- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous, vous allez écouter un podcast proposé par le SNMKR, une discussion avec un invité autour d'un sujet d'actualité. A tout de suite. Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast En Mouvement. Pour cet épisode, je suis accompagné de Sébastien pour parler d'un sujet qui le passionne au quotidien. et qui j'espère va vous passionner aussi, un sujet qui va être autour de la santé mentale des soignants et notamment celle des kinésithérapeutes. C'est un sujet qui clairement n'est pas nouveau, qui est maintenant discuté depuis un certain nombre de temps et encore plus au moment de la crise sanitaire notamment, mais on a encore peu de données et peut-être que les institutionnels ne s'en saisissent pas suffisamment. Donc on va essayer de voir ensemble avec Sébastien Pour approfondir ce sujet, j'en dis pas plus, j'en ai déjà dit beaucoup trop. Donc c'est parti pour cet épisode. Sébastien, bonjour à toi.
- Speaker #1
Bonjour Théo.
- Speaker #0
Ce que je te propose, c'est que pour commencer, présente-toi. Présente-toi à nos auditeurs.
- Speaker #1
Avec plaisir. Je m'appelle Sébastien Tessuto. Moi, je suis kinesthérapeute en libéral. J'ai 42 ans, j'ai trois enfants, je suis marié. J'exerce à Montferré-sur-Lez, juste à côté de Montpellier. Je suis au SLMKR depuis une quinzaine d'années avec différents postes de cadre. Et actuellement, je suis secrétaire général en charge de la vie conventionnelle.
- Speaker #0
D'accord. Et finalement, qu'est-ce qui t'a donné envie de t'intéresser à ce sujet-là ?
- Speaker #1
Alors, j'ai deux parents médecins, dont une maman psychiatre. Donc c'est vrai que toutes les questions de santé mentale, c'est quelque chose que j'ai souvent abordé lors de ma jeunesse. C'est quelque chose qui m'a passionné. Moi, j'ai hésité entre faire kiné ou faire médecine pour faire psychiatre.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
À l'époque, ensuite, j'ai choisi kiné. Je ne regrette pas du tout. mais en tout cas la santé mentale c'est un sujet important pour moi Et on va dire que je me suis intéressé au fur et à mesure de mes postes de représentant professionnel à la santé mentale des soignants et des professionnels de santé. Pour la petite histoire, en 2015, élection URPS avec Vivian Osberg, à l'époque président. Moi, j'étais secrétaire général. On s'est dit, il faut qu'on commence à s'occuper de la santé mentale des soignants. Dans les missions URPS, il y a une mission de promotion de la santé. Et nous, on s'est dit, promotion de la santé, c'est aussi promotion de la santé des soignants, des professionnels de santé. Et on s'est très rapidement intéressé à une association qui s'est créée. en novembre 2015 qui s'appelle l'association soins aux professionnels de la santé, qui est une association qui sensibilise et qui lutte contre l'épuisement professionnel.
- Speaker #0
D'accord, super. Eh bien, je te propose qu'on commence peut-être par discuter de ce que l'association SPS est et ce qu'elle apporte aux professionnels, parce qu'on va le voir par la suite, je ne spoil pas, mais les actions qu'elle met en place, eh bien en fait, sont centrées sur des axes hyper importants qui nous permettront après de discuter sur le reste du sujet.
- Speaker #1
Absolument. D'ailleurs... Pour raccrocher avec le SNMKR, depuis 2023, le SNMKR est adhérent de l'association SPS, comme l'est également l'URPS Kiné Occitanie, depuis 10 ans, grâce au travail qu'on a fait, et également de nombreuses URPS Kiné médecins infirmiers sur le territoire.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
L'association SPS s'est créée en novembre 2015, sur un espèce de sentiment de se dire comment vont nos soignants. Il faut se dire que c'était il y a 10 ans, et il y a 10 ans, on ne parlait pas de la santé des soignants, et de comment vont les soignants. C'est fou, mais c'est vraiment une question qu'on ne se posait pas. Et donc, l'association s'est créée avec Eric Henry, qui est médecin en Bretagne, et Catherine Corniber, qui est aujourd'hui directrice générale. Et la première chose qu'a fait l'association, c'est de se dire, il nous faut un focus. Comment vont les soignants ? Donc, on va faire une grande enquête. C'est une des premières grandes enquêtes en France. Il y en a sûrement eu d'autres, je n'ai pas une mémoire exhaustive là-dessus, mais en tout cas, c'est une des grandes enquêtes qui a marqué la santé mentale des soignants. et on se rend compte dans cette enquête, là c'est vraiment les pharements au moment où on voit les résultats, que... Un professionnel sur deux estime être ou avoir été en épuisement professionnel et que 15% des professionnels de santé ont des idées suicidaires.
- Speaker #0
C'est énorme.
- Speaker #1
C'est énorme. On est sur des chiffres de quasiment x2 ou x3 par rapport à la population normale. Et donc l'association se dit, ok, il faut qu'on fasse quelque chose. Première chose, mise en place d'un numéro vert. Le 0805 23 23 36. Numéro vert qui existe toujours actuellement, qui est, je pense, la plateforme d'appel la plus appelée en France pour les soignants. 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 100% de décrochés. C'était vraiment très très important. Et donc la première chose pour l'association, c'était, il fallait, alors oui ça coûte cher d'avoir une plateforme d'appel, mais il fallait absolument qu'il y ait 100% de décrochés. Quand on a un professionnel de santé qui appelle et qui est en crise suicidaire, avec vraiment une envie suicidaire forte, il faut lui répondre. Parce que si on ne lui répond pas, il y a un passage à l'acte. Bien sûr. Donc la première chose, c'est de mise en place du numéro vert et le faire connaître auprès des instances. La deuxième chose, ça a été de... créer sur le territoire ou en tout cas de voir ce qui existait déjà en termes d'unités dédiées d'hospitalisation. On sait, par le biais des études, chaque année SPS fait également des études, diverses études, on sait que les soignants ont aussi beaucoup de mal à consulter quand ils ne vont pas bien parce qu'ils ne veulent pas consulter. dans le même environnement que là où ils travaillent. Évidemment, pour ne pas croiser vos patients quand vous allez à l'hôpital.
- Speaker #0
Oui, complètement.
