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Se reconstruire à la maison des femmes de l’AP-HP à l’hôpital Bichat cover
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Dans la seringue

Se reconstruire à la maison des femmes de l’AP-HP à l’hôpital Bichat

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22min |07/03/2024
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22min |07/03/2024
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Description

C’est un petit pavillon, à l’écart des grands bâtiments de l’hôpital Bichat – Claude-Bernard, dans le 18e arrondissement de Paris. On y entre malheureusement, jamais par hasard. La maison des femmes de l’hôpital Bichat a été inaugurée en novembre 2021, portée par le département médico universitaire de gynécologie périnatalité du groupe hospitalo-universitaire AP-HP . Nord-Université Paris Cité. Une maison « cousine » des autres maisons des femmes ouvertes par l’AP-HP, à La Pitié-Salpêtrière, à l’Hôtel-Dieu et l’hôpital Bicêtre, dans une volonté d’améliorer le parcours et la prise en charge des femmes victimes de violence conjugales, sexuelles et psychologiques.


Chaque année, elle sont environ 350 à être accueillies ici en consultation.


Alors, pour lutter contre ce qui semble être une fatalité, dans « cette maison un peu particulière », les femmes majeures peuvent trouver les ressources nécessaires, sur les plans social, juridique, sanitaire, judiciaire.. mais surtout humain, pour tenter de se reconstruire.


L’accompagnement y est global, continu, et la « confiance » règne en maître mot pour permettre une « alliance thérapeutique » efficiente.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Quand on arrive là, en général, c'est qu'il y a eu du mal de fait. Ça m'a sauvé la vie quand même. Et c'est vrai que ça donne quand même énormément d'espoir, en fait. Vraiment.

  • Speaker #1

    L'assistance publique hôpitaux de Paris présente Dans la seringue.

  • Speaker #0

    Même quand on retombe, bon, il y a ça. Je connais le trajet par cœur.

  • Speaker #1

    Au cœur de la santé, avec les femmes et les hommes qui font la PHP.

  • Speaker #0

    C'est un peu s'agripper à... Quelque chose, et c'est une très très grosse boussole.

  • Speaker #1

    Une collection de podcasts qui permet de mieux connaître les maladies et leur prise en charge.

  • Speaker #2

    Alors je suis entrée à l'hôpital Bichat.

  • Speaker #1

    Épisode 11. Se reconstruire à la maison des femmes de l'APHP hôpital Bichat.

  • Speaker #2

    Et je cherche la maison des femmes. Donc là je vois secteur Claude Bernal, parinatalité, la boussole, psychiatrie. C'est un petit pavillon à l'écart des grands bâtiments de l'hôpital Bichat Claude Bernard, dans le 18e arrondissement de Paris. On y entre malheureusement jamais par hasard. La maison des femmes de l'hôpital Bichat a été inaugurée en novembre 2021, portée par le département médico-universitaire de gynécologie périnatalité du groupe hospitalo-universitaire APHP Nord, Université Paris-Cité. Une cousine des autres maisons des femmes, ouverte par l'APHP à la Pitié-Salpêtrière, à l'hôtel Dieu et à l'hôpital Bicêtre dans une volonté d'améliorer le parcours et la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales, sexuelles et psychologiques. Chaque année, elles sont environ 350 à être accueillies en consultation ici. Alors, pour lutter contre ce qui semble être une fatalité, dans cette maison un peu particulière, les femmes majeures peuvent y trouver toutes les ressources nécessaires sur les plans social juridiques médical et psychique judiciaire et surtout humain pour tenter de se reconstruire l'accompagnement y est global continu et la confiance règne en maître mot pour permettre une alliance thérapeutique efficiente je passe sous un porche et c'est là

  • Speaker #3

    Pour ma bienvenue.

  • Speaker #0

    Merci. J'ai été victime de violence il y a très longtemps, que j'avais oublié. Et elles sont revenues tout à coup, dans le cadre d'un accompagnement d'une proche qui avait un cancer en fait. Je tenais le coup. Et quand elle a guéri, moi j'ai sombré. Et donc là, il s'est passé quelque chose qui est revenu et j'ai rien maîtrisé. J'avais pas tellement conscience que les violences anciennes pouvaient être actuelles. Je ne savais pas comment faire avec. Et ça a libéré des choses et j'ai eu la chance inouïe, inouïe, inouïe, inouïe de tomber sur un psychologue que j'ai rencontré à une réunion qui m'a parlé de la maison des femmes de Bichat qui venait d'ouvrir et qui m'a conseillé d'y aller. C'était vraiment le moment qu'on me sent de la main, je crois. J'étais un peu au bout, là.

  • Speaker #3

    C'est un bel endroit, c'est calme. On essaie de ne pas surcharger les salles d'attente, de ne pas faire attendre les patientes. Voilà, petite salle d'attente dans laquelle les femmes peuvent s'installer avec un petit peu de musique. Et puis ça permet aussi de pouvoir garder un petit peu plus confidentiel les entretiens qui sont en cours.

  • Speaker #2

    Comment est-ce qu'elles sont venues jusqu'à vous ? Comment est-ce qu'elles ont trouvé la force, certaines, de pousser la porte de la maison des femmes ?

  • Speaker #4

    Trouver la force, je pense qu'il faudrait leur demander à elles, et parce que ce sont des femmes qui sont toutes très courageuses. Et les orientations des patientes, elles sont assez diverses. Ça vient d'autres services de santé, par exemple, du service des urgents, du service de la maternité, qui identifient une situation de violence et qui leur proposent de venir vers nous, vers la maison des femmes.

  • Speaker #3

    On a principalement des femmes qui sont parisiennes, mais du fait de la situation de l'hôpital Bichat, qui est en toute périphérie du 93 et du 92, On a eu quelques orientations qui peuvent nous venir aussi de ces départements.

  • Speaker #4

    Ça peut être le service social de ville, les services de santé de ville, des associations, des amis parfois qui leur conseillent d'aller à la maison des femmes ou elles-mêmes, qu'elles se décident à venir.

  • Speaker #3

    Le soin en fait, il commence dès le moment où la femme arrive dans cette structure soutenue par un département de gynécologie périnate. On va prendre en considération la femme dans son ensemble, à la fois au niveau de sa santé, mais le soin c'est aussi le soutien, pouvoir parler. Des violences qu'elles ont vécues, être comprises et pouvoir être soutenues dans leurs démarches. Et cette écoute, c'est bien entendu du soin. Et ce soin, il commence dès le premier contact.

  • Speaker #2

    Il y a un couloir avec, on va dire, d'une dizaine de mètres, avec de chaque côté des portes qui s'ouvrent. Alors, à gauche, il y a un lieu où il y a marqué Accueil Oui,

  • Speaker #3

    c'est le lieu d'accueil. Donc, c'est le bureau de ma collègue aide-soignante Céline. Les femmes sonnent. Il y a une visio, c'est ça ? Il y a une visio. En fait, l'accès de la structure est sécurisé. Des personnes qui n'avaient pas rendez-vous, on peut discuter via l'interphone et éventuellement empêcher les intrusions.

  • Speaker #4

    Déjà, l'intérêt, c'est d'être dans une écoute bienveillante, d'être disponible, lui laisser la parole aussi sur ce qu'elle a à dire, évaluer les différentes violences qu'elle a pu vivre. Par exemple, s'il y a eu des violences physiques, s'il y a eu des violences psychologiques, s'il y a eu des violences sexuelles, s'il y a eu des violences administratives, économiques. Évaluer aussi la dangerosité de la situation. Est-ce que c'est une patiente qui est très en danger au domicile ? Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce qu'il y a des violences très actives ? Est-ce qu'il y a des situations, ce qu'on appelle un petit peu aiguë, avec beaucoup de crises par exemple ? Et c'est voir aussi ce qu'elle, elle souhaite trouver à la maison des femmes. Écouter un peu sa temporalité aussi à elle. Parfois, elles n'ont pas de demande sociale au départ, mais ça vient après. Et voilà, faire un point sur tout ça au premier entretien d'accueil. Donc l'objectif, c'est de coordonner ou commencer à organiser le parcours de soins et d'en faire un retour à l'équipe après en staff.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #5

    Alors on a des réunions tous les vendredis matins. Le but c'est vraiment d'être ensemble, de pouvoir échanger sur les dames. On évoque aussi les difficultés qu'on a. Le but c'est vraiment de pouvoir collaborer sur un suivi et que ce soit vraiment un accompagnement pluridisciplinaire.

  • Speaker #0

    J'étais dans la pièce à côté quand je suis arrivée ici la première fois avec une infirmière qui s'appelait Blandine. Je ne sais pas où elle est mais je pense où. Je suis arrivée avec l'idée que je n'avais pas grand-chose à faire ici. La maison des femmes pouvait m'aider, je n'en avais aucune idée.

  • Speaker #2

    C'est quoi l'urgence sociale pour une femme qui arrive ici, victime de violences conjugales ? C'est de la mettre à l'abri ?

  • Speaker #4

    C'est pas l'urgence, oui, ça va être ça, oui. Ça arrive que des patientes viennent avec leur bagage en disant ce soir, je ne peux pas rentrer Oui, c'est l'urgence première au niveau social, c'est de trouver effectivement une mise en sécurité. Il n'y a pas de possibilité de dormir et d'être hébergé ici. On sollicite des dispositifs sociaux, etc., qui existent et qui sont déjà mis en place, mais qui, il faut le dire, sont très souvent saturés aussi.

  • Speaker #2

    Il y a aussi une carte de Paris, avec j'imagine plein de praticiens qui sont identifiés.

  • Speaker #3

    En santé mentale, nous sommes une petite structure. On travaille évidemment en coordination avec les centres connus de prise en charge en psychotrauma. Et on a aussi identifié des praticiens qui sont formés au psychotrauma, qui sont aussi formés aux situations de violence, de manière à pouvoir orienter les patientes au niveau de la ville et des secteurs.

  • Speaker #2

    Avec plein de petites flèches qui renvoient à des noms et à des adresses.

  • Speaker #4

    Effectivement, dans le cadre des suivis sociaux, je fais ce que j'appelle de la coordination sociale, c'est-à-dire que s'il y a d'autres intervenants sociaux autour de la patiente, c'est me coordonner avec eux, se mettre en lien, savoir ce qu'on fait. pour soutenir au mieux la patiente, ne pas faire doublons dans nos démarches. Ça peut être avec la CAF, par exemple le service social de la maternité. Toutes les situations sont singulières. Donc en fait, c'est aussi là l'intérêt de faire une évaluation sociale, c'est de comprendre qui entoure la patiente, quel professionnel, et de se coordonner entre nous pour les soutenir au mieux.

  • Speaker #3

    Par exemple, là, on est dans le bureau, notre travailleuse sociale... Et on a effectivement des petits cycles qui sont positionnés là sur son tableau. On trouve par exemple le cycle de la violence qui va expliquer les différents événements qui peuvent se produire dans une relation violente dans le couple.

  • Speaker #2

    Avec au centre pouvoir et contrôle, c'est recours à la coercition et menaces, recours à l'intimidation, à la violence psychologique, à l'isolement. Nier, blâmer, minimiser, utiliser les enfants, invoquer le privilège masculin, ça c'est toutes ces situations de violence que peuvent rencontrer les femmes qui viennent nous voir.

