Speaker #0Les éditions Caracolivre présentent Contes merveilleux pour enfants Lus par Fabienne Prost Le petit garçon et la petite fille dans les nuages Contes amérindiens Un soir, Iagoo le conteur était assis dans son coin favori regardant les braises du feu de bois comme s'il était en train de rêver. Quand il était comme ça, les enfants savaient qu'il valait mieux ne pas l'interrompre en posant des questions ou en le suppliant de leur raconter une histoire. Ils savaient que Iagoo repassait dans son esprit les choses étranges qu'il avait entendues et les choses merveilleuses qu'il avait vues, que les bûches en feu et les braises rouges prenaient des formes curieuses et formaient des images bizarres que lui seul pouvait comprendre. et que s'ils ne le dérangeaient pas, il se mettrait bientôt à parler. Ce soir-là, cependant, bien qu'ils aient attendu patiemment et qu'ils aient parlé seulement à voix basse entre eux, Iagoo restait assis là comme s'il était de pierre. Ils commencèrent à craindre qu'il ne les ait oubliés et que l'heure du coucher arrive sans leur histoire. Alors enfin, la petite fille, Gloire du matin, très curieuse, pensa à une question qu'elle n'avait jamais posée auparavant. Iagoo ? dit-elle, puis elle s'arrêta, craignant de l'offenser. Au son de sa voix, le vieil homme se réveilla, comme si son esprit avait fait un long voyage dans le passé. Qu'y-a t-il Gloire du matin ? Iagoo, peux-tu me dire, peux-tu me dire, est-ce que les montagnes ont toujours été là ? Le vieil homme la regarda gravement. Qu'importait la difficulté ou l'inattendu de la question, Iagoo était toujours heureux de répondre. Il ne disait jamais: je suis trop occupé, ne me dérange pas ! ou Attends ! une autre fois ! Donc, lorsque Gloire du Matin lui posa cette question particulière, il hocha sa tête sage en disant : Tu sais, je me suis souvent posé cette même question. Est-ce que les montagnes ont toujours été là ? Il fit une pause et regarda de nouveau dans le feu, comme si la réponse s'y trouvait, s'il le regardait assez longtemps. Enfin, il parla de nouveau. Oui, je pense qu'il est vrai que les montagnes ont toujours été là. Les montagnes et les collines. Elles ont été créées quand le monde a été créé, il y a très très longtemps. Et l'histoire de la création du monde, je vous l'ai déjà racontée. Mais il y a une haute colline qui n'a pas toujours été là. Une colline qui a poussé comme par magie, d'un coup. Vous ai-je déjà raconté l'histoire du grand rocher ? Comment il s'est élevé et élevé en emportant le petit garçon et la petite fille dans les nuages ?
Speaker #0non ! crièrent les enfants en chœur. Tu ne nous l'as jamais racontée, celle-là. Raconte-la nous maintenant ! Et voici l'histoire du grand rocher magique, tel que le vieux Iagoo l'avait entendu de son grand-père, qu'il avait entendu de son arrière-grand-père, qui était presque assez vieux pour avoir été là lui-même quand tout cela arriva. À l'époque où tous les animaux et les hommes vivaient en bon terme, quand Coyote, le loup des prairies, n'était pas un mauvais bougre, quand on le connaissait, et que même le lion des montagnes grognait gentiment et vous saluait, vivaient alors dans une belle vallée un petit garçon et une petite fille. Cette vallée était un endroit merveilleux où vivre. Jamais il n'y eut un terrain de jeu semblable sur terre. C'était comme un immense tapis vert s'étendant sur des kilomètres, et quand le vent soufflait sur les hautes herbes, c'était comme regarder les vagues de la mer. Des fleurs de toutes les couleurs fleurissaient partout, les baies poussaient en abondance sur les buissons, et les oiseaux remplissaient l'air d'été de leurs champs. Le meilleur de tout, c'est qu'il n'y avait rien à craindre. Les enfants pouvaient se promener à leur guise, observer les papillons colorés, se lier d'amitié avec les écureuils et les lapins, ou suivre le vol de l'abeille jusqu'à un arbre où son miel était stocké. Quant aux animaux sauvages, c'était très différent de ce que c'est aujourd'hui. où ils sont enfermés dans des cages ou sont confinés dans un petit bout de terrain derrière une haute clôture. Dans cette belle vallée, les animaux couraient libres et heureux, comme ils étaient censés le faire. L'ours était un grand bonhomme paresseux et de bonne humeur, qui vivait de baies et de miel sauvage en été, et en hiver, se glissait dans sa caverne dans les rochers et y dormait jusqu'au printemps. Les cerfs n'étaient pas seulement doux, mais apprivoisés comme des moutons et venaient souvent brouter l'herbe tendre qui poussait là, où les deux enfants avaient l'habitude de jouer. Ils aimaient tous les animaux et les animaux les aimaient. Mais peut-être que leurs favoris était Jack le Lapin et Antilope. Jack le Lapin avait de longues jambes et de longues oreilles. Presque aussi longues que celles d'un mulet. Et aucun animal de sa taille ne pouvait sauter aussi haut. Mais bien sûr, il ne pouvait pas sauter aussi haut qu'Antilope, le nom d'un beau petit cerf avec de courtes cornes et des jambes élancées, qui pouvait courir comme le vent. Une autre chose qui rendait cette vallée heureuse, si agréable à vivre, était la rivière qui la traversait. Tous les animaux venaient de loin pour boire son eau claire et fraîche, et pour s'y baigner par une chaude journée d'été. Un bassin un peu profond semblait fait spécialement pour les petits garçons et la petite fille. Leur ami, le castor, avec sa queue plate comme une rame, et ses pattes palmées comme celles d'un canard, leur avait appris à nager dès qu'ils avaient appris à marcher; et barboter dans le bassin un après-midi chaud était l'un de leurs plus grands plaisirs. Un jour, au milieu de l'été, l'eau était si agréable qu'ils restèrent dans le bassin beaucoup plus longtemps que d'habitude, si bien que lorsqu'ils en sortirent enfin, ils étaient très fatigués. Et comme ils avaient un peu froid, ils cherchèrent un endroit où se sécher et se réchauffer.- Montons sur ce grand rocher plat avec de la mousse dessus, dit le petit garçon. Nous ne l'avons jamais fait avant. Ça sera amusant. Alors il grimpa par le côté du rocher, qui n'était qu'à un mètre de hauteur, et il tira sa sœur après lui. Ils s'allongèrent pour se reposer, et très vite, sans le vouloir du tout, ils s'endormirent profondément. Personne ne sut jamais pourquoi, à ce moment-là, le rocher commença à s'élever, à s'élever. Mais cela s'est bien produit, car il est là, aujourd'hui, haut, nu et escarpé, plus haut que toutes les autres collines de la vallée.