- Speaker #1
Donc, importance de créer des unités dédiées d'hospitalisation. Il y en a une petite dizaine maintenant qui sont référencées sur le territoire et qui peuvent accueillir des soignants, justement, qui appellent la plateforme. Pour vous faire un petit speech très rapide, quand vous appelez la plateforme à l'heure actuelle, vous avez une note de 1 à 5. C'est-à-dire que la psychologue qui vous répond, qui est spécifiquement formée pour l'épuisement professionnel chez les soignants, donne une note de 1 à 5. Donc un, c'est de la formation. 5, c'est risque suicidaire imminent. 4, c'est pareil, on est sur du risque suicidaire un petit peu en dessous. Les 4 et les 5, c'est des gens en général qui doivent être hospitalisés, d'urgence. Et ensuite, vous avez différents niveaux, 2 et 3, qui sont des niveaux d'angoisse et ensuite de dépression. Donc première chose, unité dédiée. Ensuite, ce qui est assez extraordinaire avec la solution SPS, c'est qu'ils ont cette capacité chaque année à créer une nouvelle structure et créer une nouvelle échelle dans, voilà, la première chose, la plateforme d'appel. Deuxième chose, unité dédiée d'hospitalisation. Troisième chose, le premier réseau du risque psychosocial en médecine de ville. Donc médecin, psychiatre, psychologue référencé. Pour que finalement, quand un professionnel appelle la plateforme, et qu'il est noté, on va dire, entre deux et trois par la psychologue, l'appel est anonyme, mais néanmoins, il peut dévoiler s'il a envie, mais l'appel peut rester anonyme. Et la psychologue peut l'orienter vers ce risque psychosocial. C'est un des plus gros réseaux nationaux du risque psychosocial avec des médecins, des psychologues et des psychiatres référencés sur le territoire. Et la dernière chose que l'association a commencé à mettre en face de façon large, c'est des journées de prévention. C'était vraiment le but d'agir du plus grave au moins grave. D'abord, on agit sur le risque suicidaire, numéro d'appel, il faut que les soignants aient une solution quand ils ne vont pas bien, d'urgence, des unités dédiées d'hospitalisation si besoin. des rendez-vous de ville avec médecins, psychiatres, psychologues. Et ensuite, on s'attaque aux journées de prévention.
- Speaker #0
Ok, il me semble que c'est les JADES, c'est ça ?
- Speaker #1
Les journées d'atelier dynamique et d'échange en santé.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. C'est ce qui me semblait. Et en fait, on voit qu'en 10 ans, clairement, l'association fait énormément de choses. Et on a l'impression, en regardant ces actions-là, qui sont hyper bénéfiques, je pense, pour les professionnels, c'est une initiative qui est dingue, elle s'oriente autour de deux axes. Un qui est vraiment, comme tu disais, sur le volet. apporter une solution concrète de soins pour les professionnels, mais aussi prévenir ce risque-là chez les professionnels de santé. Et un deuxième axe avec ces journées de formation, qui sont clairement la formation des professionnels à ce risque pour, je pense, leur santé à eux, mais aussi la santé des autres, la santé mentale des autres. Et clairement, en fait, cette initiative, ces deux axes-là, je pense que tu vois un peu où je veux aller, parce qu'on a préparé l'émission ensemble, mais... C'est deux axes qu'on retrouve dans un rapport qui a été fait maintenant en 2023 par le ministère de la Santé, qui clairement a identifié aussi ces deux axes comme deux axes prioritaires de travail sur le sujet de la santé mentale des professionnels de santé.
- Speaker #1
Ce rapport en 2023, c'est un espèce d'aboutissement. C'est-à-dire que depuis 2015, on prêche dans le désert. On prêche dans le désert, pourquoi ? Parce que les soignants, dans l'état d'esprit, des soignants, mais aussi des organismes de tutelle, des patients, n'ont pas le droit de ne pas aller bien. Depuis 2015, avec l'association, on se rend compte finalement avec des premières études que non, les soignants ne vont pas forcément bien. Mais surtout, on se rend compte qu'ils ne se donnent pas le droit d'en parler quand ils ne vont pas bien. C'est assez terrible. Et du coup, depuis ce temps-là, on est en contact. L'association SPS est aussi financée par l'ACNAM, par des structures nationales. On est en contact régulier avec le ministère de la Santé. Mais cette grande enquête, elle montre qu'on s'est dit ça y est, Ok, il y a une prise de conscience au niveau national. C'est la première fois, on interroge. 50 000 professionnels de santé. On est vraiment sur une étude très large. 34% de libéraux, 24% de profession médicale, de médecins. Et là, on se rend compte, on retombe sur les chiffres que nous, on avait trouvés. 64% qui se sentent fatigués, une note de stress de 7 sur 10. 55% qui déclarent avoir eu au moins un épisode d'épuisement professionnel dans leur vie. À titre de comparaison, sur les études qu'on connaît un petit peu dans la population, c'est 34%. Donc on est 20 points en-dessus. C'est énorme. 60% qui souffrent de douleurs chroniques. Et on retrouve nos chiffres de 15% d'idées suicidaires et 7% de soignants qui prennent des anxiolytiques régulièrement. Donc non, les soignants ne vont pas tous bien. Je ne veux pas non plus donner un tableau noir parce qu'on fait un métier formidable, mais non, il y a des soignants qui ne vont pas bien. Et je pense que la première chose à faire, c'est de le dire et de l'accepter pour qu'eux ensuite puissent aller chercher des solutions.
- Speaker #0
C'est le but aussi de ce podcast, c'est qu'on en parle de ce sujet-là parce que comme tu dis, les soignants ont le droit de ne pas aller bien. Et malheureusement, on a de plus en plus, en tout cas, de soignants qui sont en détresse vis-à-vis de ça. Et la crise sanitaire a peut-être accéléré aussi cette prise de conscience.
- Speaker #1
Absolument.
- Speaker #0
Et maintenant, on en parle. Maintenant, est-ce qu'on a les solutions concrètes qui se mettent en place ? Heureusement qu'il y a énormément d'initiatives poussées par les professionnels notamment. Mais pour revenir à ce rapport, il est hyper intéressant parce qu'il met le doigt sur quelque chose que tout le monde sait, mais qui ne se disait pas ou peu. Mais par contre, il a l'inconvénient de ne pas mettre en avant certaines professions par rapport à d'autres et aussi de faire cette discrimination dans le temps. et entre les professionnels, parce qu'on pourrait se dire que toutes les professions ne sont pas logées à la même enseigne. Est-ce qu'un médecin est aussi en détresse qu'un kinésithérapeute, qu'une infirmière ? Il y a énormément d'exemples. Et on a la chance, grâce à des structures plutôt professionnelles tournées vers certaines professions, notamment l'ordre, notamment les URPS, notamment les syndicats. Et comme tu l'as dit, et on va peut-être en reparler un petit peu plus, en Occitanie, vous êtes énormément intéressé au sujet.