  • Speaker #3

    Tout à fait, et le présenter sous forme d'un outil, en lisant ces phrases qui leur parlent, elles sortent de l'isolement et elles peuvent dire mais c'est tout à fait ça en fait, c'est tout à fait moi.

  • Speaker #0

    Je crois que c'est l'infirmière qui m'a dit... ce que je devais parler, donc c'est un peu brumeux.

  • Speaker #3

    Et nous, on peut leur dire, mais en fait, vous n'êtes pas la seule à partager ce type de situation. Elles nous le disent parfois, ça, j'en ai jamais parlé.

  • Speaker #0

    Elle m'a dit, ce que vous me dites, c'est des violences. Alors que moi, je n'employais pas ce mot-là. Et ici, on a des choses qui peuvent vous aider. Et là, je me suis dit, c'est inespéré.

  • Speaker #3

    Puis après, on poursuit dans ce couloir. Et effectivement, dans l'ensemble de la structure, il y a six bureaux.

  • Speaker #2

    Alors pour résumer, combien de personnes travaillent ici ?

  • Speaker #3

    Je suis à temps plein. On a une infirmière, une aide-soignante, une intervenante sociale, une psychologue. et une psychiatre qui est présente une journée par semaine.

  • Speaker #0

    J'avais déjà un psychologue, donc j'ai vu la psychiatre. Je me suis beaucoup, beaucoup, beaucoup méfie.

  • Speaker #3

    Et on a la présence le jeudi matin de la police. Ce sont des policiers qui sont formés au recueil des plaintes pour les femmes victimes de violences conjugales.

  • Speaker #0

    J'avais besoin de conseils juridiques, donc on m'a proposé de voir une juriste et j'ai pu voir une juriste ici. qui m'a beaucoup aidée aussi.

  • Speaker #3

    Au niveau des entretiens avec la police, c'est vrai qu'ils ont besoin d'être exhaustifs, de poser de manière factuelle les éléments de violence quand elles sont décidées à la plainte. Elles ont parfois été préparées aussi en amont avec la juriste et parfois on doit travailler un certain temps avec elles par rapport à pouvoir déposer plainte ou envisager la plainte.

  • Speaker #0

    En fait, on m'a dit que j'avais le droit de demander des comptes à la justice et j'avais besoin d'être orientée et ça m'a quand même aidée. Et du coup, elle m'a adressée à la justice restaurative qui cherche à mettre en dialogue des agresseurs et des personnes victimes, quels que soient les délits, pour tenter de... Enfin, très honnêtement, pour moi, de hanter l'esprit des personnes qui pourraient repasser à l'acte et qui y pensent tous.

  • Speaker #3

    Ici on a le bureau de l'infirmière.

  • Speaker #2

    Donc ça c'est un petit document qui évoque la peur.

  • Speaker #3

    Une sorte de petit mémo.

  • Speaker #2

    De mémo pour repérer un psychotraumatisme.

  • Speaker #3

    Les symptômes qu'elles peuvent le plus fréquemment rencontrer.

  • Speaker #5

    Alors, il va y avoir plusieurs symptômes qui vont se retrouver chez les femmes victimes de violences. Pas toujours les mêmes et pas toujours pour toutes les femmes. Globalement, ce qu'on retrouve, ça va être plus majoritairement des traumatismes complexes, des troubles dépressifs, des troubles anxieux, des réactivations avec des reviviscences, des images qui vont revenir de leurs événements de violence. Ça va être beaucoup de cauchemars, des troubles du sommeil, des troubles de la concentration, des troubles de la mémoire, où les femmes ne vont pas se souvenir de ce qui s'est passé.... Elles vont avoir du mal à retracer les événements chronologiques. Il peut y avoir des difficultés temporo-spatiales, donc où ça s'est passé, quand ça s'est passé. Ou au contraire, parfois, il peut y avoir des souvenirs tellement intenses qu'elles vont se souvenir de tous les détails avec tout ce qui était aussi sensoriel, des odeurs qu'il y avait, elles vont sortir des sons, des mots exacts, comment ça s'est dit. Et c'est vrai que ça peut déboucher sur un profil qui est vraiment en difficulté pour créer des liens avec les autres. Donc ça va être des femmes qui vont aussi avoir des difficultés à venir au rendez-vous, qui vont prendre du temps à avoir confiance.

  • Speaker #0

    On lit des trucs, mais on n'imagine pas. Ça fait d'avoir été victime de violences, ça a des effets, pas pour les femmes qui viennent ici, je veux dire, même anciennes ou pas anciennes, ça a des effets incroyables, durables. C'est pas le temps de la violence, que la violence dure, c'est tout le temps. Vous vivez avec, jusqu'au jour où vous ne pouvez plus vivre avec. Et il faut faire quelque chose.

  • Speaker #2

    Quand on avance un petit peu, on voit déjà sur les murs, vous avez mis des sortes de décorations assez jolies, élégantes, de mains qui s'ouvrent, couleur bleue, turquoise.

  • Speaker #3

    Oui, c'est une sorte de bleu-vert. On a travaillé avec des artistes qui travaillent aussi avec d'autres services de la PHP. Et on a travaillé avec eux sur le motif qui est présenté, qui ressemble à une feuille de lotus, mais représentée par des mains. Des mains qui soutiennent les femmes, qui étaient symboliques de notre endroit.

  • Speaker #0

    Je me rappelle, il y avait une phrase accrochée sur un des placards. Je crois qu'elle y est toujours d'ailleurs. qui disait un truc du genre c'était pas réalise tes rêves ou deviens ce que tu es c'était plus plus intelligent que ça mais y'avait un truc comme ça ça m'avait marqué Une histoire avec le fait de se réaliser.

  • Speaker #2

    Et pour faciliter le retour des rêves qui passent par la réparation du corps, de l'intime et de la confiance en soi, des ateliers individuels ou collectifs sont proposés ici. Yoga, de la sophrologie ou encore un atelier créatif estime de soi avec deux artistes, sans oublier la présence d'une socio-esthéticienne et bien sûr l'atelier karaté tous les vendredis.

  • Speaker #0

    Et puis petit à petit, je suis allée au karaté. Et ça, j'ai adoré assez vite.

  • Speaker #2

    Vous avez un kimono, c'est comme ça qu'on dit ?

  • Speaker #6

    C'est ça, un kimono, oui.

  • Speaker #2

    Avec marqué Fight for Dignity. Fight for Dignity, c'est le nom de votre association ?

  • Speaker #6

    C'est le nom de l'association avec laquelle je travaille, qui a une approche psychocorporelle. qui accompagnent des personnes qui ont été victimes de violences et qui sont accompagnées par les maisons des femmes dans leur parcours de reconstruction, sur une approche de réappropriation de son corps, de confiance en soi. Dans mon parcours professionnel, je me suis spécialisée dans l'accompagnement des personnes qui ont été victimes de violences. J'ai l'approche psychocorporelle avec le karaté, j'ai aussi l'approche psychosociale dans mon métier d'éducatrice.

  • Speaker #2

    Vous avez une ceinture noire.

  • Speaker #6

    Oui, j'ai commencé le karaté, j'avais 3 ans. Donc là, ça fait bientôt 30 ans que je fais du karaté.

  • Speaker #2

    Et le but de l'atelier,

  • Speaker #6

    c'est quoi ? Nous, on est vraiment sur la réappropriation de son corps, la redécouverte de son corps, de ses sensations, puisque c'est vraiment une pratique adaptée, étudiée, pour s'inscrire dans le parcours de soins. Chaque élément de la méthode est pensé et réfléchi pour être bénéfique dans l'accompagnement dans le sujet.

  • Speaker #0

    Je me suis accrochée à ça, ça a vraiment été très important pour moi. Moi je regarde des vidéos des fois de karaté la nuit. On sait que ce n'est pas de la force en fait, ce n'est pas la force physique le plus important. Ce que ça m'apporte c'est que je me sens quand même... plus forte et que j'aurais jamais pensé faire du karaté un jour dans ma vie. Donc quand même, vu l'âge que j'ai, c'est pas mal de se rendre compte de ça quand on a 50 ans, quoi. Ça équilibre ma semaine, en fait. C'est pour ça que je viens. Je sais que quoi qu'il arrive, le vendredi, je viens. Et à chaque fois que je m'éveille, je dis rien que mettre les pieds, là. Je me sens déjà mieux qu'en arrivant. En fait quand je suis arrivée ici dans le métro j'étais un peu et je me suis dit mais qu'on me donne une armure je sais pas pourquoi j'avais ça. Voilà l'armure c'est ça quoi. Parfois il y a des moments de la semaine où quand ça va vraiment pas il y a des choses que je fais. Je reprends les techniques, je sens que ça me tient. J'ai un peu l'impression que je reprends mes appuis. C'est hyper important d'avoir ce pivot qui ne bouge pas.

  • Speaker #2

    J'ai découvert par hasard la maison des femmes. C'est très bien. Je me suis enfuie de mon mari. Je suis toujours avec lui à la maison. Pas tout à fait en sécurité. Je suis toujours en violence. psychologique que je trouve qui est sans prix.

  • Speaker #4

    Il y a un vrai impact social quand on vit des violences conjugales. Il y a aussi ce qu'on appelle des violences sociales de la part du compagnon ou de l'ex-compagnon. C'est dire, tu rentres à telle heure, tu ne sors pas là, je ne veux pas que tu sortes, je ne veux pas que tu vois ta famille, ils ne sont pas assez bien pour toi, etc. Finalement, c'est quelque chose qui entraîne de l'isolement social. Les femmes peuvent se retrouver très seules finalement, ce qui fait qu'elles ne parlent pas de ce qu'elles vivent.

  • Speaker #2

    mais là je peux m'exprimer je peux dire tout ce que j'ai sur le coeur sans limite ça a changé beaucoup de choses dans ma vie en moyenne en france deux cent treize mille femmes sont comme inès que nous entendons victimes de violences physiques psychologiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint, soit près de 11% des franciliennes.

  • Speaker #0

    Chaque chose que je fais ici, c'est comme des cubes. C'est comme quand on apprend des choses quand on est petit, on doit apprendre à mettre des choses les unes avec les autres pour construire des trucs. Parce qu'on sait pas faire. Les choses qui se sont produites et moi maintenant je peux vivre avec ces choses là ici. Je peux les emmener avec moi sans être obligée de tout le temps oublier une partie.

  • Speaker #2

    Ça vous permet de vous construire ?

  • Speaker #0

    Oui. Je ne dirais même pas reconstruire. Je dirais construire.

  • Speaker #2

    Tends-moi la main. Sauve-moi. Sauve-moi de ma tristesse et de mon malheur. Amène-moi dans ton bateau. Loin, très très loin. Entre le ciel et la mer. Dans cet épisode, vous venez d'entendre la sage-femme coordinatrice Amélie Gladine, la travailleuse sociale Nadège Deser, la psychologue Hélène Ferrari, la professeure de karaté Élodie Billou et les patientes Isabelle et Inès. Merci à elles ainsi qu'aux autres membres du personnel de nous avoir accordé de leur temps.

