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DECODEUR

#108 Saga de marque : Jars, une histoire d'artisans céramistes

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52min |12/04/2024
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#108 Saga de marque : Jars, une histoire d'artisans céramistes

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52min |12/04/2024
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Description

Pour cet épisode je ne suis pas à Paris pour enregistrer mais dans la Drôme, dans le village d'Anneyron pour vous parler de Jars, une très jolie marque de vaisselle qui plait au monde entier.

Jars c’est une céramique qui colle à son époque. Durable. Responsable.

C’est aussi un style unique. Poétique. Simple. Élégant.

Mais c’est surtout un savoir-faire. Artisanal. Ancestral. Estampillée Entreprise du patrimoine vivant.

Assiettes, bols et autres plats en grès, sont fabriqués ici, à qqs mètres d’où je suis, et on les retrouve ensuite sur les tables des restaurants, de grands chefs ou de quartier, et bien sur chez nous si le cœur nous en dit.

Alors comment travaillent-ils pour être ainsi sur tous les fronts ? Pour parler de tout ça, je suis ravie d’être avec Armelle Ferrieux la directrice générale de Jars, Valentine Desgaultières, sa responsable marketing et Lucie Maurice responsable R&D/qualité.


Dans cet épisode nous parlons

  • Des avantages et qualité du grès

  • Des étapes de fabrication

  • De ce qu'est l'émail

  • D'innover avec des techniques ancestrales

  • De travailler avec des grands chefs

  • De la naissance des collections à la production

  • Du parfait imparfait

  • De la grande mode de la céramique

  • Et bien d'autres choses encore...!


Merci bcp à Jars pour cette collaboration et leur confiance.


Bonne écoute !


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Merci beaucoup 👍   


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #0

    Sous-titrage ST'501

  • #1

    Bienvenue dans Décodeur, le podcast qui parle de celles et ceux qui font la déco aujourd'hui. Je m'appelle Hortense Leluc, je suis journaliste déco et à chaque nouvel épisode, j'invite à mon micro des pros de la déco. Ensemble, on peut parler savoir-faire, inspiration, tendance, actu, idée déco, envers du décor. Bref, on papote et on enregistre, car ici, la déco, ça s'écoute. Si vous venez juste de découvrir cette émission, j'espère qu'elle vous plaira. Sachez qu'il y a déjà plus de 80 épisodes enregistrés avec de nombreuses personnalités passionnantes et plein d'autres formats aussi sur des thématiques bien précises. Pour suivre tout ça en photo, vous avez Instagram, bien sûr. et petite nouvelle, la newsletter. N'hésitez pas à vous abonner, à m'écrire, à partager, bref, à faire vivre ce podcast qui n'existerait pas sans votre fidélité. Allez, c'est parti !

  • #2

    Aujourd'hui, je ne suis pas à Paris pour enregistrer un épisode, mais dans la Drôme, dans le village de Anneron, pour vous parler de Jars, une très jolie marque de vaisselle qui plaît au monde entier. Je suis sûre que vous la connaissez.

  • #1

    Jars,

  • #2

    c'est une céramique qui colle à son époque. Durable, responsable, c'est aussi un style unique, tout doux, subtil, poétique, simple, élégant, mais c'est surtout un savoir-faire, artisanal, ancestral. Estampillées, entreprises du patrimoine vivant. Assiettes, bols et autres plats en grès sont fabriqués ici, à quelques mètres d'où je suis, et on les retrouve ensuite sur la table des restaurants, de grands chefs ou de quartiers, et bien sûr chez nous si le cœur nous en dit. Alors comment travaillent-ils pour être ainsi sur tous les fronts ? Pour parler de tout ça, je suis ravie d'être avec Armelle Ferrieux, la directrice générale de Jars. Bonjour Armelle.

  • #3

    Bonjour Hortense.

  • #2

    Valentine Dégoltière, responsable marketing. Bonjour Hortense. Et Lucie Maurice, responsable R&D qualité. Bonjour. C'est bien ça, R&D qualité.

  • #4

    R&D qualité. Recherche et développement.

  • #2

    Oui, c'est très important, on va l'aborder. Merci à toutes les trois de m'accueillir au sein de votre manufacture. Je viens de faire le tour. Petite visite d'atelier et chers auditeurs, vraiment écoutez bien ce podcast parce que la visite était passionnante. C'est... Tout un savoir-faire qu'on va essayer de vous raconter, de vous décrypter. C'était même émouvant de visiter ces ateliers, donc j'espère que vraiment cet épisode vous plaira, qui à mon avis sera très riche, mais je ne veux pas spoiler. On va commencer par le début. Armel, je disais, on est dans la Drôme. Jars est dans la Drôme depuis toujours ?

  • #4

    Oui,

  • #3

    alors Jars a été créé par Pierre Jars. En 1857, à Anneron, dans la Drôme, dans le village d'Anneron, où on était initialement. Et traditionnellement, la Drôme, c'est une terre de potiers, puisqu'on a beaucoup de carrières de terre, qui font qu'on a pas mal de poteries qui sont nées ici. On a un centre à Diolphie aussi assez connu pour la poterie. Et voilà, donc les débuts de Jars, c'était des produits assez fonctionnels et utiles. Des plats, des assiettes, il y avait des pots de jardin, je pense, Lucie. d'autres produits comme ça. Et petit à petit, il y a eu des collaborations qui se sont faites avec des maisons comme Lamberger dans les années 70-80.

  • #4

    Mariage Frère.

  • #3

    Mariage Frère, effectivement. Elle était hier, qui était même assez compliquée à fabriquer. Mais ce que je dirais quand même, c'est que la naissance de la marque Jars, elle arrive dans les années 90 avec l'arrivée d'un designer qui s'appelle Pierre Cazeneuve et qui a innové de manière assez considérable au niveau des collections. Et c'est là où on arrive avec des émots à effet très spécifiques. Donc, c'est vraiment l'avènement de la marque Jars dans les années 90. Le savoir-faire, on l'a depuis 1857, mais la marque et la créativité, elle arrive vraiment à ce moment-là. Et puis, il y a une deuxième date que je trouve intéressante, c'est l'année 2008, qui note le démarrage de la collaboration avec les chefs étoilés et qui a été aussi un grand pas. Pour nous, dans la co-création avec les chefs, dans l'innovation technique et produit, donc voilà en résumé ce qu'on peut dire sur Jars. Aujourd'hui, si on doit donner quelques chiffres, on est une centaine de collaborateurs et on se définit un peu comme un collectif d'artisans et donc une manufacture. On a à peu près 50% de notre activité à l'export. 50% en France, on est revendu pour moitié dans un réseau de restaurateurs et pour moitié dans des boutiques. Voilà à peu près si on peut définir qui on est. On est entreprise du patrimoine divan, ce que tu as dit tout à l'heure. Et on a une mission de transmission du savoir-faire, puisque par définition... On a un savoir-faire qui ne s'écrit pas, mais qui est manuel. Donc, c'est toute la difficulté qu'on peut avoir.

  • #2

    Qui ne s'écrit pas, mais qui est manuel, ça veut dire quoi ?

  • #3

    Ça veut dire que quand on applique un émail d'une certaine manière, on peut filmer, mais c'est des gestes. En fait, on a une transmission de gestuel qui est fondamentale chez nous.

  • #2

    Ok. Alors, vous, on parlait du gré. Déjà, on dit le gré, le gré. Et surtout, on l'écrit comment ? Parce que je vois que ça s'écrit de plusieurs manières.

  • #4

    Alors ça s'écrit G-R-E accent grave S et on dit gré.

  • #2

    Vous, dans la grande famille des céramiques, vous travaillez le gré. Pourquoi ce choix ? Quelles sont les qualités, les avantages du gré ?

  • #4

    Ça, c'est le choix d'origine. Le savoir-faire de Jars, c'était de tout faire. La volonté de Pierre Jars, c'était de tout maîtriser, de tout faire en interne. Et en fait, le gré, c'est une céramique qui est solide et qui est fermée et qui permet de pouvoir être utilisée, comme on le disait, en horticulture ou sur la table, qui n'est pas trop... compliqué comme par exemple la porcelaine où il faut qu'on soit super blanc, où il y a des grosses contraintes, mais qui est quand même plus solide que la faïence. Et donc c'était un bon parti pris. Et donc c'était une formule de terre qui a été mise au point ici chez Jars.

  • #2

    Parce que dans la grande famille des céramiques, il y a quoi déjà ?

  • #4

    Il y a les faillances, les grès, les porcelaines, le verre.

  • #2

    Et une fois qu'on a choisi le terre, ça ne peut pas changer. Vous, ça ne vous viendrait pas ? Innocemment, vous ne pourriez pas faire un peu de porcelaine ?

  • #4

    Elles ne sont pas cuites à la même température de cuisson. Donc nous, on a un four qui est dimensionné pour cuire à 1280 notre grès. Et donc, on n'a pas intérêt à multiplier les différents terres. Par contre, nous... Depuis la création, on a développé notre gré, on l'a blanchi, on a aujourd'hui un gré qui est très blanc, et on travaille aussi des terres chamotées, on travaille plusieurs terres, mais on travaille toujours des terres à la même température de cuisson, et surtout on travaille des terres qui sont fermées, non poreuses, qui nous permettent de pouvoir être vraiment libres avec les émeaux, contrairement à une faïence qui doit être... entièrement recouverte d'émail parce que sinon les parties brutes sont poreuses et donc ne sont pas à utiliser.

  • #2

    Vous fabriquez votre propre terre, vous, sur place ?

  • #3

    Oui, on fabrique notre propre terre avec une recette ancestrale qu'on a améliorée au fil du temps parce que les carrières changent par définition, c'est vraiment des matières premières issues de la terre, donc par définition ça peut évoluer. Et on utilise aussi des terres chamotées, donc avec des... Petites graines qui sont cuites à l'intérieur des terres. Moi, ce que je voulais ajouter sur le grès, et un des principaux avantages du grès, c'est que c'est monocuisson. C'est-à-dire qu'on a des produits qu'on cuit une seule fois. Contrairement à la porcelaine, on va cuire une première fois pour avoir une assiette bien blanche et bien jolie. On va appliquer le décor et on recuit une deuxième fois. C'est quand même un avantage en termes d'économie d'énergie et d'économie de temps qui est non négligeable. Et puis, c'est une matière à idée qu'on aime bien aussi. Donc, c'est vrai que... Demain, on ne se verrait pas, je pense, travailler de la porcelaine. On est à l'aise avec le grès, on fait plein de choses sympas. Et voilà, c'est une belle matière.

  • #5

    On est touchés dans le grès que tu n'as pas pour la porcelaine.

  • #3

    Et puis, c'est une matière qui n'était pas très noble, je dirais, dans les années 90, contrairement à la porcelaine qui était un peu la reine des tables. Et aujourd'hui, on l'a un peu ennobli avec l'apport de nouveaux émaux, de nouvelles couleurs de terre aussi. Enfin voilà, c'est ça qu'on aime bien aussi chez Jars.

  • #5

    Et le gré a blanchi, parce qu'avant c'était un gré plus gris. Et le fait de l'avoir blanchi, ça l'a ennobli aussi.

  • #2

    Vous dites que vous avez votre recette, elle est secrète ? Oui. Et est-ce qu'elle a évolué depuis toutes ces années ?

  • #3

    Alors, oui, elle a évolué parce que la provenance des matières a un tout petit peu évolué, donc on a adapté la recette. Mais globalement, oui, ce sont des petits ajustements. Ce ne sont pas des grosses évolutions, Lucie.

  • #4

    Non, non, c'est vraiment... C'est une matière vivante, comme tu le disais, mais non, la recette, on la garde et on l'aime comme ça. Et tous nos émeaux sont adaptés à cette pâte de gris. Donc, si on change... La recette du gré, on va devoir changer toutes nos formulations d'émeaux parce que nous aussi, on ne fait pas que notre gré. Ici, on fait vraiment tout de A à Z. On fait notre gré, on fait nos moules et on fait nos émeaux. Et tout est un assemblage. Notre gré, il a 14% de retrait et donc tous nos moules sont faits 14% plus gros. Donc si on change la formule et qu'on a 12%, toutes nos pièces n'auront plus la même taille. Et les mailles vraiment s'accordent à notre gré. Et donc, si on change la pâte, on est obligé de changer toutes nos formules d'émeaux. Et on n'a pas les mêmes rendus. La température de cuisson, ça ne sera pas forcément la même. Donc non, on perdure. Ça ne veut pas dire qu'on n'est pas sur l'évolution et les améliorations et les nouveautés, mais il faut garder notre gré.

  • #3

    En fait, on a un métier qui est très technique. Ce que vient de dire Lucie sur le taux de retrait, la préparation des émeaux, les émeaux qui sont adaptés à la pâte, c'est une réalité du quotidien. Et on s'imagine souvent que le fait de travailler la terre ou le gré, c'est facile. Il y a plein de cours de poterie, tout le monde fait ça, mais c'est extrêmement technique. Nous, on a des ingénieurs céramistes chez nous et on est tout petit. Donc, c'est pour dire que c'est vraiment un métier qui est extrêmement complexe. Donc, c'est vrai qu'on a une recette et c'est tout un art. Il y a beaucoup de chimie, finalement, dans ce qu'on fait.

  • #2

    On va revenir sur les étapes de fabrication. Je dirais, en tout cas, c'est comme votre terre, tout est fabriqué au même endroit, dans les ateliers que je viens de visiter, on est d'accord ? Oui. Quelles sont, du coup, les étapes, on ne va pas les détailler parce qu'en plus, on ne les voit pas, mais quelles sont les grandes étapes de fabrication d'une céramique ?

  • #4

    Alors, la première étape, c'est de fabriquer la pâte. Parce que nous, on achète des matières premières, on les mélange et avec notre propre recette, on fait notre pâte. Ensuite, on va mettre en forme...

  • #2

    Une pâte, je fais une petite parenthèse pour finir, c'est 100% naturel ?

  • #4

    Oui, toutes les matières premières sont issues de la terre. C'est de la silice, du kaolin, des felspates, tout est issu de la terre, oui, tout à fait. Donc, une fois qu'on a cette pâte qu'on peut appeler barbotine, on va mettre en forme les pièces. Donc, soit... Par coulage, donc là on va remplir un moule qui a une certaine forme et après on va revider le moule et on aura notre pièce comme le pichet qu'on a là. Ou on va faire du calibrage et donc là on va avoir un moule et une tête roller qui vont entrer tous les deux en rotation et travailler un pain de terre pour avoir une assiette, un saladier, un bol. Et après on a la presse qui elle va avoir deux parties de moule également qui vont venir compresser le pain de terre pour faire la forme exacte comme notre nouvelle collection Réfectoire. Donc ça c'est les trois techniques de mise en forme. Après on va avoir la finition où là on va venir faire un joli bord. parce qu'il y a toujours un petit joint entre les deux parties du moule. On va laisser sécher la pièce et après on va l'émailler. Et là, on a plusieurs techniques d'émaillage, le tremper dans le bain d'émail ou la pulvérisation ou le passage au pinceau, à la louche, sur toute la collection Wabi, où là on va travailler à la louche. Et après, on va passer à la cuisson. Et là, on va tout mettre dans le four, on va appuyer sur le bouton, 1280 degrés, et après on va récupérer les pièces à la sortie du four. Et là, on va toutes les prendre une par une pour regarder premier choix, deuxième choix, et les sonner. Le joli petit bruit qu'on entend, c'est pour nous signifier qu'il n'y a pas de fente interne. Et après, on va préparer les commandes et expédier.

  • #3

    Peut-être on peut préciser premier, second choix ?

  • #4

    Oui, on va regarder toutes les pièces qui vont sortir du four et au tri. Donc nous, c'est le poste de tri. Elles sont expertes, elles connaissent les collections et donc elles vont dire ok, ça, ça correspond au standard qu'on a développé avec le designer, avec le marketing. On est dans la gamme de couleurs, on n'a pas de points noirs, on n'a pas de fentes, la couleur est ok, la forme est ok. Donc ça, ça sera le premier choix. Et après, si on a des petits défauts, ça ira à la boutique d'usine, second choix. Donc second choix, petit point noir, micro-fonte, etc. qui n'aura pas d'impact sur l'utilisation du produit. Défaut de couleur. Parfois, on peut avoir une couleur qui est très jolie, mais qui n'est pas dans nos standards. Donc, à la boutique, on peut avoir ça.

  • #5

    Les gens qui viennent à la boutique ont la chance d'avoir des séries ultra limitées qu'ils ne retrouveront jamais ailleurs. C'est aussi un aspect qui est sympa dans la boutique d'atelier.

  • #4

    Oui.

  • #2

    C'est l'étape du four qui est cruciale. C'est une fois que c'est cuit qu'on sait que la pièce est réussie.

  • #4

    Alors notre métier, oui. Tout ce qu'on fait avant le four, on travaille pas à l'aveugle, mais c'est un peu mystérieux et c'est vraiment la cuisson qui va révéler et qui va nous dire si on a bien travaillé, en tout cas si on a bien fait, mais si on a travaillé la pièce un peu trop brusquement, on aura créé une fente qui ne va pas se voir et qui va se révéler seulement à la cuisson. Quand la pièce va cuire, la fente va apparaître et là, on va se dire... Là, c'est carrément à la casque que la pièce va aller, mais l'application des émots, même les émots, nous, quand on fait les formules des émots, avant cuisson, on ne sait pas, c'est pas comme un peintre sur sa palette de peinture où il va pouvoir faire son mélange et voir en direct s'il a mis assez de bleu, assez de jaune ou assez de rouge. Nous, c'est vraiment à la cuisson où les couleurs vont se révéler, les effets vont se révéler, les cristallisations vont se révéler.

  • #2

    Alors, comment en est une collection Quelles sont les étapes ? Ça passe chez toi d'abord en R&D pour savoir ce qui est possible de faire ?

  • #5

    En général, on ne se limite pas trop par la technique. On travaille plus soit avec un designer, soit avec une inspiration qu'on a eue. Et en général, après, on recherche la technique pour faire, mais on n'aime pas trop se limiter. Et après, on se donne les moyens de trouver comment faire. On n'a pas trop de limites.

  • #2

    Donc, vous faites des dessins, vous partez d'une matière, vous partez de quoi ?

  • #4

    Alors quand on travaille avec Pierre Cazeneuve, lui il est céramiste de son côté, donc lui il nous amène des prototypes. Il fait la pièce rêvée, il la fabrique dans son atelier et puis il nous l'amène. Et après nous, soit on la prend telle qu'elle, soit on lui apporte des petites modifications pour pouvoir la faire en série. Si lui dans son four justement il a eu un petit souci, nous on essaie de régler ça. Il y a plusieurs types de créations. Il y a les créations où on va vouloir le package, on va vouloir tout comme Wabi, où on va travailler et la forme et les émaux. Et puis il y a des créations où on va plus travailler d'abord la forme et ensuite la couleur.

  • #2

    Les émots, qu'on soit bien clair, ce que tu en parles depuis tout à l'heure, c'est la couleur en fait. Oui. Et c'est une grande force chez Jars.

  • #4

    Oui, c'est la raison d'être de Jars et c'est aussi pour ça que le gré avait été choisi, parce que le gré, on le travaille assez épais, on le travaille assez solide et il permet de pouvoir s'exprimer avec des émots, de mettre des émots en couche un petit peu épaisse et de résister, on va pouvoir mettre des émots craquelés, on va pouvoir mettre des émots... à effet, on va pouvoir faire des superpositions, on va pouvoir faire plein de choses, tout en ne déformant pas la pièce et en ne cassant pas la pièce.

  • #2

    Et c'est beaucoup de travail pour obtenir la bonne teinte, le bon effet ? Oui. C'est combien de... Non, je ne sais pas si on évalue en temps ou en...

  • #4

    Ça peut mettre six mois, on peut mettre un an.

  • #2

    Alors comment tu travailles, par exemple ?

  • #4

    On travaille petit à petit. On élargit le spectre, enfin on rétrécit plutôt le spectre petit à petit. On va se dire ok, je veux un émail craquelé. On va commencer par la base, on va se dire je veux un émail craquelé, je veux un émail mat, je veux un émail satiné. Et puis après on va faire des tests, c'est très empirique. Et on va prendre nos petits pigments et on va tout tester. Donc il faut tester absolument dans notre four de cuisson parce que si je prends la même formule d'émail, je suis dans un autre four. Ça n'aura pas le même rendu. Donc, voilà, on va tester. Et puis,

  • #2

    petit à petit, on va réjouir. Et le maïs, c'est quoi ? C'est une couche de... C'est du verre avec...

  • #4

    C'est aussi de la céramique. En fait, c'est juste... C'est une couche de verre qui est appliquée sur la pièce. Donc, nous, on travaille en forme... Donc, on travaille des poudres qu'on va mettre sous forme liquide, qu'on va appliquer sur la pièce, donc soit à la louche... soit en pulvérisation et qui, à la cuisson, va se transformer et qui va faire une couche de verre protectrice sur la pièce. Mais nous, notre gré, il n'a pas besoin forcément d'être protégé.

  • #2

    Quand vous créez de nouvelles collections, est-ce que ça se passe en interne ou vous faites appel à des créateurs extérieurs, des designers ?

  • #3

    Alors, on travaille avec Pierre Cazeneuve depuis plus de 40 ans. C'est un partenaire de longue date et on est fidèles et on adore travailler avec lui. On a travaillé aussi avec Catherine Salmounier, qui nous a aidé à initier cette collaboration avec les chefs, qui nous a aussi proposé des collections comme Maglone, qui est une collection organique, simple, qui fonctionne très bien. Et puis, on s'ouvre aussi à de nouveaux designers.

  • #5

    On fonctionne aussi beaucoup par rencontre chez Jars. Et on a travaillé avec Élise Fouin dans le développement d'une collection pour la Hallograin, pour le chef Brasse. Et du coup, on est resté en contact avec Élise. Et aujourd'hui, on travaille sur une collection qui viendra dans quelques temps.

  • #2

    Combien de temps il faut, grosso modo, pour sortir une collection ? On parlait tout à l'heure.

  • #3

    Alors, c'est une bonne question. Oui,

  • #5

    c'est une bonne question.

  • #3

    Parce que même si on a du mal à finir,

  • #5

    Je dirais qu'on est quand même plus réactifs que d'autres là-dessus. On entend souvent deux, trois ans de développement. Nous, on est plutôt sur un an, un an et demi.

  • #3

    Et puis, on parle de collection, mais on fait aussi beaucoup de co-création avec des chefs. Donc ça, c'est aussi du développement de produits, des nouvelles collections. Alors pour eux, en l'occurrence, pas pour nous. Et ça, ça peut aller assez vite. Parce qu'eux, ils sont souvent pressés, ils ont besoin des produits rapidement pour leur nouvelle carte. Donc, je ne sais pas, on peut développer pour un chef en six mois. En six mois, on est capable de faire trois, quatre pièces.

  • #4

    Avec les chefs avec qui on a déjà travaillé et qu'on connaît. Quand on fait une implantation avec un chef, il y a vraiment ce dialogue créatif au départ, où là, ça peut prendre un peu plus de temps parce qu'on va s'apprivoiser un petit peu entre le chef et Jars, comprendre. quelles sont ses attentes, qu'est-ce que nous on peut lui proposer. Et donc au début, quand on fait une implantation, ça peut prendre plutôt un an, un an et demi, parce qu'il y a beaucoup de pièces. Mais en effet, après quand ils nous demandent une pièce supplémentaire, là on sait réagir en six mois, parce qu'on a déjà travaillé ensemble, parce qu'on connaît un petit peu les attentes. Et puis les chefs, ils sont impatients. C'est-à-dire que quand ils ont une idée de recette, souvent ils viennent nous voir et ils J'ai une idée de recette, il me faut un bol de cette taille. Comment on fait réagir ensemble ? Et eux, ils veulent que ça soit immédiat. Donc, ils nous poussent un peu. Et puis, nous, on aime bien les challenges. Donc, on essaie de...

  • #2

    Comment vous travaillez ensemble ? En fait, eux, ils arrivent avec une idée. Ils veulent une forme particulière, des couleurs particulières. Ou c'est vous qui faites des suggestions ?

  • #5

    Ça dépend vraiment de leurs besoins. Comme disait Lucie, parfois, c'est... Le lancement de leur restaurant, donc ils partent de zéro avec un mood board de leur restaurant, de ce qu'ils souhaitent faire et tout ça. Parfois, effectivement, c'est un plat, ils cherchent une assiette pour aller avec le plat. Parfois, ils viennent ici et ils voient une pièce qui leur inspire un plat. Donc, c'est jamais vraiment la même...

  • #4

    Ils ont chacun leur personnalité, leur façon de travailler, mais la base, c'est toujours, ils viennent ici, ils visitent les ateliers comme tu viens de le faire. Et après... On travaille ensemble et...

  • #2

    Et tout est réalisable, parce qu'on peut se dire, c'est des grands chefs, des très grands restaurants.

  • #3

    Jusqu'à maintenant, on n'a pas trop mal réussi.

  • #4

    Il y a des choses plus ou moins rapides, il y a des sujets qui sont plus complexes, qui nous demandent des challenges un petit peu. Et donc là, on met un peu plus de temps à travailler. Tout est faisable. Après, tout dépend le coût, le temps et le nombre de pièces qu'on veut.

  • #2

    Oui, parce que vous travaillez avec les grands chefs et vous faites aussi des objets exclusifs pour d'autres marques et qui ne sont pas forcément vendus chez vous, qui sont vendus uniquement...

  • #5

    On a très peu de partenaires retail. On travaille avec des partenaires fidèles et de longue date. Je peux les citer, on travaille avec Sarah Lavoine depuis plus de dix ans et Caravan et également India Madhavi. Et aujourd'hui, on n'en a pas d'autres et c'est vraiment des partenaires historiques. On ne cherche pas à démultiplier, c'est vraiment des rencontres et c'est vraiment des choses qu'on a co-créées ensemble. Et aujourd'hui, avec le retour au savoir-faire français, c'est vraiment... Aussi pour eux, un avantage de travailler avec Jars et aussi notre créativité et le fait de créer ensemble, c'est vraiment...

  • #2

    Vous êtes sans cesse dans la recherche de nouvelles matières, de nouvelles textures, de nouvelles couleurs ? Oui. Où sont des bestes que vous réinterprétez ?

  • #3

    On est beaucoup dans l'innovation à la fois design et à la fois technique. Parce qu'une fois qu'on a défini un produit qui nous convient, avec l'émail qui va bien, souvent il peut y avoir une mise en place technique ou une nouvelle technique qu'il faut qu'on s'approprie et qu'on n'avait pas jusqu'à maintenant. Donc ça c'est important et ça fait vraiment partie de l'ADN de Jars d'être dans l'innovation à la fois design et technique. Donc c'est capital et effectivement on passe beaucoup de temps là-dessus.

  • #2

    Et comment on arrive à innover quand on a des gestes ancestraux et des techniques ancestrales ?

  • #3

    Et on peut innover avec l'éther. Les terres, c'est de la R&D. Les terres chamotées, par exemple, qu'on a lancées il y a une petite dizaine d'années. On est l'un des rares Français à faire de la terre chamotée, par exemple. On innove avec les effets d'émail. Donc, ça veut dire qu'il y a des techniques aussi pour faire des émeaux spécifiques. On a un métier qui est très technique. Donc, dès qu'on a un nouveau produit, il faut qu'on regarde si la technique qu'on connaît est appropriée.

  • #2

    Et est-ce que la technique est différente selon qu'elle soit destinée au grand public ou au restaurant, où j'imagine qu'il y a énormément de manipulation par exemple ? La technique ou la qualité, pardon, je voulais dire.

  • #3

    Non, alors en fait, nous, on a une qualité qui est constante et qui est d'abord adaptée pour un usage intensif en restauration. Et donc, c'est pour ça qu'on a 50% de notre activité qui est dédiée à ce marché-là. Et en conséquence, les produits que vont acheter les particuliers ont la même qualité qu'on trouve en restauration. On a vraiment des produits qui sont durables, solides et ça fait aussi partie de l'ADN de la marque. de lancer des produits qui vont être durables dans le temps, donc avec un style qu'on veut pérenne, et durables aussi en qualité de produit, qui passent au lave-vaisselle, qui passent au micro-ondes, qui sont faits pour ça.

  • #2

    On parle de chefs de tout à l'heure, est-ce qu'éventuellement on peut citer quelques chefs avec lesquels vous travaillez, et peut-être donner quelques exemples de ce que vous avez fait pour eux ?

  • #3

    Alors, ne vous battez pas.

  • #4

    On se regarde avec Valentine qui est là depuis 15 ans.

  • #5

    Elle a tout l'historique des chefs.

  • #4

    On a travaillé avec des chefs locaux comme Anne-Sophie Pic à Valence, Régis Marcon juste à côté qui nous connaissent depuis toujours, qui avaient du jars chez eux et puis se sont dit un jour Mais pourquoi j'ai de la porcelaine dans mon restaurant ? Pourquoi je n'ai pas du jars comme… Comme pour mon petit déjeuner à la maison quand je suis avec mes enfants, pourquoi je n'offre pas ça à mes clients ? Et on a travaillé avec Harry Baird, avec Johan Comte, donc elle à La Samaritaine et à La Vague d'Or.

  • #5

    C'est très varié. Chaque chef a vraiment sa personnalité et tous les chefs qu'on vient de citer ont des pièces qui n'ont rien à voir les unes avec les autres. C'est vraiment... adapté à leur ADN.