- Speaker #1
Oui. En Occitanie, on s'est intéressé au sujet en adhérant à l'association, comme on l'a fait justement avec le syndicat. Moi, j'ai tendance à faire adhérer à l'association partout où je me balade. Donc c'est facile, mon syndicat est adhérent à SPS, mon URPS est adhérente à SPS depuis le début, ma CPTS est adhérente à SPS, parce que, comme vous le savez ou pas, dans les CPTS, on a des missions, et la mission 6, c'est l'accompagnement des professionnels de santé. Et dans ce cadre-là, ma CPTS a signé un partenariat de mise à disposition d'outils. notamment de la plateforme, des journées d'atelier de prévention, de la prévention en ligne, etc. à disposition de tous les adhérents de la CPTS. Donc moi, j'ai la fâcheuse tendance à faire adhérer partout. En fait, c'est vraiment l'idée que quand un kiné ou un soignant, quel qu'il soit, ne va pas bien, s'il prend le temps de chercher un numéro à appeler, il ne le fera pas. Et donc, il faut qu'il l'ait. Il faut qu'il en ait entendu parler. Ce n'est pas si évident que ça parce que... Il faut savoir quand même qu'au début d'SPS, on nous a quand même dit « Non, mais vous allez parler de soignants qui ne vont pas bien, donc vous allez faire ne pas aller bien les soignants. » C'est des mots qu'on a entendus chez des soignants, chez des représentants syndicaux. Les soignants vont bien, il ne faut pas leur mettre ça dans la tête, etc. Donc on vient de loin. Ah, complètement. Complètement. Là, ça y est, enfin, il y a des rapports qui sortent, il y a des choses qui se mettent en place, mais ça vient de loin. Et donc avec l'URPS, pour revenir sur l'URPS, avec la... Avec la mandature 2021-2026, on a décidé de faire des commissions inter-URPS. Un représentant de chaque profession, donc des 10 URPS de la région, se retrouve. On a créé une commission souffrance des soignants. Forcément, j'y représentais les kinés, parce que quand on pense souffrance des soignants, on pense à moi. Je ne sais pas si je dois le prendre bien ou pas. Et on s'est dit, la première chose qu'on s'est dit, il y a ce rapport national qui est sorti. Et effectivement, comme tu le dis, ce rapport national... Il est fantastique parce qu'il y a 50 000 répondants. C'est la première fois qu'on a autant de répondants. OK, mais nous, maintenant, on veut savoir exactement profession par profession. Et on s'est dit, on va poser à peu près les mêmes questions avec d'autres. On va mettre une petite plus-value, j'en parlerai après. Et on va poser les mêmes questions et on va essayer de savoir si en Occitanie, les soignants sont dans le même état qu'au niveau national. Et encore plus, est-ce que les kinés en Occitanie sont dans le même état qu'au niveau national ? On a 500 répondants, d'accord ? On a à peu près 10 000 kinés libéraux en Occitanie. donc on peut considérer que c'est représentatif ça peut être représentatif Et là effectivement, on retrouve les chiffres nationaux, c'est-à-dire que sur les 500 kinés d'Occitanie qui ont répondu, il y en a 14% qui ont eu des idées suicidaires. On en a 7 qui prennent des anxiolytiques régulièrement. On en a 22% qui envisagent de tout plaquer dans les 3 ans.
- Speaker #0
Ah ouais, de complètement arrêter.
- Speaker #1
C'est effrayant, de changer de métier. Et on a 75% qui se déclarent fatigués quotidiennement, avec plus de 60% qui souffrent de troubles musculosquelétiques. On parle de kinés libéraux.
- Speaker #0
Bah oui.
- Speaker #1
Je pense qu'il était vraiment temps de s'intéresser à comment vont nos soignants. C'était urgent.
- Speaker #0
Et toi, qui t'intéresses à ce sujet-là depuis de nombreuses années maintenant, tu as vu une évolution, vraiment, dans les actions, dans les prises de conscience, dans les initiatives qui sont portées, toi qui es dans plein de structures différentes ?
- Speaker #1
Oui. Alors, heureusement, c'est très, très lent. Mais comme je te le disais, effectivement, cette prise de conscience de se dire « Ok, on en parle. Ok, on se demande comment vont les soignants. On commence à mettre des choses en place. On essaie de lutter contre ce risque suicidaire. On parlera après de prévention. Il y a des choses à faire, etc. Il y a une question qu'on a voulu poser, nous, en Occitanie, qui n'a pas été posée par le rapport du ministère, qui m'a été inspirée, qui a été proposée d'ailleurs par un des médecins de l'URPS Médecins Occitanie, le docteur Ganassia, qui nous a dit... La première fois qu'il en a parlé, moi, je trouvais la question, je me disais, bon, on a demandé aux soignants s'ils s'autorisaient le droit en tant que soignants à aller mal. Je me suis dit... C'est étonnant comme question, mais tout le monde s'autorise le droit à aller mal. 40% des soignants en Occitanie ne s'autorisent pas le droit, en tant que soignant, à aller mal.
- Speaker #0
Quasiment sur deux.
- Speaker #1
En fait, la clé, elle est là. c'est-à-dire qu'un soignant, je pense qu'on est dans cette définition surannée du soignant. qui fait une action quasiment héroïque, qui, on l'entend autour de nous, c'est un soignant, il a choisi, il a choisi d'aider les autres, il doit être fort, il ne doit pas se plaindre, il doit avancer. Non, mais ça, c'est le 19e siècle. On ne peut plus réfléchir comme ça en 2025. Mais on a encore 40% des soignants qui estiment ne pas avoir le droit d'aller mal.
- Speaker #0
C'est quand même fou. Et on va s'attarder deux secondes sur une initiative en plus de ce que fait l'association SPS, mais une initiative qui est portée par un autre groupe, une autre entité, qui est le programme M. Pourquoi est-ce qu'on en parle ? Parce qu'il y a ce côté, comme tu dis, où peut-être que dans la population générale, on ne comprend pas que des soignants puissent finalement être en situation de mal-être, ne se l'autorisent pas, et le programme M a cette différence, ou en tout cas cette spécificité, qui est une ligne d'écoute dédiée pour les professionnels de santé, gratuite, sécurisée, anonyme, mais au bout du téléphone, c'est un autre soignant. Et donc en fait, cette initiative qui est portée par la Villa M et soutenue par le groupe Pasteur Mutualité, il y a ce côté proximité, compréhension qui peut rassurer aussi les soignants et qui peut leur donner envie d'appeler. Alors comme tu dis, si on n'est pas au courant que ça existe, on n'appellera pas. Et donc c'est pour ça aussi qu'on en discute aujourd'hui ensemble, pour que plus de gens soient au courant. Mais il y a aussi ce côté, on est entre nous, on se comprend, je sais qu'au bout du téléphone, je vais avoir quelqu'un qui va pouvoir m'aider. pas forcément comme peut le faire l'association SPS ou... c'est vraiment une situation grave, en fait, quand vraiment je ne vais pas bien. Mais déjà, quand je commence à sentir quelque chose, et peut-être un peu différent, je commence à être un peu fatigué, comme tu dis, des douleurs, ce genre de choses, je peux me tourner vers cette ligne-là, vers cette initiative, qui est quand même, il faut le rappeler, portée par des professionnels à la base. C'est peut-être qu'aussi, à un moment, les pouvoirs publics vont devoir se saisir pleinement de ces sujets, parce qu'heureusement qu'on est dans une profession qui permet cette entraide. et cette envie d'aller tous ensemble beaucoup mieux. Mais en tout cas, on voulait prendre un petit moment pour en discuter parce que c'est quand même une belle initiative aussi.
- Speaker #1
C'est hyper important. On a la chance en libéral, c'est toute la problématique du libéral, c'est à la fois d'être seul dans son cabinet, et je pense que le rôle du syndicat, on en reviendra aussi, mais je pense que c'est aussi le rôle du syndicat, le rôle des URPS, le rôle d'une CPTS. Il y a des missions d'accès aux soins, etc. Mais aussi le rôle d'une CPTS, c'est d'être ensemble, c'est d'échanger. C'est de se rendre compte que finalement... Le soignant, en face, il a les mêmes problématiques que nous. Et cette capacité-là à échanger, elle est vraiment importante. Le programme M est vraiment important. Je crois que les administrateurs sont des professionnels de santé, si je ne dis pas de bêtises. Donc voilà, on est sur des gens qui savent de quoi ils parlent, qui ont des patients toute la journée au sein de leur cabinet. Et il faut développer ces initiatives-là.
