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Entre mères

#29 - Floriane Stauffer, se réapproprier la naissance

#29 - Floriane Stauffer, se réapproprier la naissance

41min |05/09/2024
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#29 - Floriane Stauffer, se réapproprier la naissance

#29 - Floriane Stauffer, se réapproprier la naissance

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Description

Aujourd’hui je suis très heureuse de vous partager mon échange avec Floriane Stauffer, sage-femme engagée pour les droit des femmes et spécialisée dans l’accompagnement des accouchements à domicile.

Elle  l’autrice du livre « C’est mon accouchement! Le guide pour mettre au monde son bébé naturellement, en femme libre et informée », que je vous recommande! On y retrouve plein d’infos sur la physiologie de l’accouchement, des témoignages, son expérience, l’histoire de la médicalisation de la naissance et autre.

Dans cet épisode, Floriane nous partage son parcours de sage-femme, sa vision de l’accouchement physiologique et le pourquoi du comment de son engagement auprès des femmes, pour qu’elles se réapproprient ce moment unique qu’est la naissance. Bonne écoute!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Cécile Albert, naturopathe spécialisée dans l'accompagnement de la femme, et je suis très heureuse de vous partager ces discussions entre même. On dit qu'il faut un village pour élever un enfant. Je crois que si aujourd'hui beaucoup de femmes veulent la maternité comme Radmar et Kézumers, c'est notamment parce que ce village a été remplacé par une grande solitude. Dans ce podcast, c'est un peu de ce village, Christy. J'y reçois des femmes, des mères, qui partagent leurs bons conseils pour une maternité plus apaisée, plus joyeuse et moins isolée. Si vous souhaitez soutenir ce podcast, rien de plus simple, il suffit de lui laisser un avis 5 étoiles et un commentaire et de le partager autour de vous. Bonne écoute !

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, je suis très heureuse de vous partager mon échange avec Florianne Stauffer. Sage-femme engagée pour les droits des femmes et spécialisée dans l'accompagnement des accouchements à domicile. Elle est l'autrice du livre C'est mon accouchement le guide pour mettre au monde son bébé en femme libre et informée, que je vous recommande. On y retrouve plein d'infos sur la physiologie de l'accouchement, des témoignages, son expérience, l'histoire de la médicalisation de la naissance et autres. Dans cet épisode, Floriane nous partage son parcours de sage-femme, sa vision de l'accouchement physiologique et le pourquoi du comment de son engagement auprès des femmes pour qu'elle se réapproprie ce moment unique qu'est la naissance. Allez, c'est parti, on papote !

  • Speaker #0

    Bonjour Floriane !

  • Speaker #2

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Je suis ravie d'échanger avec toi. Est-ce que tu peux commencer en nous en disant un peu plus sur toi ?

  • Speaker #2

    Oui, alors du coup, moi je suis Floriane Staufer, je suis sage-femme depuis un peu plus d'une vingtaine d'années et je suis une sage-femme assez engagée sur... toutes les causes en lien avec les droits des femmes et les choix en fait en termes de santé féminine. Et puis dans ma pratique quotidienne, je suis spécialisée dans l'accompagnement des accouchements à domicile.

  • Speaker #0

    Super, on va revenir sur, parce que déjà avec ces quelques infos, on a déjà beaucoup de choses et on a envie de creuser sur pas mal de sujets. Est-ce que pour commencer, tu peux nous dire comment tu es devenue sage-femme accompagnant les accouchements à domicile ? Comment c'est fait, et en dehors de la couche-moi à domicile, comment c'est fait un peu ton cheminement de sage-femme ?

  • Speaker #2

    Ok. Alors moi, en fait, j'ai été sage-femme, enfin, je suis rentrée dans les études de sage-femme tout de suite après le bac, tu sais. J'ai fait ma première année de médecine et puis sage-femme dans la foulée. À l'époque, j'étais une jeune femme de 18 ans, très féministe, et je voulais devenir sage-femme. surtout pour aller travailler dans un planning familial et défendre la cause des femmes. Donc l'accouchement ne m'intéressait absolument pas, l'allaitement encore moins. C'est le féminisme des années 2000, donc tu sais, la question n'était pas du tout de comment tu fais un bébé, c'était autre chose. Et puis en fait, quand j'ai commencé à faire mes études, évidemment, des études de sage-femme, on passe du temps en maternité et dans les salles d'accouchement. Et écoute, dès mon premier stage, moi j'ai été... quand même assez perturbée du premier accouchement que j'ai vu. Malheureusement, je n'ai pas vu un bel accouchement. J'ai vu un accouchement assez violent en premier accouchement. Et du coup, je suis restée un peu sceptique quand même. Et par la suite, en fait, mon expérience d'études m'a montré des alternatives et des façons de prendre en charge la naissance hyper chouettes et aussi plein d'endroits où je me disais non, mais là, ce n'est pas possible. C'est trop infantilisant, trop violent. Voilà. Elle vient de féministe que j'étais, ça lui allait pas. Donc je me suis dit, finalement, peut-être que tu ne vas pas travailler dans un planning familial, tu vas peut-être quand même aller en salle de naissance pour faire les choses autrement. Mais à l'époque où j'en étais, moi j'ai été formée à l'accouchement, c'était à l'hôpital. Donc voilà, je suis allée travailler à l'hôpital. Je n'avais pas trop de raison de remettre les choses en cause à ce moment-là. Mais quand on s'intéresse à comment accompagner les femmes autrement, à l'époque, en tout cas, on finissait par lire et se renseigner beaucoup à l'étranger. Et plus j'avançais, plus je découvrais de choses. Donc, j'ai un peu évolué progressivement en me formant à l'hôpital. C'était la nana qui fait des accouchements à quatre pattes. Voilà, la nana qui n'a jamais de péril. Et puis, j'ai avancé comme ça. Je savais que j'aurais envie de faire un moment de l'accompagnement global, c'est-à-dire d'accompagner les femmes tout au long de leur grossesse, de leur accouchement et des suites. Et c'est quand j'ai eu mon enfant, quand moi-même j'ai accouché, où là je me suis dit, bon allez, tu ne vas pas changer le monde de l'hôpital, par contre tu vas peut-être proposer des alternatives. Et j'y suis allée très progressivement. J'ai commencé par ouvrir un plateau technique. Donc ça, c'est quand une sage-femme loue une salle de naissance dans un hôpital. où elle peut accompagner les femmes dont elle a suivi la grossesse, souvent d'une manière très naturelle. Ensuite, on a eu la chance sur Nancy d'ouvrir une des premières maisons de naissance. Moi, j'ai fait partie des premiers collectifs qui ont permis la création des maisons de naissance en France. Donc, c'est très, très chouette. Il y a eu une grande époque de militantisme pour faire passer les lois d'expérimentation et autres. Puis, l'aboutissement avec l'ouverture de notre maison de naissance. Et puis, en même temps que je faisais tout ça, il y a des mamans qui accouchaient chez elles. Au début, je me disais non, ça doit rester des hasards. Ce n'est pas très sérieux, cette affaire. Et puis, au fur et à mesure que je me suis formée, intéressée, j'ai de plus en plus organisé la pratique des accouchements à domicile. Et actuellement, c'est celle à laquelle je me consacre exclusivement. Déjà parce que les femmes qui viennent vers moi viennent pour ça. Mais aussi, ce n'est pas pour rien qu'elles viennent pour ça vers moi. C'est que moi, à titre personnel, je vois bien qu'en ce moment, en tout cas, c'est l'endroit où je préfère exercer chez les personnes. C'est là où j'ai l'impression de mieux faire mon travail de sage-femme en ce moment. Même si j'accompagne des femmes qui accouchent dans d'autres lieux de naissance et que c'est super, là, c'est vraiment une question de préférence personnelle pour mon travail à moi.

  • Speaker #0

    Oui, donc c'est tout un cheminement très progressif. Je trouve que c'est fou parce que tu dis bien qu'il t'a fallu, par toi-même, trouver des ressources, lire, faire des recherches. pour arriver à cette nouvelle vision de l'accouchement.

  • Speaker #2

    Il faut remettre dans le contexte, c'est sûr que ce n'est plus le cas, je pense, à ce point. Mais si tu veux, moi, mes premiers stages, il faut se remettre en tête que dans les années 2000, on t'apprenait quand le bébé naissait à tout de suite couper le cordon, à partir avec, à lui faire des tas d'examens, et seulement après à le présenter à sa mère. Là, à l'époque, on a commencé à parler des plans de naissance. Moi, quand je finissais mes études, ça avait vraiment du sens. Alors, ça en a toujours maintenant, mais à l'époque, oui, parce qu'on partait de très, très loin quand même.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #2

    oui. Donc, oui, il a fallu un cheminement très progressif et passer par l'étranger parce qu'en France, j'avais quasiment aucune ressource.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Donc, tu as été lire des livres de sages-femmes travaillant à l'étranger. Tu as été rencontrer aussi peut-être d'autres sages-femmes ?

  • Speaker #2

    Oui, oui, oui, des livres. Alors, c'était plus des blogs à l'époque. Il n'y avait pas les réseaux sociaux. J'ai l'impression d'être très vieille soudain. Voilà, rencontrer, discuter aussi. C'est vrai que même s'il n'y avait pas les réseaux sociaux, d'un autre côté, chez les sages-femmes, je trouve qu'il y a souvent de la solidarité. Et encore maintenant, tu vois, moi, je me vois écrire à notamment une sage-femme au Québec parce qu'elle avait écrit un bouquin en lui disant C'est trop bien ce que tu dis. Tu pourrais venir si je t'invite ? Ouais, ouais, tu vois. C'était...

  • Speaker #0

    c'est un peu différent c'était très chouette d'organiser les choses comme ça c'est chouette et c'est marrant tu dis que le déclic de l'accompagnement global est venu en particulier lorsque toi-même tu es devenue mère, lorsque toi-même tu as accouché c'est quoi, c'est le fait de l'avoir vécu toi-même, cette expérience qui t'a donné envie de sauter le pas il y a eu beaucoup de choses,

  • Speaker #2

    c'est que déjà moi en tant que sage-femme Il y a déjà des choses qui me dérangeaient. Mais alors, en étant enceinte, tu vois, quand on me demandait de faire certains gestes ou autres, le fait d'être moi-même enceinte, je pense que j'étais encore plus enceinte. Je me disais, mais c'est horrible, je ne peux pas du tout faire ça.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #2

    il y avait ça. Et encore, je bossais vraiment dans un hôpital très, très chouette. Mais voilà, déjà en tant que sage-femme, je me disais, bof. Et puis, pour mon vécu, tu vois, je me suis dit... les soins continuent quand même, ça fait une grosse différence, le fait que quand tu accouches, et pourtant, je connaissais les gens avec qui j'ai accouché, puisque j'étais sage-femme, mais ce n'est pas la même chose quand c'est ta sage-femme avec qui tu as fait tout ton plan, et surtout d'accoucher, moi, j'ai accouché physiologiquement assez facilement, je suis arrivée pour nous, tu vois, rien de fou, mais justement, en fait, je me suis rendue compte de ce que j'appelle moi la violence ordinaire, de se dire, toi t'arrives, t'es toute contente, tu te dis, j'ai tout fait, ça va vite, et là on te dit, ah ouais, mais quand même c'est un premier, il faudrait peut-être que tu prennes la pérille, après je me revois aller aux toilettes, bah oui, j'avais le bébé qui commençait à pousser, percer ma poche, et là tout le monde panique, on t'attrape, on te tient les jambes, et c'est pas des choses graves, tu vois, personne n'a fait ça pour être malveillant, et ça va, mais tu vois, c'est tous des petits gestes, tout après coup, je me suis dit... Ouais, non, mais là, il faut qu'on se calme, en fait, avec nos trucs. Ils auraient pu me laisser dans les WC pousser mon bébé, et puis tout aurait bien été. J'aurais même sûrement poussé debout comme ça. Et tu vois, je me souviens encore là, quand la sage-femme met ses doigts sur ton périnée, et puis que t'es en train de pousser, quoi. T'as juste envie de lui en coller une, en fait. De le vivre, toi. Ou les remarques, tu sais, j'entends encore l'aide-soignante, qui était une copine pourtant, qui dit Ah, c'est drôle quand même, avec un bébé sur le périnée, elle ne pousse pas plus fort. Et tu sais, tu te dis Mais... Voilà. Oui,

  • Speaker #0

    ben oui.

  • Speaker #2

    Et ce n'est pas méchant tout ça, mais tu vois, c'est tous des petits trucs où je me suis dit Non, mais là, en fait, ça ne va pas. Quand tu accouches, j'ai vraiment pris conscience de cette histoire de l'intimité, du besoin d'être concentré, que le moindre petit geste, en fait, ça peut te perturber. et du coup je me suis dit non j'ai plus envie je suis allée retourner travailler un petit peu pendant 6 mois après mon congé maths mais ça ne me convenait plus tout ce que j'avais vécu moi et c'est très bien parce qu'à la fois ce n'est pas des choses graves donc je ne suis pas du tout traumatisée je suis très contente de la naissance mais en même temps ça m'a permis de me dire ce n'est pas des petits sujets tout ça donc c'est vraiment important moi je dis souvent Ce n'est pas des lubies de bonne femme, alors que souvent, on a l'impression un peu quand on dit, je veux qu'on me laisse choisir ma position, je veux ceci, je veux ça, on a l'impression que c'est vos petits caprices. Et de l'avoir vécu mal, je me dis, ce ne sont pas du tout des caprices. En fait, quand tu le vis, c'est essentiel. Je ne sais pas ce que tu en penses. Ah ben oui,

  • Speaker #0

    oui, oui. Et c'est vrai que, comme tu le dis, souvent, la plupart du temps, il y a des exceptions, mais la plupart du temps, il me semble que dans les équipes médicales qui accompagnent les accompagnements, ça ne vient jamais d'une mauvaise volonté. tu vois c'est pas parce que méchamment une sage-femme ou un gynéco se dit tiens je vais la sortir de sa bulle pour qu'elle galère plus mais du coup c'est presque encore plus désemparant puisqu'il y a de la bonne volonté en face et pourtant comme tu le dis on se rend bien compte soit en se formant sur le sujet soit soi-même en accouchant qu'en fait c'est des détails qui n'en sont pas donc c'est à l'inverse je trouve qu'on se dit mais comment faire pour que Pour que le voile s'ouvre, tu vois, un peu. Et qu'en fait, tous ces petits détails qui peuvent passer complètement inaperçus, tout d'un coup, on se dit, mais non, tu ne peux pas dire ça à une femme qui accouche. Ah ben non, tu ne peux pas lui mettre le néon dans la face quand tu as des petits trucs comme ça. Ce n'est pas évident, quoi.

  • Speaker #2

    Ben, c'est ça.

  • Speaker #0

    Et tu parles de ces conditions idéales, enfin, ce n'est pas le terme, mais les conditions pour favoriser l'accouchement physiologique. Tu en parles notamment dans ton livre qui s'appelle C'est mon accouchement Le guide pour mettre au monde son bébé naturellement en femme libre et informée. C'est un livre dans lequel il y a vraiment plein d'infos, à la fois un peu techniques sur le déroulé d'une naissance, le jeu hormonal qui se met en place autant chez la maman que chez le bébé, etc. Tu parles aussi de toutes les solutions qui existent. Où est-ce que je peux accoucher ? Quel est mon droit aussi ? Et puis, un peu plus profondément, comment ? qu'est-ce qui se joue derrière une belle naissance ? Une belle naissance, ça ne veut pas dire forcément, et tu le dis dans ton livre, la naissance Instagram, dans la piscine bleue, à la lumière des bougies, ce n'est pas ça, mais une naissance en puissance et en connaissance. En fait, derrière ça, comme tu dis, ce n'est pas uniquement un caprice de bonne femme, mais c'est aussi ce rite de passage. qui nous aide en tant que femmes à grandir en confiance et en liberté donc en fait l'enjeu il est énorme, c'est pas juste je veux accoucher sans péril parce que pour caricaturer je mange bio donc je veux pas de médicaments c'est un peu ce qu'on se dit parfois c'est

  • Speaker #2

    très rare Mais même des fois dans ma carrière, l'empuissancement, ça va être de prendre la pérille. Moi, j'ai l'exemple, tu vois, j'en parle un petit peu dans le livre, c'est que souvent on se dit, la puissance, on va la rencontrer en accouchant naturellement et en se transcendant, ce qui est vrai pour la plupart d'entre nous. Mais moi, je me souviens d'une femme notamment que j'ai accompagnée pour son cinquième enfant. Cette femme avait toujours accouché sans pérille durale, mais... pas par choix en fait, c'est une femme qui avait une vie très dure, qui souffrait beaucoup dans son corps qui prenait jamais de péril parce que de façon elle avait pas le temps de s'occuper d'elle donc elle arrivait toujours à la dernière minute à la mater et elle avait vécu des violences en plus tu vois et un coup en discutant elle me dit, elle dit en fait moi j'ai pris une sage femme privée mais elle dit mon vrai rêve en fait ce serait de juste pour une fois ne rien sentir j'ai tellement souffert dans mon corps Et on a fait tout un travail. Et le travail qui a été mené a amené à dire, ouais, OK, en fait, là, tu vas prendre une péri, puis tu vas sentir juste ce que tu as envie de sentir, la doser. Et cette femme-là, on est ressentis.

  • Speaker #0

    C'est super beau.

  • Speaker #2

    C'est une femme qui n'avait jamais eu l'occasion de pouvoir dire moi je prends un joker dans ma vie Donc ça lui a, et elle, ça a été son cheminement initiatique de dire moi dans ma vie j'ai le droit d'être joker aussi Et après, elle a pu prendre soin d'elle. C'est un exemple anecdotique. La plupart d'entre nous, ça va être plutôt d'aller se transcender qui va les transformer. Mais moi c'est quelque chose que je défends beaucoup dans ce que je dis, c'est que je ne suis pas une gourou du naturel. Évidemment, j'accompagne les accouchements à domicile, mais... Moi, ce qui est important pour moi, c'est que les femmes, quoi qu'il se passe dans leur accouchement, qu'elles aient une césarienne, qu'il y ait une urgence, qu'elles accouchent devant le feu de bois, elles en ressortent en étant fières d'elles. Parce qu'en fait, ça fait quand même une vingtaine d'années que je travaille maintenant. Et tu le vois peut-être toi aussi, Cécile, quand tu accompagnes des femmes. Pour moi, la naissance, c'est un moment tellement intense qui laisse une trace tellement importante dans notre psychisme. On le sait, tous les psys le savent. Et dans notre corps aussi, dans la mémoire de notre corps. que soit on en ressort avec je suis un pas capable soit on en ressort avec un je suis capable de différentes choses. Et on voit tellement de femmes, c'est surtout quand je consulte des femmes qui ont 50-60 ans, et que tu vois qu'à 60 ans, à 70 ans, la mamie arrive dans ton cabinet pour un frottis, et là, elle te reparle, et elle est encore traumatisée de ses accouchements, elle est encore à penser que son corps est défaillant. qu'elle n'a pas été capable, et tu dis, mais punaise, ça fait 20 ans, 30 ans, 40 ans qu'elle porte ça, moi, je me dis, c'est quand même pas possible. Surtout quand on sait que la naissance pourrait soit être neutre, à la limite, ou hyper...

  • Speaker #0

    Transformatrice.

  • Speaker #2

    C'est ça, qu'on se dit que ce n'est pas possible. Et on a tellement de femmes qui portent ça, je te jure. On consulte gynéco ou rééduque, c'est un peu affolant quand même.

  • Speaker #0

    Oui, tu m'étonnes. Est-ce que du coup, dans tes patientes, est-ce que tu as beaucoup de patientes qui viennent te voir justement après un accouchement précédent, tu vois, traumatique ou pas, mais en tout cas mal vécu ? Ou est-ce que tu as aussi beaucoup de femmes qui viennent juste parce que, pour un premier, sans avoir eu de mauvaises expériences, elles veulent faire des choix ?

  • Speaker #2

    Alors moi, j'ai autant de premiers que quand je travaillais à l'hôpital. C'est-à-dire que je pense qu'au cabinet, tu vois, on a un tiers de premiers, deux tiers de suivants. Donc, c'est un peu comme n'importe où ailleurs. Dans les femmes qui viennent me consulter, on va dire que la grande majorité, ça va être quand même, chez celles qui ont déjà eu des enfants, des femmes qui ont bien accouché de leur premier. Et puis, qui se disent, franchement, pour le deuxième, pourquoi je me manquais qu'il n'ait à aller à l'hôpital chercher une péridurale ou je ne sais pas quoi. Donc, que je ne prendrai pas, je veux être chez moi tranquille. Effectivement, j'en ai aussi quelques-unes qui ont eu des traumas ou en tout cas des premiers accouchements difficiles ou en tout cas dont elles gardent des stigmates et qui veulent vraiment s'assurer d'être avec une personne de confiance qui va suivre leurs désirs, qui va les écouter. Mais on va dire que ce n'est vraiment pas la majorité. Et puis, dans les premiers parts, les premiers bébés, écoute... depuis dix ans j'en ai toujours eu autant donc je peux pas te dire On voit que ça change un peu c'est à dire que de plus en plus on a des femmes qui dès le premier bébé sont déjà très informés alors qu'il ya dix ans j'avais aussi autant de femmes qui venaient dès le premier bébé mais c'était plus un cheminement en cours de grossesse tu vois elles étaient suivies au cabinet puis au fur et à mesure qu'elle faisait de la prépa elle cheminait puis en cours de grossesse elle disait oh bah en fait je vais le faire chez moi ou alors elle venait d'une famille où on accouche soit à domicile, soit de manière très facile, des femmes qui ont été bercées par les histoires de mamans de grand-mamans qui disent non mais c'est trop facile d'accoucher, ça joue, bien sûr ça joue énormément, moi je fais partie de ces femmes c'est sûr que quand toute ta vie on t'a dit accoucher c'est comme éternuer faut pas avoir de mauvaise surprise quoi mais voilà je veux dire, moi je fais partie d'une famille où le stress c'est surtout de savoir si on arriverait dans une maternité si on voulait y aller donc Donc voilà, j'en épouse ça. Que maintenant, j'ai aussi des femmes qui ne sont pas issues de ce genre de famille, mais qui ont eu de l'info avant, qui se sont renseignées. Il y a eu tous les hashtags, paye ton utérus et qu'on paye. Voilà, elles viennent. Mais globalement, je dirais que c'est plutôt un choix par envie, parce qu'elles voient tous les avantages de cette naissance, parce qu'elles ont envie de profiter de ça, plutôt qu'un choix par défaut, parce qu'elles n'aimeraient pas l'hôpital. D'ailleurs, quasiment... Toutes les femmes que j'accompagne, elles disent, si je dois aller à l'hôpital, j'irai. J'en ai pas envie parce que je crois que j'en ai pas besoin. Mais si je dois y aller, je vais y aller. J'ai rien contre l'hôpital. Voilà.