  • #4

    Et justement, quand Emmanuel Renaud vient, il nous Ah, je suis allée chez Arnaud Donkel, il a une cocotte que vous lui avez fait magnifique, je veux la même. On lui dit Non, non, tu n'auras pas la même parce que... Justement, nous, c'est ça notre ADN, c'est de faire du sur-mesure pour les chefs et que chacun ait vraiment un petit peu son identité par rapport à Jars et le chef. Et du coup, on retravaille ensemble, on nous dit mais quel est ton besoin ? Et nous, on apporte aussi notre savoir-faire. Et c'est aussi pour ça que les chefs aiment venir chez nous, parce qu'ils savent que quand on aura fait une pièce ensemble, il n'y aura pas la même pièce chez... Le chef, ils sont tous copains par ailleurs, mais ils sont un petit peu concurrents quand même. Et c'est ce qu'ils apprécient chez nous. Et c'est ce que nous aussi, on aime faire. Si c'est pour dupliquer la même pièce partout, ça a moins d'intérêt.

  • #3

    On crée des produits identitaires pour les chefs qui correspondent à leurs besoins, que ce soit en matière de création ou de plat. Et donc ça, c'est très spécifique à chacun des chefs. On a aussi fait des produits sur mesure à l'étranger. On travaille avec EMP à New York, par exemple. On n'est pas que franco-français. Avec Daniel Hume. Avec Daniel Hume. Et on a pas mal de chefs qui nous sollicitent pour faire du sur mesure. Donc, à distance, c'est plus complexe, mais on arrive à le faire. Et c'est vrai qu'on aime bien qu'ils viennent chez nous pour... bien se comprendre et avoir la bonne approche par rapport à leurs demandes.

  • #2

    Donc vous pouvez faire autant des petites quantités, 50 pièces, que des choses qui sont plus, dans ces cas-là, plus, entre guillemets, industrialisées, comment on dit ? C'est pas le même geste ? Est-ce qu'il y a une différence ? C'est de la grande série ?

  • #3

    C'est ce qu'on voyait ce matin quand on a fait la visite. On a des postes sur lesquels on sait qu'on fait de la petite quantité. On a des postes sur lesquels on fait de la plus grosse quantité, donc après on a des machines. Mais quand même, pour fabriquer une assiette, on a une vingtaine de passations de main en main. Donc en fait, même s'il y a une étape qui peut sembler un peu... Industriel, les autres étapes sont bien souvent très manuelles. Le fait d'enfourner les assiettes dans le four, c'est extrêmement manuel. On ne dirait pas comme ça, mais ça l'est. Donc voilà, on est capable de faire des petites séries, des très grandes séries. On a des clients qui vont nous commander 50 pièces et des clients qui vont nous commander 10 000, 15 000 pièces. On est capable de faire ça aussi.

  • #2

    Quand on vient vous voir, qu'est-ce qu'on vient chercher ? Qu'est-ce qu'on aime chez Jars ?

  • #0

    Qu'est-ce que les chefs aiment chez Jars par exemple ? Ils sont très nombreux à venir vous voir ou toutes ces marques qui vous demandent des co-créations. Qu'est-ce qu'ils aiment chez vous ? Pour vous, quel est votre ADN ?

  • #1

    Je dirais la singularité parce que Jars est une marque vraiment identifiable. Il y a une patte Jars dans le toucher, dans l'aspect visuel. Beaucoup de nos pièces ont une partie qui est laissée brute. Ça, c'est quelque chose qui est assez unique à Jars. Et Jars est assez reconnaissable, comme on le disait tout à l'heure dans les restaurants, Souvent, on reconnaît Jars, on va soulever la pièce et pour confirmer que c'est une pièce Jars, il y a quelque chose de reconnaissable, une patte.

  • #0

    Est-ce que vous travaillez cet univers un peu aussi, cette identité que vous avez ? Je disais que chaque pièce, il y a presque comme une émotion, elles sont très douces, un peu poétiques, les coloris sont très harmonieux. Vous faites attention à ça ?

  • #2

    Oui. On travaille beaucoup les demi-tons, on travaille beaucoup le parfait-imparfait, les régularités. Et ce que je voulais préciser aussi par rapport à Valentine, pourquoi les chefs viennent nous voir, c'est aussi parce qu'on a cette souplesse entre l'artisanat et la constance manufacturière. C'est-à-dire que si ils nous commandent 50 pièces, ils auront 50 pièces plutôt identiques. Nous, on va réussir à faire des pièces qui ont ce côté artisanal, mais qui seront solides et où on arrivera à produire... Nous, 50 pièces, on sait le faire de façon assez réactive.

  • #1

    Ils viennent nous voir aussi pour la créativité, clairement. Pour justement, tout le champ des possibles en termes d'émos, de couleurs. C'est vrai que, comme on disait tout à l'heure, on n'a pas trop de limites.

  • #2

    On n'est pas une marque à façon. Tous les chefs qui sont arrivés en disant je veux ça ils ne sont jamais repartis avec ce qu'ils nous avaient décrit au début. Parce que nous, on va apporter notre côté créatif. mais est-ce que tu veux pas plutôt ça ou est-ce que ça ça irait pas mieux et puis le labo où nous on garde un peu tous nos essais qui peuvent être parfois un peu ratés et bien ils vont correspondre ils peuvent correspondre à un besoin à une idée, à une démarche et souvent ceux qui nous connaissent ils viennent ils savent pas ce qu'ils veulent ils savent ce qu'ils ont comme menu, comme plat ils savent pas exactement ce qu'ils veulent comme pièce et puis ils vont se promener ils viennent On est une source d'inspiration en fait, et nous on va travailler ensemble. Mais il y a des chefs, ils sont au bord de la plage, ils nous ont amené la photo de la plage, ils ont fait voilà, moi je travaille ici, je veux que les gens quand ils sont à table, ils aient l'impression de manger sur la plage. Régis Marcon, il nous a amené des cailloux qu'il avait ramassés autour de son restaurant, en disant je voudrais qu'on ait l'impression que l'assiette elle est taillée dans ce caillou, et nous on a fait un émail à partir de ça.

  • #1

    Comme Johan Comte,

  • #2

    qui nous a demandé... Il a dit, moi, je veux que les gens aient l'impression qu'ils sont en haut de leur rocher, avec leur gamelle et leur cuillère, et ils mangent, mais ce qu'ils mangent, c'est pas du tout... C'est ce que Johan Comte a pensé pour eux, mais nous, il fallait qu'on arrive à, par le contenant, reproduire un petit peu cette sensation. Donc, comme il a fait ce geste-là, nous, on s'est dit... Enfin, qu'on voit pas, mais... Le geste d'avoir son assiette et son bol près de soi pour pas le faire tomber parce qu'on est sur un caillou, il fallait qu'on arrive à faire une pièce toute douce, qu'on ait envie de prendre en main, et qui nous donne envie d'avoir ce geste-là.

  • #0

    Et tu disais tout à l'heure parfait, mais imparfait, vous cherchez ces irrégularités, en tout cas elles ne vous font pas peur, c'est même un peu un signe de fabrique chez vous.

  • #3

    Ça fait partie de l'ADN même et des signes de reconnaissance de la marque. A contrario de la porcelaine, on a des produits qui sont très blancs, très ronds, avec des jolis graphiques, mais qui sont tous parfaits. Nous, on n'est pas du tout là-dedans et c'est vraiment notre signature. Donc c'est très important pour nous ça.

  • #0

    Oui, parce que j'allais dire, c'est quand même la grande mode des céramiques. Comment du coup on se démarque ? C'est par le style ? C'est par ce genre de finition ? C'est en racontant une histoire particulière, comme là vous êtes en train de le faire ?

  • #3

    Oui, c'est la grande mode des céramiques parce qu'on en parle beaucoup dans les journaux. Mais nous, on existe quand même depuis 1857. Donc, on n'est pas à la mode. On existe, on est entreprise du patrimoine vivant, on travaille beaucoup avec les chefs depuis longtemps, avec les boutiques. Donc, on est un peu intemporel. Ce côté mode, c'est sympa parce que du coup, on peut prendre la parole plus qu'avant. Mais nous, on ne s'inscrit pas dans ce courant-là, on va dire.

  • #1

    Oui, on est un peu hors des tendances. Aussi, pour développer nos collections, on ne va pas regarder ce qui se fait autour, les tendances dans l'art de la table. C'est plus de l'inspiration, des choses. On est une marque assez intuitive. On ne va pas regarder ce que font les autres et la tendance du moment pour développer une collection.

  • #0

    Vous parlez beaucoup aussi de prendre le temps, le temps de la main, le sens du détail, mais en même temps, il faut vendre, vous êtes une entreprise. Comment vous arrivez à rendre compatibles les deux choses ? C'est pris en compte, j'imagine ? Oui.

  • #3

    En fait, on sait que pour fabriquer une pièce, on a besoin de temps pour la fabriquer, parce qu'il faut que ça sèche, qu'on l'émail, que ça cuise correctement. Donc, on a un calcul de temps. Voilà, on a des produits qu'on a en stock, parce qu'on a des produits qui se vendent bien. On va dire que c'est de l'organisation de production et logistique au service d'une manufacture artisanale. Donc c'est bien les deux choses. On est très artisan dans notre manière de fabriquer les produits, mais on a une organisation qui se veut professionnelle et avec des services compétents là-dedans.

  • #0

    Je parlais de la mode de la céramique, mais il y a aussi quand même un engouement incroyable pour les arts de la table, dont vous bénéficiez aussi.

  • #3

    Oui, alors ça, ça vient en partie de la notoriété des chefs, qui sont les stars d'aujourd'hui, ce qui n'était pas le cas il y a 15-20 ans. Et c'est eux qui ont amené ça finalement, en disant, au-delà de ce que je propose dans une assiette, je veux aussi que l'assiette soit en phase avec mon plat. Donc tout ça fait que... Petit à petit, on a abordé le sujet grâce au chef. Enfin, c'est vraiment... Il y a eu pas mal de choses à la télé aussi. Toutes ces émissions où on va parler de gastronomie, de cuisine, de chef. Donc oui, ça a amené une forme de notoriété sur les arts de la table dont on a bénéficié effectivement...

  • #2

    En France ?

  • #3

    En France.

  • #2

    Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, on est à 50-50 avec la France. Mais il fut un temps où on se vendait mieux. À l'export, le made in France, le savoir-faire français, on vendait très bien nos produits à l'étranger et moins en France.

  • #0

    Alors là, on parle beaucoup de chefs et ça donne très envie, mais l'avantage, c'est qu'il y a des collections aussi pour le grand public. On vous trouve dans des boutiques ?

  • #1

    On est dans une centaine de boutiques en France et dans de nombreuses boutiques aussi à l'étranger. On est dans les boutiques un peu pointues, concept store, un peu sympa, déco. Par exemple, un de nos partenaires historiques, c'est Merci. ou encore la trésorerie à Paris. On peut être aussi dans des grands magasins comme le BHV. Chaque boutique a un assortiment un peu différent. Soit c'est une boutique plus au BHV, ça va être plus de l'art de la table. Chez Merci, ça va être plus des pièces un peu déco, des objets cadeaux, type vase, une grande coupe, ce type d'objet.

  • #0

    Et quelle est du coup la temporalité de création ? Vous avez un nombre de collections par an ou c'est au gré de rencontres ?

  • #1

    On n'a pas d'obligation de sortir une collection par an ou deux, mais on essaye d'apporter toujours un peu de nouveautés auprès de nos clients et d'amener toujours des nouvelles choses et de nouvelles propositions. Après, nos anciennes collections restent encore des collections iconiques. Donc, il y a toujours des anciennes collections qui vont se mêler avec les nouvelles. Et comme on dit, on est une marque intemporelle. Donc, Touron, qui est notre collection historique, reste toujours aujourd'hui une de nos meilleures ventes et toujours un côté très sentimental. de cette collection qui plaît toujours autant.

  • #0

    Oui. On n'a pas encore parlé... Quel type de... Derrière tout ça, on parle de la main, mais du coup, se cachent des hommes. Quel type de... Des hommes et des femmes. Quel type de métier on trouve chez JAS ? Alors,

  • #3

    nous, on a la particularité de former en interne les personnes qu'on recrute. Donc quand on va lancer des recrutements, ce qu'on va regarder sur le CV, voire même on ne va pas regarder le CV, on va recevoir la personne et s'assurer qu'elle est plutôt calme, plutôt manuelle et qu'elle aime bien ces métiers-là. Et parce qu'on assure la formation intégrale des personnes, donc on n'a pas besoin que la personne ait déjà travaillé par ailleurs dans la céramique parce qu'on a tous des métiers assez différents finalement. entre un porcelainier, un céramiste comme nous, ce n'est pas forcément les mêmes gestes, ce n'est pas forcément la même approche. Donc, ce qui va compter, c'est vraiment le côté manuel de la personne et son envie de travailler sur des métiers comme le nôtre.

  • #0

    Parce que sinon, il y a une école, où est-ce que les céramistes, ils se forment où ?

  • #2

    Il y a plusieurs écoles. Donc, soit on passe ce qu'on appelle un BMA, un brevet des métiers d'art. Et donc là, ça va être très potier, dessin à la main. Après, il y a des CAP aussi, mais nous, on n'en a pas trop ici. Et puis après, il y a le diplôme ingénieur céramiste ou BTS. Mais nous, comme disait Armel, c'est plus un ancrage local. J'ai l'air que c'est là depuis 1857, donc les gens connaissent l'entreprise et ils viennent travailler ici parce que c'est... C'est pas loin de chez eux et parce qu'ils ont envie de travailler à la main quelque chose. Mais comme disait Armel, nous on va former en interne les gens et on va avoir cette transmission du savoir-faire. Et c'est ce que les gens aiment aussi, ils arrivent ici, on apprend quelque chose, on apprend un métier et ça peut prendre du temps.

  • #0

    Donc les artisans sont plutôt des anciens entre guillemets ou il y a toute une nouvelle génération qui arrive ?

  • #3

    Oui, voilà. Heureusement qu'on a des nouveaux qui ont envie d'apprendre le métier et qui restent. Et c'est un joli équilibre, en l'occurrence, entre des anciens qui vont former les nouveaux à ces techniques manuelles, ces bons réflexes, ces bonnes pratiques, parce qu'encore une fois, ça ne s'écrit pas, c'est vraiment de la transmission manuelle. Donc on a les deux, on a beaucoup d'anciens qui sont là depuis très longtemps et on a beaucoup de nouveaux qui arrivent, qu'on forme et on est content de les avoir. Donc oui, c'est un joli mix. C'est assez chouette.

  • #0

    On entend beaucoup le retour de l'artisanat, etc. Est-ce que vous trouvez que ça se confirme, vous recrutez facilement ? Ou pas forcément ?

  • #3

    Alors, le retour de l'artisanat, oui. Mais ça, c'est dans la théorie et dans les ventes. Mais quand il s'agit de recruter, ça dépend des aspirations des personnes. On a des personnes qui sont très contentes de venir chez nous et d'autres dont ce n'est pas du tout la volonté. Donc, oui et non, je dirais.

  • #0

    On n'a pas du tout parlé de l'aspect engagé de la marque. Quand on a fait la visite tout à l'heure des ateliers, il y avait toute une notion autour du gaspillage, par exemple.

  • #3

    Alors, c'est vrai que nous, on est déjà dans un territoire où il y a beaucoup d'agriculture. Donc, on a une espèce de bon sens paysan un peu inné depuis toujours. Et on a toujours été attentif à recycler nos déchets de pâtes, recycler l'eau. réutiliser le chauffage du four pour les séchoirs. Donc en fait, on est là-dedans depuis toujours. Et nous, on utilise des matières premières qui sont issues de la terre, donc ce n'est pas des matières épuisables facilement, on va dire. Donc c'est vraiment une philosophie qu'on a et qui est ancrée au niveau local. Et après, on est aussi dans un village où il n'y a pas beaucoup de transports en commun. Donc on a mis en place une politique de mobilité douce. où on accompagne financièrement les salariés pour venir à vélo ou venir en covoiturage. Et ça, c'est important pour nous et on sent que ça prend parce qu'on sent que c'est vraiment dans la culture d'entreprise. Donc oui, on a beaucoup d'actions dans ce sens-là et c'est partagé par beaucoup de personnes en interne.

  • #0

    Il y a combien de salariés ? Tu m'as dit au tout début, mais là peut-être qu'on peut redire le chiffre. Alors,

  • #3

    on est une centaine de salariés sur le site, dont une soixantaine en production.

  • #0

    Et tu disais manufacture aussi. C'est quoi une manufacture ?

  • #3

    Une manufacture, c'est là où on a des gestes, c'est là où on a un savoir-faire bien spécifique. Et étant entreprise du patrimoine vivant, vivant, c'est par essence ce qu'on va transmettre de manière orale ou visuelle. Ce n'est pas quelque chose qu'on va écrire, ce ne sont pas des machines.

  • #0

    Tout à l'heure on disait que c'était une maison familiale pour le fondateur, c'était Pierre Jars. C'est toujours une entreprise familiale ?

  • #2

    Oui mais c'est plus la même famille.

  • #3

    Exactement. Alors, on va dire que la culture reste familiale parce qu'il y a beaucoup de solidarité, il y a un esprit familial qui est fort. Mais elle est sortie de la famille de Pierre Jars et elle est entrée dans une autre famille qui s'appelle Émile-Henri, qui est aussi un fabricant de céramique. Donc, c'est de la céramique qui va au four. Donc, c'est une autre technique et c'est un autre métier que le nôtre. Mais en tout cas, c'est un métier qui est proche. Et donc, depuis 2016, on appartient au groupe Émile-Henri. Effectivement, sixième génération.

  • #0

    Mais qui n'est pas du tout ici ?

  • #3

    Non, qui est en Bourgogne, à Marcigny.

  • #0

    Ok. Est-ce que vous avez une collection chouchoute, l'une et l'autre ? Parce qu'il y en a plein, on ne va pas pouvoir les décrire, mais je suis devant, en plus c'est vraiment hyper joli. Est-ce que chacune, vous me diriez, comme ça, ça permettra d'en dire un peu plus sur certaines collections ?

  • #3

    Alors moi j'aime bien les bols d'ashi, parce que je mange beaucoup de soupes et j'aime bien manger dans un bol et j'adore. Et comme on a huit formes différentes avec des couleurs différentes, c'est quand même si changé. Alors les bols d'ashi,

  • #0

    je peux les décrire peut-être un petit peu ?

  • #3

    Alors c'est des bols qui ont été dessinés par Pierre Cazeneuve et c'est une inspiration un peu asiatique d'ashi, ça veut dire bouillon en japonais. Donc on a des formats de bols, on peut mettre une soupe, une petite salade, du riz et avec des émeaux assez travaillés. Donc on a des émeaux, pinceaux. On a des émeaux craquelés. Et moi, ce que j'aime dans cette collection, c'est la diversité des bols. Et en fonction de l'humeur ou de ce qu'on a envie de mettre dedans, on a l'impression qu'on est au restaurant simplement avec le bol.

  • #0

    La technique du craquelé, tout à l'heure, je crois que j'entendais, c'est craquelé et après c'est peint à la main, enfin je ne sais plus comment on dit, à l'encre de chine. Après cuisson,

  • #1

    on vient d'ajouter de l'encre de chine qui vient s'immiscer dans la craquelure de la pièce et qui donne ce craquelé noir de la collection Dachi.

  • #2

    Oui.

  • #0

    Et j'ai vu aussi les émeaux à la cendre, qu'est-ce que c'est ?

  • #2

    Alors ça, c'est une technique ancestrale, c'est vraiment de la cendre de bois. Donc c'est Roland qui est aujourd'hui à la retraite, mais qui a sa cheminée et qui nous apporte... les cendres de sa chaudière et de sa cheminée. Et nous, on les utilise, on les tamise et on les utilise. On fait des émeaux à la cendre de bois dans la collection Wabi. Et on travaille aussi la cendre de foin. Et on a fait plein d'études de cendres. D'ailleurs, on travaille en partenariat avec la ferme qui est à côté et qui m'a donné des branches de framboisier, différents types de branches. Et nous, on a fait plein d'essais. À l'époque, les potiers, ils travaillaient comme ça pour avoir certains minéraux, certaines matières, apporter un peu de structure dans leurs émeaux. Ils utilisaient ce qu'ils avaient à côté, donc les cendres, ils allumaient le four, donc ils récupéraient les cendres, ils en mettaient un peu dans les émeaux et puis ils se sont rendus compte que ça avait différents effets. Et donc, on a travaillé beaucoup pour établir une formule qui soit plus ou moins reproductible. C'est la cheminée de Roland qui a été élue. On a plusieurs collègues qui ont essayé de nous amener leurs cendres. Et donc, on est obligés de changer la formule, si c'est les cendres de Hugo ou les cendres de Roland. Et voilà, on a vraiment ce côté... artisanale, mais on essaye de mettre un petit peu de process et de reproductibilité. Mais c'est pour ça que notre collection Wabi, elle n'est, comme on disait, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, parce qu'on utilise des matières naturelles et on a cette variabilité-là.

  • #0

    Et toi, Valentine ?

  • #1

    Moi, j'aime les pièces de la collection Wabi les plus simples, donc le Wabi blanc, rond. Et du coup, aujourd'hui, la nouvelle collection qui vient de sortir, Garig, qui est inspirée de la collection Wabi et les formes rondes. Parce que Wabi, il y a des formes irrégulières qui sont très fortes et il y a une des formes plus douces, plus rondes et dans laquelle on vient d'apporter de la couleur dans la collection Garig.

  • #0

    Et il y a du grès, c'est en grès chamoté.

  • #1

    Et c'est de la terre chamotée.

  • #0

    Terre chamotée.

  • #1

    Donc il y a le toucher de la terre chamotée.

  • #0

    Un peu granuleux, si on devait décrire.

  • #2

    Toi,

  • #0

    tu touches à tout, donc ça doit être hyper compliqué. C'est toi qui as la naissance de chacune des collections.

  • #2

    J'ai l'histoire de chaque collection et j'ai même des collections chouchoutes qui ne sont plus aujourd'hui au catalogue. Je dirais que le travail sur la collection Wabi et le partenariat avec Pierre Cazeneuve On a essayé vraiment de reproduire le geste de l'artisan. La première fois, on m'a dit, on va faire ça. Je dis, oui, Pierre, vous arrivez à faire ça dans votre atelier. Mais nous, comment je vais faire ? Il me dit, c'est simple, on prend le pinceau et on fait ça. Mais moi, je prends le pinceau, ça ne fait pas du tout ça. Et donc, j'ai appris ce côté artisan avec lui. On a fait plein de formules, plein de... Plein de superpositions, on avait des centaines d'essais avant de choisir nos trois couleurs qu'on a choisies. Donc je dirais que la collection Wabi, elle m'est chère parce que aussi Pierre m'a transmis, et après moi j'ai transmis aux filles dans les ateliers, et aujourd'hui elles sont meilleures que moi, parce qu'elles savent manipuler ça, et on a pu créer Dachi parce qu'on avait appris. On disait tout à l'heure, comment être inventif avec des méthodes ancestrales ? C'est se réapproprier ces méthodes ancestrales qui, avant, c'était un artiste. C'est un artiste, Pierre, qui nous fait les collections. Et comment, nous, on arrive à le reproduire, à faire quelque chose de toujours un peu la même, mais pas tout à fait.

  • #0

    Oui parce que l'artisan aussi, vous voulez créer une nouvelle collection, il y a des nouveaux moules, il y a de nouvelles façons d'émailler j'imagine, pas techniquement mais comment vous leur apprenez ça en fait ? C'est toi qui va apprendre à l'artisan, il connaît le geste, il va répéter un geste ?

  • #2

    Alors ça dépend, on travaille en binôme. Quand on fait une création, je suis avec l'artisan, on est tous les deux et on a tous les deux un pinceau, on a tous les deux des pièces, on fait plein d'essais, plein d'échantillons jusqu'à dire... Ok, go, là on a le... Et le plus dur, c'est qu'une fois que c'est sorti du four et que c'est beau, c'est de reproduire l'échantillon qu'on a fait. Donc moi je suis toujours avec mon petit cahier, ma petite feuille, et tout noter. Et donc je note quel pinceau, quel grammage, je note tout, même des choses qui paraissent inutiles, parce que trop de fois on met du temps à reproduire quelque chose. Et souvent c'est le premier échantillon qui sort qui est magnifique, et on va mettre deux mois. à refaire exactement la même chose. Parce que quand c'est l'intuition, on y arrive. Et puis après, quand on veut reproduire, on n'y arrive pas. C'est apprendre à garder ce côté lâcher prise.

  • #3

    C'est beaucoup d'entraînement aussi. Beaucoup d'entraînement. C'est un peu comme un sportif de haut niveau, c'est beaucoup d'entraînement, clairement. Et on le voit quand on lance un nouveau produit, souvent les six premiers mois de production, on galère quand même pas mal, parce qu'on n'a pas assez d'entraînement justement sur des techniques d'émaillage en l'occurrence. C'est souvent l'émaillage qui va nous poser des difficultés, mais oui, c'est beaucoup d'entraînement. Pour moi, c'est beaucoup de travail.

  • #0

    Et aussi, tout à l'heure, quand on visitait, tu me disais que vous étiez météo-dépendant.

  • #3

    Oui.

  • #0

    J'ai bien le cœur.

  • #3

    Oui, c'est vrai qu'il fait chaud l'été ici, donc la chaleur va sécher plus rapidement les terres. Donc, nous, il faut qu'on les travaille plus rapidement. Ça va sécher aussi et changer les caractéristiques des émeaux. Donc il faut qu'on soit vigilant par rapport à ça. Et de la même manière qu'en hiver, quand il pleut, qu'il fait humide, la terre sèche moins vite. Donc ça veut dire qu'il faut qu'on la travaille aussi différemment. Et encore une fois, c'est très empirique. C'est-à-dire qu'on sait que la terre est trop humide ou trop sèche. On le voit à la couleur de la terre. Parce qu'on n'a pas de mesures. On pourrait avoir des mesures, mais c'est un peu complexe. En tout cas, pour l'instant, on ne les a pas, mais on le fait de manière empirique. Donc, lui, on est méto-indépendant, tout à fait. En été, par exemple, il peut faire très chaud ici. On travaille de 5h du matin à midi. Parce que les fours qui montent à 1280 degrés l'après-midi, c'est intenable. Donc on fait attention aussi à ça.

  • #0

    Oui, d'accord. Bon, moi, j'ai terminé toutes mes petites questions. J'ai une dernière question un peu rituelle. Si vous faites un dîner, un dîner Jars, alors ce serait n'importe quoi de vous dire un dîner Jars, ça ressemble à quoi ? Si vous faites un dîner, vous l'organisez toutes les trois, normalement, on a le droit à six invités. Mais alors, est-ce que vous en prenez quoi de chacune ? Qui seraient vos invités ? Qui seraient les invités de la table Jars ?

  • #1

    Je commence. Moi, j'aimerais beaucoup avoir India Madhavi, parce que du coup, je n'ai pas participé au début du projet avec Jars et j'aimerais beaucoup qu'on fasse plus de choses avec elle. Et après, j'aurais dit Charlotte Perriand, quelqu'un de très inspirant.

  • #0

    Oui, sympa.

  • #3

    Alors, si j'avais deux invités à choisir pour un dîner, je choisirais Alain Ducasse, parce que je trouve sympa d'inviter un chef étoilé, et notamment parce que j'aime beaucoup son approche de la naturalité. Quand il raconte qu'il allait chercher son déjeuner le matin avec sa grand-mère, qu'est-ce qu'il y a dans le potager, qu'est-ce qu'on mange aujourd'hui, ça me parle beaucoup. Et j'inviterais un musicien pour mettre un peu d'ambiance dans ce dîner, et j'inviterais Miles Davis, parce que j'adore le jazz. Mes enfants font du jazz, donc voilà, c'est un petit clin d'œil à ma tribu.

  • #0

    Sympa. Lucie ?

  • #2

    Eh bien, moi, j'inviterais Marie Curie. parce qu'elle m'inspire beaucoup, elle a une grande force de caractère, elle a réussi, enfin, j'imagine, elle a réussi à découvrir de nouvelles choses, elle a ce côté ingénieur, prix Nobel, je pense qu'elle aurait plein de choses à nous apprendre. Et j'inviterai Sophie Fontanel, qui a ce décryptage du beau. assez inouïe et qui m'impressionne et j'aimerais beaucoup parler avec elle parce qu'elle m'inspire.

  • #0

    Ah, génial. Bon, merci beaucoup pour toutes ces infos précieuses et passionnantes et très précises que vous nous avez partagées. Merci beaucoup.

  • #3

    Merci beaucoup.

  • #2

    Merci d'être sur le temps.

  • #0

    Décodeur, c'est terminé pour aujourd'hui. Merci beaucoup d'avoir écouté en entier. Si vous avez aimé cette émission, n'oubliez surtout pas de vous abonner au podcast pour ne pas rater les prochains épisodes. Bien sûr, vous pouvez aussi la partager en l'envoyant à vos proches ou en story Insta. D'ailleurs, vous pouvez me retrouver sur le compte Décodeur où je poste quasiment tous les jours. et si jamais vous écoutez cette émission sur Apple Podcast et que vous avez 20 secondes, n'hésitez pas à laisser un commentaire, c'est juste sous la liste des épisodes, c'est comme partout plus j'ai d'avis et d'étoiles, plus le podcast se détache et se fait connaître voilà, merci beaucoup et à très bientôt alors, ici ou ailleurs

Description

Pour cet épisode je ne suis pas à Paris pour enregistrer mais dans la Drôme, dans le village d'Anneyron pour vous parler de Jars, une très jolie marque de vaisselle qui plait au monde entier.

