- Speaker #0
Vous avez vécu un calvaire, un viol le 11 novembre dans le hall de votre immeuble.
- Speaker #1
J'entends des bruits de pas courir derrière moi et en fait je me retrouve plaquée au sol.
- Speaker #0
Une jeune femme qui a été très peu soutenue qui s'appelle Claire Géronimi. Vous prenez la parole sur RMC pour dénoncer l'insécurité dans laquelle vivent les femmes au quotidien.
- Speaker #1
Éclat, un mot à double tranchant qui symbolise à la fois brisure et rayonnement, cassure et sentiment. Je suis Claire Géronimi. et à la suite de mon agression, j'ai décidé de donner la parole à des personnalités inspirantes pour mettre en lumière leur vision féminine si singulière. Femmes politiques, journalistes, psychologues, avocates ou encore victimes, échangeront avec moi sur leurs sentiments et leurs interrogations d'une autre place dans la société. Je désire également mettre l'accent sur leurs histoires marquantes afin de fournir chères auditrices et auditeurs les clés vers votre propre éclat. Bienvenue dans le podcast Éclat de Femmes. Aujourd'hui, j'accueille Alice Cordier au micro d'Éclats de Femmes. Alice est la présidente du collectif Nemesis, une association de protection contre toute violence faite aux femmes et lanceuse d'alerte. Le collectif se bat pour notre sécurité dans les rues de France en dénonçant les viols et les agressions dans le paysage urbain. J'ai rencontré Alice après qu'elle ait partagé mon tout premier passage dans les médias. Parmi les différentes réactions que j'ai reçues, le soutien de Nemesis a été unique, étant la seule association féministe de droite à me soutenir publiquement. C'est cette singularité, cette... convictions qui m'ont poussée à l'inviter aujourd'hui et à lui donner la parole sur ce podcast. J'espère que vous trouverez cette conversation aussi enrichissante que moi. Bonne écoute. Alors bonjour Alice, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation sur le podcast Éclats de Femmes. Petite question, alors pourquoi as-tu accepté de venir sur ce podcast et qu'on puisse échanger ensemble aujourd'hui ?
- Speaker #0
D'abord, merci à toi Claire pour l'invitation, ça me fait extrêmement plaisir. Écoute, moi j'ai accepté parce que c'est vrai qu'on n'a plus l'occasion de... de développer véritablement notre pensée de façon posée, de façon attentive et dans l'écoute. Et je trouvais ça hyper intéressant de pouvoir parler de ça, mais pouvoir aussi parler des enjeux de l'engagement, de l'engagement qui soit militant, entrepreneurial, parce que finalement, c'est un peu pareil, mais juste l'objectif n'est pas forcément le même. Il y en a un qui est lucratif, l'autre pas. Et c'est vrai que je suis assez contente de pouvoir aussi discuter de ça. C'est moins mon domaine de pouvoir parler de moi ou de pouvoir parler de comment on a créé l'association, mais ça me fait extrêmement plaisir.
- Speaker #1
Super. Et d'ailleurs, je voulais le rappeler aussi, c'est qu'on s'est rencontrés à la suite de mon agression et que j'avais vu une vidéo de toi sur Instagram. Et c'est comme ça qu'on s'est contactés. Et au final, on a permis ensemble à ce qu'on puisse libérer la parole sur tout ce qui était agression des OQTF. Tout à fait. Sauf qu'il y a encore plein de choses à faire. On en reparlera tout à l'heure. Peut-être, est-ce que tu pourrais nous décrire en trois caractéristiques ce qui fait éclat chez toi ?
