- Speaker #0
Bienvenue dans le nouvel épisode de Côté Canap. Aujourd'hui, on plonge dans un univers parfois méconnu, souvent sujet à débat, mais pourtant omniprésent, celui de l'intime sur les réseaux sociaux. J'ai le plaisir de recevoir une invitée passionnante, Marie Brassel, une social media manager spécialisée dans ce domaine. Elle nous éclairera sur son rôle, du développement de coaching à la stratégie marketing, et on ne s'est pas fait prier pour aborder les questions qui fâchent. Attendez-vous à un débat sans filtre sur l'éthique de son métier et les difficultés qu'elle rencontre au quotidien, notamment face à la censure. Installez-vous confortablement, cet épisode risque d'être très éclairant. Bonjour Marie et bienvenue sur Côté Canap. Est-ce que tu peux te présenter, nous dire un petit peu qui tu es et qu'est-ce que tu fais dans la vie ?
- Speaker #1
Eh bien bonjour, moi je suis Social Media Manager et Coach en Communication, spécialisée dans le domaine de la sexualité, de la santé sexuelle et tout ce qui a trait à l'intime. Je pratique depuis plus de 4 ans maintenant Je suis à mon compte et j'ai la chance de travailler avec des clients du domaine depuis le début
- Speaker #0
Et comment tu en es venue à faire ce métier qui est un petit peu atypique ? Est-ce que tu sais nous expliquer un petit peu qu'est-ce que c'est Community Manager ? Parce qu'on entend souvent ce mot mais derrière on ne sait pas trop ce que c'est Et après on parlera peut-être de l'orientation de ta cible justement Ça marche,
- Speaker #1
alors comment je suis devenue Community Manager ? Initialement ce n'était pas du tout prévu je dois dire Merci. Moi, j'ai fait des études en histoire de la sexualité pendant plus de dix ans. Je suis spécialiste de l'histoire de la sexualité et du travail du sexe au Moyen-Âge. Ah oui,
- Speaker #0
c'est particulier comme étude.
- Speaker #1
Exactement, c'est assez spécifique. J'ai étudié les couvents de repentis. Donc, c'est les couvents qui accueillaient les prostituées, les femmes adultères, les femmes mal mariées, les femmes battues. Et en fait, pour payer mes études, j'ai travaillé en parallèle dans le milieu de la bière. et c'est à ce moment-là avec que j'ai commencé à faire mes armes en communication et j'ai été formée par d'autres community managers. Et peu à peu, j'ai décidé de me... Quand j'ai arrêté ma thèse, je me suis lancée à mon compte. D'abord, je faisais la communication dans le milieu de la bière, mais je n'y trouvais pas mon compte, je n'étais pas épanouie. Et un jour, j'ai décidé de vraiment me spécialiser, me nicher dans le domaine de la sexualité.
- Speaker #0
Et pourquoi la sexualité ? C'est parce que c'est un attrait atypique ? Pourquoi ce domaine-là particulièrement ?
- Speaker #1
Alors ce domaine-là, simplement parce qu'en fait, ça me permet d'avoir une démarche militante. C'est en fait, c'est un milieu qui favorise l'éducation à la vie affective et sexuelle, qui est un gros manque aujourd'hui en France et à l'échelle internationale. Donc ça me permet de m'investir aussi pour le droit des femmes, le droit des minorités. Et donc en fait, plus on va amener et démocratiser l'éducation sexuelle. plus on va favoriser les droits. Donc c'est aussi pour ça que j'ai choisi. Puis c'est aussi un héritage, en fait, de ce que j'ai étudié. C'est qu'en ayant étudié un peu plus l'histoire du genre que l'histoire des hommes et des femmes à travers l'histoire, je me suis rendue compte des inégalités qui perdurent jusqu'à aujourd'hui, qui ont un impact jusqu'à aujourd'hui. Et c'est pour ça, en fait, j'ai pris toutes mes compétences puisque je suis obligée d'avoir une connaissance empirique de l'histoire de la sexualité. Et ensuite, mes compétences on-com. Et j'ai mis tout ça dans un shaker et je suis devenue community manager.
- Speaker #0
Et quand tu dis spécialiser dans l'intime, ta clientèle, c'est qui exactement ?
- Speaker #1
Alors, j'ai une clientèle assez variée. Je travaille quand même très essentiellement avec des sexologues ou ce qu'on va appeler des coachs en sexualité. Ça peut être des accompagnantes ou des personnes qui vont en fait conseiller suite à une sexothérapie, comment mettre en place ce qu'on a appris en sexothérapie. Je travaille aussi avec des marques de type Love Store, tout ce qui va être aujourd'hui pour les adultes. Toy, Marque Bien-Être. J'ai travaillé aussi avec Olympe Deget, qui est réalisatrice de films pour adultes, autrices et militantes aussi. Je travaille également avec des créatrices de contenu de type OnlyFans, Mime, etc. J'ai des campagnes pour faire la promotion de leurs comptes.
- Speaker #0
Et c'est principalement sur les réseaux sociaux ou alors tu fais aussi de la communication en réel ? Je veux dire, s'il y a un événement, tu participes aux événements ? Comment ça se passe ?
- Speaker #1
Alors moi je suis spécialiste des réseaux sociaux, donc c'est pour ça qu'on va dire que je suis social media manager. Je prends tous les réseaux sociaux. Si j'étais amenée à faire de l'événementiel, je pourrais en faire et c'est là où mon background dans la bière me permettrait tout à fait d'en revenir, parce que j'ai fait de l'événementiel à cet endroit-là. Mais aujourd'hui je travaille essentiellement sur les différentes plateformes de réseaux sociaux, newsletters, blogs.
