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Derrière l'étiquette

Massimo Osti, le père du techwear (Stone Island, CP Company,...)

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20min |23/06/2025
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20min |23/06/2025
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Description

Il y a 20 ans, le monde de la mode perdait l'un de ses plus grands pionniers. Son nom ne vous dira rien et pourtant vous avez forcément déjà croisé son influence. Fondateur de marques mythiques et inventeur de procédés textiles inédits, aujourd'hui nous allons rendre hommage à Massimo Osti, le père du techwear et du sportswear moderne.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Il y a 20 ans, dans une indifférence presque glaciale, le monde de la mode perdait l'un de ses plus grands pionniers. Un génie discret, loin des projecteurs, mais dont l'héritage continue encore aujourd'hui d'imprégner nos vêtements et nos silhouettes. Son nom ne vous dira rien, et pourtant vous avez forcément déjà croisé son influence. Fondateur de marques mythiques que vous connaissez tous, inventeur de procédés textiles inédits et précurseur de la fusion entre fonctionnalité et esthétique, aujourd'hui nous allons rendre hommage à un visionnaire parfois incompris, souvent copiés mais jamais égalés. Massimo Osti, le père du tecuer. Nous sommes à Baricella, en périphérie de Bologne, en Italie, le 17 juin 1944, en pleine Seconde Guerre mondiale. Marino Osti et Gabriella Tompti accueillent leur troisième enfant, qu'ils nommeront donc Massimo. Malheureusement, son père décédera tragiquement quelques mois après sa naissance, lors d'un bombardement. Élevé par sa mère, Massimo développera rapidement un goût prononcé pour l'art et la musique. Mais la vie n'étant pas toujours facile, il dut faire quelques petits boulots dès l'âge de 13 ans, et ce jusqu'à ses 19 ans. Alors commercial chez Pirelli, le jeune hostie étudia le design graphique publicitaire au sein de l'institut C10 à Bologne, durant des cours du soir, après son travail. Et diplômé à l'âge de 23 ans, il décide de créer une agence de publicité avec deux amis, Lucio Festi et Giorgio Sgorbatti, le CD2. Rapidement, ils ont eu l'idée originale de faire de la publicité pour des zones touristiques et des boîtes de nuit, avec des t-shirts imprimés grâce aux techniques de la quadrichromie et de la sérigraphie d'ordinaire réservé à l'impression papier. Malgré une Italie encore peu habituée aux t-shirts, l'agence CD2 eut un certain succès qui leur permit de lancer une première collection de 30 t-shirts provenant des idées de Massimo sous le nom de Chomp Chomp, une onomatopée reprise des bandes dessinées qui exprime le bruit que fait le premier cœur du logo en mangeant l'autre. En 1971, après le petit succès de cette première collection, Raimondo Catabriga, co-créateur de la marque Anagobo, dont Hostie avait refait le logo dernièrement, proposa à Massimo de s'associer pour fonder sa propre société de t-shirts pour hommes, OM Diffusion, qui sera rapidement renommée Chester Perry. Ce nom est celui de l'usine dans laquelle travaille Bristow, le personnage d'une BD de Frank Dickens dont Massimo est effrayant. L'auteur a d'ailleurs donné son accord pour l'utilisation de ce nom. Le logo, imaginé par Osti, inspiré de l'univers nautique, une de ses grandes passions, forme une bouée stylisée encadrée par une corde. La marque rencontre un étonnant succès, se faisant doucement connaître en dehors des frontières italiennes, notamment en Allemagne. Chester Perry évolua petit à petit pour proposer de la variété dans ses collections, avec des vêtements mélangeant de plus en plus le workwear et le sportswear. Comme en 1977, où elle développa une nouvelle ligne dédiée aux knits, les pull-tissés et aux sweatshirts du nom de Factory. Le même nom que l'atelier d'Andy Warhol dont Hostie était un grand admirateur. Déjà grand passionné de recherche textile, Massimo commencera à étudier au sein de la marque de nouvelles techniques de teinture et surtout il imaginera la toute première doudoune urbaine à partir de celle que portaient les alpinistes. Vous l'avez bien compris, si aujourd'hui vous possédez une doudoune adaptée à la vie urbaine, c'est grâce à Massimo Hostie. Mais en 1978, c'est la douche froide. Chester Perry est visé par une plainte pour parasitisme de la part de deux marques britanniques. Chester Barry et Fred Perry. Le parasitisme est le fait de profiter de la réputation et des efforts marketing d'une marque pour vendre ses propres produits. Étant donné la forte ressemblance entre le nom de la marque italienne et ceux des marques britanniques, la justice a tranché et Massimo renommera donc Chester Perry en Sipi Company, signifiant simplement Chester Perry Company. Le changement de nom s'accompagnera aussi d'un renouveau dans les collections de la marque. Dorénavant, Sipi Compagni s'orientera sur des vêtements beaucoup plus techniques et fonctionnels en expérimentant d'autres procédés comme le Garment Dyeing ou Tinto in Capo en italien, dérivé de ses recherches précédentes sur les teintures. Consistant à teindre le vêtement après sa confection, cette technique fit de Massimo le premier à être capable de teindre un vêtement composé de plusieurs matières différentes en un seul bain. Fervent antimilitariste, Massimo se mit tout de même à collectionner des objets et vêtements militaires afin de s'inspirer de ce domaine pour la robustesse de ses matériaux. Chez Sipi Compagnie, chaque pièce était un terrain d'expérimentation pour Massimo Osti. Pas de surenchère esthétique, simplement l'obsession de rendre le vêtement plus intelligent et plus fonctionnel. Dans cette idée, il commencera à développer de nouveaux matériaux à base de nylon comme les Cinquantafili, mélange de coton et de nylon à 50% chacun, inspirés des toiles militaires combinant douceur et résistance. Dans les années qui suivirent, on verra aussi l'apparition de plusieurs combinaisons de matières naturelles avec du caoutchouc, comme le coton, le lin ou encore la laine, pour obtenir des tissus légers, plus résistants au vent et aux intempéries. Mais la pièce la plus connue encore à ce jour de Sipi Company est une veste sortie en 1987. Une inspiration venue d'une capuche de l'uniforme de la défense civile japonaise et d'une veste de l'armée suisse, qui donnera naissance à la célèbre veste avec lunettes intégrées, la Goggle Jacket. Pour les premières versions, les lunettes se trouvaient au niveau du col, mais Massimo découvrit des images de masques à gaz utilisés lors de la Seconde Guerre Mondiale qui lui donnèrent la merveilleuse idée de déplacer ses lunettes au niveau de la capuche. Ses lunettes seront par la suite adaptées à bon nombre de produits de la marque en devenant son symbole. Cette pièce portera le nom de veste Mille Miglia lorsque Massimo sponsorisa la légendaire course italienne de voitures anciennes du même nom en 1988. Les pare-brises des voitures décapotables étaient assez courtes et le vent dérangeait les pilotes. un problème que résoudra donc Sipi Company avec cette fameuse veste. Pour l'anecdote, n'étant pas designer de mode de formation, Massimo avait une méthode bien particulière pour montrer aux usines ce qu'il souhaitait faire. Il prenait des vêtements, les plaçait dans une photocopieuse, imprimait, découpait, puis collait sur d'autres vêtements les morceaux de papier correspondant aux parties qui l'intéressaient. Désormais grand influenceur de la mode, Massimo se lancera dans la rédaction d'un magazine nommé Sipi Magazine, une sorte de grand catalogue contenant des photos de toutes les créations de la marque. Sipi Compagny a obtenu une reconnaissance internationale pour ses vêtements très techniques et particulièrement résistants aux éléments. Mais vous verrez que ce ne fut que les débuts des expérimentations de Massimo Osti dans le monde de la mode. En parallèle de Sipi Compagny, il décida en 1981 de lancer une marque plus accessible et décontractée. Bonneville, du nom d'une petite ville en Haute-Savoie où Massimo et son ami Lucio Festi se sont arrêtés une nuit pour dormir au retour d'un voyage à Paris. La décision de créer Bonneville est née de la nécessité de trouver une utilisation pour l'énorme volume d'idées et d'expériences explosant dans la tête d'Hostie, et ne pouvant être contenues dans les collections de Sipi Compagnie. Cette marque visait un public plus jeune et sportif, notamment avec des collections comme Navy Arctic, orientées vers les sports nautiques, et BNV Sporting Goods pour le volley et le basket. L'année 1981 affecta aussi durement Massimo. Un incendie détruisit l'entrepôt dans lequel étaient stockés ses archives et aussi les produits prêts à être livrés. Et c'est aussi cette année-là que Raimondo Catabriga décida de vendre ses 50% de Sipi Company au groupe textile Trabaldo Tonia. Un an seulement après ces événements, Massimo se replongea dans une collection qu'il avait imaginée pour Chester Perry. A l'époque, il se baladait chez un fournisseur et aperçut un coton bicolore destiné à faire des ovans. Lui en fera des vestes. Cette collection fut un échec cuisant pour Chester Perry puisque les clients renvoyaient sans cesse leurs produits. La teinture ne tenait pas après lavage. Malgré tout, cet aspect délavé plaisait beaucoup à Massimo, lui rappelant les parapluies qu'il voyait durant sa jeunesse, usées par l'air salé des côtes adriatiques. Des années plus tard, Massimo insistera auprès de son partenaire de longue date, ITS Artea, dont vous allez beaucoup entendre le nom dans cet épisode, pour obtenir un nouveau matériau à partir de cet échec. Rendu imperméable grâce à un bain de résine et assoupli avec la technique du lavage à la pierre tout en gardant une grande résistance, la Telastella, signifiant toile étoilée en italien, est née. En réalité, deux versions de cette histoire existent. La plus répandue parlant d'une inspiration venue des bâches de camions militaires, et celle dont je viens de vous parler, qui est issue du livre « I.D.I.S. from Massimo Osti » , contenant des témoignages de personnes ayant travaillé de près avec le créateur italien. Massimo était tellement content du résultat qu'il décida donc en 1982 de lancer une toute nouvelle marque, qu'il nomma d'après une idée de sa femme. Elle remarqua que certains mots revenaient souvent dans l'un des livres d'aventure maritime du romancier Joseph Conrad, que son mari aimait bien. Massimo décida de les associer pour donner naissance à Stone Island. Stone pour la ténacité de ce nouveau matériau et Island qui évoque la mer, le rêve de liberté et l'évasion de la routine quotidienne. Le logo de Stone Island représente d'ailleurs la rose des sables dessinée sur la boussole de son voilier, le guapa. Cette nouvelle marque sera tellement technique qu'elle permettra l'essor de ce que l'on nommera plus tard le Techwear. La première collection se composera uniquement de vêtements à base de telastella teints avec des couleurs très flashy. Malgré un budget publicité inexistant, cette collection trouvera instantanément son public, en rupture de stock en à peine 10 jours. Mais suite aux nombreuses copies de Tela Stella, Hostie développe le JJ23, un matériau plus épais et brillant à base de résine de PVC avec des finitions dans des couleurs plus contrastées. Ce tissu sera mis à l'honneur dans la quatrième collection de la marque avec des vestes inspirées des pêcheurs de la mer du Nord. Malheureusement trop sensible aux déchirures, le JJ23 sera abandonné et Massimo développera un nouveau matériau à partir de ce dernier. avec un aspect plus élégamment fini. Le rasso gomato. Alliance de coton et de satin inspiré d'un vêtement d'équitation anglais, ce tissu donne un vêtement imperméable sans qu'il soit rigide. Le rasso gomato est d'ailleurs le seul matériau qui ne perd pas sa brillance avec le garment de dyeing et est encore aujourd'hui produit par ITS Artea en exclusivité pour Stone Island. Toujours à la recherche de l'efficacité, une collection nommée No Seasons sera présentée en 1989. Son concept est simple. combiner divers tissus collés ensemble pour rendre les vêtements imperméables, légers et respirants, convenant donc à l'hiver comme à l'été. Chez Stone Island, Massimo Hosti poussera l'innovation textile à son paroxysme avec des vêtements thermosensibles, réfléchissants et ultra résistants. Pour l'anecdote, les vestes Stone Island étant parfaitement adaptées à la météo pluvieuse anglaise et permettant un certain anonymat avec leur capuche, elles seront très prisées