- Speaker #0
Le sens de l'engagement. Alors ça, c'est un peu comme une maladie. Je suis tombée dans quand j'étais petite. C'est vrai que j'ai toujours eu le sens de l'engagement militant, j'entends. Vraiment depuis que je suis à 11-12 ans, c'est quelque chose qui m'a toujours fascinée. Le fait de pouvoir changer la société à soi-même avec ce qu'on a et de pouvoir avoir un impact direct, de pouvoir lutter contre un certain nombre d'injustices, un certain nombre de violences, essayer de mettre ça en avant, avoir une politique d'influence. C'est toujours quelque chose qui m'a énormément fascinée. D'abord du côté politique, puis après du côté métapolitique, puisque ce que je fais n'est pas forcément purement de la politique. Donc je dirais ça. Le deuxième éclat, c'est peut-être la capacité de parler avec passion. J'ai toujours aimé exprimer dans le cadre d'un débat, dans le cadre d'une discussion, ce que je ressentais. Et un certain nombre de choses avec le cœur, parce que moi, je ne sors pas d'une grande école. Je ne viens pas du social, je n'ai pas fait une école de politique, je ne viens pas de Sciences Po. Je n'ai vraiment pas fait ça. En revanche, je sais que je parle vraiment avec mes tripes et quand je le fais, c'est réel. Et je pense que c'est quelque chose qui marche aussi.
- Speaker #1
Et c'est impactant aussi, oui.
- Speaker #0
Je pense que ça impacte pas mal. Et ce qui fait qu'il y a pas mal aussi de gens, de militantes qui me suivent aussi, parce qu'elles sentent qu'il y a une sincérité réelle et profonde qui, pour le coup, ne m'a jamais quittée. Et puis, la troisième chose, peut-être, c'est le sens, peut-être, d'une forme de leadership aussi, ce qui est nécessaire, de toute façon, quand on est... dans ce genre d'association. Il faut bien qu'il y ait quelqu'un qui préside et qui sache faire des choix. Et c'est vrai que je pense que sur ça, j'ai gagné peut-être par le scoutisme et par un certain nombre d'expériences précédentes un sens en tout cas de savoir faire des choix.
- Speaker #1
Pourquoi est-ce que tu as créé justement ton association et quel a été vraiment l'élément déclencheur qui t'a motivée à t'engager, enfin pas forcément politiquement, mais en tout cas dans ton asso et pour le droit des femmes ?
- Speaker #0
Je me suis dit, moi j'ai toujours été donc férue d'actu, de la question de l'engagement, enfin c'est toujours des thèmes, mes convictions, j'ai toujours voulu les défendre. Et rapidement, assez jeune, mais comme maintenant malheureusement la majorité des filles françaises, j'ai été victime de harcèlement sexuel, ma petite soeur aussi. Et du coup, ça faisait un bout de temps que je me disais qu'il y a quand même... quelque chose dans l'espace public qui n'allait pas. L'arrivée en masse d'hommes issus de sociétés bien plus patriarcales ou misogynes que nous avait un impact direct, selon moi, sur les femmes françaises. Et du coup, c'est vrai que j'avais ça en moi. Ça faisait un beau temps que ça me trottait dans la tête. Et jusqu'au jour où j'ai rencontré un certain nombre de filles qui pensaient un petit peu comme moi. En fait, j'ai commencé à m'en parler sur les réseaux sociaux, sur Facebook à l'époque, sur ces thématiques-là. Donc, c'était 2018-2019. Et je tombe sur un groupe Facebook un jour avec plein de filles qui pensent un petit peu comme moi, qui commencent à dire qu'ils ne sont pas, si tu veux, des nanas... Enfin, elles ne rejetaient pas tout du féminisme. Tu vois, elles disaient qu'il y avait des choses hyper importantes, etc. Parce que parfois, on a ce discours un peu caricatural de considérer que les féministes exagèrent, etc. Et moi, je pense qu'il y a un certain nombre de causes qui est portée par aujourd'hui des assos qui ne sont pas de mon bord politique, mais qui sont justes. Et qu'il y a certaines progressions dans la société, dans la place des femmes, évidemment, qui étaient essentielles. Donc ça, moi, je ne crachais pas sur ça. Mais je ne trouvais pas trop de filles qui pensaient comme moi et qui arrivaient aussi à dénoncer ce qui se passait dans la rue. Et là, je suis tombée sur des filles sur ce groupe-là. Et petit à petit, de fil en aigu, on s'est dit, quand ça se rencontrait, c'était un peu la bouffée d'oxygène.
- Speaker #1
Enfin, il y a un groupe qui pense un peu comme ça.