  • Speaker #1

    Dans la seringue. Une collection de podcasts originaux réalisés dans les hôpitaux de l'assistance publique Hôpitaux de Paris. C'est une production du studio OZ. Le reportage est signé Léa Minot à la réalisation Caroline Lebossé. Pour en savoir plus sur l'APHP, retrouvez-nous sur APHP.fr.

Description

C’est un petit pavillon, à l’écart des grands bâtiments de l’hôpital Bichat – Claude-Bernard, dans le 18e arrondissement de Paris. On y entre malheureusement, jamais par hasard. La maison des femmes de l’hôpital Bichat a été inaugurée en novembre 2021, portée par le département médico universitaire de gynécologie périnatalité du groupe hospitalo-universitaire AP-HP . Nord-Université Paris Cité. Une maison « cousine » des autres maisons des femmes ouvertes par l’AP-HP, à La Pitié-Salpêtrière, à l’Hôtel-Dieu et l’hôpital Bicêtre, dans une volonté d’améliorer le parcours et la prise en charge des femmes victimes de violence conjugales, sexuelles et psychologiques.


Chaque année, elle sont environ 350 à être accueillies ici en consultation.


Alors, pour lutter contre ce qui semble être une fatalité, dans « cette maison un peu particulière », les femmes majeures peuvent trouver les ressources nécessaires, sur les plans social, juridique, sanitaire, judiciaire.. mais surtout humain, pour tenter de se reconstruire.


L’accompagnement y est global, continu, et la « confiance » règne en maître mot pour permettre une « alliance thérapeutique » efficiente.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Quand on arrive là, en général, c'est qu'il y a eu du mal de fait. Ça m'a sauvé la vie quand même. Et c'est vrai que ça donne quand même énormément d'espoir, en fait. Vraiment.

  • Speaker #1

    L'assistance publique hôpitaux de Paris présente Dans la seringue.

  • Speaker #0

    Même quand on retombe, bon, il y a ça. Je connais le trajet par cœur.

  • Speaker #1

    Au cœur de la santé, avec les femmes et les hommes qui font la PHP.

  • Speaker #0

    C'est un peu s'agripper à... Quelque chose, et c'est une très très grosse boussole.

  • Speaker #1

    Une collection de podcasts qui permet de mieux connaître les maladies et leur prise en charge.

  • Speaker #2

    Alors je suis entrée à l'hôpital Bichat.

  • Speaker #1

    Épisode 11. Se reconstruire à la maison des femmes de l'APHP hôpital Bichat.

  • Speaker #2

    Et je cherche la maison des femmes. Donc là je vois secteur Claude Bernal, parinatalité, la boussole, psychiatrie. C'est un petit pavillon à l'écart des grands bâtiments de l'hôpital Bichat Claude Bernard, dans le 18e arrondissement de Paris. On y entre malheureusement jamais par hasard. La maison des femmes de l'hôpital Bichat a été inaugurée en novembre 2021, portée par le département médico-universitaire de gynécologie périnatalité du groupe hospitalo-universitaire APHP Nord, Université Paris-Cité. Une cousine des autres maisons des femmes, ouverte par l'APHP à la Pitié-Salpêtrière, à l'hôtel Dieu et à l'hôpital Bicêtre dans une volonté d'améliorer le parcours et la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales, sexuelles et psychologiques. Chaque année, elles sont environ 350 à être accueillies en consultation ici. Alors, pour lutter contre ce qui semble être une fatalité, dans cette maison un peu particulière, les femmes majeures peuvent y trouver toutes les ressources nécessaires sur les plans social juridiques médical et psychique judiciaire et surtout humain pour tenter de se reconstruire l'accompagnement y est global continu et la confiance règne en maître mot pour permettre une alliance thérapeutique efficiente je passe sous un porche et c'est là

  • Speaker #3

    Pour ma bienvenue.

  • Speaker #0

    Merci. J'ai été victime de violence il y a très longtemps, que j'avais oublié. Et elles sont revenues tout à coup, dans le cadre d'un accompagnement d'une proche qui avait un cancer en fait. Je tenais le coup. Et quand elle a guéri, moi j'ai sombré. Et donc là, il s'est passé quelque chose qui est revenu et j'ai rien maîtrisé. J'avais pas tellement conscience que les violences anciennes pouvaient être actuelles. Je ne savais pas comment faire avec. Et ça a libéré des choses et j'ai eu la chance inouïe, inouïe, inouïe, inouïe de tomber sur un psychologue que j'ai rencontré à une réunion qui m'a parlé de la maison des femmes de Bichat qui venait d'ouvrir et qui m'a conseillé d'y aller. C'était vraiment le moment qu'on me sent de la main, je crois. J'étais un peu au bout, là.

  • Speaker #3

    C'est un bel endroit, c'est calme. On essaie de ne pas surcharger les salles d'attente, de ne pas faire attendre les patientes. Voilà, petite salle d'attente dans laquelle les femmes peuvent s'installer avec un petit peu de musique. Et puis ça permet aussi de pouvoir garder un petit peu plus confidentiel les entretiens qui sont en cours.

  • Speaker #2

    Comment est-ce qu'elles sont venues jusqu'à vous ? Comment est-ce qu'elles ont trouvé la force, certaines, de pousser la porte de la maison des femmes ?

  • Speaker #4

    Trouver la force, je pense qu'il faudrait leur demander à elles, et parce que ce sont des femmes qui sont toutes très courageuses. Et les orientations des patientes, elles sont assez diverses. Ça vient d'autres services de santé, par exemple, du service des urgents, du service de la maternité, qui identifient une situation de violence et qui leur proposent de venir vers nous, vers la maison des femmes.

  • Speaker #3

    On a principalement des femmes qui sont parisiennes, mais du fait de la situation de l'hôpital Bichat, qui est en toute périphérie du 93 et du 92, On a eu quelques orientations qui peuvent nous venir aussi de ces départements.

  • Speaker #4

    Ça peut être le service social de ville, les services de santé de ville, des associations, des amis parfois qui leur conseillent d'aller à la maison des femmes ou elles-mêmes, qu'elles se décident à venir.

  • Speaker #3

    Le soin en fait, il commence dès le moment où la femme arrive dans cette structure soutenue par un département de gynécologie périnate. On va prendre en considération la femme dans son ensemble, à la fois au niveau de sa santé, mais le soin c'est aussi le soutien, pouvoir parler. Des violences qu'elles ont vécues, être comprises et pouvoir être soutenues dans leurs démarches. Et cette écoute, c'est bien entendu du soin. Et ce soin, il commence dès le premier contact.

  • Speaker #2

    Il y a un couloir avec, on va dire, d'une dizaine de mètres, avec de chaque côté des portes qui s'ouvrent. Alors, à gauche, il y a un lieu où il y a marqué Accueil Oui,

  • Speaker #3

    c'est le lieu d'accueil. Donc, c'est le bureau de ma collègue aide-soignante Céline. Les femmes sonnent. Il y a une visio, c'est ça ? Il y a une visio. En fait, l'accès de la structure est sécurisé. Des personnes qui n'avaient pas rendez-vous, on peut discuter via l'interphone et éventuellement empêcher les intrusions.

  • Speaker #4

    Déjà, l'intérêt, c'est d'être dans une écoute bienveillante, d'être disponible, lui laisser la parole aussi sur ce qu'elle a à dire, évaluer les différentes violences qu'elle a pu vivre. Par exemple, s'il y a eu des violences physiques, s'il y a eu des violences psychologiques, s'il y a eu des violences sexuelles, s'il y a eu des violences administratives, économiques. Évaluer aussi la dangerosité de la situation. Est-ce que c'est une patiente qui est très en danger au domicile ? Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce qu'il y a des violences très actives ? Est-ce qu'il y a des situations, ce qu'on appelle un petit peu aiguë, avec beaucoup de crises par exemple ? Et c'est voir aussi ce qu'elle, elle souhaite trouver à la maison des femmes. Écouter un peu sa temporalité aussi à elle. Parfois, elles n'ont pas de demande sociale au départ, mais ça vient après. Et voilà, faire un point sur tout ça au premier entretien d'accueil. Donc l'objectif, c'est de coordonner ou commencer à organiser le parcours de soins et d'en faire un retour à l'équipe après en staff.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #5

    Alors on a des réunions tous les vendredis matins. Le but c'est vraiment d'être ensemble, de pouvoir échanger sur les dames. On évoque aussi les difficultés qu'on a. Le but c'est vraiment de pouvoir collaborer sur un suivi et que ce soit vraiment un accompagnement pluridisciplinaire.

  • Speaker #0

    J'étais dans la pièce à côté quand je suis arrivée ici la première fois avec une infirmière qui s'appelait Blandine. Je ne sais pas où elle est mais je pense où. Je suis arrivée avec l'idée que je n'avais pas grand-chose à faire ici. La maison des femmes pouvait m'aider, je n'en avais aucune idée.

  • Speaker #2

    C'est quoi l'urgence sociale pour une femme qui arrive ici, victime de violences conjugales ? C'est de la mettre à l'abri ?

  • Speaker #4

    C'est pas l'urgence, oui, ça va être ça, oui. Ça arrive que des patientes viennent avec leur bagage en disant ce soir, je ne peux pas rentrer Oui, c'est l'urgence première au niveau social, c'est de trouver effectivement une mise en sécurité. Il n'y a pas de possibilité de dormir et d'être hébergé ici. On sollicite des dispositifs sociaux, etc., qui existent et qui sont déjà mis en place, mais qui, il faut le dire, sont très souvent saturés aussi.

  • Speaker #2

    Il y a aussi une carte de Paris, avec j'imagine plein de praticiens qui sont identifiés.

  • Speaker #3

    En santé mentale, nous sommes une petite structure. On travaille évidemment en coordination avec les centres connus de prise en charge en psychotrauma. Et on a aussi identifié des praticiens qui sont formés au psychotrauma, qui sont aussi formés aux situations de violence, de manière à pouvoir orienter les patientes au niveau de la ville et des secteurs.

  • Speaker #2

    Avec plein de petites flèches qui renvoient à des noms et à des adresses.

  • Speaker #4

    Effectivement, dans le cadre des suivis sociaux, je fais ce que j'appelle de la coordination sociale, c'est-à-dire que s'il y a d'autres intervenants sociaux autour de la patiente, c'est me coordonner avec eux, se mettre en lien, savoir ce qu'on fait. pour soutenir au mieux la patiente, ne pas faire doublons dans nos démarches. Ça peut être avec la CAF, par exemple le service social de la maternité. Toutes les situations sont singulières. Donc en fait, c'est aussi là l'intérêt de faire une évaluation sociale, c'est de comprendre qui entoure la patiente, quel professionnel, et de se coordonner entre nous pour les soutenir au mieux.

  • Speaker #3

    Par exemple, là, on est dans le bureau, notre travailleuse sociale... Et on a effectivement des petits cycles qui sont positionnés là sur son tableau. On trouve par exemple le cycle de la violence qui va expliquer les différents événements qui peuvent se produire dans une relation violente dans le couple.

  • Speaker #2

    Avec au centre pouvoir et contrôle, c'est recours à la coercition et menaces, recours à l'intimidation, à la violence psychologique, à l'isolement. Nier, blâmer, minimiser, utiliser les enfants, invoquer le privilège masculin, ça c'est toutes ces situations de violence que peuvent rencontrer les femmes qui viennent nous voir.