- Speaker #0
Malheureusement, il en existe plein d'autres. On ne pourra pas toutes les citer aujourd'hui, même si on en aurait très envie parce qu'on reste contraints par le temps. Mais on va peut-être prendre le temps d'en parler. d'une autre qui va nous faire une transition pour aller sur un autre sujet. C'est une initiative parce qu'on parlait de cette prise de conscience, cette évolution, que les jeunes générations ne voudront peut-être pas faire les mêmes sacrifices que les précédentes. Et c'est clairement une bonne chose. On va parler d'une initiative qui est portée par la FNEC, la Fédération Nationale des Étudiants en Kinésithérapie, qui met à disposition des étudiants un guide sur la santé mentale et aussi des journées de formation. Et ça nous permet de faire la transition vers l'axe plutôt formation des soignants autour de ce sujet-là, parce que c'est des étudiants qui mettent à disposition pour les étudiants des ressources pour eux-mêmes, mais aussi pour pouvoir aider leurs collègues, enfin on ne peut pas parler encore de collègues, mais leurs amis, les gens autour d'eux en tout cas, pour détecter ces situations de burn-out, de difficultés, de détresse émotionnelle parfois. Et finalement, on se retrouve à des étudiants qui palient peut-être ce manque de formation dans le cursus initial. Qu'est-ce que tu en penses, toi, sur ce volet, vraiment, formation autour de la santé mentale des soignants ?
- Speaker #1
C'est primordial. C'est primordial. Je ne sais pas pour toi, mais moi, en IFMK, on ne m'a pas parlé de santé mentale.
- Speaker #0
Moi non plus. Moi non plus.
- Speaker #1
Alors, on a un tout petit peu parlé de santé mentale sur les patients, ceux qui ont des maladies chroniques, l'impact justement de la santé mentale sur les maladies chroniques, dans un sens comme dans l'autre. Jamais on ne m'a parlé de ma santé mentale personnelle. c'est en train de changer Vraiment, moi, j'ai l'intime conviction que c'est en train de changer pour plusieurs raisons. L'initiative de la FNEC est excellente. J'aime beaucoup, en règle générale, les initiatives de la FNEC, parce qu'elles nous permettent, nous, moi j'ai 40 ans maintenant, de rester collé à la génération d'après. Et de ne pas dire tout le temps, je ne comprends pas la génération d'après, je ne comprends pas, il faut s'y intéresser à la génération d'après. Et la génération d'après, elle est en train de s'intéresser à sa santé mentale. Et ça, c'est génial. Ça, c'est génial. j'ai l'impression, alors j'espère en tout cas que cette génération là plus facilement tendance à aller voir un psychologue, un psychiatre. Elle a plus tendance à se prendre en charge et cette initiative est vraiment, vraiment excellente. Je pense qu'il faut également l'intégrer dans les formations et dans la formation continue. À titre d'exemple... J'interviens à l'IFMK de Montpellier le 17 avril, à la demande de sa directrice.
- Speaker #0
Donc en formation initiale ?
- Speaker #1
En formation initiale, oui. Sur les cas 4, si je ne dis pas de bêtises, pour leur parler santé mentale. Et donc je vais leur présenter ce que fait l'association SPS, et on va parler justement santé mentale, et surtout comment prévenir cette santé mentale une fois qu'on travaille en libéral. Le travail en libéral, il est particulier. Alors, il n'y a pas de travail mieux que d'autres. Je pense qu'il y a des problématiques, des avantages, des joies dans toutes les manières de travailler. Et mine de rien, le travail en libéral, il a quand même une particularité. On travaille beaucoup, on est seul dans son cabinet, on est quand même sur du soin. Donc on est, je ne sais pas pour toi, mais moi, il y a des fins de journée où c'est compliqué parce que j'ai des gens qui souffrent. J'ai vu 20 personnes qui me disent qu'ils ne vont pas bien. Souvent, quand on parle avec des psychiatres ou des psychologues, ils nous disent qu'on a une jauge d'empathie et qu'en fait, cette jauge d'empathie, au fur et à mesure de la journée,
- Speaker #0
elle diminue.
- Speaker #1
Je pense que tu dois être comme moi, mais le patient qui... qui se plaint à 18h, tu as beaucoup plus de mal à l'entendre et à l'écouter, et à lui donner de l'attention que le patient qui se plaint à 9h du matin. C'est plus compliqué. On est d'accord. Et donc c'est vraiment important de commencer à s'intéresser à ça, notamment via la formation continue, bien sûr, la formation initiale également. On parle dans le rapport du ministère, on parle de santé globale, et on parle notamment de... ça rejoint l'interprofessionnalité. De plus en plus, on nous dit qu'il faut que vous soyez interpro, qu'il faut que vous échangiez en exercice coordonné avec les autres professions autour de vous. C'est primordial. Je considère que l'exercice coordonné, c'est primordial. Ça permet de savoir comment travaille le médecin. Lui, ça permet de savoir comment nous, on travaille, comment travaille le pharmacien. Mais on pourrait également imaginer des formations, et c'est ce que propose le rapport, qui soient interpro en formation continue, justement autour de ça, autour de cette santé globale, sur cette capacité à regarder les risques professionnels pour nous, sur cette capacité à prendre en charge sa santé, pas que sur le plan mental, mais également sur le plan physique, comment s'économiser et comment vivre au mieux sa profession. On a une profession qui est fantastique. Quand je parle de santé mentale, souvent, c'est terrible, j'ai besoin de le préciser, parce que là, on parle des gens qui ne vont pas bien, et il faut qu'on en parle, on est là pour ça. Néanmoins, on a une profession qui est formidable, on est dans le soin, on prend soin des autres, mais ça, c'est très très très fatigant, c'est très épanouissant, ça a du sens, mais c'est très fatigant. et je pense qu'il ne faut pas hésiter à se faire aider J'ai toujours vu ma maman, donc ma maman est psychiatre, et elle faisait des groupes de supervision. Et je trouvais ça génial. C'est quoi ? Un groupe de supervision, c'est des psychiatres qui se retrouvent une fois par mois. Elle avait des collègues, qui étaient des amis d'ailleurs, à trois, à quatre. Elle me corrigera si je dis des bêtises. C'est comme ça que je l'ai vécu en tout cas quand j'avais une quinzaine d'années. Ils se retrouvaient et ils arrivaient chacun avec les problématiques qu'ils avaient rencontrées dans leur cabinet. Et en ce temps, ils échangeaient. Il disait « j'ai vu tel patient cette semaine, c'est compliqué, je ne comprends pas, je n'arrive pas à comprendre sa problématique, etc. » Et là, tous les collègues autour disaient Ah ben OK, moi aussi, j'ai rencontré tel cas. Moi aussi, j'ai eu du mal là dessus. J'ai essayé ça. Est ce que tu as essayé ça ? On ne fait pas ça nous en kiné. En tout cas, moi, je ne connais pas ça.