- Speaker #0
Je ne suis pas seule. Je trouve que dans la libération de la parole féminine, aujourd'hui, ce qui est compliqué, c'est qu'on est souvent très seule. Et je pense que ça a été le cas d'énormément de femmes dans le milieu du cinéma, quand il y a les affaires MeToo, Weinstein, etc. qui, en fait, au début, se sentaient très seules. Puis elles ont compris qu'il y avait une deuxième victime, puis une troisième, puis une quatrième, etc. Et c'est là où elles ont réussi à faire front et à se donner de la force. Et moi, j'ai trouvé ça, en fait, aussi avec ces filles-là, qui me disaient Mais non, mais en fait, c'est pas toi qui es folle. C'est qu'il y a vraiment, aujourd'hui, une insécurité dans l'espace public qui est réelle. C'est pas normal qu'aujourd'hui, on se promène avec une bombe au poivre ou qu'on soit en survigélance tout le temps. C'est pas normal, ça. Il y a d'autres pays en Europe où c'est pas le cas, en fait. Et donc, je trouve ce groupe-là, ce groupe qui devient un peu un groupe d'appartenance. Et puis, très fréquemment, on s'envoie les faits divers qu'on voit passer, malheureusement, et qui se multiplient. Jusqu'au jour où il y a celui de trop à Nantes, par une jeune femme violée par un migrant dans son propre jardin à elle. Et là, on se dit, on fait quelque chose, on y va. Et là, on s'est structuré.
- Speaker #1
C'est super, c'est magnifique. Peut-être pour revenir un petit peu, justement, sur... Le basculement qu'il y a eu, c'est que tu t'es fait agresser, c'est ça ? Ou ta petite sœur également s'est fait agresser parce que tu habitais à Orléans ?
- Speaker #0
Tout à fait. J'habitais à Orléans. On passait souvent dans une rue qui s'appelle la rue des Carnes, pour aller accéder au centre-ville. Et c'est une rue dont on sait qu'elle est mal fréquentée par énormément de personnes issues de l'immigration, par des hommes qui zonent, qui traînent. Et moi, j'ai été agressée là-bas. Ma petite sœur a été agressée dans les transports en commun face à un mec qui s'est frotté contre elle. Il faut savoir qu'elle avait même 12 ans. C'est fou, quoi ! personne n'a bougé. C'est ça qui me sidère. Je me souviens, comme si c'était hier, de quand elle est rentrée en pleurant et la colère qui m'a habitée. Je me suis dit, un jour, je ferai quelque chose. Et puis après, il fallait du temps. J'étais encore mineure. Ça a mis un petit peu de temps. Et puis après, le bon moment est arrivé. Je pense que la société était peut-être prête à entendre ce discours-là, chose qui n'était peut-être pas possible aussi les années précédentes.
- Speaker #1
Et c'est vrai que maintenant, au final, vous êtes un peu... les leaders de ce sujet-là. Vous essayez de faire bouger les choses un maximum. En tout cas, je pense qu'il y a plein de filles qui commencent à se reconnaître en vous. Et puis, vous avez rassemblé aussi énormément de militants. Donc, c'est vraiment quelque chose de très, très beau. Psychologiquement, comment tu as réussi à surmonter à cet événement ? Est-ce que tu as eu ce process où tu t'es dit... Du coup, je suppose que tu t'es dit Ok, vas-y, il faut vraiment que je bouge, que je fasse quelque chose. Mais toi, intérieurement, comment tu t'es... senti, comment t'as essayé de te reconstruire, on va dire ? Eh bien,
- Speaker #0
moi, j'ai eu la chance, entre guillemets, que ce soit pas trop violent. C'était... J'ai été frappée une fois dans l'espèce politique, mais je n'ai pas été violée. Je n'ai pas été agressée sexuellement, physiquement. Ça a été du harcèlement verbal, etc. Et une fois où il y a eu un coup, parce que j'ai répondu...
- Speaker #1
Mais par le biais de vos actions aussi.