- Speaker #0
Et pourquoi tu penses que par exemple des sexologues ou des thérapeutes ont besoin d'une visibilité sur des réseaux ? Est-ce qu'ils ont un manque de clientèle ?
- Speaker #1
Alors déjà, avant même le manque de clientèle, les gens ne sont pas si informés de à quoi sert un sexologue ou un sexothérapeute, qu'est-ce que ça peut apporter, qu'est-ce que ça peut changer. On a encore trop l'image, en fait, qu'on associe au sexologue de la notion de perversion, anormalité, problème, alors qu'en fait, c'est bien plus large que ça. J'allais dire, la sphère d'action d'un sexologue, ça peut aussi bien aller sur le traumatique. que tout ce qui va être maladie chronique et les douleurs induites. Ça peut être aussi en collaboration avec une psychologue, par exemple. On va avoir un gros chemin de reconstruction pour une victime de violence, par exemple.
- Speaker #0
J'ai effectivement déjà reçu une sexologue qui nous a un petit peu expliqué son rôle. Donc ici, effectivement, tu rapportes et tu nous fais un petit refresh du rôle et de l'importance de ce métier. Et donc, qu'est-ce que tu proposes sur les réseaux sociaux pour eux ?
- Speaker #1
Quand je suis community manager, en fait... tout simplement je vais mettre en place ce qu'on appelle une stratégie de communication, une stratégie marketing. C'est-à-dire qu'en gros je vais déterminer les axes de communication qu'il va falloir aborder pour convaincre de l'expertise de la personne. Et la partie marketing, on va essayer de lier ces thématiques aux offres que peut proposer la personne. Ça va aussi bien sur du rendez-vous individuel que des accompagnements en ligne, des e-books, des petits coachings, des méditations guidées, des livres aussi. En gros, j'articule leur communication sur les réseaux sociaux autour de ça. Et il y a aussi la valorisation de l'expertise et du savoir et la création d'une communauté.
- Speaker #0
Quand il y a une communauté, tu peux gérer aussi ou temporiser. Si par exemple, il y a un chat en ligne ou ce genre de choses, ça fait partie de tes fonctions ?
- Speaker #1
Initialement, la profession de community manager, c'était véritablement ça, de la gestion de communauté, de la gestion de chat. Aujourd'hui, je ne le fais pas. Je n'ai pas de projet professionnel qui m'amènera à le faire. Je le fais parfois en dépannage pour d'autres personnes quand il y a besoin, mais ce n'est plus quelque chose qu'on fait aujourd'hui en tant que community manager. Plus vraiment. Tout du moins au niveau des réseaux sociaux, il y en a encore sur les sites et les forums.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui te plaît le plus alors dans cette fonction, toi ?
- Speaker #1
Tout ce qui est l'aspect stratégique.
- Speaker #0
Tu peux développer un petit peu ?
- Speaker #1
Alors ce qui est assez génial, c'est qu'en fait, quand on crée de la stratégie dans le domaine de l'intime, on doit avoir plusieurs cartes en main, maîtriser parfaitement déjà la notion d'éthique, surtout quand on... dans une communication, par exemple, inclusive ou hybride, en fait, quand on va essayer de s'adresser aux minorités, aux personnes en situation de handicap, aussi tout ce qui va être l'écriture inclusive, donc il y a cette partie-là. Il y a aussi le savoir sur la sexologie qu'il faut mélanger. Et on ajoute à ça la psychologie client, les tendances de marché.
- Speaker #0
Il ne doit pas être très évident de communiquer sur ce domaine qui est assez tabou, sur des réseaux qui sont quand même fort censurés. Comment tu t'y prends ? Comment faire pour communiquer quelque chose qui n'est pas communicable ?
- Speaker #1
Alors c'est assez compliqué, mais j'avoue avoir cette chance d'avoir travaillé très très dur sur la censure. J'ai fait énormément de recherches, de tests, j'ai débloqué de nombreux comptes. Je suis même cybernanny pour certains comptes. Quand ils sont bloqués, je fais en sorte de les réactiver. Donc je connais quasiment par cœur en fait comment fonctionne la censure, qu'est-ce qui sera filtrant, qu'est-ce qui ne le sera pas. Les erreurs à ne pas commettre.
- Speaker #0
C'est un réel atout, effectivement, d'avoir quelqu'un comme toi dans sa poche quand on fait ce métier. Je pense parce qu'effectivement, si on se fait bloquer sur un réseau, c'est toute sa visibilité qui tombe, en fait.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Donc, ce n'est vraiment pas évident. Et quand tu dis réseaux sociaux, c'est Facebook, autant Instagram. Mais est-ce qu'il y a d'autres réseaux que tu utilises ?
- Speaker #1
Oui, il y a un réseau social pour adultes d'un client sur lequel je suis en train de développer l'implantation professionnelle. j'utilise assez peu Facebook parce que c'est pas mon... réseau de prédilection. Je maîtrise, par exemple, les codes de TikTok, mais j'y exerce très très peu, en fait, pour la simple et bonne raison que la censure est parfois plus forte que sur Instagram. Mais j'avoue avoir une grosse spécialité, un gros spécialité, pardon, un gros domaine d'expertise sur Instagram. Donc j'utilise aussi bien Instagram que Thread, donc il y a... le Twitter méta. Oui, ça parait bien,
- Speaker #0
ça, comme réseau.