  • Speaker #3

    Tout à fait, et le présenter sous forme d'un outil, en lisant ces phrases qui leur parlent, elles sortent de l'isolement et elles peuvent dire mais c'est tout à fait ça en fait, c'est tout à fait moi.

  • Speaker #0

    Je crois que c'est l'infirmière qui m'a dit... ce que je devais parler, donc c'est un peu brumeux.

  • Speaker #3

    Et nous, on peut leur dire, mais en fait, vous n'êtes pas la seule à partager ce type de situation. Elles nous le disent parfois, ça, j'en ai jamais parlé.

  • Speaker #0

    Elle m'a dit, ce que vous me dites, c'est des violences. Alors que moi, je n'employais pas ce mot-là. Et ici, on a des choses qui peuvent vous aider. Et là, je me suis dit, c'est inespéré.

  • Speaker #3

    Puis après, on poursuit dans ce couloir. Et effectivement, dans l'ensemble de la structure, il y a six bureaux.

  • Speaker #2

    Alors pour résumer, combien de personnes travaillent ici ?

  • Speaker #3

    Je suis à temps plein. On a une infirmière, une aide-soignante, une intervenante sociale, une psychologue. et une psychiatre qui est présente une journée par semaine.

  • Speaker #0

    J'avais déjà un psychologue, donc j'ai vu la psychiatre. Je me suis beaucoup, beaucoup, beaucoup méfie.

  • Speaker #3

    Et on a la présence le jeudi matin de la police. Ce sont des policiers qui sont formés au recueil des plaintes pour les femmes victimes de violences conjugales.

  • Speaker #0

    J'avais besoin de conseils juridiques, donc on m'a proposé de voir une juriste et j'ai pu voir une juriste ici. qui m'a beaucoup aidée aussi.

  • Speaker #3

    Au niveau des entretiens avec la police, c'est vrai qu'ils ont besoin d'être exhaustifs, de poser de manière factuelle les éléments de violence quand elles sont décidées à la plainte. Elles ont parfois été préparées aussi en amont avec la juriste et parfois on doit travailler un certain temps avec elles par rapport à pouvoir déposer plainte ou envisager la plainte.

  • Speaker #0

    En fait, on m'a dit que j'avais le droit de demander des comptes à la justice et j'avais besoin d'être orientée et ça m'a quand même aidée. Et du coup, elle m'a adressée à la justice restaurative qui cherche à mettre en dialogue des agresseurs et des personnes victimes, quels que soient les délits, pour tenter de... Enfin, très honnêtement, pour moi, de hanter l'esprit des personnes qui pourraient repasser à l'acte et qui y pensent tous.

  • Speaker #3

    Ici on a le bureau de l'infirmière.

  • Speaker #2

    Donc ça c'est un petit document qui évoque la peur.

  • Speaker #3

    Une sorte de petit mémo.

  • Speaker #2

    De mémo pour repérer un psychotraumatisme.

  • Speaker #3

    Les symptômes qu'elles peuvent le plus fréquemment rencontrer.

  • Speaker #5

    Alors, il va y avoir plusieurs symptômes qui vont se retrouver chez les femmes victimes de violences. Pas toujours les mêmes et pas toujours pour toutes les femmes. Globalement, ce qu'on retrouve, ça va être plus majoritairement des traumatismes complexes, des troubles dépressifs, des troubles anxieux, des réactivations avec des reviviscences, des images qui vont revenir de leurs événements de violence. Ça va être beaucoup de cauchemars, des troubles du sommeil, des troubles de la concentration, des troubles de la mémoire, où les femmes ne vont pas se souvenir de ce qui s'est passé.... Elles vont avoir du mal à retracer les événements chronologiques. Il peut y avoir des difficultés temporo-spatiales, donc où ça s'est passé, quand ça s'est passé. Ou au contraire, parfois, il peut y avoir des souvenirs tellement intenses qu'elles vont se souvenir de tous les détails avec tout ce qui était aussi sensoriel, des odeurs qu'il y avait, elles vont sortir des sons, des mots exacts, comment ça s'est dit. Et c'est vrai que ça peut déboucher sur un profil qui est vraiment en difficulté pour créer des liens avec les autres. Donc ça va être des femmes qui vont aussi avoir des difficultés à venir au rendez-vous, qui vont prendre du temps à avoir confiance.

  • Speaker #0

    On lit des trucs, mais on n'imagine pas. Ça fait d'avoir été victime de violences, ça a des effets, pas pour les femmes qui viennent ici, je veux dire, même anciennes ou pas anciennes, ça a des effets incroyables, durables. C'est pas le temps de la violence, que la violence dure, c'est tout le temps. Vous vivez avec, jusqu'au jour où vous ne pouvez plus vivre avec. Et il faut faire quelque chose.

  • Speaker #2

    Quand on avance un petit peu, on voit déjà sur les murs, vous avez mis des sortes de décorations assez jolies, élégantes, de mains qui s'ouvrent, couleur bleue, turquoise.

  • Speaker #3

    Oui, c'est une sorte de bleu-vert. On a travaillé avec des artistes qui travaillent aussi avec d'autres services de la PHP. Et on a travaillé avec eux sur le motif qui est présenté, qui ressemble à une feuille de lotus, mais représentée par des mains. Des mains qui soutiennent les femmes, qui étaient symboliques de notre endroit.

  • Speaker #0

    Je me rappelle, il y avait une phrase accrochée sur un des placards. Je crois qu'elle y est toujours d'ailleurs. qui disait un truc du genre c'était pas réalise tes rêves ou deviens ce que tu es c'était plus plus intelligent que ça mais y'avait un truc comme ça ça m'avait marqué Une histoire avec le fait de se réaliser.

  • Speaker #2

    Et pour faciliter le retour des rêves qui passent par la réparation du corps, de l'intime et de la confiance en soi, des ateliers individuels ou collectifs sont proposés ici. Yoga, de la sophrologie ou encore un atelier créatif estime de soi avec deux artistes, sans oublier la présence d'une socio-esthéticienne et bien sûr l'atelier karaté tous les vendredis.

  • Speaker #0

    Et puis petit à petit, je suis allée au karaté. Et ça, j'ai adoré assez vite.

  • Speaker #2

    Vous avez un kimono, c'est comme ça qu'on dit ?

  • Speaker #6

    C'est ça, un kimono, oui.

  • Speaker #2

    Avec marqué Fight for Dignity. Fight for Dignity, c'est le nom de votre association ?

  • Speaker #6

    C'est le nom de l'association avec laquelle je travaille, qui a une approche psychocorporelle. qui accompagnent des personnes qui ont été victimes de violences et qui sont accompagnées par les maisons des femmes dans leur parcours de reconstruction, sur une approche de réappropriation de son corps, de confiance en soi. Dans mon parcours professionnel, je me suis spécialisée dans l'accompagnement des personnes qui ont été victimes de violences. J'ai l'approche psychocorporelle avec le karaté, j'ai aussi l'approche psychosociale dans mon métier d'éducatrice.

  • Speaker #2

    Vous avez une ceinture noire.

  • Speaker #6

    Oui, j'ai commencé le karaté, j'avais 3 ans. Donc là, ça fait bientôt 30 ans que je fais du karaté.

  • Speaker #2

    Et le but de l'atelier,

  • Speaker #6

    c'est quoi ? Nous, on est vraiment sur la réappropriation de son corps, la redécouverte de son corps, de ses sensations, puisque c'est vraiment une pratique adaptée, étudiée, pour s'inscrire dans le parcours de soins. Chaque élément de la méthode est pensé et réfléchi pour être bénéfique dans l'accompagnement dans le sujet.

  • Speaker #0

    Je me suis accrochée à ça, ça a vraiment été très important pour moi. Moi je regarde des vidéos des fois de karaté la nuit. On sait que ce n'est pas de la force en fait, ce n'est pas la force physique le plus important. Ce que ça m'apporte c'est que je me sens quand même... plus forte et que j'aurais jamais pensé faire du karaté un jour dans ma vie. Donc quand même, vu l'âge que j'ai, c'est pas mal de se rendre compte de ça quand on a 50 ans, quoi. Ça équilibre ma semaine, en fait. C'est pour ça que je viens. Je sais que quoi qu'il arrive, le vendredi, je viens. Et à chaque fois que je m'éveille, je dis rien que mettre les pieds, là. Je me sens déjà mieux qu'en arrivant. En fait quand je suis arrivée ici dans le métro j'étais un peu et je me suis dit mais qu'on me donne une armure je sais pas pourquoi j'avais ça. Voilà l'armure c'est ça quoi. Parfois il y a des moments de la semaine où quand ça va vraiment pas il y a des choses que je fais. Je reprends les techniques, je sens que ça me tient. J'ai un peu l'impression que je reprends mes appuis. C'est hyper important d'avoir ce pivot qui ne bouge pas.

  • Speaker #2

    J'ai découvert par hasard la maison des femmes. C'est très bien. Je me suis enfuie de mon mari. Je suis toujours avec lui à la maison. Pas tout à fait en sécurité. Je suis toujours en violence. psychologique que je trouve qui est sans prix.

  • Speaker #4

    Il y a un vrai impact social quand on vit des violences conjugales. Il y a aussi ce qu'on appelle des violences sociales de la part du compagnon ou de l'ex-compagnon. C'est dire, tu rentres à telle heure, tu ne sors pas là, je ne veux pas que tu sortes, je ne veux pas que tu vois ta famille, ils ne sont pas assez bien pour toi, etc. Finalement, c'est quelque chose qui entraîne de l'isolement social. Les femmes peuvent se retrouver très seules finalement, ce qui fait qu'elles ne parlent pas de ce qu'elles vivent.

  • Speaker #2

    mais là je peux m'exprimer je peux dire tout ce que j'ai sur le coeur sans limite ça a changé beaucoup de choses dans ma vie en moyenne en france deux cent treize mille femmes sont comme inès que nous entendons victimes de violences physiques psychologiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint, soit près de 11% des franciliennes.

  • Speaker #0

    Chaque chose que je fais ici, c'est comme des cubes. C'est comme quand on apprend des choses quand on est petit, on doit apprendre à mettre des choses les unes avec les autres pour construire des trucs. Parce qu'on sait pas faire. Les choses qui se sont produites et moi maintenant je peux vivre avec ces choses là ici. Je peux les emmener avec moi sans être obligée de tout le temps oublier une partie.

  • Speaker #2

    Ça vous permet de vous construire ?

  • Speaker #0

    Oui. Je ne dirais même pas reconstruire. Je dirais construire.

  • Speaker #2

    Tends-moi la main. Sauve-moi. Sauve-moi de ma tristesse et de mon malheur. Amène-moi dans ton bateau. Loin, très très loin. Entre le ciel et la mer. Dans cet épisode, vous venez d'entendre la sage-femme coordinatrice Amélie Gladine, la travailleuse sociale Nadège Deser, la psychologue Hélène Ferrari, la professeure de karaté Élodie Billou et les patientes Isabelle et Inès. Merci à elles ainsi qu'aux autres membres du personnel de nous avoir accordé de leur temps.

  • Speaker #1

    Dans la seringue. Une collection de podcasts originaux réalisés dans les hôpitaux de l'assistance publique Hôpitaux de Paris. C'est une production du studio OZ. Le reportage est signé Léa Minot à la réalisation Caroline Lebossé. Pour en savoir plus sur l'APHP, retrouvez-nous sur APHP.fr.

