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#15 Valenciaga : entre architecture, drag et haute couture, le portrait d’une artiste visionnaire cover
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Des Habits et Vous - Le Podcast qui effeuille les looks des créatifs

#15 Valenciaga : entre architecture, drag et haute couture, le portrait d’une artiste visionnaire

#15 Valenciaga : entre architecture, drag et haute couture, le portrait d’une artiste visionnaire

1h10 |12/01/2025
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#15 Valenciaga : entre architecture, drag et haute couture, le portrait d’une artiste visionnaire

#15 Valenciaga : entre architecture, drag et haute couture, le portrait d’une artiste visionnaire

1h10 |12/01/2025
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Description

« Le drag, c’est bien plus qu’un art, c’est une manière de se réapproprier son identité et de repousser les limites des genres. » – Valenciaga


Valenciaga, artiste pluridisciplinaire et figure incontournable de la scène drag belge, nous invite dans son univers fait de résilience, de créativité et d’expression personnelle. Entre architecture, scénographie et performance, elle explore des territoires où l’art et l’identité se rencontrent.


Dans cet épisode de Des Habits et Vous, Valenciaga met en lumière son parcours unique et son rapport à la mode, au drag et à la non-binarité.


À travers ses anecdotes personnelles et ses réflexions, Valenciaga partage une vision inspirante de l’art comme outil de transformation.


Thématiques abordées :

  • Le parcours identitaire de Valenciaga : De Nick à Noah à Valenciaga, une évolution portée par la quête de soi.

  • Le drag comme libération : Une pratique artistique qui déconstruit les codes et amplifie la créativité.

  • La mode comme outil narratif : Le vêtement comme support pour raconter des histoires et affirmer sa vision.

  • Les défis familiaux : Entre tradition et acceptation, un équilibre délicat à trouver.


🎧 Écoute cet épisode et découvre l’histoire d’une artiste qui transforme ses défis en œuvres d’art.


Bonne écoute,

Samia


-


Ressources mentionnées dans l’épisode :

📌 RuPaul’s Drag Race : Émission emblématique qui a influencé Valenciaga et marqué son entrée dans le monde du drag.

📌 Drag Race Belgique : Émission de télévision où elle s’est fait connaître du grand public.


-

Vous pouvez retrouver Valenciaga :

🔗 Instagram : https://www.instagram.com/valenciaga_official/?hl=fr


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En attendant notre prochain rendez-vous, pense à t’abonner, à glisser 5 étoiles et à laisser un petit mot doux sur ta plateforme d’écoute favorite 💌


Envie de papoter et de découvrir les coulisses de DHV ? Viens me rejoindre sur Instagram à @samiabouhjar pour un petit aperçu de mon quotidien.


👗 Curieuse d’en savoir plus sur mon univers de Directrice Artistique, Styliste et Costumière pour la télé et le spectacle ? Fais un tour sur mon site : https://samiabouhjar.com


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Crédits :

Production & Présentation : Samia Bouhjar.

Montage et mixage : Alice des Belles Fréquences.

Consulting et coordination : Laëtitia, Podcast Manager.

Direction Artistique : Samia Bouhjar, Amélie Breuil et Jennifer Boruchowitch.

Musique originale de Maéva Fiston.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    T'habiller ou ne pas s'habiller, ça dit que t'es le plus beau de chaque personne. Déshabillez-vous.

  • Speaker #1

    H.V. Déshabillez-vous.

  • Speaker #0

    Quand t'es bien habillé, que tu te trouves frais ou fraîche quand tu te regardes, et ben en fait, ça te permet de sécréter des endorphines.

  • Speaker #1

    Déshabillez-vous.

  • Speaker #0

    Salut, moi c'est Samia Boujar et tu t'apprêtes à écouter Déshabillez-vous avec Valenciaga. Bonjour Valencia Gha.

  • Speaker #1

    Bonjour Samia.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Merci de m'avoir...

  • Speaker #0

    Invité ?

  • Speaker #1

    Invité, oui. Pardon. J'avais cru que c'était une phrase, merci de m'avoir. Non ?

  • Speaker #0

    En irlandais peut-être ?

  • Speaker #1

    Peut-être, je pense.

  • Speaker #0

    Alors c'est un épisode un peu particulier parce que, contrairement à d'habitude, j'ai un certain nombre d'informations que je peux aller glaner sur le net et autres. Là, ça va être un petit peu différent. C'est toi qui vas te... présenté au travers de quelques questions que je vais te poser. D'abord, Valenciaga, évidemment, ce n'est pas ton nom de la vraie vie. Non. Est-ce qu'on peut dire ton nom de la vraie vie ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Tu t'appelles Nick.

  • Speaker #1

    Ça a changé.

  • Speaker #0

    C'est vrai. On en parle ?

  • Speaker #1

    On peut en parler, oui. Ok.

  • Speaker #0

    Allez,

  • Speaker #1

    go. Très bien. Donc, mon nom de naissance est Nick. C'est un nom que j'ai reçu de mes parents, plus spécifiquement de ma mère, qui avait un frère qui est décédé au HIV. Et son nom était Dominique. et en fait le raccourci de son nom Dominique était Nick et donc j'ai reçu le nom Nick à la naissance. En grandissant, allant habiter à Gans, j'ai découvert d'autres gens qui s'identifiaient en tant que non-binaires, ce que j'ai commencé à faire aussi parce que ça allait plus dans mon genre et dans la manière laquelle je voulais me sentir dans la vie. Il y a déjà maintenant deux ans, je pense, j'ai changé de nom et j'utilise le nom Noah maintenant, qui est quelque chose de plus doux. qui est quelque chose de plus moi, qui représente aussi bien un non masculin que non féminin, avec un H à la fin.

  • Speaker #0

    Déjà, tu as mentionné quelque chose qui est intéressant pour mieux comprendre ton parcours et ce que tu fais aujourd'hui. Tu as parlé de non-binarité. En fait, nous deux, on s'est rencontrés sur le tournage de Drag Race saison

  • Speaker #1

    1. The first and the one. The OG one.

  • Speaker #0

    Et donc, moi, je... Je ne connaissais pas du tout le monde du drague. Je ne connaissais pas du tout, de vue, comme peut-être beaucoup de gens. Mais je n'avais aucune idée de ce qu'il y avait derrière par rapport, d'une part, aux gens. Donc vraiment l'aspect humain, l'aspect quotidien de cette communauté, ce qu'on peut dire cette communauté. Et puis, je n'avais aucune connaissance non plus de l'aspect créatif et performatif de ce qu'était le drague. Donc je l'ai découvert au travers de... de cette première expérience dans Drag Race. Et c'est là qu'on s'est rencontrés. Est-ce que tu peux un peu expliquer comment est-ce que toi, t'en es arrivé au drag ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai commencé il y a, je pense, 5-6 ans avec un collectif avec qui je travaille encore toujours ces jours-ci. Un peu moins, parce qu'on se voit moins, mais on est en train de planifier un show pour l'année prochaine. Revenir un peu, se retrouver aussi, puisque c'est des gens avec qui j'ai grandi. Enfin, j'ai... Je me suis rééduqué, on va dire, surtout dans la scène queer et dans le monde du drag. Je remercierai pour le reste de ma vie House of Lux, qui est une maison de drag à Gans. Et en fait, c'est un peu grâce à eux que j'ai commencé le drag, en ayant été à leurs soirées, en les ayant vus sur les réseaux sociaux. Et en fait, juste avec mon groupe d'amis, que j'appelle mon collectif aujourd'hui, on s'était dit, pourquoi pas essayer nous aussi de faire du drag ? Quelle est la description du drap ?

  • Speaker #0

    Parce que tu ne savais pas ce que c'était exactement. C'était quoi pour toi ? Ça représentait quoi pour toi à l'époque quand tu l'as découvert ? Comme moi, je me disais, c'est des hommes qui s'habillent en femmes de manière extravagante, en poussant les codes de la féminité, les différents codes de féminité à l'extrême. Et même là, il y a des nuances, tu vois, parce qu'il y a différents styles, il y a différents... Et puis, ça dépend aussi de quel genre de femme et quel état définit. Enfin, tu vois, c'est hyper large, ça apporte... énormément de questions. Donc moi, c'était ça pour moi au départ. Je me suis rendu compte que c'était bien plus complexe que ça. Mais pour toi, c'était quoi ? Pour toi, ça représentait quoi le drague avant que tu ne t'éduques à ça ?

  • Speaker #1

    En fait, je pense qu'en tant que jeune, avant même d'arriver à Gant, j'avais déjà vu Ropal's Drag Race US. C'est quelque chose que j'avais déjà vu à la télévision. Enfin, pas à la télévision, sur mon ordi, à ce moment-là. Parce que ça ne passe pas à la télévision.

  • Speaker #0

    Oui, mais tu vois là, par exemple, déjà ça, c'est déjà une démarche, ça demande déjà une démarche. particulière de ta part, t'avais quel âge ?

  • Speaker #1

    Je pense que la première fois que j'ai vu RuPaul's Drag Race c'était quand j'avais 19 ans peut-être 20 ans.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc t'étais déjà jeune adulte ? Oui.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    ok, ok.

  • Speaker #1

    Et simplement parce que mon identité queer n'était pas une conversation que j'avais à la maison, n'était pas une possibilité de conversation à la maison. Mon père est quelqu'un de très strict dans son éducation et donc m'a éduqué très... Carré, traditionnellement, en effet. Et donc, je pense que ce n'était pas vraiment quelque chose qui était à ma portée, en fait. C'était juste quelque chose que je ne connaissais pas. Et en tant que jeune qui a commencé à comprendre que j'étais différent des autres, j'ai commencé à m'éduquer en regardant sur les réseaux sociaux, en regardant sur l'Internet, voir ce qu'il y a dans le monde, en fait. Merci, bye. Quand on est seul, on se sent vraiment seul et on ne sait pas à qui parler. C'est un gros secret, en gros. Et donc, arriver à pouvoir se libérer en regardant justement... Moi, tout au début, c'était vraiment des hommes qui représentaient la féminité au maximum. C'était vraiment libérateur, en fait, parce que je voyais justement qu'il y avait autre chose que les codes que j'avais appris. Et du coup, je me disais, bon, ça veut dire qu'en fait, je ne suis vraiment pas tout seul. Ça fait plaisir de savoir... qu'autre part dans le monde, il y a des gens qui arrivent à être 100% eux-mêmes et dans un futur, du coup, à ce moment-là, je me voyais aussi pouvoir être moi-même par après. Pas forcément chez mes parents, mais donc par après. Et donc, ça, c'était la première fois que j'ai vu ça.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que, quand tu te dis être toi-même, est-ce que tu envisageais, est-ce que tu voyais les performances drag ? Je ne sais pas si j'utilise les bons termes, mais n'hésite pas à me reprendre. Comme quelque chose que tu avais envie de faire, comme un métier ?

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    ou quelque chose dans lequel tu t'identifiais même au quotidien c'est-à-dire que tu arrivais à imaginer en faisant abstraction évidemment de ton éducation et des codes sociaux auxquels on est tous soumis de dire en fait moi si j'ai envie un jour de sortir avec une perruque verte et un maquillage à la limite de l'outrance je pourrais le faire, je me vois bien vivre comme ça et sortir de chez moi comme ça le matin Moi c'était un peu ça en fait en voyant

  • Speaker #1

    Rupert's Drag Race US Pour moi, c'était vraiment l'idée de me dire Ah, mais si un jour, dans le futur, où j'habite tout seul, je veux sortir en crop top, je vais sortir en crop top. Je ne pensais pas forcément encore à une perruque ou à du maquillage, parce que ça, ça allait déjà une étape un peu plus loin, qui étaient des codes très féminins et auxquels j'étais encore ancrée, on va dire. Mais juste pouvoir me libérer d'un... d'un sweater et d'un pantalon oversize pour cacher mon corps parce que je me faisais bully à l'école limite à 24. Donc c'était vraiment quelque chose qui m'avait encadré dans une sorte de prison où je ne comprenais pas qu'il y avait quelque chose de plus que je vivais à ce moment-là. Le drag, ça a été un peu libérateur en fait. Ça m'a poussé à me dire There's a future and it's possible mais ce sera plus tard. Et ce sera OK. OK.

  • Speaker #0

    Voilà. Et t'as fait quoi comme études ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai toujours fait des études d'art. Ça, c'est un peu ma mère qui m'a poussé à me dire que c'était OK de faire de l'art, surtout envers mon père. Ma mère a toujours été là, en fait. J'ai une soeur aussi. Et en fait, ma mère a toujours été la personne entre les enfants et mon père. Mon père, c'est une personne qui est très carré, qui a des idées très carrées, on va dire. Et ma mère a toujours été, en effet, le tampon entre nous qui voulait faire tout et rien. Et mon père qui disait genre, faire du cheval, c'est pour les filles. Faire du karaté, c'est pour les hommes. Ça, c'était mon éducation, on va dire. Ma mère m'a dit, enfin, a parlé à mon père pour dire, bon, laissons faire les études d'artistique. Noah va arriver à faire ça, ça va aller. Et j'ai pu faire ça pendant toute ma secondaire.

  • Speaker #0

    Et t'as voulu, c'était ce que tu voulais faire ?

  • Speaker #1

    Oui. vraiment. C'était en fait une direction artistique globale. Je faisais de la peinture, du dessin, de la sculpture, de la photographie. Il y avait vraiment de tout qui s'appropriait à l'art, on va dire. Et une fois arrivé en sixième, j'ai trouvé une option pour l'espérière. Et là, ma mère m'a dit, si tu veux continuer en art, tu peux, mais je vais te donner deux options. Et je me suis dit, ah !

  • Speaker #0

    C'est trash quand même. C'est vraiment une éducation très cadrée par les parents, les choix orientés. par les parents.

  • Speaker #1

    Voilà. OK. Après, d'un côté, je les remercie parce que je pense que ça m'a vraiment appris aussi, comment on dit ?

  • Speaker #0

    La rigueur ?

  • Speaker #1

    Oui. Et être très bosseur, être très persévérant, en effet. Et quand j'ai un goal dans la vie, je vais pour atteindre le goal. C'est vraiment... Mon headspace a toujours été en mode travail, travail, travail. OK. Et je pense qu'aujourd'hui, ça se voit aussi que... Ma manière de travailler fait en sorte que j'arrive à avoir ce que je veux parce que je mets justement un objectif sur ce que je veux. Mais donc, les deux options étaient ou mode ou architecture intérieure.

  • Speaker #0

    J'ai quand même un truc qui me vient à l'esprit parce que j'imagine plus ou moins l'âge que tu as. Donc, l'âge de ta maman. Est-ce que... Elle n'a pas fait de la projection un peu sur toi.

  • Speaker #1

    D'un côté aussi, petite anecdote, son frère, qui est donc décédé dans les années 90, a étudié l'architecture intérieure.

  • Speaker #0

    Donc en fait, il y a un espèce de truc derrière. Ça peut être vu de manière un peu glauque, mais moi, je trouve ça joli.

  • Speaker #1

    Moi, je trouve ça hyper proche. Moi,

  • Speaker #0

    je trouve ça joli. Oui, c'est ça, j'y vois quelque chose d'assez...

  • Speaker #1

    Je connais aussi encore les amis de mon oncle, qui sont très bons amis avec ma maman. que je vois genre une à deux fois par an. Ils habitent à Bruges. Juste après avoir lancé Drag Race à la télévision, ils ont commencé à regarder. J'ai télévisité avec ma maman et on dit, c'est dingue. Et j'en ai encore les frissons quand j'y pense, mais c'est dingue comment on voit Dominique à la télévision. Et là, je me suis dit, en fait, c'est tout ce que je voulais avoir. Je voulais, moi, genre, quand j'ai appris qu'il était gay, qu'il est décédé du VIH, qu'il a fait l'architecture intérieure. qu'il faisait du drague cabaret ici à Bruxelles. Pour moi, ça a été vraiment genre...

  • Speaker #0

    Encore plus un feu vert.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je ne t'ai pas dit que c'était une épreuve.

  • Speaker #1

    Un feu vert. Pour moi, c'était un... Voilà, en fait, je peux continuer ce qu'il n'a, lui, pas pu continuer.

  • Speaker #0

    C'est un signe, quoi. Comme toi, tu avais pris la relève de la vie qu'il était en train de construire et qui a été interrompue.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, ce qui est beau aussi, c'est ma grand-mère me l'a expliqué quand elle vivait encore. Malheureusement, elle ne vit plus aujourd'hui, mais elle habitait à Bruges. et donc son fils, mon oncle, habité ici à Bruxelles, faisait du drague ici. Et quand il faisait un show, elle venait de Bruges en train pour le visiter, pour voir ce qu'il faisait. Et en fait, c'est exactement ce que ma mère fait maintenant. Aujourd'hui, on est jeudi. Demain, on est vendredi. J'ai un show à The Agenda. Ma maman vient.

  • Speaker #0

    C'est trop bien.

  • Speaker #1

    En train.

  • Speaker #0

    Mais ton père pas ?

  • Speaker #1

    Mais mon père pas. Mes parents sont séparés. Ah ok,

  • Speaker #0

    donc ils sont séparés.

  • Speaker #1

    Mais du coup, mon père ne veut pas forcément savoir ce que je fais. D'accord. Je lui ai dit aussi, quand j'ai fait Drag Race, je ne voulais pas qu'il tombe sur moi à la télévision en mode, mais qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi je vois mon fils ? C'est bizarre.

  • Speaker #0

    Mais ils avaient déjà connaissance, ta maman, donc j'imagine déjà, oui, de ta nombre d'arités, de par le fait que tu as commencé les études, j'imagine qu'en école d'art, tu as aussi exprimé d'un point de vue vestimentaire et esthétique un peu plus...

  • Speaker #1

    Pas forcément. Parce que du coup, j'ai choisi pour l'architecture en arrière. Pour reprendre sur cette petite anecdote. Donc j'ai choisi architecte. sur l'intérieur parce que mon père m'a poussé un peu dans ce métier-là parce que c'était un métier plus pour les garçons.

  • Speaker #0

    Tu voulais peut-être l'aider quand même à lui aussi.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, je pense que depuis que je suis jeune, j'ai toujours voulu me pousser moi aussi à faire mieux pour pouvoir lui prouver que j'étais pas un beau à rien. Parce que j'ai toujours vu qu'avec ma soeur, elle était très hyped avec tout ce qu'elle faisait et j'étais l'enfant gay qui ne pouvait pas être fier parce que j'étais différent. Donc je me suis toujours poussé à prouver que j'avais autant de valeur que ma sœur, qui est genre pas ok du tout en éducation parce que il ne pourrait pas y avoir de compétition. Mais ça m'a poussé à travailler, à trouver une force en moi aussi, à vouloir faire ce que je fais. Donc, en architecte intérieur, j'ai toujours habité en noir. Ça ne change pas. Dans la vraie vie,

  • Speaker #0

    en dehors de la scène, tu es toujours en noir ?

  • Speaker #1

    Toujours en noir ou en gris ou en des couleurs très foncées. C'est juste parce qu'en tant que personne, en dehors de ma personne drague, en fait, je veux pousser mon art à montrer ce que je fais sur la scène.

  • Speaker #0

    Pourquoi est-ce que ça t'empêcherait de porter du rose aussi dans la vie ?

  • Speaker #1

    Je n'en ai pas une envie, je n'en ai pas un besoin.

  • Speaker #0

    C'est marrant, on revient toujours. Je crois que dans tous mes épisodes, on parle du noir, des gens qui portent du noir. Après, bon. Je discute qu'avec des gens qui sont des créatifs. Et c'est vrai que cette théorie est ressortie déjà quelques fois. On s'habille en noir quand on est un créatif pour laisser de la place, soit au personnage, si on en est un, on en a un, soit à la création elle-même. Parce que si tu portes trop de choses sur toi, que tu montres sur toi, c'est comme si tu amputais ta production créative, quelle qu'elle soit. justement de fantaisie et de créativité. Toi, c'est comme ça que tu vis.

  • Speaker #1

    En fait, ça m'a été appris en architecture intérieure. En architecture intérieure, les profs nous disaient toujours, à partir de la première année, vous allez apprendre à vous habiller en noir aussi pour justement pousser votre projet plus en avant que vous. Le projet est plus important, vous n'êtes pas important. Donc en fait, dans ma vie pro-drag, c'est encore toujours pareil. J'essaie de garder Noah à l'arrière. en tant que manager de la vie de tous les jours, pouvoir pousser Valensaga juste vers le front, la lumière, et dire voilà. pas que je ne veux pas être pailleté j'adore les paillettes on ne va pas en parler je préfère que ce soit Valensaga qui porte les paillettes qui porte les pépés qui porte le make-up qu'elle veut et comme ça moi je peux juste manager la

  • Speaker #0

    vision qu'elle doit avoir c'est fou parce que là tu viens de me donner tu viens de m'envoyer une image de chef d'entreprise de manager et que et que Valenciaga, Valenciaga, c'est ton entreprise, c'est ton projet, c'est ta boîte, c'est ton produit.

  • Speaker #1

    Vraiment.

  • Speaker #0

    Ok, donc études en architecture d'intérieur terminées ?

  • Speaker #1

    Oui. Waouh ! Bachelier, master en scénographie.

  • Speaker #0

    Est-ce que quand tu as commencé les études en architecture d'intérieur, tu avais envisagé que ça pourrait être utile dans cette vie que tu avais déjà ? J'imagine que tu avais un endroit dans ta tête où tu construisais déjà cette vie. C'est cool. Non, même pas ? Non. T'as vraiment procédé étape par étape ? Oui. Une chose à la fois ?

  • Speaker #1

    Oui, mais je suis vierge.

  • Speaker #0

    Ça veut dire quoi ?

  • Speaker #1

    C'est mon style astro.

  • Speaker #0

    Ouais, mais ça veut dire ?

  • Speaker #1

    Je travaille par étapes. Une fois une étape passée, je peux commencer à l'approcher. Ok.

  • Speaker #0

    Je ne savais pas que c'était une caractéristique des vierges.

  • Speaker #1

    Je fais des listes pour tout. Ok. J'ai genre des listes partout chez moi à la maison.

  • Speaker #0

    Mais tu fais un truc à la fois ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas vierge, je suis poisson, mais je fais aussi des listes.

  • Speaker #1

    Je n'arrive pas à faire genre...

  • Speaker #0

    Des trucs en même temps.

  • Speaker #1

    Des trucs en même temps, je ne sais pas. Si j'y arrive, mais je sais qu'il y aura un truc où je me concentre énormément dessus qui sera nickel. Et comme l'idée que j'avais en tête, les autres seront un peu plus en mode... Ok. Voilà, on verra.

  • Speaker #0

    Donc il y a quand même une idée de précision alors que tu as acquis au travers de tes études. Et tu as bossé après en archi ou non ? Pas du tout.

  • Speaker #1

    J'ai fait un stage en architecture intérieure. Puis après, j'ai commencé mes études de scénographie. ici à Bruxelles. Après mes études de scénographie, j'ai encore fait un an d'art visuel. Je ne me voyais pas du tout commencer à travailler. Il fallait que je reste à Bruxelles pour devenir scénographe. Et je n'avais plus les thunes. J'ai dû partir. Retourner à la maison, je ne sais pas. Je me suis dit que je vais juste reprendre un bachelier en art plastique pour pouvoir continuer à travailler sur mes propres projets. Qui étaient ? Des projets de scéno, en fait, de mise en scène d'objets. Car durant mes études de scénographie, j'ai travaillé énormément sur des courts-métrages pour des étudiants à Loire-la-Neuve. Et donc, j'étais la plupart du temps chef de déco. Et j'amenais en fait plein d'objets que j'avais trouvés au jeu de balle ou chez moi à la maison. Ça venait un peu de partout, on va dire. Et donc, après avoir fini ces études-là, en arts plastiques, j'ai voulu... créer des mises en scène avec les objets que j'avais pu garder. Des éco-métrages que tu avais fait.

  • Speaker #0

    Mais tu avais déjà une idée, un projet ? Non,

  • Speaker #1

    pas du tout.

  • Speaker #0

    Tu te laissais porter parce que tu avais envie de faire et d'apprendre à faire.

  • Speaker #1

    Et en fait, durant cette année-là, j'ai que reçu des commentaires négatifs des profs qui me disaient, ah mais c'est pas bien, c'est pas intéressant. Je leur disais, oui, mais qu'est-ce qui n'est pas intéressant ou qu'est-ce qui n'est pas bien ? Parce que, pas bien, genre, c'est...

  • Speaker #0

    Oui, il faut que ce soit constructif.

  • Speaker #1

    C'est beau, mais... quelle est la définition de beau au final ? Et il me dit, ah non, je ne sais pas, mais ce n'est pas ça. Et donc moi, durant une année, j'ai juste fait des mises en scène que j'ai photographiées, que j'ai vidéographées, que j'ai même pris en son parce que ça pourrait être intéressant aussi. J'ai vraiment essayé de faire de tout pour au final, en fin d'année, avoir une grande expo. Donc j'avais juste amené mes objets favoris que j'avais mis en place. Avec des photos, avec de l'audio, avec un peu de tout. Mais par contre, pour faire partir toute l'expo, je n'étais pas là parce que j'étais en tournage d'un court-métrage d'étudiants à Ausha à Neuve. Et donc, j'avais demandé à mes éco-étudiants de faire partir...

  • Speaker #0

    De démonter ton expo.

  • Speaker #1

    De démonter l'expo, qu'ils n'ont pas fait. Et du coup, en fait, comme c'est resté dans l'espace, les gens qui voyaient les objets ont juste pris les objets.

  • Speaker #0

    Mais non !

  • Speaker #1

    Et donc, j'ai perdu pas mal d'objets. que j'ai collectionnées quand même pendant quelques années, des objets que j'ai hérités de mes grands-parents. Il y avait quand même des objets auxquels je me disais C'est dommage de perdre ça, mais c'est un peu ma faute aussi, j'aurais dû être là. Donc d'un côté, j'étais en mode Mais d'autre côté, c'est ma faute. Ma dernière expo de fin d'année, que je devais présenter à un jury externe, a été des posters. de photos et de croquis des objets que j'avais perdus avec en dessous de l'affiche des petites feuilles qu'on peut tirer.

  • Speaker #0

    Si vous les retrouvez.

  • Speaker #1

    Envoyez-moi un mail. Par objet, j'avais créé une adresse mail. C'était lostcarpet at hotmail.com lostface at hotmail.com Et comme ça, tout objet avait une adresse mail. Donc ça, ça a pendu dans les couloirs de l'école pendant je pense un mois. Et après un mois, j'ai collectionné tous les mails que j'ai reçus.

  • Speaker #0

    Ah, parce que les gens t'ont répondu ? Oui. Et t'as retrouvé des objets ?

  • Speaker #1

    Non. Ah, ok. Enfin, si. Un objet. Ok. Un objet principal. Un tapis. Ok. Un tapis de la Tunisie que j'avais reçu de ma grand-mère. Ok. C'est un tapis, enfin, tu connais les tâches. Ouais,

  • Speaker #0

    qui est à la main.

  • Speaker #1

    C'est hyper unique, genre. Ouais. Un truc que tu vois, t'es en mode genre, non, je peux pas faire ça. Le truc, c'est que je l'ai pas retrouvé grâce aux mails. J'étais en train de chercher une colocation. Je suis arrivé dans une coloc. Et là, je le vois au sol. Je vois le tapis. Je me fais... Mais non ! Vous avez eu ce tapis d'où ? La fille me fait, je ne sais pas, c'est un des colocs qui a ramené ça un jour. Je me dis, est-ce que je peux juste checker derrière ? Parce que je pense que c'est bien. Ce serait bizarre. Je lui dis, mais ton coloc, il est en quelle option ? Elle me dit l'option. Je fais, c'est vrai, je n'ai pas cours avec eux. Mais je check quand même. Et en effet, c'était mon tapis. Ah oui,

  • Speaker #0

    puisque l'expo...

  • Speaker #1

    Voilà ! mais du coup j'ai retrouvé le tapis pas grâce aux mails parce que les mails c'était genre des mails ridicules c'était des mails en mode genre ah courage j'espère que tu as trouvé un truc c'est des mails très cute et très memes mais pas forcément qui me donnent des infos mais par contre ça fait un un bouc de mails quand même même les mails ridicules en mode ceci est une piste anonyme il faudrait que tu ailles voir dans les coins genre c'était n'importe quoi mais hilarant c'est vraiment J'étais en train de lire une histoire, j'ai l'impression, de où est-ce que l'objet pourrait se trouver. Moi, je trouvais ça assez marrant. Donc, j'ai donné ça au jury externe. J'ai dit, en fait, je n'ai rien à vous montrer. Juste une balade avec des mails à vous lire, à faire lire. That's it. J'ai reçu une note de 90% à mon jury, parce qu'en fait, ça les a plu. Et là, j'ai été voir les profs et je leur ai dit, mais pourquoi vous me faites passer maintenant avec 90% alors que durant toute l'année, vous m'avez dit que c'était de la merde ce que je faisais. Ils m'ont dit... C'est un projet tellement intéressant. C'est ça qu'on voulait devoir faire. Et là, j'aurais dit, en fait, vous savez quoi ? J'en ai plus rien à foutre. J'arrête. Moi, j'arrête. Et genre, en fait,

  • Speaker #0

    j'étais tellement démotivée. Pour faire des trucs qui sont faits sans... Parce que pour le même prix, t'aurais pu justement ne pas réussir. Là, c'est juste que tu t'es dit, bon ben, même si c'est nul, je vais continuer. Parce que j'imagine ta manière de faire, de jamais lâcher. Je continue l'année, je fais avec ce que j'ai sous la main.

  • Speaker #1

    Et donc, arriver à ça, et reçoir une très bonne note, et me dire que je passe en troisième année, parce que du coup, en fait, mon bachelier, comme j'avais déjà fait un bachelier, un master, je pouvais commencer en deuxième. J'étais en mode, ça ne sert à rien, en fait. C'est juste pour être avec des profs l'année prochaine, les mêmes, qui me diront, genre, c'est nul, ce que tu fais.

  • Speaker #0

    Mais à la fin de l'année,

  • Speaker #1

    me faire passer, j'étais en mode, genre,

  • Speaker #0

    laisse tomber. Tu n'avais pas l'impression d'apprendre des choses ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. J'avais plus appris, moi. à avoir une éthique de travail conséquente qu'avoir vraiment appris à ce qui peut être l'art moderne ou l'art plastique en général.

  • Speaker #0

    Comment développer un concept. Tu as fait ça dans quelle école ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est au CASC. Je ne connais pas. C'est à Gans. C'est une école très réputée qui ne prend pas beaucoup d'élèves, qui n'admet pas beaucoup d'élèves. Ils sont très élitistes un peu, oui.

  • Speaker #0

    Archite intérieur, diplôme. Scénographie, diplôme. Art Plastique t'a tenté, t'as vu que tu savais faire et que en fait... Est-ce qu'il y a un moment où tu commences vraiment à créer ? À quel moment t'as fait connaissance avec Valenciaga ? Je sais pas si t'as fait connaissance avec elle ou si tu l'as créée, tu lui as donné naissance. Comment ça s'est passé ?

  • Speaker #1

    Alors ça, ça a été assez bizarre, on va dire, dans le sens où après mes études, en fait, je suis resté à Gans. J'ai décidé de... reprendre mes amitiés que j'avais en secondaire parce que mes amis de secondaire à court trait ont tous déménagé à Gans pour étudier à Gans. Donc j'ai pendant mes années à tourner Saint-Luc-Tournay et Saint-Luc-Bruxelles j'ai un peu perdu cette connexion avec eux et donc je l'ai reprise en étant au casque à Gans. J'ai décidé d'aller vivre avec une de mes meilleures amies que je connais à ce jour-ci depuis 16 ans. Ok. 17 ans, un truc du genre. On était en fait avec elle dans une maison pas énorme, mais assez grande pour nous deux. Une personne queer aussi. Ça m'a en fait... ouvert encore plus l'esprit ou le mindset de en fait, il n'y a pas que des garçons et des filles dans le monde. Il y a genre plus que ça. Tu peux être n'importe qui, en fait. Il faut trouver la personne que tu veux être et être dévoué, en fait, à ce que tu veux devenir. C'était un peu ce que j'ai appris d'elle, on va dire. Parce qu'en vivant avec elle, elle voyait que ça n'allait pas tout le temps. Au moment où j'étudiais à... au casque, j'ai entraîné une relation romantique avec une personne qui n'était pas forcément la meilleure personne, assez toxique aussi pour moi. Je sortais beaucoup, c'était aussi les premières fois où je commençais à boire plus, donc j'arrivais dans une vie pas forcément saine. Et donc pouvoir rentrer à la maison et être avec elle, et elle qui est une vierge aussi, parce que presque tous mes amis sont vierges, c'est ouf. On a toujours les meilleurs conseils. Par contre, on ne les suit jamais.

  • Speaker #0

    Donc, vous donnez toujours les meilleurs conseils, mais vous ne les suivez jamais vous-même. Non,

  • Speaker #1

    voilà. Voilà,

  • Speaker #0

    des gens font ça. Oui,

  • Speaker #1

    voilà. Mais donc, elle me donnait les meilleurs conseils, je lui donnais les meilleurs conseils. Par contre, elle n'allait pas suivre ses propres conseils et je ne suivais pas mes propres conseils. Ce n'est pas grave. On s'entendait bien, ça fonctionnait bien. Et donc, on a vécu quand même trois ans ensemble à Caen. On s'est quittés. On s'entend encore toujours bien. On s'adore, on se voit régulièrement et tout. Mais on s'est quittés l'année après le Covid. Parce qu'on avait besoin de se retrouver tout seul, chacun de notre côté. Et en fait, c'est un peu l'année juste avant le Covid que j'ai commencé à faire du drag, que j'ai commencé à être plus proche de nos amis en commun que j'avais avec Eva.

  • Speaker #0

    Eva fréquentait déjà le... Oui,

  • Speaker #1

    le milieu cuir en fait à Gans. Dans lequel il y avait des drags. Voilà. Mes amis qui n'avaient pas encore commencé le drag, en fait, on était intrigués par aussi la scène drag. On le voyait à la télévision, mais on le voyait en vrai aussi. Et du coup, on se dit genre, c'est un moment à aller voir aussi le drague dans notre ville, qui est gant à ce moment-là. Parce que justement, ça nous ouvre encore plus l'esprit sur ce qu'on voit à la télévision. Ce n'est pas forcément ce qu'on voit en vraie vie.

  • Speaker #0

    Oui, de comparer les deux.

  • Speaker #1

    Voilà, comparer les deux. Et donc, en ayant vu les shows en vrai, en ayant vu ce qui se passe à la télévision, ça nous a un peu posé des questions. Est-ce qu'on veut faire ça aussi ? Est-ce qu'on veut le tenter ? Comment on dit d'une chose à l'autre ?

  • Speaker #0

    De fil en aiguille.

  • Speaker #1

    De fil en aiguille, voilà. On est arrivé à s'acheter du fond de teint, à s'acheter du crayon noir, à s'acheter des trucs basiques pour essayer des make-up. Basiques aussi, on ne s'y connaissait pas encore. On avait des références. Et tu sais, genre le truc, le mime où est-ce qu'on dit ce que tu achètes en ligne, ce que tu reçois ? Oui. C'était vraiment ça. Genre la référence et moi après. Une petite merde qui se pense être star. Mais c'est bien parce que justement, ça crée la tissu aussi, ça crée le personnage, ça crée l'idée de ce que tu veux rendre en vraie vie. Et pour moi, personnellement, j'ai toujours été intéressé dans la mode. Un peu l'option que je n'ai jamais pu faire de mon père. Parce que ça chauffe bien un peu.

  • Speaker #0

    C'est bien, tu fais une super transition que j'allais te dire.

  • Speaker #1

    Le nom. Très fashion, quelque chose qui m'a toujours intéressé. De base, Valencia Khan n'allait jamais naître. Ce n'est pas le nom premier que j'avais choisi.

  • Speaker #0

    Attends, parce que là, je suis en train de me dire. Tu as toujours... aimer la mode. Mais tu t'habillais toujours en noir. Puisque tu as commencé tes études comme jeune adulte et on t'a dit, tu gommes tout ce qui est...

  • Speaker #1

    Personnalité.

  • Speaker #0

    Personnalité, carrément ?

  • Speaker #1

    Oui, pour pouvoir mettre la personnalité dans le projet.

  • Speaker #0

    Dans tes projets.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Donc ça veut dire que tout ça mijotait quand même quelque part dans ta tête. C'est pas possible que t'aies pas un endroit...

  • Speaker #1

    D'office. J'étais pas conscient. En fait, c'est con, mais c'est peut-être poétique aussi. en prenant le premier pinceau pour me maquiller. Ça a été un peu la clé qui a libéré cette inconscience.

  • Speaker #0

    Tout ce monde que tu avais déjà commencé à créer, finalement, inconsciemment. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est trop mignon. En fait, j'avais juste besoin du bon outil. Alors que ça fait déjà des années que j'utilise des outils d'art. Oui,

  • Speaker #0

    des pinceaux pour peindre sur des toiles, j'imagine, quand tu fais des maquettes.

  • Speaker #1

    Voilà, mais pas sur le visage. Et genre, un pinceau visage, c'est tellement différent qu'un pinceau peinture que je pense que ça, ça a été vraiment la... clé qui m'a ouvert la tête en mode, mais c'est ça en fait que je veux faire. C'est ça que je veux pouvoir créer.

  • Speaker #0

    Alors que j'imagine que tu ressemblais à un petit garçon de 6 ans qui avait piqué le make-up de sa mère.

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. C'est parce que... Pire ! Maman ! En fait, j'avais l'outil, mais j'avais pas encore...

  • Speaker #0

    le savoir-faire. Et à ce moment-là, je me disais, genre, je suis une personne non-binaire, j'ai envie de jouer avec les codes masculin-féminin, du coup, je vais laisser ma moustache. Pire décision de ma vie. Valensaga avec une moustache ? Peut-être une moustache hyper esthétique, mais la moustache, genre, comme je l'ai aujourd'hui, ça va, c'est pas du tout. C'était horrible, horrible. Et donc, ça a évolué de moi qui gardais ma moustache à me dire, genre, non, en fait, je pense que je vais la faire partir.

  • Speaker #1

    Mais tu faisais quoi ? Donc, tu te maquillais. Est-ce que tu t'habillais aussi ? Et puis tu faisais quoi ? Les premiers trucs, je ne sais plus avec qui j'ai discuté. Justement, quand j'ai fait la première saison de Drag Race, cette personne m'expliquait que les toutes premières fois, c'est juste chez toi, dans ta chambre, dans ta salle de bain. Toi, c'était comment ?

  • Speaker #0

    Moi, c'est sortir. Alors, je t'explique la première image de nous qu'ils ont quand ça, nous maquillés. C'était en été. Il était, je pense, fin juin, début juillet, avec... avec d'autres personnes qui font du drague qui s'appellent Krasna et Beau Butler et Marty, qui font partie de mon collectif. On est installés dehors, sur le pas de la porte. Le trottoir ? Le trottoir, voilà. Avec un grand néon en plein milieu de nous, sur un tapis. Tout le monde avec un miroir et genre son make-up.

  • Speaker #1

    Pourquoi pas à l'intérieur ?

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, il n'y avait pas assez de place pour nous mettre tout ça à l'intérieur. Parce que la maison était petite. Et comme ma chambre était petite, la chambre d'Eva était petite, la salle à manger était très petite aussi. Tu rentres, tu avais vu sur la cuisine directe. C'est vraiment une toute petite maison. Et donc, en fait, on s'est dit, il fait chaud, c'est été, il ne va pas pleuvoir aujourd'hui.

  • Speaker #1

    C'est trop bien. Et vous n'êtes pas dit, ouais, c'est genre... Parce que moi, je me dis, déjà, parfois, quand j'essaye juste un nouveau look ou des nouveaux vêtements, je fais partie de ceux qui aiment bien faire ça tout seul, tu sais, dans un coin comme ça. De ne pas partager le potentiel ridicule.

  • Speaker #0

    Oui. Tu vois ? Je ne pense pas qu'on pensait à ça à ce moment-là. On était plus en mode, on est un petit groupe, on veut s'amuser. On est ensemble. Et le but, c'est de sortir après en boîte, aller voir des shows drag de House of Luxe et juste s'amuser. Et donc, en gros, on se maquillait, on essayait des trucs. On a été chercher nos premières pericostes ensemble. C'est des trucs assez marrants, on va dire, qui se sont mis en place. J'aurais dû ramener cette photo, franchement. J'ai une photo.

  • Speaker #1

    Envoie-la moi.

  • Speaker #0

    Je vais essayer de la retrouver, par contre.

  • Speaker #1

    Tu retrouves quelque chose d'archive.

  • Speaker #0

    C'est marrant de nous voir comme ça sur le trottoir. En fait, vraiment, faire le trottoir, mais genre, pas de la manière où est-ce qu'on pense, mais c'est hilarant parce que, tu vois, genre, quatre gens qui essayent le drag pour la première fois et qui savent pas trop comment, mais c'est pas grave, on s'amuse. Tant que l'œil est bien noir, que la bouche est bien rouge et qu'on a un peu de contour, un peu fort le contour, qui fait une couleur très efféminée, ce qu'on pensait être efféminé, ça passe. Et donc, les habits, c'était du seconde main, friperie, les talons trop petits qui nous niquaient les doigts de pied, mais c'est pas grave, on y allait.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous ne saviez pas encore où est-ce qu'on trouve les magasins avec des chaussures à talons en 43,

  • Speaker #0

    44 ? Voilà, c'est ça. Et donc, on sortait comme ça. C'était pas loin de la porte non plus, donc c'était assez marrant.

