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Dormir sans soucis

[Lecture et Sommeil guidé] Histoire d'amour fou par Maupassant

[Lecture et Sommeil guidé] Histoire d'amour fou par Maupassant

23min |12/01/2025
Play
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23min |12/01/2025
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Description

Pas encore sommeil ? Allongez-vous, fermez les yeux et écoutez la séance de relaxation puis l'histoire de la nuit pour mieux dormir sans insomnie : "À vendre" de Guy de Maupassant.


Heureux de vous retrouver chaque nuit pour un voyage sonore d'hypnose et pour mieux dormir sans insomnie grâce à une nouvelle histoire, de l'ASMR des contes et des bruits blancs.


Dormir Sans Soucis, c'est le rendez-vous pour votre santé mentale, pour en finir avec le stress, l'insomnie et l'anxiété.  

Dormir sans soucis, votre podcast pour mieux dormir, vous attend dans les catégories « forme et santé » « santé mentale » et « romans et nouvelles ».


Chaque épisode de Dormir Sans Soucis est conçu pour vous offrir un moment de détente unique. Que vous soyez à la recherche d’un moyen pour s’endormir facilement, d'une évasion relaxante ou d’une solution naturelle contre l’insomnie, ce podcast vous offre des histoires et contes pensés pour apaiser l’esprit.

Plongez dans un voyage sonore qui allie relaxation et bien-être. En écoutant nos histoires pour dormir, vous bénéficiez de l’effet ASMR des récits apaisants, permettant de mieux dormir tout en réduisant le stress et l’anxiété.

Dormir Sans Soucis n'est pas seulement un podcast, c'est une expérience de relaxation immersive qui vous accompagne pour une meilleure qualité de sommeil, nuit après nuit. Abonnez-vous pour ne rater aucun nouvel épisode, et laissez-vous emporter par une lecture apaisante, pensée pour favoriser un sommeil profond et réparateur. Bonne nuit, et profitez de chaque instant de tranquillité.


Bienfait : mieux dormir avec une histoire ou des contes et oublier l'insomnie. 