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Description

C’est un petit pavillon, à l’écart des grands bâtiments de l’hôpital Bichat – Claude-Bernard, dans le 18e arrondissement de Paris. On y entre malheureusement, jamais par hasard. La maison des femmes de l’hôpital Bichat a été inaugurée en novembre 2021, portée par le département médico universitaire de gynécologie périnatalité du groupe hospitalo-universitaire AP-HP . Nord-Université Paris Cité. Une maison « cousine » des autres maisons des femmes ouvertes par l’AP-HP, à La Pitié-Salpêtrière, à l’Hôtel-Dieu et l’hôpital Bicêtre, dans une volonté d’améliorer le parcours et la prise en charge des femmes victimes de violence conjugales, sexuelles et psychologiques.


Chaque année, elle sont environ 350 à être accueillies ici en consultation.


Alors, pour lutter contre ce qui semble être une fatalité, dans « cette maison un peu particulière », les femmes majeures peuvent trouver les ressources nécessaires, sur les plans social, juridique, sanitaire, judiciaire.. mais surtout humain, pour tenter de se reconstruire.


L’accompagnement y est global, continu, et la « confiance » règne en maître mot pour permettre une « alliance thérapeutique » efficiente.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Quand on arrive là, en général, c'est qu'il y a eu du mal de fait. Ça m'a sauvé la vie quand même. Et c'est vrai que ça donne quand même énormément d'espoir, en fait. Vraiment.

  • Speaker #1

    L'assistance publique hôpitaux de Paris présente Dans la seringue.

  • Speaker #0

    Même quand on retombe, bon, il y a ça. Je connais le trajet par cœur.

  • Speaker #1

    Au cœur de la santé, avec les femmes et les hommes qui font la PHP.

  • Speaker #0

    C'est un peu s'agripper à... Quelque chose, et c'est une très très grosse boussole.

  • Speaker #1

    Une collection de podcasts qui permet de mieux connaître les maladies et leur prise en charge.

  • Speaker #2

    Alors je suis entrée à l'hôpital Bichat.

  • Speaker #1

    Épisode 11. Se reconstruire à la maison des femmes de l'APHP hôpital Bichat.

  • Speaker #2

    Et je cherche la maison des femmes. Donc là je vois secteur Claude Bernal, parinatalité, la boussole, psychiatrie. C'est un petit pavillon à l'écart des grands bâtiments de l'hôpital Bichat Claude Bernard, dans le 18e arrondissement de Paris. On y entre malheureusement jamais par hasard. La maison des femmes de l'hôpital Bichat a été inaugurée en novembre 2021, portée par le département médico-universitaire de gynécologie périnatalité du groupe hospitalo-universitaire APHP Nord, Université Paris-Cité. Une cousine des autres maisons des femmes, ouverte par l'APHP à la Pitié-Salpêtrière, à l'hôtel Dieu et à l'hôpital Bicêtre dans une volonté d'améliorer le parcours et la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales, sexuelles et psychologiques. Chaque année, elles sont environ 350 à être accueillies en consultation ici. Alors, pour lutter contre ce qui semble être une fatalité, dans cette maison un peu particulière, les femmes majeures peuvent y trouver toutes les ressources nécessaires sur les plans social juridiques médical et psychique judiciaire et surtout humain pour tenter de se reconstruire l'accompagnement y est global continu et la confiance règne en maître mot pour permettre une alliance thérapeutique efficiente je passe sous un porche et c'est là

  • Speaker #3

    Pour ma bienvenue.

  • Speaker #0

    Merci. J'ai été victime de violence il y a très longtemps, que j'avais oublié. Et elles sont revenues tout à coup, dans le cadre d'un accompagnement d'une proche qui avait un cancer en fait. Je tenais le coup. Et quand elle a guéri, moi j'ai sombré. Et donc là, il s'est passé quelque chose qui est revenu et j'ai rien maîtrisé. J'avais pas tellement conscience que les violences anciennes pouvaient être actuelles. Je ne savais pas comment faire avec. Et ça a libéré des choses et j'ai eu la chance inouïe, inouïe, inouïe, inouïe de tomber sur un psychologue que j'ai rencontré à une réunion qui m'a parlé de la maison des femmes de Bichat qui venait d'ouvrir et qui m'a conseillé d'y aller. C'était vraiment le moment qu'on me sent de la main, je crois. J'étais un peu au bout, là.

  • Speaker #3

    C'est un bel endroit, c'est calme. On essaie de ne pas surcharger les salles d'attente, de ne pas faire attendre les patientes. Voilà, petite salle d'attente dans laquelle les femmes peuvent s'installer avec un petit peu de musique. Et puis ça permet aussi de pouvoir garder un petit peu plus confidentiel les entretiens qui sont en cours.

  • Speaker #2

    Comment est-ce qu'elles sont venues jusqu'à vous ? Comment est-ce qu'elles ont trouvé la force, certaines, de pousser la porte de la maison des femmes ?

  • Speaker #4

    Trouver la force, je pense qu'il faudrait leur demander à elles, et parce que ce sont des femmes qui sont toutes très courageuses. Et les orientations des patientes, elles sont assez diverses. Ça vient d'autres services de santé, par exemple, du service des urgents, du service de la maternité, qui identifient une situation de violence et qui leur proposent de venir vers nous, vers la maison des femmes.

  • Speaker #3

    On a principalement des femmes qui sont parisiennes, mais du fait de la situation de l'hôpital Bichat, qui est en toute périphérie du 93 et du 92, On a eu quelques orientations qui peuvent nous venir aussi de ces départements.

  • Speaker #4

    Ça peut être le service social de ville, les services de santé de ville, des associations, des amis parfois qui leur conseillent d'aller à la maison des femmes ou elles-mêmes, qu'elles se décident à venir.

  • Speaker #3

    Le soin en fait, il commence dès le moment où la femme arrive dans cette structure soutenue par un département de gynécologie périnate. On va prendre en considération la femme dans son ensemble, à la fois au niveau de sa santé, mais le soin c'est aussi le soutien, pouvoir parler. Des violences qu'elles ont vécues, être comprises et pouvoir être soutenues dans leurs démarches. Et cette écoute, c'est bien entendu du soin. Et ce soin, il commence dès le premier contact.

  • Speaker #2

    Il y a un couloir avec, on va dire, d'une dizaine de mètres, avec de chaque côté des portes qui s'ouvrent. Alors, à gauche, il y a un lieu où il y a marqué Accueil Oui,

  • Speaker #3

    c'est le lieu d'accueil. Donc, c'est le bureau de ma collègue aide-soignante Céline. Les femmes sonnent. Il y a une visio, c'est ça ? Il y a une visio. En fait, l'accès de la structure est sécurisé. Des personnes qui n'avaient pas rendez-vous, on peut discuter via l'interphone et éventuellement empêcher les intrusions.

  • Speaker #4

    Déjà, l'intérêt, c'est d'être dans une écoute bienveillante, d'être disponible, lui laisser la parole aussi sur ce qu'elle a à dire, évaluer les différentes violences qu'elle a pu vivre. Par exemple, s'il y a eu des violences physiques, s'il y a eu des violences psychologiques, s'il y a eu des violences sexuelles, s'il y a eu des violences administratives, économiques. Évaluer aussi la dangerosité de la situation. Est-ce que c'est une patiente qui est très en danger au domicile ? Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce qu'il y a des violences très actives ? Est-ce qu'il y a des situations, ce qu'on appelle un petit peu aiguë, avec beaucoup de crises par exemple ? Et c'est voir aussi ce qu'elle, elle souhaite trouver à la maison des femmes. Écouter un peu sa temporalité aussi à elle. Parfois, elles n'ont pas de demande sociale au départ, mais ça vient après. Et voilà, faire un point sur tout ça au premier entretien d'accueil. Donc l'objectif, c'est de coordonner ou commencer à organiser le parcours de soins et d'en faire un retour à l'équipe après en staff.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #5

    Alors on a des réunions tous les vendredis matins. Le but c'est vraiment d'être ensemble, de pouvoir échanger sur les dames. On évoque aussi les difficultés qu'on a. Le but c'est vraiment de pouvoir collaborer sur un suivi et que ce soit vraiment un accompagnement pluridisciplinaire.

  • Speaker #0

    J'étais dans la pièce à côté quand je suis arrivée ici la première fois avec une infirmière qui s'appelait Blandine. Je ne sais pas où elle est mais je pense où. Je suis arrivée avec l'idée que je n'avais pas grand-chose à faire ici. La maison des femmes pouvait m'aider, je n'en avais aucune idée.

  • Speaker #2

    C'est quoi l'urgence sociale pour une femme qui arrive ici, victime de violences conjugales ? C'est de la mettre à l'abri ?

  • Speaker #4

    C'est pas l'urgence, oui, ça va être ça, oui. Ça arrive que des patientes viennent avec leur bagage en disant ce soir, je ne peux pas rentrer Oui, c'est l'urgence première au niveau social, c'est de trouver effectivement une mise en sécurité. Il n'y a pas de possibilité de dormir et d'être hébergé ici. On sollicite des dispositifs sociaux, etc., qui existent et qui sont déjà mis en place, mais qui, il faut le dire, sont très souvent saturés aussi.

  • Speaker #2

    Il y a aussi une carte de Paris, avec j'imagine plein de praticiens qui sont identifiés.

  • Speaker #3

    En santé mentale, nous sommes une petite structure. On travaille évidemment en coordination avec les centres connus de prise en charge en psychotrauma. Et on a aussi identifié des praticiens qui sont formés au psychotrauma, qui sont aussi formés aux situations de violence, de manière à pouvoir orienter les patientes au niveau de la ville et des secteurs.

  • Speaker #2

    Avec plein de petites flèches qui renvoient à des noms et à des adresses.

  • Speaker #4

    Effectivement, dans le cadre des suivis sociaux, je fais ce que j'appelle de la coordination sociale, c'est-à-dire que s'il y a d'autres intervenants sociaux autour de la patiente, c'est me coordonner avec eux, se mettre en lien, savoir ce qu'on fait. pour soutenir au mieux la patiente, ne pas faire doublons dans nos démarches. Ça peut être avec la CAF, par exemple le service social de la maternité. Toutes les situations sont singulières. Donc en fait, c'est aussi là l'intérêt de faire une évaluation sociale, c'est de comprendre qui entoure la patiente, quel professionnel, et de se coordonner entre nous pour les soutenir au mieux.

  • Speaker #3

    Par exemple, là, on est dans le bureau, notre travailleuse sociale... Et on a effectivement des petits cycles qui sont positionnés là sur son tableau. On trouve par exemple le cycle de la violence qui va expliquer les différents événements qui peuvent se produire dans une relation violente dans le couple.

  • Speaker #2

    Avec au centre pouvoir et contrôle, c'est recours à la coercition et menaces, recours à l'intimidation, à la violence psychologique, à l'isolement. Nier, blâmer, minimiser, utiliser les enfants, invoquer le privilège masculin, ça c'est toutes ces situations de violence que peuvent rencontrer les femmes qui viennent nous voir.

