Speaker #0Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast des livres et des lettres. Aujourd'hui on va parler de mes dernières lectures. Donc on va commencer avec Vore de Brian Ketling. Ensuite on parlera du dossier 113 d'Emile Gaborio. Puis on passera au théâtre avec Incendie de Wajdi Mouawad. Et enfin on parlera de La femme de ménage de Freida McFadden que j'ai écouté en audio. On va commencer avec le roman Vore de Brian Ketling. Très difficile de résumer ce roman, qui est très étrange. C'est un récit fantastique, articulé autour d'une forêt africaine, la Vore. A priori une forêt magique, entourée de nombreuses légendes mystiques. Elle contiendrait des démons, des fantômes et même le jardin d'Éden. Elle serait infinie et rares sont les personnes capables de la traverser sans devenir fous. Le résumé n'en dit pas beaucoup plus que ça, ce qui est très intriguant. En réalité, dans cette histoire, on suit plusieurs personnages, plus ou moins liés à cette forêt. Williams, qui a enfermé l'âme de sa bien-aimée Estée dans un arc après sa mort. Ismaël, un adolescent hors normes élevé par les proches de mystérieux êtres. Mais aussi le français, un explorateur, et encore d'autres personnages qui arrivent au fur et à mesure. Avant de vous donner mon avis, quelques informations sur ce livre. qui est donc le premier tome d'une trilogie. Vore a été écrit en 2012 par Brian Catling, un écrivain britannique qui est également sculpteur et poète. Il est décédé en 2022 à 73 ans et le dernier tome de la trilogie Vore est son tout dernier roman. Il y a plusieurs anecdotes intéressantes autour de ce livre. La première, c'est que Catling s'est inspiré du livre Impressions d'Afrique. de raymond roussel un écrivain et explorateur français impressions d'afrique conte l'histoire du paquebot lincet qui fait naufrage en afrique et dont les naufragés sont capturés par un empereur africain il est notamment écrit dans ce récit au chapitre au nord-est des jours s'étendait la vore immense forêt vierge où nul n'osait s'aventurer à cause de certaines légendes qui peuplaient ces ombrages de génies malfaisants Le livre met également en scène un personnage du nom de Seyl Corr, qui est le surnom donné par le personnage du français dont je vous ai parlé. Le français, donc, ce personnage, se nomme d'ailleurs Raymond Roussel, et est directement inspiré du vrai Raymond Roussel. Ce n'est pas le seul personnage du roman à être inspiré d'un homme réel, puisqu'on retrouve également Edward Muybridge. Ce nom ne vous dit peut-être rien comme ça, mais c'est un photographe qui a étudié le mouvement en photographie. C'est notamment lui qui a étudié les mouvements des chevaux au galop, avec ces séries de photos que vous avez peut-être déjà vues, qui ont permis de réellement comprendre les appuis des chevaux lorsqu'ils sont au galop. Et ce fameux Edward Maybridge, je ne sais pas vraiment comment on le prononce, est également un personnage qu'on retrouve dans le roman. Donc comme vous pouvez déjà le percevoir via ces anecdotes, Vore est un roman original. qui s'inspire d'un autre livre et qui met en scène notamment des personnages qui ont réellement existé. Préparez-vous tout de même, parce que Vore est un récit très perturbant. J'ai eu beaucoup de mal au tout début. Les phrases sont parfois à rallonge avec beaucoup d'adjectifs, les rendant parfois presque incompréhensibles. C'est arrivé plusieurs fois que je relise une phrase en la décomposant. Le tout donne une ambiance très onirique au récit, ce qui est probablement voulu par l'auteur puisque c'est un des effets de la Vore. Ça m'a quand même pas mal gênée, au point que j'allais lire des avis avant d'arriver à la centième page pour essayer de me motiver un peu plus. Et les avis étaient assez clivants, entre ceux qui criaient au génie et ceux qui étaient complètement passés à côté. Et je fais plutôt partie de la seconde catégorie, même si je modère un peu mon avis. C'est une lecture vraiment très étrange. Le style d'écriture est moins lourd, passé les 100 premières pages, mais j'ai été gênée par d'autres éléments. D'abord, j'ai