des hooligans, ces supporters agressifs et provocateurs. Mais au lieu de condamner cette utilisation, la marque jouera de leur réputation pour devenir incontournable en Europe, quitte à être interdite dans de nombreux stades. Stone Island fera rayonner le nom de Massimo Osti dans toute la sphère du textile italien et dans celle de la mode à l'échelle mondiale. Selon le magazine italien Mondo Uomo, Massimo Osti était un géant de la mode moderne et ses habits les plus sophistiqués et intelligents d'Italie. Une reconnaissance qui lui ouvrira les portes du Reichstag en Allemagne afin de célébrer les 150 ans de la fabrication industrielle de tissus en 1987 lors d'une exposition de ses pièces les plus marquantes. A cette occasion, il sera même invité à organiser un défilé dans la citadelle de Spandau. Il accepta, mais avec ses propres règles. Une performance musicale et théâtrale avec des changements de tenue sur scène basés sur les sons du quotidien, les voitures, la mer ou encore le vent. Estimant que les défilés ne sont pas une façon appropriée de présenter des vêtements ayant demandé autant de recherches, ce sera le seul et unique qu'il organisera durant toute sa vie. Stone Island connaîtra un véritable succès dans le monde entier en habillant de nombreuses personnalités reconnues mondialement avec des vêtements techniques et fonctionnels reconnaissables grâce à cette petite étiquette brodée d'un logo de boussole porté sur le bras gauche. Et vous verrez que ce n'est pas anodin. Mais malgré le succès de toutes ces marques, la passion de Massimo Osti pour l'innovation textile coûte cher. Très cher. Tellement cher qu'en 1983, afin de pouvoir continuer ses recherches, il sera obligé de vendre l'entièreté de ses actions à Italiana Manifature qui les revendra l'année suivante au groupe textile GFT. Massimo abandonnera donc la gestion directe des entreprises pour se consacrer sur l'aspect créatif des produits, tout en restant leur président. Il quittera ses fonctions au sein de Sipi Company, Bonneville et Stone Island en janvier 1992, officiellement pour démarrer d'autres projets. Mais selon Lorenzo Osti, son fils, ce serait Carlo Rivetti, président de GFT, qui l'aurait évincé dû à des ambitions différentes et des tempéraments non compatibles. Bonneville sombrera avec son capitaine puisqu'elle fut rapidement abandonnée par le groupe pour se consacrer sur les deux autres marques. Après plus de 20 ans à révolutionner l'industrie de la mode, il aurait pu s'arrêter là, mais ce n'était pas dans sa nature. Maintenant libéré du groupe qui détenait ses marques historiques, il entame une nouvelle phase de sa carrière. Une phase plus intime, plus expérimentale, presque artisanale. Tout commence en 1993 avec Left Hand, clin d'œil au fait qu'il était gaucher. D'où le patch Stone Island sur le bras gauche. Pour la première fois, Hostie cassera ses propres codes en proposant une collection pour les femmes, même si elles n'ont pas attendu ce revirement pour porter les vêtements imaginés par Massimo. Un pari audacieux qui sera suivi par une ligne masculine. Comme toujours, il utilisera des tissus nouvellement développés avec des matières synthétiques qui vont des microfibres pressés au PVC thermocollé en passant par le polyuréthane. Le tout développé en exclusivité pour la marque par Massimo et toujours produit par ITS Artea. L'un des matériaux les plus remarquables développés par Massimo aussi pour Left End est sans aucun doute le ThermoJoint. Fusion du PVC et du coton, parfaitement imperméable et résistant à la vapeur, prétendant offrir une protection contre 80% des radiations nucléaires. Véritable symbole de l'influence de la menace nucléaire et de la guerre froide, ce matériau s'inscrira dans une volonté de créer des vêtements s'adaptant aux besoins d'une humanité en pleine mutation. Un matériau tellement imperméable qu'il est d'ailleurs impossible de le teindre avec la technique du garmand-dyeing. L'année suivante, en 1994, il lance Massimo Stiproduction avec un associé. Une ligne orientée haut de gamme, plus discrète et formelle, abandonnant les coupes amples des années 80 pour des formes plus ajustées. Toujours autant technique avec la réutilisation du rubberflax et des tissus thermosensibles ainsi que la création du techno wool, une laine collée à du jersey de nylon, pour plus d'isolation et de souplesse en rendant le vêtement indéformable. Les silhouettes changent, des couleurs sobres telles que le gris et le noir dominent les collections et les logos disparaissent à l'image de ce que l'on retrouvera plus tard avec des gammes comme garde-robe de Balenciaga. Comme beaucoup à l'époque, Hostis intéressera l'Asie, plus précisément la Corée du Sud, plus avancée technologiquement que la Chine, pour la production de ses vêtements. Non pas pour réduire les coûts comme les autres, mais bien pour échanger avec les employés des usines et en retenir l'excellence de la fabrication textile asiatique. Il lancera une collection capsule entièrement produite en Asie au sein de productions nommée Far East Project, dont les résultats l'ont tellement impressionné qu'il réitérera l'expérience avec une mini-collection No Seasons, comme ce qu'il avait pu faire avec Stone Island. Malgré un certain succès commercial, Massimo Hosti Productions s'arrêtera brusquement en 1997, lorsqu'il se rendit compte que son associé l'avait arnaqué. Deux ans plus tôt, il avait déjà entamé un nouveau chapitre avec ST95, pour Studio Technico 1995. Cette fois-ci, la cible est plus jeune, les vêtements sont moins rigides et plus colorés, notamment avec l'utilisation du garment dyeing dans une version plus accessible. Pour séduire ce nouveau public, Massimo s'associe même l'année suivante avec Superga, marque italienne de sneakers, autant d'une collection de vêtements. Mais c'est en 1998 qu'il pousse l'expérimentation plus loin que jamais avec OM Project. Digne héritier de la vision de Left Hand dans ce qui concerne la protection de l'être humain, Massimo utilisera dans ce projet des matériaux textiles développés à la base pour l'armée et l'industrie. Parmi eux, le Electric Jet, mélange de polyester et de cuivre à la fois résistant et antistatique, ou encore le Mac Defender, un textile en polyester et carbone capable de bloquer les champs électromagnétiques. En plus d'être ultra technique, chaque tissu de OM Project reçoit un traitement de résine de polyuréthane transparent appelé Safer. Ne modifiant pas l'aspect de la fibre, ce traitement lui donne un toucher plus précieux tout en augmentant sa durabilité, sa résistance et le rendant plus facile à nettoyer. Massimo avait même pensé à un futur magasin OM Project dans lequel les clients pourraient créer leurs propres vêtements à partir de pièces de base comme les manches ou le col. Reconnu comme un virtuose du vêtement technique, Levis viendra lui proposer en 1998 aussi une collaboration sur sa ligne de pantalon Dockers. En ayant carte blanche, Austin ne créa pas des pantalons, mais des véritables armures protégeant les jambes. C'est pourquoi il nommera cette ligne Equipments for Legs. Réversible hydrofuge résistant à la déchirure et au feu, rempli de poches ou respirant, bref, des pantalons ultra techniques faits pour les travailleurs dans des matériaux tout aussi techniques comme le Kevlar. Deux ans plus tard, Levis lui confiera sa ligne ICD pour Industrial Closing Division et sa version avancée ICD+. Considérés comme les prémices des vêtements intelligents, les pièces de ces gammes intégrant des technologies embarquées ont été vendues en quantité extrêmement limitée et à des prix très élevés. Le modèle le plus emblématique est sans aucun doute cette veste ICD Plus équipée d'un téléphone portable Nokia 5110, d'un kit main libre et d'un lecteur MP3 Philips intégré directement dans le textile via des systèmes de câblage dissimulés dans la doublure. Outre les technologies, certaines pièces ICD et ICD Plus étaient équipées du Protective Set. des renforts amovibles en polyéthylène expansé cachés dans des poches positionnées sur les zones vulnérables du corps humain, comme les coudes, la colonne vertébrale ou le buste. Son dernier projet en date se nomme Double Use. Lancée en 2003, cette collection de seulement 24 pièces composées de pulls en cachemire réversible et de vestes en laine bouillie représentait l'apogée de sa maîtrise de la teinture. Grâce à la tension particulière de tissage des fibres et la température du bain de teinture qui les compacte, les vêtements étaient extrêmement légers mais avec une densité élevée. augmentant ainsi la rétention de chaleur et rendant le matériau non thermo-rétractable, donc adapté à un lavage haute température. Un projet si peu exploité pour une raison que nous verrons juste après, que les images de vêtements double-use sont introuvables. Ultimes expérimentations textiles de Massimo Osti, la plupart de ses projets ont été jugés trop techniques et en avance sur leur temps par le grand public. Et sans réel soutien financier et stratégique, ils finiront tous peu à peu par être abandonnés. La vente de ces différentes marques et les échecs commerciaux de ces autres projets Merci. plongèrent Massimo Osti dans une profonde dépression au début des années 2000, le forçant à se retirer progressivement de l'industrie de la mode. Ce retrait marque la fin d'une période intense d'innovation durant laquelle il avait redéfini les standards de fonctionnalité, de matériaux et de traitement textile. Sa dépression se transformera peu à peu en tumeur et après deux ans de souffrance, le 6 juin 2005, Massimo Osti s'éteint à l'âge de 60 ans. Son décès passe presque inaperçu aux yeux du grand public et de l'industrie, comme si tous n'avaient pas encore pris pleinement conscience de l'importance de son travail. Ce n'est que bien plus tard que son génie sera véritablement salué à travers le respect d'une nouvelle génération de créateurs et de passionnés, conscients de l'héritage immense qu'il a laissé. Un héritage qui est aujourd'hui partout. Les marques qu'il a fondées, à commencer par Stone Island et Sipi Company, sont devenues des piliers du luxe technique, mêlant performance textile et esthétique pointue. D'abord marginale, ces maisons sont aujourd'hui portées par des stars, saluées par la critique, et devenues des références incontournables dans le paysage de la mode contemporaine. D'autres labels créés par Hostie comme Bonneville, Left Hand ou encore ST95 ont également connu une seconde vie, repris par des passionnés qui visent à perpétuer la vision singulière du maître italien. Mais au-delà des noms, c'est toute une approche du vêtement qui continue d'influencer les plus grandes marques d'aujourd'hui. Nike ACG ou encore Acronym reprennent les principes fondamentaux chers à Massimo. Technicité, fonctionnalité... et design utilitaire au service du quotidien. Et cette aventure ne s'est pas arrêtée avec lui. Ses enfants, Lorenzo et Agatha Osti, ainsi que son ex-femme Daniela Facinato, continuent de faire vivre cet héritage à travers leur marque Massimo Osti Studio et les archives de Massimo Osti, un véritable trésor qui conserve des centaines de vêtements et prototypes, ainsi que des dizaines de milliers d'échantillons de tissus. De simple graphiste publicitaire, Massimo Osti est devenu l'un des plus grands designers de l'histoire de la mode technique. Il a imposé une nouvelle grammaire du vêtement, loin des conventions et des tendances passagères. Là où d'autres auraient vu des erreurs, lui y voyait des pistes. Il a transformé ses échecs et ses expérimentations ratées en révolutions textiles. Toujours en quête d'innovation, au prix de la reconnaissance, il a su sublimer les matériaux les plus modestes et redéfinir les attentes des consommateurs. Aujourd'hui encore, ses créations inspirent. Il est à juste titre considéré comme le père du techwear et du sportswear moderne. Massimo n'était pas simplement un designer, c'était un inventeur, un visionnaire, un homme qui ne suivait pas la mode, il l'a redessiné. En retraçant son parcours, j'ai voulu lui rendre hommage, car trop peu, ça va à quel point il a changé les choses. Et si ses pièces continuent de me fasciner des années après, c'est peut-être parce qu'il n'a jamais cherché à faire du style, il a cherché à créer du sens. Merci monsieur Hostie. et merci à vous d'avoir partagé ce moment avec moi. Si cet épisode vous a plu et que vous souhaitez m'aider, n'hésitez pas à l'aimer, le commenter et le partager à toutes les personnes que ça pourrait intéresser. Et surtout, abonnez-vous pour ne pas rater le prochain.