  • Speaker #3

    Tout à fait, et le présenter sous forme d'un outil, en lisant ces phrases qui leur parlent, elles sortent de l'isolement et elles peuvent dire mais c'est tout à fait ça en fait, c'est tout à fait moi.

  • Speaker #0

    Je crois que c'est l'infirmière qui m'a dit... ce que je devais parler, donc c'est un peu brumeux.

  • Speaker #3

    Et nous, on peut leur dire, mais en fait, vous n'êtes pas la seule à partager ce type de situation. Elles nous le disent parfois, ça, j'en ai jamais parlé.

  • Speaker #0

    Elle m'a dit, ce que vous me dites, c'est des violences. Alors que moi, je n'employais pas ce mot-là. Et ici, on a des choses qui peuvent vous aider. Et là, je me suis dit, c'est inespéré.

  • Speaker #3

    Puis après, on poursuit dans ce couloir. Et effectivement, dans l'ensemble de la structure, il y a six bureaux.

  • Speaker #2

    Alors pour résumer, combien de personnes travaillent ici ?

  • Speaker #3

    Je suis à temps plein. On a une infirmière, une aide-soignante, une intervenante sociale, une psychologue. et une psychiatre qui est présente une journée par semaine.

  • Speaker #0

    J'avais déjà un psychologue, donc j'ai vu la psychiatre. Je me suis beaucoup, beaucoup, beaucoup méfie.

  • Speaker #3

    Et on a la présence le jeudi matin de la police. Ce sont des policiers qui sont formés au recueil des plaintes pour les femmes victimes de violences conjugales.

  • Speaker #0

    J'avais besoin de conseils juridiques, donc on m'a proposé de voir une juriste et j'ai pu voir une juriste ici. qui m'a beaucoup aidée aussi.

  • Speaker #3

    Au niveau des entretiens avec la police, c'est vrai qu'ils ont besoin d'être exhaustifs, de poser de manière factuelle les éléments de violence quand elles sont décidées à la plainte. Elles ont parfois été préparées aussi en amont avec la juriste et parfois on doit travailler un certain temps avec elles par rapport à pouvoir déposer plainte ou envisager la plainte.

  • Speaker #0

    En fait, on m'a dit que j'avais le droit de demander des comptes à la justice et j'avais besoin d'être orientée et ça m'a quand même aidée. Et du coup, elle m'a adressée à la justice restaurative qui cherche à mettre en dialogue des agresseurs et des personnes victimes, quels que soient les délits, pour tenter de... Enfin, très honnêtement, pour moi, de hanter l'esprit des personnes qui pourraient repasser à l'acte et qui y pensent tous.

  • Speaker #3

    Ici on a le bureau de l'infirmière.

  • Speaker #2

    Donc ça c'est un petit document qui évoque la peur.

  • Speaker #3

    Une sorte de petit mémo.

  • Speaker #2

    De mémo pour repérer un psychotraumatisme.

  • Speaker #3

    Les symptômes qu'elles peuvent le plus fréquemment rencontrer.

  • Speaker #5

    Alors, il va y avoir plusieurs symptômes qui vont se retrouver chez les femmes victimes de violences. Pas toujours les mêmes et pas toujours pour toutes les femmes. Globalement, ce qu'on retrouve, ça va être plus majoritairement des traumatismes complexes, des troubles dépressifs, des troubles anxieux, des réactivations avec des reviviscences, des images qui vont revenir de leurs événements de violence. Ça va être beaucoup de cauchemars, des troubles du sommeil, des troubles de la concentration, des troubles de la mémoire, où les femmes ne vont pas se souvenir de ce qui s'est passé.... Elles vont avoir du mal à retracer les événements chronologiques. Il peut y avoir des difficultés temporo-spatiales, donc où ça s'est passé, quand ça s'est passé. Ou au contraire, parfois, il peut y avoir des souvenirs tellement intenses qu'elles vont se souvenir de tous les détails avec tout ce qui était aussi sensoriel, des odeurs qu'il y avait, elles vont sortir des sons, des mots exacts, comment ça s'est dit. Et c'est vrai que ça peut déboucher sur un profil qui est vraiment en difficulté pour créer des liens avec les autres. Donc ça va être des femmes qui vont aussi avoir des difficultés à venir au rendez-vous, qui vont prendre du temps à avoir confiance.

  • Speaker #0

    On lit des trucs, mais on n'imagine pas. Ça fait d'avoir été victime de violences, ça a des effets, pas pour les femmes qui viennent ici, je veux dire, même anciennes ou pas anciennes, ça a des effets incroyables, durables. C'est pas le temps de la violence, que la violence dure, c'est tout le temps. Vous vivez avec, jusqu'au jour où vous ne pouvez plus vivre avec. Et il faut faire quelque chose.

  • Speaker #2

    Quand on avance un petit peu, on voit déjà sur les murs, vous avez mis des sortes de décorations assez jolies, élégantes, de mains qui s'ouvrent, couleur bleue, turquoise.

  • Speaker #3

    Oui, c'est une sorte de bleu-vert. On a travaillé avec des artistes qui travaillent aussi avec d'autres services de la PHP. Et on a travaillé avec eux sur le motif qui est présenté, qui ressemble à une feuille de lotus, mais représentée par des mains. Des mains qui soutiennent les femmes, qui étaient symboliques de notre endroit.

  • Speaker #0

    Je me rappelle, il y avait une phrase accrochée sur un des placards. Je crois qu'elle y est toujours d'ailleurs. qui disait un truc du genre c'était pas réalise tes rêves ou deviens ce que tu es c'était plus plus intelligent que ça mais y'avait un truc comme ça ça m'avait marqué Une histoire avec le fait de se réaliser.

  • Speaker #2

    Et pour faciliter le retour des rêves qui passent par la réparation du corps, de l'intime et de la confiance en soi, des ateliers individuels ou collectifs sont proposés ici. Yoga, de la sophrologie ou encore un atelier créatif estime de soi avec deux artistes, sans oublier la présence d'une socio-esthéticienne et bien sûr l'atelier karaté tous les vendredis.

  • Speaker #0

    Et puis petit à petit, je suis allée au karaté. Et ça, j'ai adoré assez vite.

  • Speaker #2

    Vous avez un kimono, c'est comme ça qu'on dit ?

  • Speaker #6

    C'est ça, un kimono, oui.

  • Speaker #2

    Avec marqué Fight for Dignity. Fight for Dignity, c'est le nom de votre association ?

  • Speaker #6

    C'est le nom de l'association avec laquelle je travaille, qui a une approche psychocorporelle. qui accompagnent des personnes qui ont été victimes de violences et qui sont accompagnées par les maisons des femmes dans leur parcours de reconstruction, sur une approche de réappropriation de son corps, de confiance en soi. Dans mon parcours professionnel, je me suis spécialisée dans l'accompagnement des personnes qui ont été victimes de violences. J'ai l'approche psychocorporelle avec le karaté, j'ai aussi l'approche psychosociale dans mon métier d'éducatrice.

  • Speaker #2

    Vous avez une ceinture noire.

  • Speaker #6

    Oui, j'ai commencé le karaté, j'avais 3 ans. Donc là, ça fait bientôt 30 ans que je fais du karaté.

  • Speaker #2

    Et le but de l'atelier,

  • Speaker #6

    c'est quoi ? Nous, on est vraiment sur la réappropriation de son corps, la redécouverte de son corps, de ses sensations, puisque c'est vraiment une pratique adaptée, étudiée, pour s'inscrire dans le parcours de soins. Chaque élément de la méthode est pensé et réfléchi pour être bénéfique dans l'accompagnement dans le sujet.

  • Speaker #0

    Je me suis accrochée à ça, ça a vraiment été très important pour moi. Moi je regarde des vidéos des fois de karaté la nuit. On sait que ce n'est pas de la force en fait, ce n'est pas la force physique le plus important. Ce que ça m'apporte c'est que je me sens quand même... plus forte et que j'aurais jamais pensé faire du karaté un jour dans ma vie. Donc quand même, vu l'âge que j'ai, c'est pas mal de se rendre compte de ça quand on a 50 ans, quoi. Ça équilibre ma semaine, en fait. C'est pour ça que je viens. Je sais que quoi qu'il arrive, le vendredi, je viens. Et à chaque fois que je m'éveille, je dis rien que mettre les pieds, là. Je me sens déjà mieux qu'en arrivant. En fait quand je suis arrivée ici dans le métro j'étais un peu et je me suis dit mais qu'on me donne une armure je sais pas pourquoi j'avais ça. Voilà l'armure c'est ça quoi. Parfois il y a des moments de la semaine où quand ça va vraiment pas il y a des choses que je fais. Je reprends les techniques, je sens que ça me tient. J'ai un peu l'impression que je reprends mes appuis. C'est hyper important d'avoir ce pivot qui ne bouge pas.

  • Speaker #2

    J'ai découvert par hasard la maison des femmes. C'est très bien. Je me suis enfuie de mon mari. Je suis toujours avec lui à la maison. Pas tout à fait en sécurité. Je suis toujours en violence. psychologique que je trouve qui est sans prix.

  • Speaker #4

    Il y a un vrai impact social quand on vit des violences conjugales. Il y a aussi ce qu'on appelle des violences sociales de la part du compagnon ou de l'ex-compagnon. C'est dire, tu rentres à telle heure, tu ne sors pas là, je ne veux pas que tu sortes, je ne veux pas que tu vois ta famille, ils ne sont pas assez bien pour toi, etc. Finalement, c'est quelque chose qui entraîne de l'isolement social. Les femmes peuvent se retrouver très seules finalement, ce qui fait qu'elles ne parlent pas de ce qu'elles vivent.

  • Speaker #2

    mais là je peux m'exprimer je peux dire tout ce que j'ai sur le coeur sans limite ça a changé beaucoup de choses dans ma vie en moyenne en france deux cent treize mille femmes sont comme inès que nous entendons victimes de violences physiques psychologiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint, soit près de 11% des franciliennes.

  • Speaker #0

    Chaque chose que je fais ici, c'est comme des cubes. C'est comme quand on apprend des choses quand on est petit, on doit apprendre à mettre des choses les unes avec les autres pour construire des trucs. Parce qu'on sait pas faire. Les choses qui se sont produites et moi maintenant je peux vivre avec ces choses là ici. Je peux les emmener avec moi sans être obligée de tout le temps oublier une partie.

  • Speaker #2

    Ça vous permet de vous construire ?

  • Speaker #0

    Oui. Je ne dirais même pas reconstruire. Je dirais construire.

  • Speaker #2

    Tends-moi la main. Sauve-moi. Sauve-moi de ma tristesse et de mon malheur. Amène-moi dans ton bateau. Loin, très très loin. Entre le ciel et la mer. Dans cet épisode, vous venez d'entendre la sage-femme coordinatrice Amélie Gladine, la travailleuse sociale Nadège Deser, la psychologue Hélène Ferrari, la professeure de karaté Élodie Billou et les patientes Isabelle et Inès. Merci à elles ainsi qu'aux autres membres du personnel de nous avoir accordé de leur temps.

  • Speaker #1

    Dans la seringue. Une collection de podcasts originaux réalisés dans les hôpitaux de l'assistance publique Hôpitaux de Paris. C'est une production du studio OZ. Le reportage est signé Léa Minot à la réalisation Caroline Lebossé. Pour en savoir plus sur l'APHP, retrouvez-nous sur APHP.fr.