Jars c’est une céramique qui colle à son époque. Durable. Responsable.

C’est aussi un style unique. Poétique. Simple. Élégant.

Mais c’est surtout un savoir-faire. Artisanal. Ancestral. Estampillée Entreprise du patrimoine vivant.

Assiettes, bols et autres plats en grès, sont fabriqués ici, à qqs mètres d’où je suis, et on les retrouve ensuite sur les tables des restaurants, de grands chefs ou de quartier, et bien sur chez nous si le cœur nous en dit.

Alors comment travaillent-ils pour être ainsi sur tous les fronts ? Pour parler de tout ça, je suis ravie d’être avec Armelle Ferrieux la directrice générale de Jars, Valentine Desgaultières, sa responsable marketing et Lucie Maurice responsable R&D/qualité.


Dans cet épisode nous parlons

  • Des avantages et qualité du grès

  • Des étapes de fabrication

  • De ce qu'est l'émail

  • D'innover avec des techniques ancestrales

  • De travailler avec des grands chefs

  • De la naissance des collections à la production

  • Du parfait imparfait

  • De la grande mode de la céramique

  • Et bien d'autres choses encore...!


Merci bcp à Jars pour cette collaboration et leur confiance.


Bonne écoute !


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Transcription

  • #0

    Sous-titrage ST'501

  • #1

    Bienvenue dans Décodeur, le podcast qui parle de celles et ceux qui font la déco aujourd'hui. Je m'appelle Hortense Leluc, je suis journaliste déco et à chaque nouvel épisode, j'invite à mon micro des pros de la déco. Ensemble, on peut parler savoir-faire, inspiration, tendance, actu, idée déco, envers du décor. Bref, on papote et on enregistre, car ici, la déco, ça s'écoute. Si vous venez juste de découvrir cette émission, j'espère qu'elle vous plaira. Sachez qu'il y a déjà plus de 80 épisodes enregistrés avec de nombreuses personnalités passionnantes et plein d'autres formats aussi sur des thématiques bien précises. Pour suivre tout ça en photo, vous avez Instagram, bien sûr. et petite nouvelle, la newsletter. N'hésitez pas à vous abonner, à m'écrire, à partager, bref, à faire vivre ce podcast qui n'existerait pas sans votre fidélité. Allez, c'est parti !

  • #2

    Aujourd'hui, je ne suis pas à Paris pour enregistrer un épisode, mais dans la Drôme, dans le village de Anneron, pour vous parler de Jars, une très jolie marque de vaisselle qui plaît au monde entier. Je suis sûre que vous la connaissez.

  • #1

    Jars,

  • #2

    c'est une céramique qui colle à son époque. Durable, responsable, c'est aussi un style unique, tout doux, subtil, poétique, simple, élégant, mais c'est surtout un savoir-faire, artisanal, ancestral. Estampillées, entreprises du patrimoine vivant. Assiettes, bols et autres plats en grès sont fabriqués ici, à quelques mètres d'où je suis, et on les retrouve ensuite sur la table des restaurants, de grands chefs ou de quartiers, et bien sûr chez nous si le cœur nous en dit. Alors comment travaillent-ils pour être ainsi sur tous les fronts ? Pour parler de tout ça, je suis ravie d'être avec Armelle Ferrieux, la directrice générale de Jars. Bonjour Armelle.

  • #3

    Bonjour Hortense.

  • #2

    Valentine Dégoltière, responsable marketing. Bonjour Hortense. Et Lucie Maurice, responsable R&D qualité. Bonjour. C'est bien ça, R&D qualité.

  • #4

    R&D qualité. Recherche et développement.

  • #2

    Oui, c'est très important, on va l'aborder. Merci à toutes les trois de m'accueillir au sein de votre manufacture. Je viens de faire le tour. Petite visite d'atelier et chers auditeurs, vraiment écoutez bien ce podcast parce que la visite était passionnante. C'est... Tout un savoir-faire qu'on va essayer de vous raconter, de vous décrypter. C'était même émouvant de visiter ces ateliers, donc j'espère que vraiment cet épisode vous plaira, qui à mon avis sera très riche, mais je ne veux pas spoiler. On va commencer par le début. Armel, je disais, on est dans la Drôme. Jars est dans la Drôme depuis toujours ?

  • #4

    Oui,

  • #3

    alors Jars a été créé par Pierre Jars. En 1857, à Anneron, dans la Drôme, dans le village d'Anneron, où on était initialement. Et traditionnellement, la Drôme, c'est une terre de potiers, puisqu'on a beaucoup de carrières de terre, qui font qu'on a pas mal de poteries qui sont nées ici. On a un centre à Diolphie aussi assez connu pour la poterie. Et voilà, donc les débuts de Jars, c'était des produits assez fonctionnels et utiles. Des plats, des assiettes, il y avait des pots de jardin, je pense, Lucie. d'autres produits comme ça. Et petit à petit, il y a eu des collaborations qui se sont faites avec des maisons comme Lamberger dans les années 70-80.

  • #4

    Mariage Frère.

  • #3

    Mariage Frère, effectivement. Elle était hier, qui était même assez compliquée à fabriquer. Mais ce que je dirais quand même, c'est que la naissance de la marque Jars, elle arrive dans les années 90 avec l'arrivée d'un designer qui s'appelle Pierre Cazeneuve et qui a innové de manière assez considérable au niveau des collections. Et c'est là où on arrive avec des émots à effet très spécifiques. Donc, c'est vraiment l'avènement de la marque Jars dans les années 90. Le savoir-faire, on l'a depuis 1857, mais la marque et la créativité, elle arrive vraiment à ce moment-là. Et puis, il y a une deuxième date que je trouve intéressante, c'est l'année 2008, qui note le démarrage de la collaboration avec les chefs étoilés et qui a été aussi un grand pas. Pour nous, dans la co-création avec les chefs, dans l'innovation technique et produit, donc voilà en résumé ce qu'on peut dire sur Jars. Aujourd'hui, si on doit donner quelques chiffres, on est une centaine de collaborateurs et on se définit un peu comme un collectif d'artisans et donc une manufacture. On a à peu près 50% de notre activité à l'export. 50% en France, on est revendu pour moitié dans un réseau de restaurateurs et pour moitié dans des boutiques. Voilà à peu près si on peut définir qui on est. On est entreprise du patrimoine divan, ce que tu as dit tout à l'heure. Et on a une mission de transmission du savoir-faire, puisque par définition... On a un savoir-faire qui ne s'écrit pas, mais qui est manuel. Donc, c'est toute la difficulté qu'on peut avoir.

  • #2

    Qui ne s'écrit pas, mais qui est manuel, ça veut dire quoi ?

  • #3

    Ça veut dire que quand on applique un émail d'une certaine manière, on peut filmer, mais c'est des gestes. En fait, on a une transmission de gestuel qui est fondamentale chez nous.

  • #2

    Ok. Alors, vous, on parlait du gré. Déjà, on dit le gré, le gré. Et surtout, on l'écrit comment ? Parce que je vois que ça s'écrit de plusieurs manières.

  • #4

    Alors ça s'écrit G-R-E accent grave S et on dit gré.

  • #2

    Vous, dans la grande famille des céramiques, vous travaillez le gré. Pourquoi ce choix ? Quelles sont les qualités, les avantages du gré ?

  • #4

    Ça, c'est le choix d'origine. Le savoir-faire de Jars, c'était de tout faire. La volonté de Pierre Jars, c'était de tout maîtriser, de tout faire en interne. Et en fait, le gré, c'est une céramique qui est solide et qui est fermée et qui permet de pouvoir être utilisée, comme on le disait, en horticulture ou sur la table, qui n'est pas trop... compliqué comme par exemple la porcelaine où il faut qu'on soit super blanc, où il y a des grosses contraintes, mais qui est quand même plus solide que la faïence. Et donc c'était un bon parti pris. Et donc c'était une formule de terre qui a été mise au point ici chez Jars.

  • #2

    Parce que dans la grande famille des céramiques, il y a quoi déjà ?

  • #4

    Il y a les faillances, les grès, les porcelaines, le verre.

  • #2

    Et une fois qu'on a choisi le terre, ça ne peut pas changer. Vous, ça ne vous viendrait pas ? Innocemment, vous ne pourriez pas faire un peu de porcelaine ?

  • #4

    Elles ne sont pas cuites à la même température de cuisson. Donc nous, on a un four qui est dimensionné pour cuire à 1280 notre grès. Et donc, on n'a pas intérêt à multiplier les différents terres. Par contre, nous... Depuis la création, on a développé notre gré, on l'a blanchi, on a aujourd'hui un gré qui est très blanc, et on travaille aussi des terres chamotées, on travaille plusieurs terres, mais on travaille toujours des terres à la même température de cuisson, et surtout on travaille des terres qui sont fermées, non poreuses, qui nous permettent de pouvoir être vraiment libres avec les émeaux, contrairement à une faïence qui doit être... entièrement recouverte d'émail parce que sinon les parties brutes sont poreuses et donc ne sont pas à utiliser.

  • #2

    Vous fabriquez votre propre terre, vous, sur place ?

  • #3

    Oui, on fabrique notre propre terre avec une recette ancestrale qu'on a améliorée au fil du temps parce que les carrières changent par définition, c'est vraiment des matières premières issues de la terre, donc par définition ça peut évoluer. Et on utilise aussi des terres chamotées, donc avec des... Petites graines qui sont cuites à l'intérieur des terres. Moi, ce que je voulais ajouter sur le grès, et un des principaux avantages du grès, c'est que c'est monocuisson. C'est-à-dire qu'on a des produits qu'on cuit une seule fois. Contrairement à la porcelaine, on va cuire une première fois pour avoir une assiette bien blanche et bien jolie. On va appliquer le décor et on recuit une deuxième fois. C'est quand même un avantage en termes d'économie d'énergie et d'économie de temps qui est non négligeable. Et puis, c'est une matière à idée qu'on aime bien aussi. Donc, c'est vrai que... Demain, on ne se verrait pas, je pense, travailler de la porcelaine. On est à l'aise avec le grès, on fait plein de choses sympas. Et voilà, c'est une belle matière.

  • #5

    On est touchés dans le grès que tu n'as pas pour la porcelaine.

  • #3

    Et puis, c'est une matière qui n'était pas très noble, je dirais, dans les années 90, contrairement à la porcelaine qui était un peu la reine des tables. Et aujourd'hui, on l'a un peu ennobli avec l'apport de nouveaux émaux, de nouvelles couleurs de terre aussi. Enfin voilà, c'est ça qu'on aime bien aussi chez Jars.

  • #5

    Et le gré a blanchi, parce qu'avant c'était un gré plus gris. Et le fait de l'avoir blanchi, ça l'a ennobli aussi.

  • #2

    Vous dites que vous avez votre recette, elle est secrète ? Oui. Et est-ce qu'elle a évolué depuis toutes ces années ?

  • #3

    Alors, oui, elle a évolué parce que la provenance des matières a un tout petit peu évolué, donc on a adapté la recette. Mais globalement, oui, ce sont des petits ajustements. Ce ne sont pas des grosses évolutions, Lucie.

  • #4

    Non, non, c'est vraiment... C'est une matière vivante, comme tu le disais, mais non, la recette, on la garde et on l'aime comme ça. Et tous nos émeaux sont adaptés à cette pâte de gris. Donc, si on change... La recette du gré, on va devoir changer toutes nos formulations d'émeaux parce que nous aussi, on ne fait pas que notre gré. Ici, on fait vraiment tout de A à Z. On fait notre gré, on fait nos moules et on fait nos émeaux. Et tout est un assemblage. Notre gré, il a 14% de retrait et donc tous nos moules sont faits 14% plus gros. Donc si on change la formule et qu'on a 12%, toutes nos pièces n'auront plus la même taille. Et les mailles vraiment s'accordent à notre gré. Et donc, si on change la pâte, on est obligé de changer toutes nos formules d'émeaux. Et on n'a pas les mêmes rendus. La température de cuisson, ça ne sera pas forcément la même. Donc non, on perdure. Ça ne veut pas dire qu'on n'est pas sur l'évolution et les améliorations et les nouveautés, mais il faut garder notre gré.

  • #3

    En fait, on a un métier qui est très technique. Ce que vient de dire Lucie sur le taux de retrait, la préparation des émeaux, les émeaux qui sont adaptés à la pâte, c'est une réalité du quotidien. Et on s'imagine souvent que le fait de travailler la terre ou le gré, c'est facile. Il y a plein de cours de poterie, tout le monde fait ça, mais c'est extrêmement technique. Nous, on a des ingénieurs céramistes chez nous et on est tout petit. Donc, c'est pour dire que c'est vraiment un métier qui est extrêmement complexe. Donc, c'est vrai qu'on a une recette et c'est tout un art. Il y a beaucoup de chimie, finalement, dans ce qu'on fait.

  • #2

    On va revenir sur les étapes de fabrication. Je dirais, en tout cas, c'est comme votre terre, tout est fabriqué au même endroit, dans les ateliers que je viens de visiter, on est d'accord ? Oui. Quelles sont, du coup, les étapes, on ne va pas les détailler parce qu'en plus, on ne les voit pas, mais quelles sont les grandes étapes de fabrication d'une céramique ?

  • #4

    Alors, la première étape, c'est de fabriquer la pâte. Parce que nous, on achète des matières premières, on les mélange et avec notre propre recette, on fait notre pâte. Ensuite, on va mettre en forme...

  • #2

    Une pâte, je fais une petite parenthèse pour finir, c'est 100% naturel ?

  • #4

    Oui, toutes les matières premières sont issues de la terre. C'est de la silice, du kaolin, des felspates, tout est issu de la terre, oui, tout à fait. Donc, une fois qu'on a cette pâte qu'on peut appeler barbotine, on va mettre en forme les pièces. Donc, soit... Par coulage, donc là on va remplir un moule qui a une certaine forme et après on va revider le moule et on aura notre pièce comme le pichet qu'on a là. Ou on va faire du calibrage et donc là on va avoir un moule et une tête roller qui vont entrer tous les deux en rotation et travailler un pain de terre pour avoir une assiette, un saladier, un bol. Et après on a la presse qui elle va avoir deux parties de moule également qui vont venir compresser le pain de terre pour faire la forme exacte comme notre nouvelle collection Réfectoire. Donc ça c'est les trois techniques de mise en forme. Après on va avoir la finition où là on va venir faire un joli bord. parce qu'il y a toujours un petit joint entre les deux parties du moule. On va laisser sécher la pièce et après on va l'émailler. Et là, on a plusieurs techniques d'émaillage, le tremper dans le bain d'émail ou la pulvérisation ou le passage au pinceau, à la louche, sur toute la collection Wabi, où là on va travailler à la louche. Et après, on va passer à la cuisson. Et là, on va tout mettre dans le four, on va appuyer sur le bouton, 1280 degrés, et après on va récupérer les pièces à la sortie du four. Et là, on va toutes les prendre une par une pour regarder premier choix, deuxième choix, et les sonner. Le joli petit bruit qu'on entend, c'est pour nous signifier qu'il n'y a pas de fente interne. Et après, on va préparer les commandes et expédier.

  • #3

    Peut-être on peut préciser premier, second choix ?

  • #4

    Oui, on va regarder toutes les pièces qui vont sortir du four et au tri. Donc nous, c'est le poste de tri. Elles sont expertes, elles connaissent les collections et donc elles vont dire ok, ça, ça correspond au standard qu'on a développé avec le designer, avec le marketing. On est dans la gamme de couleurs, on n'a pas de points noirs, on n'a pas de fentes, la couleur est ok, la forme est ok. Donc ça, ça sera le premier choix. Et après, si on a des petits défauts, ça ira à la boutique d'usine, second choix. Donc second choix, petit point noir, micro-fonte, etc. qui n'aura pas d'impact sur l'utilisation du produit. Défaut de couleur. Parfois, on peut avoir une couleur qui est très jolie, mais qui n'est pas dans nos standards. Donc, à la boutique, on peut avoir ça.

  • #5

    Les gens qui viennent à la boutique ont la chance d'avoir des séries ultra limitées qu'ils ne retrouveront jamais ailleurs. C'est aussi un aspect qui est sympa dans la boutique d'atelier.

  • #4

    Oui.

  • #2

    C'est l'étape du four qui est cruciale. C'est une fois que c'est cuit qu'on sait que la pièce est réussie.

  • #4

    Alors notre métier, oui. Tout ce qu'on fait avant le four, on travaille pas à l'aveugle, mais c'est un peu mystérieux et c'est vraiment la cuisson qui va révéler et qui va nous dire si on a bien travaillé, en tout cas si on a bien fait, mais si on a travaillé la pièce un peu trop brusquement, on aura créé une fente qui ne va pas se voir et qui va se révéler seulement à la cuisson. Quand la pièce va cuire, la fente va apparaître et là, on va se dire... Là, c'est carrément à la casque que la pièce va aller, mais l'application des émots, même les émots, nous, quand on fait les formules des émots, avant cuisson, on ne sait pas, c'est pas comme un peintre sur sa palette de peinture où il va pouvoir faire son mélange et voir en direct s'il a mis assez de bleu, assez de jaune ou assez de rouge. Nous, c'est vraiment à la cuisson où les couleurs vont se révéler, les effets vont se révéler, les cristallisations vont se révéler.

  • #2

    Alors, comment en est une collection Quelles sont les étapes ? Ça passe chez toi d'abord en R&D pour savoir ce qui est possible de faire ?

  • #5

    En général, on ne se limite pas trop par la technique. On travaille plus soit avec un designer, soit avec une inspiration qu'on a eue. Et en général, après, on recherche la technique pour faire, mais on n'aime pas trop se limiter. Et après, on se donne les moyens de trouver comment faire. On n'a pas trop de limites.

  • #2

    Donc, vous faites des dessins, vous partez d'une matière, vous partez de quoi ?

  • #4

    Alors quand on travaille avec Pierre Cazeneuve, lui il est céramiste de son côté, donc lui il nous amène des prototypes. Il fait la pièce rêvée, il la fabrique dans son atelier et puis il nous l'amène. Et après nous, soit on la prend telle qu'elle, soit on lui apporte des petites modifications pour pouvoir la faire en série. Si lui dans son four justement il a eu un petit souci, nous on essaie de régler ça. Il y a plusieurs types de créations. Il y a les créations où on va vouloir le package, on va vouloir tout comme Wabi, où on va travailler et la forme et les émaux. Et puis il y a des créations où on va plus travailler d'abord la forme et ensuite la couleur.

  • #2

    Les émots, qu'on soit bien clair, ce que tu en parles depuis tout à l'heure, c'est la couleur en fait. Oui. Et c'est une grande force chez Jars.

  • #4

    Oui, c'est la raison d'être de Jars et c'est aussi pour ça que le gré avait été choisi, parce que le gré, on le travaille assez épais, on le travaille assez solide et il permet de pouvoir s'exprimer avec des émots, de mettre des émots en couche un petit peu épaisse et de résister, on va pouvoir mettre des émots craquelés, on va pouvoir mettre des émots... à effet, on va pouvoir faire des superpositions, on va pouvoir faire plein de choses, tout en ne déformant pas la pièce et en ne cassant pas la pièce.

  • #2

    Et c'est beaucoup de travail pour obtenir la bonne teinte, le bon effet ? Oui. C'est combien de... Non, je ne sais pas si on évalue en temps ou en...

  • #4

    Ça peut mettre six mois, on peut mettre un an.

  • #2

    Alors comment tu travailles, par exemple ?

  • #4

    On travaille petit à petit. On élargit le spectre, enfin on rétrécit plutôt le spectre petit à petit. On va se dire ok, je veux un émail craquelé. On va commencer par la base, on va se dire je veux un émail craquelé, je veux un émail mat, je veux un émail satiné. Et puis après on va faire des tests, c'est très empirique. Et on va prendre nos petits pigments et on va tout tester. Donc il faut tester absolument dans notre four de cuisson parce que si je prends la même formule d'émail, je suis dans un autre four. Ça n'aura pas le même rendu. Donc, voilà, on va tester. Et puis,

  • #2

    petit à petit, on va réjouir. Et le maïs, c'est quoi ? C'est une couche de... C'est du verre avec...

  • #4

    C'est aussi de la céramique. En fait, c'est juste... C'est une couche de verre qui est appliquée sur la pièce. Donc, nous, on travaille en forme... Donc, on travaille des poudres qu'on va mettre sous forme liquide, qu'on va appliquer sur la pièce, donc soit à la louche... soit en pulvérisation et qui, à la cuisson, va se transformer et qui va faire une couche de verre protectrice sur la pièce. Mais nous, notre gré, il n'a pas besoin forcément d'être protégé.

  • #2

    Quand vous créez de nouvelles collections, est-ce que ça se passe en interne ou vous faites appel à des créateurs extérieurs, des designers ?

  • #3

    Alors, on travaille avec Pierre Cazeneuve depuis plus de 40 ans. C'est un partenaire de longue date et on est fidèles et on adore travailler avec lui. On a travaillé aussi avec Catherine Salmounier, qui nous a aidé à initier cette collaboration avec les chefs, qui nous a aussi proposé des collections comme Maglone, qui est une collection organique, simple, qui fonctionne très bien. Et puis, on s'ouvre aussi à de nouveaux designers.

  • #5

    On fonctionne aussi beaucoup par rencontre chez Jars. Et on a travaillé avec Élise Fouin dans le développement d'une collection pour la Hallograin, pour le chef Brasse. Et du coup, on est resté en contact avec Élise. Et aujourd'hui, on travaille sur une collection qui viendra dans quelques temps.

  • #2

    Combien de temps il faut, grosso modo, pour sortir une collection ? On parlait tout à l'heure.

  • #3

    Alors, c'est une bonne question. Oui,

  • #5

    c'est une bonne question.

  • #3

    Parce que même si on a du mal à finir,

  • #5

    Je dirais qu'on est quand même plus réactifs que d'autres là-dessus. On entend souvent deux, trois ans de développement. Nous, on est plutôt sur un an, un an et demi.

  • #3

    Et puis, on parle de collection, mais on fait aussi beaucoup de co-création avec des chefs. Donc ça, c'est aussi du développement de produits, des nouvelles collections. Alors pour eux, en l'occurrence, pas pour nous. Et ça, ça peut aller assez vite. Parce qu'eux, ils sont souvent pressés, ils ont besoin des produits rapidement pour leur nouvelle carte. Donc, je ne sais pas, on peut développer pour un chef en six mois. En six mois, on est capable de faire trois, quatre pièces.

  • #4

    Avec les chefs avec qui on a déjà travaillé et qu'on connaît. Quand on fait une implantation avec un chef, il y a vraiment ce dialogue créatif au départ, où là, ça peut prendre un peu plus de temps parce qu'on va s'apprivoiser un petit peu entre le chef et Jars, comprendre. quelles sont ses attentes, qu'est-ce que nous on peut lui proposer. Et donc au début, quand on fait une implantation, ça peut prendre plutôt un an, un an et demi, parce qu'il y a beaucoup de pièces. Mais en effet, après quand ils nous demandent une pièce supplémentaire, là on sait réagir en six mois, parce qu'on a déjà travaillé ensemble, parce qu'on connaît un petit peu les attentes. Et puis les chefs, ils sont impatients. C'est-à-dire que quand ils ont une idée de recette, souvent ils viennent nous voir et ils J'ai une idée de recette, il me faut un bol de cette taille. Comment on fait réagir ensemble ? Et eux, ils veulent que ça soit immédiat. Donc, ils nous poussent un peu. Et puis, nous, on aime bien les challenges. Donc, on essaie de...

  • #2

    Comment vous travaillez ensemble ? En fait, eux, ils arrivent avec une idée. Ils veulent une forme particulière, des couleurs particulières. Ou c'est vous qui faites des suggestions ?

  • #5

    Ça dépend vraiment de leurs besoins. Comme disait Lucie, parfois, c'est... Le lancement de leur restaurant, donc ils partent de zéro avec un mood board de leur restaurant, de ce qu'ils souhaitent faire et tout ça. Parfois, effectivement, c'est un plat, ils cherchent une assiette pour aller avec le plat. Parfois, ils viennent ici et ils voient une pièce qui leur inspire un plat. Donc, c'est jamais vraiment la même...

  • #4

    Ils ont chacun leur personnalité, leur façon de travailler, mais la base, c'est toujours, ils viennent ici, ils visitent les ateliers comme tu viens de le faire. Et après... On travaille ensemble et...

  • #2

    Et tout est réalisable, parce qu'on peut se dire, c'est des grands chefs, des très grands restaurants.

  • #3

    Jusqu'à maintenant, on n'a pas trop mal réussi.

  • #4

    Il y a des choses plus ou moins rapides, il y a des sujets qui sont plus complexes, qui nous demandent des challenges un petit peu. Et donc là, on met un peu plus de temps à travailler. Tout est faisable. Après, tout dépend le coût, le temps et le nombre de pièces qu'on veut.

  • #2

    Oui, parce que vous travaillez avec les grands chefs et vous faites aussi des objets exclusifs pour d'autres marques et qui ne sont pas forcément vendus chez vous, qui sont vendus uniquement...

  • #5

    On a très peu de partenaires retail. On travaille avec des partenaires fidèles et de longue date. Je peux les citer, on travaille avec Sarah Lavoine depuis plus de dix ans et Caravan et également India Madhavi. Et aujourd'hui, on n'en a pas d'autres et c'est vraiment des partenaires historiques. On ne cherche pas à démultiplier, c'est vraiment des rencontres et c'est vraiment des choses qu'on a co-créées ensemble. Et aujourd'hui, avec le retour au savoir-faire français, c'est vraiment... Aussi pour eux, un avantage de travailler avec Jars et aussi notre créativité et le fait de créer ensemble, c'est vraiment...

  • #2

    Vous êtes sans cesse dans la recherche de nouvelles matières, de nouvelles textures, de nouvelles couleurs ? Oui. Où sont des bestes que vous réinterprétez ?

  • #3

    On est beaucoup dans l'innovation à la fois design et à la fois technique. Parce qu'une fois qu'on a défini un produit qui nous convient, avec l'émail qui va bien, souvent il peut y avoir une mise en place technique ou une nouvelle technique qu'il faut qu'on s'approprie et qu'on n'avait pas jusqu'à maintenant. Donc ça c'est important et ça fait vraiment partie de l'ADN de Jars d'être dans l'innovation à la fois design et technique. Donc c'est capital et effectivement on passe beaucoup de temps là-dessus.

  • #2

    Et comment on arrive à innover quand on a des gestes ancestraux et des techniques ancestrales ?

  • #3

    Et on peut innover avec l'éther. Les terres, c'est de la R&D. Les terres chamotées, par exemple, qu'on a lancées il y a une petite dizaine d'années. On est l'un des rares Français à faire de la terre chamotée, par exemple. On innove avec les effets d'émail. Donc, ça veut dire qu'il y a des techniques aussi pour faire des émeaux spécifiques. On a un métier qui est très technique. Donc, dès qu'on a un nouveau produit, il faut qu'on regarde si la technique qu'on connaît est appropriée.

  • #2

    Et est-ce que la technique est différente selon qu'elle soit destinée au grand public ou au restaurant, où j'imagine qu'il y a énormément de manipulation par exemple ? La technique ou la qualité, pardon, je voulais dire.

  • #3

    Non, alors en fait, nous, on a une qualité qui est constante et qui est d'abord adaptée pour un usage intensif en restauration. Et donc, c'est pour ça qu'on a 50% de notre activité qui est dédiée à ce marché-là. Et en conséquence, les produits que vont acheter les particuliers ont la même qualité qu'on trouve en restauration. On a vraiment des produits qui sont durables, solides et ça fait aussi partie de l'ADN de la marque. de lancer des produits qui vont être durables dans le temps, donc avec un style qu'on veut pérenne, et durables aussi en qualité de produit, qui passent au lave-vaisselle, qui passent au micro-ondes, qui sont faits pour ça.

  • #2

    On parle de chefs de tout à l'heure, est-ce qu'éventuellement on peut citer quelques chefs avec lesquels vous travaillez, et peut-être donner quelques exemples de ce que vous avez fait pour eux ?

  • #3

    Alors, ne vous battez pas.

  • #4

    On se regarde avec Valentine qui est là depuis 15 ans.

  • #5

    Elle a tout l'historique des chefs.

  • #4

    On a travaillé avec des chefs locaux comme Anne-Sophie Pic à Valence, Régis Marcon juste à côté qui nous connaissent depuis toujours, qui avaient du jars chez eux et puis se sont dit un jour Mais pourquoi j'ai de la porcelaine dans mon restaurant ? Pourquoi je n'ai pas du jars comme… Comme pour mon petit déjeuner à la maison quand je suis avec mes enfants, pourquoi je n'offre pas ça à mes clients ? Et on a travaillé avec Harry Baird, avec Johan Comte, donc elle à La Samaritaine et à La Vague d'Or.

  • #5

    C'est très varié. Chaque chef a vraiment sa personnalité et tous les chefs qu'on vient de citer ont des pièces qui n'ont rien à voir les unes avec les autres. C'est vraiment... adapté à leur ADN.