- Speaker #1
C'est assez puissant en termes de clics sur les liens, en fait. Je m'en suis rendue compte. Ça augmente mon taux de conversion. Donc, la conversion, c'est le moment où les gens cliquent. J'ai dû retourner sur X récemment pour un client et j'avoue ne pas m'y amuser autant que je pourrais le faire sur Instagram, par exemple.
- Speaker #0
Je voudrais revenir sur toi parce que j'avais vu sur tes réseaux, etc., que tu te fais appeler la licorne. Est-ce que tu peux nous donner un peu plus d'explications sur ce surnom ? D'ailleurs, toute ta campagne de communication en tant que community manager est sur cette image de licorne.
- Speaker #1
Alors en fait, la licorne, c'est mon avatar que j'ai choisi. L'histoire de cet avatar, elle remonte quand j'étais encore étudiante en histoire. Je partais au Canada pour pouvoir faire mes papiers. Je devais aller à Paris. Et à Paris, je suis allée au musée de Cluny et j'ai visité le musée de Cluny, qui est un musée d'histoire médiévale. Et je suis rentrée dans la salle. de la dame à la licorne. Ça a été un coup de cœur incroyable. Je suis restée plus d'une demi-heure à admirer cette tapisserie. Donc, ça m'a marquée déjà à cet endroit-là. C'est à ce moment-là que j'ai su que je voulais être historienne du Moyen-Âge. Vraiment, ça m'a parlé. Donc, j'ai gardé cette petite licorne.
- Speaker #0
C'est le fil, c'est la trame chez toi, en fait. Cette licorne.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
On peut te retrouver facilement grâce à ça aussi.
- Speaker #1
Exactement. Les années ont passé et puis j'ai toujours eu... d'ailleurs. Ce goût pour la licorne, ce côté un peu enfantin, rigolo, lumineux, pailleté. coloré, donc je l'ai gardé et puis en fait quand j'avais pendant un moment j'ai eu une associée elle me fait mais en fait toi ta communication c'est mi-clown, mi-licorne et encore une fois il y avait cette résurgence qui est revenue encore me retrouver, c'est à ce moment là que j'ai dit bon ben banco ça me ressemble tellement après dans le cadre perso je suis une grande fan de licorne aussi c'est aussi le côté très lumineux de ma personnalité très enjouée, très souriante, qui va vers les autres que je peux avoir Merci. et qui me permet aussi de tenir quand à d'autres moments, en fait, ça va un peu moins bien. Et je mets ma peau de licorne et ça me permet de me cacher aussi derrière ce masque que j'ai envie de garder. Après, dans la sexualité, il y a un signifiant assez rigolo. C'est dans l'antiquité, enfin dans le Moyen-Âge, dans l'ancien temps, en fait, personne ne pouvait approcher une licorne, seulement les vierges.
- Speaker #0
Ah oui, c'est aussi un rapport à la sexualité grâce à la licorne. Est-ce que tu as des anecdotes à nous partager en tant que community manager, que tu te dis, ça je suis vraiment fière d'avoir fait ?
- Speaker #1
Oui, alors déjà, travailler aux côtés d'Olympe Degé, c'est une de mes grandes fiertés, c'est quelqu'un que j'admire. Elle m'a appris beaucoup, j'ai déjà des convictions féministes très ancrées, mais elle m'a appris un autre féminisme, une ouverture du savoir. Et c'est aussi quelqu'un qui est devenu une présence dans ma vie. Quand j'ai eu des gros coups durs, elle m'a... Elle m'a tenue par la main. Vraiment, ça, c'est une de mes réussites. J'ai également créé un sextoy 100% made in France avec un client. Le nom de ce sextoy est The French Unicorn. Ah oui ! Même si le projet a été arrêté, c'est une fierté quand même d'avoir essayé de réimplanter une industrialisation du sextoy quand on sait que tout vient de Chine. Et sinon, en fait, ma grande fierté, c'est de réussir depuis 4 ans maintenant à vivre quasiment intégralement de la... comme grâce aux réseaux sociaux et grâce à la sexualité. C'est ce qui me fait vivre au quotidien. C'est mon métier à temps plein.
- Speaker #0
C'est une belle fierté. Oui. Est-ce que tu as parfois des problèmes avec l'éthique de cette communication quand un client peut venir ? te voir ? Parce que, voilà, tu parlais de Nifan, etc. Est-ce qu'il y a des valeurs comme ça qui sont pas en adéquation avec ce que toi, tu veux proposer ? Parce que tu parlais d'éducation sexuelle. Il y a quand même une marge entre parler d'éducation sexuelle et des sites, par exemple, qui vont proposer du contenu d'adultes. C'est pas du tout la même chose, je veux dire. C'est pas la même catégorie. Donc, comment, toi, tu t'y retrouves par rapport à cette communication. que tu jongles entre l'un ou entre l'autre ?
- Speaker #1
J'ai un leitmotiv, c'est de choisir mes clients. Et une chance, au-delà de ça, par rapport à tout ça, c'est que généralement, les personnes qui me contactent, vu qu'ils me contactent via des contacts communs et majoritairement grâce à Instagram aujourd'hui, connaissent mes valeurs. Donc, ils me contactent par valeurs partagées.
- Speaker #0
Tu n'as pas justement une pollution de gens qui espèrent une communication, mais que toi, tu ne t'y retrouves pas parce que tu n'es pas non plus là pour vendre plutôt de la prostitution, je veux dire.
- Speaker #1
Alors en fait, tout bonnement, Je n'ai pas le droit. Je n'ai pas le droit. C'est interdit par les lois en France. On n'a pas le droit d'être souteneur, mackerel, racoleur ou quoi que ce soit. Je me suis renseignée grâce à un excellent juriste aussi qui m'a aidée. Il y a aussi une certaine limite qui est une limite juridique et c'est des risques que je refuse de prendre.
