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À l'infirmerie

Collèges, lycées et santé sexuelle : la collaboration avec le Planning Familial [PODCASTHON]

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57min |15/03/2025
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57min |15/03/2025
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Description

Voici un épisode spécial de Devenir Infirmière Scolaire, où nous participons au POSCASTHON 2025 ! Cet événement caritatif met à l’honneur des associations engagées. Dans une certaine cohérence avec les actions quotidiennes des infirmières scolaires auprès des jeunes, nous avons décidé de vous proposer un focus sur une structure incontournable lorsqu’on aborde la santé sexuelle : le Planning Familial.


👥 Avec nous pour en parler :

💬 Véronique, infirmière scolaire en collège, qui oriente accueille au quotidien des jeunes qui se questionnent sur ces sujets, et qui travaille régulièrement avec cette association.

💬 Sophie, conseillère conjugale et familiale au Planning familial, qui accompagne et informe les jeunes sur leur santé sexuelle et affective, de manière individuelle, et aussi lors de séances collectives.


💡Au programme :

✔️ Le rôle clé du Planning familial auprès des adolescents 🏥

✔️ Leur partenariat avec les infirmières scolaires 🤝

✔️ Les nouveaux programmes d’éducation à la vie affective et sexuelle 📚

✔️ Les défis actuels : baisse des financements, résistances conservatrices 🚨

✔️ Comment soutenir et défendre cette association ✊


👉 Un épisode utile pour mieux comprendre l’accès à la santé sexuelle des jeunes, les enjeux éducatifs et la prévention en milieu scolaire.


📢 Soutenez le Planning Familial en partageant cet épisode et en parlant de leurs actions autour de vous ! Vous pouvez faire un don pour soutenir l’association, ou adhérer en cliquant ici : https://bit.ly/4kOVPEP

Vos dons au Planning familial permettent une mobilisation au niveau national et international pour défendre les droits à la santé sexuelle et reproductive de toutes et tous, alerter la société civile et faire pression sur les décideur.euses pour faire évoluer et appliquer les lois.


Références citées :


Envie d'aller plus loin ? 🌐 Retrouvez toutes les ressources mentionnées dans cet épisode sur notre site : alinfirmerie.com.

📱 Rejoignez la communauté sur les réseaux sociaux pour encore plus de conseils et d’astuces :

✨ Ensemble, construisons votre avenir professionnel dans la santé scolaire !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Il y a des situations où les jeunes ont absolument besoin que ça reste totalement anonyme et confidentiel. J'ai eu un petit personnel rencontré au planning de situation, en collaboration avec l'infirmière scolaire, où on a couvert les absences d'une jeune fille qui était mineure et qui a voulu avorter, qui est allée à l'hôpital pour ça, mais on l'a accompagnée pour pouvoir aller avorter, sans que ses parents ne soient informés ni de sa grossesse, ni de son abortum.

  • Speaker #1

    Des fois, on est dans une situation d'urgence où justement, on ne va pas avoir le temps de travailler ce questionnement, d'en parler ou pas, la relation qu'il y a avec les parents ou pas, etc. On est parfois dans une situation d'urgence, mais ça ne veut pas dire qu'une fois que cette situation est passée, on ne retravaille pas avec le jeune justement de ce questionnement de la sexualité, d'en parler ou pas aux parents. Et ça leur permet d'avancer, de réfléchir, de cheminer par rapport à ce qu'ils veulent faire.

  • Speaker #2

    Bonjour et bienvenue à l'infirmerie. Vous êtes sur le podcast qui éclaire sur les missions des infirmières scolaires et accompagne celles et ceux qui souhaitent rejoindre cet exercice infirmier. Je suis Alexandre, infirmier scolaire depuis un peu plus de dix ans et créateur du blog alinfirmerie.com. Aujourd'hui, je suis vraiment heureux de vous proposer cet épisode spécial car nous participons à un événement unique et solidaire, le Podcaston 2025. C'est la troisième édition du Podcaston cette année. C'est une initiative caritative qui réunit... Plus de 1500 podcasts à travers le monde, nous avons décidé de participer à cet événement pour mettre en avant une association qui nous tient à cœur et parce qu'il n'y a pas mieux que le podcast pour donner de la voix aux engagements. Nous sommes en mars 2025 quand nous enregistrons cette émission spéciale et j'ai choisi de vous parler du Planning Familial, une association qui défend les droits sexuels et reproductifs, qui informe et accompagne les jeunes et qui s'est illustrée, et s'illustre encore, pour les droits des femmes et les luttes contre les discriminations et les inégalités. En tant qu'infirmière scolaire, nous travaillons souvent avec le planning familial, avec les associations locales, que ce soit pour orienter des élèves qui ont besoin de conseils en toute confidentialité, ou parfois pour organiser des séances d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, les VARs, dont on entend beaucoup parler ces derniers temps, et on y reviendra en détail dans quelques instants. D'ailleurs, je ne vais pas être le seul à discuter aujourd'hui dans cet épisode, ce format est un peu différent de celui que vous avez l'habitude d'entendre sur ce podcast. Nous allons échanger en toute simplicité avec deux invités qui me font le plaisir d'être au micro avec moi et dans vos oreilles à vous. Mes deux invités sont deux femmes qui représentent chacune deux métiers qui prennent en charge, dans leur champ respectif, la santé sexuelle des jeunes. Une infirmière de l'éducation nationale qui exerce en collège et une conseillère conjugale et familiale du planning familial. Au programme de cet épisode, nous allons explorer les missions du planning familial, le rôle de cette association en lien avec le milieu scolaire. et les défis auxquels il fait face, en particulier la montée des résistances conservatrices et la baisse des financements. Un sujet qui concerne très directement les êtres humains de manière générale, mais avec des spécificités dans l'approche lorsqu'il s'agit d'adolescents, qui sont aussi des élèves, mais pas que. Et bien sûr, nous allons garder en tête que notre porte d'entrée, c'est celle de l'infirmerie. Alors sans tarder, je vous présente mes deux invités expertes. Véronique, tu es infirmière depuis quelques années et à l'éducation nationale depuis un peu moins longtemps normalement. Et aujourd'hui, tu travailles en poste interdegré. Est-ce que tu peux nous expliquer rapidement en quoi consiste ton poste, ton travail ?

  • Speaker #1

    Alors, je travaille dans un collège, deux jours par semaine. Et je travaille aussi dans les écoles qui sont rattachées à cet établissement deux jours par semaine également. J'ai un temps aussi administratif au centre médico-scolaire où je prépare mes dossiers pour les visites, les bilans infirmiers sur l'école primaire. Donc voilà, mes missions sont différentes entre le collège et les écoles. Mais l'avantage qu'on a, c'est que les jeunes, je les suis à partir de 6 ans et du coup, je vais pouvoir les suivre jusqu'à l'âge de 15 ans.

  • Speaker #2

    Merci Véronique. Et avec nous aussi, pour cet épisode spécial, nous recevons Sophie, qui est conseillère conjugale et familiale. J'espère que je ne me trompe pas dans l'intitulé du poste. Et tu travailles au planning familial. Donc, avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ton parcours, ton rôle au planning ?

  • Speaker #0

    Alors moi, comme tu viens de le dire, je suis conseillère conjugale et familiale. C'est un métier qui accompagne les personnes de la puberté. tout au long de la vie, sur leur vie amoureuse, sexuelle, relationnelle. Donc ça comprend plein de choses, ça peut être beaucoup de choses. Et je travaille dans une association qui s'appelle le Planning Familial. et qui est une association, comme tu l'as très justement présenté tout à l'heure, qui est une association féministe et d'éducation populaire, qui existe depuis 1956. Et cette association accompagne les jeunes, ou les moins jeunes, mais la cible effectivement c'est beaucoup des jeunes, pour avoir un épanouissement dans leur vie affective, amoureuse et sexuelle. puisque ça fait partie des recommandations de l'OMS, que la santé sexuelle fait partie du développement et de l'épanouissement d'une personne.

  • Speaker #2

    Donc le planning familial, c'est une association dont on a déjà beaucoup entendu parler dans les médias des fois, peut-être pas tout le monde, mais en tout cas son rôle n'est pas toujours bien connu. Tu me disais aussi en préparant cette émission qu'il y avait une diversité aussi dans les courants au sein même du planning familial. Est-ce que tu peux nous présenter un peu le rôle du planning, comment il se positionne, quels sont ses objectifs ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est une association, enfin c'est des associations et une confédération nationale. L'organisation du planning familial, elle est à la fois nationale et locale. Cette association, cette structure existe depuis 1956 et c'est surtout une association loi 1901 féministe et d'éducation populaire. C'est-à-dire que l'objectif est de militer. en étant proche des instances, par exemple, politiques et de militer pour l'égalité des droits entre les personnes. L'égalité des droits, quel que soit son genre, quel que soit son sexe, quelle que soit son orientation sexuelle, et puis les droits des femmes, mais je dirais les droits de toute personne discriminée aussi. C'est quelque chose qui est très important dans les valeurs du planning familial. Et puis il y a la question d'accompagner les personnes par rapport aux droits en matière de santé sexuelle. Et pour ça, les associations départementales, dans les départements partout en France, ouvrent des structures. Alors selon les départements, il y a des endroits où il y a des centres de santé sexuelle, il y a des établissements pour de l'accueil et de l'information. Et puis il y a d'autres départements où il y a des militants et militantes féministes qui mènent des actions bénévoles, mais où il n'y a pas forcément de centre de santé sexuelle. Ça, ça va dépendre des subventions et des moyens humains et financiers de chaque département.

  • Speaker #2

    Pour pouvoir recruter des salariés, du coup ?

  • Speaker #0

    Pour pouvoir recruter des salariés, proposer des consultations médicales, proposer de l'accompagnement à la contraception, ça a un coût. puisque l'objectif c'est de proposer ces services de façon gratuite et confidentielle, parfois anonyme même complètement, à un large public. On ne s'inscrit pas dans des services qui soient payants pour les gens ou qui rapportent de l'argent. Il faut que ça puisse être accessible au plus grand nombre et en particulier aux jeunes, puisque les centres de santé sexuelle sont des lieux qui permettent à toute personne, et en particulier les mineurs, d'accéder à la contraception, à des thèses de grossesse, à de l'accompagnement pour avoir une bonne santé sexuelle ou démarrer une sexualité de manière safe, et que ce soit gratuit. et anonyme. Alors, le planning, c'est aussi une histoire de bientôt 70 ans qui a contribué, avec d'autres associations féministes, à la légalisation de la contraception. En 1967, avec la loi Neuwirth, qui a lutté aussi avec d'autres associations féministes pour la légalisation de l'avortement en 1975. Donc, ça a été... On a fêté les 50 ans de la loi Veil au mois de janvier cette année. Et puis pour l'inscription dans la Constitution aussi du droit, alors ça s'est transformé en liberté d'avorter, mais c'est quand même une avancée dont on s'est réjoui l'année dernière.

  • Speaker #2

    Et toi, personnellement, ton parcours ? de formation pour entrer dans ce métier de conseillère conjugale et familiale. Est-ce que tu peux nous en dire un mot ? Parce que c'est un métier qui est assez peu connu, je pense.

  • Speaker #0

    Oui, alors c'est un métier effectivement qui est peu connu, conseillère conjugale et familiale, qui ne porte pas très bien son nom aussi, puisqu'on ne donne pas forcément de conseils, ça vient plutôt de... C'est un métier d'accompagnement et qui demande 430 heures de formation, sur une formation qui s'étale souvent sur deux ans, qui donne une qualification professionnelle qui est reconnue aujourd'hui comme métier du social, et qui a longtemps existé. qui n'était pas formalisée comme un métier, puisque c'était des personnes bénévoles dans des associations, soit féministes, soit à caractère, je dirais, d'autres types d'associations, qui accompagnaient les personnes sur des questions déjà de l'accompagnement des couples, de la vie amoureuse ou de la sexualité. Et ça s'est professionnalisé, je dirais, depuis une trentaine d'années, à peine, moins de 30 ans. Et des organismes de formation, maintenant, proposent... pose cette formation. Donc le planning familial a des formations de conseillers, conseillères conjugales et familiales. Et c'est un métier qui s'exerce au planning en centre de santé sexuelle, mais aussi dans des établissements d'information, qui s'exerce aussi dans des associations à caractère social qui accueillent des femmes, par exemple des femmes victimes de violences. Il y a aussi le métier d'animateur-animatrice de prévention, qui demande une formation de 160 heures, en tout cas au planning familial, les formations que nous proposons pour les animateurs ou animatrices de prévention pour l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, sont des formations qui sont parfois en préalable d'une formation de conseillère conjugal et familiale.

  • Speaker #2

    Donc c'est un métier qui fait partie des métiers qui peuvent être rencontrés par le public quand ils viennent au planning familial ? le conseillère conjugale et familiale. Il y a aussi des sages-femmes, des médecins. Il y a tout un tas de différents professionnels.

  • Speaker #0

    Oui. Alors, dans un centre du planning familial, s'il s'agit d'un centre de santé sexuelle, il y aura des consultations médicales avec sages-femmes, médecins, médecins généralistes formés en gynéco ou médecins gynécologues. Il y a forcément un ou une conseillère conjugale et familiale. Il peut y avoir une secrétaire également, il peut y avoir parfois dans certains centres des psychologues, des infirmiers ou infirmières, et puis des animateurs ou animatrices de prévention également.

  • Speaker #2

    D'accord. Donc ces centres sont un petit peu pilotes dans ce qui se passe avec le planning familial. C'est un petit peu le planning familial qui est support associatif de l'organisation de ces centres. Le planning familial propose aussi parfois des interventions scolaires dans ces missions ?

  • Speaker #0

    Oui, ça fait partie même d'une grande partie des missions. C'est à la fois tenir des permanences éventuellement dans certains centres, donner de l'information et aller auprès du public. Dans les établissements scolaires en particulier, faire des séances d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. Donc ça veut dire des séances qui peuvent être sur des thèmes... très très large comme les moyennes contraception mais aussi les relations entre les personnes, le respect, le consentement, les stéréotypes. En fait les thèmes peuvent être très très larges, sont parfois proposés par les établissements scolaires et puis on intervient aussi, on fait ce type de séance auprès d'autres publics comme les personnes en situation de handicap, comme des publics... dans des établissements qui sont au contact de jeunes, par exemple la protection de l'enfance dans des maisons d'accueil d'enfants à caractère social, ou auprès de tout public qui a des besoins en termes d'accompagnement sur la vie affective et sexuelle.

  • Speaker #2

    Vous allez au devant et puis il y a même un numéro vert, je crois, qui est tenu par l'association du planning familial et qui permet de répondre aux questions vraiment là pour le coup d'un large public. C'est-à-dire que toutes les personnes qui appellent ce numéro, elles peuvent avoir des réponses à leurs questions.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Alors ce numéro existe depuis une dizaine d'années. Le 0800 08 11 11. Donc c'est un numéro de téléphone qui est associé aussi à un site internet, ivg-contraception-sexualité.org. et qui est également en lien avec un chat, qui permet, donc c'est un numéro vert, le planning familial répond à ce numéro du lundi au samedi de 9h à 20h. Et c'est un numéro d'information, d'orientation et d'écoute sur l'avortement, la contraception et les sexualités. Donc ça peut être des tas de sujets qui vont être abordés et c'est surtout un numéro anonyme. et gratuit. pour les personnes qui appellent.

  • Speaker #2

    Ce qui est intéressant avec le tchat, c'est qu'on a dans les jeunes générations aussi, des jeunes qui ont plus de difficultés à passer des coups de fil, surtout à des numéros qu'ils ne connaissent pas, ils ne savent pas trop qui va répondre. Non seulement il y a la maturité, qui n'est pas forcément une aide quand ils sont trop jeunes pour pouvoir faire cette démarche-là, mais en plus, avec un petit peu les réseaux sociaux, la facilité qu'ils ont à écrire plutôt facilement des messages que de parler à vive voix, c'est intéressant d'avoir cette possibilité de discuter par tchat. C'est vraiment un outil intéressant. Oui.

  • Speaker #0

    Alors ça c'est en développement le chat, le numéro au téléphone existe depuis 10 ans et le chat depuis seulement un an, parce qu'en fait c'est toujours le nerf de la guerre, on cherche des financements, puisque c'est un numéro qui a été financé, qui est financé en partie par le ministère de la Santé, mais en toute petite partie. Et après dans les plateformes des régions, c'est l'ARS qui parfois propose un financement ou pas. Et le tchat, pour l'instant, ne couvre pas du lundi au samedi de 9h à 20h, mais c'est en cours.

  • Speaker #2

    Alors, il y a aussi le fil Santé Jeune qui a développé un tchat aussi en ligne. C'est intéressant pour pouvoir justement s'adapter au public et permettre d'aller sur leur terrain et aller de l'avant vers les publics jeunes, en l'occurrence. Alors moi, j'ai découvert aussi qu'il y avait une application que je ne connaissais pas du tout, qui s'appelle l'application Pilups. C'est une application qui permet de savoir comment réagir quand on a oublié de prendre sa pilule, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, entre autres, c'est une application qui a été développée par le planning. Alors, je dirais, aujourd'hui, il y a cette application, puis il y en a beaucoup d'autres, auxquelles beaucoup de jeunes filles se réfèrent. On voit à la fois les avantages et en même temps, Aussi, toutes les problématiques que ça peut poser aujourd'hui, dans le sens où ces applications vont rester, ne sont jamais prédictives de quoi que ce soit. Ça peut permettre de mieux gérer la prise de sa contraception, de mieux gérer un certain nombre de choses, mais ça ne peut pas être suffisant pour pouvoir suivre ces périodes de fécondité possibles, éventuelles ou quoi. Et ça, ça, en tout cas, il y a une grosse mésinformation aujourd'hui parmi la population des femmes ou des jeunes femmes sur l'utilisation de ces applications.

  • Speaker #2

    Donc, c'est un point de vigilance.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un point de vigilance, oui, parmi d'autres.

  • Speaker #2

    Oui, j'imagine. Tout à l'heure, en présentant un peu le planning familial, tu t'es revenu dessus. On parlait de l'importance qu'avaient les courants féministes dans la création du planning familial et dans les luttes, en tout cas, qu'il y a pour... pour défendre toute la diversité des personnes qui sont en risque d'être discriminées ou discriminées. C'est vrai que tout à l'heure tu disais que c'était un peu compliqué de définir vraiment le féminisme avec une seule et même définition. C'est vrai qu'il y a plusieurs façons de se positionner philosophiquement par rapport au féminisme.

  • Speaker #0

    Oui, il y a beaucoup de courants féministes différents. Au sein même du planning, j'irais... Au plan national, il y a des courants différents qui se rencontrent, avec un même objectif, en fait, toujours de lutter pour les droits des femmes et des personnes minorisées de genre, mais avec des approches politiques qui peuvent être effectivement très différentes. Ce qui donne des débats et ce qui fait aussi la richesse de ce mouvement.

  • Speaker #2

    Oui, ça fait vivre l'association aussi, intellectuellement.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #2

    Donc si on arrive un peu à un consensus qui dit que le féminisme, c'est un travail pour atteindre l'égalité entre les femmes et les hommes, de manière très générale et très générique, le droit à l'IVG, le droit pour la femme de disposer de son corps comme elle l'entend, et de maîtriser sa maternité, c'est quelque chose qui a été un des... des combats principaux au départ, en tout cas, du mouvement du planning familial. Aujourd'hui, est-ce que c'est un droit qui est acquis, à ton avis ? J'ai un peu la réponse en posant cette question.

  • Speaker #0

    Il y a Simone de Beauvoir qui disait que je n'ai rien jamais acquis. Non, ce n'est malheureusement pas du tout acquis. C'est-à-dire qu'il y a une vigilance à avoir encore plus avec ce qu'on entend, ce qu'on voit au niveau mondial. Ce qui se passe, même en France, c'est-à-dire avec ... de plus en plus de mouvements anti-choix. Quand on dit anti-choix, c'est-à-dire anti-avortement, des mouvements qui sont de plus en plus décomplexés à s'exprimer sur... Une vision rétrograde et sexiste et patriarcale du monde et des relations entre les personnes. Donc ça reste quelque chose pour lequel on est très vigilants, vigilantes. L'inscription dans la Constitution a été à la fois une victoire et une grande déception, puisque ce que nous aurions souhaité, c'était... que le droit à l'IVG soit inscrit, mais pour que ça puisse être voté, que ça puisse passer, on a transformé ça en liberté. Donc en fait, ça veut dire que ça peut être remis en question par n'importe quel gouvernement qui peut décider, oui, la liberté, une femme a toute liberté d'avorter, c'est inscrit dans la Constitution, mais si on ne lui donne pas les moyens, ou si on ne rembourse plus l'avortement, ou s'il n'y a plus de moyens de pouvoir accéder à cette liberté, oh...

  • Speaker #2

    On parle beaucoup aussi de la liberté d'expression qui est un peu dévoyée par les extrêmes droites. Et qui dit, voilà, liberté d'expression, c'est-à-dire que toutes les paroles ont le même poids et la même valeur. Et on voit aussi des sites internet se développer pour se prétendre être des informations objectives pour les femmes. Et leur donner des informations qui sont biaisées et qui ne permettent pas à ces femmes de faire le choix qu'elles auraient envie, en toute connaissance de cause, envie de faire.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. C'est des mouvements de plus en plus présents sur les réseaux sociaux, à la fois en France et dans le monde, qui viennent contrebalancer toute cette montée de ces mouvements féministes. Et qui s'appuient sur des idées... véhiculés par les anti-choix. Les anti-avortements ou anti-choix peuvent être très puissants puisqu'ils ont des moyens financiers qui permettent, par exemple, de financer aussi une plateforme téléphonique qui est anonyme et gratuite, mais qui va accueillir une personne en la faisant culpabiliser. en ayant un discours abominable sur sa situation de grossesse, et puis qui peut aussi même aller jusqu'à les harceler après. Parce qu'elles récupèrent leur numéro de téléphone et elles les rappellent pour continuer à leur proposer des solutions pour garder cet enfant.

  • Speaker #2

    Ça fait un peu une croisade anti-avortement. En se disant, on prend le contre-pied du planning qui serait soi-disant en train plutôt de faire la promotion de l'avortement, alors que l'objet du planning familial, ce n'est pas du tout de faire la promotion de l'IVG. C'est vraiment de donner les informations aux femmes pour qu'elles aient, elles, toutes les informations en leur possession pour faire le choix qu'elles veulent faire.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, la position, c'est de dire que c'est à la femme de décider de ce qu'elle veut faire pour elle et de son corps, et qu'elle n'a pas à se justifier de cela. Et le planning, les personnes qui travaillent au planning sont là pour accompagner et respecter ce choix des femmes, et puis leur choix. Qu'elles soient. Quelles qu'elles soient, oui. Même parfois, c'est de les accompagner dans un choix de garder la grossesse. Et à ce moment-là, on oriente vers des sages-femmes, des personnes qui vont faire du suivi, de grossesse. Mais quelle que soit leur décision, c'est à elles de décider ce qui est bon pour elles, parce qu'il y a qu'elles qui savent ce qui est bon pour elles.

  • Speaker #2

    On parle justement des personnes qui sont accompagnées par le planning familial. Est-ce que tu pourrais nous dire un petit peu, quels sont le profil de ces personnes, de manière globale, avec quelles demandes elles viennent le plus souvent, et puis quels âges à peu près ? divers ? Est-ce que c'est assez ciblé sur une tranche d'âge ?

  • Speaker #0

    Alors, ça peut être très large. Il y a quand même une tranche d'âge qui est quand même des personnes, je dirais, de moins de 20 ans qui viennent pour un accès gratuit et confidentiel, parfois anonyme à la contraception, à des tests de grossesse, à des dépistages. Même si aujourd'hui, les dépistages peuvent se faire de façon gratuite, à partir de 18 ans jusqu'à 26 ans, directement au laboratoire. Mais on va les accompagner, on va leur donner de l'information qu'ils n'auront pas en allant directement au laboratoire, et puis donner des traitements s'il y a besoin. Donc c'est plutôt des personnes qui ont moins de 20 ans, mais après beaucoup de femmes aussi, par rapport à l'avortement. Des femmes entre 25 et 40 ans, puisque contrairement aux idées qui sont véhiculées, l'avortement en France, ça concerne surtout des femmes entre 25 et 40 ans, en grande majorité. puisque c'est la période où on a une sexualité le plus active et on est en capacité de reproduction importante. Donc les personnes mineures qui avortent sont très minoritaires. Donc on reçoit beaucoup de femmes. Et puis on peut recevoir des... Des personnes qui vivent des relations de couple compliquées, qui peuvent venir pour des entretiens en conseil conjugal. Des femmes victimes de violences qui ont besoin d'un lieu d'expression aussi. Parce que la question des violences faites aux femmes est quelque chose qui nous préoccupe beaucoup. Et dans ces lieux du planning, on est dans un dépissage systématique des violences. Quelle que soit la raison pour laquelle une personne vient nous voir, On va systématiquement lui poser la question de si elle a été ou si elle est victime de violences, toutes formes de violences comprises, que ce soit une jeune fille, un garçon, une personne non-binaire, peu importe quel que soit le genre et le motif pour lequel la personne vient.

  • Speaker #2

    Merci du coup pour tous ces éclairages sur le planning familial. Du coup, Véronique est avec nous aussi, elle est infirmière scolaire, je vous le rappelle. Et je voulais demander à Véronique dans quelle mesure ça lui est arrivé à son infirmerie de pouvoir travailler en collaboration avec le planning, peut-être d'accompagner des jeunes vers le planning. Comment ça se passe concrètement à l'infirmerie ?

  • Speaker #1

    Alors, nos missions sont très, très larges. Je vais vous en parler un petit peu pour après vous parler plutôt du lien que l'on peut avoir avec le planning familial. Donc, dans le cadre de nos missions... je vais faire quelque chose de très simple, de très généraliste je ne vais pas rentrer dans les détails et je vais oublier l'émission je peux être amenée à accueillir des élèves en situation de handicap ou à besoin particulier, des jeunes qui auront besoin d'être discutés,

  • Speaker #0

    d'être écoutés,

  • Speaker #1

    d'avoir un soutien autour de thèmes comme par exemple la scolarité leur vie en famille, leur vécu, que ce soit du bien-être ou du mal-être etc. peut-être qu'ils auront besoin de discuter d'une situation difficile liée au harcèlement. On fait aussi des animations en classe. Et ces animations vont pouvoir concerner l'éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle. Et c'est là où on va pouvoir travailler en partenariat avec le planning familial. Moi, je vais faire appel au planning si je vais avoir, par exemple, un questionnement sur des situations particulières. Je ne sais pas, j'ai un élève qui va venir, une jeune fille, par exemple, qui va venir en disant, voilà, avec mon copain, le président hépatique va craquer, je prends la pilule, mais alors je ne suis pas très sérieuse, j'oublie, je la prends, je ne la prends pas. Et du coup, il va se poser la question alors de l'indication ou pas de lui donner la pilule d'urgence. Et là, du coup... Du coup, je peux avoir des doutes, des questionnements et dans un but de pouvoir renseigner l'élève et puis de ne pas faire n'importe quoi, je vais pouvoir appeler le planning familial où on va discuter de cette question avec les personnes du famille, la conseillère, l'élève et prendre une décision la plus judicieuse et la plus adaptée pour le jeune ou la jeune. Il y a d'autres situations. Récemment, par exemple, j'ai une jeune fille qui est venue avec une suspicion de grossesse. Le test était négatif, mais elle avait la certitude d'être enceinte parce qu'il y avait une multitude de signes qui lui faisaient penser à ça. C'était très anxiogène pour elle. Et du coup, on a eu toute une discussion autour d'une prise de sang, d'une échographie éventuelle. Et dans ces moments-là, on a bien besoin du planning pour accompagner et aider la jeune fille. J'ai eu des situations aussi où des jeunes filles étaient enceintes et je les ai accompagnées au planning pour cette prise en charge de grossesse ou alors faire le choix justement d'une interruption de grossesse. Et le planning dans ces moments-là est vraiment très très précieux, que ce soit pour nous professionnels. ou pour la jeune fille qui vient à l'infirmerie.

