment persuadé. J'avais une intuition de nouveau. C'était lui dont j'avais besoin. Et là, je le convainc juste par le choix de la musique. Il me dit Samuel Scheidt. Alors là, je ne savais pas qu'il était fanatique de cette musique. Donc voilà, il y a un coup de chance de nouveau. Non, mais on parle de... Oui, des gens qui ont résisté. Il y en a eu, et tant mieux. En fait, j'adore ça. J'adore. Pourquoi ? Pourquoi ? Je crois qu'on aime toujours aussi dans sa vie aller vers des choses qui nous résistent. Il y a la même chose dans les instruments. Pour moi, la flûte à bec a toujours été facile. Ça, je crois que dans l'étape de ma vie, quand j'étais jeune, ça aussi, ça m'a séduit. C'est-à-dire le fait d'être doué. J'adore ça. J'étais le garçon doué qui faisait 3-4 années d'académie en un an.

  • Speaker #1

    C'est le contraire de la résistance.

  • Speaker #0

    Oui, mais donc, quand le chant est arrivé, il y a eu beaucoup plus de difficultés. Et c'est pour ça que je n'ai pas lâché. J'ai adoré le fait de me dire, je veux y arriver, je veux y arriver. et son ensemble, sans aide, sans rien. Je pense qu'en fait, si ça avait été trop facile, je ne pense pas que votre ministre serait encore là. Je crois que j'aurais arrêté.

  • Speaker #1

    C'était conquérir un continent, un peu.

  • Speaker #0

    Conquérir, oui, le... Alors, on parlait de politique avant, je n'ai aucun passe-droit, je déteste ça. Je voulais toujours... Je suis quelqu'un, oui, on parle beaucoup de ça en France, l'école du mérite. On adore ça. C'est-à-dire d'estimer qu'on peut partir de nulle part. De soi-même. De soi-même. Et que si on étudie bien, si on est passionné, on a des qualités, il y a un moment ou l'autre, ça fonctionnera. Et ça, je crois que c'est vraiment très fort en moi. Mes deux parents étaient... Ils sont toujours, mais ils étaient, parce qu'ils sont à la retraite fonctionnaire, tous les deux. Donc voilà, l'école, c'est quelque chose d'important. Ah oui, je crois que ce que j'ai adoré, et ce que j'adore toujours, enfin c'est plus facile entre guillemets maintenant, mais il y a toujours des autres difficultés, financières ou que sais-je. Je crois que ce que j'adore, c'est arriver à réaliser des choses qui étaient a priori pas possibles, ou en tout cas difficiles. La résistance, j'adore ça, j'adore le challenge, j'adore le... Oui, j'adore y arriver. Et donc je crois que j'aime beaucoup ça. Je disais oui, j'ai besoin de marcher, j'ai besoin de réfléchir, etc. C'est parce que je me rends compte que si tout est facile, je m'ennuie. et j'aime pas m'ennuyer je crois en fait là je parle mais ça doit être rare c'est rare oui je m'ennuie très peu donc est-ce que j'ai bâti une vie aussi qui me permet de pas m'ennuyer c'est tout à fait possible c'est pas consciemment mais j'adore la vie j'adore vivre une valse à trois temps qui s'en prend encore le temps

  • Speaker #2

    Qui s'offre encore le temps de s'offrir des détours du côté de l'amour Comme c'est charmant une valse à quatre temps C'est beaucoup moins dansant C'est beaucoup moins dansant mais tout aussi charmant Qu'une valse à trois temps, une valse à quatre temps, une valse à vingt ans C'est beaucoup plus troublant C'est beaucoup plus troublant mais beaucoup plus charmant Qu'une valse à trois temps, une valse à vingt ans, une valse à cent ans Une valse à cent ans Sur ces jolis mots avec Lionel Meunier,

  • Speaker #3

    on a pris le chemin du retour et poursuivi la discussion sur un terrain plus quotidien, futile, anecdotique peut-être, mais ça fait partie de la vie aussi.

  • Speaker #0

    Ce que je fais, 13 kilomètres hier. Ça peut être tout simple, je me balade dans la forêt ici, où je vais chercher des fraises à Ouipion. Donc c'est ce que j'ai fait hier. J'ai pas de voiture. Ce qui est un... Oui. C'est un choix... Plus de voiture depuis... Depuis janvier 2020. Ah oui,

  • Speaker #1

    donc pour rentrer à Malone, ici, c'est...

  • Speaker #0

    C'est d'office le bus ou un taxi quand j'arrive trop tard. Et donc je ne vais plus dans les supermarchés. On peut y arriver. Oui, oui, oui. Oui, mais bon, à la fois, je ne suis pas non plus... Mon métier, c'est de voyager. Donc je vais dans des avions, j'essaie d'être dans le train le maximum possible, les trains de nuit, etc. Maintenant, je ne suis pas un exemple. Maintenant, je me suis rendu compte qu'en n'ayant pas de voiture... Ça a changé mon rythme de vie, etc. Et on se rend compte aussi beaucoup plus de ce qu'on a autour de soi. Il y a la ferme du Remont, ici, juste au-dessus, qui est à 10 minutes à pied, qui fait venir des produits. Donc tous les fromages viennent de 10 km maximum autour, sauf un comté très très bon, qui vont chercher par meule entière, enfin bon, pas ça. Donc quelques produits d'Espagne, comme je disais, des agrumes, etc., mais qui sont sans irrigation, enfin voilà, toutes les choses comme ça, mais la plupart, que ce soit peu de viande, en fait, vraiment petite quantité, mais très bien. très bien faite, etc. Et donc, pas de déchets non plus, parce que je suis également à la maison.

  • Speaker #1

    Zéro déchet à la maison ? Oui, le moins de déchets possible.

  • Speaker #0

    Et donc, je me suis rendu compte que si on commence à voir, en fait, à marcher un peu, surtout pendant le Covid, parce que j'ai déménagé et le Covid nous est tombé dessus trois mois après, quatre mois après, on se rend compte de ce qu'on a autour de soi. C'est-à-dire, au lieu de prendre la voiture pour aller à un supermarché, pour aller tout acheter, on se rend compte qu'on a des possibilités. Et donc, en fait, je me suis mis à... Pour ce qui est d'y arriver,

  • Speaker #3

    j'ai l'impression qu'on peut tranquillement faire confiance à Lionel. Pour commencer, on pourra lui confier nos oreilles le 27 juin à Flagey et à d'autres occasions, nombreuses vous l'avez entendu, d'aller écouter l'ensemble Vox Luminis. Si vous avez aimé ce podcast, signalez-le avec un petit cœur ou un petit pouce, partagez-le et faites votre marché pour les concerts à venir sur lesfestivalesdewallonie.be.

Share

Embed

You may also like

Description

On vous emmène en balade avec Lionel Meunier. Il est originaire de Clamecy, en France, mais il est installé en Région namuroise, à Malonne : et c’est là que Lionel et Vanessa sont allés se promener, longuement et vigoureusement ! pour cet entretien, entre chants d’oiseaux et – parfois – rénovation de façades. Du haut de son double mètre cinq, Lionel a partagé son regard philosophe sur l’existence. Avec lui, on a un peu parlé de musique mais surtout de balance, d’équilibre, d’humanité et de plans B. Son plan A, au quotidien, c’est d’être chanteur et directeur artistique de l’ensemble Vox Luminis. Ensemble vocal qui, en 2024, est artiste associé des Festivals de Wallonie et qui interprétera "The Fairy Queen" de Purcell en ouverture du Festival Musiq3, à Flagey le 27 juin, avec la soprano Gwendoline Blondeel, elle aussi artiste associée et que vous pourrez rencontrer à travers un prochain épisode de cette même série de podcasts.

 

Confessions classiques est un podcast produit par Les Festivals de Wallonie, réalisé par Vanessa Fantinel et mis en ondes par Marion Guillemette.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les festivals de Wallonie présentent... La sainte musique, la sublime musique.

  • Speaker #1

    On peut prendre la lettre O. J'avais les doigts qui me démangeaient et j'avais envie de reprendre mon instrument. C'est vrai que les 5 minutes avant d'y aller, c'est le grand stress. C'était vraiment une expérience inoubliable.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    On rêve totalement. Confessions classiques.

  • Speaker #3

    Aujourd'hui, je vous emmène en balade avec Lionel Meunier. Il est originaire de Clamsy en France, mais il est installé en région namuroise à Malonne. Et c'est là qu'on est allé se promener longuement et vigoureusement pour cet entretien entre champ d'oiseaux et parfois rénovation de façade. Du haut de son double maître 5, Lionel a partagé son regard philosophe sur l'existence. Avec lui, on a un peu parlé de musique, bien sûr, mais surtout de balance, d'équilibre, d'humanité et de plan B. Même si son plan A au quotidien, c'est d'être chanteur et directeur artistique de l'ensemble Vox Luminis, un ensemble vocal qui en 2024 est artiste associé des festivals de Wallonie et qui interprétera The Fairy Queen de Purcell en ouverture du Festival Musique 3 à Flagey le 27 juin avec la soprano Gwendoline Blondale, elle aussi artiste associée et que vous pourrez rencontrer à travers un autre épisode de cette même série de podcasts.

  • Speaker #1

    Les festivals de Wallonie Bonjour. Bon matin. Voilà, je connais tous les chemins.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #3

    Merci, la porte est restée ouverte,

  • Speaker #0

    c'est normal. Chercher l'équilibre, ça prend toute une vie par contre.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Vous en êtes où à la louche ?

  • Speaker #1

    Oh, à la louche ?

  • Speaker #0

    40% d'équilibre, 30%, 90% ?

  • Speaker #1

    Non, c'est une bonne question. Je pense que ça varie quand même souvent. Il y a deux mois, j'étais bien au-dessus de 50%. Et là, depuis les dernières semaines, un peu moins. Parce que l'activité a été intense. Oui, je pense que les musiciens et les artistes, on se pose beaucoup de questions, on s'écoute. Enfin, on s'écoute beaucoup. C'est-à-dire qu'on est très conscients de ce qui se passe à l'intérieur de notre corps, surtout les chanteurs. Dès qu'il y a un problème de santé, dès qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, on le ressent. Je suis quelqu'un qui travaille beaucoup. qui est bien peu importe où il est. Donc ça, c'est un avantage et un inconvénient. Avantage parce que je suis plutôt très heureux. Inconvénient parce que les gens que je ne vois pas à ce moment-là ne me manquent pas forcément. Et ça peut quand même créer des choses un peu bizarres. C'est inconvénient pour les autres,

  • Speaker #0

    ça,

  • Speaker #1

    pas pour vous. Oui, oui, pour les autres. J'avais une hantise. des deux derniers mois que je viens de passer enthousiasme, c'est peut-être un grand mot mais je n'étais pas stressé mais oui un peu anxieux de savoir comment ça va se passer parce que je n'avais plus fait de période comme ça vraiment, à ne pas m'arrêter à sauter d'un projet à l'autre sans même avoir une journée c'est-à-dire des fois c'était un voyage en train et voilà c'est parti et en fait j'ai adoré, j'avais une énergie incroyable tout le monde l'a dit, je sautais d'un projet à l'autre c'était fou Ça remet en cause un peu la balance, puisque je pensais vraiment qu'il fallait que je fasse moins pour être plus à la maison, etc. Ce que je penche toujours, il faut toujours être à la maison, c'est bien. Mais en fait, j'ai adoré ça tellement et tout le monde m'a regardé en disant mais c'est toi ça ! Là, on voit vraiment celui qui vit à 300% qui adore. Quand on parle de balance, j'adore être chez moi, c'est-à-dire isolé, avec ma famille, et voilà, aller faire mes petites courses, cuisiner. Je travaille à la maison, évidemment, je regarde les partitions avec l'ordinateur, évidemment, mais le... emmener mes enfants à l'école le matin. C'est quelque chose que j'adore. Et je les tiens encore par la main pour aller à l'école. Non, non, mais ma fille a 11 ans, mon fils a 9 ans.

  • Speaker #0

    Ils acceptent encore qu'ils leur tiennent la main.

  • Speaker #1

    Oui, oui, ah oui, oui. Et je vais les chercher, ils me sautent dans les bras. Quand j'arrive à l'école, je suis fier comme tout. Donc voilà, et à la fois, j'adore être entourné, j'adore partir. Et à la fois, c'est soit avec mon groupe, donc avec Vox Feminis, Parce que voilà, c'est une histoire assez incroyable, un truc que j'ai commencé en tant qu'étudiant ici à Namur d'ailleurs. Et qui fête ses 20 ans cette année. Et puis de plus en plus des projets extérieurs. Je me posais la question, est-ce que... Est-ce que je vais m'en faire ? J'ai refusé ça pendant de nombreuses années. Et les deux me plaisent énormément. Soit chef invité pour d'autres ensembles, ce qui peut être fabuleux, ou là, dernièrement, plus dans des conservatoires. Je ne suis pas quelqu'un qui est fait pour enseigner. On se donne à ses élèves, c'est quelque chose. Pour moi, je ne pourrais pas me donner à moitié, c'est-à-dire en ne sachant pas si je peux venir, quand. etc. Et je crois qu'enseigner me frustrerait parce que je m'attacherais aux élèves, ça c'est sûr. Et puis, je me rendrais compte que je n'arrive pas à être assez avec eux. Et donc, je m'en voudrais. Et puis, je me dirais, il faut que je fasse un peu moins de concerts. Mais si je commence à faire moins de concerts, je ne serais pas bien. Et donc, je serais moins à la maison. Et voilà, et je n'y arriverais pas.

  • Speaker #0

    C'est un peu contradictoire, ça, avec le fait que quand vous êtes partis, les gens ne vous manquent pas, mais vos élèves vous manqueraient. Ou la culpabilité.

  • Speaker #1

    La culpabilité, exactement. C'est plutôt la culpabilité. Je suis quelqu'un...

  • Speaker #0

    Pas le même sujet.

  • Speaker #1

    Non, je suis quelqu'un qui est heureux, qui est bien, mais qui peut se sentir coupable, oui. Mais à tous les niveaux. Culpabilité, ne pas être assez avec ma famille.

  • Speaker #0

    S'il vous coûte dans les bras à la sortie de l'école, c'est qu'il nous en donne pas le brage non plus.

  • Speaker #1

    Oui, maintenant, quand on est le papa ou la maman, enfin... Quand je suis là, par contre, je suis là à 100%. Alors, est-ce que c'est une manière de me rassurer de ma culpabilité ? C'est-à-dire de dire, au moins quand je suis là, je suis là à 100%, 200%. Je n'en sais rien. De toute façon, c'est ma vie. Alors on peut passer par là.

  • Speaker #0

    Oui, on peut peut-être expliquer où on est.

  • Speaker #1

    On est à plonger dans la conversation.

  • Speaker #0

    On est à Malone.

  • Speaker #1

    Dans le village de Malone. Village très ample.

  • Speaker #0

    On entre dans un sentier herbeux.