  • Speaker #0

    Oui, c'est serein. Donc, on parle là d'accouchement aussi à domicile, mais en dehors de l'accouchement à domicile, tu parles d'accouchement physiologique. Qu'est-ce que ça veut dire pour toi, un accouchement physiologique ?

  • Speaker #2

    Alors, moi, j'adore la définition de l'OMS, tu sais, qui dit que c'est un accouchement, en gros, qui se déroule grâce aux seules capacités de la mère, avec un peu de tendresse. et une surveillance attentive d'un professionnel. Surveillance attentive, ça veut dire le fait qu'il y a un pro qui puisse regarder s'il y a le moindre signe, le moindre voyant. Et moi, j'aime beaucoup cette définition parce que je trouve que c'est celle qui colle le plus. Sinon, si on est sur une définition purement médicale, physiologique, ça veut juste dire que ton bébé est né voix basse. Oui. Un bébé qui est né voix basse, ça peut prendre plein de choses. Oui,

  • Speaker #0

    c'est clair.

  • Speaker #2

    Bon, est-ce que toutes sont physiologiques ? Même, par exemple, juste avoir une péridurale, recevoir des médicaments, on peut se demander si c'est complètement physiologique, parce que finalement, on a fait des interventions qui ne sont pas sans conséquences. Donc voilà, moi, quand je parle de physio, c'est ça. Les ressources, les intérêts, un peu de soutien, et puis venez.

  • Speaker #0

    Et de fait, tu mentionnes aussi dans ton livre, la physiologie, elle est...

  • Speaker #2

    En tout cas,

  • Speaker #0

    on a l'impression qu'elle est assez fragile dans le sens où il y a pas mal de petits grains de sable qui peuvent venir la perturber. C'est un peu ce qu'on ressent dans les récits, certains récits d'accouchement dans ton livre et puis dans tout ce que tu détailles sur l'équilibre hormonal qu'il faut pour que l'accouchement se déroule de manière physiologique. Et donc, on a un peu l'impression qu'il suffit de... pas grand-chose pour que la physiologie déraille. Je ne sais pas si tu vas se dire autant en circonstances externes, à savoir un mot mal placé ou un geste mal placé, mais même d'un point de vue médical, une toute petite intervention. Tu donnes l'exemple de l'ocytocine de synthèse, en fait, qui peut entraîner des conséquences. Et donc, oui, ça donne l'impression qu'en fait cet accouchement physiologique, si on veut qu'il reste physiologique, en fait, il doit être vraiment très protégé, quoi.

  • Speaker #2

    En fait, ça, c'est un problème sociétal. Mais tu sais, on a plein... En fait, la physiologie de nos corps, dans tous les points, niveau de notre vie, puis tu es naturopathe, donc je pense que tu vois de quoi je veux parler, à tous les niveaux de notre vie, elle est hautement perturbée dans notre société. Avec les stress, avec les alimentations, le fait qu'on n'utilise plus nos corps autant qu'on devrait. Enfin, nos corps sont faits dans le bougez-marchez et on ne le fait plus. Donc, on est dans une société où la physiologie du corps humain est une société qui est en train de se faire. est facilement entravée. Et donc celle de l'accouchement évidemment aussi, ce qui explique les hauts taux d'intervention dans nos sociétés à nous modernes. Paradoxalement, on fait partie des sociétés les plus aisées, avec les meilleurs accès aux soins, et pour autant on n'a pas des super taux autour des indicateurs périnataux. Et en fait ça c'est parce que la physiologie fonctionne extrêmement bien. Mais elles demandent des prérequis qui sont notamment le sentiment d'intimité, la mobilité. Et ça, c'est vrai que quand maintenant accoucher pour la majorité des femmes, c'est le faire au milieu de deux à dix étrangers, dans la lumière, dans un lieu inconnu qui nécessite de se déplacer, avec du bruit, nos prérequis, on ne les a plus trop. C'est quelque chose qu'on a fait longtemps. Pendant longtemps, on a fait comme si ça n'existait pas, parce qu'on a mis en avant plus la médecine. Et moi, une des choses pour lesquelles je travaille en ce moment, c'est de dire, OK, peut-être que 80%, 90% des femmes doivent accoucher dans un hôpital, c'est notre société, c'est ce que les femmes veulent. Mais qu'est-ce qui empêche de rendre ces hôpitaux intimes et respectueux ? Alors oui, de l'argent peut-être, et encore. Moi, j'ai travaillé, comme je te disais, en plateau technique. Ça va très vite, en fait, de mettre une salle technique dans la pénombre, de pousser un lit d'accouchement, de mettre plutôt un tapis avec une guirlande, que tous les professionnels fassent très attention à c'est une seule sage-femme qui rentre, on toque, on fournit des casques aux femmes anti-bruit pour pas qu'elles entendent les voisines C'est des petits détails, mais qui sont très simples. Et en fait, quand on discute de ça, souvent, on a toujours l'impression que… Ah non, non, non, la physio, il faudrait une salle nature qui coûterait cher avec une baignoire à 10 000 euros, avec machin, avec… Mais en fait, non, ça c'est juste la société consumériste qui le dit, mais n'importe quelle maternité peut faire quelque chose qui respecte mieux la physiologie. C'est aussi beaucoup une attitude des professionnels. Moi, à domicile, je n'ai pas tout un tas d'attirail. Les gens ont leur canapé, leur maison, le tapis. Ce qui change, c'est beaucoup comment nous, on se positionne, qu'est-ce qu'on fait en tant que pro. C'est vrai que cette physio, nos deux prérequis, intimité, respect, ne sont pas toujours là. Et puis, on a vraiment la problématique du stress aussi, d'être avec des femmes qu'on stresse énormément toute leur grossesse. auprès de qui on met vraiment en avant la pathologie, le risque. D'ailleurs, on ne passe pas la grossesse à les conforter et à les rendre puissantes pour leur accoutement, souvent on passe la grossesse à dépister des problèmes et à bien leur dire de faire attention aux problèmes qu'elles vont sûrement avoir. Et ça, ça vient hautement te perturber la physiologie, parce que notre cortex, notre cerveau qui réfléchit, il est capable de bloquer nos instincts, on le sait, en tant qu'humain. Enfin, je veux dire... Un truc tout bête, tout le monde fait caca, c'est la physiologie, on fait tous caca. Quand on doit faire caca dans les WC du bureau avec les collègues qui parlent à côté, on n'arrive pas à faire caca parce qu'on se dit qu'ils vont nous entendre. Et bien voilà, l'accouchement c'est pareil en fait. On peut ne pas arriver à accoucher parce qu'il y a du monde qui nous regarde ou parce qu'on nous en a mis tellement dans la tête, tellement de peur, qu'à un moment on n'arrive pas à se lâcher, on est là à réfléchir. Et pourquoi je sens ça ? Est-ce que c'est normal d'avoir ci ? et pourquoi il y a ce qui se passe. Et du coup, cette hypervigilance fait que la physiologie n'est pas possible. L'accouchement, ce n'est pas maîtriser quelque chose, ce n'est pas apprendre une technique. L'accouchement, je pense que c'est l'acte de lâcher prise, un des plus forts qu'on peut faire dans la vie. Il y a besoin.

  • Speaker #0

    C'est vrai que du coup, ce que je ne trouve pas évident, c'est que si tu te prépares à accoucher dans un hôpital, dans une structure classique, sans un accompagnement spécifique, mais que tu veux un accouchement dans lequel la physiologie est respectée, comment justement être dans ce lâcher-prise alors que, justement, tu as un peu l'impression qu'il faut que tu veilles à ce qu'on respecte tes souhaits. Tu vois ce que je veux dire ? Je trouve que c'est un peu le pendant qui est dommage. C'est que du coup, même pendant le suivi de la grossesse, Tu vois, moi qui ai un projet d'accoucher à domicile, je sais que quand je vais aller faire mon inscription à la maternité, c'est super bien passé, mais je sais qu'on va me poser des questions, faire rentrer un peu de stress, me questionner sur ce choix de l'accouchement à domicile, me proposer un toucher vaginal, enfin tu vois, c'est des petites choses comme ça qu'il faut qu'on peut vite... Avoir l'impression qu'il faut se protéger. Or, l'idée n'est pas de se braquer, évidemment, et de scinder, tu vois, deux mondes, quoi. C'est difficile, je trouve, tu vois.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas évident. Moi, je sais que les mamans, tu vois, qu'on accompagne, qui doivent ou qui souhaitent accoucher en maternité, on fait vraiment un travail avec aussi la maternité. Enfin, on leur fait faire un travail, parce que moi, je ne fais pas pour les gens, justement. Sinon, ce ne serait pas trop les empuissances. mais tu vois on les encourage vraiment à visiter à choisir aussi à avoir des critères quand il y a plusieurs maternités dispo, à rencontrer les équipes et à choisir en fonction à aller présenter leur projet de naissance dans un rendez-vous qui est pour ça et pas vite fait docteur madame la sage-femme à la fin du rendez-vous voilà mon projet mais vraiment je prends un rendez-vous, je veux qu'on parle point par point et on va négocier et je veux voir si vous pouvez me suivre et ça moi j'invite à le faire tôt, tu vois, pas à huit mois, parce qu'il faut aussi que les femmes puissent se retourner. Parfois, j'ai des femmes qui pensaient à une maternité, puis une fois qu'elles ont ce rendez-vous, elles reviennent en disant, ben non, laisse tomber. Ils disent non à trop de choses, et ça leur laisse le temps d'aller ailleurs, quand il y a plusieurs maternités, c'est ça. Donc moi, je pense qu'il faut qu'il y ait une vraie rencontre, et puis une rencontre qui est dans le dialogue. Le but, c'est pas d'arriver en disant aux pros, moi, je vous impose mes idées, et puis voilà, c'est qu'il y ait une vraie discussion avec éventuellement des compromis. Mais que les choses soient posées, qu'on ait pu rencontrer les équipes, c'est hyper important de choisir des équipes ou des professionnels avec qui on se sent vraiment en confiance. Pour favoriser la physio, il y a la petite règle des trois, c'est de dire, ce professionnel ou cet endroit, je dois m'y sentir en sécurité, je dois pouvoir y créer un endroit de...

  • Speaker #0

    d'intimité d'une façon ou d'une autre. Et je dois pouvoir y ressentir qu'on a confiance en moi et que je peux faire confiance aux gens. Mais c'est important parce qu'en plus, dans une naissance, parfois, malgré tout, il peut y avoir de l'urgence. Et si tu n'as pas confiance dans les personnes avec qui tu es, tu vas tout le temps douter, y compris dans l'urgence, de est-ce qu'on aurait dû faire ça, pas faire ça ? Donc voilà. Donc ça, c'est les trois règles. Et bien, du coup, anticiper avant. Et nous, on prépare dans notre cabinet beaucoup les coparents, ou en tout cas la personne qui va être présente. Alors chez moi, on n'a pas trop de doulas. Dans les maternités, elles ne peuvent pas trop y aller. Mais voilà, ça peut être une solution aussi d'avoir sa doula quand on accouche en maternité en plus de son compagnon. Ce n'est pas très français, ça encore. Voilà. Et donc du coup, nous, on prépare beaucoup le partenaire ou la partenaire qui va être là à la naissance. à la fois qu'il ait des outils pour soutenir cette maman, mais aussi pour défendre le projet. C'est un rôle qu'on discute avec le père très souvent, de dire, quitte à s'entraîner avant, est-ce que tu as bien tous les éléments pour pouvoir négocier si il faut, pour pouvoir appeler, quelle est ta posture en tant qu'homme ? Et y compris de nos collègues sages-femmes, parce que très souvent mes collègues hospitalières, dont certaines ne sont pas très fans de l'accouchement sans péril notamment, nous font le retour de dire, bon l'avantage au moins c'est que les femmes qui viennent de votre part, elles ont un projet physio, mais on sait qu'elles ont aussi les moyens de le mener. Donc on leur fait même confiance. Et du coup, il y a des femmes qui ne préparent rien du tout, puis qui accouchent physio à l'hôpital et c'est super. Mais c'est vrai que dans le doute, quand tu es à l'hôpital, je pense qu'il faut vraiment que tu prépares et le lien avec ces personnes-là. Parce que c'est pareil, on a trop fait. Tu sais, pendant longtemps, les professionnels de santé, on devait se tenir à distance, il fallait du vouvoiement, il fallait marquer la barrière, soignant, soigné. Ça ne marche pas, ça, pour l'accouchement. En fait, une femme qui accouche, elle n'a pas besoin de quelqu'un qui est froid. On ne peut pas faire comme si c'était normal de changer de sage-femme à chaque échographie. En fait, quand on est enceinte, on a besoin d'avoir une personne référente. Donc, même si on est suivi à l'hôpital, c'est important de créer du lien avec les professionnels et de se livrer à minima aussi, de leur expliquer. Pas juste, moi, je veux ça un peu comme une to-do list, je ne veux pas la périr, je veux un pot à pot, mais d'expliquer à minima, voilà. Moi, j'ai ce rêve-là d'accouchement, j'ai ces peurs-là, j'aimerais vraiment vivre comme si la naissance, j'aimerais ressentir ceci, cela. qu'est-ce que vous pouvez faire pour m'aider à le vivre et qu'est-ce que je peux faire pour que vous, vous ayez envie, confiance pour me suivre dans mon projet ? Et de poser des choses comme ça, je trouve que c'est hyper important et souvent hyper efficace.

  • Speaker #1

    Oui, tu sens, toi, dans tes collègues sages-femmes ou dans les maternités avec lesquelles tu travailles, que c'est possible, ce dialogue et cette ouverture.

  • Speaker #0

    Oui, et puis tu sais, même quand je fais des conférences ou que j'interviens dans des congrès, je vois bien de plus en plus des sages-femmes hospitalières, des gynécologues viennent discuter avec moi. En fait, ils ont envie, quand je parle de culture de choix ou autre, ils ont très envie de mettre ça en place. Alors, la réalité, c'est que beaucoup sont démunis et dépassés face à la crise de l'hôpital, au manque de personnel, de moyens. Donc ça, c'est une vraie catastrophe quand même. Bien sûr. Parfois, voilà, ils sont dépassés. C'est sûr que quand tu as deux césariennes en urgence à gérer et que tu dois suivre toutes les consultations, aller masser une maman, c'est le dernier de tes… C'est pas possible. Mais la plupart ont quand même envie. Alors, je rencontre aussi quelques collègues un petit peu revêches qui sont plutôt à dire, elles nous embêtent avec leurs histoires, elles vont pleurer pour une péri au bout de cinq minutes. Mais je trouve que la plupart des pros ont envie d'écouter les femmes. En tout cas, chez les sages-femmes sûres, chez les gynécos de plus en plus.

  • Speaker #1

    Et par rapport à l'accouchement à domicile, toi, tu t'occupes de l'association pour l'accouchement accompagné à domicile. Est-ce que tu as l'impression que c'est une pratique qui se facilite dans le sens où, effectivement, les liens se font mieux avec les maternités et les sages-femmes ? pratique l'accompagnement de l'accouchement à domicile sont mieux perçues, mieux accueillies ? Ou pas encore ?

  • Speaker #0

    Globalement oui, quasiment partout en France. Il y a encore quelques territoires qui restent très braqués, mais globalement c'est de mieux en mieux en France. Aussi parce que depuis 2019 qu'on a créé la PAAD, l'association dont tu parles, on a quand même fait un gros travail d'information, mais aussi de formation des professionnels, d'établissement de lignes de conduite, on a fait un travail en partenariat. avec les réseaux périnataux, les sociétés savantes de médecins. Donc, il y a eu un gros boulot de fait. Donc, voilà, c'est mérité. Mais c'était important pour nous et les femmes qu'on accompagne, parce que nous, on est des proches. Notre but, c'est d'exercer dans des conditions idéales pour nos patientes. Donc, on voit que ça évolue. Et juste pour finir là-dessus, je pense qu'une bonne illustration, là, il y a une maman qui va accoucher que j'ai vue hier. Ça va être son troisième accouchement. accouchement à domicile. Et tu vois, au premier, c'était plutôt un discours, quand elle allait à l'hôpital, de quand même, c'est dangereux, vous pourriez mourir, pas ta couffin Enfin, voilà, le classique. Puis plutôt, accueil où t'as plus du tout envie de retourner à la maths. Et là, elle vient de faire sa consul d'anesthésie, et elle me disait, ça en était drôle, parce que l'anesthésiste était hyper sympa. Et il lui dit, Bon, de toute façon, le risque, c'est une hémorragie, mais c'est pas grave, votre sage-femme fera ce qu'il faut, elle vous transférera, et puis on s'occupera de vous, tout ira bien, même si c'est une complication. Et là, je me dis, waouh, ça valait le coup. Oui, c'est super. Parce que c'est pas complètement normalisé encore, et c'est pas tous les anesthésistes de chez nous qui diraient ça, mais c'est quand même devenu quelque chose comme, ok, c'est pas des cinglés, ni les parents, ni les sages-femmes. En fait, faire ça, c'est aussi avoir accès à des soins. Et ça s'inscrit aussi dans un protocole, dans une relation ville-hôpital qui fonctionne. Et ça va bien aller. Et donc, c'est super. Et comme l'a dit cette maman, elle dit, ça change tout. Parce qu'elle, qui est très hésitante à aller à la maternité d'habitude, elle dit là, franchement, même si on me disait que je dois refaire une consul, j'irais avec le sourire.

  • Speaker #1

    Ben oui, bien sûr. Et donc, en fait, tout le monde est gagnant. Et quand on parle de sécurité, c'est vrai que... Ça joue aussi dans l'accouchement à domicile en particulier. C'est sûr qu'on met tout le monde plus en sécurité si on accouche en domicile en étant en lien et en confiance avec une structure médicale pas loin. Tout le monde a des voies de gagner.

  • Speaker #0

    C'est ça. Puis n'importe où qu'on accouche, quand je te disais dans les trois critères, il y a la sécurité. Cette sécurité, ce n'est pas juste qu'il y a une super machine qui va me soigner si j'ai besoin. Cette sécurité, c'est surtout une sécurité intérieure de se dire, en fait, les gens qui seront là avec moi, que ce soit à l'hôpital, à la maison, à la maison de naissance, c'est des gens sur qui je vais pouvoir compter pour m'épauler, pour être un beau soutien, mais aussi pour faire ce qu'il faut et me respecter si j'ai un problème. Et ça, c'est hyper important parce que quand tu ne te sens pas en sécurité avec les personnes qui sont là à l'accouchement, on en revient toujours au même, tu ne peux pas lâcher en fait.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et c'est là que l'expérience, elle peut être douloureuse, quoi. Oui,

  • Speaker #0

    tout à fait. Et d'ailleurs, dans les transferts de maison de naissance ou d'accouchement à domicile vers l'hôpital, on sait que nous, un des petits voyants d'alerte avant accouchement, c'est ces femmes qui sont terrorisées par l'hôpital. En fait, elles ont tellement peur de devoir aller à l'hôpital que paradoxalement, pendant le travail, elles se bloquent et elles finissent par y aller. Tu sais, quand on dit le dicton, ce que tu fuis te suit, bon, ben voilà.

  • Speaker #1

    Ah oui. Oui, bien sûr. Mais comme tu dis, on y revient à cette importance de la confiance et de la sécurité intérieure. Bien sûr,

  • Speaker #0

    c'est ça.

  • Speaker #1

    Génial. Merci beaucoup, Floriane, pour tout cet échange. Tu reprends et bien en détail pas mal de ces thématiques dans ton livre. Tu reprends un peu aussi tout l'historique qui explique pourquoi est-ce que dans notre société, on a cette vision de... peur sur l'accouchement, pourquoi est-ce que la première chose à laquelle on pense, c'est de se mettre en sécurité, mais dans le sens de prévenir le moindre souci. Il y a vraiment quand même ce conditionnement-là. Mais tu expliques bien historiquement d'où il vient, et puis comment travailler dessus, en fait, pour s'en libérer, pour pouvoir effectivement faire ses propres choix, quels qu'ils soient ensuite, mais des choix libres. Et c'est vrai que ça vaut le coup, parce que, quelle que soit la manière dont on vit son accouchement, tu le disais au début, en fait... ça peut avoir un impact énorme en négatif, mais aussi en positif. Ça peut vraiment permettre aux femmes une confiance en soi vraiment complètement renouvelée, une vision de son corps aussi qui se transforme, une vision de son corps qui renoue avec la liberté, avec le plaisir. Et c'est vrai que tout ça, c'est unique dans une vie. On a de la chance de pouvoir vivre des accouchements et en général pas hyper souvent dans notre vie. Donc autant que ce soit une expérience unique à transformer. tout à fait merci en tout cas pour tout ce travail et pour tout le travail que tu fais aussi auprès de tes patients mais même à travers l'AP et l'AAD c'est vrai que c'est des ressources qui sont chouettes pour les femmes qui se posent la question de l'accouchement à domicile donc merci pour tout ça et puis bon courage merci mais c'est du courage et du plaisir je peux bien le croire c'est vrai que d'être témoins même de toutes ces naissances, ça doit être absolument épuisant, j'imagine, en termes de rythme, mais ça doit te nourrir aussi d'une manière particulière, c'est quand même des métiers.

  • Speaker #0

    C'est de voir toutes ces femmes, ces hommes qui s'épanouissent, et puis comme on dit, la cytocine, c'est très contagieux, donc on prend des bains de cytocine plusieurs fois par semaine. On est déconnus à ça.

  • Speaker #1

    C'est le plus facile de se sevrer à la fin de sa carrière.

  • Speaker #0

    C'est ça. Quand on est en vacances, on n'a qu'une hâte, c'est de retourner aux naissances. On va faire des vacances.