  • Speaker #0

    Il nous parlait d'un point important, c'était la contraception d'urgence. Alors on appelait ça la pilule du lendemain, on l'appelle encore comme ça des fois. Mais c'est vraiment la contraception d'urgence, c'est-à-dire que c'est une contraception qu'on prend après un rapport sexuel non protégé. Alors pour plein de raisons, tu as donné des exemples assez précis. Il faut savoir pour nos auditeurs que l'infirmière de l'éducation nationale à l'infirmerie, dans un établissement scolaire du second degré, c'est-à-dire dans les collèges ou dans les lycées, elle est habilitée à pouvoir administrer cette... Contraception d'urgence, alors dans un cadre très précis, c'est l'article D5134 du Code de santé publique qui précise tout ça. Et l'objectif de cet article, c'est vraiment de permettre à l'infirmière d'évaluer le degré de compréhension de la jeune, d'évaluer sa demande, le degré d'urgence aussi, puisque dans la mesure où l'objectif, c'est de la mettre en lien avec le soin le plus possible et de l'orienter vers des structures qui sont adaptées. Donc le but, ce n'est pas de donner à tout. comme ça, de distribuer gratuitement et de manière disproportionnée des contraceptions d'urgence, il y a une véritable évaluation qui est faite par l'infirmière, avec son expertise, et qui ensuite, en fonction de la situation précise de la jeune fille, parce que toutes les situations sont différentes, on va pouvoir soit faire le lien avec, déjà, ses parents, l'objectif c'est essayer, même si la jeune nous dit qu'elle veut absolument que ses parents ne soient pas au courant, ça on va le respecter, c'est la loi, c'est son propre droit au secret. Mais on va essayer de travailler avec elle pour que les personnes qui sont en charge de sa sécurité, les premières personnes en charge de la sécurité d'un enfant, c'est les parents, vont pouvoir peut-être prendre le lien, si elle est d'accord. Si c'est compliqué, il y a toute une démarche pour ensuite orienter la jeune éventuellement vers une structure extérieure. Et vraiment, mon dernier recours, si on imagine par exemple, comme tu le disais, c'est une élève qui est en quatrième, qui a... pas forcément sortir à n'importe quelle heure de chez elle, qui le mercredi après-midi est attendue à la maison, elle ne va pas pouvoir aller au planning familial pour un rendez-vous facilement. Donc on peut dans ce cadre-là, éventuellement, administrer la contraception d'urgence, mais bien sûr avec un suivi médical qu'il faut mettre ensuite en œuvre dans le respect du secret professionnel. C'est une petite parenthèse qui était importante, je pense, mais ce que tu disais, Véronique, c'était super intéressant par rapport aussi à la question de la santé. aux jeunes qui viennent te poser des questions, parce que tu as donné plusieurs exemples. Et c'est vrai qu'on peut se demander, est-ce que c'est facile pour les jeunes de venir frapper à la porte de l'infirmerie ? Comment ça se fait qu'ils arrivent à passer le cap pour parler quand même quelque chose qui relève de l'intime ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est très compliqué pour eux, en fait. Ce n'est vraiment pas facile. Dans la société, il y a toujours ce tabou par rapport à ce thème de la sexualité. On croit que ça a évolué. Alors oui, ça a évolué, mais... pas de façon, je dirais, ultra importante. Et parler de sexualité, que ce soit avec ses parents, avec sa famille, même avec ses pères, avec ses camarades de classe, ça reste très compliqué. Du coup, ce sujet qui parle quand même de l'intimité est compliqué. Il y a toujours cette peur du jugement, de leur âge ou de leur jeune âge, la peur de véhiculer une image, justement, négatives et pour eux, cette image est très importante et pour le coup, c'est compliqué de chercher de l'information de façon générale. Alors, l'avantage qu'on a en infirmière scolaire, moi je travaille en collège donc en fait, je les suis depuis le CP, ils me connaissent parce qu'ils m'ont vu leur bilan infirmier ou d'animation en classe en primaire. Quand ils arrivent au collège, ils retrouvent la même personne, donc il y a déjà cette connaissance. Pour eux, ce lien qu'on a créé au fur et à mesure favorise le passage de la porte de l'infirmerie et du dialogue qu'on pourra avoir avec eux. Il y a aussi des animations qu'on fait en quatrième sur ce thème de l'Ebrasse, qui fait qu'ils ont vu que tout sujet pouvait être discuté à l'infirmerie et que venir à l'infirmerie, ils ne seront pas jugés. Ils auront une oreille attentive. qui sera à même de discuter avec eux, de les orienter, de les conseiller pour qu'ils prennent la décision concernant leur santé sexuelle et qu'ils soient, je dirais, animateurs de leur vie et que ce ne soit pas une injonction de quelqu'un, que ce soit des parents ou celui de l'infirmière, qui dit il faut que tu fasses ceci, il faut que tu fasses cela. Mais c'est vraiment une réflexion.

  • Speaker #2

    Voilà,

  • Speaker #1

    je peux vous donner un exemple. Par exemple, j'ai un jeune que je connais depuis plusieurs années. Je l'ai vu l'année passée en classe. Et là, récemment, il est venu une première fois me demander des préservatifs parce qu'il a une petite copine. C'est sérieux, ils ont des relations sexuelles. Je l'ai revu récemment en me disant, bon, ben voilà, on a les préservatifs, c'est très bien. Mais pour le coup, ma copine voudrait prendre la pilule. Comment je peux faire ? Et puis là, il est revenu me voir récemment en me disant « On voudrait faire un dépissage d'infections sexuellement transmissibles. Où est-ce que je peux aller ? » Et là, du coup, on a parlé du planning familial. Je lui ai expliqué où c'était, qui il allait rencontrer, comment ça allait se passer, pour qu'il puisse y aller en toute confiance. On essaye de mettre en place aussi le plus possible des visites. au planning familial, c'est-à-dire qu'on accompagne un groupe de jeunes, on va leur aider à passer la porte du planning parce que pour eux, c'est très compliqué. Quand ils ne connaissent pas les gens, arriver à faire confiance et se dire je vais aller travailler. Vers l'inconnu, c'est compliqué. Comment je vais être jugée ? Comment je vais être reçue ? Qui va y avoir derrière la porte ? C'est très anxiogène. Si on les accompagne, cette porte est déjà poussée. Ils voient les lieux, la facilité d'accès aussi en tant que jeunes. Parce que moi, j'ai des collégiens, donc ils ne peuvent pas circuler parfois comme ils veulent. Et puis, le fait de rentrer, ils rencontrent déjà une première personne. Ce n'est plus une personne inconnue. Quand ils reviendront, ils auront déjà rencontré cette personne-là. Ça aussi, c'est important. Et du coup, après, ils savent quelles informations ils peuvent avoir. Ils connaissent les lieux, ils connaissent les personnes. Et c'est beaucoup plus facile pour faire une démarche quand ils auront besoin.

  • Speaker #0

    Oui, donc à la fois... ils te connaissent toi parce que tu interviens en classe, tu les vois régulièrement, tu fais les dépistages infirmiers au moment notamment de l'entrée en sixième, le dépistage infirmier obligatoire de la douzième année, donc ils connaissent qui tu es et ça leur permet peut-être plus facilement de venir toquer à ta porte en sachant qui tu es et comment tu t'es présenté et quelles sont tes valeurs. C'est intéressant aussi ce que tu dis par rapport à l'éducation, à la vie affective, relationnelle et sexuelle, les VARs. On va en reparler juste dans un instant, mais ce sont des séances qui permettent aussi aux jeunes de voir que ces adultes-là sont en capacité de pouvoir parler de ça avec eux. Donc, ils vont pouvoir plus facilement aller rencontrer un professeur qui est formé et avec qui ils ont eu une intervention pour pouvoir discuter avec lui. Quand ils viennent à l'infirmerie, donc tu les orientes parfois vers le planning familial, vous, Sophie, au planning familial, quand vous recevez des mineurs, souvent, j'imagine, ils ne veulent pas trop en parler à leurs parents. Comment vous accompagnez ces jeunes sans qu'ils aient à informer leur famille, leur représentant légo, plutôt ?

  • Speaker #2

    Alors, je dirais... C'est un droit, effectivement, qu'ont les jeunes de pouvoir venir dans ces lieux et ils ne font rien d'illégal. Comme nous, nous ne faisons rien d'illégal à recevoir ces jeunes sans avoir besoin d'autorisation parentale pour ça. On les reçoit de la même façon que les autres. Parfois, on a même des parents qui nous appellent pour prendre rendez-vous pour leurs jeunes. Beaucoup ont besoin d'avoir un espace où ils prennent en charge pour eux-mêmes la contraception, l'accompagnement à leur vie affective et sexuelle. Ce besoin d'anonymat est pour plusieurs raisons. Certains en ont besoin parce qu'ils considèrent que leur vie amoureuse et sexuelle ne regarde pas leurs parents, même s'ils ont des bonnes relations avec leurs parents, ils n'ont pas envie de leur en parler. Mais parfois, finalement, au bout d'un certain temps, ils finissent par leur en parler. Et puis d'autres, c'est un besoin beaucoup plus, je dirais, nécessaire, dans le sens où ils vivent par exemple dans des familles où la question de la sexualité est absolument taboue, voire même interdite avant le mariage. Et ça, c'est même de plus en plus. On a de plus en plus de jeunes, et donc ils ont... Et ce n'est pas parce qu'elle est taboue et interdite par la famille ou par des croyances familiales qu'ils ne le font pas. Donc, en fait, ils viennent au planning et c'est le seul lieu avec l'infirmerie scolaire où ils peuvent parler d'intimité ou évoquer des questions qu'ils peuvent avoir de manière totalement confidentielle et anonyme. C'est une question pour eux, je dirais, de sécurité.

  • Speaker #0

    C'est très vrai ce que tu dis par rapport aux lieux et au personnel auquel les jeunes peuvent accéder. Les infirmeries de leur propre chef, sans que forcément leurs parents aient pris rendez-vous chez le médecin, par exemple, ce n'est pas la même chose. Il y a aussi les bureaux des assistantes sociales dans les établissements scolaires. C'est vrai qu'on les voit assez peu. Elles sont un peu moins nombreuses forcément aussi, malheureusement. Mais c'est vrai que c'est aussi une porte d'entrée dans laquelle... Ils se sentent en sécurité parce qu'il y a aussi le secret professionnel.

  • Speaker #2

    Il y a des situations où les jeunes ont absolument besoin que ça reste totalement anonyme et confidentiel, qu'ils ont une sexualité active. Parfois, on va jusqu'à accompagner des jeunes à l'avortement dans le secret par rapport aux parents. Et il est arrivé. On a eu parfois des situations comme ça. J'ai eu un petit personnel rencontré au planning de situation. en collaboration avec l'infirmière scolaire, où on a couvert les absences d'une jeune fille qui était mineure et qui a voulu avorter, qui est allée à l'hôpital pour cela, mais on l'a accompagnée pour pouvoir aller avorter sans que ses parents ne soient informés ni de sa grossesse, ni de son avortement.

  • Speaker #0

    Oui, il faut savoir que ça, c'est la loi. C'est-à-dire que la loi impose à toute personne de garantir ce secret-là et de protéger la personne en le garantissant. Et ça s'impose aussi au chef d'établissement. C'est vrai qu'il y a une lettre juridique qui est assez connue dans le milieu de l'éducation nationale, qui date de 2008 et qui fait l'analyse justement de tous ces textes. Je vous invite à regarder dans la description de cet épisode. Je vous mettrai un lien de cette lettre juridique et c'est intéressant de voir comment en fait... malgré le système scolaire dans lequel on est, qu'il y a ces règles qui sont normales et importantes, où on doit savoir où sont les élèves et bien sûr informer les familles et les représentants légaux de l'absence d'un enfant, dans le cadre bien spécifique de l'interruption volontaire de grossesse, il y a un droit supplémentaire, un droit qui est supérieur de la femme, de l'adolescente en l'occurrence, mais qui est une femme, de pouvoir disposer de son corps comme elle l'entend et sans pouvoir avoir des pressions quelconques sur... la prise de ces décisions ?

  • Speaker #1

    Oui, je dirais que cet anonymat et cette confidentialité, c'est vraiment très, très, très important pour eux. Ça les met dans une position sécure. Et cette sécurité est vraiment très, très importante parce qu'ils ont peur. Des fois, à tort, parce que même s'ils en parlaient dans la famille, ça pourrait très bien se passer. Mais parfois, ce ne serait vraiment pas le cas. Et donc, il y a cette peur qui est présente. qui est envahissante et qui est même parfois bloquante. C'est-à-dire qu'en fait, il pourrait ne pas faire les démarches par peur et se retrouver dans une situation très délicate où, par exemple, une jeune fille ne pourrait plus avoir droit à l'avortement puisqu'elle aurait dépassé les délais. Donc, cette question de confidentialité, d'anonymat est importante. C'est la première chose qui nous demande quand il passe la porte de l'infirmerie. « Je ne veux pas que mes parents soient au courant. Qu'est-ce que vous allez faire ? » Et dans toutes les démarches que nous, on va faire, on va respecter ça. Ce n'est pas forcément évident. Les parents ont toujours l'impression que, quand après on en discute avec eux, dans certaines situations, qu'on a pu leur mentir, leur cacher, les trahir, mais pas du tout. C'est vraiment très important pour les jeunes de respecter ça et de les accompagner parce qu'ils sont jeunes et qu'ils ont Je dirais en termes de maturité aussi, ils ont besoin de cet accompagnement pour se sentir plus fort, pour se sentir en confiance et se sentir en sécurité.

  • Speaker #0

    C'est très juste ce que tu dis. En plus, c'est étayé par des études. C'est vrai que du coup, il y a des études qui ont prouvé que le fait que les adolescents en particulier sachent qu'ils ont le droit d'une consultation. Alors là, l'étude, ça portait plutôt sur une consultation médicale en toute autonomie et sans... En respectant leurs propres secrets à eux, que les parents ne soient pas informés par le thérapeute, par le médecin en l'occurrence, de leurs problèmes de santé, ça a augmenté le recours aux soins primaires des adolescents, de leurs propres chefs. Donc c'est très intéressant. Après, ça ne veut pas dire qu'on exclut les parents. Et ça aussi, c'est le discours qu'il faut avoir, comme tu dis. Même on parle des parents aux enfants et on travaille avec eux sur comment entrer en relation avec ses parents, ce qui n'est pas facile toujours à l'adolescence.

  • Speaker #1

    Des fois, on est dans une situation d'urgence où justement, on ne va pas avoir le temps. de travailler ce questionnement vis-à-vis des parents, d'en parler ou pas, la relation qu'il y a avec les parents ou pas, etc. On est parfois dans une situation d'urgence, mais ça ne veut pas dire qu'une fois que cette situation est passée, on ne retravaille pas avec le jeune justement de ce questionnement de la sexualité, d'en parler ou pas aux parents, et ça leur permet d'avancer, de réfléchir, de cheminer. par rapport à ce qu'ils veulent faire.

  • Speaker #0

    Je vous mets le lien justement dans la description d'un article super intéressant sur ces études qui parle du secret médical chez les adolescents et sur le recours justement aux soins directement par eux-mêmes quand on leur explique qu'on peut respecter le secret de leur état de santé. Alors tout à l'heure, Véronique, tu parlais de l'éducation à la sexualité, on appelait ça comme ça. Tu disais que vous le faisiez en quatrième dans votre établissement scolaire. Donc, juste pour recentrer un petit peu où est-ce qu'on en est aujourd'hui, il y a une loi qui date de 2001 et qui précise que ce sont trois séances d'éducation à la vie affective et sexuelle qui doivent être menées dans les établissements scolaires. C'est l'article L312-10 du Code de l'éducation. Et cette loi, elle n'a pas toujours été appliquée. surtout faute de moyens, je crois que le constat est partagé même par les autorités publiques. Et il y a depuis très peu de temps, puisque ça date de février 2025, un nouveau programme qui a été déployé, qui a été voté par le Conseil supérieur de l'éducation et qui fait que maintenant, les choses vont se déployer, on l'espère, de manière plus diffusée et plus large. Il s'avère que ce programme s'adapte aussi en fonction de l'âge de l'enfant, c'était déjà le cas dans la loi. Et là, en ce qui concerne les élèves du primaire, Ça va se recentrer sur la vie affective et relationnelle. Alors, comment nommer les parties de son propre corps ? C'est quelque chose qui n'est pas toujours évident pour toutes les familles non plus. Donc, c'est bien que les enfants puissent bénéficier de cette information-là et cette éducation-là de manière exhaustive, j'ai envie de dire. Et ensuite, le respect de soi, le respect de l'autre, le respect du consentement. Qu'est-ce que c'est cette notion de consentement d'ailleurs ? Ce n'est pas forcément évident pour un enfant, ce n'est pas inné. Et du coup, ce pouvoir d'écouter. Décliner toutes ces séances jusqu'à arriver au collège et au lycée avec le rajout, en plus de ces notions-là, de la notion de sexualité, puisqu'ils arrivent à un âge avec la puberté où ils peuvent être plus concernés par ce sujet-là. Donc, l'objectif de ces séances, c'est ce qui est dit dans le site internet du ministère. Je vous mets là aussi le lien dans la description. C'est encourager des choix responsables, c'est-à-dire que favoriser la prise de décision en toute connaissance de cause avec des informations qui sont objectives, scientifiques et qui sont menées par des personnes formées. Et c'est là où il va y avoir normalement un déploiement d'une formation pour les personnels de l'éducation nationale, pas forcément les infirmières. Tous les personnels de l'éducation nationale sont concernés pour pouvoir... animer ces séances-là. Par rapport à ces évolutions, ça date de 2001, ça commence à faire, maintenant ça fait 24 ans que cette loi existe, vous faites déjà des choses, ça ne veut pas dire qu'il n'y avait rien du tout qui était fait avant ces programmes qui datent de février 2025. Quel regard vous portez sur ces évolutions ? Peut-être Sophie, toi qui as un regard un peu extérieur à l'éducation nationale, comment tu perçois ces évolutions par rapport à ces nouveaux programmes, ces choses qui sont en train de bouger un petit peu, on a l'impression, ces derniers mois ?

  • Speaker #2

    Le mouvement du planning familial s'est réjoui que ces programmes sortent enfin. Que cette question soit peut-être enfin... Ça fait des années qu'on milite pour que la loi de 2001 soit appliquée. Donc on s'est réjoui que ces programmes sortent enfin. Là où on est plus inquiets ou inquiètes, c'est par rapport à quels moyens vont être mis en place pour pouvoir... Effectivement, que ces séances aient vraiment lieu, quelles formations vont avoir les enseignants, les enseignantes ou les personnels des établissements scolaires. Aujourd'hui, il y a déjà des formations qui sont proposées, mais qui sont quand même très succinctes. Je crois que c'est deux ou trois jours de formation. Pour animer des séances d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, c'est très peu. Beaucoup d'enseignants et enseignantes avec qui on a partagé par rapport à la sortie de ces programmes nous font part de... Alors déjà, forcément, ils ne se sentent pas formés ou ils n'ont pas forcément envie d'aller sur ces questions-là non plus. Ils ne sont pas forcément à l'aise. Parce qu'une formation, c'est une chose, mais il y a aussi tout. Comment ça nous interroge en tant qu'intervenants ou intervenantes quand on vient parler de ces sujets qui restent très tabous, comme Véronique l'a dit tout à l'heure. On est dans une société où l'intimité, le rapport à l'intime, à la sexualité, reste encore très tabou, pas que chez les jeunes, en fait, chez les adultes aussi. Donc, c'est comment je peux me sentir à l'aise pour pouvoir échanger avec des élèves sur ces questions. Nous, au planning, nos intervenantes ou intervenants, comme je le disais tout à l'heure, ont au minimum 160 heures de formation et font des stages et se forment. C'est de la formation continue, en fait. Parce que ce n'est pas la même chose de s'adresser à des élèves de 8 ans de CE2. On ne va pas du tout aborder les mêmes sujets. Et on ne va pas avoir la même posture que quand on échange avec des élèves de première, qu'on dit 7 ans et qui vont nous poser d'autres types de questions.

  • Speaker #0

    Et puis moi, je l'observe aussi, peut-être même, les élèves de 2015 ne sont pas les élèves de 2025. C'est-à-dire que la société évolue vite aussi et les problématiques, les aborder, ce n'est pas de la même manière. Oui,

  • Speaker #2

    il est... Le rapport à la sexualité des gens change aussi, bien sûr, c'est vrai. Les élèves, les jeunes aujourd'hui ont un rapport à la sexualité, avec des pratiques sexuelles aussi qui changent. Et ça aussi, on a besoin pour ça de rester informé, de s'adapter à d'autres pratiques, à d'autres visions d'une sexualité. qui échangent au fur et à mesure des années. Et puis, je dirais,

  • Speaker #1

    l'accès aux médias est plus facile. Et aujourd'hui, ils peuvent rechercher des informations sur Google, voir des vidéos qui vont répondre peut-être à leurs questionnements, mais pour le coup, ils n'auront pas peut-être le recul du contenu. Et ils peuvent être amenés à voir des choses qui peuvent les choquer ou penser que ce qu'ils voient dans ces vidéos-là, c'est la réalité. de ce que vivent les gens dans leur sexualité. Et ces interventions que l'on peut faire sont importantes puisque, en fait, ça va être le lieu où ils pourront nous questionner sur ce qu'ils ont vu. Et pour le coup, ça va amener une discussion avec les élèves. Et donc, par conséquent, c'est très, très important puisque ça leur permet d'échanger sur un thème qui est quand même très compliqué à aborder.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai qu'on observe aussi des jeunes qui viennent avec des questionnements, qui ne viennent pas de leurs inquiétudes propres, mais des choses qu'ils ont pu voir, et surtout des fake news, c'est-à-dire des fausses informations qui circulent. Alors bon, ils sont surtout très avides de TikTok, etc., ou des vidéos qui sont là pour faire du buzz et pour être vues, et qui donnent des fois des informations qui sont erronées ou pas tout à fait vraies, avec une part de vraie, mais une amplification, une exagération. qui peut angoisser des jeunes qui sont en construction. Et c'est vrai qu'on observe souvent des questionnements qui viennent de là. Et c'est là où aussi, nous, on doit s'adapter en fonction des publics qu'on a.

  • Speaker #2

    Oui, j'ai envie de rebondir par rapport à ça. On a eu pendant plusieurs années, et c'est encore un peu le cas, mais il y a eu beaucoup de choses, par exemple, sur le déni de grossesse, avec une mauvaise compréhension. Puis beaucoup de... de choses qui se véhiculaient sur les réseaux. Mais parce que, comme tu le disais Véronique, maintenant, on a accès à de multiples sources d'informations. Alors, il peut y avoir des très bonnes choses aussi, quand même, sur les réseaux sociaux. C'est-à-dire que le but, ce n'est pas de faire le procès, parce qu'il y a aussi de l'information et de l'éducation qui est véhiculée et qui est vraiment avec des très chouettes contenues. De qualité. De qualité, exactement. Mais il peut y avoir aussi, voilà, comme ça, des fake news qui circulent, comme... le déni de grossesse avec une inquiétude de beaucoup de jeunes filles qui viennent nous voir parce qu'elles ont peur d'être enceintes et puis elles ont peur de faire un déni de grossesse. Alors elles font des thèses de grossesse toutes les cinq minutes. Enfin, je caricature un peu, mais bon, un déni de grossesse, on ne va pas penser à faire un thèse de grossesse par définition, puisqu'on n'y pense même pas. Voilà, donc comment ces fake news peuvent aussi entraîner, comme tu viens de le dire, des angoisses qui n'ont pas lieu.

  • Speaker #0

    Alors Véronique, toi qui travailles en collège, comment ça se passe concrètement quand il y a une intervention en classe et qu'il y a une association comme le planning familial qui intervient à l'intérieur de l'établissement scolaire ?

  • Speaker #1

    Pour toute intervention, de toute manière, que ce soit en lien avec la sexualité ou pas, une association doit avoir un agrément. S'il n'y a pas d'agrément, en fait, il faut de toute manière l'aval du chef d'établissement pour définir si les personnes qui interviennent... correspondent à un cahier des charges bien précis, et ce cahier des charges est national. Le planning familial a un agrément national, et en Suisse, nous travaillons avec les collègues des départements ou des communes qui sont à proximité de notre établissement. En général, quand on est en place dans un établissement, on a l'habitude de rencontrer les mêmes collègues. également une relation de confiance qui s'est créée. Nous, dans le cadre de notre infirmerie, de notre rôle, on va être aussi la personne référente qui pourra dire au chef d'établissement, moi je travaille avec cette personne depuis quelques années, et j'ai confiance en elle et son discours est adapté. De toute manière, les interventions ne peuvent se faire, s'il y a une association telle le planning qui interviendra, qu'avec un membre ... de la communauté éducative. Que ce soit un professeur formé, une infirmière, une assistante sociale, etc.

  • Speaker #0

    Il y a un regard de l'éducation nationale, de l'institution, sur ce qui est dit par une intervention extérieure.

  • Speaker #1

    Exactement. Ce qui fait qu'à tout moment, on peut intervenir, à tout moment, on peut compléter. C'est aussi, je pense, ça très important, c'est aussi quelque chose de rassurant pour les parents.

  • Speaker #0

    Donc on parlait du contexte tout à l'heure par rapport à la société dans laquelle on vit, par rapport aussi aux difficultés budgétaires que traverse la société en général, le pays en particulier, les finances publiques aussi. Du coup, parfois c'est difficile, tu disais Sophie, dans certains territoires, pour avoir des financements pour que les missions du planning familial puissent se poursuivre, au-delà de l'argent et aussi par rapport aux attaques des groupuscules un petit peu réactionnaires qui existent aujourd'hui. C'est quoi les défis aujourd'hui du planning familial ? C'est quoi les choses qui sont vraiment au cœur de l'action et qui vont faire en sorte que vos actions puissent perdurer, justement ?

  • Speaker #2

    Alors, il y a des défis, je veux dire, il y en a encore plein. C'est de continuer à lutter contre cette montée du conservatisme et de ces mouvements anti-choix qui restent toujours présents. C'est donc... d'essayer de maintenir des moyens financiers, c'est-à-dire en restant en lien avec nos partenaires. Puisque oui, il y a des tendances un peu, effectivement, de baisse de subventions dans certaines régions aujourd'hui, de financement de notre mouvement. Et puis, c'est de... d'essayer d'être soutenu le plus possible par les publics qu'on accompagne, par les personnes qui se sentent concernées par ces questions, par ces valeurs. Pour ça, il y a la possibilité d'adhérer à notre mouvement, d'adhérer à des associations départementales selon le département dans lequel vous êtes. Vous pouvez trouver peut-être une association du planning familial proche de chez vous et la soutenir. en adhérant ou en faisant un don.

  • Speaker #0

    On retrouve les coordonnées sur le site du planning familial, sur Google, et je vais mettre un lien dans la description aussi, comme ça vous aurez directement accès au site internet.

  • Speaker #1

    Oui, c'est très important parce que nous, dans les infirmeries, on a vraiment besoin d'associations comme le planning familial pour qu'on puisse orienter les jeunes. C'est vraiment très important pour eux, pour leur santé en général et leur santé sexuelle.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Sophie, merci beaucoup Véronique pour tous ces échanges.

  • Speaker #2

    Merci à toi de cette proposition, de cette invitation de mise en lumière de notre mouvement du planning familial.

  • Speaker #1

    Merci, ce fut un grand plaisir de discuter tous les trois.

  • Speaker #0

    Nous voilà arrivés à la fin de cet épisode spécial, je vous rappelle, dans le cadre du Podcaston 2025. Je remercie énormément Sophie et Véronique du coup pour leur temps. et pour le partage de leurs expériences. J'espère que ces échanges vous auront aussi passionnés autant que nous, et que ça vous aura donné un petit aperçu de ce qui se joue autour de la santé sexuelle, et de celle des jeunes en particulier. J'ai pris beaucoup de plaisir à échanger avec vous deux, c'était passionnant de discuter ensemble des missions du planning familial, en lien bien sûr avec les infirmeries des établissements scolaires, et puis de faire le tour des défis auxquels nous faisons face aujourd'hui. On aurait pu en parler des heures, de toute façon on s'était dit qu'on n'avait pas trop de limites de temps, mais quand même, on va arriver à la fin de cette émission. D'ailleurs, je vous invite, vous qui nous écoutez, à commenter cet épisode sur la plateforme où vous l'avez découvert pour témoigner de votre expérience personnelle et du soutien que vous avez envie d'apporter à l'association du planning familial. Et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à en parler autour de vous, à le partager et pourquoi pas à aller sur le site du planning familial www.planning-familial.org. Vous pouvez aussi retrouver leurs coordonnées locales pour en savoir plus sur les actions qui se déroulent près de chez vous. De mon côté, je vous donne rendez-vous très vite pour un nouvel épisode. Continuez à suivre l'actualité professionnelle sur notre blog www.alinfirmerie.com et sur tous nos réseaux sociaux. D'ici là, prenez soin de vous et à bientôt à l'infirmerie.

  • Speaker #1

    Vous avez aimé entrer à l'infirmerie ? Alors likez, partagez et commentez. Retrouvez tous les épisodes sur vos plateformes de streaming préférées et sur nos réseaux sociaux à l'infirmerie.