- Speaker #0
Oui, et par le biais de nos actions aussi. Là, on a été victime de violences de la part d'opposants politiques. Qui, eux, politisent ce débat-là, qui pour moi n'est pas politique. La question de l'intégrité physique des femmes ne devrait pas être un débat politique. Malheureusement, aujourd'hui, dénoncer l'impact migratoire, c'est s'opposer, par exemple, à la gauche, qui, au contraire, a une vision très ouverte de l'immigration. Et j'entends leur fondement de tolérance, d'accueil, d'ouverture, mais je pense qu'il y a un décalage entre leur idéologie, leur idéalisme en tout cas, et la réalité. La nature humaine n'est pas forcément toujours belle, et ça, je pense qu'ils ont du mal à le comprendre, et qu'il y a des cultures différentes, et une vision de la femme différente, etc. Et comment je l'ai surmontée ? quelques agressions que j'ai eues, comme je te dis, c'était pas non plus d'une violence telle, mais ce qui a été plus dur pour moi, c'est de voir s'égréner les faits divers, et d'être face à ça, et de vouloir à chaque fois stopper, si tu veux, cette vague, et d'avoir toujours du mal à le faire, ou du moins de faire pas assez, ou pas autant que je voudrais. Tu vois, là encore, on en parlera peut-être tout à l'heure, mais on a encore une jeune femme, donc Philippine, qui a été violée, puis tuée par un migrant chocutief au bas de Boulogne. Et à chaque fois, et là, on l'a appris hier, mais à chaque fois, je me dis, mais encore une qu'on aurait pu éviter si je me bougeais plus, etc. Et donc, j'ai une sorte de frustration de me dire, tu vois, certains matins où je suis fatiguée, où j'ai du mal à travailler ou ce genre de choses. Je me dis, mais en fait, je ne fais pas assez, je ne produis pas assez d'efforts, je ne travaille pas assez. Et il y en a encore qui continuent. Mais après, on est humaine et on a nos limites et on ne peut pas.
- Speaker #1
C'est un travail aussi de groupe au final, parce que vous, vous faites quelque chose et qu'en fait, vous essayez. Enfin, on essaye tous à notre niveau, à notre échelle de pouvoir contribuer. Mais à un moment donné, si... On va dire, l'État ou le gouvernement ne fait pas quelque chose, malheureusement, on y est pour rien, même si on porte énormément de messages.
- Speaker #0
C'est ça, et moi ce qui m'a vraiment aidée, c'est la vraie sororité, c'est un mot que j'aime bien, parce que je trouve qu'il a pris tout son sens, moi, depuis que je milite au sein de l'Émézis, mais depuis que je t'ai rencontrée, depuis qu'il y a... Moi j'ai appris à vraiment, dans une société qui parfois un peu monte les femmes contre elle, moi j'ai appris vraiment à aimer les femmes, à aimer travailler avec elles, à aimer cette énergie qu'on peut se transmettre. Cette différence de façon de travailler aussi qu'on a vis-à-vis des hommes, c'est un petit peu différent. Moi, je travaille avec les deux, mais du coup, je vois très bien les différences et les différents besoins aussi. Vraiment, je dis que cette sororité, cette filiation, vraiment cette solidarité féminine qui est réelle, qui existe et qu'on ne comprend que quand on peut vraiment être dans ce genre de groupe. Et ça m'a beaucoup aidée parce que je ne tiendrais pas si je n'avais pas mes militantes, si je n'avais pas quelqu'un comme toi, si je n'avais pas toutes ces personnes qui donnent sens à mon engagement.
- Speaker #1
comparé à d'autres féministes qui, des fois, défendent de leurs valeurs de solidarité pour peut-être dos enterrés également.
- Speaker #0
Et puis t'en as fait les frais, malheureusement, violemment.
- Speaker #1
C'est clair, violemment. Mais bon, c'est un autre sujet. On pourrait parler un petit peu de ta vision, de tes convictions. Comment est-ce que tu décrirais, en tout cas, la situation actuelle de la femme dans la société aujourd'hui ?