  • Speaker #1

    Avec beaucoup d'espace en fait, Malone. Il y a une rue principale dans laquelle j'habite. J'habite sur le haut. C'est ce qu'on appelle la place du Malpa. Et en fait, dans la rue qui descend, le fond de Malone. Il y a toutes les écoles. Donc en fait, il y a deux moments dans la journée où pas mal de gens se croisent. C'est le début de la journée et la fin de la journée pour les écoles. Et sinon, beaucoup de gens ont des maisons ici.

  • Speaker #0

    Mais vous êtes français d'origine ? Vous avez atterri à Malone par quel hasard ?

  • Speaker #1

    Alors, avant Malone, c'était Namur.

  • Speaker #0

    Vous avez étudié à l'IMEP ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est une longue histoire et courte. Voilà, moi je suis de la campagne, bourguignon, donc voilà, une vie normale dans l'école primaire, collège, lycée de ma ville. Mes parents travaillant dans le lycée d'ailleurs, donc j'ai habité dans une école toutes mes premières années jusqu'à 18 ans. Et la musique est devenue quelque chose qui m'a passionné.

  • Speaker #0

    C'est drôle parce que Malone a fait partie du duché de... De Bourgogne ? Oui, oui. À une époque, vous restez en terre bourguignonne d'une certaine manière.

  • Speaker #1

    Oui, des fois je le dis en rigolant, mais je pense qu'il y a un peu de ça peut-être. Donc je prenais des cours particuliers, etc. Et mon professeur, à l'époque, Hugo Rennes, a signé un contrat, je me souviens, c'était avec l'Université de la Musique, je crois à l'époque, pour enregistrer tous les opéras de Lully, etc. Et donc, il arrête d'enseigner. Et donc la place que j'espérais avoir au conservatoire avec lui s'envole. Je commence à rencontrer plusieurs personnes. Il faut trouver une place. Ce n'est pas facile d'étudier en France. Il y a un concours d'entrée qui est assez ardu, parce qu'il y a peu de place. Et alors il fallait être élève en musicologie aussi pour avoir un statut d'étudiant.

  • Speaker #0

    Donc l'instrument ne suffisait pas.

  • Speaker #1

    Et oui, donc il fallait, quand on était flûtistabec, il fallait aller à Dijon, normalement, quand on était bourguignons, pardon. Et donc il n'y avait pas de flûtabec au conservatoire de Dijon, c'était un peu une anomalie. Il fallait par contre aller en musicologie à Dijon, puisque ça y avait, mais alors je ne pouvais pas faire les deux en même temps. Il fallait aller à Paris, c'était stressant, moi la grande ville ne me faisait pas. Et puis j'ai rencontré des professeurs de flûtabec dans la région. parisiennes, dont un qui me parle d'un stage en Belgique, à Floref à l'époque. Et j'appelle des amis parce que mon école de musique avait été jumelée, jumelée avec l'académie de Bastogne à l'époque. Donc j'avais rencontré des gens à l'époque dans un échange et ils me disent écoute non, va pas faire le stage à Floref, va faire le stage à l'IMEP de Namur. Ça coûte moins cher. Et c'était moi qui me payais mon stage, moi-même. Non mais quand on dit des fois c'est des petits détails. Je dis moins cher, ça m'intéresse et on peut te loger si tu veux. On t'aide à te loger. Là je dis bingo. Je ne connaissais pas Namur, je n'y avais jamais été. La seule ville que je connaissais en Belgique était Bastogne, que j'avais beaucoup aimé d'ailleurs. Et j'entre en fait à Namur, j'arrive à la gare, tout de suite je ne sais pas pourquoi, je me sens bien, très bien. Voilà j'ai 18 ans, 18 ans et 3 mois. Et puis j'arrive dans cette petite école qui est à taille humaine, où on fait un stage et je m'entends bien avec pas mal de gens qui eux vont normalement commencer l'année. C'était aussi un stage préparatoire pour pas mal de gens. Puis je rencontre le directeur Michel Alenque, français lui aussi, qui avait fait sa vie en Belgique après avoir étudié. André Dumortier, lui m'avait entendu jouer dans l'examen, concert de fin de stage, en disant je le veux. Je ne l'ai su qu'après.

  • Speaker #0

    De la fute à bec alors à ce moment-là. Oui,

  • Speaker #1

    de la fute à bec.

  • Speaker #0

    Il y a eu la trompette avant ça aussi.

  • Speaker #1

    Il y a eu la trompette, mais oui. Admiration de Maurice André, mais je n'ai été ni Maurice ni André. J'ai adoré jouer de la trompette, mais voilà. Je pense que la trompette, ce que je garde, c'est le fait de jouer ensemble.

  • Speaker #0

    Et puis on reste avec ces trois instruments puisque maintenant vous chantez,

  • Speaker #1

    on reste sur le souffle aussi. Ça oui, je pense qu'il n'y a rien à faire, le souffle, la vibration qu'on produit. Je crois que j'ai recherché jusqu'à trouver le chant qui était la vibration ultime.

  • Speaker #0

    Mais qu'est-ce qui a fait basculer justement le...

  • Speaker #1

    Eh bien l'IMEP ! Je détestais le chant enfant, donc je fais ce stage, il me parle après, me disant, tu sais, si tu viens, tu peux être étudiant sans aller en musicologie, etc. Et on a envie de toi, je crée, j'ouvre la classe. Enfin voilà, une sorte de... C'est un truc de cœur. Oui, oui, le soir, j'étais complètement perdu. Je parle avec certains, on guindaille, voilà un des premiers mots que j'ai appris ici. Et dans le silence de la nuit, je commence à me dire, en fait, je suis quelqu'un de très intuitif, qui suit beaucoup son intuition. Et je me dis, je crois que c'est ça. Je crois que si cette personne est venue vers moi, c'est parce que si j'avais ça en moi, je sens que c'est ici. Et donc je rentre chez moi, j'arrive et je dis à mes parents tout de suite, je dois vous parler. Et je dis voilà je pars. Je pars, pas à Paris mais je vais là-bas. L'année allait déjà commencer, j'avais pas encore fait l'examen d'entrée, mais on m'aide pour trouver un cote. Deuxième mot qu'on apprend. Lui dit, vous inquiétez pas, je me souviens, j'arrive ici, mes parents m'emmènent. Il avait laissé une lettre. Pour mes parents, quelque chose d'assez fort qui les a rassurés, je pense. En disant, voilà, je veillerai sur lui. Je crois qu'encore maintenant, je ne me rends pas compte. De ce que ça a fait ? Oui, oui, peut-être. La violence, c'est peut-être un mot fort, mais c'est quand même quelque chose.

  • Speaker #0

    Vous avez deux frères et soeurs ?

  • Speaker #1

    Oui, deux soeurs. Je suis le grand. Et donc on arrive, et puis j'arrive d'ailleurs le deuxième jour, et puis il m'a marqué, oui, l'année à l'IMEP commence par un stage de chant choral. Voici. Le chant de mon vie. Et moi, je me souviens de dire à mes parents, non, non, mais ça non. Le chant, ça ne va pas être possible. Non, je ne vais pas chanter. Et là, on me fait bien comprendre que... Il n'y a pas le choix. Que c'est ça ou il n'y aura pas d'année.

  • Speaker #0

    C'était l'entrée en matière obligatoire.

  • Speaker #1

    Oui, c'était l'entrée en matière obligatoire. Il y a longtemps, c'était Alfred Deller qui le faisait, puis Marc Deller. Je suis certain des chanteurs d'ailleurs de l'IMEP, on fait l'école de direction avec Pierre Chaos, qui est devenu le chœur de chambre de Namur, etc. Donc vraiment, il y a cette tradition de chant. Je me rends bien compte que je n'ai pas le choix. Puis on me dit, et puis tu auras deux heures de chant choral toutes les semaines. Et puis un cours de chant.

  • Speaker #0

    On vous avait bien eu.

  • Speaker #1

    Et à ce moment-là, vraiment, quand je dis j'y allais, je me dis mais je ne vais pas y aller. Un peu le rebelle français qui se plaint, qui râle. Et donc vous vous résignez au chant choral. Je me résigne, je n'ai pas le choix. Et donc l'idée, c'est que toute l'école se rassemble la première semaine pour se connaître. Il faut savoir que l'IMEP à l'époque, c'était 80. Petite centaine d'élèves. Quand j'en suis sorti, on était déjà entre 100 et 200, et maintenant il y en a plusieurs centaines. Et je me souviens encore, Stabat Mater de Francis Poulenc. Je commence ténor le premier jour, puisqu'on me demande, tu chantes quoi comme voix ? Je dis, je n'en sais rien du tout. Il vous manque de quoi ? On me dit ténor. Je dis, alors je vais faire ténor. Le premier jour, je dis, c'est vraiment fatigant. Deuxième jour, bariton. Troisième jour, basse. Et là voilà, il y a pas mal de gens qui ricanent, enfin qui le font, il y en a qui aiment bien, mais... Et moi c'est une sorte d'explosion interne j'allais dire, ou quelque chose, c'est... Une révélation ? Une révélation. Je me dis, mon Dieu, qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    C'est quoi ? C'est physique ? La sensation, la vibration ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est physique. C'est la sensation de produire un son ensemble. Et je me rends compte que la flûte à bec, que j'adore, ça reste bon. On a peu d'occasion de jouer avec grands groupes où on fait un petit couture de flûte à bec. Où je ne ressens pas ces vibrations-là. J'adore jouer de la flûte à bec, j'en joue encore maintenant. Mais là, c'est quelque chose comme je n'avais jamais vécu avant.

  • Speaker #0

    Une session classique.

  • Speaker #1

    Je suis quelqu'un qui suit mon intuition, mais alors... quasiment tout le temps.

  • Speaker #0

    Vous avez confiance en elle.

  • Speaker #1

    À bon escient. Ça me vient souvent dans des moments silencieux. D'ailleurs, soit dans la nature, soit assis, soit allongé d'ailleurs. Ou d'un seul coup, il y a des choses qui sont évidentes, comme ça. Et donc je suis ça, et donc le chant d'un seul coup, c'est ça. Je demande à devenir élève chanteur aussi. on me permet de faire les deux cursus. Et là, voilà, c'est le bonheur, même si les problèmes de santé arrivent à ce moment-là. Et je pense que le champ m'a permis de m'en rendre compte. Donc le champ m'a sauvé aussi, quelque part, de certaines choses, certains problèmes de santé, ou qu'en tout cas, j'ai dû régler. Et puis voilà, l'autre découverte pour le chant, j'en ai parlé juste avant, c'était le Chœur Mondial des Jeunes. Ils étaient basés dans le même bâtiment à l'époque que le Chœur de Chambre de la Mûre, qui avait maintenant, sur la citadelle, il y avait ce bâtiment du chant choral, donc il y avait à Chœur Joie, etc. Et mon professeur de chant à l'époque, Benoît Gillot, qui était un ancien élève de l'IMEP également, créateur du Chœur de Chambre, de Namur, etc., me dit, tiens, il y a le Chœur Mondial des Jeunes, toi qui es là pendant une partie des vacances d'hiver, justement, pas à la maison, ils vont répéter, ils vont chanter. C'est une expérience incroyable, tu devrais aller les écouter. Ils chantent à la Maison de la Culture à Namur, je me souviens. Et là, je vais voir ça. Et là, je suis quelqu'un qui adore avoir des objectifs, ou en tout cas des idées, quelque chose qu'il a envie de faire. Et là, je vois ce concert qui me bouleverse. Je me dis, voilà, des jeunes qui viennent de partout dans le monde et qui ont l'air de s'éclater comme des fous à chanter. On voit bien qu'il y a quelque chose qui se passe de plus. C'est des choses qu'on ne peut pas expliquer de nouveau de manière, j'allais dire, cartésienne. Il y a quelque chose qui se passe dans la pièce. Et là, je le regarde après. Je lui ai dit, je veux faire ça, je veux en faire partie. Et puis il m'a dit, oui, il va falloir bosser, mais tu vas y arriver. Donc j'en ai été membre un an et demi après. Donc le chant est associé à Namur, inévitablement. Est-ce que je peux paraître assez calme comme ça ? Je suis assez calme, d'apparence. Je ne suis pas quelqu'un de stressé. Je suis quelqu'un qui dort très bien. Je n'ai pas de stress sur scène, ce qui est un grand avantage. Vraiment, je ne régale toujours pas de track, du tout. Ce qui est vraiment une sorte de miracle, de la chance, c'est l'école de mes enfants. On passe à côté, l'école fondamentale de Valanne. Seignement public, on dirait ça, comme moi j'ai été élevé. J'ai été élevé comme ça, c'est ce que j'avais envie aussi de leur offrir. C'est une chouette école. Non, pas de trac du tout. La seule chose qui peut me stresser, c'est l'administration. Voilà, je déteste ça. Mais je le fais parce que je n'ai pas le choix. Je suis très mauvais dans le suivi d'emails, dans les factures, les machins. D'ailleurs,

  • Speaker #0

    on a eu du mal à se rencontrer.

  • Speaker #1

    Oui, non, non, non. Quand je suis là, je suis là. Mais voilà. C'est-à-dire que si j'ai une passion, elle me dévore. Ça peut d'ailleurs être une passion. J'ai deux passions principales. Allez, le sport est peut-être une troisième. J'adore le basket.

  • Speaker #0

    Pratiquer ?

  • Speaker #1

    Non, je l'ai pratiqué beaucoup, mais je suis fan d'une équipe aux Etats-Unis, les San Antonio Spurs, que je vais voir quasiment tous les ans là-bas. Il y a un nouveau joueur français, Victor Buenbanama, qui fait 20 centimètres de plus que moi, il faut imaginer. Donc voilà, j'ai des amis là-bas. Austin au Texas mais les deux choses je pense qui me passionnent le plus c'est la musique, ça c'est clair et les humains ça peut paraître bizarre mais les gens pourquoi plus tard ? c'est quoi qui vous intéresse ?

  • Speaker #0

    c'est leur personnalité ? c'est leur manière de vivre ensemble ?

  • Speaker #1

    les gens donc la musique c'est quelque chose qui me passionne J'allais dire, oui, si on met tous les pourcentages de ma vie, j'arrive à 500%, de toute façon, mais non, 200%, je vide ça. Mais découvrir des nouvelles personnes, etc., c'est quelque chose qui me fascine, que j'adore. Je peux donc être, c'est pas boulimique, c'est-à-dire vraiment vouloir connaître une personne énormément, alors que je suis quelqu'un qui ne se dévoile pas forcément, d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Et c'est vrai aussi bien dans le travail que dans la vie courante cette envie de rencontrer les gens

  • Speaker #1

    Oui, et à la fois j'adore être tout seul là pour moi c'est clairement le Covid qui m'a aidé énormément

  • Speaker #0

    A aimé être seul ?