  • #4

    Et justement, quand Emmanuel Renaud vient, il nous Ah, je suis allée chez Arnaud Donkel, il a une cocotte que vous lui avez fait magnifique, je veux la même. On lui dit Non, non, tu n'auras pas la même parce que... Justement, nous, c'est ça notre ADN, c'est de faire du sur-mesure pour les chefs et que chacun ait vraiment un petit peu son identité par rapport à Jars et le chef. Et du coup, on retravaille ensemble, on nous dit mais quel est ton besoin ? Et nous, on apporte aussi notre savoir-faire. Et c'est aussi pour ça que les chefs aiment venir chez nous, parce qu'ils savent que quand on aura fait une pièce ensemble, il n'y aura pas la même pièce chez... Le chef, ils sont tous copains par ailleurs, mais ils sont un petit peu concurrents quand même. Et c'est ce qu'ils apprécient chez nous. Et c'est ce que nous aussi, on aime faire. Si c'est pour dupliquer la même pièce partout, ça a moins d'intérêt.

  • #3

    On crée des produits identitaires pour les chefs qui correspondent à leurs besoins, que ce soit en matière de création ou de plat. Et donc ça, c'est très spécifique à chacun des chefs. On a aussi fait des produits sur mesure à l'étranger. On travaille avec EMP à New York, par exemple. On n'est pas que franco-français. Avec Daniel Hume. Avec Daniel Hume. Et on a pas mal de chefs qui nous sollicitent pour faire du sur mesure. Donc, à distance, c'est plus complexe, mais on arrive à le faire. Et c'est vrai qu'on aime bien qu'ils viennent chez nous pour... bien se comprendre et avoir la bonne approche par rapport à leurs demandes.

  • #2

    Donc vous pouvez faire autant des petites quantités, 50 pièces, que des choses qui sont plus, dans ces cas-là, plus, entre guillemets, industrialisées, comment on dit ? C'est pas le même geste ? Est-ce qu'il y a une différence ? C'est de la grande série ?

  • #3

    C'est ce qu'on voyait ce matin quand on a fait la visite. On a des postes sur lesquels on sait qu'on fait de la petite quantité. On a des postes sur lesquels on fait de la plus grosse quantité, donc après on a des machines. Mais quand même, pour fabriquer une assiette, on a une vingtaine de passations de main en main. Donc en fait, même s'il y a une étape qui peut sembler un peu... Industriel, les autres étapes sont bien souvent très manuelles. Le fait d'enfourner les assiettes dans le four, c'est extrêmement manuel. On ne dirait pas comme ça, mais ça l'est. Donc voilà, on est capable de faire des petites séries, des très grandes séries. On a des clients qui vont nous commander 50 pièces et des clients qui vont nous commander 10 000, 15 000 pièces. On est capable de faire ça aussi.

  • #2

    Quand on vient vous voir, qu'est-ce qu'on vient chercher ? Qu'est-ce qu'on aime chez Jars ?

  • #0

    Qu'est-ce que les chefs aiment chez Jars par exemple ? Ils sont très nombreux à venir vous voir ou toutes ces marques qui vous demandent des co-créations. Qu'est-ce qu'ils aiment chez vous ? Pour vous, quel est votre ADN ?

  • #1

    Je dirais la singularité parce que Jars est une marque vraiment identifiable. Il y a une patte Jars dans le toucher, dans l'aspect visuel. Beaucoup de nos pièces ont une partie qui est laissée brute. Ça, c'est quelque chose qui est assez unique à Jars. Et Jars est assez reconnaissable, comme on le disait tout à l'heure dans les restaurants, Souvent, on reconnaît Jars, on va soulever la pièce et pour confirmer que c'est une pièce Jars, il y a quelque chose de reconnaissable, une patte.

  • #0

    Est-ce que vous travaillez cet univers un peu aussi, cette identité que vous avez ? Je disais que chaque pièce, il y a presque comme une émotion, elles sont très douces, un peu poétiques, les coloris sont très harmonieux. Vous faites attention à ça ?

  • #2

    Oui. On travaille beaucoup les demi-tons, on travaille beaucoup le parfait-imparfait, les régularités. Et ce que je voulais préciser aussi par rapport à Valentine, pourquoi les chefs viennent nous voir, c'est aussi parce qu'on a cette souplesse entre l'artisanat et la constance manufacturière. C'est-à-dire que si ils nous commandent 50 pièces, ils auront 50 pièces plutôt identiques. Nous, on va réussir à faire des pièces qui ont ce côté artisanal, mais qui seront solides et où on arrivera à produire... Nous, 50 pièces, on sait le faire de façon assez réactive.

  • #1

    Ils viennent nous voir aussi pour la créativité, clairement. Pour justement, tout le champ des possibles en termes d'émos, de couleurs. C'est vrai que, comme on disait tout à l'heure, on n'a pas trop de limites.

  • #2

    On n'est pas une marque à façon. Tous les chefs qui sont arrivés en disant je veux ça ils ne sont jamais repartis avec ce qu'ils nous avaient décrit au début. Parce que nous, on va apporter notre côté créatif. mais est-ce que tu veux pas plutôt ça ou est-ce que ça ça irait pas mieux et puis le labo où nous on garde un peu tous nos essais qui peuvent être parfois un peu ratés et bien ils vont correspondre ils peuvent correspondre à un besoin à une idée, à une démarche et souvent ceux qui nous connaissent ils viennent ils savent pas ce qu'ils veulent ils savent ce qu'ils ont comme menu, comme plat ils savent pas exactement ce qu'ils veulent comme pièce et puis ils vont se promener ils viennent On est une source d'inspiration en fait, et nous on va travailler ensemble. Mais il y a des chefs, ils sont au bord de la plage, ils nous ont amené la photo de la plage, ils ont fait voilà, moi je travaille ici, je veux que les gens quand ils sont à table, ils aient l'impression de manger sur la plage. Régis Marcon, il nous a amené des cailloux qu'il avait ramassés autour de son restaurant, en disant je voudrais qu'on ait l'impression que l'assiette elle est taillée dans ce caillou, et nous on a fait un émail à partir de ça.

  • #1

    Comme Johan Comte,

  • #2

    qui nous a demandé... Il a dit, moi, je veux que les gens aient l'impression qu'ils sont en haut de leur rocher, avec leur gamelle et leur cuillère, et ils mangent, mais ce qu'ils mangent, c'est pas du tout... C'est ce que Johan Comte a pensé pour eux, mais nous, il fallait qu'on arrive à, par le contenant, reproduire un petit peu cette sensation. Donc, comme il a fait ce geste-là, nous, on s'est dit... Enfin, qu'on voit pas, mais... Le geste d'avoir son assiette et son bol près de soi pour pas le faire tomber parce qu'on est sur un caillou, il fallait qu'on arrive à faire une pièce toute douce, qu'on ait envie de prendre en main, et qui nous donne envie d'avoir ce geste-là.

  • #0

    Et tu disais tout à l'heure parfait, mais imparfait, vous cherchez ces irrégularités, en tout cas elles ne vous font pas peur, c'est même un peu un signe de fabrique chez vous.

  • #3

    Ça fait partie de l'ADN même et des signes de reconnaissance de la marque. A contrario de la porcelaine, on a des produits qui sont très blancs, très ronds, avec des jolis graphiques, mais qui sont tous parfaits. Nous, on n'est pas du tout là-dedans et c'est vraiment notre signature. Donc c'est très important pour nous ça.

  • #0

    Oui, parce que j'allais dire, c'est quand même la grande mode des céramiques. Comment du coup on se démarque ? C'est par le style ? C'est par ce genre de finition ? C'est en racontant une histoire particulière, comme là vous êtes en train de le faire ?

  • #3

    Oui, c'est la grande mode des céramiques parce qu'on en parle beaucoup dans les journaux. Mais nous, on existe quand même depuis 1857. Donc, on n'est pas à la mode. On existe, on est entreprise du patrimoine vivant, on travaille beaucoup avec les chefs depuis longtemps, avec les boutiques. Donc, on est un peu intemporel. Ce côté mode, c'est sympa parce que du coup, on peut prendre la parole plus qu'avant. Mais nous, on ne s'inscrit pas dans ce courant-là, on va dire.

  • #1

    Oui, on est un peu hors des tendances. Aussi, pour développer nos collections, on ne va pas regarder ce qui se fait autour, les tendances dans l'art de la table. C'est plus de l'inspiration, des choses. On est une marque assez intuitive. On ne va pas regarder ce que font les autres et la tendance du moment pour développer une collection.

  • #0

    Vous parlez beaucoup aussi de prendre le temps, le temps de la main, le sens du détail, mais en même temps, il faut vendre, vous êtes une entreprise. Comment vous arrivez à rendre compatibles les deux choses ? C'est pris en compte, j'imagine ? Oui.

  • #3

    En fait, on sait que pour fabriquer une pièce, on a besoin de temps pour la fabriquer, parce qu'il faut que ça sèche, qu'on l'émail, que ça cuise correctement. Donc, on a un calcul de temps. Voilà, on a des produits qu'on a en stock, parce qu'on a des produits qui se vendent bien. On va dire que c'est de l'organisation de production et logistique au service d'une manufacture artisanale. Donc c'est bien les deux choses. On est très artisan dans notre manière de fabriquer les produits, mais on a une organisation qui se veut professionnelle et avec des services compétents là-dedans.

  • #0

    Je parlais de la mode de la céramique, mais il y a aussi quand même un engouement incroyable pour les arts de la table, dont vous bénéficiez aussi.

  • #3

    Oui, alors ça, ça vient en partie de la notoriété des chefs, qui sont les stars d'aujourd'hui, ce qui n'était pas le cas il y a 15-20 ans. Et c'est eux qui ont amené ça finalement, en disant, au-delà de ce que je propose dans une assiette, je veux aussi que l'assiette soit en phase avec mon plat. Donc tout ça fait que... Petit à petit, on a abordé le sujet grâce au chef. Enfin, c'est vraiment... Il y a eu pas mal de choses à la télé aussi. Toutes ces émissions où on va parler de gastronomie, de cuisine, de chef. Donc oui, ça a amené une forme de notoriété sur les arts de la table dont on a bénéficié effectivement...

  • #2

    En France ?

  • #3

    En France.

  • #2

    Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, on est à 50-50 avec la France. Mais il fut un temps où on se vendait mieux. À l'export, le made in France, le savoir-faire français, on vendait très bien nos produits à l'étranger et moins en France.

  • #0

    Alors là, on parle beaucoup de chefs et ça donne très envie, mais l'avantage, c'est qu'il y a des collections aussi pour le grand public. On vous trouve dans des boutiques ?

  • #1

    On est dans une centaine de boutiques en France et dans de nombreuses boutiques aussi à l'étranger. On est dans les boutiques un peu pointues, concept store, un peu sympa, déco. Par exemple, un de nos partenaires historiques, c'est Merci. ou encore la trésorerie à Paris. On peut être aussi dans des grands magasins comme le BHV. Chaque boutique a un assortiment un peu différent. Soit c'est une boutique plus au BHV, ça va être plus de l'art de la table. Chez Merci, ça va être plus des pièces un peu déco, des objets cadeaux, type vase, une grande coupe, ce type d'objet.

  • #0

    Et quelle est du coup la temporalité de création ? Vous avez un nombre de collections par an ou c'est au gré de rencontres ?

  • #1

    On n'a pas d'obligation de sortir une collection par an ou deux, mais on essaye d'apporter toujours un peu de nouveautés auprès de nos clients et d'amener toujours des nouvelles choses et de nouvelles propositions. Après, nos anciennes collections restent encore des collections iconiques. Donc, il y a toujours des anciennes collections qui vont se mêler avec les nouvelles. Et comme on dit, on est une marque intemporelle. Donc, Touron, qui est notre collection historique, reste toujours aujourd'hui une de nos meilleures ventes et toujours un côté très sentimental. de cette collection qui plaît toujours autant.

  • #0

    Oui. On n'a pas encore parlé... Quel type de... Derrière tout ça, on parle de la main, mais du coup, se cachent des hommes. Quel type de... Des hommes et des femmes. Quel type de métier on trouve chez JAS ? Alors,

  • #3

    nous, on a la particularité de former en interne les personnes qu'on recrute. Donc quand on va lancer des recrutements, ce qu'on va regarder sur le CV, voire même on ne va pas regarder le CV, on va recevoir la personne et s'assurer qu'elle est plutôt calme, plutôt manuelle et qu'elle aime bien ces métiers-là. Et parce qu'on assure la formation intégrale des personnes, donc on n'a pas besoin que la personne ait déjà travaillé par ailleurs dans la céramique parce qu'on a tous des métiers assez différents finalement. entre un porcelainier, un céramiste comme nous, ce n'est pas forcément les mêmes gestes, ce n'est pas forcément la même approche. Donc, ce qui va compter, c'est vraiment le côté manuel de la personne et son envie de travailler sur des métiers comme le nôtre.

  • #0

    Parce que sinon, il y a une école, où est-ce que les céramistes, ils se forment où ?

  • #2

    Il y a plusieurs écoles. Donc, soit on passe ce qu'on appelle un BMA, un brevet des métiers d'art. Et donc là, ça va être très potier, dessin à la main. Après, il y a des CAP aussi, mais nous, on n'en a pas trop ici. Et puis après, il y a le diplôme ingénieur céramiste ou BTS. Mais nous, comme disait Armel, c'est plus un ancrage local. J'ai l'air que c'est là depuis 1857, donc les gens connaissent l'entreprise et ils viennent travailler ici parce que c'est... C'est pas loin de chez eux et parce qu'ils ont envie de travailler à la main quelque chose. Mais comme disait Armel, nous on va former en interne les gens et on va avoir cette transmission du savoir-faire. Et c'est ce que les gens aiment aussi, ils arrivent ici, on apprend quelque chose, on apprend un métier et ça peut prendre du temps.

  • #0

    Donc les artisans sont plutôt des anciens entre guillemets ou il y a toute une nouvelle génération qui arrive ?

  • #3

    Oui, voilà. Heureusement qu'on a des nouveaux qui ont envie d'apprendre le métier et qui restent. Et c'est un joli équilibre, en l'occurrence, entre des anciens qui vont former les nouveaux à ces techniques manuelles, ces bons réflexes, ces bonnes pratiques, parce qu'encore une fois, ça ne s'écrit pas, c'est vraiment de la transmission manuelle. Donc on a les deux, on a beaucoup d'anciens qui sont là depuis très longtemps et on a beaucoup de nouveaux qui arrivent, qu'on forme et on est content de les avoir. Donc oui, c'est un joli mix. C'est assez chouette.

  • #0

    On entend beaucoup le retour de l'artisanat, etc. Est-ce que vous trouvez que ça se confirme, vous recrutez facilement ? Ou pas forcément ?

  • #3

    Alors, le retour de l'artisanat, oui. Mais ça, c'est dans la théorie et dans les ventes. Mais quand il s'agit de recruter, ça dépend des aspirations des personnes. On a des personnes qui sont très contentes de venir chez nous et d'autres dont ce n'est pas du tout la volonté. Donc, oui et non, je dirais.

  • #0

    On n'a pas du tout parlé de l'aspect engagé de la marque. Quand on a fait la visite tout à l'heure des ateliers, il y avait toute une notion autour du gaspillage, par exemple.

  • #3

    Alors, c'est vrai que nous, on est déjà dans un territoire où il y a beaucoup d'agriculture. Donc, on a une espèce de bon sens paysan un peu inné depuis toujours. Et on a toujours été attentif à recycler nos déchets de pâtes, recycler l'eau. réutiliser le chauffage du four pour les séchoirs. Donc en fait, on est là-dedans depuis toujours. Et nous, on utilise des matières premières qui sont issues de la terre, donc ce n'est pas des matières épuisables facilement, on va dire. Donc c'est vraiment une philosophie qu'on a et qui est ancrée au niveau local. Et après, on est aussi dans un village où il n'y a pas beaucoup de transports en commun. Donc on a mis en place une politique de mobilité douce. où on accompagne financièrement les salariés pour venir à vélo ou venir en covoiturage. Et ça, c'est important pour nous et on sent que ça prend parce qu'on sent que c'est vraiment dans la culture d'entreprise. Donc oui, on a beaucoup d'actions dans ce sens-là et c'est partagé par beaucoup de personnes en interne.

  • #0

    Il y a combien de salariés ? Tu m'as dit au tout début, mais là peut-être qu'on peut redire le chiffre. Alors,

  • #3

    on est une centaine de salariés sur le site, dont une soixantaine en production.

  • #0

    Et tu disais manufacture aussi. C'est quoi une manufacture ?

  • #3

    Une manufacture, c'est là où on a des gestes, c'est là où on a un savoir-faire bien spécifique. Et étant entreprise du patrimoine vivant, vivant, c'est par essence ce qu'on va transmettre de manière orale ou visuelle. Ce n'est pas quelque chose qu'on va écrire, ce ne sont pas des machines.

  • #0

    Tout à l'heure on disait que c'était une maison familiale pour le fondateur, c'était Pierre Jars. C'est toujours une entreprise familiale ?

  • #2

    Oui mais c'est plus la même famille.

  • #3

    Exactement. Alors, on va dire que la culture reste familiale parce qu'il y a beaucoup de solidarité, il y a un esprit familial qui est fort. Mais elle est sortie de la famille de Pierre Jars et elle est entrée dans une autre famille qui s'appelle Émile-Henri, qui est aussi un fabricant de céramique. Donc, c'est de la céramique qui va au four. Donc, c'est une autre technique et c'est un autre métier que le nôtre. Mais en tout cas, c'est un métier qui est proche. Et donc, depuis 2016, on appartient au groupe Émile-Henri. Effectivement, sixième génération.

  • #0

    Mais qui n'est pas du tout ici ?

  • #3

    Non, qui est en Bourgogne, à Marcigny.

  • #0

    Ok. Est-ce que vous avez une collection chouchoute, l'une et l'autre ? Parce qu'il y en a plein, on ne va pas pouvoir les décrire, mais je suis devant, en plus c'est vraiment hyper joli. Est-ce que chacune, vous me diriez, comme ça, ça permettra d'en dire un peu plus sur certaines collections ?

  • #3

    Alors moi j'aime bien les bols d'ashi, parce que je mange beaucoup de soupes et j'aime bien manger dans un bol et j'adore. Et comme on a huit formes différentes avec des couleurs différentes, c'est quand même si changé. Alors les bols d'ashi,

  • #0

    je peux les décrire peut-être un petit peu ?

  • #3

    Alors c'est des bols qui ont été dessinés par Pierre Cazeneuve et c'est une inspiration un peu asiatique d'ashi, ça veut dire bouillon en japonais. Donc on a des formats de bols, on peut mettre une soupe, une petite salade, du riz et avec des émeaux assez travaillés. Donc on a des émeaux, pinceaux. On a des émeaux craquelés. Et moi, ce que j'aime dans cette collection, c'est la diversité des bols. Et en fonction de l'humeur ou de ce qu'on a envie de mettre dedans, on a l'impression qu'on est au restaurant simplement avec le bol.

  • #0

    La technique du craquelé, tout à l'heure, je crois que j'entendais, c'est craquelé et après c'est peint à la main, enfin je ne sais plus comment on dit, à l'encre de chine. Après cuisson,

  • #1

    on vient d'ajouter de l'encre de chine qui vient s'immiscer dans la craquelure de la pièce et qui donne ce craquelé noir de la collection Dachi.

  • #2

    Oui.

  • #0

    Et j'ai vu aussi les émeaux à la cendre, qu'est-ce que c'est ?

  • #2

    Alors ça, c'est une technique ancestrale, c'est vraiment de la cendre de bois. Donc c'est Roland qui est aujourd'hui à la retraite, mais qui a sa cheminée et qui nous apporte... les cendres de sa chaudière et de sa cheminée. Et nous, on les utilise, on les tamise et on les utilise. On fait des émeaux à la cendre de bois dans la collection Wabi. Et on travaille aussi la cendre de foin. Et on a fait plein d'études de cendres. D'ailleurs, on travaille en partenariat avec la ferme qui est à côté et qui m'a donné des branches de framboisier, différents types de branches. Et nous, on a fait plein d'essais. À l'époque, les potiers, ils travaillaient comme ça pour avoir certains minéraux, certaines matières, apporter un peu de structure dans leurs émeaux. Ils utilisaient ce qu'ils avaient à côté, donc les cendres, ils allumaient le four, donc ils récupéraient les cendres, ils en mettaient un peu dans les émeaux et puis ils se sont rendus compte que ça avait différents effets. Et donc, on a travaillé beaucoup pour établir une formule qui soit plus ou moins reproductible. C'est la cheminée de Roland qui a été élue. On a plusieurs collègues qui ont essayé de nous amener leurs cendres. Et donc, on est obligés de changer la formule, si c'est les cendres de Hugo ou les cendres de Roland. Et voilà, on a vraiment ce côté... artisanale, mais on essaye de mettre un petit peu de process et de reproductibilité. Mais c'est pour ça que notre collection Wabi, elle n'est, comme on disait, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, parce qu'on utilise des matières naturelles et on a cette variabilité-là.

  • #0

    Et toi, Valentine ?

  • #1

    Moi, j'aime les pièces de la collection Wabi les plus simples, donc le Wabi blanc, rond. Et du coup, aujourd'hui, la nouvelle collection qui vient de sortir, Garig, qui est inspirée de la collection Wabi et les formes rondes. Parce que Wabi, il y a des formes irrégulières qui sont très fortes et il y a une des formes plus douces, plus rondes et dans laquelle on vient d'apporter de la couleur dans la collection Garig.

  • #0

    Et il y a du grès, c'est en grès chamoté.

  • #1

    Et c'est de la terre chamotée.

  • #0

    Terre chamotée.

  • #1

    Donc il y a le toucher de la terre chamotée.

  • #0

    Un peu granuleux, si on devait décrire.

  • #2

    Toi,

  • #0

    tu touches à tout, donc ça doit être hyper compliqué. C'est toi qui as la naissance de chacune des collections.

  • #2

    J'ai l'histoire de chaque collection et j'ai même des collections chouchoutes qui ne sont plus aujourd'hui au catalogue. Je dirais que le travail sur la collection Wabi et le partenariat avec Pierre Cazeneuve On a essayé vraiment de reproduire le geste de l'artisan. La première fois, on m'a dit, on va faire ça. Je dis, oui, Pierre, vous arrivez à faire ça dans votre atelier. Mais nous, comment je vais faire ? Il me dit, c'est simple, on prend le pinceau et on fait ça. Mais moi, je prends le pinceau, ça ne fait pas du tout ça. Et donc, j'ai appris ce côté artisan avec lui. On a fait plein de formules, plein de... Plein de superpositions, on avait des centaines d'essais avant de choisir nos trois couleurs qu'on a choisies. Donc je dirais que la collection Wabi, elle m'est chère parce que aussi Pierre m'a transmis, et après moi j'ai transmis aux filles dans les ateliers, et aujourd'hui elles sont meilleures que moi, parce qu'elles savent manipuler ça, et on a pu créer Dachi parce qu'on avait appris. On disait tout à l'heure, comment être inventif avec des méthodes ancestrales ? C'est se réapproprier ces méthodes ancestrales qui, avant, c'était un artiste. C'est un artiste, Pierre, qui nous fait les collections. Et comment, nous, on arrive à le reproduire, à faire quelque chose de toujours un peu la même, mais pas tout à fait.

  • #0

    Oui parce que l'artisan aussi, vous voulez créer une nouvelle collection, il y a des nouveaux moules, il y a de nouvelles façons d'émailler j'imagine, pas techniquement mais comment vous leur apprenez ça en fait ? C'est toi qui va apprendre à l'artisan, il connaît le geste, il va répéter un geste ?

  • #2

    Alors ça dépend, on travaille en binôme. Quand on fait une création, je suis avec l'artisan, on est tous les deux et on a tous les deux un pinceau, on a tous les deux des pièces, on fait plein d'essais, plein d'échantillons jusqu'à dire... Ok, go, là on a le... Et le plus dur, c'est qu'une fois que c'est sorti du four et que c'est beau, c'est de reproduire l'échantillon qu'on a fait. Donc moi je suis toujours avec mon petit cahier, ma petite feuille, et tout noter. Et donc je note quel pinceau, quel grammage, je note tout, même des choses qui paraissent inutiles, parce que trop de fois on met du temps à reproduire quelque chose. Et souvent c'est le premier échantillon qui sort qui est magnifique, et on va mettre deux mois. à refaire exactement la même chose. Parce que quand c'est l'intuition, on y arrive. Et puis après, quand on veut reproduire, on n'y arrive pas. C'est apprendre à garder ce côté lâcher prise.

  • #3

    C'est beaucoup d'entraînement aussi. Beaucoup d'entraînement. C'est un peu comme un sportif de haut niveau, c'est beaucoup d'entraînement, clairement. Et on le voit quand on lance un nouveau produit, souvent les six premiers mois de production, on galère quand même pas mal, parce qu'on n'a pas assez d'entraînement justement sur des techniques d'émaillage en l'occurrence. C'est souvent l'émaillage qui va nous poser des difficultés, mais oui, c'est beaucoup d'entraînement. Pour moi, c'est beaucoup de travail.

  • #0

    Et aussi, tout à l'heure, quand on visitait, tu me disais que vous étiez météo-dépendant.

  • #3

    Oui.

  • #0

    J'ai bien le cœur.

  • #3

    Oui, c'est vrai qu'il fait chaud l'été ici, donc la chaleur va sécher plus rapidement les terres. Donc, nous, il faut qu'on les travaille plus rapidement. Ça va sécher aussi et changer les caractéristiques des émeaux. Donc il faut qu'on soit vigilant par rapport à ça. Et de la même manière qu'en hiver, quand il pleut, qu'il fait humide, la terre sèche moins vite. Donc ça veut dire qu'il faut qu'on la travaille aussi différemment. Et encore une fois, c'est très empirique. C'est-à-dire qu'on sait que la terre est trop humide ou trop sèche. On le voit à la couleur de la terre. Parce qu'on n'a pas de mesures. On pourrait avoir des mesures, mais c'est un peu complexe. En tout cas, pour l'instant, on ne les a pas, mais on le fait de manière empirique. Donc, lui, on est méto-indépendant, tout à fait. En été, par exemple, il peut faire très chaud ici. On travaille de 5h du matin à midi. Parce que les fours qui montent à 1280 degrés l'après-midi, c'est intenable. Donc on fait attention aussi à ça.

  • #0

    Oui, d'accord. Bon, moi, j'ai terminé toutes mes petites questions. J'ai une dernière question un peu rituelle. Si vous faites un dîner, un dîner Jars, alors ce serait n'importe quoi de vous dire un dîner Jars, ça ressemble à quoi ? Si vous faites un dîner, vous l'organisez toutes les trois, normalement, on a le droit à six invités. Mais alors, est-ce que vous en prenez quoi de chacune ? Qui seraient vos invités ? Qui seraient les invités de la table Jars ?

  • #1

    Je commence. Moi, j'aimerais beaucoup avoir India Madhavi, parce que du coup, je n'ai pas participé au début du projet avec Jars et j'aimerais beaucoup qu'on fasse plus de choses avec elle. Et après, j'aurais dit Charlotte Perriand, quelqu'un de très inspirant.

  • #0

    Oui, sympa.

  • #3

    Alors, si j'avais deux invités à choisir pour un dîner, je choisirais Alain Ducasse, parce que je trouve sympa d'inviter un chef étoilé, et notamment parce que j'aime beaucoup son approche de la naturalité. Quand il raconte qu'il allait chercher son déjeuner le matin avec sa grand-mère, qu'est-ce qu'il y a dans le potager, qu'est-ce qu'on mange aujourd'hui, ça me parle beaucoup. Et j'inviterais un musicien pour mettre un peu d'ambiance dans ce dîner, et j'inviterais Miles Davis, parce que j'adore le jazz. Mes enfants font du jazz, donc voilà, c'est un petit clin d'œil à ma tribu.

  • #0

    Sympa. Lucie ?

  • #2

    Eh bien, moi, j'inviterais Marie Curie. parce qu'elle m'inspire beaucoup, elle a une grande force de caractère, elle a réussi, enfin, j'imagine, elle a réussi à découvrir de nouvelles choses, elle a ce côté ingénieur, prix Nobel, je pense qu'elle aurait plein de choses à nous apprendre. Et j'inviterai Sophie Fontanel, qui a ce décryptage du beau. assez inouïe et qui m'impressionne et j'aimerais beaucoup parler avec elle parce qu'elle m'inspire.

  • #0

    Ah, génial. Bon, merci beaucoup pour toutes ces infos précieuses et passionnantes et très précises que vous nous avez partagées. Merci beaucoup.

  • #3

    Merci beaucoup.

  • #2

    Merci d'être sur le temps.

  • #0

    Décodeur, c'est terminé pour aujourd'hui. Merci beaucoup d'avoir écouté en entier. Si vous avez aimé cette émission, n'oubliez surtout pas de vous abonner au podcast pour ne pas rater les prochains épisodes. Bien sûr, vous pouvez aussi la partager en l'envoyant à vos proches ou en story Insta. D'ailleurs, vous pouvez me retrouver sur le compte Décodeur où je poste quasiment tous les jours. et si jamais vous écoutez cette émission sur Apple Podcast et que vous avez 20 secondes, n'hésitez pas à laisser un commentaire, c'est juste sous la liste des épisodes, c'est comme partout plus j'ai d'avis et d'étoiles, plus le podcast se détache et se fait connaître voilà, merci beaucoup et à très bientôt alors, ici ou ailleurs

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Description

Pour cet épisode je ne suis pas à Paris pour enregistrer mais dans la Drôme, dans le village d'Anneyron pour vous parler de Jars, une très jolie marque de vaisselle qui plait au monde entier.