  • Speaker #1

    Et là, à ce moment-là, Valencia Gaye n'est toujours pas là.

  • Speaker #0

    Non, pas encore. À ce moment-là, c'est encore Coton. Coton ? Voilà.

  • Speaker #1

    C'est mignon,

  • Speaker #0

    Coton. Le nom très mime.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Qui n'a rien à voir avec le personnage d'aujourd'hui, mais peut-être au fond quand même.

  • Speaker #1

    Oui, parce que Valencia Gaye a un côté quand même très gentil.

  • Speaker #0

    Oui. Et très doux. Voilà. Et en fait, à ce moment-là, je travaillais dans le Scotch & Soda à Gans. J'étais en train de chercher un nom de scène et c'est en pliant des habits. dans le magasin, que soudain, je vois sur le label coton Et là, je me suis dit c'est basique, mais c'est cute, parce que du coton, il y a dans tout, en fait. Pas dans le bienthétique, mais je veux dire, la plupart du temps, c'est du coton. Donc, je pense que je suis allée pour le coton. Je pense que ça s'est resté pendant un mois. Donc, à chaque fois que je sortais, je me présentais un temps le coton. Et je voyais genre les gens me regarder en mode elle est pas sérieuse ? Ok, si tu veux, genre, fais-toi plaître. Pas grave, tu vois.

  • Speaker #1

    Les noms de scènes drag ont souvent... Une référence ou un jeu de mots. Quelque chose comme ça. Là, il n'y en a pas.

  • Speaker #0

    Pas du tout. C'était juste genre...

  • Speaker #1

    Ça aurait pu être quand même Lady Cotton ou Miss Cotton.

  • Speaker #0

    Voilà. N'importe. Ça, je ne sais pas. Si, ça aurait pu. Mais à ce moment-là, je ne me voyais qu'avoir un nom aussi. Je ne voulais pas un double nom, un nom famille. Et je m'étais dit, Cotton, c'est la base de la mode, en fait. Ah oui,

  • Speaker #1

    aussi, un lien avec le thème.

  • Speaker #0

    Voilà. Je voulais quelque chose de très mode.

  • Speaker #1

    Un cheminement, quoi. Voilà.

  • Speaker #0

    petit pas par petit pas mais t'as quand même en tout cas là je perçois qu'il y a quand même un cheminement depuis le départ voilà et en fait coton aussi c'est un peu le matériau premier pour créer un vêtement et donc c'est ça je me disais la toile voilà un calva c'est quelque chose qui est premier qui est là depuis le début et qu'on a besoin pour créer quelque chose d'après. Et en fait, c'est peut-être bizarre, mais à ce moment-là, comme House of Luxe était la première house drag à Gans, et qu'en fait, mon collectif suivait cette house, donc était le deuxième, je me disais, moi, je veux un nom iconique qui dit, j'étais la preuve ou limite second et qui va lancer la scène drag à Gans. C'était genre l'idée que j'avais en tête. Toi,

  • Speaker #1

    tu voulais être...

  • Speaker #0

    Celle qui allait lancer la scène drague à Gans avec la première house, House of Lux, avec mon collectif. Et on allait genre régner un peu la scène drague.

  • Speaker #1

    Et pourquoi un collectif et pas une autre house ?

  • Speaker #0

    Parce que house, pour nous, c'est... En fait, on a discuté longtemps. Et house vient de la ballroom scene qu'on ne veut pas approprier. On n'est pas des personnes racisées, sauf Krasna, qui est une personne qui vient de la Russie et qui est musulmane aussi. Mais elle a un white passing très, très white. Donc en fait... On ne voulait juste pas approprier cette idée d'une house, une maison des années 80, des années 90, New Yorkais. Ce n'est pas notre histoire. Ce n'est pas notre histoire non plus. On a notre maison physiquement, on a une maison, on n'a pas besoin d'être ensemble pour créer ce safe space, on va dire, parce qu'on est rejeté par la société. Non, on a tous un job, on a tous une maison, collectif, on fait de l'art. Donc un collectif artistique rentré. C'est un grand plan.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Et tu te dis, moi, je veux un nom iconique.

  • Speaker #0

    Voilà. Et là, je commençais à continuer à chercher parce que je me dis, coton, c'est genre trop mime, c'est genre trop, je ne sais pas, genre ça ne donne pas ce que je veux donner, en fait. Et là, je commençais à faire les pages de magazines, faire lire des livres sur la mode parce que j'en avais déjà pas mal, mais je n'avais pas vraiment eu le temps ou pris le temps de lire.

  • Speaker #1

    Et tu as fait cette démarche vraiment dans le but de trouver un nom. Voilà. OK. Et pourquoi la mode ? Parce que tu aurais pu prendre l'archive. le nom des architectes et des designers d'objets, le nom des pièces, parce que même les chaises et les trucs ont toujours un nom.

  • Speaker #0

    Vitra. Ouais. Ça m'a fait ce coup-là. Mais je ne sais pas, genre... Alors,

  • Speaker #1

    styling que du plastique.

  • Speaker #0

    Voilà. Non, je ne sais pas. En fait, je pense que, justement, je m'étais un peu arrêtée aussi sur l'idée de les maisons de la ballroom scene qui sont des maisons, des houses qui ont toujours repris des codes. très mode. Je dis simplement House of Chanel, House of Louis Vuitton, il y a toujours une anecdote à la mode. Donc je me disais, qu'est-ce que je pourrais reprendre qui pourrait être assez iconique ? Je cherche. Je ne sais pas. On trouve Banetaga. C'est une house qui est là déjà depuis des années, mais même quand je dis des années, des années. Aussi. Mais aussi, tout ce qui a été créé aux Etats-Unis a été repris. Donc en fait, les House Ballroom aux Etats-Unis ont été créés par des personnes racisées émigrées, qui eux émigrent en Europe et qui eux recréent la scène qu'ils ont eue aux Etats-Unis. Ok. Et donc en fait, c'est...

  • Speaker #1

    Comme une succursale quoi.

  • Speaker #0

    Voilà. Ok. C'est genre des houseurs, des house... Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça.

  • Speaker #0

    Qui viennent de la house mère, on va dire, aux Etats-Unis, mais qui continuent en fait ici en Europe. Ok. en Asie, en Australie, partout dans le monde. C'est vraiment un petit exemple. Ausha, qui est grande gagnante de la deuxième saison, fait partie de la ballroom. Elle est maire de la House of Revlon aux Etats-Unis, mais aussi ici. Parce qu'en fait, chaque pays a un chapitre. On appelle ça des chapitres. C'est des codes de la ballroom. Quand on ne connaît pas trop, je n'ai pas trop bien expliqué. Je commence à intégrer la ballroom maintenant, en 2024. à mon début. J'ai déjà deux prix. Félicitations. Merci.

  • Speaker #1

    Mais j'ai vu ce...

  • Speaker #0

    Il n'y a pas longtemps. En un mois, en fait.

  • Speaker #1

    T'en as eu un début août. Début août 2024.

  • Speaker #0

    Voilà. Et puis j'en ai eu un la semaine passée. Dimanche. Donc c'est assez cool de pouvoir faire la catégorie Lip Sync que je fais déjà depuis six ans maintenant. Mais la ballroom, c'est quand même différent. C'est des gens qui te jugent. C'est très différent, on va dire.

  • Speaker #1

    On va chercher sur la question. et donc tu t'es dit Balenciaga

  • Speaker #0

    Christobal qui est le designer OG de Balenciaga qui a été en fait le OG designer le OG créateur de mode en Europe qui a lancé aussi un peu la carrière de Chanel qui a lancé la carrière de c'est pas Louis Vuitton c'est Louis Vuitton non c'est pas Louis Vuitton c'est pas de la même époque je sais plus de qui Christian

  • Speaker #1

    Christian Dior, qui l'aurait travaillé dans... Voilà,

  • Speaker #0

    Christian Dior. Et en fait, Balan Saga est une personne qui va pousser Chanel et Christian Dior à créer leur propre maison de mode. Et se dire, moi j'ai genre une base, maintenant c'est à vous. Et en fait, c'est ce que j'ai voulu faire. Je me suis dit, c'est un nom iconique. C'est un nom qui va créer les OGs et qui va justement faire en sorte que la scène drague peut être poussée par après.

  • Speaker #1

    Tu t'es visualisé toi comme étant un peu celle qui allait aider les autres à se lancer. Parce que tu avais commencé avant et que justement, tu avais cette volonté d'être une queen iconique qui prend de la place, qui montre comment on fait, qui est... très précises, parce que moi, quand tu me dis Balenciaga,

  • Speaker #0

    franchement,

  • Speaker #1

    oui, en termes de précision, alors on ne parle pas de Balenciaga aujourd'hui, c'est autre chose, c'est très différent, mais si tu regardes ce que Cristobal Balenciaga faisait, les robes, elles sont clairement, comme tu dis, on va utiliser 50 fois ce mot, elles sont vraiment, vraiment iconiques, les coupes, les volumes, il travaillait vraiment, les volumes, c'était vraiment incroyable, et c'était très graphique. Peut-être, est-ce que ça aussi, parce qu'avec ton parcours en archi, est-ce que ce n'est pas ça aussi qui t'a marqué ? Parce que quand tu regardes les photos de Balenciaga, c'est hyper architectural. Les lignes, ce sont des lignes parfaites. Les courbes, c'est des courbes qui sont placées de manière extrêmement précise.

  • Speaker #0

    C'est très, très précis, en effet. C'est en fait ça qui m'a poussé à vouloir rendre hommage à cette personne. iconique dans la mode, qui crée l'architecture portable, comme il est décédé à Valence. J'ai juste repris le V de Valence et je l'ai mis à la place du B pour Balenciaga.

  • Speaker #1

    Et c'est comme ça que Balenciaga a été baptisé.

  • Speaker #0

    Voilà. Je voulais un nom aussi qui finisse avec un A, parce que tous les noms qui finissent avec un A sound more feminine. Ok. J'ai voulu quelque chose qui était plus doux qu'un B, parce que B c'est genre bouh.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Alors qu'un V c'est genre très... Ça fait très aéré. Même dans sa précision, dans ma précision, j'ai vraiment pensé à trouver un nom. Je ne pouvais pas imaginer que derrière ton nom,

  • Speaker #1

    il y avait tellement d'histoires, de réflexions et d'étapes. Et donc après ça, tu as trouvé le nom.

  • Speaker #0

    Voilà. Coton est sorti de sa chrysalide pour devenir Valencia.

  • Speaker #1

    Mais j'imagine qu'elle n'avait pas encore les codes de Valencia. Parce que Valencia a des codes aujourd'hui. Oui. que je vois qu'il évolue quand même encore un peu il continue à évoluer tu vois que t'es quand même énormément toujours en évolution c'est subtil je trouve que tu fais tout ce que tu viens de m'expliquer maintenant appuie mon impression qui est que tu fais les choses de manière toi t'avais dit par étapes moi

  • Speaker #0

    j'y vois plutôt quelque chose de tu vois une sorte de continuité tu vois d'évolution fluide comme ça maintenant ce jour-ci oui c'est plus fluide auparavant c'était plus d'étapes en étapes j'ai acquéri ça maintenant je peux continuer à faire ça. J'ai acquis ceci, maintenant je peux continuer dans ceci. Et c'est vraiment genre une évolution, mais d'étape en étape. Alors que maintenant, c'est plus une évolution, plus étape en étape, c'est quelque chose de très fluide, qui reste en évolution en effet, mais qui est que visible à l'œil observatif. Si tu me regardes et tu me vois genre dans trois mois et maintenant, peut-être qu'il y a des gens qui ne vont pas voir l'évolution. Par contre, des gens qui ont l'œil vont le voir. Et c'est ça que je trouve intéressant aussi. Parce que le drag, c'est une conversation sur quoi ? Sur le genre, sur la mode, sur ce qu'on veut représenter. C'est politique. C'est très politique. C'est très poétique aussi. Mais des gens qui le voient qu'en tant qu'entertainment, ne comprennent pas.

  • Speaker #1

    Il y a plusieurs lectures, on va dire. Plutôt qu'à plusieurs lectures, tu peux aller et voir un spectacle où tu as des garçons qui sont habillés en fil de manière extravagante et c'est rigolo. Il y en a qui font des blagues, il y en a qui chantent, il y en a qui truquent. Et ça s'arrête là. Et puis tu as un deuxième, un troisième niveau de lecture où là, tu te demandes... pourquoi ce costume, pourquoi ce texte, pourquoi cette chanson.

  • Speaker #0

    Il y a vraiment des codes très subtils que j'essaie de garder, que je trouve intéressants, parce que justement, à ce niveau-là, je peux avoir une conversation. Mes conversations durant les soirées, avec différentes personnes, sont très différentes.

  • Speaker #1

    Parce qu'en plus, quand tu sors de scène,

  • Speaker #0

    les gens veulent toujours te parler, parce qu'ils vont trouver ça intéressant. Si c'est juste pour te dire, genre, c'est incroyable ce que tu viens de faire, ou j'ai trop aimé le texte que tu as repris. Il y a une subtilité dans le compliment qui est tellement différent, mais qui est tellement important. Parfois, c'est ça qui fait ma soirée, en fait.

  • Speaker #1

    Est-ce que ce sont ces échanges, ces rencontres, après tes performances, qui contribuent à l'évolution de Valencia Gala ?

  • Speaker #0

    Énormément. Si je n'avais pas des retours du public, je pense que j'aurais longtemps arrêté.

  • Speaker #1

    Et est-ce que la majorité des... Est-ce qu'on dit des dragues ou on dit des queens ?

  • Speaker #0

    Des dragues. Des dragues.

  • Speaker #1

    font ça, vont à la rencontre de leur public ?

  • Speaker #0

    Je pense que la forme de l'art du drag est tellement différente pour chacun. et chacune, qu'on vit ça tellement différemment. Moi, j'adore le public. Moi, je suis vraiment une reine du public. Je suis une reine qui me faufile dans le public pour faire mes performances. Si le bar était rempli et qu'il n'y avait pas de place sur la scène, je le ferais même encore en plein milieu du public parce que justement, il y a un échange d'énergie qui me donne cette force pour continuer, mais qui, je vois, crée cet échappatoire pour les gens qui sont là.

  • Speaker #1

    et en fait c'est un besoin c'est un besoin mutuel ok je vois ce que tu veux dire parce que je me disais peut-être que l'endroit où on se sent le mieux en sécurité en confiance c'est quand tu es dans ta performance dans ton personnage et qu'en fait dès lors que c'est terminé tu reviens à toi après pas vraiment parce que t'as toujours ton maquillage t'as toujours ton on peut dire costume je peux dire costume ton costume Mais effectivement, comme tu dis, ça dépend d'une personne à l'autre. Et pour revenir au costume, maintenant que Valenciaga a une identité forte, que j'imagine que tu as déjà un avenir pour elle, que tu as des projets pour elle, comment est-ce que tu as fait et comment est-ce que tu fais pour choisir ses tenues, pour faire ou faire faire ses tenues ? Tu me diras si tu les fais toi-même ou pas. Et comment est-ce que tu construis sa garde-robe ?

  • Speaker #0

    Alors, la garde-robe de Valenciaga est construite de... planches de Ikea. On a besoin d'une base très solide et Ikea, ça tient.

  • Speaker #1

    Rapport qualité-prix dans un premier temps, ça marche bien.

  • Speaker #0

    Et je peux l'avoir sur facture. C'est important aussi. Je pense que je m'inspire en fait encore toujours de Balenciaga, de la marque actuelle et de la marque ancienne. Mon look de finale, par exemple, pour Drag Race, la première saison, était un look inspiré de Balan Saga, sa première collection. Les robes très voluptueuses, asymétriques, qui ne centraient pas la taille du tout, alors que Balan Saga est toujours centré sur la taille. Donc ça a changé énormément aussi ma silhouette, ce que je trouvais hyper intéressant et hyper important aussi pour justement me pousser à faire autre chose que ce que je fais d'habitude. La silhouette très Hourglass figure, on va dire. Et donc en fait, je pense que je reste inspiré. par des silhouettes très classiques, par des silhouettes très cabaret, qui sont corsetées.

  • Speaker #1

    Voilà, cabaret de une certaine époque.

  • Speaker #0

    Voilà. Mais aussi très moderne. Dans le sens où, si je pouvais porter un hoodie tracé avec un corset très burlesque des années 30, je le ferais.

  • Speaker #1

    Tu ne l'as pas fait encore ?

  • Speaker #0

    Pas encore. On le fait ? Peut-être. Ok. Mais je pense que cette image fonctionne énormément parce que c'est... quelque chose qui est très dans cette ère du temps, ça se dit ?

  • Speaker #1

    Oui, dans l'ère du temps.

  • Speaker #0

    Dans l'ère du temps, on reprend des codes, maintenant surtout, de plus en plus des années précédentes et on en fait quelque chose de très moderne parce que justement, en fait, ça...

  • Speaker #1

    Ça a toujours fonctionné comme ça, prendre des références et venir les assaisonner au goût du jour.

  • Speaker #0

    Le goût du jour.

  • Speaker #1

    Et comment est-ce que tu qualifies, si tu devais qualifier le style de Valenciaga ? son look si tu devais lui donner un adjectif, ce serait quoi ? Est-ce que ce serait rétro ? Est-ce que ce serait burlesque ? Est-ce que ce serait sexy ?

  • Speaker #0

    Je sais que tout le monde doit avoir une autre définition pour ce mot-là, mais moi je dirais haute couture. Ok. Dans le sens où tout est pensé jusqu'au détail, tout est poussé jusqu'au détail. C'est pas quelque chose que quelqu'un va porter tous les jours, ce qui a quand même un côté extravagant, mais c'est inspiré du prix apporté.

  • Speaker #1

    Tu pars du prêt-à-porter, tu vas chercher les codes haute couture, tu modifies prêt-à-porter pour que l'image que ça donne, l'attitude que ça te force à adopter, entre dans le cadre haute couture.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Strict, un peu lointain, intouchable.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est aussi un peu ce que beaucoup de gens me disent quand ils voient mon Instagram. Genre, j'ai l'air une personne très intouchable, alors que quand ils me rencontrent...

  • Speaker #1

    Je valide, je confirme.

  • Speaker #0

    Directement, tu dis, mais c'est une crème. Un des meilleurs compliments que j'ai déjà eu, c'est que tu as l'air tellement toujours fâchée sur ton Instagram.

  • Speaker #1

    Fâchée ? Ah non. Moi,

  • Speaker #0

    quand j'ai bossé avec toi,

  • Speaker #1

    c'était maintenant il y a deux ans. Déjà deux ans.

  • Speaker #0

    Ça va vite.

  • Speaker #1

    Tu ne m'as pas donné cette impression-là. Après, moi, j'étais en backstage. Donc déjà, c'est différent de si je ne t'avais pas vue en backstage et que je t'avais vue seulement sur scène. Malgré ça... J'ai quand même eu une énorme surprise quand on s'est revus il y a plusieurs mois et où je t'ai proposé de venir dans DHV, dans Deshabillez-vous. Et en fait, ce qui m'a donné envie vraiment de discuter avec toi, c'était ça. C'était cet aspect hyper... hyper accessible. Voilà. Hyper accessible alors que tu étais... C'était Valencia Gag que j'ai rencontré parce qu'on était lors d'une soirée en proportion. Tu étais en drague. C'est Valencia Gag que j'ai rencontré. Et je me suis dit waouh ! Très accessible en fait. Donc ça me fait penser à la question que je t'ai posée juste avant. Effectivement, je pense qu'il y a autant de manières d'aborder le public, les gens qui viennent vers toi quand tu fais du drague, qu'il y a de personnalités parce qu'en réalité c'est juste... une facette de ta personnalité que tu montres. Donc oui, là je confirme que quand on voit ton profil, il y a un côté hyper glamourisant, glamourisé, glamour, sur ton feed et sur tes réseaux, mais que quand on te rencontre, accessible. Hyper, hyper accessible.

  • Speaker #0

    Je trouve ça hyper important aussi. C'est un truc que j'ai appris aussi. En regardant Drag Race US, on rencontre des divas, on voit des gens qui ont une certaine C'est des gens qu'on rencontre et qu'on se dit que c'est des célébrités. Et que du coup, quand on les verrait, je pense que tout le monde aurait un peu peur. En mode genre, je ne sais pas du tout comment elle va réagir. Qu'elle va être froide aussi envers moi. Ce que j'ai vu à la télévision, est-ce que ça va être différent ? Et en fait, c'est ça que je me suis dit. J'ai envie de créer ce personnage aussi qui a l'air un peu froid. Pour se dire, est-ce que je fais oser de lui dire un truc ? Et genre, dès que tu me dis un truc, tu vois que je suis genre comme un yaourt. En fait, tu vois, hyper soft. Oui. Hyper, enfin... Je ne sais pas comment on l'exprime. En plus, je suis intolérant à tout ce qui est produits laitiers. Donc, moi, je dis yaourt en plus. Ce n'est pas mon goût. Mais tu sais, genre... Oui, un truc doux. Une idée d'une crème, tu vois. Oui, il ne faut pas avoir peur. Je veux vraiment me parler de tout et de rien. Je te parlerai de tout et de rien.

  • Speaker #1

    Je confirme, Noah est un yaourt.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Je confirme. Un yaourt un peu légèrement sucré, par rapport un peu à la vanille.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est ça. J'ai une petite vanille, en fait. Toute simple. C'est ça que je trouve important aussi. Je veux déconstruire cette idée de star et de, dans mon cas, micro-star, parce que je ne suis pas une star comme OBS, mais de ne pas être accessible.

  • Speaker #1

    Tu as envie d'être accessible.

  • Speaker #0

    Je veux être accessible. Je veux montrer que, en fait, en dessous de tout ce maquillage, on est juste des humains.

  • Speaker #1

    Et puis ça rentre aussi dans ce que tu expliquais tout à l'heure, le fait d'être accessible. Les gens qui vont venir te voir, ceux qui sont toi il y a 8 ans, 10 ans, vont dire, ah mais en fait, je peux.

  • Speaker #0

    Je veux pousser les gens à pouvoir faire du drag. Ça va faire combien de temps maintenant ? Je pense qu'en janvier, février, mars, un truc du genre. J'ai pu faire connaissance d'une personne incroyable qui s'appelle Jewel. qui est devenue ma fille drague. J'en ai qu'une pour l'instant et j'en veux qu'une aussi puisque j'aime me concentrer sur cette personne. Une personne trans aussi comme moi, du coup, avec qui j'ai des liens incroyables d'amitié que je ne lâcherai plus jamais de ma vie. Et pour moi, c'est une performeuse incroyable qui a une histoire à raconter et que je veux pousser aussi à raconter cette histoire parce qu'elle est hyper importante. Elle est... Elle est hyper intéressante et je suis sûre qu'il y a plein de gens qui vont se voir dans son histoire et qui vont pouvoir se dire genre, moi je suis cette personne-ci, si je peux faire du drague comme elle, je vais en faire. She's giving that mom energy aussi. Je ne veux pas dire que je vais être mother de tout le monde, mais genre, I want to give that, oui, vraiment, ça me fait plaisir. Et j'ai reçu un titre durant la diffusion de la première saison, Mother of West Flanders. que je prends à plein cœur, je ne sais pas comment on dit...

  • Speaker #1

    Je prends à bras-le-corps.

  • Speaker #0

    Voilà. En effet, je suis de la région de Courtret, de la région de la Flandre occidentale. Oui, je veux représenter les gens de ma région, je veux représenter les queers qui n'ont pas de place, surtout dans la région de Courtret, qui se disent... C'est un peu reculé. On est obligé de déménager à la capitale pour justement pouvoir être queer. Non, restez à Courtret, soyez queer à Courtret. Après, je suis un peu le mauvais exemple puisque j'ai déménagé à Bruxelles. Mais c'est pour les opportunités aussi. J'en avais besoin et je n'allais pas pouvoir me pousser moi-même à rester à court-terre. Mais je veux que justement, il y a une communauté queer qui existe à court-terre, qui se développe à court-terre. Vous m'appelez, je serai là pour venir performer à court-terre parce que justement, c'est un peu la base mère, on va dire, qui...

  • Speaker #1

    De là d'où tu viens.

  • Speaker #0

    D'où je viens, en fait, oui.

  • Speaker #1

    Parce que plus tu déroules ton truc, et plus je me rends compte que tu gères, tu mènes vraiment ton... Je ne sais même pas comment l'appeler, parce que c'est en dehors du cadre de ton... dont j'ai l'habitude, ton travail, ton entreprise, vraiment, avec toutes tes idées que tu avais au départ, et encore une fois, toujours de cette manière, étape par étape, de manière fluide. Avoir un rôle... Je suis ravie de cette discussion parce que je n'avais pas de doute qu'elle allait être riche et intéressante, mais je ne me doutais pas qu'on allait aller dans des choses aussi précises et pointues. Je trouve ça génial. En tout cas, moi, j'ai appris plein de trucs. Et maintenant, pour... tes costumes ? Comment est-ce que tu fais ? Est-ce qu'on peut dire ? Ou il y a des secrets que tu veux pas dire ? Tu veux garder du...

  • Speaker #0

    Tu vois,

  • Speaker #1

    est-ce que tu vas chercher encore des choses... Alors, beaucoup de dragues font appel à des designers, des couturiers, couturières, un peu partout. C'est un peu les petites mains de l'ombre. Et puis, il y en a d'autres qui font tout eux-mêmes. Il y en a d'autres qui sont les reines de la fripe, qui portent de la fripe et qui accessoirisent. Après, ça dépend toujours du... du personnage que tu as construit, de l'histoire que tu racontes. Toi, pour ta part, c'est quoi ?

  • Speaker #0

    J'ai commencé en tant que queen de la fripe et accessoirisé avec tout et rien, mais avec du goût. Le goût, je ne sais pas d'où je l'ai. Je pense que c'est juste...

  • Speaker #1

    C'est un muscle,

  • Speaker #0

    je crois que ça se parle. Avec le... Quand tu regardes ton livre. Vraiment, j'ai l'œil pour. Et donc ça, c'est un peu un talent que j'ai. je pense, et je vais l'utiliser, je vais le travailler, je vais continuer à le développer en recherchant des images dans des magazines, en ligne. J'ai l'application Vogue, je regarde tous les défilés, à chaque fois qu'il y a des défilés, donc je reste assez informé sur ça en tout cas. Est-ce que je crée mes propres costumes ? Oui, parfois, pas tout le temps. J'ai une certaine idée de ce que je veux. Si je ne sais pas le faire moi, avec ma mère, parce que ma mère m'aide énormément avec mes costumes. Je vais faire appel à des costumiers ou à des couturiers ou à des designers parce que je n'ai pas les skills non plus pour créer un corset par exemple. Je ne sais pas travailler les baleines, je ne sais pas du tout comment ça fonctionne. Je préfère laisser ça aux professionnels parce que je sais que ça sera bien fait, que ça va tenir, que ça va être pour la longue durée. J'essaie toujours d'avoir en tête des trucs qui seront pour la longue durée et des trucs qui sont modulables.

  • Speaker #1

    dans le sens où tu peux reporter plusieurs fois ou modifier des choses pour que ça ait une autre apparence.

  • Speaker #0

    Les styles différemment. Si j'ai un pantalon, par exemple ce pantalon-là, je pourrais le porter en drague. Il sera visuellement différent de quand je le porte dans la vie de tous les jours. Déjà à cause des pads et à cause du corset. Mais aussi avec les accessoires que j'y ajoute. Avec une ceinture, avec... Bracelets, bijoux... Des brûlures qui pendent.

  • Speaker #1

    Tu vas piocher quand même dans ta garde-robe de tous les jours que Noah porte quand il va faire ses trucs. Valencia Gave va aller piocher des choses dedans. Parce que c'est vrai que je me suis posé la question et certaines dragues que je connais, d'autres que je suis, et je me dis mais en fait, il y a des tenues qu'elles ne portent jamais qu'une seule fois. Et que ça coûte cher. Parce que, je pense à celles qui font faire essentiellement leurs tenues. Je me dis, mais en fait, c'est un puits sans fond. Si tu pars dans ce sens-là, je me dis, est-ce que les dragues ont une conscience écologique, tu vois, par rapport à leur costume ? C'est une question problématique, je sais. Est-ce qu'au-delà de, avant même l'écologie, est-ce qu'économiquement, c'est quand même plus malin, plus intéressant de faire comme tu fais ? C'est-à-dire de faire un costume, d'acheter un costume, ou de modifier quelque chose, une pièce, en se disant, ok, je peux...

  • Speaker #0

    C'est le métier que moi je fais. Par exemple, à partir d'une seule pièce, je peux construire un certain nombre de looks très différents les uns des autres. En fonction de, comme tu dis, une ceinture, la paire de chaussures que tu vas mettre, les bijoux que tu vas mettre. Tu vas mettre un truc en dessous, un truc au-dessus. Toi, comment est-ce que tu procèdes ?

  • Speaker #1

    Ces derniers temps, j'ai procédé d'une manière pas écologique du tout et pas économique du tout non plus. Dès que je voulais quelque chose, je l'achetais. Ça fait partie aussi de mon addiction à l'achat. qui est aussi un puits sans fond, économiquement aussi, mais mentalement, je me dis Ah, ça me fait plaisir ! Bon, hop, acheté ! Les applications comme, on va les nommer, Shein, Temu et ainsi de suite, pour des bricoles, c'est assez facile. Genre une paire de collants, une paire de gants, une paire de chaussures fun, ça s'achète très rapidement, tout coûte cher au final, même si c'est genre 4 euros ici, 4 euros là, tu peux facilement arriver à... 50 euros de gants et de dire en fait j'en ai pas besoin autant. Donc à ce niveau là oui c'est facile de se dire on va créer un costume qui est adaptable. Par contre c'est toutes les autres bricoles qui viennent s'ajouter pour le style différemment qui sont pas toujours économiquement parfaites.

  • Speaker #0

    Ah oui, tes bijoux, tu veux des boucles d'oreilles, tu veux un collier, il faut que ce soit coordonné, pas coordonné. Tu veux rajouter un... Un truc pour modifier ton vêtement, ça peut vite monter.

  • Speaker #1

    Voilà, ça va faire un mois, je pense, que j'ai enlevé les applis de mon téléphone. Parce que je me suis dit, est-ce que j'en ai vraiment besoin ? Et c'est ma mère qui m'a dit aussi, il faudra vraiment commencer à faire attention à ton économie, parce qu'en fait, il y a un certain moment, tu ne vas plus pouvoir manger. Et c'est vrai, il y a deux mois de ça, j'ai mangé. Et quand je dis tous les jours, pendant 23 jours, des haïkis.

  • Speaker #0

    T'as compté ?

  • Speaker #1

    Ouais, 23 jours.

  • Speaker #0

    T'avais tout dépensé ?

  • Speaker #1

    Parce que j'avais tout dépensé dans des brôles. Tu vois les utilisés,

  • Speaker #0

    ouais.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que j'en avais besoin à ce moment-là ? Ben non. Donc 23 jours de haïki.

  • Speaker #0

    T'as fait mal du tout ?

  • Speaker #1

    Mentalement et physiquement, j'allais pas bien. Et je dis pas si j'ai le docteur. Je commençais vraiment à faire une déprime parce que j'avais pas assez de nutriments corrects dans le corps, on va dire.

  • Speaker #0

    Mais Valensaga était bien sa vie.

  • Speaker #1

    Mais du coup, visuellement, Valensaga avait l'air très bien. Et donc, en fait, c'est ça aussi. Pas mal de gens se disent, mais tu as l'air riche. Alors que je ne sais pas du tout. Je suis juste une des nouvelles pauvres, en fait. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais une nouvelle pauvre de notre société.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est une des facettes de ton entreprise sur laquelle tu réfléchis et pour laquelle tu es en train d'envisager des solutions ?

  • Speaker #1

    Oui, maintenant, oui. Je pense que... Donc ça va faire un mois que j'ai enlevé les applications d'achat facile, on va dire, pour me dire, oui, je peux style tous mes costumes que j'ai différemment, avec simplement prendre un élément, le combiner avec un autre élément, et je vais vraiment me forcer à faire ça. Parce que je veux pouvoir me nourrir bien, je veux pouvoir vivre plus facilement, me dire que oui, si j'ai envie de partir à Paris pour un week-end, il doit être possible de partir à Paris pour un week-end sans me dire ah bah non j'ai encore deux commandes qui arrivent de 30 euros et 200 balles ah bah du coup j'ai pas la j'ai pas la place économiquement pour me faire un week-end Paris, je veux vraiment pouvoir me dire stop, fais avec ce que t'as, regarde ce que t'as si un jour t'as besoin d'un nouveau truc concentre-toi sur épargner pour cet objet là qui sera

  • Speaker #0

    destiné à quelque chose de bien.

  • Speaker #1

    Mais donc,

  • Speaker #0

    tu ne construis pas tes costumes en fonction des scènes que tu vas faire ou des projets que tu vas faire ?

  • Speaker #1

    Tout au début, oui. Après Drag Race, en fait, j'ai lâché l'affaire. Parce que pour Drag Race, c'est des thèmes très spécifiques. Il faut avoir des costumes qui vont avec le thème. Et après Drag Race, je me suis dit non, je veux juste avoir, genre, chaque soir que je sors, une garde-robe avec quelque chose de classique, mais qui ne va pas faire seulement avec le thème ou avec la performance. Et pareil, en fait, pour la performance de demain. Le costume que je vais mettre n'a pas été créé pour la performance, mais contribue à la vibe que je veux donner.

  • Speaker #0

    Donc tu fonctionnes un peu différemment. Avant de passer aux deux questions signatures de DHV, il y a une autre question qui me vient à l'esprit, parce qu'on vient de discuter de l'aspect économique de ton entreprise, de drague. Est-ce que le drague en Belgique, ça paye ? Je sais que ça paye pas beaucoup. Est-ce que On peut vivre en Belgique du drag ?

  • Speaker #1

    Moi, je vais dire non, de ma part en tout cas, pas pour l'instant. Ok. Si je faisais que des scènes en Belgique, je dirais non d'office. Ok. J'ai reçu la plateforme Drag Race, donc j'arrive à performer dans d'autres villes, dans d'autres pays.

  • Speaker #0

    Parce que Drag Race a constitué un peu quand même...

  • Speaker #1

    Publicité. Voilà, on va dire ça. Donc oui, ça m'aide. Par contre, est-ce que j'en vis ? Non. Je travaille encore toujours dans un magasin de vêtements, où j'adore travailler, où mes collègues sont incroyables et adorent ce que je fais aussi, en dehors du travail que je fais au boulot. Mais en vivre, je... je pense. Sauf si on a un chômage artistique. Parce que là, c'est possible. Le statut d'artiste. Le statut d'artiste, voilà. Mais pour l'avoir, déjà, il faut travailler aussi énormément. Je viens de dire chômage artistique, mais chômage artistique, c'est pas un chômage, c'est genre un vrai boulot et c'est vraiment dur à travailler.

  • Speaker #0

    Parce que tu dois, déjà, pour avoir accès à ce statut d'artiste officiel en Belgique,

  • Speaker #1

    il faut prouver.

  • Speaker #0

    Il faut prouver que tu es un artiste. Tu dois avoir des contrats, tu dois montrer que tu as reçu des sous, effectivement. Et on sait que tout ce qui est artistique, il y a plein de choses qui se font sans facture. C'est de la main à la main. Mais ça ne peut pas compter pour la construction pour prétendre à ce statut-là. Donc en Belgique, c'est encore difficile.

  • Speaker #1

    Je pense, oui. Je connais quand même quelques dragues qui en font ici, à Bruxelles. Qui en vivent ? Oui, je pense. On n'en parle pas forcément.

  • Speaker #0

    C'est tabou ?

  • Speaker #1

    Je pense pas que c'est tabou, je pense que c'est juste pas une conversation qu'on a.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Je sais pas pourquoi, parce que c'est assez intéressant quand même.

  • Speaker #0

    Pour toi en tout cas qui envisage le drague comme une entreprise et quelque chose qui est le moteur de ta vie, ton existence, parce que tu exprimes ce que tu es, ce que tu fais, ce que tu sais faire, tu le manages vraiment, ça me semble être une question intéressante. Ok, bon, on arrive à la fin, donc les deux questions signatures. La première. Le portrait en vêtements. Donc si tu devais être un vêtement, différent, haut, en bas, tout ça, qu'est-ce que tu serais ? Tu vois, le vêtement, on pourrait te voir tous les jours, toute l'année avec ça. Si tu devais être, ce serait quoi ? Qu'est-ce que tu porterais ? Ce serait quoi la tenue ? Est-ce que tu peux me décrire les différentes parties de cette tenue ?

  • Speaker #1

    En drague ou pas en drague ?

  • Speaker #0

    Ça, c'est toi qui choisis. Est-ce que tu te sentirais mieux d'être tout le temps en noir, noa ? ou en Valenciaga ou alors tu créerais un espèce d'hybride des deux ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense que je créerais un hybride des deux. Ok. Mon hybride parfait, ce serait, et je l'ai en plus dans ma garde-robe, donc je peux te le décrire.

  • Speaker #0

    Ah oui, allez, vas-y, avec précision. Je veux tout, hein. Accessoires, chapeaux, s'il y en a, gants, chaussures, tout, tout,

  • Speaker #1

    tout, vas-y. Alors, c'est une robe assez classique, des épaulettes, qui accentuent justement, genre... La forme, la silhouette, on va dire. Quelque chose qui est très serrant. C'est donc une robe moulante noire.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Qui accentue all the curves. Qui arrive jusque... La cheville ? La cheville. Ok. Cette chaussure-ci. Ok. C'est une petite chaussure inspirée par Valenciaga. C'est en fait une botte, en vrai. Ok. Mais qui a un talon assez intéressant. Et même l'intérieur est genre... Oui,

  • Speaker #0

    ça vient comme ça, là.

  • Speaker #1

    Oui, très pointu. Ça fait très sorcière. Mon esthétique, c'est un peu sortière quand même. J'aime bien l'idée noire, l'idée un peu mystère. Périque rouge, mais rouge comme ta robe. Courte ou longue ? Longue. Le plus long possible.

  • Speaker #0

    Pendulé, droit ?

  • Speaker #1

    Ça, ça m'est égal. Il n'y a pas vraiment une vision tant que c'est rouge, rouge. Et je pense juste à un smoky noir des yeux avec une bouche nude.

  • Speaker #0

    Et des gants, pas des gants ?

  • Speaker #1

    Des ongles. Très longs. Nude aussi. Peut-être genre un French tip, mais genre silver.

  • Speaker #0

    Ok. Donc, attends. French tip, silver, ça veut dire c'est où que c'est le silver,

  • Speaker #1

    le bout ? Oui. Genre nude, et puis après, genre juste la pointe en silver. Plein plein de bagues.

  • Speaker #0

    Ok. Doré ou argenté ?

  • Speaker #1

    Argenté. D'office. Moi, le doré, ça me va pas. Genre, je porte toujours de l'argenté. Et des grosses boucles d'oreilles. Mais genre, Un petit rempli l'oreille. Ok. Peut-être un collier silver aussi, mais pas trop grand.

  • Speaker #0

    Un gros ou un petit ?

  • Speaker #1

    Grosse chaîne peut-être quand même.

  • Speaker #0

    Une grosse,

  • Speaker #1

    grosse chaîne ? Oui. Très grosse chaîne.

  • Speaker #0

    Et un chapeau ?

  • Speaker #1

    Non, pas de chapeau. Pour garder la chevelure en mode.

  • Speaker #0

    Et alors, la vraiment dernière, dernière des dernières questions, c'est si tu devais réécrire la définition du mot vêtement dans le dictionnaire ? Qu'est-ce que tu mettrais comme définition ?

  • Speaker #1

    Du mauvais ? Non. C'est quelque chose qui sert à nous couvrir. C'est quelque chose qui sert à couvrir les parties du corps. qui sont vus par notre société en tant que escandalos quelque chose qu'on ne veut pas voir. Je pense qu'en fait, un vêtement, ça a été créé un peu pour les gens qui sont pudiques, de base.

  • Speaker #0

    J'aime bien, c'est une chouette définition.

  • Speaker #1

    Et que, en étant approuvés par la société complète, on s'est tous dit Tu sais quoi ? Si on est obligés d'en porter, on va en faire quelque chose de chouette, quelque chose d'unique. Créons quelque chose qui est fun à porter. Parce que le vêtement de Noa, je pense, est le meilleur vêtement qui existe.

  • Speaker #0

    Merci Valenciaga.

  • Speaker #1

    De rien.