  • Speaker #1

    Oui, pour moi c'est une des choses qui m'a aidé le plus, qui m'a sauvé j'étais vraiment à la limite je crois de craquer parce que je travaillais énormément parce que je fais toujours Encore plus que maintenant Oui tête en avant, sans vraiment me préoccuper de moi, et me disant, de toute façon, il n'y a que ça que je peux faire, c'est ma passion, c'est ce que... Voilà, c'est ça. La musique, c'est moi, je l'ai dit. Non, non, ce n'est pas du tout ça que je pense, mais c'est que la musique m'a bâti en tant que personne, etc. Et je pensais que c'était ça que je devais faire, et puis quand j'étais à la maison, c'était bien. Mais je ne me rendais même pas compte, en fait, j'étais peu à la maison, enfin, c'était... Comme ça, je vivais comme ça. Et alors le fait de rester à la maison pour le Covid, déjà de voir les enfants beaucoup plus, ça a été fabuleux. Je me suis rapproché d'eux à un point incroyable. Mais ceci de me rendre compte, alors je dis que c'est une passion incroyable, mais je me suis rendu compte que je pouvais vivre sans. Moi, je n'ai pas du tout eu ce manque incroyable ou de dépression de ne pas pouvoir chanter. Non, en fait, j'ai fait d'autres choses. J'étais dans le jardin pendant des heures et des heures tous les jours. En plus, il faisait un temps incroyable au début du Covid. C'était parfait, la rhubarbe poussée, les confitures. Non, non, mais j'étais bien, j'avais besoin de me reposer. Et en fait, je me suis rendu compte que le... Il y a deux choses qui m'ont manqué, enfin qui me manquaient, c'était quelque chose que je ne faisais pas consciemment totalement. À l'époque où j'avais fait plus jeune mais que j'avais arrêté un peu, c'était marcher. Je me suis rendu compte que là par contre, arrêter de marcher, ne pas pouvoir sortir, ça me rendait... plus fou que de ne pas faire de musique. On a passé devant chez moi tout à l'heure, tout près, donc en fait il y a une petite forêt qui démarre de mon jardin, donc oui, je me glissais et j'allais marcher. Et donc méditer, non, par contre être dans la nature, oui, une heure, deux heures, donc je marche. Bon, il y a des exceptions, quelques jours j'y arrive pas, mais en général j'essaie de faire entre 8 et 10 km par jour. Oui, ce n'est pas rien. Avec mes jambes, c'est l'équivalent de 5 km pour d'autres. Et ça devient, je pense que pour certaines personnes, c'est le jogging par exemple, courir ou la salle de sport. qui peut être vraiment quelque chose dont ils ont besoin. Moi, c'est marcher, c'est entendre la nature. Je marche sans musique. Des fois, oui, quand je dois écouter quelque chose, mais c'est plus souvent sans musique. Ça me fait un bien fou et je réfléchis. Je laisse ma tête aller, j'essaye de ne pas avoir peur, parce que la tête va dans tous les sens. Et l'autre endroit, ça, je vais le faire bâtir bientôt, c'est le sauna. Je suis un fou de sauna, qui m'aide aussi pour ma santé de nouveau, pour mes poumons, etc. Et c'est un endroit où on ne peut rien faire d'autre. Il y a une chose que je me rends compte, peut-être qu'une des choses qui vient dans ma tête tout le temps, c'est que quand je ne vis pas totalement, en fait, que je me rends compte que le métier prend tellement de place.

  • Speaker #0

    Quand vous ne vivez pas totalement ?

  • Speaker #1

    Que mon métier prend trop de place par rapport à vivre. Quand je parle vivre, c'est aller boire un café avec quelqu'un, c'est-à-dire aller marcher avec quelqu'un d'autre, parler. Découvrir une personne, je me rends compte que ça peut me manquer énormément. La période de folie dont on parlait hors micro avant, où pendant des semaines et des semaines, j'étais parti. Les projets ont été fabuleux. Vraiment, j'ai adoré. Mais pourquoi j'ai adoré cette période, même si je n'y arrivais pas ? C'est que j'ai découvert des gens. Il y a des personnes au conservatoire à Amsterdam, au conservatoire de Paris, ou même des nouvelles personnes qui sont venus à Vaux-Mélysse avec qui j'ai passé du temps. Et pour moi, ça n'a pas de prix. Le Festival de Wallonie

  • Speaker #0

    L'ensemble vous laisse vraiment la responsabilité décisionnelle ?

  • Speaker #1

    Au niveau artistique, je dis toujours, il n'y a pas de chef en général qui dirige, avec le bâton devant qui est tout puissant. Maintenant, il a fallu aussi que j'assume quel était mon rôle. Il y avait un moment où j'avais plutôt tendance à... sous-estimé, ce que je faisais. Pas pour me forcer, etc. La fierté, elle est là. J'ai peu de fierté sur moi, en fait. Je le dis assez souvent. C'est pas pour faire le faux modeste, etc. C'est-à-dire, voir mon nom sur une affiche me fait pas grand-chose, en fait. Ça fait sourire mes enfants. Quand ils voient les CD, des fois, à la maison, ils disent Oh, il y a encore ton nom, papa, là-dessus. Pourquoi il n'y a pas ton nom sur celui-là ? Donc, eux, oui, ça les fait réagir. Moi, mais vraiment, Rien du tout, mais vraiment, c'est pas mon truc. Par contre, voir le nom de mon ensemble, en gros, sur des façades de certaines salles, prestigieux, etc., oui, ça, ça me fait quelque chose. Je suis fier, très fier, j'en suis fier comme on peut être fier d'un enfant. C'est un peu bizarre de dire ça, parce que bon, un enfant, c'est pas quand même le même système de fabrication, j'allais dire.

  • Speaker #0

    C'est pas le même genre de projet.

  • Speaker #1

    C'est pas le même genre de projet.

  • Speaker #0

    Et donc au moment de choisir le nom ?

  • Speaker #1

    Au moment de choisir le nom, je dis souvent que je ne voulais pas du tout créer ce que j'ai fait. C'est-à-dire qu'au départ Voxomis, c'était un ensemble que je voulais créer pour faire un projet par an, avec des gens avec qui j'avais envie de travailler, et de faire de la musique. Pour le plaisir. Et de faire de la musique. dont j'avais envie. Voilà, c'est-à-dire le répertoire qui me plaisait. Donc au départ, c'était Stabat Mater Scarlatti, ça allait être d'autres choses. Auquel moment, j'ai dit, je vais créer un ensemble qui va devenir incroyable, qui va me prendre tout mon temps, qui va tourner dans le monde entier, faire 70, au moins 70, 80 concerts tous les ans, des enregistrements, qui va deux fois aux Etats-Unis. Là, j'aurais ricané. Ce n'était pas du tout ce que j'avais envie.

  • Speaker #0

    Ce n'était pas l'ambition de base du tout.

  • Speaker #1

    Non. Par contre, il y avait... Ce fait d'être un peu plus international, en tout cas cosmopolitan ou tout ce qu'on veut, a été pour le choix du nom, pour le latin. Ça oui. J'avais étudié du latin à l'école, mais je m'étais rendu compte que des fois quand on prend un nom dans une certaine langue, quand on tourne, quand on va ailleurs, ou pour les gens, puisqu'il y avait déjà pas mal de nationalités différentes, on se dit ça veut dire quoi ? Est-ce qu'on traduit ? Est-ce qu'on ne traduit pas ? Et je me suis rendu compte que le latin en général, puisque c'est quand même la racine de beaucoup des langues ici en Europe, pas du hongrois, mais beaucoup d'autres, on ne traduit pas.

  • Speaker #0

    Donc c'était une fonction d'universalité en fait. Oui,

  • Speaker #1

    tout à fait. Je pense que ça, ça a été présent. Et puis, très vite, la voix Vox a été là assez vite. Et puis je bloquais. J'étais dans la bibliothèque de l'IMEP à l'époque. Je me dis, mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu, il ne reste plus qu'une heure. Je n'ai toujours pas trouvé. Et voilà la lumière, comme ça. Et pas tellement où je me dis Vox Luminis, ça tient. Quelle est la traduction ? C'est plutôt, je pense, lumière, dans le son, dans le son que j'avais en tête. J'avais une sorte de son en tête. Puis je me dis Luminis. Vox Luminis. Ouais, c'est pas mal. Bon, je changerai plus tard, mais au niveau intermédiaire, enfin voilà, comme premier nom, c'est pas si mal que ça. Et je vais le garder. En tout cas, pour ce qui concerne l'annonce, je l'écris, je dis voilà, Vox Luminis. C'est court. Et ce qui est très drôle, c'est qu'après le premier concert, les gens me disent super ce nom, comment tu l'as trouvé ? Je dis non, non, si on continue, si on refait un projet, parce qu'il n'y a pas d'autres projets prévus, on réfléchira à quelque chose de mieux. Enfin, quel problème, ça sonne bien, c'est court et on le retient facilement. c'est beau ah bon ? et donc voilà j'avais 20 ans 21 ans quand j'ai trouvé ce nom et il est resté

  • Speaker #2

    Vous êtes donc une voix de basse.

  • Speaker #1

    Oui, basse bariton. Basse bariton.

  • Speaker #0

    Ça veut dire que la plus basse note que vous chantez, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Ha ! Dès que je vous parle, peut-être que je pourrais chanter un contrut, mais je ne suis pas basse profonde, malgré ma taille. Alors souvent, la plupart des ténors sont petits, la plupart des basses sont grandes, mais ce n'est pas une règle exacte.

  • Speaker #0

    C'est la taille des cordes vocales, l'épaisseur et la taille qui définit. Et il se trouve qu'en plus j'ai une anomalie des cordes vocales.

  • Speaker #1

    Une anomalie bienheureuse ?

  • Speaker #0

    Bienheureuse, oui et non. Donc j'ai une corde vocale qui ne fait pas du tout la même taille que l'autre. Ça m'a causé beaucoup de problèmes d'ailleurs, puisqu'en fait, en général, celle qui est plus grande a tendance à compenser avec l'autre, et donc à se fatiguer, on perd sa voix, ce qui m'est arrivé beaucoup, beaucoup. Ce qui est particulier pour les voix d'hommes, en tout cas et notamment voix de bariton, voix de basse, c'est qu'en fait, on parle sur certaines des notes qu'on chante. Les voix de basse, c'est souvent ce qu'on dit. De toute façon, ils parlent comme ils chantent, donc ils n'ont même pas besoin de s'échauffer le matin. Ils parlent un peu et hop, c'est parti, la voix est échauffée. C'est un peu un cliché, mais il y a quelque chose d'assez vrai là-dedans. Bon, je suis quand même content d'avoir une voix basse bariton. Elle correspond quand même quand on fait plus de deux mètres. Je suis assez heureux de la voix que j'ai. Là je ne parle pas du niveau de la voix, mais j'adore la fonction de la voix de basse quand je chante, c'est-à-dire quand je chante en ensemble. Là je ne parle pas de solo, moi je suis quelqu'un, la chose qui me passionne le plus c'est de chanter en ensemble. Et j'adore avoir la fondamentale, c'est-à-dire la chose qui supporte la fondation. La basse, c'est de l'acné, toute la polyphonie, toute la musique. Je suis très heureux avec la voix qu'on m'a donnée. Et aussi, j'ai une voix qui est plutôt faite, on m'a souvent dit pour la musique ancienne. Je peux chanter d'autres choses, évidemment. Une des musiques qui me plaît le plus, c'est évidemment la musique ancienne, la musique baroque.

  • Speaker #1

    Je voulais vous poser la question parce que Vox Luminis fait une spécialité du répertoire musique ancienne. Pourquoi ? Qu'est-ce qui vous plaît tant dans cette musique ? De quoi on parle d'abord ? De quelle époque on parle de musique ancienne ?

  • Speaker #0

    Je dis volontairement musique ancienne, puisqu'on a tendance des fois à confondre la musique baroque avec la musique ancienne. La musique baroque fait partie. de la musique ancienne.

  • Speaker #1

    Oui, baroque, on est au XVIIe, musique ancienne.

  • Speaker #0

    Voilà, XVIIe jusqu'au... Alors, arbitrairement, je vais dire.

  • Speaker #1

    Jusqu'à la mort de Bach.

  • Speaker #0

    Jusqu'à la mort de Bach, donc au 1750, donc le milieu du XVIIIe pile. C'est évidemment, voilà, comme dans tout, il y a l'histoire de la musique, exactement, c'est un peu comme l'histoire. Il y a certaines dates auxquelles on ne peut pas... dérogé. Les dates de naissance et de mort des compositeurs, etc. Après le reste, les périodes, c'est la même chose que pour l'art, la peinture, tout ce qu'on veut. Il y a des choses arbitraires, mais voilà, c'est parce que c'est comme ça. La musique baroque, donc mon premier amour avec, ça a été la deuxième pièce que j'ai chantée, d'ailleurs, à l'IMEP. C'était le Magnificat de Bach. C'est une musique qui me parle. Elle vous touche ? Elle me touche, oui. La musique ancienne, la polyphonie de la Renaissance, est quelque chose qui est arrivé un tout petit peu plus tard. Quand j'étais en Hollande, j'adorais Walgas. J'achetais à l'époque quasiment tous leurs CD. J'adorais ça, ça me fascinait. Mais ce qui m'a fasciné de nouveau encore plus, ça a été quand j'ai pu en chanter. On m'a proposé de rentrer dans un ensemble qui s'appelle Capella Pratensis. Donc, chapelle jusqu'à un des prés. Donc là on lisait sur des photos des manuscrits originaux, reproduits à la taille exacte. Et là je me suis rendu compte que pour moi c'était incroyable. Ça me faisait du bien à ma voix d'ailleurs de pouvoir chanter des lignes comme ça, au corps, à la tête, etc. C'était des heures, des heures, des heures qui me faisaient un bien fou. La musique baroque me parle, je l'adore.

  • Speaker #1

    C'est une question d'intuition aussi finalement, le choix d'aller vers la musique ancienne.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Être tombé dessus et s'être dit,

  • Speaker #1

    voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    C'est ça. Je crois qu'il y a des fois, tant je suis quelqu'un qui adore intellectualiser beaucoup de choses, qui aime bien comprendre, je veux dire, plus qu'intellectualiser. Et donc j'essaie de nouveau, on parle de balance, mais j'essaie deux choses. J'ai cet élément qui fait que je veux comprendre. Et à la fois, je peux ne pas comprendre, même si ça me laisse des fois ma tête un peu en branle, et je suis mes intuitions. Mais je crois qu'on en a tous cette dualité chez nous. Elle m'a dérangé par moments, mais maintenant, je l'embrasse, je l'embrasse en anglais.