Jars c’est une céramique qui colle à son époque. Durable. Responsable.

C’est aussi un style unique. Poétique. Simple. Élégant.

Mais c’est surtout un savoir-faire. Artisanal. Ancestral. Estampillée Entreprise du patrimoine vivant.

Assiettes, bols et autres plats en grès, sont fabriqués ici, à qqs mètres d’où je suis, et on les retrouve ensuite sur les tables des restaurants, de grands chefs ou de quartier, et bien sur chez nous si le cœur nous en dit.

Alors comment travaillent-ils pour être ainsi sur tous les fronts ? Pour parler de tout ça, je suis ravie d’être avec Armelle Ferrieux la directrice générale de Jars, Valentine Desgaultières, sa responsable marketing et Lucie Maurice responsable R&D/qualité.


Dans cet épisode nous parlons

  • Des avantages et qualité du grès

  • Des étapes de fabrication

  • De ce qu'est l'émail

  • D'innover avec des techniques ancestrales

  • De travailler avec des grands chefs

  • De la naissance des collections à la production

  • Du parfait imparfait

  • De la grande mode de la céramique

  • Et bien d'autres choses encore...!


Merci bcp à Jars pour cette collaboration et leur confiance.


Bonne écoute !


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Transcription

  • #0

    Sous-titrage ST'501

  • #1

    Bienvenue dans Décodeur, le podcast qui parle de celles et ceux qui font la déco aujourd'hui. Je m'appelle Hortense Leluc, je suis journaliste déco et à chaque nouvel épisode, j'invite à mon micro des pros de la déco. Ensemble, on peut parler savoir-faire, inspiration, tendance, actu, idée déco, envers du décor. Bref, on papote et on enregistre, car ici, la déco, ça s'écoute. Si vous venez juste de découvrir cette émission, j'espère qu'elle vous plaira. Sachez qu'il y a déjà plus de 80 épisodes enregistrés avec de nombreuses personnalités passionnantes et plein d'autres formats aussi sur des thématiques bien précises. Pour suivre tout ça en photo, vous avez Instagram, bien sûr. et petite nouvelle, la newsletter. N'hésitez pas à vous abonner, à m'écrire, à partager, bref, à faire vivre ce podcast qui n'existerait pas sans votre fidélité. Allez, c'est parti !

  • #2

    Aujourd'hui, je ne suis pas à Paris pour enregistrer un épisode, mais dans la Drôme, dans le village de Anneron, pour vous parler de Jars, une très jolie marque de vaisselle qui plaît au monde entier. Je suis sûre que vous la connaissez.

  • #1

    Jars,

  • #2

    c'est une céramique qui colle à son époque. Durable, responsable, c'est aussi un style unique, tout doux, subtil, poétique, simple, élégant, mais c'est surtout un savoir-faire, artisanal, ancestral. Estampillées, entreprises du patrimoine vivant. Assiettes, bols et autres plats en grès sont fabriqués ici, à quelques mètres d'où je suis, et on les retrouve ensuite sur la table des restaurants, de grands chefs ou de quartiers, et bien sûr chez nous si le cœur nous en dit. Alors comment travaillent-ils pour être ainsi sur tous les fronts ? Pour parler de tout ça, je suis ravie d'être avec Armelle Ferrieux, la directrice générale de Jars. Bonjour Armelle.

  • #3

    Bonjour Hortense.

  • #2

    Valentine Dégoltière, responsable marketing. Bonjour Hortense. Et Lucie Maurice, responsable R&D qualité. Bonjour. C'est bien ça, R&D qualité.

  • #4

    R&D qualité. Recherche et développement.

  • #2

    Oui, c'est très important, on va l'aborder. Merci à toutes les trois de m'accueillir au sein de votre manufacture. Je viens de faire le tour. Petite visite d'atelier et chers auditeurs, vraiment écoutez bien ce podcast parce que la visite était passionnante. C'est... Tout un savoir-faire qu'on va essayer de vous raconter, de vous décrypter. C'était même émouvant de visiter ces ateliers, donc j'espère que vraiment cet épisode vous plaira, qui à mon avis sera très riche, mais je ne veux pas spoiler. On va commencer par le début. Armel, je disais, on est dans la Drôme. Jars est dans la Drôme depuis toujours ?

  • #4

    Oui,

  • #3

    alors Jars a été créé par Pierre Jars. En 1857, à Anneron, dans la Drôme, dans le village d'Anneron, où on était initialement. Et traditionnellement, la Drôme, c'est une terre de potiers, puisqu'on a beaucoup de carrières de terre, qui font qu'on a pas mal de poteries qui sont nées ici. On a un centre à Diolphie aussi assez connu pour la poterie. Et voilà, donc les débuts de Jars, c'était des produits assez fonctionnels et utiles. Des plats, des assiettes, il y avait des pots de jardin, je pense, Lucie. d'autres produits comme ça. Et petit à petit, il y a eu des collaborations qui se sont faites avec des maisons comme Lamberger dans les années 70-80.

  • #4

    Mariage Frère.

  • #3

    Mariage Frère, effectivement. Elle était hier, qui était même assez compliquée à fabriquer. Mais ce que je dirais quand même, c'est que la naissance de la marque Jars, elle arrive dans les années 90 avec l'arrivée d'un designer qui s'appelle Pierre Cazeneuve et qui a innové de manière assez considérable au niveau des collections. Et c'est là où on arrive avec des émots à effet très spécifiques. Donc, c'est vraiment l'avènement de la marque Jars dans les années 90. Le savoir-faire, on l'a depuis 1857, mais la marque et la créativité, elle arrive vraiment à ce moment-là. Et puis, il y a une deuxième date que je trouve intéressante, c'est l'année 2008, qui note le démarrage de la collaboration avec les chefs étoilés et qui a été aussi un grand pas. Pour nous, dans la co-création avec les chefs, dans l'innovation technique et produit, donc voilà en résumé ce qu'on peut dire sur Jars. Aujourd'hui, si on doit donner quelques chiffres, on est une centaine de collaborateurs et on se définit un peu comme un collectif d'artisans et donc une manufacture. On a à peu près 50% de notre activité à l'export. 50% en France, on est revendu pour moitié dans un réseau de restaurateurs et pour moitié dans des boutiques. Voilà à peu près si on peut définir qui on est. On est entreprise du patrimoine divan, ce que tu as dit tout à l'heure. Et on a une mission de transmission du savoir-faire, puisque par définition... On a un savoir-faire qui ne s'écrit pas, mais qui est manuel. Donc, c'est toute la difficulté qu'on peut avoir.

  • #2

    Qui ne s'écrit pas, mais qui est manuel, ça veut dire quoi ?

  • #3

    Ça veut dire que quand on applique un émail d'une certaine manière, on peut filmer, mais c'est des gestes. En fait, on a une transmission de gestuel qui est fondamentale chez nous.

  • #2

    Ok. Alors, vous, on parlait du gré. Déjà, on dit le gré, le gré. Et surtout, on l'écrit comment ? Parce que je vois que ça s'écrit de plusieurs manières.

  • #4

    Alors ça s'écrit G-R-E accent grave S et on dit gré.

  • #2

    Vous, dans la grande famille des céramiques, vous travaillez le gré. Pourquoi ce choix ? Quelles sont les qualités, les avantages du gré ?

  • #4

    Ça, c'est le choix d'origine. Le savoir-faire de Jars, c'était de tout faire. La volonté de Pierre Jars, c'était de tout maîtriser, de tout faire en interne. Et en fait, le gré, c'est une céramique qui est solide et qui est fermée et qui permet de pouvoir être utilisée, comme on le disait, en horticulture ou sur la table, qui n'est pas trop... compliqué comme par exemple la porcelaine où il faut qu'on soit super blanc, où il y a des grosses contraintes, mais qui est quand même plus solide que la faïence. Et donc c'était un bon parti pris. Et donc c'était une formule de terre qui a été mise au point ici chez Jars.

  • #2

    Parce que dans la grande famille des céramiques, il y a quoi déjà ?

  • #4

    Il y a les faillances, les grès, les porcelaines, le verre.

  • #2

    Et une fois qu'on a choisi le terre, ça ne peut pas changer. Vous, ça ne vous viendrait pas ? Innocemment, vous ne pourriez pas faire un peu de porcelaine ?

  • #4

    Elles ne sont pas cuites à la même température de cuisson. Donc nous, on a un four qui est dimensionné pour cuire à 1280 notre grès. Et donc, on n'a pas intérêt à multiplier les différents terres. Par contre, nous... Depuis la création, on a développé notre gré, on l'a blanchi, on a aujourd'hui un gré qui est très blanc, et on travaille aussi des terres chamotées, on travaille plusieurs terres, mais on travaille toujours des terres à la même température de cuisson, et surtout on travaille des terres qui sont fermées, non poreuses, qui nous permettent de pouvoir être vraiment libres avec les émeaux, contrairement à une faïence qui doit être... entièrement recouverte d'émail parce que sinon les parties brutes sont poreuses et donc ne sont pas à utiliser.

  • #2

    Vous fabriquez votre propre terre, vous, sur place ?

  • #3

    Oui, on fabrique notre propre terre avec une recette ancestrale qu'on a améliorée au fil du temps parce que les carrières changent par définition, c'est vraiment des matières premières issues de la terre, donc par définition ça peut évoluer. Et on utilise aussi des terres chamotées, donc avec des... Petites graines qui sont cuites à l'intérieur des terres. Moi, ce que je voulais ajouter sur le grès, et un des principaux avantages du grès, c'est que c'est monocuisson. C'est-à-dire qu'on a des produits qu'on cuit une seule fois. Contrairement à la porcelaine, on va cuire une première fois pour avoir une assiette bien blanche et bien jolie. On va appliquer le décor et on recuit une deuxième fois. C'est quand même un avantage en termes d'économie d'énergie et d'économie de temps qui est non négligeable. Et puis, c'est une matière à idée qu'on aime bien aussi. Donc, c'est vrai que... Demain, on ne se verrait pas, je pense, travailler de la porcelaine. On est à l'aise avec le grès, on fait plein de choses sympas. Et voilà, c'est une belle matière.

  • #5

    On est touchés dans le grès que tu n'as pas pour la porcelaine.

  • #3

    Et puis, c'est une matière qui n'était pas très noble, je dirais, dans les années 90, contrairement à la porcelaine qui était un peu la reine des tables. Et aujourd'hui, on l'a un peu ennobli avec l'apport de nouveaux émaux, de nouvelles couleurs de terre aussi. Enfin voilà, c'est ça qu'on aime bien aussi chez Jars.

  • #5

    Et le gré a blanchi, parce qu'avant c'était un gré plus gris. Et le fait de l'avoir blanchi, ça l'a ennobli aussi.

  • #2

    Vous dites que vous avez votre recette, elle est secrète ? Oui. Et est-ce qu'elle a évolué depuis toutes ces années ?

  • #3

    Alors, oui, elle a évolué parce que la provenance des matières a un tout petit peu évolué, donc on a adapté la recette. Mais globalement, oui, ce sont des petits ajustements. Ce ne sont pas des grosses évolutions, Lucie.

  • #4

    Non, non, c'est vraiment... C'est une matière vivante, comme tu le disais, mais non, la recette, on la garde et on l'aime comme ça. Et tous nos émeaux sont adaptés à cette pâte de gris. Donc, si on change... La recette du gré, on va devoir changer toutes nos formulations d'émeaux parce que nous aussi, on ne fait pas que notre gré. Ici, on fait vraiment tout de A à Z. On fait notre gré, on fait nos moules et on fait nos émeaux. Et tout est un assemblage. Notre gré, il a 14% de retrait et donc tous nos moules sont faits 14% plus gros. Donc si on change la formule et qu'on a 12%, toutes nos pièces n'auront plus la même taille. Et les mailles vraiment s'accordent à notre gré. Et donc, si on change la pâte, on est obligé de changer toutes nos formules d'émeaux. Et on n'a pas les mêmes rendus. La température de cuisson, ça ne sera pas forcément la même. Donc non, on perdure. Ça ne veut pas dire qu'on n'est pas sur l'évolution et les améliorations et les nouveautés, mais il faut garder notre gré.

  • #3

    En fait, on a un métier qui est très technique. Ce que vient de dire Lucie sur le taux de retrait, la préparation des émeaux, les émeaux qui sont adaptés à la pâte, c'est une réalité du quotidien. Et on s'imagine souvent que le fait de travailler la terre ou le gré, c'est facile. Il y a plein de cours de poterie, tout le monde fait ça, mais c'est extrêmement technique. Nous, on a des ingénieurs céramistes chez nous et on est tout petit. Donc, c'est pour dire que c'est vraiment un métier qui est extrêmement complexe. Donc, c'est vrai qu'on a une recette et c'est tout un art. Il y a beaucoup de chimie, finalement, dans ce qu'on fait.

  • #2

    On va revenir sur les étapes de fabrication. Je dirais, en tout cas, c'est comme votre terre, tout est fabriqué au même endroit, dans les ateliers que je viens de visiter, on est d'accord ? Oui. Quelles sont, du coup, les étapes, on ne va pas les détailler parce qu'en plus, on ne les voit pas, mais quelles sont les grandes étapes de fabrication d'une céramique ?

  • #4

    Alors, la première étape, c'est de fabriquer la pâte. Parce que nous, on achète des matières premières, on les mélange et avec notre propre recette, on fait notre pâte. Ensuite, on va mettre en forme...

  • #2

    Une pâte, je fais une petite parenthèse pour finir, c'est 100% naturel ?

  • #4

    Oui, toutes les matières premières sont issues de la terre. C'est de la silice, du kaolin, des felspates, tout est issu de la terre, oui, tout à fait. Donc, une fois qu'on a cette pâte qu'on peut appeler barbotine, on va mettre en forme les pièces. Donc, soit... Par coulage, donc là on va remplir un moule qui a une certaine forme et après on va revider le moule et on aura notre pièce comme le pichet qu'on a là. Ou on va faire du calibrage et donc là on va avoir un moule et une tête roller qui vont entrer tous les deux en rotation et travailler un pain de terre pour avoir une assiette, un saladier, un bol. Et après on a la presse qui elle va avoir deux parties de moule également qui vont venir compresser le pain de terre pour faire la forme exacte comme notre nouvelle collection Réfectoire. Donc ça c'est les trois techniques de mise en forme. Après on va avoir la finition où là on va venir faire un joli bord. parce qu'il y a toujours un petit joint entre les deux parties du moule. On va laisser sécher la pièce et après on va l'émailler. Et là, on a plusieurs techniques d'émaillage, le tremper dans le bain d'émail ou la pulvérisation ou le passage au pinceau, à la louche, sur toute la collection Wabi, où là on va travailler à la louche. Et après, on va passer à la cuisson. Et là, on va tout mettre dans le four, on va appuyer sur le bouton, 1280 degrés, et après on va récupérer les pièces à la sortie du four. Et là, on va toutes les prendre une par une pour regarder premier choix, deuxième choix, et les sonner. Le joli petit bruit qu'on entend, c'est pour nous signifier qu'il n'y a pas de fente interne. Et après, on va préparer les commandes et expédier.

  • #3

    Peut-être on peut préciser premier, second choix ?

  • #4

    Oui, on va regarder toutes les pièces qui vont sortir du four et au tri. Donc nous, c'est le poste de tri. Elles sont expertes, elles connaissent les collections et donc elles vont dire ok, ça, ça correspond au standard qu'on a développé avec le designer, avec le marketing. On est dans la gamme de couleurs, on n'a pas de points noirs, on n'a pas de fentes, la couleur est ok, la forme est ok. Donc ça, ça sera le premier choix. Et après, si on a des petits défauts, ça ira à la boutique d'usine, second choix. Donc second choix, petit point noir, micro-fonte, etc. qui n'aura pas d'impact sur l'utilisation du produit. Défaut de couleur. Parfois, on peut avoir une couleur qui est très jolie, mais qui n'est pas dans nos standards. Donc, à la boutique, on peut avoir ça.

  • #5

    Les gens qui viennent à la boutique ont la chance d'avoir des séries ultra limitées qu'ils ne retrouveront jamais ailleurs. C'est aussi un aspect qui est sympa dans la boutique d'atelier.

  • #4

    Oui.

  • #2

    C'est l'étape du four qui est cruciale. C'est une fois que c'est cuit qu'on sait que la pièce est réussie.

  • #4

    Alors notre métier, oui. Tout ce qu'on fait avant le four, on travaille pas à l'aveugle, mais c'est un peu mystérieux et c'est vraiment la cuisson qui va révéler et qui va nous dire si on a bien travaillé, en tout cas si on a bien fait, mais si on a travaillé la pièce un peu trop brusquement, on aura créé une fente qui ne va pas se voir et qui va se révéler seulement à la cuisson. Quand la pièce va cuire, la fente va apparaître et là, on va se dire... Là, c'est carrément à la casque que la pièce va aller, mais l'application des émots, même les émots, nous, quand on fait les formules des émots, avant cuisson, on ne sait pas, c'est pas comme un peintre sur sa palette de peinture où il va pouvoir faire son mélange et voir en direct s'il a mis assez de bleu, assez de jaune ou assez de rouge. Nous, c'est vraiment à la cuisson où les couleurs vont se révéler, les effets vont se révéler, les cristallisations vont se révéler.

  • #2

    Alors, comment en est une collection Quelles sont les étapes ? Ça passe chez toi d'abord en R&D pour savoir ce qui est possible de faire ?

  • #5

    En général, on ne se limite pas trop par la technique. On travaille plus soit avec un designer, soit avec une inspiration qu'on a eue. Et en général, après, on recherche la technique pour faire, mais on n'aime pas trop se limiter. Et après, on se donne les moyens de trouver comment faire. On n'a pas trop de limites.

  • #2

    Donc, vous faites des dessins, vous partez d'une matière, vous partez de quoi ?

  • #4

    Alors quand on travaille avec Pierre Cazeneuve, lui il est céramiste de son côté, donc lui il nous amène des prototypes. Il fait la pièce rêvée, il la fabrique dans son atelier et puis il nous l'amène. Et après nous, soit on la prend telle qu'elle, soit on lui apporte des petites modifications pour pouvoir la faire en série. Si lui dans son four justement il a eu un petit souci, nous on essaie de régler ça. Il y a plusieurs types de créations. Il y a les créations où on va vouloir le package, on va vouloir tout comme Wabi, où on va travailler et la forme et les émaux. Et puis il y a des créations où on va plus travailler d'abord la forme et ensuite la couleur.

  • #2

    Les émots, qu'on soit bien clair, ce que tu en parles depuis tout à l'heure, c'est la couleur en fait. Oui. Et c'est une grande force chez Jars.

  • #4

    Oui, c'est la raison d'être de Jars et c'est aussi pour ça que le gré avait été choisi, parce que le gré, on le travaille assez épais, on le travaille assez solide et il permet de pouvoir s'exprimer avec des émots, de mettre des émots en couche un petit peu épaisse et de résister, on va pouvoir mettre des émots craquelés, on va pouvoir mettre des émots... à effet, on va pouvoir faire des superpositions, on va pouvoir faire plein de choses, tout en ne déformant pas la pièce et en ne cassant pas la pièce.

  • #2

    Et c'est beaucoup de travail pour obtenir la bonne teinte, le bon effet ? Oui. C'est combien de... Non, je ne sais pas si on évalue en temps ou en...

  • #4

    Ça peut mettre six mois, on peut mettre un an.

  • #2

    Alors comment tu travailles, par exemple ?

  • #4

    On travaille petit à petit. On élargit le spectre, enfin on rétrécit plutôt le spectre petit à petit. On va se dire ok, je veux un émail craquelé. On va commencer par la base, on va se dire je veux un émail craquelé, je veux un émail mat, je veux un émail satiné. Et puis après on va faire des tests, c'est très empirique. Et on va prendre nos petits pigments et on va tout tester. Donc il faut tester absolument dans notre four de cuisson parce que si je prends la même formule d'émail, je suis dans un autre four. Ça n'aura pas le même rendu. Donc, voilà, on va tester. Et puis,

  • #2

    petit à petit, on va réjouir. Et le maïs, c'est quoi ? C'est une couche de... C'est du verre avec...

  • #4

    C'est aussi de la céramique. En fait, c'est juste... C'est une couche de verre qui est appliquée sur la pièce. Donc, nous, on travaille en forme... Donc, on travaille des poudres qu'on va mettre sous forme liquide, qu'on va appliquer sur la pièce, donc soit à la louche... soit en pulvérisation et qui, à la cuisson, va se transformer et qui va faire une couche de verre protectrice sur la pièce. Mais nous, notre gré, il n'a pas besoin forcément d'être protégé.

  • #2

    Quand vous créez de nouvelles collections, est-ce que ça se passe en interne ou vous faites appel à des créateurs extérieurs, des designers ?

  • #3

    Alors, on travaille avec Pierre Cazeneuve depuis plus de 40 ans. C'est un partenaire de longue date et on est fidèles et on adore travailler avec lui. On a travaillé aussi avec Catherine Salmounier, qui nous a aidé à initier cette collaboration avec les chefs, qui nous a aussi proposé des collections comme Maglone, qui est une collection organique, simple, qui fonctionne très bien. Et puis, on s'ouvre aussi à de nouveaux designers.

  • #5

    On fonctionne aussi beaucoup par rencontre chez Jars. Et on a travaillé avec Élise Fouin dans le développement d'une collection pour la Hallograin, pour le chef Brasse. Et du coup, on est resté en contact avec Élise. Et aujourd'hui, on travaille sur une collection qui viendra dans quelques temps.

  • #2

    Combien de temps il faut, grosso modo, pour sortir une collection ? On parlait tout à l'heure.

  • #3

    Alors, c'est une bonne question. Oui,

  • #5

    c'est une bonne question.

  • #3

    Parce que même si on a du mal à finir,

  • #5

    Je dirais qu'on est quand même plus réactifs que d'autres là-dessus. On entend souvent deux, trois ans de développement. Nous, on est plutôt sur un an, un an et demi.

  • #3

    Et puis, on parle de collection, mais on fait aussi beaucoup de co-création avec des chefs. Donc ça, c'est aussi du développement de produits, des nouvelles collections. Alors pour eux, en l'occurrence, pas pour nous. Et ça, ça peut aller assez vite. Parce qu'eux, ils sont souvent pressés, ils ont besoin des produits rapidement pour leur nouvelle carte. Donc, je ne sais pas, on peut développer pour un chef en six mois. En six mois, on est capable de faire trois, quatre pièces.

  • #4

    Avec les chefs avec qui on a déjà travaillé et qu'on connaît. Quand on fait une implantation avec un chef, il y a vraiment ce dialogue créatif au départ, où là, ça peut prendre un peu plus de temps parce qu'on va s'apprivoiser un petit peu entre le chef et Jars, comprendre. quelles sont ses attentes, qu'est-ce que nous on peut lui proposer. Et donc au début, quand on fait une implantation, ça peut prendre plutôt un an, un an et demi, parce qu'il y a beaucoup de pièces. Mais en effet, après quand ils nous demandent une pièce supplémentaire, là on sait réagir en six mois, parce qu'on a déjà travaillé ensemble, parce qu'on connaît un petit peu les attentes. Et puis les chefs, ils sont impatients. C'est-à-dire que quand ils ont une idée de recette, souvent ils viennent nous voir et ils J'ai une idée de recette, il me faut un bol de cette taille. Comment on fait réagir ensemble ? Et eux, ils veulent que ça soit immédiat. Donc, ils nous poussent un peu. Et puis, nous, on aime bien les challenges. Donc, on essaie de...

  • #2

    Comment vous travaillez ensemble ? En fait, eux, ils arrivent avec une idée. Ils veulent une forme particulière, des couleurs particulières. Ou c'est vous qui faites des suggestions ?

  • #5

    Ça dépend vraiment de leurs besoins. Comme disait Lucie, parfois, c'est... Le lancement de leur restaurant, donc ils partent de zéro avec un mood board de leur restaurant, de ce qu'ils souhaitent faire et tout ça. Parfois, effectivement, c'est un plat, ils cherchent une assiette pour aller avec le plat. Parfois, ils viennent ici et ils voient une pièce qui leur inspire un plat. Donc, c'est jamais vraiment la même...

  • #4

    Ils ont chacun leur personnalité, leur façon de travailler, mais la base, c'est toujours, ils viennent ici, ils visitent les ateliers comme tu viens de le faire. Et après... On travaille ensemble et...

  • #2

    Et tout est réalisable, parce qu'on peut se dire, c'est des grands chefs, des très grands restaurants.

  • #3

    Jusqu'à maintenant, on n'a pas trop mal réussi.

  • #4

    Il y a des choses plus ou moins rapides, il y a des sujets qui sont plus complexes, qui nous demandent des challenges un petit peu. Et donc là, on met un peu plus de temps à travailler. Tout est faisable. Après, tout dépend le coût, le temps et le nombre de pièces qu'on veut.

  • #2

    Oui, parce que vous travaillez avec les grands chefs et vous faites aussi des objets exclusifs pour d'autres marques et qui ne sont pas forcément vendus chez vous, qui sont vendus uniquement...

  • #5

    On a très peu de partenaires retail. On travaille avec des partenaires fidèles et de longue date. Je peux les citer, on travaille avec Sarah Lavoine depuis plus de dix ans et Caravan et également India Madhavi. Et aujourd'hui, on n'en a pas d'autres et c'est vraiment des partenaires historiques. On ne cherche pas à démultiplier, c'est vraiment des rencontres et c'est vraiment des choses qu'on a co-créées ensemble. Et aujourd'hui, avec le retour au savoir-faire français, c'est vraiment... Aussi pour eux, un avantage de travailler avec Jars et aussi notre créativité et le fait de créer ensemble, c'est vraiment...

  • #2

    Vous êtes sans cesse dans la recherche de nouvelles matières, de nouvelles textures, de nouvelles couleurs ? Oui. Où sont des bestes que vous réinterprétez ?

  • #3

    On est beaucoup dans l'innovation à la fois design et à la fois technique. Parce qu'une fois qu'on a défini un produit qui nous convient, avec l'émail qui va bien, souvent il peut y avoir une mise en place technique ou une nouvelle technique qu'il faut qu'on s'approprie et qu'on n'avait pas jusqu'à maintenant. Donc ça c'est important et ça fait vraiment partie de l'ADN de Jars d'être dans l'innovation à la fois design et technique. Donc c'est capital et effectivement on passe beaucoup de temps là-dessus.

  • #2

    Et comment on arrive à innover quand on a des gestes ancestraux et des techniques ancestrales ?

  • #3

    Et on peut innover avec l'éther. Les terres, c'est de la R&D. Les terres chamotées, par exemple, qu'on a lancées il y a une petite dizaine d'années. On est l'un des rares Français à faire de la terre chamotée, par exemple. On innove avec les effets d'émail. Donc, ça veut dire qu'il y a des techniques aussi pour faire des émeaux spécifiques. On a un métier qui est très technique. Donc, dès qu'on a un nouveau produit, il faut qu'on regarde si la technique qu'on connaît est appropriée.

  • #2

    Et est-ce que la technique est différente selon qu'elle soit destinée au grand public ou au restaurant, où j'imagine qu'il y a énormément de manipulation par exemple ? La technique ou la qualité, pardon, je voulais dire.

  • #3

    Non, alors en fait, nous, on a une qualité qui est constante et qui est d'abord adaptée pour un usage intensif en restauration. Et donc, c'est pour ça qu'on a 50% de notre activité qui est dédiée à ce marché-là. Et en conséquence, les produits que vont acheter les particuliers ont la même qualité qu'on trouve en restauration. On a vraiment des produits qui sont durables, solides et ça fait aussi partie de l'ADN de la marque. de lancer des produits qui vont être durables dans le temps, donc avec un style qu'on veut pérenne, et durables aussi en qualité de produit, qui passent au lave-vaisselle, qui passent au micro-ondes, qui sont faits pour ça.

  • #2

    On parle de chefs de tout à l'heure, est-ce qu'éventuellement on peut citer quelques chefs avec lesquels vous travaillez, et peut-être donner quelques exemples de ce que vous avez fait pour eux ?

  • #3

    Alors, ne vous battez pas.

  • #4

    On se regarde avec Valentine qui est là depuis 15 ans.

  • #5

    Elle a tout l'historique des chefs.

  • #4

    On a travaillé avec des chefs locaux comme Anne-Sophie Pic à Valence, Régis Marcon juste à côté qui nous connaissent depuis toujours, qui avaient du jars chez eux et puis se sont dit un jour Mais pourquoi j'ai de la porcelaine dans mon restaurant ? Pourquoi je n'ai pas du jars comme… Comme pour mon petit déjeuner à la maison quand je suis avec mes enfants, pourquoi je n'offre pas ça à mes clients ? Et on a travaillé avec Harry Baird, avec Johan Comte, donc elle à La Samaritaine et à La Vague d'Or.

  • #5

    C'est très varié. Chaque chef a vraiment sa personnalité et tous les chefs qu'on vient de citer ont des pièces qui n'ont rien à voir les unes avec les autres. C'est vraiment... adapté à leur ADN.