- Speaker #0
C'est vrai que ça peut être très hospitalier. Finalement, ce côté un peu staff et chanteurs.
- Speaker #1
Ça fait plus sens hospitalier.
- Speaker #0
C'est moins le cas chez nous en tout cas. Ouais. Et quand on parle de la formation actuellement, en tout cas à ma connaissance, j'ai pas l'impression qu'il y ait des formations réellement dédiées à ce sujet-là, en tout cas sur la prise en charge de sa propre santé. Ne serait-ce que par exemple, ce qui facilite quand même la formation en libéral, c'est le DPC par exemple, le développement professionnel continu. Je ne crois pas que ce soit dans les orientations du DPC. C'est un sujet qui peut être fait en interpro, mais actuellement, on parle aussi, toi tu es plus au courant que moi je pense, de ce côté certification aussi. Est-ce que tu peux nous en dire deux mots de ton expérience à toi ? C'est présent vraiment dans la formation continue ?
- Speaker #1
Non, ce n'est pas encore présent dans la formation continue. On voit que les IFMK commencent à le faire, mais je n'ai pas... pas l'impression, alors je suis pas j'interviens pas en IFMK donc je connais pas le cadre pédagogique, peut-être que je me trompe mais en tout cas à ma connaissance je crois pas qu'il y ait des cours là-dessus si c'est le cas, mais à coup le pas mais en tout cas ça commence à se mettre en place via les CPTS qu'on disait, supervision etc mais il y a cette certification périodique qui arrive pour les kinés, la certification périodique, on va demander aux professionnels tous les 9 ans, on va la faire rapide de valider différents items sur 4 modules, 4 blocs. Le bloc numéro 4, c'est santé personnelle. Enfin ! Et alors ça, ça, il y a quelques années, on ne l'aurait pas imaginé. C'est-à-dire que les pouvoirs publics, ministères, assurances maladie, mettent en place une certification. Dans cette certification, il y a la formation continue, obligation de formation continue, il y a la relation avec les patients, et il y a également cette santé personnelle. On ne sait pas encore exactement ce qu'il y aura dedans, parce que cette certification, elle a un petit peu du mal à sortir. C'est encore beaucoup discuté au niveau professionnel. Mais en tout cas, il y aura un bloc sur la santé personnelle. Est-ce que ce sera l'obligation d'avoir un médecin traitant ? Par exemple, il faut quand même savoir que la moitié des soignants, il me semble, au dernier chiffre que j'ai vu, n'ont pas de médecin traitant.
- Speaker #0
Donc pas de médecin traitant.
- Speaker #1
Donc pas de médecin traitant.
- Speaker #0
C'est quand même fou. C'est impensable en fait.
- Speaker #1
Les médecins s'automédiquent. On sait que c'est la pire chose à faire quand on ne va pas bien. S'automédiquer, qu'est-ce qu'on fait ? On prend des anxiolytiques de manière régulière.
- Speaker #0
Les chiffres importants.
- Speaker #1
On se fait prescrire les anxiolytiques. Quand on est kinéo-infirmier, on demande à son copain médecin de nous en prescrire. Donc je sais que c'était quelque chose qui était dans les tuyaux. Je ne sais pas si ça a été validé ou pas. Il y avait quand même une réticence avec cette obligation. toujours en France on a du mal à l'obligation surtout les professions libérales on a du mal à accepter nous les obligations qui arrivent d'en haut parce que On a cette notion de libéral, de pouvoir faire un petit peu ce qu'on veut. En tout cas, il y avait des choses comme ça qui étaient dans les tuyaux. Il y avait peut-être effectivement de faire des questionnaires aussi, des auto-questionnaires chaque année pour s'auto-évaluer. C'est des choses qui existent également dans l'association CPS. C'est des fiches d'auto-questionnaires.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
C'est très intéressant. J'invite vraiment les gens à aller sur le site d'SPS et puis vous verrez les auto-tests, de s'évaluer sur son sommeil, sur sa santé mentale, sur ses addictions. C'est intéressant. C'est Aurel San qui dit, je crois, quand on dit qu'on n'a pas de problème avec l'alcool, c'est qu'on en a un. C'est quand même intéressant d'évaluer ses addictions, son activité physique, parce qu'on sait qu'effectivement, c'est quelque chose de très important. Donc voilà, je ne sais pas ce qu'il y aura dans ce bloc, mais en tout cas, il y a un bloc 4 dans cette certification qui sera sur la santé personnelle.
- Speaker #0
Et c'est une vraie évolution, en fait, parce que c'est une réelle prise de conscience et c'est un parfait exemple de cette évolution qu'il y a eu. Et tu me fais la transition aussi parfaite pour se dire, OK, il y a cette évolution. Mais maintenant, la réalité, elle est là. Qu'est-ce qui, selon toi, fait qu'on en arrive à ça ? C'est quoi les facteurs qui font qu'un professionnel sur deux, en fait, se sent en situation d'épuisement ? Il y a cette prise d'anxiolithique. Toi qui es quand même kiné malgré tout, et qui vois tes collègues au quotidien travailler, tu es aussi représentant syndical, donc tu as un certain nombre d'adhérents qui viennent te voir. te racontent leur vécu, leur situation, avec toute cette expérience et ces différents prismes, selon toi, c'est ma question, selon toi, qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, ces chiffres, ils sont là, et la réalité, elle est telle qu'elle est aujourd'hui ?
- Speaker #1
Je pense que les raisons sont différentes suivant les gens, mais il y a quand même des grands domaines qui reviennent.
- Speaker #0
On ne fera pas de généralité, de toute manière, ce n'est pas possible, chaque personne est unique.
- Speaker #1
L'exercice libéral, quand on lit les rapports, c'est 46 heures par semaine. C'est-à-dire qu'à l'heure actuelle, un kiné libéral, il bosse en moyenne 46 heures par semaine. La moyenne en France, c'est 39 heures. Pour la moyenne, toute profession confondue. Donc déjà, on a une quantité de travail importante. On ne va pas se mentir, en kiné, ça fait des années qu'on a une chute de pouvoir d'achat. Pourquoi ? Parce qu'on a un acte qui n'augmente pas et on a des coûts de la vie qui augmentent. Tu l'as vu comme moi, ces deux, trois dernières années, quand ton acte n'augmente pas, que ton EDF augmente, que ton loyer augmente, que tout le reste augmente, qu'est-ce qui se passe ? Tu gagnes au moins. Il y a plusieurs choses, c'est que gagner moins c'est compliqué dans la vie d'adapter sa vie par rapport à ce qu'on gagne mais il y a aussi ce sentiment je sais pas comment tu le vis mais moi ça je le vis pas bien et c'est pas une question de quantité c'est une question de me dire je gagne moins bien ma vie qu'il y a 20 ans quand j'ai commencé et pour autant j'ai l'impression d'être plus efficace que quand j'ai commencé il y a 20 ans il y a pas beaucoup de professions en fait où son salaire décroît comme ça Bien sûr. Dans la fonction publique, il y a le point d'indice du fonctionnaire alors qu'il a été gelé, etc. On peut monter des échelons. Généralement, quand on est salarié, on a des augmentations régulières, etc. En libéral, si tu travailles de la même manière, avec le même nombre d'heures, tu as un pouvoir d'achat qui diminue. Et ça, financièrement, ce n'est pas une bonne nouvelle. Mais je pense que si, en termes de reconnaissance, je pense que c'est assez terrible. C'est assez terrible. Quand je prends une demi-heure à faire un bilan, je suis beaucoup formé, moi je travaille quasiment exclusivement sur les pôles. J'ai pas mal de médecins qui m'envoient des patients pour avoir mon avis, mon expertise, que je prends une demi-heure à faire le bilan, à discuter avec mon patient, à faire de l'éducation thérapeutique, à lui donner des exercices, etc. Et que je vois que je suis payé 16,60 euros brut.