  • Speaker #1

    Confessions classiques

  • Speaker #0

    Quand Vox Feminis a été créé, on disait ensemble de musique ancienne, mais en fait on faisait que du baroque. Et c'est moi qui ai apporté de faire un peu de renaissance, parce que ça c'est aussi là de nouveau plus technique, en tout cas plus réfléchi. Pour arriver à comprendre la musique que l'on fait, souvent on doit essayer de comprendre celle d'avant. Elle peut nous apporter... Pour prendre Bach par exemple, qui est quelqu'un, je n'ai pas la prétention de le comprendre à 100%, j'aime beaucoup sa musique, ses bateaux, mais il y a certaines choses que j'aimais moins bien de lui. Pour le comprendre, ça a été en faisant beaucoup de musique de sa famille ou d'autres, qui nous ont permis de comprendre plus chez lui. Après, on se rend compte, si on étudie, qu'il donnait des motets de la Renaissance, à chanter toutes les semaines avant les cantates, donc que les élèves de Saint-Thomas aussi devaient y passer, au chant grégorien. En fait, on se rend compte qu'étudier ces choses-là et les faire, c'est en fait se rapprocher. de ce qu'il pouvait faire. Et donc, une des niches qui a fait connaître Vox Feminis, ça a été le 17e siècle, vraiment. Allemand, notamment. J'ai trouvé un passionné, même un fable mot, à Jérôme Lejeune, de cette musique-là, mais je l'étais aussi. Et donc, on s'est trouvé. Ça a été des idées d'enregistrement, on en a des dizaines. Et là, maintenant, on fait d'autres choses. On élargit, je crois qu'élargir le spectre. Oui, il faut essayer. On a fait notre première commande contemporaine il y a trois semaines maintenant. Caroline Shaw, qui est une des compositrices les plus en vie actuelle. Alors on est de la même génération, on a quelques mois de différence. On a vécu un énorme succès au même moment quand nous on a eu le gramophone, cet enregistrement de l'année, toute catégorie qui a changé la vie. Elle a eu le Pulitzer à ce moment-là. Donc on en a parlé, quand on s'est rencontrés, on a un peu parlé de musique, on a parlé de la vie. pour reprendre ce dont je parlais. Et c'est en fait pour ça, elle prenait une année sabbatique, elle. Elle avait décidé de ne pas composer pendant un an. Et elle a fait une exception. Après qu'on se soit rencontrés tous les deux, on avait envie de faire ça ensemble. Donc là, c'est de nouveau un langage actuel. Quelqu'un qui nous comprend. Donc là, elle a composé en six jours. Donc elle est arrivée le dimanche, on était en Turin, je nous faisais d'autres projets. Donc Bach commençait à composer normalement le dimanche, après l'office. Et le mercredi, il commençait à rencontrer les copistes, etc. pour commencer à dire dans quelle direction il allait et pour commencer aussi à recopier. Donc le mercredi, on l'a rencontré, elle a commencé à nous écouter un peu, à faire des essais. Ok, ok. Et elle a fini la pièce le samedi matin à 4h du matin. Et on l'a donnée ce jour-là. Je me suis promis d'arrêter. J'espère qu'on ne me ressortira pas cet enregistrement en me disant vous ne l'avez pas fait Non, non, mais le fait d'avoir eu le Covid et de m'être rendu compte que je pouvais vivre sans.

  • Speaker #1

    Ça soulage un peu. Pardon ? Ça soulage aussi, ça ? Ah oui. De pouvoir se dire, en fait, c'est pas mon unique point d'ancrage.

  • Speaker #0

    C'est pas mon unique point d'ancrage. La vie est un point d'ancrage. C'est-à-dire, oui, la nature, le cuisiner. Le cuisiner,

  • Speaker #1

    pardon. Il soulage bien le personnage, en fait. Il n'y a pas de plan B. Donc, si jamais un jour la musique s'arrête, le plan B, ce sera selon l'intuition du moment.

  • Speaker #0

    Alors, il y a certains des plans B qui ne seraient plus possibles maintenant. Il y avait des plans B à l'époque. Même si je suis quelqu'un qui en fait donne tout pour le plan A. Ça c'est quelque chose, la musique ça a été ça, je m'y suis mis à fond. Donc quand j'étais plus jeune, un des plans morts était la recherche. Donc j'étais un scientifique à l'école, très fort. Pourquoi pas la recherche dans les maladies, etc. Il y a une chose, je sais que ça surprend les gens, la politique. Au départ, c'est quand même une manière de réfléchir et d'essayer de prendre des décisions pour améliorer la vie, pour organiser la vie aussi. On peut parler de démocratie, on parlait du leadership dans Vox Feminis, ce que ça a été, ça a été quand même aussi créer une sorte de démocratie. On a parfois tendance à confondre démocratie et anarchie. On voit souvent la démocratie en disant, ben voilà, la démocratie c'est chacun a le droit de parole, chacun a le droit de s'exprimer, en musique c'est ce qu'on dit, chacun peut dire ce qu'il veut sur la musique, etc. C'est vrai, mais s'il n'y a pas de règles... Et s'il n'y a pas de responsable, de boss, de tout ce qu'on veut, c'est une anarchie. C'est-à-dire, c'est à celui qui crie le plus fort. Et donc, en fait, une démocratie, Vox Unis m'a élu, entre guillemets, au départ, parce que je n'étais pas le chef au départ, j'étais juste le créateur. Après avoir fait deux projets où c'était moi le coach ou le leader artistique, les gens ont dit, ben voilà, c'est toi. Après, le rôle, et ce n'est pas facile, quand la taille d'un groupe change, etc., de créer un espace où les gens se sentent bien, même si soi-même on ne se sent pas bien, ou on se sent moins bien, et laisser un terrain où les gens peuvent s'exprimer, ont le droit de s'exprimer, etc.

  • Speaker #1

    Il y a la stratégie pour compenser cette énergie-là, ou l'intuition ?

  • Speaker #0

    C'est beaucoup à l'intuition de nouveau. Je pense qu'il y a une partie de stratégie maintenant, au bout de nombreuses années. Mais en fait, ça reste l'intuition, très très fort. En fait, j'ai commencé à me rendre compte que je ressentais beaucoup de choses, des gens. C'est pas que j'en sens tout, etc. Je ne suis pas voyant. Mais c'était vraiment difficile, c'est-à-dire, si on essaie d'être un peu moins centré sur soi-même, on commence à ressentir, la voix notamment, et quelque chose, c'est difficile de mentir quand on chante. Si on connaît les personnes. Comment ça les connaître vraiment ? Et donc oui, je suis l'intuition. C'est-à-dire qu'il y a des jours où je me dis, là il faut travailler moins. Il y a des jours où je me dis, là je peux pousser aujourd'hui. Mais c'est très très intuitif. Je n'ai jamais appris à être chef en fait. C'est venu sur le tas. Je reviens de nouveau à l'humain. Je pense que souvent on... On voit les chefs d'ensemble comme des génies musicaux. Je ne dis pas qu'on n'est rien du tout, mais je pense qu'il y a... Il y a une partie, en tout cas dans mon cas, c'est moins de 50%. Je pense que plus de 50% c'est l'humain, c'est le fait de connaître les gens, c'est le choix des gens avec qui on peut s'imaginer faire un bon petit chemin ensemble. Une des particularités de l'ensemble c'est aussi la stabilité. Donc il y a quand même des gens qui sont là depuis plus de 15 ans. Dans un monde quand même, le monde de la musique, c'est une lessiveuse. Ça... Ça tourne, ça tourne. Pour moi, on peut faire ce qu'on veut. Oui, je peux arriver avec la meilleure analyse possible d'une pièce. Si les gens qui sont en face de moi ne se sentent pas bien, ça sera peut-être analytiquement fabuleux. Je ne suis pas sûr que ça va toucher les gens. Parce que ce qui touche les gens, en fait, une des questions qu'on m'a posées le plus, c'est quel est le secret de Vox Feminis ? Un des secrets, je pense, c'est qu'il n'y en a pas, ou qu'en tout cas, on ne le connaît pas. Et je crois que ça fonctionnera tant qu'on ne le connaîtra pas. De nouveau, on parlait de stratégie, je pense qu'il y a très peu de stratégie. Pour moi, une stratégie, c'est une recette. Alors, j'adore cuisiner, mais qu'est-ce qu'il y a de chouette dans les recettes, dans la cuisine ? C'est justement de modifier quelques petites choses sur le moment, sur l'intuition, et de se dire, tiens, il manque tel ingrédient. Qu'est-ce que je vais mettre à la place ? Ça va changer. On fait la même chose pour nous, c'est-à-dire, des fois, moi j'invite mon équipe et puis il y en a un qui n'est pas libre. Quel est l'ingrédient différent que je vais apporter ? Et je ne sais pas penser en ingrédient, comment dire, de remplacement, mais plutôt, ah voilà, un ingrédient qui a un goût différent, une épice différente. Et comment ça va changer mon plat ?

  • Speaker #1

    Concession classique

  • Speaker #0

    Je crois qu'il y a un des secrets, c'est que les gens se rendent compte qu'on est heureux de faire ce qu'on fait. Ça paraît tout bête, mais il y a des fois, ça peut arriver aussi de l'être moins et que... Je ne sais pas, là je le dis, mais c'est une idée qui me passe par la tête. Peut-être que ça nous dépasse. En fait, que ce qui se passe nous dépasse. C'est-à-dire... qu'à la fois on se rend compte qu'on crée un son vraiment unique, c'est même pas beau, je sais pas, mais qu'on est chacun parti de quelque chose. Et que ça touche les gens. Oui, on ne sait pas vraiment pourquoi.

  • Speaker #1

    On vous écoute. Vous avez juste eu de la chance.

  • Speaker #0

    Oui, j'en parle souvent. La chance est une énorme chose. Il y a plusieurs chances. Déjà, la chance d'avoir une passion. Tout simplement. Pas tout le monde naît et a une passion comme ça, qui vraiment les habite. Deuxième chance dans mon cas, j'ai la chance d'être plutôt bon dans ma passion. parce qu'on peut aussi être passionné de quelque chose. J'adorais le basket aussi. Si mon seul rêve avait été d'être joueur professionnel de basket, je ne l'aurais jamais été. Donc voilà, il y a des rencontres. La chance des rencontres, la chance de rencontrer Jérôme Lejeune à un moment où son label venait d'être acheté, où on lui dit, voilà, tu as autant d'ensemble, tu peux en prendre un de plus. Et il décide que ce soit nous. La chance, peu importe quel membre de l'ensemble que j'ai rencontré à différentes occasions, et de me dire, lui, j'en ai besoin. Et de tous ces gens que j'ai rencontrés, il n'y en a pas un que je n'ai pas réussi à convaincre de nous rejoindre, au moins d'essayer. Et en général, quand il essayait, c'est bon.

  • Speaker #1

    Il y a eu des résistances, des hésitations ?

  • Speaker #0

    Des hésitations,

  • Speaker #1

    oui.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Là, on parle de la première étape, la première étape quand on n'est pas installé. Je me souviens, il y en a un qui est fanatique du groupe. Donc, il fête ses 15 ans avec nous. Il est français, Philippe. La première fois, il était arrivé me voir parce que je l'entends et quelque part, je lui dis cette voix, j'en ai besoin. Alors, c'est de nouveau, moi, je ne cherche pas les meilleurs chanteurs ou tout ça. Je cherche, c'est dans ma tête. C'est un peu bizarre, mais je me dis cette voix-là, oui, soit une combinaison avec un tel, soit un répertoire que j'ai envie de faire. Il me manque quelqu'un. Et là, je lui dis, j'ai un jeune ensemble. Il me dit, tu ne peux pas imaginer, on entend ça tout le temps. Quelqu'un qui dit, j'ai créé un ensemble. Et là même, je l'ai payé de ma poche. C'est-à-dire, on faisait ça gratuitement, nous, à l'époque. Et moi, lui, je lui ai donné de mon argent pour le convaincre. Parce que j'étais vraiment persuadé. J'avais une intuition de nouveau. C'était lui dont j'avais besoin. Et là, je le convainc juste par le choix de la musique. Il me dit Samuel Scheidt. Alors là, je ne savais pas qu'il était fanatique de cette musique. Donc voilà, il y a un coup de chance de nouveau. Non, mais on parle de... Oui, des gens qui ont résisté. Il y en a eu, et tant mieux. En fait, j'adore ça. J'adore. Pourquoi ? Pourquoi ? Je crois qu'on aime toujours aussi dans sa vie aller vers des choses qui nous résistent. Il y a la même chose dans les instruments. Pour moi, la flûte à bec a toujours été facile. Ça, je crois que dans l'étape de ma vie, quand j'étais jeune, ça aussi, ça m'a séduit. C'est-à-dire le fait d'être doué. J'adore ça. J'étais le garçon doué qui faisait 3-4 années d'académie en un an.

  • Speaker #1

    C'est le contraire de la résistance.

  • Speaker #0

    Oui, mais donc, quand le chant est arrivé, il y a eu beaucoup plus de difficultés. Et c'est pour ça que je n'ai pas lâché. J'ai adoré le fait de me dire, je veux y arriver, je veux y arriver. et son ensemble, sans aide, sans rien. Je pense qu'en fait, si ça avait été trop facile, je ne pense pas que votre ministre serait encore là. Je crois que j'aurais arrêté.

  • Speaker #1

    C'était conquérir un continent, un peu.

  • Speaker #0

    Conquérir, oui, le... Alors, on parlait de politique avant, je n'ai aucun passe-droit, je déteste ça. Je voulais toujours... Je suis quelqu'un, oui, on parle beaucoup de ça en France, l'école du mérite. On adore ça. C'est-à-dire d'estimer qu'on peut partir de nulle part. De soi-même. De soi-même. Et que si on étudie bien, si on est passionné, on a des qualités, il y a un moment ou l'autre, ça fonctionnera. Et ça, je crois que c'est vraiment très fort en moi. Mes deux parents étaient... Ils sont toujours, mais ils étaient, parce qu'ils sont à la retraite fonctionnaire, tous les deux. Donc voilà, l'école, c'est quelque chose d'important. Ah oui, je crois que ce que j'ai adoré, et ce que j'adore toujours, enfin c'est plus facile entre guillemets maintenant, mais il y a toujours des autres difficultés, financières ou que sais-je. Je crois que ce que j'adore, c'est arriver à réaliser des choses qui étaient a priori pas possibles, ou en tout cas difficiles. La résistance, j'adore ça, j'adore le challenge, j'adore le... Oui, j'adore y arriver. Et donc je crois que j'aime beaucoup ça. Je disais oui, j'ai besoin de marcher, j'ai besoin de réfléchir, etc. C'est parce que je me rends compte que si tout est facile, je m'ennuie. et j'aime pas m'ennuyer je crois en fait là je parle mais ça doit être rare c'est rare oui je m'ennuie très peu donc est-ce que j'ai bâti une vie aussi qui me permet de pas m'ennuyer c'est tout à fait possible c'est pas consciemment mais j'adore la vie j'adore vivre une valse à trois temps qui s'en prend encore le temps

  • Speaker #2

    Qui s'offre encore le temps de s'offrir des détours du côté de l'amour Comme c'est charmant une valse à quatre temps C'est beaucoup moins dansant C'est beaucoup moins dansant mais tout aussi charmant Qu'une valse à trois temps, une valse à quatre temps, une valse à vingt ans C'est beaucoup plus troublant C'est beaucoup plus troublant mais beaucoup plus charmant Qu'une valse à trois temps, une valse à vingt ans, une valse à cent ans Une valse à cent ans Sur ces jolis mots avec Lionel Meunier,

  • Speaker #3

    on a pris le chemin du retour et poursuivi la discussion sur un terrain plus quotidien, futile, anecdotique peut-être, mais ça fait partie de la vie aussi.