Chapters

  • Extraits des échanges

    00:00

  • Introduction

    00:59

  • Présentation des invitées

    03:24

  • L'association du Planning Familial

    05:36

  • Le métier de Conseillère conjugale et familiale

    09:33

  • Les professionnel·les du Planning Familial

    11:44

  • Les actions du Planning Familial

    12:30

  • Le rôle de l'infirmière scolaire

    25:50

  • Les adolescents osent frapper à la porte de l'infirmerie

    31:11

  • La liaison entre infirmerie et Planning Familial

    36:12

  • Le droit au secret des mineur·es

    38:16

  • La place importante des parents

    42:29

  • Les nouveaux programmes d'EVARS

    43:34

  • Les règles d'intervention en classe pour les associations

    51:48

  • Conclusion et appel à l'action

    56:15

Description

Voici un épisode spécial de Devenir Infirmière Scolaire, où nous participons au POSCASTHON 2025 ! Cet événement caritatif met à l’honneur des associations engagées. Dans une certaine cohérence avec les actions quotidiennes des infirmières scolaires auprès des jeunes, nous avons décidé de vous proposer un focus sur une structure incontournable lorsqu’on aborde la santé sexuelle : le Planning Familial.


👥 Avec nous pour en parler :

💬 Véronique, infirmière scolaire en collège, qui oriente accueille au quotidien des jeunes qui se questionnent sur ces sujets, et qui travaille régulièrement avec cette association.

💬 Sophie, conseillère conjugale et familiale au Planning familial, qui accompagne et informe les jeunes sur leur santé sexuelle et affective, de manière individuelle, et aussi lors de séances collectives.


💡Au programme :

✔️ Le rôle clé du Planning familial auprès des adolescents 🏥

✔️ Leur partenariat avec les infirmières scolaires 🤝

✔️ Les nouveaux programmes d’éducation à la vie affective et sexuelle 📚

✔️ Les défis actuels : baisse des financements, résistances conservatrices 🚨

✔️ Comment soutenir et défendre cette association ✊


👉 Un épisode utile pour mieux comprendre l’accès à la santé sexuelle des jeunes, les enjeux éducatifs et la prévention en milieu scolaire.


📢 Soutenez le Planning Familial en partageant cet épisode et en parlant de leurs actions autour de vous ! Vous pouvez faire un don pour soutenir l’association, ou adhérer en cliquant ici : https://bit.ly/4kOVPEP

Vos dons au Planning familial permettent une mobilisation au niveau national et international pour défendre les droits à la santé sexuelle et reproductive de toutes et tous, alerter la société civile et faire pression sur les décideur.euses pour faire évoluer et appliquer les lois.


Références citées :


Envie d'aller plus loin ? 🌐 Retrouvez toutes les ressources mentionnées dans cet épisode sur notre site : alinfirmerie.com.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Il y a des situations où les jeunes ont absolument besoin que ça reste totalement anonyme et confidentiel. J'ai eu un petit personnel rencontré au planning de situation, en collaboration avec l'infirmière scolaire, où on a couvert les absences d'une jeune fille qui était mineure et qui a voulu avorter, qui est allée à l'hôpital pour ça, mais on l'a accompagnée pour pouvoir aller avorter, sans que ses parents ne soient informés ni de sa grossesse, ni de son abortum.

  • Speaker #1

    Des fois, on est dans une situation d'urgence où justement, on ne va pas avoir le temps de travailler ce questionnement, d'en parler ou pas, la relation qu'il y a avec les parents ou pas, etc. On est parfois dans une situation d'urgence, mais ça ne veut pas dire qu'une fois que cette situation est passée, on ne retravaille pas avec le jeune justement de ce questionnement de la sexualité, d'en parler ou pas aux parents. Et ça leur permet d'avancer, de réfléchir, de cheminer par rapport à ce qu'ils veulent faire.

  • Speaker #2

    Bonjour et bienvenue à l'infirmerie. Vous êtes sur le podcast qui éclaire sur les missions des infirmières scolaires et accompagne celles et ceux qui souhaitent rejoindre cet exercice infirmier. Je suis Alexandre, infirmier scolaire depuis un peu plus de dix ans et créateur du blog alinfirmerie.com. Aujourd'hui, je suis vraiment heureux de vous proposer cet épisode spécial car nous participons à un événement unique et solidaire, le Podcaston 2025. C'est la troisième édition du Podcaston cette année. C'est une initiative caritative qui réunit... Plus de 1500 podcasts à travers le monde, nous avons décidé de participer à cet événement pour mettre en avant une association qui nous tient à cœur et parce qu'il n'y a pas mieux que le podcast pour donner de la voix aux engagements. Nous sommes en mars 2025 quand nous enregistrons cette émission spéciale et j'ai choisi de vous parler du Planning Familial, une association qui défend les droits sexuels et reproductifs, qui informe et accompagne les jeunes et qui s'est illustrée, et s'illustre encore, pour les droits des femmes et les luttes contre les discriminations et les inégalités. En tant qu'infirmière scolaire, nous travaillons souvent avec le planning familial, avec les associations locales, que ce soit pour orienter des élèves qui ont besoin de conseils en toute confidentialité, ou parfois pour organiser des séances d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, les VARs, dont on entend beaucoup parler ces derniers temps, et on y reviendra en détail dans quelques instants. D'ailleurs, je ne vais pas être le seul à discuter aujourd'hui dans cet épisode, ce format est un peu différent de celui que vous avez l'habitude d'entendre sur ce podcast. Nous allons échanger en toute simplicité avec deux invités qui me font le plaisir d'être au micro avec moi et dans vos oreilles à vous. Mes deux invités sont deux femmes qui représentent chacune deux métiers qui prennent en charge, dans leur champ respectif, la santé sexuelle des jeunes. Une infirmière de l'éducation nationale qui exerce en collège et une conseillère conjugale et familiale du planning familial. Au programme de cet épisode, nous allons explorer les missions du planning familial, le rôle de cette association en lien avec le milieu scolaire. et les défis auxquels il fait face, en particulier la montée des résistances conservatrices et la baisse des financements. Un sujet qui concerne très directement les êtres humains de manière générale, mais avec des spécificités dans l'approche lorsqu'il s'agit d'adolescents, qui sont aussi des élèves, mais pas que. Et bien sûr, nous allons garder en tête que notre porte d'entrée, c'est celle de l'infirmerie. Alors sans tarder, je vous présente mes deux invités expertes. Véronique, tu es infirmière depuis quelques années et à l'éducation nationale depuis un peu moins longtemps normalement. Et aujourd'hui, tu travailles en poste interdegré. Est-ce que tu peux nous expliquer rapidement en quoi consiste ton poste, ton travail ?

  • Speaker #1

    Alors, je travaille dans un collège, deux jours par semaine. Et je travaille aussi dans les écoles qui sont rattachées à cet établissement deux jours par semaine également. J'ai un temps aussi administratif au centre médico-scolaire où je prépare mes dossiers pour les visites, les bilans infirmiers sur l'école primaire. Donc voilà, mes missions sont différentes entre le collège et les écoles. Mais l'avantage qu'on a, c'est que les jeunes, je les suis à partir de 6 ans et du coup, je vais pouvoir les suivre jusqu'à l'âge de 15 ans.

  • Speaker #2

    Merci Véronique. Et avec nous aussi, pour cet épisode spécial, nous recevons Sophie, qui est conseillère conjugale et familiale. J'espère que je ne me trompe pas dans l'intitulé du poste. Et tu travailles au planning familial. Donc, avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ton parcours, ton rôle au planning ?

  • Speaker #0

    Alors moi, comme tu viens de le dire, je suis conseillère conjugale et familiale. C'est un métier qui accompagne les personnes de la puberté. tout au long de la vie, sur leur vie amoureuse, sexuelle, relationnelle. Donc ça comprend plein de choses, ça peut être beaucoup de choses. Et je travaille dans une association qui s'appelle le Planning Familial. et qui est une association, comme tu l'as très justement présenté tout à l'heure, qui est une association féministe et d'éducation populaire, qui existe depuis 1956. Et cette association accompagne les jeunes, ou les moins jeunes, mais la cible effectivement c'est beaucoup des jeunes, pour avoir un épanouissement dans leur vie affective, amoureuse et sexuelle. puisque ça fait partie des recommandations de l'OMS, que la santé sexuelle fait partie du développement et de l'épanouissement d'une personne.

  • Speaker #2

    Donc le planning familial, c'est une association dont on a déjà beaucoup entendu parler dans les médias des fois, peut-être pas tout le monde, mais en tout cas son rôle n'est pas toujours bien connu. Tu me disais aussi en préparant cette émission qu'il y avait une diversité aussi dans les courants au sein même du planning familial. Est-ce que tu peux nous présenter un peu le rôle du planning, comment il se positionne, quels sont ses objectifs ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est une association, enfin c'est des associations et une confédération nationale. L'organisation du planning familial, elle est à la fois nationale et locale. Cette association, cette structure existe depuis 1956 et c'est surtout une association loi 1901 féministe et d'éducation populaire. C'est-à-dire que l'objectif est de militer. en étant proche des instances, par exemple, politiques et de militer pour l'égalité des droits entre les personnes. L'égalité des droits, quel que soit son genre, quel que soit son sexe, quelle que soit son orientation sexuelle, et puis les droits des femmes, mais je dirais les droits de toute personne discriminée aussi. C'est quelque chose qui est très important dans les valeurs du planning familial. Et puis il y a la question d'accompagner les personnes par rapport aux droits en matière de santé sexuelle. Et pour ça, les associations départementales, dans les départements partout en France, ouvrent des structures. Alors selon les départements, il y a des endroits où il y a des centres de santé sexuelle, il y a des établissements pour de l'accueil et de l'information. Et puis il y a d'autres départements où il y a des militants et militantes féministes qui mènent des actions bénévoles, mais où il n'y a pas forcément de centre de santé sexuelle. Ça, ça va dépendre des subventions et des moyens humains et financiers de chaque département.

  • Speaker #2

    Pour pouvoir recruter des salariés, du coup ?

  • Speaker #0

    Pour pouvoir recruter des salariés, proposer des consultations médicales, proposer de l'accompagnement à la contraception, ça a un coût. puisque l'objectif c'est de proposer ces services de façon gratuite et confidentielle, parfois anonyme même complètement, à un large public. On ne s'inscrit pas dans des services qui soient payants pour les gens ou qui rapportent de l'argent. Il faut que ça puisse être accessible au plus grand nombre et en particulier aux jeunes, puisque les centres de santé sexuelle sont des lieux qui permettent à toute personne, et en particulier les mineurs, d'accéder à la contraception, à des thèses de grossesse, à de l'accompagnement pour avoir une bonne santé sexuelle ou démarrer une sexualité de manière safe, et que ce soit gratuit. et anonyme. Alors, le planning, c'est aussi une histoire de bientôt 70 ans qui a contribué, avec d'autres associations féministes, à la légalisation de la contraception. En 1967, avec la loi Neuwirth, qui a lutté aussi avec d'autres associations féministes pour la légalisation de l'avortement en 1975. Donc, ça a été... On a fêté les 50 ans de la loi Veil au mois de janvier cette année. Et puis pour l'inscription dans la Constitution aussi du droit, alors ça s'est transformé en liberté d'avorter, mais c'est quand même une avancée dont on s'est réjoui l'année dernière.

  • Speaker #2

    Et toi, personnellement, ton parcours ? de formation pour entrer dans ce métier de conseillère conjugale et familiale. Est-ce que tu peux nous en dire un mot ? Parce que c'est un métier qui est assez peu connu, je pense.

  • Speaker #0

    Oui, alors c'est un métier effectivement qui est peu connu, conseillère conjugale et familiale, qui ne porte pas très bien son nom aussi, puisqu'on ne donne pas forcément de conseils, ça vient plutôt de... C'est un métier d'accompagnement et qui demande 430 heures de formation, sur une formation qui s'étale souvent sur deux ans, qui donne une qualification professionnelle qui est reconnue aujourd'hui comme métier du social, et qui a longtemps existé. qui n'était pas formalisée comme un métier, puisque c'était des personnes bénévoles dans des associations, soit féministes, soit à caractère, je dirais, d'autres types d'associations, qui accompagnaient les personnes sur des questions déjà de l'accompagnement des couples, de la vie amoureuse ou de la sexualité. Et ça s'est professionnalisé, je dirais, depuis une trentaine d'années, à peine, moins de 30 ans. Et des organismes de formation, maintenant, proposent... pose cette formation. Donc le planning familial a des formations de conseillers, conseillères conjugales et familiales. Et c'est un métier qui s'exerce au planning en centre de santé sexuelle, mais aussi dans des établissements d'information, qui s'exerce aussi dans des associations à caractère social qui accueillent des femmes, par exemple des femmes victimes de violences. Il y a aussi le métier d'animateur-animatrice de prévention, qui demande une formation de 160 heures, en tout cas au planning familial, les formations que nous proposons pour les animateurs ou animatrices de prévention pour l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, sont des formations qui sont parfois en préalable d'une formation de conseillère conjugal et familiale.

  • Speaker #2

    Donc c'est un métier qui fait partie des métiers qui peuvent être rencontrés par le public quand ils viennent au planning familial ? le conseillère conjugale et familiale. Il y a aussi des sages-femmes, des médecins. Il y a tout un tas de différents professionnels.

  • Speaker #0

    Oui. Alors, dans un centre du planning familial, s'il s'agit d'un centre de santé sexuelle, il y aura des consultations médicales avec sages-femmes, médecins, médecins généralistes formés en gynéco ou médecins gynécologues. Il y a forcément un ou une conseillère conjugale et familiale. Il peut y avoir une secrétaire également, il peut y avoir parfois dans certains centres des psychologues, des infirmiers ou infirmières, et puis des animateurs ou animatrices de prévention également.

  • Speaker #2

    D'accord. Donc ces centres sont un petit peu pilotes dans ce qui se passe avec le planning familial. C'est un petit peu le planning familial qui est support associatif de l'organisation de ces centres. Le planning familial propose aussi parfois des interventions scolaires dans ces missions ?

  • Speaker #0

    Oui, ça fait partie même d'une grande partie des missions. C'est à la fois tenir des permanences éventuellement dans certains centres, donner de l'information et aller auprès du public. Dans les établissements scolaires en particulier, faire des séances d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. Donc ça veut dire des séances qui peuvent être sur des thèmes... très très large comme les moyennes contraception mais aussi les relations entre les personnes, le respect, le consentement, les stéréotypes. En fait les thèmes peuvent être très très larges, sont parfois proposés par les établissements scolaires et puis on intervient aussi, on fait ce type de séance auprès d'autres publics comme les personnes en situation de handicap, comme des publics... dans des établissements qui sont au contact de jeunes, par exemple la protection de l'enfance dans des maisons d'accueil d'enfants à caractère social, ou auprès de tout public qui a des besoins en termes d'accompagnement sur la vie affective et sexuelle.

  • Speaker #2

    Vous allez au devant et puis il y a même un numéro vert, je crois, qui est tenu par l'association du planning familial et qui permet de répondre aux questions vraiment là pour le coup d'un large public. C'est-à-dire que toutes les personnes qui appellent ce numéro, elles peuvent avoir des réponses à leurs questions.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Alors ce numéro existe depuis une dizaine d'années. Le 0800 08 11 11. Donc c'est un numéro de téléphone qui est associé aussi à un site internet, ivg-contraception-sexualité.org. et qui est également en lien avec un chat, qui permet, donc c'est un numéro vert, le planning familial répond à ce numéro du lundi au samedi de 9h à 20h. Et c'est un numéro d'information, d'orientation et d'écoute sur l'avortement, la contraception et les sexualités. Donc ça peut être des tas de sujets qui vont être abordés et c'est surtout un numéro anonyme. et gratuit. pour les personnes qui appellent.

  • Speaker #2

    Ce qui est intéressant avec le tchat, c'est qu'on a dans les jeunes générations aussi, des jeunes qui ont plus de difficultés à passer des coups de fil, surtout à des numéros qu'ils ne connaissent pas, ils ne savent pas trop qui va répondre. Non seulement il y a la maturité, qui n'est pas forcément une aide quand ils sont trop jeunes pour pouvoir faire cette démarche-là, mais en plus, avec un petit peu les réseaux sociaux, la facilité qu'ils ont à écrire plutôt facilement des messages que de parler à vive voix, c'est intéressant d'avoir cette possibilité de discuter par tchat. C'est vraiment un outil intéressant. Oui.

  • Speaker #0

    Alors ça c'est en développement le chat, le numéro au téléphone existe depuis 10 ans et le chat depuis seulement un an, parce qu'en fait c'est toujours le nerf de la guerre, on cherche des financements, puisque c'est un numéro qui a été financé, qui est financé en partie par le ministère de la Santé, mais en toute petite partie. Et après dans les plateformes des régions, c'est l'ARS qui parfois propose un financement ou pas. Et le tchat, pour l'instant, ne couvre pas du lundi au samedi de 9h à 20h, mais c'est en cours.

  • Speaker #2

    Alors, il y a aussi le fil Santé Jeune qui a développé un tchat aussi en ligne. C'est intéressant pour pouvoir justement s'adapter au public et permettre d'aller sur leur terrain et aller de l'avant vers les publics jeunes, en l'occurrence. Alors moi, j'ai découvert aussi qu'il y avait une application que je ne connaissais pas du tout, qui s'appelle l'application Pilups. C'est une application qui permet de savoir comment réagir quand on a oublié de prendre sa pilule, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, entre autres, c'est une application qui a été développée par le planning. Alors, je dirais, aujourd'hui, il y a cette application, puis il y en a beaucoup d'autres, auxquelles beaucoup de jeunes filles se réfèrent. On voit à la fois les avantages et en même temps, Aussi, toutes les problématiques que ça peut poser aujourd'hui, dans le sens où ces applications vont rester, ne sont jamais prédictives de quoi que ce soit. Ça peut permettre de mieux gérer la prise de sa contraception, de mieux gérer un certain nombre de choses, mais ça ne peut pas être suffisant pour pouvoir suivre ces périodes de fécondité possibles, éventuelles ou quoi. Et ça, ça, en tout cas, il y a une grosse mésinformation aujourd'hui parmi la population des femmes ou des jeunes femmes sur l'utilisation de ces applications.

  • Speaker #2

    Donc, c'est un point de vigilance.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un point de vigilance, oui, parmi d'autres.

  • Speaker #2

    Oui, j'imagine. Tout à l'heure, en présentant un peu le planning familial, tu t'es revenu dessus. On parlait de l'importance qu'avaient les courants féministes dans la création du planning familial et dans les luttes, en tout cas, qu'il y a pour... pour défendre toute la diversité des personnes qui sont en risque d'être discriminées ou discriminées. C'est vrai que tout à l'heure tu disais que c'était un peu compliqué de définir vraiment le féminisme avec une seule et même définition. C'est vrai qu'il y a plusieurs façons de se positionner philosophiquement par rapport au féminisme.

  • Speaker #0

    Oui, il y a beaucoup de courants féministes différents. Au sein même du planning, j'irais... Au plan national, il y a des courants différents qui se rencontrent, avec un même objectif, en fait, toujours de lutter pour les droits des femmes et des personnes minorisées de genre, mais avec des approches politiques qui peuvent être effectivement très différentes. Ce qui donne des débats et ce qui fait aussi la richesse de ce mouvement.

  • Speaker #2

    Oui, ça fait vivre l'association aussi, intellectuellement.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #2

    Donc si on arrive un peu à un consensus qui dit que le féminisme, c'est un travail pour atteindre l'égalité entre les femmes et les hommes, de manière très générale et très générique, le droit à l'IVG, le droit pour la femme de disposer de son corps comme elle l'entend, et de maîtriser sa maternité, c'est quelque chose qui a été un des... des combats principaux au départ, en tout cas, du mouvement du planning familial. Aujourd'hui, est-ce que c'est un droit qui est acquis, à ton avis ? J'ai un peu la réponse en posant cette question.

  • Speaker #0

    Il y a Simone de Beauvoir qui disait que je n'ai rien jamais acquis. Non, ce n'est malheureusement pas du tout acquis. C'est-à-dire qu'il y a une vigilance à avoir encore plus avec ce qu'on entend, ce qu'on voit au niveau mondial. Ce qui se passe, même en France, c'est-à-dire avec ... de plus en plus de mouvements anti-choix. Quand on dit anti-choix, c'est-à-dire anti-avortement, des mouvements qui sont de plus en plus décomplexés à s'exprimer sur... Une vision rétrograde et sexiste et patriarcale du monde et des relations entre les personnes. Donc ça reste quelque chose pour lequel on est très vigilants, vigilantes. L'inscription dans la Constitution a été à la fois une victoire et une grande déception, puisque ce que nous aurions souhaité, c'était... que le droit à l'IVG soit inscrit, mais pour que ça puisse être voté, que ça puisse passer, on a transformé ça en liberté. Donc en fait, ça veut dire que ça peut être remis en question par n'importe quel gouvernement qui peut décider, oui, la liberté, une femme a toute liberté d'avorter, c'est inscrit dans la Constitution, mais si on ne lui donne pas les moyens, ou si on ne rembourse plus l'avortement, ou s'il n'y a plus de moyens de pouvoir accéder à cette liberté, oh...

  • Speaker #2

    On parle beaucoup aussi de la liberté d'expression qui est un peu dévoyée par les extrêmes droites. Et qui dit, voilà, liberté d'expression, c'est-à-dire que toutes les paroles ont le même poids et la même valeur. Et on voit aussi des sites internet se développer pour se prétendre être des informations objectives pour les femmes. Et leur donner des informations qui sont biaisées et qui ne permettent pas à ces femmes de faire le choix qu'elles auraient envie, en toute connaissance de cause, envie de faire.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. C'est des mouvements de plus en plus présents sur les réseaux sociaux, à la fois en France et dans le monde, qui viennent contrebalancer toute cette montée de ces mouvements féministes. Et qui s'appuient sur des idées... véhiculés par les anti-choix. Les anti-avortements ou anti-choix peuvent être très puissants puisqu'ils ont des moyens financiers qui permettent, par exemple, de financer aussi une plateforme téléphonique qui est anonyme et gratuite, mais qui va accueillir une personne en la faisant culpabiliser. en ayant un discours abominable sur sa situation de grossesse, et puis qui peut aussi même aller jusqu'à les harceler après. Parce qu'elles récupèrent leur numéro de téléphone et elles les rappellent pour continuer à leur proposer des solutions pour garder cet enfant.

  • Speaker #2

    Ça fait un peu une croisade anti-avortement. En se disant, on prend le contre-pied du planning qui serait soi-disant en train plutôt de faire la promotion de l'avortement, alors que l'objet du planning familial, ce n'est pas du tout de faire la promotion de l'IVG. C'est vraiment de donner les informations aux femmes pour qu'elles aient, elles, toutes les informations en leur possession pour faire le choix qu'elles veulent faire.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, la position, c'est de dire que c'est à la femme de décider de ce qu'elle veut faire pour elle et de son corps, et qu'elle n'a pas à se justifier de cela. Et le planning, les personnes qui travaillent au planning sont là pour accompagner et respecter ce choix des femmes, et puis leur choix. Qu'elles soient. Quelles qu'elles soient, oui. Même parfois, c'est de les accompagner dans un choix de garder la grossesse. Et à ce moment-là, on oriente vers des sages-femmes, des personnes qui vont faire du suivi, de grossesse. Mais quelle que soit leur décision, c'est à elles de décider ce qui est bon pour elles, parce qu'il y a qu'elles qui savent ce qui est bon pour elles.

  • Speaker #2

    On parle justement des personnes qui sont accompagnées par le planning familial. Est-ce que tu pourrais nous dire un petit peu, quels sont le profil de ces personnes, de manière globale, avec quelles demandes elles viennent le plus souvent, et puis quels âges à peu près ? divers ? Est-ce que c'est assez ciblé sur une tranche d'âge ?

  • Speaker #0

    Alors, ça peut être très large. Il y a quand même une tranche d'âge qui est quand même des personnes, je dirais, de moins de 20 ans qui viennent pour un accès gratuit et confidentiel, parfois anonyme à la contraception, à des tests de grossesse, à des dépistages. Même si aujourd'hui, les dépistages peuvent se faire de façon gratuite, à partir de 18 ans jusqu'à 26 ans, directement au laboratoire. Mais on va les accompagner, on va leur donner de l'information qu'ils n'auront pas en allant directement au laboratoire, et puis donner des traitements s'il y a besoin. Donc c'est plutôt des personnes qui ont moins de 20 ans, mais après beaucoup de femmes aussi, par rapport à l'avortement. Des femmes entre 25 et 40 ans, puisque contrairement aux idées qui sont véhiculées, l'avortement en France, ça concerne surtout des femmes entre 25 et 40 ans, en grande majorité. puisque c'est la période où on a une sexualité le plus active et on est en capacité de reproduction importante. Donc les personnes mineures qui avortent sont très minoritaires. Donc on reçoit beaucoup de femmes. Et puis on peut recevoir des... Des personnes qui vivent des relations de couple compliquées, qui peuvent venir pour des entretiens en conseil conjugal. Des femmes victimes de violences qui ont besoin d'un lieu d'expression aussi. Parce que la question des violences faites aux femmes est quelque chose qui nous préoccupe beaucoup. Et dans ces lieux du planning, on est dans un dépissage systématique des violences. Quelle que soit la raison pour laquelle une personne vient nous voir, On va systématiquement lui poser la question de si elle a été ou si elle est victime de violences, toutes formes de violences comprises, que ce soit une jeune fille, un garçon, une personne non-binaire, peu importe quel que soit le genre et le motif pour lequel la personne vient.

  • Speaker #2

    Merci du coup pour tous ces éclairages sur le planning familial. Du coup, Véronique est avec nous aussi, elle est infirmière scolaire, je vous le rappelle. Et je voulais demander à Véronique dans quelle mesure ça lui est arrivé à son infirmerie de pouvoir travailler en collaboration avec le planning, peut-être d'accompagner des jeunes vers le planning. Comment ça se passe concrètement à l'infirmerie ?

  • Speaker #1

    Alors, nos missions sont très, très larges. Je vais vous en parler un petit peu pour après vous parler plutôt du lien que l'on peut avoir avec le planning familial. Donc, dans le cadre de nos missions... je vais faire quelque chose de très simple, de très généraliste je ne vais pas rentrer dans les détails et je vais oublier l'émission je peux être amenée à accueillir des élèves en situation de handicap ou à besoin particulier, des jeunes qui auront besoin d'être discutés,

  • Speaker #0

    d'être écoutés,

  • Speaker #1

    d'avoir un soutien autour de thèmes comme par exemple la scolarité leur vie en famille, leur vécu, que ce soit du bien-être ou du mal-être etc. peut-être qu'ils auront besoin de discuter d'une situation difficile liée au harcèlement. On fait aussi des animations en classe. Et ces animations vont pouvoir concerner l'éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle. Et c'est là où on va pouvoir travailler en partenariat avec le planning familial. Moi, je vais faire appel au planning si je vais avoir, par exemple, un questionnement sur des situations particulières. Je ne sais pas, j'ai un élève qui va venir, une jeune fille, par exemple, qui va venir en disant, voilà, avec mon copain, le président hépatique va craquer, je prends la pilule, mais alors je ne suis pas très sérieuse, j'oublie, je la prends, je ne la prends pas. Et du coup, il va se poser la question alors de l'indication ou pas de lui donner la pilule d'urgence. Et là, du coup... Du coup, je peux avoir des doutes, des questionnements et dans un but de pouvoir renseigner l'élève et puis de ne pas faire n'importe quoi, je vais pouvoir appeler le planning familial où on va discuter de cette question avec les personnes du famille, la conseillère, l'élève et prendre une décision la plus judicieuse et la plus adaptée pour le jeune ou la jeune. Il y a d'autres situations. Récemment, par exemple, j'ai une jeune fille qui est venue avec une suspicion de grossesse. Le test était négatif, mais elle avait la certitude d'être enceinte parce qu'il y avait une multitude de signes qui lui faisaient penser à ça. C'était très anxiogène pour elle. Et du coup, on a eu toute une discussion autour d'une prise de sang, d'une échographie éventuelle. Et dans ces moments-là, on a bien besoin du planning pour accompagner et aider la jeune fille. J'ai eu des situations aussi où des jeunes filles étaient enceintes et je les ai accompagnées au planning pour cette prise en charge de grossesse ou alors faire le choix justement d'une interruption de grossesse. Et le planning dans ces moments-là est vraiment très très précieux, que ce soit pour nous professionnels. ou pour la jeune fille qui vient à l'infirmerie.