Description

C’est un petit pavillon, à l’écart des grands bâtiments de l’hôpital Bichat – Claude-Bernard, dans le 18e arrondissement de Paris. On y entre malheureusement, jamais par hasard. La maison des femmes de l’hôpital Bichat a été inaugurée en novembre 2021, portée par le département médico universitaire de gynécologie périnatalité du groupe hospitalo-universitaire AP-HP . Nord-Université Paris Cité. Une maison « cousine » des autres maisons des femmes ouvertes par l’AP-HP, à La Pitié-Salpêtrière, à l’Hôtel-Dieu et l’hôpital Bicêtre, dans une volonté d’améliorer le parcours et la prise en charge des femmes victimes de violence conjugales, sexuelles et psychologiques.


Chaque année, elle sont environ 350 à être accueillies ici en consultation.


Alors, pour lutter contre ce qui semble être une fatalité, dans « cette maison un peu particulière », les femmes majeures peuvent trouver les ressources nécessaires, sur les plans social, juridique, sanitaire, judiciaire.. mais surtout humain, pour tenter de se reconstruire.


L’accompagnement y est global, continu, et la « confiance » règne en maître mot pour permettre une « alliance thérapeutique » efficiente.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Quand on arrive là, en général, c'est qu'il y a eu du mal de fait. Ça m'a sauvé la vie quand même. Et c'est vrai que ça donne quand même énormément d'espoir, en fait. Vraiment.

  • Speaker #1

    L'assistance publique hôpitaux de Paris présente Dans la seringue.

  • Speaker #0

    Même quand on retombe, bon, il y a ça. Je connais le trajet par cœur.

  • Speaker #1

    Au cœur de la santé, avec les femmes et les hommes qui font la PHP.

  • Speaker #0

    C'est un peu s'agripper à... Quelque chose, et c'est une très très grosse boussole.

  • Speaker #1

    Une collection de podcasts qui permet de mieux connaître les maladies et leur prise en charge.

  • Speaker #2

    Alors je suis entrée à l'hôpital Bichat.

  • Speaker #1

    Épisode 11. Se reconstruire à la maison des femmes de l'APHP hôpital Bichat.

  • Speaker #2

    Et je cherche la maison des femmes. Donc là je vois secteur Claude Bernal, parinatalité, la boussole, psychiatrie. C'est un petit pavillon à l'écart des grands bâtiments de l'hôpital Bichat Claude Bernard, dans le 18e arrondissement de Paris. On y entre malheureusement jamais par hasard. La maison des femmes de l'hôpital Bichat a été inaugurée en novembre 2021, portée par le département médico-universitaire de gynécologie périnatalité du groupe hospitalo-universitaire APHP Nord, Université Paris-Cité. Une cousine des autres maisons des femmes, ouverte par l'APHP à la Pitié-Salpêtrière, à l'hôtel Dieu et à l'hôpital Bicêtre dans une volonté d'améliorer le parcours et la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales, sexuelles et psychologiques. Chaque année, elles sont environ 350 à être accueillies en consultation ici. Alors, pour lutter contre ce qui semble être une fatalité, dans cette maison un peu particulière, les femmes majeures peuvent y trouver toutes les ressources nécessaires sur les plans social juridiques médical et psychique judiciaire et surtout humain pour tenter de se reconstruire l'accompagnement y est global continu et la confiance règne en maître mot pour permettre une alliance thérapeutique efficiente je passe sous un porche et c'est là

  • Speaker #3

    Pour ma bienvenue.

  • Speaker #0

    Merci. J'ai été victime de violence il y a très longtemps, que j'avais oublié. Et elles sont revenues tout à coup, dans le cadre d'un accompagnement d'une proche qui avait un cancer en fait. Je tenais le coup. Et quand elle a guéri, moi j'ai sombré. Et donc là, il s'est passé quelque chose qui est revenu et j'ai rien maîtrisé. J'avais pas tellement conscience que les violences anciennes pouvaient être actuelles. Je ne savais pas comment faire avec. Et ça a libéré des choses et j'ai eu la chance inouïe, inouïe, inouïe, inouïe de tomber sur un psychologue que j'ai rencontré à une réunion qui m'a parlé de la maison des femmes de Bichat qui venait d'ouvrir et qui m'a conseillé d'y aller. C'était vraiment le moment qu'on me sent de la main, je crois. J'étais un peu au bout, là.

  • Speaker #3

    C'est un bel endroit, c'est calme. On essaie de ne pas surcharger les salles d'attente, de ne pas faire attendre les patientes. Voilà, petite salle d'attente dans laquelle les femmes peuvent s'installer avec un petit peu de musique. Et puis ça permet aussi de pouvoir garder un petit peu plus confidentiel les entretiens qui sont en cours.

  • Speaker #2

    Comment est-ce qu'elles sont venues jusqu'à vous ? Comment est-ce qu'elles ont trouvé la force, certaines, de pousser la porte de la maison des femmes ?

  • Speaker #4

    Trouver la force, je pense qu'il faudrait leur demander à elles, et parce que ce sont des femmes qui sont toutes très courageuses. Et les orientations des patientes, elles sont assez diverses. Ça vient d'autres services de santé, par exemple, du service des urgents, du service de la maternité, qui identifient une situation de violence et qui leur proposent de venir vers nous, vers la maison des femmes.

  • Speaker #3

    On a principalement des femmes qui sont parisiennes, mais du fait de la situation de l'hôpital Bichat, qui est en toute périphérie du 93 et du 92, On a eu quelques orientations qui peuvent nous venir aussi de ces départements.

  • Speaker #4

    Ça peut être le service social de ville, les services de santé de ville, des associations, des amis parfois qui leur conseillent d'aller à la maison des femmes ou elles-mêmes, qu'elles se décident à venir.

  • Speaker #3

    Le soin en fait, il commence dès le moment où la femme arrive dans cette structure soutenue par un département de gynécologie périnate. On va prendre en considération la femme dans son ensemble, à la fois au niveau de sa santé, mais le soin c'est aussi le soutien, pouvoir parler. Des violences qu'elles ont vécues, être comprises et pouvoir être soutenues dans leurs démarches. Et cette écoute, c'est bien entendu du soin. Et ce soin, il commence dès le premier contact.

  • Speaker #2

    Il y a un couloir avec, on va dire, d'une dizaine de mètres, avec de chaque côté des portes qui s'ouvrent. Alors, à gauche, il y a un lieu où il y a marqué Accueil Oui,

  • Speaker #3

    c'est le lieu d'accueil. Donc, c'est le bureau de ma collègue aide-soignante Céline. Les femmes sonnent. Il y a une visio, c'est ça ? Il y a une visio. En fait, l'accès de la structure est sécurisé. Des personnes qui n'avaient pas rendez-vous, on peut discuter via l'interphone et éventuellement empêcher les intrusions.

  • Speaker #4

    Déjà, l'intérêt, c'est d'être dans une écoute bienveillante, d'être disponible, lui laisser la parole aussi sur ce qu'elle a à dire, évaluer les différentes violences qu'elle a pu vivre. Par exemple, s'il y a eu des violences physiques, s'il y a eu des violences psychologiques, s'il y a eu des violences sexuelles, s'il y a eu des violences administratives, économiques. Évaluer aussi la dangerosité de la situation. Est-ce que c'est une patiente qui est très en danger au domicile ? Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce qu'il y a des violences très actives ? Est-ce qu'il y a des situations, ce qu'on appelle un petit peu aiguë, avec beaucoup de crises par exemple ? Et c'est voir aussi ce qu'elle, elle souhaite trouver à la maison des femmes. Écouter un peu sa temporalité aussi à elle. Parfois, elles n'ont pas de demande sociale au départ, mais ça vient après. Et voilà, faire un point sur tout ça au premier entretien d'accueil. Donc l'objectif, c'est de coordonner ou commencer à organiser le parcours de soins et d'en faire un retour à l'équipe après en staff.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #5

    Alors on a des réunions tous les vendredis matins. Le but c'est vraiment d'être ensemble, de pouvoir échanger sur les dames. On évoque aussi les difficultés qu'on a. Le but c'est vraiment de pouvoir collaborer sur un suivi et que ce soit vraiment un accompagnement pluridisciplinaire.

  • Speaker #0

    J'étais dans la pièce à côté quand je suis arrivée ici la première fois avec une infirmière qui s'appelait Blandine. Je ne sais pas où elle est mais je pense où. Je suis arrivée avec l'idée que je n'avais pas grand-chose à faire ici. La maison des femmes pouvait m'aider, je n'en avais aucune idée.

  • Speaker #2

    C'est quoi l'urgence sociale pour une femme qui arrive ici, victime de violences conjugales ? C'est de la mettre à l'abri ?

  • Speaker #4

    C'est pas l'urgence, oui, ça va être ça, oui. Ça arrive que des patientes viennent avec leur bagage en disant ce soir, je ne peux pas rentrer Oui, c'est l'urgence première au niveau social, c'est de trouver effectivement une mise en sécurité. Il n'y a pas de possibilité de dormir et d'être hébergé ici. On sollicite des dispositifs sociaux, etc., qui existent et qui sont déjà mis en place, mais qui, il faut le dire, sont très souvent saturés aussi.

  • Speaker #2

    Il y a aussi une carte de Paris, avec j'imagine plein de praticiens qui sont identifiés.

  • Speaker #3

    En santé mentale, nous sommes une petite structure. On travaille évidemment en coordination avec les centres connus de prise en charge en psychotrauma. Et on a aussi identifié des praticiens qui sont formés au psychotrauma, qui sont aussi formés aux situations de violence, de manière à pouvoir orienter les patientes au niveau de la ville et des secteurs.

  • Speaker #2

    Avec plein de petites flèches qui renvoient à des noms et à des adresses.

  • Speaker #4

    Effectivement, dans le cadre des suivis sociaux, je fais ce que j'appelle de la coordination sociale, c'est-à-dire que s'il y a d'autres intervenants sociaux autour de la patiente, c'est me coordonner avec eux, se mettre en lien, savoir ce qu'on fait. pour soutenir au mieux la patiente, ne pas faire doublons dans nos démarches. Ça peut être avec la CAF, par exemple le service social de la maternité. Toutes les situations sont singulières. Donc en fait, c'est aussi là l'intérêt de faire une évaluation sociale, c'est de comprendre qui entoure la patiente, quel professionnel, et de se coordonner entre nous pour les soutenir au mieux.

  • Speaker #3

    Par exemple, là, on est dans le bureau, notre travailleuse sociale... Et on a effectivement des petits cycles qui sont positionnés là sur son tableau. On trouve par exemple le cycle de la violence qui va expliquer les différents événements qui peuvent se produire dans une relation violente dans le couple.

  • Speaker #2

    Avec au centre pouvoir et contrôle, c'est recours à la coercition et menaces, recours à l'intimidation, à la violence psychologique, à l'isolement. Nier, blâmer, minimiser, utiliser les enfants, invoquer le privilège masculin, ça c'est toutes ces situations de violence que peuvent rencontrer les femmes qui viennent nous voir.

  • Speaker #3

    Tout à fait, et le présenter sous forme d'un outil, en lisant ces phrases qui leur parlent, elles sortent de l'isolement et elles peuvent dire mais c'est tout à fait ça en fait, c'est tout à fait moi.