été frustrée de l'alternance des histoires des différents personnages. Elles sont très intéressantes, prises isolément, mais quand même avec un côté frustrant, puisque j'aurais presque voulu un approfondissement de ces histoires-là, plutôt qu'un enchaînement. Énormément de questions restent sans réponse à la fin du récit, notamment les buts de certains personnages clés. Et enfin, il y a un certain nombre de scènes de sexe qui sont complètement sans intérêt pour le récit, de mon point de vue. Je suis sortie de cette lecture clairement frustrée, avec l'impression que tout était survolé sans explication claire. C'est un roman atypique qui sort de l'ordinaire, mais que j'ai trouvé complexe à aborder. Malgré tout, le résumé du tome 2 est assez alléchant et je pense quand même lui donner une chance. En résumé, si vous cherchez une lecture fantastique, atypique, un texte qui sort de l'ordinaire dans sa construction, avec une ambiance très onirique, un peu étrange, tentez l'expérience Vore. Parce que je pense que clairement pour ce roman, on peut parler d'expérience de lecture. Et si vous l'avez lu... N'hésitez pas à venir m'en parler, surtout si vous avez lu toute la trilogie, parce que j'aimerais bien savoir si la suite vaut le coup ou pas. Et pour ceux qui sont intrigués, je vous lis le début du prologue à la fin de l'épisode, une fois les chroniques terminées. Ensuite, j'ai lu un roman un peu plus classique, puisque j'ai lu Le Dossier 113 d'Emile Gaborio. C'est un roman disponible gratuitement sur la boutique Kindle, si vous en avez une. C'est un livre sorti en 1887. C'est le troisième roman d'enquête policière d'Emile Gaborio. L'histoire prend place après le vol du contenu du coffre-fort d'une banque. Seuls deux hommes possèdent le code de ce coffre-fort, André Fauvel, le propriétaire de la banque, et Prosper Bertomi, le caissier principal, employé de longue date et qui fait quasiment partie de la famille Fauvel. Prosper est le suspect principal, mais les preuves manquent et il clame son innocence. C'est alors le début d'une longue enquête pour déterrer la vérité. Emile Gaborio n'en est pas à son coup d'essai avec ce livre, puisqu'il en a déjà publié deux dans ce genre, qui reprennent d'ailleurs certains personnages. Il aurait inspiré Conan Doyle pour créer Sherlock Holmes, mais aussi Maurice Leblanc pour créer Arsène Lupin. C'était une lecture sympathique. On y retrouve le langage de l'époque, ce que j'aime beaucoup, puisque lors des conflits, les personnages se traitent de canailles, de gredins ou de filous. L'intrigue part d'un événement assez simpliste, le vol du coffre-fort, et dévoile ensuite des ramifications complexes entre les différents personnages pour arriver jusqu'à l'histoire complète. Ne vous attendez pas à des retournements de situations grandioses comme on peut en trouver dans certains thrillers actuels. Mais si vous appréciez les enquêtes de Sherlock Holmes, d'Arsène Lupin ou de Roultabi, les enquêtes qui sont un peu à l'ancienne avec le langage de l'ancienne France, je pense que les enquêtes écrites par Gaborio pourraient également vous plaire, et notamment celle-ci, le dossier 113. Le prochain livre dont je vais vous parler est une pièce de théâtre. C'est Incendie, de Wajdi Mouawad. C'est le second tome d'une tétralogie de pièces de théâtre, dont le titre est Le sang des promesses, qui sont liées mais qui peuvent se lire séparément. Je n'ai pas lu la première pièce, je suis passée directement à Incendie, et ça n'a pas du tout impacté ma lecture. La pièce met en scène Simon et Jeanne, des jumeaux, qui découvrent le testament de leur mère qui vient de décéder. Les relations avec leur mère étaient compliquées puisque celle-ci ne parlait plus, sans raison apparente. Elle leur laisse donc deux lettres, une pour leur père, présumé mort, et la seconde pour leur frère dont ni l'un ni l'autre ne connaissaient l'existence. Wajdi Mouawad, c'est un écrivain libanais de 55 ans en 2024. Il est né au Liban. Sa famille a fui la guerre civile lorsqu'il avait 10 ans et il a ensuite vécu à Paris puis à Montréal. Il