Cet épisode, c'est un peu l'histoire de mon enfance :)
Enfant asiatique, né de parents cambodgien et chinois. Immigré de seconde
génération, le sentiment d'être étranger partout, en France, en Chine. Qu'on a
appelé Patrick, pour l'intégrer, et qui a voulu à certains moments de sa vie
devenir "plus blanc que blanc".
Il fallait qu'il parle mieux français que les autres, alors surtout pas
d'accent.
Il fallait qu'il réussisse à l'école, sans trop comprendre pourquoi.
Il a fait une grande école, et a commencé à comprendre ce que voulait dire le
mot transclasse.
Une sorte de traversée, percée de la différence.
Et cette différence, on l'oublie, on s'assimile avec la norme : et on se rend compte qu'on a oublié, voire rejeté
cette différence.
On finit aussi par se rendre compte rapidement qu'on est dans un monde morcelé, en forme de pyramide. On prend l'exemple de quelques individus, et on les érige en modèles de réussite, que seulement quelques uns atteindront vraiment.
L'écologie vient comme une claque, pour nous dire que ce refus des nuances, qu'une aspiration à tous être à la pointe de la pyramide, construit un monde qui n'est écologique que pour peu de personnes.
J'en viens alors à me demander à quel point j'ai refusé la différence, et à quel point tant de gens ont pu le faire : on devient bourgeois, comme dirait Francois Bégaudeau.
Alors, j'ai eu envie de me questionner sur ça , avec Marianne. Marianne, elle, s'intéresse depuis toujours à comment justement refaire exister ces personnes qui n'ont que peu ou pas de voix.
Ensemble, on est de plus en plus convaincu qu'une déprise pareille, c'est écologique, parce que nous avons besoin de la différence, de toutes les altérités.
Que la réponse serait dans une sorte de mixité, à rebours de tous les discours ambiants, qui ont un goût d'abdiction, d'abandon.
L'intuition que garder cette lueur d'espoir est le bon geste, le plus
écologique de tous :)