- Speaker #0
Si maintenant tu commences à faire la publicité ou le contenu promotionnel d'une créatrice de contenu qui est... et à la fois sur Instagram et à la fois sur des sites comme OnlyFans. Est-ce qu'il y a une part qui correspond à de la prostitution dans ce cas-là ?
- Speaker #1
Il y a une grande différence. En fait, je ne crée pas leur contenu. Je les forme à créer leur propre contenu.
- Speaker #0
Tu ne gères pas leurs réseaux sociaux toi-même. Tu leur donnes les clés et eux rediffusent. Donc, tu ne gères aucun réseau de qui que ce soit. Tu les coaches uniquement.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Ok, ça c'est légal.
- Speaker #1
Exactement, ben oui en fait c'est parce que moi je les forme à la communication marketing
- Speaker #0
Je les forme pas à faire du racolage Et pour toi c'est ok sur le fait que ce soit du racolage ?
- Speaker #1
Alors vraiment en fait il faudrait dissocier aussi un peu ces notions là Puisque ce sont effectivement des travailleurs et travailleuses du sexe C'est une enquête qu'on ne peut pas leur enlever Mais ce ne sont pas des gens qui vendent physiquement leur corps En fait, c'est vraiment que du virtuel aujourd'hui. J'estime que ces personnes-là, ce sont leur choix de faire ce qu'elles veulent de leur corps. Si elles souhaitent vendre l'imagerie de leur corps, l'érotisme, même de la pornographie, si elles le souhaitent, je n'ai pas à avoir une opinion sur ce sujet-là. Si par contre, je sentais qu'une personne était contrainte de se mettre en avant, d'utiliser... les zoos comme on les fan et mime, je refuserais de travailler avec elles. Mais là, c'est du libre-arbitre, c'est des femmes qui ont choisi, qui le font volontairement et sciemment.
- Speaker #0
Qui le contactent volontairement pour faire la publicité de leur business, quoi.
- Speaker #1
Exactement. Et en plus, dans mes accompagnements, je mets énormément de poids sur les notions de santé mentale et de protection mentale. Donc je les invite aussi à poser des cadres, poser des limites, se faire accompagner en cas de besoin, vraiment de ne pas accepter. de rester dans leur norme de consentement et ne pas le dépasser. On les diabolise énormément, ces personnes-là, sauf que finalement, ça a toujours existé. Et puis, on n'est pas sur des prostituées qui font de l'abattage, on est sur des personnes qui, délibérément, ont fait un choix de faire ça.
- Speaker #0
Après, je vais me faire l'avocat du diable, mais le fait que ce soit sur Internet, comme ça, sur des sites, comme on cite OnlyFans, etc., Est-ce que ce n'est pas, quelque part, simplifier ce métier, entre guillemets, en se disant, il n'y a qu'à se mettre sur Internet, il n'y a qu'à se filmer pour faire un peu d'argent ? Et que ça explose ces créatrices de contenu qui sont orientées sexualité, mais qui, finalement, désacralisent aussi la sexualité en offrant son corps à tout le monde aussi rapidement, visuellement parlant ?
- Speaker #1
Alors, ce n'est vraiment pas aussi simple que ça. Ce n'était pas du tout aussi simple. Elles n'ont pas publié des contenus, gagné de l'argent.
- Speaker #0
Non, mais il y a sûrement aussi des conditions, comme pour être podcasteur, je veux dire, il y a des conditions de visibilité, etc., pour toucher quelque chose. Mais les contenus sont en masse actuellement sur les réseaux sociaux. C'est aussi une visibilité beaucoup plus facile pour que ce soit les enfants, etc. C'est de plus en plus facile d'avoir du contenu pornographique, même gratuit. Après, voilà, moi, c'est mon point de vue aussi que je parle. Je ne peux pas le cacher. Ce genre de sites ont l'air facile d'accès et on parlait tout à l'heure d'éducation sexuelle. Donc, je trouve que c'est hyper important de parler justement d'éducation sexuelle et de conscientiser tout ce qui est jeune, adulte, etc. sur le sujet, de faire la publicité pour des sites comme ceux-là, OnlyFans, etc. C'est compliqué de se dire, ben voilà, on... On privilégie encore une fois une mise en avant de ce genre de contenu. Ils ont déjà une belle visibilité.
- Speaker #1
Ils n'ont pas autant de visibilité qu'on voudrait bien le croire malheureusement. Véritablement, c'est la même démarche entrepreneuriale qu'on pourrait avoir. En fait, n'importe quel prestataire de service, pour réussir à toucher des gens, il faut créer les bons contenus, mettre les bonnes stratégies. spontanément les gens ne cliquent pas sur les liens de bio pour aller dépenser de l'argent. Donc en fait c'est l'illusion qu'on veut nous donner que c'est une mise à disposition, mais en fait tout bonnement ce sont aussi des personnes qui vont aussi filtrer les choses. Je sais qu'en fait par exemple beaucoup de mes créatrices font une guerre énorme à tout ce qui va être compte de pédopornographie, il y a énormément de faux comptes aujourd'hui. on lit fan, mime, etc. sur des visages d'enfants, de personnes qui ont soit l'air mineurs ou qui sont effectivement mineurs et elles, vraiment, elles composent une armée de luttes contre ces contes-là et elles sont véritablement engagées à ça. Ça, c'est une partie. Après, au-delà de ça, il y a aussi la pédagogie qui est là où on va parler d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. C'est qu'il faut aussi parler aux enfants de la pornographie. Il faut aussi... les éduquer sur ces sujets-là. Justement, on n'a pas attendu OnlyFans et Mime pour pouvoir avoir de la pornographie à disposition. Aujourd'hui, pour rentrer sur la plus grande plateforme de streaming de films pour adultes, il suffit juste de cliquer sur le petit bouton G18 et plus. Et d'ailleurs, en fait, généralement, tout ce qui va être OnlyFans et Mime, en façade, il n'y a pas véritablement de contenu explicite. On va être sur du contenu plutôt de type érotique. Et si les personnes ne payent pas, ils n'auront pas Merci. accès à ces contenus pornographiques. Donc il y a une espèce de barrière aussi qui est faite. La responsabilisation de la sur-sexualisation ne va pas tant sur les travailleuses du sexe que sur un problème de fond du manque d'éducation des enfants, puisque même sur les cours d'éducation à la vie affective et sexuelle, on ne leur... parle pas de la pornographie, on ne leur parle pas du consentement, on ne parle que de contraception, que des grossesses.
