- Speaker #0
Derrière chaque porte, il y a une histoire. Ici, on tend l'oreille aux voix de ceux qui vivent et reconstruisent leur chemin avec Habitat Humanis Rhône. Bienvenue dans "Entre Toi(t) et Moi". Pour certains, un foyer est bien plus qu'un toit, c'est un tremplin vers l'avenir. Dans cet épisode, Elise donne la parole à Jasmine, résidente avec sa fille au foyer jeune travailleur Christophe Marieux. Jasmine partage comment Habitat Humanis Morone lui offre l'espace et le temps nécessaire pour se reconstruire avant de pouvoir accéder à un logement autonome.
- Speaker #1
Bonjour, du coup je m'appelle Jasmine, j'ai 20 ans, je vis à Lyon et j'ai une petite fille, elle a 2 ans, elle s'appelle Iliana.
- Speaker #2
Est-ce que tu peux nous raconter comment tu es arrivée au foyer des jeunes travailleurs Mérieux ?
- Speaker #1
Juste avant, j'étais dans un autre foyer à Lyon 8, où j'ai passé toute ma grossesse. Et du coup, avec des éducateurs et du personnel de là-bas, on a pu trouver une structure adaptée pour moi. et pour ma fille justement pour l'accueillir. Je suis rentrée ici le vendredi 13 janvier 2023. J'ai accouché le 4 janvier, donc j'ai emménagé une semaine après. Je suis restée chez mon papa le temps que j'apprenne à connaître ma fille, que j'arrive à m'adapter à elle et que tout aille bien, le temps du déménagement aussi. Donc j'ai été très bien accueillie. Les éducateurs sont venus me voir à l'hôpital aussi, donc ça m'a fait plaisir qu'ils soient vraiment là à m'accompagner totalement. En fait, j'ai l'impression que ça change énormément des foyers habituels, parce que dans un foyer classique, quand on est mineur, on est vraiment accompagné totalement, et les éducateurs sont vraiment sur notre dos, alors que là on a la possibilité d'avoir notre espace personnel, de vivre... Comme on le veut, comme si on était vraiment locataire dans un bâtiment normal, c'est juste qu'on peut avoir accès à une aide éducative ou sociale même. En fait, ils sont toujours là pour nous accompagner si on a besoin d'aide au logement, même pour la crèche, ils sont toujours là.
- Speaker #2
Comment justement vous avez trouvé un peu de réconfort et un peu d'aide au début avec votre petit bébé ?
- Speaker #1
C'est vrai que je l'ai eu jeune ma fille, je l'avais 17 ans donc j'étais encore mineure. Mais sincèrement j'ai toujours été habituée aux enfants et ça ne m'a pas vraiment fait peur. C'est vrai qu'au début c'est un tout petit bébé, elle est toute fragile et tout, donc on a peur. Mais même à l'hôpital, il y a eu un accompagnement pour nous montrer comment il faut faire avec l'enfant. En fait, on apprend tous les jours à être maman. Ce n'est pas dans un dictionnaire, ce n'est pas dans un livre. C'est le quotidien et on apprend pourquoi l'enfant pleure, ce qu'elle a besoin, dont elle a envie. Même moi, je continue à grandir avec elle parce que je suis encore jeune. J'ai 20 ans, ma vie est encore loin au moins.
- Speaker #2
Et justement, vous n'êtes pas la seule maman dans ce groupe.
- Speaker #1
Il y a d'autres jeunes mamans comme vous.
- Speaker #2
Ça permet de partager aussi, d'être ensemble.
- Speaker #1
Oui, bien sûr.
- Speaker #2
Ce sont des choses qui sont importantes entre vous, entre maman. Vous pouvez vous retrouver ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Là, on peut se retrouver dans l'espace de jeu pour les enfants. Donc, on a une assez grande pièce pour que les enfants jouent correctement. Et même, on peut sortir dehors. Il y a des activités. Des fois, il y a des moments de groupe. On peut tout le temps se réunir entre maman et faire connaissance, que nos enfants grandissent ensemble. Ça leur apporte beaucoup aussi parce que certes ma fille elle a la crèche mais il y a d'autres enfants qui n'ont pas la crèche et qui restent beaucoup à la maison ou totalement à la maison. Donc ils n'ont pas sociabilisé avec les autres enfants ou ils ne peuvent pas grandir avec eux. Ils vont avoir du mal à se développer.
- Speaker #2
Vous payez votre loyer ? Oui,
- Speaker #1
bien sûr.
- Speaker #2
Comment ça se passe le quotidien ?
- Speaker #1
Bah moi vous voyez, si je dis pas bêtise, parce que là il doit encore augmenter vu qu'il augmente toutes les années, il est à 534 ou 535 à peu près, et j'ai des APL à peu près totales, en fait complètes, et je dois payer moi 70 euros par mois à peu près, c'est largement raisonnable, surtout que moi actuellement je fais de l'intérim, donc ça veut dire que c'est soit un coup je travail énormément, donc je touche beaucoup. ou soit des fois je ne touche rien du tout parce que je ne travaille pas beaucoup ou très très peu. Donc moi sincèrement ça m'aide beaucoup. J'ai la possibilité aussi de mettre de l'argent de côté vu que je ne mets pas énormément dans le loyer et ce n'est pas une grosse charge dans ma vie. Alors que plus tard je sais que ce sera le loyer en priorité. et les autres dépenses en second.