  • Speaker #0

    Merci Noa. Merci à toi. Ça fait un plaisir. Merci. Merci beaucoup. J'espère que cet épisode avec Valenciaga, la queen des fashion queens, t'a plu. En tout cas, n'hésite pas à me laisser un commentaire, surtout des étoiles, et à venir me follow sur Instagram pour voir ce que je fais d'autre en plus du podcast. Voilà. Allez ! Déshabillez-vous est un podcast créé, présenté et produit par Samia Boujard, moi, avec une musique originale de Maïva Fiston, alias MPLI, montage, mixage et post-production par Alice Desbelles-Fréquences et Laetitia, podcast manager. D-H-I-S-T. Déshabillez-vous !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • L’évolution identitaire de Valenciaga

    01:12

  • Drag et découverte de la scène queer

    03:02

  • Le drag comme outil de libération

    06:25

  • Ses études artistiques

    08:05

  • L’héritage familial et le rôle de son oncle

    10:28

  • La symbolique du noir

    12:09

  • La discipline et la rigueur

    14:46

  • La naissance de Valenciaga

    16:48

  • L’expérimentation drag

    18:19

  • Le rôle des communautés queer

    20:18

  • Les défis familiaux

    22:50

  • Les influences de la haute couture

    24:17

  • Les débuts sur scène

    26:11

  • La recherche de soi à travers l’art

    28:24

  • Le rôle du collectif

    30:44

  • Les inspirations mode

    33:05

  • La gestion des critiques

    35:42

  • Valenciaga : une entreprise artistique à part entière

    37:19

  • Son portrait chinois

    01:05:45

  • Sa définition du vêtement et conclusion

    01:08:28

Description

« Le drag, c’est bien plus qu’un art, c’est une manière de se réapproprier son identité et de repousser les limites des genres. » – Valenciaga


Valenciaga, artiste pluridisciplinaire et figure incontournable de la scène drag belge, nous invite dans son univers fait de résilience, de créativité et d’expression personnelle. Entre architecture, scénographie et performance, elle explore des territoires où l’art et l’identité se rencontrent.


Dans cet épisode de Des Habits et Vous, Valenciaga met en lumière son parcours unique et son rapport à la mode, au drag et à la non-binarité.


À travers ses anecdotes personnelles et ses réflexions, Valenciaga partage une vision inspirante de l’art comme outil de transformation.


Thématiques abordées :

  • Le parcours identitaire de Valenciaga : De Nick à Noah à Valenciaga, une évolution portée par la quête de soi.

  • Le drag comme libération : Une pratique artistique qui déconstruit les codes et amplifie la créativité.

  • La mode comme outil narratif : Le vêtement comme support pour raconter des histoires et affirmer sa vision.

  • Les défis familiaux : Entre tradition et acceptation, un équilibre délicat à trouver.


🎧 Écoute cet épisode et découvre l’histoire d’une artiste qui transforme ses défis en œuvres d’art.


Bonne écoute,

Samia


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Ressources mentionnées dans l’épisode :

📌 RuPaul’s Drag Race : Émission emblématique qui a influencé Valenciaga et marqué son entrée dans le monde du drag.

📌 Drag Race Belgique : Émission de télévision où elle s’est fait connaître du grand public.


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Vous pouvez retrouver Valenciaga :

🔗 Instagram : https://www.instagram.com/valenciaga_official/?hl=fr


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Crédits :

Production & Présentation : Samia Bouhjar.

Montage et mixage : Alice des Belles Fréquences.

Consulting et coordination : Laëtitia, Podcast Manager.

Direction Artistique : Samia Bouhjar, Amélie Breuil et Jennifer Boruchowitch.

Musique originale de Maéva Fiston.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    T'habiller ou ne pas s'habiller, ça dit que t'es le plus beau de chaque personne. Déshabillez-vous.

  • Speaker #1

    H.V. Déshabillez-vous.

  • Speaker #0

    Quand t'es bien habillé, que tu te trouves frais ou fraîche quand tu te regardes, et ben en fait, ça te permet de sécréter des endorphines.

  • Speaker #1

    Déshabillez-vous.

  • Speaker #0

    Salut, moi c'est Samia Boujar et tu t'apprêtes à écouter Déshabillez-vous avec Valenciaga. Bonjour Valencia Gha.

  • Speaker #1

    Bonjour Samia.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Merci de m'avoir...

  • Speaker #0

    Invité ?

  • Speaker #1

    Invité, oui. Pardon. J'avais cru que c'était une phrase, merci de m'avoir. Non ?

  • Speaker #0

    En irlandais peut-être ?

  • Speaker #1

    Peut-être, je pense.

  • Speaker #0

    Alors c'est un épisode un peu particulier parce que, contrairement à d'habitude, j'ai un certain nombre d'informations que je peux aller glaner sur le net et autres. Là, ça va être un petit peu différent. C'est toi qui vas te... présenté au travers de quelques questions que je vais te poser. D'abord, Valenciaga, évidemment, ce n'est pas ton nom de la vraie vie. Non. Est-ce qu'on peut dire ton nom de la vraie vie ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Tu t'appelles Nick.

  • Speaker #1

    Ça a changé.

  • Speaker #0

    C'est vrai. On en parle ?

  • Speaker #1

    On peut en parler, oui. Ok.

  • Speaker #0

    Allez,

  • Speaker #1

    go. Très bien. Donc, mon nom de naissance est Nick. C'est un nom que j'ai reçu de mes parents, plus spécifiquement de ma mère, qui avait un frère qui est décédé au HIV. Et son nom était Dominique. et en fait le raccourci de son nom Dominique était Nick et donc j'ai reçu le nom Nick à la naissance. En grandissant, allant habiter à Gans, j'ai découvert d'autres gens qui s'identifiaient en tant que non-binaires, ce que j'ai commencé à faire aussi parce que ça allait plus dans mon genre et dans la manière laquelle je voulais me sentir dans la vie. Il y a déjà maintenant deux ans, je pense, j'ai changé de nom et j'utilise le nom Noah maintenant, qui est quelque chose de plus doux. qui est quelque chose de plus moi, qui représente aussi bien un non masculin que non féminin, avec un H à la fin.

  • Speaker #0

    Déjà, tu as mentionné quelque chose qui est intéressant pour mieux comprendre ton parcours et ce que tu fais aujourd'hui. Tu as parlé de non-binarité. En fait, nous deux, on s'est rencontrés sur le tournage de Drag Race saison

  • Speaker #1

    1. The first and the one. The OG one.

  • Speaker #0

    Et donc, moi, je... Je ne connaissais pas du tout le monde du drague. Je ne connaissais pas du tout, de vue, comme peut-être beaucoup de gens. Mais je n'avais aucune idée de ce qu'il y avait derrière par rapport, d'une part, aux gens. Donc vraiment l'aspect humain, l'aspect quotidien de cette communauté, ce qu'on peut dire cette communauté. Et puis, je n'avais aucune connaissance non plus de l'aspect créatif et performatif de ce qu'était le drague. Donc je l'ai découvert au travers de... de cette première expérience dans Drag Race. Et c'est là qu'on s'est rencontrés. Est-ce que tu peux un peu expliquer comment est-ce que toi, t'en es arrivé au drag ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai commencé il y a, je pense, 5-6 ans avec un collectif avec qui je travaille encore toujours ces jours-ci. Un peu moins, parce qu'on se voit moins, mais on est en train de planifier un show pour l'année prochaine. Revenir un peu, se retrouver aussi, puisque c'est des gens avec qui j'ai grandi. Enfin, j'ai... Je me suis rééduqué, on va dire, surtout dans la scène queer et dans le monde du drag. Je remercierai pour le reste de ma vie House of Lux, qui est une maison de drag à Gans. Et en fait, c'est un peu grâce à eux que j'ai commencé le drag, en ayant été à leurs soirées, en les ayant vus sur les réseaux sociaux. Et en fait, juste avec mon groupe d'amis, que j'appelle mon collectif aujourd'hui, on s'était dit, pourquoi pas essayer nous aussi de faire du drag ? Quelle est la description du drap ?

  • Speaker #0

    Parce que tu ne savais pas ce que c'était exactement. C'était quoi pour toi ? Ça représentait quoi pour toi à l'époque quand tu l'as découvert ? Comme moi, je me disais, c'est des hommes qui s'habillent en femmes de manière extravagante, en poussant les codes de la féminité, les différents codes de féminité à l'extrême. Et même là, il y a des nuances, tu vois, parce qu'il y a différents styles, il y a différents... Et puis, ça dépend aussi de quel genre de femme et quel état définit. Enfin, tu vois, c'est hyper large, ça apporte... énormément de questions. Donc moi, c'était ça pour moi au départ. Je me suis rendu compte que c'était bien plus complexe que ça. Mais pour toi, c'était quoi ? Pour toi, ça représentait quoi le drague avant que tu ne t'éduques à ça ?

  • Speaker #1

    En fait, je pense qu'en tant que jeune, avant même d'arriver à Gant, j'avais déjà vu Ropal's Drag Race US. C'est quelque chose que j'avais déjà vu à la télévision. Enfin, pas à la télévision, sur mon ordi, à ce moment-là. Parce que ça ne passe pas à la télévision.

  • Speaker #0

    Oui, mais tu vois là, par exemple, déjà ça, c'est déjà une démarche, ça demande déjà une démarche. particulière de ta part, t'avais quel âge ?

  • Speaker #1

    Je pense que la première fois que j'ai vu RuPaul's Drag Race c'était quand j'avais 19 ans peut-être 20 ans.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc t'étais déjà jeune adulte ? Oui.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    ok, ok.

  • Speaker #1

    Et simplement parce que mon identité queer n'était pas une conversation que j'avais à la maison, n'était pas une possibilité de conversation à la maison. Mon père est quelqu'un de très strict dans son éducation et donc m'a éduqué très... Carré, traditionnellement, en effet. Et donc, je pense que ce n'était pas vraiment quelque chose qui était à ma portée, en fait. C'était juste quelque chose que je ne connaissais pas. Et en tant que jeune qui a commencé à comprendre que j'étais différent des autres, j'ai commencé à m'éduquer en regardant sur les réseaux sociaux, en regardant sur l'Internet, voir ce qu'il y a dans le monde, en fait. Merci, bye. Quand on est seul, on se sent vraiment seul et on ne sait pas à qui parler. C'est un gros secret, en gros. Et donc, arriver à pouvoir se libérer en regardant justement... Moi, tout au début, c'était vraiment des hommes qui représentaient la féminité au maximum. C'était vraiment libérateur, en fait, parce que je voyais justement qu'il y avait autre chose que les codes que j'avais appris. Et du coup, je me disais, bon, ça veut dire qu'en fait, je ne suis vraiment pas tout seul. Ça fait plaisir de savoir... qu'autre part dans le monde, il y a des gens qui arrivent à être 100% eux-mêmes et dans un futur, du coup, à ce moment-là, je me voyais aussi pouvoir être moi-même par après. Pas forcément chez mes parents, mais donc par après. Et donc, ça, c'était la première fois que j'ai vu ça.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que, quand tu te dis être toi-même, est-ce que tu envisageais, est-ce que tu voyais les performances drag ? Je ne sais pas si j'utilise les bons termes, mais n'hésite pas à me reprendre. Comme quelque chose que tu avais envie de faire, comme un métier ?

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    ou quelque chose dans lequel tu t'identifiais même au quotidien c'est-à-dire que tu arrivais à imaginer en faisant abstraction évidemment de ton éducation et des codes sociaux auxquels on est tous soumis de dire en fait moi si j'ai envie un jour de sortir avec une perruque verte et un maquillage à la limite de l'outrance je pourrais le faire, je me vois bien vivre comme ça et sortir de chez moi comme ça le matin Moi c'était un peu ça en fait en voyant

  • Speaker #1

    Rupert's Drag Race US Pour moi, c'était vraiment l'idée de me dire Ah, mais si un jour, dans le futur, où j'habite tout seul, je veux sortir en crop top, je vais sortir en crop top. Je ne pensais pas forcément encore à une perruque ou à du maquillage, parce que ça, ça allait déjà une étape un peu plus loin, qui étaient des codes très féminins et auxquels j'étais encore ancrée, on va dire. Mais juste pouvoir me libérer d'un... d'un sweater et d'un pantalon oversize pour cacher mon corps parce que je me faisais bully à l'école limite à 24. Donc c'était vraiment quelque chose qui m'avait encadré dans une sorte de prison où je ne comprenais pas qu'il y avait quelque chose de plus que je vivais à ce moment-là. Le drag, ça a été un peu libérateur en fait. Ça m'a poussé à me dire There's a future and it's possible mais ce sera plus tard. Et ce sera OK. OK.

  • Speaker #0

    Voilà. Et t'as fait quoi comme études ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai toujours fait des études d'art. Ça, c'est un peu ma mère qui m'a poussé à me dire que c'était OK de faire de l'art, surtout envers mon père. Ma mère a toujours été là, en fait. J'ai une soeur aussi. Et en fait, ma mère a toujours été la personne entre les enfants et mon père. Mon père, c'est une personne qui est très carré, qui a des idées très carrées, on va dire. Et ma mère a toujours été, en effet, le tampon entre nous qui voulait faire tout et rien. Et mon père qui disait genre, faire du cheval, c'est pour les filles. Faire du karaté, c'est pour les hommes. Ça, c'était mon éducation, on va dire. Ma mère m'a dit, enfin, a parlé à mon père pour dire, bon, laissons faire les études d'artistique. Noah va arriver à faire ça, ça va aller. Et j'ai pu faire ça pendant toute ma secondaire.

  • Speaker #0

    Et t'as voulu, c'était ce que tu voulais faire ?

  • Speaker #1

    Oui. vraiment. C'était en fait une direction artistique globale. Je faisais de la peinture, du dessin, de la sculpture, de la photographie. Il y avait vraiment de tout qui s'appropriait à l'art, on va dire. Et une fois arrivé en sixième, j'ai trouvé une option pour l'espérière. Et là, ma mère m'a dit, si tu veux continuer en art, tu peux, mais je vais te donner deux options. Et je me suis dit, ah !

  • Speaker #0

    C'est trash quand même. C'est vraiment une éducation très cadrée par les parents, les choix orientés. par les parents.

  • Speaker #1

    Voilà. OK. Après, d'un côté, je les remercie parce que je pense que ça m'a vraiment appris aussi, comment on dit ?

  • Speaker #0

    La rigueur ?

  • Speaker #1

    Oui. Et être très bosseur, être très persévérant, en effet. Et quand j'ai un goal dans la vie, je vais pour atteindre le goal. C'est vraiment... Mon headspace a toujours été en mode travail, travail, travail. OK. Et je pense qu'aujourd'hui, ça se voit aussi que... Ma manière de travailler fait en sorte que j'arrive à avoir ce que je veux parce que je mets justement un objectif sur ce que je veux. Mais donc, les deux options étaient ou mode ou architecture intérieure.

  • Speaker #0

    J'ai quand même un truc qui me vient à l'esprit parce que j'imagine plus ou moins l'âge que tu as. Donc, l'âge de ta maman. Est-ce que... Elle n'a pas fait de la projection un peu sur toi.

  • Speaker #1

    D'un côté aussi, petite anecdote, son frère, qui est donc décédé dans les années 90, a étudié l'architecture intérieure.

  • Speaker #0

    Donc en fait, il y a un espèce de truc derrière. Ça peut être vu de manière un peu glauque, mais moi, je trouve ça joli.

  • Speaker #1

    Moi, je trouve ça hyper proche. Moi,

  • Speaker #0

    je trouve ça joli. Oui, c'est ça, j'y vois quelque chose d'assez...

  • Speaker #1

    Je connais aussi encore les amis de mon oncle, qui sont très bons amis avec ma maman. que je vois genre une à deux fois par an. Ils habitent à Bruges. Juste après avoir lancé Drag Race à la télévision, ils ont commencé à regarder. J'ai télévisité avec ma maman et on dit, c'est dingue. Et j'en ai encore les frissons quand j'y pense, mais c'est dingue comment on voit Dominique à la télévision. Et là, je me suis dit, en fait, c'est tout ce que je voulais avoir. Je voulais, moi, genre, quand j'ai appris qu'il était gay, qu'il est décédé du VIH, qu'il a fait l'architecture intérieure. qu'il faisait du drague cabaret ici à Bruxelles. Pour moi, ça a été vraiment genre...

  • Speaker #0

    Encore plus un feu vert.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je ne t'ai pas dit que c'était une épreuve.

  • Speaker #1

    Un feu vert. Pour moi, c'était un... Voilà, en fait, je peux continuer ce qu'il n'a, lui, pas pu continuer.

  • Speaker #0

    C'est un signe, quoi. Comme toi, tu avais pris la relève de la vie qu'il était en train de construire et qui a été interrompue.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, ce qui est beau aussi, c'est ma grand-mère me l'a expliqué quand elle vivait encore. Malheureusement, elle ne vit plus aujourd'hui, mais elle habitait à Bruges. et donc son fils, mon oncle, habité ici à Bruxelles, faisait du drague ici. Et quand il faisait un show, elle venait de Bruges en train pour le visiter, pour voir ce qu'il faisait. Et en fait, c'est exactement ce que ma mère fait maintenant. Aujourd'hui, on est jeudi. Demain, on est vendredi. J'ai un show à The Agenda. Ma maman vient.

  • Speaker #0

    C'est trop bien.

  • Speaker #1

    En train.

  • Speaker #0

    Mais ton père pas ?

  • Speaker #1

    Mais mon père pas. Mes parents sont séparés. Ah ok,

  • Speaker #0

    donc ils sont séparés.

  • Speaker #1

    Mais du coup, mon père ne veut pas forcément savoir ce que je fais. D'accord. Je lui ai dit aussi, quand j'ai fait Drag Race, je ne voulais pas qu'il tombe sur moi à la télévision en mode, mais qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi je vois mon fils ? C'est bizarre.

  • Speaker #0

    Mais ils avaient déjà connaissance, ta maman, donc j'imagine déjà, oui, de ta nombre d'arités, de par le fait que tu as commencé les études, j'imagine qu'en école d'art, tu as aussi exprimé d'un point de vue vestimentaire et esthétique un peu plus...

  • Speaker #1

    Pas forcément. Parce que du coup, j'ai choisi pour l'architecture en arrière. Pour reprendre sur cette petite anecdote. Donc j'ai choisi architecte. sur l'intérieur parce que mon père m'a poussé un peu dans ce métier-là parce que c'était un métier plus pour les garçons.

  • Speaker #0

    Tu voulais peut-être l'aider quand même à lui aussi.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, je pense que depuis que je suis jeune, j'ai toujours voulu me pousser moi aussi à faire mieux pour pouvoir lui prouver que j'étais pas un beau à rien. Parce que j'ai toujours vu qu'avec ma soeur, elle était très hyped avec tout ce qu'elle faisait et j'étais l'enfant gay qui ne pouvait pas être fier parce que j'étais différent. Donc je me suis toujours poussé à prouver que j'avais autant de valeur que ma sœur, qui est genre pas ok du tout en éducation parce que il ne pourrait pas y avoir de compétition. Mais ça m'a poussé à travailler, à trouver une force en moi aussi, à vouloir faire ce que je fais. Donc, en architecte intérieur, j'ai toujours habité en noir. Ça ne change pas. Dans la vraie vie,

  • Speaker #0

    en dehors de la scène, tu es toujours en noir ?

  • Speaker #1

    Toujours en noir ou en gris ou en des couleurs très foncées. C'est juste parce qu'en tant que personne, en dehors de ma personne drague, en fait, je veux pousser mon art à montrer ce que je fais sur la scène.

  • Speaker #0

    Pourquoi est-ce que ça t'empêcherait de porter du rose aussi dans la vie ?

  • Speaker #1

    Je n'en ai pas une envie, je n'en ai pas un besoin.

  • Speaker #0

    C'est marrant, on revient toujours. Je crois que dans tous mes épisodes, on parle du noir, des gens qui portent du noir. Après, bon. Je discute qu'avec des gens qui sont des créatifs. Et c'est vrai que cette théorie est ressortie déjà quelques fois. On s'habille en noir quand on est un créatif pour laisser de la place, soit au personnage, si on en est un, on en a un, soit à la création elle-même. Parce que si tu portes trop de choses sur toi, que tu montres sur toi, c'est comme si tu amputais ta production créative, quelle qu'elle soit. justement de fantaisie et de créativité. Toi, c'est comme ça que tu vis.

  • Speaker #1

    En fait, ça m'a été appris en architecture intérieure. En architecture intérieure, les profs nous disaient toujours, à partir de la première année, vous allez apprendre à vous habiller en noir aussi pour justement pousser votre projet plus en avant que vous. Le projet est plus important, vous n'êtes pas important. Donc en fait, dans ma vie pro-drag, c'est encore toujours pareil. J'essaie de garder Noah à l'arrière. en tant que manager de la vie de tous les jours, pouvoir pousser Valensaga juste vers le front, la lumière, et dire voilà. pas que je ne veux pas être pailleté j'adore les paillettes on ne va pas en parler je préfère que ce soit Valensaga qui porte les paillettes qui porte les pépés qui porte le make-up qu'elle veut et comme ça moi je peux juste manager la

  • Speaker #0

    vision qu'elle doit avoir c'est fou parce que là tu viens de me donner tu viens de m'envoyer une image de chef d'entreprise de manager et que et que Valenciaga, Valenciaga, c'est ton entreprise, c'est ton projet, c'est ta boîte, c'est ton produit.

  • Speaker #1

    Vraiment.

  • Speaker #0

    Ok, donc études en architecture d'intérieur terminées ?

  • Speaker #1

    Oui. Waouh ! Bachelier, master en scénographie.

  • Speaker #0

    Est-ce que quand tu as commencé les études en architecture d'intérieur, tu avais envisagé que ça pourrait être utile dans cette vie que tu avais déjà ? J'imagine que tu avais un endroit dans ta tête où tu construisais déjà cette vie. C'est cool. Non, même pas ? Non. T'as vraiment procédé étape par étape ? Oui. Une chose à la fois ?

  • Speaker #1

    Oui, mais je suis vierge.

  • Speaker #0

    Ça veut dire quoi ?

  • Speaker #1

    C'est mon style astro.

  • Speaker #0

    Ouais, mais ça veut dire ?

  • Speaker #1

    Je travaille par étapes. Une fois une étape passée, je peux commencer à l'approcher. Ok.

  • Speaker #0

    Je ne savais pas que c'était une caractéristique des vierges.

  • Speaker #1

    Je fais des listes pour tout. Ok. J'ai genre des listes partout chez moi à la maison.

  • Speaker #0

    Mais tu fais un truc à la fois ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas vierge, je suis poisson, mais je fais aussi des listes.

  • Speaker #1

    Je n'arrive pas à faire genre...

  • Speaker #0

    Des trucs en même temps.

  • Speaker #1

    Des trucs en même temps, je ne sais pas. Si j'y arrive, mais je sais qu'il y aura un truc où je me concentre énormément dessus qui sera nickel. Et comme l'idée que j'avais en tête, les autres seront un peu plus en mode... Ok. Voilà, on verra.

  • Speaker #0

    Donc il y a quand même une idée de précision alors que tu as acquis au travers de tes études. Et tu as bossé après en archi ou non ? Pas du tout.

  • Speaker #1

    J'ai fait un stage en architecture intérieure. Puis après, j'ai commencé mes études de scénographie. ici à Bruxelles. Après mes études de scénographie, j'ai encore fait un an d'art visuel. Je ne me voyais pas du tout commencer à travailler. Il fallait que je reste à Bruxelles pour devenir scénographe. Et je n'avais plus les thunes. J'ai dû partir. Retourner à la maison, je ne sais pas. Je me suis dit que je vais juste reprendre un bachelier en art plastique pour pouvoir continuer à travailler sur mes propres projets. Qui étaient ? Des projets de scéno, en fait, de mise en scène d'objets. Car durant mes études de scénographie, j'ai travaillé énormément sur des courts-métrages pour des étudiants à Loire-la-Neuve. Et donc, j'étais la plupart du temps chef de déco. Et j'amenais en fait plein d'objets que j'avais trouvés au jeu de balle ou chez moi à la maison. Ça venait un peu de partout, on va dire. Et donc, après avoir fini ces études-là, en arts plastiques, j'ai voulu... créer des mises en scène avec les objets que j'avais pu garder. Des éco-métrages que tu avais fait.

  • Speaker #0

    Mais tu avais déjà une idée, un projet ? Non,

  • Speaker #1

    pas du tout.

  • Speaker #0

    Tu te laissais porter parce que tu avais envie de faire et d'apprendre à faire.

  • Speaker #1

    Et en fait, durant cette année-là, j'ai que reçu des commentaires négatifs des profs qui me disaient, ah mais c'est pas bien, c'est pas intéressant. Je leur disais, oui, mais qu'est-ce qui n'est pas intéressant ou qu'est-ce qui n'est pas bien ? Parce que, pas bien, genre, c'est...

  • Speaker #0

    Oui, il faut que ce soit constructif.

  • Speaker #1

    C'est beau, mais... quelle est la définition de beau au final ? Et il me dit, ah non, je ne sais pas, mais ce n'est pas ça. Et donc moi, durant une année, j'ai juste fait des mises en scène que j'ai photographiées, que j'ai vidéographées, que j'ai même pris en son parce que ça pourrait être intéressant aussi. J'ai vraiment essayé de faire de tout pour au final, en fin d'année, avoir une grande expo. Donc j'avais juste amené mes objets favoris que j'avais mis en place. Avec des photos, avec de l'audio, avec un peu de tout. Mais par contre, pour faire partir toute l'expo, je n'étais pas là parce que j'étais en tournage d'un court-métrage d'étudiants à Ausha à Neuve. Et donc, j'avais demandé à mes éco-étudiants de faire partir...

  • Speaker #0

    De démonter ton expo.

  • Speaker #1

    De démonter l'expo, qu'ils n'ont pas fait. Et du coup, en fait, comme c'est resté dans l'espace, les gens qui voyaient les objets ont juste pris les objets.

  • Speaker #0

    Mais non !

  • Speaker #1

    Et donc, j'ai perdu pas mal d'objets. que j'ai collectionnées quand même pendant quelques années, des objets que j'ai hérités de mes grands-parents. Il y avait quand même des objets auxquels je me disais C'est dommage de perdre ça, mais c'est un peu ma faute aussi, j'aurais dû être là. Donc d'un côté, j'étais en mode Mais d'autre côté, c'est ma faute. Ma dernière expo de fin d'année, que je devais présenter à un jury externe, a été des posters. de photos et de croquis des objets que j'avais perdus avec en dessous de l'affiche des petites feuilles qu'on peut tirer.

  • Speaker #0

    Si vous les retrouvez.

  • Speaker #1

    Envoyez-moi un mail. Par objet, j'avais créé une adresse mail. C'était lostcarpet at hotmail.com lostface at hotmail.com Et comme ça, tout objet avait une adresse mail. Donc ça, ça a pendu dans les couloirs de l'école pendant je pense un mois. Et après un mois, j'ai collectionné tous les mails que j'ai reçus.

  • Speaker #0

    Ah, parce que les gens t'ont répondu ? Oui. Et t'as retrouvé des objets ?

  • Speaker #1

    Non. Ah, ok. Enfin, si. Un objet. Ok. Un objet principal. Un tapis. Ok. Un tapis de la Tunisie que j'avais reçu de ma grand-mère. Ok. C'est un tapis, enfin, tu connais les tâches. Ouais,

  • Speaker #0

    qui est à la main.

  • Speaker #1

    C'est hyper unique, genre. Ouais. Un truc que tu vois, t'es en mode genre, non, je peux pas faire ça. Le truc, c'est que je l'ai pas retrouvé grâce aux mails. J'étais en train de chercher une colocation. Je suis arrivé dans une coloc. Et là, je le vois au sol. Je vois le tapis. Je me fais... Mais non ! Vous avez eu ce tapis d'où ? La fille me fait, je ne sais pas, c'est un des colocs qui a ramené ça un jour. Je me dis, est-ce que je peux juste checker derrière ? Parce que je pense que c'est bien. Ce serait bizarre. Je lui dis, mais ton coloc, il est en quelle option ? Elle me dit l'option. Je fais, c'est vrai, je n'ai pas cours avec eux. Mais je check quand même. Et en effet, c'était mon tapis. Ah oui,

  • Speaker #0

    puisque l'expo...

  • Speaker #1

    Voilà ! mais du coup j'ai retrouvé le tapis pas grâce aux mails parce que les mails c'était genre des mails ridicules c'était des mails en mode genre ah courage j'espère que tu as trouvé un truc c'est des mails très cute et très memes mais pas forcément qui me donnent des infos mais par contre ça fait un un bouc de mails quand même même les mails ridicules en mode ceci est une piste anonyme il faudrait que tu ailles voir dans les coins genre c'était n'importe quoi mais hilarant c'est vraiment J'étais en train de lire une histoire, j'ai l'impression, de où est-ce que l'objet pourrait se trouver. Moi, je trouvais ça assez marrant. Donc, j'ai donné ça au jury externe. J'ai dit, en fait, je n'ai rien à vous montrer. Juste une balade avec des mails à vous lire, à faire lire. That's it. J'ai reçu une note de 90% à mon jury, parce qu'en fait, ça les a plu. Et là, j'ai été voir les profs et je leur ai dit, mais pourquoi vous me faites passer maintenant avec 90% alors que durant toute l'année, vous m'avez dit que c'était de la merde ce que je faisais. Ils m'ont dit... C'est un projet tellement intéressant. C'est ça qu'on voulait devoir faire. Et là, j'aurais dit, en fait, vous savez quoi ? J'en ai plus rien à foutre. J'arrête. Moi, j'arrête. Et genre, en fait,

  • Speaker #0

    j'étais tellement démotivée. Pour faire des trucs qui sont faits sans... Parce que pour le même prix, t'aurais pu justement ne pas réussir. Là, c'est juste que tu t'es dit, bon ben, même si c'est nul, je vais continuer. Parce que j'imagine ta manière de faire, de jamais lâcher. Je continue l'année, je fais avec ce que j'ai sous la main.

  • Speaker #1

    Et donc, arriver à ça, et reçoir une très bonne note, et me dire que je passe en troisième année, parce que du coup, en fait, mon bachelier, comme j'avais déjà fait un bachelier, un master, je pouvais commencer en deuxième. J'étais en mode, ça ne sert à rien, en fait. C'est juste pour être avec des profs l'année prochaine, les mêmes, qui me diront, genre, c'est nul, ce que tu fais.

  • Speaker #0

    Mais à la fin de l'année,

  • Speaker #1

    me faire passer, j'étais en mode, genre,

  • Speaker #0

    laisse tomber. Tu n'avais pas l'impression d'apprendre des choses ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. J'avais plus appris, moi. à avoir une éthique de travail conséquente qu'avoir vraiment appris à ce qui peut être l'art moderne ou l'art plastique en général.

  • Speaker #0

    Comment développer un concept. Tu as fait ça dans quelle école ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est au CASC. Je ne connais pas. C'est à Gans. C'est une école très réputée qui ne prend pas beaucoup d'élèves, qui n'admet pas beaucoup d'élèves. Ils sont très élitistes un peu, oui.

  • Speaker #0

    Archite intérieur, diplôme. Scénographie, diplôme. Art Plastique t'a tenté, t'as vu que tu savais faire et que en fait... Est-ce qu'il y a un moment où tu commences vraiment à créer ? À quel moment t'as fait connaissance avec Valenciaga ? Je sais pas si t'as fait connaissance avec elle ou si tu l'as créée, tu lui as donné naissance. Comment ça s'est passé ?

  • Speaker #1

    Alors ça, ça a été assez bizarre, on va dire, dans le sens où après mes études, en fait, je suis resté à Gans. J'ai décidé de... reprendre mes amitiés que j'avais en secondaire parce que mes amis de secondaire à court trait ont tous déménagé à Gans pour étudier à Gans. Donc j'ai pendant mes années à tourner Saint-Luc-Tournay et Saint-Luc-Bruxelles j'ai un peu perdu cette connexion avec eux et donc je l'ai reprise en étant au casque à Gans. J'ai décidé d'aller vivre avec une de mes meilleures amies que je connais à ce jour-ci depuis 16 ans. Ok. 17 ans, un truc du genre. On était en fait avec elle dans une maison pas énorme, mais assez grande pour nous deux. Une personne queer aussi. Ça m'a en fait... ouvert encore plus l'esprit ou le mindset de en fait, il n'y a pas que des garçons et des filles dans le monde. Il y a genre plus que ça. Tu peux être n'importe qui, en fait. Il faut trouver la personne que tu veux être et être dévoué, en fait, à ce que tu veux devenir. C'était un peu ce que j'ai appris d'elle, on va dire. Parce qu'en vivant avec elle, elle voyait que ça n'allait pas tout le temps. Au moment où j'étudiais à... au casque, j'ai entraîné une relation romantique avec une personne qui n'était pas forcément la meilleure personne, assez toxique aussi pour moi. Je sortais beaucoup, c'était aussi les premières fois où je commençais à boire plus, donc j'arrivais dans une vie pas forcément saine. Et donc pouvoir rentrer à la maison et être avec elle, et elle qui est une vierge aussi, parce que presque tous mes amis sont vierges, c'est ouf. On a toujours les meilleurs conseils. Par contre, on ne les suit jamais.

  • Speaker #0

    Donc, vous donnez toujours les meilleurs conseils, mais vous ne les suivez jamais vous-même. Non,

  • Speaker #1

    voilà. Voilà,

  • Speaker #0

    des gens font ça. Oui,

  • Speaker #1

    voilà. Mais donc, elle me donnait les meilleurs conseils, je lui donnais les meilleurs conseils. Par contre, elle n'allait pas suivre ses propres conseils et je ne suivais pas mes propres conseils. Ce n'est pas grave. On s'entendait bien, ça fonctionnait bien. Et donc, on a vécu quand même trois ans ensemble à Caen. On s'est quittés. On s'entend encore toujours bien. On s'adore, on se voit régulièrement et tout. Mais on s'est quittés l'année après le Covid. Parce qu'on avait besoin de se retrouver tout seul, chacun de notre côté. Et en fait, c'est un peu l'année juste avant le Covid que j'ai commencé à faire du drag, que j'ai commencé à être plus proche de nos amis en commun que j'avais avec Eva.

  • Speaker #0

    Eva fréquentait déjà le... Oui,

  • Speaker #1

    le milieu cuir en fait à Gans. Dans lequel il y avait des drags. Voilà. Mes amis qui n'avaient pas encore commencé le drag, en fait, on était intrigués par aussi la scène drag. On le voyait à la télévision, mais on le voyait en vrai aussi. Et du coup, on se dit genre, c'est un moment à aller voir aussi le drague dans notre ville, qui est gant à ce moment-là. Parce que justement, ça nous ouvre encore plus l'esprit sur ce qu'on voit à la télévision. Ce n'est pas forcément ce qu'on voit en vraie vie.

  • Speaker #0

    Oui, de comparer les deux.

  • Speaker #1

    Voilà, comparer les deux. Et donc, en ayant vu les shows en vrai, en ayant vu ce qui se passe à la télévision, ça nous a un peu posé des questions. Est-ce qu'on veut faire ça aussi ? Est-ce qu'on veut le tenter ? Comment on dit d'une chose à l'autre ?

  • Speaker #0

    De fil en aiguille.

  • Speaker #1

    De fil en aiguille, voilà. On est arrivé à s'acheter du fond de teint, à s'acheter du crayon noir, à s'acheter des trucs basiques pour essayer des make-up. Basiques aussi, on ne s'y connaissait pas encore. On avait des références. Et tu sais, genre le truc, le mime où est-ce qu'on dit ce que tu achètes en ligne, ce que tu reçois ? Oui. C'était vraiment ça. Genre la référence et moi après. Une petite merde qui se pense être star. Mais c'est bien parce que justement, ça crée la tissu aussi, ça crée le personnage, ça crée l'idée de ce que tu veux rendre en vraie vie. Et pour moi, personnellement, j'ai toujours été intéressé dans la mode. Un peu l'option que je n'ai jamais pu faire de mon père. Parce que ça chauffe bien un peu.

  • Speaker #0

    C'est bien, tu fais une super transition que j'allais te dire.

  • Speaker #1

    Le nom. Très fashion, quelque chose qui m'a toujours intéressé. De base, Valencia Khan n'allait jamais naître. Ce n'est pas le nom premier que j'avais choisi.

  • Speaker #0

    Attends, parce que là, je suis en train de me dire. Tu as toujours... aimer la mode. Mais tu t'habillais toujours en noir. Puisque tu as commencé tes études comme jeune adulte et on t'a dit, tu gommes tout ce qui est...

  • Speaker #1

    Personnalité.

  • Speaker #0

    Personnalité, carrément ?

  • Speaker #1

    Oui, pour pouvoir mettre la personnalité dans le projet.

  • Speaker #0

    Dans tes projets.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Donc ça veut dire que tout ça mijotait quand même quelque part dans ta tête. C'est pas possible que t'aies pas un endroit...

  • Speaker #1

    D'office. J'étais pas conscient. En fait, c'est con, mais c'est peut-être poétique aussi. en prenant le premier pinceau pour me maquiller. Ça a été un peu la clé qui a libéré cette inconscience.

  • Speaker #0

    Tout ce monde que tu avais déjà commencé à créer, finalement, inconsciemment. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est trop mignon. En fait, j'avais juste besoin du bon outil. Alors que ça fait déjà des années que j'utilise des outils d'art. Oui,

  • Speaker #0

    des pinceaux pour peindre sur des toiles, j'imagine, quand tu fais des maquettes.

  • Speaker #1

    Voilà, mais pas sur le visage. Et genre, un pinceau visage, c'est tellement différent qu'un pinceau peinture que je pense que ça, ça a été vraiment la... clé qui m'a ouvert la tête en mode, mais c'est ça en fait que je veux faire. C'est ça que je veux pouvoir créer.

  • Speaker #0

    Alors que j'imagine que tu ressemblais à un petit garçon de 6 ans qui avait piqué le make-up de sa mère.

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. C'est parce que... Pire ! Maman ! En fait, j'avais l'outil, mais j'avais pas encore...

  • Speaker #0

    le savoir-faire. Et à ce moment-là, je me disais, genre, je suis une personne non-binaire, j'ai envie de jouer avec les codes masculin-féminin, du coup, je vais laisser ma moustache. Pire décision de ma vie. Valensaga avec une moustache ? Peut-être une moustache hyper esthétique, mais la moustache, genre, comme je l'ai aujourd'hui, ça va, c'est pas du tout. C'était horrible, horrible. Et donc, ça a évolué de moi qui gardais ma moustache à me dire, genre, non, en fait, je pense que je vais la faire partir.

  • Speaker #1

    Mais tu faisais quoi ? Donc, tu te maquillais. Est-ce que tu t'habillais aussi ? Et puis tu faisais quoi ? Les premiers trucs, je ne sais plus avec qui j'ai discuté. Justement, quand j'ai fait la première saison de Drag Race, cette personne m'expliquait que les toutes premières fois, c'est juste chez toi, dans ta chambre, dans ta salle de bain. Toi, c'était comment ?

  • Speaker #0

    Moi, c'est sortir. Alors, je t'explique la première image de nous qu'ils ont quand ça, nous maquillés. C'était en été. Il était, je pense, fin juin, début juillet, avec... avec d'autres personnes qui font du drague qui s'appellent Krasna et Beau Butler et Marty, qui font partie de mon collectif. On est installés dehors, sur le pas de la porte. Le trottoir ? Le trottoir, voilà. Avec un grand néon en plein milieu de nous, sur un tapis. Tout le monde avec un miroir et genre son make-up.

  • Speaker #1

    Pourquoi pas à l'intérieur ?

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, il n'y avait pas assez de place pour nous mettre tout ça à l'intérieur. Parce que la maison était petite. Et comme ma chambre était petite, la chambre d'Eva était petite, la salle à manger était très petite aussi. Tu rentres, tu avais vu sur la cuisine directe. C'est vraiment une toute petite maison. Et donc, en fait, on s'est dit, il fait chaud, c'est été, il ne va pas pleuvoir aujourd'hui.

  • Speaker #1

    C'est trop bien. Et vous n'êtes pas dit, ouais, c'est genre... Parce que moi, je me dis, déjà, parfois, quand j'essaye juste un nouveau look ou des nouveaux vêtements, je fais partie de ceux qui aiment bien faire ça tout seul, tu sais, dans un coin comme ça. De ne pas partager le potentiel ridicule.

  • Speaker #0

    Oui. Tu vois ? Je ne pense pas qu'on pensait à ça à ce moment-là. On était plus en mode, on est un petit groupe, on veut s'amuser. On est ensemble. Et le but, c'est de sortir après en boîte, aller voir des shows drag de House of Luxe et juste s'amuser. Et donc, en gros, on se maquillait, on essayait des trucs. On a été chercher nos premières pericostes ensemble. C'est des trucs assez marrants, on va dire, qui se sont mis en place. J'aurais dû ramener cette photo, franchement. J'ai une photo.

  • Speaker #1

    Envoie-la moi.

  • Speaker #0

    Je vais essayer de la retrouver, par contre.

  • Speaker #1

    Tu retrouves quelque chose d'archive.

  • Speaker #0

    C'est marrant de nous voir comme ça sur le trottoir. En fait, vraiment, faire le trottoir, mais genre, pas de la manière où est-ce qu'on pense, mais c'est hilarant parce que, tu vois, genre, quatre gens qui essayent le drag pour la première fois et qui savent pas trop comment, mais c'est pas grave, on s'amuse. Tant que l'œil est bien noir, que la bouche est bien rouge et qu'on a un peu de contour, un peu fort le contour, qui fait une couleur très efféminée, ce qu'on pensait être efféminé, ça passe. Et donc, les habits, c'était du seconde main, friperie, les talons trop petits qui nous niquaient les doigts de pied, mais c'est pas grave, on y allait.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous ne saviez pas encore où est-ce qu'on trouve les magasins avec des chaussures à talons en 43,

  • Speaker #0

    44 ? Voilà, c'est ça. Et donc, on sortait comme ça. C'était pas loin de la porte non plus, donc c'était assez marrant.

  • Speaker #1

    Et là, à ce moment-là, Valencia Gaye n'est toujours pas là.

  • Speaker #0

    Non, pas encore. À ce moment-là, c'est encore Coton. Coton ? Voilà.

  • Speaker #1

    C'est mignon,

  • Speaker #0

    Coton. Le nom très mime.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Qui n'a rien à voir avec le personnage d'aujourd'hui, mais peut-être au fond quand même.