- Speaker #0
Le fait que ça se développe comme plateforme et que c'est si facile de finalement avoir une caméra, de se filmer en cachant sa tête ou ce genre de choses, c'est pas faire croire aussi aux gens que c'est de l'argent facilement gagné. Là où finalement la prostitution en rue c'est quand même quelque chose où la personne donne de son corps, là ok il n'y a pas contact avec peut-être une autre personne, mais il y a Quand même, enregistrement... d'une vidéo, il y a visibilité d'une partie de son intimité, c'est pas si facile de se montrer. Pourtant, quand on entend, en général, dans la vie, beaucoup vont se dire, il n'y a plus qu'à filmer ses pieds, entre guillemets, pour se faire un peu d'argent. C'est ce qu'on entend souvent. Donc, je m'interroge sur cette sensibilisation de se dire, attention, l'argent ne se fait pas aussi facilement en se filmant. Pourtant, ça a l'air si facile de créer un compte. Est-ce que ça l'est ?
- Speaker #1
C'est facile de créer un compte. Alors, par contre, on peut créer un compte, mais... Donc, moi, j'ai créé des comptes où il n'y a rien dessus, c'est parce que si je vends déjà une utilisation d'application de genre, je dois maîtriser l'application. Attention, c'est des vérités. On est obligé déjà de fournir non seulement une pièce d'identité, mais aussi un numéro de sirète. Il y a déjà ça. Il faut savoir qu'aujourd'hui, c'est 1% des créatrices de contenu qui vivent de cette activité.
- Speaker #0
Oui, c'est peu. Combien sont déjà dans le métier sans pour autant être financés, mais essayent d'en vivre ?
- Speaker #1
Beaucoup, elles sont extrêmement nombreuses. Et au-delà de ça aussi, on a une image tronquée des créatrices de contenu. On a cette image, et c'est un peu les blagues, les running-gags qui reviennent. Je fais des photos de mes pieds, je vais être millionnaire. Oui. Non. Pour la simple et bonne raison que... La production de médias, c'est une chose, mais il faut avoir la force, l'énergie et la stabilité mentale, j'ai envie de dire, et la force mentale d'échanger avec les clients. Puisque spontanément, on va dire que 99% des clients, justement, veulent du gratuit. Ils veulent des contenus gratuits. Donc, en fait, pour réussir à leur vendre quelque chose, il faut arriver à créer un lien, un lien affectif plus ou moins.
- Speaker #0
Tout le monde n'est pas capable de faire ça.
- Speaker #1
Non, bien évidemment. Et en fait, j'ai une récurrence que j'entends à force d'échanger avec des créatrices de contenu, c'est que beaucoup, on va parler des hommes parce que j'ai beaucoup de retours au niveau des hommes, mais beaucoup de ces hommes, en fait, cherchent une compagne virtuelle. Ils n'arrivent pas forcément à trouver quelqu'un dans leur vie, ça ne remplace pas leur femme, c'est juste qu'ils ont besoin de la chaleur et de la tendresse qu'un autre être humain pourrait leur apporter.
- Speaker #0
Je veux pas dire à défaut d'aller voir un psy, c'est une manière pour eux de combler le vide.
- Speaker #1
Oui, certaines créatrices me disent que parfois, elles se disent qu'il faudrait qu'elles fassent une formation de psy et qu'elles facturent des séances de psy plus que des séances de création de contenu,
- Speaker #0
en fait. Ça, c'est ce qu'on disait déjà des prostituées à l'époque. Souvent, quand on entend les témoignages, c'est beaucoup des personnes qui sont là pour écouter au-delà du travail du sexe.
- Speaker #1
Je pense que c'est bien de souligner aussi les difficultés que ça peut entraîner. Je sais que ça concerne aussi pas mal...
- Speaker #0
Toi, dans ton travail, tu vois, tu entends... tant de tes clients, tu les soutiens sur les aspects négatifs du métier de créatrice de contenu ?
- Speaker #1
Alors, pas tant de créatrice de contenu, ça va aussi bien pour les sexologues que les vendeuses de sextoys. C'est ce que je vois, j'entends et ce que j'ai vécu aussi.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qui est difficile pour eux ?
- Speaker #1
Alors, ce qui peut être difficile, c'est déjà on reçoit des témoignages de violence. Des personnes arrivent à débloquer le dialogue et à s'ouvrir à nous ou aux sexologues ou à n'importe qui. n'importe où certains créateurs de contenu, mais vraiment de comptes sexopédagogiques, les personnes s'ouvrent et on doit recevoir des témoignages de violence, on doit se mettre en retrait et surtout avoir un travail très strict et sérieux de référer aux associations, par exemple.