Chapters

  • Massimo Osti

    00:00

  • Vie et Premiers Projets

    00:37

  • Chester Perry

    01:53

  • CP Company

    03:33

  • Boneville

    06:14

  • Stone Island

    07:05

  • La Chute

    11:31

  • L'Après

    12:18

  • Retrait et Héritage

    17:53

  • Hommage

    19:44

Description

Il y a 20 ans, le monde de la mode perdait l'un de ses plus grands pionniers. Son nom ne vous dira rien et pourtant vous avez forcément déjà croisé son influence. Fondateur de marques mythiques et inventeur de procédés textiles inédits, aujourd'hui nous allons rendre hommage à Massimo Osti, le père du techwear et du sportswear moderne.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Il y a 20 ans, dans une indifférence presque glaciale, le monde de la mode perdait l'un de ses plus grands pionniers. Un génie discret, loin des projecteurs, mais dont l'héritage continue encore aujourd'hui d'imprégner nos vêtements et nos silhouettes. Son nom ne vous dira rien, et pourtant vous avez forcément déjà croisé son influence. Fondateur de marques mythiques que vous connaissez tous, inventeur de procédés textiles inédits et précurseur de la fusion entre fonctionnalité et esthétique, aujourd'hui nous allons rendre hommage à un visionnaire parfois incompris, souvent copiés mais jamais égalés. Massimo Osti, le père du tecuer. Nous sommes à Baricella, en périphérie de Bologne, en Italie, le 17 juin 1944, en pleine Seconde Guerre mondiale. Marino Osti et Gabriella Tompti accueillent leur troisième enfant, qu'ils nommeront donc Massimo. Malheureusement, son père décédera tragiquement quelques mois après sa naissance, lors d'un bombardement. Élevé par sa mère, Massimo développera rapidement un goût prononcé pour l'art et la musique. Mais la vie n'étant pas toujours facile, il dut faire quelques petits boulots dès l'âge de 13 ans, et ce jusqu'à ses 19 ans. Alors commercial chez Pirelli, le jeune hostie étudia le design graphique publicitaire au sein de l'institut C10 à Bologne, durant des cours du soir, après son travail. Et diplômé à l'âge de 23 ans, il décide de créer une agence de publicité avec deux amis, Lucio Festi et Giorgio Sgorbatti, le CD2. Rapidement, ils ont eu l'idée originale de faire de la publicité pour des zones touristiques et des boîtes de nuit, avec des t-shirts imprimés grâce aux techniques de la quadrichromie et de la sérigraphie d'ordinaire réservé à l'impression papier. Malgré une Italie encore peu habituée aux t-shirts, l'agence CD2 eut un certain succès qui leur permit de lancer une première collection de 30 t-shirts provenant des idées de Massimo sous le nom de Chomp Chomp, une onomatopée reprise des bandes dessinées qui exprime le bruit que fait le premier cœur du logo en mangeant l'autre. En 1971, après le petit succès de cette première collection, Raimondo Catabriga, co-créateur de la marque Anagobo, dont Hostie avait refait le logo dernièrement, proposa à Massimo de s'associer pour fonder sa propre société de t-shirts pour hommes, OM Diffusion, qui sera rapidement renommée Chester Perry. Ce nom est celui de l'usine dans laquelle travaille Bristow, le personnage d'une BD de Frank Dickens dont Massimo est effrayant. L'auteur a d'ailleurs donné son accord pour l'utilisation de ce nom. Le logo, imaginé par Osti, inspiré de l'univers nautique, une de ses grandes passions, forme une bouée stylisée encadrée par une corde. La marque rencontre un étonnant succès, se faisant doucement connaître en dehors des frontières italiennes, notamment en Allemagne. Chester Perry évolua petit à petit pour proposer de la variété dans ses collections, avec des vêtements mélangeant de plus en plus le workwear et le sportswear. Comme en 1977, où elle développa une nouvelle ligne dédiée aux knits, les pull-tissés et aux sweatshirts du nom de Factory. Le même nom que l'atelier d'Andy Warhol dont Hostie était un grand admirateur. Déjà grand passionné de recherche textile, Massimo commencera à étudier au sein de la marque de nouvelles techniques de teinture et surtout il imaginera la toute première doudoune urbaine à partir de celle que portaient les alpinistes. Vous l'avez bien compris, si aujourd'hui vous possédez une doudoune adaptée à la vie urbaine, c'est grâce à Massimo Hostie. Mais en 1978, c'est la douche froide. Chester Perry est visé par une plainte pour parasitisme de la part de deux marques britanniques. Chester Barry et Fred Perry. Le parasitisme est le fait de profiter de la réputation et des efforts marketing d'une marque pour vendre ses propres produits. Étant donné la forte ressemblance entre le nom de la marque italienne et ceux des marques britanniques, la justice a tranché et Massimo renommera donc Chester Perry en Sipi Company, signifiant simplement Chester Perry Company. Le changement de nom s'accompagnera aussi d'un renouveau dans les collections de la marque. Dorénavant, Sipi Compagni s'orientera sur des vêtements beaucoup plus techniques et fonctionnels en expérimentant d'autres procédés comme le Garment Dyeing ou Tinto in Capo en italien, dérivé de ses recherches précédentes sur les teintures. Consistant à teindre le vêtement après sa confection, cette technique fit de Massimo le premier à être capable de teindre un vêtement composé de plusieurs matières différentes en un seul bain. Fervent antimilitariste, Massimo se mit tout de même à collectionner des objets et vêtements militaires afin de s'inspirer de ce domaine pour la robustesse de ses matériaux. Chez Sipi Compagnie, chaque pièce était un terrain d'expérimentation pour Massimo Osti. Pas de surenchère esthétique, simplement l'obsession de rendre le vêtement plus intelligent et plus fonctionnel. Dans cette idée, il commencera à développer de nouveaux matériaux à base de nylon comme les Cinquantafili, mélange de coton et de nylon à 50% chacun, inspirés des toiles militaires combinant douceur et résistance. Dans les années qui suivirent, on verra aussi l'apparition de plusieurs combinaisons de matières naturelles avec du caoutchouc, comme le coton, le lin ou encore la laine, pour obtenir des tissus légers, plus résistants au vent et aux intempéries. Mais la pièce la plus connue encore à ce jour de Sipi Company est une veste sortie en 1987. Une inspiration venue d'une capuche de l'uniforme de la défense civile japonaise et d'une veste de l'armée suisse, qui donnera naissance à la célèbre veste avec lunettes intégrées, la Goggle Jacket. Pour les premières versions, les lunettes se trouvaient au niveau du col, mais Massimo découvrit des images de masques à gaz utilisés lors de la Seconde Guerre Mondiale qui lui donnèrent la merveilleuse idée de déplacer ses lunettes au niveau de la capuche. Ses lunettes seront par la suite adaptées à bon nombre de produits de la marque en devenant son symbole. Cette pièce portera le nom de veste Mille Miglia lorsque Massimo sponsorisa la légendaire course italienne de voitures anciennes du même nom en 1988. Les pare-brises des voitures décapotables étaient assez courtes et le vent dérangeait les pilotes. un problème que résoudra donc Sipi Company avec cette fameuse veste. Pour l'anecdote, n'étant pas designer de mode de formation, Massimo avait une méthode bien particulière pour montrer aux usines ce qu'il souhaitait faire. Il prenait des vêtements, les plaçait dans une photocopieuse, imprimait, découpait, puis collait sur d'autres vêtements les morceaux de papier correspondant aux parties qui l'intéressaient. Désormais grand influenceur de la mode, Massimo se lancera dans la rédaction d'un magazine nommé Sipi Magazine, une sorte de grand catalogue contenant des photos de toutes les créations de la marque. Sipi Compagny a obtenu une reconnaissance internationale pour ses vêtements très techniques et particulièrement résistants aux éléments. Mais vous verrez que ce ne fut que les débuts des expérimentations de Massimo Osti dans le monde de la mode. En parallèle de Sipi Compagny, il décida en 1981 de lancer une marque plus accessible et décontractée. Bonneville, du nom d'une petite ville en Haute-Savoie où Massimo et son ami Lucio Festi se sont arrêtés une nuit pour dormir au retour d'un voyage à Paris. La décision de créer Bonneville est née de la nécessité de trouver une utilisation pour l'énorme volume d'idées et d'expériences explosant dans la tête d'Hostie, et ne pouvant être contenues dans les collections de Sipi Compagnie. Cette marque visait un public plus jeune et sportif, notamment avec des collections comme Navy Arctic, orientées vers les sports nautiques, et BNV Sporting Goods pour le volley et le basket. L'année 1981 affecta aussi durement Massimo. Un incendie détruisit l'entrepôt dans lequel étaient stockés ses archives et aussi les produits prêts à être livrés. Et c'est aussi cette année-là que Raimondo Catabriga décida de vendre ses 50% de Sipi Company au groupe textile Trabaldo Tonia. Un an seulement après ces événements, Massimo se replongea dans une collection qu'il avait imaginée pour Chester Perry. A l'époque, il se baladait chez un fournisseur et aperçut un coton bicolore destiné à faire des ovans. Lui en fera des vestes. Cette collection fut un échec cuisant pour Chester Perry puisque les clients renvoyaient sans cesse leurs produits. La teinture ne tenait pas après lavage. Malgré tout, cet aspect délavé plaisait beaucoup à Massimo, lui rappelant les parapluies qu'il voyait durant sa jeunesse, usées par l'air salé des côtes adriatiques. Des années plus tard, Massimo insistera auprès de son partenaire de longue date, ITS Artea, dont vous allez beaucoup entendre le nom dans cet épisode, pour obtenir un nouveau matériau à partir de cet échec. Rendu imperméable grâce à un bain de résine et assoupli avec la technique du lavage à la pierre tout en gardant une grande résistance, la Telastella, signifiant toile étoilée en italien, est née. En réalité, deux versions de cette histoire existent. La plus répandue parlant d'une inspiration venue des bâches de camions militaires, et celle dont je viens de vous parler, qui est issue du livre « I.D.I.S. from Massimo Osti » , contenant des témoignages de personnes ayant travaillé de près avec le créateur italien. Massimo était tellement content du résultat qu'il décida donc en 1982 de lancer une toute nouvelle marque, qu'il nomma d'après une idée de sa femme. Elle remarqua que certains mots revenaient souvent dans l'un des livres d'aventure maritime du romancier Joseph Conrad, que son mari aimait bien. Massimo décida de les associer pour donner naissance à Stone Island. Stone pour la ténacité de ce nouveau matériau et Island qui évoque la mer, le rêve de liberté et l'évasion de la routine quotidienne. Le logo de Stone Island représente d'ailleurs la rose des sables dessinée sur la boussole de son voilier, le guapa. Cette nouvelle marque sera tellement technique qu'elle permettra l'essor de ce que l'on nommera plus tard le Techwear. La première collection se composera uniquement de vêtements à base de telastella teints avec des couleurs très flashy. Malgré un budget publicité inexistant, cette collection trouvera instantanément son public, en rupture de stock en à peine 10 jours. Mais suite aux nombreuses copies de Tela Stella, Hostie développe le JJ23, un matériau plus épais et brillant à base de résine de PVC avec des finitions dans des couleurs plus contrastées. Ce tissu sera mis à l'honneur dans la quatrième collection de la marque avec des vestes inspirées des pêcheurs de la mer du Nord. Malheureusement trop sensible aux déchirures, le JJ23 sera abandonné et Massimo développera un nouveau matériau à partir de ce dernier. avec un aspect plus élégamment fini. Le rasso gomato. Alliance de coton et de satin inspiré d'un vêtement d'équitation anglais, ce tissu donne un vêtement imperméable sans qu'il soit rigide. Le rasso gomato est d'ailleurs le seul matériau qui ne perd pas sa brillance avec le garment de dyeing et est encore aujourd'hui produit par ITS Artea en exclusivité pour Stone Island. Toujours à la recherche de l'efficacité, une collection nommée No Seasons sera présentée en 1989. Son concept est simple. combiner divers tissus collés ensemble pour rendre les vêtements imperméables, légers et respirants, convenant donc à l'hiver comme à l'été. Chez Stone Island, Massimo Hosti poussera l'innovation textile à son paroxysme avec des vêtements thermosensibles, réfléchissants et ultra résistants. Pour l'anecdote, les vestes Stone Island étant parfaitement adaptées à la météo pluvieuse anglaise et permettant un certain anonymat avec leur capuche, elles seront très prisées des hooligans, ces