- Speaker #0
Je pense qu'aujourd'hui, on se rend bien compte avec les viols de masons, avec ce genre de choses, qu'il y a encore énormément de violences qui existent dans notre pays. On est dans un pays qui progresse à ce niveau-là, sur la place de la femme, sur le comportement masculin, sur l'éducation, sur ce genre de choses. Mais ce que je ne comprends pas, c'est que derrière, on n'a aucun sopule, tu vois, à faire venir des hommes qui, pour le coup, une vision de la femme, aux antipodes de la nôtre, sans que ça ne pose aucun souci. Et je pense que les véritables enjeux à venir, ça va être ça. Ça va être... Aujourd'hui, comment les femmes vont réussir à être en sécurité sur leur propre territoire ? Un territoire de progrès, de droits de l'homme. Et ça, c'est quelque chose que je trouve assez hallucinant dans un pays aussi développé que le nôtre. Moi, j'ai la chance de pouvoir aller en Europe centrale, en Europe de l'Est, assez régulièrement l'été. Et là-bas, c'est des pays qui sont bien moins développés que nous. C'est des pays qui sont bien moins riches que nous. C'est des pays qui ont vraiment même une vision des droits humains et qui ne sont pas les mêmes que nous. Et pourtant, je suis désolée. Je n'ai jamais été aussi en sécurité que là-bas.
- Speaker #1
Ce n'est pas une question économique en soi.
- Speaker #0
Exactement, il y a une question d'éducation, de culture, etc. Et je pense vraiment que les futurs enjeux de l'Europe de l'Ouest, de l'Europe occidentale, ça va être vraiment ça. Ça va être de se dire, on a des nouvelles formes de violences, comment on va réussir à les régler, à les résorber, et surtout qu'elles n'augmentent pas et qu'elles diminuent. Et donc, c'est assez fou de se dire qu'on en est là. On est en train de... De redescendre.
- Speaker #1
On dégraisse malheureusement. Et en fait, on voit que les chiffres augmentent. Enfin, les chiffres de l'insécurité augmentent. C'est juste... C'est une catastrophe, très clairement. Selon toi, les principaux défis auxquels les femmes sont confrontées dans la société actuelle aujourd'hui, c'est vraiment la sécurité en premier qui...
- Speaker #0
Je pense que, tu vois, moi je vois beaucoup de féministes, et on peut être sur plusieurs combats différents, attention, mais qui vont mettre en avant un certain nombre de violences, de discriminations qui ne sont pas tout à fait comparables. C'est-à-dire que moi je pense qu'il y a, je prends un peu l'exemple de la pyramide de Maslow, il y a des besoins vitaux. Et après, il y a d'autres besoins, tu vois, après ça régresse, il y a d'autres besoins moins vitaux. Et moi, je pense qu'on en est au stade où là, il y a des besoins vitaux qui sont remis en question.
- Speaker #1
Alors, si tu pouvais changer quelque chose aujourd'hui, qu'est-ce que ça serait ?
- Speaker #0
Je pense qu'il y a vraiment, à différents niveaux, il faut vraiment taper. D'abord, au niveau judiciaire, évidemment, il y a énormément de femmes. Et tu vois, moi, ça m'amuse, entre guillemets, je mets des guillemets quand je dis que ça m'amuse, ça me fait rire jaune, on va dire, de voir un certain nombre de femmes de gauche. Aujourd'hui, continuer de prôner une forme de justice toujours un peu en faveur des délinquants. C'est toujours un peu, oui, mais il faut réintégrer, etc. Mais en fait, à force de réintégrer, on se retrouve avec des multirécidivistes violeurs dans la rue. C'est ça, le truc. C'est une justice qui n'est jamais du côté des victimes, qui est toujours du côté de la réinsertion. Je comprends. Attention, je ne dis pas qu'il ne faut pas avoir de politique de réinsertion des délinquants ou criminels. Ce n'est pas ce que je dis. Par contre, d'abord, il y a des multirécidivistes. Un multirécidiviste recommence. Point. Donc il va falloir qu'on trouve une solution un peu radicale pour ça. La deuxième chose, c'est que les peines, sérieusement, c'est n'importe quoi. On se retrouve avec des mecs par des remises de peine qui se retrouvent dehors au bout de 5 ans. Mais même s'ils ont été mineurs, ils ne prennent même pas 7 ans pour un viol. Ils ressortent mineurs, ça peut être à 17 ans et 6 mois. Même pas majeurs, mais pas loin. Et en fait, ils se retrouvent dehors au bout de quelques années. Et en fait, ils recommencent. Et c'est inlassablement la même chose. Il y a juste... Il faut absolument revoir. Mais pareil, on a énormément de femmes qui portent plainte pour agression, pour violence conjugale, etc. Leur mari reste dehors, on se retrouve avec des féminicides. Je veux dire, tout cela, c'est lié. Donnez plus de moyens à la police. La police, aujourd'hui, est complètement dépassée au sein de son institution. C'est terrible. Tu vas dans un commissariat porter plainte, tu attends pendant des heures, parce qu'il y avait déjà 15 dossiers devant toi. Et en fait, c'est ça.