- Speaker #0
17 euros en moyenne. C'est terrible.
- Speaker #1
C'est terrible parce que ça en vient, je pense, à entamer, je pense que je ne suis pas le seul quand je discute avec mes collègues, à entamer ton dynamisme et ta conviction de ce que tu fais. parce que On sait qu'on fait du bien à la population. Néanmoins, le salaire que tu touches et ce qu'on te donne, c'est quand même une valeur. Quand on dit j'ai trouvé un emploi, je suis payé 4000 euros, ce n'est pas la même chose que quand on est payé 1500 euros. Donc ça veut dire que cet emploi, il a aussi des responsabilités supplémentaires, une importance supplémentaire au niveau hiérarchique. Quand on est payé de la même manière depuis 15 ans, donc avec une baisse de pouvoir d'achat à 17 euros brut la demi-heure, je pense que c'est vraiment compliqué. Il y a aussi un sentiment d'impuissance et d'abandon dans les déserts médicaux. Et ça, on le voit. On le voit en discutant avec nos consoeurs et confrères qui, par exemple, se retrouvent dans des endroits où il n'y a plus de médecins généralistes et qui ne peuvent pas prendre leurs patients en accès direct.
- Speaker #0
Là, il y a une discordance.
- Speaker #1
Alors que le patient, lui, vient. Comme il est tout seul, il se tourne vers son kiné, il va venir au cabinet. Mais en fait, le kiné, malheureusement, s'il veut rester dans les clous, il ne peut rien faire.
- Speaker #0
C'est ça. J'ai des exemples de collègues, chez moi, dans le Tarn, dans l'Hôte, dans des départements qui sont vraiment très sous-dotés, où les patients viennent les voir en leur disant « J'ai mal au dos. Le problème, c'est que mon médecin généraliste vient de partir à la retraite. Le médecin d'à côté, il est à 30 kilomètres. Moi, je ne peux pas prendre ma voiture pour aller chercher une ordonnance. Donc, qu'est-ce que vous pouvez faire pour moi ?
- Speaker #1
Il ne vient pas à domicile, en plus, le médecin, de toute manière.
- Speaker #0
Il y a un peu un sentiment d'abandon et puis un sentiment qu'il y a des solutions qui sont possibles. On a une profession qui pourrait gagner en maturité. Ça avance lentement. Il y a de l'accès direct dans les MSP. Mais il y a une expérimentation en CPTS qui devait sortir, qui se fait attendre. Là encore, on devait avoir des départements. Ça se fait attendre. On a vraiment l'impression de devoir gratter. c'est compliqué je trouve en plus avec Je trouve qu'en termes de reconnaissance, c'est pareil, le message envoyé, il n'est pas bon. C'est pareil sur les infirmières, on voit les infirmières en pratique avancée, qui pourraient être une solution vraiment intéressante, mais qui ne sont pas financées. Il y a plein de petites solutions comme ça, on a l'impression qu'ils n'avancent pas. Et puis, il y a une autre chose aussi, c'est la complexification administrative. La complexité du quotidien, on ne va pas se mentir, avec l'avenant 7, on a quand même eu peur, la nouvelle nomenclature. Finalement, avec les logiciels métiers, ça rentre à peu près dans l'ordre, mais il y a quand même eu cette crainte. Ça aussi, il y a une distorsion. En fait, le mal-être, il vient toujours d'une distorsion. J'aime beaucoup ce terme « distorsion » parce que vous avez d'un côté des pouvoirs publics et des ministres qui vous parlent de simplification administrative toute la journée à la télé. Et vous, on vous complexifie votre quotidien.
- Speaker #1
Dans les faits, c'est l'inverse.
- Speaker #0
Mais c'est pareil, effectivement, sur la coercition également, sur l'installation. En ce moment, puisqu'on est en plein pendant la proposition de loi qui a été déposée par M. Garraud sur limiter l'installation des médecins. Donc elle a été retoquée en commission des affaires sociales. Et là, on entend l'assurance maladie, pour qui j'ai beaucoup de respect, avec qui j'aime beaucoup travailler, expliquer que la coercition ne marche pas. Alors que nous, on l'a.
- Speaker #1
Et on la vit au quotidien.
- Speaker #0
Et on la vit au quotidien. Et là encore, il y a une distorsion. C'est même personnes qui nous ont dit, si, si, on va, et peut-être pour de bonnes raisons. D'ailleurs, je ne suis pas forcément opposé à la coercition à l'installation, si c'est réfléchi et bien adapté sur le territoire. Mais dans ce cas-là, il ne faut pas dire devant tout le monde... Pour les médecins, ça ne marche pas. Pour les kinés, ça marche. Pour les infirmières, ça marche. Donc voilà, c'est une distorsion. Et la dernière chose, c'est quelque chose dont on parle aussi à l'association SPS. C'est le docteur Truchot qui en parlait. C'est le travail empêché. On se rend compte dans les études que finalement, ce qui fait le plus de mal en termes de santé mentale et ce qui crée de l'épuisement professionnel, sensation de burn-out, ce n'est pas toujours la quantité de travail. Même si on sait que plus on travaille, plus on a un risque de burn-out. néanmoins on connait tous des gens qui travaillent 70 heures par semaine, 80 heures par semaine et ils sont ravis pourquoi ? parce qu'ils ne sont pas empêchés dans leur travail alors c'est quoi le travail empêché ? le travail empêché c'est cette impression de ne pas pouvoir faire correctement son travail ça peut être en salariat ça peut être le cas des infirmières, des médecins à l'hôpital parce qu'on leur demande de faire plein plein plein de gens et ils n'ont pas la possibilité de pouvoir faire correctement leur travail mais finalement c'est ce que nous on est en train de vivre aussi en libéral parce qu'avec cet acte qui diminue cette perte de pouvoir d'achat Qu'est-ce qui se passe ? On est obligé d'enchaîner ? On est obligé de prendre des gens plus tard, on est obligé de caler des gens entre deux, parce que quand on a un patient qu'on connaît, qui vient nous voir et qui dit « j'ai très très mal » , oui, mais vous lui dites « mais non, mais là j'ai commencé à 8h ce matin, je finis à 20h, j'aimerais bien coucher mes enfants » , et puis qu'il insiste, vous finissez par le caler, puis vous finissez par rentrer à 20h30 chez vous, vos enfants sont couchés. Ça, c'est du travail empêché. Parce qu'en plus, vous allez mal le voir, ce patient, forcément, parce que ça vous saoule, on va se parler franchement. donc vous n'allez pas le faire avec l'envie vous allez le caler entre deux donc vous n'aurez pas le temps et donc vous n'allez pas faire correctement votre travail Donc, en plus de vous surcharger, vous avez l'impression de cette impression de travail empêché, de ne pas avoir pu complètement faire son travail. Et ça, c'était pourvoyeur d'épuisement professionnel. D'accord.