- Speaker #2
Combien de temps on reste en général au sein d'un FJT ? Jusqu'aux trois ans des enfants ?
- Speaker #1
En tant que maman, on peut rester jusqu'aux trois ans de l'enfant. Quand on est d'autres résidents, une personne âgée ou une étudiante, on peut faire un contrat à longue durée. Donc ça peut aller même jusqu'à cinq ans, même un peu plus si vous voulez. Mais en tant que maman, oui, c'est trois ans, jusqu'aux trois ans de l'enfant.
- Speaker #2
Donc on vous aide déjà à préparer l'après peut-être ?
- Speaker #1
Oui bien sûr, déjà c'est bien qu'on peut aller jusqu'aux 3 ans de l'enfant, parce que l'enfant il a le temps de se développer, il a le temps d'être mature, il a le temps de comprendre, il a le temps de grandir, mais si on ne peut pas avoir un appartement avant les 3 ans de l'enfant, il ne faut pas nous mettre à la porte.
- Speaker #2
Et vous, vous avez arrêté vos études parce que vous avez eu votre petite fille ?
- Speaker #1
J'ai arrêté les études très tôt, je pense que j'avais même pas 16 ans. J'ai fait deux années de début de seconde, ça n'a pas abouti. Et après j'ai commencé à travailler parce que j'en avais besoin. Financièrement j'en avais vraiment besoin. En fait ça fait une dizaine d'années que je fais des foyers, donc j'avais vraiment besoin de travailler, de casser cette routine. D'être en foyer j'en pouvais plus. Il me fallait un appartement ou changer de vie en fait, et de pouvoir me souvenir à mes besoins. et d'être indépendante enfin. Du coup, le dernier travail que j'avais fait, j'avais travaillé à McDo. En fait, j'ai appris que j'étais enceinte et je ne pouvais plus travailler. J'ai fait un malaise au travail, du coup, parce que je mangeais très très peu. Quand j'ai fait mon malaise, c'était mort. C'était fini, je ne pouvais plus travailler. Pour moi, c'était mort. J'ai pris ma dernière paye en mai et je suis partie. Je suis partie voir ma maman à Nîmes et j'ai essayé de discuter avec elle parce que ma famille, elle est un peu séparée, donc c'est un peu compliqué. Et mon seul repère dans ma vie, c'est mes parents, surtout mon papa qui est présent actuellement pour moi. Mais ma maman aussi, même si je ne la vois pas souvent, je l'aime énormément, c'est ma maman. Donc il y a besoin de son avis et de sa voix. Surtout qu'elle est très, très ouverte d'esprit, donc je sais qu'à aucun moment elle ne va me juger. Et elle m'a demandé de le garder. Sauf que moi, je pouvais pas. À ce moment-là, j'étais à la rue. Je mangeais pas, je fumais. J'avais pas une situation pour avoir un enfant. Et j'étais mineure, surtout. J'avais pas de repère dans la vie, j'avais personne. Et elle, elle m'a demandé de le garder. Et je... Je sais pas. J'ai beaucoup d'hésitations. J'essaie d'avorter plusieurs fois. Mais je suis jamais allée au rendez-vous, en fait. Et je me suis dit, bah... Peut-être c'est la grâce de Dieu, je ne sais pas. Du coup, je l'ai gardé. Je suis encore restée dans la rue. Je suis retournée à Lyon.
- Speaker #2
Parce que vous ne pouviez pas venir chez vos parents, ce n'était pas possible ?
- Speaker #1
Non. Avec mon père, c'était vraiment tendu à ce moment-là. Et ma mère aussi, elle est SDF. Du coup, c'était la faute. Il n'y a rien qui pouvait m'aider dans ma vie, à part ma fille. Elle m'a vraiment aidée. En fait, c'est mon petit ange. Elle m'a sauvée. Vraiment, elle m'a sauvée.
- Speaker #2
Ça vous a permis de reprendre pied et de repartir ?