  • Speaker #1

    Oui, parce que Valencia Gaye a un côté quand même très gentil.

  • Speaker #0

    Oui. Et très doux. Voilà. Et en fait, à ce moment-là, je travaillais dans le Scotch & Soda à Gans. J'étais en train de chercher un nom de scène et c'est en pliant des habits. dans le magasin, que soudain, je vois sur le label coton Et là, je me suis dit c'est basique, mais c'est cute, parce que du coton, il y a dans tout, en fait. Pas dans le bienthétique, mais je veux dire, la plupart du temps, c'est du coton. Donc, je pense que je suis allée pour le coton. Je pense que ça s'est resté pendant un mois. Donc, à chaque fois que je sortais, je me présentais un temps le coton. Et je voyais genre les gens me regarder en mode elle est pas sérieuse ? Ok, si tu veux, genre, fais-toi plaître. Pas grave, tu vois.

  • Speaker #1

    Les noms de scènes drag ont souvent... Une référence ou un jeu de mots. Quelque chose comme ça. Là, il n'y en a pas.

  • Speaker #0

    Pas du tout. C'était juste genre...

  • Speaker #1

    Ça aurait pu être quand même Lady Cotton ou Miss Cotton.

  • Speaker #0

    Voilà. N'importe. Ça, je ne sais pas. Si, ça aurait pu. Mais à ce moment-là, je ne me voyais qu'avoir un nom aussi. Je ne voulais pas un double nom, un nom famille. Et je m'étais dit, Cotton, c'est la base de la mode, en fait. Ah oui,

  • Speaker #1

    aussi, un lien avec le thème.

  • Speaker #0

    Voilà. Je voulais quelque chose de très mode.

  • Speaker #1

    Un cheminement, quoi. Voilà.

  • Speaker #0

    petit pas par petit pas mais t'as quand même en tout cas là je perçois qu'il y a quand même un cheminement depuis le départ voilà et en fait coton aussi c'est un peu le matériau premier pour créer un vêtement et donc c'est ça je me disais la toile voilà un calva c'est quelque chose qui est premier qui est là depuis le début et qu'on a besoin pour créer quelque chose d'après. Et en fait, c'est peut-être bizarre, mais à ce moment-là, comme House of Luxe était la première house drag à Gans, et qu'en fait, mon collectif suivait cette house, donc était le deuxième, je me disais, moi, je veux un nom iconique qui dit, j'étais la preuve ou limite second et qui va lancer la scène drag à Gans. C'était genre l'idée que j'avais en tête. Toi,

  • Speaker #1

    tu voulais être...

  • Speaker #0

    Celle qui allait lancer la scène drague à Gans avec la première house, House of Lux, avec mon collectif. Et on allait genre régner un peu la scène drague.

  • Speaker #1

    Et pourquoi un collectif et pas une autre house ?

  • Speaker #0

    Parce que house, pour nous, c'est... En fait, on a discuté longtemps. Et house vient de la ballroom scene qu'on ne veut pas approprier. On n'est pas des personnes racisées, sauf Krasna, qui est une personne qui vient de la Russie et qui est musulmane aussi. Mais elle a un white passing très, très white. Donc en fait... On ne voulait juste pas approprier cette idée d'une house, une maison des années 80, des années 90, New Yorkais. Ce n'est pas notre histoire. Ce n'est pas notre histoire non plus. On a notre maison physiquement, on a une maison, on n'a pas besoin d'être ensemble pour créer ce safe space, on va dire, parce qu'on est rejeté par la société. Non, on a tous un job, on a tous une maison, collectif, on fait de l'art. Donc un collectif artistique rentré. C'est un grand plan.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Et tu te dis, moi, je veux un nom iconique.

  • Speaker #0

    Voilà. Et là, je commençais à continuer à chercher parce que je me dis, coton, c'est genre trop mime, c'est genre trop, je ne sais pas, genre ça ne donne pas ce que je veux donner, en fait. Et là, je commençais à faire les pages de magazines, faire lire des livres sur la mode parce que j'en avais déjà pas mal, mais je n'avais pas vraiment eu le temps ou pris le temps de lire.

  • Speaker #1

    Et tu as fait cette démarche vraiment dans le but de trouver un nom. Voilà. OK. Et pourquoi la mode ? Parce que tu aurais pu prendre l'archive. le nom des architectes et des designers d'objets, le nom des pièces, parce que même les chaises et les trucs ont toujours un nom.

  • Speaker #0

    Vitra. Ouais. Ça m'a fait ce coup-là. Mais je ne sais pas, genre... Alors,

  • Speaker #1

    styling que du plastique.

  • Speaker #0

    Voilà. Non, je ne sais pas. En fait, je pense que, justement, je m'étais un peu arrêtée aussi sur l'idée de les maisons de la ballroom scene qui sont des maisons, des houses qui ont toujours repris des codes. très mode. Je dis simplement House of Chanel, House of Louis Vuitton, il y a toujours une anecdote à la mode. Donc je me disais, qu'est-ce que je pourrais reprendre qui pourrait être assez iconique ? Je cherche. Je ne sais pas. On trouve Banetaga. C'est une house qui est là déjà depuis des années, mais même quand je dis des années, des années. Aussi. Mais aussi, tout ce qui a été créé aux Etats-Unis a été repris. Donc en fait, les House Ballroom aux Etats-Unis ont été créés par des personnes racisées émigrées, qui eux émigrent en Europe et qui eux recréent la scène qu'ils ont eue aux Etats-Unis. Ok. Et donc en fait, c'est...

  • Speaker #1

    Comme une succursale quoi.

  • Speaker #0

    Voilà. Ok. C'est genre des houseurs, des house... Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça.

  • Speaker #0

    Qui viennent de la house mère, on va dire, aux Etats-Unis, mais qui continuent en fait ici en Europe. Ok. en Asie, en Australie, partout dans le monde. C'est vraiment un petit exemple. Ausha, qui est grande gagnante de la deuxième saison, fait partie de la ballroom. Elle est maire de la House of Revlon aux Etats-Unis, mais aussi ici. Parce qu'en fait, chaque pays a un chapitre. On appelle ça des chapitres. C'est des codes de la ballroom. Quand on ne connaît pas trop, je n'ai pas trop bien expliqué. Je commence à intégrer la ballroom maintenant, en 2024. à mon début. J'ai déjà deux prix. Félicitations. Merci.

  • Speaker #1

    Mais j'ai vu ce...

  • Speaker #0

    Il n'y a pas longtemps. En un mois, en fait.

  • Speaker #1

    T'en as eu un début août. Début août 2024.

  • Speaker #0

    Voilà. Et puis j'en ai eu un la semaine passée. Dimanche. Donc c'est assez cool de pouvoir faire la catégorie Lip Sync que je fais déjà depuis six ans maintenant. Mais la ballroom, c'est quand même différent. C'est des gens qui te jugent. C'est très différent, on va dire.

  • Speaker #1

    On va chercher sur la question. et donc tu t'es dit Balenciaga

  • Speaker #0

    Christobal qui est le designer OG de Balenciaga qui a été en fait le OG designer le OG créateur de mode en Europe qui a lancé aussi un peu la carrière de Chanel qui a lancé la carrière de c'est pas Louis Vuitton c'est Louis Vuitton non c'est pas Louis Vuitton c'est pas de la même époque je sais plus de qui Christian

  • Speaker #1

    Christian Dior, qui l'aurait travaillé dans... Voilà,

  • Speaker #0

    Christian Dior. Et en fait, Balan Saga est une personne qui va pousser Chanel et Christian Dior à créer leur propre maison de mode. Et se dire, moi j'ai genre une base, maintenant c'est à vous. Et en fait, c'est ce que j'ai voulu faire. Je me suis dit, c'est un nom iconique. C'est un nom qui va créer les OGs et qui va justement faire en sorte que la scène drague peut être poussée par après.

  • Speaker #1

    Tu t'es visualisé toi comme étant un peu celle qui allait aider les autres à se lancer. Parce que tu avais commencé avant et que justement, tu avais cette volonté d'être une queen iconique qui prend de la place, qui montre comment on fait, qui est... très précises, parce que moi, quand tu me dis Balenciaga,

  • Speaker #0

    franchement,

  • Speaker #1

    oui, en termes de précision, alors on ne parle pas de Balenciaga aujourd'hui, c'est autre chose, c'est très différent, mais si tu regardes ce que Cristobal Balenciaga faisait, les robes, elles sont clairement, comme tu dis, on va utiliser 50 fois ce mot, elles sont vraiment, vraiment iconiques, les coupes, les volumes, il travaillait vraiment, les volumes, c'était vraiment incroyable, et c'était très graphique. Peut-être, est-ce que ça aussi, parce qu'avec ton parcours en archi, est-ce que ce n'est pas ça aussi qui t'a marqué ? Parce que quand tu regardes les photos de Balenciaga, c'est hyper architectural. Les lignes, ce sont des lignes parfaites. Les courbes, c'est des courbes qui sont placées de manière extrêmement précise.

  • Speaker #0

    C'est très, très précis, en effet. C'est en fait ça qui m'a poussé à vouloir rendre hommage à cette personne. iconique dans la mode, qui crée l'architecture portable, comme il est décédé à Valence. J'ai juste repris le V de Valence et je l'ai mis à la place du B pour Balenciaga.

  • Speaker #1

    Et c'est comme ça que Balenciaga a été baptisé.

  • Speaker #0

    Voilà. Je voulais un nom aussi qui finisse avec un A, parce que tous les noms qui finissent avec un A sound more feminine. Ok. J'ai voulu quelque chose qui était plus doux qu'un B, parce que B c'est genre bouh.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Alors qu'un V c'est genre très... Ça fait très aéré. Même dans sa précision, dans ma précision, j'ai vraiment pensé à trouver un nom. Je ne pouvais pas imaginer que derrière ton nom,

  • Speaker #1

    il y avait tellement d'histoires, de réflexions et d'étapes. Et donc après ça, tu as trouvé le nom.

  • Speaker #0

    Voilà. Coton est sorti de sa chrysalide pour devenir Valencia.

  • Speaker #1

    Mais j'imagine qu'elle n'avait pas encore les codes de Valencia. Parce que Valencia a des codes aujourd'hui. Oui. que je vois qu'il évolue quand même encore un peu il continue à évoluer tu vois que t'es quand même énormément toujours en évolution c'est subtil je trouve que tu fais tout ce que tu viens de m'expliquer maintenant appuie mon impression qui est que tu fais les choses de manière toi t'avais dit par étapes moi

  • Speaker #0

    j'y vois plutôt quelque chose de tu vois une sorte de continuité tu vois d'évolution fluide comme ça maintenant ce jour-ci oui c'est plus fluide auparavant c'était plus d'étapes en étapes j'ai acquéri ça maintenant je peux continuer à faire ça. J'ai acquis ceci, maintenant je peux continuer dans ceci. Et c'est vraiment genre une évolution, mais d'étape en étape. Alors que maintenant, c'est plus une évolution, plus étape en étape, c'est quelque chose de très fluide, qui reste en évolution en effet, mais qui est que visible à l'œil observatif. Si tu me regardes et tu me vois genre dans trois mois et maintenant, peut-être qu'il y a des gens qui ne vont pas voir l'évolution. Par contre, des gens qui ont l'œil vont le voir. Et c'est ça que je trouve intéressant aussi. Parce que le drag, c'est une conversation sur quoi ? Sur le genre, sur la mode, sur ce qu'on veut représenter. C'est politique. C'est très politique. C'est très poétique aussi. Mais des gens qui le voient qu'en tant qu'entertainment, ne comprennent pas.

  • Speaker #1

    Il y a plusieurs lectures, on va dire. Plutôt qu'à plusieurs lectures, tu peux aller et voir un spectacle où tu as des garçons qui sont habillés en fil de manière extravagante et c'est rigolo. Il y en a qui font des blagues, il y en a qui chantent, il y en a qui truquent. Et ça s'arrête là. Et puis tu as un deuxième, un troisième niveau de lecture où là, tu te demandes... pourquoi ce costume, pourquoi ce texte, pourquoi cette chanson.

  • Speaker #0

    Il y a vraiment des codes très subtils que j'essaie de garder, que je trouve intéressants, parce que justement, à ce niveau-là, je peux avoir une conversation. Mes conversations durant les soirées, avec différentes personnes, sont très différentes.

  • Speaker #1

    Parce qu'en plus, quand tu sors de scène,

  • Speaker #0

    les gens veulent toujours te parler, parce qu'ils vont trouver ça intéressant. Si c'est juste pour te dire, genre, c'est incroyable ce que tu viens de faire, ou j'ai trop aimé le texte que tu as repris. Il y a une subtilité dans le compliment qui est tellement différent, mais qui est tellement important. Parfois, c'est ça qui fait ma soirée, en fait.

  • Speaker #1

    Est-ce que ce sont ces échanges, ces rencontres, après tes performances, qui contribuent à l'évolution de Valencia Gala ?

  • Speaker #0

    Énormément. Si je n'avais pas des retours du public, je pense que j'aurais longtemps arrêté.

  • Speaker #1

    Et est-ce que la majorité des... Est-ce qu'on dit des dragues ou on dit des queens ?

  • Speaker #0

    Des dragues. Des dragues.

  • Speaker #1

    font ça, vont à la rencontre de leur public ?

  • Speaker #0

    Je pense que la forme de l'art du drag est tellement différente pour chacun. et chacune, qu'on vit ça tellement différemment. Moi, j'adore le public. Moi, je suis vraiment une reine du public. Je suis une reine qui me faufile dans le public pour faire mes performances. Si le bar était rempli et qu'il n'y avait pas de place sur la scène, je le ferais même encore en plein milieu du public parce que justement, il y a un échange d'énergie qui me donne cette force pour continuer, mais qui, je vois, crée cet échappatoire pour les gens qui sont là.

  • Speaker #1

    et en fait c'est un besoin c'est un besoin mutuel ok je vois ce que tu veux dire parce que je me disais peut-être que l'endroit où on se sent le mieux en sécurité en confiance c'est quand tu es dans ta performance dans ton personnage et qu'en fait dès lors que c'est terminé tu reviens à toi après pas vraiment parce que t'as toujours ton maquillage t'as toujours ton on peut dire costume je peux dire costume ton costume Mais effectivement, comme tu dis, ça dépend d'une personne à l'autre. Et pour revenir au costume, maintenant que Valenciaga a une identité forte, que j'imagine que tu as déjà un avenir pour elle, que tu as des projets pour elle, comment est-ce que tu as fait et comment est-ce que tu fais pour choisir ses tenues, pour faire ou faire faire ses tenues ? Tu me diras si tu les fais toi-même ou pas. Et comment est-ce que tu construis sa garde-robe ?

  • Speaker #0

    Alors, la garde-robe de Valenciaga est construite de... planches de Ikea. On a besoin d'une base très solide et Ikea, ça tient.

  • Speaker #1

    Rapport qualité-prix dans un premier temps, ça marche bien.

  • Speaker #0

    Et je peux l'avoir sur facture. C'est important aussi. Je pense que je m'inspire en fait encore toujours de Balenciaga, de la marque actuelle et de la marque ancienne. Mon look de finale, par exemple, pour Drag Race, la première saison, était un look inspiré de Balan Saga, sa première collection. Les robes très voluptueuses, asymétriques, qui ne centraient pas la taille du tout, alors que Balan Saga est toujours centré sur la taille. Donc ça a changé énormément aussi ma silhouette, ce que je trouvais hyper intéressant et hyper important aussi pour justement me pousser à faire autre chose que ce que je fais d'habitude. La silhouette très Hourglass figure, on va dire. Et donc en fait, je pense que je reste inspiré. par des silhouettes très classiques, par des silhouettes très cabaret, qui sont corsetées.

  • Speaker #1

    Voilà, cabaret de une certaine époque.

  • Speaker #0

    Voilà. Mais aussi très moderne. Dans le sens où, si je pouvais porter un hoodie tracé avec un corset très burlesque des années 30, je le ferais.

  • Speaker #1

    Tu ne l'as pas fait encore ?

  • Speaker #0

    Pas encore. On le fait ? Peut-être. Ok. Mais je pense que cette image fonctionne énormément parce que c'est... quelque chose qui est très dans cette ère du temps, ça se dit ?

  • Speaker #1

    Oui, dans l'ère du temps.

  • Speaker #0

    Dans l'ère du temps, on reprend des codes, maintenant surtout, de plus en plus des années précédentes et on en fait quelque chose de très moderne parce que justement, en fait, ça...

  • Speaker #1

    Ça a toujours fonctionné comme ça, prendre des références et venir les assaisonner au goût du jour.

  • Speaker #0

    Le goût du jour.

  • Speaker #1

    Et comment est-ce que tu qualifies, si tu devais qualifier le style de Valenciaga ? son look si tu devais lui donner un adjectif, ce serait quoi ? Est-ce que ce serait rétro ? Est-ce que ce serait burlesque ? Est-ce que ce serait sexy ?

  • Speaker #0

    Je sais que tout le monde doit avoir une autre définition pour ce mot-là, mais moi je dirais haute couture. Ok. Dans le sens où tout est pensé jusqu'au détail, tout est poussé jusqu'au détail. C'est pas quelque chose que quelqu'un va porter tous les jours, ce qui a quand même un côté extravagant, mais c'est inspiré du prix apporté.

  • Speaker #1

    Tu pars du prêt-à-porter, tu vas chercher les codes haute couture, tu modifies prêt-à-porter pour que l'image que ça donne, l'attitude que ça te force à adopter, entre dans le cadre haute couture.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Strict, un peu lointain, intouchable.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est aussi un peu ce que beaucoup de gens me disent quand ils voient mon Instagram. Genre, j'ai l'air une personne très intouchable, alors que quand ils me rencontrent...

  • Speaker #1

    Je valide, je confirme.

  • Speaker #0

    Directement, tu dis, mais c'est une crème. Un des meilleurs compliments que j'ai déjà eu, c'est que tu as l'air tellement toujours fâchée sur ton Instagram.

  • Speaker #1

    Fâchée ? Ah non. Moi,

  • Speaker #0

    quand j'ai bossé avec toi,

  • Speaker #1

    c'était maintenant il y a deux ans. Déjà deux ans.

  • Speaker #0

    Ça va vite.

  • Speaker #1

    Tu ne m'as pas donné cette impression-là. Après, moi, j'étais en backstage. Donc déjà, c'est différent de si je ne t'avais pas vue en backstage et que je t'avais vue seulement sur scène. Malgré ça... J'ai quand même eu une énorme surprise quand on s'est revus il y a plusieurs mois et où je t'ai proposé de venir dans DHV, dans Deshabillez-vous. Et en fait, ce qui m'a donné envie vraiment de discuter avec toi, c'était ça. C'était cet aspect hyper... hyper accessible. Voilà. Hyper accessible alors que tu étais... C'était Valencia Gag que j'ai rencontré parce qu'on était lors d'une soirée en proportion. Tu étais en drague. C'est Valencia Gag que j'ai rencontré. Et je me suis dit waouh ! Très accessible en fait. Donc ça me fait penser à la question que je t'ai posée juste avant. Effectivement, je pense qu'il y a autant de manières d'aborder le public, les gens qui viennent vers toi quand tu fais du drague, qu'il y a de personnalités parce qu'en réalité c'est juste... une facette de ta personnalité que tu montres. Donc oui, là je confirme que quand on voit ton profil, il y a un côté hyper glamourisant, glamourisé, glamour, sur ton feed et sur tes réseaux, mais que quand on te rencontre, accessible. Hyper, hyper accessible.

  • Speaker #0

    Je trouve ça hyper important aussi. C'est un truc que j'ai appris aussi. En regardant Drag Race US, on rencontre des divas, on voit des gens qui ont une certaine C'est des gens qu'on rencontre et qu'on se dit que c'est des célébrités. Et que du coup, quand on les verrait, je pense que tout le monde aurait un peu peur. En mode genre, je ne sais pas du tout comment elle va réagir. Qu'elle va être froide aussi envers moi. Ce que j'ai vu à la télévision, est-ce que ça va être différent ? Et en fait, c'est ça que je me suis dit. J'ai envie de créer ce personnage aussi qui a l'air un peu froid. Pour se dire, est-ce que je fais oser de lui dire un truc ? Et genre, dès que tu me dis un truc, tu vois que je suis genre comme un yaourt. En fait, tu vois, hyper soft. Oui. Hyper, enfin... Je ne sais pas comment on l'exprime. En plus, je suis intolérant à tout ce qui est produits laitiers. Donc, moi, je dis yaourt en plus. Ce n'est pas mon goût. Mais tu sais, genre... Oui, un truc doux. Une idée d'une crème, tu vois. Oui, il ne faut pas avoir peur. Je veux vraiment me parler de tout et de rien. Je te parlerai de tout et de rien.

  • Speaker #1

    Je confirme, Noah est un yaourt.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Je confirme. Un yaourt un peu légèrement sucré, par rapport un peu à la vanille.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est ça. J'ai une petite vanille, en fait. Toute simple. C'est ça que je trouve important aussi. Je veux déconstruire cette idée de star et de, dans mon cas, micro-star, parce que je ne suis pas une star comme OBS, mais de ne pas être accessible.

  • Speaker #1

    Tu as envie d'être accessible.

  • Speaker #0

    Je veux être accessible. Je veux montrer que, en fait, en dessous de tout ce maquillage, on est juste des humains.

  • Speaker #1

    Et puis ça rentre aussi dans ce que tu expliquais tout à l'heure, le fait d'être accessible. Les gens qui vont venir te voir, ceux qui sont toi il y a 8 ans, 10 ans, vont dire, ah mais en fait, je peux.

  • Speaker #0

    Je veux pousser les gens à pouvoir faire du drag. Ça va faire combien de temps maintenant ? Je pense qu'en janvier, février, mars, un truc du genre. J'ai pu faire connaissance d'une personne incroyable qui s'appelle Jewel. qui est devenue ma fille drague. J'en ai qu'une pour l'instant et j'en veux qu'une aussi puisque j'aime me concentrer sur cette personne. Une personne trans aussi comme moi, du coup, avec qui j'ai des liens incroyables d'amitié que je ne lâcherai plus jamais de ma vie. Et pour moi, c'est une performeuse incroyable qui a une histoire à raconter et que je veux pousser aussi à raconter cette histoire parce qu'elle est hyper importante. Elle est... Elle est hyper intéressante et je suis sûre qu'il y a plein de gens qui vont se voir dans son histoire et qui vont pouvoir se dire genre, moi je suis cette personne-ci, si je peux faire du drague comme elle, je vais en faire. She's giving that mom energy aussi. Je ne veux pas dire que je vais être mother de tout le monde, mais genre, I want to give that, oui, vraiment, ça me fait plaisir. Et j'ai reçu un titre durant la diffusion de la première saison, Mother of West Flanders. que je prends à plein cœur, je ne sais pas comment on dit...

  • Speaker #1

    Je prends à bras-le-corps.

  • Speaker #0

    Voilà. En effet, je suis de la région de Courtret, de la région de la Flandre occidentale. Oui, je veux représenter les gens de ma région, je veux représenter les queers qui n'ont pas de place, surtout dans la région de Courtret, qui se disent... C'est un peu reculé. On est obligé de déménager à la capitale pour justement pouvoir être queer. Non, restez à Courtret, soyez queer à Courtret. Après, je suis un peu le mauvais exemple puisque j'ai déménagé à Bruxelles. Mais c'est pour les opportunités aussi. J'en avais besoin et je n'allais pas pouvoir me pousser moi-même à rester à court-terre. Mais je veux que justement, il y a une communauté queer qui existe à court-terre, qui se développe à court-terre. Vous m'appelez, je serai là pour venir performer à court-terre parce que justement, c'est un peu la base mère, on va dire, qui...

  • Speaker #1

    De là d'où tu viens.

  • Speaker #0

    D'où je viens, en fait, oui.

  • Speaker #1

    Parce que plus tu déroules ton truc, et plus je me rends compte que tu gères, tu mènes vraiment ton... Je ne sais même pas comment l'appeler, parce que c'est en dehors du cadre de ton... dont j'ai l'habitude, ton travail, ton entreprise, vraiment, avec toutes tes idées que tu avais au départ, et encore une fois, toujours de cette manière, étape par étape, de manière fluide. Avoir un rôle... Je suis ravie de cette discussion parce que je n'avais pas de doute qu'elle allait être riche et intéressante, mais je ne me doutais pas qu'on allait aller dans des choses aussi précises et pointues. Je trouve ça génial. En tout cas, moi, j'ai appris plein de trucs. Et maintenant, pour... tes costumes ? Comment est-ce que tu fais ? Est-ce qu'on peut dire ? Ou il y a des secrets que tu veux pas dire ? Tu veux garder du...

  • Speaker #0

    Tu vois,

  • Speaker #1

    est-ce que tu vas chercher encore des choses... Alors, beaucoup de dragues font appel à des designers, des couturiers, couturières, un peu partout. C'est un peu les petites mains de l'ombre. Et puis, il y en a d'autres qui font tout eux-mêmes. Il y en a d'autres qui sont les reines de la fripe, qui portent de la fripe et qui accessoirisent. Après, ça dépend toujours du... du personnage que tu as construit, de l'histoire que tu racontes. Toi, pour ta part, c'est quoi ?

  • Speaker #0

    J'ai commencé en tant que queen de la fripe et accessoirisé avec tout et rien, mais avec du goût. Le goût, je ne sais pas d'où je l'ai. Je pense que c'est juste...

  • Speaker #1

    C'est un muscle,

  • Speaker #0

    je crois que ça se parle. Avec le... Quand tu regardes ton livre. Vraiment, j'ai l'œil pour. Et donc ça, c'est un peu un talent que j'ai. je pense, et je vais l'utiliser, je vais le travailler, je vais continuer à le développer en recherchant des images dans des magazines, en ligne. J'ai l'application Vogue, je regarde tous les défilés, à chaque fois qu'il y a des défilés, donc je reste assez informé sur ça en tout cas. Est-ce que je crée mes propres costumes ? Oui, parfois, pas tout le temps. J'ai une certaine idée de ce que je veux. Si je ne sais pas le faire moi, avec ma mère, parce que ma mère m'aide énormément avec mes costumes. Je vais faire appel à des costumiers ou à des couturiers ou à des designers parce que je n'ai pas les skills non plus pour créer un corset par exemple. Je ne sais pas travailler les baleines, je ne sais pas du tout comment ça fonctionne. Je préfère laisser ça aux professionnels parce que je sais que ça sera bien fait, que ça va tenir, que ça va être pour la longue durée. J'essaie toujours d'avoir en tête des trucs qui seront pour la longue durée et des trucs qui sont modulables.

  • Speaker #1

    dans le sens où tu peux reporter plusieurs fois ou modifier des choses pour que ça ait une autre apparence.

  • Speaker #0

    Les styles différemment. Si j'ai un pantalon, par exemple ce pantalon-là, je pourrais le porter en drague. Il sera visuellement différent de quand je le porte dans la vie de tous les jours. Déjà à cause des pads et à cause du corset. Mais aussi avec les accessoires que j'y ajoute. Avec une ceinture, avec... Bracelets, bijoux... Des brûlures qui pendent.

  • Speaker #1

    Tu vas piocher quand même dans ta garde-robe de tous les jours que Noah porte quand il va faire ses trucs. Valencia Gave va aller piocher des choses dedans. Parce que c'est vrai que je me suis posé la question et certaines dragues que je connais, d'autres que je suis, et je me dis mais en fait, il y a des tenues qu'elles ne portent jamais qu'une seule fois. Et que ça coûte cher. Parce que, je pense à celles qui font faire essentiellement leurs tenues. Je me dis, mais en fait, c'est un puits sans fond. Si tu pars dans ce sens-là, je me dis, est-ce que les dragues ont une conscience écologique, tu vois, par rapport à leur costume ? C'est une question problématique, je sais. Est-ce qu'au-delà de, avant même l'écologie, est-ce qu'économiquement, c'est quand même plus malin, plus intéressant de faire comme tu fais ? C'est-à-dire de faire un costume, d'acheter un costume, ou de modifier quelque chose, une pièce, en se disant, ok, je peux...

  • Speaker #0

    C'est le métier que moi je fais. Par exemple, à partir d'une seule pièce, je peux construire un certain nombre de looks très différents les uns des autres. En fonction de, comme tu dis, une ceinture, la paire de chaussures que tu vas mettre, les bijoux que tu vas mettre. Tu vas mettre un truc en dessous, un truc au-dessus. Toi, comment est-ce que tu procèdes ?

  • Speaker #1

    Ces derniers temps, j'ai procédé d'une manière pas écologique du tout et pas économique du tout non plus. Dès que je voulais quelque chose, je l'achetais. Ça fait partie aussi de mon addiction à l'achat. qui est aussi un puits sans fond, économiquement aussi, mais mentalement, je me dis Ah, ça me fait plaisir ! Bon, hop, acheté ! Les applications comme, on va les nommer, Shein, Temu et ainsi de suite, pour des bricoles, c'est assez facile. Genre une paire de collants, une paire de gants, une paire de chaussures fun, ça s'achète très rapidement, tout coûte cher au final, même si c'est genre 4 euros ici, 4 euros là, tu peux facilement arriver à... 50 euros de gants et de dire en fait j'en ai pas besoin autant. Donc à ce niveau là oui c'est facile de se dire on va créer un costume qui est adaptable. Par contre c'est toutes les autres bricoles qui viennent s'ajouter pour le style différemment qui sont pas toujours économiquement parfaites.

  • Speaker #0

    Ah oui, tes bijoux, tu veux des boucles d'oreilles, tu veux un collier, il faut que ce soit coordonné, pas coordonné. Tu veux rajouter un... Un truc pour modifier ton vêtement, ça peut vite monter.

  • Speaker #1

    Voilà, ça va faire un mois, je pense, que j'ai enlevé les applis de mon téléphone. Parce que je me suis dit, est-ce que j'en ai vraiment besoin ? Et c'est ma mère qui m'a dit aussi, il faudra vraiment commencer à faire attention à ton économie, parce qu'en fait, il y a un certain moment, tu ne vas plus pouvoir manger. Et c'est vrai, il y a deux mois de ça, j'ai mangé. Et quand je dis tous les jours, pendant 23 jours, des haïkis.

  • Speaker #0

    T'as compté ?

  • Speaker #1

    Ouais, 23 jours.

  • Speaker #0

    T'avais tout dépensé ?

  • Speaker #1

    Parce que j'avais tout dépensé dans des brôles. Tu vois les utilisés,

  • Speaker #0

    ouais.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que j'en avais besoin à ce moment-là ? Ben non. Donc 23 jours de haïki.

  • Speaker #0

    T'as fait mal du tout ?

  • Speaker #1

    Mentalement et physiquement, j'allais pas bien. Et je dis pas si j'ai le docteur. Je commençais vraiment à faire une déprime parce que j'avais pas assez de nutriments corrects dans le corps, on va dire.

  • Speaker #0

    Mais Valensaga était bien sa vie.

  • Speaker #1

    Mais du coup, visuellement, Valensaga avait l'air très bien. Et donc, en fait, c'est ça aussi. Pas mal de gens se disent, mais tu as l'air riche. Alors que je ne sais pas du tout. Je suis juste une des nouvelles pauvres, en fait. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais une nouvelle pauvre de notre société.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est une des facettes de ton entreprise sur laquelle tu réfléchis et pour laquelle tu es en train d'envisager des solutions ?

  • Speaker #1

    Oui, maintenant, oui. Je pense que... Donc ça va faire un mois que j'ai enlevé les applications d'achat facile, on va dire, pour me dire, oui, je peux style tous mes costumes que j'ai différemment, avec simplement prendre un élément, le combiner avec un autre élément, et je vais vraiment me forcer à faire ça. Parce que je veux pouvoir me nourrir bien, je veux pouvoir vivre plus facilement, me dire que oui, si j'ai envie de partir à Paris pour un week-end, il doit être possible de partir à Paris pour un week-end sans me dire ah bah non j'ai encore deux commandes qui arrivent de 30 euros et 200 balles ah bah du coup j'ai pas la j'ai pas la place économiquement pour me faire un week-end Paris, je veux vraiment pouvoir me dire stop, fais avec ce que t'as, regarde ce que t'as si un jour t'as besoin d'un nouveau truc concentre-toi sur épargner pour cet objet là qui sera

  • Speaker #0

    destiné à quelque chose de bien.

  • Speaker #1

    Mais donc,

  • Speaker #0

    tu ne construis pas tes costumes en fonction des scènes que tu vas faire ou des projets que tu vas faire ?

  • Speaker #1

    Tout au début, oui. Après Drag Race, en fait, j'ai lâché l'affaire. Parce que pour Drag Race, c'est des thèmes très spécifiques. Il faut avoir des costumes qui vont avec le thème. Et après Drag Race, je me suis dit non, je veux juste avoir, genre, chaque soir que je sors, une garde-robe avec quelque chose de classique, mais qui ne va pas faire seulement avec le thème ou avec la performance. Et pareil, en fait, pour la performance de demain. Le costume que je vais mettre n'a pas été créé pour la performance, mais contribue à la vibe que je veux donner.

  • Speaker #0

    Donc tu fonctionnes un peu différemment. Avant de passer aux deux questions signatures de DHV, il y a une autre question qui me vient à l'esprit, parce qu'on vient de discuter de l'aspect économique de ton entreprise, de drague. Est-ce que le drague en Belgique, ça paye ? Je sais que ça paye pas beaucoup. Est-ce que On peut vivre en Belgique du drag ?

  • Speaker #1

    Moi, je vais dire non, de ma part en tout cas, pas pour l'instant. Ok. Si je faisais que des scènes en Belgique, je dirais non d'office. Ok. J'ai reçu la plateforme Drag Race, donc j'arrive à performer dans d'autres villes, dans d'autres pays.

  • Speaker #0

    Parce que Drag Race a constitué un peu quand même...

  • Speaker #1

    Publicité. Voilà, on va dire ça. Donc oui, ça m'aide. Par contre, est-ce que j'en vis ? Non. Je travaille encore toujours dans un magasin de vêtements, où j'adore travailler, où mes collègues sont incroyables et adorent ce que je fais aussi, en dehors du travail que je fais au boulot. Mais en vivre, je... je pense. Sauf si on a un chômage artistique. Parce que là, c'est possible. Le statut d'artiste. Le statut d'artiste, voilà. Mais pour l'avoir, déjà, il faut travailler aussi énormément. Je viens de dire chômage artistique, mais chômage artistique, c'est pas un chômage, c'est genre un vrai boulot et c'est vraiment dur à travailler.

  • Speaker #0

    Parce que tu dois, déjà, pour avoir accès à ce statut d'artiste officiel en Belgique,

  • Speaker #1

    il faut prouver.

  • Speaker #0

    Il faut prouver que tu es un artiste. Tu dois avoir des contrats, tu dois montrer que tu as reçu des sous, effectivement. Et on sait que tout ce qui est artistique, il y a plein de choses qui se font sans facture. C'est de la main à la main. Mais ça ne peut pas compter pour la construction pour prétendre à ce statut-là. Donc en Belgique, c'est encore difficile.

  • Speaker #1

    Je pense, oui. Je connais quand même quelques dragues qui en font ici, à Bruxelles. Qui en vivent ? Oui, je pense. On n'en parle pas forcément.

  • Speaker #0

    C'est tabou ?

  • Speaker #1

    Je pense pas que c'est tabou, je pense que c'est juste pas une conversation qu'on a.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Je sais pas pourquoi, parce que c'est assez intéressant quand même.

  • Speaker #0

    Pour toi en tout cas qui envisage le drague comme une entreprise et quelque chose qui est le moteur de ta vie, ton existence, parce que tu exprimes ce que tu es, ce que tu fais, ce que tu sais faire, tu le manages vraiment, ça me semble être une question intéressante. Ok, bon, on arrive à la fin, donc les deux questions signatures. La première. Le portrait en vêtements. Donc si tu devais être un vêtement, différent, haut, en bas, tout ça, qu'est-ce que tu serais ? Tu vois, le vêtement, on pourrait te voir tous les jours, toute l'année avec ça. Si tu devais être, ce serait quoi ? Qu'est-ce que tu porterais ? Ce serait quoi la tenue ? Est-ce que tu peux me décrire les différentes parties de cette tenue ?

  • Speaker #1

    En drague ou pas en drague ?

  • Speaker #0

    Ça, c'est toi qui choisis. Est-ce que tu te sentirais mieux d'être tout le temps en noir, noa ? ou en Valenciaga ou alors tu créerais un espèce d'hybride des deux ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense que je créerais un hybride des deux. Ok. Mon hybride parfait, ce serait, et je l'ai en plus dans ma garde-robe, donc je peux te le décrire.

  • Speaker #0

    Ah oui, allez, vas-y, avec précision. Je veux tout, hein. Accessoires, chapeaux, s'il y en a, gants, chaussures, tout, tout,

  • Speaker #1

    tout, vas-y. Alors, c'est une robe assez classique, des épaulettes, qui accentuent justement, genre... La forme, la silhouette, on va dire. Quelque chose qui est très serrant. C'est donc une robe moulante noire.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Qui accentue all the curves. Qui arrive jusque... La cheville ? La cheville. Ok. Cette chaussure-ci. Ok. C'est une petite chaussure inspirée par Valenciaga. C'est en fait une botte, en vrai. Ok. Mais qui a un talon assez intéressant. Et même l'intérieur est genre... Oui,

  • Speaker #0

    ça vient comme ça, là.

  • Speaker #1

    Oui, très pointu. Ça fait très sorcière. Mon esthétique, c'est un peu sortière quand même. J'aime bien l'idée noire, l'idée un peu mystère. Périque rouge, mais rouge comme ta robe. Courte ou longue ? Longue. Le plus long possible.

  • Speaker #0

    Pendulé, droit ?

  • Speaker #1

    Ça, ça m'est égal. Il n'y a pas vraiment une vision tant que c'est rouge, rouge. Et je pense juste à un smoky noir des yeux avec une bouche nude.

  • Speaker #0

    Et des gants, pas des gants ?

  • Speaker #1

    Des ongles. Très longs. Nude aussi. Peut-être genre un French tip, mais genre silver.

  • Speaker #0

    Ok. Donc, attends. French tip, silver, ça veut dire c'est où que c'est le silver,

  • Speaker #1

    le bout ? Oui. Genre nude, et puis après, genre juste la pointe en silver. Plein plein de bagues.

  • Speaker #0

    Ok. Doré ou argenté ?

  • Speaker #1

    Argenté. D'office. Moi, le doré, ça me va pas. Genre, je porte toujours de l'argenté. Et des grosses boucles d'oreilles. Mais genre, Un petit rempli l'oreille. Ok. Peut-être un collier silver aussi, mais pas trop grand.

  • Speaker #0

    Un gros ou un petit ?

  • Speaker #1

    Grosse chaîne peut-être quand même.

  • Speaker #0

    Une grosse,

  • Speaker #1

    grosse chaîne ? Oui. Très grosse chaîne.

  • Speaker #0

    Et un chapeau ?

  • Speaker #1

    Non, pas de chapeau. Pour garder la chevelure en mode.

  • Speaker #0

    Et alors, la vraiment dernière, dernière des dernières questions, c'est si tu devais réécrire la définition du mot vêtement dans le dictionnaire ? Qu'est-ce que tu mettrais comme définition ?

  • Speaker #1

    Du mauvais ? Non. C'est quelque chose qui sert à nous couvrir. C'est quelque chose qui sert à couvrir les parties du corps. qui sont vus par notre société en tant que escandalos quelque chose qu'on ne veut pas voir. Je pense qu'en fait, un vêtement, ça a été créé un peu pour les gens qui sont pudiques, de base.

  • Speaker #0

    J'aime bien, c'est une chouette définition.

  • Speaker #1

    Et que, en étant approuvés par la société complète, on s'est tous dit Tu sais quoi ? Si on est obligés d'en porter, on va en faire quelque chose de chouette, quelque chose d'unique. Créons quelque chose qui est fun à porter. Parce que le vêtement de Noa, je pense, est le meilleur vêtement qui existe.

  • Speaker #0

    Merci Valenciaga.

  • Speaker #1

    De rien.

  • Speaker #0

    Merci Noa. Merci à toi. Ça fait un plaisir. Merci. Merci beaucoup. J'espère que cet épisode avec Valenciaga, la queen des fashion queens, t'a plu. En tout cas, n'hésite pas à me laisser un commentaire, surtout des étoiles, et à venir me follow sur Instagram pour voir ce que je fais d'autre en plus du podcast. Voilà. Allez ! Déshabillez-vous est un podcast créé, présenté et produit par Samia Boujard, moi, avec une musique originale de Maïva Fiston, alias MPLI, montage, mixage et post-production par Alice Desbelles-Fréquences et Laetitia, podcast manager. D-H-I-S-T. Déshabillez-vous !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • L’évolution identitaire de Valenciaga

    01:12

  • Drag et découverte de la scène queer

    03:02

  • Le drag comme outil de libération

    06:25

  • Ses études artistiques

    08:05

  • L’héritage familial et le rôle de son oncle

    10:28

  • La symbolique du noir

    12:09

  • La discipline et la rigueur

    14:46

  • La naissance de Valenciaga

    16:48

  • L’expérimentation drag

    18:19

  • Le rôle des communautés queer

    20:18

  • Les défis familiaux

    22:50

  • Les influences de la haute couture

    24:17

  • Les débuts sur scène

    26:11

  • La recherche de soi à travers l’art

    28:24

  • Le rôle du collectif

    30:44

  • Les inspirations mode

    33:05

  • La gestion des critiques

    35:42

  • Valenciaga : une entreprise artistique à part entière

    37:19

  • Son portrait chinois

    01:05:45

  • Sa définition du vêtement et conclusion

    01:08:28

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Description

« Le drag, c’est bien plus qu’un art, c’est une manière de se réapproprier son identité et de repousser les limites des genres. » – Valenciaga


Valenciaga, artiste pluridisciplinaire et figure incontournable de la scène drag belge, nous invite dans son univers fait de résilience, de créativité et d’expression personnelle. Entre architecture, scénographie et performance, elle explore des territoires où l’art et l’identité se rencontrent.