Bon voyage sonore ! Bonne relaxation ! Bonne nuit ! ☁️


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans ce nouvel épisode de lecture d'une histoire qui, j'en suis certain, vous plaira. Je vous souhaite de passer un très très bon moment. Et si ce n'est pas déjà fait, avant de vous endormir, vous pouvez vous abonner au podcast pour ne louper la sortie d'aucun épisode. Bonne écoute, bonne nuit, et n'oubliez pas, vous êtes une personne formidable. Il est maintenant temps de simplement fermer les yeux et vous détendre. N'est-ce pas de la journée le meilleur des moments, celui qui vous appartient pleinement, ce moment qui est fait pour votre simple bonheur et bien-être ? Et les heures qui vont suivre, des heures de repos, de réconfort, prenez du temps pour vous décontracter complètement. Concentrez-vous uniquement sur ma voix et laissez-vous guider vers une nuit douce, car vous le méritez. Partir à pied quand le soleil se lève et marcher dans la rosée le long des champs, au bord de la mer calme, quelle ivresse ! Elle entre en vous par les yeux avec la lumière, par la narine avec l'air léger, par la peau avec les souffles du vent. Pourquoi gardons-nous le souvenir si clair, si cher, si aigu de certaines minutes d'amour avec la terre ? Le souvenir d'une sensation délicieuse et rapide, comme de la caresse d'un paysage rencontré au détour d'une route, à l'entrée d'un vallon, au bord d'une rivière. Ainsi qu'on rencontrerait une belle fille complaisante. Je me souviens d'un jour, entre autres, j'allais le long de l'océan Breton, vers la pointe du Finistère, j'allais sans penser à rien. D'un pas rapide, le long des flots, c'était dans les environs de Quimperlé, dans cette partie la plus douce et la plus belle de la Bretagne, un matin de printemps, un de ces matins qui vous rajeunissent de vingt ans. vous refont des espérances et vous redonnent des rêves d'adolescent. J'allais par un chemin à peine marqué entre les blés et les vagues. Les blés ne remuaient point, et les vagues remuaient à peine. On sentait bien l'odeur douce des champs mûrs et l'odeur marine. J'allais sans penser à rien devant moi, continuant mon voyage commencé depuis quinze jours, un tour de Bretagne par les côtes. Je me sentais fort, agile, heureux et gai. J'allais, je ne pensais à rien. Pourquoi penser en ces heures de joie inconsciente, profonde, charnelle, joie de bête qui court dans l'herbe ou qui vole dans l'air bleu sous le soleil ? J'entendais chanter au loin des champs pieux, une procession peut-être, car c'était un dimanche. Mais je tournais un petit cap et je demeurais immobile, ravi. Cinq gros bateaux de pêche m'apparurent remplis de gens, hommes, femmes, enfants, allant au pardon de Plounevent. Ils longeaient la rive, doucement, poussés à peine par une brise molle. et essoufflé qui gonflait un peu les voiles brunes, puis, s'épuisant aussitôt, les laissait retomber, flasques, le long des morts. Les lourdes barques glissaient lentement, chargées de monde, et tout ce monde chantait. Les hommes, debout sur les bordages, coiffés du grand chapeau, poussaient leurs notes puissantes. Les femmes criaient leurs notes aigües, et les voix grêlées des enfants passaient comme des sons de fifres faux dans la grande clameur pieuse et violente. Et les passagers des cinq bateaux clamaient le même cantique, dont le rythme monotone s'élevait dans le ciel calme. Et les cinq bateaux allaient l'un derrière l'autre, tout près l'un de l'autre. Ils passèrent devant moi, contre moi, et je les vis s'éloigner. J'entendis s'affaiblir et s'éteindre leurs champs, et je me mis à rêver à des choses délicieuses, comme rêvent les tout jeunes gens, d'une façon puérile et charmante, comme ils fuient vite cet âge de la rêverie, le seul âge heureux de l'existence. Jamais on est solitaire, jamais on est triste, jamais morose et désolée, quand on porte en soi la faculté divine de s'égarer dans les espérances, dès qu'on est seul, quel pays de fées, celui où tout arrive, dans l'hallucination de la pensée qui vagabonde. Comme la vie est belle sous la poudre d'or des songes. Hélas, c'est fini cela. Je me mis à rêver. À quoi ? À tout ce qu'on attend sans cesse. À tout ce qu'on désire. À la fortune, à la gloire, à la femme. Et j'allais, à grands pas rapides, caressant de la main la tête blonde des blés qui se penchaient sous mes doigts et me chatouillaient la peau comme si j'eusse touché des cheveux. Je contournais un petit promontoire et j'aperçus au fond d'une plage étroite et ronde une maison blanche, bâtie sur trois terrasses qui descendaient jusqu'à la grève. Pourquoi la vue de cette maison me fit-elle tressaillir de joie ? Le sais-je, on trouve parfois, en voyageant ainsi, des coins de pays qu'on croit connaître depuis longtemps, tant ils vous sont familiers, tant ils plaisent à votre cœur. Est-il possible qu'on ne les ait jamais vus, qu'on ait point vécu là autrefois ? Tout vous séduit, vous enchante. La ligne douce de l'horizon, la disposition des arbres, la couleur du sable. Oh, la jolie maison, debout sur ses hauts gradins. De grands arbres fruitiers avaient poussé le long des terrasses qui descendaient vers l'eau, comme des marches géantes, et chacune portait ainsi qu'une couronne d'or sur son fait un long bouquet de gênés d'Espagne en fleurs. Je m'arrêtais, saisi d'amour pour cette demeure. Comme j'eus aimé la posséder, y vivre toujours, je m'approchai de la porte, le cœur battant d'envie, et j'aperçus sur un des piliers de la barrière un grand écriteau, À vendre J'en ressentis une secousse de plaisir, comme si on me l'eût offerte, comme si on me l'eût donnée cette demeure. Pourquoi ? Oui, pourquoi ? Je n'en sais rien. À vendre ? Donc elle n'était presque plus à quelqu'un, elle pouvait être à tout le monde, à moi. Pourquoi cette joie, cette sensation d'allégresse profonde, inexplicable ? Je savais bien pourtant que je ne l'achèterais point. Comment l'aurais-je payée ? N'importe, elle était à vendre. L'oiseau en cage appartient à son maître. L'oiseau dans l'air est à moi. n'étant à aucun autre. Et j'entrais dans le jardin, ah, le charmant jardin avec ses estrades superposées, ses escaliers aux longs bras de martyr crucifié, ses touffes de gênés d'or et de vieux figuiers au bout de chaque terrasse. Quand je fus sur la dernière, je regardais l'horizon. La petite plage s'étendait à mes pieds, ronde et sablonneuse, séparée de la haute mer par trois rochers lourds et bruns qui enfermaient l'entrée et devaient briser les vagues au jour de grosse mer. Sur la pointe, en face, deux pierres énormes, l'une debout, l'autre couchée dans l'herbe. Pareil à deux époux étranges, immobilisés par quelques maléfices, semblaient regarder toujours la petite maison qu'ils avaient vu construire. Eux qui connaissaient depuis des siècles cette baie autrefois solitaire. Et je sonnais à la porte, comme si je sonnais chez moi. Une femme vint ouvrir, une bonne, une vieille petite bonne vêtue de noir, coiffée de blanc, qui ressemblait à une béguine. Il me sembla que je la connaissais aussi, cette femme. Je lui dis, Vous n'êtes pas bretonne, vous ? Non, monsieur, je suis de Lorraine. Vous venez pour visiter la maison ? Eh oui, par bleu, et j'entrais. Je reconnaissais tout, me semblait-il. Les murs, les meubles. Je m'étonnais presque de ne pas trouver mes cannes dans le vestibule. Je pénétrais dans le salon. Un joli salon tapissé de nattes. et qui regardait la mer par trois larges fenêtres. Sur la cheminée, des potiches de chine et une grande photographie de femme. J'allais vers elle aussitôt, persuadé que je la reconnaîtrai aussi. Et je la reconnus, bien que je fus certain de ne l'avoir jamais rencontrée. C'était elle, elle-même, celle que j'attendais, que je désirais, que j'appelais, dont le visage hantait mes rêves. Elle, celle qu'on cherche toujours partout, celle qu'on va voir dans la rue tout à l'heure, qu'on va trouver sur la route dans la campagne dès qu'on aperçoit une ombrelle rouge sur les blés. Celle qui doit être déjà arrivée dans l'hôtel où j'entre en voyage. Dans le wagon où je vais monter. Dans le salon dont la porte s'ouvre devant moi. C'était elle, assurément. Indubitablement elle. Je la reconnus à ses yeux qui me regardaient, à ses cheveux roulés à l'anglaise. à sa bouche surtout, à ce sourire que j'avais deviné depuis longtemps. Je me demandais aussitôt, Quelle est cette femme ? La bonne répondit sèchement, C'est madame. C'est votre maîtresse ? elle répliqua avec son air dévot et dur. Non, monsieur. Je m'assis et je prononçai. Comptez-moi ça ! Elle demeurait stupéfaite, immobile, silencieuse. J'insistai. C'est la propriétaire de cette maison, alors ? Oh non, monsieur ! À qui appartient donc cette maison ? À mon maître, monsieur Tournelle. J'étendis le doigt vers la photographie. Et cette femme, qu'est-ce que c'est ? C'est madame. La femme de votre maître ? Oh non, monsieur. Sa maîtresse, alors ? Elle ne répondit pas. Je repris. Mordu par une vague jalousie, par une colère confuse contre cet homme qui avait trouvé cette femme. Où sont-ils maintenant, madame ? Monsieur est à Paris. Mais, pour madame, je ne sais pas, je tressaille. Ah, ils ne sont plus ensemble ? Non, monsieur. Et là je fus rusé, et d'une voix grave, Dites-moi ce qui est arrivé. Je pourrais peut-être rendre service à votre maître. Je connais cette femme. C'est une méchante. La vieille servante me regarda, et devant mon air ouvert et franc, elle eut confiance. Ô monsieur, elle a rendu mon maître bien malheureux. elle a fait sa connaissance en italie et il l'a ramenée avec lui comme s'il l'avait épousée elle chantait très bien il l'aimait monsieur que ça faisait pitié de le voir et ils ont été en voyage dans ce pays l'an dernier et ils ont trouvé cette maison qui avait été bâtie par un fou un vrai fou Pour s'installer à deux lieux du village, Madame a voulu l'acheter tout de suite pour y rester avec mon maître. et il a acheté la maison pour lui faire plaisir ils y sont demeurés tout l'été tout l'été dernier et presque tout l'hiver et puis voilà voilà qu'un matin à l'heure du déjeuner monsieur m'appelle césarine est-ce que madame est rentrée mais non monsieur On attendit toute la journée. Mon maître était comme un furieux. On chercha partout. On ne la trouva pas. Elle était partie. Elle était partie, monsieur. On n'a jamais su où ni comment. Oh, quelle joie m'envahit ! J'avais envie d'embrasser la bonne, de la prendre par la taille et de la faire danser dans le salon. Elle était partie, elle s'était sauvée. Elle l'avait quittée fatiguée, dégoûtée de lui. Comme j'étais heureux, la vieille bonne reprit. Monsieur a eu un chagrin à mourir. et il est retourné à Paris en me laissant avec mon mari pour vendre la maison. On en demande vingt mille francs, mais je ne l'écoutais plus. Je pensais à elle, et tout à coup il me sembla que je n'avais qu'à repartir pour la trouver, qu'elle avait dû revenir dans le pays, ce printemps, pour voir la maison, sa gentille maison. qu'elle aurait tant aimé sans lui. Je jetai dix francs dans les mains de la vieille, je saisis la photographie, et je m'enfuis en courant, et baisant éperdument le doux visage entré dans le carton, je regagnais la route, et me remis à marcher, en la regardant, elle. Quelle joie qu'elle fut libre, qu'elle se fut sauvée. Certes, j'allais la rencontrer aujourd'hui, ou demain, cette semaine, ou la suivante, puisqu'elle l'avait quittée. Elle l'avait quittée parce que mon heure était venue. Elle était libre, quelque part dans le monde. Je n'avais plus qu'à la trouver, puisque je la connaissais, et je caressais toujours les têtes ployantes des blémurs. Je buvais l'air marin qui me gonflait la poitrine. Je sentais le soleil me baiser le visage. J'allais, j'allais éperdu de bonheur. Enivrée d'espoir, j'allais, sûre de la rencontrer bientôt et de la ramener pour habiter à notre tour dans la jolie maison, à vendre, comme elle s'y plairait cette fois.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Séance de relaxation ASMR

    00:34

  • Histoire pour dormir : À vendre - Maupassant

    02:20

Description

Pas encore sommeil ? Allongez-vous, fermez les yeux et écoutez la séance de relaxation puis l'histoire de la nuit pour mieux dormir sans insomnie : "À vendre" de Guy de Maupassant.