  • Speaker #0

    Il nous parlait d'un point important, c'était la contraception d'urgence. Alors on appelait ça la pilule du lendemain, on l'appelle encore comme ça des fois. Mais c'est vraiment la contraception d'urgence, c'est-à-dire que c'est une contraception qu'on prend après un rapport sexuel non protégé. Alors pour plein de raisons, tu as donné des exemples assez précis. Il faut savoir pour nos auditeurs que l'infirmière de l'éducation nationale à l'infirmerie, dans un établissement scolaire du second degré, c'est-à-dire dans les collèges ou dans les lycées, elle est habilitée à pouvoir administrer cette... Contraception d'urgence, alors dans un cadre très précis, c'est l'article D5134 du Code de santé publique qui précise tout ça. Et l'objectif de cet article, c'est vraiment de permettre à l'infirmière d'évaluer le degré de compréhension de la jeune, d'évaluer sa demande, le degré d'urgence aussi, puisque dans la mesure où l'objectif, c'est de la mettre en lien avec le soin le plus possible et de l'orienter vers des structures qui sont adaptées. Donc le but, ce n'est pas de donner à tout. comme ça, de distribuer gratuitement et de manière disproportionnée des contraceptions d'urgence, il y a une véritable évaluation qui est faite par l'infirmière, avec son expertise, et qui ensuite, en fonction de la situation précise de la jeune fille, parce que toutes les situations sont différentes, on va pouvoir soit faire le lien avec, déjà, ses parents, l'objectif c'est essayer, même si la jeune nous dit qu'elle veut absolument que ses parents ne soient pas au courant, ça on va le respecter, c'est la loi, c'est son propre droit au secret. Mais on va essayer de travailler avec elle pour que les personnes qui sont en charge de sa sécurité, les premières personnes en charge de la sécurité d'un enfant, c'est les parents, vont pouvoir peut-être prendre le lien, si elle est d'accord. Si c'est compliqué, il y a toute une démarche pour ensuite orienter la jeune éventuellement vers une structure extérieure. Et vraiment, mon dernier recours, si on imagine par exemple, comme tu le disais, c'est une élève qui est en quatrième, qui a... pas forcément sortir à n'importe quelle heure de chez elle, qui le mercredi après-midi est attendue à la maison, elle ne va pas pouvoir aller au planning familial pour un rendez-vous facilement. Donc on peut dans ce cadre-là, éventuellement, administrer la contraception d'urgence, mais bien sûr avec un suivi médical qu'il faut mettre ensuite en œuvre dans le respect du secret professionnel. C'est une petite parenthèse qui était importante, je pense, mais ce que tu disais, Véronique, c'était super intéressant par rapport aussi à la question de la santé. aux jeunes qui viennent te poser des questions, parce que tu as donné plusieurs exemples. Et c'est vrai qu'on peut se demander, est-ce que c'est facile pour les jeunes de venir frapper à la porte de l'infirmerie ? Comment ça se fait qu'ils arrivent à passer le cap pour parler quand même quelque chose qui relève de l'intime ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est très compliqué pour eux, en fait. Ce n'est vraiment pas facile. Dans la société, il y a toujours ce tabou par rapport à ce thème de la sexualité. On croit que ça a évolué. Alors oui, ça a évolué, mais... pas de façon, je dirais, ultra importante. Et parler de sexualité, que ce soit avec ses parents, avec sa famille, même avec ses pères, avec ses camarades de classe, ça reste très compliqué. Du coup, ce sujet qui parle quand même de l'intimité est compliqué. Il y a toujours cette peur du jugement, de leur âge ou de leur jeune âge, la peur de véhiculer une image, justement, négatives et pour eux, cette image est très importante et pour le coup, c'est compliqué de chercher de l'information de façon générale. Alors, l'avantage qu'on a en infirmière scolaire, moi je travaille en collège donc en fait, je les suis depuis le CP, ils me connaissent parce qu'ils m'ont vu leur bilan infirmier ou d'animation en classe en primaire. Quand ils arrivent au collège, ils retrouvent la même personne, donc il y a déjà cette connaissance. Pour eux, ce lien qu'on a créé au fur et à mesure favorise le passage de la porte de l'infirmerie et du dialogue qu'on pourra avoir avec eux. Il y a aussi des animations qu'on fait en quatrième sur ce thème de l'Ebrasse, qui fait qu'ils ont vu que tout sujet pouvait être discuté à l'infirmerie et que venir à l'infirmerie, ils ne seront pas jugés. Ils auront une oreille attentive. qui sera à même de discuter avec eux, de les orienter, de les conseiller pour qu'ils prennent la décision concernant leur santé sexuelle et qu'ils soient, je dirais, animateurs de leur vie et que ce ne soit pas une injonction de quelqu'un, que ce soit des parents ou celui de l'infirmière, qui dit il faut que tu fasses ceci, il faut que tu fasses cela. Mais c'est vraiment une réflexion.

  • Speaker #2

    Voilà,

  • Speaker #1

    je peux vous donner un exemple. Par exemple, j'ai un jeune que je connais depuis plusieurs années. Je l'ai vu l'année passée en classe. Et là, récemment, il est venu une première fois me demander des préservatifs parce qu'il a une petite copine. C'est sérieux, ils ont des relations sexuelles. Je l'ai revu récemment en me disant, bon, ben voilà, on a les préservatifs, c'est très bien. Mais pour le coup, ma copine voudrait prendre la pilule. Comment je peux faire ? Et puis là, il est revenu me voir récemment en me disant « On voudrait faire un dépissage d'infections sexuellement transmissibles. Où est-ce que je peux aller ? » Et là, du coup, on a parlé du planning familial. Je lui ai expliqué où c'était, qui il allait rencontrer, comment ça allait se passer, pour qu'il puisse y aller en toute confiance. On essaye de mettre en place aussi le plus possible des visites. au planning familial, c'est-à-dire qu'on accompagne un groupe de jeunes, on va leur aider à passer la porte du planning parce que pour eux, c'est très compliqué. Quand ils ne connaissent pas les gens, arriver à faire confiance et se dire je vais aller travailler. Vers l'inconnu, c'est compliqué. Comment je vais être jugée ? Comment je vais être reçue ? Qui va y avoir derrière la porte ? C'est très anxiogène. Si on les accompagne, cette porte est déjà poussée. Ils voient les lieux, la facilité d'accès aussi en tant que jeunes. Parce que moi, j'ai des collégiens, donc ils ne peuvent pas circuler parfois comme ils veulent. Et puis, le fait de rentrer, ils rencontrent déjà une première personne. Ce n'est plus une personne inconnue. Quand ils reviendront, ils auront déjà rencontré cette personne-là. Ça aussi, c'est important. Et du coup, après, ils savent quelles informations ils peuvent avoir. Ils connaissent les lieux, ils connaissent les personnes. Et c'est beaucoup plus facile pour faire une démarche quand ils auront besoin.

  • Speaker #0

    Oui, donc à la fois... ils te connaissent toi parce que tu interviens en classe, tu les vois régulièrement, tu fais les dépistages infirmiers au moment notamment de l'entrée en sixième, le dépistage infirmier obligatoire de la douzième année, donc ils connaissent qui tu es et ça leur permet peut-être plus facilement de venir toquer à ta porte en sachant qui tu es et comment tu t'es présenté et quelles sont tes valeurs. C'est intéressant aussi ce que tu dis par rapport à l'éducation, à la vie affective, relationnelle et sexuelle, les VARs. On va en reparler juste dans un instant, mais ce sont des séances qui permettent aussi aux jeunes de voir que ces adultes-là sont en capacité de pouvoir parler de ça avec eux. Donc, ils vont pouvoir plus facilement aller rencontrer un professeur qui est formé et avec qui ils ont eu une intervention pour pouvoir discuter avec lui. Quand ils viennent à l'infirmerie, donc tu les orientes parfois vers le planning familial, vous, Sophie, au planning familial, quand vous recevez des mineurs, souvent, j'imagine, ils ne veulent pas trop en parler à leurs parents. Comment vous accompagnez ces jeunes sans qu'ils aient à informer leur famille, leur représentant légo, plutôt ?

  • Speaker #2

    Alors, je dirais... C'est un droit, effectivement, qu'ont les jeunes de pouvoir venir dans ces lieux et ils ne font rien d'illégal. Comme nous, nous ne faisons rien d'illégal à recevoir ces jeunes sans avoir besoin d'autorisation parentale pour ça. On les reçoit de la même façon que les autres. Parfois, on a même des parents qui nous appellent pour prendre rendez-vous pour leurs jeunes. Beaucoup ont besoin d'avoir un espace où ils prennent en charge pour eux-mêmes la contraception, l'accompagnement à leur vie affective et sexuelle. Ce besoin d'anonymat est pour plusieurs raisons. Certains en ont besoin parce qu'ils considèrent que leur vie amoureuse et sexuelle ne regarde pas leurs parents, même s'ils ont des bonnes relations avec leurs parents, ils n'ont pas envie de leur en parler. Mais parfois, finalement, au bout d'un certain temps, ils finissent par leur en parler. Et puis d'autres, c'est un besoin beaucoup plus, je dirais, nécessaire, dans le sens où ils vivent par exemple dans des familles où la question de la sexualité est absolument taboue, voire même interdite avant le mariage. Et ça, c'est même de plus en plus. On a de plus en plus de jeunes, et donc ils ont... Et ce n'est pas parce qu'elle est taboue et interdite par la famille ou par des croyances familiales qu'ils ne le font pas. Donc, en fait, ils viennent au planning et c'est le seul lieu avec l'infirmerie scolaire où ils peuvent parler d'intimité ou évoquer des questions qu'ils peuvent avoir de manière totalement confidentielle et anonyme. C'est une question pour eux, je dirais, de sécurité.

  • Speaker #0

    C'est très vrai ce que tu dis par rapport aux lieux et au personnel auquel les jeunes peuvent accéder. Les infirmeries de leur propre chef, sans que forcément leurs parents aient pris rendez-vous chez le médecin, par exemple, ce n'est pas la même chose. Il y a aussi les bureaux des assistantes sociales dans les établissements scolaires. C'est vrai qu'on les voit assez peu. Elles sont un peu moins nombreuses forcément aussi, malheureusement. Mais c'est vrai que c'est aussi une porte d'entrée dans laquelle... Ils se sentent en sécurité parce qu'il y a aussi le secret professionnel.

  • Speaker #2

    Il y a des situations où les jeunes ont absolument besoin que ça reste totalement anonyme et confidentiel, qu'ils ont une sexualité active. Parfois, on va jusqu'à accompagner des jeunes à l'avortement dans le secret par rapport aux parents. Et il est arrivé. On a eu parfois des situations comme ça. J'ai eu un petit personnel rencontré au planning de situation. en collaboration avec l'infirmière scolaire, où on a couvert les absences d'une jeune fille qui était mineure et qui a voulu avorter, qui est allée à l'hôpital pour cela, mais on l'a accompagnée pour pouvoir aller avorter sans que ses parents ne soient informés ni de sa grossesse, ni de son avortement.

  • Speaker #0

    Oui, il faut savoir que ça, c'est la loi. C'est-à-dire que la loi impose à toute personne de garantir ce secret-là et de protéger la personne en le garantissant. Et ça s'impose aussi au chef d'établissement. C'est vrai qu'il y a une lettre juridique qui est assez connue dans le milieu de l'éducation nationale, qui date de 2008 et qui fait l'analyse justement de tous ces textes. Je vous invite à regarder dans la description de cet épisode. Je vous mettrai un lien de cette lettre juridique et c'est intéressant de voir comment en fait... malgré le système scolaire dans lequel on est, qu'il y a ces règles qui sont normales et importantes, où on doit savoir où sont les élèves et bien sûr informer les familles et les représentants légaux de l'absence d'un enfant, dans le cadre bien spécifique de l'interruption volontaire de grossesse, il y a un droit supplémentaire, un droit qui est supérieur de la femme, de l'adolescente en l'occurrence, mais qui est une femme, de pouvoir disposer de son corps comme elle l'entend et sans pouvoir avoir des pressions quelconques sur... la prise de ces décisions ?

  • Speaker #1

    Oui, je dirais que cet anonymat et cette confidentialité, c'est vraiment très, très, très important pour eux. Ça les met dans une position sécure. Et cette sécurité est vraiment très, très importante parce qu'ils ont peur. Des fois, à tort, parce que même s'ils en parlaient dans la famille, ça pourrait très bien se passer. Mais parfois, ce ne serait vraiment pas le cas. Et donc, il y a cette peur qui est présente. qui est envahissante et qui est même parfois bloquante. C'est-à-dire qu'en fait, il pourrait ne pas faire les démarches par peur et se retrouver dans une situation très délicate où, par exemple, une jeune fille ne pourrait plus avoir droit à l'avortement puisqu'elle aurait dépassé les délais. Donc, cette question de confidentialité, d'anonymat est importante. C'est la première chose qui nous demande quand il passe la porte de l'infirmerie. « Je ne veux pas que mes parents soient au courant. Qu'est-ce que vous allez faire ? » Et dans toutes les démarches que nous, on va faire, on va respecter ça. Ce n'est pas forcément évident. Les parents ont toujours l'impression que, quand après on en discute avec eux, dans certaines situations, qu'on a pu leur mentir, leur cacher, les trahir, mais pas du tout. C'est vraiment très important pour les jeunes de respecter ça et de les accompagner parce qu'ils sont jeunes et qu'ils ont Je dirais en termes de maturité aussi, ils ont besoin de cet accompagnement pour se sentir plus fort, pour se sentir en confiance et se sentir en sécurité.

  • Speaker #0

    C'est très juste ce que tu dis. En plus, c'est étayé par des études. C'est vrai que du coup, il y a des études qui ont prouvé que le fait que les adolescents en particulier sachent qu'ils ont le droit d'une consultation. Alors là, l'étude, ça portait plutôt sur une consultation médicale en toute autonomie et sans... En respectant leurs propres secrets à eux, que les parents ne soient pas informés par le thérapeute, par le médecin en l'occurrence, de leurs problèmes de santé, ça a augmenté le recours aux soins primaires des adolescents, de leurs propres chefs. Donc c'est très intéressant. Après, ça ne veut pas dire qu'on exclut les parents. Et ça aussi, c'est le discours qu'il faut avoir, comme tu dis. Même on parle des parents aux enfants et on travaille avec eux sur comment entrer en relation avec ses parents, ce qui n'est pas facile toujours à l'adolescence.

  • Speaker #1

    Des fois, on est dans une situation d'urgence où justement, on ne va pas avoir le temps. de travailler ce questionnement vis-à-vis des parents, d'en parler ou pas, la relation qu'il y a avec les parents ou pas, etc. On est parfois dans une situation d'urgence, mais ça ne veut pas dire qu'une fois que cette situation est passée, on ne retravaille pas avec le jeune justement de ce questionnement de la sexualité, d'en parler ou pas aux parents, et ça leur permet d'avancer, de réfléchir, de cheminer. par rapport à ce qu'ils veulent faire.

  • Speaker #0

    Je vous mets le lien justement dans la description d'un article super intéressant sur ces études qui parle du secret médical chez les adolescents et sur le recours justement aux soins directement par eux-mêmes quand on leur explique qu'on peut respecter le secret de leur état de santé. Alors tout à l'heure, Véronique, tu parlais de l'éducation à la sexualité, on appelait ça comme ça. Tu disais que vous le faisiez en quatrième dans votre établissement scolaire. Donc, juste pour recentrer un petit peu où est-ce qu'on en est aujourd'hui, il y a une loi qui date de 2001 et qui précise que ce sont trois séances d'éducation à la vie affective et sexuelle qui doivent être menées dans les établissements scolaires. C'est l'article L312-10 du Code de l'éducation. Et cette loi, elle n'a pas toujours été appliquée. surtout faute de moyens, je crois que le constat est partagé même par les autorités publiques. Et il y a depuis très peu de temps, puisque ça date de février 2025, un nouveau programme qui a été déployé, qui a été voté par le Conseil supérieur de l'éducation et qui fait que maintenant, les choses vont se déployer, on l'espère, de manière plus diffusée et plus large. Il s'avère que ce programme s'adapte aussi en fonction de l'âge de l'enfant, c'était déjà le cas dans la loi. Et là, en ce qui concerne les élèves du primaire, Ça va se recentrer sur la vie affective et relationnelle. Alors, comment nommer les parties de son propre corps ? C'est quelque chose qui n'est pas toujours évident pour toutes les familles non plus. Donc, c'est bien que les enfants puissent bénéficier de cette information-là et cette éducation-là de manière exhaustive, j'ai envie de dire. Et ensuite, le respect de soi, le respect de l'autre, le respect du consentement. Qu'est-ce que c'est cette notion de consentement d'ailleurs ? Ce n'est pas forcément évident pour un enfant, ce n'est pas inné. Et du coup, ce pouvoir d'écouter. Décliner toutes ces séances jusqu'à arriver au collège et au lycée avec le rajout, en plus de ces notions-là, de la notion de sexualité, puisqu'ils arrivent à un âge avec la puberté où ils peuvent être plus concernés par ce sujet-là. Donc, l'objectif de ces séances, c'est ce qui est dit dans le site internet du ministère. Je vous mets là aussi le lien dans la description. C'est encourager des choix responsables, c'est-à-dire que favoriser la prise de décision en toute connaissance de cause avec des informations qui sont objectives, scientifiques et qui sont menées par des personnes formées. Et c'est là où il va y avoir normalement un déploiement d'une formation pour les personnels de l'éducation nationale, pas forcément les infirmières. Tous les personnels de l'éducation nationale sont concernés pour pouvoir... animer ces séances-là. Par rapport à ces évolutions, ça date de 2001, ça commence à faire, maintenant ça fait 24 ans que cette loi existe, vous faites déjà des choses, ça ne veut pas dire qu'il n'y avait rien du tout qui était fait avant ces programmes qui datent de février 2025. Quel regard vous portez sur ces évolutions ? Peut-être Sophie, toi qui as un regard un peu extérieur à l'éducation nationale, comment tu perçois ces évolutions par rapport à ces nouveaux programmes, ces choses qui sont en train de bouger un petit peu, on a l'impression, ces derniers mois ?

  • Speaker #2

    Le mouvement du planning familial s'est réjoui que ces programmes sortent enfin. Que cette question soit peut-être enfin... Ça fait des années qu'on milite pour que la loi de 2001 soit appliquée. Donc on s'est réjoui que ces programmes sortent enfin. Là où on est plus inquiets ou inquiètes, c'est par rapport à quels moyens vont être mis en place pour pouvoir... Effectivement, que ces séances aient vraiment lieu, quelles formations vont avoir les enseignants, les enseignantes ou les personnels des établissements scolaires. Aujourd'hui, il y a déjà des formations qui sont proposées, mais qui sont quand même très succinctes. Je crois que c'est deux ou trois jours de formation. Pour animer des séances d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, c'est très peu. Beaucoup d'enseignants et enseignantes avec qui on a partagé par rapport à la sortie de ces programmes nous font part de... Alors déjà, forcément, ils ne se sentent pas formés ou ils n'ont pas forcément envie d'aller sur ces questions-là non plus. Ils ne sont pas forcément à l'aise. Parce qu'une formation, c'est une chose, mais il y a aussi tout. Comment ça nous interroge en tant qu'intervenants ou intervenantes quand on vient parler de ces sujets qui restent très tabous, comme Véronique l'a dit tout à l'heure. On est dans une société où l'intimité, le rapport à l'intime, à la sexualité, reste encore très tabou, pas que chez les jeunes, en fait, chez les adultes aussi. Donc, c'est comment je peux me sentir à l'aise pour pouvoir échanger avec des élèves sur ces questions. Nous, au planning, nos intervenantes ou intervenants, comme je le disais tout à l'heure, ont au minimum 160 heures de formation et font des stages et se forment. C'est de la formation continue, en fait. Parce que ce n'est pas la même chose de s'adresser à des élèves de 8 ans de CE2. On ne va pas du tout aborder les mêmes sujets. Et on ne va pas avoir la même posture que quand on échange avec des élèves de première, qu'on dit 7 ans et qui vont nous poser d'autres types de questions.

  • Speaker #0

    Et puis moi, je l'observe aussi, peut-être même, les élèves de 2015 ne sont pas les élèves de 2025. C'est-à-dire que la société évolue vite aussi et les problématiques, les aborder, ce n'est pas de la même manière. Oui,

  • Speaker #2

    il est... Le rapport à la sexualité des gens change aussi, bien sûr, c'est vrai. Les élèves, les jeunes aujourd'hui ont un rapport à la sexualité, avec des pratiques sexuelles aussi qui changent. Et ça aussi, on a besoin pour ça de rester informé, de s'adapter à d'autres pratiques, à d'autres visions d'une sexualité. qui échangent au fur et à mesure des années. Et puis, je dirais,

  • Speaker #1

    l'accès aux médias est plus facile. Et aujourd'hui, ils peuvent rechercher des informations sur Google, voir des vidéos qui vont répondre peut-être à leurs questionnements, mais pour le coup, ils n'auront pas peut-être le recul du contenu. Et ils peuvent être amenés à voir des choses qui peuvent les choquer ou penser que ce qu'ils voient dans ces vidéos-là, c'est la réalité. de ce que vivent les gens dans leur sexualité. Et ces interventions que l'on peut faire sont importantes puisque, en fait, ça va être le lieu où ils pourront nous questionner sur ce qu'ils ont vu. Et pour le coup, ça va amener une discussion avec les élèves. Et donc, par conséquent, c'est très, très important puisque ça leur permet d'échanger sur un thème qui est quand même très compliqué à aborder.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai qu'on observe aussi des jeunes qui viennent avec des questionnements, qui ne viennent pas de leurs inquiétudes propres, mais des choses qu'ils ont pu voir, et surtout des fake news, c'est-à-dire des fausses informations qui circulent. Alors bon, ils sont surtout très avides de TikTok, etc., ou des vidéos qui sont là pour faire du buzz et pour être vues, et qui donnent des fois des informations qui sont erronées ou pas tout à fait vraies, avec une part de vraie, mais une amplification, une exagération. qui peut angoisser des jeunes qui sont en construction. Et c'est vrai qu'on observe souvent des questionnements qui viennent de là. Et c'est là où aussi, nous, on doit s'adapter en fonction des publics qu'on a.

  • Speaker #2

    Oui, j'ai envie de rebondir par rapport à ça. On a eu pendant plusieurs années, et c'est encore un peu le cas, mais il y a eu beaucoup de choses, par exemple, sur le déni de grossesse, avec une mauvaise compréhension. Puis beaucoup de... de choses qui se véhiculaient sur les réseaux. Mais parce que, comme tu le disais Véronique, maintenant, on a accès à de multiples sources d'informations. Alors, il peut y avoir des très bonnes choses aussi, quand même, sur les réseaux sociaux. C'est-à-dire que le but, ce n'est pas de faire le procès, parce qu'il y a aussi de l'information et de l'éducation qui est véhiculée et qui est vraiment avec des très chouettes contenues. De qualité. De qualité, exactement. Mais il peut y avoir aussi, voilà, comme ça, des fake news qui circulent, comme... le déni de grossesse avec une inquiétude de beaucoup de jeunes filles qui viennent nous voir parce qu'elles ont peur d'être enceintes et puis elles ont peur de faire un déni de grossesse. Alors elles font des thèses de grossesse toutes les cinq minutes. Enfin, je caricature un peu, mais bon, un déni de grossesse, on ne va pas penser à faire un thèse de grossesse par définition, puisqu'on n'y pense même pas. Voilà, donc comment ces fake news peuvent aussi entraîner, comme tu viens de le dire, des angoisses qui n'ont pas lieu.

  • Speaker #0

    Alors Véronique, toi qui travailles en collège, comment ça se passe concrètement quand il y a une intervention en classe et qu'il y a une association comme le planning familial qui intervient à l'intérieur de l'établissement scolaire ?

  • Speaker #1

    Pour toute intervention, de toute manière, que ce soit en lien avec la sexualité ou pas, une association doit avoir un agrément. S'il n'y a pas d'agrément, en fait, il faut de toute manière l'aval du chef d'établissement pour définir si les personnes qui interviennent... correspondent à un cahier des charges bien précis, et ce cahier des charges est national. Le planning familial a un agrément national, et en Suisse, nous travaillons avec les collègues des départements ou des communes qui sont à proximité de notre établissement. En général, quand on est en place dans un établissement, on a l'habitude de rencontrer les mêmes collègues. également une relation de confiance qui s'est créée. Nous, dans le cadre de notre infirmerie, de notre rôle, on va être aussi la personne référente qui pourra dire au chef d'établissement, moi je travaille avec cette personne depuis quelques années, et j'ai confiance en elle et son discours est adapté. De toute manière, les interventions ne peuvent se faire, s'il y a une association telle le planning qui interviendra, qu'avec un membre ... de la communauté éducative. Que ce soit un professeur formé, une infirmière, une assistante sociale, etc.

  • Speaker #0

    Il y a un regard de l'éducation nationale, de l'institution, sur ce qui est dit par une intervention extérieure.

  • Speaker #1

    Exactement. Ce qui fait qu'à tout moment, on peut intervenir, à tout moment, on peut compléter. C'est aussi, je pense, ça très important, c'est aussi quelque chose de rassurant pour les parents.

  • Speaker #0

    Donc on parlait du contexte tout à l'heure par rapport à la société dans laquelle on vit, par rapport aussi aux difficultés budgétaires que traverse la société en général, le pays en particulier, les finances publiques aussi. Du coup, parfois c'est difficile, tu disais Sophie, dans certains territoires, pour avoir des financements pour que les missions du planning familial puissent se poursuivre, au-delà de l'argent et aussi par rapport aux attaques des groupuscules un petit peu réactionnaires qui existent aujourd'hui. C'est quoi les défis aujourd'hui du planning familial ? C'est quoi les choses qui sont vraiment au cœur de l'action et qui vont faire en sorte que vos actions puissent perdurer, justement ?

  • Speaker #2

    Alors, il y a des défis, je veux dire, il y en a encore plein. C'est de continuer à lutter contre cette montée du conservatisme et de ces mouvements anti-choix qui restent toujours présents. C'est donc... d'essayer de maintenir des moyens financiers, c'est-à-dire en restant en lien avec nos partenaires. Puisque oui, il y a des tendances un peu, effectivement, de baisse de subventions dans certaines régions aujourd'hui, de financement de notre mouvement. Et puis, c'est de... d'essayer d'être soutenu le plus possible par les publics qu'on accompagne, par les personnes qui se sentent concernées par ces questions, par ces valeurs. Pour ça, il y a la possibilité d'adhérer à notre mouvement, d'adhérer à des associations départementales selon le département dans lequel vous êtes. Vous pouvez trouver peut-être une association du planning familial proche de chez vous et la soutenir. en adhérant ou en faisant un don.

  • Speaker #0

    On retrouve les coordonnées sur le site du planning familial, sur Google, et je vais mettre un lien dans la description aussi, comme ça vous aurez directement accès au site internet.

  • Speaker #1

    Oui, c'est très important parce que nous, dans les infirmeries, on a vraiment besoin d'associations comme le planning familial pour qu'on puisse orienter les jeunes. C'est vraiment très important pour eux, pour leur santé en général et leur santé sexuelle.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Sophie, merci beaucoup Véronique pour tous ces échanges.

  • Speaker #2

    Merci à toi de cette proposition, de cette invitation de mise en lumière de notre mouvement du planning familial.

  • Speaker #1

    Merci, ce fut un grand plaisir de discuter tous les trois.

  • Speaker #0

    Nous voilà arrivés à la fin de cet épisode spécial, je vous rappelle, dans le cadre du Podcaston 2025. Je remercie énormément Sophie et Véronique du coup pour leur temps. et pour le partage de leurs expériences. J'espère que ces échanges vous auront aussi passionnés autant que nous, et que ça vous aura donné un petit aperçu de ce qui se joue autour de la santé sexuelle, et de celle des jeunes en particulier. J'ai pris beaucoup de plaisir à échanger avec vous deux, c'était passionnant de discuter ensemble des missions du planning familial, en lien bien sûr avec les infirmeries des établissements scolaires, et puis de faire le tour des défis auxquels nous faisons face aujourd'hui. On aurait pu en parler des heures, de toute façon on s'était dit qu'on n'avait pas trop de limites de temps, mais quand même, on va arriver à la fin de cette émission. D'ailleurs, je vous invite, vous qui nous écoutez, à commenter cet épisode sur la plateforme où vous l'avez découvert pour témoigner de votre expérience personnelle et du soutien que vous avez envie d'apporter à l'association du planning familial. Et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à en parler autour de vous, à le partager et pourquoi pas à aller sur le site du planning familial www.planning-familial.org. Vous pouvez aussi retrouver leurs coordonnées locales pour en savoir plus sur les actions qui se déroulent près de chez vous. De mon côté, je vous donne rendez-vous très vite pour un nouvel épisode. Continuez à suivre l'actualité professionnelle sur notre blog www.alinfirmerie.com et sur tous nos réseaux sociaux. D'ici là, prenez soin de vous et à bientôt à l'infirmerie.

  • Speaker #1

    Vous avez aimé entrer à l'infirmerie ? Alors likez, partagez et commentez. Retrouvez tous les épisodes sur vos plateformes de streaming préférées et sur nos réseaux sociaux à l'infirmerie.

Chapters

  • Extraits des échanges

    00:00

  • Introduction

    00:59

  • Présentation des invitées

    03:24

  • L'association du Planning Familial

    05:36

  • Le métier de Conseillère conjugale et familiale

    09:33

  • Les professionnel·les du Planning Familial

    11:44

  • Les actions du Planning Familial

    12:30

  • Le rôle de l'infirmière scolaire

    25:50

  • Les adolescents osent frapper à la porte de l'infirmerie

    31:11

  • La liaison entre infirmerie et Planning Familial

    36:12

  • Le droit au secret des mineur·es

    38:16

  • La place importante des parents

    42:29

  • Les nouveaux programmes d'EVARS

    43:34

  • Les règles d'intervention en classe pour les associations

    51:48

  • Conclusion et appel à l'action

    56:15

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Description

Voici un épisode spécial de Devenir Infirmière Scolaire, où nous participons au POSCASTHON 2025 ! Cet événement caritatif met à l’honneur des associations engagées. Dans une certaine cohérence avec les actions quotidiennes des infirmières scolaires auprès des jeunes, nous avons décidé de vous proposer un focus sur une structure incontournable lorsqu’on aborde la santé sexuelle : le Planning Familial.