Dans cet épisode de Des Habits et Vous, Valenciaga met en lumière son parcours unique et son rapport à la mode, au drag et à la non-binarité.


À travers ses anecdotes personnelles et ses réflexions, Valenciaga partage une vision inspirante de l’art comme outil de transformation.


Thématiques abordées :

  • Le parcours identitaire de Valenciaga : De Nick à Noah à Valenciaga, une évolution portée par la quête de soi.

  • Le drag comme libération : Une pratique artistique qui déconstruit les codes et amplifie la créativité.

  • La mode comme outil narratif : Le vêtement comme support pour raconter des histoires et affirmer sa vision.

  • Les défis familiaux : Entre tradition et acceptation, un équilibre délicat à trouver.


🎧 Écoute cet épisode et découvre l’histoire d’une artiste qui transforme ses défis en œuvres d’art.


Bonne écoute,

Samia


-


Ressources mentionnées dans l’épisode :

📌 RuPaul’s Drag Race : Émission emblématique qui a influencé Valenciaga et marqué son entrée dans le monde du drag.

📌 Drag Race Belgique : Émission de télévision où elle s’est fait connaître du grand public.


-

Vous pouvez retrouver Valenciaga :

🔗 Instagram : https://www.instagram.com/valenciaga_official/?hl=fr


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En attendant notre prochain rendez-vous, pense à t’abonner, à glisser 5 étoiles et à laisser un petit mot doux sur ta plateforme d’écoute favorite 💌


Envie de papoter et de découvrir les coulisses de DHV ? Viens me rejoindre sur Instagram à @samiabouhjar pour un petit aperçu de mon quotidien.


👗 Curieuse d’en savoir plus sur mon univers de Directrice Artistique, Styliste et Costumière pour la télé et le spectacle ? Fais un tour sur mon site : https://samiabouhjar.com


-


Crédits :

Production & Présentation : Samia Bouhjar.

Montage et mixage : Alice des Belles Fréquences.

Consulting et coordination : Laëtitia, Podcast Manager.

Direction Artistique : Samia Bouhjar, Amélie Breuil et Jennifer Boruchowitch.

Musique originale de Maéva Fiston.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    T'habiller ou ne pas s'habiller, ça dit que t'es le plus beau de chaque personne. Déshabillez-vous.

  • Speaker #1

    H.V. Déshabillez-vous.

  • Speaker #0

    Quand t'es bien habillé, que tu te trouves frais ou fraîche quand tu te regardes, et ben en fait, ça te permet de sécréter des endorphines.

  • Speaker #1

    Déshabillez-vous.

  • Speaker #0

    Salut, moi c'est Samia Boujar et tu t'apprêtes à écouter Déshabillez-vous avec Valenciaga. Bonjour Valencia Gha.

  • Speaker #1

    Bonjour Samia.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Merci de m'avoir...

  • Speaker #0

    Invité ?

  • Speaker #1

    Invité, oui. Pardon. J'avais cru que c'était une phrase, merci de m'avoir. Non ?

  • Speaker #0

    En irlandais peut-être ?

  • Speaker #1

    Peut-être, je pense.

  • Speaker #0

    Alors c'est un épisode un peu particulier parce que, contrairement à d'habitude, j'ai un certain nombre d'informations que je peux aller glaner sur le net et autres. Là, ça va être un petit peu différent. C'est toi qui vas te... présenté au travers de quelques questions que je vais te poser. D'abord, Valenciaga, évidemment, ce n'est pas ton nom de la vraie vie. Non. Est-ce qu'on peut dire ton nom de la vraie vie ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Tu t'appelles Nick.

  • Speaker #1

    Ça a changé.

  • Speaker #0

    C'est vrai. On en parle ?

  • Speaker #1

    On peut en parler, oui. Ok.

  • Speaker #0

    Allez,

  • Speaker #1

    go. Très bien. Donc, mon nom de naissance est Nick. C'est un nom que j'ai reçu de mes parents, plus spécifiquement de ma mère, qui avait un frère qui est décédé au HIV. Et son nom était Dominique. et en fait le raccourci de son nom Dominique était Nick et donc j'ai reçu le nom Nick à la naissance. En grandissant, allant habiter à Gans, j'ai découvert d'autres gens qui s'identifiaient en tant que non-binaires, ce que j'ai commencé à faire aussi parce que ça allait plus dans mon genre et dans la manière laquelle je voulais me sentir dans la vie. Il y a déjà maintenant deux ans, je pense, j'ai changé de nom et j'utilise le nom Noah maintenant, qui est quelque chose de plus doux. qui est quelque chose de plus moi, qui représente aussi bien un non masculin que non féminin, avec un H à la fin.

  • Speaker #0

    Déjà, tu as mentionné quelque chose qui est intéressant pour mieux comprendre ton parcours et ce que tu fais aujourd'hui. Tu as parlé de non-binarité. En fait, nous deux, on s'est rencontrés sur le tournage de Drag Race saison

  • Speaker #1

    1. The first and the one. The OG one.

  • Speaker #0

    Et donc, moi, je... Je ne connaissais pas du tout le monde du drague. Je ne connaissais pas du tout, de vue, comme peut-être beaucoup de gens. Mais je n'avais aucune idée de ce qu'il y avait derrière par rapport, d'une part, aux gens. Donc vraiment l'aspect humain, l'aspect quotidien de cette communauté, ce qu'on peut dire cette communauté. Et puis, je n'avais aucune connaissance non plus de l'aspect créatif et performatif de ce qu'était le drague. Donc je l'ai découvert au travers de... de cette première expérience dans Drag Race. Et c'est là qu'on s'est rencontrés. Est-ce que tu peux un peu expliquer comment est-ce que toi, t'en es arrivé au drag ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai commencé il y a, je pense, 5-6 ans avec un collectif avec qui je travaille encore toujours ces jours-ci. Un peu moins, parce qu'on se voit moins, mais on est en train de planifier un show pour l'année prochaine. Revenir un peu, se retrouver aussi, puisque c'est des gens avec qui j'ai grandi. Enfin, j'ai... Je me suis rééduqué, on va dire, surtout dans la scène queer et dans le monde du drag. Je remercierai pour le reste de ma vie House of Lux, qui est une maison de drag à Gans. Et en fait, c'est un peu grâce à eux que j'ai commencé le drag, en ayant été à leurs soirées, en les ayant vus sur les réseaux sociaux. Et en fait, juste avec mon groupe d'amis, que j'appelle mon collectif aujourd'hui, on s'était dit, pourquoi pas essayer nous aussi de faire du drag ? Quelle est la description du drap ?

  • Speaker #0

    Parce que tu ne savais pas ce que c'était exactement. C'était quoi pour toi ? Ça représentait quoi pour toi à l'époque quand tu l'as découvert ? Comme moi, je me disais, c'est des hommes qui s'habillent en femmes de manière extravagante, en poussant les codes de la féminité, les différents codes de féminité à l'extrême. Et même là, il y a des nuances, tu vois, parce qu'il y a différents styles, il y a différents... Et puis, ça dépend aussi de quel genre de femme et quel état définit. Enfin, tu vois, c'est hyper large, ça apporte... énormément de questions. Donc moi, c'était ça pour moi au départ. Je me suis rendu compte que c'était bien plus complexe que ça. Mais pour toi, c'était quoi ? Pour toi, ça représentait quoi le drague avant que tu ne t'éduques à ça ?

  • Speaker #1

    En fait, je pense qu'en tant que jeune, avant même d'arriver à Gant, j'avais déjà vu Ropal's Drag Race US. C'est quelque chose que j'avais déjà vu à la télévision. Enfin, pas à la télévision, sur mon ordi, à ce moment-là. Parce que ça ne passe pas à la télévision.

  • Speaker #0

    Oui, mais tu vois là, par exemple, déjà ça, c'est déjà une démarche, ça demande déjà une démarche. particulière de ta part, t'avais quel âge ?

  • Speaker #1

    Je pense que la première fois que j'ai vu RuPaul's Drag Race c'était quand j'avais 19 ans peut-être 20 ans.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc t'étais déjà jeune adulte ? Oui.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    ok, ok.

  • Speaker #1

    Et simplement parce que mon identité queer n'était pas une conversation que j'avais à la maison, n'était pas une possibilité de conversation à la maison. Mon père est quelqu'un de très strict dans son éducation et donc m'a éduqué très... Carré, traditionnellement, en effet. Et donc, je pense que ce n'était pas vraiment quelque chose qui était à ma portée, en fait. C'était juste quelque chose que je ne connaissais pas. Et en tant que jeune qui a commencé à comprendre que j'étais différent des autres, j'ai commencé à m'éduquer en regardant sur les réseaux sociaux, en regardant sur l'Internet, voir ce qu'il y a dans le monde, en fait. Merci, bye. Quand on est seul, on se sent vraiment seul et on ne sait pas à qui parler. C'est un gros secret, en gros. Et donc, arriver à pouvoir se libérer en regardant justement... Moi, tout au début, c'était vraiment des hommes qui représentaient la féminité au maximum. C'était vraiment libérateur, en fait, parce que je voyais justement qu'il y avait autre chose que les codes que j'avais appris. Et du coup, je me disais, bon, ça veut dire qu'en fait, je ne suis vraiment pas tout seul. Ça fait plaisir de savoir... qu'autre part dans le monde, il y a des gens qui arrivent à être 100% eux-mêmes et dans un futur, du coup, à ce moment-là, je me voyais aussi pouvoir être moi-même par après. Pas forcément chez mes parents, mais donc par après. Et donc, ça, c'était la première fois que j'ai vu ça.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que, quand tu te dis être toi-même, est-ce que tu envisageais, est-ce que tu voyais les performances drag ? Je ne sais pas si j'utilise les bons termes, mais n'hésite pas à me reprendre. Comme quelque chose que tu avais envie de faire, comme un métier ?

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    ou quelque chose dans lequel tu t'identifiais même au quotidien c'est-à-dire que tu arrivais à imaginer en faisant abstraction évidemment de ton éducation et des codes sociaux auxquels on est tous soumis de dire en fait moi si j'ai envie un jour de sortir avec une perruque verte et un maquillage à la limite de l'outrance je pourrais le faire, je me vois bien vivre comme ça et sortir de chez moi comme ça le matin Moi c'était un peu ça en fait en voyant

  • Speaker #1

    Rupert's Drag Race US Pour moi, c'était vraiment l'idée de me dire Ah, mais si un jour, dans le futur, où j'habite tout seul, je veux sortir en crop top, je vais sortir en crop top. Je ne pensais pas forcément encore à une perruque ou à du maquillage, parce que ça, ça allait déjà une étape un peu plus loin, qui étaient des codes très féminins et auxquels j'étais encore ancrée, on va dire. Mais juste pouvoir me libérer d'un... d'un sweater et d'un pantalon oversize pour cacher mon corps parce que je me faisais bully à l'école limite à 24. Donc c'était vraiment quelque chose qui m'avait encadré dans une sorte de prison où je ne comprenais pas qu'il y avait quelque chose de plus que je vivais à ce moment-là. Le drag, ça a été un peu libérateur en fait. Ça m'a poussé à me dire There's a future and it's possible mais ce sera plus tard. Et ce sera OK. OK.

  • Speaker #0

    Voilà. Et t'as fait quoi comme études ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai toujours fait des études d'art. Ça, c'est un peu ma mère qui m'a poussé à me dire que c'était OK de faire de l'art, surtout envers mon père. Ma mère a toujours été là, en fait. J'ai une soeur aussi. Et en fait, ma mère a toujours été la personne entre les enfants et mon père. Mon père, c'est une personne qui est très carré, qui a des idées très carrées, on va dire. Et ma mère a toujours été, en effet, le tampon entre nous qui voulait faire tout et rien. Et mon père qui disait genre, faire du cheval, c'est pour les filles. Faire du karaté, c'est pour les hommes. Ça, c'était mon éducation, on va dire. Ma mère m'a dit, enfin, a parlé à mon père pour dire, bon, laissons faire les études d'artistique. Noah va arriver à faire ça, ça va aller. Et j'ai pu faire ça pendant toute ma secondaire.

  • Speaker #0

    Et t'as voulu, c'était ce que tu voulais faire ?

  • Speaker #1

    Oui. vraiment. C'était en fait une direction artistique globale. Je faisais de la peinture, du dessin, de la sculpture, de la photographie. Il y avait vraiment de tout qui s'appropriait à l'art, on va dire. Et une fois arrivé en sixième, j'ai trouvé une option pour l'espérière. Et là, ma mère m'a dit, si tu veux continuer en art, tu peux, mais je vais te donner deux options. Et je me suis dit, ah !

  • Speaker #0

    C'est trash quand même. C'est vraiment une éducation très cadrée par les parents, les choix orientés. par les parents.

  • Speaker #1

    Voilà. OK. Après, d'un côté, je les remercie parce que je pense que ça m'a vraiment appris aussi, comment on dit ?

  • Speaker #0

    La rigueur ?

  • Speaker #1

    Oui. Et être très bosseur, être très persévérant, en effet. Et quand j'ai un goal dans la vie, je vais pour atteindre le goal. C'est vraiment... Mon headspace a toujours été en mode travail, travail, travail. OK. Et je pense qu'aujourd'hui, ça se voit aussi que... Ma manière de travailler fait en sorte que j'arrive à avoir ce que je veux parce que je mets justement un objectif sur ce que je veux. Mais donc, les deux options étaient ou mode ou architecture intérieure.

  • Speaker #0

    J'ai quand même un truc qui me vient à l'esprit parce que j'imagine plus ou moins l'âge que tu as. Donc, l'âge de ta maman. Est-ce que... Elle n'a pas fait de la projection un peu sur toi.

  • Speaker #1

    D'un côté aussi, petite anecdote, son frère, qui est donc décédé dans les années 90, a étudié l'architecture intérieure.

  • Speaker #0

    Donc en fait, il y a un espèce de truc derrière. Ça peut être vu de manière un peu glauque, mais moi, je trouve ça joli.

  • Speaker #1

    Moi, je trouve ça hyper proche. Moi,

  • Speaker #0

    je trouve ça joli. Oui, c'est ça, j'y vois quelque chose d'assez...

  • Speaker #1

    Je connais aussi encore les amis de mon oncle, qui sont très bons amis avec ma maman. que je vois genre une à deux fois par an. Ils habitent à Bruges. Juste après avoir lancé Drag Race à la télévision, ils ont commencé à regarder. J'ai télévisité avec ma maman et on dit, c'est dingue. Et j'en ai encore les frissons quand j'y pense, mais c'est dingue comment on voit Dominique à la télévision. Et là, je me suis dit, en fait, c'est tout ce que je voulais avoir. Je voulais, moi, genre, quand j'ai appris qu'il était gay, qu'il est décédé du VIH, qu'il a fait l'architecture intérieure. qu'il faisait du drague cabaret ici à Bruxelles. Pour moi, ça a été vraiment genre...

  • Speaker #0

    Encore plus un feu vert.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je ne t'ai pas dit que c'était une épreuve.

  • Speaker #1

    Un feu vert. Pour moi, c'était un... Voilà, en fait, je peux continuer ce qu'il n'a, lui, pas pu continuer.

  • Speaker #0

    C'est un signe, quoi. Comme toi, tu avais pris la relève de la vie qu'il était en train de construire et qui a été interrompue.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, ce qui est beau aussi, c'est ma grand-mère me l'a expliqué quand elle vivait encore. Malheureusement, elle ne vit plus aujourd'hui, mais elle habitait à Bruges. et donc son fils, mon oncle, habité ici à Bruxelles, faisait du drague ici. Et quand il faisait un show, elle venait de Bruges en train pour le visiter, pour voir ce qu'il faisait. Et en fait, c'est exactement ce que ma mère fait maintenant. Aujourd'hui, on est jeudi. Demain, on est vendredi. J'ai un show à The Agenda. Ma maman vient.

  • Speaker #0

    C'est trop bien.

  • Speaker #1

    En train.

  • Speaker #0

    Mais ton père pas ?

  • Speaker #1

    Mais mon père pas. Mes parents sont séparés. Ah ok,

  • Speaker #0

    donc ils sont séparés.

  • Speaker #1

    Mais du coup, mon père ne veut pas forcément savoir ce que je fais. D'accord. Je lui ai dit aussi, quand j'ai fait Drag Race, je ne voulais pas qu'il tombe sur moi à la télévision en mode, mais qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi je vois mon fils ? C'est bizarre.

  • Speaker #0

    Mais ils avaient déjà connaissance, ta maman, donc j'imagine déjà, oui, de ta nombre d'arités, de par le fait que tu as commencé les études, j'imagine qu'en école d'art, tu as aussi exprimé d'un point de vue vestimentaire et esthétique un peu plus...

  • Speaker #1

    Pas forcément. Parce que du coup, j'ai choisi pour l'architecture en arrière. Pour reprendre sur cette petite anecdote. Donc j'ai choisi architecte. sur l'intérieur parce que mon père m'a poussé un peu dans ce métier-là parce que c'était un métier plus pour les garçons.

  • Speaker #0

    Tu voulais peut-être l'aider quand même à lui aussi.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, je pense que depuis que je suis jeune, j'ai toujours voulu me pousser moi aussi à faire mieux pour pouvoir lui prouver que j'étais pas un beau à rien. Parce que j'ai toujours vu qu'avec ma soeur, elle était très hyped avec tout ce qu'elle faisait et j'étais l'enfant gay qui ne pouvait pas être fier parce que j'étais différent. Donc je me suis toujours poussé à prouver que j'avais autant de valeur que ma sœur, qui est genre pas ok du tout en éducation parce que il ne pourrait pas y avoir de compétition. Mais ça m'a poussé à travailler, à trouver une force en moi aussi, à vouloir faire ce que je fais. Donc, en architecte intérieur, j'ai toujours habité en noir. Ça ne change pas. Dans la vraie vie,

  • Speaker #0

    en dehors de la scène, tu es toujours en noir ?

  • Speaker #1

    Toujours en noir ou en gris ou en des couleurs très foncées. C'est juste parce qu'en tant que personne, en dehors de ma personne drague, en fait, je veux pousser mon art à montrer ce que je fais sur la scène.

  • Speaker #0

    Pourquoi est-ce que ça t'empêcherait de porter du rose aussi dans la vie ?

  • Speaker #1

    Je n'en ai pas une envie, je n'en ai pas un besoin.

  • Speaker #0

    C'est marrant, on revient toujours. Je crois que dans tous mes épisodes, on parle du noir, des gens qui portent du noir. Après, bon. Je discute qu'avec des gens qui sont des créatifs. Et c'est vrai que cette théorie est ressortie déjà quelques fois. On s'habille en noir quand on est un créatif pour laisser de la place, soit au personnage, si on en est un, on en a un, soit à la création elle-même. Parce que si tu portes trop de choses sur toi, que tu montres sur toi, c'est comme si tu amputais ta production créative, quelle qu'elle soit. justement de fantaisie et de créativité. Toi, c'est comme ça que tu vis.

  • Speaker #1

    En fait, ça m'a été appris en architecture intérieure. En architecture intérieure, les profs nous disaient toujours, à partir de la première année, vous allez apprendre à vous habiller en noir aussi pour justement pousser votre projet plus en avant que vous. Le projet est plus important, vous n'êtes pas important. Donc en fait, dans ma vie pro-drag, c'est encore toujours pareil. J'essaie de garder Noah à l'arrière. en tant que manager de la vie de tous les jours, pouvoir pousser Valensaga juste vers le front, la lumière, et dire voilà. pas que je ne veux pas être pailleté j'adore les paillettes on ne va pas en parler je préfère que ce soit Valensaga qui porte les paillettes qui porte les pépés qui porte le make-up qu'elle veut et comme ça moi je peux juste manager la

  • Speaker #0

    vision qu'elle doit avoir c'est fou parce que là tu viens de me donner tu viens de m'envoyer une image de chef d'entreprise de manager et que et que Valenciaga, Valenciaga, c'est ton entreprise, c'est ton projet, c'est ta boîte, c'est ton produit.

  • Speaker #1

    Vraiment.

  • Speaker #0

    Ok, donc études en architecture d'intérieur terminées ?

  • Speaker #1

    Oui. Waouh ! Bachelier, master en scénographie.

  • Speaker #0

    Est-ce que quand tu as commencé les études en architecture d'intérieur, tu avais envisagé que ça pourrait être utile dans cette vie que tu avais déjà ? J'imagine que tu avais un endroit dans ta tête où tu construisais déjà cette vie. C'est cool. Non, même pas ? Non. T'as vraiment procédé étape par étape ? Oui. Une chose à la fois ?

  • Speaker #1

    Oui, mais je suis vierge.

  • Speaker #0

    Ça veut dire quoi ?

  • Speaker #1

    C'est mon style astro.

  • Speaker #0

    Ouais, mais ça veut dire ?

  • Speaker #1

    Je travaille par étapes. Une fois une étape passée, je peux commencer à l'approcher. Ok.

  • Speaker #0

    Je ne savais pas que c'était une caractéristique des vierges.

  • Speaker #1

    Je fais des listes pour tout. Ok. J'ai genre des listes partout chez moi à la maison.

  • Speaker #0

    Mais tu fais un truc à la fois ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas vierge, je suis poisson, mais je fais aussi des listes.

  • Speaker #1

    Je n'arrive pas à faire genre...

  • Speaker #0

    Des trucs en même temps.

  • Speaker #1

    Des trucs en même temps, je ne sais pas. Si j'y arrive, mais je sais qu'il y aura un truc où je me concentre énormément dessus qui sera nickel. Et comme l'idée que j'avais en tête, les autres seront un peu plus en mode... Ok. Voilà, on verra.

  • Speaker #0

    Donc il y a quand même une idée de précision alors que tu as acquis au travers de tes études. Et tu as bossé après en archi ou non ? Pas du tout.

  • Speaker #1

    J'ai fait un stage en architecture intérieure. Puis après, j'ai commencé mes études de scénographie. ici à Bruxelles. Après mes études de scénographie, j'ai encore fait un an d'art visuel. Je ne me voyais pas du tout commencer à travailler. Il fallait que je reste à Bruxelles pour devenir scénographe. Et je n'avais plus les thunes. J'ai dû partir. Retourner à la maison, je ne sais pas. Je me suis dit que je vais juste reprendre un bachelier en art plastique pour pouvoir continuer à travailler sur mes propres projets. Qui étaient ? Des projets de scéno, en fait, de mise en scène d'objets. Car durant mes études de scénographie, j'ai travaillé énormément sur des courts-métrages pour des étudiants à Loire-la-Neuve. Et donc, j'étais la plupart du temps chef de déco. Et j'amenais en fait plein d'objets que j'avais trouvés au jeu de balle ou chez moi à la maison. Ça venait un peu de partout, on va dire. Et donc, après avoir fini ces études-là, en arts plastiques, j'ai voulu... créer des mises en scène avec les objets que j'avais pu garder. Des éco-métrages que tu avais fait.

  • Speaker #0

    Mais tu avais déjà une idée, un projet ? Non,

  • Speaker #1

    pas du tout.

  • Speaker #0

    Tu te laissais porter parce que tu avais envie de faire et d'apprendre à faire.

  • Speaker #1

    Et en fait, durant cette année-là, j'ai que reçu des commentaires négatifs des profs qui me disaient, ah mais c'est pas bien, c'est pas intéressant. Je leur disais, oui, mais qu'est-ce qui n'est pas intéressant ou qu'est-ce qui n'est pas bien ? Parce que, pas bien, genre, c'est...

  • Speaker #0

    Oui, il faut que ce soit constructif.

  • Speaker #1

    C'est beau, mais... quelle est la définition de beau au final ? Et il me dit, ah non, je ne sais pas, mais ce n'est pas ça. Et donc moi, durant une année, j'ai juste fait des mises en scène que j'ai photographiées, que j'ai vidéographées, que j'ai même pris en son parce que ça pourrait être intéressant aussi. J'ai vraiment essayé de faire de tout pour au final, en fin d'année, avoir une grande expo. Donc j'avais juste amené mes objets favoris que j'avais mis en place. Avec des photos, avec de l'audio, avec un peu de tout. Mais par contre, pour faire partir toute l'expo, je n'étais pas là parce que j'étais en tournage d'un court-métrage d'étudiants à Ausha à Neuve. Et donc, j'avais demandé à mes éco-étudiants de faire partir...

  • Speaker #0

    De démonter ton expo.

  • Speaker #1

    De démonter l'expo, qu'ils n'ont pas fait. Et du coup, en fait, comme c'est resté dans l'espace, les gens qui voyaient les objets ont juste pris les objets.

  • Speaker #0

    Mais non !

  • Speaker #1

    Et donc, j'ai perdu pas mal d'objets. que j'ai collectionnées quand même pendant quelques années, des objets que j'ai hérités de mes grands-parents. Il y avait quand même des objets auxquels je me disais C'est dommage de perdre ça, mais c'est un peu ma faute aussi, j'aurais dû être là. Donc d'un côté, j'étais en mode Mais d'autre côté, c'est ma faute. Ma dernière expo de fin d'année, que je devais présenter à un jury externe, a été des posters. de photos et de croquis des objets que j'avais perdus avec en dessous de l'affiche des petites feuilles qu'on peut tirer.

  • Speaker #0

    Si vous les retrouvez.

  • Speaker #1

    Envoyez-moi un mail. Par objet, j'avais créé une adresse mail. C'était lostcarpet at hotmail.com lostface at hotmail.com Et comme ça, tout objet avait une adresse mail. Donc ça, ça a pendu dans les couloirs de l'école pendant je pense un mois. Et après un mois, j'ai collectionné tous les mails que j'ai reçus.

  • Speaker #0

    Ah, parce que les gens t'ont répondu ? Oui. Et t'as retrouvé des objets ?

  • Speaker #1

    Non. Ah, ok. Enfin, si. Un objet. Ok. Un objet principal. Un tapis. Ok. Un tapis de la Tunisie que j'avais reçu de ma grand-mère. Ok. C'est un tapis, enfin, tu connais les tâches. Ouais,

  • Speaker #0

    qui est à la main.

  • Speaker #1

    C'est hyper unique, genre. Ouais. Un truc que tu vois, t'es en mode genre, non, je peux pas faire ça. Le truc, c'est que je l'ai pas retrouvé grâce aux mails. J'étais en train de chercher une colocation. Je suis arrivé dans une coloc. Et là, je le vois au sol. Je vois le tapis. Je me fais... Mais non ! Vous avez eu ce tapis d'où ? La fille me fait, je ne sais pas, c'est un des colocs qui a ramené ça un jour. Je me dis, est-ce que je peux juste checker derrière ? Parce que je pense que c'est bien. Ce serait bizarre. Je lui dis, mais ton coloc, il est en quelle option ? Elle me dit l'option. Je fais, c'est vrai, je n'ai pas cours avec eux. Mais je check quand même. Et en effet, c'était mon tapis. Ah oui,

  • Speaker #0

    puisque l'expo...

  • Speaker #1

    Voilà ! mais du coup j'ai retrouvé le tapis pas grâce aux mails parce que les mails c'était genre des mails ridicules c'était des mails en mode genre ah courage j'espère que tu as trouvé un truc c'est des mails très cute et très memes mais pas forcément qui me donnent des infos mais par contre ça fait un un bouc de mails quand même même les mails ridicules en mode ceci est une piste anonyme il faudrait que tu ailles voir dans les coins genre c'était n'importe quoi mais hilarant c'est vraiment J'étais en train de lire une histoire, j'ai l'impression, de où est-ce que l'objet pourrait se trouver. Moi, je trouvais ça assez marrant. Donc, j'ai donné ça au jury externe. J'ai dit, en fait, je n'ai rien à vous montrer. Juste une balade avec des mails à vous lire, à faire lire. That's it. J'ai reçu une note de 90% à mon jury, parce qu'en fait, ça les a plu. Et là, j'ai été voir les profs et je leur ai dit, mais pourquoi vous me faites passer maintenant avec 90% alors que durant toute l'année, vous m'avez dit que c'était de la merde ce que je faisais. Ils m'ont dit... C'est un projet tellement intéressant. C'est ça qu'on voulait devoir faire. Et là, j'aurais dit, en fait, vous savez quoi ? J'en ai plus rien à foutre. J'arrête. Moi, j'arrête. Et genre, en fait,

  • Speaker #0

    j'étais tellement démotivée. Pour faire des trucs qui sont faits sans... Parce que pour le même prix, t'aurais pu justement ne pas réussir. Là, c'est juste que tu t'es dit, bon ben, même si c'est nul, je vais continuer. Parce que j'imagine ta manière de faire, de jamais lâcher. Je continue l'année, je fais avec ce que j'ai sous la main.

  • Speaker #1

    Et donc, arriver à ça, et reçoir une très bonne note, et me dire que je passe en troisième année, parce que du coup, en fait, mon bachelier, comme j'avais déjà fait un bachelier, un master, je pouvais commencer en deuxième. J'étais en mode, ça ne sert à rien, en fait. C'est juste pour être avec des profs l'année prochaine, les mêmes, qui me diront, genre, c'est nul, ce que tu fais.

  • Speaker #0

    Mais à la fin de l'année,

  • Speaker #1

    me faire passer, j'étais en mode, genre,

  • Speaker #0

    laisse tomber. Tu n'avais pas l'impression d'apprendre des choses ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. J'avais plus appris, moi. à avoir une éthique de travail conséquente qu'avoir vraiment appris à ce qui peut être l'art moderne ou l'art plastique en général.

  • Speaker #0

    Comment développer un concept. Tu as fait ça dans quelle école ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est au CASC. Je ne connais pas. C'est à Gans. C'est une école très réputée qui ne prend pas beaucoup d'élèves, qui n'admet pas beaucoup d'élèves. Ils sont très élitistes un peu, oui.

  • Speaker #0

    Archite intérieur, diplôme. Scénographie, diplôme. Art Plastique t'a tenté, t'as vu que tu savais faire et que en fait... Est-ce qu'il y a un moment où tu commences vraiment à créer ? À quel moment t'as fait connaissance avec Valenciaga ? Je sais pas si t'as fait connaissance avec elle ou si tu l'as créée, tu lui as donné naissance. Comment ça s'est passé ?

  • Speaker #1

    Alors ça, ça a été assez bizarre, on va dire, dans le sens où après mes études, en fait, je suis resté à Gans. J'ai décidé de... reprendre mes amitiés que j'avais en secondaire parce que mes amis de secondaire à court trait ont tous déménagé à Gans pour étudier à Gans. Donc j'ai pendant mes années à tourner Saint-Luc-Tournay et Saint-Luc-Bruxelles j'ai un peu perdu cette connexion avec eux et donc je l'ai reprise en étant au casque à Gans. J'ai décidé d'aller vivre avec une de mes meilleures amies que je connais à ce jour-ci depuis 16 ans. Ok. 17 ans, un truc du genre. On était en fait avec elle dans une maison pas énorme, mais assez grande pour nous deux. Une personne queer aussi. Ça m'a en fait... ouvert encore plus l'esprit ou le mindset de en fait, il n'y a pas que des garçons et des filles dans le monde. Il y a genre plus que ça. Tu peux être n'importe qui, en fait. Il faut trouver la personne que tu veux être et être dévoué, en fait, à ce que tu veux devenir. C'était un peu ce que j'ai appris d'elle, on va dire. Parce qu'en vivant avec elle, elle voyait que ça n'allait pas tout le temps. Au moment où j'étudiais à... au casque, j'ai entraîné une relation romantique avec une personne qui n'était pas forcément la meilleure personne, assez toxique aussi pour moi. Je sortais beaucoup, c'était aussi les premières fois où je commençais à boire plus, donc j'arrivais dans une vie pas forcément saine. Et donc pouvoir rentrer à la maison et être avec elle, et elle qui est une vierge aussi, parce que presque tous mes amis sont vierges, c'est ouf. On a toujours les meilleurs conseils. Par contre, on ne les suit jamais.

  • Speaker #0

    Donc, vous donnez toujours les meilleurs conseils, mais vous ne les suivez jamais vous-même. Non,

  • Speaker #1

    voilà. Voilà,

  • Speaker #0

    des gens font ça. Oui,

  • Speaker #1

    voilà. Mais donc, elle me donnait les meilleurs conseils, je lui donnais les meilleurs conseils. Par contre, elle n'allait pas suivre ses propres conseils et je ne suivais pas mes propres conseils. Ce n'est pas grave. On s'entendait bien, ça fonctionnait bien. Et donc, on a vécu quand même trois ans ensemble à Caen. On s'est quittés. On s'entend encore toujours bien. On s'adore, on se voit régulièrement et tout. Mais on s'est quittés l'année après le Covid. Parce qu'on avait besoin de se retrouver tout seul, chacun de notre côté. Et en fait, c'est un peu l'année juste avant le Covid que j'ai commencé à faire du drag, que j'ai commencé à être plus proche de nos amis en commun que j'avais avec Eva.

  • Speaker #0

    Eva fréquentait déjà le... Oui,

  • Speaker #1

    le milieu cuir en fait à Gans. Dans lequel il y avait des drags. Voilà. Mes amis qui n'avaient pas encore commencé le drag, en fait, on était intrigués par aussi la scène drag. On le voyait à la télévision, mais on le voyait en vrai aussi. Et du coup, on se dit genre, c'est un moment à aller voir aussi le drague dans notre ville, qui est gant à ce moment-là. Parce que justement, ça nous ouvre encore plus l'esprit sur ce qu'on voit à la télévision. Ce n'est pas forcément ce qu'on voit en vraie vie.

  • Speaker #0

    Oui, de comparer les deux.

  • Speaker #1

    Voilà, comparer les deux. Et donc, en ayant vu les shows en vrai, en ayant vu ce qui se passe à la télévision, ça nous a un peu posé des questions. Est-ce qu'on veut faire ça aussi ? Est-ce qu'on veut le tenter ? Comment on dit d'une chose à l'autre ?

  • Speaker #0

    De fil en aiguille.

  • Speaker #1

    De fil en aiguille, voilà. On est arrivé à s'acheter du fond de teint, à s'acheter du crayon noir, à s'acheter des trucs basiques pour essayer des make-up. Basiques aussi, on ne s'y connaissait pas encore. On avait des références. Et tu sais, genre le truc, le mime où est-ce qu'on dit ce que tu achètes en ligne, ce que tu reçois ? Oui. C'était vraiment ça. Genre la référence et moi après. Une petite merde qui se pense être star. Mais c'est bien parce que justement, ça crée la tissu aussi, ça crée le personnage, ça crée l'idée de ce que tu veux rendre en vraie vie. Et pour moi, personnellement, j'ai toujours été intéressé dans la mode. Un peu l'option que je n'ai jamais pu faire de mon père. Parce que ça chauffe bien un peu.

  • Speaker #0

    C'est bien, tu fais une super transition que j'allais te dire.

  • Speaker #1

    Le nom. Très fashion, quelque chose qui m'a toujours intéressé. De base, Valencia Khan n'allait jamais naître. Ce n'est pas le nom premier que j'avais choisi.

  • Speaker #0

    Attends, parce que là, je suis en train de me dire. Tu as toujours... aimer la mode. Mais tu t'habillais toujours en noir. Puisque tu as commencé tes études comme jeune adulte et on t'a dit, tu gommes tout ce qui est...

  • Speaker #1

    Personnalité.

  • Speaker #0

    Personnalité, carrément ?

  • Speaker #1

    Oui, pour pouvoir mettre la personnalité dans le projet.

  • Speaker #0

    Dans tes projets.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Donc ça veut dire que tout ça mijotait quand même quelque part dans ta tête. C'est pas possible que t'aies pas un endroit...

  • Speaker #1

    D'office. J'étais pas conscient. En fait, c'est con, mais c'est peut-être poétique aussi. en prenant le premier pinceau pour me maquiller. Ça a été un peu la clé qui a libéré cette inconscience.

  • Speaker #0

    Tout ce monde que tu avais déjà commencé à créer, finalement, inconsciemment. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est trop mignon. En fait, j'avais juste besoin du bon outil. Alors que ça fait déjà des années que j'utilise des outils d'art. Oui,

  • Speaker #0

    des pinceaux pour peindre sur des toiles, j'imagine, quand tu fais des maquettes.

  • Speaker #1

    Voilà, mais pas sur le visage. Et genre, un pinceau visage, c'est tellement différent qu'un pinceau peinture que je pense que ça, ça a été vraiment la... clé qui m'a ouvert la tête en mode, mais c'est ça en fait que je veux faire. C'est ça que je veux pouvoir créer.

  • Speaker #0

    Alors que j'imagine que tu ressemblais à un petit garçon de 6 ans qui avait piqué le make-up de sa mère.

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. C'est parce que... Pire ! Maman ! En fait, j'avais l'outil, mais j'avais pas encore...

  • Speaker #0

    le savoir-faire. Et à ce moment-là, je me disais, genre, je suis une personne non-binaire, j'ai envie de jouer avec les codes masculin-féminin, du coup, je vais laisser ma moustache. Pire décision de ma vie. Valensaga avec une moustache ? Peut-être une moustache hyper esthétique, mais la moustache, genre, comme je l'ai aujourd'hui, ça va, c'est pas du tout. C'était horrible, horrible. Et donc, ça a évolué de moi qui gardais ma moustache à me dire, genre, non, en fait, je pense que je vais la faire partir.

  • Speaker #1

    Mais tu faisais quoi ? Donc, tu te maquillais. Est-ce que tu t'habillais aussi ? Et puis tu faisais quoi ? Les premiers trucs, je ne sais plus avec qui j'ai discuté. Justement, quand j'ai fait la première saison de Drag Race, cette personne m'expliquait que les toutes premières fois, c'est juste chez toi, dans ta chambre, dans ta salle de bain. Toi, c'était comment ?

  • Speaker #0

    Moi, c'est sortir. Alors, je t'explique la première image de nous qu'ils ont quand ça, nous maquillés. C'était en été. Il était, je pense, fin juin, début juillet, avec... avec d'autres personnes qui font du drague qui s'appellent Krasna et Beau Butler et Marty, qui font partie de mon collectif. On est installés dehors, sur le pas de la porte. Le trottoir ? Le trottoir, voilà. Avec un grand néon en plein milieu de nous, sur un tapis. Tout le monde avec un miroir et genre son make-up.

  • Speaker #1

    Pourquoi pas à l'intérieur ?

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, il n'y avait pas assez de place pour nous mettre tout ça à l'intérieur. Parce que la maison était petite. Et comme ma chambre était petite, la chambre d'Eva était petite, la salle à manger était très petite aussi. Tu rentres, tu avais vu sur la cuisine directe. C'est vraiment une toute petite maison. Et donc, en fait, on s'est dit, il fait chaud, c'est été, il ne va pas pleuvoir aujourd'hui.

  • Speaker #1

    C'est trop bien. Et vous n'êtes pas dit, ouais, c'est genre... Parce que moi, je me dis, déjà, parfois, quand j'essaye juste un nouveau look ou des nouveaux vêtements, je fais partie de ceux qui aiment bien faire ça tout seul, tu sais, dans un coin comme ça. De ne pas partager le potentiel ridicule.

  • Speaker #0

    Oui. Tu vois ? Je ne pense pas qu'on pensait à ça à ce moment-là. On était plus en mode, on est un petit groupe, on veut s'amuser. On est ensemble. Et le but, c'est de sortir après en boîte, aller voir des shows drag de House of Luxe et juste s'amuser. Et donc, en gros, on se maquillait, on essayait des trucs. On a été chercher nos premières pericostes ensemble. C'est des trucs assez marrants, on va dire, qui se sont mis en place. J'aurais dû ramener cette photo, franchement. J'ai une photo.

  • Speaker #1

    Envoie-la moi.

  • Speaker #0

    Je vais essayer de la retrouver, par contre.

  • Speaker #1

    Tu retrouves quelque chose d'archive.

  • Speaker #0

    C'est marrant de nous voir comme ça sur le trottoir. En fait, vraiment, faire le trottoir, mais genre, pas de la manière où est-ce qu'on pense, mais c'est hilarant parce que, tu vois, genre, quatre gens qui essayent le drag pour la première fois et qui savent pas trop comment, mais c'est pas grave, on s'amuse. Tant que l'œil est bien noir, que la bouche est bien rouge et qu'on a un peu de contour, un peu fort le contour, qui fait une couleur très efféminée, ce qu'on pensait être efféminé, ça passe. Et donc, les habits, c'était du seconde main, friperie, les talons trop petits qui nous niquaient les doigts de pied, mais c'est pas grave, on y allait.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous ne saviez pas encore où est-ce qu'on trouve les magasins avec des chaussures à talons en 43,

  • Speaker #0

    44 ? Voilà, c'est ça. Et donc, on sortait comme ça. C'était pas loin de la porte non plus, donc c'était assez marrant.

  • Speaker #1

    Et là, à ce moment-là, Valencia Gaye n'est toujours pas là.

  • Speaker #0

    Non, pas encore. À ce moment-là, c'est encore Coton. Coton ? Voilà.

  • Speaker #1

    C'est mignon,

  • Speaker #0

    Coton. Le nom très mime.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Qui n'a rien à voir avec le personnage d'aujourd'hui, mais peut-être au fond quand même.