  • Speaker #1

    Retourner à la source de la cytosine. C'est cette petite méthode. Bon, merci. À bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #1

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous et à lui laisser 5 étoiles et un commentaire. Je vous donne rendez-vous dans 15 jours pour une nouvelle discussion entre mères.

Description

Aujourd’hui je suis très heureuse de vous partager mon échange avec Floriane Stauffer, sage-femme engagée pour les droit des femmes et spécialisée dans l’accompagnement des accouchements à domicile.

Elle  l’autrice du livre « C’est mon accouchement! Le guide pour mettre au monde son bébé naturellement, en femme libre et informée », que je vous recommande! On y retrouve plein d’infos sur la physiologie de l’accouchement, des témoignages, son expérience, l’histoire de la médicalisation de la naissance et autre.

Dans cet épisode, Floriane nous partage son parcours de sage-femme, sa vision de l’accouchement physiologique et le pourquoi du comment de son engagement auprès des femmes, pour qu’elles se réapproprient ce moment unique qu’est la naissance. Bonne écoute!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Cécile Albert, naturopathe spécialisée dans l'accompagnement de la femme, et je suis très heureuse de vous partager ces discussions entre même. On dit qu'il faut un village pour élever un enfant. Je crois que si aujourd'hui beaucoup de femmes veulent la maternité comme Radmar et Kézumers, c'est notamment parce que ce village a été remplacé par une grande solitude. Dans ce podcast, c'est un peu de ce village, Christy. J'y reçois des femmes, des mères, qui partagent leurs bons conseils pour une maternité plus apaisée, plus joyeuse et moins isolée. Si vous souhaitez soutenir ce podcast, rien de plus simple, il suffit de lui laisser un avis 5 étoiles et un commentaire et de le partager autour de vous. Bonne écoute !

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, je suis très heureuse de vous partager mon échange avec Florianne Stauffer. Sage-femme engagée pour les droits des femmes et spécialisée dans l'accompagnement des accouchements à domicile. Elle est l'autrice du livre C'est mon accouchement le guide pour mettre au monde son bébé en femme libre et informée, que je vous recommande. On y retrouve plein d'infos sur la physiologie de l'accouchement, des témoignages, son expérience, l'histoire de la médicalisation de la naissance et autres. Dans cet épisode, Floriane nous partage son parcours de sage-femme, sa vision de l'accouchement physiologique et le pourquoi du comment de son engagement auprès des femmes pour qu'elle se réapproprie ce moment unique qu'est la naissance. Allez, c'est parti, on papote !

  • Speaker #0

    Bonjour Floriane !

  • Speaker #2

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Je suis ravie d'échanger avec toi. Est-ce que tu peux commencer en nous en disant un peu plus sur toi ?

  • Speaker #2

    Oui, alors du coup, moi je suis Floriane Staufer, je suis sage-femme depuis un peu plus d'une vingtaine d'années et je suis une sage-femme assez engagée sur... toutes les causes en lien avec les droits des femmes et les choix en fait en termes de santé féminine. Et puis dans ma pratique quotidienne, je suis spécialisée dans l'accompagnement des accouchements à domicile.

  • Speaker #0

    Super, on va revenir sur, parce que déjà avec ces quelques infos, on a déjà beaucoup de choses et on a envie de creuser sur pas mal de sujets. Est-ce que pour commencer, tu peux nous dire comment tu es devenue sage-femme accompagnant les accouchements à domicile ? Comment c'est fait, et en dehors de la couche-moi à domicile, comment c'est fait un peu ton cheminement de sage-femme ?

  • Speaker #2

    Ok. Alors moi, en fait, j'ai été sage-femme, enfin, je suis rentrée dans les études de sage-femme tout de suite après le bac, tu sais. J'ai fait ma première année de médecine et puis sage-femme dans la foulée. À l'époque, j'étais une jeune femme de 18 ans, très féministe, et je voulais devenir sage-femme. surtout pour aller travailler dans un planning familial et défendre la cause des femmes. Donc l'accouchement ne m'intéressait absolument pas, l'allaitement encore moins. C'est le féminisme des années 2000, donc tu sais, la question n'était pas du tout de comment tu fais un bébé, c'était autre chose. Et puis en fait, quand j'ai commencé à faire mes études, évidemment, des études de sage-femme, on passe du temps en maternité et dans les salles d'accouchement. Et écoute, dès mon premier stage, moi j'ai été... quand même assez perturbée du premier accouchement que j'ai vu. Malheureusement, je n'ai pas vu un bel accouchement. J'ai vu un accouchement assez violent en premier accouchement. Et du coup, je suis restée un peu sceptique quand même. Et par la suite, en fait, mon expérience d'études m'a montré des alternatives et des façons de prendre en charge la naissance hyper chouettes et aussi plein d'endroits où je me disais non, mais là, ce n'est pas possible. C'est trop infantilisant, trop violent. Voilà. Elle vient de féministe que j'étais, ça lui allait pas. Donc je me suis dit, finalement, peut-être que tu ne vas pas travailler dans un planning familial, tu vas peut-être quand même aller en salle de naissance pour faire les choses autrement. Mais à l'époque où j'en étais, moi j'ai été formée à l'accouchement, c'était à l'hôpital. Donc voilà, je suis allée travailler à l'hôpital. Je n'avais pas trop de raison de remettre les choses en cause à ce moment-là. Mais quand on s'intéresse à comment accompagner les femmes autrement, à l'époque, en tout cas, on finissait par lire et se renseigner beaucoup à l'étranger. Et plus j'avançais, plus je découvrais de choses. Donc, j'ai un peu évolué progressivement en me formant à l'hôpital. C'était la nana qui fait des accouchements à quatre pattes. Voilà, la nana qui n'a jamais de péril. Et puis, j'ai avancé comme ça. Je savais que j'aurais envie de faire un moment de l'accompagnement global, c'est-à-dire d'accompagner les femmes tout au long de leur grossesse, de leur accouchement et des suites. Et c'est quand j'ai eu mon enfant, quand moi-même j'ai accouché, où là je me suis dit, bon allez, tu ne vas pas changer le monde de l'hôpital, par contre tu vas peut-être proposer des alternatives. Et j'y suis allée très progressivement. J'ai commencé par ouvrir un plateau technique. Donc ça, c'est quand une sage-femme loue une salle de naissance dans un hôpital. où elle peut accompagner les femmes dont elle a suivi la grossesse, souvent d'une manière très naturelle. Ensuite, on a eu la chance sur Nancy d'ouvrir une des premières maisons de naissance. Moi, j'ai fait partie des premiers collectifs qui ont permis la création des maisons de naissance en France. Donc, c'est très, très chouette. Il y a eu une grande époque de militantisme pour faire passer les lois d'expérimentation et autres. Puis, l'aboutissement avec l'ouverture de notre maison de naissance. Et puis, en même temps que je faisais tout ça, il y a des mamans qui accouchaient chez elles. Au début, je me disais non, ça doit rester des hasards. Ce n'est pas très sérieux, cette affaire. Et puis, au fur et à mesure que je me suis formée, intéressée, j'ai de plus en plus organisé la pratique des accouchements à domicile. Et actuellement, c'est celle à laquelle je me consacre exclusivement. Déjà parce que les femmes qui viennent vers moi viennent pour ça. Mais aussi, ce n'est pas pour rien qu'elles viennent pour ça vers moi. C'est que moi, à titre personnel, je vois bien qu'en ce moment, en tout cas, c'est l'endroit où je préfère exercer chez les personnes. C'est là où j'ai l'impression de mieux faire mon travail de sage-femme en ce moment. Même si j'accompagne des femmes qui accouchent dans d'autres lieux de naissance et que c'est super, là, c'est vraiment une question de préférence personnelle pour mon travail à moi.

  • Speaker #0

    Oui, donc c'est tout un cheminement très progressif. Je trouve que c'est fou parce que tu dis bien qu'il t'a fallu, par toi-même, trouver des ressources, lire, faire des recherches. pour arriver à cette nouvelle vision de l'accouchement.

  • Speaker #2

    Il faut remettre dans le contexte, c'est sûr que ce n'est plus le cas, je pense, à ce point. Mais si tu veux, moi, mes premiers stages, il faut se remettre en tête que dans les années 2000, on t'apprenait quand le bébé naissait à tout de suite couper le cordon, à partir avec, à lui faire des tas d'examens, et seulement après à le présenter à sa mère. Là, à l'époque, on a commencé à parler des plans de naissance. Moi, quand je finissais mes études, ça avait vraiment du sens. Alors, ça en a toujours maintenant, mais à l'époque, oui, parce qu'on partait de très, très loin quand même.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #2

    oui. Donc, oui, il a fallu un cheminement très progressif et passer par l'étranger parce qu'en France, j'avais quasiment aucune ressource.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Donc, tu as été lire des livres de sages-femmes travaillant à l'étranger. Tu as été rencontrer aussi peut-être d'autres sages-femmes ?

  • Speaker #2

    Oui, oui, oui, des livres. Alors, c'était plus des blogs à l'époque. Il n'y avait pas les réseaux sociaux. J'ai l'impression d'être très vieille soudain. Voilà, rencontrer, discuter aussi. C'est vrai que même s'il n'y avait pas les réseaux sociaux, d'un autre côté, chez les sages-femmes, je trouve qu'il y a souvent de la solidarité. Et encore maintenant, tu vois, moi, je me vois écrire à notamment une sage-femme au Québec parce qu'elle avait écrit un bouquin en lui disant C'est trop bien ce que tu dis. Tu pourrais venir si je t'invite ? Ouais, ouais, tu vois. C'était...

  • Speaker #0

    c'est un peu différent c'était très chouette d'organiser les choses comme ça c'est chouette et c'est marrant tu dis que le déclic de l'accompagnement global est venu en particulier lorsque toi-même tu es devenue mère, lorsque toi-même tu as accouché c'est quoi, c'est le fait de l'avoir vécu toi-même, cette expérience qui t'a donné envie de sauter le pas il y a eu beaucoup de choses,

  • Speaker #2

    c'est que déjà moi en tant que sage-femme Il y a déjà des choses qui me dérangeaient. Mais alors, en étant enceinte, tu vois, quand on me demandait de faire certains gestes ou autres, le fait d'être moi-même enceinte, je pense que j'étais encore plus enceinte. Je me disais, mais c'est horrible, je ne peux pas du tout faire ça.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #2

    il y avait ça. Et encore, je bossais vraiment dans un hôpital très, très chouette. Mais voilà, déjà en tant que sage-femme, je me disais, bof. Et puis, pour mon vécu, tu vois, je me suis dit... les soins continuent quand même, ça fait une grosse différence, le fait que quand tu accouches, et pourtant, je connaissais les gens avec qui j'ai accouché, puisque j'étais sage-femme, mais ce n'est pas la même chose quand c'est ta sage-femme avec qui tu as fait tout ton plan, et surtout d'accoucher, moi, j'ai accouché physiologiquement assez facilement, je suis arrivée pour nous, tu vois, rien de fou, mais justement, en fait, je me suis rendue compte de ce que j'appelle moi la violence ordinaire, de se dire, toi t'arrives, t'es toute contente, tu te dis, j'ai tout fait, ça va vite, et là on te dit, ah ouais, mais quand même c'est un premier, il faudrait peut-être que tu prennes la pérille, après je me revois aller aux toilettes, bah oui, j'avais le bébé qui commençait à pousser, percer ma poche, et là tout le monde panique, on t'attrape, on te tient les jambes, et c'est pas des choses graves, tu vois, personne n'a fait ça pour être malveillant, et ça va, mais tu vois, c'est tous des petits gestes, tout après coup, je me suis dit... Ouais, non, mais là, il faut qu'on se calme, en fait, avec nos trucs. Ils auraient pu me laisser dans les WC pousser mon bébé, et puis tout aurait bien été. J'aurais même sûrement poussé debout comme ça. Et tu vois, je me souviens encore là, quand la sage-femme met ses doigts sur ton périnée, et puis que t'es en train de pousser, quoi. T'as juste envie de lui en coller une, en fait. De le vivre, toi. Ou les remarques, tu sais, j'entends encore l'aide-soignante, qui était une copine pourtant, qui dit Ah, c'est drôle quand même, avec un bébé sur le périnée, elle ne pousse pas plus fort. Et tu sais, tu te dis Mais... Voilà. Oui,

  • Speaker #0

    ben oui.

  • Speaker #2

    Et ce n'est pas méchant tout ça, mais tu vois, c'est tous des petits trucs où je me suis dit Non, mais là, en fait, ça ne va pas. Quand tu accouches, j'ai vraiment pris conscience de cette histoire de l'intimité, du besoin d'être concentré, que le moindre petit geste, en fait, ça peut te perturber. et du coup je me suis dit non j'ai plus envie je suis allée retourner travailler un petit peu pendant 6 mois après mon congé maths mais ça ne me convenait plus tout ce que j'avais vécu moi et c'est très bien parce qu'à la fois ce n'est pas des choses graves donc je ne suis pas du tout traumatisée je suis très contente de la naissance mais en même temps ça m'a permis de me dire ce n'est pas des petits sujets tout ça donc c'est vraiment important moi je dis souvent Ce n'est pas des lubies de bonne femme, alors que souvent, on a l'impression un peu quand on dit, je veux qu'on me laisse choisir ma position, je veux ceci, je veux ça, on a l'impression que c'est vos petits caprices. Et de l'avoir vécu mal, je me dis, ce ne sont pas du tout des caprices. En fait, quand tu le vis, c'est essentiel. Je ne sais pas ce que tu en penses. Ah ben oui,

  • Speaker #0

    oui, oui. Et c'est vrai que, comme tu le dis, souvent, la plupart du temps, il y a des exceptions, mais la plupart du temps, il me semble que dans les équipes médicales qui accompagnent les accompagnements, ça ne vient jamais d'une mauvaise volonté. tu vois c'est pas parce que méchamment une sage-femme ou un gynéco se dit tiens je vais la sortir de sa bulle pour qu'elle galère plus mais du coup c'est presque encore plus désemparant puisqu'il y a de la bonne volonté en face et pourtant comme tu le dis on se rend bien compte soit en se formant sur le sujet soit soi-même en accouchant qu'en fait c'est des détails qui n'en sont pas donc c'est à l'inverse je trouve qu'on se dit mais comment faire pour que Pour que le voile s'ouvre, tu vois, un peu. Et qu'en fait, tous ces petits détails qui peuvent passer complètement inaperçus, tout d'un coup, on se dit, mais non, tu ne peux pas dire ça à une femme qui accouche. Ah ben non, tu ne peux pas lui mettre le néon dans la face quand tu as des petits trucs comme ça. Ce n'est pas évident, quoi.

  • Speaker #2

    Ben, c'est ça.

  • Speaker #0

    Et tu parles de ces conditions idéales, enfin, ce n'est pas le terme, mais les conditions pour favoriser l'accouchement physiologique. Tu en parles notamment dans ton livre qui s'appelle C'est mon accouchement Le guide pour mettre au monde son bébé naturellement en femme libre et informée. C'est un livre dans lequel il y a vraiment plein d'infos, à la fois un peu techniques sur le déroulé d'une naissance, le jeu hormonal qui se met en place autant chez la maman que chez le bébé, etc. Tu parles aussi de toutes les solutions qui existent. Où est-ce que je peux accoucher ? Quel est mon droit aussi ? Et puis, un peu plus profondément, comment ? qu'est-ce qui se joue derrière une belle naissance ? Une belle naissance, ça ne veut pas dire forcément, et tu le dis dans ton livre, la naissance Instagram, dans la piscine bleue, à la lumière des bougies, ce n'est pas ça, mais une naissance en puissance et en connaissance. En fait, derrière ça, comme tu dis, ce n'est pas uniquement un caprice de bonne femme, mais c'est aussi ce rite de passage. qui nous aide en tant que femmes à grandir en confiance et en liberté donc en fait l'enjeu il est énorme, c'est pas juste je veux accoucher sans péril parce que pour caricaturer je mange bio donc je veux pas de médicaments c'est un peu ce qu'on se dit parfois c'est

  • Speaker #2

    très rare Mais même des fois dans ma carrière, l'empuissancement, ça va être de prendre la pérille. Moi, j'ai l'exemple, tu vois, j'en parle un petit peu dans le livre, c'est que souvent on se dit, la puissance, on va la rencontrer en accouchant naturellement et en se transcendant, ce qui est vrai pour la plupart d'entre nous. Mais moi, je me souviens d'une femme notamment que j'ai accompagnée pour son cinquième enfant. Cette femme avait toujours accouché sans pérille durale, mais... pas par choix en fait, c'est une femme qui avait une vie très dure, qui souffrait beaucoup dans son corps qui prenait jamais de péril parce que de façon elle avait pas le temps de s'occuper d'elle donc elle arrivait toujours à la dernière minute à la mater et elle avait vécu des violences en plus tu vois et un coup en discutant elle me dit, elle dit en fait moi j'ai pris une sage femme privée mais elle dit mon vrai rêve en fait ce serait de juste pour une fois ne rien sentir j'ai tellement souffert dans mon corps Et on a fait tout un travail. Et le travail qui a été mené a amené à dire, ouais, OK, en fait, là, tu vas prendre une péri, puis tu vas sentir juste ce que tu as envie de sentir, la doser. Et cette femme-là, on est ressentis.

  • Speaker #0

    C'est super beau.

  • Speaker #2

    C'est une femme qui n'avait jamais eu l'occasion de pouvoir dire moi je prends un joker dans ma vie Donc ça lui a, et elle, ça a été son cheminement initiatique de dire moi dans ma vie j'ai le droit d'être joker aussi Et après, elle a pu prendre soin d'elle. C'est un exemple anecdotique. La plupart d'entre nous, ça va être plutôt d'aller se transcender qui va les transformer. Mais moi c'est quelque chose que je défends beaucoup dans ce que je dis, c'est que je ne suis pas une gourou du naturel. Évidemment, j'accompagne les accouchements à domicile, mais... Moi, ce qui est important pour moi, c'est que les femmes, quoi qu'il se passe dans leur accouchement, qu'elles aient une césarienne, qu'il y ait une urgence, qu'elles accouchent devant le feu de bois, elles en ressortent en étant fières d'elles. Parce qu'en fait, ça fait quand même une vingtaine d'années que je travaille maintenant. Et tu le vois peut-être toi aussi, Cécile, quand tu accompagnes des femmes. Pour moi, la naissance, c'est un moment tellement intense qui laisse une trace tellement importante dans notre psychisme. On le sait, tous les psys le savent. Et dans notre corps aussi, dans la mémoire de notre corps. que soit on en ressort avec je suis un pas capable soit on en ressort avec un je suis capable de différentes choses. Et on voit tellement de femmes, c'est surtout quand je consulte des femmes qui ont 50-60 ans, et que tu vois qu'à 60 ans, à 70 ans, la mamie arrive dans ton cabinet pour un frottis, et là, elle te reparle, et elle est encore traumatisée de ses accouchements, elle est encore à penser que son corps est défaillant. qu'elle n'a pas été capable, et tu dis, mais punaise, ça fait 20 ans, 30 ans, 40 ans qu'elle porte ça, moi, je me dis, c'est quand même pas possible. Surtout quand on sait que la naissance pourrait soit être neutre, à la limite, ou hyper...

  • Speaker #0

    Transformatrice.

  • Speaker #2

    C'est ça, qu'on se dit que ce n'est pas possible. Et on a tellement de femmes qui portent ça, je te jure. On consulte gynéco ou rééduque, c'est un peu affolant quand même.

  • Speaker #0

    Oui, tu m'étonnes. Est-ce que du coup, dans tes patientes, est-ce que tu as beaucoup de patientes qui viennent te voir justement après un accouchement précédent, tu vois, traumatique ou pas, mais en tout cas mal vécu ? Ou est-ce que tu as aussi beaucoup de femmes qui viennent juste parce que, pour un premier, sans avoir eu de mauvaises expériences, elles veulent faire des choix ?

  • Speaker #2

    Alors moi, j'ai autant de premiers que quand je travaillais à l'hôpital. C'est-à-dire que je pense qu'au cabinet, tu vois, on a un tiers de premiers, deux tiers de suivants. Donc, c'est un peu comme n'importe où ailleurs. Dans les femmes qui viennent me consulter, on va dire que la grande majorité, ça va être quand même, chez celles qui ont déjà eu des enfants, des femmes qui ont bien accouché de leur premier. Et puis, qui se disent, franchement, pour le deuxième, pourquoi je me manquais qu'il n'ait à aller à l'hôpital chercher une péridurale ou je ne sais pas quoi. Donc, que je ne prendrai pas, je veux être chez moi tranquille. Effectivement, j'en ai aussi quelques-unes qui ont eu des traumas ou en tout cas des premiers accouchements difficiles ou en tout cas dont elles gardent des stigmates et qui veulent vraiment s'assurer d'être avec une personne de confiance qui va suivre leurs désirs, qui va les écouter. Mais on va dire que ce n'est vraiment pas la majorité. Et puis, dans les premiers parts, les premiers bébés, écoute... depuis dix ans j'en ai toujours eu autant donc je peux pas te dire On voit que ça change un peu c'est à dire que de plus en plus on a des femmes qui dès le premier bébé sont déjà très informés alors qu'il ya dix ans j'avais aussi autant de femmes qui venaient dès le premier bébé mais c'était plus un cheminement en cours de grossesse tu vois elles étaient suivies au cabinet puis au fur et à mesure qu'elle faisait de la prépa elle cheminait puis en cours de grossesse elle disait oh bah en fait je vais le faire chez moi ou alors elle venait d'une famille où on accouche soit à domicile, soit de manière très facile, des femmes qui ont été bercées par les histoires de mamans de grand-mamans qui disent non mais c'est trop facile d'accoucher, ça joue, bien sûr ça joue énormément, moi je fais partie de ces femmes c'est sûr que quand toute ta vie on t'a dit accoucher c'est comme éternuer faut pas avoir de mauvaise surprise quoi mais voilà je veux dire, moi je fais partie d'une famille où le stress c'est surtout de savoir si on arriverait dans une maternité si on voulait y aller donc Donc voilà, j'en épouse ça. Que maintenant, j'ai aussi des femmes qui ne sont pas issues de ce genre de famille, mais qui ont eu de l'info avant, qui se sont renseignées. Il y a eu tous les hashtags, paye ton utérus et qu'on paye. Voilà, elles viennent. Mais globalement, je dirais que c'est plutôt un choix par envie, parce qu'elles voient tous les avantages de cette naissance, parce qu'elles ont envie de profiter de ça, plutôt qu'un choix par défaut, parce qu'elles n'aimeraient pas l'hôpital. D'ailleurs, quasiment... Toutes les femmes que j'accompagne, elles disent, si je dois aller à l'hôpital, j'irai. J'en ai pas envie parce que je crois que j'en ai pas besoin. Mais si je dois y aller, je vais y aller. J'ai rien contre l'hôpital. Voilà.