supporters agressifs et provocateurs. Mais au lieu de condamner cette utilisation, la marque jouera de leur réputation pour devenir incontournable en Europe, quitte à être interdite dans de nombreux stades. Stone Island fera rayonner le nom de Massimo Osti dans toute la sphère du textile italien et dans celle de la mode à l'échelle mondiale. Selon le magazine italien Mondo Uomo, Massimo Osti était un géant de la mode moderne et ses habits les plus sophistiqués et intelligents d'Italie. Une reconnaissance qui lui ouvrira les portes du Reichstag en Allemagne afin de célébrer les 150 ans de la fabrication industrielle de tissus en 1987 lors d'une exposition de ses pièces les plus marquantes. A cette occasion, il sera même invité à organiser un défilé dans la citadelle de Spandau. Il accepta, mais avec ses propres règles. Une performance musicale et théâtrale avec des changements de tenue sur scène basés sur les sons du quotidien, les voitures, la mer ou encore le vent. Estimant que les défilés ne sont pas une façon appropriée de présenter des vêtements ayant demandé autant de recherches, ce sera le seul et unique qu'il organisera durant toute sa vie. Stone Island connaîtra un véritable succès dans le monde entier en habillant de nombreuses personnalités reconnues mondialement avec des vêtements techniques et fonctionnels reconnaissables grâce à cette petite étiquette brodée d'un logo de boussole porté sur le bras gauche. Et vous verrez que ce n'est pas anodin. Mais malgré le succès de toutes ces marques, la passion de Massimo Osti pour l'innovation textile coûte cher. Très cher. Tellement cher qu'en 1983, afin de pouvoir continuer ses recherches, il sera obligé de vendre l'entièreté de ses actions à Italiana Manifature qui les revendra l'année suivante au groupe textile GFT. Massimo abandonnera donc la gestion directe des entreprises pour se consacrer sur l'aspect créatif des produits, tout en restant leur président. Il quittera ses fonctions au sein de Sipi Company, Bonneville et Stone Island en janvier 1992, officiellement pour démarrer d'autres projets. Mais selon Lorenzo Osti, son fils, ce serait Carlo Rivetti, président de GFT, qui l'aurait évincé dû à des ambitions différentes et des tempéraments non compatibles. Bonneville sombrera avec son capitaine puisqu'elle fut rapidement abandonnée par le groupe pour se consacrer sur les deux autres marques. Après plus de 20 ans à révolutionner l'industrie de la mode, il aurait pu s'arrêter là, mais ce n'était pas dans sa nature. Maintenant libéré du groupe qui détenait ses marques historiques, il entame une nouvelle phase de sa carrière. Une phase plus intime, plus expérimentale, presque artisanale. Tout commence en 1993 avec Left Hand, clin d'œil au fait qu'il était gaucher. D'où le patch Stone Island sur le bras gauche. Pour la première fois, Hostie cassera ses propres codes en proposant une collection pour les femmes, même si elles n'ont pas attendu ce revirement pour porter les vêtements imaginés par Massimo. Un pari audacieux qui sera suivi par une ligne masculine. Comme toujours, il utilisera des tissus nouvellement développés avec des matières synthétiques qui vont des microfibres pressés au PVC thermocollé en passant par le polyuréthane. Le tout développé en exclusivité pour la marque par Massimo et toujours produit par ITS Artea. L'un des matériaux les plus remarquables développés par Massimo aussi pour Left End est sans aucun doute le ThermoJoint. Fusion du PVC et du coton, parfaitement imperméable et résistant à la vapeur, prétendant offrir une protection contre 80% des radiations nucléaires. Véritable symbole de l'influence de la menace nucléaire et de la guerre froide, ce matériau s'inscrira dans une volonté de créer des vêtements s'adaptant aux besoins d'une humanité en pleine mutation. Un matériau tellement imperméable qu'il est d'ailleurs impossible de le teindre avec la technique du garmand-dyeing. L'année suivante, en 1994, il lance Massimo Stiproduction avec un associé. Une ligne orientée haut de gamme, plus discrète et formelle, abandonnant les coupes amples des années 80 pour des formes plus ajustées. Toujours autant technique avec la réutilisation du rubberflax et des tissus thermosensibles ainsi que la création du techno wool, une laine collée à du jersey de nylon, pour plus d'isolation et de souplesse en rendant le vêtement indéformable. Les silhouettes changent, des couleurs sobres telles que le gris et le noir dominent les collections et les logos disparaissent à l'image de ce que l'on retrouvera plus tard avec des gammes comme garde-robe de Balenciaga. Comme beaucoup à l'époque, Hostis intéressera l'Asie, plus précisément la Corée du Sud, plus avancée technologiquement que la Chine, pour la production de ses vêtements. Non pas pour réduire les coûts comme les autres, mais bien pour échanger avec les employés des usines et en retenir l'excellence de la fabrication textile asiatique. Il lancera une collection capsule entièrement produite en Asie au sein de productions nommée Far East Project, dont les résultats l'ont tellement impressionné qu'il réitérera l'expérience avec une mini-collection No Seasons, comme ce qu'il avait pu faire avec Stone Island. Malgré un certain succès commercial, Massimo Hosti Productions s'arrêtera brusquement en 1997, lorsqu'il se rendit compte que son associé l'avait arnaqué. Deux ans plus tôt, il avait déjà entamé un nouveau chapitre avec ST95, pour Studio Technico 1995. Cette fois-ci, la cible est plus jeune, les vêtements sont moins rigides et plus colorés, notamment avec l'utilisation du garment dyeing dans une version plus accessible. Pour séduire ce nouveau public, Massimo s'associe même l'année suivante avec Superga, marque italienne de sneakers, autant d'une collection de vêtements. Mais c'est en 1998 qu'il pousse l'expérimentation plus loin que jamais avec OM Project. Digne héritier de la vision de Left Hand dans ce qui concerne la protection de l'être humain, Massimo utilisera dans ce projet des matériaux textiles développés à la base pour l'armée et l'industrie. Parmi eux, le Electric Jet, mélange de polyester et de cuivre à la fois résistant et antistatique, ou encore le Mac Defender, un textile en polyester et carbone capable de bloquer les champs électromagnétiques. En plus d'être ultra technique, chaque tissu de OM Project reçoit un traitement de résine de polyuréthane transparent appelé Safer. Ne modifiant pas l'aspect de la fibre, ce traitement lui donne un toucher plus précieux tout en augmentant sa durabilité, sa résistance et le rendant plus facile à nettoyer. Massimo avait même pensé à un futur magasin OM Project dans lequel les clients pourraient créer leurs propres vêtements à partir de pièces de base comme les manches ou le col. Reconnu comme un virtuose du vêtement technique, Levis viendra lui proposer en 1998 aussi une collaboration sur sa ligne de pantalon Dockers. En ayant carte blanche, Austin ne créa pas des pantalons, mais des véritables armures protégeant les jambes. C'est pourquoi il nommera cette ligne Equipments for Legs. Réversible hydrofuge résistant à la déchirure et au feu, rempli de poches ou respirant, bref, des pantalons ultra techniques faits pour les travailleurs dans des matériaux tout aussi techniques comme le Kevlar. Deux ans plus tard, Levis lui confiera sa ligne ICD pour Industrial Closing Division et sa version avancée ICD+. Considérés comme les prémices des vêtements intelligents, les pièces de ces gammes intégrant des technologies embarquées ont été vendues en quantité extrêmement limitée et à des prix très élevés. Le modèle le plus emblématique est sans aucun doute cette veste ICD Plus équipée d'un téléphone portable Nokia 5110, d'un kit main libre et d'un lecteur MP3 Philips intégré directement dans le textile via des systèmes de câblage dissimulés dans la doublure. Outre les technologies, certaines pièces ICD et ICD Plus étaient équipées du Protective Set. des renforts amovibles en polyéthylène expansé cachés dans des poches positionnées sur les zones vulnérables du corps humain, comme les coudes, la colonne vertébrale ou le buste. Son dernier projet en date se nomme Double Use. Lancée en 2003, cette collection de seulement 24 pièces composées de pulls en cachemire réversible et de vestes en laine bouillie représentait l'apogée de sa maîtrise de la teinture. Grâce à la tension particulière de tissage des fibres et la température du bain de teinture qui les compacte, les vêtements étaient extrêmement légers mais avec une densité élevée. augmentant ainsi la rétention de chaleur et rendant le matériau non thermo-rétractable, donc adapté à un lavage haute température. Un projet si peu exploité pour une raison que nous verrons juste après, que les images de vêtements double-use sont introuvables. Ultimes expérimentations textiles de Massimo Osti, la plupart de ses projets ont été jugés trop techniques et en avance sur leur temps par le grand public. Et sans réel soutien financier et stratégique, ils finiront tous peu à peu par être abandonnés. La vente de ces différentes marques et les échecs commerciaux de ces autres projets Merci. plongèrent Massimo Osti dans une profonde dépression au début des années 2000, le forçant à se retirer progressivement de l'industrie de la mode. Ce retrait marque la fin d'une période intense d'innovation durant laquelle il avait redéfini les standards de fonctionnalité, de matériaux et de traitement textile. Sa dépression se transformera peu à peu en tumeur et après deux ans de souffrance, le 6 juin 2005, Massimo Osti s'éteint à l'âge de 60 ans. Son décès passe presque inaperçu aux yeux du grand public et de l'industrie, comme si tous n'avaient pas encore pris pleinement conscience de l'importance de son travail. Ce n'est que bien plus tard que son génie sera véritablement salué à travers le respect d'une nouvelle génération de créateurs et de passionnés, conscients de l'héritage immense qu'il a laissé. Un héritage qui est aujourd'hui partout. Les marques qu'il a fondées, à commencer par Stone Island et Sipi Company, sont devenues des piliers du luxe technique, mêlant performance textile et esthétique pointue. D'abord marginale, ces maisons sont aujourd'hui portées par des stars, saluées par la critique, et devenues des références incontournables dans le paysage de la mode contemporaine. D'autres labels créés par Hostie comme Bonneville, Left Hand ou encore ST95 ont également connu une seconde vie, repris par des passionnés qui visent à perpétuer la vision singulière du maître italien. Mais au-delà des noms, c'est toute une approche du vêtement qui continue d'influencer les plus grandes marques d'aujourd'hui. Nike ACG ou encore Acronym reprennent les principes fondamentaux chers à Massimo. Technicité, fonctionnalité... et design utilitaire au service du quotidien. Et cette aventure ne s'est pas arrêtée avec lui. Ses enfants, Lorenzo et Agatha Osti, ainsi que son ex-femme Daniela Facinato, continuent de faire vivre cet héritage à travers leur marque Massimo Osti Studio et les archives de Massimo Osti, un véritable trésor qui conserve des centaines de vêtements et prototypes, ainsi que des dizaines de milliers d'échantillons de tissus. De simple graphiste publicitaire, Massimo Osti est devenu l'un des plus grands designers de l'histoire de la mode technique. Il a imposé une nouvelle grammaire du vêtement, loin des conventions et des tendances passagères. Là où d'autres auraient vu des erreurs, lui y voyait des pistes. Il a transformé ses échecs et ses expérimentations ratées en révolutions textiles. Toujours en quête d'innovation, au prix de la reconnaissance, il a su sublimer les matériaux les plus modestes et redéfinir les attentes des consommateurs. Aujourd'hui encore, ses créations inspirent. Il est à juste titre considéré comme le père du techwear et du sportswear moderne. Massimo n'était pas simplement un designer, c'était un inventeur, un visionnaire, un homme qui ne suivait pas la mode, il l'a redessiné. En retraçant son parcours, j'ai voulu lui rendre hommage, car trop peu, ça va à quel point il a changé les choses. Et si ses pièces continuent de me fasciner des années après, c'est peut-être parce qu'il n'a jamais cherché à faire du style, il a cherché à créer du sens. Merci monsieur Hostie. et merci à vous d'avoir partagé ce moment avec moi. Si cet épisode vous a plu et que vous souhaitez m'aider, n'hésitez pas à l'aimer, le commenter et le partager à toutes les personnes que ça pourrait intéresser. Et surtout, abonnez-vous pour ne pas rater le prochain.