- Speaker #0
T'as dû te former aussi par rapport à ça, de savoir vers où t'orienter, si maintenant on décharge un peu chez toi.
- Speaker #1
Moi, je suis suivie à l'année par une psy, parce que j'estime que pour avoir les épaules de travailler dans ce milieu, il me faut prendre soin avec grande vigilance de ma santé mentale. C'est nécessaire. Après, je connais souvent des associations et comme on est un milieu assez solidaire, quand on manque de contact pour telle ou telle région, on sait qui contacter et pour qui mettre en relation avec qui.
- Speaker #0
C'est vrai que tu ne m'as pas dit, mais tu es de quelle région ?
- Speaker #1
Moi, je suis dans les Cévennes.
- Speaker #0
Et tu ne bosses pas spécifiquement que dans ta région ? J'imagine comme c'est en ligne.
- Speaker #1
Non, j'ai des clientes à Paris, à Nice, au Québec, en Belgique. Toulouse et même dans des petits endroits de campagne.
- Speaker #0
Ça, c'est l'avantage d'Internet aussi. Tu es beaucoup plus libre. Par exemple, tes visuels ou autres. Parfois, ça t'arrive d'avoir des clients qui te disent « j'aimerais bien travailler sur telle campagne et j'ai besoin de faire des visuels » . Est-ce que tu peux assister aussi ? Tu aides à ce niveau-là ?
- Speaker #1
Dans le sens pour des séances photo ? Oui. Non, je n'ai pas eu l'occasion. Ça pourrait se faire, mais c'est souvent sur des marques un peu plus grosses avec qui je n'ai pas encore travaillé aujourd'hui. parfois quand au fil de mes déplacements d'un côté à l'autre j'ai la chance de pouvoir m'arrêter chez un de mes professionnels ou une de mes professionnels souvent on fait des photos mais s'il y a des photos produites généralement je les fais moi-même chez moi ou dans la nature à côté de chez moi ok,
- Speaker #0
est-ce que c'est pas difficile de faire sa propre pub pour soi-même ?
- Speaker #1
je gère bien mieux la communication de mes clients que la mienne c'est toujours difficile soi-même Après, j'ai des habitudes. En fait, j'essaye de rester présente en story, mais j'avoue souvent, effectivement, ma com est moins bien gérée que celle de mes clients.
- Speaker #0
Dans les conseils que tu donnes, est-ce que tu orientes aussi sur tout ce qui est site Internet et spécialisé là-dedans ? Alors,
- Speaker #1
je ne suis pas du tout créatrice de site Internet.
- Speaker #0
Ça, pas du tout. Ça, c'est un autre domaine. Oui, c'est vraiment complètement un autre domaine et c'est un peu le problème. C'est qu'aujourd'hui, je ne suis plus community manager, je suis social media manager. Donc, j'ai déjà la gestion de stratégie, les opérations marketing, la détermination des offres parce qu'en fait, un community manager, normalement, ne fait pas de stratégie. De la même manière qu'en fait, j'ai dû apprendre le montage vidéo. un peu de notion de photographie, un peu de SEO. Je suis aussi formée au copywriting, donc le principe de l'écriture marketing. Donc je suis obligée d'avoir un panel extrêmement large de compétences et le web design, l'UX design pour les sites internet, c'est encore un autre monde. J'ai fait mon site internet, je fais deux ou trois sites internet pour dépanner, mais ils ne sont pas forcément optimisés. Pas si mal optimisé en termes de SEO, puisque sur Instagram aujourd'hui on utilise le référencement, donc je maîtrise la notion de mocté.
- Speaker #1
Comment tu fais pour arriver à suivre toutes ces tendances et cette rapidité de changement sur les réseaux sociaux ?
- Speaker #0
Ça fait partie de mon métier par contre, c'est ce qu'on appelle la veille. On est tenu, et ça fait partie en fait du métier de social media manager, on est tenu d'être à jour et de savoir ce qui se passe sur le terrain.
- Speaker #1
Ça doit prendre énormément de temps.
- Speaker #0
Oui, c'est consulter. Après, je suis abonnée au newsletter qui informe de ce genre de choses. Il y a aussi parfois, je me sers de chat GPT pour qu'ils me fassent un bilan des tendances. Puis après, c'est de l'observation parce qu'on passe quand même beaucoup de temps sur les réseaux sociaux. Et au bout d'un moment, on a l'œil affûté. On voit quelle tendance est en train de sortir, qu'est-ce qui se met en place, où est-ce que ça ressort. Je suis aussi abonnée à des rapports statistiques. Mais ça prend du temps, ça, c'est une autre partie.
- Speaker #1
Parce que même si tu ne veux pas suivre les tendances, il y a certaines choses qui, au niveau visibilité, t'es obligé, par exemple, les reels, je pense qu'on dit ça comme ça, sur Instagram, les vidéos comme un peu dans le style TikTok, toutes ces vidéos-là, on n'apprend pas à être monteur vidéo, donc c'est un truc, à chaque fois que tu dois avoir comme nouvelle casquette pour proposer comme projet, les carousels, ça change tellement. Initialement, quand tu te formes à faire ton métier, tu n'as pas ces compétences, donc à chaque fois, c'est en plus. Oui. C'est beaucoup d'énergie, ça.