👥 Avec nous pour en parler :

💬 Véronique, infirmière scolaire en collège, qui oriente accueille au quotidien des jeunes qui se questionnent sur ces sujets, et qui travaille régulièrement avec cette association.

💬 Sophie, conseillère conjugale et familiale au Planning familial, qui accompagne et informe les jeunes sur leur santé sexuelle et affective, de manière individuelle, et aussi lors de séances collectives.


💡Au programme :

✔️ Le rôle clé du Planning familial auprès des adolescents 🏥

✔️ Leur partenariat avec les infirmières scolaires 🤝

✔️ Les nouveaux programmes d’éducation à la vie affective et sexuelle 📚

✔️ Les défis actuels : baisse des financements, résistances conservatrices 🚨

✔️ Comment soutenir et défendre cette association ✊


👉 Un épisode utile pour mieux comprendre l’accès à la santé sexuelle des jeunes, les enjeux éducatifs et la prévention en milieu scolaire.


📢 Soutenez le Planning Familial en partageant cet épisode et en parlant de leurs actions autour de vous ! Vous pouvez faire un don pour soutenir l’association, ou adhérer en cliquant ici : https://bit.ly/4kOVPEP

Vos dons au Planning familial permettent une mobilisation au niveau national et international pour défendre les droits à la santé sexuelle et reproductive de toutes et tous, alerter la société civile et faire pression sur les décideur.euses pour faire évoluer et appliquer les lois.


Références citées :


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Transcription

  • Speaker #0

    Il y a des situations où les jeunes ont absolument besoin que ça reste totalement anonyme et confidentiel. J'ai eu un petit personnel rencontré au planning de situation, en collaboration avec l'infirmière scolaire, où on a couvert les absences d'une jeune fille qui était mineure et qui a voulu avorter, qui est allée à l'hôpital pour ça, mais on l'a accompagnée pour pouvoir aller avorter, sans que ses parents ne soient informés ni de sa grossesse, ni de son abortum.

  • Speaker #1

    Des fois, on est dans une situation d'urgence où justement, on ne va pas avoir le temps de travailler ce questionnement, d'en parler ou pas, la relation qu'il y a avec les parents ou pas, etc. On est parfois dans une situation d'urgence, mais ça ne veut pas dire qu'une fois que cette situation est passée, on ne retravaille pas avec le jeune justement de ce questionnement de la sexualité, d'en parler ou pas aux parents. Et ça leur permet d'avancer, de réfléchir, de cheminer par rapport à ce qu'ils veulent faire.

  • Speaker #2

    Bonjour et bienvenue à l'infirmerie. Vous êtes sur le podcast qui éclaire sur les missions des infirmières scolaires et accompagne celles et ceux qui souhaitent rejoindre cet exercice infirmier. Je suis Alexandre, infirmier scolaire depuis un peu plus de dix ans et créateur du blog alinfirmerie.com. Aujourd'hui, je suis vraiment heureux de vous proposer cet épisode spécial car nous participons à un événement unique et solidaire, le Podcaston 2025. C'est la troisième édition du Podcaston cette année. C'est une initiative caritative qui réunit... Plus de 1500 podcasts à travers le monde, nous avons décidé de participer à cet événement pour mettre en avant une association qui nous tient à cœur et parce qu'il n'y a pas mieux que le podcast pour donner de la voix aux engagements. Nous sommes en mars 2025 quand nous enregistrons cette émission spéciale et j'ai choisi de vous parler du Planning Familial, une association qui défend les droits sexuels et reproductifs, qui informe et accompagne les jeunes et qui s'est illustrée, et s'illustre encore, pour les droits des femmes et les luttes contre les discriminations et les inégalités. En tant qu'infirmière scolaire, nous travaillons souvent avec le planning familial, avec les associations locales, que ce soit pour orienter des élèves qui ont besoin de conseils en toute confidentialité, ou parfois pour organiser des séances d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, les VARs, dont on entend beaucoup parler ces derniers temps, et on y reviendra en détail dans quelques instants. D'ailleurs, je ne vais pas être le seul à discuter aujourd'hui dans cet épisode, ce format est un peu différent de celui que vous avez l'habitude d'entendre sur ce podcast. Nous allons échanger en toute simplicité avec deux invités qui me font le plaisir d'être au micro avec moi et dans vos oreilles à vous. Mes deux invités sont deux femmes qui représentent chacune deux métiers qui prennent en charge, dans leur champ respectif, la santé sexuelle des jeunes. Une infirmière de l'éducation nationale qui exerce en collège et une conseillère conjugale et familiale du planning familial. Au programme de cet épisode, nous allons explorer les missions du planning familial, le rôle de cette association en lien avec le milieu scolaire. et les défis auxquels il fait face, en particulier la montée des résistances conservatrices et la baisse des financements. Un sujet qui concerne très directement les êtres humains de manière générale, mais avec des spécificités dans l'approche lorsqu'il s'agit d'adolescents, qui sont aussi des élèves, mais pas que. Et bien sûr, nous allons garder en tête que notre porte d'entrée, c'est celle de l'infirmerie. Alors sans tarder, je vous présente mes deux invités expertes. Véronique, tu es infirmière depuis quelques années et à l'éducation nationale depuis un peu moins longtemps normalement. Et aujourd'hui, tu travailles en poste interdegré. Est-ce que tu peux nous expliquer rapidement en quoi consiste ton poste, ton travail ?

  • Speaker #1

    Alors, je travaille dans un collège, deux jours par semaine. Et je travaille aussi dans les écoles qui sont rattachées à cet établissement deux jours par semaine également. J'ai un temps aussi administratif au centre médico-scolaire où je prépare mes dossiers pour les visites, les bilans infirmiers sur l'école primaire. Donc voilà, mes missions sont différentes entre le collège et les écoles. Mais l'avantage qu'on a, c'est que les jeunes, je les suis à partir de 6 ans et du coup, je vais pouvoir les suivre jusqu'à l'âge de 15 ans.

  • Speaker #2

    Merci Véronique. Et avec nous aussi, pour cet épisode spécial, nous recevons Sophie, qui est conseillère conjugale et familiale. J'espère que je ne me trompe pas dans l'intitulé du poste. Et tu travailles au planning familial. Donc, avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ton parcours, ton rôle au planning ?

  • Speaker #0

    Alors moi, comme tu viens de le dire, je suis conseillère conjugale et familiale. C'est un métier qui accompagne les personnes de la puberté. tout au long de la vie, sur leur vie amoureuse, sexuelle, relationnelle. Donc ça comprend plein de choses, ça peut être beaucoup de choses. Et je travaille dans une association qui s'appelle le Planning Familial. et qui est une association, comme tu l'as très justement présenté tout à l'heure, qui est une association féministe et d'éducation populaire, qui existe depuis 1956. Et cette association accompagne les jeunes, ou les moins jeunes, mais la cible effectivement c'est beaucoup des jeunes, pour avoir un épanouissement dans leur vie affective, amoureuse et sexuelle. puisque ça fait partie des recommandations de l'OMS, que la santé sexuelle fait partie du développement et de l'épanouissement d'une personne.

  • Speaker #2

    Donc le planning familial, c'est une association dont on a déjà beaucoup entendu parler dans les médias des fois, peut-être pas tout le monde, mais en tout cas son rôle n'est pas toujours bien connu. Tu me disais aussi en préparant cette émission qu'il y avait une diversité aussi dans les courants au sein même du planning familial. Est-ce que tu peux nous présenter un peu le rôle du planning, comment il se positionne, quels sont ses objectifs ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est une association, enfin c'est des associations et une confédération nationale. L'organisation du planning familial, elle est à la fois nationale et locale. Cette association, cette structure existe depuis 1956 et c'est surtout une association loi 1901 féministe et d'éducation populaire. C'est-à-dire que l'objectif est de militer. en étant proche des instances, par exemple, politiques et de militer pour l'égalité des droits entre les personnes. L'égalité des droits, quel que soit son genre, quel que soit son sexe, quelle que soit son orientation sexuelle, et puis les droits des femmes, mais je dirais les droits de toute personne discriminée aussi. C'est quelque chose qui est très important dans les valeurs du planning familial. Et puis il y a la question d'accompagner les personnes par rapport aux droits en matière de santé sexuelle. Et pour ça, les associations départementales, dans les départements partout en France, ouvrent des structures. Alors selon les départements, il y a des endroits où il y a des centres de santé sexuelle, il y a des établissements pour de l'accueil et de l'information. Et puis il y a d'autres départements où il y a des militants et militantes féministes qui mènent des actions bénévoles, mais où il n'y a pas forcément de centre de santé sexuelle. Ça, ça va dépendre des subventions et des moyens humains et financiers de chaque département.

  • Speaker #2

    Pour pouvoir recruter des salariés, du coup ?

  • Speaker #0

    Pour pouvoir recruter des salariés, proposer des consultations médicales, proposer de l'accompagnement à la contraception, ça a un coût. puisque l'objectif c'est de proposer ces services de façon gratuite et confidentielle, parfois anonyme même complètement, à un large public. On ne s'inscrit pas dans des services qui soient payants pour les gens ou qui rapportent de l'argent. Il faut que ça puisse être accessible au plus grand nombre et en particulier aux jeunes, puisque les centres de santé sexuelle sont des lieux qui permettent à toute personne, et en particulier les mineurs, d'accéder à la contraception, à des thèses de grossesse, à de l'accompagnement pour avoir une bonne santé sexuelle ou démarrer une sexualité de manière safe, et que ce soit gratuit. et anonyme. Alors, le planning, c'est aussi une histoire de bientôt 70 ans qui a contribué, avec d'autres associations féministes, à la légalisation de la contraception. En 1967, avec la loi Neuwirth, qui a lutté aussi avec d'autres associations féministes pour la légalisation de l'avortement en 1975. Donc, ça a été... On a fêté les 50 ans de la loi Veil au mois de janvier cette année. Et puis pour l'inscription dans la Constitution aussi du droit, alors ça s'est transformé en liberté d'avorter, mais c'est quand même une avancée dont on s'est réjoui l'année dernière.

  • Speaker #2

    Et toi, personnellement, ton parcours ? de formation pour entrer dans ce métier de conseillère conjugale et familiale. Est-ce que tu peux nous en dire un mot ? Parce que c'est un métier qui est assez peu connu, je pense.

  • Speaker #0

    Oui, alors c'est un métier effectivement qui est peu connu, conseillère conjugale et familiale, qui ne porte pas très bien son nom aussi, puisqu'on ne donne pas forcément de conseils, ça vient plutôt de... C'est un métier d'accompagnement et qui demande 430 heures de formation, sur une formation qui s'étale souvent sur deux ans, qui donne une qualification professionnelle qui est reconnue aujourd'hui comme métier du social, et qui a longtemps existé. qui n'était pas formalisée comme un métier, puisque c'était des personnes bénévoles dans des associations, soit féministes, soit à caractère, je dirais, d'autres types d'associations, qui accompagnaient les personnes sur des questions déjà de l'accompagnement des couples, de la vie amoureuse ou de la sexualité. Et ça s'est professionnalisé, je dirais, depuis une trentaine d'années, à peine, moins de 30 ans. Et des organismes de formation, maintenant, proposent... pose cette formation. Donc le planning familial a des formations de conseillers, conseillères conjugales et familiales. Et c'est un métier qui s'exerce au planning en centre de santé sexuelle, mais aussi dans des établissements d'information, qui s'exerce aussi dans des associations à caractère social qui accueillent des femmes, par exemple des femmes victimes de violences. Il y a aussi le métier d'animateur-animatrice de prévention, qui demande une formation de 160 heures, en tout cas au planning familial, les formations que nous proposons pour les animateurs ou animatrices de prévention pour l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, sont des formations qui sont parfois en préalable d'une formation de conseillère conjugal et familiale.

  • Speaker #2

    Donc c'est un métier qui fait partie des métiers qui peuvent être rencontrés par le public quand ils viennent au planning familial ? le conseillère conjugale et familiale. Il y a aussi des sages-femmes, des médecins. Il y a tout un tas de différents professionnels.

  • Speaker #0

    Oui. Alors, dans un centre du planning familial, s'il s'agit d'un centre de santé sexuelle, il y aura des consultations médicales avec sages-femmes, médecins, médecins généralistes formés en gynéco ou médecins gynécologues. Il y a forcément un ou une conseillère conjugale et familiale. Il peut y avoir une secrétaire également, il peut y avoir parfois dans certains centres des psychologues, des infirmiers ou infirmières, et puis des animateurs ou animatrices de prévention également.

  • Speaker #2

    D'accord. Donc ces centres sont un petit peu pilotes dans ce qui se passe avec le planning familial. C'est un petit peu le planning familial qui est support associatif de l'organisation de ces centres. Le planning familial propose aussi parfois des interventions scolaires dans ces missions ?

  • Speaker #0

    Oui, ça fait partie même d'une grande partie des missions. C'est à la fois tenir des permanences éventuellement dans certains centres, donner de l'information et aller auprès du public. Dans les établissements scolaires en particulier, faire des séances d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. Donc ça veut dire des séances qui peuvent être sur des thèmes... très très large comme les moyennes contraception mais aussi les relations entre les personnes, le respect, le consentement, les stéréotypes. En fait les thèmes peuvent être très très larges, sont parfois proposés par les établissements scolaires et puis on intervient aussi, on fait ce type de séance auprès d'autres publics comme les personnes en situation de handicap, comme des publics... dans des établissements qui sont au contact de jeunes, par exemple la protection de l'enfance dans des maisons d'accueil d'enfants à caractère social, ou auprès de tout public qui a des besoins en termes d'accompagnement sur la vie affective et sexuelle.

  • Speaker #2

    Vous allez au devant et puis il y a même un numéro vert, je crois, qui est tenu par l'association du planning familial et qui permet de répondre aux questions vraiment là pour le coup d'un large public. C'est-à-dire que toutes les personnes qui appellent ce numéro, elles peuvent avoir des réponses à leurs questions.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Alors ce numéro existe depuis une dizaine d'années. Le 0800 08 11 11. Donc c'est un numéro de téléphone qui est associé aussi à un site internet, ivg-contraception-sexualité.org. et qui est également en lien avec un chat, qui permet, donc c'est un numéro vert, le planning familial répond à ce numéro du lundi au samedi de 9h à 20h. Et c'est un numéro d'information, d'orientation et d'écoute sur l'avortement, la contraception et les sexualités. Donc ça peut être des tas de sujets qui vont être abordés et c'est surtout un numéro anonyme. et gratuit. pour les personnes qui appellent.

  • Speaker #2

    Ce qui est intéressant avec le tchat, c'est qu'on a dans les jeunes générations aussi, des jeunes qui ont plus de difficultés à passer des coups de fil, surtout à des numéros qu'ils ne connaissent pas, ils ne savent pas trop qui va répondre. Non seulement il y a la maturité, qui n'est pas forcément une aide quand ils sont trop jeunes pour pouvoir faire cette démarche-là, mais en plus, avec un petit peu les réseaux sociaux, la facilité qu'ils ont à écrire plutôt facilement des messages que de parler à vive voix, c'est intéressant d'avoir cette possibilité de discuter par tchat. C'est vraiment un outil intéressant. Oui.

  • Speaker #0

    Alors ça c'est en développement le chat, le numéro au téléphone existe depuis 10 ans et le chat depuis seulement un an, parce qu'en fait c'est toujours le nerf de la guerre, on cherche des financements, puisque c'est un numéro qui a été financé, qui est financé en partie par le ministère de la Santé, mais en toute petite partie. Et après dans les plateformes des régions, c'est l'ARS qui parfois propose un financement ou pas. Et le tchat, pour l'instant, ne couvre pas du lundi au samedi de 9h à 20h, mais c'est en cours.

  • Speaker #2

    Alors, il y a aussi le fil Santé Jeune qui a développé un tchat aussi en ligne. C'est intéressant pour pouvoir justement s'adapter au public et permettre d'aller sur leur terrain et aller de l'avant vers les publics jeunes, en l'occurrence. Alors moi, j'ai découvert aussi qu'il y avait une application que je ne connaissais pas du tout, qui s'appelle l'application Pilups. C'est une application qui permet de savoir comment réagir quand on a oublié de prendre sa pilule, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, entre autres, c'est une application qui a été développée par le planning. Alors, je dirais, aujourd'hui, il y a cette application, puis il y en a beaucoup d'autres, auxquelles beaucoup de jeunes filles se réfèrent. On voit à la fois les avantages et en même temps, Aussi, toutes les problématiques que ça peut poser aujourd'hui, dans le sens où ces applications vont rester, ne sont jamais prédictives de quoi que ce soit. Ça peut permettre de mieux gérer la prise de sa contraception, de mieux gérer un certain nombre de choses, mais ça ne peut pas être suffisant pour pouvoir suivre ces périodes de fécondité possibles, éventuelles ou quoi. Et ça, ça, en tout cas, il y a une grosse mésinformation aujourd'hui parmi la population des femmes ou des jeunes femmes sur l'utilisation de ces applications.

  • Speaker #2

    Donc, c'est un point de vigilance.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un point de vigilance, oui, parmi d'autres.

  • Speaker #2

    Oui, j'imagine. Tout à l'heure, en présentant un peu le planning familial, tu t'es revenu dessus. On parlait de l'importance qu'avaient les courants féministes dans la création du planning familial et dans les luttes, en tout cas, qu'il y a pour... pour défendre toute la diversité des personnes qui sont en risque d'être discriminées ou discriminées. C'est vrai que tout à l'heure tu disais que c'était un peu compliqué de définir vraiment le féminisme avec une seule et même définition. C'est vrai qu'il y a plusieurs façons de se positionner philosophiquement par rapport au féminisme.

  • Speaker #0

    Oui, il y a beaucoup de courants féministes différents. Au sein même du planning, j'irais... Au plan national, il y a des courants différents qui se rencontrent, avec un même objectif, en fait, toujours de lutter pour les droits des femmes et des personnes minorisées de genre, mais avec des approches politiques qui peuvent être effectivement très différentes. Ce qui donne des débats et ce qui fait aussi la richesse de ce mouvement.

  • Speaker #2

    Oui, ça fait vivre l'association aussi, intellectuellement.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #2

    Donc si on arrive un peu à un consensus qui dit que le féminisme, c'est un travail pour atteindre l'égalité entre les femmes et les hommes, de manière très générale et très générique, le droit à l'IVG, le droit pour la femme de disposer de son corps comme elle l'entend, et de maîtriser sa maternité, c'est quelque chose qui a été un des... des combats principaux au départ, en tout cas, du mouvement du planning familial. Aujourd'hui, est-ce que c'est un droit qui est acquis, à ton avis ? J'ai un peu la réponse en posant cette question.

  • Speaker #0

    Il y a Simone de Beauvoir qui disait que je n'ai rien jamais acquis. Non, ce n'est malheureusement pas du tout acquis. C'est-à-dire qu'il y a une vigilance à avoir encore plus avec ce qu'on entend, ce qu'on voit au niveau mondial. Ce qui se passe, même en France, c'est-à-dire avec ... de plus en plus de mouvements anti-choix. Quand on dit anti-choix, c'est-à-dire anti-avortement, des mouvements qui sont de plus en plus décomplexés à s'exprimer sur... Une vision rétrograde et sexiste et patriarcale du monde et des relations entre les personnes. Donc ça reste quelque chose pour lequel on est très vigilants, vigilantes. L'inscription dans la Constitution a été à la fois une victoire et une grande déception, puisque ce que nous aurions souhaité, c'était... que le droit à l'IVG soit inscrit, mais pour que ça puisse être voté, que ça puisse passer, on a transformé ça en liberté. Donc en fait, ça veut dire que ça peut être remis en question par n'importe quel gouvernement qui peut décider, oui, la liberté, une femme a toute liberté d'avorter, c'est inscrit dans la Constitution, mais si on ne lui donne pas les moyens, ou si on ne rembourse plus l'avortement, ou s'il n'y a plus de moyens de pouvoir accéder à cette liberté, oh...

  • Speaker #2

    On parle beaucoup aussi de la liberté d'expression qui est un peu dévoyée par les extrêmes droites. Et qui dit, voilà, liberté d'expression, c'est-à-dire que toutes les paroles ont le même poids et la même valeur. Et on voit aussi des sites internet se développer pour se prétendre être des informations objectives pour les femmes. Et leur donner des informations qui sont biaisées et qui ne permettent pas à ces femmes de faire le choix qu'elles auraient envie, en toute connaissance de cause, envie de faire.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. C'est des mouvements de plus en plus présents sur les réseaux sociaux, à la fois en France et dans le monde, qui viennent contrebalancer toute cette montée de ces mouvements féministes. Et qui s'appuient sur des idées... véhiculés par les anti-choix. Les anti-avortements ou anti-choix peuvent être très puissants puisqu'ils ont des moyens financiers qui permettent, par exemple, de financer aussi une plateforme téléphonique qui est anonyme et gratuite, mais qui va accueillir une personne en la faisant culpabiliser. en ayant un discours abominable sur sa situation de grossesse, et puis qui peut aussi même aller jusqu'à les harceler après. Parce qu'elles récupèrent leur numéro de téléphone et elles les rappellent pour continuer à leur proposer des solutions pour garder cet enfant.

  • Speaker #2

    Ça fait un peu une croisade anti-avortement. En se disant, on prend le contre-pied du planning qui serait soi-disant en train plutôt de faire la promotion de l'avortement, alors que l'objet du planning familial, ce n'est pas du tout de faire la promotion de l'IVG. C'est vraiment de donner les informations aux femmes pour qu'elles aient, elles, toutes les informations en leur possession pour faire le choix qu'elles veulent faire.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, la position, c'est de dire que c'est à la femme de décider de ce qu'elle veut faire pour elle et de son corps, et qu'elle n'a pas à se justifier de cela. Et le planning, les personnes qui travaillent au planning sont là pour accompagner et respecter ce choix des femmes, et puis leur choix. Qu'elles soient. Quelles qu'elles soient, oui. Même parfois, c'est de les accompagner dans un choix de garder la grossesse. Et à ce moment-là, on oriente vers des sages-femmes, des personnes qui vont faire du suivi, de grossesse. Mais quelle que soit leur décision, c'est à elles de décider ce qui est bon pour elles, parce qu'il y a qu'elles qui savent ce qui est bon pour elles.

  • Speaker #2

    On parle justement des personnes qui sont accompagnées par le planning familial. Est-ce que tu pourrais nous dire un petit peu, quels sont le profil de ces personnes, de manière globale, avec quelles demandes elles viennent le plus souvent, et puis quels âges à peu près ? divers ? Est-ce que c'est assez ciblé sur une tranche d'âge ?

  • Speaker #0

    Alors, ça peut être très large. Il y a quand même une tranche d'âge qui est quand même des personnes, je dirais, de moins de 20 ans qui viennent pour un accès gratuit et confidentiel, parfois anonyme à la contraception, à des tests de grossesse, à des dépistages. Même si aujourd'hui, les dépistages peuvent se faire de façon gratuite, à partir de 18 ans jusqu'à 26 ans, directement au laboratoire. Mais on va les accompagner, on va leur donner de l'information qu'ils n'auront pas en allant directement au laboratoire, et puis donner des traitements s'il y a besoin. Donc c'est plutôt des personnes qui ont moins de 20 ans, mais après beaucoup de femmes aussi, par rapport à l'avortement. Des femmes entre 25 et 40 ans, puisque contrairement aux idées qui sont véhiculées, l'avortement en France, ça concerne surtout des femmes entre 25 et 40 ans, en grande majorité. puisque c'est la période où on a une sexualité le plus active et on est en capacité de reproduction importante. Donc les personnes mineures qui avortent sont très minoritaires. Donc on reçoit beaucoup de femmes. Et puis on peut recevoir des... Des personnes qui vivent des relations de couple compliquées, qui peuvent venir pour des entretiens en conseil conjugal. Des femmes victimes de violences qui ont besoin d'un lieu d'expression aussi. Parce que la question des violences faites aux femmes est quelque chose qui nous préoccupe beaucoup. Et dans ces lieux du planning, on est dans un dépissage systématique des violences. Quelle que soit la raison pour laquelle une personne vient nous voir, On va systématiquement lui poser la question de si elle a été ou si elle est victime de violences, toutes formes de violences comprises, que ce soit une jeune fille, un garçon, une personne non-binaire, peu importe quel que soit le genre et le motif pour lequel la personne vient.

  • Speaker #2

    Merci du coup pour tous ces éclairages sur le planning familial. Du coup, Véronique est avec nous aussi, elle est infirmière scolaire, je vous le rappelle. Et je voulais demander à Véronique dans quelle mesure ça lui est arrivé à son infirmerie de pouvoir travailler en collaboration avec le planning, peut-être d'accompagner des jeunes vers le planning. Comment ça se passe concrètement à l'infirmerie ?

  • Speaker #1

    Alors, nos missions sont très, très larges. Je vais vous en parler un petit peu pour après vous parler plutôt du lien que l'on peut avoir avec le planning familial. Donc, dans le cadre de nos missions... je vais faire quelque chose de très simple, de très généraliste je ne vais pas rentrer dans les détails et je vais oublier l'émission je peux être amenée à accueillir des élèves en situation de handicap ou à besoin particulier, des jeunes qui auront besoin d'être discutés,

  • Speaker #0

    d'être écoutés,

  • Speaker #1

    d'avoir un soutien autour de thèmes comme par exemple la scolarité leur vie en famille, leur vécu, que ce soit du bien-être ou du mal-être etc. peut-être qu'ils auront besoin de discuter d'une situation difficile liée au harcèlement. On fait aussi des animations en classe. Et ces animations vont pouvoir concerner l'éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle. Et c'est là où on va pouvoir travailler en partenariat avec le planning familial. Moi, je vais faire appel au planning si je vais avoir, par exemple, un questionnement sur des situations particulières. Je ne sais pas, j'ai un élève qui va venir, une jeune fille, par exemple, qui va venir en disant, voilà, avec mon copain, le président hépatique va craquer, je prends la pilule, mais alors je ne suis pas très sérieuse, j'oublie, je la prends, je ne la prends pas. Et du coup, il va se poser la question alors de l'indication ou pas de lui donner la pilule d'urgence. Et là, du coup... Du coup, je peux avoir des doutes, des questionnements et dans un but de pouvoir renseigner l'élève et puis de ne pas faire n'importe quoi, je vais pouvoir appeler le planning familial où on va discuter de cette question avec les personnes du famille, la conseillère, l'élève et prendre une décision la plus judicieuse et la plus adaptée pour le jeune ou la jeune. Il y a d'autres situations. Récemment, par exemple, j'ai une jeune fille qui est venue avec une suspicion de grossesse. Le test était négatif, mais elle avait la certitude d'être enceinte parce qu'il y avait une multitude de signes qui lui faisaient penser à ça. C'était très anxiogène pour elle. Et du coup, on a eu toute une discussion autour d'une prise de sang, d'une échographie éventuelle. Et dans ces moments-là, on a bien besoin du planning pour accompagner et aider la jeune fille. J'ai eu des situations aussi où des jeunes filles étaient enceintes et je les ai accompagnées au planning pour cette prise en charge de grossesse ou alors faire le choix justement d'une interruption de grossesse. Et le planning dans ces moments-là est vraiment très très précieux, que ce soit pour nous professionnels. ou pour la jeune fille qui vient à l'infirmerie.