évolue dans le monde du théâtre depuis très longtemps et il a adapté ses pièces pour la scène ainsi qu'au cinéma. En 2004, il a adapté Littoral, le premier tome de sa tétralogie de théâtre, pour le grand écran. Il a été récompensé plusieurs fois, notamment du Grand Prix du Théâtre de l'Académie française. Et il a fait un travail grandiose avec Incendie. Je n'avais pas lu de théâtre depuis une éternité, mais j'ai été transportée par son texte. J'ai été soufflée par sa façon d'écrire, la façon qu'il a de mêler présent, passé, avec une sensation d'écho entre les deux époques. C'est vraiment impressionnant de faire passer autant d'émotions simplement à travers des dialogues. J'ai trouvé ça dingue, rien qu'en lisant le texte. Et je me dis que ça doit être grandiose. de le voir adapté sur scène. Il y a un retournement de situation qui est un séisme, clairement. J'ai jamais lu un truc pareil. Le livre aborde beaucoup de thèmes. Les secrets de famille, la guerre, la violence. C'est très saisissant, très percutant. C'est très choquant. Donc, soyez avertis en débutant ce livre. C'est choquant, vraiment, c'est choquant. Ce n'est pas une histoire mignonne de famille, pas du tout. Pour ma part, je l'ai dévoré. J'ai trouvé l'écriture... splendide, ce que je vous disais juste avant, cet écho qu'on retrouve entre le passé et le présent, j'ai trouvé ça incroyable de réussir à faire ça, surtout sur une pièce de théâtre. J'ai terriblement envie de l'avoir adaptée sur scène. Clairement, si j'ai l'occasion, un jour, je fonce. Et, au vu de mon engouement, je pense que vous ne serez pas surpris quand je vous dis que je prévois donc de lire les trois autres pièces de cette tétralogie. J'ai très hâte de lire les autres. J'espère que ce sera aussi bien. Et pour terminer, on va parler de La femme de ménage de Freida Macfaden que j'ai écoutée en audio. J'avais énormément vu passer ce livre sur les réseaux avec des avis plutôt très bons et qui vantaient un retournement situation finale de dingue. J'ai un peu hésité avant de me lancer parce que c'est rare que je découvre des livres pendant leur période de hype. Souvent, j'attends un petit peu avant de les lire. Comme il était disponible sur ma plateforme de livres audio, je me suis dit pourquoi pas lui laisser sa chance. On y suit donc Millie la narratrice, qui est comme le titre l'indique, femme de ménage pour la famille Winchester. Ils sont beaux, ils sont riches, tout à l'air de leur réussir. Sauf que Nina Winchester se révèle finalement instable, avec des comportements de plus en plus étranges. Millie... et essaye de gérer comme elle peut ces situations déstabilisantes, voire humiliantes pour elle, et trouve un peu de réconfort auprès d'Andrew Winchester, séduisant et d'une gentillesse sans pareil. Je n'ai pas été convaincue du tout par cette lecture. L'intrigue est longue à se mettre en place et je n'ai pas du tout accroché avec Millie. J'ai trouvé son comportement illogique par rapport au passé que l'autrice lui a donné. Vraiment, elle me gonflait quasiment en permanence. Je l'ai trouvée naïve à souhait. Elle passe son temps à dire je ne devrais sans doute pas faire ça Pour finir par le faire quand même. Ça m'a gonflée et c'est pas facile d'avancer dans une histoire quand la narratrice vous gonfle. Les révélations, je les ai trouvées assez faciles à deviner également. Heureusement pour moi, la deuxième partie était moins pénible et j'ai un peu plus apprécié. Je n'ai pas eu le retournement de situation de folie que j'attendais. L'engouement autour de ce livre est un peu exagéré selon moi. Si vous êtes habitué à lire des thrillers, des romans avec des retournements de situation, je ne pense pas que vous allez être convaincu par celui-ci. J'avais également lu dans différents avis que la psychologie des personnages était bien travaillée et je ne partage toujours pas cet avis. Comme je vous l'ai dit précédemment, j'ai trouvé le personnage de Millie complètement illogique au vu de son passé. et seul Nina Winchester m'a semblé être un personnage intéressant dans toute cette histoire. Toujours est-il que c'est