- Speaker #0
C'est beaucoup d'énergie. Après, je suis une ancienne universitaire. Je suis allée jusqu'au doctorat. J'ai été chercheuse. Donc, j'avoue que l'aspect formation, acquisition de connaissances, ce n'est pas une problématique pour moi. Et j'adore apprendre. Donc, j'avoue, ce n'est pas la partie problématique pour moi.
- Speaker #1
Tu t'adaptes vite. Tu parlais justement de chat GPT, de l'IA. C'est un atout pour toi dans ton travail ?
- Speaker #0
C'est un atout. C'est un outil. Mais il ne me remplace pas.
- Speaker #1
Tu proposes à tes clientes de l'utiliser ? Tu as des formations qui sont orientées chat GPT pour les aiguiller dans leur communication ?
- Speaker #0
J'en avais sorti une. Je vais le dire très honnêtement et sans détour, ça n'a pas pris. Mais quand je fais des accompagnements individuels, j'apprends aux personnes à se servir de chat GPT. Je leur ai dit justement ce qu'on appelle un prompt, mais un prompt optimisé, pas juste chat GPT, trouve-moi 5 idées de contenu. C'est tout ce qui est le principe d'itération. Donc, on va avoir un résultat. on va l'améliorer et on va l'arranger le modifier le corriger et par contre en termes de production d'images je refuse en fait je sais très très bien générer des images via chat GBD mais je refuse en fait de l'apprendre de le transmettre et de le partager à mes clientes parce que j'ai été illustratrice pendant un certain temps je sais le poids que pourrait avoir l'IA sur les artistes donc je refuse de transmettre cette connaissance s'ils veulent jouer avec grand bien leur fasse mais c'est Merci. Pas moi qui vendrais la mèche.
- Speaker #1
Dans tes valeurs, tu préfères effectivement respecter le travail des illustrateurs. C'est tout à ton honneur. On a eu une illustratrice ici, justement. C'est un très beau métier. Et effectivement, l'IA, il se bat un petit peu contre en ce moment. Ce n'est pas toujours évident. Est-ce que tu as encore quelque chose que tu voudrais partager avec nous ?
- Speaker #0
Je crois que c'est travailler dans la sexualité, être femme, avoir une vie. C'est aussi une leçon. C'est qu'on devient une personne ressource pour beaucoup de monde. Mais ce n'est pas toujours simple. dans le sens où j'ai aucune pudeur pour en parler mais quand on se confronte à des dizaines voire des centaines de contenus sur la sexualité le couple, la maternité quand en tant qu'humain on vit une fausse couche, une séparation ou des problématiques comme ça il faut avoir le coeur bien accroché c'est pas donné à tout le monde et puis il y a aussi le regard des autres le regard des autres qui Quand ils entendent que je bosse dans la sexualité, justement, on m'a déjà demandé si je pouvais trouver des prostituées.
- Speaker #1
On peut faire la casquette. C'est ça.
- Speaker #0
On subit encore aujourd'hui beaucoup de clichés. Et c'est justement, en fait, ça me permet de revirer la situation. C'est aussi pour ça, aujourd'hui, que je travaille dans ce milieu. C'est que la sexualité, ça fait partie du quotidien. C'est pas tout à fait comme manger et boire, parce que c'est pas un besoin vital.
- Speaker #1
mais ça fait partie du quotidien de l'être humain en fait ça fait partie de la vie effectivement c'est pas évident de défendre cette cause là parce que autant sur l'aspect éducation sexuelle je te comprends tout à fait autant c'est vrai que quand j'ai vu le site vois ça pour moi c'est du contenu ben voilà l'amateur de l'exhibitionnisme où je m'attendais pas en cliquant a directement tombé sur ce contenu là en fait non mais après vois ça c'est une toute petite part
- Speaker #0
part de mes journées professionnelles. Par contre, à la décharge de Vois ça, par exemple, sur les grandes plateformes YouPorn, Pornhub, tu cliques juste, t'as 18 ans, tu peux rentrer. Alors nous, les personnes vont avoir accès à la nudité. Il y a quelques images explicites parce qu'on est encore en train d'entraîner notre classification de contenu. Mais pour tout ce qui est contenu griffé pornographique, c'est avec pièce d'identité. Donc les mineurs ne peuvent pas accéder.
- Speaker #1
Et toi, par exemple, sur ce site-là, qu'est-ce que tu fais exactement pour ce client-là ?
- Speaker #0
Alors, en fait, mon métier, c'est qu'en gros, on est en train de faire changer Voisa. Voisa, initialement, c'était une plateforme plutôt de type exhibition. Aujourd'hui, en fait, on a envie de prendre le contre-pied d'Instagram et de sa censure et de faire un espace où la sexualité peut être discutée sous toutes ses formes et sous tous ses aspects.
- Speaker #1
Ok, parce qu'en fait, effectivement, quand j'ai vu la communication de Voisa sur Instagram, j'ai cru que ce serait un réseau social. où on aurait vu des créatrices de contenu suggérer des choses et parler et inviter les gens à aller sur leur compte, mais beaucoup plus explicite. Et je ne m'attendais pas à des amateurs, en fait, qui s'exhibent, quoi, tout court. Là, quand tu dis, j'avais l'impression d'être sur un site de rencontre, en fait, d'exhibitionnistes.