  • Speaker #0

    Ce que je fais, 13 kilomètres hier. Ça peut être tout simple, je me balade dans la forêt ici, où je vais chercher des fraises à Ouipion. Donc c'est ce que j'ai fait hier. J'ai pas de voiture. Ce qui est un... Oui. C'est un choix... Plus de voiture depuis... Depuis janvier 2020. Ah oui,

  • Speaker #1

    donc pour rentrer à Malone, ici, c'est...

  • Speaker #0

    C'est d'office le bus ou un taxi quand j'arrive trop tard. Et donc je ne vais plus dans les supermarchés. On peut y arriver. Oui, oui, oui. Oui, mais bon, à la fois, je ne suis pas non plus... Mon métier, c'est de voyager. Donc je vais dans des avions, j'essaie d'être dans le train le maximum possible, les trains de nuit, etc. Maintenant, je ne suis pas un exemple. Maintenant, je me suis rendu compte qu'en n'ayant pas de voiture... Ça a changé mon rythme de vie, etc. Et on se rend compte aussi beaucoup plus de ce qu'on a autour de soi. Il y a la ferme du Remont, ici, juste au-dessus, qui est à 10 minutes à pied, qui fait venir des produits. Donc tous les fromages viennent de 10 km maximum autour, sauf un comté très très bon, qui vont chercher par meule entière, enfin bon, pas ça. Donc quelques produits d'Espagne, comme je disais, des agrumes, etc., mais qui sont sans irrigation, enfin voilà, toutes les choses comme ça, mais la plupart, que ce soit peu de viande, en fait, vraiment petite quantité, mais très bien. très bien faite, etc. Et donc, pas de déchets non plus, parce que je suis également à la maison.

  • Speaker #1

    Zéro déchet à la maison ? Oui, le moins de déchets possible.

  • Speaker #0

    Et donc, je me suis rendu compte que si on commence à voir, en fait, à marcher un peu, surtout pendant le Covid, parce que j'ai déménagé et le Covid nous est tombé dessus trois mois après, quatre mois après, on se rend compte de ce qu'on a autour de soi. C'est-à-dire, au lieu de prendre la voiture pour aller à un supermarché, pour aller tout acheter, on se rend compte qu'on a des possibilités. Et donc, en fait, je me suis mis à... Pour ce qui est d'y arriver,

  • Speaker #3

    j'ai l'impression qu'on peut tranquillement faire confiance à Lionel. Pour commencer, on pourra lui confier nos oreilles le 27 juin à Flagey et à d'autres occasions, nombreuses vous l'avez entendu, d'aller écouter l'ensemble Vox Luminis. Si vous avez aimé ce podcast, signalez-le avec un petit cœur ou un petit pouce, partagez-le et faites votre marché pour les concerts à venir sur lesfestivalesdewallonie.be.

Description

On vous emmène en balade avec Lionel Meunier. Il est originaire de Clamecy, en France, mais il est installé en Région namuroise, à Malonne : et c’est là que Lionel et Vanessa sont allés se promener, longuement et vigoureusement ! pour cet entretien, entre chants d’oiseaux et – parfois – rénovation de façades. Du haut de son double mètre cinq, Lionel a partagé son regard philosophe sur l’existence. Avec lui, on a un peu parlé de musique mais surtout de balance, d’équilibre, d’humanité et de plans B. Son plan A, au quotidien, c’est d’être chanteur et directeur artistique de l’ensemble Vox Luminis. Ensemble vocal qui, en 2024, est artiste associé des Festivals de Wallonie et qui interprétera "The Fairy Queen" de Purcell en ouverture du Festival Musiq3, à Flagey le 27 juin, avec la soprano Gwendoline Blondeel, elle aussi artiste associée et que vous pourrez rencontrer à travers un prochain épisode de cette même série de podcasts.

 

Confessions classiques est un podcast produit par Les Festivals de Wallonie, réalisé par Vanessa Fantinel et mis en ondes par Marion Guillemette.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les festivals de Wallonie présentent... La sainte musique, la sublime musique.

  • Speaker #1

    On peut prendre la lettre O. J'avais les doigts qui me démangeaient et j'avais envie de reprendre mon instrument. C'est vrai que les 5 minutes avant d'y aller, c'est le grand stress. C'était vraiment une expérience inoubliable.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    On rêve totalement. Confessions classiques.

  • Speaker #3

    Aujourd'hui, je vous emmène en balade avec Lionel Meunier. Il est originaire de Clamsy en France, mais il est installé en région namuroise à Malonne. Et c'est là qu'on est allé se promener longuement et vigoureusement pour cet entretien entre champ d'oiseaux et parfois rénovation de façade. Du haut de son double maître 5, Lionel a partagé son regard philosophe sur l'existence. Avec lui, on a un peu parlé de musique, bien sûr, mais surtout de balance, d'équilibre, d'humanité et de plan B. Même si son plan A au quotidien, c'est d'être chanteur et directeur artistique de l'ensemble Vox Luminis, un ensemble vocal qui en 2024 est artiste associé des festivals de Wallonie et qui interprétera The Fairy Queen de Purcell en ouverture du Festival Musique 3 à Flagey le 27 juin avec la soprano Gwendoline Blondale, elle aussi artiste associée et que vous pourrez rencontrer à travers un autre épisode de cette même série de podcasts.

  • Speaker #1

    Les festivals de Wallonie Bonjour. Bon matin. Voilà, je connais tous les chemins.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #3

    Merci, la porte est restée ouverte,

  • Speaker #0

    c'est normal. Chercher l'équilibre, ça prend toute une vie par contre.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Vous en êtes où à la louche ?

  • Speaker #1

    Oh, à la louche ?

  • Speaker #0

    40% d'équilibre, 30%, 90% ?

  • Speaker #1

    Non, c'est une bonne question. Je pense que ça varie quand même souvent. Il y a deux mois, j'étais bien au-dessus de 50%. Et là, depuis les dernières semaines, un peu moins. Parce que l'activité a été intense. Oui, je pense que les musiciens et les artistes, on se pose beaucoup de questions, on s'écoute. Enfin, on s'écoute beaucoup. C'est-à-dire qu'on est très conscients de ce qui se passe à l'intérieur de notre corps, surtout les chanteurs. Dès qu'il y a un problème de santé, dès qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, on le ressent. Je suis quelqu'un qui travaille beaucoup. qui est bien peu importe où il est. Donc ça, c'est un avantage et un inconvénient. Avantage parce que je suis plutôt très heureux. Inconvénient parce que les gens que je ne vois pas à ce moment-là ne me manquent pas forcément. Et ça peut quand même créer des choses un peu bizarres. C'est inconvénient pour les autres,

  • Speaker #0

    ça,

  • Speaker #1

    pas pour vous. Oui, oui, pour les autres. J'avais une hantise. des deux derniers mois que je viens de passer enthousiasme, c'est peut-être un grand mot mais je n'étais pas stressé mais oui un peu anxieux de savoir comment ça va se passer parce que je n'avais plus fait de période comme ça vraiment, à ne pas m'arrêter à sauter d'un projet à l'autre sans même avoir une journée c'est-à-dire des fois c'était un voyage en train et voilà c'est parti et en fait j'ai adoré, j'avais une énergie incroyable tout le monde l'a dit, je sautais d'un projet à l'autre c'était fou Ça remet en cause un peu la balance, puisque je pensais vraiment qu'il fallait que je fasse moins pour être plus à la maison, etc. Ce que je penche toujours, il faut toujours être à la maison, c'est bien. Mais en fait, j'ai adoré ça tellement et tout le monde m'a regardé en disant mais c'est toi ça ! Là, on voit vraiment celui qui vit à 300% qui adore. Quand on parle de balance, j'adore être chez moi, c'est-à-dire isolé, avec ma famille, et voilà, aller faire mes petites courses, cuisiner. Je travaille à la maison, évidemment, je regarde les partitions avec l'ordinateur, évidemment, mais le... emmener mes enfants à l'école le matin. C'est quelque chose que j'adore. Et je les tiens encore par la main pour aller à l'école. Non, non, mais ma fille a 11 ans, mon fils a 9 ans.

  • Speaker #0

    Ils acceptent encore qu'ils leur tiennent la main.

  • Speaker #1

    Oui, oui, ah oui, oui. Et je vais les chercher, ils me sautent dans les bras. Quand j'arrive à l'école, je suis fier comme tout. Donc voilà, et à la fois, j'adore être entourné, j'adore partir. Et à la fois, c'est soit avec mon groupe, donc avec Vox Feminis, Parce que voilà, c'est une histoire assez incroyable, un truc que j'ai commencé en tant qu'étudiant ici à Namur d'ailleurs. Et qui fête ses 20 ans cette année. Et puis de plus en plus des projets extérieurs. Je me posais la question, est-ce que... Est-ce que je vais m'en faire ? J'ai refusé ça pendant de nombreuses années. Et les deux me plaisent énormément. Soit chef invité pour d'autres ensembles, ce qui peut être fabuleux, ou là, dernièrement, plus dans des conservatoires. Je ne suis pas quelqu'un qui est fait pour enseigner. On se donne à ses élèves, c'est quelque chose. Pour moi, je ne pourrais pas me donner à moitié, c'est-à-dire en ne sachant pas si je peux venir, quand. etc. Et je crois qu'enseigner me frustrerait parce que je m'attacherais aux élèves, ça c'est sûr. Et puis, je me rendrais compte que je n'arrive pas à être assez avec eux. Et donc, je m'en voudrais. Et puis, je me dirais, il faut que je fasse un peu moins de concerts. Mais si je commence à faire moins de concerts, je ne serais pas bien. Et donc, je serais moins à la maison. Et voilà, et je n'y arriverais pas.

  • Speaker #0

    C'est un peu contradictoire, ça, avec le fait que quand vous êtes partis, les gens ne vous manquent pas, mais vos élèves vous manqueraient. Ou la culpabilité.

  • Speaker #1

    La culpabilité, exactement. C'est plutôt la culpabilité. Je suis quelqu'un...

  • Speaker #0

    Pas le même sujet.

  • Speaker #1

    Non, je suis quelqu'un qui est heureux, qui est bien, mais qui peut se sentir coupable, oui. Mais à tous les niveaux. Culpabilité, ne pas être assez avec ma famille.

  • Speaker #0

    S'il vous coûte dans les bras à la sortie de l'école, c'est qu'il nous en donne pas le brage non plus.

  • Speaker #1

    Oui, maintenant, quand on est le papa ou la maman, enfin... Quand je suis là, par contre, je suis là à 100%. Alors, est-ce que c'est une manière de me rassurer de ma culpabilité ? C'est-à-dire de dire, au moins quand je suis là, je suis là à 100%, 200%. Je n'en sais rien. De toute façon, c'est ma vie. Alors on peut passer par là.

  • Speaker #0

    Oui, on peut peut-être expliquer où on est.

  • Speaker #1

    On est à plonger dans la conversation.

  • Speaker #0

    On est à Malone.

  • Speaker #1

    Dans le village de Malone. Village très ample.

  • Speaker #0

    On entre dans un sentier herbeux.

  • Speaker #1

    Avec beaucoup d'espace en fait, Malone. Il y a une rue principale dans laquelle j'habite. J'habite sur le haut. C'est ce qu'on appelle la place du Malpa. Et en fait, dans la rue qui descend, le fond de Malone. Il y a toutes les écoles. Donc en fait, il y a deux moments dans la journée où pas mal de gens se croisent. C'est le début de la journée et la fin de la journée pour les écoles. Et sinon, beaucoup de gens ont des maisons ici.

  • Speaker #0

    Mais vous êtes français d'origine ? Vous avez atterri à Malone par quel hasard ?

  • Speaker #1

    Alors, avant Malone, c'était Namur.

  • Speaker #0

    Vous avez étudié à l'IMEP ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est une longue histoire et courte. Voilà, moi je suis de la campagne, bourguignon, donc voilà, une vie normale dans l'école primaire, collège, lycée de ma ville. Mes parents travaillant dans le lycée d'ailleurs, donc j'ai habité dans une école toutes mes premières années jusqu'à 18 ans. Et la musique est devenue quelque chose qui m'a passionné.

  • Speaker #0

    C'est drôle parce que Malone a fait partie du duché de... De Bourgogne ? Oui, oui. À une époque, vous restez en terre bourguignonne d'une certaine manière.

  • Speaker #1

    Oui, des fois je le dis en rigolant, mais je pense qu'il y a un peu de ça peut-être. Donc je prenais des cours particuliers, etc. Et mon professeur, à l'époque, Hugo Rennes, a signé un contrat, je me souviens, c'était avec l'Université de la Musique, je crois à l'époque, pour enregistrer tous les opéras de Lully, etc. Et donc, il arrête d'enseigner. Et donc la place que j'espérais avoir au conservatoire avec lui s'envole. Je commence à rencontrer plusieurs personnes. Il faut trouver une place. Ce n'est pas facile d'étudier en France. Il y a un concours d'entrée qui est assez ardu, parce qu'il y a peu de place. Et alors il fallait être élève en musicologie aussi pour avoir un statut d'étudiant.

  • Speaker #0

    Donc l'instrument ne suffisait pas.

  • Speaker #1

    Et oui, donc il fallait, quand on était flûtistabec, il fallait aller à Dijon, normalement, quand on était bourguignons, pardon. Et donc il n'y avait pas de flûtabec au conservatoire de Dijon, c'était un peu une anomalie. Il fallait par contre aller en musicologie à Dijon, puisque ça y avait, mais alors je ne pouvais pas faire les deux en même temps. Il fallait aller à Paris, c'était stressant, moi la grande ville ne me faisait pas. Et puis j'ai rencontré des professeurs de flûtabec dans la région. parisiennes, dont un qui me parle d'un stage en Belgique, à Floref à l'époque. Et j'appelle des amis parce que mon école de musique avait été jumelée, jumelée avec l'académie de Bastogne à l'époque. Donc j'avais rencontré des gens à l'époque dans un échange et ils me disent écoute non, va pas faire le stage à Floref, va faire le stage à l'IMEP de Namur. Ça coûte moins cher. Et c'était moi qui me payais mon stage, moi-même. Non mais quand on dit des fois c'est des petits détails. Je dis moins cher, ça m'intéresse et on peut te loger si tu veux. On t'aide à te loger. Là je dis bingo. Je ne connaissais pas Namur, je n'y avais jamais été. La seule ville que je connaissais en Belgique était Bastogne, que j'avais beaucoup aimé d'ailleurs. Et j'entre en fait à Namur, j'arrive à la gare, tout de suite je ne sais pas pourquoi, je me sens bien, très bien. Voilà j'ai 18 ans, 18 ans et 3 mois. Et puis j'arrive dans cette petite école qui est à taille humaine, où on fait un stage et je m'entends bien avec pas mal de gens qui eux vont normalement commencer l'année. C'était aussi un stage préparatoire pour pas mal de gens. Puis je rencontre le directeur Michel Alenque, français lui aussi, qui avait fait sa vie en Belgique après avoir étudié. André Dumortier, lui m'avait entendu jouer dans l'examen, concert de fin de stage, en disant je le veux. Je ne l'ai su qu'après.