  • Speaker #0

    Il nous parlait d'un point important, c'était la contraception d'urgence. Alors on appelait ça la pilule du lendemain, on l'appelle encore comme ça des fois. Mais c'est vraiment la contraception d'urgence, c'est-à-dire que c'est une contraception qu'on prend après un rapport sexuel non protégé. Alors pour plein de raisons, tu as donné des exemples assez précis. Il faut savoir pour nos auditeurs que l'infirmière de l'éducation nationale à l'infirmerie, dans un établissement scolaire du second degré, c'est-à-dire dans les collèges ou dans les lycées, elle est habilitée à pouvoir administrer cette... Contraception d'urgence, alors dans un cadre très précis, c'est l'article D5134 du Code de santé publique qui précise tout ça. Et l'objectif de cet article, c'est vraiment de permettre à l'infirmière d'évaluer le degré de compréhension de la jeune, d'évaluer sa demande, le degré d'urgence aussi, puisque dans la mesure où l'objectif, c'est de la mettre en lien avec le soin le plus possible et de l'orienter vers des structures qui sont adaptées. Donc le but, ce n'est pas de donner à tout. comme ça, de distribuer gratuitement et de manière disproportionnée des contraceptions d'urgence, il y a une véritable évaluation qui est faite par l'infirmière, avec son expertise, et qui ensuite, en fonction de la situation précise de la jeune fille, parce que toutes les situations sont différentes, on va pouvoir soit faire le lien avec, déjà, ses parents, l'objectif c'est essayer, même si la jeune nous dit qu'elle veut absolument que ses parents ne soient pas au courant, ça on va le respecter, c'est la loi, c'est son propre droit au secret. Mais on va essayer de travailler avec elle pour que les personnes qui sont en charge de sa sécurité, les premières personnes en charge de la sécurité d'un enfant, c'est les parents, vont pouvoir peut-être prendre le lien, si elle est d'accord. Si c'est compliqué, il y a toute une démarche pour ensuite orienter la jeune éventuellement vers une structure extérieure. Et vraiment, mon dernier recours, si on imagine par exemple, comme tu le disais, c'est une élève qui est en quatrième, qui a... pas forcément sortir à n'importe quelle heure de chez elle, qui le mercredi après-midi est attendue à la maison, elle ne va pas pouvoir aller au planning familial pour un rendez-vous facilement. Donc on peut dans ce cadre-là, éventuellement, administrer la contraception d'urgence, mais bien sûr avec un suivi médical qu'il faut mettre ensuite en œuvre dans le respect du secret professionnel. C'est une petite parenthèse qui était importante, je pense, mais ce que tu disais, Véronique, c'était super intéressant par rapport aussi à la question de la santé. aux jeunes qui viennent te poser des questions, parce que tu as donné plusieurs exemples. Et c'est vrai qu'on peut se demander, est-ce que c'est facile pour les jeunes de venir frapper à la porte de l'infirmerie ? Comment ça se fait qu'ils arrivent à passer le cap pour parler quand même quelque chose qui relève de l'intime ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est très compliqué pour eux, en fait. Ce n'est vraiment pas facile. Dans la société, il y a toujours ce tabou par rapport à ce thème de la sexualité. On croit que ça a évolué. Alors oui, ça a évolué, mais... pas de façon, je dirais, ultra importante. Et parler de sexualité, que ce soit avec ses parents, avec sa famille, même avec ses pères, avec ses camarades de classe, ça reste très compliqué. Du coup, ce sujet qui parle quand même de l'intimité est compliqué. Il y a toujours cette peur du jugement, de leur âge ou de leur jeune âge, la peur de véhiculer une image, justement, négatives et pour eux, cette image est très importante et pour le coup, c'est compliqué de chercher de l'information de façon générale. Alors, l'avantage qu'on a en infirmière scolaire, moi je travaille en collège donc en fait, je les suis depuis le CP, ils me connaissent parce qu'ils m'ont vu leur bilan infirmier ou d'animation en classe en primaire. Quand ils arrivent au collège, ils retrouvent la même personne, donc il y a déjà cette connaissance. Pour eux, ce lien qu'on a créé au fur et à mesure favorise le passage de la porte de l'infirmerie et du dialogue qu'on pourra avoir avec eux. Il y a aussi des animations qu'on fait en quatrième sur ce thème de l'Ebrasse, qui fait qu'ils ont vu que tout sujet pouvait être discuté à l'infirmerie et que venir à l'infirmerie, ils ne seront pas jugés. Ils auront une oreille attentive. qui sera à même de discuter avec eux, de les orienter, de les conseiller pour qu'ils prennent la décision concernant leur santé sexuelle et qu'ils soient, je dirais, animateurs de leur vie et que ce ne soit pas une injonction de quelqu'un, que ce soit des parents ou celui de l'infirmière, qui dit il faut que tu fasses ceci, il faut que tu fasses cela. Mais c'est vraiment une réflexion.

  • Speaker #2

    Voilà,

  • Speaker #1

    je peux vous donner un exemple. Par exemple, j'ai un jeune que je connais depuis plusieurs années. Je l'ai vu l'année passée en classe. Et là, récemment, il est venu une première fois me demander des préservatifs parce qu'il a une petite copine. C'est sérieux, ils ont des relations sexuelles. Je l'ai revu récemment en me disant, bon, ben voilà, on a les préservatifs, c'est très bien. Mais pour le coup, ma copine voudrait prendre la pilule. Comment je peux faire ? Et puis là, il est revenu me voir récemment en me disant « On voudrait faire un dépissage d'infections sexuellement transmissibles. Où est-ce que je peux aller ? » Et là, du coup, on a parlé du planning familial. Je lui ai expliqué où c'était, qui il allait rencontrer, comment ça allait se passer, pour qu'il puisse y aller en toute confiance. On essaye de mettre en place aussi le plus possible des visites. au planning familial, c'est-à-dire qu'on accompagne un groupe de jeunes, on va leur aider à passer la porte du planning parce que pour eux, c'est très compliqué. Quand ils ne connaissent pas les gens, arriver à faire confiance et se dire je vais aller travailler. Vers l'inconnu, c'est compliqué. Comment je vais être jugée ? Comment je vais être reçue ? Qui va y avoir derrière la porte ? C'est très anxiogène. Si on les accompagne, cette porte est déjà poussée. Ils voient les lieux, la facilité d'accès aussi en tant que jeunes. Parce que moi, j'ai des collégiens, donc ils ne peuvent pas circuler parfois comme ils veulent. Et puis, le fait de rentrer, ils rencontrent déjà une première personne. Ce n'est plus une personne inconnue. Quand ils reviendront, ils auront déjà rencontré cette personne-là. Ça aussi, c'est important. Et du coup, après, ils savent quelles informations ils peuvent avoir. Ils connaissent les lieux, ils connaissent les personnes. Et c'est beaucoup plus facile pour faire une démarche quand ils auront besoin.

  • Speaker #0

    Oui, donc à la fois... ils te connaissent toi parce que tu interviens en classe, tu les vois régulièrement, tu fais les dépistages infirmiers au moment notamment de l'entrée en sixième, le dépistage infirmier obligatoire de la douzième année, donc ils connaissent qui tu es et ça leur permet peut-être plus facilement de venir toquer à ta porte en sachant qui tu es et comment tu t'es présenté et quelles sont tes valeurs. C'est intéressant aussi ce que tu dis par rapport à l'éducation, à la vie affective, relationnelle et sexuelle, les VARs. On va en reparler juste dans un instant, mais ce sont des séances qui permettent aussi aux jeunes de voir que ces adultes-là sont en capacité de pouvoir parler de ça avec eux. Donc, ils vont pouvoir plus facilement aller rencontrer un professeur qui est formé et avec qui ils ont eu une intervention pour pouvoir discuter avec lui. Quand ils viennent à l'infirmerie, donc tu les orientes parfois vers le planning familial, vous, Sophie, au planning familial, quand vous recevez des mineurs, souvent, j'imagine, ils ne veulent pas trop en parler à leurs parents. Comment vous accompagnez ces jeunes sans qu'ils aient à informer leur famille, leur représentant légo, plutôt ?

  • Speaker #2

    Alors, je dirais... C'est un droit, effectivement, qu'ont les jeunes de pouvoir venir dans ces lieux et ils ne font rien d'illégal. Comme nous, nous ne faisons rien d'illégal à recevoir ces jeunes sans avoir besoin d'autorisation parentale pour ça. On les reçoit de la même façon que les autres. Parfois, on a même des parents qui nous appellent pour prendre rendez-vous pour leurs jeunes. Beaucoup ont besoin d'avoir un espace où ils prennent en charge pour eux-mêmes la contraception, l'accompagnement à leur vie affective et sexuelle. Ce besoin d'anonymat est pour plusieurs raisons. Certains en ont besoin parce qu'ils considèrent que leur vie amoureuse et sexuelle ne regarde pas leurs parents, même s'ils ont des bonnes relations avec leurs parents, ils n'ont pas envie de leur en parler. Mais parfois, finalement, au bout d'un certain temps, ils finissent par leur en parler. Et puis d'autres, c'est un besoin beaucoup plus, je dirais, nécessaire, dans le sens où ils vivent par exemple dans des familles où la question de la sexualité est absolument taboue, voire même interdite avant le mariage. Et ça, c'est même de plus en plus. On a de plus en plus de jeunes, et donc ils ont... Et ce n'est pas parce qu'elle est taboue et interdite par la famille ou par des croyances familiales qu'ils ne le font pas. Donc, en fait, ils viennent au planning et c'est le seul lieu avec l'infirmerie scolaire où ils peuvent parler d'intimité ou évoquer des questions qu'ils peuvent avoir de manière totalement confidentielle et anonyme. C'est une question pour eux, je dirais, de sécurité.

  • Speaker #0

    C'est très vrai ce que tu dis par rapport aux lieux et au personnel auquel les jeunes peuvent accéder. Les infirmeries de leur propre chef, sans que forcément leurs parents aient pris rendez-vous chez le médecin, par exemple, ce n'est pas la même chose. Il y a aussi les bureaux des assistantes sociales dans les établissements scolaires. C'est vrai qu'on les voit assez peu. Elles sont un peu moins nombreuses forcément aussi, malheureusement. Mais c'est vrai que c'est aussi une porte d'entrée dans laquelle... Ils se sentent en sécurité parce qu'il y a aussi le secret professionnel.

  • Speaker #2

    Il y a des situations où les jeunes ont absolument besoin que ça reste totalement anonyme et confidentiel, qu'ils ont une sexualité active. Parfois, on va jusqu'à accompagner des jeunes à l'avortement dans le secret par rapport aux parents. Et il est arrivé. On a eu parfois des situations comme ça. J'ai eu un petit personnel rencontré au planning de situation. en collaboration avec l'infirmière scolaire, où on a couvert les absences d'une jeune fille qui était mineure et qui a voulu avorter, qui est allée à l'hôpital pour cela, mais on l'a accompagnée pour pouvoir aller avorter sans que ses parents ne soient informés ni de sa grossesse, ni de son avortement.

  • Speaker #0

    Oui, il faut savoir que ça, c'est la loi. C'est-à-dire que la loi impose à toute personne de garantir ce secret-là et de protéger la personne en le garantissant. Et ça s'impose aussi au chef d'établissement. C'est vrai qu'il y a une lettre juridique qui est assez connue dans le milieu de l'éducation nationale, qui date de 2008 et qui fait l'analyse justement de tous ces textes. Je vous invite à regarder dans la description de cet épisode. Je vous mettrai un lien de cette lettre juridique et c'est intéressant de voir comment en fait... malgré le système scolaire dans lequel on est, qu'il y a ces règles qui sont normales et importantes, où on doit savoir où sont les élèves et bien sûr informer les familles et les représentants légaux de l'absence d'un enfant, dans le cadre bien spécifique de l'interruption volontaire de grossesse, il y a un droit supplémentaire, un droit qui est supérieur de la femme, de l'adolescente en l'occurrence, mais qui est une femme, de pouvoir disposer de son corps comme elle l'entend et sans pouvoir avoir des pressions quelconques sur... la prise de ces décisions ?

  • Speaker #1

    Oui, je dirais que cet anonymat et cette confidentialité, c'est vraiment très, très, très important pour eux. Ça les met dans une position sécure. Et cette sécurité est vraiment très, très importante parce qu'ils ont peur. Des fois, à tort, parce que même s'ils en parlaient dans la famille, ça pourrait très bien se passer. Mais parfois, ce ne serait vraiment pas le cas. Et donc, il y a cette peur qui est présente. qui est envahissante et qui est même parfois bloquante. C'est-à-dire qu'en fait, il pourrait ne pas faire les démarches par peur et se retrouver dans une situation très délicate où, par exemple, une jeune fille ne pourrait plus avoir droit à l'avortement puisqu'elle aurait dépassé les délais. Donc, cette question de confidentialité, d'anonymat est importante. C'est la première chose qui nous demande quand il passe la porte de l'infirmerie. « Je ne veux pas que mes parents soient au courant. Qu'est-ce que vous allez faire ? » Et dans toutes les démarches que nous, on va faire, on va respecter ça. Ce n'est pas forcément évident. Les parents ont toujours l'impression que, quand après on en discute avec eux, dans certaines situations, qu'on a pu leur mentir, leur cacher, les trahir, mais pas du tout. C'est vraiment très important pour les jeunes de respecter ça et de les accompagner parce qu'ils sont jeunes et qu'ils ont Je dirais en termes de maturité aussi, ils ont besoin de cet accompagnement pour se sentir plus fort, pour se sentir en confiance et se sentir en sécurité.

  • Speaker #0

    C'est très juste ce que tu dis. En plus, c'est étayé par des études. C'est vrai que du coup, il y a des études qui ont prouvé que le fait que les adolescents en particulier sachent qu'ils ont le droit d'une consultation. Alors là, l'étude, ça portait plutôt sur une consultation médicale en toute autonomie et sans... En respectant leurs propres secrets à eux, que les parents ne soient pas informés par le thérapeute, par le médecin en l'occurrence, de leurs problèmes de santé, ça a augmenté le recours aux soins primaires des adolescents, de leurs propres chefs. Donc c'est très intéressant. Après, ça ne veut pas dire qu'on exclut les parents. Et ça aussi, c'est le discours qu'il faut avoir, comme tu dis. Même on parle des parents aux enfants et on travaille avec eux sur comment entrer en relation avec ses parents, ce qui n'est pas facile toujours à l'adolescence.

  • Speaker #1

    Des fois, on est dans une situation d'urgence où justement, on ne va pas avoir le temps. de travailler ce questionnement vis-à-vis des parents, d'en parler ou pas, la relation qu'il y a avec les parents ou pas, etc. On est parfois dans une situation d'urgence, mais ça ne veut pas dire qu'une fois que cette situation est passée, on ne retravaille pas avec le jeune justement de ce questionnement de la sexualité, d'en parler ou pas aux parents, et ça leur permet d'avancer, de réfléchir, de cheminer. par rapport à ce qu'ils veulent faire.

  • Speaker #0

    Je vous mets le lien justement dans la description d'un article super intéressant sur ces études qui parle du secret médical chez les adolescents et sur le recours justement aux soins directement par eux-mêmes quand on leur explique qu'on peut respecter le secret de leur état de santé. Alors tout à l'heure, Véronique, tu parlais de l'éducation à la sexualité, on appelait ça comme ça. Tu disais que vous le faisiez en quatrième dans votre établissement scolaire. Donc, juste pour recentrer un petit peu où est-ce qu'on en est aujourd'hui, il y a une loi qui date de 2001 et qui précise que ce sont trois séances d'éducation à la vie affective et sexuelle qui doivent être menées dans les établissements scolaires. C'est l'article L312-10 du Code de l'éducation. Et cette loi, elle n'a pas toujours été appliquée. surtout faute de moyens, je crois que le constat est partagé même par les autorités publiques. Et il y a depuis très peu de temps, puisque ça date de février 2025, un nouveau programme qui a été déployé, qui a été voté par le Conseil supérieur de l'éducation et qui fait que maintenant, les choses vont se déployer, on l'espère, de manière plus diffusée et plus large. Il s'avère que ce programme s'adapte aussi en fonction de l'âge de l'enfant, c'était déjà le cas dans la loi. Et là, en ce qui concerne les élèves du primaire, Ça va se recentrer sur la vie affective et relationnelle. Alors, comment nommer les parties de son propre corps ? C'est quelque chose qui n'est pas toujours évident pour toutes les familles non plus. Donc, c'est bien que les enfants puissent bénéficier de cette information-là et cette éducation-là de manière exhaustive, j'ai envie de dire. Et ensuite, le respect de soi, le respect de l'autre, le respect du consentement. Qu'est-ce que c'est cette notion de consentement d'ailleurs ? Ce n'est pas forcément évident pour un enfant, ce n'est pas inné. Et du coup, ce pouvoir d'écouter. Décliner toutes ces séances jusqu'à arriver au collège et au lycée avec le rajout, en plus de ces notions-là, de la notion de sexualité, puisqu'ils arrivent à un âge avec la puberté où ils peuvent être plus concernés par ce sujet-là. Donc, l'objectif de ces séances, c'est ce qui est dit dans le site internet du ministère. Je vous mets là aussi le lien dans la description. C'est encourager des choix responsables, c'est-à-dire que favoriser la prise de décision en toute connaissance de cause avec des informations qui sont objectives, scientifiques et qui sont menées par des personnes formées. Et c'est là où il va y avoir normalement un déploiement d'une formation pour les personnels de l'éducation nationale, pas forcément les infirmières. Tous les personnels de l'éducation nationale sont concernés pour pouvoir... animer ces séances-là. Par rapport à ces évolutions, ça date de 2001, ça commence à faire, maintenant ça fait 24 ans que cette loi existe, vous faites déjà des choses, ça ne veut pas dire qu'il n'y avait rien du tout qui était fait avant ces programmes qui datent de février 2025. Quel regard vous portez sur ces évolutions ? Peut-être Sophie, toi qui as un regard un peu extérieur à l'éducation nationale, comment tu perçois ces évolutions par rapport à ces nouveaux programmes, ces choses qui sont en train de bouger un petit peu, on a l'impression, ces derniers mois ?

  • Speaker #2

    Le mouvement du planning familial s'est réjoui que ces programmes sortent enfin. Que cette question soit peut-être enfin... Ça fait des années qu'on milite pour que la loi de 2001 soit appliquée. Donc on s'est réjoui que ces programmes sortent enfin. Là où on est plus inquiets ou inquiètes, c'est par rapport à quels moyens vont être mis en place pour pouvoir... Effectivement, que ces séances aient vraiment lieu, quelles formations vont avoir les enseignants, les enseignantes ou les personnels des établissements scolaires. Aujourd'hui, il y a déjà des formations qui sont proposées, mais qui sont quand même très succinctes. Je crois que c'est deux ou trois jours de formation. Pour animer des séances d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, c'est très peu. Beaucoup d'enseignants et enseignantes avec qui on a partagé par rapport à la sortie de ces programmes nous font part de... Alors déjà, forcément, ils ne se sentent pas formés ou ils n'ont pas forcément envie d'aller sur ces questions-là non plus. Ils ne sont pas forcément à l'aise. Parce qu'une formation, c'est une chose, mais il y a aussi tout. Comment ça nous interroge en tant qu'intervenants ou intervenantes quand on vient parler de ces sujets qui restent très tabous, comme Véronique l'a dit tout à l'heure. On est dans une société où l'intimité, le rapport à l'intime, à la sexualité, reste encore très tabou, pas que chez les jeunes, en fait, chez les adultes aussi. Donc, c'est comment je peux me sentir à l'aise pour pouvoir échanger avec des élèves sur ces questions. Nous, au planning, nos intervenantes ou intervenants, comme je le disais tout à l'heure, ont au minimum 160 heures de formation et font des stages et se forment. C'est de la formation continue, en fait. Parce que ce n'est pas la même chose de s'adresser à des élèves de 8 ans de CE2. On ne va pas du tout aborder les mêmes sujets. Et on ne va pas avoir la même posture que quand on échange avec des élèves de première, qu'on dit 7 ans et qui vont nous poser d'autres types de questions.

  • Speaker #0

    Et puis moi, je l'observe aussi, peut-être même, les élèves de 2015 ne sont pas les élèves de 2025. C'est-à-dire que la société évolue vite aussi et les problématiques, les aborder, ce n'est pas de la même manière. Oui,

  • Speaker #2

    il est... Le rapport à la sexualité des gens change aussi, bien sûr, c'est vrai. Les élèves, les jeunes aujourd'hui ont un rapport à la sexualité, avec des pratiques sexuelles aussi qui changent. Et ça aussi, on a besoin pour ça de rester informé, de s'adapter à d'autres pratiques, à d'autres visions d'une sexualité. qui échangent au fur et à mesure des années. Et puis, je dirais,

  • Speaker #1

    l'accès aux médias est plus facile. Et aujourd'hui, ils peuvent rechercher des informations sur Google, voir des vidéos qui vont répondre peut-être à leurs questionnements, mais pour le coup, ils n'auront pas peut-être le recul du contenu. Et ils peuvent être amenés à voir des choses qui peuvent les choquer ou penser que ce qu'ils voient dans ces vidéos-là, c'est la réalité. de ce que vivent les gens dans leur sexualité. Et ces interventions que l'on peut faire sont importantes puisque, en fait, ça va être le lieu où ils pourront nous questionner sur ce qu'ils ont vu. Et pour le coup, ça va amener une discussion avec les élèves. Et donc, par conséquent, c'est très, très important puisque ça leur permet d'échanger sur un thème qui est quand même très compliqué à aborder.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai qu'on observe aussi des jeunes qui viennent avec des questionnements, qui ne viennent pas de leurs inquiétudes propres, mais des choses qu'ils ont pu voir, et surtout des fake news, c'est-à-dire des fausses informations qui circulent. Alors bon, ils sont surtout très avides de TikTok, etc., ou des vidéos qui sont là pour faire du buzz et pour être vues, et qui donnent des fois des informations qui sont erronées ou pas tout à fait vraies, avec une part de vraie, mais une amplification, une exagération. qui peut angoisser des jeunes qui sont en construction. Et c'est vrai qu'on observe souvent des questionnements qui viennent de là. Et c'est là où aussi, nous, on doit s'adapter en fonction des publics qu'on a.

  • Speaker #2

    Oui, j'ai envie de rebondir par rapport à ça. On a eu pendant plusieurs années, et c'est encore un peu le cas, mais il y a eu beaucoup de choses, par exemple, sur le déni de grossesse, avec une mauvaise compréhension. Puis beaucoup de... de choses qui se véhiculaient sur les réseaux. Mais parce que, comme tu le disais Véronique, maintenant, on a accès à de multiples sources d'informations. Alors, il peut y avoir des très bonnes choses aussi, quand même, sur les réseaux sociaux. C'est-à-dire que le but, ce n'est pas de faire le procès, parce qu'il y a aussi de l'information et de l'éducation qui est véhiculée et qui est vraiment avec des très chouettes contenues. De qualité. De qualité, exactement. Mais il peut y avoir aussi, voilà, comme ça, des fake news qui circulent, comme... le déni de grossesse avec une inquiétude de beaucoup de jeunes filles qui viennent nous voir parce qu'elles ont peur d'être enceintes et puis elles ont peur de faire un déni de grossesse. Alors elles font des thèses de grossesse toutes les cinq minutes. Enfin, je caricature un peu, mais bon, un déni de grossesse, on ne va pas penser à faire un thèse de grossesse par définition, puisqu'on n'y pense même pas. Voilà, donc comment ces fake news peuvent aussi entraîner, comme tu viens de le dire, des angoisses qui n'ont pas lieu.

  • Speaker #0

    Alors Véronique, toi qui travailles en collège, comment ça se passe concrètement quand il y a une intervention en classe et qu'il y a une association comme le planning familial qui intervient à l'intérieur de l'établissement scolaire ?

  • Speaker #1

    Pour toute intervention, de toute manière, que ce soit en lien avec la sexualité ou pas, une association doit avoir un agrément. S'il n'y a pas d'agrément, en fait, il faut de toute manière l'aval du chef d'établissement pour définir si les personnes qui interviennent... correspondent à un cahier des charges bien précis, et ce cahier des charges est national. Le planning familial a un agrément national, et en Suisse, nous travaillons avec les collègues des départements ou des communes qui sont à proximité de notre établissement. En général, quand on est en place dans un établissement, on a l'habitude de rencontrer les mêmes collègues. également une relation de confiance qui s'est créée. Nous, dans le cadre de notre infirmerie, de notre rôle, on va être aussi la personne référente qui pourra dire au chef d'établissement, moi je travaille avec cette personne depuis quelques années, et j'ai confiance en elle et son discours est adapté. De toute manière, les interventions ne peuvent se faire, s'il y a une association telle le planning qui interviendra, qu'avec un membre ... de la communauté éducative. Que ce soit un professeur formé, une infirmière, une assistante sociale, etc.

  • Speaker #0

    Il y a un regard de l'éducation nationale, de l'institution, sur ce qui est dit par une intervention extérieure.

  • Speaker #1

    Exactement. Ce qui fait qu'à tout moment, on peut intervenir, à tout moment, on peut compléter. C'est aussi, je pense, ça très important, c'est aussi quelque chose de rassurant pour les parents.

  • Speaker #0

    Donc on parlait du contexte tout à l'heure par rapport à la société dans laquelle on vit, par rapport aussi aux difficultés budgétaires que traverse la société en général, le pays en particulier, les finances publiques aussi. Du coup, parfois c'est difficile, tu disais Sophie, dans certains territoires, pour avoir des financements pour que les missions du planning familial puissent se poursuivre, au-delà de l'argent et aussi par rapport aux attaques des groupuscules un petit peu réactionnaires qui existent aujourd'hui. C'est quoi les défis aujourd'hui du planning familial ? C'est quoi les choses qui sont vraiment au cœur de l'action et qui vont faire en sorte que vos actions puissent perdurer, justement ?

  • Speaker #2

    Alors, il y a des défis, je veux dire, il y en a encore plein. C'est de continuer à lutter contre cette montée du conservatisme et de ces mouvements anti-choix qui restent toujours présents. C'est donc... d'essayer de maintenir des moyens financiers, c'est-à-dire en restant en lien avec nos partenaires. Puisque oui, il y a des tendances un peu, effectivement, de baisse de subventions dans certaines régions aujourd'hui, de financement de notre mouvement. Et puis, c'est de... d'essayer d'être soutenu le plus possible par les publics qu'on accompagne, par les personnes qui se sentent concernées par ces questions, par ces valeurs. Pour ça, il y a la possibilité d'adhérer à notre mouvement, d'adhérer à des associations départementales selon le département dans lequel vous êtes. Vous pouvez trouver peut-être une association du planning familial proche de chez vous et la soutenir. en adhérant ou en faisant un don.

  • Speaker #0

    On retrouve les coordonnées sur le site du planning familial, sur Google, et je vais mettre un lien dans la description aussi, comme ça vous aurez directement accès au site internet.

  • Speaker #1

    Oui, c'est très important parce que nous, dans les infirmeries, on a vraiment besoin d'associations comme le planning familial pour qu'on puisse orienter les jeunes. C'est vraiment très important pour eux, pour leur santé en général et leur santé sexuelle.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Sophie, merci beaucoup Véronique pour tous ces échanges.

  • Speaker #2

    Merci à toi de cette proposition, de cette invitation de mise en lumière de notre mouvement du planning familial.

  • Speaker #1

    Merci, ce fut un grand plaisir de discuter tous les trois.

  • Speaker #0

    Nous voilà arrivés à la fin de cet épisode spécial, je vous rappelle, dans le cadre du Podcaston 2025. Je remercie énormément Sophie et Véronique du coup pour leur temps. et pour le partage de leurs expériences. J'espère que ces échanges vous auront aussi passionnés autant que nous, et que ça vous aura donné un petit aperçu de ce qui se joue autour de la santé sexuelle, et de celle des jeunes en particulier. J'ai pris beaucoup de plaisir à échanger avec vous deux, c'était passionnant de discuter ensemble des missions du planning familial, en lien bien sûr avec les infirmeries des établissements scolaires, et puis de faire le tour des défis auxquels nous faisons face aujourd'hui. On aurait pu en parler des heures, de toute façon on s'était dit qu'on n'avait pas trop de limites de temps, mais quand même, on va arriver à la fin de cette émission. D'ailleurs, je vous invite, vous qui nous écoutez, à commenter cet épisode sur la plateforme où vous l'avez découvert pour témoigner de votre expérience personnelle et du soutien que vous avez envie d'apporter à l'association du planning familial. Et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à en parler autour de vous, à le partager et pourquoi pas à aller sur le site du planning familial www.planning-familial.org. Vous pouvez aussi retrouver leurs coordonnées locales pour en savoir plus sur les actions qui se déroulent près de chez vous. De mon côté, je vous donne rendez-vous très vite pour un nouvel épisode. Continuez à suivre l'actualité professionnelle sur notre blog www.alinfirmerie.com et sur tous nos réseaux sociaux. D'ici là, prenez soin de vous et à bientôt à l'infirmerie.

  • Speaker #1

    Vous avez aimé entrer à l'infirmerie ? Alors likez, partagez et commentez. Retrouvez tous les épisodes sur vos plateformes de streaming préférées et sur nos réseaux sociaux à l'infirmerie.

Chapters

  • Extraits des échanges

    00:00

  • Introduction

    00:59

  • Présentation des invitées

    03:24

  • L'association du Planning Familial

    05:36

  • Le métier de Conseillère conjugale et familiale

    09:33

  • Les professionnel·les du Planning Familial

    11:44

  • Les actions du Planning Familial

    12:30

  • Le rôle de l'infirmière scolaire

    25:50

  • Les adolescents osent frapper à la porte de l'infirmerie

    31:11

  • La liaison entre infirmerie et Planning Familial

    36:12

  • Le droit au secret des mineur·es

    38:16

  • La place importante des parents

    42:29

  • Les nouveaux programmes d'EVARS

    43:34

  • Les règles d'intervention en classe pour les associations

    51:48

  • Conclusion et appel à l'action

    56:15

Description

Voici un épisode spécial de Devenir Infirmière Scolaire, où nous participons au POSCASTHON 2025 ! Cet événement caritatif met à l’honneur des associations engagées. Dans une certaine cohérence avec les actions quotidiennes des infirmières scolaires auprès des jeunes, nous avons décidé de vous proposer un focus sur une structure incontournable lorsqu’on aborde la santé sexuelle : le Planning Familial.