  • #4

    Et justement, quand Emmanuel Renaud vient, il nous Ah, je suis allée chez Arnaud Donkel, il a une cocotte que vous lui avez fait magnifique, je veux la même. On lui dit Non, non, tu n'auras pas la même parce que... Justement, nous, c'est ça notre ADN, c'est de faire du sur-mesure pour les chefs et que chacun ait vraiment un petit peu son identité par rapport à Jars et le chef. Et du coup, on retravaille ensemble, on nous dit mais quel est ton besoin ? Et nous, on apporte aussi notre savoir-faire. Et c'est aussi pour ça que les chefs aiment venir chez nous, parce qu'ils savent que quand on aura fait une pièce ensemble, il n'y aura pas la même pièce chez... Le chef, ils sont tous copains par ailleurs, mais ils sont un petit peu concurrents quand même. Et c'est ce qu'ils apprécient chez nous. Et c'est ce que nous aussi, on aime faire. Si c'est pour dupliquer la même pièce partout, ça a moins d'intérêt.

  • #3

    On crée des produits identitaires pour les chefs qui correspondent à leurs besoins, que ce soit en matière de création ou de plat. Et donc ça, c'est très spécifique à chacun des chefs. On a aussi fait des produits sur mesure à l'étranger. On travaille avec EMP à New York, par exemple. On n'est pas que franco-français. Avec Daniel Hume. Avec Daniel Hume. Et on a pas mal de chefs qui nous sollicitent pour faire du sur mesure. Donc, à distance, c'est plus complexe, mais on arrive à le faire. Et c'est vrai qu'on aime bien qu'ils viennent chez nous pour... bien se comprendre et avoir la bonne approche par rapport à leurs demandes.

  • #2

    Donc vous pouvez faire autant des petites quantités, 50 pièces, que des choses qui sont plus, dans ces cas-là, plus, entre guillemets, industrialisées, comment on dit ? C'est pas le même geste ? Est-ce qu'il y a une différence ? C'est de la grande série ?

  • #3

    C'est ce qu'on voyait ce matin quand on a fait la visite. On a des postes sur lesquels on sait qu'on fait de la petite quantité. On a des postes sur lesquels on fait de la plus grosse quantité, donc après on a des machines. Mais quand même, pour fabriquer une assiette, on a une vingtaine de passations de main en main. Donc en fait, même s'il y a une étape qui peut sembler un peu... Industriel, les autres étapes sont bien souvent très manuelles. Le fait d'enfourner les assiettes dans le four, c'est extrêmement manuel. On ne dirait pas comme ça, mais ça l'est. Donc voilà, on est capable de faire des petites séries, des très grandes séries. On a des clients qui vont nous commander 50 pièces et des clients qui vont nous commander 10 000, 15 000 pièces. On est capable de faire ça aussi.

  • #2

    Quand on vient vous voir, qu'est-ce qu'on vient chercher ? Qu'est-ce qu'on aime chez Jars ?

  • #0

    Qu'est-ce que les chefs aiment chez Jars par exemple ? Ils sont très nombreux à venir vous voir ou toutes ces marques qui vous demandent des co-créations. Qu'est-ce qu'ils aiment chez vous ? Pour vous, quel est votre ADN ?

  • #1

    Je dirais la singularité parce que Jars est une marque vraiment identifiable. Il y a une patte Jars dans le toucher, dans l'aspect visuel. Beaucoup de nos pièces ont une partie qui est laissée brute. Ça, c'est quelque chose qui est assez unique à Jars. Et Jars est assez reconnaissable, comme on le disait tout à l'heure dans les restaurants, Souvent, on reconnaît Jars, on va soulever la pièce et pour confirmer que c'est une pièce Jars, il y a quelque chose de reconnaissable, une patte.

  • #0

    Est-ce que vous travaillez cet univers un peu aussi, cette identité que vous avez ? Je disais que chaque pièce, il y a presque comme une émotion, elles sont très douces, un peu poétiques, les coloris sont très harmonieux. Vous faites attention à ça ?

  • #2

    Oui. On travaille beaucoup les demi-tons, on travaille beaucoup le parfait-imparfait, les régularités. Et ce que je voulais préciser aussi par rapport à Valentine, pourquoi les chefs viennent nous voir, c'est aussi parce qu'on a cette souplesse entre l'artisanat et la constance manufacturière. C'est-à-dire que si ils nous commandent 50 pièces, ils auront 50 pièces plutôt identiques. Nous, on va réussir à faire des pièces qui ont ce côté artisanal, mais qui seront solides et où on arrivera à produire... Nous, 50 pièces, on sait le faire de façon assez réactive.

  • #1

    Ils viennent nous voir aussi pour la créativité, clairement. Pour justement, tout le champ des possibles en termes d'émos, de couleurs. C'est vrai que, comme on disait tout à l'heure, on n'a pas trop de limites.

  • #2

    On n'est pas une marque à façon. Tous les chefs qui sont arrivés en disant je veux ça ils ne sont jamais repartis avec ce qu'ils nous avaient décrit au début. Parce que nous, on va apporter notre côté créatif. mais est-ce que tu veux pas plutôt ça ou est-ce que ça ça irait pas mieux et puis le labo où nous on garde un peu tous nos essais qui peuvent être parfois un peu ratés et bien ils vont correspondre ils peuvent correspondre à un besoin à une idée, à une démarche et souvent ceux qui nous connaissent ils viennent ils savent pas ce qu'ils veulent ils savent ce qu'ils ont comme menu, comme plat ils savent pas exactement ce qu'ils veulent comme pièce et puis ils vont se promener ils viennent On est une source d'inspiration en fait, et nous on va travailler ensemble. Mais il y a des chefs, ils sont au bord de la plage, ils nous ont amené la photo de la plage, ils ont fait voilà, moi je travaille ici, je veux que les gens quand ils sont à table, ils aient l'impression de manger sur la plage. Régis Marcon, il nous a amené des cailloux qu'il avait ramassés autour de son restaurant, en disant je voudrais qu'on ait l'impression que l'assiette elle est taillée dans ce caillou, et nous on a fait un émail à partir de ça.

  • #1

    Comme Johan Comte,

  • #2

    qui nous a demandé... Il a dit, moi, je veux que les gens aient l'impression qu'ils sont en haut de leur rocher, avec leur gamelle et leur cuillère, et ils mangent, mais ce qu'ils mangent, c'est pas du tout... C'est ce que Johan Comte a pensé pour eux, mais nous, il fallait qu'on arrive à, par le contenant, reproduire un petit peu cette sensation. Donc, comme il a fait ce geste-là, nous, on s'est dit... Enfin, qu'on voit pas, mais... Le geste d'avoir son assiette et son bol près de soi pour pas le faire tomber parce qu'on est sur un caillou, il fallait qu'on arrive à faire une pièce toute douce, qu'on ait envie de prendre en main, et qui nous donne envie d'avoir ce geste-là.

  • #0

    Et tu disais tout à l'heure parfait, mais imparfait, vous cherchez ces irrégularités, en tout cas elles ne vous font pas peur, c'est même un peu un signe de fabrique chez vous.

  • #3

    Ça fait partie de l'ADN même et des signes de reconnaissance de la marque. A contrario de la porcelaine, on a des produits qui sont très blancs, très ronds, avec des jolis graphiques, mais qui sont tous parfaits. Nous, on n'est pas du tout là-dedans et c'est vraiment notre signature. Donc c'est très important pour nous ça.

  • #0

    Oui, parce que j'allais dire, c'est quand même la grande mode des céramiques. Comment du coup on se démarque ? C'est par le style ? C'est par ce genre de finition ? C'est en racontant une histoire particulière, comme là vous êtes en train de le faire ?

  • #3

    Oui, c'est la grande mode des céramiques parce qu'on en parle beaucoup dans les journaux. Mais nous, on existe quand même depuis 1857. Donc, on n'est pas à la mode. On existe, on est entreprise du patrimoine vivant, on travaille beaucoup avec les chefs depuis longtemps, avec les boutiques. Donc, on est un peu intemporel. Ce côté mode, c'est sympa parce que du coup, on peut prendre la parole plus qu'avant. Mais nous, on ne s'inscrit pas dans ce courant-là, on va dire.

  • #1

    Oui, on est un peu hors des tendances. Aussi, pour développer nos collections, on ne va pas regarder ce qui se fait autour, les tendances dans l'art de la table. C'est plus de l'inspiration, des choses. On est une marque assez intuitive. On ne va pas regarder ce que font les autres et la tendance du moment pour développer une collection.

  • #0

    Vous parlez beaucoup aussi de prendre le temps, le temps de la main, le sens du détail, mais en même temps, il faut vendre, vous êtes une entreprise. Comment vous arrivez à rendre compatibles les deux choses ? C'est pris en compte, j'imagine ? Oui.

  • #3

    En fait, on sait que pour fabriquer une pièce, on a besoin de temps pour la fabriquer, parce qu'il faut que ça sèche, qu'on l'émail, que ça cuise correctement. Donc, on a un calcul de temps. Voilà, on a des produits qu'on a en stock, parce qu'on a des produits qui se vendent bien. On va dire que c'est de l'organisation de production et logistique au service d'une manufacture artisanale. Donc c'est bien les deux choses. On est très artisan dans notre manière de fabriquer les produits, mais on a une organisation qui se veut professionnelle et avec des services compétents là-dedans.

  • #0

    Je parlais de la mode de la céramique, mais il y a aussi quand même un engouement incroyable pour les arts de la table, dont vous bénéficiez aussi.

  • #3

    Oui, alors ça, ça vient en partie de la notoriété des chefs, qui sont les stars d'aujourd'hui, ce qui n'était pas le cas il y a 15-20 ans. Et c'est eux qui ont amené ça finalement, en disant, au-delà de ce que je propose dans une assiette, je veux aussi que l'assiette soit en phase avec mon plat. Donc tout ça fait que... Petit à petit, on a abordé le sujet grâce au chef. Enfin, c'est vraiment... Il y a eu pas mal de choses à la télé aussi. Toutes ces émissions où on va parler de gastronomie, de cuisine, de chef. Donc oui, ça a amené une forme de notoriété sur les arts de la table dont on a bénéficié effectivement...

  • #2

    En France ?

  • #3

    En France.

  • #2

    Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, on est à 50-50 avec la France. Mais il fut un temps où on se vendait mieux. À l'export, le made in France, le savoir-faire français, on vendait très bien nos produits à l'étranger et moins en France.

  • #0

    Alors là, on parle beaucoup de chefs et ça donne très envie, mais l'avantage, c'est qu'il y a des collections aussi pour le grand public. On vous trouve dans des boutiques ?

  • #1

    On est dans une centaine de boutiques en France et dans de nombreuses boutiques aussi à l'étranger. On est dans les boutiques un peu pointues, concept store, un peu sympa, déco. Par exemple, un de nos partenaires historiques, c'est Merci. ou encore la trésorerie à Paris. On peut être aussi dans des grands magasins comme le BHV. Chaque boutique a un assortiment un peu différent. Soit c'est une boutique plus au BHV, ça va être plus de l'art de la table. Chez Merci, ça va être plus des pièces un peu déco, des objets cadeaux, type vase, une grande coupe, ce type d'objet.

  • #0

    Et quelle est du coup la temporalité de création ? Vous avez un nombre de collections par an ou c'est au gré de rencontres ?

  • #1

    On n'a pas d'obligation de sortir une collection par an ou deux, mais on essaye d'apporter toujours un peu de nouveautés auprès de nos clients et d'amener toujours des nouvelles choses et de nouvelles propositions. Après, nos anciennes collections restent encore des collections iconiques. Donc, il y a toujours des anciennes collections qui vont se mêler avec les nouvelles. Et comme on dit, on est une marque intemporelle. Donc, Touron, qui est notre collection historique, reste toujours aujourd'hui une de nos meilleures ventes et toujours un côté très sentimental. de cette collection qui plaît toujours autant.

  • #0

    Oui. On n'a pas encore parlé... Quel type de... Derrière tout ça, on parle de la main, mais du coup, se cachent des hommes. Quel type de... Des hommes et des femmes. Quel type de métier on trouve chez JAS ? Alors,

  • #3

    nous, on a la particularité de former en interne les personnes qu'on recrute. Donc quand on va lancer des recrutements, ce qu'on va regarder sur le CV, voire même on ne va pas regarder le CV, on va recevoir la personne et s'assurer qu'elle est plutôt calme, plutôt manuelle et qu'elle aime bien ces métiers-là. Et parce qu'on assure la formation intégrale des personnes, donc on n'a pas besoin que la personne ait déjà travaillé par ailleurs dans la céramique parce qu'on a tous des métiers assez différents finalement. entre un porcelainier, un céramiste comme nous, ce n'est pas forcément les mêmes gestes, ce n'est pas forcément la même approche. Donc, ce qui va compter, c'est vraiment le côté manuel de la personne et son envie de travailler sur des métiers comme le nôtre.

  • #0

    Parce que sinon, il y a une école, où est-ce que les céramistes, ils se forment où ?

  • #2

    Il y a plusieurs écoles. Donc, soit on passe ce qu'on appelle un BMA, un brevet des métiers d'art. Et donc là, ça va être très potier, dessin à la main. Après, il y a des CAP aussi, mais nous, on n'en a pas trop ici. Et puis après, il y a le diplôme ingénieur céramiste ou BTS. Mais nous, comme disait Armel, c'est plus un ancrage local. J'ai l'air que c'est là depuis 1857, donc les gens connaissent l'entreprise et ils viennent travailler ici parce que c'est... C'est pas loin de chez eux et parce qu'ils ont envie de travailler à la main quelque chose. Mais comme disait Armel, nous on va former en interne les gens et on va avoir cette transmission du savoir-faire. Et c'est ce que les gens aiment aussi, ils arrivent ici, on apprend quelque chose, on apprend un métier et ça peut prendre du temps.

  • #0

    Donc les artisans sont plutôt des anciens entre guillemets ou il y a toute une nouvelle génération qui arrive ?

  • #3

    Oui, voilà. Heureusement qu'on a des nouveaux qui ont envie d'apprendre le métier et qui restent. Et c'est un joli équilibre, en l'occurrence, entre des anciens qui vont former les nouveaux à ces techniques manuelles, ces bons réflexes, ces bonnes pratiques, parce qu'encore une fois, ça ne s'écrit pas, c'est vraiment de la transmission manuelle. Donc on a les deux, on a beaucoup d'anciens qui sont là depuis très longtemps et on a beaucoup de nouveaux qui arrivent, qu'on forme et on est content de les avoir. Donc oui, c'est un joli mix. C'est assez chouette.

  • #0

    On entend beaucoup le retour de l'artisanat, etc. Est-ce que vous trouvez que ça se confirme, vous recrutez facilement ? Ou pas forcément ?

  • #3

    Alors, le retour de l'artisanat, oui. Mais ça, c'est dans la théorie et dans les ventes. Mais quand il s'agit de recruter, ça dépend des aspirations des personnes. On a des personnes qui sont très contentes de venir chez nous et d'autres dont ce n'est pas du tout la volonté. Donc, oui et non, je dirais.

  • #0

    On n'a pas du tout parlé de l'aspect engagé de la marque. Quand on a fait la visite tout à l'heure des ateliers, il y avait toute une notion autour du gaspillage, par exemple.

  • #3

    Alors, c'est vrai que nous, on est déjà dans un territoire où il y a beaucoup d'agriculture. Donc, on a une espèce de bon sens paysan un peu inné depuis toujours. Et on a toujours été attentif à recycler nos déchets de pâtes, recycler l'eau. réutiliser le chauffage du four pour les séchoirs. Donc en fait, on est là-dedans depuis toujours. Et nous, on utilise des matières premières qui sont issues de la terre, donc ce n'est pas des matières épuisables facilement, on va dire. Donc c'est vraiment une philosophie qu'on a et qui est ancrée au niveau local. Et après, on est aussi dans un village où il n'y a pas beaucoup de transports en commun. Donc on a mis en place une politique de mobilité douce. où on accompagne financièrement les salariés pour venir à vélo ou venir en covoiturage. Et ça, c'est important pour nous et on sent que ça prend parce qu'on sent que c'est vraiment dans la culture d'entreprise. Donc oui, on a beaucoup d'actions dans ce sens-là et c'est partagé par beaucoup de personnes en interne.

  • #0

    Il y a combien de salariés ? Tu m'as dit au tout début, mais là peut-être qu'on peut redire le chiffre. Alors,

  • #3

    on est une centaine de salariés sur le site, dont une soixantaine en production.

  • #0

    Et tu disais manufacture aussi. C'est quoi une manufacture ?

  • #3

    Une manufacture, c'est là où on a des gestes, c'est là où on a un savoir-faire bien spécifique. Et étant entreprise du patrimoine vivant, vivant, c'est par essence ce qu'on va transmettre de manière orale ou visuelle. Ce n'est pas quelque chose qu'on va écrire, ce ne sont pas des machines.

  • #0

    Tout à l'heure on disait que c'était une maison familiale pour le fondateur, c'était Pierre Jars. C'est toujours une entreprise familiale ?

  • #2

    Oui mais c'est plus la même famille.

  • #3

    Exactement. Alors, on va dire que la culture reste familiale parce qu'il y a beaucoup de solidarité, il y a un esprit familial qui est fort. Mais elle est sortie de la famille de Pierre Jars et elle est entrée dans une autre famille qui s'appelle Émile-Henri, qui est aussi un fabricant de céramique. Donc, c'est de la céramique qui va au four. Donc, c'est une autre technique et c'est un autre métier que le nôtre. Mais en tout cas, c'est un métier qui est proche. Et donc, depuis 2016, on appartient au groupe Émile-Henri. Effectivement, sixième génération.

  • #0

    Mais qui n'est pas du tout ici ?

  • #3

    Non, qui est en Bourgogne, à Marcigny.

  • #0

    Ok. Est-ce que vous avez une collection chouchoute, l'une et l'autre ? Parce qu'il y en a plein, on ne va pas pouvoir les décrire, mais je suis devant, en plus c'est vraiment hyper joli. Est-ce que chacune, vous me diriez, comme ça, ça permettra d'en dire un peu plus sur certaines collections ?

  • #3

    Alors moi j'aime bien les bols d'ashi, parce que je mange beaucoup de soupes et j'aime bien manger dans un bol et j'adore. Et comme on a huit formes différentes avec des couleurs différentes, c'est quand même si changé. Alors les bols d'ashi,

  • #0

    je peux les décrire peut-être un petit peu ?

  • #3

    Alors c'est des bols qui ont été dessinés par Pierre Cazeneuve et c'est une inspiration un peu asiatique d'ashi, ça veut dire bouillon en japonais. Donc on a des formats de bols, on peut mettre une soupe, une petite salade, du riz et avec des émeaux assez travaillés. Donc on a des émeaux, pinceaux. On a des émeaux craquelés. Et moi, ce que j'aime dans cette collection, c'est la diversité des bols. Et en fonction de l'humeur ou de ce qu'on a envie de mettre dedans, on a l'impression qu'on est au restaurant simplement avec le bol.

  • #0

    La technique du craquelé, tout à l'heure, je crois que j'entendais, c'est craquelé et après c'est peint à la main, enfin je ne sais plus comment on dit, à l'encre de chine. Après cuisson,

  • #1

    on vient d'ajouter de l'encre de chine qui vient s'immiscer dans la craquelure de la pièce et qui donne ce craquelé noir de la collection Dachi.

  • #2

    Oui.

  • #0

    Et j'ai vu aussi les émeaux à la cendre, qu'est-ce que c'est ?

  • #2

    Alors ça, c'est une technique ancestrale, c'est vraiment de la cendre de bois. Donc c'est Roland qui est aujourd'hui à la retraite, mais qui a sa cheminée et qui nous apporte... les cendres de sa chaudière et de sa cheminée. Et nous, on les utilise, on les tamise et on les utilise. On fait des émeaux à la cendre de bois dans la collection Wabi. Et on travaille aussi la cendre de foin. Et on a fait plein d'études de cendres. D'ailleurs, on travaille en partenariat avec la ferme qui est à côté et qui m'a donné des branches de framboisier, différents types de branches. Et nous, on a fait plein d'essais. À l'époque, les potiers, ils travaillaient comme ça pour avoir certains minéraux, certaines matières, apporter un peu de structure dans leurs émeaux. Ils utilisaient ce qu'ils avaient à côté, donc les cendres, ils allumaient le four, donc ils récupéraient les cendres, ils en mettaient un peu dans les émeaux et puis ils se sont rendus compte que ça avait différents effets. Et donc, on a travaillé beaucoup pour établir une formule qui soit plus ou moins reproductible. C'est la cheminée de Roland qui a été élue. On a plusieurs collègues qui ont essayé de nous amener leurs cendres. Et donc, on est obligés de changer la formule, si c'est les cendres de Hugo ou les cendres de Roland. Et voilà, on a vraiment ce côté... artisanale, mais on essaye de mettre un petit peu de process et de reproductibilité. Mais c'est pour ça que notre collection Wabi, elle n'est, comme on disait, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, parce qu'on utilise des matières naturelles et on a cette variabilité-là.

  • #0

    Et toi, Valentine ?

  • #1

    Moi, j'aime les pièces de la collection Wabi les plus simples, donc le Wabi blanc, rond. Et du coup, aujourd'hui, la nouvelle collection qui vient de sortir, Garig, qui est inspirée de la collection Wabi et les formes rondes. Parce que Wabi, il y a des formes irrégulières qui sont très fortes et il y a une des formes plus douces, plus rondes et dans laquelle on vient d'apporter de la couleur dans la collection Garig.

  • #0

    Et il y a du grès, c'est en grès chamoté.

  • #1

    Et c'est de la terre chamotée.

  • #0

    Terre chamotée.

  • #1

    Donc il y a le toucher de la terre chamotée.

  • #0

    Un peu granuleux, si on devait décrire.

  • #2

    Toi,

  • #0

    tu touches à tout, donc ça doit être hyper compliqué. C'est toi qui as la naissance de chacune des collections.

  • #2

    J'ai l'histoire de chaque collection et j'ai même des collections chouchoutes qui ne sont plus aujourd'hui au catalogue. Je dirais que le travail sur la collection Wabi et le partenariat avec Pierre Cazeneuve On a essayé vraiment de reproduire le geste de l'artisan. La première fois, on m'a dit, on va faire ça. Je dis, oui, Pierre, vous arrivez à faire ça dans votre atelier. Mais nous, comment je vais faire ? Il me dit, c'est simple, on prend le pinceau et on fait ça. Mais moi, je prends le pinceau, ça ne fait pas du tout ça. Et donc, j'ai appris ce côté artisan avec lui. On a fait plein de formules, plein de... Plein de superpositions, on avait des centaines d'essais avant de choisir nos trois couleurs qu'on a choisies. Donc je dirais que la collection Wabi, elle m'est chère parce que aussi Pierre m'a transmis, et après moi j'ai transmis aux filles dans les ateliers, et aujourd'hui elles sont meilleures que moi, parce qu'elles savent manipuler ça, et on a pu créer Dachi parce qu'on avait appris. On disait tout à l'heure, comment être inventif avec des méthodes ancestrales ? C'est se réapproprier ces méthodes ancestrales qui, avant, c'était un artiste. C'est un artiste, Pierre, qui nous fait les collections. Et comment, nous, on arrive à le reproduire, à faire quelque chose de toujours un peu la même, mais pas tout à fait.

  • #0

    Oui parce que l'artisan aussi, vous voulez créer une nouvelle collection, il y a des nouveaux moules, il y a de nouvelles façons d'émailler j'imagine, pas techniquement mais comment vous leur apprenez ça en fait ? C'est toi qui va apprendre à l'artisan, il connaît le geste, il va répéter un geste ?

  • #2

    Alors ça dépend, on travaille en binôme. Quand on fait une création, je suis avec l'artisan, on est tous les deux et on a tous les deux un pinceau, on a tous les deux des pièces, on fait plein d'essais, plein d'échantillons jusqu'à dire... Ok, go, là on a le... Et le plus dur, c'est qu'une fois que c'est sorti du four et que c'est beau, c'est de reproduire l'échantillon qu'on a fait. Donc moi je suis toujours avec mon petit cahier, ma petite feuille, et tout noter. Et donc je note quel pinceau, quel grammage, je note tout, même des choses qui paraissent inutiles, parce que trop de fois on met du temps à reproduire quelque chose. Et souvent c'est le premier échantillon qui sort qui est magnifique, et on va mettre deux mois. à refaire exactement la même chose. Parce que quand c'est l'intuition, on y arrive. Et puis après, quand on veut reproduire, on n'y arrive pas. C'est apprendre à garder ce côté lâcher prise.

  • #3

    C'est beaucoup d'entraînement aussi. Beaucoup d'entraînement. C'est un peu comme un sportif de haut niveau, c'est beaucoup d'entraînement, clairement. Et on le voit quand on lance un nouveau produit, souvent les six premiers mois de production, on galère quand même pas mal, parce qu'on n'a pas assez d'entraînement justement sur des techniques d'émaillage en l'occurrence. C'est souvent l'émaillage qui va nous poser des difficultés, mais oui, c'est beaucoup d'entraînement. Pour moi, c'est beaucoup de travail.

  • #0

    Et aussi, tout à l'heure, quand on visitait, tu me disais que vous étiez météo-dépendant.

  • #3

    Oui.

  • #0

    J'ai bien le cœur.

  • #3

    Oui, c'est vrai qu'il fait chaud l'été ici, donc la chaleur va sécher plus rapidement les terres. Donc, nous, il faut qu'on les travaille plus rapidement. Ça va sécher aussi et changer les caractéristiques des émeaux. Donc il faut qu'on soit vigilant par rapport à ça. Et de la même manière qu'en hiver, quand il pleut, qu'il fait humide, la terre sèche moins vite. Donc ça veut dire qu'il faut qu'on la travaille aussi différemment. Et encore une fois, c'est très empirique. C'est-à-dire qu'on sait que la terre est trop humide ou trop sèche. On le voit à la couleur de la terre. Parce qu'on n'a pas de mesures. On pourrait avoir des mesures, mais c'est un peu complexe. En tout cas, pour l'instant, on ne les a pas, mais on le fait de manière empirique. Donc, lui, on est méto-indépendant, tout à fait. En été, par exemple, il peut faire très chaud ici. On travaille de 5h du matin à midi. Parce que les fours qui montent à 1280 degrés l'après-midi, c'est intenable. Donc on fait attention aussi à ça.

  • #0

    Oui, d'accord. Bon, moi, j'ai terminé toutes mes petites questions. J'ai une dernière question un peu rituelle. Si vous faites un dîner, un dîner Jars, alors ce serait n'importe quoi de vous dire un dîner Jars, ça ressemble à quoi ? Si vous faites un dîner, vous l'organisez toutes les trois, normalement, on a le droit à six invités. Mais alors, est-ce que vous en prenez quoi de chacune ? Qui seraient vos invités ? Qui seraient les invités de la table Jars ?

  • #1

    Je commence. Moi, j'aimerais beaucoup avoir India Madhavi, parce que du coup, je n'ai pas participé au début du projet avec Jars et j'aimerais beaucoup qu'on fasse plus de choses avec elle. Et après, j'aurais dit Charlotte Perriand, quelqu'un de très inspirant.

  • #0

    Oui, sympa.

  • #3

    Alors, si j'avais deux invités à choisir pour un dîner, je choisirais Alain Ducasse, parce que je trouve sympa d'inviter un chef étoilé, et notamment parce que j'aime beaucoup son approche de la naturalité. Quand il raconte qu'il allait chercher son déjeuner le matin avec sa grand-mère, qu'est-ce qu'il y a dans le potager, qu'est-ce qu'on mange aujourd'hui, ça me parle beaucoup. Et j'inviterais un musicien pour mettre un peu d'ambiance dans ce dîner, et j'inviterais Miles Davis, parce que j'adore le jazz. Mes enfants font du jazz, donc voilà, c'est un petit clin d'œil à ma tribu.

  • #0

    Sympa. Lucie ?

  • #2

    Eh bien, moi, j'inviterais Marie Curie. parce qu'elle m'inspire beaucoup, elle a une grande force de caractère, elle a réussi, enfin, j'imagine, elle a réussi à découvrir de nouvelles choses, elle a ce côté ingénieur, prix Nobel, je pense qu'elle aurait plein de choses à nous apprendre. Et j'inviterai Sophie Fontanel, qui a ce décryptage du beau. assez inouïe et qui m'impressionne et j'aimerais beaucoup parler avec elle parce qu'elle m'inspire.

  • #0

    Ah, génial. Bon, merci beaucoup pour toutes ces infos précieuses et passionnantes et très précises que vous nous avez partagées. Merci beaucoup.

  • #3

    Merci beaucoup.

  • #2

    Merci d'être sur le temps.

  • #0

    Décodeur, c'est terminé pour aujourd'hui. Merci beaucoup d'avoir écouté en entier. Si vous avez aimé cette émission, n'oubliez surtout pas de vous abonner au podcast pour ne pas rater les prochains épisodes. Bien sûr, vous pouvez aussi la partager en l'envoyant à vos proches ou en story Insta. D'ailleurs, vous pouvez me retrouver sur le compte Décodeur où je poste quasiment tous les jours. et si jamais vous écoutez cette émission sur Apple Podcast et que vous avez 20 secondes, n'hésitez pas à laisser un commentaire, c'est juste sous la liste des épisodes, c'est comme partout plus j'ai d'avis et d'étoiles, plus le podcast se détache et se fait connaître voilà, merci beaucoup et à très bientôt alors, ici ou ailleurs

Description

Pour cet épisode je ne suis pas à Paris pour enregistrer mais dans la Drôme, dans le village d'Anneyron pour vous parler de Jars, une très jolie marque de vaisselle qui plait au monde entier.