  • Speaker #0

    Oui, c'est serein. Donc, on parle là d'accouchement aussi à domicile, mais en dehors de l'accouchement à domicile, tu parles d'accouchement physiologique. Qu'est-ce que ça veut dire pour toi, un accouchement physiologique ?

  • Speaker #2

    Alors, moi, j'adore la définition de l'OMS, tu sais, qui dit que c'est un accouchement, en gros, qui se déroule grâce aux seules capacités de la mère, avec un peu de tendresse. et une surveillance attentive d'un professionnel. Surveillance attentive, ça veut dire le fait qu'il y a un pro qui puisse regarder s'il y a le moindre signe, le moindre voyant. Et moi, j'aime beaucoup cette définition parce que je trouve que c'est celle qui colle le plus. Sinon, si on est sur une définition purement médicale, physiologique, ça veut juste dire que ton bébé est né voix basse. Oui. Un bébé qui est né voix basse, ça peut prendre plein de choses. Oui,

  • Speaker #0

    c'est clair.

  • Speaker #2

    Bon, est-ce que toutes sont physiologiques ? Même, par exemple, juste avoir une péridurale, recevoir des médicaments, on peut se demander si c'est complètement physiologique, parce que finalement, on a fait des interventions qui ne sont pas sans conséquences. Donc voilà, moi, quand je parle de physio, c'est ça. Les ressources, les intérêts, un peu de soutien, et puis venez.

  • Speaker #0

    Et de fait, tu mentionnes aussi dans ton livre, la physiologie, elle est...

  • Speaker #2

    En tout cas,

  • Speaker #0

    on a l'impression qu'elle est assez fragile dans le sens où il y a pas mal de petits grains de sable qui peuvent venir la perturber. C'est un peu ce qu'on ressent dans les récits, certains récits d'accouchement dans ton livre et puis dans tout ce que tu détailles sur l'équilibre hormonal qu'il faut pour que l'accouchement se déroule de manière physiologique. Et donc, on a un peu l'impression qu'il suffit de... pas grand-chose pour que la physiologie déraille. Je ne sais pas si tu vas se dire autant en circonstances externes, à savoir un mot mal placé ou un geste mal placé, mais même d'un point de vue médical, une toute petite intervention. Tu donnes l'exemple de l'ocytocine de synthèse, en fait, qui peut entraîner des conséquences. Et donc, oui, ça donne l'impression qu'en fait cet accouchement physiologique, si on veut qu'il reste physiologique, en fait, il doit être vraiment très protégé, quoi.

  • Speaker #2

    En fait, ça, c'est un problème sociétal. Mais tu sais, on a plein... En fait, la physiologie de nos corps, dans tous les points, niveau de notre vie, puis tu es naturopathe, donc je pense que tu vois de quoi je veux parler, à tous les niveaux de notre vie, elle est hautement perturbée dans notre société. Avec les stress, avec les alimentations, le fait qu'on n'utilise plus nos corps autant qu'on devrait. Enfin, nos corps sont faits dans le bougez-marchez et on ne le fait plus. Donc, on est dans une société où la physiologie du corps humain est une société qui est en train de se faire. est facilement entravée. Et donc celle de l'accouchement évidemment aussi, ce qui explique les hauts taux d'intervention dans nos sociétés à nous modernes. Paradoxalement, on fait partie des sociétés les plus aisées, avec les meilleurs accès aux soins, et pour autant on n'a pas des super taux autour des indicateurs périnataux. Et en fait ça c'est parce que la physiologie fonctionne extrêmement bien. Mais elles demandent des prérequis qui sont notamment le sentiment d'intimité, la mobilité. Et ça, c'est vrai que quand maintenant accoucher pour la majorité des femmes, c'est le faire au milieu de deux à dix étrangers, dans la lumière, dans un lieu inconnu qui nécessite de se déplacer, avec du bruit, nos prérequis, on ne les a plus trop. C'est quelque chose qu'on a fait longtemps. Pendant longtemps, on a fait comme si ça n'existait pas, parce qu'on a mis en avant plus la médecine. Et moi, une des choses pour lesquelles je travaille en ce moment, c'est de dire, OK, peut-être que 80%, 90% des femmes doivent accoucher dans un hôpital, c'est notre société, c'est ce que les femmes veulent. Mais qu'est-ce qui empêche de rendre ces hôpitaux intimes et respectueux ? Alors oui, de l'argent peut-être, et encore. Moi, j'ai travaillé, comme je te disais, en plateau technique. Ça va très vite, en fait, de mettre une salle technique dans la pénombre, de pousser un lit d'accouchement, de mettre plutôt un tapis avec une guirlande, que tous les professionnels fassent très attention à c'est une seule sage-femme qui rentre, on toque, on fournit des casques aux femmes anti-bruit pour pas qu'elles entendent les voisines C'est des petits détails, mais qui sont très simples. Et en fait, quand on discute de ça, souvent, on a toujours l'impression que… Ah non, non, non, la physio, il faudrait une salle nature qui coûterait cher avec une baignoire à 10 000 euros, avec machin, avec… Mais en fait, non, ça c'est juste la société consumériste qui le dit, mais n'importe quelle maternité peut faire quelque chose qui respecte mieux la physiologie. C'est aussi beaucoup une attitude des professionnels. Moi, à domicile, je n'ai pas tout un tas d'attirail. Les gens ont leur canapé, leur maison, le tapis. Ce qui change, c'est beaucoup comment nous, on se positionne, qu'est-ce qu'on fait en tant que pro. C'est vrai que cette physio, nos deux prérequis, intimité, respect, ne sont pas toujours là. Et puis, on a vraiment la problématique du stress aussi, d'être avec des femmes qu'on stresse énormément toute leur grossesse. auprès de qui on met vraiment en avant la pathologie, le risque. D'ailleurs, on ne passe pas la grossesse à les conforter et à les rendre puissantes pour leur accoutement, souvent on passe la grossesse à dépister des problèmes et à bien leur dire de faire attention aux problèmes qu'elles vont sûrement avoir. Et ça, ça vient hautement te perturber la physiologie, parce que notre cortex, notre cerveau qui réfléchit, il est capable de bloquer nos instincts, on le sait, en tant qu'humain. Enfin, je veux dire... Un truc tout bête, tout le monde fait caca, c'est la physiologie, on fait tous caca. Quand on doit faire caca dans les WC du bureau avec les collègues qui parlent à côté, on n'arrive pas à faire caca parce qu'on se dit qu'ils vont nous entendre. Et bien voilà, l'accouchement c'est pareil en fait. On peut ne pas arriver à accoucher parce qu'il y a du monde qui nous regarde ou parce qu'on nous en a mis tellement dans la tête, tellement de peur, qu'à un moment on n'arrive pas à se lâcher, on est là à réfléchir. Et pourquoi je sens ça ? Est-ce que c'est normal d'avoir ci ? et pourquoi il y a ce qui se passe. Et du coup, cette hypervigilance fait que la physiologie n'est pas possible. L'accouchement, ce n'est pas maîtriser quelque chose, ce n'est pas apprendre une technique. L'accouchement, je pense que c'est l'acte de lâcher prise, un des plus forts qu'on peut faire dans la vie. Il y a besoin.

  • Speaker #0

    C'est vrai que du coup, ce que je ne trouve pas évident, c'est que si tu te prépares à accoucher dans un hôpital, dans une structure classique, sans un accompagnement spécifique, mais que tu veux un accouchement dans lequel la physiologie est respectée, comment justement être dans ce lâcher-prise alors que, justement, tu as un peu l'impression qu'il faut que tu veilles à ce qu'on respecte tes souhaits. Tu vois ce que je veux dire ? Je trouve que c'est un peu le pendant qui est dommage. C'est que du coup, même pendant le suivi de la grossesse, Tu vois, moi qui ai un projet d'accoucher à domicile, je sais que quand je vais aller faire mon inscription à la maternité, c'est super bien passé, mais je sais qu'on va me poser des questions, faire rentrer un peu de stress, me questionner sur ce choix de l'accouchement à domicile, me proposer un toucher vaginal, enfin tu vois, c'est des petites choses comme ça qu'il faut qu'on peut vite... Avoir l'impression qu'il faut se protéger. Or, l'idée n'est pas de se braquer, évidemment, et de scinder, tu vois, deux mondes, quoi. C'est difficile, je trouve, tu vois.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas évident. Moi, je sais que les mamans, tu vois, qu'on accompagne, qui doivent ou qui souhaitent accoucher en maternité, on fait vraiment un travail avec aussi la maternité. Enfin, on leur fait faire un travail, parce que moi, je ne fais pas pour les gens, justement. Sinon, ce ne serait pas trop les empuissances. mais tu vois on les encourage vraiment à visiter à choisir aussi à avoir des critères quand il y a plusieurs maternités dispo, à rencontrer les équipes et à choisir en fonction à aller présenter leur projet de naissance dans un rendez-vous qui est pour ça et pas vite fait docteur madame la sage-femme à la fin du rendez-vous voilà mon projet mais vraiment je prends un rendez-vous, je veux qu'on parle point par point et on va négocier et je veux voir si vous pouvez me suivre et ça moi j'invite à le faire tôt, tu vois, pas à huit mois, parce qu'il faut aussi que les femmes puissent se retourner. Parfois, j'ai des femmes qui pensaient à une maternité, puis une fois qu'elles ont ce rendez-vous, elles reviennent en disant, ben non, laisse tomber. Ils disent non à trop de choses, et ça leur laisse le temps d'aller ailleurs, quand il y a plusieurs maternités, c'est ça. Donc moi, je pense qu'il faut qu'il y ait une vraie rencontre, et puis une rencontre qui est dans le dialogue. Le but, c'est pas d'arriver en disant aux pros, moi, je vous impose mes idées, et puis voilà, c'est qu'il y ait une vraie discussion avec éventuellement des compromis. Mais que les choses soient posées, qu'on ait pu rencontrer les équipes, c'est hyper important de choisir des équipes ou des professionnels avec qui on se sent vraiment en confiance. Pour favoriser la physio, il y a la petite règle des trois, c'est de dire, ce professionnel ou cet endroit, je dois m'y sentir en sécurité, je dois pouvoir y créer un endroit de...

  • Speaker #0

    d'intimité d'une façon ou d'une autre. Et je dois pouvoir y ressentir qu'on a confiance en moi et que je peux faire confiance aux gens. Mais c'est important parce qu'en plus, dans une naissance, parfois, malgré tout, il peut y avoir de l'urgence. Et si tu n'as pas confiance dans les personnes avec qui tu es, tu vas tout le temps douter, y compris dans l'urgence, de est-ce qu'on aurait dû faire ça, pas faire ça ? Donc voilà. Donc ça, c'est les trois règles. Et bien, du coup, anticiper avant. Et nous, on prépare dans notre cabinet beaucoup les coparents, ou en tout cas la personne qui va être présente. Alors chez moi, on n'a pas trop de doulas. Dans les maternités, elles ne peuvent pas trop y aller. Mais voilà, ça peut être une solution aussi d'avoir sa doula quand on accouche en maternité en plus de son compagnon. Ce n'est pas très français, ça encore. Voilà. Et donc du coup, nous, on prépare beaucoup le partenaire ou la partenaire qui va être là à la naissance. à la fois qu'il ait des outils pour soutenir cette maman, mais aussi pour défendre le projet. C'est un rôle qu'on discute avec le père très souvent, de dire, quitte à s'entraîner avant, est-ce que tu as bien tous les éléments pour pouvoir négocier si il faut, pour pouvoir appeler, quelle est ta posture en tant qu'homme ? Et y compris de nos collègues sages-femmes, parce que très souvent mes collègues hospitalières, dont certaines ne sont pas très fans de l'accouchement sans péril notamment, nous font le retour de dire, bon l'avantage au moins c'est que les femmes qui viennent de votre part, elles ont un projet physio, mais on sait qu'elles ont aussi les moyens de le mener. Donc on leur fait même confiance. Et du coup, il y a des femmes qui ne préparent rien du tout, puis qui accouchent physio à l'hôpital et c'est super. Mais c'est vrai que dans le doute, quand tu es à l'hôpital, je pense qu'il faut vraiment que tu prépares et le lien avec ces personnes-là. Parce que c'est pareil, on a trop fait. Tu sais, pendant longtemps, les professionnels de santé, on devait se tenir à distance, il fallait du vouvoiement, il fallait marquer la barrière, soignant, soigné. Ça ne marche pas, ça, pour l'accouchement. En fait, une femme qui accouche, elle n'a pas besoin de quelqu'un qui est froid. On ne peut pas faire comme si c'était normal de changer de sage-femme à chaque échographie. En fait, quand on est enceinte, on a besoin d'avoir une personne référente. Donc, même si on est suivi à l'hôpital, c'est important de créer du lien avec les professionnels et de se livrer à minima aussi, de leur expliquer. Pas juste, moi, je veux ça un peu comme une to-do list, je ne veux pas la périr, je veux un pot à pot, mais d'expliquer à minima, voilà. Moi, j'ai ce rêve-là d'accouchement, j'ai ces peurs-là, j'aimerais vraiment vivre comme si la naissance, j'aimerais ressentir ceci, cela. qu'est-ce que vous pouvez faire pour m'aider à le vivre et qu'est-ce que je peux faire pour que vous, vous ayez envie, confiance pour me suivre dans mon projet ? Et de poser des choses comme ça, je trouve que c'est hyper important et souvent hyper efficace.

  • Speaker #1

    Oui, tu sens, toi, dans tes collègues sages-femmes ou dans les maternités avec lesquelles tu travailles, que c'est possible, ce dialogue et cette ouverture.

  • Speaker #0

    Oui, et puis tu sais, même quand je fais des conférences ou que j'interviens dans des congrès, je vois bien de plus en plus des sages-femmes hospitalières, des gynécologues viennent discuter avec moi. En fait, ils ont envie, quand je parle de culture de choix ou autre, ils ont très envie de mettre ça en place. Alors, la réalité, c'est que beaucoup sont démunis et dépassés face à la crise de l'hôpital, au manque de personnel, de moyens. Donc ça, c'est une vraie catastrophe quand même. Bien sûr. Parfois, voilà, ils sont dépassés. C'est sûr que quand tu as deux césariennes en urgence à gérer et que tu dois suivre toutes les consultations, aller masser une maman, c'est le dernier de tes… C'est pas possible. Mais la plupart ont quand même envie. Alors, je rencontre aussi quelques collègues un petit peu revêches qui sont plutôt à dire, elles nous embêtent avec leurs histoires, elles vont pleurer pour une péri au bout de cinq minutes. Mais je trouve que la plupart des pros ont envie d'écouter les femmes. En tout cas, chez les sages-femmes sûres, chez les gynécos de plus en plus.

  • Speaker #1

    Et par rapport à l'accouchement à domicile, toi, tu t'occupes de l'association pour l'accouchement accompagné à domicile. Est-ce que tu as l'impression que c'est une pratique qui se facilite dans le sens où, effectivement, les liens se font mieux avec les maternités et les sages-femmes ? pratique l'accompagnement de l'accouchement à domicile sont mieux perçues, mieux accueillies ? Ou pas encore ?

  • Speaker #0

    Globalement oui, quasiment partout en France. Il y a encore quelques territoires qui restent très braqués, mais globalement c'est de mieux en mieux en France. Aussi parce que depuis 2019 qu'on a créé la PAAD, l'association dont tu parles, on a quand même fait un gros travail d'information, mais aussi de formation des professionnels, d'établissement de lignes de conduite, on a fait un travail en partenariat. avec les réseaux périnataux, les sociétés savantes de médecins. Donc, il y a eu un gros boulot de fait. Donc, voilà, c'est mérité. Mais c'était important pour nous et les femmes qu'on accompagne, parce que nous, on est des proches. Notre but, c'est d'exercer dans des conditions idéales pour nos patientes. Donc, on voit que ça évolue. Et juste pour finir là-dessus, je pense qu'une bonne illustration, là, il y a une maman qui va accoucher que j'ai vue hier. Ça va être son troisième accouchement. accouchement à domicile. Et tu vois, au premier, c'était plutôt un discours, quand elle allait à l'hôpital, de quand même, c'est dangereux, vous pourriez mourir, pas ta couffin Enfin, voilà, le classique. Puis plutôt, accueil où t'as plus du tout envie de retourner à la maths. Et là, elle vient de faire sa consul d'anesthésie, et elle me disait, ça en était drôle, parce que l'anesthésiste était hyper sympa. Et il lui dit, Bon, de toute façon, le risque, c'est une hémorragie, mais c'est pas grave, votre sage-femme fera ce qu'il faut, elle vous transférera, et puis on s'occupera de vous, tout ira bien, même si c'est une complication. Et là, je me dis, waouh, ça valait le coup. Oui, c'est super. Parce que c'est pas complètement normalisé encore, et c'est pas tous les anesthésistes de chez nous qui diraient ça, mais c'est quand même devenu quelque chose comme, ok, c'est pas des cinglés, ni les parents, ni les sages-femmes. En fait, faire ça, c'est aussi avoir accès à des soins. Et ça s'inscrit aussi dans un protocole, dans une relation ville-hôpital qui fonctionne. Et ça va bien aller. Et donc, c'est super. Et comme l'a dit cette maman, elle dit, ça change tout. Parce qu'elle, qui est très hésitante à aller à la maternité d'habitude, elle dit là, franchement, même si on me disait que je dois refaire une consul, j'irais avec le sourire.

  • Speaker #1

    Ben oui, bien sûr. Et donc, en fait, tout le monde est gagnant. Et quand on parle de sécurité, c'est vrai que... Ça joue aussi dans l'accouchement à domicile en particulier. C'est sûr qu'on met tout le monde plus en sécurité si on accouche en domicile en étant en lien et en confiance avec une structure médicale pas loin. Tout le monde a des voies de gagner.

  • Speaker #0

    C'est ça. Puis n'importe où qu'on accouche, quand je te disais dans les trois critères, il y a la sécurité. Cette sécurité, ce n'est pas juste qu'il y a une super machine qui va me soigner si j'ai besoin. Cette sécurité, c'est surtout une sécurité intérieure de se dire, en fait, les gens qui seront là avec moi, que ce soit à l'hôpital, à la maison, à la maison de naissance, c'est des gens sur qui je vais pouvoir compter pour m'épauler, pour être un beau soutien, mais aussi pour faire ce qu'il faut et me respecter si j'ai un problème. Et ça, c'est hyper important parce que quand tu ne te sens pas en sécurité avec les personnes qui sont là à l'accouchement, on en revient toujours au même, tu ne peux pas lâcher en fait.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et c'est là que l'expérience, elle peut être douloureuse, quoi. Oui,

  • Speaker #0

    tout à fait. Et d'ailleurs, dans les transferts de maison de naissance ou d'accouchement à domicile vers l'hôpital, on sait que nous, un des petits voyants d'alerte avant accouchement, c'est ces femmes qui sont terrorisées par l'hôpital. En fait, elles ont tellement peur de devoir aller à l'hôpital que paradoxalement, pendant le travail, elles se bloquent et elles finissent par y aller. Tu sais, quand on dit le dicton, ce que tu fuis te suit, bon, ben voilà.

  • Speaker #1

    Ah oui. Oui, bien sûr. Mais comme tu dis, on y revient à cette importance de la confiance et de la sécurité intérieure. Bien sûr,

  • Speaker #0

    c'est ça.

  • Speaker #1

    Génial. Merci beaucoup, Floriane, pour tout cet échange. Tu reprends et bien en détail pas mal de ces thématiques dans ton livre. Tu reprends un peu aussi tout l'historique qui explique pourquoi est-ce que dans notre société, on a cette vision de... peur sur l'accouchement, pourquoi est-ce que la première chose à laquelle on pense, c'est de se mettre en sécurité, mais dans le sens de prévenir le moindre souci. Il y a vraiment quand même ce conditionnement-là. Mais tu expliques bien historiquement d'où il vient, et puis comment travailler dessus, en fait, pour s'en libérer, pour pouvoir effectivement faire ses propres choix, quels qu'ils soient ensuite, mais des choix libres. Et c'est vrai que ça vaut le coup, parce que, quelle que soit la manière dont on vit son accouchement, tu le disais au début, en fait... ça peut avoir un impact énorme en négatif, mais aussi en positif. Ça peut vraiment permettre aux femmes une confiance en soi vraiment complètement renouvelée, une vision de son corps aussi qui se transforme, une vision de son corps qui renoue avec la liberté, avec le plaisir. Et c'est vrai que tout ça, c'est unique dans une vie. On a de la chance de pouvoir vivre des accouchements et en général pas hyper souvent dans notre vie. Donc autant que ce soit une expérience unique à transformer. tout à fait merci en tout cas pour tout ce travail et pour tout le travail que tu fais aussi auprès de tes patients mais même à travers l'AP et l'AAD c'est vrai que c'est des ressources qui sont chouettes pour les femmes qui se posent la question de l'accouchement à domicile donc merci pour tout ça et puis bon courage merci mais c'est du courage et du plaisir je peux bien le croire c'est vrai que d'être témoins même de toutes ces naissances, ça doit être absolument épuisant, j'imagine, en termes de rythme, mais ça doit te nourrir aussi d'une manière particulière, c'est quand même des métiers.

  • Speaker #0

    C'est de voir toutes ces femmes, ces hommes qui s'épanouissent, et puis comme on dit, la cytocine, c'est très contagieux, donc on prend des bains de cytocine plusieurs fois par semaine. On est déconnus à ça.

  • Speaker #1

    C'est le plus facile de se sevrer à la fin de sa carrière.

  • Speaker #0

    C'est ça. Quand on est en vacances, on n'a qu'une hâte, c'est de retourner aux naissances. On va faire des vacances.