- Speaker #0
Alors, aujourd'hui, il y a beaucoup, beaucoup d'amateurs. Et en plus, ce qui est assez rigolo, c'est qu'en fait, tu vois, sur Instagram, on est sur le modèle féminin, filiforme, musclé. Et si quelqu'un a un poil, un cap... C'est un lynchage en place publique. Et sur Vois ça, c'est... Tous les corps sont célébrés. Donc c'est aussi ça qui a réussi à me convaincre. Et oui, là, en fait, mon travail à moi, c'est de faire rentrer les créatrices de contenu de type OnlyFans, qui n'y sont pas encore vraiment beaucoup, de faire rentrer des sexologues, parce qu'on estime que si on crée un espace où on peut parler de sexualité, il faut aussi faire rentrer les pros du sujet. Il y a aussi... énormément d'artistes aujourd'hui qui ne peuvent pas publier leurs photos parce qu'il va y avoir un saint découvert ou ce genre de choses ou même des illustrations, mais moi j'ai des illustrations censurées, en gros on veut vraiment faire un espace de liberté et c'est vrai qu'on va avoir par exemple des poitrines nues normalement on ne peut pas avoir de vulve si le filtre fonctionne bien, il a encore 2-3 réglages à être optimisé mais on prend aussi le parti de dire que si les hommes peuvent se montrer torse nu les femmes aussi.
- Speaker #1
Oui, mais je comprends le contexte du du... de la plateforme. Quand je suis rentrée dessus, que j'ai lu la communication sur Instagram, pour moi, c'était OK. Mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit un défilé comme un site de rencontre finalement qu'on scrolle ou finalement ça ressemble un peu à ce système-là. C'est de la consommation visuelle, en fait.
- Speaker #0
Alors, il y a cet aspect de consommation visuelle, mais il y a aussi un gros aspect communautaire. J'avais exactement les mêmes a priori que toi quand je suis allée sur le site. Et encore, tu n'as pas eu... Tu n'as pas vu la version que j'ai eue quand moi je suis arrivée, on n'avait pas les filtres. Oui,
- Speaker #1
donc oui.
- Speaker #0
C'est moi qui ai fait mettre des filtres, j'ai dit que je ne faisais rentrer aucun professionnel sans ces filtres-là. Je pense que j'ai dû voir à peu près 250 photos de pénis et ça m'a pris trois jours pour me les enlever de devant les yeux.
- Speaker #1
Tu n'es pas blasée de voir ça ?
- Speaker #0
Non, je ne suis pas blasée, je réagis souvent assez mal à la surexposition. Et d'ailleurs, c'est assez rigolo, je disais que je suis arrivée sur... X, en fait, moi, mon feed Vois ça est moins explicite que ce que je peux voir sur X. Et en fait, sur Vois ça, là, pareil, on est en train de refaire la charte, on interdit toutes les pratiques extrêmes, les discours violents, les discours haineux. Oui, là, pour le moment, on a énormément de contenu amateur, mais c'est ma job, en fait, là, d'arriver et de faire rentrer des contenus qualitatifs. C'est justement toute la mission que j'ai, moi. C'est ça que je porte aujourd'hui pour Vois ça.
- Speaker #1
Ça ne se voit pas, en fait, ce que tu fais. On va faire une petite mise à jour, un jour, et ça sera comme ça. Et on ne se serait pas posé la question que c'était ton métier derrière.
- Speaker #0
Non. Moi, quand je suis rentrée, j'ai encouragé justement. On a testé la communauté Vois ça avec des challenges de création de contenu. Donc, c'est moi qui lançais les challenges. Je leur ai donné aussi énormément de conseils de création de contenu, mieux cadrer une vidéo, comment la rendre plus jolie. Parce qu'on n'en pouvait plus de tous ces hommes qui prenaient le fond de slip en photo. Et les hommes ont commencé à oser poser, montrer leur dos, montrer plus autre chose. donc c'est Mais même cette communauté qui a l'air hyper sexualisée est en recherche de beau. Et en fait, voilà, mes actions, elles sont invisibles, mais c'est ce qui a commencé à faire migrer aussi, voir ça, vers un site un peu différent.
- Speaker #1
Ok, c'est bon à savoir. Tu vois, comme ça, j'en apprends un peu. Merci pour ça aussi.
- Speaker #0
Le plus gros de mon temps, je le passe avec les sexologues de toute façon. C'est pour ça que j'ai ce bagage en santé sexuelle, parce que j'apprends avec des vrais pros.
- Speaker #1
Et c'est ce que tu préfères ?
- Speaker #0
Oui et non. Oui et non. Enfin oui. C'est différent.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
c'est complètement différent, parce que voir ça me challenge en termes de communication, marketing. Et les sexologues, que ce soit sexologue, coach... ou les différentes personnes que j'ai accompagnées ou les éducatrices à la santé sexuelle, je suis tombée que sur des perles de personnalité. C'est des personnes ouvertes d'esprit. En fait, beaucoup d'entre elles, on reste en contact à la fin des contrats, on devient une espèce de cercle bienveillant et solidaire. Quand j'ai des opportunités, je leur donne et vice-versa. Enfin, c'est vraiment hyper chaleureux et hyper humain. C'est ça qui est très, très chouette.
- Speaker #1
En tout cas, merci beaucoup pour ta présence et ton éclairage sur ce métier qui est un petit peu atypique. Ce n'est pas tous les jours qu'on entend parler de ce métier qui tourne autour de la communication sexuelle. Donc je t'en remercie.
- Speaker #0
Avec grand plaisir, merci de m'avoir proposé de participer et de m'avoir invité.
- Speaker #1
C'est la fin de notre discussion avec Marie Brassel. Je la remercie chaleureusement pour cette immersion passionnante dans le monde de l'intime et pour ce débat essentiel sur l'éthique et la censure. Pour prolonger la conversation, rendez-vous sur nos réseaux sociaux ou laissez-nous un avis. Et pour ne pas manquer les prochains épisodes, Abonnez-vous à Côté Canapes. A la prochaine !