Chapters

  • Massimo Osti

    00:00

  • Vie et Premiers Projets

    00:37

  • Chester Perry

    01:53

  • CP Company

    03:33

  • Boneville

    06:14

  • Stone Island

    07:05

  • La Chute

    11:31

  • L'Après

    12:18

  • Retrait et Héritage

    17:53

  • Hommage

    19:44

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Description

Il y a 20 ans, le monde de la mode perdait l'un de ses plus grands pionniers. Son nom ne vous dira rien et pourtant vous avez forcément déjà croisé son influence. Fondateur de marques mythiques et inventeur de procédés textiles inédits, aujourd'hui nous allons rendre hommage à Massimo Osti, le père du techwear et du sportswear moderne.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Il y a 20 ans, dans une indifférence presque glaciale, le monde de la mode perdait l'un de ses plus grands pionniers. Un génie discret, loin des projecteurs, mais dont l'héritage continue encore aujourd'hui d'imprégner nos vêtements et nos silhouettes. Son nom ne vous dira rien, et pourtant vous avez forcément déjà croisé son influence. Fondateur de marques mythiques que vous connaissez tous, inventeur de procédés textiles inédits et précurseur de la fusion entre fonctionnalité et esthétique, aujourd'hui nous allons rendre hommage à un visionnaire parfois incompris, souvent copiés mais jamais égalés. Massimo Osti, le père du tecuer. Nous sommes à Baricella, en périphérie de Bologne, en Italie, le 17 juin 1944, en pleine Seconde Guerre mondiale. Marino Osti et Gabriella Tompti accueillent leur troisième enfant, qu'ils nommeront donc Massimo. Malheureusement, son père décédera tragiquement quelques mois après sa naissance, lors d'un bombardement. Élevé par sa mère, Massimo développera rapidement un goût prononcé pour l'art et la musique. Mais la vie n'étant pas toujours facile, il dut faire quelques petits boulots dès l'âge de 13 ans, et ce jusqu'à ses 19 ans. Alors commercial chez Pirelli, le jeune hostie étudia le design graphique publicitaire au sein de l'institut C10 à Bologne, durant des cours du soir, après son travail. Et diplômé à l'âge de 23 ans, il décide de créer une agence de publicité avec deux amis, Lucio Festi et Giorgio Sgorbatti, le CD2. Rapidement, ils ont eu l'idée originale de faire de la publicité pour des zones touristiques et des boîtes de nuit, avec des t-shirts imprimés grâce aux techniques de la quadrichromie et de la sérigraphie d'ordinaire réservé à l'impression papier. Malgré une Italie encore peu habituée aux t-shirts, l'agence CD2 eut un certain succès qui leur permit de lancer une première collection de 30 t-shirts provenant des idées de Massimo sous le nom de Chomp Chomp, une onomatopée reprise des bandes dessinées qui exprime le bruit que fait le premier cœur du logo en mangeant l'autre. En 1971, après le petit succès de cette première collection, Raimondo Catabriga, co-créateur de la marque Anagobo, dont Hostie avait refait le logo dernièrement, proposa à Massimo de s'associer pour fonder sa propre société de t-shirts pour hommes, OM Diffusion, qui sera rapidement renommée Chester Perry. Ce nom est celui de l'usine dans laquelle travaille Bristow, le personnage d'une BD de Frank Dickens dont Massimo est effrayant. L'auteur a d'ailleurs donné son accord pour l'utilisation de ce nom. Le logo, imaginé par Osti, inspiré de l'univers nautique, une de ses grandes passions, forme une bouée stylisée encadrée par une corde. La marque rencontre un étonnant succès, se faisant doucement connaître en dehors des frontières italiennes, notamment en Allemagne. Chester Perry évolua petit à petit pour proposer de la variété dans ses collections, avec des vêtements mélangeant de plus en plus le workwear et le sportswear. Comme en 1977, où elle développa une nouvelle ligne dédiée aux knits, les pull-tissés et aux sweatshirts du nom de Factory. Le même nom que l'atelier d'Andy Warhol dont Hostie était un grand admirateur. Déjà grand passionné de recherche textile, Massimo commencera à étudier au sein de la marque de nouvelles techniques de teinture et surtout il imaginera la toute première doudoune urbaine à partir de celle que portaient les alpinistes. Vous l'avez bien compris, si aujourd'hui vous possédez une doudoune adaptée à la vie urbaine, c'est grâce à Massimo Hostie. Mais en 1978, c'est la douche froide. Chester Perry est visé par une plainte pour parasitisme de la part de deux marques britanniques. Chester Barry et Fred Perry. Le parasitisme est le fait de profiter de la réputation et des efforts marketing d'une marque pour vendre ses propres produits. Étant donné la forte ressemblance entre le nom de la marque italienne et ceux des marques britanniques, la justice a tranché et Massimo renommera donc Chester Perry en Sipi Company, signifiant simplement Chester Perry Company. Le changement de nom s'accompagnera aussi d'un renouveau dans les collections de la marque. Dorénavant, Sipi Compagni s'orientera sur des vêtements beaucoup plus techniques et fonctionnels en expérimentant d'autres procédés comme le Garment Dyeing ou Tinto in Capo en italien, dérivé de ses recherches précédentes sur les teintures. Consistant à teindre le vêtement après sa confection, cette technique fit de Massimo le premier à être capable de teindre un vêtement composé de plusieurs matières différentes en un seul bain. Fervent antimilitariste, Massimo se mit tout de même à collectionner des objets et vêtements militaires afin de s'inspirer de ce domaine pour la robustesse de ses matériaux. Chez Sipi Compagnie, chaque pièce était un terrain d'expérimentation pour Massimo Osti. Pas de surenchère esthétique, simplement l'obsession de rendre le vêtement plus intelligent et plus fonctionnel. Dans cette idée, il commencera à développer de nouveaux matériaux à base de nylon comme les Cinquantafili, mélange de coton et de nylon à 50% chacun, inspirés des toiles militaires combinant douceur et résistance. Dans les années qui suivirent, on verra aussi l'apparition de plusieurs combinaisons de matières naturelles avec du caoutchouc, comme le coton, le lin ou encore la laine, pour obtenir des tissus légers, plus résistants au vent et aux intempéries. Mais la pièce la plus connue encore à ce jour de Sipi Company est une veste sortie en 1987. Une inspiration venue d'une capuche de l'uniforme de la défense civile japonaise et d'une veste de l'armée suisse, qui donnera naissance à la célèbre veste avec lunettes intégrées, la Goggle Jacket. Pour les premières versions, les lunettes se trouvaient au niveau du col, mais Massimo découvrit des images de masques à gaz utilisés lors de la Seconde Guerre Mondiale qui lui donnèrent la merveilleuse idée de déplacer ses lunettes au niveau de la capuche. Ses lunettes seront par la suite adaptées à bon nombre de produits de la marque en devenant son symbole. Cette pièce portera le nom de veste Mille Miglia lorsque Massimo sponsorisa la légendaire course italienne de voitures anciennes du même nom en 1988. Les pare-brises des voitures décapotables étaient assez courtes et le vent dérangeait les pilotes. un problème que résoudra donc Sipi Company avec cette fameuse veste. Pour l'anecdote, n'étant pas designer de mode de formation, Massimo avait une méthode bien particulière pour montrer aux usines ce qu'il souhaitait faire. Il prenait des vêtements, les plaçait dans une photocopieuse, imprimait, découpait, puis collait sur d'autres vêtements les morceaux de papier correspondant aux parties qui l'intéressaient. Désormais grand influenceur de la mode, Massimo se lancera dans la rédaction d'un magazine nommé Sipi Magazine, une sorte de grand catalogue contenant des photos de toutes les créations de la marque. Sipi Compagny a obtenu une reconnaissance internationale pour ses vêtements très techniques et particulièrement résistants aux éléments. Mais vous verrez que ce ne fut que les débuts des expérimentations de Massimo Osti dans le monde de la mode. En parallèle de Sipi Compagny, il décida en 1981 de lancer une marque plus accessible et décontractée. Bonneville, du nom d'une petite ville en Haute-Savoie où Massimo et son ami Lucio Festi se sont arrêtés une nuit pour dormir au retour d'un voyage à Paris. La décision de créer Bonneville est née de la nécessité de trouver une utilisation pour l'énorme volume d'idées et d'expériences explosant dans la tête d'Hostie, et ne pouvant être contenues dans les collections de Sipi Compagnie. Cette marque visait un public plus jeune et sportif, notamment avec des collections comme Navy Arctic, orientées vers les sports nautiques, et BNV Sporting Goods pour le volley et le basket. L'année 1981 affecta aussi durement Massimo. Un incendie détruisit l'entrepôt dans lequel étaient stockés ses archives et aussi les produits prêts à être livrés. Et c'est aussi cette année-là que Raimondo Catabriga décida de vendre ses 50% de Sipi Company au groupe textile Trabaldo Tonia. Un an seulement après ces événements, Massimo se replongea dans une collection qu'il avait imaginée pour Chester Perry. A l'époque, il se baladait chez un fournisseur et aperçut un coton bicolore destiné à faire des ovans. Lui en fera des vestes. Cette collection fut un échec cuisant pour Chester Perry puisque les clients renvoyaient sans cesse leurs produits. La teinture ne tenait pas après lavage. Malgré tout, cet aspect délavé plaisait beaucoup à Massimo, lui rappelant les parapluies qu'il voyait durant sa jeunesse, usées par l'air salé des côtes adriatiques. Des années plus tard, Massimo insistera auprès de son partenaire de longue date, ITS Artea, dont vous allez beaucoup entendre le nom dans cet épisode, pour obtenir un nouveau matériau à partir de cet échec. Rendu imperméable grâce à un bain de résine et assoupli avec la technique du lavage à la pierre tout en gardant une grande résistance, la Telastella, signifiant toile étoilée en italien, est née. En réalité, deux versions de cette histoire existent. La plus répandue parlant d'une inspiration venue des bâches de camions militaires, et celle dont je viens de vous parler, qui est issue du livre « I.D.I.S. from Massimo Osti » , contenant des témoignages de personnes ayant travaillé de près avec le créateur italien. Massimo était tellement content du résultat qu'il décida donc en 1982 de lancer une toute nouvelle marque, qu'il nomma d'après une idée de sa femme. Elle remarqua que certains mots revenaient souvent dans l'un des livres d'aventure maritime du romancier Joseph Conrad, que son mari aimait bien. Massimo décida de les associer pour donner naissance à Stone Island. Stone pour la ténacité de ce nouveau matériau et Island qui évoque la mer, le rêve de liberté et l'évasion de la routine quotidienne. Le logo de Stone Island représente d'ailleurs la rose des sables dessinée sur la boussole de son voilier, le guapa. Cette nouvelle marque sera tellement technique qu'elle permettra l'essor de ce que l'on nommera plus tard le Techwear. La première collection se composera uniquement de vêtements à base de telastella teints avec des couleurs très flashy. Malgré un budget publicité inexistant, cette collection trouvera instantanément son public, en rupture de stock en à peine 10 jours. Mais suite aux nombreuses copies de Tela Stella, Hostie développe le JJ23, un matériau plus épais et brillant à base de résine de PVC avec des finitions dans des couleurs plus contrastées. Ce tissu sera mis à l'honneur dans la quatrième collection de la marque avec des vestes inspirées des pêcheurs de la mer du Nord. Malheureusement trop sensible aux déchirures, le JJ23 sera abandonné et Massimo développera un nouveau matériau à partir de ce dernier. avec un aspect plus élégamment fini. Le rasso gomato. Alliance de coton et de satin inspiré d'un vêtement d'équitation anglais, ce tissu donne un vêtement imperméable sans qu'il soit rigide. Le rasso gomato est d'ailleurs le seul matériau qui ne perd pas sa brillance avec le garment de dyeing et est encore aujourd'hui produit par ITS Artea en exclusivité pour Stone Island. Toujours à la recherche de l'efficacité, une collection nommée No Seasons sera présentée en 1989. Son concept est simple. combiner divers tissus collés ensemble pour rendre les vêtements imperméables, légers et respirants, convenant donc à l'hiver comme à l'été. Chez Stone Island, Massimo Hosti poussera l'innovation textile à son paroxysme avec des vêtements thermosensibles, réfléchissants et ultra résistants. Pour l'anecdote, les vestes Stone Island étant parfaitement adaptées à la météo pluvieuse anglaise et permettant un certain anonymat avec leur capuche, elles seront