- Speaker #1
Ils sont tellement traités, au bout de 5-6 mois, etc. Et des fois, ils ne sont même pas traités, en fait. Moi, j'ai eu des retours de victimes, comme quoi la police lui disait... Vous avez de la chance que votre dossier soit prêté, parce que votre dossier m'a un peu attirée là, et comme si c'était un CV qu'on passait, et au final, le meilleur CV qui ressort, etc. Alors que non, ça ne doit pas être comme ça, malheureusement. Non,
- Speaker #0
malheureusement, mais c'est quand même le cas. Et donc, il y a quelque chose à revoir à ce niveau-là. La prise en charge des victimes, et c'est toi qui connais ce sujet mieux que moi, qui doit être complètement fluidifiée, mettre en place beaucoup plus de professionnels de la santé, à disposition des victimes. Moi, je me suis retrouvée là aussi, je t'en ai envoyé des victimes qui se retrouvent à devoir poser leurs jours de vacances. Parce qu'en fait, leur médecin traitant ne leur a pas mis d'arrêt après un viol. Enfin, je veux dire, on est où, quoi ? C'est n'importe quoi. Il y a la prise en charge aussi administrative, notamment des personnes qui sont des étrangers violeurs. Je ne dis pas que ça représente tous les viols et toutes les agressions sexuelles en France, mais ça représente quand même une bonne part. Eh bien, il y a des expulsions qui peuvent être faites. Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, on a des OQTF qui peuvent rester sur le territoire ? Pourquoi aujourd'hui, et moi, je suis vraiment contre ça, on a des personnes qui sont sous OQTF, qui ont commis des crimes et des délits, et elles peuvent quand même... bénéficier de l'aide d'associations pour leur aider à faire des recours pour faire sauter leur OQTF. Moi, je trouve ça quand même dingue. Quand tu as commis un crime et un délit, tu ne devrais pas avoir cette possibilité-là. Bien sûr. Que les gens aient des droits, c'est normal. Mais quand tu as commis des crimes et des délits, il n'y a pas de possibilité de recours possible. C'est OQTF.bar, retour à l'envoyeur. Et ça, je trouve ça fou que ce ne soit pas possible aujourd'hui. Donc, on a des mecs qui restent là pendant des années, des mois, dont on sait qu'ils ont commis un certain nombre de sévices et qui, pourtant, ne sont pas renvoyés dans leur pays. On a des pays qui ne veulent pas les recevoir. L'Algérie, je pense, par exemple. pour un tas d'accords qui sont totalement obsolètes. En plus, on va dire, la guerre d'Alger, ça n'est fini que longtemps. Et je pense qu'il faudra vraiment revoir à ce niveau-là énormément de choses dans tous ces domaines-là.
- Speaker #1
Peut-être qu'on peut rebondir sur l'histoire justement de Philippines, comme quoi tu disais qu'il fallait avoir une meilleure exécution des OQTF.