Heureux de vous retrouver chaque nuit pour un voyage sonore d'hypnose et pour mieux dormir sans insomnie grâce à une nouvelle histoire, de l'ASMR des contes et des bruits blancs.


Dormir Sans Soucis, c'est le rendez-vous pour votre santé mentale, pour en finir avec le stress, l'insomnie et l'anxiété.  

Dormir sans soucis, votre podcast pour mieux dormir, vous attend dans les catégories « forme et santé » « santé mentale » et « romans et nouvelles ».


Chaque épisode de Dormir Sans Soucis est conçu pour vous offrir un moment de détente unique. Que vous soyez à la recherche d’un moyen pour s’endormir facilement, d'une évasion relaxante ou d’une solution naturelle contre l’insomnie, ce podcast vous offre des histoires et contes pensés pour apaiser l’esprit.

Plongez dans un voyage sonore qui allie relaxation et bien-être. En écoutant nos histoires pour dormir, vous bénéficiez de l’effet ASMR des récits apaisants, permettant de mieux dormir tout en réduisant le stress et l’anxiété.

Dormir Sans Soucis n'est pas seulement un podcast, c'est une expérience de relaxation immersive qui vous accompagne pour une meilleure qualité de sommeil, nuit après nuit. Abonnez-vous pour ne rater aucun nouvel épisode, et laissez-vous emporter par une lecture apaisante, pensée pour favoriser un sommeil profond et réparateur. Bonne nuit, et profitez de chaque instant de tranquillité.


Bienfait : mieux dormir avec une histoire ou des contes et oublier l'insomnie. 