- Speaker #1
Ah oui, je ne savais pas du tout. C'est vrai que c'est quelque chose qu'on connaît au quotidien. Alors moi, je n'ai pas le même recul que toi sur cette perte de pouvoir d'achat. On va en discuter juste après. Mais moi, j'ai toujours l'exemple en tête de mes collègues, par exemple, qui se disent maintenant, je ne vais pas partir en vacances parce que j'ai pas de remplaçant. Il y a des patients. que je ne peux pas laisser comme ça parce qu'il faut que je les voie, c'est du post-op, je ne peux pas le refiler à quelqu'un pour qu'il puisse m'épauler le temps que je parte en congé. Donc, je ne pars pas en congé. Et donc, on n'est pas sur du travail empêché, on est plutôt sur des congés empêchés. Mais je pense que c'est aussi pourvoyeur d'épuisement professionnel parce qu'à un moment, un soignant a aussi le droit de couper, même si on adore notre métier, même si on a envie d'aller au bout des choses, d'accompagner les gens, de les soigner au quotidien. à un moment il faut aussi du temps pour soi absolument
- Speaker #0
On a cette problématique qui est en train vraiment d'arriver. Je pense que pendant les 10-15 dernières années, c'est mon interprétation, mais on le vérifie dans les chiffres, les professionnels de santé ont travaillé de plus en plus, libéraux,
- Speaker #1
pour compenser cette perte de pouvoir d'achat.
- Speaker #0
Pour compenser cette perte de pouvoir d'achat, je pense que là, on arrive à une limite. C'est-à-dire que là, on arrive à une limite. C'est-à-dire que si vous voulez travailler de manière individuelle en kiné, je ne dis pas que travailler de manière individuelle ou voir deux ou trois patients en même temps, l'un est mieux que l'autre, peu importe. Mais si on fait le choix, moi en tout cas, moi, à titre personnel, j'ai fait ce choix de travailler de manière individuelle, vous arrivez à une limite. En fait, pour compenser votre perte de pouvoir d'achat, vous travaillez de plus en plus, de plus en plus. 46 heures par semaine, quand on a trois enfants, si on veut souffler un jour et demi, clairement on arrive à la limite et donc on en arrive à ce mal-être Et avec 22% des kinés en Occitanie qui envisagent de tout plaquer.
- Speaker #1
Et donc concrètement, c'est plutôt un sujet syndical pour le coup, mais qu'est-ce qu'on peut faire vis-à-vis de ça ? Il y a des visuels qui sont sortis il n'y a pas si longtemps de la part du SNMKR sur quelles étaient les principales préoccupations en 2024 des kinés. En un, la rémunération. Donc à un moment, qu'est-ce qu'on fait ?
- Speaker #0
Qu'est-ce qu'on fait ? On agit. Je pense que... Si je devais dire les trois manières qu'on peut agir finalement sur la santé mentale, j'y ai réfléchi pour qu'on en discute aujourd'hui. Finalement, la première manière, effectivement, c'est ce qu'on a fait au SMKR, c'est d'adhérer à l'association SPS. On ne va pas réinventer la roue. Ils ont des fiches de prévention. Ils ont de la prévention en ligne tous les mardis, tous les jeudis sur leur site Internet. Ils ont un numéro vert, etc. On a parlé de tout ça. Nous, on met tout ça à disposition de nos adhérents. On accompagne nos adhérents vers ça. C'était la première chose.
- Speaker #1
Et c'est vrai que le SMKR est aussi partenaire. De groupe Pasteur Mutualité, qui promeut le programme M, qui est aussi une autre solution, un autre outil qui est à disposition des adhérents et de l'ensemble des professionnels.
- Speaker #0
Absolument. Donc là, on commence déjà par cette prévention-là et lutter finalement contre l'épuisement professionnel dans le sens le plus brut. La deuxième chose, c'est que finalement, pour améliorer sa santé mentale, il faut diminuer sa charge mentale professionnelle. C'est-à-dire, le rôle d'un syndicat, pour moi, il est multiple, mais un des rôles, c'est justement de diminuer cette charge mentale professionnelle. Donc ça veut dire quoi ? Ça veut dire expliciter aux kinésithérapeutes les nouvelles lois. C'est-à-dire vous aider à vous installer. Vous allez arriver en zone non prioritaire, on va vous aider à gérer le dossier d'installation. Vous avez une réclamation d'induit, on va vous expliquer comment ça marche. Vous ne savez pas coter un acte, on va vous dire comment on cote l'acte. Ça c'est une vraie crainte. Le kiné qui commence à travailler, il ne sait pas comment coter, il a très peur d'avoir un retour de la sécu.
- Speaker #1
Il fait souvent comme le collègue, mais ce n'est pas forcément la meilleure manière de faire.
- Speaker #0
Absolument, il fait comme le collègue, ça fait 20 ans que ça passe mais lui, bizarrement de lui, ça passera plus il y a tout ça et puis il y a aussi cette notion de communauté moi c'est ça que j'aime dans le syndicat moi je me suis régalé en arrivant dans le syndicat quand je suis arrivé dans le syndicat il y a quelqu'un que j'ai croisé à Paris heureusement que j'ai pas croisé très longtemps qui m'a dit on est pas au syndicat pour se faire des amis moi j'ai envie de dire que si on est au syndicat peut-être pas pour se faire des amis on peut s'en faire moi je m'en suis fait plein et j'en suis ravi mais en tout cas on est au syndicat pour se faire une communauté et en fait pourquoi c'est important cette communauté parce qu'on est dans nos cabinets Et on n'a personne avec qui échanger. À la différence peut-être de l'hôpital, où c'est peut-être plus facile d'avoir justement ces supervisions,
- Speaker #1
ces réunions d'échange.
- Speaker #0
Nous, ce qu'on a fait au SNMKR, c'est de mettre en place des groupes WhatsApp au niveau départemental euh J'espère en tout cas que dans la plupart des départements SNKR, il y a des groupes WhatsApp. Et quand vous êtes adhérent, vous rentrez dans ce groupe WhatsApp. Et dans l'Héros, on a un groupe WhatsApp important. Moi, j'adore. J'adore parce que c'est une communauté. C'est une vraie communauté. C'est-à-dire que vous avez un problème, vous posez une question, on vous répond. Vous vous dites, tiens, ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu. On se ferait une soirée adhérent ? Super. Sur quelle thématique on l'a fait ? On va lancer un sondage, un petit sondage WhatsApp. « Coucou, je pars en vacances, ma remplaçante m'a planté, vous avez une solution ? » peut-être qu'on en a une. Coucou, mon patient, il déménage, il part à l'autre bout de Montpellier, c'est compliqué, c'est un patient à voir quatre fois par semaine, est-ce que quelqu'un peut le prendre ? Ouais, moi, pas de souci, je m'en occupe. Ça, c'est vraiment... Et moi, c'est vraiment quelque chose que j'adore dans le syndicat, c'est ce côté communauté professionnelle.