- Speaker #0
Tout à fait. Alors, pour ceux qui écouteront le podcast, je ne sais pas à quel moment, donc on vient d'apprendre, c'est pour ça qu'on a un peu... Un peu fébrile aussi avec l'erreur, parce qu'on a appris qu'il y a une jeune fille qui a été retrouvée enterrée dans le bois de Boulogne, certainement violée, et que son agresseur a été retrouvé en Suisse hier soir, et que c'est un homme migrant marocain sous OQTF et qui avait déjà violé une autre jeune fille quelques années avant. Et c'est quelque chose, si vous voulez, de régulier en fait. C'est ça qui est terrible, c'est que des faits divers comme ça... Alors là, il est particulièrement atroce parce que ça allait jusqu'au... crime, mais double crime, viol plus meurtre. Et en fait, on se dit, ça peut arriver n'importe quand à n'importe qui. C'était en pleine journée au bois de Boulogne, juste collée à l'université Paris-Dauphine où elle étudiait. Et on se dit, en fait, on vit dans ce monde-là. Elle avait raconté à ses parents notamment qu'elle se sentait suivie depuis quelques temps, donc ça veut dire que ça a été prémédité. Et si tu veux, ce sentiment de se sentir suivie, on l'a tous vécu. On l'a toutes vécu. Et en fait, on se dit à chaque fois, moi j'ai vraiment cette sensation de me dire, parfois, En fait, ça se trouve, on frôle le drame. On le sait pas. On l'évite de peu, de justesse, d'un taxi qui passe à ce moment-là, parce que t'as refermé ta porte de haut latin, enfin tous ces trucs-là.
- Speaker #1
Ça joue une seconde en fait, même pas un millième de seconde.
- Speaker #0
Exactement, et j'ai l'impression qu'en fait, c'est devenu un parcours du combattant pour les femmes. Ça allait à moindre mesure, puisque d'abord, on vérifie comment on s'habille, on vérifie quel trajet on prend, on a toujours une petite bombe au poivre sur nous, on est localisé parfois par nos familles, d'ailleurs c'est comme ça que le corps de la petite a été retrouvé. Enfin, donc ça suffit pas quoi. On a tout un tas de rituels, un petit rituel en fait, en tant que jeune fille française qu'on met en place pour se dire, on fait en sorte d'éviter le pire et encore. Et en fait, ça ne marche pas déjà. Et en plus, ce n'est pas normal de vivre dans cette situation. Et vraiment, je me dis, mais cette fille, ça peut être ma petite sœur, ça aurait pu être une demi-ancienne. Et en fait, ça arrive n'importe où, n'importe quand. Et quand on dit que ce sont des filles isolées, c'est faux. Des femmes qui sont violées aujourd'hui en France dans la rue, il y en a toutes les semaines. Toutes les semaines. Maintenant, on fait une veille médiatique sur nos réseaux sociaux et c'est... hyper régulé. Et je trouve qu'on n'en entend pas assez parler.
- Speaker #1
C'est assez triste. D'ailleurs, en parlant peut-être pour rebondir sur les réseaux sociaux, je crois que ton compte a été supprimé. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu pourquoi et comment justement vous allez faire pour remédier à ça ? S'il y a une possibilité de pouvoir récupérer en tout cas ton compte, parce que je sais qu'en plus t'es pas forcément la seule.
- Speaker #0
C'est assez terrible. Mon compte Instagram a été supprimé du jour au lendemain comme d'autres comptes de... bizarrement, plutôt d'obédience de droite. Et c'était au milieu de l'été, au milieu du mois d'août. Donc de façon très discrète. Oui,
- Speaker #1
en été en plus. Donc forcément, on n'est pas forcément très très actifs non plus l'été.
- Speaker #0
C'est ça, exactement. Et du coup, on ne sait pas trop où ça en est. Donc il a été suspendu, on a fait un recours. On a porté plainte, on a mis en demeure Meta, qui est le groupe qui détient Instagram. On a vraiment essayé de faire... tout ce qu'on pouvait. On a essayé d'interpeller Laurent Soli, qui est directeur de Metafrance. On a essayé à tous les niveaux d'agir. Ils n'en ont rien à faire et surtout, ils ne nous donnent pas d'explication. Nous, on a sauté. On est suspendus, mais certains comptes ont été définitivement bannis parce que, soit disant, on aurait des liens avec une organisation violente. C'est le motif qui nous a été amené. On ne sait pas laquelle. On aimerait bien savoir laquelle. Mais le fait est qu'à mon avis, elle n'existe pas. C'est un... un prétexte. C'était souvent des comptes influents de droite. Occidentis avait 120 000 abonnés. C'est des choses assez importantes pour vraiment des comptes politiques.