Bon voyage sonore ! Bonne relaxation ! Bonne nuit ! ☁️


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans ce nouvel épisode de lecture d'une histoire qui, j'en suis certain, vous plaira. Je vous souhaite de passer un très très bon moment. Et si ce n'est pas déjà fait, avant de vous endormir, vous pouvez vous abonner au podcast pour ne louper la sortie d'aucun épisode. Bonne écoute, bonne nuit, et n'oubliez pas, vous êtes une personne formidable. Il est maintenant temps de simplement fermer les yeux et vous détendre. N'est-ce pas de la journée le meilleur des moments, celui qui vous appartient pleinement, ce moment qui est fait pour votre simple bonheur et bien-être ? Et les heures qui vont suivre, des heures de repos, de réconfort, prenez du temps pour vous décontracter complètement. Concentrez-vous uniquement sur ma voix et laissez-vous guider vers une nuit douce, car vous le méritez. Partir à pied quand le soleil se lève et marcher dans la rosée le long des champs, au bord de la mer calme, quelle ivresse ! Elle entre en vous par les yeux avec la lumière, par la narine avec l'air léger, par la peau avec les souffles du vent. Pourquoi gardons-nous le souvenir si clair, si cher, si aigu de certaines minutes d'amour avec la terre ? Le souvenir d'une sensation délicieuse et rapide, comme de la caresse d'un paysage rencontré au détour d'une route, à l'entrée d'un vallon, au bord d'une rivière. Ainsi qu'on rencontrerait une belle fille complaisante. Je me souviens d'un jour, entre autres, j'allais le long de l'océan Breton, vers la pointe du Finistère, j'allais sans penser à rien. D'un pas rapide, le long des flots, c'était dans les environs de Quimperlé, dans cette partie la plus douce et la plus belle de la Bretagne, un matin de printemps, un de ces matins qui vous rajeunissent de vingt ans. vous refont des espérances et vous redonnent des rêves d'adolescent. J'allais par un chemin à peine marqué entre les blés et les vagues. Les blés ne remuaient point, et les vagues remuaient à peine. On sentait bien l'odeur douce des champs mûrs et l'odeur marine. J'allais sans penser à rien devant moi, continuant mon voyage commencé depuis quinze jours, un tour de Bretagne par les côtes. Je me sentais fort, agile, heureux et gai. J'allais, je ne pensais à rien. Pourquoi penser en ces heures de joie inconsciente, profonde, charnelle, joie de bête qui court dans l'herbe ou qui vole dans l'air bleu sous le soleil ? J'entendais chanter au loin des champs pieux, une procession peut-être, car c'était un dimanche. Mais je tournais un petit cap et je demeurais immobile, ravi. Cinq gros bateaux de pêche m'apparurent remplis de gens, hommes, femmes, enfants, allant au pardon de Plounevent. Ils longeaient la rive, doucement, poussés à peine par une brise molle. et essoufflé qui gonflait un peu les voiles brunes, puis, s'épuisant aussitôt, les laissait retomber, flasques, le long des morts. Les lourdes barques glissaient lentement, chargées de monde, et tout ce monde chantait. Les hommes, debout sur les bordages, coiffés du grand chapeau, poussaient leurs notes puissantes. Les femmes criaient leurs notes aigües, et les voix grêlées des enfants passaient comme des sons de fifres faux dans la grande clameur pieuse et violente. Et les passagers des cinq bateaux clamaient le même cantique, dont le rythme monotone s'élevait dans le ciel calme. Et les cinq bateaux allaient l'un derrière l'autre, tout près l'un de l'autre. Ils passèrent devant moi, contre moi, et je les vis s'éloigner. J'entendis s'affaiblir et s'éteindre leurs champs, et je me mis à rêver à des choses délicieuses, comme rêvent les tout jeunes gens, d'une façon puérile et charmante, comme ils fuient vite cet âge de la rêverie, le seul âge heureux de l'existence. Jamais on est solitaire, jamais on est triste, jamais morose et désolée, quand on porte en soi la faculté divine de s'égarer dans les espérances, dès qu'on est seul, quel pays de fées, celui où tout arrive, dans l'hallucination de la pensée qui vagabonde. Comme la vie est belle sous la poudre d'or des songes. Hélas, c'est fini cela. Je me mis à rêver. À quoi ? À tout ce qu'on attend sans cesse. À tout ce qu'on désire. À la fortune, à la gloire, à la femme. Et j'allais, à grands pas rapides, caressant de la main la tête blonde des blés qui se penchaient sous mes doigts et me chatouillaient la peau comme si j'eusse touché des cheveux. Je contournais un petit promontoire et j'aperçus au fond d'une plage étroite et ronde une maison blanche, bâtie sur trois terrasses qui descendaient jusqu'à la grève. Pourquoi la vue de cette maison me fit-elle tressaillir de joie ? Le sais-je, on trouve parfois, en voyageant ainsi, des coins de pays qu'on croit connaître depuis longtemps, tant ils vous sont familiers, tant ils plaisent à votre cœur. Est-il possible qu'on ne les ait jamais vus, qu'on ait point vécu là autrefois ? Tout vous séduit, vous enchante. La ligne douce de l'horizon, la disposition des arbres, la couleur du sable. Oh, la jolie maison, debout sur ses hauts gradins. De grands arbres fruitiers avaient poussé le long des terrasses qui descendaient vers l'eau, comme des marches géantes, et chacune portait ainsi qu'une couronne d'or sur son fait un long bouquet de gênés d'Espagne en fleurs. Je m'arrêtais, saisi d'amour pour cette demeure. Comme j'eus aimé la posséder, y vivre toujours, je m'approchai de la porte, le cœur battant d'envie, et j'aperçus sur un des piliers de la barrière un grand écriteau, À vendre J'en ressentis une secousse de plaisir, comme si on me l'eût offerte, comme si on me l'eût donnée cette demeure. Pourquoi ? Oui, pourquoi ? Je n'en sais rien. À vendre ? Donc elle n'était presque plus à quelqu'un, elle pouvait être à tout le monde, à moi. Pourquoi cette joie, cette sensation d'allégresse profonde, inexplicable ? Je savais bien pourtant que je ne l'achèterais point. Comment l'aurais-je payée ? N'importe, elle était à vendre. L'oiseau en cage appartient à son maître. L'oiseau dans l'air est à moi. n'étant à aucun autre. Et j'entrais dans le jardin, ah, le charmant jardin avec ses estrades superposées, ses escaliers aux longs bras de martyr crucifié, ses touffes de gênés d'or et de vieux figuiers au bout de chaque terrasse. Quand je fus sur la dernière, je regardais l'horizon. La petite plage s'étendait à mes pieds, ronde et sablonneuse, séparée de la haute mer par trois rochers lourds et bruns qui enfermaient l'entrée et devaient briser les vagues au jour de grosse mer. Sur la pointe, en face, deux pierres énormes, l'une debout, l'autre couchée dans l'herbe. Pareil à deux époux étranges, immobilisés par quelques maléfices, semblaient regarder toujours la petite maison qu'ils avaient vu construire. Eux qui connaissaient depuis des siècles cette baie autrefois solitaire. Et je sonnais à la porte, comme si je sonnais chez moi. Une femme vint ouvrir, une bonne, une vieille petite bonne vêtue de noir, coiffée de blanc, qui ressemblait à une béguine. Il me sembla que je la connaissais aussi, cette femme. Je lui dis, Vous n'êtes pas bretonne, vous ? Non, monsieur, je suis de Lorraine. Vous venez pour visiter la maison ? Eh oui, par bleu, et j'entrais. Je reconnaissais tout, me semblait-il. Les murs, les meubles. Je m'étonnais presque de ne pas trouver mes cannes dans le vestibule. Je pénétrais dans le salon. Un joli salon tapissé de nattes. et qui regardait la mer par trois larges fenêtres. Sur la cheminée, des potiches de chine et une grande photographie de femme. J'allais vers elle aussitôt, persuadé que je la reconnaîtrai aussi. Et je la reconnus, bien que je fus certain de ne l'avoir jamais rencontrée. C'était elle, elle-même, celle que j'attendais, que je désirais, que j'appelais, dont le visage hantait mes rêves. Elle, celle qu'on cherche toujours partout, celle qu'on va voir dans la rue tout à l'heure, qu'on va trouver sur la route dans la campagne dès qu'on aperçoit une ombrelle rouge sur les blés. Celle qui doit être déjà arrivée dans l'hôtel où j'entre en voyage. Dans le wagon où je vais monter. Dans le salon dont la porte s'ouvre devant moi. C'était elle, assurément. Indubitablement elle. Je la reconnus à ses yeux qui me regardaient, à ses cheveux roulés à l'anglaise. à sa bouche surtout, à ce sourire que j'avais deviné depuis longtemps. Je me demandais aussitôt, Quelle est cette femme ? La bonne répondit sèchement, C'est madame. C'est votre maîtresse ? elle répliqua avec son air dévot et dur. Non, monsieur. Je m'assis et je prononçai. Comptez-moi ça ! Elle demeurait stupéfaite, immobile, silencieuse. J'insistai. C'est la propriétaire de cette maison, alors ? Oh non, monsieur ! À qui appartient donc cette maison ? À mon maître, monsieur Tournelle. J'étendis le doigt vers la photographie. Et cette femme, qu'est-ce que c'est ? C'est madame. La femme de votre maître ? Oh non, monsieur. Sa maîtresse, alors ? Elle ne répondit pas. Je repris. Mordu par une vague jalousie, par une colère confuse contre cet homme qui avait trouvé cette femme. Où sont-ils maintenant, madame ? Monsieur est à Paris. Mais, pour madame, je ne sais pas, je tressaille. Ah, ils ne sont plus ensemble ? Non, monsieur. Et là je fus rusé, et d'une voix grave, Dites-moi ce qui est arrivé. Je pourrais peut-être rendre service à votre maître. Je connais cette femme. C'est une méchante. La vieille servante me regarda, et devant mon air ouvert et franc, elle eut confiance. Ô monsieur, elle a rendu mon maître bien malheureux. elle a fait sa connaissance en italie et il l'a ramenée avec lui comme s'il l'avait épousée elle chantait très bien il l'aimait monsieur que ça faisait pitié de le voir et ils ont été en voyage dans ce pays l'an dernier et ils ont trouvé cette maison qui avait été bâtie par un fou un vrai fou Pour s'installer à deux lieux du village, Madame a voulu l'acheter tout de suite pour y rester avec mon maître. et il a acheté la maison pour lui faire plaisir ils y sont demeurés tout l'été tout l'été dernier et presque tout l'hiver et puis voilà voilà qu'un matin à l'heure du déjeuner monsieur m'appelle césarine est-ce que madame est rentrée mais non monsieur On attendit toute la journée. Mon maître était comme un furieux. On chercha partout. On ne la trouva pas. Elle était partie. Elle était partie, monsieur. On n'a jamais su où ni comment. Oh, quelle joie m'envahit ! J'avais envie d'embrasser la bonne, de la prendre par la taille et de la faire danser dans le salon. Elle était partie, elle s'était sauvée. Elle l'avait quittée fatiguée, dégoûtée de lui. Comme j'étais heureux, la vieille bonne reprit. Monsieur a eu un chagrin à mourir. et il est retourné à Paris en me laissant avec mon mari pour vendre la maison. On en demande vingt mille francs, mais je ne l'écoutais plus. Je pensais à elle, et tout à coup il me sembla que je n'avais qu'à repartir pour la trouver, qu'elle avait dû revenir dans le pays, ce printemps, pour voir la maison, sa gentille maison. qu'elle aurait tant aimé sans lui. Je jetai dix francs dans les mains de la vieille, je saisis la photographie, et je m'enfuis en courant, et baisant éperdument le doux visage entré dans le carton, je regagnais la route, et me remis à marcher, en la regardant, elle. Quelle joie qu'elle fut libre, qu'elle se fut sauvée. Certes, j'allais la rencontrer aujourd'hui, ou demain, cette semaine, ou la suivante, puisqu'elle l'avait quittée. Elle l'avait quittée parce que mon heure était venue. Elle était libre, quelque part dans le monde. Je n'avais plus qu'à la trouver, puisque je la connaissais, et je caressais toujours les têtes ployantes des blémurs. Je buvais l'air marin qui me gonflait la poitrine. Je sentais le soleil me baiser le visage. J'allais, j'allais éperdu de bonheur. Enivrée d'espoir, j'allais, sûre de la rencontrer bientôt et de la ramener pour habiter à notre tour dans la jolie maison, à vendre, comme elle s'y plairait cette fois.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Séance de relaxation ASMR

    00:34

  • Histoire pour dormir : À vendre - Maupassant

    02:20

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Description

Pas encore sommeil ? Allongez-vous, fermez les yeux et écoutez la séance de relaxation puis l'histoire de la nuit pour mieux dormir sans insomnie : "À vendre" de Guy de Maupassant.