  • Speaker #1

    Oui, parce que Valencia Gaye a un côté quand même très gentil.

  • Speaker #0

    Oui. Et très doux. Voilà. Et en fait, à ce moment-là, je travaillais dans le Scotch & Soda à Gans. J'étais en train de chercher un nom de scène et c'est en pliant des habits. dans le magasin, que soudain, je vois sur le label coton Et là, je me suis dit c'est basique, mais c'est cute, parce que du coton, il y a dans tout, en fait. Pas dans le bienthétique, mais je veux dire, la plupart du temps, c'est du coton. Donc, je pense que je suis allée pour le coton. Je pense que ça s'est resté pendant un mois. Donc, à chaque fois que je sortais, je me présentais un temps le coton. Et je voyais genre les gens me regarder en mode elle est pas sérieuse ? Ok, si tu veux, genre, fais-toi plaître. Pas grave, tu vois.

  • Speaker #1

    Les noms de scènes drag ont souvent... Une référence ou un jeu de mots. Quelque chose comme ça. Là, il n'y en a pas.

  • Speaker #0

    Pas du tout. C'était juste genre...

  • Speaker #1

    Ça aurait pu être quand même Lady Cotton ou Miss Cotton.

  • Speaker #0

    Voilà. N'importe. Ça, je ne sais pas. Si, ça aurait pu. Mais à ce moment-là, je ne me voyais qu'avoir un nom aussi. Je ne voulais pas un double nom, un nom famille. Et je m'étais dit, Cotton, c'est la base de la mode, en fait. Ah oui,

  • Speaker #1

    aussi, un lien avec le thème.

  • Speaker #0

    Voilà. Je voulais quelque chose de très mode.

  • Speaker #1

    Un cheminement, quoi. Voilà.

  • Speaker #0

    petit pas par petit pas mais t'as quand même en tout cas là je perçois qu'il y a quand même un cheminement depuis le départ voilà et en fait coton aussi c'est un peu le matériau premier pour créer un vêtement et donc c'est ça je me disais la toile voilà un calva c'est quelque chose qui est premier qui est là depuis le début et qu'on a besoin pour créer quelque chose d'après. Et en fait, c'est peut-être bizarre, mais à ce moment-là, comme House of Luxe était la première house drag à Gans, et qu'en fait, mon collectif suivait cette house, donc était le deuxième, je me disais, moi, je veux un nom iconique qui dit, j'étais la preuve ou limite second et qui va lancer la scène drag à Gans. C'était genre l'idée que j'avais en tête. Toi,

  • Speaker #1

    tu voulais être...

  • Speaker #0

    Celle qui allait lancer la scène drague à Gans avec la première house, House of Lux, avec mon collectif. Et on allait genre régner un peu la scène drague.

  • Speaker #1

    Et pourquoi un collectif et pas une autre house ?

  • Speaker #0

    Parce que house, pour nous, c'est... En fait, on a discuté longtemps. Et house vient de la ballroom scene qu'on ne veut pas approprier. On n'est pas des personnes racisées, sauf Krasna, qui est une personne qui vient de la Russie et qui est musulmane aussi. Mais elle a un white passing très, très white. Donc en fait... On ne voulait juste pas approprier cette idée d'une house, une maison des années 80, des années 90, New Yorkais. Ce n'est pas notre histoire. Ce n'est pas notre histoire non plus. On a notre maison physiquement, on a une maison, on n'a pas besoin d'être ensemble pour créer ce safe space, on va dire, parce qu'on est rejeté par la société. Non, on a tous un job, on a tous une maison, collectif, on fait de l'art. Donc un collectif artistique rentré. C'est un grand plan.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Et tu te dis, moi, je veux un nom iconique.

  • Speaker #0

    Voilà. Et là, je commençais à continuer à chercher parce que je me dis, coton, c'est genre trop mime, c'est genre trop, je ne sais pas, genre ça ne donne pas ce que je veux donner, en fait. Et là, je commençais à faire les pages de magazines, faire lire des livres sur la mode parce que j'en avais déjà pas mal, mais je n'avais pas vraiment eu le temps ou pris le temps de lire.

  • Speaker #1

    Et tu as fait cette démarche vraiment dans le but de trouver un nom. Voilà. OK. Et pourquoi la mode ? Parce que tu aurais pu prendre l'archive. le nom des architectes et des designers d'objets, le nom des pièces, parce que même les chaises et les trucs ont toujours un nom.

  • Speaker #0

    Vitra. Ouais. Ça m'a fait ce coup-là. Mais je ne sais pas, genre... Alors,

  • Speaker #1

    styling que du plastique.

  • Speaker #0

    Voilà. Non, je ne sais pas. En fait, je pense que, justement, je m'étais un peu arrêtée aussi sur l'idée de les maisons de la ballroom scene qui sont des maisons, des houses qui ont toujours repris des codes. très mode. Je dis simplement House of Chanel, House of Louis Vuitton, il y a toujours une anecdote à la mode. Donc je me disais, qu'est-ce que je pourrais reprendre qui pourrait être assez iconique ? Je cherche. Je ne sais pas. On trouve Banetaga. C'est une house qui est là déjà depuis des années, mais même quand je dis des années, des années. Aussi. Mais aussi, tout ce qui a été créé aux Etats-Unis a été repris. Donc en fait, les House Ballroom aux Etats-Unis ont été créés par des personnes racisées émigrées, qui eux émigrent en Europe et qui eux recréent la scène qu'ils ont eue aux Etats-Unis. Ok. Et donc en fait, c'est...

  • Speaker #1

    Comme une succursale quoi.

  • Speaker #0

    Voilà. Ok. C'est genre des houseurs, des house... Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça.

  • Speaker #0

    Qui viennent de la house mère, on va dire, aux Etats-Unis, mais qui continuent en fait ici en Europe. Ok. en Asie, en Australie, partout dans le monde. C'est vraiment un petit exemple. Ausha, qui est grande gagnante de la deuxième saison, fait partie de la ballroom. Elle est maire de la House of Revlon aux Etats-Unis, mais aussi ici. Parce qu'en fait, chaque pays a un chapitre. On appelle ça des chapitres. C'est des codes de la ballroom. Quand on ne connaît pas trop, je n'ai pas trop bien expliqué. Je commence à intégrer la ballroom maintenant, en 2024. à mon début. J'ai déjà deux prix. Félicitations. Merci.

  • Speaker #1

    Mais j'ai vu ce...

  • Speaker #0

    Il n'y a pas longtemps. En un mois, en fait.

  • Speaker #1

    T'en as eu un début août. Début août 2024.

  • Speaker #0

    Voilà. Et puis j'en ai eu un la semaine passée. Dimanche. Donc c'est assez cool de pouvoir faire la catégorie Lip Sync que je fais déjà depuis six ans maintenant. Mais la ballroom, c'est quand même différent. C'est des gens qui te jugent. C'est très différent, on va dire.

  • Speaker #1

    On va chercher sur la question. et donc tu t'es dit Balenciaga

  • Speaker #0

    Christobal qui est le designer OG de Balenciaga qui a été en fait le OG designer le OG créateur de mode en Europe qui a lancé aussi un peu la carrière de Chanel qui a lancé la carrière de c'est pas Louis Vuitton c'est Louis Vuitton non c'est pas Louis Vuitton c'est pas de la même époque je sais plus de qui Christian

  • Speaker #1

    Christian Dior, qui l'aurait travaillé dans... Voilà,

  • Speaker #0

    Christian Dior. Et en fait, Balan Saga est une personne qui va pousser Chanel et Christian Dior à créer leur propre maison de mode. Et se dire, moi j'ai genre une base, maintenant c'est à vous. Et en fait, c'est ce que j'ai voulu faire. Je me suis dit, c'est un nom iconique. C'est un nom qui va créer les OGs et qui va justement faire en sorte que la scène drague peut être poussée par après.

  • Speaker #1

    Tu t'es visualisé toi comme étant un peu celle qui allait aider les autres à se lancer. Parce que tu avais commencé avant et que justement, tu avais cette volonté d'être une queen iconique qui prend de la place, qui montre comment on fait, qui est... très précises, parce que moi, quand tu me dis Balenciaga,

  • Speaker #0

    franchement,

  • Speaker #1

    oui, en termes de précision, alors on ne parle pas de Balenciaga aujourd'hui, c'est autre chose, c'est très différent, mais si tu regardes ce que Cristobal Balenciaga faisait, les robes, elles sont clairement, comme tu dis, on va utiliser 50 fois ce mot, elles sont vraiment, vraiment iconiques, les coupes, les volumes, il travaillait vraiment, les volumes, c'était vraiment incroyable, et c'était très graphique. Peut-être, est-ce que ça aussi, parce qu'avec ton parcours en archi, est-ce que ce n'est pas ça aussi qui t'a marqué ? Parce que quand tu regardes les photos de Balenciaga, c'est hyper architectural. Les lignes, ce sont des lignes parfaites. Les courbes, c'est des courbes qui sont placées de manière extrêmement précise.

  • Speaker #0

    C'est très, très précis, en effet. C'est en fait ça qui m'a poussé à vouloir rendre hommage à cette personne. iconique dans la mode, qui crée l'architecture portable, comme il est décédé à Valence. J'ai juste repris le V de Valence et je l'ai mis à la place du B pour Balenciaga.

  • Speaker #1

    Et c'est comme ça que Balenciaga a été baptisé.

  • Speaker #0

    Voilà. Je voulais un nom aussi qui finisse avec un A, parce que tous les noms qui finissent avec un A sound more feminine. Ok. J'ai voulu quelque chose qui était plus doux qu'un B, parce que B c'est genre bouh.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Alors qu'un V c'est genre très... Ça fait très aéré. Même dans sa précision, dans ma précision, j'ai vraiment pensé à trouver un nom. Je ne pouvais pas imaginer que derrière ton nom,

  • Speaker #1

    il y avait tellement d'histoires, de réflexions et d'étapes. Et donc après ça, tu as trouvé le nom.

  • Speaker #0

    Voilà. Coton est sorti de sa chrysalide pour devenir Valencia.

  • Speaker #1

    Mais j'imagine qu'elle n'avait pas encore les codes de Valencia. Parce que Valencia a des codes aujourd'hui. Oui. que je vois qu'il évolue quand même encore un peu il continue à évoluer tu vois que t'es quand même énormément toujours en évolution c'est subtil je trouve que tu fais tout ce que tu viens de m'expliquer maintenant appuie mon impression qui est que tu fais les choses de manière toi t'avais dit par étapes moi

  • Speaker #0

    j'y vois plutôt quelque chose de tu vois une sorte de continuité tu vois d'évolution fluide comme ça maintenant ce jour-ci oui c'est plus fluide auparavant c'était plus d'étapes en étapes j'ai acquéri ça maintenant je peux continuer à faire ça. J'ai acquis ceci, maintenant je peux continuer dans ceci. Et c'est vraiment genre une évolution, mais d'étape en étape. Alors que maintenant, c'est plus une évolution, plus étape en étape, c'est quelque chose de très fluide, qui reste en évolution en effet, mais qui est que visible à l'œil observatif. Si tu me regardes et tu me vois genre dans trois mois et maintenant, peut-être qu'il y a des gens qui ne vont pas voir l'évolution. Par contre, des gens qui ont l'œil vont le voir. Et c'est ça que je trouve intéressant aussi. Parce que le drag, c'est une conversation sur quoi ? Sur le genre, sur la mode, sur ce qu'on veut représenter. C'est politique. C'est très politique. C'est très poétique aussi. Mais des gens qui le voient qu'en tant qu'entertainment, ne comprennent pas.

  • Speaker #1

    Il y a plusieurs lectures, on va dire. Plutôt qu'à plusieurs lectures, tu peux aller et voir un spectacle où tu as des garçons qui sont habillés en fil de manière extravagante et c'est rigolo. Il y en a qui font des blagues, il y en a qui chantent, il y en a qui truquent. Et ça s'arrête là. Et puis tu as un deuxième, un troisième niveau de lecture où là, tu te demandes... pourquoi ce costume, pourquoi ce texte, pourquoi cette chanson.

  • Speaker #0

    Il y a vraiment des codes très subtils que j'essaie de garder, que je trouve intéressants, parce que justement, à ce niveau-là, je peux avoir une conversation. Mes conversations durant les soirées, avec différentes personnes, sont très différentes.

  • Speaker #1

    Parce qu'en plus, quand tu sors de scène,

  • Speaker #0

    les gens veulent toujours te parler, parce qu'ils vont trouver ça intéressant. Si c'est juste pour te dire, genre, c'est incroyable ce que tu viens de faire, ou j'ai trop aimé le texte que tu as repris. Il y a une subtilité dans le compliment qui est tellement différent, mais qui est tellement important. Parfois, c'est ça qui fait ma soirée, en fait.

  • Speaker #1

    Est-ce que ce sont ces échanges, ces rencontres, après tes performances, qui contribuent à l'évolution de Valencia Gala ?

  • Speaker #0

    Énormément. Si je n'avais pas des retours du public, je pense que j'aurais longtemps arrêté.

  • Speaker #1

    Et est-ce que la majorité des... Est-ce qu'on dit des dragues ou on dit des queens ?

  • Speaker #0

    Des dragues. Des dragues.

  • Speaker #1

    font ça, vont à la rencontre de leur public ?

  • Speaker #0

    Je pense que la forme de l'art du drag est tellement différente pour chacun. et chacune, qu'on vit ça tellement différemment. Moi, j'adore le public. Moi, je suis vraiment une reine du public. Je suis une reine qui me faufile dans le public pour faire mes performances. Si le bar était rempli et qu'il n'y avait pas de place sur la scène, je le ferais même encore en plein milieu du public parce que justement, il y a un échange d'énergie qui me donne cette force pour continuer, mais qui, je vois, crée cet échappatoire pour les gens qui sont là.

  • Speaker #1

    et en fait c'est un besoin c'est un besoin mutuel ok je vois ce que tu veux dire parce que je me disais peut-être que l'endroit où on se sent le mieux en sécurité en confiance c'est quand tu es dans ta performance dans ton personnage et qu'en fait dès lors que c'est terminé tu reviens à toi après pas vraiment parce que t'as toujours ton maquillage t'as toujours ton on peut dire costume je peux dire costume ton costume Mais effectivement, comme tu dis, ça dépend d'une personne à l'autre. Et pour revenir au costume, maintenant que Valenciaga a une identité forte, que j'imagine que tu as déjà un avenir pour elle, que tu as des projets pour elle, comment est-ce que tu as fait et comment est-ce que tu fais pour choisir ses tenues, pour faire ou faire faire ses tenues ? Tu me diras si tu les fais toi-même ou pas. Et comment est-ce que tu construis sa garde-robe ?

  • Speaker #0

    Alors, la garde-robe de Valenciaga est construite de... planches de Ikea. On a besoin d'une base très solide et Ikea, ça tient.

  • Speaker #1

    Rapport qualité-prix dans un premier temps, ça marche bien.

  • Speaker #0

    Et je peux l'avoir sur facture. C'est important aussi. Je pense que je m'inspire en fait encore toujours de Balenciaga, de la marque actuelle et de la marque ancienne. Mon look de finale, par exemple, pour Drag Race, la première saison, était un look inspiré de Balan Saga, sa première collection. Les robes très voluptueuses, asymétriques, qui ne centraient pas la taille du tout, alors que Balan Saga est toujours centré sur la taille. Donc ça a changé énormément aussi ma silhouette, ce que je trouvais hyper intéressant et hyper important aussi pour justement me pousser à faire autre chose que ce que je fais d'habitude. La silhouette très Hourglass figure, on va dire. Et donc en fait, je pense que je reste inspiré. par des silhouettes très classiques, par des silhouettes très cabaret, qui sont corsetées.

  • Speaker #1

    Voilà, cabaret de une certaine époque.

  • Speaker #0

    Voilà. Mais aussi très moderne. Dans le sens où, si je pouvais porter un hoodie tracé avec un corset très burlesque des années 30, je le ferais.

  • Speaker #1

    Tu ne l'as pas fait encore ?

  • Speaker #0

    Pas encore. On le fait ? Peut-être. Ok. Mais je pense que cette image fonctionne énormément parce que c'est... quelque chose qui est très dans cette ère du temps, ça se dit ?

  • Speaker #1

    Oui, dans l'ère du temps.

  • Speaker #0

    Dans l'ère du temps, on reprend des codes, maintenant surtout, de plus en plus des années précédentes et on en fait quelque chose de très moderne parce que justement, en fait, ça...

  • Speaker #1

    Ça a toujours fonctionné comme ça, prendre des références et venir les assaisonner au goût du jour.

  • Speaker #0

    Le goût du jour.

  • Speaker #1

    Et comment est-ce que tu qualifies, si tu devais qualifier le style de Valenciaga ? son look si tu devais lui donner un adjectif, ce serait quoi ? Est-ce que ce serait rétro ? Est-ce que ce serait burlesque ? Est-ce que ce serait sexy ?

  • Speaker #0

    Je sais que tout le monde doit avoir une autre définition pour ce mot-là, mais moi je dirais haute couture. Ok. Dans le sens où tout est pensé jusqu'au détail, tout est poussé jusqu'au détail. C'est pas quelque chose que quelqu'un va porter tous les jours, ce qui a quand même un côté extravagant, mais c'est inspiré du prix apporté.

  • Speaker #1

    Tu pars du prêt-à-porter, tu vas chercher les codes haute couture, tu modifies prêt-à-porter pour que l'image que ça donne, l'attitude que ça te force à adopter, entre dans le cadre haute couture.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Strict, un peu lointain, intouchable.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est aussi un peu ce que beaucoup de gens me disent quand ils voient mon Instagram. Genre, j'ai l'air une personne très intouchable, alors que quand ils me rencontrent...

  • Speaker #1

    Je valide, je confirme.

  • Speaker #0

    Directement, tu dis, mais c'est une crème. Un des meilleurs compliments que j'ai déjà eu, c'est que tu as l'air tellement toujours fâchée sur ton Instagram.

  • Speaker #1

    Fâchée ? Ah non. Moi,

  • Speaker #0

    quand j'ai bossé avec toi,

  • Speaker #1

    c'était maintenant il y a deux ans. Déjà deux ans.

  • Speaker #0

    Ça va vite.

  • Speaker #1

    Tu ne m'as pas donné cette impression-là. Après, moi, j'étais en backstage. Donc déjà, c'est différent de si je ne t'avais pas vue en backstage et que je t'avais vue seulement sur scène. Malgré ça... J'ai quand même eu une énorme surprise quand on s'est revus il y a plusieurs mois et où je t'ai proposé de venir dans DHV, dans Deshabillez-vous. Et en fait, ce qui m'a donné envie vraiment de discuter avec toi, c'était ça. C'était cet aspect hyper... hyper accessible. Voilà. Hyper accessible alors que tu étais... C'était Valencia Gag que j'ai rencontré parce qu'on était lors d'une soirée en proportion. Tu étais en drague. C'est Valencia Gag que j'ai rencontré. Et je me suis dit waouh ! Très accessible en fait. Donc ça me fait penser à la question que je t'ai posée juste avant. Effectivement, je pense qu'il y a autant de manières d'aborder le public, les gens qui viennent vers toi quand tu fais du drague, qu'il y a de personnalités parce qu'en réalité c'est juste... une facette de ta personnalité que tu montres. Donc oui, là je confirme que quand on voit ton profil, il y a un côté hyper glamourisant, glamourisé, glamour, sur ton feed et sur tes réseaux, mais que quand on te rencontre, accessible. Hyper, hyper accessible.

  • Speaker #0

    Je trouve ça hyper important aussi. C'est un truc que j'ai appris aussi. En regardant Drag Race US, on rencontre des divas, on voit des gens qui ont une certaine C'est des gens qu'on rencontre et qu'on se dit que c'est des célébrités. Et que du coup, quand on les verrait, je pense que tout le monde aurait un peu peur. En mode genre, je ne sais pas du tout comment elle va réagir. Qu'elle va être froide aussi envers moi. Ce que j'ai vu à la télévision, est-ce que ça va être différent ? Et en fait, c'est ça que je me suis dit. J'ai envie de créer ce personnage aussi qui a l'air un peu froid. Pour se dire, est-ce que je fais oser de lui dire un truc ? Et genre, dès que tu me dis un truc, tu vois que je suis genre comme un yaourt. En fait, tu vois, hyper soft. Oui. Hyper, enfin... Je ne sais pas comment on l'exprime. En plus, je suis intolérant à tout ce qui est produits laitiers. Donc, moi, je dis yaourt en plus. Ce n'est pas mon goût. Mais tu sais, genre... Oui, un truc doux. Une idée d'une crème, tu vois. Oui, il ne faut pas avoir peur. Je veux vraiment me parler de tout et de rien. Je te parlerai de tout et de rien.

  • Speaker #1

    Je confirme, Noah est un yaourt.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Je confirme. Un yaourt un peu légèrement sucré, par rapport un peu à la vanille.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est ça. J'ai une petite vanille, en fait. Toute simple. C'est ça que je trouve important aussi. Je veux déconstruire cette idée de star et de, dans mon cas, micro-star, parce que je ne suis pas une star comme OBS, mais de ne pas être accessible.

  • Speaker #1

    Tu as envie d'être accessible.

  • Speaker #0

    Je veux être accessible. Je veux montrer que, en fait, en dessous de tout ce maquillage, on est juste des humains.

  • Speaker #1

    Et puis ça rentre aussi dans ce que tu expliquais tout à l'heure, le fait d'être accessible. Les gens qui vont venir te voir, ceux qui sont toi il y a 8 ans, 10 ans, vont dire, ah mais en fait, je peux.

  • Speaker #0

    Je veux pousser les gens à pouvoir faire du drag. Ça va faire combien de temps maintenant ? Je pense qu'en janvier, février, mars, un truc du genre. J'ai pu faire connaissance d'une personne incroyable qui s'appelle Jewel. qui est devenue ma fille drague. J'en ai qu'une pour l'instant et j'en veux qu'une aussi puisque j'aime me concentrer sur cette personne. Une personne trans aussi comme moi, du coup, avec qui j'ai des liens incroyables d'amitié que je ne lâcherai plus jamais de ma vie. Et pour moi, c'est une performeuse incroyable qui a une histoire à raconter et que je veux pousser aussi à raconter cette histoire parce qu'elle est hyper importante. Elle est... Elle est hyper intéressante et je suis sûre qu'il y a plein de gens qui vont se voir dans son histoire et qui vont pouvoir se dire genre, moi je suis cette personne-ci, si je peux faire du drague comme elle, je vais en faire. She's giving that mom energy aussi. Je ne veux pas dire que je vais être mother de tout le monde, mais genre, I want to give that, oui, vraiment, ça me fait plaisir. Et j'ai reçu un titre durant la diffusion de la première saison, Mother of West Flanders. que je prends à plein cœur, je ne sais pas comment on dit...

  • Speaker #1

    Je prends à bras-le-corps.

  • Speaker #0

    Voilà. En effet, je suis de la région de Courtret, de la région de la Flandre occidentale. Oui, je veux représenter les gens de ma région, je veux représenter les queers qui n'ont pas de place, surtout dans la région de Courtret, qui se disent... C'est un peu reculé. On est obligé de déménager à la capitale pour justement pouvoir être queer. Non, restez à Courtret, soyez queer à Courtret. Après, je suis un peu le mauvais exemple puisque j'ai déménagé à Bruxelles. Mais c'est pour les opportunités aussi. J'en avais besoin et je n'allais pas pouvoir me pousser moi-même à rester à court-terre. Mais je veux que justement, il y a une communauté queer qui existe à court-terre, qui se développe à court-terre. Vous m'appelez, je serai là pour venir performer à court-terre parce que justement, c'est un peu la base mère, on va dire, qui...

  • Speaker #1

    De là d'où tu viens.

  • Speaker #0

    D'où je viens, en fait, oui.

  • Speaker #1

    Parce que plus tu déroules ton truc, et plus je me rends compte que tu gères, tu mènes vraiment ton... Je ne sais même pas comment l'appeler, parce que c'est en dehors du cadre de ton... dont j'ai l'habitude, ton travail, ton entreprise, vraiment, avec toutes tes idées que tu avais au départ, et encore une fois, toujours de cette manière, étape par étape, de manière fluide. Avoir un rôle... Je suis ravie de cette discussion parce que je n'avais pas de doute qu'elle allait être riche et intéressante, mais je ne me doutais pas qu'on allait aller dans des choses aussi précises et pointues. Je trouve ça génial. En tout cas, moi, j'ai appris plein de trucs. Et maintenant, pour... tes costumes ? Comment est-ce que tu fais ? Est-ce qu'on peut dire ? Ou il y a des secrets que tu veux pas dire ? Tu veux garder du...

  • Speaker #0

    Tu vois,

  • Speaker #1

    est-ce que tu vas chercher encore des choses... Alors, beaucoup de dragues font appel à des designers, des couturiers, couturières, un peu partout. C'est un peu les petites mains de l'ombre. Et puis, il y en a d'autres qui font tout eux-mêmes. Il y en a d'autres qui sont les reines de la fripe, qui portent de la fripe et qui accessoirisent. Après, ça dépend toujours du... du personnage que tu as construit, de l'histoire que tu racontes. Toi, pour ta part, c'est quoi ?

  • Speaker #0

    J'ai commencé en tant que queen de la fripe et accessoirisé avec tout et rien, mais avec du goût. Le goût, je ne sais pas d'où je l'ai. Je pense que c'est juste...

  • Speaker #1

    C'est un muscle,

  • Speaker #0

    je crois que ça se parle. Avec le... Quand tu regardes ton livre. Vraiment, j'ai l'œil pour. Et donc ça, c'est un peu un talent que j'ai. je pense, et je vais l'utiliser, je vais le travailler, je vais continuer à le développer en recherchant des images dans des magazines, en ligne. J'ai l'application Vogue, je regarde tous les défilés, à chaque fois qu'il y a des défilés, donc je reste assez informé sur ça en tout cas. Est-ce que je crée mes propres costumes ? Oui, parfois, pas tout le temps. J'ai une certaine idée de ce que je veux. Si je ne sais pas le faire moi, avec ma mère, parce que ma mère m'aide énormément avec mes costumes. Je vais faire appel à des costumiers ou à des couturiers ou à des designers parce que je n'ai pas les skills non plus pour créer un corset par exemple. Je ne sais pas travailler les baleines, je ne sais pas du tout comment ça fonctionne. Je préfère laisser ça aux professionnels parce que je sais que ça sera bien fait, que ça va tenir, que ça va être pour la longue durée. J'essaie toujours d'avoir en tête des trucs qui seront pour la longue durée et des trucs qui sont modulables.

  • Speaker #1

    dans le sens où tu peux reporter plusieurs fois ou modifier des choses pour que ça ait une autre apparence.

  • Speaker #0

    Les styles différemment. Si j'ai un pantalon, par exemple ce pantalon-là, je pourrais le porter en drague. Il sera visuellement différent de quand je le porte dans la vie de tous les jours. Déjà à cause des pads et à cause du corset. Mais aussi avec les accessoires que j'y ajoute. Avec une ceinture, avec... Bracelets, bijoux... Des brûlures qui pendent.

  • Speaker #1

    Tu vas piocher quand même dans ta garde-robe de tous les jours que Noah porte quand il va faire ses trucs. Valencia Gave va aller piocher des choses dedans. Parce que c'est vrai que je me suis posé la question et certaines dragues que je connais, d'autres que je suis, et je me dis mais en fait, il y a des tenues qu'elles ne portent jamais qu'une seule fois. Et que ça coûte cher. Parce que, je pense à celles qui font faire essentiellement leurs tenues. Je me dis, mais en fait, c'est un puits sans fond. Si tu pars dans ce sens-là, je me dis, est-ce que les dragues ont une conscience écologique, tu vois, par rapport à leur costume ? C'est une question problématique, je sais. Est-ce qu'au-delà de, avant même l'écologie, est-ce qu'économiquement, c'est quand même plus malin, plus intéressant de faire comme tu fais ? C'est-à-dire de faire un costume, d'acheter un costume, ou de modifier quelque chose, une pièce, en se disant, ok, je peux...

  • Speaker #0

    C'est le métier que moi je fais. Par exemple, à partir d'une seule pièce, je peux construire un certain nombre de looks très différents les uns des autres. En fonction de, comme tu dis, une ceinture, la paire de chaussures que tu vas mettre, les bijoux que tu vas mettre. Tu vas mettre un truc en dessous, un truc au-dessus. Toi, comment est-ce que tu procèdes ?

  • Speaker #1

    Ces derniers temps, j'ai procédé d'une manière pas écologique du tout et pas économique du tout non plus. Dès que je voulais quelque chose, je l'achetais. Ça fait partie aussi de mon addiction à l'achat. qui est aussi un puits sans fond, économiquement aussi, mais mentalement, je me dis Ah, ça me fait plaisir ! Bon, hop, acheté ! Les applications comme, on va les nommer, Shein, Temu et ainsi de suite, pour des bricoles, c'est assez facile. Genre une paire de collants, une paire de gants, une paire de chaussures fun, ça s'achète très rapidement, tout coûte cher au final, même si c'est genre 4 euros ici, 4 euros là, tu peux facilement arriver à... 50 euros de gants et de dire en fait j'en ai pas besoin autant. Donc à ce niveau là oui c'est facile de se dire on va créer un costume qui est adaptable. Par contre c'est toutes les autres bricoles qui viennent s'ajouter pour le style différemment qui sont pas toujours économiquement parfaites.

  • Speaker #0

    Ah oui, tes bijoux, tu veux des boucles d'oreilles, tu veux un collier, il faut que ce soit coordonné, pas coordonné. Tu veux rajouter un... Un truc pour modifier ton vêtement, ça peut vite monter.

  • Speaker #1

    Voilà, ça va faire un mois, je pense, que j'ai enlevé les applis de mon téléphone. Parce que je me suis dit, est-ce que j'en ai vraiment besoin ? Et c'est ma mère qui m'a dit aussi, il faudra vraiment commencer à faire attention à ton économie, parce qu'en fait, il y a un certain moment, tu ne vas plus pouvoir manger. Et c'est vrai, il y a deux mois de ça, j'ai mangé. Et quand je dis tous les jours, pendant 23 jours, des haïkis.

  • Speaker #0

    T'as compté ?

  • Speaker #1

    Ouais, 23 jours.

  • Speaker #0

    T'avais tout dépensé ?

  • Speaker #1

    Parce que j'avais tout dépensé dans des brôles. Tu vois les utilisés,

  • Speaker #0

    ouais.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que j'en avais besoin à ce moment-là ? Ben non. Donc 23 jours de haïki.

  • Speaker #0

    T'as fait mal du tout ?

  • Speaker #1

    Mentalement et physiquement, j'allais pas bien. Et je dis pas si j'ai le docteur. Je commençais vraiment à faire une déprime parce que j'avais pas assez de nutriments corrects dans le corps, on va dire.

  • Speaker #0

    Mais Valensaga était bien sa vie.

  • Speaker #1

    Mais du coup, visuellement, Valensaga avait l'air très bien. Et donc, en fait, c'est ça aussi. Pas mal de gens se disent, mais tu as l'air riche. Alors que je ne sais pas du tout. Je suis juste une des nouvelles pauvres, en fait. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais une nouvelle pauvre de notre société.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est une des facettes de ton entreprise sur laquelle tu réfléchis et pour laquelle tu es en train d'envisager des solutions ?

  • Speaker #1

    Oui, maintenant, oui. Je pense que... Donc ça va faire un mois que j'ai enlevé les applications d'achat facile, on va dire, pour me dire, oui, je peux style tous mes costumes que j'ai différemment, avec simplement prendre un élément, le combiner avec un autre élément, et je vais vraiment me forcer à faire ça. Parce que je veux pouvoir me nourrir bien, je veux pouvoir vivre plus facilement, me dire que oui, si j'ai envie de partir à Paris pour un week-end, il doit être possible de partir à Paris pour un week-end sans me dire ah bah non j'ai encore deux commandes qui arrivent de 30 euros et 200 balles ah bah du coup j'ai pas la j'ai pas la place économiquement pour me faire un week-end Paris, je veux vraiment pouvoir me dire stop, fais avec ce que t'as, regarde ce que t'as si un jour t'as besoin d'un nouveau truc concentre-toi sur épargner pour cet objet là qui sera

  • Speaker #0

    destiné à quelque chose de bien.

  • Speaker #1

    Mais donc,

  • Speaker #0

    tu ne construis pas tes costumes en fonction des scènes que tu vas faire ou des projets que tu vas faire ?

  • Speaker #1

    Tout au début, oui. Après Drag Race, en fait, j'ai lâché l'affaire. Parce que pour Drag Race, c'est des thèmes très spécifiques. Il faut avoir des costumes qui vont avec le thème. Et après Drag Race, je me suis dit non, je veux juste avoir, genre, chaque soir que je sors, une garde-robe avec quelque chose de classique, mais qui ne va pas faire seulement avec le thème ou avec la performance. Et pareil, en fait, pour la performance de demain. Le costume que je vais mettre n'a pas été créé pour la performance, mais contribue à la vibe que je veux donner.

  • Speaker #0

    Donc tu fonctionnes un peu différemment. Avant de passer aux deux questions signatures de DHV, il y a une autre question qui me vient à l'esprit, parce qu'on vient de discuter de l'aspect économique de ton entreprise, de drague. Est-ce que le drague en Belgique, ça paye ? Je sais que ça paye pas beaucoup. Est-ce que On peut vivre en Belgique du drag ?

  • Speaker #1

    Moi, je vais dire non, de ma part en tout cas, pas pour l'instant. Ok. Si je faisais que des scènes en Belgique, je dirais non d'office. Ok. J'ai reçu la plateforme Drag Race, donc j'arrive à performer dans d'autres villes, dans d'autres pays.

  • Speaker #0

    Parce que Drag Race a constitué un peu quand même...

  • Speaker #1

    Publicité. Voilà, on va dire ça. Donc oui, ça m'aide. Par contre, est-ce que j'en vis ? Non. Je travaille encore toujours dans un magasin de vêtements, où j'adore travailler, où mes collègues sont incroyables et adorent ce que je fais aussi, en dehors du travail que je fais au boulot. Mais en vivre, je... je pense. Sauf si on a un chômage artistique. Parce que là, c'est possible. Le statut d'artiste. Le statut d'artiste, voilà. Mais pour l'avoir, déjà, il faut travailler aussi énormément. Je viens de dire chômage artistique, mais chômage artistique, c'est pas un chômage, c'est genre un vrai boulot et c'est vraiment dur à travailler.

  • Speaker #0

    Parce que tu dois, déjà, pour avoir accès à ce statut d'artiste officiel en Belgique,

  • Speaker #1

    il faut prouver.

  • Speaker #0

    Il faut prouver que tu es un artiste. Tu dois avoir des contrats, tu dois montrer que tu as reçu des sous, effectivement. Et on sait que tout ce qui est artistique, il y a plein de choses qui se font sans facture. C'est de la main à la main. Mais ça ne peut pas compter pour la construction pour prétendre à ce statut-là. Donc en Belgique, c'est encore difficile.

  • Speaker #1

    Je pense, oui. Je connais quand même quelques dragues qui en font ici, à Bruxelles. Qui en vivent ? Oui, je pense. On n'en parle pas forcément.

  • Speaker #0

    C'est tabou ?

  • Speaker #1

    Je pense pas que c'est tabou, je pense que c'est juste pas une conversation qu'on a.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Je sais pas pourquoi, parce que c'est assez intéressant quand même.

  • Speaker #0

    Pour toi en tout cas qui envisage le drague comme une entreprise et quelque chose qui est le moteur de ta vie, ton existence, parce que tu exprimes ce que tu es, ce que tu fais, ce que tu sais faire, tu le manages vraiment, ça me semble être une question intéressante. Ok, bon, on arrive à la fin, donc les deux questions signatures. La première. Le portrait en vêtements. Donc si tu devais être un vêtement, différent, haut, en bas, tout ça, qu'est-ce que tu serais ? Tu vois, le vêtement, on pourrait te voir tous les jours, toute l'année avec ça. Si tu devais être, ce serait quoi ? Qu'est-ce que tu porterais ? Ce serait quoi la tenue ? Est-ce que tu peux me décrire les différentes parties de cette tenue ?

  • Speaker #1

    En drague ou pas en drague ?

  • Speaker #0

    Ça, c'est toi qui choisis. Est-ce que tu te sentirais mieux d'être tout le temps en noir, noa ? ou en Valenciaga ou alors tu créerais un espèce d'hybride des deux ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense que je créerais un hybride des deux. Ok. Mon hybride parfait, ce serait, et je l'ai en plus dans ma garde-robe, donc je peux te le décrire.

  • Speaker #0

    Ah oui, allez, vas-y, avec précision. Je veux tout, hein. Accessoires, chapeaux, s'il y en a, gants, chaussures, tout, tout,

  • Speaker #1

    tout, vas-y. Alors, c'est une robe assez classique, des épaulettes, qui accentuent justement, genre... La forme, la silhouette, on va dire. Quelque chose qui est très serrant. C'est donc une robe moulante noire.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Qui accentue all the curves. Qui arrive jusque... La cheville ? La cheville. Ok. Cette chaussure-ci. Ok. C'est une petite chaussure inspirée par Valenciaga. C'est en fait une botte, en vrai. Ok. Mais qui a un talon assez intéressant. Et même l'intérieur est genre... Oui,

  • Speaker #0

    ça vient comme ça, là.

  • Speaker #1

    Oui, très pointu. Ça fait très sorcière. Mon esthétique, c'est un peu sortière quand même. J'aime bien l'idée noire, l'idée un peu mystère. Périque rouge, mais rouge comme ta robe. Courte ou longue ? Longue. Le plus long possible.

  • Speaker #0

    Pendulé, droit ?

  • Speaker #1

    Ça, ça m'est égal. Il n'y a pas vraiment une vision tant que c'est rouge, rouge. Et je pense juste à un smoky noir des yeux avec une bouche nude.

  • Speaker #0

    Et des gants, pas des gants ?

  • Speaker #1

    Des ongles. Très longs. Nude aussi. Peut-être genre un French tip, mais genre silver.

  • Speaker #0

    Ok. Donc, attends. French tip, silver, ça veut dire c'est où que c'est le silver,

  • Speaker #1

    le bout ? Oui. Genre nude, et puis après, genre juste la pointe en silver. Plein plein de bagues.

  • Speaker #0

    Ok. Doré ou argenté ?

  • Speaker #1

    Argenté. D'office. Moi, le doré, ça me va pas. Genre, je porte toujours de l'argenté. Et des grosses boucles d'oreilles. Mais genre, Un petit rempli l'oreille. Ok. Peut-être un collier silver aussi, mais pas trop grand.

  • Speaker #0

    Un gros ou un petit ?

  • Speaker #1

    Grosse chaîne peut-être quand même.

  • Speaker #0

    Une grosse,

  • Speaker #1

    grosse chaîne ? Oui. Très grosse chaîne.

  • Speaker #0

    Et un chapeau ?

  • Speaker #1

    Non, pas de chapeau. Pour garder la chevelure en mode.

  • Speaker #0

    Et alors, la vraiment dernière, dernière des dernières questions, c'est si tu devais réécrire la définition du mot vêtement dans le dictionnaire ? Qu'est-ce que tu mettrais comme définition ?

  • Speaker #1

    Du mauvais ? Non. C'est quelque chose qui sert à nous couvrir. C'est quelque chose qui sert à couvrir les parties du corps. qui sont vus par notre société en tant que escandalos quelque chose qu'on ne veut pas voir. Je pense qu'en fait, un vêtement, ça a été créé un peu pour les gens qui sont pudiques, de base.

  • Speaker #0

    J'aime bien, c'est une chouette définition.

  • Speaker #1

    Et que, en étant approuvés par la société complète, on s'est tous dit Tu sais quoi ? Si on est obligés d'en porter, on va en faire quelque chose de chouette, quelque chose d'unique. Créons quelque chose qui est fun à porter. Parce que le vêtement de Noa, je pense, est le meilleur vêtement qui existe.

  • Speaker #0

    Merci Valenciaga.

  • Speaker #1

    De rien.

  • Speaker #0

    Merci Noa. Merci à toi. Ça fait un plaisir. Merci. Merci beaucoup. J'espère que cet épisode avec Valenciaga, la queen des fashion queens, t'a plu. En tout cas, n'hésite pas à me laisser un commentaire, surtout des étoiles, et à venir me follow sur Instagram pour voir ce que je fais d'autre en plus du podcast. Voilà. Allez ! Déshabillez-vous est un podcast créé, présenté et produit par Samia Boujard, moi, avec une musique originale de Maïva Fiston, alias MPLI, montage, mixage et post-production par Alice Desbelles-Fréquences et Laetitia, podcast manager. D-H-I-S-T. Déshabillez-vous !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • L’évolution identitaire de Valenciaga

    01:12

  • Drag et découverte de la scène queer

    03:02

  • Le drag comme outil de libération

    06:25

  • Ses études artistiques

    08:05

  • L’héritage familial et le rôle de son oncle

    10:28

  • La symbolique du noir

    12:09

  • La discipline et la rigueur

    14:46

  • La naissance de Valenciaga

    16:48

  • L’expérimentation drag

    18:19

  • Le rôle des communautés queer

    20:18

  • Les défis familiaux

    22:50

  • Les influences de la haute couture

    24:17

  • Les débuts sur scène

    26:11

  • La recherche de soi à travers l’art

    28:24

  • Le rôle du collectif

    30:44

  • Les inspirations mode

    33:05

  • La gestion des critiques

    35:42

  • Valenciaga : une entreprise artistique à part entière

    37:19

  • Son portrait chinois

    01:05:45

  • Sa définition du vêtement et conclusion

    01:08:28

Description

« Le drag, c’est bien plus qu’un art, c’est une manière de se réapproprier son identité et de repousser les limites des genres. » – Valenciaga


Valenciaga, artiste pluridisciplinaire et figure incontournable de la scène drag belge, nous invite dans son univers fait de résilience, de créativité et d’expression personnelle. Entre architecture, scénographie et performance, elle explore des territoires où l’art et l’identité se rencontrent.