  • Speaker #1

    Retourner à la source de la cytosine. C'est cette petite méthode. Bon, merci. À bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #1

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous et à lui laisser 5 étoiles et un commentaire. Je vous donne rendez-vous dans 15 jours pour une nouvelle discussion entre mères.

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Description

Aujourd’hui je suis très heureuse de vous partager mon échange avec Floriane Stauffer, sage-femme engagée pour les droit des femmes et spécialisée dans l’accompagnement des accouchements à domicile.

Elle  l’autrice du livre « C’est mon accouchement! Le guide pour mettre au monde son bébé naturellement, en femme libre et informée », que je vous recommande! On y retrouve plein d’infos sur la physiologie de l’accouchement, des témoignages, son expérience, l’histoire de la médicalisation de la naissance et autre.

Dans cet épisode, Floriane nous partage son parcours de sage-femme, sa vision de l’accouchement physiologique et le pourquoi du comment de son engagement auprès des femmes, pour qu’elles se réapproprient ce moment unique qu’est la naissance. Bonne écoute!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Cécile Albert, naturopathe spécialisée dans l'accompagnement de la femme, et je suis très heureuse de vous partager ces discussions entre même. On dit qu'il faut un village pour élever un enfant. Je crois que si aujourd'hui beaucoup de femmes veulent la maternité comme Radmar et Kézumers, c'est notamment parce que ce village a été remplacé par une grande solitude. Dans ce podcast, c'est un peu de ce village, Christy. J'y reçois des femmes, des mères, qui partagent leurs bons conseils pour une maternité plus apaisée, plus joyeuse et moins isolée. Si vous souhaitez soutenir ce podcast, rien de plus simple, il suffit de lui laisser un avis 5 étoiles et un commentaire et de le partager autour de vous. Bonne écoute !

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, je suis très heureuse de vous partager mon échange avec Florianne Stauffer. Sage-femme engagée pour les droits des femmes et spécialisée dans l'accompagnement des accouchements à domicile. Elle est l'autrice du livre C'est mon accouchement le guide pour mettre au monde son bébé en femme libre et informée, que je vous recommande. On y retrouve plein d'infos sur la physiologie de l'accouchement, des témoignages, son expérience, l'histoire de la médicalisation de la naissance et autres. Dans cet épisode, Floriane nous partage son parcours de sage-femme, sa vision de l'accouchement physiologique et le pourquoi du comment de son engagement auprès des femmes pour qu'elle se réapproprie ce moment unique qu'est la naissance. Allez, c'est parti, on papote !

  • Speaker #0

    Bonjour Floriane !

  • Speaker #2

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Je suis ravie d'échanger avec toi. Est-ce que tu peux commencer en nous en disant un peu plus sur toi ?

  • Speaker #2

    Oui, alors du coup, moi je suis Floriane Staufer, je suis sage-femme depuis un peu plus d'une vingtaine d'années et je suis une sage-femme assez engagée sur... toutes les causes en lien avec les droits des femmes et les choix en fait en termes de santé féminine. Et puis dans ma pratique quotidienne, je suis spécialisée dans l'accompagnement des accouchements à domicile.

  • Speaker #0

    Super, on va revenir sur, parce que déjà avec ces quelques infos, on a déjà beaucoup de choses et on a envie de creuser sur pas mal de sujets. Est-ce que pour commencer, tu peux nous dire comment tu es devenue sage-femme accompagnant les accouchements à domicile ? Comment c'est fait, et en dehors de la couche-moi à domicile, comment c'est fait un peu ton cheminement de sage-femme ?

  • Speaker #2

    Ok. Alors moi, en fait, j'ai été sage-femme, enfin, je suis rentrée dans les études de sage-femme tout de suite après le bac, tu sais. J'ai fait ma première année de médecine et puis sage-femme dans la foulée. À l'époque, j'étais une jeune femme de 18 ans, très féministe, et je voulais devenir sage-femme. surtout pour aller travailler dans un planning familial et défendre la cause des femmes. Donc l'accouchement ne m'intéressait absolument pas, l'allaitement encore moins. C'est le féminisme des années 2000, donc tu sais, la question n'était pas du tout de comment tu fais un bébé, c'était autre chose. Et puis en fait, quand j'ai commencé à faire mes études, évidemment, des études de sage-femme, on passe du temps en maternité et dans les salles d'accouchement. Et écoute, dès mon premier stage, moi j'ai été... quand même assez perturbée du premier accouchement que j'ai vu. Malheureusement, je n'ai pas vu un bel accouchement. J'ai vu un accouchement assez violent en premier accouchement. Et du coup, je suis restée un peu sceptique quand même. Et par la suite, en fait, mon expérience d'études m'a montré des alternatives et des façons de prendre en charge la naissance hyper chouettes et aussi plein d'endroits où je me disais non, mais là, ce n'est pas possible. C'est trop infantilisant, trop violent. Voilà. Elle vient de féministe que j'étais, ça lui allait pas. Donc je me suis dit, finalement, peut-être que tu ne vas pas travailler dans un planning familial, tu vas peut-être quand même aller en salle de naissance pour faire les choses autrement. Mais à l'époque où j'en étais, moi j'ai été formée à l'accouchement, c'était à l'hôpital. Donc voilà, je suis allée travailler à l'hôpital. Je n'avais pas trop de raison de remettre les choses en cause à ce moment-là. Mais quand on s'intéresse à comment accompagner les femmes autrement, à l'époque, en tout cas, on finissait par lire et se renseigner beaucoup à l'étranger. Et plus j'avançais, plus je découvrais de choses. Donc, j'ai un peu évolué progressivement en me formant à l'hôpital. C'était la nana qui fait des accouchements à quatre pattes. Voilà, la nana qui n'a jamais de péril. Et puis, j'ai avancé comme ça. Je savais que j'aurais envie de faire un moment de l'accompagnement global, c'est-à-dire d'accompagner les femmes tout au long de leur grossesse, de leur accouchement et des suites. Et c'est quand j'ai eu mon enfant, quand moi-même j'ai accouché, où là je me suis dit, bon allez, tu ne vas pas changer le monde de l'hôpital, par contre tu vas peut-être proposer des alternatives. Et j'y suis allée très progressivement. J'ai commencé par ouvrir un plateau technique. Donc ça, c'est quand une sage-femme loue une salle de naissance dans un hôpital. où elle peut accompagner les femmes dont elle a suivi la grossesse, souvent d'une manière très naturelle. Ensuite, on a eu la chance sur Nancy d'ouvrir une des premières maisons de naissance. Moi, j'ai fait partie des premiers collectifs qui ont permis la création des maisons de naissance en France. Donc, c'est très, très chouette. Il y a eu une grande époque de militantisme pour faire passer les lois d'expérimentation et autres. Puis, l'aboutissement avec l'ouverture de notre maison de naissance. Et puis, en même temps que je faisais tout ça, il y a des mamans qui accouchaient chez elles. Au début, je me disais non, ça doit rester des hasards. Ce n'est pas très sérieux, cette affaire. Et puis, au fur et à mesure que je me suis formée, intéressée, j'ai de plus en plus organisé la pratique des accouchements à domicile. Et actuellement, c'est celle à laquelle je me consacre exclusivement. Déjà parce que les femmes qui viennent vers moi viennent pour ça. Mais aussi, ce n'est pas pour rien qu'elles viennent pour ça vers moi. C'est que moi, à titre personnel, je vois bien qu'en ce moment, en tout cas, c'est l'endroit où je préfère exercer chez les personnes. C'est là où j'ai l'impression de mieux faire mon travail de sage-femme en ce moment. Même si j'accompagne des femmes qui accouchent dans d'autres lieux de naissance et que c'est super, là, c'est vraiment une question de préférence personnelle pour mon travail à moi.

  • Speaker #0

    Oui, donc c'est tout un cheminement très progressif. Je trouve que c'est fou parce que tu dis bien qu'il t'a fallu, par toi-même, trouver des ressources, lire, faire des recherches. pour arriver à cette nouvelle vision de l'accouchement.

  • Speaker #2

    Il faut remettre dans le contexte, c'est sûr que ce n'est plus le cas, je pense, à ce point. Mais si tu veux, moi, mes premiers stages, il faut se remettre en tête que dans les années 2000, on t'apprenait quand le bébé naissait à tout de suite couper le cordon, à partir avec, à lui faire des tas d'examens, et seulement après à le présenter à sa mère. Là, à l'époque, on a commencé à parler des plans de naissance. Moi, quand je finissais mes études, ça avait vraiment du sens. Alors, ça en a toujours maintenant, mais à l'époque, oui, parce qu'on partait de très, très loin quand même.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #2

    oui. Donc, oui, il a fallu un cheminement très progressif et passer par l'étranger parce qu'en France, j'avais quasiment aucune ressource.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Donc, tu as été lire des livres de sages-femmes travaillant à l'étranger. Tu as été rencontrer aussi peut-être d'autres sages-femmes ?

  • Speaker #2

    Oui, oui, oui, des livres. Alors, c'était plus des blogs à l'époque. Il n'y avait pas les réseaux sociaux. J'ai l'impression d'être très vieille soudain. Voilà, rencontrer, discuter aussi. C'est vrai que même s'il n'y avait pas les réseaux sociaux, d'un autre côté, chez les sages-femmes, je trouve qu'il y a souvent de la solidarité. Et encore maintenant, tu vois, moi, je me vois écrire à notamment une sage-femme au Québec parce qu'elle avait écrit un bouquin en lui disant C'est trop bien ce que tu dis. Tu pourrais venir si je t'invite ? Ouais, ouais, tu vois. C'était...

  • Speaker #0

    c'est un peu différent c'était très chouette d'organiser les choses comme ça c'est chouette et c'est marrant tu dis que le déclic de l'accompagnement global est venu en particulier lorsque toi-même tu es devenue mère, lorsque toi-même tu as accouché c'est quoi, c'est le fait de l'avoir vécu toi-même, cette expérience qui t'a donné envie de sauter le pas il y a eu beaucoup de choses,

  • Speaker #2

    c'est que déjà moi en tant que sage-femme Il y a déjà des choses qui me dérangeaient. Mais alors, en étant enceinte, tu vois, quand on me demandait de faire certains gestes ou autres, le fait d'être moi-même enceinte, je pense que j'étais encore plus enceinte. Je me disais, mais c'est horrible, je ne peux pas du tout faire ça.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #2

    il y avait ça. Et encore, je bossais vraiment dans un hôpital très, très chouette. Mais voilà, déjà en tant que sage-femme, je me disais, bof. Et puis, pour mon vécu, tu vois, je me suis dit... les soins continuent quand même, ça fait une grosse différence, le fait que quand tu accouches, et pourtant, je connaissais les gens avec qui j'ai accouché, puisque j'étais sage-femme, mais ce n'est pas la même chose quand c'est ta sage-femme avec qui tu as fait tout ton plan, et surtout d'accoucher, moi, j'ai accouché physiologiquement assez facilement, je suis arrivée pour nous, tu vois, rien de fou, mais justement, en fait, je me suis rendue compte de ce que j'appelle moi la violence ordinaire, de se dire, toi t'arrives, t'es toute contente, tu te dis, j'ai tout fait, ça va vite, et là on te dit, ah ouais, mais quand même c'est un premier, il faudrait peut-être que tu prennes la pérille, après je me revois aller aux toilettes, bah oui, j'avais le bébé qui commençait à pousser, percer ma poche, et là tout le monde panique, on t'attrape, on te tient les jambes, et c'est pas des choses graves, tu vois, personne n'a fait ça pour être malveillant, et ça va, mais tu vois, c'est tous des petits gestes, tout après coup, je me suis dit... Ouais, non, mais là, il faut qu'on se calme, en fait, avec nos trucs. Ils auraient pu me laisser dans les WC pousser mon bébé, et puis tout aurait bien été. J'aurais même sûrement poussé debout comme ça. Et tu vois, je me souviens encore là, quand la sage-femme met ses doigts sur ton périnée, et puis que t'es en train de pousser, quoi. T'as juste envie de lui en coller une, en fait. De le vivre, toi. Ou les remarques, tu sais, j'entends encore l'aide-soignante, qui était une copine pourtant, qui dit Ah, c'est drôle quand même, avec un bébé sur le périnée, elle ne pousse pas plus fort. Et tu sais, tu te dis Mais... Voilà. Oui,

  • Speaker #0

    ben oui.

  • Speaker #2

    Et ce n'est pas méchant tout ça, mais tu vois, c'est tous des petits trucs où je me suis dit Non, mais là, en fait, ça ne va pas. Quand tu accouches, j'ai vraiment pris conscience de cette histoire de l'intimité, du besoin d'être concentré, que le moindre petit geste, en fait, ça peut te perturber. et du coup je me suis dit non j'ai plus envie je suis allée retourner travailler un petit peu pendant 6 mois après mon congé maths mais ça ne me convenait plus tout ce que j'avais vécu moi et c'est très bien parce qu'à la fois ce n'est pas des choses graves donc je ne suis pas du tout traumatisée je suis très contente de la naissance mais en même temps ça m'a permis de me dire ce n'est pas des petits sujets tout ça donc c'est vraiment important moi je dis souvent Ce n'est pas des lubies de bonne femme, alors que souvent, on a l'impression un peu quand on dit, je veux qu'on me laisse choisir ma position, je veux ceci, je veux ça, on a l'impression que c'est vos petits caprices. Et de l'avoir vécu mal, je me dis, ce ne sont pas du tout des caprices. En fait, quand tu le vis, c'est essentiel. Je ne sais pas ce que tu en penses. Ah ben oui,

  • Speaker #0

    oui, oui. Et c'est vrai que, comme tu le dis, souvent, la plupart du temps, il y a des exceptions, mais la plupart du temps, il me semble que dans les équipes médicales qui accompagnent les accompagnements, ça ne vient jamais d'une mauvaise volonté. tu vois c'est pas parce que méchamment une sage-femme ou un gynéco se dit tiens je vais la sortir de sa bulle pour qu'elle galère plus mais du coup c'est presque encore plus désemparant puisqu'il y a de la bonne volonté en face et pourtant comme tu le dis on se rend bien compte soit en se formant sur le sujet soit soi-même en accouchant qu'en fait c'est des détails qui n'en sont pas donc c'est à l'inverse je trouve qu'on se dit mais comment faire pour que Pour que le voile s'ouvre, tu vois, un peu. Et qu'en fait, tous ces petits détails qui peuvent passer complètement inaperçus, tout d'un coup, on se dit, mais non, tu ne peux pas dire ça à une femme qui accouche. Ah ben non, tu ne peux pas lui mettre le néon dans la face quand tu as des petits trucs comme ça. Ce n'est pas évident, quoi.

  • Speaker #2

    Ben, c'est ça.

  • Speaker #0

    Et tu parles de ces conditions idéales, enfin, ce n'est pas le terme, mais les conditions pour favoriser l'accouchement physiologique. Tu en parles notamment dans ton livre qui s'appelle C'est mon accouchement Le guide pour mettre au monde son bébé naturellement en femme libre et informée. C'est un livre dans lequel il y a vraiment plein d'infos, à la fois un peu techniques sur le déroulé d'une naissance, le jeu hormonal qui se met en place autant chez la maman que chez le bébé, etc. Tu parles aussi de toutes les solutions qui existent. Où est-ce que je peux accoucher ? Quel est mon droit aussi ? Et puis, un peu plus profondément, comment ? qu'est-ce qui se joue derrière une belle naissance ? Une belle naissance, ça ne veut pas dire forcément, et tu le dis dans ton livre, la naissance Instagram, dans la piscine bleue, à la lumière des bougies, ce n'est pas ça, mais une naissance en puissance et en connaissance. En fait, derrière ça, comme tu dis, ce n'est pas uniquement un caprice de bonne femme, mais c'est aussi ce rite de passage. qui nous aide en tant que femmes à grandir en confiance et en liberté donc en fait l'enjeu il est énorme, c'est pas juste je veux accoucher sans péril parce que pour caricaturer je mange bio donc je veux pas de médicaments c'est un peu ce qu'on se dit parfois c'est

  • Speaker #2

    très rare Mais même des fois dans ma carrière, l'empuissancement, ça va être de prendre la pérille. Moi, j'ai l'exemple, tu vois, j'en parle un petit peu dans le livre, c'est que souvent on se dit, la puissance, on va la rencontrer en accouchant naturellement et en se transcendant, ce qui est vrai pour la plupart d'entre nous. Mais moi, je me souviens d'une femme notamment que j'ai accompagnée pour son cinquième enfant. Cette femme avait toujours accouché sans pérille durale, mais... pas par choix en fait, c'est une femme qui avait une vie très dure, qui souffrait beaucoup dans son corps qui prenait jamais de péril parce que de façon elle avait pas le temps de s'occuper d'elle donc elle arrivait toujours à la dernière minute à la mater et elle avait vécu des violences en plus tu vois et un coup en discutant elle me dit, elle dit en fait moi j'ai pris une sage femme privée mais elle dit mon vrai rêve en fait ce serait de juste pour une fois ne rien sentir j'ai tellement souffert dans mon corps Et on a fait tout un travail. Et le travail qui a été mené a amené à dire, ouais, OK, en fait, là, tu vas prendre une péri, puis tu vas sentir juste ce que tu as envie de sentir, la doser. Et cette femme-là, on est ressentis.

  • Speaker #0

    C'est super beau.

  • Speaker #2

    C'est une femme qui n'avait jamais eu l'occasion de pouvoir dire moi je prends un joker dans ma vie Donc ça lui a, et elle, ça a été son cheminement initiatique de dire moi dans ma vie j'ai le droit d'être joker aussi Et après, elle a pu prendre soin d'elle. C'est un exemple anecdotique. La plupart d'entre nous, ça va être plutôt d'aller se transcender qui va les transformer. Mais moi c'est quelque chose que je défends beaucoup dans ce que je dis, c'est que je ne suis pas une gourou du naturel. Évidemment, j'accompagne les accouchements à domicile, mais... Moi, ce qui est important pour moi, c'est que les femmes, quoi qu'il se passe dans leur accouchement, qu'elles aient une césarienne, qu'il y ait une urgence, qu'elles accouchent devant le feu de bois, elles en ressortent en étant fières d'elles. Parce qu'en fait, ça fait quand même une vingtaine d'années que je travaille maintenant. Et tu le vois peut-être toi aussi, Cécile, quand tu accompagnes des femmes. Pour moi, la naissance, c'est un moment tellement intense qui laisse une trace tellement importante dans notre psychisme. On le sait, tous les psys le savent. Et dans notre corps aussi, dans la mémoire de notre corps. que soit on en ressort avec je suis un pas capable soit on en ressort avec un je suis capable de différentes choses. Et on voit tellement de femmes, c'est surtout quand je consulte des femmes qui ont 50-60 ans, et que tu vois qu'à 60 ans, à 70 ans, la mamie arrive dans ton cabinet pour un frottis, et là, elle te reparle, et elle est encore traumatisée de ses accouchements, elle est encore à penser que son corps est défaillant. qu'elle n'a pas été capable, et tu dis, mais punaise, ça fait 20 ans, 30 ans, 40 ans qu'elle porte ça, moi, je me dis, c'est quand même pas possible. Surtout quand on sait que la naissance pourrait soit être neutre, à la limite, ou hyper...

  • Speaker #0

    Transformatrice.

  • Speaker #2

    C'est ça, qu'on se dit que ce n'est pas possible. Et on a tellement de femmes qui portent ça, je te jure. On consulte gynéco ou rééduque, c'est un peu affolant quand même.

  • Speaker #0

    Oui, tu m'étonnes. Est-ce que du coup, dans tes patientes, est-ce que tu as beaucoup de patientes qui viennent te voir justement après un accouchement précédent, tu vois, traumatique ou pas, mais en tout cas mal vécu ? Ou est-ce que tu as aussi beaucoup de femmes qui viennent juste parce que, pour un premier, sans avoir eu de mauvaises expériences, elles veulent faire des choix ?

  • Speaker #2

    Alors moi, j'ai autant de premiers que quand je travaillais à l'hôpital. C'est-à-dire que je pense qu'au cabinet, tu vois, on a un tiers de premiers, deux tiers de suivants. Donc, c'est un peu comme n'importe où ailleurs. Dans les femmes qui viennent me consulter, on va dire que la grande majorité, ça va être quand même, chez celles qui ont déjà eu des enfants, des femmes qui ont bien accouché de leur premier. Et puis, qui se disent, franchement, pour le deuxième, pourquoi je me manquais qu'il n'ait à aller à l'hôpital chercher une péridurale ou je ne sais pas quoi. Donc, que je ne prendrai pas, je veux être chez moi tranquille. Effectivement, j'en ai aussi quelques-unes qui ont eu des traumas ou en tout cas des premiers accouchements difficiles ou en tout cas dont elles gardent des stigmates et qui veulent vraiment s'assurer d'être avec une personne de confiance qui va suivre leurs désirs, qui va les écouter. Mais on va dire que ce n'est vraiment pas la majorité. Et puis, dans les premiers parts, les premiers bébés, écoute... depuis dix ans j'en ai toujours eu autant donc je peux pas te dire On voit que ça change un peu c'est à dire que de plus en plus on a des femmes qui dès le premier bébé sont déjà très informés alors qu'il ya dix ans j'avais aussi autant de femmes qui venaient dès le premier bébé mais c'était plus un cheminement en cours de grossesse tu vois elles étaient suivies au cabinet puis au fur et à mesure qu'elle faisait de la prépa elle cheminait puis en cours de grossesse elle disait oh bah en fait je vais le faire chez moi ou alors elle venait d'une famille où on accouche soit à domicile, soit de manière très facile, des femmes qui ont été bercées par les histoires de mamans de grand-mamans qui disent non mais c'est trop facile d'accoucher, ça joue, bien sûr ça joue énormément, moi je fais partie de ces femmes c'est sûr que quand toute ta vie on t'a dit accoucher c'est comme éternuer faut pas avoir de mauvaise surprise quoi mais voilà je veux dire, moi je fais partie d'une famille où le stress c'est surtout de savoir si on arriverait dans une maternité si on voulait y aller donc Donc voilà, j'en épouse ça. Que maintenant, j'ai aussi des femmes qui ne sont pas issues de ce genre de famille, mais qui ont eu de l'info avant, qui se sont renseignées. Il y a eu tous les hashtags, paye ton utérus et qu'on paye. Voilà, elles viennent. Mais globalement, je dirais que c'est plutôt un choix par envie, parce qu'elles voient tous les avantages de cette naissance, parce qu'elles ont envie de profiter de ça, plutôt qu'un choix par défaut, parce qu'elles n'aimeraient pas l'hôpital. D'ailleurs, quasiment... Toutes les femmes que j'accompagne, elles disent, si je dois aller à l'hôpital, j'irai. J'en ai pas envie parce que je crois que j'en ai pas besoin. Mais si je dois y aller, je vais y aller. J'ai rien contre l'hôpital. Voilà.