Heureux de vous retrouver chaque nuit pour un voyage sonore d'hypnose et pour mieux dormir sans insomnie grâce à une nouvelle histoire, de l'ASMR des contes et des bruits blancs.


Dormir Sans Soucis, c'est le rendez-vous pour votre santé mentale, pour en finir avec le stress, l'insomnie et l'anxiété.  

Dormir sans soucis, votre podcast pour mieux dormir, vous attend dans les catégories « forme et santé » « santé mentale » et « romans et nouvelles ».


Chaque épisode de Dormir Sans Soucis est conçu pour vous offrir un moment de détente unique. Que vous soyez à la recherche d’un moyen pour s’endormir facilement, d'une évasion relaxante ou d’une solution naturelle contre l’insomnie, ce podcast vous offre des histoires et contes pensés pour apaiser l’esprit.

Plongez dans un voyage sonore qui allie relaxation et bien-être. En écoutant nos histoires pour dormir, vous bénéficiez de l’effet ASMR des récits apaisants, permettant de mieux dormir tout en réduisant le stress et l’anxiété.

Dormir Sans Soucis n'est pas seulement un podcast, c'est une expérience de relaxation immersive qui vous accompagne pour une meilleure qualité de sommeil, nuit après nuit. Abonnez-vous pour ne rater aucun nouvel épisode, et laissez-vous emporter par une lecture apaisante, pensée pour favoriser un sommeil profond et réparateur. Bonne nuit, et profitez de chaque instant de tranquillité.


Bienfait : mieux dormir avec une histoire ou des contes et oublier l'insomnie. 