- Speaker #1
C'est ça. Quand je suis revenue à Lyon, parce que je connais Lyon comme ma poche, même si je ne suis pas née ici, mais j'ai vécu longtemps ici. Et je me rappelle que je traînais souvent à PRH. Et vu que j'avais encore mon téléphone, c'était le seul moyen d'avoir, par exemple, les réseaux ou d'avoir encore des contacts avec des gens. Je traînais beaucoup à PRH, sauf qu'à un moment donné, j'en pouvais plus. Parce que je me dis, mon enfant, elle grandit dans mon ventre, mais je ne peux pas la nourrir, je ne peux rien faire. J'avais peur de la tuer, j'avais peur d'être mal dans mon corps et de ne pas pouvoir l'accueillir comme il faut. Et j'ai appelé l'hôpital, l'ambulance, et je leur ai dit que j'étais mineure, j'étais à la rue et qu'il fallait m'aider en fait. Parce qu'en France... On a la possibilité de nous aider en tant que mineurs, surtout. On ne peut pas vous laisser à la rue toute seule, surtout enceinte. C'est impossible. Si vous demandez à être aidé, vous allez être logiquement aidé, en fait. Il y aura toujours une solution. J'ai été hospitalisée à Saint-Joseph pendant une semaine. Et du coup, ils m'ont fait les soins qu'il fallait, des prises de sang, des radios, des échographies, pour l'attention, bref. Ils ont fait tout ce qu'il fallait pour... Pour voir que mon enfant grandissait bien dans mon ventre et qu'il n'y avait aucun souci, qu'elle était en bonne santé surtout. On a pu contacter la métropole de Dessines, si je ne dis pas de bêtises, parce qu'avant à l'époque j'étais reliée à la métropole de Dessines vu que mon papa vivait à mes yeux. Et ils ont pu avoir une assistante sociale qui a pu s'occuper de moi, qui avait mon dossier, mais qui avait totalement perdu contact avec moi. Donc elle ne pouvait pas m'aider, parce que comment on est d'un fantôme ? Du coup, mon père, il ne fallait pas qu'il apprenne que j'étais enceinte. Du coup, j'ai demandé... On m'a trouvé un placement. Du coup, j'étais de Lyon 8, à Moulins-Avent. Et c'est là que j'ai pu passer toute ma grossesse.
- Speaker #2
Et votre maman, elle a rencontré votre petite fille ?
- Speaker #1
Elle l'a rencontrée une seule fois, malheureusement. Mais c'est vrai que là, j'ai envie de retourner la voir. Elle l'a rencontrée quand elle avait un an, c'était l'année dernière en fait. Ça fait pile un an qu'elle l'a vue et ça lui a vraiment fait chaud au cœur. *elle joue avec sa fille* tu sais faire ça ? Comment on fait ?
- Speaker #2
*elle joue avec sa fille*
- Speaker #1
Bravo !
- Speaker #2
Et juste, des projets pour la suite peut-être ? Des projets d'avenir, de travail ?
- Speaker #1
Déjà, en fait, c'est très très dur par contre, de trouver un CDI en tant que mère solo. Donc moi, j'ai énormément cherché. Là, ça fait deux ans à peu près que je cherche. Je n'ai toujours pas trouvé. Du coup, c'est pour ça que je fais de l'intérim. Il y a des horaires qui peuvent justement rentrer. dans mes horaires et surtout dans les horaires de la petite. C'est surtout, en fait, je rentre dans les horaires de la crèche. Mais oui, c'est vrai que j'aimerais bien trouver un travail stable. C'est très important.
- Speaker #2
Vous vous sentez comment aujourd'hui ?
- Speaker #1
Très très bien. Je suis à l'aise. Même ma fille, elle est bien. Enfin, je ne sais pas.
- Speaker #2
Vous vous sentez aussi plus en sécurité,
- Speaker #1
j'imagine ? Oui, bien sûr. C'est une structure aussi assez sécurisée ici. Il y a des caméras de surveillance, tout est badgé. Notre porte est badgée, l'ascenseur est badgé, pour avoir accès aux escaliers c'est badgé aussi. Donc si vous avez des problèmes conjugaux ou familiaux avec des gens d'extérieur, c'est impossible qu'ils rentrent. De toute façon s'ils rentrent, ça sera toujours prévenu, il y aura la police ou n'importe quoi, mais c'est très sécurisé.
- Speaker #2
Et puis toute la journée, vous savez qu'il y a les éducatrices qui sont là, Cléa, Lauriane...
- Speaker #1
Et Alizé, oui.
- Speaker #2
Ils peuvent parler avec vous au quotidien aussi ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Si j'ai un problème ou quoi, elles seraient toujours là pour moi. Je squatte beaucoup dans leur bureau. Parce que je les aime beaucoup. Alizé, elle m'aide dans toute ma vie. Alizé, c'est ma confidente. Alizé, elle est là. Et non, sincèrement, elle m'a vraiment aidée pour m'accompagner, pour faire tous les documents, toutes les démarches pour les logements. Je ne connais pas tout, je dois demander à Élisée. Heureusement qu'elle est là parce que sincèrement je ne sais pas comment j'aurais fait. Et je remercie aussi mon copain du coup parce que sans mon copain, je n'aurais jamais pu avancer aussi et il m'a énormément aidée.
- Speaker #2
Qui n'est pas le papa de ?
- Speaker #1
Qui n'est pas le papa de Iliana. Il m'a accompagnée depuis mes trois mois de grossesse donc il est là depuis le début. Donc moi, c'est vraiment son père, en fait. Il est... Waouh, c'est toute ma vie. Mais on a pour projet, justement, de déménager et de trouver un autre appartement. À suivre. C'est ça, à suivre, dans un prochain épisode.
- Speaker #2
Merci beaucoup.
- Speaker #1
Avec plaisir. Coucou, fais bisous.
- Speaker #0
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