très prisées des hooligans, ces supporters agressifs et provocateurs. Mais au lieu de condamner cette utilisation, la marque jouera de leur réputation pour devenir incontournable en Europe, quitte à être interdite dans de nombreux stades. Stone Island fera rayonner le nom de Massimo Osti dans toute la sphère du textile italien et dans celle de la mode à l'échelle mondiale. Selon le magazine italien Mondo Uomo, Massimo Osti était un géant de la mode moderne et ses habits les plus sophistiqués et intelligents d'Italie. Une reconnaissance qui lui ouvrira les portes du Reichstag en Allemagne afin de célébrer les 150 ans de la fabrication industrielle de tissus en 1987 lors d'une exposition de ses pièces les plus marquantes. A cette occasion, il sera même invité à organiser un défilé dans la citadelle de Spandau. Il accepta, mais avec ses propres règles. Une performance musicale et théâtrale avec des changements de tenue sur scène basés sur les sons du quotidien, les voitures, la mer ou encore le vent. Estimant que les défilés ne sont pas une façon appropriée de présenter des vêtements ayant demandé autant de recherches, ce sera le seul et unique qu'il organisera durant toute sa vie. Stone Island connaîtra un véritable succès dans le monde entier en habillant de nombreuses personnalités reconnues mondialement avec des vêtements techniques et fonctionnels reconnaissables grâce à cette petite étiquette brodée d'un logo de boussole porté sur le bras gauche. Et vous verrez que ce n'est pas anodin. Mais malgré le succès de toutes ces marques, la passion de Massimo Osti pour l'innovation textile coûte cher. Très cher. Tellement cher qu'en 1983, afin de pouvoir continuer ses recherches, il sera obligé de vendre l'entièreté de ses actions à Italiana Manifature qui les revendra l'année suivante au groupe textile GFT. Massimo abandonnera donc la gestion directe des entreprises pour se consacrer sur l'aspect créatif des produits, tout en restant leur président. Il quittera ses fonctions au sein de Sipi Company, Bonneville et Stone Island en janvier 1992, officiellement pour démarrer d'autres projets. Mais selon Lorenzo Osti, son fils, ce serait Carlo Rivetti, président de GFT, qui l'aurait évincé dû à des ambitions différentes et des tempéraments non compatibles. Bonneville sombrera avec son capitaine puisqu'elle fut rapidement abandonnée par le groupe pour se consacrer sur les deux autres marques. Après plus de 20 ans à révolutionner l'industrie de la mode, il aurait pu s'arrêter là, mais ce n'était pas dans sa nature. Maintenant libéré du groupe qui détenait ses marques historiques, il entame une nouvelle phase de sa carrière. Une phase plus intime, plus expérimentale, presque artisanale. Tout commence en 1993 avec Left Hand, clin d'œil au fait qu'il était gaucher. D'où le patch Stone Island sur le bras gauche. Pour la première fois, Hostie cassera ses propres codes en proposant une collection pour les femmes, même si elles n'ont pas attendu ce revirement pour porter les vêtements imaginés par Massimo. Un pari audacieux qui sera suivi par une ligne masculine. Comme toujours, il utilisera des tissus nouvellement développés avec des matières synthétiques qui vont des microfibres pressés au PVC thermocollé en passant par le polyuréthane. Le tout développé en exclusivité pour la marque par Massimo et toujours produit par ITS Artea. L'un des matériaux les plus remarquables développés par Massimo aussi pour Left End est sans aucun doute le ThermoJoint. Fusion du PVC et du coton, parfaitement imperméable et résistant à la vapeur, prétendant offrir une protection contre 80% des radiations nucléaires. Véritable symbole de l'influence de la menace nucléaire et de la guerre froide, ce matériau s'inscrira dans une volonté de créer des vêtements s'adaptant aux besoins d'une humanité en pleine mutation. Un matériau tellement imperméable qu'il est d'ailleurs impossible de le teindre avec la technique du garmand-dyeing. L'année suivante, en 1994, il lance Massimo Stiproduction avec un associé. Une ligne orientée haut de gamme, plus discrète et formelle, abandonnant les coupes amples des années 80 pour des formes plus ajustées. Toujours autant technique avec la réutilisation du rubberflax et des tissus thermosensibles ainsi que la création du techno wool, une laine collée à du jersey de nylon, pour plus d'isolation et de souplesse en rendant le vêtement indéformable. Les silhouettes changent, des couleurs sobres telles que le gris et le noir dominent les collections et les logos disparaissent à l'image de ce que l'on retrouvera plus tard avec des gammes comme garde-robe de Balenciaga. Comme beaucoup à l'époque, Hostis intéressera l'Asie, plus précisément la Corée du Sud, plus avancée technologiquement que la Chine, pour la production de ses vêtements. Non pas pour réduire les coûts comme les autres, mais bien pour échanger avec les employés des usines et en retenir l'excellence de la fabrication textile asiatique. Il lancera une collection capsule entièrement produite en Asie au sein de productions nommée Far East Project, dont les résultats l'ont tellement impressionné qu'il réitérera l'expérience avec une mini-collection No Seasons, comme ce qu'il avait pu faire avec Stone Island. Malgré un certain succès commercial, Massimo Hosti Productions s'arrêtera brusquement en 1997, lorsqu'il se rendit compte que son associé l'avait arnaqué. Deux ans plus tôt, il avait déjà entamé un nouveau chapitre avec ST95, pour Studio Technico 1995. Cette fois-ci, la cible est plus jeune, les vêtements sont moins rigides et plus colorés, notamment avec l'utilisation du garment dyeing dans une version plus accessible. Pour séduire ce nouveau public, Massimo s'associe même l'année suivante avec Superga, marque italienne de sneakers, autant d'une collection de vêtements. Mais c'est en 1998 qu'il pousse l'expérimentation plus loin que jamais avec OM Project. Digne héritier de la vision de Left Hand dans ce qui concerne la protection de l'être humain, Massimo utilisera dans ce projet des matériaux textiles développés à la base pour l'armée et l'industrie. Parmi eux, le Electric Jet, mélange de polyester et de cuivre à la fois résistant et antistatique, ou encore le Mac Defender, un textile en polyester et carbone capable de bloquer les champs électromagnétiques. En plus d'être ultra technique, chaque tissu de OM Project reçoit un traitement de résine de polyuréthane transparent appelé Safer. Ne modifiant pas l'aspect de la fibre, ce traitement lui donne un toucher plus précieux tout en augmentant sa durabilité, sa résistance et le rendant plus facile à nettoyer. Massimo avait même pensé à un futur magasin OM Project dans lequel les clients pourraient créer leurs propres vêtements à partir de pièces de base comme les manches ou le col. Reconnu comme un virtuose du vêtement technique, Levis viendra lui proposer en 1998 aussi une collaboration sur sa ligne de pantalon Dockers. En ayant carte blanche, Austin ne créa pas des pantalons, mais des véritables armures protégeant les jambes. C'est pourquoi il nommera cette ligne Equipments for Legs. Réversible hydrofuge résistant à la déchirure et au feu, rempli de poches ou respirant, bref, des pantalons ultra techniques faits pour les travailleurs dans des matériaux tout aussi techniques comme le Kevlar. Deux ans plus tard, Levis lui confiera sa ligne ICD pour Industrial Closing Division et sa version avancée ICD+. Considérés comme les prémices des vêtements intelligents, les pièces de ces gammes intégrant des technologies embarquées ont été vendues en quantité extrêmement limitée et à des prix très élevés. Le modèle le plus emblématique est sans aucun doute cette veste ICD Plus équipée d'un téléphone portable Nokia 5110, d'un kit main libre et d'un lecteur MP3 Philips intégré directement dans le textile via des systèmes de câblage dissimulés dans la doublure. Outre les technologies, certaines pièces ICD et ICD Plus étaient équipées du Protective Set. des renforts amovibles en polyéthylène expansé cachés dans des poches positionnées sur les zones vulnérables du corps humain, comme les coudes, la colonne vertébrale ou le buste. Son dernier projet en date se nomme Double Use. Lancée en 2003, cette collection de seulement 24 pièces composées de pulls en cachemire réversible et de vestes en laine bouillie représentait l'apogée de sa maîtrise de la teinture. Grâce à la tension particulière de tissage des fibres et la température du bain de teinture qui les compacte, les vêtements étaient extrêmement légers mais avec une densité élevée. augmentant ainsi la rétention de chaleur et rendant le matériau non thermo-rétractable, donc adapté à un lavage haute température. Un projet si peu exploité pour une raison que nous verrons juste après, que les images de vêtements double-use sont introuvables. Ultimes expérimentations textiles de Massimo Osti, la plupart de ses projets ont été jugés trop techniques et en avance sur leur temps par le grand public. Et sans réel soutien financier et stratégique, ils finiront tous peu à peu par être abandonnés. La vente de ces différentes marques et les échecs commerciaux de ces autres projets Merci. plongèrent Massimo Osti dans une profonde dépression au début des années 2000, le forçant à se retirer progressivement de l'industrie de la mode. Ce retrait marque la fin d'une période intense d'innovation durant laquelle il avait redéfini les standards de fonctionnalité, de matériaux et de traitement textile. Sa dépression se transformera peu à peu en tumeur et après deux ans de souffrance, le 6 juin 2005, Massimo Osti s'éteint à l'âge de 60 ans. Son décès passe presque inaperçu aux yeux du grand public et de l'industrie, comme si tous n'avaient pas encore pris pleinement conscience de l'importance de son travail. Ce n'est que bien plus tard que son génie sera véritablement salué à travers le respect d'une nouvelle génération de créateurs et de passionnés, conscients de l'héritage immense qu'il a laissé. Un héritage qui est aujourd'hui partout. Les marques qu'il a fondées, à commencer par Stone Island et Sipi Company, sont devenues des piliers du luxe technique, mêlant performance textile et esthétique pointue. D'abord marginale, ces maisons sont aujourd'hui portées par des stars, saluées par la critique, et devenues des références incontournables dans le paysage de la mode contemporaine. D'autres labels créés par Hostie comme Bonneville, Left Hand ou encore ST95 ont également connu une seconde vie, repris par des passionnés qui visent à perpétuer la vision singulière du maître italien. Mais au-delà des noms, c'est toute une approche du vêtement qui continue d'influencer les plus grandes marques d'aujourd'hui. Nike ACG ou encore Acronym reprennent les principes fondamentaux chers à Massimo. Technicité, fonctionnalité... et design utilitaire au service du quotidien. Et cette aventure ne s'est pas arrêtée avec lui. Ses enfants, Lorenzo et Agatha Osti, ainsi que son ex-femme Daniela Facinato, continuent de faire vivre cet héritage à travers leur marque Massimo Osti Studio et les archives de Massimo Osti, un véritable trésor qui conserve des centaines de vêtements et prototypes, ainsi que des dizaines de milliers d'échantillons de tissus. De simple graphiste publicitaire, Massimo Osti est devenu l'un des plus grands designers de l'histoire de la mode technique. Il a imposé une nouvelle grammaire du vêtement, loin des conventions et des tendances passagères. Là où d'autres auraient vu des erreurs, lui y voyait des pistes. Il a transformé ses échecs et ses expérimentations ratées en révolutions textiles. Toujours en quête d'innovation, au prix de la reconnaissance, il a su sublimer les matériaux les plus modestes et redéfinir les attentes des consommateurs. Aujourd'hui encore, ses créations inspirent. Il est à juste titre considéré comme le père du techwear et du sportswear moderne. Massimo n'était pas simplement un designer, c'était un inventeur, un visionnaire, un homme qui ne suivait pas la mode, il l'a redessiné. En retraçant son parcours, j'ai voulu lui rendre hommage, car trop peu, ça va à quel point il a changé les choses. Et si ses pièces continuent de me fasciner des années après, c'est peut-être parce qu'il n'a jamais cherché à faire du style, il a cherché à créer du sens. Merci monsieur Hostie. et merci à vous d'avoir partagé ce moment avec moi. Si cet épisode vous a plu et que vous souhaitez m'aider, n'hésitez pas à l'aimer, le commenter et le partager à toutes les personnes que ça pourrait intéresser. Et surtout, abonnez-vous pour ne pas rater le prochain.