  • Speaker #0

    De la fute à bec alors à ce moment-là. Oui,

  • Speaker #1

    de la fute à bec.

  • Speaker #0

    Il y a eu la trompette avant ça aussi.

  • Speaker #1

    Il y a eu la trompette, mais oui. Admiration de Maurice André, mais je n'ai été ni Maurice ni André. J'ai adoré jouer de la trompette, mais voilà. Je pense que la trompette, ce que je garde, c'est le fait de jouer ensemble.

  • Speaker #0

    Et puis on reste avec ces trois instruments puisque maintenant vous chantez,

  • Speaker #1

    on reste sur le souffle aussi. Ça oui, je pense qu'il n'y a rien à faire, le souffle, la vibration qu'on produit. Je crois que j'ai recherché jusqu'à trouver le chant qui était la vibration ultime.

  • Speaker #0

    Mais qu'est-ce qui a fait basculer justement le...

  • Speaker #1

    Eh bien l'IMEP ! Je détestais le chant enfant, donc je fais ce stage, il me parle après, me disant, tu sais, si tu viens, tu peux être étudiant sans aller en musicologie, etc. Et on a envie de toi, je crée, j'ouvre la classe. Enfin voilà, une sorte de... C'est un truc de cœur. Oui, oui, le soir, j'étais complètement perdu. Je parle avec certains, on guindaille, voilà un des premiers mots que j'ai appris ici. Et dans le silence de la nuit, je commence à me dire, en fait, je suis quelqu'un de très intuitif, qui suit beaucoup son intuition. Et je me dis, je crois que c'est ça. Je crois que si cette personne est venue vers moi, c'est parce que si j'avais ça en moi, je sens que c'est ici. Et donc je rentre chez moi, j'arrive et je dis à mes parents tout de suite, je dois vous parler. Et je dis voilà je pars. Je pars, pas à Paris mais je vais là-bas. L'année allait déjà commencer, j'avais pas encore fait l'examen d'entrée, mais on m'aide pour trouver un cote. Deuxième mot qu'on apprend. Lui dit, vous inquiétez pas, je me souviens, j'arrive ici, mes parents m'emmènent. Il avait laissé une lettre. Pour mes parents, quelque chose d'assez fort qui les a rassurés, je pense. En disant, voilà, je veillerai sur lui. Je crois qu'encore maintenant, je ne me rends pas compte. De ce que ça a fait ? Oui, oui, peut-être. La violence, c'est peut-être un mot fort, mais c'est quand même quelque chose.

  • Speaker #0

    Vous avez deux frères et soeurs ?

  • Speaker #1

    Oui, deux soeurs. Je suis le grand. Et donc on arrive, et puis j'arrive d'ailleurs le deuxième jour, et puis il m'a marqué, oui, l'année à l'IMEP commence par un stage de chant choral. Voici. Le chant de mon vie. Et moi, je me souviens de dire à mes parents, non, non, mais ça non. Le chant, ça ne va pas être possible. Non, je ne vais pas chanter. Et là, on me fait bien comprendre que... Il n'y a pas le choix. Que c'est ça ou il n'y aura pas d'année.

  • Speaker #0

    C'était l'entrée en matière obligatoire.

  • Speaker #1

    Oui, c'était l'entrée en matière obligatoire. Il y a longtemps, c'était Alfred Deller qui le faisait, puis Marc Deller. Je suis certain des chanteurs d'ailleurs de l'IMEP, on fait l'école de direction avec Pierre Chaos, qui est devenu le chœur de chambre de Namur, etc. Donc vraiment, il y a cette tradition de chant. Je me rends bien compte que je n'ai pas le choix. Puis on me dit, et puis tu auras deux heures de chant choral toutes les semaines. Et puis un cours de chant.

  • Speaker #0

    On vous avait bien eu.

  • Speaker #1

    Et à ce moment-là, vraiment, quand je dis j'y allais, je me dis mais je ne vais pas y aller. Un peu le rebelle français qui se plaint, qui râle. Et donc vous vous résignez au chant choral. Je me résigne, je n'ai pas le choix. Et donc l'idée, c'est que toute l'école se rassemble la première semaine pour se connaître. Il faut savoir que l'IMEP à l'époque, c'était 80. Petite centaine d'élèves. Quand j'en suis sorti, on était déjà entre 100 et 200, et maintenant il y en a plusieurs centaines. Et je me souviens encore, Stabat Mater de Francis Poulenc. Je commence ténor le premier jour, puisqu'on me demande, tu chantes quoi comme voix ? Je dis, je n'en sais rien du tout. Il vous manque de quoi ? On me dit ténor. Je dis, alors je vais faire ténor. Le premier jour, je dis, c'est vraiment fatigant. Deuxième jour, bariton. Troisième jour, basse. Et là voilà, il y a pas mal de gens qui ricanent, enfin qui le font, il y en a qui aiment bien, mais... Et moi c'est une sorte d'explosion interne j'allais dire, ou quelque chose, c'est... Une révélation ? Une révélation. Je me dis, mon Dieu, qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    C'est quoi ? C'est physique ? La sensation, la vibration ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est physique. C'est la sensation de produire un son ensemble. Et je me rends compte que la flûte à bec, que j'adore, ça reste bon. On a peu d'occasion de jouer avec grands groupes où on fait un petit couture de flûte à bec. Où je ne ressens pas ces vibrations-là. J'adore jouer de la flûte à bec, j'en joue encore maintenant. Mais là, c'est quelque chose comme je n'avais jamais vécu avant.

  • Speaker #0

    Une session classique.

  • Speaker #1

    Je suis quelqu'un qui suit mon intuition, mais alors... quasiment tout le temps.

  • Speaker #0

    Vous avez confiance en elle.

  • Speaker #1

    À bon escient. Ça me vient souvent dans des moments silencieux. D'ailleurs, soit dans la nature, soit assis, soit allongé d'ailleurs. Ou d'un seul coup, il y a des choses qui sont évidentes, comme ça. Et donc je suis ça, et donc le chant d'un seul coup, c'est ça. Je demande à devenir élève chanteur aussi. on me permet de faire les deux cursus. Et là, voilà, c'est le bonheur, même si les problèmes de santé arrivent à ce moment-là. Et je pense que le champ m'a permis de m'en rendre compte. Donc le champ m'a sauvé aussi, quelque part, de certaines choses, certains problèmes de santé, ou qu'en tout cas, j'ai dû régler. Et puis voilà, l'autre découverte pour le chant, j'en ai parlé juste avant, c'était le Chœur Mondial des Jeunes. Ils étaient basés dans le même bâtiment à l'époque que le Chœur de Chambre de la Mûre, qui avait maintenant, sur la citadelle, il y avait ce bâtiment du chant choral, donc il y avait à Chœur Joie, etc. Et mon professeur de chant à l'époque, Benoît Gillot, qui était un ancien élève de l'IMEP également, créateur du Chœur de Chambre, de Namur, etc., me dit, tiens, il y a le Chœur Mondial des Jeunes, toi qui es là pendant une partie des vacances d'hiver, justement, pas à la maison, ils vont répéter, ils vont chanter. C'est une expérience incroyable, tu devrais aller les écouter. Ils chantent à la Maison de la Culture à Namur, je me souviens. Et là, je vais voir ça. Et là, je suis quelqu'un qui adore avoir des objectifs, ou en tout cas des idées, quelque chose qu'il a envie de faire. Et là, je vois ce concert qui me bouleverse. Je me dis, voilà, des jeunes qui viennent de partout dans le monde et qui ont l'air de s'éclater comme des fous à chanter. On voit bien qu'il y a quelque chose qui se passe de plus. C'est des choses qu'on ne peut pas expliquer de nouveau de manière, j'allais dire, cartésienne. Il y a quelque chose qui se passe dans la pièce. Et là, je le regarde après. Je lui ai dit, je veux faire ça, je veux en faire partie. Et puis il m'a dit, oui, il va falloir bosser, mais tu vas y arriver. Donc j'en ai été membre un an et demi après. Donc le chant est associé à Namur, inévitablement. Est-ce que je peux paraître assez calme comme ça ? Je suis assez calme, d'apparence. Je ne suis pas quelqu'un de stressé. Je suis quelqu'un qui dort très bien. Je n'ai pas de stress sur scène, ce qui est un grand avantage. Vraiment, je ne régale toujours pas de track, du tout. Ce qui est vraiment une sorte de miracle, de la chance, c'est l'école de mes enfants. On passe à côté, l'école fondamentale de Valanne. Seignement public, on dirait ça, comme moi j'ai été élevé. J'ai été élevé comme ça, c'est ce que j'avais envie aussi de leur offrir. C'est une chouette école. Non, pas de trac du tout. La seule chose qui peut me stresser, c'est l'administration. Voilà, je déteste ça. Mais je le fais parce que je n'ai pas le choix. Je suis très mauvais dans le suivi d'emails, dans les factures, les machins. D'ailleurs,

  • Speaker #0

    on a eu du mal à se rencontrer.

  • Speaker #1

    Oui, non, non, non. Quand je suis là, je suis là. Mais voilà. C'est-à-dire que si j'ai une passion, elle me dévore. Ça peut d'ailleurs être une passion. J'ai deux passions principales. Allez, le sport est peut-être une troisième. J'adore le basket.

  • Speaker #0

    Pratiquer ?

  • Speaker #1

    Non, je l'ai pratiqué beaucoup, mais je suis fan d'une équipe aux Etats-Unis, les San Antonio Spurs, que je vais voir quasiment tous les ans là-bas. Il y a un nouveau joueur français, Victor Buenbanama, qui fait 20 centimètres de plus que moi, il faut imaginer. Donc voilà, j'ai des amis là-bas. Austin au Texas mais les deux choses je pense qui me passionnent le plus c'est la musique, ça c'est clair et les humains ça peut paraître bizarre mais les gens pourquoi plus tard ? c'est quoi qui vous intéresse ?

  • Speaker #0

    c'est leur personnalité ? c'est leur manière de vivre ensemble ?

  • Speaker #1

    les gens donc la musique c'est quelque chose qui me passionne J'allais dire, oui, si on met tous les pourcentages de ma vie, j'arrive à 500%, de toute façon, mais non, 200%, je vide ça. Mais découvrir des nouvelles personnes, etc., c'est quelque chose qui me fascine, que j'adore. Je peux donc être, c'est pas boulimique, c'est-à-dire vraiment vouloir connaître une personne énormément, alors que je suis quelqu'un qui ne se dévoile pas forcément, d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Et c'est vrai aussi bien dans le travail que dans la vie courante cette envie de rencontrer les gens

  • Speaker #1

    Oui, et à la fois j'adore être tout seul là pour moi c'est clairement le Covid qui m'a aidé énormément

  • Speaker #0

    A aimé être seul ?

  • Speaker #1

    Oui, pour moi c'est une des choses qui m'a aidé le plus, qui m'a sauvé j'étais vraiment à la limite je crois de craquer parce que je travaillais énormément parce que je fais toujours Encore plus que maintenant Oui tête en avant, sans vraiment me préoccuper de moi, et me disant, de toute façon, il n'y a que ça que je peux faire, c'est ma passion, c'est ce que... Voilà, c'est ça. La musique, c'est moi, je l'ai dit. Non, non, ce n'est pas du tout ça que je pense, mais c'est que la musique m'a bâti en tant que personne, etc. Et je pensais que c'était ça que je devais faire, et puis quand j'étais à la maison, c'était bien. Mais je ne me rendais même pas compte, en fait, j'étais peu à la maison, enfin, c'était... Comme ça, je vivais comme ça. Et alors le fait de rester à la maison pour le Covid, déjà de voir les enfants beaucoup plus, ça a été fabuleux. Je me suis rapproché d'eux à un point incroyable. Mais ceci de me rendre compte, alors je dis que c'est une passion incroyable, mais je me suis rendu compte que je pouvais vivre sans. Moi, je n'ai pas du tout eu ce manque incroyable ou de dépression de ne pas pouvoir chanter. Non, en fait, j'ai fait d'autres choses. J'étais dans le jardin pendant des heures et des heures tous les jours. En plus, il faisait un temps incroyable au début du Covid. C'était parfait, la rhubarbe poussée, les confitures. Non, non, mais j'étais bien, j'avais besoin de me reposer. Et en fait, je me suis rendu compte que le... Il y a deux choses qui m'ont manqué, enfin qui me manquaient, c'était quelque chose que je ne faisais pas consciemment totalement. À l'époque où j'avais fait plus jeune mais que j'avais arrêté un peu, c'était marcher. Je me suis rendu compte que là par contre, arrêter de marcher, ne pas pouvoir sortir, ça me rendait... plus fou que de ne pas faire de musique. On a passé devant chez moi tout à l'heure, tout près, donc en fait il y a une petite forêt qui démarre de mon jardin, donc oui, je me glissais et j'allais marcher. Et donc méditer, non, par contre être dans la nature, oui, une heure, deux heures, donc je marche. Bon, il y a des exceptions, quelques jours j'y arrive pas, mais en général j'essaie de faire entre 8 et 10 km par jour. Oui, ce n'est pas rien. Avec mes jambes, c'est l'équivalent de 5 km pour d'autres. Et ça devient, je pense que pour certaines personnes, c'est le jogging par exemple, courir ou la salle de sport. qui peut être vraiment quelque chose dont ils ont besoin. Moi, c'est marcher, c'est entendre la nature. Je marche sans musique. Des fois, oui, quand je dois écouter quelque chose, mais c'est plus souvent sans musique. Ça me fait un bien fou et je réfléchis. Je laisse ma tête aller, j'essaye de ne pas avoir peur, parce que la tête va dans tous les sens. Et l'autre endroit, ça, je vais le faire bâtir bientôt, c'est le sauna. Je suis un fou de sauna, qui m'aide aussi pour ma santé de nouveau, pour mes poumons, etc. Et c'est un endroit où on ne peut rien faire d'autre. Il y a une chose que je me rends compte, peut-être qu'une des choses qui vient dans ma tête tout le temps, c'est que quand je ne vis pas totalement, en fait, que je me rends compte que le métier prend tellement de place.

  • Speaker #0

    Quand vous ne vivez pas totalement ?