Jars c’est une céramique qui colle à son époque. Durable. Responsable.

C’est aussi un style unique. Poétique. Simple. Élégant.

Mais c’est surtout un savoir-faire. Artisanal. Ancestral. Estampillée Entreprise du patrimoine vivant.

Assiettes, bols et autres plats en grès, sont fabriqués ici, à qqs mètres d’où je suis, et on les retrouve ensuite sur les tables des restaurants, de grands chefs ou de quartier, et bien sur chez nous si le cœur nous en dit.

Alors comment travaillent-ils pour être ainsi sur tous les fronts ? Pour parler de tout ça, je suis ravie d’être avec Armelle Ferrieux la directrice générale de Jars, Valentine Desgaultières, sa responsable marketing et Lucie Maurice responsable R&D/qualité.


Dans cet épisode nous parlons

  • Des avantages et qualité du grès

  • Des étapes de fabrication

  • De ce qu'est l'émail

  • D'innover avec des techniques ancestrales

  • De travailler avec des grands chefs

  • De la naissance des collections à la production

  • Du parfait imparfait

  • De la grande mode de la céramique

  • Et bien d'autres choses encore...!


Merci bcp à Jars pour cette collaboration et leur confiance.


Bonne écoute !


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Transcription

  • #0

    Sous-titrage ST'501

  • #1

    Bienvenue dans Décodeur, le podcast qui parle de celles et ceux qui font la déco aujourd'hui. Je m'appelle Hortense Leluc, je suis journaliste déco et à chaque nouvel épisode, j'invite à mon micro des pros de la déco. Ensemble, on peut parler savoir-faire, inspiration, tendance, actu, idée déco, envers du décor. Bref, on papote et on enregistre, car ici, la déco, ça s'écoute. Si vous venez juste de découvrir cette émission, j'espère qu'elle vous plaira. Sachez qu'il y a déjà plus de 80 épisodes enregistrés avec de nombreuses personnalités passionnantes et plein d'autres formats aussi sur des thématiques bien précises. Pour suivre tout ça en photo, vous avez Instagram, bien sûr. et petite nouvelle, la newsletter. N'hésitez pas à vous abonner, à m'écrire, à partager, bref, à faire vivre ce podcast qui n'existerait pas sans votre fidélité. Allez, c'est parti !

  • #2

    Aujourd'hui, je ne suis pas à Paris pour enregistrer un épisode, mais dans la Drôme, dans le village de Anneron, pour vous parler de Jars, une très jolie marque de vaisselle qui plaît au monde entier. Je suis sûre que vous la connaissez.

  • #1

    Jars,

  • #2

    c'est une céramique qui colle à son époque. Durable, responsable, c'est aussi un style unique, tout doux, subtil, poétique, simple, élégant, mais c'est surtout un savoir-faire, artisanal, ancestral. Estampillées, entreprises du patrimoine vivant. Assiettes, bols et autres plats en grès sont fabriqués ici, à quelques mètres d'où je suis, et on les retrouve ensuite sur la table des restaurants, de grands chefs ou de quartiers, et bien sûr chez nous si le cœur nous en dit. Alors comment travaillent-ils pour être ainsi sur tous les fronts ? Pour parler de tout ça, je suis ravie d'être avec Armelle Ferrieux, la directrice générale de Jars. Bonjour Armelle.

  • #3

    Bonjour Hortense.

  • #2

    Valentine Dégoltière, responsable marketing. Bonjour Hortense. Et Lucie Maurice, responsable R&D qualité. Bonjour. C'est bien ça, R&D qualité.

  • #4

    R&D qualité. Recherche et développement.

  • #2

    Oui, c'est très important, on va l'aborder. Merci à toutes les trois de m'accueillir au sein de votre manufacture. Je viens de faire le tour. Petite visite d'atelier et chers auditeurs, vraiment écoutez bien ce podcast parce que la visite était passionnante. C'est... Tout un savoir-faire qu'on va essayer de vous raconter, de vous décrypter. C'était même émouvant de visiter ces ateliers, donc j'espère que vraiment cet épisode vous plaira, qui à mon avis sera très riche, mais je ne veux pas spoiler. On va commencer par le début. Armel, je disais, on est dans la Drôme. Jars est dans la Drôme depuis toujours ?

  • #4

    Oui,

  • #3

    alors Jars a été créé par Pierre Jars. En 1857, à Anneron, dans la Drôme, dans le village d'Anneron, où on était initialement. Et traditionnellement, la Drôme, c'est une terre de potiers, puisqu'on a beaucoup de carrières de terre, qui font qu'on a pas mal de poteries qui sont nées ici. On a un centre à Diolphie aussi assez connu pour la poterie. Et voilà, donc les débuts de Jars, c'était des produits assez fonctionnels et utiles. Des plats, des assiettes, il y avait des pots de jardin, je pense, Lucie. d'autres produits comme ça. Et petit à petit, il y a eu des collaborations qui se sont faites avec des maisons comme Lamberger dans les années 70-80.

  • #4

    Mariage Frère.

  • #3

    Mariage Frère, effectivement. Elle était hier, qui était même assez compliquée à fabriquer. Mais ce que je dirais quand même, c'est que la naissance de la marque Jars, elle arrive dans les années 90 avec l'arrivée d'un designer qui s'appelle Pierre Cazeneuve et qui a innové de manière assez considérable au niveau des collections. Et c'est là où on arrive avec des émots à effet très spécifiques. Donc, c'est vraiment l'avènement de la marque Jars dans les années 90. Le savoir-faire, on l'a depuis 1857, mais la marque et la créativité, elle arrive vraiment à ce moment-là. Et puis, il y a une deuxième date que je trouve intéressante, c'est l'année 2008, qui note le démarrage de la collaboration avec les chefs étoilés et qui a été aussi un grand pas. Pour nous, dans la co-création avec les chefs, dans l'innovation technique et produit, donc voilà en résumé ce qu'on peut dire sur Jars. Aujourd'hui, si on doit donner quelques chiffres, on est une centaine de collaborateurs et on se définit un peu comme un collectif d'artisans et donc une manufacture. On a à peu près 50% de notre activité à l'export. 50% en France, on est revendu pour moitié dans un réseau de restaurateurs et pour moitié dans des boutiques. Voilà à peu près si on peut définir qui on est. On est entreprise du patrimoine divan, ce que tu as dit tout à l'heure. Et on a une mission de transmission du savoir-faire, puisque par définition... On a un savoir-faire qui ne s'écrit pas, mais qui est manuel. Donc, c'est toute la difficulté qu'on peut avoir.

  • #2

    Qui ne s'écrit pas, mais qui est manuel, ça veut dire quoi ?

  • #3

    Ça veut dire que quand on applique un émail d'une certaine manière, on peut filmer, mais c'est des gestes. En fait, on a une transmission de gestuel qui est fondamentale chez nous.

  • #2

    Ok. Alors, vous, on parlait du gré. Déjà, on dit le gré, le gré. Et surtout, on l'écrit comment ? Parce que je vois que ça s'écrit de plusieurs manières.

  • #4

    Alors ça s'écrit G-R-E accent grave S et on dit gré.

  • #2

    Vous, dans la grande famille des céramiques, vous travaillez le gré. Pourquoi ce choix ? Quelles sont les qualités, les avantages du gré ?

  • #4

    Ça, c'est le choix d'origine. Le savoir-faire de Jars, c'était de tout faire. La volonté de Pierre Jars, c'était de tout maîtriser, de tout faire en interne. Et en fait, le gré, c'est une céramique qui est solide et qui est fermée et qui permet de pouvoir être utilisée, comme on le disait, en horticulture ou sur la table, qui n'est pas trop... compliqué comme par exemple la porcelaine où il faut qu'on soit super blanc, où il y a des grosses contraintes, mais qui est quand même plus solide que la faïence. Et donc c'était un bon parti pris. Et donc c'était une formule de terre qui a été mise au point ici chez Jars.

  • #2

    Parce que dans la grande famille des céramiques, il y a quoi déjà ?

  • #4

    Il y a les faillances, les grès, les porcelaines, le verre.

  • #2

    Et une fois qu'on a choisi le terre, ça ne peut pas changer. Vous, ça ne vous viendrait pas ? Innocemment, vous ne pourriez pas faire un peu de porcelaine ?

  • #4

    Elles ne sont pas cuites à la même température de cuisson. Donc nous, on a un four qui est dimensionné pour cuire à 1280 notre grès. Et donc, on n'a pas intérêt à multiplier les différents terres. Par contre, nous... Depuis la création, on a développé notre gré, on l'a blanchi, on a aujourd'hui un gré qui est très blanc, et on travaille aussi des terres chamotées, on travaille plusieurs terres, mais on travaille toujours des terres à la même température de cuisson, et surtout on travaille des terres qui sont fermées, non poreuses, qui nous permettent de pouvoir être vraiment libres avec les émeaux, contrairement à une faïence qui doit être... entièrement recouverte d'émail parce que sinon les parties brutes sont poreuses et donc ne sont pas à utiliser.

  • #2

    Vous fabriquez votre propre terre, vous, sur place ?

  • #3

    Oui, on fabrique notre propre terre avec une recette ancestrale qu'on a améliorée au fil du temps parce que les carrières changent par définition, c'est vraiment des matières premières issues de la terre, donc par définition ça peut évoluer. Et on utilise aussi des terres chamotées, donc avec des... Petites graines qui sont cuites à l'intérieur des terres. Moi, ce que je voulais ajouter sur le grès, et un des principaux avantages du grès, c'est que c'est monocuisson. C'est-à-dire qu'on a des produits qu'on cuit une seule fois. Contrairement à la porcelaine, on va cuire une première fois pour avoir une assiette bien blanche et bien jolie. On va appliquer le décor et on recuit une deuxième fois. C'est quand même un avantage en termes d'économie d'énergie et d'économie de temps qui est non négligeable. Et puis, c'est une matière à idée qu'on aime bien aussi. Donc, c'est vrai que... Demain, on ne se verrait pas, je pense, travailler de la porcelaine. On est à l'aise avec le grès, on fait plein de choses sympas. Et voilà, c'est une belle matière.

  • #5

    On est touchés dans le grès que tu n'as pas pour la porcelaine.

  • #3

    Et puis, c'est une matière qui n'était pas très noble, je dirais, dans les années 90, contrairement à la porcelaine qui était un peu la reine des tables. Et aujourd'hui, on l'a un peu ennobli avec l'apport de nouveaux émaux, de nouvelles couleurs de terre aussi. Enfin voilà, c'est ça qu'on aime bien aussi chez Jars.

  • #5

    Et le gré a blanchi, parce qu'avant c'était un gré plus gris. Et le fait de l'avoir blanchi, ça l'a ennobli aussi.

  • #2

    Vous dites que vous avez votre recette, elle est secrète ? Oui. Et est-ce qu'elle a évolué depuis toutes ces années ?

  • #3

    Alors, oui, elle a évolué parce que la provenance des matières a un tout petit peu évolué, donc on a adapté la recette. Mais globalement, oui, ce sont des petits ajustements. Ce ne sont pas des grosses évolutions, Lucie.

  • #4

    Non, non, c'est vraiment... C'est une matière vivante, comme tu le disais, mais non, la recette, on la garde et on l'aime comme ça. Et tous nos émeaux sont adaptés à cette pâte de gris. Donc, si on change... La recette du gré, on va devoir changer toutes nos formulations d'émeaux parce que nous aussi, on ne fait pas que notre gré. Ici, on fait vraiment tout de A à Z. On fait notre gré, on fait nos moules et on fait nos émeaux. Et tout est un assemblage. Notre gré, il a 14% de retrait et donc tous nos moules sont faits 14% plus gros. Donc si on change la formule et qu'on a 12%, toutes nos pièces n'auront plus la même taille. Et les mailles vraiment s'accordent à notre gré. Et donc, si on change la pâte, on est obligé de changer toutes nos formules d'émeaux. Et on n'a pas les mêmes rendus. La température de cuisson, ça ne sera pas forcément la même. Donc non, on perdure. Ça ne veut pas dire qu'on n'est pas sur l'évolution et les améliorations et les nouveautés, mais il faut garder notre gré.

  • #3

    En fait, on a un métier qui est très technique. Ce que vient de dire Lucie sur le taux de retrait, la préparation des émeaux, les émeaux qui sont adaptés à la pâte, c'est une réalité du quotidien. Et on s'imagine souvent que le fait de travailler la terre ou le gré, c'est facile. Il y a plein de cours de poterie, tout le monde fait ça, mais c'est extrêmement technique. Nous, on a des ingénieurs céramistes chez nous et on est tout petit. Donc, c'est pour dire que c'est vraiment un métier qui est extrêmement complexe. Donc, c'est vrai qu'on a une recette et c'est tout un art. Il y a beaucoup de chimie, finalement, dans ce qu'on fait.

  • #2

    On va revenir sur les étapes de fabrication. Je dirais, en tout cas, c'est comme votre terre, tout est fabriqué au même endroit, dans les ateliers que je viens de visiter, on est d'accord ? Oui. Quelles sont, du coup, les étapes, on ne va pas les détailler parce qu'en plus, on ne les voit pas, mais quelles sont les grandes étapes de fabrication d'une céramique ?

  • #4

    Alors, la première étape, c'est de fabriquer la pâte. Parce que nous, on achète des matières premières, on les mélange et avec notre propre recette, on fait notre pâte. Ensuite, on va mettre en forme...

  • #2

    Une pâte, je fais une petite parenthèse pour finir, c'est 100% naturel ?

  • #4

    Oui, toutes les matières premières sont issues de la terre. C'est de la silice, du kaolin, des felspates, tout est issu de la terre, oui, tout à fait. Donc, une fois qu'on a cette pâte qu'on peut appeler barbotine, on va mettre en forme les pièces. Donc, soit... Par coulage, donc là on va remplir un moule qui a une certaine forme et après on va revider le moule et on aura notre pièce comme le pichet qu'on a là. Ou on va faire du calibrage et donc là on va avoir un moule et une tête roller qui vont entrer tous les deux en rotation et travailler un pain de terre pour avoir une assiette, un saladier, un bol. Et après on a la presse qui elle va avoir deux parties de moule également qui vont venir compresser le pain de terre pour faire la forme exacte comme notre nouvelle collection Réfectoire. Donc ça c'est les trois techniques de mise en forme. Après on va avoir la finition où là on va venir faire un joli bord. parce qu'il y a toujours un petit joint entre les deux parties du moule. On va laisser sécher la pièce et après on va l'émailler. Et là, on a plusieurs techniques d'émaillage, le tremper dans le bain d'émail ou la pulvérisation ou le passage au pinceau, à la louche, sur toute la collection Wabi, où là on va travailler à la louche. Et après, on va passer à la cuisson. Et là, on va tout mettre dans le four, on va appuyer sur le bouton, 1280 degrés, et après on va récupérer les pièces à la sortie du four. Et là, on va toutes les prendre une par une pour regarder premier choix, deuxième choix, et les sonner. Le joli petit bruit qu'on entend, c'est pour nous signifier qu'il n'y a pas de fente interne. Et après, on va préparer les commandes et expédier.

  • #3

    Peut-être on peut préciser premier, second choix ?

  • #4

    Oui, on va regarder toutes les pièces qui vont sortir du four et au tri. Donc nous, c'est le poste de tri. Elles sont expertes, elles connaissent les collections et donc elles vont dire ok, ça, ça correspond au standard qu'on a développé avec le designer, avec le marketing. On est dans la gamme de couleurs, on n'a pas de points noirs, on n'a pas de fentes, la couleur est ok, la forme est ok. Donc ça, ça sera le premier choix. Et après, si on a des petits défauts, ça ira à la boutique d'usine, second choix. Donc second choix, petit point noir, micro-fonte, etc. qui n'aura pas d'impact sur l'utilisation du produit. Défaut de couleur. Parfois, on peut avoir une couleur qui est très jolie, mais qui n'est pas dans nos standards. Donc, à la boutique, on peut avoir ça.

  • #5

    Les gens qui viennent à la boutique ont la chance d'avoir des séries ultra limitées qu'ils ne retrouveront jamais ailleurs. C'est aussi un aspect qui est sympa dans la boutique d'atelier.

  • #4

    Oui.

  • #2

    C'est l'étape du four qui est cruciale. C'est une fois que c'est cuit qu'on sait que la pièce est réussie.

  • #4

    Alors notre métier, oui. Tout ce qu'on fait avant le four, on travaille pas à l'aveugle, mais c'est un peu mystérieux et c'est vraiment la cuisson qui va révéler et qui va nous dire si on a bien travaillé, en tout cas si on a bien fait, mais si on a travaillé la pièce un peu trop brusquement, on aura créé une fente qui ne va pas se voir et qui va se révéler seulement à la cuisson. Quand la pièce va cuire, la fente va apparaître et là, on va se dire... Là, c'est carrément à la casque que la pièce va aller, mais l'application des émots, même les émots, nous, quand on fait les formules des émots, avant cuisson, on ne sait pas, c'est pas comme un peintre sur sa palette de peinture où il va pouvoir faire son mélange et voir en direct s'il a mis assez de bleu, assez de jaune ou assez de rouge. Nous, c'est vraiment à la cuisson où les couleurs vont se révéler, les effets vont se révéler, les cristallisations vont se révéler.

  • #2

    Alors, comment en est une collection Quelles sont les étapes ? Ça passe chez toi d'abord en R&D pour savoir ce qui est possible de faire ?

  • #5

    En général, on ne se limite pas trop par la technique. On travaille plus soit avec un designer, soit avec une inspiration qu'on a eue. Et en général, après, on recherche la technique pour faire, mais on n'aime pas trop se limiter. Et après, on se donne les moyens de trouver comment faire. On n'a pas trop de limites.

  • #2

    Donc, vous faites des dessins, vous partez d'une matière, vous partez de quoi ?

  • #4

    Alors quand on travaille avec Pierre Cazeneuve, lui il est céramiste de son côté, donc lui il nous amène des prototypes. Il fait la pièce rêvée, il la fabrique dans son atelier et puis il nous l'amène. Et après nous, soit on la prend telle qu'elle, soit on lui apporte des petites modifications pour pouvoir la faire en série. Si lui dans son four justement il a eu un petit souci, nous on essaie de régler ça. Il y a plusieurs types de créations. Il y a les créations où on va vouloir le package, on va vouloir tout comme Wabi, où on va travailler et la forme et les émaux. Et puis il y a des créations où on va plus travailler d'abord la forme et ensuite la couleur.

  • #2

    Les émots, qu'on soit bien clair, ce que tu en parles depuis tout à l'heure, c'est la couleur en fait. Oui. Et c'est une grande force chez Jars.

  • #4

    Oui, c'est la raison d'être de Jars et c'est aussi pour ça que le gré avait été choisi, parce que le gré, on le travaille assez épais, on le travaille assez solide et il permet de pouvoir s'exprimer avec des émots, de mettre des émots en couche un petit peu épaisse et de résister, on va pouvoir mettre des émots craquelés, on va pouvoir mettre des émots... à effet, on va pouvoir faire des superpositions, on va pouvoir faire plein de choses, tout en ne déformant pas la pièce et en ne cassant pas la pièce.

  • #2

    Et c'est beaucoup de travail pour obtenir la bonne teinte, le bon effet ? Oui. C'est combien de... Non, je ne sais pas si on évalue en temps ou en...

  • #4

    Ça peut mettre six mois, on peut mettre un an.

  • #2

    Alors comment tu travailles, par exemple ?

  • #4

    On travaille petit à petit. On élargit le spectre, enfin on rétrécit plutôt le spectre petit à petit. On va se dire ok, je veux un émail craquelé. On va commencer par la base, on va se dire je veux un émail craquelé, je veux un émail mat, je veux un émail satiné. Et puis après on va faire des tests, c'est très empirique. Et on va prendre nos petits pigments et on va tout tester. Donc il faut tester absolument dans notre four de cuisson parce que si je prends la même formule d'émail, je suis dans un autre four. Ça n'aura pas le même rendu. Donc, voilà, on va tester. Et puis,

  • #2

    petit à petit, on va réjouir. Et le maïs, c'est quoi ? C'est une couche de... C'est du verre avec...

  • #4

    C'est aussi de la céramique. En fait, c'est juste... C'est une couche de verre qui est appliquée sur la pièce. Donc, nous, on travaille en forme... Donc, on travaille des poudres qu'on va mettre sous forme liquide, qu'on va appliquer sur la pièce, donc soit à la louche... soit en pulvérisation et qui, à la cuisson, va se transformer et qui va faire une couche de verre protectrice sur la pièce. Mais nous, notre gré, il n'a pas besoin forcément d'être protégé.

  • #2

    Quand vous créez de nouvelles collections, est-ce que ça se passe en interne ou vous faites appel à des créateurs extérieurs, des designers ?

  • #3

    Alors, on travaille avec Pierre Cazeneuve depuis plus de 40 ans. C'est un partenaire de longue date et on est fidèles et on adore travailler avec lui. On a travaillé aussi avec Catherine Salmounier, qui nous a aidé à initier cette collaboration avec les chefs, qui nous a aussi proposé des collections comme Maglone, qui est une collection organique, simple, qui fonctionne très bien. Et puis, on s'ouvre aussi à de nouveaux designers.

  • #5

    On fonctionne aussi beaucoup par rencontre chez Jars. Et on a travaillé avec Élise Fouin dans le développement d'une collection pour la Hallograin, pour le chef Brasse. Et du coup, on est resté en contact avec Élise. Et aujourd'hui, on travaille sur une collection qui viendra dans quelques temps.

  • #2

    Combien de temps il faut, grosso modo, pour sortir une collection ? On parlait tout à l'heure.

  • #3

    Alors, c'est une bonne question. Oui,

  • #5

    c'est une bonne question.

  • #3

    Parce que même si on a du mal à finir,

  • #5

    Je dirais qu'on est quand même plus réactifs que d'autres là-dessus. On entend souvent deux, trois ans de développement. Nous, on est plutôt sur un an, un an et demi.

  • #3

    Et puis, on parle de collection, mais on fait aussi beaucoup de co-création avec des chefs. Donc ça, c'est aussi du développement de produits, des nouvelles collections. Alors pour eux, en l'occurrence, pas pour nous. Et ça, ça peut aller assez vite. Parce qu'eux, ils sont souvent pressés, ils ont besoin des produits rapidement pour leur nouvelle carte. Donc, je ne sais pas, on peut développer pour un chef en six mois. En six mois, on est capable de faire trois, quatre pièces.

  • #4

    Avec les chefs avec qui on a déjà travaillé et qu'on connaît. Quand on fait une implantation avec un chef, il y a vraiment ce dialogue créatif au départ, où là, ça peut prendre un peu plus de temps parce qu'on va s'apprivoiser un petit peu entre le chef et Jars, comprendre. quelles sont ses attentes, qu'est-ce que nous on peut lui proposer. Et donc au début, quand on fait une implantation, ça peut prendre plutôt un an, un an et demi, parce qu'il y a beaucoup de pièces. Mais en effet, après quand ils nous demandent une pièce supplémentaire, là on sait réagir en six mois, parce qu'on a déjà travaillé ensemble, parce qu'on connaît un petit peu les attentes. Et puis les chefs, ils sont impatients. C'est-à-dire que quand ils ont une idée de recette, souvent ils viennent nous voir et ils J'ai une idée de recette, il me faut un bol de cette taille. Comment on fait réagir ensemble ? Et eux, ils veulent que ça soit immédiat. Donc, ils nous poussent un peu. Et puis, nous, on aime bien les challenges. Donc, on essaie de...

  • #2

    Comment vous travaillez ensemble ? En fait, eux, ils arrivent avec une idée. Ils veulent une forme particulière, des couleurs particulières. Ou c'est vous qui faites des suggestions ?

  • #5

    Ça dépend vraiment de leurs besoins. Comme disait Lucie, parfois, c'est... Le lancement de leur restaurant, donc ils partent de zéro avec un mood board de leur restaurant, de ce qu'ils souhaitent faire et tout ça. Parfois, effectivement, c'est un plat, ils cherchent une assiette pour aller avec le plat. Parfois, ils viennent ici et ils voient une pièce qui leur inspire un plat. Donc, c'est jamais vraiment la même...

  • #4

    Ils ont chacun leur personnalité, leur façon de travailler, mais la base, c'est toujours, ils viennent ici, ils visitent les ateliers comme tu viens de le faire. Et après... On travaille ensemble et...

  • #2

    Et tout est réalisable, parce qu'on peut se dire, c'est des grands chefs, des très grands restaurants.

  • #3

    Jusqu'à maintenant, on n'a pas trop mal réussi.

  • #4

    Il y a des choses plus ou moins rapides, il y a des sujets qui sont plus complexes, qui nous demandent des challenges un petit peu. Et donc là, on met un peu plus de temps à travailler. Tout est faisable. Après, tout dépend le coût, le temps et le nombre de pièces qu'on veut.

  • #2

    Oui, parce que vous travaillez avec les grands chefs et vous faites aussi des objets exclusifs pour d'autres marques et qui ne sont pas forcément vendus chez vous, qui sont vendus uniquement...

  • #5

    On a très peu de partenaires retail. On travaille avec des partenaires fidèles et de longue date. Je peux les citer, on travaille avec Sarah Lavoine depuis plus de dix ans et Caravan et également India Madhavi. Et aujourd'hui, on n'en a pas d'autres et c'est vraiment des partenaires historiques. On ne cherche pas à démultiplier, c'est vraiment des rencontres et c'est vraiment des choses qu'on a co-créées ensemble. Et aujourd'hui, avec le retour au savoir-faire français, c'est vraiment... Aussi pour eux, un avantage de travailler avec Jars et aussi notre créativité et le fait de créer ensemble, c'est vraiment...

  • #2

    Vous êtes sans cesse dans la recherche de nouvelles matières, de nouvelles textures, de nouvelles couleurs ? Oui. Où sont des bestes que vous réinterprétez ?

  • #3

    On est beaucoup dans l'innovation à la fois design et à la fois technique. Parce qu'une fois qu'on a défini un produit qui nous convient, avec l'émail qui va bien, souvent il peut y avoir une mise en place technique ou une nouvelle technique qu'il faut qu'on s'approprie et qu'on n'avait pas jusqu'à maintenant. Donc ça c'est important et ça fait vraiment partie de l'ADN de Jars d'être dans l'innovation à la fois design et technique. Donc c'est capital et effectivement on passe beaucoup de temps là-dessus.

  • #2

    Et comment on arrive à innover quand on a des gestes ancestraux et des techniques ancestrales ?

  • #3

    Et on peut innover avec l'éther. Les terres, c'est de la R&D. Les terres chamotées, par exemple, qu'on a lancées il y a une petite dizaine d'années. On est l'un des rares Français à faire de la terre chamotée, par exemple. On innove avec les effets d'émail. Donc, ça veut dire qu'il y a des techniques aussi pour faire des émeaux spécifiques. On a un métier qui est très technique. Donc, dès qu'on a un nouveau produit, il faut qu'on regarde si la technique qu'on connaît est appropriée.

  • #2

    Et est-ce que la technique est différente selon qu'elle soit destinée au grand public ou au restaurant, où j'imagine qu'il y a énormément de manipulation par exemple ? La technique ou la qualité, pardon, je voulais dire.

  • #3

    Non, alors en fait, nous, on a une qualité qui est constante et qui est d'abord adaptée pour un usage intensif en restauration. Et donc, c'est pour ça qu'on a 50% de notre activité qui est dédiée à ce marché-là. Et en conséquence, les produits que vont acheter les particuliers ont la même qualité qu'on trouve en restauration. On a vraiment des produits qui sont durables, solides et ça fait aussi partie de l'ADN de la marque. de lancer des produits qui vont être durables dans le temps, donc avec un style qu'on veut pérenne, et durables aussi en qualité de produit, qui passent au lave-vaisselle, qui passent au micro-ondes, qui sont faits pour ça.

  • #2

    On parle de chefs de tout à l'heure, est-ce qu'éventuellement on peut citer quelques chefs avec lesquels vous travaillez, et peut-être donner quelques exemples de ce que vous avez fait pour eux ?

  • #3

    Alors, ne vous battez pas.

  • #4

    On se regarde avec Valentine qui est là depuis 15 ans.

  • #5

    Elle a tout l'historique des chefs.

  • #4

    On a travaillé avec des chefs locaux comme Anne-Sophie Pic à Valence, Régis Marcon juste à côté qui nous connaissent depuis toujours, qui avaient du jars chez eux et puis se sont dit un jour Mais pourquoi j'ai de la porcelaine dans mon restaurant ? Pourquoi je n'ai pas du jars comme… Comme pour mon petit déjeuner à la maison quand je suis avec mes enfants, pourquoi je n'offre pas ça à mes clients ? Et on a travaillé avec Harry Baird, avec Johan Comte, donc elle à La Samaritaine et à La Vague d'Or.

  • #5

    C'est très varié. Chaque chef a vraiment sa personnalité et tous les chefs qu'on vient de citer ont des pièces qui n'ont rien à voir les unes avec les autres. C'est vraiment... adapté à leur ADN.