Chapters

  • Massimo Osti

    00:00

  • Vie et Premiers Projets

    00:37

  • Chester Perry

    01:53

  • CP Company

    03:33

  • Boneville

    06:14

  • Stone Island

    07:05

  • La Chute

    11:31

  • L'Après

    12:18

  • Retrait et Héritage

    17:53

  • Hommage

    19:44

Description

Il y a 20 ans, le monde de la mode perdait l'un de ses plus grands pionniers. Son nom ne vous dira rien et pourtant vous avez forcément déjà croisé son influence. Fondateur de marques mythiques et inventeur de procédés textiles inédits, aujourd'hui nous allons rendre hommage à Massimo Osti, le père du techwear et du sportswear moderne.


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Transcription

  • Speaker #0

    Il y a 20 ans, dans une indifférence presque glaciale, le monde de la mode perdait l'un de ses plus grands pionniers. Un génie discret, loin des projecteurs, mais dont l'héritage continue encore aujourd'hui d'imprégner nos vêtements et nos silhouettes. Son nom ne vous dira rien, et pourtant vous avez forcément déjà croisé son influence. Fondateur de marques mythiques que vous connaissez tous, inventeur de procédés textiles inédits et précurseur de la fusion entre fonctionnalité et esthétique, aujourd'hui nous allons rendre hommage à un visionnaire parfois incompris, souvent copiés mais jamais égalés. Massimo Osti, le père du tecuer. Nous sommes à Baricella, en périphérie de Bologne, en Italie, le 17 juin 1944, en pleine Seconde Guerre mondiale. Marino Osti et Gabriella Tompti accueillent leur troisième enfant, qu'ils nommeront donc Massimo. Malheureusement, son père décédera tragiquement quelques mois après sa naissance, lors d'un bombardement. Élevé par sa mère, Massimo développera rapidement un goût prononcé pour l'art et la musique. Mais la vie n'étant pas toujours facile, il dut faire quelques petits boulots dès l'âge de 13 ans, et ce jusqu'à ses 19 ans. Alors commercial chez Pirelli, le jeune hostie étudia le design graphique publicitaire au sein de l'institut C10 à Bologne, durant des cours du soir, après son travail. Et diplômé à l'âge de 23 ans, il décide de créer une agence de publicité avec deux amis, Lucio Festi et Giorgio Sgorbatti, le CD2. Rapidement, ils ont eu l'idée originale de faire de la publicité pour des zones touristiques et des boîtes de nuit, avec des t-shirts imprimés grâce aux techniques de la quadrichromie et de la sérigraphie d'ordinaire réservé à l'impression papier. Malgré une Italie encore peu habituée aux t-shirts, l'agence CD2 eut un certain succès qui leur permit de lancer une première collection de 30 t-shirts provenant des idées de Massimo sous le nom de Chomp Chomp, une onomatopée reprise des bandes dessinées qui exprime le bruit que fait le premier cœur du logo en mangeant l'autre. En 1971, après le petit succès de cette première collection, Raimondo Catabriga, co-créateur de la marque Anagobo, dont Hostie avait refait le logo dernièrement, proposa à Massimo de s'associer pour fonder sa propre société de t-shirts pour hommes, OM Diffusion, qui sera rapidement renommée Chester Perry. Ce nom est celui de l'usine dans laquelle travaille Bristow, le personnage d'une BD de Frank Dickens dont Massimo est effrayant. L'auteur a d'ailleurs donné son accord pour l'utilisation de ce nom. Le logo, imaginé par Osti, inspiré de l'univers nautique, une de ses grandes passions, forme une bouée stylisée encadrée par une corde. La marque rencontre un étonnant succès, se faisant doucement connaître en dehors des frontières italiennes, notamment en Allemagne. Chester Perry évolua petit à petit pour proposer de la variété dans ses collections, avec des vêtements mélangeant de plus en plus le workwear et le sportswear. Comme en 1977, où elle développa une nouvelle ligne dédiée aux knits, les pull-tissés et aux sweatshirts du nom de Factory. Le même nom que l'atelier d'Andy Warhol dont Hostie était un grand admirateur. Déjà grand passionné de recherche textile, Massimo commencera à étudier au sein de la marque de nouvelles techniques de teinture et surtout il imaginera la toute première doudoune urbaine à partir de celle que portaient les alpinistes. Vous l'avez bien compris, si aujourd'hui vous possédez une doudoune adaptée à la vie urbaine, c'est grâce à Massimo Hostie. Mais en 1978, c'est la douche froide. Chester Perry est visé par une plainte pour parasitisme de la part de deux marques britanniques. Chester Barry et Fred Perry. Le parasitisme est le fait de profiter de la réputation et des efforts marketing d'une marque pour vendre ses propres produits. Étant donné la forte ressemblance entre le nom de la marque italienne et ceux des marques britanniques, la justice a tranché et Massimo renommera donc Chester Perry en Sipi Company, signifiant simplement Chester Perry Company. Le changement de nom s'accompagnera aussi d'un renouveau dans les collections de la marque. Dorénavant, Sipi Compagni s'orientera sur des vêtements beaucoup plus techniques et fonctionnels en expérimentant d'autres procédés comme le Garment Dyeing ou Tinto in Capo en italien, dérivé de ses recherches précédentes sur les teintures. Consistant à teindre le vêtement après sa confection, cette technique fit de Massimo le premier à être capable de teindre un vêtement composé de plusieurs matières différentes en un seul bain. Fervent antimilitariste, Massimo se mit tout de même à collectionner des objets et vêtements militaires afin de s'inspirer de ce domaine pour la robustesse de ses matériaux. Chez Sipi Compagnie, chaque pièce était un terrain d'expérimentation pour Massimo Osti. Pas de surenchère esthétique, simplement l'obsession de rendre le vêtement plus intelligent et plus fonctionnel. Dans cette idée, il commencera à développer de nouveaux matériaux à base de nylon comme les Cinquantafili, mélange de coton et de nylon à 50% chacun, inspirés des toiles militaires combinant douceur et résistance. Dans les années qui suivirent, on verra aussi l'apparition de plusieurs combinaisons de matières naturelles avec du caoutchouc, comme le coton, le lin ou encore la laine, pour obtenir des tissus légers, plus résistants au vent et aux intempéries. Mais la pièce la plus connue encore à ce jour de Sipi Company est une veste sortie en 1987. Une inspiration venue d'une capuche de l'uniforme de la défense civile japonaise et d'une veste de l'armée suisse, qui donnera naissance à la célèbre veste avec lunettes intégrées, la Goggle Jacket. Pour les premières versions, les lunettes se trouvaient au niveau du col, mais Massimo découvrit des images de masques à gaz utilisés lors de la Seconde Guerre Mondiale qui lui donnèrent la merveilleuse idée de déplacer ses lunettes au niveau de la capuche. Ses lunettes seront par la suite adaptées à bon nombre de produits de la marque en devenant son symbole. Cette pièce portera le nom de veste Mille Miglia lorsque Massimo sponsorisa la légendaire course italienne de voitures anciennes du même nom en 1988. Les pare-brises des voitures décapotables étaient assez courtes et le vent dérangeait les pilotes. un problème que résoudra donc Sipi Company avec cette fameuse veste. Pour l'anecdote, n'étant pas designer de mode de formation, Massimo avait une méthode bien particulière pour montrer aux usines ce qu'il souhaitait faire. Il prenait des vêtements, les plaçait dans une photocopieuse, imprimait, découpait, puis collait sur d'autres vêtements les morceaux de papier correspondant aux parties qui l'intéressaient. Désormais grand influenceur de la mode, Massimo se lancera dans la rédaction d'un magazine nommé Sipi Magazine, une sorte de grand catalogue contenant des photos de toutes les créations de la marque. Sipi Compagny a obtenu une reconnaissance internationale pour ses vêtements très techniques et particulièrement résistants aux éléments. Mais vous verrez que ce ne fut que les débuts des expérimentations de Massimo Osti dans le monde de la mode. En parallèle de Sipi Compagny, il décida en 1981 de lancer une marque plus accessible et décontractée. Bonneville, du nom d'une petite ville en Haute-Savoie où Massimo et son ami Lucio Festi se sont arrêtés une nuit pour dormir au retour d'un voyage à Paris. La décision de créer Bonneville est née de la nécessité de trouver une utilisation pour l'énorme volume d'idées et d'expériences explosant dans la tête d'Hostie, et ne pouvant être contenues dans les collections de Sipi Compagnie. Cette marque visait un public plus jeune et sportif, notamment avec des collections comme Navy Arctic, orientées vers les sports nautiques, et BNV Sporting Goods pour le volley et le basket. L'année 1981 affecta aussi durement Massimo. Un incendie détruisit l'entrepôt dans lequel étaient stockés ses archives et aussi les produits prêts à être livrés. Et c'est aussi cette année-là que Raimondo Catabriga décida de vendre ses 50% de Sipi Company au groupe textile Trabaldo Tonia. Un an seulement après ces événements, Massimo se replongea dans une collection qu'il avait imaginée pour Chester Perry. A l'époque, il se baladait chez un fournisseur et aperçut un coton bicolore destiné à faire des ovans. Lui en fera des vestes. Cette collection fut un échec cuisant pour Chester Perry puisque les clients renvoyaient sans cesse leurs produits. La teinture ne tenait pas après lavage. Malgré tout, cet aspect délavé plaisait beaucoup à Massimo, lui rappelant les parapluies qu'il voyait durant sa jeunesse, usées par l'air salé des côtes adriatiques. Des années plus tard, Massimo insistera auprès de son partenaire de longue date, ITS Artea, dont vous allez beaucoup entendre le nom dans cet épisode, pour obtenir un nouveau matériau à partir de cet échec. Rendu imperméable grâce à un bain de résine et assoupli avec la technique du lavage à la pierre tout en gardant une grande résistance, la Telastella, signifiant toile étoilée en italien, est née. En réalité, deux versions de cette histoire existent. La plus répandue parlant d'une inspiration venue des bâches de camions militaires, et celle dont je viens de vous parler, qui est issue du livre « I.D.I.S. from Massimo Osti » , contenant des témoignages de personnes ayant travaillé de près avec le créateur italien. Massimo était tellement content du résultat qu'il décida donc en 1982 de lancer une toute nouvelle marque, qu'il nomma d'après une idée de sa femme. Elle remarqua que certains mots revenaient souvent dans l'un des livres d'aventure maritime du romancier Joseph Conrad, que son mari aimait bien. Massimo décida de les associer pour donner naissance à Stone Island. Stone pour la ténacité de ce nouveau matériau et Island qui évoque la mer, le rêve de liberté et l'évasion de la routine quotidienne. Le logo de Stone Island représente d'ailleurs la rose des sables dessinée sur la boussole de son voilier, le guapa. Cette nouvelle marque sera tellement technique qu'elle permettra l'essor de ce que l'on nommera plus tard le Techwear. La première collection se composera uniquement de vêtements à base de telastella teints avec des couleurs très flashy. Malgré un budget publicité inexistant, cette collection trouvera instantanément son public, en rupture de stock en à peine 10 jours. Mais suite aux nombreuses copies de Tela Stella, Hostie développe le JJ23, un matériau plus épais et brillant à base de résine de PVC avec des finitions dans des couleurs plus contrastées. Ce tissu sera mis à l'honneur dans la quatrième collection de la marque avec des vestes inspirées des pêcheurs de la mer du Nord. Malheureusement trop sensible aux déchirures, le JJ23 sera abandonné et Massimo développera un nouveau matériau à partir de ce dernier. avec un aspect plus élégamment fini. Le rasso gomato. Alliance de coton et de satin inspiré d'un vêtement d'équitation anglais, ce tissu donne un vêtement imperméable sans qu'il soit rigide. Le rasso gomato est d'ailleurs le seul matériau qui ne perd pas sa brillance avec le garment de dyeing et est encore aujourd'hui produit par ITS Artea en exclusivité pour Stone Island. Toujours à la recherche de l'efficacité, une collection nommée No Seasons sera présentée en 1989. Son concept est simple. combiner divers tissus collés ensemble pour rendre les vêtements imperméables, légers et respirants, convenant donc à l'hiver comme à l'été. Chez Stone Island, Massimo Hosti poussera l'innovation textile à son paroxysme avec des vêtements thermosensibles, réfléchissants et ultra résistants. Pour l'anecdote, les vestes Stone Island étant parfaitement adaptées à la météo pluvieuse anglaise et permettant un certain anonymat avec leur capuche, elles seront très prisées des hooligans, ces supporters agressifs et provocateurs. Mais au lieu de condamner cette utilisation, la marque jouera de leur réputation pour devenir incontournable en