  • Speaker #0

    Oui, c'est serein. Donc, on parle là d'accouchement aussi à domicile, mais en dehors de l'accouchement à domicile, tu parles d'accouchement physiologique. Qu'est-ce que ça veut dire pour toi, un accouchement physiologique ?

  • Speaker #2

    Alors, moi, j'adore la définition de l'OMS, tu sais, qui dit que c'est un accouchement, en gros, qui se déroule grâce aux seules capacités de la mère, avec un peu de tendresse. et une surveillance attentive d'un professionnel. Surveillance attentive, ça veut dire le fait qu'il y a un pro qui puisse regarder s'il y a le moindre signe, le moindre voyant. Et moi, j'aime beaucoup cette définition parce que je trouve que c'est celle qui colle le plus. Sinon, si on est sur une définition purement médicale, physiologique, ça veut juste dire que ton bébé est né voix basse. Oui. Un bébé qui est né voix basse, ça peut prendre plein de choses. Oui,

  • Speaker #0

    c'est clair.

  • Speaker #2

    Bon, est-ce que toutes sont physiologiques ? Même, par exemple, juste avoir une péridurale, recevoir des médicaments, on peut se demander si c'est complètement physiologique, parce que finalement, on a fait des interventions qui ne sont pas sans conséquences. Donc voilà, moi, quand je parle de physio, c'est ça. Les ressources, les intérêts, un peu de soutien, et puis venez.

  • Speaker #0

    Et de fait, tu mentionnes aussi dans ton livre, la physiologie, elle est...

  • Speaker #2

    En tout cas,

  • Speaker #0

    on a l'impression qu'elle est assez fragile dans le sens où il y a pas mal de petits grains de sable qui peuvent venir la perturber. C'est un peu ce qu'on ressent dans les récits, certains récits d'accouchement dans ton livre et puis dans tout ce que tu détailles sur l'équilibre hormonal qu'il faut pour que l'accouchement se déroule de manière physiologique. Et donc, on a un peu l'impression qu'il suffit de... pas grand-chose pour que la physiologie déraille. Je ne sais pas si tu vas se dire autant en circonstances externes, à savoir un mot mal placé ou un geste mal placé, mais même d'un point de vue médical, une toute petite intervention. Tu donnes l'exemple de l'ocytocine de synthèse, en fait, qui peut entraîner des conséquences. Et donc, oui, ça donne l'impression qu'en fait cet accouchement physiologique, si on veut qu'il reste physiologique, en fait, il doit être vraiment très protégé, quoi.

  • Speaker #2

    En fait, ça, c'est un problème sociétal. Mais tu sais, on a plein... En fait, la physiologie de nos corps, dans tous les points, niveau de notre vie, puis tu es naturopathe, donc je pense que tu vois de quoi je veux parler, à tous les niveaux de notre vie, elle est hautement perturbée dans notre société. Avec les stress, avec les alimentations, le fait qu'on n'utilise plus nos corps autant qu'on devrait. Enfin, nos corps sont faits dans le bougez-marchez et on ne le fait plus. Donc, on est dans une société où la physiologie du corps humain est une société qui est en train de se faire. est facilement entravée. Et donc celle de l'accouchement évidemment aussi, ce qui explique les hauts taux d'intervention dans nos sociétés à nous modernes. Paradoxalement, on fait partie des sociétés les plus aisées, avec les meilleurs accès aux soins, et pour autant on n'a pas des super taux autour des indicateurs périnataux. Et en fait ça c'est parce que la physiologie fonctionne extrêmement bien. Mais elles demandent des prérequis qui sont notamment le sentiment d'intimité, la mobilité. Et ça, c'est vrai que quand maintenant accoucher pour la majorité des femmes, c'est le faire au milieu de deux à dix étrangers, dans la lumière, dans un lieu inconnu qui nécessite de se déplacer, avec du bruit, nos prérequis, on ne les a plus trop. C'est quelque chose qu'on a fait longtemps. Pendant longtemps, on a fait comme si ça n'existait pas, parce qu'on a mis en avant plus la médecine. Et moi, une des choses pour lesquelles je travaille en ce moment, c'est de dire, OK, peut-être que 80%, 90% des femmes doivent accoucher dans un hôpital, c'est notre société, c'est ce que les femmes veulent. Mais qu'est-ce qui empêche de rendre ces hôpitaux intimes et respectueux ? Alors oui, de l'argent peut-être, et encore. Moi, j'ai travaillé, comme je te disais, en plateau technique. Ça va très vite, en fait, de mettre une salle technique dans la pénombre, de pousser un lit d'accouchement, de mettre plutôt un tapis avec une guirlande, que tous les professionnels fassent très attention à c'est une seule sage-femme qui rentre, on toque, on fournit des casques aux femmes anti-bruit pour pas qu'elles entendent les voisines C'est des petits détails, mais qui sont très simples. Et en fait, quand on discute de ça, souvent, on a toujours l'impression que… Ah non, non, non, la physio, il faudrait une salle nature qui coûterait cher avec une baignoire à 10 000 euros, avec machin, avec… Mais en fait, non, ça c'est juste la société consumériste qui le dit, mais n'importe quelle maternité peut faire quelque chose qui respecte mieux la physiologie. C'est aussi beaucoup une attitude des professionnels. Moi, à domicile, je n'ai pas tout un tas d'attirail. Les gens ont leur canapé, leur maison, le tapis. Ce qui change, c'est beaucoup comment nous, on se positionne, qu'est-ce qu'on fait en tant que pro. C'est vrai que cette physio, nos deux prérequis, intimité, respect, ne sont pas toujours là. Et puis, on a vraiment la problématique du stress aussi, d'être avec des femmes qu'on stresse énormément toute leur grossesse. auprès de qui on met vraiment en avant la pathologie, le risque. D'ailleurs, on ne passe pas la grossesse à les conforter et à les rendre puissantes pour leur accoutement, souvent on passe la grossesse à dépister des problèmes et à bien leur dire de faire attention aux problèmes qu'elles vont sûrement avoir. Et ça, ça vient hautement te perturber la physiologie, parce que notre cortex, notre cerveau qui réfléchit, il est capable de bloquer nos instincts, on le sait, en tant qu'humain. Enfin, je veux dire... Un truc tout bête, tout le monde fait caca, c'est la physiologie, on fait tous caca. Quand on doit faire caca dans les WC du bureau avec les collègues qui parlent à côté, on n'arrive pas à faire caca parce qu'on se dit qu'ils vont nous entendre. Et bien voilà, l'accouchement c'est pareil en fait. On peut ne pas arriver à accoucher parce qu'il y a du monde qui nous regarde ou parce qu'on nous en a mis tellement dans la tête, tellement de peur, qu'à un moment on n'arrive pas à se lâcher, on est là à réfléchir. Et pourquoi je sens ça ? Est-ce que c'est normal d'avoir ci ? et pourquoi il y a ce qui se passe. Et du coup, cette hypervigilance fait que la physiologie n'est pas possible. L'accouchement, ce n'est pas maîtriser quelque chose, ce n'est pas apprendre une technique. L'accouchement, je pense que c'est l'acte de lâcher prise, un des plus forts qu'on peut faire dans la vie. Il y a besoin.

  • Speaker #0

    C'est vrai que du coup, ce que je ne trouve pas évident, c'est que si tu te prépares à accoucher dans un hôpital, dans une structure classique, sans un accompagnement spécifique, mais que tu veux un accouchement dans lequel la physiologie est respectée, comment justement être dans ce lâcher-prise alors que, justement, tu as un peu l'impression qu'il faut que tu veilles à ce qu'on respecte tes souhaits. Tu vois ce que je veux dire ? Je trouve que c'est un peu le pendant qui est dommage. C'est que du coup, même pendant le suivi de la grossesse, Tu vois, moi qui ai un projet d'accoucher à domicile, je sais que quand je vais aller faire mon inscription à la maternité, c'est super bien passé, mais je sais qu'on va me poser des questions, faire rentrer un peu de stress, me questionner sur ce choix de l'accouchement à domicile, me proposer un toucher vaginal, enfin tu vois, c'est des petites choses comme ça qu'il faut qu'on peut vite... Avoir l'impression qu'il faut se protéger. Or, l'idée n'est pas de se braquer, évidemment, et de scinder, tu vois, deux mondes, quoi. C'est difficile, je trouve, tu vois.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas évident. Moi, je sais que les mamans, tu vois, qu'on accompagne, qui doivent ou qui souhaitent accoucher en maternité, on fait vraiment un travail avec aussi la maternité. Enfin, on leur fait faire un travail, parce que moi, je ne fais pas pour les gens, justement. Sinon, ce ne serait pas trop les empuissances. mais tu vois on les encourage vraiment à visiter à choisir aussi à avoir des critères quand il y a plusieurs maternités dispo, à rencontrer les équipes et à choisir en fonction à aller présenter leur projet de naissance dans un rendez-vous qui est pour ça et pas vite fait docteur madame la sage-femme à la fin du rendez-vous voilà mon projet mais vraiment je prends un rendez-vous, je veux qu'on parle point par point et on va négocier et je veux voir si vous pouvez me suivre et ça moi j'invite à le faire tôt, tu vois, pas à huit mois, parce qu'il faut aussi que les femmes puissent se retourner. Parfois, j'ai des femmes qui pensaient à une maternité, puis une fois qu'elles ont ce rendez-vous, elles reviennent en disant, ben non, laisse tomber. Ils disent non à trop de choses, et ça leur laisse le temps d'aller ailleurs, quand il y a plusieurs maternités, c'est ça. Donc moi, je pense qu'il faut qu'il y ait une vraie rencontre, et puis une rencontre qui est dans le dialogue. Le but, c'est pas d'arriver en disant aux pros, moi, je vous impose mes idées, et puis voilà, c'est qu'il y ait une vraie discussion avec éventuellement des compromis. Mais que les choses soient posées, qu'on ait pu rencontrer les équipes, c'est hyper important de choisir des équipes ou des professionnels avec qui on se sent vraiment en confiance. Pour favoriser la physio, il y a la petite règle des trois, c'est de dire, ce professionnel ou cet endroit, je dois m'y sentir en sécurité, je dois pouvoir y créer un endroit de...

  • Speaker #0

    d'intimité d'une façon ou d'une autre. Et je dois pouvoir y ressentir qu'on a confiance en moi et que je peux faire confiance aux gens. Mais c'est important parce qu'en plus, dans une naissance, parfois, malgré tout, il peut y avoir de l'urgence. Et si tu n'as pas confiance dans les personnes avec qui tu es, tu vas tout le temps douter, y compris dans l'urgence, de est-ce qu'on aurait dû faire ça, pas faire ça ? Donc voilà. Donc ça, c'est les trois règles. Et bien, du coup, anticiper avant. Et nous, on prépare dans notre cabinet beaucoup les coparents, ou en tout cas la personne qui va être présente. Alors chez moi, on n'a pas trop de doulas. Dans les maternités, elles ne peuvent pas trop y aller. Mais voilà, ça peut être une solution aussi d'avoir sa doula quand on accouche en maternité en plus de son compagnon. Ce n'est pas très français, ça encore. Voilà. Et donc du coup, nous, on prépare beaucoup le partenaire ou la partenaire qui va être là à la naissance. à la fois qu'il ait des outils pour soutenir cette maman, mais aussi pour défendre le projet. C'est un rôle qu'on discute avec le père très souvent, de dire, quitte à s'entraîner avant, est-ce que tu as bien tous les éléments pour pouvoir négocier si il faut, pour pouvoir appeler, quelle est ta posture en tant qu'homme ? Et y compris de nos collègues sages-femmes, parce que très souvent mes collègues hospitalières, dont certaines ne sont pas très fans de l'accouchement sans péril notamment, nous font le retour de dire, bon l'avantage au moins c'est que les femmes qui viennent de votre part, elles ont un projet physio, mais on sait qu'elles ont aussi les moyens de le mener. Donc on leur fait même confiance. Et du coup, il y a des femmes qui ne préparent rien du tout, puis qui accouchent physio à l'hôpital et c'est super. Mais c'est vrai que dans le doute, quand tu es à l'hôpital, je pense qu'il faut vraiment que tu prépares et le lien avec ces personnes-là. Parce que c'est pareil, on a trop fait. Tu sais, pendant longtemps, les professionnels de santé, on devait se tenir à distance, il fallait du vouvoiement, il fallait marquer la barrière, soignant, soigné. Ça ne marche pas, ça, pour l'accouchement. En fait, une femme qui accouche, elle n'a pas besoin de quelqu'un qui est froid. On ne peut pas faire comme si c'était normal de changer de sage-femme à chaque échographie. En fait, quand on est enceinte, on a besoin d'avoir une personne référente. Donc, même si on est suivi à l'hôpital, c'est important de créer du lien avec les professionnels et de se livrer à minima aussi, de leur expliquer. Pas juste, moi, je veux ça un peu comme une to-do list, je ne veux pas la périr, je veux un pot à pot, mais d'expliquer à minima, voilà. Moi, j'ai ce rêve-là d'accouchement, j'ai ces peurs-là, j'aimerais vraiment vivre comme si la naissance, j'aimerais ressentir ceci, cela. qu'est-ce que vous pouvez faire pour m'aider à le vivre et qu'est-ce que je peux faire pour que vous, vous ayez envie, confiance pour me suivre dans mon projet ? Et de poser des choses comme ça, je trouve que c'est hyper important et souvent hyper efficace.

  • Speaker #1

    Oui, tu sens, toi, dans tes collègues sages-femmes ou dans les maternités avec lesquelles tu travailles, que c'est possible, ce dialogue et cette ouverture.

  • Speaker #0

    Oui, et puis tu sais, même quand je fais des conférences ou que j'interviens dans des congrès, je vois bien de plus en plus des sages-femmes hospitalières, des gynécologues viennent discuter avec moi. En fait, ils ont envie, quand je parle de culture de choix ou autre, ils ont très envie de mettre ça en place. Alors, la réalité, c'est que beaucoup sont démunis et dépassés face à la crise de l'hôpital, au manque de personnel, de moyens. Donc ça, c'est une vraie catastrophe quand même. Bien sûr. Parfois, voilà, ils sont dépassés. C'est sûr que quand tu as deux césariennes en urgence à gérer et que tu dois suivre toutes les consultations, aller masser une maman, c'est le dernier de tes… C'est pas possible. Mais la plupart ont quand même envie. Alors, je rencontre aussi quelques collègues un petit peu revêches qui sont plutôt à dire, elles nous embêtent avec leurs histoires, elles vont pleurer pour une péri au bout de cinq minutes. Mais je trouve que la plupart des pros ont envie d'écouter les femmes. En tout cas, chez les sages-femmes sûres, chez les gynécos de plus en plus.

  • Speaker #1

    Et par rapport à l'accouchement à domicile, toi, tu t'occupes de l'association pour l'accouchement accompagné à domicile. Est-ce que tu as l'impression que c'est une pratique qui se facilite dans le sens où, effectivement, les liens se font mieux avec les maternités et les sages-femmes ? pratique l'accompagnement de l'accouchement à domicile sont mieux perçues, mieux accueillies ? Ou pas encore ?

  • Speaker #0

    Globalement oui, quasiment partout en France. Il y a encore quelques territoires qui restent très braqués, mais globalement c'est de mieux en mieux en France. Aussi parce que depuis 2019 qu'on a créé la PAAD, l'association dont tu parles, on a quand même fait un gros travail d'information, mais aussi de formation des professionnels, d'établissement de lignes de conduite, on a fait un travail en partenariat. avec les réseaux périnataux, les sociétés savantes de médecins. Donc, il y a eu un gros boulot de fait. Donc, voilà, c'est mérité. Mais c'était important pour nous et les femmes qu'on accompagne, parce que nous, on est des proches. Notre but, c'est d'exercer dans des conditions idéales pour nos patientes. Donc, on voit que ça évolue. Et juste pour finir là-dessus, je pense qu'une bonne illustration, là, il y a une maman qui va accoucher que j'ai vue hier. Ça va être son troisième accouchement. accouchement à domicile. Et tu vois, au premier, c'était plutôt un discours, quand elle allait à l'hôpital, de quand même, c'est dangereux, vous pourriez mourir, pas ta couffin Enfin, voilà, le classique. Puis plutôt, accueil où t'as plus du tout envie de retourner à la maths. Et là, elle vient de faire sa consul d'anesthésie, et elle me disait, ça en était drôle, parce que l'anesthésiste était hyper sympa. Et il lui dit, Bon, de toute façon, le risque, c'est une hémorragie, mais c'est pas grave, votre sage-femme fera ce qu'il faut, elle vous transférera, et puis on s'occupera de vous, tout ira bien, même si c'est une complication. Et là, je me dis, waouh, ça valait le coup. Oui, c'est super. Parce que c'est pas complètement normalisé encore, et c'est pas tous les anesthésistes de chez nous qui diraient ça, mais c'est quand même devenu quelque chose comme, ok, c'est pas des cinglés, ni les parents, ni les sages-femmes. En fait, faire ça, c'est aussi avoir accès à des soins. Et ça s'inscrit aussi dans un protocole, dans une relation ville-hôpital qui fonctionne. Et ça va bien aller. Et donc, c'est super. Et comme l'a dit cette maman, elle dit, ça change tout. Parce qu'elle, qui est très hésitante à aller à la maternité d'habitude, elle dit là, franchement, même si on me disait que je dois refaire une consul, j'irais avec le sourire.

  • Speaker #1

    Ben oui, bien sûr. Et donc, en fait, tout le monde est gagnant. Et quand on parle de sécurité, c'est vrai que... Ça joue aussi dans l'accouchement à domicile en particulier. C'est sûr qu'on met tout le monde plus en sécurité si on accouche en domicile en étant en lien et en confiance avec une structure médicale pas loin. Tout le monde a des voies de gagner.

  • Speaker #0

    C'est ça. Puis n'importe où qu'on accouche, quand je te disais dans les trois critères, il y a la sécurité. Cette sécurité, ce n'est pas juste qu'il y a une super machine qui va me soigner si j'ai besoin. Cette sécurité, c'est surtout une sécurité intérieure de se dire, en fait, les gens qui seront là avec moi, que ce soit à l'hôpital, à la maison, à la maison de naissance, c'est des gens sur qui je vais pouvoir compter pour m'épauler, pour être un beau soutien, mais aussi pour faire ce qu'il faut et me respecter si j'ai un problème. Et ça, c'est hyper important parce que quand tu ne te sens pas en sécurité avec les personnes qui sont là à l'accouchement, on en revient toujours au même, tu ne peux pas lâcher en fait.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et c'est là que l'expérience, elle peut être douloureuse, quoi. Oui,

  • Speaker #0

    tout à fait. Et d'ailleurs, dans les transferts de maison de naissance ou d'accouchement à domicile vers l'hôpital, on sait que nous, un des petits voyants d'alerte avant accouchement, c'est ces femmes qui sont terrorisées par l'hôpital. En fait, elles ont tellement peur de devoir aller à l'hôpital que paradoxalement, pendant le travail, elles se bloquent et elles finissent par y aller. Tu sais, quand on dit le dicton, ce que tu fuis te suit, bon, ben voilà.

  • Speaker #1

    Ah oui. Oui, bien sûr. Mais comme tu dis, on y revient à cette importance de la confiance et de la sécurité intérieure. Bien sûr,

  • Speaker #0

    c'est ça.

  • Speaker #1

    Génial. Merci beaucoup, Floriane, pour tout cet échange. Tu reprends et bien en détail pas mal de ces thématiques dans ton livre. Tu reprends un peu aussi tout l'historique qui explique pourquoi est-ce que dans notre société, on a cette vision de... peur sur l'accouchement, pourquoi est-ce que la première chose à laquelle on pense, c'est de se mettre en sécurité, mais dans le sens de prévenir le moindre souci. Il y a vraiment quand même ce conditionnement-là. Mais tu expliques bien historiquement d'où il vient, et puis comment travailler dessus, en fait, pour s'en libérer, pour pouvoir effectivement faire ses propres choix, quels qu'ils soient ensuite, mais des choix libres. Et c'est vrai que ça vaut le coup, parce que, quelle que soit la manière dont on vit son accouchement, tu le disais au début, en fait... ça peut avoir un impact énorme en négatif, mais aussi en positif. Ça peut vraiment permettre aux femmes une confiance en soi vraiment complètement renouvelée, une vision de son corps aussi qui se transforme, une vision de son corps qui renoue avec la liberté, avec le plaisir. Et c'est vrai que tout ça, c'est unique dans une vie. On a de la chance de pouvoir vivre des accouchements et en général pas hyper souvent dans notre vie. Donc autant que ce soit une expérience unique à transformer. tout à fait merci en tout cas pour tout ce travail et pour tout le travail que tu fais aussi auprès de tes patients mais même à travers l'AP et l'AAD c'est vrai que c'est des ressources qui sont chouettes pour les femmes qui se posent la question de l'accouchement à domicile donc merci pour tout ça et puis bon courage merci mais c'est du courage et du plaisir je peux bien le croire c'est vrai que d'être témoins même de toutes ces naissances, ça doit être absolument épuisant, j'imagine, en termes de rythme, mais ça doit te nourrir aussi d'une manière particulière, c'est quand même des métiers.

  • Speaker #0

    C'est de voir toutes ces femmes, ces hommes qui s'épanouissent, et puis comme on dit, la cytocine, c'est très contagieux, donc on prend des bains de cytocine plusieurs fois par semaine. On est déconnus à ça.

  • Speaker #1

    C'est le plus facile de se sevrer à la fin de sa carrière.

  • Speaker #0

    C'est ça. Quand on est en vacances, on n'a qu'une hâte, c'est de retourner aux naissances. On va faire des vacances.

  • Speaker #1

    Retourner à la source de la cytosine. C'est cette petite méthode. Bon, merci. À bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #1

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous et à lui laisser 5 étoiles et un commentaire. Je vous donne rendez-vous dans 15 jours pour une nouvelle discussion entre mères.