  • Speaker #1

    Que mon métier prend trop de place par rapport à vivre. Quand je parle vivre, c'est aller boire un café avec quelqu'un, c'est-à-dire aller marcher avec quelqu'un d'autre, parler. Découvrir une personne, je me rends compte que ça peut me manquer énormément. La période de folie dont on parlait hors micro avant, où pendant des semaines et des semaines, j'étais parti. Les projets ont été fabuleux. Vraiment, j'ai adoré. Mais pourquoi j'ai adoré cette période, même si je n'y arrivais pas ? C'est que j'ai découvert des gens. Il y a des personnes au conservatoire à Amsterdam, au conservatoire de Paris, ou même des nouvelles personnes qui sont venus à Vaux-Mélysse avec qui j'ai passé du temps. Et pour moi, ça n'a pas de prix. Le Festival de Wallonie

  • Speaker #0

    L'ensemble vous laisse vraiment la responsabilité décisionnelle ?

  • Speaker #1

    Au niveau artistique, je dis toujours, il n'y a pas de chef en général qui dirige, avec le bâton devant qui est tout puissant. Maintenant, il a fallu aussi que j'assume quel était mon rôle. Il y avait un moment où j'avais plutôt tendance à... sous-estimé, ce que je faisais. Pas pour me forcer, etc. La fierté, elle est là. J'ai peu de fierté sur moi, en fait. Je le dis assez souvent. C'est pas pour faire le faux modeste, etc. C'est-à-dire, voir mon nom sur une affiche me fait pas grand-chose, en fait. Ça fait sourire mes enfants. Quand ils voient les CD, des fois, à la maison, ils disent Oh, il y a encore ton nom, papa, là-dessus. Pourquoi il n'y a pas ton nom sur celui-là ? Donc, eux, oui, ça les fait réagir. Moi, mais vraiment, Rien du tout, mais vraiment, c'est pas mon truc. Par contre, voir le nom de mon ensemble, en gros, sur des façades de certaines salles, prestigieux, etc., oui, ça, ça me fait quelque chose. Je suis fier, très fier, j'en suis fier comme on peut être fier d'un enfant. C'est un peu bizarre de dire ça, parce que bon, un enfant, c'est pas quand même le même système de fabrication, j'allais dire.

  • Speaker #0

    C'est pas le même genre de projet.

  • Speaker #1

    C'est pas le même genre de projet.

  • Speaker #0

    Et donc au moment de choisir le nom ?

  • Speaker #1

    Au moment de choisir le nom, je dis souvent que je ne voulais pas du tout créer ce que j'ai fait. C'est-à-dire qu'au départ Voxomis, c'était un ensemble que je voulais créer pour faire un projet par an, avec des gens avec qui j'avais envie de travailler, et de faire de la musique. Pour le plaisir. Et de faire de la musique. dont j'avais envie. Voilà, c'est-à-dire le répertoire qui me plaisait. Donc au départ, c'était Stabat Mater Scarlatti, ça allait être d'autres choses. Auquel moment, j'ai dit, je vais créer un ensemble qui va devenir incroyable, qui va me prendre tout mon temps, qui va tourner dans le monde entier, faire 70, au moins 70, 80 concerts tous les ans, des enregistrements, qui va deux fois aux Etats-Unis. Là, j'aurais ricané. Ce n'était pas du tout ce que j'avais envie.

  • Speaker #0

    Ce n'était pas l'ambition de base du tout.

  • Speaker #1

    Non. Par contre, il y avait... Ce fait d'être un peu plus international, en tout cas cosmopolitan ou tout ce qu'on veut, a été pour le choix du nom, pour le latin. Ça oui. J'avais étudié du latin à l'école, mais je m'étais rendu compte que des fois quand on prend un nom dans une certaine langue, quand on tourne, quand on va ailleurs, ou pour les gens, puisqu'il y avait déjà pas mal de nationalités différentes, on se dit ça veut dire quoi ? Est-ce qu'on traduit ? Est-ce qu'on ne traduit pas ? Et je me suis rendu compte que le latin en général, puisque c'est quand même la racine de beaucoup des langues ici en Europe, pas du hongrois, mais beaucoup d'autres, on ne traduit pas.

  • Speaker #0

    Donc c'était une fonction d'universalité en fait. Oui,

  • Speaker #1

    tout à fait. Je pense que ça, ça a été présent. Et puis, très vite, la voix Vox a été là assez vite. Et puis je bloquais. J'étais dans la bibliothèque de l'IMEP à l'époque. Je me dis, mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu, il ne reste plus qu'une heure. Je n'ai toujours pas trouvé. Et voilà la lumière, comme ça. Et pas tellement où je me dis Vox Luminis, ça tient. Quelle est la traduction ? C'est plutôt, je pense, lumière, dans le son, dans le son que j'avais en tête. J'avais une sorte de son en tête. Puis je me dis Luminis. Vox Luminis. Ouais, c'est pas mal. Bon, je changerai plus tard, mais au niveau intermédiaire, enfin voilà, comme premier nom, c'est pas si mal que ça. Et je vais le garder. En tout cas, pour ce qui concerne l'annonce, je l'écris, je dis voilà, Vox Luminis. C'est court. Et ce qui est très drôle, c'est qu'après le premier concert, les gens me disent super ce nom, comment tu l'as trouvé ? Je dis non, non, si on continue, si on refait un projet, parce qu'il n'y a pas d'autres projets prévus, on réfléchira à quelque chose de mieux. Enfin, quel problème, ça sonne bien, c'est court et on le retient facilement. c'est beau ah bon ? et donc voilà j'avais 20 ans 21 ans quand j'ai trouvé ce nom et il est resté

  • Speaker #2

    Vous êtes donc une voix de basse.

  • Speaker #1

    Oui, basse bariton. Basse bariton.

  • Speaker #0

    Ça veut dire que la plus basse note que vous chantez, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Ha ! Dès que je vous parle, peut-être que je pourrais chanter un contrut, mais je ne suis pas basse profonde, malgré ma taille. Alors souvent, la plupart des ténors sont petits, la plupart des basses sont grandes, mais ce n'est pas une règle exacte.

  • Speaker #0

    C'est la taille des cordes vocales, l'épaisseur et la taille qui définit. Et il se trouve qu'en plus j'ai une anomalie des cordes vocales.

  • Speaker #1

    Une anomalie bienheureuse ?

  • Speaker #0

    Bienheureuse, oui et non. Donc j'ai une corde vocale qui ne fait pas du tout la même taille que l'autre. Ça m'a causé beaucoup de problèmes d'ailleurs, puisqu'en fait, en général, celle qui est plus grande a tendance à compenser avec l'autre, et donc à se fatiguer, on perd sa voix, ce qui m'est arrivé beaucoup, beaucoup. Ce qui est particulier pour les voix d'hommes, en tout cas et notamment voix de bariton, voix de basse, c'est qu'en fait, on parle sur certaines des notes qu'on chante. Les voix de basse, c'est souvent ce qu'on dit. De toute façon, ils parlent comme ils chantent, donc ils n'ont même pas besoin de s'échauffer le matin. Ils parlent un peu et hop, c'est parti, la voix est échauffée. C'est un peu un cliché, mais il y a quelque chose d'assez vrai là-dedans. Bon, je suis quand même content d'avoir une voix basse bariton. Elle correspond quand même quand on fait plus de deux mètres. Je suis assez heureux de la voix que j'ai. Là je ne parle pas du niveau de la voix, mais j'adore la fonction de la voix de basse quand je chante, c'est-à-dire quand je chante en ensemble. Là je ne parle pas de solo, moi je suis quelqu'un, la chose qui me passionne le plus c'est de chanter en ensemble. Et j'adore avoir la fondamentale, c'est-à-dire la chose qui supporte la fondation. La basse, c'est de l'acné, toute la polyphonie, toute la musique. Je suis très heureux avec la voix qu'on m'a donnée. Et aussi, j'ai une voix qui est plutôt faite, on m'a souvent dit pour la musique ancienne. Je peux chanter d'autres choses, évidemment. Une des musiques qui me plaît le plus, c'est évidemment la musique ancienne, la musique baroque.

  • Speaker #1

    Je voulais vous poser la question parce que Vox Luminis fait une spécialité du répertoire musique ancienne. Pourquoi ? Qu'est-ce qui vous plaît tant dans cette musique ? De quoi on parle d'abord ? De quelle époque on parle de musique ancienne ?

  • Speaker #0

    Je dis volontairement musique ancienne, puisqu'on a tendance des fois à confondre la musique baroque avec la musique ancienne. La musique baroque fait partie. de la musique ancienne.

  • Speaker #1

    Oui, baroque, on est au XVIIe, musique ancienne.

  • Speaker #0

    Voilà, XVIIe jusqu'au... Alors, arbitrairement, je vais dire.

  • Speaker #1

    Jusqu'à la mort de Bach.

  • Speaker #0

    Jusqu'à la mort de Bach, donc au 1750, donc le milieu du XVIIIe pile. C'est évidemment, voilà, comme dans tout, il y a l'histoire de la musique, exactement, c'est un peu comme l'histoire. Il y a certaines dates auxquelles on ne peut pas... dérogé. Les dates de naissance et de mort des compositeurs, etc. Après le reste, les périodes, c'est la même chose que pour l'art, la peinture, tout ce qu'on veut. Il y a des choses arbitraires, mais voilà, c'est parce que c'est comme ça. La musique baroque, donc mon premier amour avec, ça a été la deuxième pièce que j'ai chantée, d'ailleurs, à l'IMEP. C'était le Magnificat de Bach. C'est une musique qui me parle. Elle vous touche ? Elle me touche, oui. La musique ancienne, la polyphonie de la Renaissance, est quelque chose qui est arrivé un tout petit peu plus tard. Quand j'étais en Hollande, j'adorais Walgas. J'achetais à l'époque quasiment tous leurs CD. J'adorais ça, ça me fascinait. Mais ce qui m'a fasciné de nouveau encore plus, ça a été quand j'ai pu en chanter. On m'a proposé de rentrer dans un ensemble qui s'appelle Capella Pratensis. Donc, chapelle jusqu'à un des prés. Donc là on lisait sur des photos des manuscrits originaux, reproduits à la taille exacte. Et là je me suis rendu compte que pour moi c'était incroyable. Ça me faisait du bien à ma voix d'ailleurs de pouvoir chanter des lignes comme ça, au corps, à la tête, etc. C'était des heures, des heures, des heures qui me faisaient un bien fou. La musique baroque me parle, je l'adore.

  • Speaker #1

    C'est une question d'intuition aussi finalement, le choix d'aller vers la musique ancienne.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Être tombé dessus et s'être dit,

  • Speaker #1

    voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    C'est ça. Je crois qu'il y a des fois, tant je suis quelqu'un qui adore intellectualiser beaucoup de choses, qui aime bien comprendre, je veux dire, plus qu'intellectualiser. Et donc j'essaie de nouveau, on parle de balance, mais j'essaie deux choses. J'ai cet élément qui fait que je veux comprendre. Et à la fois, je peux ne pas comprendre, même si ça me laisse des fois ma tête un peu en branle, et je suis mes intuitions. Mais je crois qu'on en a tous cette dualité chez nous. Elle m'a dérangé par moments, mais maintenant, je l'embrasse, je l'embrasse en anglais.

  • Speaker #1

    Confessions classiques

  • Speaker #0

    Quand Vox Feminis a été créé, on disait ensemble de musique ancienne, mais en fait on faisait que du baroque. Et c'est moi qui ai apporté de faire un peu de renaissance, parce que ça c'est aussi là de nouveau plus technique, en tout cas plus réfléchi. Pour arriver à comprendre la musique que l'on fait, souvent on doit essayer de comprendre celle d'avant. Elle peut nous apporter... Pour prendre Bach par exemple, qui est quelqu'un, je n'ai pas la prétention de le comprendre à 100%, j'aime beaucoup sa musique, ses bateaux, mais il y a certaines choses que j'aimais moins bien de lui. Pour le comprendre, ça a été en faisant beaucoup de musique de sa famille ou d'autres, qui nous ont permis de comprendre plus chez lui. Après, on se rend compte, si on étudie, qu'il donnait des motets de la Renaissance, à chanter toutes les semaines avant les cantates, donc que les élèves de Saint-Thomas aussi devaient y passer, au chant grégorien. En fait, on se rend compte qu'étudier ces choses-là et les faire, c'est en fait se rapprocher. de ce qu'il pouvait faire. Et donc, une des niches qui a fait connaître Vox Feminis, ça a été le 17e siècle, vraiment. Allemand, notamment. J'ai trouvé un passionné, même un fable mot, à Jérôme Lejeune, de cette musique-là, mais je l'étais aussi. Et donc, on s'est trouvé. Ça a été des idées d'enregistrement, on en a des dizaines. Et là, maintenant, on fait d'autres choses. On élargit, je crois qu'élargir le spectre. Oui, il faut essayer. On a fait notre première commande contemporaine il y a trois semaines maintenant. Caroline Shaw, qui est une des compositrices les plus en vie actuelle. Alors on est de la même génération, on a quelques mois de différence. On a vécu un énorme succès au même moment quand nous on a eu le gramophone, cet enregistrement de l'année, toute catégorie qui a changé la vie. Elle a eu le Pulitzer à ce moment-là. Donc on en a parlé, quand on s'est rencontrés, on a un peu parlé de musique, on a parlé de la vie. pour reprendre ce dont je parlais. Et c'est en fait pour ça, elle prenait une année sabbatique, elle. Elle avait décidé de ne pas composer pendant un an. Et elle a fait une exception. Après qu'on se soit rencontrés tous les deux, on avait envie de faire ça ensemble. Donc là, c'est de nouveau un langage actuel. Quelqu'un qui nous comprend. Donc là, elle a composé en six jours. Donc elle est arrivée le dimanche, on était en Turin, je nous faisais d'autres projets. Donc Bach commençait à composer normalement le dimanche, après l'office. Et le mercredi, il commençait à rencontrer les copistes, etc. pour commencer à dire dans quelle direction il allait et pour commencer aussi à recopier. Donc le mercredi, on l'a rencontré, elle a commencé à nous écouter un peu, à faire des essais. Ok, ok. Et elle a fini la pièce le samedi matin à 4h du matin. Et on l'a donnée ce jour-là. Je me suis promis d'arrêter. J'espère qu'on ne me ressortira pas cet enregistrement en me disant vous ne l'avez pas fait Non, non, mais le fait d'avoir eu le Covid et de m'être rendu compte que je pouvais vivre sans.

  • Speaker #1

    Ça soulage un peu. Pardon ? Ça soulage aussi, ça ? Ah oui. De pouvoir se dire, en fait, c'est pas mon unique point d'ancrage.

  • Speaker #0

    C'est pas mon unique point d'ancrage. La vie est un point d'ancrage. C'est-à-dire, oui, la nature, le cuisiner. Le cuisiner,

  • Speaker #1

    pardon. Il soulage bien le personnage, en fait. Il n'y a pas de plan B. Donc, si jamais un jour la musique s'arrête, le plan B, ce sera selon l'intuition du moment.