  • #4

    Et justement, quand Emmanuel Renaud vient, il nous Ah, je suis allée chez Arnaud Donkel, il a une cocotte que vous lui avez fait magnifique, je veux la même. On lui dit Non, non, tu n'auras pas la même parce que... Justement, nous, c'est ça notre ADN, c'est de faire du sur-mesure pour les chefs et que chacun ait vraiment un petit peu son identité par rapport à Jars et le chef. Et du coup, on retravaille ensemble, on nous dit mais quel est ton besoin ? Et nous, on apporte aussi notre savoir-faire. Et c'est aussi pour ça que les chefs aiment venir chez nous, parce qu'ils savent que quand on aura fait une pièce ensemble, il n'y aura pas la même pièce chez... Le chef, ils sont tous copains par ailleurs, mais ils sont un petit peu concurrents quand même. Et c'est ce qu'ils apprécient chez nous. Et c'est ce que nous aussi, on aime faire. Si c'est pour dupliquer la même pièce partout, ça a moins d'intérêt.

  • #3

    On crée des produits identitaires pour les chefs qui correspondent à leurs besoins, que ce soit en matière de création ou de plat. Et donc ça, c'est très spécifique à chacun des chefs. On a aussi fait des produits sur mesure à l'étranger. On travaille avec EMP à New York, par exemple. On n'est pas que franco-français. Avec Daniel Hume. Avec Daniel Hume. Et on a pas mal de chefs qui nous sollicitent pour faire du sur mesure. Donc, à distance, c'est plus complexe, mais on arrive à le faire. Et c'est vrai qu'on aime bien qu'ils viennent chez nous pour... bien se comprendre et avoir la bonne approche par rapport à leurs demandes.

  • #2

    Donc vous pouvez faire autant des petites quantités, 50 pièces, que des choses qui sont plus, dans ces cas-là, plus, entre guillemets, industrialisées, comment on dit ? C'est pas le même geste ? Est-ce qu'il y a une différence ? C'est de la grande série ?

  • #3

    C'est ce qu'on voyait ce matin quand on a fait la visite. On a des postes sur lesquels on sait qu'on fait de la petite quantité. On a des postes sur lesquels on fait de la plus grosse quantité, donc après on a des machines. Mais quand même, pour fabriquer une assiette, on a une vingtaine de passations de main en main. Donc en fait, même s'il y a une étape qui peut sembler un peu... Industriel, les autres étapes sont bien souvent très manuelles. Le fait d'enfourner les assiettes dans le four, c'est extrêmement manuel. On ne dirait pas comme ça, mais ça l'est. Donc voilà, on est capable de faire des petites séries, des très grandes séries. On a des clients qui vont nous commander 50 pièces et des clients qui vont nous commander 10 000, 15 000 pièces. On est capable de faire ça aussi.

  • #2

    Quand on vient vous voir, qu'est-ce qu'on vient chercher ? Qu'est-ce qu'on aime chez Jars ?

  • #0

    Qu'est-ce que les chefs aiment chez Jars par exemple ? Ils sont très nombreux à venir vous voir ou toutes ces marques qui vous demandent des co-créations. Qu'est-ce qu'ils aiment chez vous ? Pour vous, quel est votre ADN ?

  • #1

    Je dirais la singularité parce que Jars est une marque vraiment identifiable. Il y a une patte Jars dans le toucher, dans l'aspect visuel. Beaucoup de nos pièces ont une partie qui est laissée brute. Ça, c'est quelque chose qui est assez unique à Jars. Et Jars est assez reconnaissable, comme on le disait tout à l'heure dans les restaurants, Souvent, on reconnaît Jars, on va soulever la pièce et pour confirmer que c'est une pièce Jars, il y a quelque chose de reconnaissable, une patte.

  • #0

    Est-ce que vous travaillez cet univers un peu aussi, cette identité que vous avez ? Je disais que chaque pièce, il y a presque comme une émotion, elles sont très douces, un peu poétiques, les coloris sont très harmonieux. Vous faites attention à ça ?

  • #2

    Oui. On travaille beaucoup les demi-tons, on travaille beaucoup le parfait-imparfait, les régularités. Et ce que je voulais préciser aussi par rapport à Valentine, pourquoi les chefs viennent nous voir, c'est aussi parce qu'on a cette souplesse entre l'artisanat et la constance manufacturière. C'est-à-dire que si ils nous commandent 50 pièces, ils auront 50 pièces plutôt identiques. Nous, on va réussir à faire des pièces qui ont ce côté artisanal, mais qui seront solides et où on arrivera à produire... Nous, 50 pièces, on sait le faire de façon assez réactive.

  • #1

    Ils viennent nous voir aussi pour la créativité, clairement. Pour justement, tout le champ des possibles en termes d'émos, de couleurs. C'est vrai que, comme on disait tout à l'heure, on n'a pas trop de limites.

  • #2

    On n'est pas une marque à façon. Tous les chefs qui sont arrivés en disant je veux ça ils ne sont jamais repartis avec ce qu'ils nous avaient décrit au début. Parce que nous, on va apporter notre côté créatif. mais est-ce que tu veux pas plutôt ça ou est-ce que ça ça irait pas mieux et puis le labo où nous on garde un peu tous nos essais qui peuvent être parfois un peu ratés et bien ils vont correspondre ils peuvent correspondre à un besoin à une idée, à une démarche et souvent ceux qui nous connaissent ils viennent ils savent pas ce qu'ils veulent ils savent ce qu'ils ont comme menu, comme plat ils savent pas exactement ce qu'ils veulent comme pièce et puis ils vont se promener ils viennent On est une source d'inspiration en fait, et nous on va travailler ensemble. Mais il y a des chefs, ils sont au bord de la plage, ils nous ont amené la photo de la plage, ils ont fait voilà, moi je travaille ici, je veux que les gens quand ils sont à table, ils aient l'impression de manger sur la plage. Régis Marcon, il nous a amené des cailloux qu'il avait ramassés autour de son restaurant, en disant je voudrais qu'on ait l'impression que l'assiette elle est taillée dans ce caillou, et nous on a fait un émail à partir de ça.

  • #1

    Comme Johan Comte,

  • #2

    qui nous a demandé... Il a dit, moi, je veux que les gens aient l'impression qu'ils sont en haut de leur rocher, avec leur gamelle et leur cuillère, et ils mangent, mais ce qu'ils mangent, c'est pas du tout... C'est ce que Johan Comte a pensé pour eux, mais nous, il fallait qu'on arrive à, par le contenant, reproduire un petit peu cette sensation. Donc, comme il a fait ce geste-là, nous, on s'est dit... Enfin, qu'on voit pas, mais... Le geste d'avoir son assiette et son bol près de soi pour pas le faire tomber parce qu'on est sur un caillou, il fallait qu'on arrive à faire une pièce toute douce, qu'on ait envie de prendre en main, et qui nous donne envie d'avoir ce geste-là.

  • #0

    Et tu disais tout à l'heure parfait, mais imparfait, vous cherchez ces irrégularités, en tout cas elles ne vous font pas peur, c'est même un peu un signe de fabrique chez vous.

  • #3

    Ça fait partie de l'ADN même et des signes de reconnaissance de la marque. A contrario de la porcelaine, on a des produits qui sont très blancs, très ronds, avec des jolis graphiques, mais qui sont tous parfaits. Nous, on n'est pas du tout là-dedans et c'est vraiment notre signature. Donc c'est très important pour nous ça.

  • #0

    Oui, parce que j'allais dire, c'est quand même la grande mode des céramiques. Comment du coup on se démarque ? C'est par le style ? C'est par ce genre de finition ? C'est en racontant une histoire particulière, comme là vous êtes en train de le faire ?

  • #3

    Oui, c'est la grande mode des céramiques parce qu'on en parle beaucoup dans les journaux. Mais nous, on existe quand même depuis 1857. Donc, on n'est pas à la mode. On existe, on est entreprise du patrimoine vivant, on travaille beaucoup avec les chefs depuis longtemps, avec les boutiques. Donc, on est un peu intemporel. Ce côté mode, c'est sympa parce que du coup, on peut prendre la parole plus qu'avant. Mais nous, on ne s'inscrit pas dans ce courant-là, on va dire.

  • #1

    Oui, on est un peu hors des tendances. Aussi, pour développer nos collections, on ne va pas regarder ce qui se fait autour, les tendances dans l'art de la table. C'est plus de l'inspiration, des choses. On est une marque assez intuitive. On ne va pas regarder ce que font les autres et la tendance du moment pour développer une collection.

  • #0

    Vous parlez beaucoup aussi de prendre le temps, le temps de la main, le sens du détail, mais en même temps, il faut vendre, vous êtes une entreprise. Comment vous arrivez à rendre compatibles les deux choses ? C'est pris en compte, j'imagine ? Oui.

  • #3

    En fait, on sait que pour fabriquer une pièce, on a besoin de temps pour la fabriquer, parce qu'il faut que ça sèche, qu'on l'émail, que ça cuise correctement. Donc, on a un calcul de temps. Voilà, on a des produits qu'on a en stock, parce qu'on a des produits qui se vendent bien. On va dire que c'est de l'organisation de production et logistique au service d'une manufacture artisanale. Donc c'est bien les deux choses. On est très artisan dans notre manière de fabriquer les produits, mais on a une organisation qui se veut professionnelle et avec des services compétents là-dedans.

  • #0

    Je parlais de la mode de la céramique, mais il y a aussi quand même un engouement incroyable pour les arts de la table, dont vous bénéficiez aussi.

  • #3

    Oui, alors ça, ça vient en partie de la notoriété des chefs, qui sont les stars d'aujourd'hui, ce qui n'était pas le cas il y a 15-20 ans. Et c'est eux qui ont amené ça finalement, en disant, au-delà de ce que je propose dans une assiette, je veux aussi que l'assiette soit en phase avec mon plat. Donc tout ça fait que... Petit à petit, on a abordé le sujet grâce au chef. Enfin, c'est vraiment... Il y a eu pas mal de choses à la télé aussi. Toutes ces émissions où on va parler de gastronomie, de cuisine, de chef. Donc oui, ça a amené une forme de notoriété sur les arts de la table dont on a bénéficié effectivement...

  • #2

    En France ?

  • #3

    En France.

  • #2

    Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, on est à 50-50 avec la France. Mais il fut un temps où on se vendait mieux. À l'export, le made in France, le savoir-faire français, on vendait très bien nos produits à l'étranger et moins en France.

  • #0

    Alors là, on parle beaucoup de chefs et ça donne très envie, mais l'avantage, c'est qu'il y a des collections aussi pour le grand public. On vous trouve dans des boutiques ?

  • #1

    On est dans une centaine de boutiques en France et dans de nombreuses boutiques aussi à l'étranger. On est dans les boutiques un peu pointues, concept store, un peu sympa, déco. Par exemple, un de nos partenaires historiques, c'est Merci. ou encore la trésorerie à Paris. On peut être aussi dans des grands magasins comme le BHV. Chaque boutique a un assortiment un peu différent. Soit c'est une boutique plus au BHV, ça va être plus de l'art de la table. Chez Merci, ça va être plus des pièces un peu déco, des objets cadeaux, type vase, une grande coupe, ce type d'objet.

  • #0

    Et quelle est du coup la temporalité de création ? Vous avez un nombre de collections par an ou c'est au gré de rencontres ?

  • #1

    On n'a pas d'obligation de sortir une collection par an ou deux, mais on essaye d'apporter toujours un peu de nouveautés auprès de nos clients et d'amener toujours des nouvelles choses et de nouvelles propositions. Après, nos anciennes collections restent encore des collections iconiques. Donc, il y a toujours des anciennes collections qui vont se mêler avec les nouvelles. Et comme on dit, on est une marque intemporelle. Donc, Touron, qui est notre collection historique, reste toujours aujourd'hui une de nos meilleures ventes et toujours un côté très sentimental. de cette collection qui plaît toujours autant.

  • #0

    Oui. On n'a pas encore parlé... Quel type de... Derrière tout ça, on parle de la main, mais du coup, se cachent des hommes. Quel type de... Des hommes et des femmes. Quel type de métier on trouve chez JAS ? Alors,

  • #3

    nous, on a la particularité de former en interne les personnes qu'on recrute. Donc quand on va lancer des recrutements, ce qu'on va regarder sur le CV, voire même on ne va pas regarder le CV, on va recevoir la personne et s'assurer qu'elle est plutôt calme, plutôt manuelle et qu'elle aime bien ces métiers-là. Et parce qu'on assure la formation intégrale des personnes, donc on n'a pas besoin que la personne ait déjà travaillé par ailleurs dans la céramique parce qu'on a tous des métiers assez différents finalement. entre un porcelainier, un céramiste comme nous, ce n'est pas forcément les mêmes gestes, ce n'est pas forcément la même approche. Donc, ce qui va compter, c'est vraiment le côté manuel de la personne et son envie de travailler sur des métiers comme le nôtre.

  • #0

    Parce que sinon, il y a une école, où est-ce que les céramistes, ils se forment où ?

  • #2

    Il y a plusieurs écoles. Donc, soit on passe ce qu'on appelle un BMA, un brevet des métiers d'art. Et donc là, ça va être très potier, dessin à la main. Après, il y a des CAP aussi, mais nous, on n'en a pas trop ici. Et puis après, il y a le diplôme ingénieur céramiste ou BTS. Mais nous, comme disait Armel, c'est plus un ancrage local. J'ai l'air que c'est là depuis 1857, donc les gens connaissent l'entreprise et ils viennent travailler ici parce que c'est... C'est pas loin de chez eux et parce qu'ils ont envie de travailler à la main quelque chose. Mais comme disait Armel, nous on va former en interne les gens et on va avoir cette transmission du savoir-faire. Et c'est ce que les gens aiment aussi, ils arrivent ici, on apprend quelque chose, on apprend un métier et ça peut prendre du temps.

  • #0

    Donc les artisans sont plutôt des anciens entre guillemets ou il y a toute une nouvelle génération qui arrive ?

  • #3

    Oui, voilà. Heureusement qu'on a des nouveaux qui ont envie d'apprendre le métier et qui restent. Et c'est un joli équilibre, en l'occurrence, entre des anciens qui vont former les nouveaux à ces techniques manuelles, ces bons réflexes, ces bonnes pratiques, parce qu'encore une fois, ça ne s'écrit pas, c'est vraiment de la transmission manuelle. Donc on a les deux, on a beaucoup d'anciens qui sont là depuis très longtemps et on a beaucoup de nouveaux qui arrivent, qu'on forme et on est content de les avoir. Donc oui, c'est un joli mix. C'est assez chouette.

  • #0

    On entend beaucoup le retour de l'artisanat, etc. Est-ce que vous trouvez que ça se confirme, vous recrutez facilement ? Ou pas forcément ?

  • #3

    Alors, le retour de l'artisanat, oui. Mais ça, c'est dans la théorie et dans les ventes. Mais quand il s'agit de recruter, ça dépend des aspirations des personnes. On a des personnes qui sont très contentes de venir chez nous et d'autres dont ce n'est pas du tout la volonté. Donc, oui et non, je dirais.

  • #0

    On n'a pas du tout parlé de l'aspect engagé de la marque. Quand on a fait la visite tout à l'heure des ateliers, il y avait toute une notion autour du gaspillage, par exemple.

  • #3

    Alors, c'est vrai que nous, on est déjà dans un territoire où il y a beaucoup d'agriculture. Donc, on a une espèce de bon sens paysan un peu inné depuis toujours. Et on a toujours été attentif à recycler nos déchets de pâtes, recycler l'eau. réutiliser le chauffage du four pour les séchoirs. Donc en fait, on est là-dedans depuis toujours. Et nous, on utilise des matières premières qui sont issues de la terre, donc ce n'est pas des matières épuisables facilement, on va dire. Donc c'est vraiment une philosophie qu'on a et qui est ancrée au niveau local. Et après, on est aussi dans un village où il n'y a pas beaucoup de transports en commun. Donc on a mis en place une politique de mobilité douce. où on accompagne financièrement les salariés pour venir à vélo ou venir en covoiturage. Et ça, c'est important pour nous et on sent que ça prend parce qu'on sent que c'est vraiment dans la culture d'entreprise. Donc oui, on a beaucoup d'actions dans ce sens-là et c'est partagé par beaucoup de personnes en interne.

  • #0

    Il y a combien de salariés ? Tu m'as dit au tout début, mais là peut-être qu'on peut redire le chiffre. Alors,

  • #3

    on est une centaine de salariés sur le site, dont une soixantaine en production.

  • #0

    Et tu disais manufacture aussi. C'est quoi une manufacture ?

  • #3

    Une manufacture, c'est là où on a des gestes, c'est là où on a un savoir-faire bien spécifique. Et étant entreprise du patrimoine vivant, vivant, c'est par essence ce qu'on va transmettre de manière orale ou visuelle. Ce n'est pas quelque chose qu'on va écrire, ce ne sont pas des machines.

  • #0

    Tout à l'heure on disait que c'était une maison familiale pour le fondateur, c'était Pierre Jars. C'est toujours une entreprise familiale ?

  • #2

    Oui mais c'est plus la même famille.

  • #3

    Exactement. Alors, on va dire que la culture reste familiale parce qu'il y a beaucoup de solidarité, il y a un esprit familial qui est fort. Mais elle est sortie de la famille de Pierre Jars et elle est entrée dans une autre famille qui s'appelle Émile-Henri, qui est aussi un fabricant de céramique. Donc, c'est de la céramique qui va au four. Donc, c'est une autre technique et c'est un autre métier que le nôtre. Mais en tout cas, c'est un métier qui est proche. Et donc, depuis 2016, on appartient au groupe Émile-Henri. Effectivement, sixième génération.

  • #0

    Mais qui n'est pas du tout ici ?

  • #3

    Non, qui est en Bourgogne, à Marcigny.

  • #0

    Ok. Est-ce que vous avez une collection chouchoute, l'une et l'autre ? Parce qu'il y en a plein, on ne va pas pouvoir les décrire, mais je suis devant, en plus c'est vraiment hyper joli. Est-ce que chacune, vous me diriez, comme ça, ça permettra d'en dire un peu plus sur certaines collections ?

  • #3

    Alors moi j'aime bien les bols d'ashi, parce que je mange beaucoup de soupes et j'aime bien manger dans un bol et j'adore. Et comme on a huit formes différentes avec des couleurs différentes, c'est quand même si changé. Alors les bols d'ashi,

  • #0

    je peux les décrire peut-être un petit peu ?

  • #3

    Alors c'est des bols qui ont été dessinés par Pierre Cazeneuve et c'est une inspiration un peu asiatique d'ashi, ça veut dire bouillon en japonais. Donc on a des formats de bols, on peut mettre une soupe, une petite salade, du riz et avec des émeaux assez travaillés. Donc on a des émeaux, pinceaux. On a des émeaux craquelés. Et moi, ce que j'aime dans cette collection, c'est la diversité des bols. Et en fonction de l'humeur ou de ce qu'on a envie de mettre dedans, on a l'impression qu'on est au restaurant simplement avec le bol.

  • #0

    La technique du craquelé, tout à l'heure, je crois que j'entendais, c'est craquelé et après c'est peint à la main, enfin je ne sais plus comment on dit, à l'encre de chine. Après cuisson,

  • #1

    on vient d'ajouter de l'encre de chine qui vient s'immiscer dans la craquelure de la pièce et qui donne ce craquelé noir de la collection Dachi.

  • #2

    Oui.

  • #0

    Et j'ai vu aussi les émeaux à la cendre, qu'est-ce que c'est ?

  • #2

    Alors ça, c'est une technique ancestrale, c'est vraiment de la cendre de bois. Donc c'est Roland qui est aujourd'hui à la retraite, mais qui a sa cheminée et qui nous apporte... les cendres de sa chaudière et de sa cheminée. Et nous, on les utilise, on les tamise et on les utilise. On fait des émeaux à la cendre de bois dans la collection Wabi. Et on travaille aussi la cendre de foin. Et on a fait plein d'études de cendres. D'ailleurs, on travaille en partenariat avec la ferme qui est à côté et qui m'a donné des branches de framboisier, différents types de branches. Et nous, on a fait plein d'essais. À l'époque, les potiers, ils travaillaient comme ça pour avoir certains minéraux, certaines matières, apporter un peu de structure dans leurs émeaux. Ils utilisaient ce qu'ils avaient à côté, donc les cendres, ils allumaient le four, donc ils récupéraient les cendres, ils en mettaient un peu dans les émeaux et puis ils se sont rendus compte que ça avait différents effets. Et donc, on a travaillé beaucoup pour établir une formule qui soit plus ou moins reproductible. C'est la cheminée de Roland qui a été élue. On a plusieurs collègues qui ont essayé de nous amener leurs cendres. Et donc, on est obligés de changer la formule, si c'est les cendres de Hugo ou les cendres de Roland. Et voilà, on a vraiment ce côté... artisanale, mais on essaye de mettre un petit peu de process et de reproductibilité. Mais c'est pour ça que notre collection Wabi, elle n'est, comme on disait, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, parce qu'on utilise des matières naturelles et on a cette variabilité-là.

  • #0

    Et toi, Valentine ?

  • #1

    Moi, j'aime les pièces de la collection Wabi les plus simples, donc le Wabi blanc, rond. Et du coup, aujourd'hui, la nouvelle collection qui vient de sortir, Garig, qui est inspirée de la collection Wabi et les formes rondes. Parce que Wabi, il y a des formes irrégulières qui sont très fortes et il y a une des formes plus douces, plus rondes et dans laquelle on vient d'apporter de la couleur dans la collection Garig.

  • #0

    Et il y a du grès, c'est en grès chamoté.

  • #1

    Et c'est de la terre chamotée.

  • #0

    Terre chamotée.

  • #1

    Donc il y a le toucher de la terre chamotée.

  • #0

    Un peu granuleux, si on devait décrire.

  • #2

    Toi,

  • #0

    tu touches à tout, donc ça doit être hyper compliqué. C'est toi qui as la naissance de chacune des collections.

  • #2

    J'ai l'histoire de chaque collection et j'ai même des collections chouchoutes qui ne sont plus aujourd'hui au catalogue. Je dirais que le travail sur la collection Wabi et le partenariat avec Pierre Cazeneuve On a essayé vraiment de reproduire le geste de l'artisan. La première fois, on m'a dit, on va faire ça. Je dis, oui, Pierre, vous arrivez à faire ça dans votre atelier. Mais nous, comment je vais faire ? Il me dit, c'est simple, on prend le pinceau et on fait ça. Mais moi, je prends le pinceau, ça ne fait pas du tout ça. Et donc, j'ai appris ce côté artisan avec lui. On a fait plein de formules, plein de... Plein de superpositions, on avait des centaines d'essais avant de choisir nos trois couleurs qu'on a choisies. Donc je dirais que la collection Wabi, elle m'est chère parce que aussi Pierre m'a transmis, et après moi j'ai transmis aux filles dans les ateliers, et aujourd'hui elles sont meilleures que moi, parce qu'elles savent manipuler ça, et on a pu créer Dachi parce qu'on avait appris. On disait tout à l'heure, comment être inventif avec des méthodes ancestrales ? C'est se réapproprier ces méthodes ancestrales qui, avant, c'était un artiste. C'est un artiste, Pierre, qui nous fait les collections. Et comment, nous, on arrive à le reproduire, à faire quelque chose de toujours un peu la même, mais pas tout à fait.

  • #0

    Oui parce que l'artisan aussi, vous voulez créer une nouvelle collection, il y a des nouveaux moules, il y a de nouvelles façons d'émailler j'imagine, pas techniquement mais comment vous leur apprenez ça en fait ? C'est toi qui va apprendre à l'artisan, il connaît le geste, il va répéter un geste ?

  • #2

    Alors ça dépend, on travaille en binôme. Quand on fait une création, je suis avec l'artisan, on est tous les deux et on a tous les deux un pinceau, on a tous les deux des pièces, on fait plein d'essais, plein d'échantillons jusqu'à dire... Ok, go, là on a le... Et le plus dur, c'est qu'une fois que c'est sorti du four et que c'est beau, c'est de reproduire l'échantillon qu'on a fait. Donc moi je suis toujours avec mon petit cahier, ma petite feuille, et tout noter. Et donc je note quel pinceau, quel grammage, je note tout, même des choses qui paraissent inutiles, parce que trop de fois on met du temps à reproduire quelque chose. Et souvent c'est le premier échantillon qui sort qui est magnifique, et on va mettre deux mois. à refaire exactement la même chose. Parce que quand c'est l'intuition, on y arrive. Et puis après, quand on veut reproduire, on n'y arrive pas. C'est apprendre à garder ce côté lâcher prise.

  • #3

    C'est beaucoup d'entraînement aussi. Beaucoup d'entraînement. C'est un peu comme un sportif de haut niveau, c'est beaucoup d'entraînement, clairement. Et on le voit quand on lance un nouveau produit, souvent les six premiers mois de production, on galère quand même pas mal, parce qu'on n'a pas assez d'entraînement justement sur des techniques d'émaillage en l'occurrence. C'est souvent l'émaillage qui va nous poser des difficultés, mais oui, c'est beaucoup d'entraînement. Pour moi, c'est beaucoup de travail.

  • #0

    Et aussi, tout à l'heure, quand on visitait, tu me disais que vous étiez météo-dépendant.

  • #3

    Oui.

  • #0

    J'ai bien le cœur.

  • #3

    Oui, c'est vrai qu'il fait chaud l'été ici, donc la chaleur va sécher plus rapidement les terres. Donc, nous, il faut qu'on les travaille plus rapidement. Ça va sécher aussi et changer les caractéristiques des émeaux. Donc il faut qu'on soit vigilant par rapport à ça. Et de la même manière qu'en hiver, quand il pleut, qu'il fait humide, la terre sèche moins vite. Donc ça veut dire qu'il faut qu'on la travaille aussi différemment. Et encore une fois, c'est très empirique. C'est-à-dire qu'on sait que la terre est trop humide ou trop sèche. On le voit à la couleur de la terre. Parce qu'on n'a pas de mesures. On pourrait avoir des mesures, mais c'est un peu complexe. En tout cas, pour l'instant, on ne les a pas, mais on le fait de manière empirique. Donc, lui, on est méto-indépendant, tout à fait. En été, par exemple, il peut faire très chaud ici. On travaille de 5h du matin à midi. Parce que les fours qui montent à 1280 degrés l'après-midi, c'est intenable. Donc on fait attention aussi à ça.

  • #0

    Oui, d'accord. Bon, moi, j'ai terminé toutes mes petites questions. J'ai une dernière question un peu rituelle. Si vous faites un dîner, un dîner Jars, alors ce serait n'importe quoi de vous dire un dîner Jars, ça ressemble à quoi ? Si vous faites un dîner, vous l'organisez toutes les trois, normalement, on a le droit à six invités. Mais alors, est-ce que vous en prenez quoi de chacune ? Qui seraient vos invités ? Qui seraient les invités de la table Jars ?

  • #1

    Je commence. Moi, j'aimerais beaucoup avoir India Madhavi, parce que du coup, je n'ai pas participé au début du projet avec Jars et j'aimerais beaucoup qu'on fasse plus de choses avec elle. Et après, j'aurais dit Charlotte Perriand, quelqu'un de très inspirant.

  • #0

    Oui, sympa.

  • #3

    Alors, si j'avais deux invités à choisir pour un dîner, je choisirais Alain Ducasse, parce que je trouve sympa d'inviter un chef étoilé, et notamment parce que j'aime beaucoup son approche de la naturalité. Quand il raconte qu'il allait chercher son déjeuner le matin avec sa grand-mère, qu'est-ce qu'il y a dans le potager, qu'est-ce qu'on mange aujourd'hui, ça me parle beaucoup. Et j'inviterais un musicien pour mettre un peu d'ambiance dans ce dîner, et j'inviterais Miles Davis, parce que j'adore le jazz. Mes enfants font du jazz, donc voilà, c'est un petit clin d'œil à ma tribu.

  • #0

    Sympa. Lucie ?

  • #2

    Eh bien, moi, j'inviterais Marie Curie. parce qu'elle m'inspire beaucoup, elle a une grande force de caractère, elle a réussi, enfin, j'imagine, elle a réussi à découvrir de nouvelles choses, elle a ce côté ingénieur, prix Nobel, je pense qu'elle aurait plein de choses à nous apprendre. Et j'inviterai Sophie Fontanel, qui a ce décryptage du beau. assez inouïe et qui m'impressionne et j'aimerais beaucoup parler avec elle parce qu'elle m'inspire.

  • #0

    Ah, génial. Bon, merci beaucoup pour toutes ces infos précieuses et passionnantes et très précises que vous nous avez partagées. Merci beaucoup.

  • #3

    Merci beaucoup.

  • #2

    Merci d'être sur le temps.

  • #0

    Décodeur, c'est terminé pour aujourd'hui. Merci beaucoup d'avoir écouté en entier. Si vous avez aimé cette émission, n'oubliez surtout pas de vous abonner au podcast pour ne pas rater les prochains épisodes. Bien sûr, vous pouvez aussi la partager en l'envoyant à vos proches ou en story Insta. D'ailleurs, vous pouvez me retrouver sur le compte Décodeur où je poste quasiment tous les jours. et si jamais vous écoutez cette émission sur Apple Podcast et que vous avez 20 secondes, n'hésitez pas à laisser un commentaire, c'est juste sous la liste des épisodes, c'est comme partout plus j'ai d'avis et d'étoiles, plus le podcast se détache et se fait connaître voilà, merci beaucoup et à très bientôt alors, ici ou ailleurs

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