Description

Aujourd’hui je suis très heureuse de vous partager mon échange avec Floriane Stauffer, sage-femme engagée pour les droit des femmes et spécialisée dans l’accompagnement des accouchements à domicile.

Elle  l’autrice du livre « C’est mon accouchement! Le guide pour mettre au monde son bébé naturellement, en femme libre et informée », que je vous recommande! On y retrouve plein d’infos sur la physiologie de l’accouchement, des témoignages, son expérience, l’histoire de la médicalisation de la naissance et autre.

Dans cet épisode, Floriane nous partage son parcours de sage-femme, sa vision de l’accouchement physiologique et le pourquoi du comment de son engagement auprès des femmes, pour qu’elles se réapproprient ce moment unique qu’est la naissance. Bonne écoute!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Cécile Albert, naturopathe spécialisée dans l'accompagnement de la femme, et je suis très heureuse de vous partager ces discussions entre même. On dit qu'il faut un village pour élever un enfant. Je crois que si aujourd'hui beaucoup de femmes veulent la maternité comme Radmar et Kézumers, c'est notamment parce que ce village a été remplacé par une grande solitude. Dans ce podcast, c'est un peu de ce village, Christy. J'y reçois des femmes, des mères, qui partagent leurs bons conseils pour une maternité plus apaisée, plus joyeuse et moins isolée. Si vous souhaitez soutenir ce podcast, rien de plus simple, il suffit de lui laisser un avis 5 étoiles et un commentaire et de le partager autour de vous. Bonne écoute !

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, je suis très heureuse de vous partager mon échange avec Florianne Stauffer. Sage-femme engagée pour les droits des femmes et spécialisée dans l'accompagnement des accouchements à domicile. Elle est l'autrice du livre C'est mon accouchement le guide pour mettre au monde son bébé en femme libre et informée, que je vous recommande. On y retrouve plein d'infos sur la physiologie de l'accouchement, des témoignages, son expérience, l'histoire de la médicalisation de la naissance et autres. Dans cet épisode, Floriane nous partage son parcours de sage-femme, sa vision de l'accouchement physiologique et le pourquoi du comment de son engagement auprès des femmes pour qu'elle se réapproprie ce moment unique qu'est la naissance. Allez, c'est parti, on papote !

  • Speaker #0

    Bonjour Floriane !

  • Speaker #2

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Je suis ravie d'échanger avec toi. Est-ce que tu peux commencer en nous en disant un peu plus sur toi ?

  • Speaker #2

    Oui, alors du coup, moi je suis Floriane Staufer, je suis sage-femme depuis un peu plus d'une vingtaine d'années et je suis une sage-femme assez engagée sur... toutes les causes en lien avec les droits des femmes et les choix en fait en termes de santé féminine. Et puis dans ma pratique quotidienne, je suis spécialisée dans l'accompagnement des accouchements à domicile.

  • Speaker #0

    Super, on va revenir sur, parce que déjà avec ces quelques infos, on a déjà beaucoup de choses et on a envie de creuser sur pas mal de sujets. Est-ce que pour commencer, tu peux nous dire comment tu es devenue sage-femme accompagnant les accouchements à domicile ? Comment c'est fait, et en dehors de la couche-moi à domicile, comment c'est fait un peu ton cheminement de sage-femme ?

  • Speaker #2

    Ok. Alors moi, en fait, j'ai été sage-femme, enfin, je suis rentrée dans les études de sage-femme tout de suite après le bac, tu sais. J'ai fait ma première année de médecine et puis sage-femme dans la foulée. À l'époque, j'étais une jeune femme de 18 ans, très féministe, et je voulais devenir sage-femme. surtout pour aller travailler dans un planning familial et défendre la cause des femmes. Donc l'accouchement ne m'intéressait absolument pas, l'allaitement encore moins. C'est le féminisme des années 2000, donc tu sais, la question n'était pas du tout de comment tu fais un bébé, c'était autre chose. Et puis en fait, quand j'ai commencé à faire mes études, évidemment, des études de sage-femme, on passe du temps en maternité et dans les salles d'accouchement. Et écoute, dès mon premier stage, moi j'ai été... quand même assez perturbée du premier accouchement que j'ai vu. Malheureusement, je n'ai pas vu un bel accouchement. J'ai vu un accouchement assez violent en premier accouchement. Et du coup, je suis restée un peu sceptique quand même. Et par la suite, en fait, mon expérience d'études m'a montré des alternatives et des façons de prendre en charge la naissance hyper chouettes et aussi plein d'endroits où je me disais non, mais là, ce n'est pas possible. C'est trop infantilisant, trop violent. Voilà. Elle vient de féministe que j'étais, ça lui allait pas. Donc je me suis dit, finalement, peut-être que tu ne vas pas travailler dans un planning familial, tu vas peut-être quand même aller en salle de naissance pour faire les choses autrement. Mais à l'époque où j'en étais, moi j'ai été formée à l'accouchement, c'était à l'hôpital. Donc voilà, je suis allée travailler à l'hôpital. Je n'avais pas trop de raison de remettre les choses en cause à ce moment-là. Mais quand on s'intéresse à comment accompagner les femmes autrement, à l'époque, en tout cas, on finissait par lire et se renseigner beaucoup à l'étranger. Et plus j'avançais, plus je découvrais de choses. Donc, j'ai un peu évolué progressivement en me formant à l'hôpital. C'était la nana qui fait des accouchements à quatre pattes. Voilà, la nana qui n'a jamais de péril. Et puis, j'ai avancé comme ça. Je savais que j'aurais envie de faire un moment de l'accompagnement global, c'est-à-dire d'accompagner les femmes tout au long de leur grossesse, de leur accouchement et des suites. Et c'est quand j'ai eu mon enfant, quand moi-même j'ai accouché, où là je me suis dit, bon allez, tu ne vas pas changer le monde de l'hôpital, par contre tu vas peut-être proposer des alternatives. Et j'y suis allée très progressivement. J'ai commencé par ouvrir un plateau technique. Donc ça, c'est quand une sage-femme loue une salle de naissance dans un hôpital. où elle peut accompagner les femmes dont elle a suivi la grossesse, souvent d'une manière très naturelle. Ensuite, on a eu la chance sur Nancy d'ouvrir une des premières maisons de naissance. Moi, j'ai fait partie des premiers collectifs qui ont permis la création des maisons de naissance en France. Donc, c'est très, très chouette. Il y a eu une grande époque de militantisme pour faire passer les lois d'expérimentation et autres. Puis, l'aboutissement avec l'ouverture de notre maison de naissance. Et puis, en même temps que je faisais tout ça, il y a des mamans qui accouchaient chez elles. Au début, je me disais non, ça doit rester des hasards. Ce n'est pas très sérieux, cette affaire. Et puis, au fur et à mesure que je me suis formée, intéressée, j'ai de plus en plus organisé la pratique des accouchements à domicile. Et actuellement, c'est celle à laquelle je me consacre exclusivement. Déjà parce que les femmes qui viennent vers moi viennent pour ça. Mais aussi, ce n'est pas pour rien qu'elles viennent pour ça vers moi. C'est que moi, à titre personnel, je vois bien qu'en ce moment, en tout cas, c'est l'endroit où je préfère exercer chez les personnes. C'est là où j'ai l'impression de mieux faire mon travail de sage-femme en ce moment. Même si j'accompagne des femmes qui accouchent dans d'autres lieux de naissance et que c'est super, là, c'est vraiment une question de préférence personnelle pour mon travail à moi.

  • Speaker #0

    Oui, donc c'est tout un cheminement très progressif. Je trouve que c'est fou parce que tu dis bien qu'il t'a fallu, par toi-même, trouver des ressources, lire, faire des recherches. pour arriver à cette nouvelle vision de l'accouchement.

  • Speaker #2

    Il faut remettre dans le contexte, c'est sûr que ce n'est plus le cas, je pense, à ce point. Mais si tu veux, moi, mes premiers stages, il faut se remettre en tête que dans les années 2000, on t'apprenait quand le bébé naissait à tout de suite couper le cordon, à partir avec, à lui faire des tas d'examens, et seulement après à le présenter à sa mère. Là, à l'époque, on a commencé à parler des plans de naissance. Moi, quand je finissais mes études, ça avait vraiment du sens. Alors, ça en a toujours maintenant, mais à l'époque, oui, parce qu'on partait de très, très loin quand même.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #2

    oui. Donc, oui, il a fallu un cheminement très progressif et passer par l'étranger parce qu'en France, j'avais quasiment aucune ressource.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Donc, tu as été lire des livres de sages-femmes travaillant à l'étranger. Tu as été rencontrer aussi peut-être d'autres sages-femmes ?

  • Speaker #2

    Oui, oui, oui, des livres. Alors, c'était plus des blogs à l'époque. Il n'y avait pas les réseaux sociaux. J'ai l'impression d'être très vieille soudain. Voilà, rencontrer, discuter aussi. C'est vrai que même s'il n'y avait pas les réseaux sociaux, d'un autre côté, chez les sages-femmes, je trouve qu'il y a souvent de la solidarité. Et encore maintenant, tu vois, moi, je me vois écrire à notamment une sage-femme au Québec parce qu'elle avait écrit un bouquin en lui disant C'est trop bien ce que tu dis. Tu pourrais venir si je t'invite ? Ouais, ouais, tu vois. C'était...

  • Speaker #0

    c'est un peu différent c'était très chouette d'organiser les choses comme ça c'est chouette et c'est marrant tu dis que le déclic de l'accompagnement global est venu en particulier lorsque toi-même tu es devenue mère, lorsque toi-même tu as accouché c'est quoi, c'est le fait de l'avoir vécu toi-même, cette expérience qui t'a donné envie de sauter le pas il y a eu beaucoup de choses,

  • Speaker #2

    c'est que déjà moi en tant que sage-femme Il y a déjà des choses qui me dérangeaient. Mais alors, en étant enceinte, tu vois, quand on me demandait de faire certains gestes ou autres, le fait d'être moi-même enceinte, je pense que j'étais encore plus enceinte. Je me disais, mais c'est horrible, je ne peux pas du tout faire ça.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #2

    il y avait ça. Et encore, je bossais vraiment dans un hôpital très, très chouette. Mais voilà, déjà en tant que sage-femme, je me disais, bof. Et puis, pour mon vécu, tu vois, je me suis dit... les soins continuent quand même, ça fait une grosse différence, le fait que quand tu accouches, et pourtant, je connaissais les gens avec qui j'ai accouché, puisque j'étais sage-femme, mais ce n'est pas la même chose quand c'est ta sage-femme avec qui tu as fait tout ton plan, et surtout d'accoucher, moi, j'ai accouché physiologiquement assez facilement, je suis arrivée pour nous, tu vois, rien de fou, mais justement, en fait, je me suis rendue compte de ce que j'appelle moi la violence ordinaire, de se dire, toi t'arrives, t'es toute contente, tu te dis, j'ai tout fait, ça va vite, et là on te dit, ah ouais, mais quand même c'est un premier, il faudrait peut-être que tu prennes la pérille, après je me revois aller aux toilettes, bah oui, j'avais le bébé qui commençait à pousser, percer ma poche, et là tout le monde panique, on t'attrape, on te tient les jambes, et c'est pas des choses graves, tu vois, personne n'a fait ça pour être malveillant, et ça va, mais tu vois, c'est tous des petits gestes, tout après coup, je me suis dit... Ouais, non, mais là, il faut qu'on se calme, en fait, avec nos trucs. Ils auraient pu me laisser dans les WC pousser mon bébé, et puis tout aurait bien été. J'aurais même sûrement poussé debout comme ça. Et tu vois, je me souviens encore là, quand la sage-femme met ses doigts sur ton périnée, et puis que t'es en train de pousser, quoi. T'as juste envie de lui en coller une, en fait. De le vivre, toi. Ou les remarques, tu sais, j'entends encore l'aide-soignante, qui était une copine pourtant, qui dit Ah, c'est drôle quand même, avec un bébé sur le périnée, elle ne pousse pas plus fort. Et tu sais, tu te dis Mais... Voilà. Oui,

  • Speaker #0

    ben oui.

  • Speaker #2

    Et ce n'est pas méchant tout ça, mais tu vois, c'est tous des petits trucs où je me suis dit Non, mais là, en fait, ça ne va pas. Quand tu accouches, j'ai vraiment pris conscience de cette histoire de l'intimité, du besoin d'être concentré, que le moindre petit geste, en fait, ça peut te perturber. et du coup je me suis dit non j'ai plus envie je suis allée retourner travailler un petit peu pendant 6 mois après mon congé maths mais ça ne me convenait plus tout ce que j'avais vécu moi et c'est très bien parce qu'à la fois ce n'est pas des choses graves donc je ne suis pas du tout traumatisée je suis très contente de la naissance mais en même temps ça m'a permis de me dire ce n'est pas des petits sujets tout ça donc c'est vraiment important moi je dis souvent Ce n'est pas des lubies de bonne femme, alors que souvent, on a l'impression un peu quand on dit, je veux qu'on me laisse choisir ma position, je veux ceci, je veux ça, on a l'impression que c'est vos petits caprices. Et de l'avoir vécu mal, je me dis, ce ne sont pas du tout des caprices. En fait, quand tu le vis, c'est essentiel. Je ne sais pas ce que tu en penses. Ah ben oui,

  • Speaker #0

    oui, oui. Et c'est vrai que, comme tu le dis, souvent, la plupart du temps, il y a des exceptions, mais la plupart du temps, il me semble que dans les équipes médicales qui accompagnent les accompagnements, ça ne vient jamais d'une mauvaise volonté. tu vois c'est pas parce que méchamment une sage-femme ou un gynéco se dit tiens je vais la sortir de sa bulle pour qu'elle galère plus mais du coup c'est presque encore plus désemparant puisqu'il y a de la bonne volonté en face et pourtant comme tu le dis on se rend bien compte soit en se formant sur le sujet soit soi-même en accouchant qu'en fait c'est des détails qui n'en sont pas donc c'est à l'inverse je trouve qu'on se dit mais comment faire pour que Pour que le voile s'ouvre, tu vois, un peu. Et qu'en fait, tous ces petits détails qui peuvent passer complètement inaperçus, tout d'un coup, on se dit, mais non, tu ne peux pas dire ça à une femme qui accouche. Ah ben non, tu ne peux pas lui mettre le néon dans la face quand tu as des petits trucs comme ça. Ce n'est pas évident, quoi.

  • Speaker #2

    Ben, c'est ça.

  • Speaker #0

    Et tu parles de ces conditions idéales, enfin, ce n'est pas le terme, mais les conditions pour favoriser l'accouchement physiologique. Tu en parles notamment dans ton livre qui s'appelle C'est mon accouchement Le guide pour mettre au monde son bébé naturellement en femme libre et informée. C'est un livre dans lequel il y a vraiment plein d'infos, à la fois un peu techniques sur le déroulé d'une naissance, le jeu hormonal qui se met en place autant chez la maman que chez le bébé, etc. Tu parles aussi de toutes les solutions qui existent. Où est-ce que je peux accoucher ? Quel est mon droit aussi ? Et puis, un peu plus profondément, comment ? qu'est-ce qui se joue derrière une belle naissance ? Une belle naissance, ça ne veut pas dire forcément, et tu le dis dans ton livre, la naissance Instagram, dans la piscine bleue, à la lumière des bougies, ce n'est pas ça, mais une naissance en puissance et en connaissance. En fait, derrière ça, comme tu dis, ce n'est pas uniquement un caprice de bonne femme, mais c'est aussi ce rite de passage. qui nous aide en tant que femmes à grandir en confiance et en liberté donc en fait l'enjeu il est énorme, c'est pas juste je veux accoucher sans péril parce que pour caricaturer je mange bio donc je veux pas de médicaments c'est un peu ce qu'on se dit parfois c'est

  • Speaker #2

    très rare Mais même des fois dans ma carrière, l'empuissancement, ça va être de prendre la pérille. Moi, j'ai l'exemple, tu vois, j'en parle un petit peu dans le livre, c'est que souvent on se dit, la puissance, on va la rencontrer en accouchant naturellement et en se transcendant, ce qui est vrai pour la plupart d'entre nous. Mais moi, je me souviens d'une femme notamment que j'ai accompagnée pour son cinquième enfant. Cette femme avait toujours accouché sans pérille durale, mais... pas par choix en fait, c'est une femme qui avait une vie très dure, qui souffrait beaucoup dans son corps qui prenait jamais de péril parce que de façon elle avait pas le temps de s'occuper d'elle donc elle arrivait toujours à la dernière minute à la mater et elle avait vécu des violences en plus tu vois et un coup en discutant elle me dit, elle dit en fait moi j'ai pris une sage femme privée mais elle dit mon vrai rêve en fait ce serait de juste pour une fois ne rien sentir j'ai tellement souffert dans mon corps Et on a fait tout un travail. Et le travail qui a été mené a amené à dire, ouais, OK, en fait, là, tu vas prendre une péri, puis tu vas sentir juste ce que tu as envie de sentir, la doser. Et cette femme-là, on est ressentis.

  • Speaker #0

    C'est super beau.

  • Speaker #2

    C'est une femme qui n'avait jamais eu l'occasion de pouvoir dire moi je prends un joker dans ma vie Donc ça lui a, et elle, ça a été son cheminement initiatique de dire moi dans ma vie j'ai le droit d'être joker aussi Et après, elle a pu prendre soin d'elle. C'est un exemple anecdotique. La plupart d'entre nous, ça va être plutôt d'aller se transcender qui va les transformer. Mais moi c'est quelque chose que je défends beaucoup dans ce que je dis, c'est que je ne suis pas une gourou du naturel. Évidemment, j'accompagne les accouchements à domicile, mais... Moi, ce qui est important pour moi, c'est que les femmes, quoi qu'il se passe dans leur accouchement, qu'elles aient une césarienne, qu'il y ait une urgence, qu'elles accouchent devant le feu de bois, elles en ressortent en étant fières d'elles. Parce qu'en fait, ça fait quand même une vingtaine d'années que je travaille maintenant. Et tu le vois peut-être toi aussi, Cécile, quand tu accompagnes des femmes. Pour moi, la naissance, c'est un moment tellement intense qui laisse une trace tellement importante dans notre psychisme. On le sait, tous les psys le savent. Et dans notre corps aussi, dans la mémoire de notre corps. que soit on en ressort avec je suis un pas capable soit on en ressort avec un je suis capable de différentes choses. Et on voit tellement de femmes, c'est surtout quand je consulte des femmes qui ont 50-60 ans, et que tu vois qu'à 60 ans, à 70 ans, la mamie arrive dans ton cabinet pour un frottis, et là, elle te reparle, et elle est encore traumatisée de ses accouchements, elle est encore à penser que son corps est défaillant. qu'elle n'a pas été capable, et tu dis, mais punaise, ça fait 20 ans, 30 ans, 40 ans qu'elle porte ça, moi, je me dis, c'est quand même pas possible. Surtout quand on sait que la naissance pourrait soit être neutre, à la limite, ou hyper...

  • Speaker #0

    Transformatrice.

  • Speaker #2

    C'est ça, qu'on se dit que ce n'est pas possible. Et on a tellement de femmes qui portent ça, je te jure. On consulte gynéco ou rééduque, c'est un peu affolant quand même.

  • Speaker #0

    Oui, tu m'étonnes. Est-ce que du coup, dans tes patientes, est-ce que tu as beaucoup de patientes qui viennent te voir justement après un accouchement précédent, tu vois, traumatique ou pas, mais en tout cas mal vécu ? Ou est-ce que tu as aussi beaucoup de femmes qui viennent juste parce que, pour un premier, sans avoir eu de mauvaises expériences, elles veulent faire des choix ?

  • Speaker #2

    Alors moi, j'ai autant de premiers que quand je travaillais à l'hôpital. C'est-à-dire que je pense qu'au cabinet, tu vois, on a un tiers de premiers, deux tiers de suivants. Donc, c'est un peu comme n'importe où ailleurs. Dans les femmes qui viennent me consulter, on va dire que la grande majorité, ça va être quand même, chez celles qui ont déjà eu des enfants, des femmes qui ont bien accouché de leur premier. Et puis, qui se disent, franchement, pour le deuxième, pourquoi je me manquais qu'il n'ait à aller à l'hôpital chercher une péridurale ou je ne sais pas quoi. Donc, que je ne prendrai pas, je veux être chez moi tranquille. Effectivement, j'en ai aussi quelques-unes qui ont eu des traumas ou en tout cas des premiers accouchements difficiles ou en tout cas dont elles gardent des stigmates et qui veulent vraiment s'assurer d'être avec une personne de confiance qui va suivre leurs désirs, qui va les écouter. Mais on va dire que ce n'est vraiment pas la majorité. Et puis, dans les premiers parts, les premiers bébés, écoute... depuis dix ans j'en ai toujours eu autant donc je peux pas te dire On voit que ça change un peu c'est à dire que de plus en plus on a des femmes qui dès le premier bébé sont déjà très informés alors qu'il ya dix ans j'avais aussi autant de femmes qui venaient dès le premier bébé mais c'était plus un cheminement en cours de grossesse tu vois elles étaient suivies au cabinet puis au fur et à mesure qu'elle faisait de la prépa elle cheminait puis en cours de grossesse elle disait oh bah en fait je vais le faire chez moi ou alors elle venait d'une famille où on accouche soit à domicile, soit de manière très facile, des femmes qui ont été bercées par les histoires de mamans de grand-mamans qui disent non mais c'est trop facile d'accoucher, ça joue, bien sûr ça joue énormément, moi je fais partie de ces femmes c'est sûr que quand toute ta vie on t'a dit accoucher c'est comme éternuer faut pas avoir de mauvaise surprise quoi mais voilà je veux dire, moi je fais partie d'une famille où le stress c'est surtout de savoir si on arriverait dans une maternité si on voulait y aller donc Donc voilà, j'en épouse ça. Que maintenant, j'ai aussi des femmes qui ne sont pas issues de ce genre de famille, mais qui ont eu de l'info avant, qui se sont renseignées. Il y a eu tous les hashtags, paye ton utérus et qu'on paye. Voilà, elles viennent. Mais globalement, je dirais que c'est plutôt un choix par envie, parce qu'elles voient tous les avantages de cette naissance, parce qu'elles ont envie de profiter de ça, plutôt qu'un choix par défaut, parce qu'elles n'aimeraient pas l'hôpital. D'ailleurs, quasiment... Toutes les femmes que j'accompagne, elles disent, si je dois aller à l'hôpital, j'irai. J'en ai pas envie parce que je crois que j'en ai pas besoin. Mais si je dois y aller, je vais y aller. J'ai rien contre l'hôpital. Voilà.