  • Speaker #0

    Alors, il y a certains des plans B qui ne seraient plus possibles maintenant. Il y avait des plans B à l'époque. Même si je suis quelqu'un qui en fait donne tout pour le plan A. Ça c'est quelque chose, la musique ça a été ça, je m'y suis mis à fond. Donc quand j'étais plus jeune, un des plans morts était la recherche. Donc j'étais un scientifique à l'école, très fort. Pourquoi pas la recherche dans les maladies, etc. Il y a une chose, je sais que ça surprend les gens, la politique. Au départ, c'est quand même une manière de réfléchir et d'essayer de prendre des décisions pour améliorer la vie, pour organiser la vie aussi. On peut parler de démocratie, on parlait du leadership dans Vox Feminis, ce que ça a été, ça a été quand même aussi créer une sorte de démocratie. On a parfois tendance à confondre démocratie et anarchie. On voit souvent la démocratie en disant, ben voilà, la démocratie c'est chacun a le droit de parole, chacun a le droit de s'exprimer, en musique c'est ce qu'on dit, chacun peut dire ce qu'il veut sur la musique, etc. C'est vrai, mais s'il n'y a pas de règles... Et s'il n'y a pas de responsable, de boss, de tout ce qu'on veut, c'est une anarchie. C'est-à-dire, c'est à celui qui crie le plus fort. Et donc, en fait, une démocratie, Vox Unis m'a élu, entre guillemets, au départ, parce que je n'étais pas le chef au départ, j'étais juste le créateur. Après avoir fait deux projets où c'était moi le coach ou le leader artistique, les gens ont dit, ben voilà, c'est toi. Après, le rôle, et ce n'est pas facile, quand la taille d'un groupe change, etc., de créer un espace où les gens se sentent bien, même si soi-même on ne se sent pas bien, ou on se sent moins bien, et laisser un terrain où les gens peuvent s'exprimer, ont le droit de s'exprimer, etc.

  • Speaker #1

    Il y a la stratégie pour compenser cette énergie-là, ou l'intuition ?

  • Speaker #0

    C'est beaucoup à l'intuition de nouveau. Je pense qu'il y a une partie de stratégie maintenant, au bout de nombreuses années. Mais en fait, ça reste l'intuition, très très fort. En fait, j'ai commencé à me rendre compte que je ressentais beaucoup de choses, des gens. C'est pas que j'en sens tout, etc. Je ne suis pas voyant. Mais c'était vraiment difficile, c'est-à-dire, si on essaie d'être un peu moins centré sur soi-même, on commence à ressentir, la voix notamment, et quelque chose, c'est difficile de mentir quand on chante. Si on connaît les personnes. Comment ça les connaître vraiment ? Et donc oui, je suis l'intuition. C'est-à-dire qu'il y a des jours où je me dis, là il faut travailler moins. Il y a des jours où je me dis, là je peux pousser aujourd'hui. Mais c'est très très intuitif. Je n'ai jamais appris à être chef en fait. C'est venu sur le tas. Je reviens de nouveau à l'humain. Je pense que souvent on... On voit les chefs d'ensemble comme des génies musicaux. Je ne dis pas qu'on n'est rien du tout, mais je pense qu'il y a... Il y a une partie, en tout cas dans mon cas, c'est moins de 50%. Je pense que plus de 50% c'est l'humain, c'est le fait de connaître les gens, c'est le choix des gens avec qui on peut s'imaginer faire un bon petit chemin ensemble. Une des particularités de l'ensemble c'est aussi la stabilité. Donc il y a quand même des gens qui sont là depuis plus de 15 ans. Dans un monde quand même, le monde de la musique, c'est une lessiveuse. Ça... Ça tourne, ça tourne. Pour moi, on peut faire ce qu'on veut. Oui, je peux arriver avec la meilleure analyse possible d'une pièce. Si les gens qui sont en face de moi ne se sentent pas bien, ça sera peut-être analytiquement fabuleux. Je ne suis pas sûr que ça va toucher les gens. Parce que ce qui touche les gens, en fait, une des questions qu'on m'a posées le plus, c'est quel est le secret de Vox Feminis ? Un des secrets, je pense, c'est qu'il n'y en a pas, ou qu'en tout cas, on ne le connaît pas. Et je crois que ça fonctionnera tant qu'on ne le connaîtra pas. De nouveau, on parlait de stratégie, je pense qu'il y a très peu de stratégie. Pour moi, une stratégie, c'est une recette. Alors, j'adore cuisiner, mais qu'est-ce qu'il y a de chouette dans les recettes, dans la cuisine ? C'est justement de modifier quelques petites choses sur le moment, sur l'intuition, et de se dire, tiens, il manque tel ingrédient. Qu'est-ce que je vais mettre à la place ? Ça va changer. On fait la même chose pour nous, c'est-à-dire, des fois, moi j'invite mon équipe et puis il y en a un qui n'est pas libre. Quel est l'ingrédient différent que je vais apporter ? Et je ne sais pas penser en ingrédient, comment dire, de remplacement, mais plutôt, ah voilà, un ingrédient qui a un goût différent, une épice différente. Et comment ça va changer mon plat ?

  • Speaker #1

    Concession classique

  • Speaker #0

    Je crois qu'il y a un des secrets, c'est que les gens se rendent compte qu'on est heureux de faire ce qu'on fait. Ça paraît tout bête, mais il y a des fois, ça peut arriver aussi de l'être moins et que... Je ne sais pas, là je le dis, mais c'est une idée qui me passe par la tête. Peut-être que ça nous dépasse. En fait, que ce qui se passe nous dépasse. C'est-à-dire... qu'à la fois on se rend compte qu'on crée un son vraiment unique, c'est même pas beau, je sais pas, mais qu'on est chacun parti de quelque chose. Et que ça touche les gens. Oui, on ne sait pas vraiment pourquoi.

  • Speaker #1

    On vous écoute. Vous avez juste eu de la chance.

  • Speaker #0

    Oui, j'en parle souvent. La chance est une énorme chose. Il y a plusieurs chances. Déjà, la chance d'avoir une passion. Tout simplement. Pas tout le monde naît et a une passion comme ça, qui vraiment les habite. Deuxième chance dans mon cas, j'ai la chance d'être plutôt bon dans ma passion. parce qu'on peut aussi être passionné de quelque chose. J'adorais le basket aussi. Si mon seul rêve avait été d'être joueur professionnel de basket, je ne l'aurais jamais été. Donc voilà, il y a des rencontres. La chance des rencontres, la chance de rencontrer Jérôme Lejeune à un moment où son label venait d'être acheté, où on lui dit, voilà, tu as autant d'ensemble, tu peux en prendre un de plus. Et il décide que ce soit nous. La chance, peu importe quel membre de l'ensemble que j'ai rencontré à différentes occasions, et de me dire, lui, j'en ai besoin. Et de tous ces gens que j'ai rencontrés, il n'y en a pas un que je n'ai pas réussi à convaincre de nous rejoindre, au moins d'essayer. Et en général, quand il essayait, c'est bon.

  • Speaker #1

    Il y a eu des résistances, des hésitations ?

  • Speaker #0

    Des hésitations,

  • Speaker #1

    oui.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Là, on parle de la première étape, la première étape quand on n'est pas installé. Je me souviens, il y en a un qui est fanatique du groupe. Donc, il fête ses 15 ans avec nous. Il est français, Philippe. La première fois, il était arrivé me voir parce que je l'entends et quelque part, je lui dis cette voix, j'en ai besoin. Alors, c'est de nouveau, moi, je ne cherche pas les meilleurs chanteurs ou tout ça. Je cherche, c'est dans ma tête. C'est un peu bizarre, mais je me dis cette voix-là, oui, soit une combinaison avec un tel, soit un répertoire que j'ai envie de faire. Il me manque quelqu'un. Et là, je lui dis, j'ai un jeune ensemble. Il me dit, tu ne peux pas imaginer, on entend ça tout le temps. Quelqu'un qui dit, j'ai créé un ensemble. Et là même, je l'ai payé de ma poche. C'est-à-dire, on faisait ça gratuitement, nous, à l'époque. Et moi, lui, je lui ai donné de mon argent pour le convaincre. Parce que j'étais vraiment persuadé. J'avais une intuition de nouveau. C'était lui dont j'avais besoin. Et là, je le convainc juste par le choix de la musique. Il me dit Samuel Scheidt. Alors là, je ne savais pas qu'il était fanatique de cette musique. Donc voilà, il y a un coup de chance de nouveau. Non, mais on parle de... Oui, des gens qui ont résisté. Il y en a eu, et tant mieux. En fait, j'adore ça. J'adore. Pourquoi ? Pourquoi ? Je crois qu'on aime toujours aussi dans sa vie aller vers des choses qui nous résistent. Il y a la même chose dans les instruments. Pour moi, la flûte à bec a toujours été facile. Ça, je crois que dans l'étape de ma vie, quand j'étais jeune, ça aussi, ça m'a séduit. C'est-à-dire le fait d'être doué. J'adore ça. J'étais le garçon doué qui faisait 3-4 années d'académie en un an.

  • Speaker #1

    C'est le contraire de la résistance.

  • Speaker #0

    Oui, mais donc, quand le chant est arrivé, il y a eu beaucoup plus de difficultés. Et c'est pour ça que je n'ai pas lâché. J'ai adoré le fait de me dire, je veux y arriver, je veux y arriver. et son ensemble, sans aide, sans rien. Je pense qu'en fait, si ça avait été trop facile, je ne pense pas que votre ministre serait encore là. Je crois que j'aurais arrêté.

  • Speaker #1

    C'était conquérir un continent, un peu.

  • Speaker #0

    Conquérir, oui, le... Alors, on parlait de politique avant, je n'ai aucun passe-droit, je déteste ça. Je voulais toujours... Je suis quelqu'un, oui, on parle beaucoup de ça en France, l'école du mérite. On adore ça. C'est-à-dire d'estimer qu'on peut partir de nulle part. De soi-même. De soi-même. Et que si on étudie bien, si on est passionné, on a des qualités, il y a un moment ou l'autre, ça fonctionnera. Et ça, je crois que c'est vraiment très fort en moi. Mes deux parents étaient... Ils sont toujours, mais ils étaient, parce qu'ils sont à la retraite fonctionnaire, tous les deux. Donc voilà, l'école, c'est quelque chose d'important. Ah oui, je crois que ce que j'ai adoré, et ce que j'adore toujours, enfin c'est plus facile entre guillemets maintenant, mais il y a toujours des autres difficultés, financières ou que sais-je. Je crois que ce que j'adore, c'est arriver à réaliser des choses qui étaient a priori pas possibles, ou en tout cas difficiles. La résistance, j'adore ça, j'adore le challenge, j'adore le... Oui, j'adore y arriver. Et donc je crois que j'aime beaucoup ça. Je disais oui, j'ai besoin de marcher, j'ai besoin de réfléchir, etc. C'est parce que je me rends compte que si tout est facile, je m'ennuie. et j'aime pas m'ennuyer je crois en fait là je parle mais ça doit être rare c'est rare oui je m'ennuie très peu donc est-ce que j'ai bâti une vie aussi qui me permet de pas m'ennuyer c'est tout à fait possible c'est pas consciemment mais j'adore la vie j'adore vivre une valse à trois temps qui s'en prend encore le temps

  • Speaker #2

    Qui s'offre encore le temps de s'offrir des détours du côté de l'amour Comme c'est charmant une valse à quatre temps C'est beaucoup moins dansant C'est beaucoup moins dansant mais tout aussi charmant Qu'une valse à trois temps, une valse à quatre temps, une valse à vingt ans C'est beaucoup plus troublant C'est beaucoup plus troublant mais beaucoup plus charmant Qu'une valse à trois temps, une valse à vingt ans, une valse à cent ans Une valse à cent ans Sur ces jolis mots avec Lionel Meunier,

  • Speaker #3

    on a pris le chemin du retour et poursuivi la discussion sur un terrain plus quotidien, futile, anecdotique peut-être, mais ça fait partie de la vie aussi.

  • Speaker #0

    Ce que je fais, 13 kilomètres hier. Ça peut être tout simple, je me balade dans la forêt ici, où je vais chercher des fraises à Ouipion. Donc c'est ce que j'ai fait hier. J'ai pas de voiture. Ce qui est un... Oui. C'est un choix... Plus de voiture depuis... Depuis janvier 2020. Ah oui,

  • Speaker #1

    donc pour rentrer à Malone, ici, c'est...

  • Speaker #0

    C'est d'office le bus ou un taxi quand j'arrive trop tard. Et donc je ne vais plus dans les supermarchés. On peut y arriver. Oui, oui, oui. Oui, mais bon, à la fois, je ne suis pas non plus... Mon métier, c'est de voyager. Donc je vais dans des avions, j'essaie d'être dans le train le maximum possible, les trains de nuit, etc. Maintenant, je ne suis pas un exemple. Maintenant, je me suis rendu compte qu'en n'ayant pas de voiture... Ça a changé mon rythme de vie, etc. Et on se rend compte aussi beaucoup plus de ce qu'on a autour de soi. Il y a la ferme du Remont, ici, juste au-dessus, qui est à 10 minutes à pied, qui fait venir des produits. Donc tous les fromages viennent de 10 km maximum autour, sauf un comté très très bon, qui vont chercher par meule entière, enfin bon, pas ça. Donc quelques produits d'Espagne, comme je disais, des agrumes, etc., mais qui sont sans irrigation, enfin voilà, toutes les choses comme ça, mais la plupart, que ce soit peu de viande, en fait, vraiment petite quantité, mais très bien. très bien faite, etc. Et donc, pas de déchets non plus, parce que je suis également à la maison.

  • Speaker #1

    Zéro déchet à la maison ? Oui, le moins de déchets possible.

  • Speaker #0

    Et donc, je me suis rendu compte que si on commence à voir, en fait, à marcher un peu, surtout pendant le Covid, parce que j'ai déménagé et le Covid nous est tombé dessus trois mois après, quatre mois après, on se rend compte de ce qu'on a autour de soi. C'est-à-dire, au lieu de prendre la voiture pour aller à un supermarché, pour aller tout acheter, on se rend compte qu'on a des possibilités. Et donc, en fait, je me suis mis à... Pour ce qui est d'y arriver,

  • Speaker #3

    j'ai l'impression qu'on peut tranquillement faire confiance à Lionel. Pour commencer, on pourra lui confier nos oreilles le 27 juin à Flagey et à d'autres occasions, nombreuses vous l'avez entendu, d'aller écouter l'ensemble Vox Luminis. Si vous avez aimé ce podcast, signalez-le avec un petit cœur ou un petit pouce, partagez-le et faites votre marché pour les concerts à venir sur lesfestivalesdewallonie.be.

Share

Embed

You may also like