Bon voyage sonore ! Bonne relaxation ! Bonne nuit ! ☁️


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  • Speaker #0

    Bienvenue dans ce nouvel épisode de lecture d'une histoire qui, j'en suis certain, vous plaira. Je vous souhaite de passer un très très bon moment. Et si ce n'est pas déjà fait, avant de vous endormir, vous pouvez vous abonner au podcast pour ne louper la sortie d'aucun épisode. Bonne écoute, bonne nuit, et n'oubliez pas, vous êtes une personne formidable. Il est maintenant temps de simplement fermer les yeux et vous détendre. N'est-ce pas de la journée le meilleur des moments, celui qui vous appartient pleinement, ce moment qui est fait pour votre simple bonheur et bien-être ? Et les heures qui vont suivre, des heures de repos, de réconfort, prenez du temps pour vous décontracter complètement. Concentrez-vous uniquement sur ma voix et laissez-vous guider vers une nuit douce, car vous le méritez. Partir à pied quand le soleil se lève et marcher dans la rosée le long des champs, au bord de la mer calme, quelle ivresse ! Elle entre en vous par les yeux avec la lumière, par la narine avec l'air léger, par la peau avec les souffles du vent. Pourquoi gardons-nous le souvenir si clair, si cher, si aigu de certaines minutes d'amour avec la terre ? Le souvenir d'une sensation délicieuse et rapide, comme de la caresse d'un paysage rencontré au détour d'une route, à l'entrée d'un vallon, au bord d'une rivière. Ainsi qu'on rencontrerait une belle fille complaisante. Je me souviens d'un jour, entre autres, j'allais le long de l'océan Breton, vers la pointe du Finistère, j'allais sans penser à rien. D'un pas rapide, le long des flots, c'était dans les environs de Quimperlé, dans cette partie la plus douce et la plus belle de la Bretagne, un matin de printemps, un de ces matins qui vous rajeunissent de vingt ans. vous refont des espérances et vous redonnent des rêves d'adolescent. J'allais par un chemin à peine marqué entre les blés et les vagues. Les blés ne remuaient point, et les vagues remuaient à peine. On sentait bien l'odeur douce des champs mûrs et l'odeur marine. J'allais sans penser à rien devant moi, continuant mon voyage commencé depuis quinze jours, un tour de Bretagne par les côtes. Je me sentais fort, agile, heureux et gai. J'allais, je ne pensais à rien. Pourquoi penser en ces heures de joie inconsciente, profonde, charnelle, joie de bête qui court dans l'herbe ou qui vole dans l'air bleu sous le soleil ? J'entendais chanter au loin des champs pieux, une procession peut-être, car c'était un dimanche. Mais je tournais un petit cap et je demeurais immobile, ravi. Cinq gros bateaux de pêche m'apparurent remplis de gens, hommes, femmes, enfants, allant au pardon de Plounevent. Ils longeaient la rive, doucement, poussés à peine par une brise molle. et essoufflé qui gonflait un peu les voiles brunes, puis, s'épuisant aussitôt, les laissait retomber, flasques, le long des morts. Les lourdes barques glissaient lentement, chargées de monde, et tout ce monde chantait. Les hommes, debout sur les bordages, coiffés du grand chapeau, poussaient leurs notes puissantes. Les femmes criaient leurs notes aigües, et les voix grêlées des enfants passaient comme des sons de fifres faux dans la grande clameur pieuse et violente. Et les passagers des cinq bateaux clamaient le même cantique, dont le rythme monotone s'élevait dans le ciel calme. Et les cinq bateaux allaient l'un derrière l'autre, tout près l'un de l'autre. Ils passèrent devant moi, contre moi, et je les vis s'éloigner. J'entendis s'affaiblir et s'éteindre leurs champs, et je me mis à rêver à des choses délicieuses, comme rêvent les tout jeunes gens, d'une façon puérile et charmante, comme ils fuient vite cet âge de la rêverie, le seul âge heureux de l'existence. Jamais on est solitaire, jamais on est triste, jamais morose et désolée, quand on porte en soi la faculté divine de s'égarer dans les espérances, dès qu'on est seul, quel pays de fées, celui où tout arrive, dans l'hallucination de la pensée qui vagabonde. Comme la vie est belle sous la poudre d'or des songes. Hélas, c'est fini cela. Je me mis à rêver. À quoi ? À tout ce qu'on attend sans cesse. À tout ce qu'on désire. À la fortune, à la gloire, à la femme. Et j'allais, à grands pas rapides, caressant de la main la tête blonde des blés qui se penchaient sous mes doigts et me chatouillaient la peau comme si j'eusse touché des cheveux. Je contournais un petit promontoire et j'aperçus au fond d'une plage étroite et ronde une maison blanche, bâtie sur trois terrasses qui descendaient jusqu'à la grève. Pourquoi la vue de cette maison me fit-elle tressaillir de joie ? Le sais-je, on trouve parfois, en voyageant ainsi, des coins de pays qu'on croit connaître depuis longtemps, tant ils vous sont familiers, tant ils plaisent à votre cœur. Est-il possible qu'on ne les ait jamais vus, qu'on ait point vécu là autrefois ? Tout vous séduit, vous enchante. La ligne douce de l'horizon, la disposition des arbres, la couleur du sable. Oh, la jolie maison, debout sur ses hauts gradins. De grands arbres fruitiers avaient poussé le long des terrasses qui descendaient vers l'eau, comme des marches géantes, et chacune portait ainsi qu'une couronne d'or sur son fait un long bouquet de gênés d'Espagne en fleurs. Je m'arrêtais, saisi d'amour pour cette demeure. Comme j'eus aimé la posséder, y vivre toujours, je m'approchai de la porte, le cœur battant d'envie, et j'aperçus sur un des piliers de la barrière un grand écriteau, À vendre J'en ressentis une secousse de plaisir, comme si on me l'eût offerte, comme si on me l'eût donnée cette demeure. Pourquoi ? Oui, pourquoi ? Je n'en sais rien. À vendre ? Donc elle n'était presque plus à quelqu'un, elle pouvait être à tout le monde, à moi. Pourquoi cette joie, cette sensation d'allégresse profonde, inexplicable ? Je savais bien pourtant que je ne l'achèterais point. Comment l'aurais-je payée ? N'importe, elle était à vendre. L'oiseau en cage appartient à son maître. L'oiseau dans l'air est à moi. n'étant à aucun autre. Et j'entrais dans le jardin, ah, le charmant jardin avec ses estrades superposées, ses escaliers aux longs bras de martyr crucifié, ses touffes de gênés d'or et de vieux figuiers au bout de chaque terrasse. Quand je fus sur la dernière, je regardais l'horizon. La petite plage s'étendait à mes pieds, ronde et sablonneuse, séparée de la haute mer par trois rochers lourds et bruns qui enfermaient l'entrée et devaient briser les vagues au jour de grosse mer. Sur la pointe, en face, deux pierres énormes, l'une debout, l'autre couchée dans l'herbe. Pareil à deux époux étranges, immobilisés par quelques maléfices, semblaient regarder toujours la petite maison qu'ils avaient vu construire. Eux qui connaissaient depuis des siècles cette baie autrefois solitaire. Et je sonnais à la porte, comme si je sonnais chez moi. Une femme vint ouvrir, une bonne, une vieille petite bonne vêtue de noir, coiffée de blanc, qui ressemblait à une béguine. Il me sembla que je la connaissais aussi, cette femme. Je lui dis, Vous n'êtes pas bretonne, vous ? Non, monsieur, je suis de Lorraine. Vous venez pour visiter la maison ? Eh oui, par bleu, et j'entrais. Je reconnaissais tout, me semblait-il. Les murs, les meubles. Je m'étonnais presque de ne pas trouver mes cannes dans le vestibule. Je pénétrais dans le salon. Un joli salon tapissé de nattes. et qui regardait la mer par trois larges fenêtres. Sur la cheminée, des potiches de chine et une grande photographie de femme. J'allais vers elle aussitôt, persuadé que je la reconnaîtrai aussi. Et je la reconnus, bien que je fus certain de ne l'avoir jamais rencontrée. C'était elle, elle-même, celle que j'attendais, que je désirais, que j'appelais, dont le visage hantait mes rêves. Elle, celle qu'on cherche toujours partout, celle qu'on va voir dans la rue tout à l'heure, qu'on va trouver sur la route dans la campagne dès qu'on aperçoit une ombrelle rouge sur les blés. Celle qui doit être déjà arrivée dans l'hôtel où j'entre en voyage. Dans le wagon où je vais monter. Dans le salon dont la porte s'ouvre devant moi. C'était elle, assurément. Indubitablement elle. Je la reconnus à ses yeux qui me regardaient, à ses cheveux roulés à l'anglaise. à sa bouche surtout, à ce sourire que j'avais deviné depuis longtemps. Je me demandais aussitôt, Quelle est cette femme ? La bonne répondit sèchement, C'est madame. C'est votre maîtresse ? elle répliqua avec son air dévot et dur. Non, monsieur. Je m'assis et je prononçai. Comptez-moi ça ! Elle demeurait stupéfaite, immobile, silencieuse. J'insistai. C'est la propriétaire de cette maison, alors ? Oh non, monsieur ! À qui appartient donc cette maison ? À mon maître, monsieur Tournelle. J'étendis le doigt vers la photographie. Et cette femme, qu'est-ce que c'est ? C'est madame. La femme de votre maître ? Oh non, monsieur. Sa maîtresse, alors ? Elle ne répondit pas. Je repris. Mordu par une vague jalousie, par une colère confuse contre cet homme qui avait trouvé cette femme. Où sont-ils maintenant, madame ? Monsieur est à Paris. Mais, pour madame, je ne sais pas, je tressaille. Ah, ils ne sont plus ensemble ? Non, monsieur. Et là je fus rusé, et d'une voix grave, Dites-moi ce qui est arrivé. Je pourrais peut-être rendre service à votre maître. Je connais cette femme. C'est une méchante. La vieille servante me regarda, et devant mon air ouvert et franc, elle eut confiance. Ô monsieur, elle a rendu mon maître bien malheureux. elle a fait sa connaissance en italie et il l'a ramenée avec lui comme s'il l'avait épousée elle chantait très bien il l'aimait monsieur que ça faisait pitié de le voir et ils ont été en voyage dans ce pays l'an dernier et ils ont trouvé cette maison qui avait été bâtie par un fou un vrai fou Pour s'installer à deux lieux du village, Madame a voulu l'acheter tout de suite pour y rester avec mon maître. et il a acheté la maison pour lui faire plaisir ils y sont demeurés tout l'été tout l'été dernier et presque tout l'hiver et puis voilà voilà qu'un matin à l'heure du déjeuner monsieur m'appelle césarine est-ce que madame est rentrée mais non monsieur On attendit toute la journée. Mon maître était comme un furieux. On chercha partout. On ne la trouva pas. Elle était partie. Elle était partie, monsieur. On n'a jamais su où ni comment. Oh, quelle joie m'envahit ! J'avais envie d'embrasser la bonne, de la prendre par la taille et de la faire danser dans le salon. Elle était partie, elle s'était sauvée. Elle l'avait quittée fatiguée, dégoûtée de lui. Comme j'étais heureux, la vieille bonne reprit. Monsieur a eu un chagrin à mourir. et il est retourné à Paris en me laissant avec mon mari pour vendre la maison. On en demande vingt mille francs, mais je ne l'écoutais plus. Je pensais à elle, et tout à coup il me sembla que je n'avais qu'à repartir pour la trouver, qu'elle avait dû revenir dans le pays, ce printemps, pour voir la maison, sa gentille maison. qu'elle aurait tant aimé sans lui. Je jetai dix francs dans les mains de la vieille, je saisis la photographie, et je m'enfuis en courant, et baisant éperdument le doux visage entré dans le carton, je regagnais la route, et me remis à marcher, en la regardant, elle. Quelle joie qu'elle fut libre, qu'elle se fut sauvée. Certes, j'allais la rencontrer aujourd'hui, ou demain, cette semaine, ou la suivante, puisqu'elle l'avait quittée. Elle l'avait quittée parce que mon heure était venue. Elle était libre, quelque part dans le monde. Je n'avais plus qu'à la trouver, puisque je la connaissais, et je caressais toujours les têtes ployantes des blémurs. Je buvais l'air marin qui me gonflait la poitrine. Je sentais le soleil me baiser le visage. J'allais, j'allais éperdu de bonheur. Enivrée d'espoir, j'allais, sûre de la rencontrer bientôt et de la ramener pour habiter à notre tour dans la jolie maison, à vendre, comme elle s'y plairait cette fois.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Séance de relaxation ASMR

    00:34

  • Histoire pour dormir : À vendre - Maupassant

    02:20

Description

Pas encore sommeil ? Allongez-vous, fermez les yeux et écoutez la séance de relaxation puis l'histoire de la nuit pour mieux dormir sans insomnie : "À vendre" de Guy de Maupassant.