  • Speaker #0

    Oui, c'est serein. Donc, on parle là d'accouchement aussi à domicile, mais en dehors de l'accouchement à domicile, tu parles d'accouchement physiologique. Qu'est-ce que ça veut dire pour toi, un accouchement physiologique ?

  • Speaker #2

    Alors, moi, j'adore la définition de l'OMS, tu sais, qui dit que c'est un accouchement, en gros, qui se déroule grâce aux seules capacités de la mère, avec un peu de tendresse. et une surveillance attentive d'un professionnel. Surveillance attentive, ça veut dire le fait qu'il y a un pro qui puisse regarder s'il y a le moindre signe, le moindre voyant. Et moi, j'aime beaucoup cette définition parce que je trouve que c'est celle qui colle le plus. Sinon, si on est sur une définition purement médicale, physiologique, ça veut juste dire que ton bébé est né voix basse. Oui. Un bébé qui est né voix basse, ça peut prendre plein de choses. Oui,

  • Speaker #0

    c'est clair.

  • Speaker #2

    Bon, est-ce que toutes sont physiologiques ? Même, par exemple, juste avoir une péridurale, recevoir des médicaments, on peut se demander si c'est complètement physiologique, parce que finalement, on a fait des interventions qui ne sont pas sans conséquences. Donc voilà, moi, quand je parle de physio, c'est ça. Les ressources, les intérêts, un peu de soutien, et puis venez.

  • Speaker #0

    Et de fait, tu mentionnes aussi dans ton livre, la physiologie, elle est...

  • Speaker #2

    En tout cas,

  • Speaker #0

    on a l'impression qu'elle est assez fragile dans le sens où il y a pas mal de petits grains de sable qui peuvent venir la perturber. C'est un peu ce qu'on ressent dans les récits, certains récits d'accouchement dans ton livre et puis dans tout ce que tu détailles sur l'équilibre hormonal qu'il faut pour que l'accouchement se déroule de manière physiologique. Et donc, on a un peu l'impression qu'il suffit de... pas grand-chose pour que la physiologie déraille. Je ne sais pas si tu vas se dire autant en circonstances externes, à savoir un mot mal placé ou un geste mal placé, mais même d'un point de vue médical, une toute petite intervention. Tu donnes l'exemple de l'ocytocine de synthèse, en fait, qui peut entraîner des conséquences. Et donc, oui, ça donne l'impression qu'en fait cet accouchement physiologique, si on veut qu'il reste physiologique, en fait, il doit être vraiment très protégé, quoi.

  • Speaker #2

    En fait, ça, c'est un problème sociétal. Mais tu sais, on a plein... En fait, la physiologie de nos corps, dans tous les points, niveau de notre vie, puis tu es naturopathe, donc je pense que tu vois de quoi je veux parler, à tous les niveaux de notre vie, elle est hautement perturbée dans notre société. Avec les stress, avec les alimentations, le fait qu'on n'utilise plus nos corps autant qu'on devrait. Enfin, nos corps sont faits dans le bougez-marchez et on ne le fait plus. Donc, on est dans une société où la physiologie du corps humain est une société qui est en train de se faire. est facilement entravée. Et donc celle de l'accouchement évidemment aussi, ce qui explique les hauts taux d'intervention dans nos sociétés à nous modernes. Paradoxalement, on fait partie des sociétés les plus aisées, avec les meilleurs accès aux soins, et pour autant on n'a pas des super taux autour des indicateurs périnataux. Et en fait ça c'est parce que la physiologie fonctionne extrêmement bien. Mais elles demandent des prérequis qui sont notamment le sentiment d'intimité, la mobilité. Et ça, c'est vrai que quand maintenant accoucher pour la majorité des femmes, c'est le faire au milieu de deux à dix étrangers, dans la lumière, dans un lieu inconnu qui nécessite de se déplacer, avec du bruit, nos prérequis, on ne les a plus trop. C'est quelque chose qu'on a fait longtemps. Pendant longtemps, on a fait comme si ça n'existait pas, parce qu'on a mis en avant plus la médecine. Et moi, une des choses pour lesquelles je travaille en ce moment, c'est de dire, OK, peut-être que 80%, 90% des femmes doivent accoucher dans un hôpital, c'est notre société, c'est ce que les femmes veulent. Mais qu'est-ce qui empêche de rendre ces hôpitaux intimes et respectueux ? Alors oui, de l'argent peut-être, et encore. Moi, j'ai travaillé, comme je te disais, en plateau technique. Ça va très vite, en fait, de mettre une salle technique dans la pénombre, de pousser un lit d'accouchement, de mettre plutôt un tapis avec une guirlande, que tous les professionnels fassent très attention à c'est une seule sage-femme qui rentre, on toque, on fournit des casques aux femmes anti-bruit pour pas qu'elles entendent les voisines C'est des petits détails, mais qui sont très simples. Et en fait, quand on discute de ça, souvent, on a toujours l'impression que… Ah non, non, non, la physio, il faudrait une salle nature qui coûterait cher avec une baignoire à 10 000 euros, avec machin, avec… Mais en fait, non, ça c'est juste la société consumériste qui le dit, mais n'importe quelle maternité peut faire quelque chose qui respecte mieux la physiologie. C'est aussi beaucoup une attitude des professionnels. Moi, à domicile, je n'ai pas tout un tas d'attirail. Les gens ont leur canapé, leur maison, le tapis. Ce qui change, c'est beaucoup comment nous, on se positionne, qu'est-ce qu'on fait en tant que pro. C'est vrai que cette physio, nos deux prérequis, intimité, respect, ne sont pas toujours là. Et puis, on a vraiment la problématique du stress aussi, d'être avec des femmes qu'on stresse énormément toute leur grossesse. auprès de qui on met vraiment en avant la pathologie, le risque. D'ailleurs, on ne passe pas la grossesse à les conforter et à les rendre puissantes pour leur accoutement, souvent on passe la grossesse à dépister des problèmes et à bien leur dire de faire attention aux problèmes qu'elles vont sûrement avoir. Et ça, ça vient hautement te perturber la physiologie, parce que notre cortex, notre cerveau qui réfléchit, il est capable de bloquer nos instincts, on le sait, en tant qu'humain. Enfin, je veux dire... Un truc tout bête, tout le monde fait caca, c'est la physiologie, on fait tous caca. Quand on doit faire caca dans les WC du bureau avec les collègues qui parlent à côté, on n'arrive pas à faire caca parce qu'on se dit qu'ils vont nous entendre. Et bien voilà, l'accouchement c'est pareil en fait. On peut ne pas arriver à accoucher parce qu'il y a du monde qui nous regarde ou parce qu'on nous en a mis tellement dans la tête, tellement de peur, qu'à un moment on n'arrive pas à se lâcher, on est là à réfléchir. Et pourquoi je sens ça ? Est-ce que c'est normal d'avoir ci ? et pourquoi il y a ce qui se passe. Et du coup, cette hypervigilance fait que la physiologie n'est pas possible. L'accouchement, ce n'est pas maîtriser quelque chose, ce n'est pas apprendre une technique. L'accouchement, je pense que c'est l'acte de lâcher prise, un des plus forts qu'on peut faire dans la vie. Il y a besoin.

  • Speaker #0

    C'est vrai que du coup, ce que je ne trouve pas évident, c'est que si tu te prépares à accoucher dans un hôpital, dans une structure classique, sans un accompagnement spécifique, mais que tu veux un accouchement dans lequel la physiologie est respectée, comment justement être dans ce lâcher-prise alors que, justement, tu as un peu l'impression qu'il faut que tu veilles à ce qu'on respecte tes souhaits. Tu vois ce que je veux dire ? Je trouve que c'est un peu le pendant qui est dommage. C'est que du coup, même pendant le suivi de la grossesse, Tu vois, moi qui ai un projet d'accoucher à domicile, je sais que quand je vais aller faire mon inscription à la maternité, c'est super bien passé, mais je sais qu'on va me poser des questions, faire rentrer un peu de stress, me questionner sur ce choix de l'accouchement à domicile, me proposer un toucher vaginal, enfin tu vois, c'est des petites choses comme ça qu'il faut qu'on peut vite... Avoir l'impression qu'il faut se protéger. Or, l'idée n'est pas de se braquer, évidemment, et de scinder, tu vois, deux mondes, quoi. C'est difficile, je trouve, tu vois.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas évident. Moi, je sais que les mamans, tu vois, qu'on accompagne, qui doivent ou qui souhaitent accoucher en maternité, on fait vraiment un travail avec aussi la maternité. Enfin, on leur fait faire un travail, parce que moi, je ne fais pas pour les gens, justement. Sinon, ce ne serait pas trop les empuissances. mais tu vois on les encourage vraiment à visiter à choisir aussi à avoir des critères quand il y a plusieurs maternités dispo, à rencontrer les équipes et à choisir en fonction à aller présenter leur projet de naissance dans un rendez-vous qui est pour ça et pas vite fait docteur madame la sage-femme à la fin du rendez-vous voilà mon projet mais vraiment je prends un rendez-vous, je veux qu'on parle point par point et on va négocier et je veux voir si vous pouvez me suivre et ça moi j'invite à le faire tôt, tu vois, pas à huit mois, parce qu'il faut aussi que les femmes puissent se retourner. Parfois, j'ai des femmes qui pensaient à une maternité, puis une fois qu'elles ont ce rendez-vous, elles reviennent en disant, ben non, laisse tomber. Ils disent non à trop de choses, et ça leur laisse le temps d'aller ailleurs, quand il y a plusieurs maternités, c'est ça. Donc moi, je pense qu'il faut qu'il y ait une vraie rencontre, et puis une rencontre qui est dans le dialogue. Le but, c'est pas d'arriver en disant aux pros, moi, je vous impose mes idées, et puis voilà, c'est qu'il y ait une vraie discussion avec éventuellement des compromis. Mais que les choses soient posées, qu'on ait pu rencontrer les équipes, c'est hyper important de choisir des équipes ou des professionnels avec qui on se sent vraiment en confiance. Pour favoriser la physio, il y a la petite règle des trois, c'est de dire, ce professionnel ou cet endroit, je dois m'y sentir en sécurité, je dois pouvoir y créer un endroit de...

  • Speaker #0

    d'intimité d'une façon ou d'une autre. Et je dois pouvoir y ressentir qu'on a confiance en moi et que je peux faire confiance aux gens. Mais c'est important parce qu'en plus, dans une naissance, parfois, malgré tout, il peut y avoir de l'urgence. Et si tu n'as pas confiance dans les personnes avec qui tu es, tu vas tout le temps douter, y compris dans l'urgence, de est-ce qu'on aurait dû faire ça, pas faire ça ? Donc voilà. Donc ça, c'est les trois règles. Et bien, du coup, anticiper avant. Et nous, on prépare dans notre cabinet beaucoup les coparents, ou en tout cas la personne qui va être présente. Alors chez moi, on n'a pas trop de doulas. Dans les maternités, elles ne peuvent pas trop y aller. Mais voilà, ça peut être une solution aussi d'avoir sa doula quand on accouche en maternité en plus de son compagnon. Ce n'est pas très français, ça encore. Voilà. Et donc du coup, nous, on prépare beaucoup le partenaire ou la partenaire qui va être là à la naissance. à la fois qu'il ait des outils pour soutenir cette maman, mais aussi pour défendre le projet. C'est un rôle qu'on discute avec le père très souvent, de dire, quitte à s'entraîner avant, est-ce que tu as bien tous les éléments pour pouvoir négocier si il faut, pour pouvoir appeler, quelle est ta posture en tant qu'homme ? Et y compris de nos collègues sages-femmes, parce que très souvent mes collègues hospitalières, dont certaines ne sont pas très fans de l'accouchement sans péril notamment, nous font le retour de dire, bon l'avantage au moins c'est que les femmes qui viennent de votre part, elles ont un projet physio, mais on sait qu'elles ont aussi les moyens de le mener. Donc on leur fait même confiance. Et du coup, il y a des femmes qui ne préparent rien du tout, puis qui accouchent physio à l'hôpital et c'est super. Mais c'est vrai que dans le doute, quand tu es à l'hôpital, je pense qu'il faut vraiment que tu prépares et le lien avec ces personnes-là. Parce que c'est pareil, on a trop fait. Tu sais, pendant longtemps, les professionnels de santé, on devait se tenir à distance, il fallait du vouvoiement, il fallait marquer la barrière, soignant, soigné. Ça ne marche pas, ça, pour l'accouchement. En fait, une femme qui accouche, elle n'a pas besoin de quelqu'un qui est froid. On ne peut pas faire comme si c'était normal de changer de sage-femme à chaque échographie. En fait, quand on est enceinte, on a besoin d'avoir une personne référente. Donc, même si on est suivi à l'hôpital, c'est important de créer du lien avec les professionnels et de se livrer à minima aussi, de leur expliquer. Pas juste, moi, je veux ça un peu comme une to-do list, je ne veux pas la périr, je veux un pot à pot, mais d'expliquer à minima, voilà. Moi, j'ai ce rêve-là d'accouchement, j'ai ces peurs-là, j'aimerais vraiment vivre comme si la naissance, j'aimerais ressentir ceci, cela. qu'est-ce que vous pouvez faire pour m'aider à le vivre et qu'est-ce que je peux faire pour que vous, vous ayez envie, confiance pour me suivre dans mon projet ? Et de poser des choses comme ça, je trouve que c'est hyper important et souvent hyper efficace.

  • Speaker #1

    Oui, tu sens, toi, dans tes collègues sages-femmes ou dans les maternités avec lesquelles tu travailles, que c'est possible, ce dialogue et cette ouverture.

  • Speaker #0

    Oui, et puis tu sais, même quand je fais des conférences ou que j'interviens dans des congrès, je vois bien de plus en plus des sages-femmes hospitalières, des gynécologues viennent discuter avec moi. En fait, ils ont envie, quand je parle de culture de choix ou autre, ils ont très envie de mettre ça en place. Alors, la réalité, c'est que beaucoup sont démunis et dépassés face à la crise de l'hôpital, au manque de personnel, de moyens. Donc ça, c'est une vraie catastrophe quand même. Bien sûr. Parfois, voilà, ils sont dépassés. C'est sûr que quand tu as deux césariennes en urgence à gérer et que tu dois suivre toutes les consultations, aller masser une maman, c'est le dernier de tes… C'est pas possible. Mais la plupart ont quand même envie. Alors, je rencontre aussi quelques collègues un petit peu revêches qui sont plutôt à dire, elles nous embêtent avec leurs histoires, elles vont pleurer pour une péri au bout de cinq minutes. Mais je trouve que la plupart des pros ont envie d'écouter les femmes. En tout cas, chez les sages-femmes sûres, chez les gynécos de plus en plus.

  • Speaker #1

    Et par rapport à l'accouchement à domicile, toi, tu t'occupes de l'association pour l'accouchement accompagné à domicile. Est-ce que tu as l'impression que c'est une pratique qui se facilite dans le sens où, effectivement, les liens se font mieux avec les maternités et les sages-femmes ? pratique l'accompagnement de l'accouchement à domicile sont mieux perçues, mieux accueillies ? Ou pas encore ?

  • Speaker #0

    Globalement oui, quasiment partout en France. Il y a encore quelques territoires qui restent très braqués, mais globalement c'est de mieux en mieux en France. Aussi parce que depuis 2019 qu'on a créé la PAAD, l'association dont tu parles, on a quand même fait un gros travail d'information, mais aussi de formation des professionnels, d'établissement de lignes de conduite, on a fait un travail en partenariat. avec les réseaux périnataux, les sociétés savantes de médecins. Donc, il y a eu un gros boulot de fait. Donc, voilà, c'est mérité. Mais c'était important pour nous et les femmes qu'on accompagne, parce que nous, on est des proches. Notre but, c'est d'exercer dans des conditions idéales pour nos patientes. Donc, on voit que ça évolue. Et juste pour finir là-dessus, je pense qu'une bonne illustration, là, il y a une maman qui va accoucher que j'ai vue hier. Ça va être son troisième accouchement. accouchement à domicile. Et tu vois, au premier, c'était plutôt un discours, quand elle allait à l'hôpital, de quand même, c'est dangereux, vous pourriez mourir, pas ta couffin Enfin, voilà, le classique. Puis plutôt, accueil où t'as plus du tout envie de retourner à la maths. Et là, elle vient de faire sa consul d'anesthésie, et elle me disait, ça en était drôle, parce que l'anesthésiste était hyper sympa. Et il lui dit, Bon, de toute façon, le risque, c'est une hémorragie, mais c'est pas grave, votre sage-femme fera ce qu'il faut, elle vous transférera, et puis on s'occupera de vous, tout ira bien, même si c'est une complication. Et là, je me dis, waouh, ça valait le coup. Oui, c'est super. Parce que c'est pas complètement normalisé encore, et c'est pas tous les anesthésistes de chez nous qui diraient ça, mais c'est quand même devenu quelque chose comme, ok, c'est pas des cinglés, ni les parents, ni les sages-femmes. En fait, faire ça, c'est aussi avoir accès à des soins. Et ça s'inscrit aussi dans un protocole, dans une relation ville-hôpital qui fonctionne. Et ça va bien aller. Et donc, c'est super. Et comme l'a dit cette maman, elle dit, ça change tout. Parce qu'elle, qui est très hésitante à aller à la maternité d'habitude, elle dit là, franchement, même si on me disait que je dois refaire une consul, j'irais avec le sourire.

  • Speaker #1

    Ben oui, bien sûr. Et donc, en fait, tout le monde est gagnant. Et quand on parle de sécurité, c'est vrai que... Ça joue aussi dans l'accouchement à domicile en particulier. C'est sûr qu'on met tout le monde plus en sécurité si on accouche en domicile en étant en lien et en confiance avec une structure médicale pas loin. Tout le monde a des voies de gagner.

  • Speaker #0

    C'est ça. Puis n'importe où qu'on accouche, quand je te disais dans les trois critères, il y a la sécurité. Cette sécurité, ce n'est pas juste qu'il y a une super machine qui va me soigner si j'ai besoin. Cette sécurité, c'est surtout une sécurité intérieure de se dire, en fait, les gens qui seront là avec moi, que ce soit à l'hôpital, à la maison, à la maison de naissance, c'est des gens sur qui je vais pouvoir compter pour m'épauler, pour être un beau soutien, mais aussi pour faire ce qu'il faut et me respecter si j'ai un problème. Et ça, c'est hyper important parce que quand tu ne te sens pas en sécurité avec les personnes qui sont là à l'accouchement, on en revient toujours au même, tu ne peux pas lâcher en fait.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et c'est là que l'expérience, elle peut être douloureuse, quoi. Oui,

  • Speaker #0

    tout à fait. Et d'ailleurs, dans les transferts de maison de naissance ou d'accouchement à domicile vers l'hôpital, on sait que nous, un des petits voyants d'alerte avant accouchement, c'est ces femmes qui sont terrorisées par l'hôpital. En fait, elles ont tellement peur de devoir aller à l'hôpital que paradoxalement, pendant le travail, elles se bloquent et elles finissent par y aller. Tu sais, quand on dit le dicton, ce que tu fuis te suit, bon, ben voilà.

  • Speaker #1

    Ah oui. Oui, bien sûr. Mais comme tu dis, on y revient à cette importance de la confiance et de la sécurité intérieure. Bien sûr,

  • Speaker #0

    c'est ça.

  • Speaker #1

    Génial. Merci beaucoup, Floriane, pour tout cet échange. Tu reprends et bien en détail pas mal de ces thématiques dans ton livre. Tu reprends un peu aussi tout l'historique qui explique pourquoi est-ce que dans notre société, on a cette vision de... peur sur l'accouchement, pourquoi est-ce que la première chose à laquelle on pense, c'est de se mettre en sécurité, mais dans le sens de prévenir le moindre souci. Il y a vraiment quand même ce conditionnement-là. Mais tu expliques bien historiquement d'où il vient, et puis comment travailler dessus, en fait, pour s'en libérer, pour pouvoir effectivement faire ses propres choix, quels qu'ils soient ensuite, mais des choix libres. Et c'est vrai que ça vaut le coup, parce que, quelle que soit la manière dont on vit son accouchement, tu le disais au début, en fait... ça peut avoir un impact énorme en négatif, mais aussi en positif. Ça peut vraiment permettre aux femmes une confiance en soi vraiment complètement renouvelée, une vision de son corps aussi qui se transforme, une vision de son corps qui renoue avec la liberté, avec le plaisir. Et c'est vrai que tout ça, c'est unique dans une vie. On a de la chance de pouvoir vivre des accouchements et en général pas hyper souvent dans notre vie. Donc autant que ce soit une expérience unique à transformer. tout à fait merci en tout cas pour tout ce travail et pour tout le travail que tu fais aussi auprès de tes patients mais même à travers l'AP et l'AAD c'est vrai que c'est des ressources qui sont chouettes pour les femmes qui se posent la question de l'accouchement à domicile donc merci pour tout ça et puis bon courage merci mais c'est du courage et du plaisir je peux bien le croire c'est vrai que d'être témoins même de toutes ces naissances, ça doit être absolument épuisant, j'imagine, en termes de rythme, mais ça doit te nourrir aussi d'une manière particulière, c'est quand même des métiers.

  • Speaker #0

    C'est de voir toutes ces femmes, ces hommes qui s'épanouissent, et puis comme on dit, la cytocine, c'est très contagieux, donc on prend des bains de cytocine plusieurs fois par semaine. On est déconnus à ça.

  • Speaker #1

    C'est le plus facile de se sevrer à la fin de sa carrière.

  • Speaker #0

    C'est ça. Quand on est en vacances, on n'a qu'une hâte, c'est de retourner aux naissances. On va faire des vacances.

  • Speaker #1

    Retourner à la source de la cytosine. C'est cette petite méthode. Bon, merci. À bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #1

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous et à lui laisser 5 étoiles et un commentaire. Je vous donne rendez-vous dans 15 jours pour une nouvelle discussion entre mères.

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