un roman accessible, qui se lit rapidement. Si vous n'avez pas l'habitude et que vous voulez vous lancer dans le thriller domestique, je pense que ça peut être un bon début. Mais si vous avez déjà un peu de lecture dans ce genre à votre actif, je pense que vous allez rapidement voir venir le dénouement et que vous allez être un peu déçu. En conclusion, pas une réussite pour moi. je n'ai pas accroché au personnage ni aux différents rebondissements de situation. Il y a une suite, toujours avec le personnage de Millie. Pour l'instant, je ne suis pas du tout tentée, mais si vous l'avez lu et que vous l'avez trouvé meilleur que le premier, je veux bien votre avis. Et comme promis, je vous fais la lecture du prologue de Vore. L'hôtel était pompeux, pompier et pétri de noirceur. Une clarté mauvaise cernait à contre-coeur ces hautes pièces de style baroque. tentant de percer les lourds rideaux et l'atmosphère en pesée. La chambre du français était une suite, la meilleure de l'établissement, mais morne et dépourvue de cet art du trompe-l'œil qui réussit parfois à faire passer pour naturel les architectures audacieuses. Il se tenait nu et racorné dans la salle de bain en marbre. À son cou et ses poignets, les dernières cicatrices superficielles pulsaient en rouge. La profonde entaille à son autre paume avait été recousue. La dose de barbiturique restait sans effet. et il était la risée de vols entiers d'Angelo Doré. Les statuettes féminines flottantes avec qui il partageait sa chambre lui demeuraient indifférentes. Il se tenait là, le membre à la main, s'efforçant de ne pas voir son reflet dans la glace immense. Il était petit et vieilli avant l'heure. Aucune des images qu'il invoquait n'était parvenue à le mettre en train, bien qu'il était témoin de beaucoup de choses et en ait imaginé encore plus. Son chauffeur et Charlotte, sa maîtresse de convenance, l'attendaient dans l'autre pièce. le chauffeur avait dû lui rapporter une folle des bas-fonds ou des quais pour l'exciter leur ennui égalait le sien il avait tout inventé dans leur vie et peut-être tout tout simplement certains jours il se disait que la réalité était carrément le produit de ses songes il l'avait rêvé en dehors du sommeil et qu'il ne faisait plus que chercher désormais les médicaments le soulageaient parfois un peu mais même la bonne combinaison de doses avait tendance à devenir instable drainant le moelleux le flou auquel il aspirait tant quantité mélange durée il avait demandé à charlotte de consigner tout cela ses notes devaient être là cachées dans ce brouet de non-existence il doutait par instants des capacités de la jeune femme à effectuer convenablement sa tâche elle avait pu commettre des erreurs d'inattention ou mentir sur les doses elle n'avait pas les faits escompter ils s'étaient disputés ces derniers jours Elle prétendait suivre ses instructions à la lettre. Elle avait tenté de le calmer, fait preuve d'une patience horripilante. Et avec sa fourberie de servante, elle essayait de lui jouer des tours. Certaines nuits, et la plupart des matins, il se retrouvait à croupeton sur le tapis, rampant vers ce qui lui étranglait le cœur. Il s'était mis à dormir par terre. La terreur de tomber de son lit agité avait eu le dessus. Il se campa devant son reflet narquois. La veille au soir, un carnaval et un feu d'artifice s'étaient déroulés au dehors. musique et gaieté avaient assailli les fenêtres de leurs griffes le matin était à l'humidité en contrebas on entendait balayer festivité et débris des notes de saufet de nitrate planaient dans l'air donc voilà pour ce début de vore un style un peu lourd avec pas mal de métaphores pas mal d'adjectifs ça reste comme ça sur la suite du roman ça m'a un peu gênée par moments même si je pense que c'était l'effet venu de l'auteur pour montrer l'effet de l'avort qui a une influence un peu onirique sur tous les gens qui s'en approchent. J'espère que cet épisode vous aura plu, vous aura donné de nouvelles idées de lecture et on se retrouve très prochainement pour un nouvel épisode du podcast des livres et des lettres. A bientôt !