  • Speaker #0

    Je crois que c'est l'infirmière qui m'a dit... ce que je devais parler, donc c'est un peu brumeux.

  • Speaker #3

    Et nous, on peut leur dire, mais en fait, vous n'êtes pas la seule à partager ce type de situation. Elles nous le disent parfois, ça, j'en ai jamais parlé.

  • Speaker #0

    Elle m'a dit, ce que vous me dites, c'est des violences. Alors que moi, je n'employais pas ce mot-là. Et ici, on a des choses qui peuvent vous aider. Et là, je me suis dit, c'est inespéré.

  • Speaker #3

    Puis après, on poursuit dans ce couloir. Et effectivement, dans l'ensemble de la structure, il y a six bureaux.

  • Speaker #2

    Alors pour résumer, combien de personnes travaillent ici ?

  • Speaker #3

    Je suis à temps plein. On a une infirmière, une aide-soignante, une intervenante sociale, une psychologue. et une psychiatre qui est présente une journée par semaine.

  • Speaker #0

    J'avais déjà un psychologue, donc j'ai vu la psychiatre. Je me suis beaucoup, beaucoup, beaucoup méfie.

  • Speaker #3

    Et on a la présence le jeudi matin de la police. Ce sont des policiers qui sont formés au recueil des plaintes pour les femmes victimes de violences conjugales.

  • Speaker #0

    J'avais besoin de conseils juridiques, donc on m'a proposé de voir une juriste et j'ai pu voir une juriste ici. qui m'a beaucoup aidée aussi.

  • Speaker #3

    Au niveau des entretiens avec la police, c'est vrai qu'ils ont besoin d'être exhaustifs, de poser de manière factuelle les éléments de violence quand elles sont décidées à la plainte. Elles ont parfois été préparées aussi en amont avec la juriste et parfois on doit travailler un certain temps avec elles par rapport à pouvoir déposer plainte ou envisager la plainte.

  • Speaker #0

    En fait, on m'a dit que j'avais le droit de demander des comptes à la justice et j'avais besoin d'être orientée et ça m'a quand même aidée. Et du coup, elle m'a adressée à la justice restaurative qui cherche à mettre en dialogue des agresseurs et des personnes victimes, quels que soient les délits, pour tenter de... Enfin, très honnêtement, pour moi, de hanter l'esprit des personnes qui pourraient repasser à l'acte et qui y pensent tous.

  • Speaker #3

    Ici on a le bureau de l'infirmière.

  • Speaker #2

    Donc ça c'est un petit document qui évoque la peur.

  • Speaker #3

    Une sorte de petit mémo.

  • Speaker #2

    De mémo pour repérer un psychotraumatisme.

  • Speaker #3

    Les symptômes qu'elles peuvent le plus fréquemment rencontrer.

  • Speaker #5

    Alors, il va y avoir plusieurs symptômes qui vont se retrouver chez les femmes victimes de violences. Pas toujours les mêmes et pas toujours pour toutes les femmes. Globalement, ce qu'on retrouve, ça va être plus majoritairement des traumatismes complexes, des troubles dépressifs, des troubles anxieux, des réactivations avec des reviviscences, des images qui vont revenir de leurs événements de violence. Ça va être beaucoup de cauchemars, des troubles du sommeil, des troubles de la concentration, des troubles de la mémoire, où les femmes ne vont pas se souvenir de ce qui s'est passé.... Elles vont avoir du mal à retracer les événements chronologiques. Il peut y avoir des difficultés temporo-spatiales, donc où ça s'est passé, quand ça s'est passé. Ou au contraire, parfois, il peut y avoir des souvenirs tellement intenses qu'elles vont se souvenir de tous les détails avec tout ce qui était aussi sensoriel, des odeurs qu'il y avait, elles vont sortir des sons, des mots exacts, comment ça s'est dit. Et c'est vrai que ça peut déboucher sur un profil qui est vraiment en difficulté pour créer des liens avec les autres. Donc ça va être des femmes qui vont aussi avoir des difficultés à venir au rendez-vous, qui vont prendre du temps à avoir confiance.

  • Speaker #0

    On lit des trucs, mais on n'imagine pas. Ça fait d'avoir été victime de violences, ça a des effets, pas pour les femmes qui viennent ici, je veux dire, même anciennes ou pas anciennes, ça a des effets incroyables, durables. C'est pas le temps de la violence, que la violence dure, c'est tout le temps. Vous vivez avec, jusqu'au jour où vous ne pouvez plus vivre avec. Et il faut faire quelque chose.

  • Speaker #2

    Quand on avance un petit peu, on voit déjà sur les murs, vous avez mis des sortes de décorations assez jolies, élégantes, de mains qui s'ouvrent, couleur bleue, turquoise.

  • Speaker #3

    Oui, c'est une sorte de bleu-vert. On a travaillé avec des artistes qui travaillent aussi avec d'autres services de la PHP. Et on a travaillé avec eux sur le motif qui est présenté, qui ressemble à une feuille de lotus, mais représentée par des mains. Des mains qui soutiennent les femmes, qui étaient symboliques de notre endroit.

  • Speaker #0

    Je me rappelle, il y avait une phrase accrochée sur un des placards. Je crois qu'elle y est toujours d'ailleurs. qui disait un truc du genre c'était pas réalise tes rêves ou deviens ce que tu es c'était plus plus intelligent que ça mais y'avait un truc comme ça ça m'avait marqué Une histoire avec le fait de se réaliser.

  • Speaker #2

    Et pour faciliter le retour des rêves qui passent par la réparation du corps, de l'intime et de la confiance en soi, des ateliers individuels ou collectifs sont proposés ici. Yoga, de la sophrologie ou encore un atelier créatif estime de soi avec deux artistes, sans oublier la présence d'une socio-esthéticienne et bien sûr l'atelier karaté tous les vendredis.

  • Speaker #0

    Et puis petit à petit, je suis allée au karaté. Et ça, j'ai adoré assez vite.

  • Speaker #2

    Vous avez un kimono, c'est comme ça qu'on dit ?

  • Speaker #6

    C'est ça, un kimono, oui.

  • Speaker #2

    Avec marqué Fight for Dignity. Fight for Dignity, c'est le nom de votre association ?

  • Speaker #6

    C'est le nom de l'association avec laquelle je travaille, qui a une approche psychocorporelle. qui accompagnent des personnes qui ont été victimes de violences et qui sont accompagnées par les maisons des femmes dans leur parcours de reconstruction, sur une approche de réappropriation de son corps, de confiance en soi. Dans mon parcours professionnel, je me suis spécialisée dans l'accompagnement des personnes qui ont été victimes de violences. J'ai l'approche psychocorporelle avec le karaté, j'ai aussi l'approche psychosociale dans mon métier d'éducatrice.

  • Speaker #2

    Vous avez une ceinture noire.

  • Speaker #6

    Oui, j'ai commencé le karaté, j'avais 3 ans. Donc là, ça fait bientôt 30 ans que je fais du karaté.

  • Speaker #2

    Et le but de l'atelier,

  • Speaker #6

    c'est quoi ? Nous, on est vraiment sur la réappropriation de son corps, la redécouverte de son corps, de ses sensations, puisque c'est vraiment une pratique adaptée, étudiée, pour s'inscrire dans le parcours de soins. Chaque élément de la méthode est pensé et réfléchi pour être bénéfique dans l'accompagnement dans le sujet.

  • Speaker #0

    Je me suis accrochée à ça, ça a vraiment été très important pour moi. Moi je regarde des vidéos des fois de karaté la nuit. On sait que ce n'est pas de la force en fait, ce n'est pas la force physique le plus important. Ce que ça m'apporte c'est que je me sens quand même... plus forte et que j'aurais jamais pensé faire du karaté un jour dans ma vie. Donc quand même, vu l'âge que j'ai, c'est pas mal de se rendre compte de ça quand on a 50 ans, quoi. Ça équilibre ma semaine, en fait. C'est pour ça que je viens. Je sais que quoi qu'il arrive, le vendredi, je viens. Et à chaque fois que je m'éveille, je dis rien que mettre les pieds, là. Je me sens déjà mieux qu'en arrivant. En fait quand je suis arrivée ici dans le métro j'étais un peu et je me suis dit mais qu'on me donne une armure je sais pas pourquoi j'avais ça. Voilà l'armure c'est ça quoi. Parfois il y a des moments de la semaine où quand ça va vraiment pas il y a des choses que je fais. Je reprends les techniques, je sens que ça me tient. J'ai un peu l'impression que je reprends mes appuis. C'est hyper important d'avoir ce pivot qui ne bouge pas.

  • Speaker #2

    J'ai découvert par hasard la maison des femmes. C'est très bien. Je me suis enfuie de mon mari. Je suis toujours avec lui à la maison. Pas tout à fait en sécurité. Je suis toujours en violence. psychologique que je trouve qui est sans prix.

  • Speaker #4

    Il y a un vrai impact social quand on vit des violences conjugales. Il y a aussi ce qu'on appelle des violences sociales de la part du compagnon ou de l'ex-compagnon. C'est dire, tu rentres à telle heure, tu ne sors pas là, je ne veux pas que tu sortes, je ne veux pas que tu vois ta famille, ils ne sont pas assez bien pour toi, etc. Finalement, c'est quelque chose qui entraîne de l'isolement social. Les femmes peuvent se retrouver très seules finalement, ce qui fait qu'elles ne parlent pas de ce qu'elles vivent.

  • Speaker #2

    mais là je peux m'exprimer je peux dire tout ce que j'ai sur le coeur sans limite ça a changé beaucoup de choses dans ma vie en moyenne en france deux cent treize mille femmes sont comme inès que nous entendons victimes de violences physiques psychologiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint, soit près de 11% des franciliennes.

  • Speaker #0

    Chaque chose que je fais ici, c'est comme des cubes. C'est comme quand on apprend des choses quand on est petit, on doit apprendre à mettre des choses les unes avec les autres pour construire des trucs. Parce qu'on sait pas faire. Les choses qui se sont produites et moi maintenant je peux vivre avec ces choses là ici. Je peux les emmener avec moi sans être obligée de tout le temps oublier une partie.

  • Speaker #2

    Ça vous permet de vous construire ?

  • Speaker #0

    Oui. Je ne dirais même pas reconstruire. Je dirais construire.

  • Speaker #2

    Tends-moi la main. Sauve-moi. Sauve-moi de ma tristesse et de mon malheur. Amène-moi dans ton bateau. Loin, très très loin. Entre le ciel et la mer. Dans cet épisode, vous venez d'entendre la sage-femme coordinatrice Amélie Gladine, la travailleuse sociale Nadège Deser, la psychologue Hélène Ferrari, la professeure de karaté Élodie Billou et les patientes Isabelle et Inès. Merci à elles ainsi qu'aux autres membres du personnel de nous avoir accordé de leur temps.

  • Speaker #1

    Dans la seringue. Une collection de podcasts originaux réalisés dans les hôpitaux de l'assistance publique Hôpitaux de Paris. C'est une production du studio OZ. Le reportage est signé Léa Minot à la réalisation Caroline Lebossé. Pour en savoir plus sur l'APHP, retrouvez-nous sur APHP.fr.

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