- Speaker #1
C'est un business. C'est comme si demain, on faisait sauter votre boîte ou quelque chose comme ça.
- Speaker #0
Mon compte inceste, c'est un compte où je recrutais énormément de militants. Je pouvais rentrer en contact avec beaucoup de victimes où je pouvais ensuite les aiguiller, les aider, etc. Et donc, c'est pas évident de perdre ça du jour au lendemain en un claquement de doigts, sans explication, sans... il y a des recours possibles, mais en fait, ça fait un mois et on ne sait toujours pas où ça en est. C'est très frustrant. Heureusement, il y a d'autres réseaux sociaux où il y a beaucoup plus de liberté de ton. Je pense à Twitter, je pense à peut-être TikTok aussi, d'ailleurs, pour l'instant, en tout cas, je n'ai pas été trop embêtée dessus. Mais on a l'impression qu'on nous empêche de penser, parce que s'en prendre à la liberté d'expression, c'est s'en prendre à la liberté de penser des gens aussi. les gens ne peuvent pas penser s'ils ne voient pas d'autres gens qui pensent comme eux. C'est vraiment ce que je disais au début. Moi, j'ai rencontré des filles qui pensaient comme moi et j'ai compris que ce n'était pas moi qui étais isolée, c'est qu'il y avait bien un phénomène. Et bien là, c'est un petit peu la même chose. Et je me dis, c'est assez dangereux si on arrive sur ces plantes glissantes où on commence à faire sauter un certain nombre de comptes. Est-ce que c'est les algorithmes ? Est-ce qu'il y a une démarche politique derrière ? On n'en sait rien et c'est ce flou total qui fait qu'on est assez bloqués. D'accord.
- Speaker #1
Peut-être on va terminer en parlant un peu de justement... tes projets à venir avec, justement, Nemesis ou perso ?
- Speaker #0
Tout à fait. Alors, Nemesis, c'est une association qui a 5 ans, qui a commencé petit, puisqu'on était 5-6 bénévoles. On avait juste, comme je te dis, notre rip et notre cœur et notre colère, notre saine colère, puisque ce n'était pas de la haine, c'était vraiment de la colère. Et maintenant, on est une association beaucoup plus importante, puisqu'on a 200 bénévoles. Quand je dis bénévoles, c'est militantes actives. On a aussi énormément de sympathisants et de soutiens autour qui nous aident. On a bientôt quatre salariés normalement et une alternante. Et l'association se développe bien. On a des bureaux qui arrivent, ce qui nous manquait beaucoup puisqu'on est nés pendant le confinement presque, quelques mois avant. Donc, on a pas mal fait de télétravail, mais là, ça a commencé à être un peu limité. Et donc, voilà, nous, on a vraiment un objectif long terme aussi d'influencer la société, de pouvoir apporter une autre voie, de pouvoir libérer la parole des femmes vraiment sur des questions très taboues. Je pense à l'excision, je pense aux mariages forcés qui sont présents en France, qui existent toujours. Je pense à ce qui se passe dans l'espace public, je pense à l'impact migratoire, mais je pense aussi aux violences conjugales, à la prise en charge, au laxisme judiciaire, qui sont aussi des choses qui aujourd'hui ne répondent pas aux enjeux, je pense, de la société.
- Speaker #1
Super. Merci beaucoup, Alice.
- Speaker #0
Merci à toi de m'avoir reçue.
- Speaker #1
Merci à vous d'avoir écouté cet échange entre femmes. J'espère que cette conversation vous a plu. Si c'est le cas, nous serons ravis de connaître votre retour et n'hésitez pas à nous mentionner en story sur les réseaux sociaux. Pour découvrir les nouveaux épisodes d'Éclats de Femmes chaque semaine, abonnez-vous sur votre plateforme d'écoute préférée. Et si vous pensez que cela pourrait intéresser l'un de vos proches, je vous encourage à le partager avec lui. A très vite !