Heureux de vous retrouver chaque nuit pour un voyage sonore d'hypnose et pour mieux dormir sans insomnie grâce à une nouvelle histoire, de l'ASMR des contes et des bruits blancs.


Dormir Sans Soucis, c'est le rendez-vous pour votre santé mentale, pour en finir avec le stress, l'insomnie et l'anxiété.  

Dormir sans soucis, votre podcast pour mieux dormir, vous attend dans les catégories « forme et santé » « santé mentale » et « romans et nouvelles ».


Chaque épisode de Dormir Sans Soucis est conçu pour vous offrir un moment de détente unique. Que vous soyez à la recherche d’un moyen pour s’endormir facilement, d'une évasion relaxante ou d’une solution naturelle contre l’insomnie, ce podcast vous offre des histoires et contes pensés pour apaiser l’esprit.

Plongez dans un voyage sonore qui allie relaxation et bien-être. En écoutant nos histoires pour dormir, vous bénéficiez de l’effet ASMR des récits apaisants, permettant de mieux dormir tout en réduisant le stress et l’anxiété.

Dormir Sans Soucis n'est pas seulement un podcast, c'est une expérience de relaxation immersive qui vous accompagne pour une meilleure qualité de sommeil, nuit après nuit. Abonnez-vous pour ne rater aucun nouvel épisode, et laissez-vous emporter par une lecture apaisante, pensée pour favoriser un sommeil profond et réparateur. Bonne nuit, et profitez de chaque instant de tranquillité.


Bienfait : mieux dormir avec une histoire ou des contes et oublier l'insomnie. 