Europe, quitte à être interdite dans de nombreux stades. Stone Island fera rayonner le nom de Massimo Osti dans toute la sphère du textile italien et dans celle de la mode à l'échelle mondiale. Selon le magazine italien Mondo Uomo, Massimo Osti était un géant de la mode moderne et ses habits les plus sophistiqués et intelligents d'Italie. Une reconnaissance qui lui ouvrira les portes du Reichstag en Allemagne afin de célébrer les 150 ans de la fabrication industrielle de tissus en 1987 lors d'une exposition de ses pièces les plus marquantes. A cette occasion, il sera même invité à organiser un défilé dans la citadelle de Spandau. Il accepta, mais avec ses propres règles. Une performance musicale et théâtrale avec des changements de tenue sur scène basés sur les sons du quotidien, les voitures, la mer ou encore le vent. Estimant que les défilés ne sont pas une façon appropriée de présenter des vêtements ayant demandé autant de recherches, ce sera le seul et unique qu'il organisera durant toute sa vie. Stone Island connaîtra un véritable succès dans le monde entier en habillant de nombreuses personnalités reconnues mondialement avec des vêtements techniques et fonctionnels reconnaissables grâce à cette petite étiquette brodée d'un logo de boussole porté sur le bras gauche. Et vous verrez que ce n'est pas anodin. Mais malgré le succès de toutes ces marques, la passion de Massimo Osti pour l'innovation textile coûte cher. Très cher. Tellement cher qu'en 1983, afin de pouvoir continuer ses recherches, il sera obligé de vendre l'entièreté de ses actions à Italiana Manifature qui les revendra l'année suivante au groupe textile GFT. Massimo abandonnera donc la gestion directe des entreprises pour se consacrer sur l'aspect créatif des produits, tout en restant leur président. Il quittera ses fonctions au sein de Sipi Company, Bonneville et Stone Island en janvier 1992, officiellement pour démarrer d'autres projets. Mais selon Lorenzo Osti, son fils, ce serait Carlo Rivetti, président de GFT, qui l'aurait évincé dû à des ambitions différentes et des tempéraments non compatibles. Bonneville sombrera avec son capitaine puisqu'elle fut rapidement abandonnée par le groupe pour se consacrer sur les deux autres marques. Après plus de 20 ans à révolutionner l'industrie de la mode, il aurait pu s'arrêter là, mais ce n'était pas dans sa nature. Maintenant libéré du groupe qui détenait ses marques historiques, il entame une nouvelle phase de sa carrière. Une phase plus intime, plus expérimentale, presque artisanale. Tout commence en 1993 avec Left Hand, clin d'œil au fait qu'il était gaucher. D'où le patch Stone Island sur le bras gauche. Pour la première fois, Hostie cassera ses propres codes en proposant une collection pour les femmes, même si elles n'ont pas attendu ce revirement pour porter les vêtements imaginés par Massimo. Un pari audacieux qui sera suivi par une ligne masculine. Comme toujours, il utilisera des tissus nouvellement développés avec des matières synthétiques qui vont des microfibres pressés au PVC thermocollé en passant par le polyuréthane. Le tout développé en exclusivité pour la marque par Massimo et toujours produit par ITS Artea. L'un des matériaux les plus remarquables développés par Massimo aussi pour Left End est sans aucun doute le ThermoJoint. Fusion du PVC et du coton, parfaitement imperméable et résistant à la vapeur, prétendant offrir une protection contre 80% des radiations nucléaires. Véritable symbole de l'influence de la menace nucléaire et de la guerre froide, ce matériau s'inscrira dans une volonté de créer des vêtements s'adaptant aux besoins d'une humanité en pleine mutation. Un matériau tellement imperméable qu'il est d'ailleurs impossible de le teindre avec la technique du garmand-dyeing. L'année suivante, en 1994, il lance Massimo Stiproduction avec un associé. Une ligne orientée haut de gamme, plus discrète et formelle, abandonnant les coupes amples des années 80 pour des formes plus ajustées. Toujours autant technique avec la réutilisation du rubberflax et des tissus thermosensibles ainsi que la création du techno wool, une laine collée à du jersey de nylon, pour plus d'isolation et de souplesse en rendant le vêtement indéformable. Les silhouettes changent, des couleurs sobres telles que le gris et le noir dominent les collections et les logos disparaissent à l'image de ce que l'on retrouvera plus tard avec des gammes comme garde-robe de Balenciaga. Comme beaucoup à l'époque, Hostis intéressera l'Asie, plus précisément la Corée du Sud, plus avancée technologiquement que la Chine, pour la production de ses vêtements. Non pas pour réduire les coûts comme les autres, mais bien pour échanger avec les employés des usines et en retenir l'excellence de la fabrication textile asiatique. Il lancera une collection capsule entièrement produite en Asie au sein de productions nommée Far East Project, dont les résultats l'ont tellement impressionné qu'il réitérera l'expérience avec une mini-collection No Seasons, comme ce qu'il avait pu faire avec Stone Island. Malgré un certain succès commercial, Massimo Hosti Productions s'arrêtera brusquement en 1997, lorsqu'il se rendit compte que son associé l'avait arnaqué. Deux ans plus tôt, il avait déjà entamé un nouveau chapitre avec ST95, pour Studio Technico 1995. Cette fois-ci, la cible est plus jeune, les vêtements sont moins rigides et plus colorés, notamment avec l'utilisation du garment dyeing dans une version plus accessible. Pour séduire ce nouveau public, Massimo s'associe même l'année suivante avec Superga, marque italienne de sneakers, autant d'une collection de vêtements. Mais c'est en 1998 qu'il pousse l'expérimentation plus loin que jamais avec OM Project. Digne héritier de la vision de Left Hand dans ce qui concerne la protection de l'être humain, Massimo utilisera dans ce projet des matériaux textiles développés à la base pour l'armée et l'industrie. Parmi eux, le Electric Jet, mélange de polyester et de cuivre à la fois résistant et antistatique, ou encore le Mac Defender, un textile en polyester et carbone capable de bloquer les champs électromagnétiques. En plus d'être ultra technique, chaque tissu de OM Project reçoit un traitement de résine de polyuréthane transparent appelé Safer. Ne modifiant pas l'aspect de la fibre, ce traitement lui donne un toucher plus précieux tout en augmentant sa durabilité, sa résistance et le rendant plus facile à nettoyer. Massimo avait même pensé à un futur magasin OM Project dans lequel les clients pourraient créer leurs propres vêtements à partir de pièces de base comme les manches ou le col. Reconnu comme un virtuose du vêtement technique, Levis viendra lui proposer en 1998 aussi une collaboration sur sa ligne de pantalon Dockers. En ayant carte blanche, Austin ne créa pas des pantalons, mais des véritables armures protégeant les jambes. C'est pourquoi il nommera cette ligne Equipments for Legs. Réversible hydrofuge résistant à la déchirure et au feu, rempli de poches ou respirant, bref, des pantalons ultra techniques faits pour les travailleurs dans des matériaux tout aussi techniques comme le Kevlar. Deux ans plus tard, Levis lui confiera sa ligne ICD pour Industrial Closing Division et sa version avancée ICD+. Considérés comme les prémices des vêtements intelligents, les pièces de ces gammes intégrant des technologies embarquées ont été vendues en quantité extrêmement limitée et à des prix très élevés. Le modèle le plus emblématique est sans aucun doute cette veste ICD Plus équipée d'un téléphone portable Nokia 5110, d'un kit main libre et d'un lecteur MP3 Philips intégré directement dans le textile via des systèmes de câblage dissimulés dans la doublure. Outre les technologies, certaines pièces ICD et ICD Plus étaient équipées du Protective Set. des renforts amovibles en polyéthylène expansé cachés dans des poches positionnées sur les zones vulnérables du corps humain, comme les coudes, la colonne vertébrale ou le buste. Son dernier projet en date se nomme Double Use. Lancée en 2003, cette collection de seulement 24 pièces composées de pulls en cachemire réversible et de vestes en laine bouillie représentait l'apogée de sa maîtrise de la teinture. Grâce à la tension particulière de tissage des fibres et la température du bain de teinture qui les compacte, les vêtements étaient extrêmement légers mais avec une densité élevée. augmentant ainsi la rétention de chaleur et rendant le matériau non thermo-rétractable, donc adapté à un lavage haute température. Un projet si peu exploité pour une raison que nous verrons juste après, que les images de vêtements double-use sont introuvables. Ultimes expérimentations textiles de Massimo Osti, la plupart de ses projets ont été jugés trop techniques et en avance sur leur temps par le grand public. Et sans réel soutien financier et stratégique, ils finiront tous peu à peu par être abandonnés. La vente de ces différentes marques et les échecs commerciaux de ces autres projets Merci. plongèrent Massimo Osti dans une profonde dépression au début des années 2000, le forçant à se retirer progressivement de l'industrie de la mode. Ce retrait marque la fin d'une période intense d'innovation durant laquelle il avait redéfini les standards de fonctionnalité, de matériaux et de traitement textile. Sa dépression se transformera peu à peu en tumeur et après deux ans de souffrance, le 6 juin 2005, Massimo Osti s'éteint à l'âge de 60 ans. Son décès passe presque inaperçu aux yeux du grand public et de l'industrie, comme si tous n'avaient pas encore pris pleinement conscience de l'importance de son travail. Ce n'est que bien plus tard que son génie sera véritablement salué à travers le respect d'une nouvelle génération de créateurs et de passionnés, conscients de l'héritage immense qu'il a laissé. Un héritage qui est aujourd'hui partout. Les marques qu'il a fondées, à commencer par Stone Island et Sipi Company, sont devenues des piliers du luxe technique, mêlant performance textile et esthétique pointue. D'abord marginale, ces maisons sont aujourd'hui portées par des stars, saluées par la critique, et devenues des références incontournables dans le paysage de la mode contemporaine. D'autres labels créés par Hostie comme Bonneville, Left Hand ou encore ST95 ont également connu une seconde vie, repris par des passionnés qui visent à perpétuer la vision singulière du maître italien. Mais au-delà des noms, c'est toute une approche du vêtement qui continue d'influencer les plus grandes marques d'aujourd'hui. Nike ACG ou encore Acronym reprennent les principes fondamentaux chers à Massimo. Technicité, fonctionnalité... et design utilitaire au service du quotidien. Et cette aventure ne s'est pas arrêtée avec lui. Ses enfants, Lorenzo et Agatha Osti, ainsi que son ex-femme Daniela Facinato, continuent de faire vivre cet héritage à travers leur marque Massimo Osti Studio et les archives de Massimo Osti, un véritable trésor qui conserve des centaines de vêtements et prototypes, ainsi que des dizaines de milliers d'échantillons de tissus. De simple graphiste publicitaire, Massimo Osti est devenu l'un des plus grands designers de l'histoire de la mode technique. Il a imposé une nouvelle grammaire du vêtement, loin des conventions et des tendances passagères. Là où d'autres auraient vu des erreurs, lui y voyait des pistes. Il a transformé ses échecs et ses expérimentations ratées en révolutions textiles. Toujours en quête d'innovation, au prix de la reconnaissance, il a su sublimer les matériaux les plus modestes et redéfinir les attentes des consommateurs. Aujourd'hui encore, ses créations inspirent. Il est à juste titre considéré comme le père du techwear et du sportswear moderne. Massimo n'était pas simplement un designer, c'était un inventeur, un visionnaire, un homme qui ne suivait pas la mode, il l'a redessiné. En retraçant son parcours, j'ai voulu lui rendre hommage, car trop peu, ça va à quel point il a changé les choses. Et si ses pièces continuent de me fasciner des années après, c'est peut-être parce qu'il n'a jamais cherché à faire du style, il a cherché à créer du sens. Merci monsieur Hostie. et merci à vous d'avoir partagé ce moment avec moi. Si cet épisode vous a plu et que vous souhaitez m'aider, n'hésitez pas à l'aimer, le commenter et le partager à toutes les personnes que ça pourrait intéresser. Et surtout, abonnez-vous pour ne pas rater le prochain.

Chapters

  • Massimo Osti

    00:00

  • Vie et Premiers Projets

    00:37

  • Chester Perry

    01:53

  • CP Company

    03:33

  • Boneville

    06:14

  • Stone Island

    07:05

  • La Chute

    11:31

  • L'Après

    12:18

  • Retrait et Héritage

    17:53

  • Hommage

    19:44

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