Dans cet épisode de Des Habits et Vous, Valenciaga met en lumière son parcours unique et son rapport à la mode, au drag et à la non-binarité.


À travers ses anecdotes personnelles et ses réflexions, Valenciaga partage une vision inspirante de l’art comme outil de transformation.


Thématiques abordées :

  • Le parcours identitaire de Valenciaga : De Nick à Noah à Valenciaga, une évolution portée par la quête de soi.

  • Le drag comme libération : Une pratique artistique qui déconstruit les codes et amplifie la créativité.

  • La mode comme outil narratif : Le vêtement comme support pour raconter des histoires et affirmer sa vision.

  • Les défis familiaux : Entre tradition et acceptation, un équilibre délicat à trouver.


🎧 Écoute cet épisode et découvre l’histoire d’une artiste qui transforme ses défis en œuvres d’art.


Bonne écoute,

Samia


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Ressources mentionnées dans l’épisode :

📌 RuPaul’s Drag Race : Émission emblématique qui a influencé Valenciaga et marqué son entrée dans le monde du drag.

📌 Drag Race Belgique : Émission de télévision où elle s’est fait connaître du grand public.


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Vous pouvez retrouver Valenciaga :

🔗 Instagram : https://www.instagram.com/valenciaga_official/?hl=fr


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En attendant notre prochain rendez-vous, pense à t’abonner, à glisser 5 étoiles et à laisser un petit mot doux sur ta plateforme d’écoute favorite 💌


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👗 Curieuse d’en savoir plus sur mon univers de Directrice Artistique, Styliste et Costumière pour la télé et le spectacle ? Fais un tour sur mon site : https://samiabouhjar.com


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Crédits :

Production & Présentation : Samia Bouhjar.

Montage et mixage : Alice des Belles Fréquences.

Consulting et coordination : Laëtitia, Podcast Manager.

Direction Artistique : Samia Bouhjar, Amélie Breuil et Jennifer Boruchowitch.

Musique originale de Maéva Fiston.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    T'habiller ou ne pas s'habiller, ça dit que t'es le plus beau de chaque personne. Déshabillez-vous.

  • Speaker #1

    H.V. Déshabillez-vous.

  • Speaker #0

    Quand t'es bien habillé, que tu te trouves frais ou fraîche quand tu te regardes, et ben en fait, ça te permet de sécréter des endorphines.

  • Speaker #1

    Déshabillez-vous.

  • Speaker #0

    Salut, moi c'est Samia Boujar et tu t'apprêtes à écouter Déshabillez-vous avec Valenciaga. Bonjour Valencia Gha.

  • Speaker #1

    Bonjour Samia.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Merci de m'avoir...

  • Speaker #0

    Invité ?

  • Speaker #1

    Invité, oui. Pardon. J'avais cru que c'était une phrase, merci de m'avoir. Non ?

  • Speaker #0

    En irlandais peut-être ?

  • Speaker #1

    Peut-être, je pense.

  • Speaker #0

    Alors c'est un épisode un peu particulier parce que, contrairement à d'habitude, j'ai un certain nombre d'informations que je peux aller glaner sur le net et autres. Là, ça va être un petit peu différent. C'est toi qui vas te... présenté au travers de quelques questions que je vais te poser. D'abord, Valenciaga, évidemment, ce n'est pas ton nom de la vraie vie. Non. Est-ce qu'on peut dire ton nom de la vraie vie ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Tu t'appelles Nick.

  • Speaker #1

    Ça a changé.

  • Speaker #0

    C'est vrai. On en parle ?

  • Speaker #1

    On peut en parler, oui. Ok.

  • Speaker #0

    Allez,

  • Speaker #1

    go. Très bien. Donc, mon nom de naissance est Nick. C'est un nom que j'ai reçu de mes parents, plus spécifiquement de ma mère, qui avait un frère qui est décédé au HIV. Et son nom était Dominique. et en fait le raccourci de son nom Dominique était Nick et donc j'ai reçu le nom Nick à la naissance. En grandissant, allant habiter à Gans, j'ai découvert d'autres gens qui s'identifiaient en tant que non-binaires, ce que j'ai commencé à faire aussi parce que ça allait plus dans mon genre et dans la manière laquelle je voulais me sentir dans la vie. Il y a déjà maintenant deux ans, je pense, j'ai changé de nom et j'utilise le nom Noah maintenant, qui est quelque chose de plus doux. qui est quelque chose de plus moi, qui représente aussi bien un non masculin que non féminin, avec un H à la fin.

  • Speaker #0

    Déjà, tu as mentionné quelque chose qui est intéressant pour mieux comprendre ton parcours et ce que tu fais aujourd'hui. Tu as parlé de non-binarité. En fait, nous deux, on s'est rencontrés sur le tournage de Drag Race saison

  • Speaker #1

    1. The first and the one. The OG one.

  • Speaker #0

    Et donc, moi, je... Je ne connaissais pas du tout le monde du drague. Je ne connaissais pas du tout, de vue, comme peut-être beaucoup de gens. Mais je n'avais aucune idée de ce qu'il y avait derrière par rapport, d'une part, aux gens. Donc vraiment l'aspect humain, l'aspect quotidien de cette communauté, ce qu'on peut dire cette communauté. Et puis, je n'avais aucune connaissance non plus de l'aspect créatif et performatif de ce qu'était le drague. Donc je l'ai découvert au travers de... de cette première expérience dans Drag Race. Et c'est là qu'on s'est rencontrés. Est-ce que tu peux un peu expliquer comment est-ce que toi, t'en es arrivé au drag ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai commencé il y a, je pense, 5-6 ans avec un collectif avec qui je travaille encore toujours ces jours-ci. Un peu moins, parce qu'on se voit moins, mais on est en train de planifier un show pour l'année prochaine. Revenir un peu, se retrouver aussi, puisque c'est des gens avec qui j'ai grandi. Enfin, j'ai... Je me suis rééduqué, on va dire, surtout dans la scène queer et dans le monde du drag. Je remercierai pour le reste de ma vie House of Lux, qui est une maison de drag à Gans. Et en fait, c'est un peu grâce à eux que j'ai commencé le drag, en ayant été à leurs soirées, en les ayant vus sur les réseaux sociaux. Et en fait, juste avec mon groupe d'amis, que j'appelle mon collectif aujourd'hui, on s'était dit, pourquoi pas essayer nous aussi de faire du drag ? Quelle est la description du drap ?

  • Speaker #0

    Parce que tu ne savais pas ce que c'était exactement. C'était quoi pour toi ? Ça représentait quoi pour toi à l'époque quand tu l'as découvert ? Comme moi, je me disais, c'est des hommes qui s'habillent en femmes de manière extravagante, en poussant les codes de la féminité, les différents codes de féminité à l'extrême. Et même là, il y a des nuances, tu vois, parce qu'il y a différents styles, il y a différents... Et puis, ça dépend aussi de quel genre de femme et quel état définit. Enfin, tu vois, c'est hyper large, ça apporte... énormément de questions. Donc moi, c'était ça pour moi au départ. Je me suis rendu compte que c'était bien plus complexe que ça. Mais pour toi, c'était quoi ? Pour toi, ça représentait quoi le drague avant que tu ne t'éduques à ça ?

  • Speaker #1

    En fait, je pense qu'en tant que jeune, avant même d'arriver à Gant, j'avais déjà vu Ropal's Drag Race US. C'est quelque chose que j'avais déjà vu à la télévision. Enfin, pas à la télévision, sur mon ordi, à ce moment-là. Parce que ça ne passe pas à la télévision.

  • Speaker #0

    Oui, mais tu vois là, par exemple, déjà ça, c'est déjà une démarche, ça demande déjà une démarche. particulière de ta part, t'avais quel âge ?

  • Speaker #1

    Je pense que la première fois que j'ai vu RuPaul's Drag Race c'était quand j'avais 19 ans peut-être 20 ans.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc t'étais déjà jeune adulte ? Oui.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    ok, ok.

  • Speaker #1

    Et simplement parce que mon identité queer n'était pas une conversation que j'avais à la maison, n'était pas une possibilité de conversation à la maison. Mon père est quelqu'un de très strict dans son éducation et donc m'a éduqué très... Carré, traditionnellement, en effet. Et donc, je pense que ce n'était pas vraiment quelque chose qui était à ma portée, en fait. C'était juste quelque chose que je ne connaissais pas. Et en tant que jeune qui a commencé à comprendre que j'étais différent des autres, j'ai commencé à m'éduquer en regardant sur les réseaux sociaux, en regardant sur l'Internet, voir ce qu'il y a dans le monde, en fait. Merci, bye. Quand on est seul, on se sent vraiment seul et on ne sait pas à qui parler. C'est un gros secret, en gros. Et donc, arriver à pouvoir se libérer en regardant justement... Moi, tout au début, c'était vraiment des hommes qui représentaient la féminité au maximum. C'était vraiment libérateur, en fait, parce que je voyais justement qu'il y avait autre chose que les codes que j'avais appris. Et du coup, je me disais, bon, ça veut dire qu'en fait, je ne suis vraiment pas tout seul. Ça fait plaisir de savoir... qu'autre part dans le monde, il y a des gens qui arrivent à être 100% eux-mêmes et dans un futur, du coup, à ce moment-là, je me voyais aussi pouvoir être moi-même par après. Pas forcément chez mes parents, mais donc par après. Et donc, ça, c'était la première fois que j'ai vu ça.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que, quand tu te dis être toi-même, est-ce que tu envisageais, est-ce que tu voyais les performances drag ? Je ne sais pas si j'utilise les bons termes, mais n'hésite pas à me reprendre. Comme quelque chose que tu avais envie de faire, comme un métier ?

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    ou quelque chose dans lequel tu t'identifiais même au quotidien c'est-à-dire que tu arrivais à imaginer en faisant abstraction évidemment de ton éducation et des codes sociaux auxquels on est tous soumis de dire en fait moi si j'ai envie un jour de sortir avec une perruque verte et un maquillage à la limite de l'outrance je pourrais le faire, je me vois bien vivre comme ça et sortir de chez moi comme ça le matin Moi c'était un peu ça en fait en voyant

  • Speaker #1

    Rupert's Drag Race US Pour moi, c'était vraiment l'idée de me dire Ah, mais si un jour, dans le futur, où j'habite tout seul, je veux sortir en crop top, je vais sortir en crop top. Je ne pensais pas forcément encore à une perruque ou à du maquillage, parce que ça, ça allait déjà une étape un peu plus loin, qui étaient des codes très féminins et auxquels j'étais encore ancrée, on va dire. Mais juste pouvoir me libérer d'un... d'un sweater et d'un pantalon oversize pour cacher mon corps parce que je me faisais bully à l'école limite à 24. Donc c'était vraiment quelque chose qui m'avait encadré dans une sorte de prison où je ne comprenais pas qu'il y avait quelque chose de plus que je vivais à ce moment-là. Le drag, ça a été un peu libérateur en fait. Ça m'a poussé à me dire There's a future and it's possible mais ce sera plus tard. Et ce sera OK. OK.

  • Speaker #0

    Voilà. Et t'as fait quoi comme études ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai toujours fait des études d'art. Ça, c'est un peu ma mère qui m'a poussé à me dire que c'était OK de faire de l'art, surtout envers mon père. Ma mère a toujours été là, en fait. J'ai une soeur aussi. Et en fait, ma mère a toujours été la personne entre les enfants et mon père. Mon père, c'est une personne qui est très carré, qui a des idées très carrées, on va dire. Et ma mère a toujours été, en effet, le tampon entre nous qui voulait faire tout et rien. Et mon père qui disait genre, faire du cheval, c'est pour les filles. Faire du karaté, c'est pour les hommes. Ça, c'était mon éducation, on va dire. Ma mère m'a dit, enfin, a parlé à mon père pour dire, bon, laissons faire les études d'artistique. Noah va arriver à faire ça, ça va aller. Et j'ai pu faire ça pendant toute ma secondaire.

  • Speaker #0

    Et t'as voulu, c'était ce que tu voulais faire ?

  • Speaker #1

    Oui. vraiment. C'était en fait une direction artistique globale. Je faisais de la peinture, du dessin, de la sculpture, de la photographie. Il y avait vraiment de tout qui s'appropriait à l'art, on va dire. Et une fois arrivé en sixième, j'ai trouvé une option pour l'espérière. Et là, ma mère m'a dit, si tu veux continuer en art, tu peux, mais je vais te donner deux options. Et je me suis dit, ah !

  • Speaker #0

    C'est trash quand même. C'est vraiment une éducation très cadrée par les parents, les choix orientés. par les parents.

  • Speaker #1

    Voilà. OK. Après, d'un côté, je les remercie parce que je pense que ça m'a vraiment appris aussi, comment on dit ?

  • Speaker #0

    La rigueur ?

  • Speaker #1

    Oui. Et être très bosseur, être très persévérant, en effet. Et quand j'ai un goal dans la vie, je vais pour atteindre le goal. C'est vraiment... Mon headspace a toujours été en mode travail, travail, travail. OK. Et je pense qu'aujourd'hui, ça se voit aussi que... Ma manière de travailler fait en sorte que j'arrive à avoir ce que je veux parce que je mets justement un objectif sur ce que je veux. Mais donc, les deux options étaient ou mode ou architecture intérieure.

  • Speaker #0

    J'ai quand même un truc qui me vient à l'esprit parce que j'imagine plus ou moins l'âge que tu as. Donc, l'âge de ta maman. Est-ce que... Elle n'a pas fait de la projection un peu sur toi.

  • Speaker #1

    D'un côté aussi, petite anecdote, son frère, qui est donc décédé dans les années 90, a étudié l'architecture intérieure.

  • Speaker #0

    Donc en fait, il y a un espèce de truc derrière. Ça peut être vu de manière un peu glauque, mais moi, je trouve ça joli.

  • Speaker #1

    Moi, je trouve ça hyper proche. Moi,

  • Speaker #0

    je trouve ça joli. Oui, c'est ça, j'y vois quelque chose d'assez...

  • Speaker #1

    Je connais aussi encore les amis de mon oncle, qui sont très bons amis avec ma maman. que je vois genre une à deux fois par an. Ils habitent à Bruges. Juste après avoir lancé Drag Race à la télévision, ils ont commencé à regarder. J'ai télévisité avec ma maman et on dit, c'est dingue. Et j'en ai encore les frissons quand j'y pense, mais c'est dingue comment on voit Dominique à la télévision. Et là, je me suis dit, en fait, c'est tout ce que je voulais avoir. Je voulais, moi, genre, quand j'ai appris qu'il était gay, qu'il est décédé du VIH, qu'il a fait l'architecture intérieure. qu'il faisait du drague cabaret ici à Bruxelles. Pour moi, ça a été vraiment genre...

  • Speaker #0

    Encore plus un feu vert.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je ne t'ai pas dit que c'était une épreuve.

  • Speaker #1

    Un feu vert. Pour moi, c'était un... Voilà, en fait, je peux continuer ce qu'il n'a, lui, pas pu continuer.

  • Speaker #0

    C'est un signe, quoi. Comme toi, tu avais pris la relève de la vie qu'il était en train de construire et qui a été interrompue.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, ce qui est beau aussi, c'est ma grand-mère me l'a expliqué quand elle vivait encore. Malheureusement, elle ne vit plus aujourd'hui, mais elle habitait à Bruges. et donc son fils, mon oncle, habité ici à Bruxelles, faisait du drague ici. Et quand il faisait un show, elle venait de Bruges en train pour le visiter, pour voir ce qu'il faisait. Et en fait, c'est exactement ce que ma mère fait maintenant. Aujourd'hui, on est jeudi. Demain, on est vendredi. J'ai un show à The Agenda. Ma maman vient.

  • Speaker #0

    C'est trop bien.

  • Speaker #1

    En train.

  • Speaker #0

    Mais ton père pas ?

  • Speaker #1

    Mais mon père pas. Mes parents sont séparés. Ah ok,

  • Speaker #0

    donc ils sont séparés.

  • Speaker #1

    Mais du coup, mon père ne veut pas forcément savoir ce que je fais. D'accord. Je lui ai dit aussi, quand j'ai fait Drag Race, je ne voulais pas qu'il tombe sur moi à la télévision en mode, mais qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi je vois mon fils ? C'est bizarre.

  • Speaker #0

    Mais ils avaient déjà connaissance, ta maman, donc j'imagine déjà, oui, de ta nombre d'arités, de par le fait que tu as commencé les études, j'imagine qu'en école d'art, tu as aussi exprimé d'un point de vue vestimentaire et esthétique un peu plus...

  • Speaker #1

    Pas forcément. Parce que du coup, j'ai choisi pour l'architecture en arrière. Pour reprendre sur cette petite anecdote. Donc j'ai choisi architecte. sur l'intérieur parce que mon père m'a poussé un peu dans ce métier-là parce que c'était un métier plus pour les garçons.

  • Speaker #0

    Tu voulais peut-être l'aider quand même à lui aussi.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, je pense que depuis que je suis jeune, j'ai toujours voulu me pousser moi aussi à faire mieux pour pouvoir lui prouver que j'étais pas un beau à rien. Parce que j'ai toujours vu qu'avec ma soeur, elle était très hyped avec tout ce qu'elle faisait et j'étais l'enfant gay qui ne pouvait pas être fier parce que j'étais différent. Donc je me suis toujours poussé à prouver que j'avais autant de valeur que ma sœur, qui est genre pas ok du tout en éducation parce que il ne pourrait pas y avoir de compétition. Mais ça m'a poussé à travailler, à trouver une force en moi aussi, à vouloir faire ce que je fais. Donc, en architecte intérieur, j'ai toujours habité en noir. Ça ne change pas. Dans la vraie vie,

  • Speaker #0

    en dehors de la scène, tu es toujours en noir ?

  • Speaker #1

    Toujours en noir ou en gris ou en des couleurs très foncées. C'est juste parce qu'en tant que personne, en dehors de ma personne drague, en fait, je veux pousser mon art à montrer ce que je fais sur la scène.

  • Speaker #0

    Pourquoi est-ce que ça t'empêcherait de porter du rose aussi dans la vie ?

  • Speaker #1

    Je n'en ai pas une envie, je n'en ai pas un besoin.

  • Speaker #0

    C'est marrant, on revient toujours. Je crois que dans tous mes épisodes, on parle du noir, des gens qui portent du noir. Après, bon. Je discute qu'avec des gens qui sont des créatifs. Et c'est vrai que cette théorie est ressortie déjà quelques fois. On s'habille en noir quand on est un créatif pour laisser de la place, soit au personnage, si on en est un, on en a un, soit à la création elle-même. Parce que si tu portes trop de choses sur toi, que tu montres sur toi, c'est comme si tu amputais ta production créative, quelle qu'elle soit. justement de fantaisie et de créativité. Toi, c'est comme ça que tu vis.

  • Speaker #1

    En fait, ça m'a été appris en architecture intérieure. En architecture intérieure, les profs nous disaient toujours, à partir de la première année, vous allez apprendre à vous habiller en noir aussi pour justement pousser votre projet plus en avant que vous. Le projet est plus important, vous n'êtes pas important. Donc en fait, dans ma vie pro-drag, c'est encore toujours pareil. J'essaie de garder Noah à l'arrière. en tant que manager de la vie de tous les jours, pouvoir pousser Valensaga juste vers le front, la lumière, et dire voilà. pas que je ne veux pas être pailleté j'adore les paillettes on ne va pas en parler je préfère que ce soit Valensaga qui porte les paillettes qui porte les pépés qui porte le make-up qu'elle veut et comme ça moi je peux juste manager la

  • Speaker #0

    vision qu'elle doit avoir c'est fou parce que là tu viens de me donner tu viens de m'envoyer une image de chef d'entreprise de manager et que et que Valenciaga, Valenciaga, c'est ton entreprise, c'est ton projet, c'est ta boîte, c'est ton produit.

  • Speaker #1

    Vraiment.

  • Speaker #0

    Ok, donc études en architecture d'intérieur terminées ?

  • Speaker #1

    Oui. Waouh ! Bachelier, master en scénographie.

  • Speaker #0

    Est-ce que quand tu as commencé les études en architecture d'intérieur, tu avais envisagé que ça pourrait être utile dans cette vie que tu avais déjà ? J'imagine que tu avais un endroit dans ta tête où tu construisais déjà cette vie. C'est cool. Non, même pas ? Non. T'as vraiment procédé étape par étape ? Oui. Une chose à la fois ?

  • Speaker #1

    Oui, mais je suis vierge.

  • Speaker #0

    Ça veut dire quoi ?

  • Speaker #1

    C'est mon style astro.

  • Speaker #0

    Ouais, mais ça veut dire ?

  • Speaker #1

    Je travaille par étapes. Une fois une étape passée, je peux commencer à l'approcher. Ok.

  • Speaker #0

    Je ne savais pas que c'était une caractéristique des vierges.

  • Speaker #1

    Je fais des listes pour tout. Ok. J'ai genre des listes partout chez moi à la maison.

  • Speaker #0

    Mais tu fais un truc à la fois ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas vierge, je suis poisson, mais je fais aussi des listes.

  • Speaker #1

    Je n'arrive pas à faire genre...

  • Speaker #0

    Des trucs en même temps.

  • Speaker #1

    Des trucs en même temps, je ne sais pas. Si j'y arrive, mais je sais qu'il y aura un truc où je me concentre énormément dessus qui sera nickel. Et comme l'idée que j'avais en tête, les autres seront un peu plus en mode... Ok. Voilà, on verra.

  • Speaker #0

    Donc il y a quand même une idée de précision alors que tu as acquis au travers de tes études. Et tu as bossé après en archi ou non ? Pas du tout.

  • Speaker #1

    J'ai fait un stage en architecture intérieure. Puis après, j'ai commencé mes études de scénographie. ici à Bruxelles. Après mes études de scénographie, j'ai encore fait un an d'art visuel. Je ne me voyais pas du tout commencer à travailler. Il fallait que je reste à Bruxelles pour devenir scénographe. Et je n'avais plus les thunes. J'ai dû partir. Retourner à la maison, je ne sais pas. Je me suis dit que je vais juste reprendre un bachelier en art plastique pour pouvoir continuer à travailler sur mes propres projets. Qui étaient ? Des projets de scéno, en fait, de mise en scène d'objets. Car durant mes études de scénographie, j'ai travaillé énormément sur des courts-métrages pour des étudiants à Loire-la-Neuve. Et donc, j'étais la plupart du temps chef de déco. Et j'amenais en fait plein d'objets que j'avais trouvés au jeu de balle ou chez moi à la maison. Ça venait un peu de partout, on va dire. Et donc, après avoir fini ces études-là, en arts plastiques, j'ai voulu... créer des mises en scène avec les objets que j'avais pu garder. Des éco-métrages que tu avais fait.

  • Speaker #0

    Mais tu avais déjà une idée, un projet ? Non,

  • Speaker #1

    pas du tout.

  • Speaker #0

    Tu te laissais porter parce que tu avais envie de faire et d'apprendre à faire.

  • Speaker #1

    Et en fait, durant cette année-là, j'ai que reçu des commentaires négatifs des profs qui me disaient, ah mais c'est pas bien, c'est pas intéressant. Je leur disais, oui, mais qu'est-ce qui n'est pas intéressant ou qu'est-ce qui n'est pas bien ? Parce que, pas bien, genre, c'est...

  • Speaker #0

    Oui, il faut que ce soit constructif.

  • Speaker #1

    C'est beau, mais... quelle est la définition de beau au final ? Et il me dit, ah non, je ne sais pas, mais ce n'est pas ça. Et donc moi, durant une année, j'ai juste fait des mises en scène que j'ai photographiées, que j'ai vidéographées, que j'ai même pris en son parce que ça pourrait être intéressant aussi. J'ai vraiment essayé de faire de tout pour au final, en fin d'année, avoir une grande expo. Donc j'avais juste amené mes objets favoris que j'avais mis en place. Avec des photos, avec de l'audio, avec un peu de tout. Mais par contre, pour faire partir toute l'expo, je n'étais pas là parce que j'étais en tournage d'un court-métrage d'étudiants à Ausha à Neuve. Et donc, j'avais demandé à mes éco-étudiants de faire partir...

  • Speaker #0

    De démonter ton expo.

  • Speaker #1

    De démonter l'expo, qu'ils n'ont pas fait. Et du coup, en fait, comme c'est resté dans l'espace, les gens qui voyaient les objets ont juste pris les objets.

  • Speaker #0

    Mais non !

  • Speaker #1

    Et donc, j'ai perdu pas mal d'objets. que j'ai collectionnées quand même pendant quelques années, des objets que j'ai hérités de mes grands-parents. Il y avait quand même des objets auxquels je me disais C'est dommage de perdre ça, mais c'est un peu ma faute aussi, j'aurais dû être là. Donc d'un côté, j'étais en mode Mais d'autre côté, c'est ma faute. Ma dernière expo de fin d'année, que je devais présenter à un jury externe, a été des posters. de photos et de croquis des objets que j'avais perdus avec en dessous de l'affiche des petites feuilles qu'on peut tirer.

  • Speaker #0

    Si vous les retrouvez.

  • Speaker #1

    Envoyez-moi un mail. Par objet, j'avais créé une adresse mail. C'était lostcarpet at hotmail.com lostface at hotmail.com Et comme ça, tout objet avait une adresse mail. Donc ça, ça a pendu dans les couloirs de l'école pendant je pense un mois. Et après un mois, j'ai collectionné tous les mails que j'ai reçus.

  • Speaker #0

    Ah, parce que les gens t'ont répondu ? Oui. Et t'as retrouvé des objets ?

  • Speaker #1

    Non. Ah, ok. Enfin, si. Un objet. Ok. Un objet principal. Un tapis. Ok. Un tapis de la Tunisie que j'avais reçu de ma grand-mère. Ok. C'est un tapis, enfin, tu connais les tâches. Ouais,

  • Speaker #0

    qui est à la main.

  • Speaker #1

    C'est hyper unique, genre. Ouais. Un truc que tu vois, t'es en mode genre, non, je peux pas faire ça. Le truc, c'est que je l'ai pas retrouvé grâce aux mails. J'étais en train de chercher une colocation. Je suis arrivé dans une coloc. Et là, je le vois au sol. Je vois le tapis. Je me fais... Mais non ! Vous avez eu ce tapis d'où ? La fille me fait, je ne sais pas, c'est un des colocs qui a ramené ça un jour. Je me dis, est-ce que je peux juste checker derrière ? Parce que je pense que c'est bien. Ce serait bizarre. Je lui dis, mais ton coloc, il est en quelle option ? Elle me dit l'option. Je fais, c'est vrai, je n'ai pas cours avec eux. Mais je check quand même. Et en effet, c'était mon tapis. Ah oui,

  • Speaker #0

    puisque l'expo...

  • Speaker #1

    Voilà ! mais du coup j'ai retrouvé le tapis pas grâce aux mails parce que les mails c'était genre des mails ridicules c'était des mails en mode genre ah courage j'espère que tu as trouvé un truc c'est des mails très cute et très memes mais pas forcément qui me donnent des infos mais par contre ça fait un un bouc de mails quand même même les mails ridicules en mode ceci est une piste anonyme il faudrait que tu ailles voir dans les coins genre c'était n'importe quoi mais hilarant c'est vraiment J'étais en train de lire une histoire, j'ai l'impression, de où est-ce que l'objet pourrait se trouver. Moi, je trouvais ça assez marrant. Donc, j'ai donné ça au jury externe. J'ai dit, en fait, je n'ai rien à vous montrer. Juste une balade avec des mails à vous lire, à faire lire. That's it. J'ai reçu une note de 90% à mon jury, parce qu'en fait, ça les a plu. Et là, j'ai été voir les profs et je leur ai dit, mais pourquoi vous me faites passer maintenant avec 90% alors que durant toute l'année, vous m'avez dit que c'était de la merde ce que je faisais. Ils m'ont dit... C'est un projet tellement intéressant. C'est ça qu'on voulait devoir faire. Et là, j'aurais dit, en fait, vous savez quoi ? J'en ai plus rien à foutre. J'arrête. Moi, j'arrête. Et genre, en fait,

  • Speaker #0

    j'étais tellement démotivée. Pour faire des trucs qui sont faits sans... Parce que pour le même prix, t'aurais pu justement ne pas réussir. Là, c'est juste que tu t'es dit, bon ben, même si c'est nul, je vais continuer. Parce que j'imagine ta manière de faire, de jamais lâcher. Je continue l'année, je fais avec ce que j'ai sous la main.

  • Speaker #1

    Et donc, arriver à ça, et reçoir une très bonne note, et me dire que je passe en troisième année, parce que du coup, en fait, mon bachelier, comme j'avais déjà fait un bachelier, un master, je pouvais commencer en deuxième. J'étais en mode, ça ne sert à rien, en fait. C'est juste pour être avec des profs l'année prochaine, les mêmes, qui me diront, genre, c'est nul, ce que tu fais.

  • Speaker #0

    Mais à la fin de l'année,

  • Speaker #1

    me faire passer, j'étais en mode, genre,

  • Speaker #0

    laisse tomber. Tu n'avais pas l'impression d'apprendre des choses ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. J'avais plus appris, moi. à avoir une éthique de travail conséquente qu'avoir vraiment appris à ce qui peut être l'art moderne ou l'art plastique en général.

  • Speaker #0

    Comment développer un concept. Tu as fait ça dans quelle école ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est au CASC. Je ne connais pas. C'est à Gans. C'est une école très réputée qui ne prend pas beaucoup d'élèves, qui n'admet pas beaucoup d'élèves. Ils sont très élitistes un peu, oui.

  • Speaker #0

    Archite intérieur, diplôme. Scénographie, diplôme. Art Plastique t'a tenté, t'as vu que tu savais faire et que en fait... Est-ce qu'il y a un moment où tu commences vraiment à créer ? À quel moment t'as fait connaissance avec Valenciaga ? Je sais pas si t'as fait connaissance avec elle ou si tu l'as créée, tu lui as donné naissance. Comment ça s'est passé ?

  • Speaker #1

    Alors ça, ça a été assez bizarre, on va dire, dans le sens où après mes études, en fait, je suis resté à Gans. J'ai décidé de... reprendre mes amitiés que j'avais en secondaire parce que mes amis de secondaire à court trait ont tous déménagé à Gans pour étudier à Gans. Donc j'ai pendant mes années à tourner Saint-Luc-Tournay et Saint-Luc-Bruxelles j'ai un peu perdu cette connexion avec eux et donc je l'ai reprise en étant au casque à Gans. J'ai décidé d'aller vivre avec une de mes meilleures amies que je connais à ce jour-ci depuis 16 ans. Ok. 17 ans, un truc du genre. On était en fait avec elle dans une maison pas énorme, mais assez grande pour nous deux. Une personne queer aussi. Ça m'a en fait... ouvert encore plus l'esprit ou le mindset de en fait, il n'y a pas que des garçons et des filles dans le monde. Il y a genre plus que ça. Tu peux être n'importe qui, en fait. Il faut trouver la personne que tu veux être et être dévoué, en fait, à ce que tu veux devenir. C'était un peu ce que j'ai appris d'elle, on va dire. Parce qu'en vivant avec elle, elle voyait que ça n'allait pas tout le temps. Au moment où j'étudiais à... au casque, j'ai entraîné une relation romantique avec une personne qui n'était pas forcément la meilleure personne, assez toxique aussi pour moi. Je sortais beaucoup, c'était aussi les premières fois où je commençais à boire plus, donc j'arrivais dans une vie pas forcément saine. Et donc pouvoir rentrer à la maison et être avec elle, et elle qui est une vierge aussi, parce que presque tous mes amis sont vierges, c'est ouf. On a toujours les meilleurs conseils. Par contre, on ne les suit jamais.

  • Speaker #0

    Donc, vous donnez toujours les meilleurs conseils, mais vous ne les suivez jamais vous-même. Non,

  • Speaker #1

    voilà. Voilà,

  • Speaker #0

    des gens font ça. Oui,

  • Speaker #1

    voilà. Mais donc, elle me donnait les meilleurs conseils, je lui donnais les meilleurs conseils. Par contre, elle n'allait pas suivre ses propres conseils et je ne suivais pas mes propres conseils. Ce n'est pas grave. On s'entendait bien, ça fonctionnait bien. Et donc, on a vécu quand même trois ans ensemble à Caen. On s'est quittés. On s'entend encore toujours bien. On s'adore, on se voit régulièrement et tout. Mais on s'est quittés l'année après le Covid. Parce qu'on avait besoin de se retrouver tout seul, chacun de notre côté. Et en fait, c'est un peu l'année juste avant le Covid que j'ai commencé à faire du drag, que j'ai commencé à être plus proche de nos amis en commun que j'avais avec Eva.

  • Speaker #0

    Eva fréquentait déjà le... Oui,

  • Speaker #1

    le milieu cuir en fait à Gans. Dans lequel il y avait des drags. Voilà. Mes amis qui n'avaient pas encore commencé le drag, en fait, on était intrigués par aussi la scène drag. On le voyait à la télévision, mais on le voyait en vrai aussi. Et du coup, on se dit genre, c'est un moment à aller voir aussi le drague dans notre ville, qui est gant à ce moment-là. Parce que justement, ça nous ouvre encore plus l'esprit sur ce qu'on voit à la télévision. Ce n'est pas forcément ce qu'on voit en vraie vie.

  • Speaker #0

    Oui, de comparer les deux.

  • Speaker #1

    Voilà, comparer les deux. Et donc, en ayant vu les shows en vrai, en ayant vu ce qui se passe à la télévision, ça nous a un peu posé des questions. Est-ce qu'on veut faire ça aussi ? Est-ce qu'on veut le tenter ? Comment on dit d'une chose à l'autre ?

  • Speaker #0

    De fil en aiguille.

  • Speaker #1

    De fil en aiguille, voilà. On est arrivé à s'acheter du fond de teint, à s'acheter du crayon noir, à s'acheter des trucs basiques pour essayer des make-up. Basiques aussi, on ne s'y connaissait pas encore. On avait des références. Et tu sais, genre le truc, le mime où est-ce qu'on dit ce que tu achètes en ligne, ce que tu reçois ? Oui. C'était vraiment ça. Genre la référence et moi après. Une petite merde qui se pense être star. Mais c'est bien parce que justement, ça crée la tissu aussi, ça crée le personnage, ça crée l'idée de ce que tu veux rendre en vraie vie. Et pour moi, personnellement, j'ai toujours été intéressé dans la mode. Un peu l'option que je n'ai jamais pu faire de mon père. Parce que ça chauffe bien un peu.

  • Speaker #0

    C'est bien, tu fais une super transition que j'allais te dire.

  • Speaker #1

    Le nom. Très fashion, quelque chose qui m'a toujours intéressé. De base, Valencia Khan n'allait jamais naître. Ce n'est pas le nom premier que j'avais choisi.

  • Speaker #0

    Attends, parce que là, je suis en train de me dire. Tu as toujours... aimer la mode. Mais tu t'habillais toujours en noir. Puisque tu as commencé tes études comme jeune adulte et on t'a dit, tu gommes tout ce qui est...

  • Speaker #1

    Personnalité.

  • Speaker #0

    Personnalité, carrément ?

  • Speaker #1

    Oui, pour pouvoir mettre la personnalité dans le projet.

  • Speaker #0

    Dans tes projets.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Donc ça veut dire que tout ça mijotait quand même quelque part dans ta tête. C'est pas possible que t'aies pas un endroit...

  • Speaker #1

    D'office. J'étais pas conscient. En fait, c'est con, mais c'est peut-être poétique aussi. en prenant le premier pinceau pour me maquiller. Ça a été un peu la clé qui a libéré cette inconscience.

  • Speaker #0

    Tout ce monde que tu avais déjà commencé à créer, finalement, inconsciemment. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est trop mignon. En fait, j'avais juste besoin du bon outil. Alors que ça fait déjà des années que j'utilise des outils d'art. Oui,

  • Speaker #0

    des pinceaux pour peindre sur des toiles, j'imagine, quand tu fais des maquettes.

  • Speaker #1

    Voilà, mais pas sur le visage. Et genre, un pinceau visage, c'est tellement différent qu'un pinceau peinture que je pense que ça, ça a été vraiment la... clé qui m'a ouvert la tête en mode, mais c'est ça en fait que je veux faire. C'est ça que je veux pouvoir créer.

  • Speaker #0

    Alors que j'imagine que tu ressemblais à un petit garçon de 6 ans qui avait piqué le make-up de sa mère.

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. C'est parce que... Pire ! Maman ! En fait, j'avais l'outil, mais j'avais pas encore...

  • Speaker #0

    le savoir-faire. Et à ce moment-là, je me disais, genre, je suis une personne non-binaire, j'ai envie de jouer avec les codes masculin-féminin, du coup, je vais laisser ma moustache. Pire décision de ma vie. Valensaga avec une moustache ? Peut-être une moustache hyper esthétique, mais la moustache, genre, comme je l'ai aujourd'hui, ça va, c'est pas du tout. C'était horrible, horrible. Et donc, ça a évolué de moi qui gardais ma moustache à me dire, genre, non, en fait, je pense que je vais la faire partir.

  • Speaker #1

    Mais tu faisais quoi ? Donc, tu te maquillais. Est-ce que tu t'habillais aussi ? Et puis tu faisais quoi ? Les premiers trucs, je ne sais plus avec qui j'ai discuté. Justement, quand j'ai fait la première saison de Drag Race, cette personne m'expliquait que les toutes premières fois, c'est juste chez toi, dans ta chambre, dans ta salle de bain. Toi, c'était comment ?

  • Speaker #0

    Moi, c'est sortir. Alors, je t'explique la première image de nous qu'ils ont quand ça, nous maquillés. C'était en été. Il était, je pense, fin juin, début juillet, avec... avec d'autres personnes qui font du drague qui s'appellent Krasna et Beau Butler et Marty, qui font partie de mon collectif. On est installés dehors, sur le pas de la porte. Le trottoir ? Le trottoir, voilà. Avec un grand néon en plein milieu de nous, sur un tapis. Tout le monde avec un miroir et genre son make-up.

  • Speaker #1

    Pourquoi pas à l'intérieur ?

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, il n'y avait pas assez de place pour nous mettre tout ça à l'intérieur. Parce que la maison était petite. Et comme ma chambre était petite, la chambre d'Eva était petite, la salle à manger était très petite aussi. Tu rentres, tu avais vu sur la cuisine directe. C'est vraiment une toute petite maison. Et donc, en fait, on s'est dit, il fait chaud, c'est été, il ne va pas pleuvoir aujourd'hui.

  • Speaker #1

    C'est trop bien. Et vous n'êtes pas dit, ouais, c'est genre... Parce que moi, je me dis, déjà, parfois, quand j'essaye juste un nouveau look ou des nouveaux vêtements, je fais partie de ceux qui aiment bien faire ça tout seul, tu sais, dans un coin comme ça. De ne pas partager le potentiel ridicule.

  • Speaker #0

    Oui. Tu vois ? Je ne pense pas qu'on pensait à ça à ce moment-là. On était plus en mode, on est un petit groupe, on veut s'amuser. On est ensemble. Et le but, c'est de sortir après en boîte, aller voir des shows drag de House of Luxe et juste s'amuser. Et donc, en gros, on se maquillait, on essayait des trucs. On a été chercher nos premières pericostes ensemble. C'est des trucs assez marrants, on va dire, qui se sont mis en place. J'aurais dû ramener cette photo, franchement. J'ai une photo.

  • Speaker #1

    Envoie-la moi.

  • Speaker #0

    Je vais essayer de la retrouver, par contre.

  • Speaker #1

    Tu retrouves quelque chose d'archive.

  • Speaker #0

    C'est marrant de nous voir comme ça sur le trottoir. En fait, vraiment, faire le trottoir, mais genre, pas de la manière où est-ce qu'on pense, mais c'est hilarant parce que, tu vois, genre, quatre gens qui essayent le drag pour la première fois et qui savent pas trop comment, mais c'est pas grave, on s'amuse. Tant que l'œil est bien noir, que la bouche est bien rouge et qu'on a un peu de contour, un peu fort le contour, qui fait une couleur très efféminée, ce qu'on pensait être efféminé, ça passe. Et donc, les habits, c'était du seconde main, friperie, les talons trop petits qui nous niquaient les doigts de pied, mais c'est pas grave, on y allait.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous ne saviez pas encore où est-ce qu'on trouve les magasins avec des chaussures à talons en 43,

  • Speaker #0

    44 ? Voilà, c'est ça. Et donc, on sortait comme ça. C'était pas loin de la porte non plus, donc c'était assez marrant.

  • Speaker #1

    Et là, à ce moment-là, Valencia Gaye n'est toujours pas là.

  • Speaker #0

    Non, pas encore. À ce moment-là, c'est encore Coton. Coton ? Voilà.

  • Speaker #1

    C'est mignon,

  • Speaker #0

    Coton. Le nom très mime.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Qui n'a rien à voir avec le personnage d'aujourd'hui, mais peut-être au fond quand même.

  • Speaker #1

    Oui, parce que Valencia Gaye a un côté quand même très gentil.