Bon voyage sonore ! Bonne relaxation ! Bonne nuit ! ☁️


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans ce nouvel épisode de lecture d'une histoire qui, j'en suis certain, vous plaira. Je vous souhaite de passer un très très bon moment. Et si ce n'est pas déjà fait, avant de vous endormir, vous pouvez vous abonner au podcast pour ne louper la sortie d'aucun épisode. Bonne écoute, bonne nuit, et n'oubliez pas, vous êtes une personne formidable. Il est maintenant temps de simplement fermer les yeux et vous détendre. N'est-ce pas de la journée le meilleur des moments, celui qui vous appartient pleinement, ce moment qui est fait pour votre simple bonheur et bien-être ? Et les heures qui vont suivre, des heures de repos, de réconfort, prenez du temps pour vous décontracter complètement. Concentrez-vous uniquement sur ma voix et laissez-vous guider vers une nuit douce, car vous le méritez. Partir à pied quand le soleil se lève et marcher dans la rosée le long des champs, au bord de la mer calme, quelle ivresse ! Elle entre en vous par les yeux avec la lumière, par la narine avec l'air léger, par la peau avec les souffles du vent. Pourquoi gardons-nous le souvenir si clair, si cher, si aigu de certaines minutes d'amour avec la terre ? Le souvenir d'une sensation délicieuse et rapide, comme de la caresse d'un paysage rencontré au détour d'une route, à l'entrée d'un vallon, au bord d'une rivière. Ainsi qu'on rencontrerait une belle fille complaisante. Je me souviens d'un jour, entre autres, j'allais le long de l'océan Breton, vers la pointe du Finistère, j'allais sans penser à rien. D'un pas rapide, le long des flots, c'était dans les environs de Quimperlé, dans cette partie la plus douce et la plus belle de la Bretagne, un matin de printemps, un de ces matins qui vous rajeunissent de vingt ans. vous refont des espérances et vous redonnent des rêves d'adolescent. J'allais par un chemin à peine marqué entre les blés et les vagues. Les blés ne remuaient point, et les vagues remuaient à peine. On sentait bien l'odeur douce des champs mûrs et l'odeur marine. J'allais sans penser à rien devant moi, continuant mon voyage commencé depuis quinze jours, un tour de Bretagne par les côtes. Je me sentais fort, agile, heureux et gai. J'allais, je ne pensais à rien. Pourquoi penser en ces heures de joie inconsciente, profonde, charnelle, joie de bête qui court dans l'herbe ou qui vole dans l'air bleu sous le soleil ? J'entendais chanter au loin des champs pieux, une procession peut-être, car c'était un dimanche. Mais je tournais un petit cap et je demeurais immobile, ravi. Cinq gros bateaux de pêche m'apparurent remplis de gens, hommes, femmes, enfants, allant au pardon de Plounevent. Ils longeaient la rive, doucement, poussés à peine par une brise molle. et essoufflé qui gonflait un peu les voiles brunes, puis, s'épuisant aussitôt, les laissait retomber, flasques, le long des morts. Les lourdes barques glissaient lentement, chargées de monde, et tout ce monde chantait. Les hommes, debout sur les bordages, coiffés du grand chapeau, poussaient leurs notes puissantes. Les femmes criaient leurs notes aigües, et les voix grêlées des enfants passaient comme des sons de fifres faux dans la grande clameur pieuse et violente. Et les passagers des cinq bateaux clamaient le même cantique, dont le rythme monotone s'élevait dans le ciel calme. Et les cinq bateaux allaient l'un derrière l'autre, tout près l'un de l'autre. Ils passèrent devant moi, contre moi, et je les vis s'éloigner. J'entendis s'affaiblir et s'éteindre leurs champs, et je me mis à rêver à des choses délicieuses, comme rêvent les tout jeunes gens, d'une façon puérile et charmante, comme ils fuient vite cet âge de la rêverie, le seul âge heureux de l'existence. Jamais on est solitaire, jamais on est triste, jamais morose et désolée, quand on porte en soi la faculté divine de s'égarer dans les espérances, dès qu'on est seul, quel pays de fées, celui où tout arrive, dans l'hallucination de la pensée qui vagabonde. Comme la vie est belle sous la poudre d'or des songes. Hélas, c'est fini cela. Je me mis à rêver. À quoi ? À tout ce qu'on attend sans cesse. À tout ce qu'on désire. À la fortune, à la gloire, à la femme. Et j'allais, à grands pas rapides, caressant de la main la tête blonde des blés qui se penchaient sous mes doigts et me chatouillaient la peau comme si j'eusse touché des cheveux. Je contournais un petit promontoire et j'aperçus au fond d'une plage étroite et ronde une maison blanche, bâtie sur trois terrasses qui descendaient jusqu'à la grève. Pourquoi la vue de cette maison me fit-elle tressaillir de joie ? Le sais-je, on trouve parfois, en voyageant ainsi, des coins de pays qu'on croit connaître depuis longtemps, tant ils vous sont familiers, tant ils plaisent à votre cœur. Est-il possible qu'on ne les ait jamais vus, qu'on ait point vécu là autrefois ? Tout vous séduit, vous enchante. La ligne douce de l'horizon, la disposition des arbres, la couleur du sable. Oh, la jolie maison, debout sur ses hauts gradins. De grands arbres fruitiers avaient poussé le long des terrasses qui descendaient vers l'eau, comme des marches géantes, et chacune portait ainsi qu'une couronne d'or sur son fait un long bouquet de gênés d'Espagne en fleurs. Je m'arrêtais, saisi d'amour pour cette demeure. Comme j'eus aimé la posséder, y vivre toujours, je m'approchai de la porte, le cœur battant d'envie, et j'aperçus sur un des piliers de la barrière un grand écriteau, À vendre J'en ressentis une secousse de plaisir, comme si on me l'eût offerte, comme si on me l'eût donnée cette demeure. Pourquoi ? Oui, pourquoi ? Je n'en sais rien. À vendre ? Donc elle n'était presque plus à quelqu'un, elle pouvait être à tout le monde, à moi. Pourquoi cette joie, cette sensation d'allégresse profonde, inexplicable ? Je savais bien pourtant que je ne l'achèterais point. Comment l'aurais-je payée ? N'importe, elle était à vendre. L'oiseau en cage appartient à son maître. L'oiseau dans l'air est à moi. n'étant à aucun autre. Et j'entrais dans le jardin, ah, le charmant jardin avec ses estrades superposées, ses escaliers aux longs bras de martyr crucifié, ses touffes de gênés d'or et de vieux figuiers au bout de chaque terrasse. Quand je fus sur la dernière, je regardais l'horizon. La petite plage s'étendait à mes pieds, ronde et sablonneuse, séparée de la haute mer par trois rochers lourds et bruns qui enfermaient l'entrée et devaient briser les vagues au jour de grosse mer. Sur la pointe, en face, deux pierres énormes, l'une debout, l'autre couchée dans l'herbe. Pareil à deux époux étranges, immobilisés par quelques maléfices, semblaient regarder toujours la petite maison qu'ils avaient vu construire. Eux qui connaissaient depuis des siècles cette baie autrefois solitaire. Et je sonnais à la porte, comme si je sonnais chez moi. Une femme vint ouvrir, une bonne, une vieille petite bonne vêtue de noir, coiffée de blanc, qui ressemblait à une béguine. Il me sembla que je la connaissais aussi, cette femme. Je lui dis, Vous n'êtes pas bretonne, vous ? Non, monsieur, je suis de Lorraine. Vous venez pour visiter la maison ? Eh oui, par bleu, et j'entrais. Je reconnaissais tout, me semblait-il. Les murs, les meubles. Je m'étonnais presque de ne pas trouver mes cannes dans le vestibule. Je pénétrais dans le salon. Un joli salon tapissé de nattes. et qui regardait la mer par trois larges fenêtres. Sur la cheminée, des potiches de chine et une grande photographie de femme. J'allais vers elle aussitôt, persuadé que je la reconnaîtrai aussi. Et je la reconnus, bien que je fus certain de ne l'avoir jamais rencontrée. C'était elle, elle-même, celle que j'attendais, que je désirais, que j'appelais, dont le visage hantait mes rêves. Elle, celle qu'on cherche toujours partout, celle qu'on va voir dans la rue tout à l'heure, qu'on va trouver sur la route dans la campagne dès qu'on aperçoit une ombrelle rouge sur les blés. Celle qui doit être déjà arrivée dans l'hôtel où j'entre en voyage. Dans le wagon où je vais monter. Dans le salon dont la porte s'ouvre devant moi. C'était elle, assurément. Indubitablement elle. Je la reconnus à ses yeux qui me regardaient, à ses cheveux roulés à l'anglaise. à sa bouche surtout, à ce sourire que j'avais deviné depuis longtemps. Je me demandais aussitôt, Quelle est cette femme ? La bonne répondit sèchement, C'est madame. C'est votre maîtresse ? elle répliqua avec son air dévot et dur. Non, monsieur. Je m'assis et je prononçai. Comptez-moi ça ! Elle demeurait stupéfaite, immobile, silencieuse. J'insistai. C'est la propriétaire de cette maison, alors ? Oh non, monsieur ! À qui appartient donc cette maison ? À mon maître, monsieur Tournelle. J'étendis le doigt vers la photographie. Et cette femme, qu'est-ce que c'est ? C'est madame. La femme de votre maître ? Oh non, monsieur. Sa maîtresse, alors ? Elle ne répondit pas. Je repris. Mordu par une vague jalousie, par une colère confuse contre cet homme qui avait trouvé cette femme. Où sont-ils maintenant, madame ? Monsieur est à Paris. Mais, pour madame, je ne sais pas, je tressaille. Ah, ils ne sont plus ensemble ? Non, monsieur. Et là je fus rusé, et d'une voix grave, Dites-moi ce qui est arrivé. Je pourrais peut-être rendre service à votre maître. Je connais cette femme. C'est une méchante. La vieille servante me regarda, et devant mon air ouvert et franc, elle eut confiance. Ô monsieur, elle a rendu mon maître bien malheureux. elle a fait sa connaissance en italie et il l'a ramenée avec lui comme s'il l'avait épousée elle chantait très bien il l'aimait monsieur que ça faisait pitié de le voir et ils ont été en voyage dans ce pays l'an dernier et ils ont trouvé cette maison qui avait été bâtie par un fou un vrai fou Pour s'installer à deux lieux du village, Madame a voulu l'acheter tout de suite pour y rester avec mon maître. et il a acheté la maison pour lui faire plaisir ils y sont demeurés tout l'été tout l'été dernier et presque tout l'hiver et puis voilà voilà qu'un matin à l'heure du déjeuner monsieur m'appelle césarine est-ce que madame est rentrée mais non monsieur On attendit toute la journée. Mon maître était comme un furieux. On chercha partout. On ne la trouva pas. Elle était partie. Elle était partie, monsieur. On n'a jamais su où ni comment. Oh, quelle joie m'envahit ! J'avais envie d'embrasser la bonne, de la prendre par la taille et de la faire danser dans le salon. Elle était partie, elle s'était sauvée. Elle l'avait quittée fatiguée, dégoûtée de lui. Comme j'étais heureux, la vieille bonne reprit. Monsieur a eu un chagrin à mourir. et il est retourné à Paris en me laissant avec mon mari pour vendre la maison. On en demande vingt mille francs, mais je ne l'écoutais plus. Je pensais à elle, et tout à coup il me sembla que je n'avais qu'à repartir pour la trouver, qu'elle avait dû revenir dans le pays, ce printemps, pour voir la maison, sa gentille maison. qu'elle aurait tant aimé sans lui. Je jetai dix francs dans les mains de la vieille, je saisis la photographie, et je m'enfuis en courant, et baisant éperdument le doux visage entré dans le carton, je regagnais la route, et me remis à marcher, en la regardant, elle. Quelle joie qu'elle fut libre, qu'elle se fut sauvée. Certes, j'allais la rencontrer aujourd'hui, ou demain, cette semaine, ou la suivante, puisqu'elle l'avait quittée. Elle l'avait quittée parce que mon heure était venue. Elle était libre, quelque part dans le monde. Je n'avais plus qu'à la trouver, puisque je la connaissais, et je caressais toujours les têtes ployantes des blémurs. Je buvais l'air marin qui me gonflait la poitrine. Je sentais le soleil me baiser le visage. J'allais, j'allais éperdu de bonheur. Enivrée d'espoir, j'allais, sûre de la rencontrer bientôt et de la ramener pour habiter à notre tour dans la jolie maison, à vendre, comme elle s'y plairait cette fois.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Séance de relaxation ASMR

    00:34

  • Histoire pour dormir : À vendre - Maupassant

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