👥 Avec nous pour en parler :

💬 Véronique, infirmière scolaire en collège, qui oriente accueille au quotidien des jeunes qui se questionnent sur ces sujets, et qui travaille régulièrement avec cette association.

💬 Sophie, conseillère conjugale et familiale au Planning familial, qui accompagne et informe les jeunes sur leur santé sexuelle et affective, de manière individuelle, et aussi lors de séances collectives.


💡Au programme :

✔️ Le rôle clé du Planning familial auprès des adolescents 🏥

✔️ Leur partenariat avec les infirmières scolaires 🤝

✔️ Les nouveaux programmes d’éducation à la vie affective et sexuelle 📚

✔️ Les défis actuels : baisse des financements, résistances conservatrices 🚨

✔️ Comment soutenir et défendre cette association ✊


👉 Un épisode utile pour mieux comprendre l’accès à la santé sexuelle des jeunes, les enjeux éducatifs et la prévention en milieu scolaire.


📢 Soutenez le Planning Familial en partageant cet épisode et en parlant de leurs actions autour de vous ! Vous pouvez faire un don pour soutenir l’association, ou adhérer en cliquant ici : https://bit.ly/4kOVPEP

Vos dons au Planning familial permettent une mobilisation au niveau national et international pour défendre les droits à la santé sexuelle et reproductive de toutes et tous, alerter la société civile et faire pression sur les décideur.euses pour faire évoluer et appliquer les lois.


Références citées :


Envie d'aller plus loin ? 🌐 Retrouvez toutes les ressources mentionnées dans cet épisode sur notre site : alinfirmerie.com.

📱 Rejoignez la communauté sur les réseaux sociaux pour encore plus de conseils et d’astuces :

✨ Ensemble, construisons votre avenir professionnel dans la santé scolaire !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Il y a des situations où les jeunes ont absolument besoin que ça reste totalement anonyme et confidentiel. J'ai eu un petit personnel rencontré au planning de situation, en collaboration avec l'infirmière scolaire, où on a couvert les absences d'une jeune fille qui était mineure et qui a voulu avorter, qui est allée à l'hôpital pour ça, mais on l'a accompagnée pour pouvoir aller avorter, sans que ses parents ne soient informés ni de sa grossesse, ni de son abortum.

  • Speaker #1

    Des fois, on est dans une situation d'urgence où justement, on ne va pas avoir le temps de travailler ce questionnement, d'en parler ou pas, la relation qu'il y a avec les parents ou pas, etc. On est parfois dans une situation d'urgence, mais ça ne veut pas dire qu'une fois que cette situation est passée, on ne retravaille pas avec le jeune justement de ce questionnement de la sexualité, d'en parler ou pas aux parents. Et ça leur permet d'avancer, de réfléchir, de cheminer par rapport à ce qu'ils veulent faire.

  • Speaker #2

    Bonjour et bienvenue à l'infirmerie. Vous êtes sur le podcast qui éclaire sur les missions des infirmières scolaires et accompagne celles et ceux qui souhaitent rejoindre cet exercice infirmier. Je suis Alexandre, infirmier scolaire depuis un peu plus de dix ans et créateur du blog alinfirmerie.com. Aujourd'hui, je suis vraiment heureux de vous proposer cet épisode spécial car nous participons à un événement unique et solidaire, le Podcaston 2025. C'est la troisième édition du Podcaston cette année. C'est une initiative caritative qui réunit... Plus de 1500 podcasts à travers le monde, nous avons décidé de participer à cet événement pour mettre en avant une association qui nous tient à cœur et parce qu'il n'y a pas mieux que le podcast pour donner de la voix aux engagements. Nous sommes en mars 2025 quand nous enregistrons cette émission spéciale et j'ai choisi de vous parler du Planning Familial, une association qui défend les droits sexuels et reproductifs, qui informe et accompagne les jeunes et qui s'est illustrée, et s'illustre encore, pour les droits des femmes et les luttes contre les discriminations et les inégalités. En tant qu'infirmière scolaire, nous travaillons souvent avec le planning familial, avec les associations locales, que ce soit pour orienter des élèves qui ont besoin de conseils en toute confidentialité, ou parfois pour organiser des séances d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, les VARs, dont on entend beaucoup parler ces derniers temps, et on y reviendra en détail dans quelques instants. D'ailleurs, je ne vais pas être le seul à discuter aujourd'hui dans cet épisode, ce format est un peu différent de celui que vous avez l'habitude d'entendre sur ce podcast. Nous allons échanger en toute simplicité avec deux invités qui me font le plaisir d'être au micro avec moi et dans vos oreilles à vous. Mes deux invités sont deux femmes qui représentent chacune deux métiers qui prennent en charge, dans leur champ respectif, la santé sexuelle des jeunes. Une infirmière de l'éducation nationale qui exerce en collège et une conseillère conjugale et familiale du planning familial. Au programme de cet épisode, nous allons explorer les missions du planning familial, le rôle de cette association en lien avec le milieu scolaire. et les défis auxquels il fait face, en particulier la montée des résistances conservatrices et la baisse des financements. Un sujet qui concerne très directement les êtres humains de manière générale, mais avec des spécificités dans l'approche lorsqu'il s'agit d'adolescents, qui sont aussi des élèves, mais pas que. Et bien sûr, nous allons garder en tête que notre porte d'entrée, c'est celle de l'infirmerie. Alors sans tarder, je vous présente mes deux invités expertes. Véronique, tu es infirmière depuis quelques années et à l'éducation nationale depuis un peu moins longtemps normalement. Et aujourd'hui, tu travailles en poste interdegré. Est-ce que tu peux nous expliquer rapidement en quoi consiste ton poste, ton travail ?

  • Speaker #1

    Alors, je travaille dans un collège, deux jours par semaine. Et je travaille aussi dans les écoles qui sont rattachées à cet établissement deux jours par semaine également. J'ai un temps aussi administratif au centre médico-scolaire où je prépare mes dossiers pour les visites, les bilans infirmiers sur l'école primaire. Donc voilà, mes missions sont différentes entre le collège et les écoles. Mais l'avantage qu'on a, c'est que les jeunes, je les suis à partir de 6 ans et du coup, je vais pouvoir les suivre jusqu'à l'âge de 15 ans.

  • Speaker #2

    Merci Véronique. Et avec nous aussi, pour cet épisode spécial, nous recevons Sophie, qui est conseillère conjugale et familiale. J'espère que je ne me trompe pas dans l'intitulé du poste. Et tu travailles au planning familial. Donc, avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ton parcours, ton rôle au planning ?

  • Speaker #0

    Alors moi, comme tu viens de le dire, je suis conseillère conjugale et familiale. C'est un métier qui accompagne les personnes de la puberté. tout au long de la vie, sur leur vie amoureuse, sexuelle, relationnelle. Donc ça comprend plein de choses, ça peut être beaucoup de choses. Et je travaille dans une association qui s'appelle le Planning Familial. et qui est une association, comme tu l'as très justement présenté tout à l'heure, qui est une association féministe et d'éducation populaire, qui existe depuis 1956. Et cette association accompagne les jeunes, ou les moins jeunes, mais la cible effectivement c'est beaucoup des jeunes, pour avoir un épanouissement dans leur vie affective, amoureuse et sexuelle. puisque ça fait partie des recommandations de l'OMS, que la santé sexuelle fait partie du développement et de l'épanouissement d'une personne.

  • Speaker #2

    Donc le planning familial, c'est une association dont on a déjà beaucoup entendu parler dans les médias des fois, peut-être pas tout le monde, mais en tout cas son rôle n'est pas toujours bien connu. Tu me disais aussi en préparant cette émission qu'il y avait une diversité aussi dans les courants au sein même du planning familial. Est-ce que tu peux nous présenter un peu le rôle du planning, comment il se positionne, quels sont ses objectifs ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est une association, enfin c'est des associations et une confédération nationale. L'organisation du planning familial, elle est à la fois nationale et locale. Cette association, cette structure existe depuis 1956 et c'est surtout une association loi 1901 féministe et d'éducation populaire. C'est-à-dire que l'objectif est de militer. en étant proche des instances, par exemple, politiques et de militer pour l'égalité des droits entre les personnes. L'égalité des droits, quel que soit son genre, quel que soit son sexe, quelle que soit son orientation sexuelle, et puis les droits des femmes, mais je dirais les droits de toute personne discriminée aussi. C'est quelque chose qui est très important dans les valeurs du planning familial. Et puis il y a la question d'accompagner les personnes par rapport aux droits en matière de santé sexuelle. Et pour ça, les associations départementales, dans les départements partout en France, ouvrent des structures. Alors selon les départements, il y a des endroits où il y a des centres de santé sexuelle, il y a des établissements pour de l'accueil et de l'information. Et puis il y a d'autres départements où il y a des militants et militantes féministes qui mènent des actions bénévoles, mais où il n'y a pas forcément de centre de santé sexuelle. Ça, ça va dépendre des subventions et des moyens humains et financiers de chaque département.

  • Speaker #2

    Pour pouvoir recruter des salariés, du coup ?

  • Speaker #0

    Pour pouvoir recruter des salariés, proposer des consultations médicales, proposer de l'accompagnement à la contraception, ça a un coût. puisque l'objectif c'est de proposer ces services de façon gratuite et confidentielle, parfois anonyme même complètement, à un large public. On ne s'inscrit pas dans des services qui soient payants pour les gens ou qui rapportent de l'argent. Il faut que ça puisse être accessible au plus grand nombre et en particulier aux jeunes, puisque les centres de santé sexuelle sont des lieux qui permettent à toute personne, et en particulier les mineurs, d'accéder à la contraception, à des thèses de grossesse, à de l'accompagnement pour avoir une bonne santé sexuelle ou démarrer une sexualité de manière safe, et que ce soit gratuit. et anonyme. Alors, le planning, c'est aussi une histoire de bientôt 70 ans qui a contribué, avec d'autres associations féministes, à la légalisation de la contraception. En 1967, avec la loi Neuwirth, qui a lutté aussi avec d'autres associations féministes pour la légalisation de l'avortement en 1975. Donc, ça a été... On a fêté les 50 ans de la loi Veil au mois de janvier cette année. Et puis pour l'inscription dans la Constitution aussi du droit, alors ça s'est transformé en liberté d'avorter, mais c'est quand même une avancée dont on s'est réjoui l'année dernière.

  • Speaker #2

    Et toi, personnellement, ton parcours ? de formation pour entrer dans ce métier de conseillère conjugale et familiale. Est-ce que tu peux nous en dire un mot ? Parce que c'est un métier qui est assez peu connu, je pense.

  • Speaker #0

    Oui, alors c'est un métier effectivement qui est peu connu, conseillère conjugale et familiale, qui ne porte pas très bien son nom aussi, puisqu'on ne donne pas forcément de conseils, ça vient plutôt de... C'est un métier d'accompagnement et qui demande 430 heures de formation, sur une formation qui s'étale souvent sur deux ans, qui donne une qualification professionnelle qui est reconnue aujourd'hui comme métier du social, et qui a longtemps existé. qui n'était pas formalisée comme un métier, puisque c'était des personnes bénévoles dans des associations, soit féministes, soit à caractère, je dirais, d'autres types d'associations, qui accompagnaient les personnes sur des questions déjà de l'accompagnement des couples, de la vie amoureuse ou de la sexualité. Et ça s'est professionnalisé, je dirais, depuis une trentaine d'années, à peine, moins de 30 ans. Et des organismes de formation, maintenant, proposent... pose cette formation. Donc le planning familial a des formations de conseillers, conseillères conjugales et familiales. Et c'est un métier qui s'exerce au planning en centre de santé sexuelle, mais aussi dans des établissements d'information, qui s'exerce aussi dans des associations à caractère social qui accueillent des femmes, par exemple des femmes victimes de violences. Il y a aussi le métier d'animateur-animatrice de prévention, qui demande une formation de 160 heures, en tout cas au planning familial, les formations que nous proposons pour les animateurs ou animatrices de prévention pour l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, sont des formations qui sont parfois en préalable d'une formation de conseillère conjugal et familiale.

  • Speaker #2

    Donc c'est un métier qui fait partie des métiers qui peuvent être rencontrés par le public quand ils viennent au planning familial ? le conseillère conjugale et familiale. Il y a aussi des sages-femmes, des médecins. Il y a tout un tas de différents professionnels.

  • Speaker #0

    Oui. Alors, dans un centre du planning familial, s'il s'agit d'un centre de santé sexuelle, il y aura des consultations médicales avec sages-femmes, médecins, médecins généralistes formés en gynéco ou médecins gynécologues. Il y a forcément un ou une conseillère conjugale et familiale. Il peut y avoir une secrétaire également, il peut y avoir parfois dans certains centres des psychologues, des infirmiers ou infirmières, et puis des animateurs ou animatrices de prévention également.

  • Speaker #2

    D'accord. Donc ces centres sont un petit peu pilotes dans ce qui se passe avec le planning familial. C'est un petit peu le planning familial qui est support associatif de l'organisation de ces centres. Le planning familial propose aussi parfois des interventions scolaires dans ces missions ?

  • Speaker #0

    Oui, ça fait partie même d'une grande partie des missions. C'est à la fois tenir des permanences éventuellement dans certains centres, donner de l'information et aller auprès du public. Dans les établissements scolaires en particulier, faire des séances d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. Donc ça veut dire des séances qui peuvent être sur des thèmes... très très large comme les moyennes contraception mais aussi les relations entre les personnes, le respect, le consentement, les stéréotypes. En fait les thèmes peuvent être très très larges, sont parfois proposés par les établissements scolaires et puis on intervient aussi, on fait ce type de séance auprès d'autres publics comme les personnes en situation de handicap, comme des publics... dans des établissements qui sont au contact de jeunes, par exemple la protection de l'enfance dans des maisons d'accueil d'enfants à caractère social, ou auprès de tout public qui a des besoins en termes d'accompagnement sur la vie affective et sexuelle.

  • Speaker #2

    Vous allez au devant et puis il y a même un numéro vert, je crois, qui est tenu par l'association du planning familial et qui permet de répondre aux questions vraiment là pour le coup d'un large public. C'est-à-dire que toutes les personnes qui appellent ce numéro, elles peuvent avoir des réponses à leurs questions.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Alors ce numéro existe depuis une dizaine d'années. Le 0800 08 11 11. Donc c'est un numéro de téléphone qui est associé aussi à un site internet, ivg-contraception-sexualité.org. et qui est également en lien avec un chat, qui permet, donc c'est un numéro vert, le planning familial répond à ce numéro du lundi au samedi de 9h à 20h. Et c'est un numéro d'information, d'orientation et d'écoute sur l'avortement, la contraception et les sexualités. Donc ça peut être des tas de sujets qui vont être abordés et c'est surtout un numéro anonyme. et gratuit. pour les personnes qui appellent.

  • Speaker #2

    Ce qui est intéressant avec le tchat, c'est qu'on a dans les jeunes générations aussi, des jeunes qui ont plus de difficultés à passer des coups de fil, surtout à des numéros qu'ils ne connaissent pas, ils ne savent pas trop qui va répondre. Non seulement il y a la maturité, qui n'est pas forcément une aide quand ils sont trop jeunes pour pouvoir faire cette démarche-là, mais en plus, avec un petit peu les réseaux sociaux, la facilité qu'ils ont à écrire plutôt facilement des messages que de parler à vive voix, c'est intéressant d'avoir cette possibilité de discuter par tchat. C'est vraiment un outil intéressant. Oui.

  • Speaker #0

    Alors ça c'est en développement le chat, le numéro au téléphone existe depuis 10 ans et le chat depuis seulement un an, parce qu'en fait c'est toujours le nerf de la guerre, on cherche des financements, puisque c'est un numéro qui a été financé, qui est financé en partie par le ministère de la Santé, mais en toute petite partie. Et après dans les plateformes des régions, c'est l'ARS qui parfois propose un financement ou pas. Et le tchat, pour l'instant, ne couvre pas du lundi au samedi de 9h à 20h, mais c'est en cours.

  • Speaker #2

    Alors, il y a aussi le fil Santé Jeune qui a développé un tchat aussi en ligne. C'est intéressant pour pouvoir justement s'adapter au public et permettre d'aller sur leur terrain et aller de l'avant vers les publics jeunes, en l'occurrence. Alors moi, j'ai découvert aussi qu'il y avait une application que je ne connaissais pas du tout, qui s'appelle l'application Pilups. C'est une application qui permet de savoir comment réagir quand on a oublié de prendre sa pilule, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, entre autres, c'est une application qui a été développée par le planning. Alors, je dirais, aujourd'hui, il y a cette application, puis il y en a beaucoup d'autres, auxquelles beaucoup de jeunes filles se réfèrent. On voit à la fois les avantages et en même temps, Aussi, toutes les problématiques que ça peut poser aujourd'hui, dans le sens où ces applications vont rester, ne sont jamais prédictives de quoi que ce soit. Ça peut permettre de mieux gérer la prise de sa contraception, de mieux gérer un certain nombre de choses, mais ça ne peut pas être suffisant pour pouvoir suivre ces périodes de fécondité possibles, éventuelles ou quoi. Et ça, ça, en tout cas, il y a une grosse mésinformation aujourd'hui parmi la population des femmes ou des jeunes femmes sur l'utilisation de ces applications.

  • Speaker #2

    Donc, c'est un point de vigilance.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un point de vigilance, oui, parmi d'autres.

  • Speaker #2

    Oui, j'imagine. Tout à l'heure, en présentant un peu le planning familial, tu t'es revenu dessus. On parlait de l'importance qu'avaient les courants féministes dans la création du planning familial et dans les luttes, en tout cas, qu'il y a pour... pour défendre toute la diversité des personnes qui sont en risque d'être discriminées ou discriminées. C'est vrai que tout à l'heure tu disais que c'était un peu compliqué de définir vraiment le féminisme avec une seule et même définition. C'est vrai qu'il y a plusieurs façons de se positionner philosophiquement par rapport au féminisme.

  • Speaker #0

    Oui, il y a beaucoup de courants féministes différents. Au sein même du planning, j'irais... Au plan national, il y a des courants différents qui se rencontrent, avec un même objectif, en fait, toujours de lutter pour les droits des femmes et des personnes minorisées de genre, mais avec des approches politiques qui peuvent être effectivement très différentes. Ce qui donne des débats et ce qui fait aussi la richesse de ce mouvement.

  • Speaker #2

    Oui, ça fait vivre l'association aussi, intellectuellement.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #2

    Donc si on arrive un peu à un consensus qui dit que le féminisme, c'est un travail pour atteindre l'égalité entre les femmes et les hommes, de manière très générale et très générique, le droit à l'IVG, le droit pour la femme de disposer de son corps comme elle l'entend, et de maîtriser sa maternité, c'est quelque chose qui a été un des... des combats principaux au départ, en tout cas, du mouvement du planning familial. Aujourd'hui, est-ce que c'est un droit qui est acquis, à ton avis ? J'ai un peu la réponse en posant cette question.

  • Speaker #0

    Il y a Simone de Beauvoir qui disait que je n'ai rien jamais acquis. Non, ce n'est malheureusement pas du tout acquis. C'est-à-dire qu'il y a une vigilance à avoir encore plus avec ce qu'on entend, ce qu'on voit au niveau mondial. Ce qui se passe, même en France, c'est-à-dire avec ... de plus en plus de mouvements anti-choix. Quand on dit anti-choix, c'est-à-dire anti-avortement, des mouvements qui sont de plus en plus décomplexés à s'exprimer sur... Une vision rétrograde et sexiste et patriarcale du monde et des relations entre les personnes. Donc ça reste quelque chose pour lequel on est très vigilants, vigilantes. L'inscription dans la Constitution a été à la fois une victoire et une grande déception, puisque ce que nous aurions souhaité, c'était... que le droit à l'IVG soit inscrit, mais pour que ça puisse être voté, que ça puisse passer, on a transformé ça en liberté. Donc en fait, ça veut dire que ça peut être remis en question par n'importe quel gouvernement qui peut décider, oui, la liberté, une femme a toute liberté d'avorter, c'est inscrit dans la Constitution, mais si on ne lui donne pas les moyens, ou si on ne rembourse plus l'avortement, ou s'il n'y a plus de moyens de pouvoir accéder à cette liberté, oh...

  • Speaker #2

    On parle beaucoup aussi de la liberté d'expression qui est un peu dévoyée par les extrêmes droites. Et qui dit, voilà, liberté d'expression, c'est-à-dire que toutes les paroles ont le même poids et la même valeur. Et on voit aussi des sites internet se développer pour se prétendre être des informations objectives pour les femmes. Et leur donner des informations qui sont biaisées et qui ne permettent pas à ces femmes de faire le choix qu'elles auraient envie, en toute connaissance de cause, envie de faire.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. C'est des mouvements de plus en plus présents sur les réseaux sociaux, à la fois en France et dans le monde, qui viennent contrebalancer toute cette montée de ces mouvements féministes. Et qui s'appuient sur des idées... véhiculés par les anti-choix. Les anti-avortements ou anti-choix peuvent être très puissants puisqu'ils ont des moyens financiers qui permettent, par exemple, de financer aussi une plateforme téléphonique qui est anonyme et gratuite, mais qui va accueillir une personne en la faisant culpabiliser. en ayant un discours abominable sur sa situation de grossesse, et puis qui peut aussi même aller jusqu'à les harceler après. Parce qu'elles récupèrent leur numéro de téléphone et elles les rappellent pour continuer à leur proposer des solutions pour garder cet enfant.

  • Speaker #2

    Ça fait un peu une croisade anti-avortement. En se disant, on prend le contre-pied du planning qui serait soi-disant en train plutôt de faire la promotion de l'avortement, alors que l'objet du planning familial, ce n'est pas du tout de faire la promotion de l'IVG. C'est vraiment de donner les informations aux femmes pour qu'elles aient, elles, toutes les informations en leur possession pour faire le choix qu'elles veulent faire.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, la position, c'est de dire que c'est à la femme de décider de ce qu'elle veut faire pour elle et de son corps, et qu'elle n'a pas à se justifier de cela. Et le planning, les personnes qui travaillent au planning sont là pour accompagner et respecter ce choix des femmes, et puis leur choix. Qu'elles soient. Quelles qu'elles soient, oui. Même parfois, c'est de les accompagner dans un choix de garder la grossesse. Et à ce moment-là, on oriente vers des sages-femmes, des personnes qui vont faire du suivi, de grossesse. Mais quelle que soit leur décision, c'est à elles de décider ce qui est bon pour elles, parce qu'il y a qu'elles qui savent ce qui est bon pour elles.

  • Speaker #2

    On parle justement des personnes qui sont accompagnées par le planning familial. Est-ce que tu pourrais nous dire un petit peu, quels sont le profil de ces personnes, de manière globale, avec quelles demandes elles viennent le plus souvent, et puis quels âges à peu près ? divers ? Est-ce que c'est assez ciblé sur une tranche d'âge ?

  • Speaker #0

    Alors, ça peut être très large. Il y a quand même une tranche d'âge qui est quand même des personnes, je dirais, de moins de 20 ans qui viennent pour un accès gratuit et confidentiel, parfois anonyme à la contraception, à des tests de grossesse, à des dépistages. Même si aujourd'hui, les dépistages peuvent se faire de façon gratuite, à partir de 18 ans jusqu'à 26 ans, directement au laboratoire. Mais on va les accompagner, on va leur donner de l'information qu'ils n'auront pas en allant directement au laboratoire, et puis donner des traitements s'il y a besoin. Donc c'est plutôt des personnes qui ont moins de 20 ans, mais après beaucoup de femmes aussi, par rapport à l'avortement. Des femmes entre 25 et 40 ans, puisque contrairement aux idées qui sont véhiculées, l'avortement en France, ça concerne surtout des femmes entre 25 et 40 ans, en grande majorité. puisque c'est la période où on a une sexualité le plus active et on est en capacité de reproduction importante. Donc les personnes mineures qui avortent sont très minoritaires. Donc on reçoit beaucoup de femmes. Et puis on peut recevoir des... Des personnes qui vivent des relations de couple compliquées, qui peuvent venir pour des entretiens en conseil conjugal. Des femmes victimes de violences qui ont besoin d'un lieu d'expression aussi. Parce que la question des violences faites aux femmes est quelque chose qui nous préoccupe beaucoup. Et dans ces lieux du planning, on est dans un dépissage systématique des violences. Quelle que soit la raison pour laquelle une personne vient nous voir, On va systématiquement lui poser la question de si elle a été ou si elle est victime de violences, toutes formes de violences comprises, que ce soit une jeune fille, un garçon, une personne non-binaire, peu importe quel que soit le genre et le motif pour lequel la personne vient.

  • Speaker #2

    Merci du coup pour tous ces éclairages sur le planning familial. Du coup, Véronique est avec nous aussi, elle est infirmière scolaire, je vous le rappelle. Et je voulais demander à Véronique dans quelle mesure ça lui est arrivé à son infirmerie de pouvoir travailler en collaboration avec le planning, peut-être d'accompagner des jeunes vers le planning. Comment ça se passe concrètement à l'infirmerie ?

  • Speaker #1

    Alors, nos missions sont très, très larges. Je vais vous en parler un petit peu pour après vous parler plutôt du lien que l'on peut avoir avec le planning familial. Donc, dans le cadre de nos missions... je vais faire quelque chose de très simple, de très généraliste je ne vais pas rentrer dans les détails et je vais oublier l'émission je peux être amenée à accueillir des élèves en situation de handicap ou à besoin particulier, des jeunes qui auront besoin d'être discutés,

  • Speaker #0

    d'être écoutés,

  • Speaker #1

    d'avoir un soutien autour de thèmes comme par exemple la scolarité leur vie en famille, leur vécu, que ce soit du bien-être ou du mal-être etc. peut-être qu'ils auront besoin de discuter d'une situation difficile liée au harcèlement. On fait aussi des animations en classe. Et ces animations vont pouvoir concerner l'éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle. Et c'est là où on va pouvoir travailler en partenariat avec le planning familial. Moi, je vais faire appel au planning si je vais avoir, par exemple, un questionnement sur des situations particulières. Je ne sais pas, j'ai un élève qui va venir, une jeune fille, par exemple, qui va venir en disant, voilà, avec mon copain, le président hépatique va craquer, je prends la pilule, mais alors je ne suis pas très sérieuse, j'oublie, je la prends, je ne la prends pas. Et du coup, il va se poser la question alors de l'indication ou pas de lui donner la pilule d'urgence. Et là, du coup... Du coup, je peux avoir des doutes, des questionnements et dans un but de pouvoir renseigner l'élève et puis de ne pas faire n'importe quoi, je vais pouvoir appeler le planning familial où on va discuter de cette question avec les personnes du famille, la conseillère, l'élève et prendre une décision la plus judicieuse et la plus adaptée pour le jeune ou la jeune. Il y a d'autres situations. Récemment, par exemple, j'ai une jeune fille qui est venue avec une suspicion de grossesse. Le test était négatif, mais elle avait la certitude d'être enceinte parce qu'il y avait une multitude de signes qui lui faisaient penser à ça. C'était très anxiogène pour elle. Et du coup, on a eu toute une discussion autour d'une prise de sang, d'une échographie éventuelle. Et dans ces moments-là, on a bien besoin du planning pour accompagner et aider la jeune fille. J'ai eu des situations aussi où des jeunes filles étaient enceintes et je les ai accompagnées au planning pour cette prise en charge de grossesse ou alors faire le choix justement d'une interruption de grossesse. Et le planning dans ces moments-là est vraiment très très précieux, que ce soit pour nous professionnels. ou pour la jeune fille qui vient à l'infirmerie.