  • Speaker #0

    Oui. Et très doux. Voilà. Et en fait, à ce moment-là, je travaillais dans le Scotch & Soda à Gans. J'étais en train de chercher un nom de scène et c'est en pliant des habits. dans le magasin, que soudain, je vois sur le label coton Et là, je me suis dit c'est basique, mais c'est cute, parce que du coton, il y a dans tout, en fait. Pas dans le bienthétique, mais je veux dire, la plupart du temps, c'est du coton. Donc, je pense que je suis allée pour le coton. Je pense que ça s'est resté pendant un mois. Donc, à chaque fois que je sortais, je me présentais un temps le coton. Et je voyais genre les gens me regarder en mode elle est pas sérieuse ? Ok, si tu veux, genre, fais-toi plaître. Pas grave, tu vois.

  • Speaker #1

    Les noms de scènes drag ont souvent... Une référence ou un jeu de mots. Quelque chose comme ça. Là, il n'y en a pas.

  • Speaker #0

    Pas du tout. C'était juste genre...

  • Speaker #1

    Ça aurait pu être quand même Lady Cotton ou Miss Cotton.

  • Speaker #0

    Voilà. N'importe. Ça, je ne sais pas. Si, ça aurait pu. Mais à ce moment-là, je ne me voyais qu'avoir un nom aussi. Je ne voulais pas un double nom, un nom famille. Et je m'étais dit, Cotton, c'est la base de la mode, en fait. Ah oui,

  • Speaker #1

    aussi, un lien avec le thème.

  • Speaker #0

    Voilà. Je voulais quelque chose de très mode.

  • Speaker #1

    Un cheminement, quoi. Voilà.

  • Speaker #0

    petit pas par petit pas mais t'as quand même en tout cas là je perçois qu'il y a quand même un cheminement depuis le départ voilà et en fait coton aussi c'est un peu le matériau premier pour créer un vêtement et donc c'est ça je me disais la toile voilà un calva c'est quelque chose qui est premier qui est là depuis le début et qu'on a besoin pour créer quelque chose d'après. Et en fait, c'est peut-être bizarre, mais à ce moment-là, comme House of Luxe était la première house drag à Gans, et qu'en fait, mon collectif suivait cette house, donc était le deuxième, je me disais, moi, je veux un nom iconique qui dit, j'étais la preuve ou limite second et qui va lancer la scène drag à Gans. C'était genre l'idée que j'avais en tête. Toi,

  • Speaker #1

    tu voulais être...

  • Speaker #0

    Celle qui allait lancer la scène drague à Gans avec la première house, House of Lux, avec mon collectif. Et on allait genre régner un peu la scène drague.

  • Speaker #1

    Et pourquoi un collectif et pas une autre house ?

  • Speaker #0

    Parce que house, pour nous, c'est... En fait, on a discuté longtemps. Et house vient de la ballroom scene qu'on ne veut pas approprier. On n'est pas des personnes racisées, sauf Krasna, qui est une personne qui vient de la Russie et qui est musulmane aussi. Mais elle a un white passing très, très white. Donc en fait... On ne voulait juste pas approprier cette idée d'une house, une maison des années 80, des années 90, New Yorkais. Ce n'est pas notre histoire. Ce n'est pas notre histoire non plus. On a notre maison physiquement, on a une maison, on n'a pas besoin d'être ensemble pour créer ce safe space, on va dire, parce qu'on est rejeté par la société. Non, on a tous un job, on a tous une maison, collectif, on fait de l'art. Donc un collectif artistique rentré. C'est un grand plan.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Et tu te dis, moi, je veux un nom iconique.

  • Speaker #0

    Voilà. Et là, je commençais à continuer à chercher parce que je me dis, coton, c'est genre trop mime, c'est genre trop, je ne sais pas, genre ça ne donne pas ce que je veux donner, en fait. Et là, je commençais à faire les pages de magazines, faire lire des livres sur la mode parce que j'en avais déjà pas mal, mais je n'avais pas vraiment eu le temps ou pris le temps de lire.

  • Speaker #1

    Et tu as fait cette démarche vraiment dans le but de trouver un nom. Voilà. OK. Et pourquoi la mode ? Parce que tu aurais pu prendre l'archive. le nom des architectes et des designers d'objets, le nom des pièces, parce que même les chaises et les trucs ont toujours un nom.

  • Speaker #0

    Vitra. Ouais. Ça m'a fait ce coup-là. Mais je ne sais pas, genre... Alors,

  • Speaker #1

    styling que du plastique.

  • Speaker #0

    Voilà. Non, je ne sais pas. En fait, je pense que, justement, je m'étais un peu arrêtée aussi sur l'idée de les maisons de la ballroom scene qui sont des maisons, des houses qui ont toujours repris des codes. très mode. Je dis simplement House of Chanel, House of Louis Vuitton, il y a toujours une anecdote à la mode. Donc je me disais, qu'est-ce que je pourrais reprendre qui pourrait être assez iconique ? Je cherche. Je ne sais pas. On trouve Banetaga. C'est une house qui est là déjà depuis des années, mais même quand je dis des années, des années. Aussi. Mais aussi, tout ce qui a été créé aux Etats-Unis a été repris. Donc en fait, les House Ballroom aux Etats-Unis ont été créés par des personnes racisées émigrées, qui eux émigrent en Europe et qui eux recréent la scène qu'ils ont eue aux Etats-Unis. Ok. Et donc en fait, c'est...

  • Speaker #1

    Comme une succursale quoi.

  • Speaker #0

    Voilà. Ok. C'est genre des houseurs, des house... Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça.

  • Speaker #0

    Qui viennent de la house mère, on va dire, aux Etats-Unis, mais qui continuent en fait ici en Europe. Ok. en Asie, en Australie, partout dans le monde. C'est vraiment un petit exemple. Ausha, qui est grande gagnante de la deuxième saison, fait partie de la ballroom. Elle est maire de la House of Revlon aux Etats-Unis, mais aussi ici. Parce qu'en fait, chaque pays a un chapitre. On appelle ça des chapitres. C'est des codes de la ballroom. Quand on ne connaît pas trop, je n'ai pas trop bien expliqué. Je commence à intégrer la ballroom maintenant, en 2024. à mon début. J'ai déjà deux prix. Félicitations. Merci.

  • Speaker #1

    Mais j'ai vu ce...

  • Speaker #0

    Il n'y a pas longtemps. En un mois, en fait.

  • Speaker #1

    T'en as eu un début août. Début août 2024.

  • Speaker #0

    Voilà. Et puis j'en ai eu un la semaine passée. Dimanche. Donc c'est assez cool de pouvoir faire la catégorie Lip Sync que je fais déjà depuis six ans maintenant. Mais la ballroom, c'est quand même différent. C'est des gens qui te jugent. C'est très différent, on va dire.

  • Speaker #1

    On va chercher sur la question. et donc tu t'es dit Balenciaga

  • Speaker #0

    Christobal qui est le designer OG de Balenciaga qui a été en fait le OG designer le OG créateur de mode en Europe qui a lancé aussi un peu la carrière de Chanel qui a lancé la carrière de c'est pas Louis Vuitton c'est Louis Vuitton non c'est pas Louis Vuitton c'est pas de la même époque je sais plus de qui Christian

  • Speaker #1

    Christian Dior, qui l'aurait travaillé dans... Voilà,

  • Speaker #0

    Christian Dior. Et en fait, Balan Saga est une personne qui va pousser Chanel et Christian Dior à créer leur propre maison de mode. Et se dire, moi j'ai genre une base, maintenant c'est à vous. Et en fait, c'est ce que j'ai voulu faire. Je me suis dit, c'est un nom iconique. C'est un nom qui va créer les OGs et qui va justement faire en sorte que la scène drague peut être poussée par après.

  • Speaker #1

    Tu t'es visualisé toi comme étant un peu celle qui allait aider les autres à se lancer. Parce que tu avais commencé avant et que justement, tu avais cette volonté d'être une queen iconique qui prend de la place, qui montre comment on fait, qui est... très précises, parce que moi, quand tu me dis Balenciaga,

  • Speaker #0

    franchement,

  • Speaker #1

    oui, en termes de précision, alors on ne parle pas de Balenciaga aujourd'hui, c'est autre chose, c'est très différent, mais si tu regardes ce que Cristobal Balenciaga faisait, les robes, elles sont clairement, comme tu dis, on va utiliser 50 fois ce mot, elles sont vraiment, vraiment iconiques, les coupes, les volumes, il travaillait vraiment, les volumes, c'était vraiment incroyable, et c'était très graphique. Peut-être, est-ce que ça aussi, parce qu'avec ton parcours en archi, est-ce que ce n'est pas ça aussi qui t'a marqué ? Parce que quand tu regardes les photos de Balenciaga, c'est hyper architectural. Les lignes, ce sont des lignes parfaites. Les courbes, c'est des courbes qui sont placées de manière extrêmement précise.

  • Speaker #0

    C'est très, très précis, en effet. C'est en fait ça qui m'a poussé à vouloir rendre hommage à cette personne. iconique dans la mode, qui crée l'architecture portable, comme il est décédé à Valence. J'ai juste repris le V de Valence et je l'ai mis à la place du B pour Balenciaga.

  • Speaker #1

    Et c'est comme ça que Balenciaga a été baptisé.

  • Speaker #0

    Voilà. Je voulais un nom aussi qui finisse avec un A, parce que tous les noms qui finissent avec un A sound more feminine. Ok. J'ai voulu quelque chose qui était plus doux qu'un B, parce que B c'est genre bouh.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Alors qu'un V c'est genre très... Ça fait très aéré. Même dans sa précision, dans ma précision, j'ai vraiment pensé à trouver un nom. Je ne pouvais pas imaginer que derrière ton nom,

  • Speaker #1

    il y avait tellement d'histoires, de réflexions et d'étapes. Et donc après ça, tu as trouvé le nom.

  • Speaker #0

    Voilà. Coton est sorti de sa chrysalide pour devenir Valencia.

  • Speaker #1

    Mais j'imagine qu'elle n'avait pas encore les codes de Valencia. Parce que Valencia a des codes aujourd'hui. Oui. que je vois qu'il évolue quand même encore un peu il continue à évoluer tu vois que t'es quand même énormément toujours en évolution c'est subtil je trouve que tu fais tout ce que tu viens de m'expliquer maintenant appuie mon impression qui est que tu fais les choses de manière toi t'avais dit par étapes moi

  • Speaker #0

    j'y vois plutôt quelque chose de tu vois une sorte de continuité tu vois d'évolution fluide comme ça maintenant ce jour-ci oui c'est plus fluide auparavant c'était plus d'étapes en étapes j'ai acquéri ça maintenant je peux continuer à faire ça. J'ai acquis ceci, maintenant je peux continuer dans ceci. Et c'est vraiment genre une évolution, mais d'étape en étape. Alors que maintenant, c'est plus une évolution, plus étape en étape, c'est quelque chose de très fluide, qui reste en évolution en effet, mais qui est que visible à l'œil observatif. Si tu me regardes et tu me vois genre dans trois mois et maintenant, peut-être qu'il y a des gens qui ne vont pas voir l'évolution. Par contre, des gens qui ont l'œil vont le voir. Et c'est ça que je trouve intéressant aussi. Parce que le drag, c'est une conversation sur quoi ? Sur le genre, sur la mode, sur ce qu'on veut représenter. C'est politique. C'est très politique. C'est très poétique aussi. Mais des gens qui le voient qu'en tant qu'entertainment, ne comprennent pas.

  • Speaker #1

    Il y a plusieurs lectures, on va dire. Plutôt qu'à plusieurs lectures, tu peux aller et voir un spectacle où tu as des garçons qui sont habillés en fil de manière extravagante et c'est rigolo. Il y en a qui font des blagues, il y en a qui chantent, il y en a qui truquent. Et ça s'arrête là. Et puis tu as un deuxième, un troisième niveau de lecture où là, tu te demandes... pourquoi ce costume, pourquoi ce texte, pourquoi cette chanson.

  • Speaker #0

    Il y a vraiment des codes très subtils que j'essaie de garder, que je trouve intéressants, parce que justement, à ce niveau-là, je peux avoir une conversation. Mes conversations durant les soirées, avec différentes personnes, sont très différentes.

  • Speaker #1

    Parce qu'en plus, quand tu sors de scène,

  • Speaker #0

    les gens veulent toujours te parler, parce qu'ils vont trouver ça intéressant. Si c'est juste pour te dire, genre, c'est incroyable ce que tu viens de faire, ou j'ai trop aimé le texte que tu as repris. Il y a une subtilité dans le compliment qui est tellement différent, mais qui est tellement important. Parfois, c'est ça qui fait ma soirée, en fait.

  • Speaker #1

    Est-ce que ce sont ces échanges, ces rencontres, après tes performances, qui contribuent à l'évolution de Valencia Gala ?

  • Speaker #0

    Énormément. Si je n'avais pas des retours du public, je pense que j'aurais longtemps arrêté.

  • Speaker #1

    Et est-ce que la majorité des... Est-ce qu'on dit des dragues ou on dit des queens ?

  • Speaker #0

    Des dragues. Des dragues.

  • Speaker #1

    font ça, vont à la rencontre de leur public ?

  • Speaker #0

    Je pense que la forme de l'art du drag est tellement différente pour chacun. et chacune, qu'on vit ça tellement différemment. Moi, j'adore le public. Moi, je suis vraiment une reine du public. Je suis une reine qui me faufile dans le public pour faire mes performances. Si le bar était rempli et qu'il n'y avait pas de place sur la scène, je le ferais même encore en plein milieu du public parce que justement, il y a un échange d'énergie qui me donne cette force pour continuer, mais qui, je vois, crée cet échappatoire pour les gens qui sont là.

  • Speaker #1

    et en fait c'est un besoin c'est un besoin mutuel ok je vois ce que tu veux dire parce que je me disais peut-être que l'endroit où on se sent le mieux en sécurité en confiance c'est quand tu es dans ta performance dans ton personnage et qu'en fait dès lors que c'est terminé tu reviens à toi après pas vraiment parce que t'as toujours ton maquillage t'as toujours ton on peut dire costume je peux dire costume ton costume Mais effectivement, comme tu dis, ça dépend d'une personne à l'autre. Et pour revenir au costume, maintenant que Valenciaga a une identité forte, que j'imagine que tu as déjà un avenir pour elle, que tu as des projets pour elle, comment est-ce que tu as fait et comment est-ce que tu fais pour choisir ses tenues, pour faire ou faire faire ses tenues ? Tu me diras si tu les fais toi-même ou pas. Et comment est-ce que tu construis sa garde-robe ?

  • Speaker #0

    Alors, la garde-robe de Valenciaga est construite de... planches de Ikea. On a besoin d'une base très solide et Ikea, ça tient.

  • Speaker #1

    Rapport qualité-prix dans un premier temps, ça marche bien.

  • Speaker #0

    Et je peux l'avoir sur facture. C'est important aussi. Je pense que je m'inspire en fait encore toujours de Balenciaga, de la marque actuelle et de la marque ancienne. Mon look de finale, par exemple, pour Drag Race, la première saison, était un look inspiré de Balan Saga, sa première collection. Les robes très voluptueuses, asymétriques, qui ne centraient pas la taille du tout, alors que Balan Saga est toujours centré sur la taille. Donc ça a changé énormément aussi ma silhouette, ce que je trouvais hyper intéressant et hyper important aussi pour justement me pousser à faire autre chose que ce que je fais d'habitude. La silhouette très Hourglass figure, on va dire. Et donc en fait, je pense que je reste inspiré. par des silhouettes très classiques, par des silhouettes très cabaret, qui sont corsetées.

  • Speaker #1

    Voilà, cabaret de une certaine époque.

  • Speaker #0

    Voilà. Mais aussi très moderne. Dans le sens où, si je pouvais porter un hoodie tracé avec un corset très burlesque des années 30, je le ferais.

  • Speaker #1

    Tu ne l'as pas fait encore ?

  • Speaker #0

    Pas encore. On le fait ? Peut-être. Ok. Mais je pense que cette image fonctionne énormément parce que c'est... quelque chose qui est très dans cette ère du temps, ça se dit ?

  • Speaker #1

    Oui, dans l'ère du temps.

  • Speaker #0

    Dans l'ère du temps, on reprend des codes, maintenant surtout, de plus en plus des années précédentes et on en fait quelque chose de très moderne parce que justement, en fait, ça...

  • Speaker #1

    Ça a toujours fonctionné comme ça, prendre des références et venir les assaisonner au goût du jour.

  • Speaker #0

    Le goût du jour.

  • Speaker #1

    Et comment est-ce que tu qualifies, si tu devais qualifier le style de Valenciaga ? son look si tu devais lui donner un adjectif, ce serait quoi ? Est-ce que ce serait rétro ? Est-ce que ce serait burlesque ? Est-ce que ce serait sexy ?

  • Speaker #0

    Je sais que tout le monde doit avoir une autre définition pour ce mot-là, mais moi je dirais haute couture. Ok. Dans le sens où tout est pensé jusqu'au détail, tout est poussé jusqu'au détail. C'est pas quelque chose que quelqu'un va porter tous les jours, ce qui a quand même un côté extravagant, mais c'est inspiré du prix apporté.

  • Speaker #1

    Tu pars du prêt-à-porter, tu vas chercher les codes haute couture, tu modifies prêt-à-porter pour que l'image que ça donne, l'attitude que ça te force à adopter, entre dans le cadre haute couture.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Strict, un peu lointain, intouchable.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est aussi un peu ce que beaucoup de gens me disent quand ils voient mon Instagram. Genre, j'ai l'air une personne très intouchable, alors que quand ils me rencontrent...

  • Speaker #1

    Je valide, je confirme.

  • Speaker #0

    Directement, tu dis, mais c'est une crème. Un des meilleurs compliments que j'ai déjà eu, c'est que tu as l'air tellement toujours fâchée sur ton Instagram.

  • Speaker #1

    Fâchée ? Ah non. Moi,

  • Speaker #0

    quand j'ai bossé avec toi,

  • Speaker #1

    c'était maintenant il y a deux ans. Déjà deux ans.

  • Speaker #0

    Ça va vite.

  • Speaker #1

    Tu ne m'as pas donné cette impression-là. Après, moi, j'étais en backstage. Donc déjà, c'est différent de si je ne t'avais pas vue en backstage et que je t'avais vue seulement sur scène. Malgré ça... J'ai quand même eu une énorme surprise quand on s'est revus il y a plusieurs mois et où je t'ai proposé de venir dans DHV, dans Deshabillez-vous. Et en fait, ce qui m'a donné envie vraiment de discuter avec toi, c'était ça. C'était cet aspect hyper... hyper accessible. Voilà. Hyper accessible alors que tu étais... C'était Valencia Gag que j'ai rencontré parce qu'on était lors d'une soirée en proportion. Tu étais en drague. C'est Valencia Gag que j'ai rencontré. Et je me suis dit waouh ! Très accessible en fait. Donc ça me fait penser à la question que je t'ai posée juste avant. Effectivement, je pense qu'il y a autant de manières d'aborder le public, les gens qui viennent vers toi quand tu fais du drague, qu'il y a de personnalités parce qu'en réalité c'est juste... une facette de ta personnalité que tu montres. Donc oui, là je confirme que quand on voit ton profil, il y a un côté hyper glamourisant, glamourisé, glamour, sur ton feed et sur tes réseaux, mais que quand on te rencontre, accessible. Hyper, hyper accessible.

  • Speaker #0

    Je trouve ça hyper important aussi. C'est un truc que j'ai appris aussi. En regardant Drag Race US, on rencontre des divas, on voit des gens qui ont une certaine C'est des gens qu'on rencontre et qu'on se dit que c'est des célébrités. Et que du coup, quand on les verrait, je pense que tout le monde aurait un peu peur. En mode genre, je ne sais pas du tout comment elle va réagir. Qu'elle va être froide aussi envers moi. Ce que j'ai vu à la télévision, est-ce que ça va être différent ? Et en fait, c'est ça que je me suis dit. J'ai envie de créer ce personnage aussi qui a l'air un peu froid. Pour se dire, est-ce que je fais oser de lui dire un truc ? Et genre, dès que tu me dis un truc, tu vois que je suis genre comme un yaourt. En fait, tu vois, hyper soft. Oui. Hyper, enfin... Je ne sais pas comment on l'exprime. En plus, je suis intolérant à tout ce qui est produits laitiers. Donc, moi, je dis yaourt en plus. Ce n'est pas mon goût. Mais tu sais, genre... Oui, un truc doux. Une idée d'une crème, tu vois. Oui, il ne faut pas avoir peur. Je veux vraiment me parler de tout et de rien. Je te parlerai de tout et de rien.

  • Speaker #1

    Je confirme, Noah est un yaourt.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Je confirme. Un yaourt un peu légèrement sucré, par rapport un peu à la vanille.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est ça. J'ai une petite vanille, en fait. Toute simple. C'est ça que je trouve important aussi. Je veux déconstruire cette idée de star et de, dans mon cas, micro-star, parce que je ne suis pas une star comme OBS, mais de ne pas être accessible.

  • Speaker #1

    Tu as envie d'être accessible.

  • Speaker #0

    Je veux être accessible. Je veux montrer que, en fait, en dessous de tout ce maquillage, on est juste des humains.

  • Speaker #1

    Et puis ça rentre aussi dans ce que tu expliquais tout à l'heure, le fait d'être accessible. Les gens qui vont venir te voir, ceux qui sont toi il y a 8 ans, 10 ans, vont dire, ah mais en fait, je peux.

  • Speaker #0

    Je veux pousser les gens à pouvoir faire du drag. Ça va faire combien de temps maintenant ? Je pense qu'en janvier, février, mars, un truc du genre. J'ai pu faire connaissance d'une personne incroyable qui s'appelle Jewel. qui est devenue ma fille drague. J'en ai qu'une pour l'instant et j'en veux qu'une aussi puisque j'aime me concentrer sur cette personne. Une personne trans aussi comme moi, du coup, avec qui j'ai des liens incroyables d'amitié que je ne lâcherai plus jamais de ma vie. Et pour moi, c'est une performeuse incroyable qui a une histoire à raconter et que je veux pousser aussi à raconter cette histoire parce qu'elle est hyper importante. Elle est... Elle est hyper intéressante et je suis sûre qu'il y a plein de gens qui vont se voir dans son histoire et qui vont pouvoir se dire genre, moi je suis cette personne-ci, si je peux faire du drague comme elle, je vais en faire. She's giving that mom energy aussi. Je ne veux pas dire que je vais être mother de tout le monde, mais genre, I want to give that, oui, vraiment, ça me fait plaisir. Et j'ai reçu un titre durant la diffusion de la première saison, Mother of West Flanders. que je prends à plein cœur, je ne sais pas comment on dit...

  • Speaker #1

    Je prends à bras-le-corps.

  • Speaker #0

    Voilà. En effet, je suis de la région de Courtret, de la région de la Flandre occidentale. Oui, je veux représenter les gens de ma région, je veux représenter les queers qui n'ont pas de place, surtout dans la région de Courtret, qui se disent... C'est un peu reculé. On est obligé de déménager à la capitale pour justement pouvoir être queer. Non, restez à Courtret, soyez queer à Courtret. Après, je suis un peu le mauvais exemple puisque j'ai déménagé à Bruxelles. Mais c'est pour les opportunités aussi. J'en avais besoin et je n'allais pas pouvoir me pousser moi-même à rester à court-terre. Mais je veux que justement, il y a une communauté queer qui existe à court-terre, qui se développe à court-terre. Vous m'appelez, je serai là pour venir performer à court-terre parce que justement, c'est un peu la base mère, on va dire, qui...

  • Speaker #1

    De là d'où tu viens.

  • Speaker #0

    D'où je viens, en fait, oui.

  • Speaker #1

    Parce que plus tu déroules ton truc, et plus je me rends compte que tu gères, tu mènes vraiment ton... Je ne sais même pas comment l'appeler, parce que c'est en dehors du cadre de ton... dont j'ai l'habitude, ton travail, ton entreprise, vraiment, avec toutes tes idées que tu avais au départ, et encore une fois, toujours de cette manière, étape par étape, de manière fluide. Avoir un rôle... Je suis ravie de cette discussion parce que je n'avais pas de doute qu'elle allait être riche et intéressante, mais je ne me doutais pas qu'on allait aller dans des choses aussi précises et pointues. Je trouve ça génial. En tout cas, moi, j'ai appris plein de trucs. Et maintenant, pour... tes costumes ? Comment est-ce que tu fais ? Est-ce qu'on peut dire ? Ou il y a des secrets que tu veux pas dire ? Tu veux garder du...

  • Speaker #0

    Tu vois,

  • Speaker #1

    est-ce que tu vas chercher encore des choses... Alors, beaucoup de dragues font appel à des designers, des couturiers, couturières, un peu partout. C'est un peu les petites mains de l'ombre. Et puis, il y en a d'autres qui font tout eux-mêmes. Il y en a d'autres qui sont les reines de la fripe, qui portent de la fripe et qui accessoirisent. Après, ça dépend toujours du... du personnage que tu as construit, de l'histoire que tu racontes. Toi, pour ta part, c'est quoi ?

  • Speaker #0

    J'ai commencé en tant que queen de la fripe et accessoirisé avec tout et rien, mais avec du goût. Le goût, je ne sais pas d'où je l'ai. Je pense que c'est juste...

  • Speaker #1

    C'est un muscle,

  • Speaker #0

    je crois que ça se parle. Avec le... Quand tu regardes ton livre. Vraiment, j'ai l'œil pour. Et donc ça, c'est un peu un talent que j'ai. je pense, et je vais l'utiliser, je vais le travailler, je vais continuer à le développer en recherchant des images dans des magazines, en ligne. J'ai l'application Vogue, je regarde tous les défilés, à chaque fois qu'il y a des défilés, donc je reste assez informé sur ça en tout cas. Est-ce que je crée mes propres costumes ? Oui, parfois, pas tout le temps. J'ai une certaine idée de ce que je veux. Si je ne sais pas le faire moi, avec ma mère, parce que ma mère m'aide énormément avec mes costumes. Je vais faire appel à des costumiers ou à des couturiers ou à des designers parce que je n'ai pas les skills non plus pour créer un corset par exemple. Je ne sais pas travailler les baleines, je ne sais pas du tout comment ça fonctionne. Je préfère laisser ça aux professionnels parce que je sais que ça sera bien fait, que ça va tenir, que ça va être pour la longue durée. J'essaie toujours d'avoir en tête des trucs qui seront pour la longue durée et des trucs qui sont modulables.

  • Speaker #1

    dans le sens où tu peux reporter plusieurs fois ou modifier des choses pour que ça ait une autre apparence.

  • Speaker #0

    Les styles différemment. Si j'ai un pantalon, par exemple ce pantalon-là, je pourrais le porter en drague. Il sera visuellement différent de quand je le porte dans la vie de tous les jours. Déjà à cause des pads et à cause du corset. Mais aussi avec les accessoires que j'y ajoute. Avec une ceinture, avec... Bracelets, bijoux... Des brûlures qui pendent.

  • Speaker #1

    Tu vas piocher quand même dans ta garde-robe de tous les jours que Noah porte quand il va faire ses trucs. Valencia Gave va aller piocher des choses dedans. Parce que c'est vrai que je me suis posé la question et certaines dragues que je connais, d'autres que je suis, et je me dis mais en fait, il y a des tenues qu'elles ne portent jamais qu'une seule fois. Et que ça coûte cher. Parce que, je pense à celles qui font faire essentiellement leurs tenues. Je me dis, mais en fait, c'est un puits sans fond. Si tu pars dans ce sens-là, je me dis, est-ce que les dragues ont une conscience écologique, tu vois, par rapport à leur costume ? C'est une question problématique, je sais. Est-ce qu'au-delà de, avant même l'écologie, est-ce qu'économiquement, c'est quand même plus malin, plus intéressant de faire comme tu fais ? C'est-à-dire de faire un costume, d'acheter un costume, ou de modifier quelque chose, une pièce, en se disant, ok, je peux...

  • Speaker #0

    C'est le métier que moi je fais. Par exemple, à partir d'une seule pièce, je peux construire un certain nombre de looks très différents les uns des autres. En fonction de, comme tu dis, une ceinture, la paire de chaussures que tu vas mettre, les bijoux que tu vas mettre. Tu vas mettre un truc en dessous, un truc au-dessus. Toi, comment est-ce que tu procèdes ?

  • Speaker #1

    Ces derniers temps, j'ai procédé d'une manière pas écologique du tout et pas économique du tout non plus. Dès que je voulais quelque chose, je l'achetais. Ça fait partie aussi de mon addiction à l'achat. qui est aussi un puits sans fond, économiquement aussi, mais mentalement, je me dis Ah, ça me fait plaisir ! Bon, hop, acheté ! Les applications comme, on va les nommer, Shein, Temu et ainsi de suite, pour des bricoles, c'est assez facile. Genre une paire de collants, une paire de gants, une paire de chaussures fun, ça s'achète très rapidement, tout coûte cher au final, même si c'est genre 4 euros ici, 4 euros là, tu peux facilement arriver à... 50 euros de gants et de dire en fait j'en ai pas besoin autant. Donc à ce niveau là oui c'est facile de se dire on va créer un costume qui est adaptable. Par contre c'est toutes les autres bricoles qui viennent s'ajouter pour le style différemment qui sont pas toujours économiquement parfaites.

  • Speaker #0

    Ah oui, tes bijoux, tu veux des boucles d'oreilles, tu veux un collier, il faut que ce soit coordonné, pas coordonné. Tu veux rajouter un... Un truc pour modifier ton vêtement, ça peut vite monter.

  • Speaker #1

    Voilà, ça va faire un mois, je pense, que j'ai enlevé les applis de mon téléphone. Parce que je me suis dit, est-ce que j'en ai vraiment besoin ? Et c'est ma mère qui m'a dit aussi, il faudra vraiment commencer à faire attention à ton économie, parce qu'en fait, il y a un certain moment, tu ne vas plus pouvoir manger. Et c'est vrai, il y a deux mois de ça, j'ai mangé. Et quand je dis tous les jours, pendant 23 jours, des haïkis.

  • Speaker #0

    T'as compté ?

  • Speaker #1

    Ouais, 23 jours.

  • Speaker #0

    T'avais tout dépensé ?

  • Speaker #1

    Parce que j'avais tout dépensé dans des brôles. Tu vois les utilisés,

  • Speaker #0

    ouais.

  • Speaker #1

    Mais est-ce que j'en avais besoin à ce moment-là ? Ben non. Donc 23 jours de haïki.

  • Speaker #0

    T'as fait mal du tout ?

  • Speaker #1

    Mentalement et physiquement, j'allais pas bien. Et je dis pas si j'ai le docteur. Je commençais vraiment à faire une déprime parce que j'avais pas assez de nutriments corrects dans le corps, on va dire.

  • Speaker #0

    Mais Valensaga était bien sa vie.

  • Speaker #1

    Mais du coup, visuellement, Valensaga avait l'air très bien. Et donc, en fait, c'est ça aussi. Pas mal de gens se disent, mais tu as l'air riche. Alors que je ne sais pas du tout. Je suis juste une des nouvelles pauvres, en fait. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais une nouvelle pauvre de notre société.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est une des facettes de ton entreprise sur laquelle tu réfléchis et pour laquelle tu es en train d'envisager des solutions ?

  • Speaker #1

    Oui, maintenant, oui. Je pense que... Donc ça va faire un mois que j'ai enlevé les applications d'achat facile, on va dire, pour me dire, oui, je peux style tous mes costumes que j'ai différemment, avec simplement prendre un élément, le combiner avec un autre élément, et je vais vraiment me forcer à faire ça. Parce que je veux pouvoir me nourrir bien, je veux pouvoir vivre plus facilement, me dire que oui, si j'ai envie de partir à Paris pour un week-end, il doit être possible de partir à Paris pour un week-end sans me dire ah bah non j'ai encore deux commandes qui arrivent de 30 euros et 200 balles ah bah du coup j'ai pas la j'ai pas la place économiquement pour me faire un week-end Paris, je veux vraiment pouvoir me dire stop, fais avec ce que t'as, regarde ce que t'as si un jour t'as besoin d'un nouveau truc concentre-toi sur épargner pour cet objet là qui sera

  • Speaker #0

    destiné à quelque chose de bien.

  • Speaker #1

    Mais donc,

  • Speaker #0

    tu ne construis pas tes costumes en fonction des scènes que tu vas faire ou des projets que tu vas faire ?

  • Speaker #1

    Tout au début, oui. Après Drag Race, en fait, j'ai lâché l'affaire. Parce que pour Drag Race, c'est des thèmes très spécifiques. Il faut avoir des costumes qui vont avec le thème. Et après Drag Race, je me suis dit non, je veux juste avoir, genre, chaque soir que je sors, une garde-robe avec quelque chose de classique, mais qui ne va pas faire seulement avec le thème ou avec la performance. Et pareil, en fait, pour la performance de demain. Le costume que je vais mettre n'a pas été créé pour la performance, mais contribue à la vibe que je veux donner.

  • Speaker #0

    Donc tu fonctionnes un peu différemment. Avant de passer aux deux questions signatures de DHV, il y a une autre question qui me vient à l'esprit, parce qu'on vient de discuter de l'aspect économique de ton entreprise, de drague. Est-ce que le drague en Belgique, ça paye ? Je sais que ça paye pas beaucoup. Est-ce que On peut vivre en Belgique du drag ?

  • Speaker #1

    Moi, je vais dire non, de ma part en tout cas, pas pour l'instant. Ok. Si je faisais que des scènes en Belgique, je dirais non d'office. Ok. J'ai reçu la plateforme Drag Race, donc j'arrive à performer dans d'autres villes, dans d'autres pays.

  • Speaker #0

    Parce que Drag Race a constitué un peu quand même...

  • Speaker #1

    Publicité. Voilà, on va dire ça. Donc oui, ça m'aide. Par contre, est-ce que j'en vis ? Non. Je travaille encore toujours dans un magasin de vêtements, où j'adore travailler, où mes collègues sont incroyables et adorent ce que je fais aussi, en dehors du travail que je fais au boulot. Mais en vivre, je... je pense. Sauf si on a un chômage artistique. Parce que là, c'est possible. Le statut d'artiste. Le statut d'artiste, voilà. Mais pour l'avoir, déjà, il faut travailler aussi énormément. Je viens de dire chômage artistique, mais chômage artistique, c'est pas un chômage, c'est genre un vrai boulot et c'est vraiment dur à travailler.

  • Speaker #0

    Parce que tu dois, déjà, pour avoir accès à ce statut d'artiste officiel en Belgique,

  • Speaker #1

    il faut prouver.

  • Speaker #0

    Il faut prouver que tu es un artiste. Tu dois avoir des contrats, tu dois montrer que tu as reçu des sous, effectivement. Et on sait que tout ce qui est artistique, il y a plein de choses qui se font sans facture. C'est de la main à la main. Mais ça ne peut pas compter pour la construction pour prétendre à ce statut-là. Donc en Belgique, c'est encore difficile.

  • Speaker #1

    Je pense, oui. Je connais quand même quelques dragues qui en font ici, à Bruxelles. Qui en vivent ? Oui, je pense. On n'en parle pas forcément.

  • Speaker #0

    C'est tabou ?

  • Speaker #1

    Je pense pas que c'est tabou, je pense que c'est juste pas une conversation qu'on a.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Je sais pas pourquoi, parce que c'est assez intéressant quand même.

  • Speaker #0

    Pour toi en tout cas qui envisage le drague comme une entreprise et quelque chose qui est le moteur de ta vie, ton existence, parce que tu exprimes ce que tu es, ce que tu fais, ce que tu sais faire, tu le manages vraiment, ça me semble être une question intéressante. Ok, bon, on arrive à la fin, donc les deux questions signatures. La première. Le portrait en vêtements. Donc si tu devais être un vêtement, différent, haut, en bas, tout ça, qu'est-ce que tu serais ? Tu vois, le vêtement, on pourrait te voir tous les jours, toute l'année avec ça. Si tu devais être, ce serait quoi ? Qu'est-ce que tu porterais ? Ce serait quoi la tenue ? Est-ce que tu peux me décrire les différentes parties de cette tenue ?

  • Speaker #1

    En drague ou pas en drague ?

  • Speaker #0

    Ça, c'est toi qui choisis. Est-ce que tu te sentirais mieux d'être tout le temps en noir, noa ? ou en Valenciaga ou alors tu créerais un espèce d'hybride des deux ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense que je créerais un hybride des deux. Ok. Mon hybride parfait, ce serait, et je l'ai en plus dans ma garde-robe, donc je peux te le décrire.

  • Speaker #0

    Ah oui, allez, vas-y, avec précision. Je veux tout, hein. Accessoires, chapeaux, s'il y en a, gants, chaussures, tout, tout,

  • Speaker #1

    tout, vas-y. Alors, c'est une robe assez classique, des épaulettes, qui accentuent justement, genre... La forme, la silhouette, on va dire. Quelque chose qui est très serrant. C'est donc une robe moulante noire.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Qui accentue all the curves. Qui arrive jusque... La cheville ? La cheville. Ok. Cette chaussure-ci. Ok. C'est une petite chaussure inspirée par Valenciaga. C'est en fait une botte, en vrai. Ok. Mais qui a un talon assez intéressant. Et même l'intérieur est genre... Oui,

  • Speaker #0

    ça vient comme ça, là.

  • Speaker #1

    Oui, très pointu. Ça fait très sorcière. Mon esthétique, c'est un peu sortière quand même. J'aime bien l'idée noire, l'idée un peu mystère. Périque rouge, mais rouge comme ta robe. Courte ou longue ? Longue. Le plus long possible.

  • Speaker #0

    Pendulé, droit ?

  • Speaker #1

    Ça, ça m'est égal. Il n'y a pas vraiment une vision tant que c'est rouge, rouge. Et je pense juste à un smoky noir des yeux avec une bouche nude.

  • Speaker #0

    Et des gants, pas des gants ?

  • Speaker #1

    Des ongles. Très longs. Nude aussi. Peut-être genre un French tip, mais genre silver.

  • Speaker #0

    Ok. Donc, attends. French tip, silver, ça veut dire c'est où que c'est le silver,

  • Speaker #1

    le bout ? Oui. Genre nude, et puis après, genre juste la pointe en silver. Plein plein de bagues.

  • Speaker #0

    Ok. Doré ou argenté ?

  • Speaker #1

    Argenté. D'office. Moi, le doré, ça me va pas. Genre, je porte toujours de l'argenté. Et des grosses boucles d'oreilles. Mais genre, Un petit rempli l'oreille. Ok. Peut-être un collier silver aussi, mais pas trop grand.

  • Speaker #0

    Un gros ou un petit ?

  • Speaker #1

    Grosse chaîne peut-être quand même.

  • Speaker #0

    Une grosse,

  • Speaker #1

    grosse chaîne ? Oui. Très grosse chaîne.

  • Speaker #0

    Et un chapeau ?

  • Speaker #1

    Non, pas de chapeau. Pour garder la chevelure en mode.

  • Speaker #0

    Et alors, la vraiment dernière, dernière des dernières questions, c'est si tu devais réécrire la définition du mot vêtement dans le dictionnaire ? Qu'est-ce que tu mettrais comme définition ?

  • Speaker #1

    Du mauvais ? Non. C'est quelque chose qui sert à nous couvrir. C'est quelque chose qui sert à couvrir les parties du corps. qui sont vus par notre société en tant que escandalos quelque chose qu'on ne veut pas voir. Je pense qu'en fait, un vêtement, ça a été créé un peu pour les gens qui sont pudiques, de base.

  • Speaker #0

    J'aime bien, c'est une chouette définition.

  • Speaker #1

    Et que, en étant approuvés par la société complète, on s'est tous dit Tu sais quoi ? Si on est obligés d'en porter, on va en faire quelque chose de chouette, quelque chose d'unique. Créons quelque chose qui est fun à porter. Parce que le vêtement de Noa, je pense, est le meilleur vêtement qui existe.

  • Speaker #0

    Merci Valenciaga.

  • Speaker #1

    De rien.

  • Speaker #0

    Merci Noa. Merci à toi. Ça fait un plaisir. Merci. Merci beaucoup. J'espère que cet épisode avec Valenciaga, la queen des fashion queens, t'a plu. En tout cas, n'hésite pas à me laisser un commentaire, surtout des étoiles, et à venir me follow sur Instagram pour voir ce que je fais d'autre en plus du podcast. Voilà. Allez ! Déshabillez-vous est un podcast créé, présenté et produit par Samia Boujard, moi, avec une musique originale de Maïva Fiston, alias MPLI, montage, mixage et post-production par Alice Desbelles-Fréquences et Laetitia, podcast manager. D-H-I-S-T. Déshabillez-vous !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • L’évolution identitaire de Valenciaga

    01:12

  • Drag et découverte de la scène queer

    03:02

  • Le drag comme outil de libération

    06:25

  • Ses études artistiques

    08:05

  • L’héritage familial et le rôle de son oncle

    10:28

  • La symbolique du noir

    12:09

  • La discipline et la rigueur

    14:46

  • La naissance de Valenciaga

    16:48

  • L’expérimentation drag

    18:19

  • Le rôle des communautés queer

    20:18

  • Les défis familiaux

    22:50

  • Les influences de la haute couture

    24:17

  • Les débuts sur scène

    26:11

  • La recherche de soi à travers l’art

    28:24

  • Le rôle du collectif

    30:44

  • Les inspirations mode

    33:05

  • La gestion des critiques

    35:42

  • Valenciaga : une entreprise artistique à part entière

    37:19

  • Son portrait chinois

    01:05:45

  • Sa définition du vêtement et conclusion

    01:08:28

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