- Speaker #1
Et tu dépasses le professionnel finalement, parce que tu tournes sur le volet personnel.
- Speaker #0
Surtout, le problème des libéraux, c'est que souvent, d'ailleurs, le perso et le pro, il est souvent très, très abriqué. c'est très important donc le rôle d'un syndicat c'est ça c'est diminuer la charge mentale professionnelle Et le deuxième rôle d'un syndicat, c'est de proposer un nouveau modèle conventionnel. Et ça, c'est quelque chose sur lequel on réfléchit depuis des mois au SNMKR, parce qu'on se dit qu'on ne peut pas continuer comme ça à aller dans le mur. Dans le mur, pourquoi ? Parce que d'attendre l'augmentation d'un acte, qui finalement augmente très peu, qui, vu les circonstances économiques actuelles, je pense, ne changera pas beaucoup dans les années à venir. Et si on continue à uniquement prôner l'augmentation de la lettre clé, on va dans le mur. On va dans le mur. Ça voudrait dire que tous les kinés devront prendre 4, 5 patients en même temps. Moi, à titre personnel, je m'y refuse. Je n'ai pas envie de travailler comme ça. Et donc, on est en train de réfléchir. On a fait des sondages déjà, deux, que vous avez sûrement vu passer. Et on est en train de réfléchir à un nouveau modèle conventionnel pour valoriser l'autonomisation du patient. Parce qu'on sait maintenant dans les études que ce qui est important, c'est de valoriser l'autonomisation du patient, qu'il soit capable, lui, de faire à la maison l'autoréducation.
- Speaker #1
De se prendre en soin.
- Speaker #0
Pourquoi ? Pour pouvoir... valoriser cela, il faut valoriser cela à l'heure actuelle quand vous soignez une lombalgie avec 50 séances 50 séances, c'est des choses qu'on voit, ça peut faire sauter au plafond certains. À côté de quelqu'un qui le soigne en 10 séances parce qu'il va lui donner de l'éducation thérapeutique, des exercices à faire à la maison, la seule différence c'est que celui qui en fait 50 est payé 5 fois plus.
- Speaker #1
Oui, pour la même pathologie.
- Speaker #0
C'est-à-dire qu'on nous parle d'efficience et d'amélioration de la qualité partout, à l'hôpital, dans la fonction publique, dans les entreprises. Le seul endroit où on n'en parle pas c'est chez les libéraux. Et nous on pense qu'il est temps de valoriser la qualité, il est temps de valoriser les kinés qui prennent le temps, les kinés qui se forment. Les kinés qui autonomisent leurs patients, les kinés qui vont faire de l'éducation thérapeutique, les kinés qui vont être capables de réorienter le patient dans un exercice coordonné, qui vont être capables, par exemple, de l'envoyer ensuite faire de l'activité physique adaptée, qui vont être capables de le prendre en accès direct, quand ce sera possible un jour, et on va continuer à se battre pour que ça arrive. Et donc, on a beaucoup réfléchi à tout ça, avec les adhérents. Certains ont vu passer des sondages en conseil d'administration, et dans les mois à venir, on va proposer un nouveau projet conventionnel.
- Speaker #1
Super. Et... ça me fait beaucoup penser au premier épisode que j'ai tourné avec Guillaume Ralle, du coup, président du SNMKR, qui disait actuellement avec le modèle conventionnel, travailler mieux ne te fait pas gagner plus. Il te fait même perdre presque de l'argent par rapport à quelqu'un qui ne se soucie absolument pas de la qualité de son travail et du coup de l'efficience de ses prises en soins. Ça ne change absolument rien. En tout cas, je ne sais pas si tu as encore quelque chose à ajouter.
- Speaker #0
Je voulais juste rebondir sur ce que tu disais. Disons qu'on n'a pas envie d'envoyer la pierre aux kinés qui ont fait le choix de travailler de manière importante avec beaucoup de patients. Par contre, ce qu'on a envie, c'est de valoriser les kinés qui prennent le temps de faire ça, de respecter les recommandations scientifiques, d'autonomiser leurs patients. Et comme tu le dis, à l'heure actuelle, il n'y a aucune incitation à bien travailler.
- Speaker #1
C'est ça, exactement. En tout cas, Sébastien. Merci pour ta présence. Je pense qu'on a rayonné sur énormément de sujets. Je pense qu'il faut rester quand même sur une note positive après tout ça. C'est que clairement, on a un métier qui est magnifique. On est très nombreux quand même à faire au quotidien. On est plus de 80 000 né libéraux en France, ce qui est énorme pour une profession. On a un magnifique métier et que le plus important malgré tout en faisant ce métier là, c'est oui, il faut prendre soin des autres, mais il faut prendre soin de soi. pas en premier, mais en tout cas, il faut le garder en tête. Il y a énormément de ressources qui existent et on va essayer de faire en sorte, en tout cas, de vous transmettre un maximum de ressources à l'issue de ce podcast-là, notamment le numéro vert, notamment les différentes initiatives qui existent. Mais prenez soin de vous avant de prendre soin des autres parce que, et tu avais une phrase un peu là-dessus, je ne vais pas pouvoir la dire, mais toi, tu vas peut-être finir par la dire, on n'est pas des super-héros.
- Speaker #0
Oui, c'est ça, les soignants ne sont pas des super-héros. Et il est temps que la société prenne soin des gens qui prennent soin des autres.
- Speaker #1
Exactement. Magnifique.
- Speaker #0
Si je peux me permettre une petite conclusion, il y a quelque chose qui m'a fait énormément plaisir, c'est Nicolas Demorand, pour ceux qui connaissent, qui est le présentateur de France Inter, et qui a avoué à la radio qu'il était atteint d'un trouble bipolaire. On est en 2025, grande cause nationale de la santé mentale, et je trouve que quelqu'un qui a une audience comme ça, c'est la plus grande matinale de France, écoutez, qui prenne le temps de dire, bah oui, je suis malade mental, c'est ce qu'il a écrit dans le point, ça rejoint ce qu'on disait, il faut s'autoriser à ne pas aller bien, On a le droit dans sa vie et dans sa carrière de ne pas aller bien. Il y a des solutions pour ça, il y a des professionnels qui sont là pour ça, il y a des syndicats, des représentants syndicaux qui sont là pour vous aider, pour vous accompagner. Ne restez pas seul, c'est normal de ne pas aller bien, il y a plein de choses à faire et on est là pour ça.
- Speaker #1
Super mot de la fin, merci beaucoup.
- Speaker #0
Avec plaisir.
- Speaker #1
Merci à tous d'avoir écouté ce podcast. Vous pouvez le retrouver gratuitement sur toutes les plateformes de streaming audio. En attendant, n'hésitez pas à suivre les actualités du SNMKR. sur tous les réseaux sociaux. A bientôt !