  • Speaker #0

    Il nous parlait d'un point important, c'était la contraception d'urgence. Alors on appelait ça la pilule du lendemain, on l'appelle encore comme ça des fois. Mais c'est vraiment la contraception d'urgence, c'est-à-dire que c'est une contraception qu'on prend après un rapport sexuel non protégé. Alors pour plein de raisons, tu as donné des exemples assez précis. Il faut savoir pour nos auditeurs que l'infirmière de l'éducation nationale à l'infirmerie, dans un établissement scolaire du second degré, c'est-à-dire dans les collèges ou dans les lycées, elle est habilitée à pouvoir administrer cette... Contraception d'urgence, alors dans un cadre très précis, c'est l'article D5134 du Code de santé publique qui précise tout ça. Et l'objectif de cet article, c'est vraiment de permettre à l'infirmière d'évaluer le degré de compréhension de la jeune, d'évaluer sa demande, le degré d'urgence aussi, puisque dans la mesure où l'objectif, c'est de la mettre en lien avec le soin le plus possible et de l'orienter vers des structures qui sont adaptées. Donc le but, ce n'est pas de donner à tout. comme ça, de distribuer gratuitement et de manière disproportionnée des contraceptions d'urgence, il y a une véritable évaluation qui est faite par l'infirmière, avec son expertise, et qui ensuite, en fonction de la situation précise de la jeune fille, parce que toutes les situations sont différentes, on va pouvoir soit faire le lien avec, déjà, ses parents, l'objectif c'est essayer, même si la jeune nous dit qu'elle veut absolument que ses parents ne soient pas au courant, ça on va le respecter, c'est la loi, c'est son propre droit au secret. Mais on va essayer de travailler avec elle pour que les personnes qui sont en charge de sa sécurité, les premières personnes en charge de la sécurité d'un enfant, c'est les parents, vont pouvoir peut-être prendre le lien, si elle est d'accord. Si c'est compliqué, il y a toute une démarche pour ensuite orienter la jeune éventuellement vers une structure extérieure. Et vraiment, mon dernier recours, si on imagine par exemple, comme tu le disais, c'est une élève qui est en quatrième, qui a... pas forcément sortir à n'importe quelle heure de chez elle, qui le mercredi après-midi est attendue à la maison, elle ne va pas pouvoir aller au planning familial pour un rendez-vous facilement. Donc on peut dans ce cadre-là, éventuellement, administrer la contraception d'urgence, mais bien sûr avec un suivi médical qu'il faut mettre ensuite en œuvre dans le respect du secret professionnel. C'est une petite parenthèse qui était importante, je pense, mais ce que tu disais, Véronique, c'était super intéressant par rapport aussi à la question de la santé. aux jeunes qui viennent te poser des questions, parce que tu as donné plusieurs exemples. Et c'est vrai qu'on peut se demander, est-ce que c'est facile pour les jeunes de venir frapper à la porte de l'infirmerie ? Comment ça se fait qu'ils arrivent à passer le cap pour parler quand même quelque chose qui relève de l'intime ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est très compliqué pour eux, en fait. Ce n'est vraiment pas facile. Dans la société, il y a toujours ce tabou par rapport à ce thème de la sexualité. On croit que ça a évolué. Alors oui, ça a évolué, mais... pas de façon, je dirais, ultra importante. Et parler de sexualité, que ce soit avec ses parents, avec sa famille, même avec ses pères, avec ses camarades de classe, ça reste très compliqué. Du coup, ce sujet qui parle quand même de l'intimité est compliqué. Il y a toujours cette peur du jugement, de leur âge ou de leur jeune âge, la peur de véhiculer une image, justement, négatives et pour eux, cette image est très importante et pour le coup, c'est compliqué de chercher de l'information de façon générale. Alors, l'avantage qu'on a en infirmière scolaire, moi je travaille en collège donc en fait, je les suis depuis le CP, ils me connaissent parce qu'ils m'ont vu leur bilan infirmier ou d'animation en classe en primaire. Quand ils arrivent au collège, ils retrouvent la même personne, donc il y a déjà cette connaissance. Pour eux, ce lien qu'on a créé au fur et à mesure favorise le passage de la porte de l'infirmerie et du dialogue qu'on pourra avoir avec eux. Il y a aussi des animations qu'on fait en quatrième sur ce thème de l'Ebrasse, qui fait qu'ils ont vu que tout sujet pouvait être discuté à l'infirmerie et que venir à l'infirmerie, ils ne seront pas jugés. Ils auront une oreille attentive. qui sera à même de discuter avec eux, de les orienter, de les conseiller pour qu'ils prennent la décision concernant leur santé sexuelle et qu'ils soient, je dirais, animateurs de leur vie et que ce ne soit pas une injonction de quelqu'un, que ce soit des parents ou celui de l'infirmière, qui dit il faut que tu fasses ceci, il faut que tu fasses cela. Mais c'est vraiment une réflexion.

  • Speaker #2

    Voilà,

  • Speaker #1

    je peux vous donner un exemple. Par exemple, j'ai un jeune que je connais depuis plusieurs années. Je l'ai vu l'année passée en classe. Et là, récemment, il est venu une première fois me demander des préservatifs parce qu'il a une petite copine. C'est sérieux, ils ont des relations sexuelles. Je l'ai revu récemment en me disant, bon, ben voilà, on a les préservatifs, c'est très bien. Mais pour le coup, ma copine voudrait prendre la pilule. Comment je peux faire ? Et puis là, il est revenu me voir récemment en me disant « On voudrait faire un dépissage d'infections sexuellement transmissibles. Où est-ce que je peux aller ? » Et là, du coup, on a parlé du planning familial. Je lui ai expliqué où c'était, qui il allait rencontrer, comment ça allait se passer, pour qu'il puisse y aller en toute confiance. On essaye de mettre en place aussi le plus possible des visites. au planning familial, c'est-à-dire qu'on accompagne un groupe de jeunes, on va leur aider à passer la porte du planning parce que pour eux, c'est très compliqué. Quand ils ne connaissent pas les gens, arriver à faire confiance et se dire je vais aller travailler. Vers l'inconnu, c'est compliqué. Comment je vais être jugée ? Comment je vais être reçue ? Qui va y avoir derrière la porte ? C'est très anxiogène. Si on les accompagne, cette porte est déjà poussée. Ils voient les lieux, la facilité d'accès aussi en tant que jeunes. Parce que moi, j'ai des collégiens, donc ils ne peuvent pas circuler parfois comme ils veulent. Et puis, le fait de rentrer, ils rencontrent déjà une première personne. Ce n'est plus une personne inconnue. Quand ils reviendront, ils auront déjà rencontré cette personne-là. Ça aussi, c'est important. Et du coup, après, ils savent quelles informations ils peuvent avoir. Ils connaissent les lieux, ils connaissent les personnes. Et c'est beaucoup plus facile pour faire une démarche quand ils auront besoin.

  • Speaker #0

    Oui, donc à la fois... ils te connaissent toi parce que tu interviens en classe, tu les vois régulièrement, tu fais les dépistages infirmiers au moment notamment de l'entrée en sixième, le dépistage infirmier obligatoire de la douzième année, donc ils connaissent qui tu es et ça leur permet peut-être plus facilement de venir toquer à ta porte en sachant qui tu es et comment tu t'es présenté et quelles sont tes valeurs. C'est intéressant aussi ce que tu dis par rapport à l'éducation, à la vie affective, relationnelle et sexuelle, les VARs. On va en reparler juste dans un instant, mais ce sont des séances qui permettent aussi aux jeunes de voir que ces adultes-là sont en capacité de pouvoir parler de ça avec eux. Donc, ils vont pouvoir plus facilement aller rencontrer un professeur qui est formé et avec qui ils ont eu une intervention pour pouvoir discuter avec lui. Quand ils viennent à l'infirmerie, donc tu les orientes parfois vers le planning familial, vous, Sophie, au planning familial, quand vous recevez des mineurs, souvent, j'imagine, ils ne veulent pas trop en parler à leurs parents. Comment vous accompagnez ces jeunes sans qu'ils aient à informer leur famille, leur représentant légo, plutôt ?

  • Speaker #2

    Alors, je dirais... C'est un droit, effectivement, qu'ont les jeunes de pouvoir venir dans ces lieux et ils ne font rien d'illégal. Comme nous, nous ne faisons rien d'illégal à recevoir ces jeunes sans avoir besoin d'autorisation parentale pour ça. On les reçoit de la même façon que les autres. Parfois, on a même des parents qui nous appellent pour prendre rendez-vous pour leurs jeunes. Beaucoup ont besoin d'avoir un espace où ils prennent en charge pour eux-mêmes la contraception, l'accompagnement à leur vie affective et sexuelle. Ce besoin d'anonymat est pour plusieurs raisons. Certains en ont besoin parce qu'ils considèrent que leur vie amoureuse et sexuelle ne regarde pas leurs parents, même s'ils ont des bonnes relations avec leurs parents, ils n'ont pas envie de leur en parler. Mais parfois, finalement, au bout d'un certain temps, ils finissent par leur en parler. Et puis d'autres, c'est un besoin beaucoup plus, je dirais, nécessaire, dans le sens où ils vivent par exemple dans des familles où la question de la sexualité est absolument taboue, voire même interdite avant le mariage. Et ça, c'est même de plus en plus. On a de plus en plus de jeunes, et donc ils ont... Et ce n'est pas parce qu'elle est taboue et interdite par la famille ou par des croyances familiales qu'ils ne le font pas. Donc, en fait, ils viennent au planning et c'est le seul lieu avec l'infirmerie scolaire où ils peuvent parler d'intimité ou évoquer des questions qu'ils peuvent avoir de manière totalement confidentielle et anonyme. C'est une question pour eux, je dirais, de sécurité.

  • Speaker #0

    C'est très vrai ce que tu dis par rapport aux lieux et au personnel auquel les jeunes peuvent accéder. Les infirmeries de leur propre chef, sans que forcément leurs parents aient pris rendez-vous chez le médecin, par exemple, ce n'est pas la même chose. Il y a aussi les bureaux des assistantes sociales dans les établissements scolaires. C'est vrai qu'on les voit assez peu. Elles sont un peu moins nombreuses forcément aussi, malheureusement. Mais c'est vrai que c'est aussi une porte d'entrée dans laquelle... Ils se sentent en sécurité parce qu'il y a aussi le secret professionnel.

  • Speaker #2

    Il y a des situations où les jeunes ont absolument besoin que ça reste totalement anonyme et confidentiel, qu'ils ont une sexualité active. Parfois, on va jusqu'à accompagner des jeunes à l'avortement dans le secret par rapport aux parents. Et il est arrivé. On a eu parfois des situations comme ça. J'ai eu un petit personnel rencontré au planning de situation. en collaboration avec l'infirmière scolaire, où on a couvert les absences d'une jeune fille qui était mineure et qui a voulu avorter, qui est allée à l'hôpital pour cela, mais on l'a accompagnée pour pouvoir aller avorter sans que ses parents ne soient informés ni de sa grossesse, ni de son avortement.

  • Speaker #0

    Oui, il faut savoir que ça, c'est la loi. C'est-à-dire que la loi impose à toute personne de garantir ce secret-là et de protéger la personne en le garantissant. Et ça s'impose aussi au chef d'établissement. C'est vrai qu'il y a une lettre juridique qui est assez connue dans le milieu de l'éducation nationale, qui date de 2008 et qui fait l'analyse justement de tous ces textes. Je vous invite à regarder dans la description de cet épisode. Je vous mettrai un lien de cette lettre juridique et c'est intéressant de voir comment en fait... malgré le système scolaire dans lequel on est, qu'il y a ces règles qui sont normales et importantes, où on doit savoir où sont les élèves et bien sûr informer les familles et les représentants légaux de l'absence d'un enfant, dans le cadre bien spécifique de l'interruption volontaire de grossesse, il y a un droit supplémentaire, un droit qui est supérieur de la femme, de l'adolescente en l'occurrence, mais qui est une femme, de pouvoir disposer de son corps comme elle l'entend et sans pouvoir avoir des pressions quelconques sur... la prise de ces décisions ?

  • Speaker #1

    Oui, je dirais que cet anonymat et cette confidentialité, c'est vraiment très, très, très important pour eux. Ça les met dans une position sécure. Et cette sécurité est vraiment très, très importante parce qu'ils ont peur. Des fois, à tort, parce que même s'ils en parlaient dans la famille, ça pourrait très bien se passer. Mais parfois, ce ne serait vraiment pas le cas. Et donc, il y a cette peur qui est présente. qui est envahissante et qui est même parfois bloquante. C'est-à-dire qu'en fait, il pourrait ne pas faire les démarches par peur et se retrouver dans une situation très délicate où, par exemple, une jeune fille ne pourrait plus avoir droit à l'avortement puisqu'elle aurait dépassé les délais. Donc, cette question de confidentialité, d'anonymat est importante. C'est la première chose qui nous demande quand il passe la porte de l'infirmerie. « Je ne veux pas que mes parents soient au courant. Qu'est-ce que vous allez faire ? » Et dans toutes les démarches que nous, on va faire, on va respecter ça. Ce n'est pas forcément évident. Les parents ont toujours l'impression que, quand après on en discute avec eux, dans certaines situations, qu'on a pu leur mentir, leur cacher, les trahir, mais pas du tout. C'est vraiment très important pour les jeunes de respecter ça et de les accompagner parce qu'ils sont jeunes et qu'ils ont Je dirais en termes de maturité aussi, ils ont besoin de cet accompagnement pour se sentir plus fort, pour se sentir en confiance et se sentir en sécurité.

  • Speaker #0

    C'est très juste ce que tu dis. En plus, c'est étayé par des études. C'est vrai que du coup, il y a des études qui ont prouvé que le fait que les adolescents en particulier sachent qu'ils ont le droit d'une consultation. Alors là, l'étude, ça portait plutôt sur une consultation médicale en toute autonomie et sans... En respectant leurs propres secrets à eux, que les parents ne soient pas informés par le thérapeute, par le médecin en l'occurrence, de leurs problèmes de santé, ça a augmenté le recours aux soins primaires des adolescents, de leurs propres chefs. Donc c'est très intéressant. Après, ça ne veut pas dire qu'on exclut les parents. Et ça aussi, c'est le discours qu'il faut avoir, comme tu dis. Même on parle des parents aux enfants et on travaille avec eux sur comment entrer en relation avec ses parents, ce qui n'est pas facile toujours à l'adolescence.

  • Speaker #1

    Des fois, on est dans une situation d'urgence où justement, on ne va pas avoir le temps. de travailler ce questionnement vis-à-vis des parents, d'en parler ou pas, la relation qu'il y a avec les parents ou pas, etc. On est parfois dans une situation d'urgence, mais ça ne veut pas dire qu'une fois que cette situation est passée, on ne retravaille pas avec le jeune justement de ce questionnement de la sexualité, d'en parler ou pas aux parents, et ça leur permet d'avancer, de réfléchir, de cheminer. par rapport à ce qu'ils veulent faire.

  • Speaker #0

    Je vous mets le lien justement dans la description d'un article super intéressant sur ces études qui parle du secret médical chez les adolescents et sur le recours justement aux soins directement par eux-mêmes quand on leur explique qu'on peut respecter le secret de leur état de santé. Alors tout à l'heure, Véronique, tu parlais de l'éducation à la sexualité, on appelait ça comme ça. Tu disais que vous le faisiez en quatrième dans votre établissement scolaire. Donc, juste pour recentrer un petit peu où est-ce qu'on en est aujourd'hui, il y a une loi qui date de 2001 et qui précise que ce sont trois séances d'éducation à la vie affective et sexuelle qui doivent être menées dans les établissements scolaires. C'est l'article L312-10 du Code de l'éducation. Et cette loi, elle n'a pas toujours été appliquée. surtout faute de moyens, je crois que le constat est partagé même par les autorités publiques. Et il y a depuis très peu de temps, puisque ça date de février 2025, un nouveau programme qui a été déployé, qui a été voté par le Conseil supérieur de l'éducation et qui fait que maintenant, les choses vont se déployer, on l'espère, de manière plus diffusée et plus large. Il s'avère que ce programme s'adapte aussi en fonction de l'âge de l'enfant, c'était déjà le cas dans la loi. Et là, en ce qui concerne les élèves du primaire, Ça va se recentrer sur la vie affective et relationnelle. Alors, comment nommer les parties de son propre corps ? C'est quelque chose qui n'est pas toujours évident pour toutes les familles non plus. Donc, c'est bien que les enfants puissent bénéficier de cette information-là et cette éducation-là de manière exhaustive, j'ai envie de dire. Et ensuite, le respect de soi, le respect de l'autre, le respect du consentement. Qu'est-ce que c'est cette notion de consentement d'ailleurs ? Ce n'est pas forcément évident pour un enfant, ce n'est pas inné. Et du coup, ce pouvoir d'écouter. Décliner toutes ces séances jusqu'à arriver au collège et au lycée avec le rajout, en plus de ces notions-là, de la notion de sexualité, puisqu'ils arrivent à un âge avec la puberté où ils peuvent être plus concernés par ce sujet-là. Donc, l'objectif de ces séances, c'est ce qui est dit dans le site internet du ministère. Je vous mets là aussi le lien dans la description. C'est encourager des choix responsables, c'est-à-dire que favoriser la prise de décision en toute connaissance de cause avec des informations qui sont objectives, scientifiques et qui sont menées par des personnes formées. Et c'est là où il va y avoir normalement un déploiement d'une formation pour les personnels de l'éducation nationale, pas forcément les infirmières. Tous les personnels de l'éducation nationale sont concernés pour pouvoir... animer ces séances-là. Par rapport à ces évolutions, ça date de 2001, ça commence à faire, maintenant ça fait 24 ans que cette loi existe, vous faites déjà des choses, ça ne veut pas dire qu'il n'y avait rien du tout qui était fait avant ces programmes qui datent de février 2025. Quel regard vous portez sur ces évolutions ? Peut-être Sophie, toi qui as un regard un peu extérieur à l'éducation nationale, comment tu perçois ces évolutions par rapport à ces nouveaux programmes, ces choses qui sont en train de bouger un petit peu, on a l'impression, ces derniers mois ?

  • Speaker #2

    Le mouvement du planning familial s'est réjoui que ces programmes sortent enfin. Que cette question soit peut-être enfin... Ça fait des années qu'on milite pour que la loi de 2001 soit appliquée. Donc on s'est réjoui que ces programmes sortent enfin. Là où on est plus inquiets ou inquiètes, c'est par rapport à quels moyens vont être mis en place pour pouvoir... Effectivement, que ces séances aient vraiment lieu, quelles formations vont avoir les enseignants, les enseignantes ou les personnels des établissements scolaires. Aujourd'hui, il y a déjà des formations qui sont proposées, mais qui sont quand même très succinctes. Je crois que c'est deux ou trois jours de formation. Pour animer des séances d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, c'est très peu. Beaucoup d'enseignants et enseignantes avec qui on a partagé par rapport à la sortie de ces programmes nous font part de... Alors déjà, forcément, ils ne se sentent pas formés ou ils n'ont pas forcément envie d'aller sur ces questions-là non plus. Ils ne sont pas forcément à l'aise. Parce qu'une formation, c'est une chose, mais il y a aussi tout. Comment ça nous interroge en tant qu'intervenants ou intervenantes quand on vient parler de ces sujets qui restent très tabous, comme Véronique l'a dit tout à l'heure. On est dans une société où l'intimité, le rapport à l'intime, à la sexualité, reste encore très tabou, pas que chez les jeunes, en fait, chez les adultes aussi. Donc, c'est comment je peux me sentir à l'aise pour pouvoir échanger avec des élèves sur ces questions. Nous, au planning, nos intervenantes ou intervenants, comme je le disais tout à l'heure, ont au minimum 160 heures de formation et font des stages et se forment. C'est de la formation continue, en fait. Parce que ce n'est pas la même chose de s'adresser à des élèves de 8 ans de CE2. On ne va pas du tout aborder les mêmes sujets. Et on ne va pas avoir la même posture que quand on échange avec des élèves de première, qu'on dit 7 ans et qui vont nous poser d'autres types de questions.

  • Speaker #0

    Et puis moi, je l'observe aussi, peut-être même, les élèves de 2015 ne sont pas les élèves de 2025. C'est-à-dire que la société évolue vite aussi et les problématiques, les aborder, ce n'est pas de la même manière. Oui,

  • Speaker #2

    il est... Le rapport à la sexualité des gens change aussi, bien sûr, c'est vrai. Les élèves, les jeunes aujourd'hui ont un rapport à la sexualité, avec des pratiques sexuelles aussi qui changent. Et ça aussi, on a besoin pour ça de rester informé, de s'adapter à d'autres pratiques, à d'autres visions d'une sexualité. qui échangent au fur et à mesure des années. Et puis, je dirais,

  • Speaker #1

    l'accès aux médias est plus facile. Et aujourd'hui, ils peuvent rechercher des informations sur Google, voir des vidéos qui vont répondre peut-être à leurs questionnements, mais pour le coup, ils n'auront pas peut-être le recul du contenu. Et ils peuvent être amenés à voir des choses qui peuvent les choquer ou penser que ce qu'ils voient dans ces vidéos-là, c'est la réalité. de ce que vivent les gens dans leur sexualité. Et ces interventions que l'on peut faire sont importantes puisque, en fait, ça va être le lieu où ils pourront nous questionner sur ce qu'ils ont vu. Et pour le coup, ça va amener une discussion avec les élèves. Et donc, par conséquent, c'est très, très important puisque ça leur permet d'échanger sur un thème qui est quand même très compliqué à aborder.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai qu'on observe aussi des jeunes qui viennent avec des questionnements, qui ne viennent pas de leurs inquiétudes propres, mais des choses qu'ils ont pu voir, et surtout des fake news, c'est-à-dire des fausses informations qui circulent. Alors bon, ils sont surtout très avides de TikTok, etc., ou des vidéos qui sont là pour faire du buzz et pour être vues, et qui donnent des fois des informations qui sont erronées ou pas tout à fait vraies, avec une part de vraie, mais une amplification, une exagération. qui peut angoisser des jeunes qui sont en construction. Et c'est vrai qu'on observe souvent des questionnements qui viennent de là. Et c'est là où aussi, nous, on doit s'adapter en fonction des publics qu'on a.

  • Speaker #2

    Oui, j'ai envie de rebondir par rapport à ça. On a eu pendant plusieurs années, et c'est encore un peu le cas, mais il y a eu beaucoup de choses, par exemple, sur le déni de grossesse, avec une mauvaise compréhension. Puis beaucoup de... de choses qui se véhiculaient sur les réseaux. Mais parce que, comme tu le disais Véronique, maintenant, on a accès à de multiples sources d'informations. Alors, il peut y avoir des très bonnes choses aussi, quand même, sur les réseaux sociaux. C'est-à-dire que le but, ce n'est pas de faire le procès, parce qu'il y a aussi de l'information et de l'éducation qui est véhiculée et qui est vraiment avec des très chouettes contenues. De qualité. De qualité, exactement. Mais il peut y avoir aussi, voilà, comme ça, des fake news qui circulent, comme... le déni de grossesse avec une inquiétude de beaucoup de jeunes filles qui viennent nous voir parce qu'elles ont peur d'être enceintes et puis elles ont peur de faire un déni de grossesse. Alors elles font des thèses de grossesse toutes les cinq minutes. Enfin, je caricature un peu, mais bon, un déni de grossesse, on ne va pas penser à faire un thèse de grossesse par définition, puisqu'on n'y pense même pas. Voilà, donc comment ces fake news peuvent aussi entraîner, comme tu viens de le dire, des angoisses qui n'ont pas lieu.

  • Speaker #0

    Alors Véronique, toi qui travailles en collège, comment ça se passe concrètement quand il y a une intervention en classe et qu'il y a une association comme le planning familial qui intervient à l'intérieur de l'établissement scolaire ?

  • Speaker #1

    Pour toute intervention, de toute manière, que ce soit en lien avec la sexualité ou pas, une association doit avoir un agrément. S'il n'y a pas d'agrément, en fait, il faut de toute manière l'aval du chef d'établissement pour définir si les personnes qui interviennent... correspondent à un cahier des charges bien précis, et ce cahier des charges est national. Le planning familial a un agrément national, et en Suisse, nous travaillons avec les collègues des départements ou des communes qui sont à proximité de notre établissement. En général, quand on est en place dans un établissement, on a l'habitude de rencontrer les mêmes collègues. également une relation de confiance qui s'est créée. Nous, dans le cadre de notre infirmerie, de notre rôle, on va être aussi la personne référente qui pourra dire au chef d'établissement, moi je travaille avec cette personne depuis quelques années, et j'ai confiance en elle et son discours est adapté. De toute manière, les interventions ne peuvent se faire, s'il y a une association telle le planning qui interviendra, qu'avec un membre ... de la communauté éducative. Que ce soit un professeur formé, une infirmière, une assistante sociale, etc.

  • Speaker #0

    Il y a un regard de l'éducation nationale, de l'institution, sur ce qui est dit par une intervention extérieure.

  • Speaker #1

    Exactement. Ce qui fait qu'à tout moment, on peut intervenir, à tout moment, on peut compléter. C'est aussi, je pense, ça très important, c'est aussi quelque chose de rassurant pour les parents.

  • Speaker #0

    Donc on parlait du contexte tout à l'heure par rapport à la société dans laquelle on vit, par rapport aussi aux difficultés budgétaires que traverse la société en général, le pays en particulier, les finances publiques aussi. Du coup, parfois c'est difficile, tu disais Sophie, dans certains territoires, pour avoir des financements pour que les missions du planning familial puissent se poursuivre, au-delà de l'argent et aussi par rapport aux attaques des groupuscules un petit peu réactionnaires qui existent aujourd'hui. C'est quoi les défis aujourd'hui du planning familial ? C'est quoi les choses qui sont vraiment au cœur de l'action et qui vont faire en sorte que vos actions puissent perdurer, justement ?

  • Speaker #2

    Alors, il y a des défis, je veux dire, il y en a encore plein. C'est de continuer à lutter contre cette montée du conservatisme et de ces mouvements anti-choix qui restent toujours présents. C'est donc... d'essayer de maintenir des moyens financiers, c'est-à-dire en restant en lien avec nos partenaires. Puisque oui, il y a des tendances un peu, effectivement, de baisse de subventions dans certaines régions aujourd'hui, de financement de notre mouvement. Et puis, c'est de... d'essayer d'être soutenu le plus possible par les publics qu'on accompagne, par les personnes qui se sentent concernées par ces questions, par ces valeurs. Pour ça, il y a la possibilité d'adhérer à notre mouvement, d'adhérer à des associations départementales selon le département dans lequel vous êtes. Vous pouvez trouver peut-être une association du planning familial proche de chez vous et la soutenir. en adhérant ou en faisant un don.

  • Speaker #0

    On retrouve les coordonnées sur le site du planning familial, sur Google, et je vais mettre un lien dans la description aussi, comme ça vous aurez directement accès au site internet.

  • Speaker #1

    Oui, c'est très important parce que nous, dans les infirmeries, on a vraiment besoin d'associations comme le planning familial pour qu'on puisse orienter les jeunes. C'est vraiment très important pour eux, pour leur santé en général et leur santé sexuelle.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Sophie, merci beaucoup Véronique pour tous ces échanges.

  • Speaker #2

    Merci à toi de cette proposition, de cette invitation de mise en lumière de notre mouvement du planning familial.

  • Speaker #1

    Merci, ce fut un grand plaisir de discuter tous les trois.

  • Speaker #0

    Nous voilà arrivés à la fin de cet épisode spécial, je vous rappelle, dans le cadre du Podcaston 2025. Je remercie énormément Sophie et Véronique du coup pour leur temps. et pour le partage de leurs expériences. J'espère que ces échanges vous auront aussi passionnés autant que nous, et que ça vous aura donné un petit aperçu de ce qui se joue autour de la santé sexuelle, et de celle des jeunes en particulier. J'ai pris beaucoup de plaisir à échanger avec vous deux, c'était passionnant de discuter ensemble des missions du planning familial, en lien bien sûr avec les infirmeries des établissements scolaires, et puis de faire le tour des défis auxquels nous faisons face aujourd'hui. On aurait pu en parler des heures, de toute façon on s'était dit qu'on n'avait pas trop de limites de temps, mais quand même, on va arriver à la fin de cette émission. D'ailleurs, je vous invite, vous qui nous écoutez, à commenter cet épisode sur la plateforme où vous l'avez découvert pour témoigner de votre expérience personnelle et du soutien que vous avez envie d'apporter à l'association du planning familial. Et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à en parler autour de vous, à le partager et pourquoi pas à aller sur le site du planning familial www.planning-familial.org. Vous pouvez aussi retrouver leurs coordonnées locales pour en savoir plus sur les actions qui se déroulent près de chez vous. De mon côté, je vous donne rendez-vous très vite pour un nouvel épisode. Continuez à suivre l'actualité professionnelle sur notre blog www.alinfirmerie.com et sur tous nos réseaux sociaux. D'ici là, prenez soin de vous et à bientôt à l'infirmerie.

  • Speaker #1

    Vous avez aimé entrer à l'infirmerie ? Alors likez, partagez et commentez. Retrouvez tous les épisodes sur vos plateformes de streaming préférées et sur nos réseaux sociaux à l'infirmerie.

Chapters

  • Extraits des échanges

    00:00

  • Introduction

    00:59

  • Présentation des invitées

    03:24

  • L'association du Planning Familial

    05:36

  • Le métier de Conseillère conjugale et familiale

    09:33

  • Les professionnel·les du Planning Familial

    11:44

  • Les actions du Planning Familial

    12:30

  • Le rôle de l'infirmière scolaire

    25:50

  • Les adolescents osent frapper à la porte de l'infirmerie

    31:11

  • La liaison entre infirmerie et Planning Familial

    36:12

  • Le droit au secret des mineur·es

    38:16

  • La place importante des parents

    42:29

  • Les nouveaux programmes d'EVARS

    43:34

  • Les règles d'intervention en classe pour les associations

    51:48

  • Conclusion et appel à l'action

    56:15

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