- Speaker #0
Merci beaucoup d'avoir accepté l'invitation pour cet entretien. Merci également à la Légion d'avoir aussi accepté, à la hiérarchie. Je voulais déjà, pour ceux qui potentiellement ne te connaîtraient pas, que tu présentes brièvement.
- Speaker #1
Merci pour l'invitation déjà, c'est très sympa. Je suis devenu le major Gérald depuis quelques années sur les réseaux sociaux. Je suis un authentique légionnaire, souvent on me pose la question, je suis un vrai légionnaire ou je suis un authentique légionnaire. J'aurai 34 ans de service à la Légion étrangère au mois de février 2024. Actuellement, je suis en poste au 1er Régiment étranger à Aubagne, où j'occupe les fonctions d'officier d'espoir.
- Speaker #0
D'accord. J'avais une question un peu directe pour ouvrir l'entretien. C'est quoi pour toi être un légionnaire ?
- Speaker #1
Pour être un légionnaire, il faut s'engager à la Légion étrangère.
- Speaker #0
D'accord. Je voulais un peu parler de ton parcours maintenant, commencer par ton enfance. Où est-ce que tu as grandi ?
- Speaker #1
En fait, moi, je suis issu d'une famille de militaires. Mon père était militaire, son père était militaire, son frère, toute la famille était militaire. Donc, j'ai baigné dans le bain de l'armée toute ma vie, toute ma jeunesse.
- Speaker #0
Et ta scolarité, elle s'est passée comment ?
- Speaker #1
Militaire aussi, je suis rentré aux écoles militaires à l'âge de 11 ans et demi. Voilà, mon père voulait que je fasse une carrière à l'armée, donc très tôt. Et je suis rentré au collège militaire d'Autun, le lycée militaire d'Autun, à l'âge de 11 ans et demi, en classe de 6e.
- Speaker #0
Et les cours sont différents ? On apprend...
- Speaker #1
Non, non, alors les cours, c'est ceux de l'enseignement, de l'éducation nationale normale. C'est exactement les mêmes cours. Et par contre, on a un encadrement militaire, on a une formation militaire. C'est un internat militaire.
- Speaker #0
Est-ce que tu as des anecdotes de ta scolarité ? Est-ce que tu te battais parfois ? Ou tu te protégeais des gens déjà ?
- Speaker #1
Non, c'était quand même très discipliné. C'était très hiérarchisé, c'était très encadré. Bien sûr, il y a des bagarres qui arrivent, c'est en internat. Moi, j'aimais beaucoup les batailles de Polochon. J'adorais ça, les petits week-ends en bataille de Polochon. Mais sinon, on faisait énormément de sport. En plus du cursus scolaire normal, on était très axé avec l'UNSS, le nom national du sport scolaire. Et comme moi, j'étais assez complet en sport à l'époque, j'ai évolué sur pas mal de disciplines. Au lieu d'être spécialisé sur une discipline à longueur d'année, en fait, je faisais la saison, le cross, le judo, l'athlétisme. J'évoluais en fonction des saisons.
- Speaker #0
D'accord. Et est-ce que tu étais proche de ta famille, de tes parents ? Est-ce que tu as des frères et sœurs ?
- Speaker #1
Non, je n'ai pas de frères, je n'ai pas de sœurs. Je suis fessinique. Oui, j'étais proche de mes parents, même si la vie a fait que j'ai été séparé de eux rapidement par les écoles militaires. Donc, on ne venait que pour les vacances. Ensuite, je suis rentré tôt à la Légion étrangère à l'âge de 17 ans. Donc, les situations géographiques ont fait que c'est toujours difficile de se voir.
- Speaker #0
Justement, je voulais évoquer avec toi ton entrée dans la Légion. Comment ça s'est passé ? Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu pourquoi la Légion déjà ?
- Speaker #1
Alors pourquoi la Légion ? Parce que je suis toujours baigné dans le bain militaire. Et quand j'étais aux écoles militaires, on me parlait... essentiellement de la Légion étrangère parce que à l'époque où je me suis engagé, l'armée professionnelle française n'existait pas, les forces spéciales n'existaient pas. Donc la seule unité professionnelle réelle, c'était la Légion étrangère. Bien qu'il y avait d'autres unités professionnelles, très très bien, les commandos marines, les RPIMA, etc. Mais la Légion étrangère, il y avait ce côté mythique. Moi, je suis rentré aux écoles militaires en 1984, j'avais 11 ans et demi, et il y avait encore tout cet engouement pour l'opération qu'avait réalisée le 2e Régiment d'Entrejets de Parachutistes à Colvésie en 1978. Ça parlait énormément de ça. On était gosses, on rêvait des parachutistes, des commandos. Et très tôt, j'ai voulu être légionnaire.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous raconter cette opération des parachutistes ?
- Speaker #1
En 1978, aux Aïrs, il y a eu les ressortissants français qui ont été attaqués par des rebelles. Et donc, le gouvernement a envoyé une unité pour les défendre. Et ça a été le deuxième régime d'étrangers de parachutistes de Calvi qui a été envoyé pour secourir justement les ressortissants français.
- Speaker #0
D'accord. Mission qui a été un succès, du coup.
- Speaker #1
Oui, ça a été un succès, un retentissement mondial parce que ça a été une opération aéroportée. Donc avec un largage de parachutistes sur le terrain, il n'y avait plus eu d'opération aéroportée de cet ordre-là depuis la guerre d'Indochine. Donc ça a relancé les parachutistes, l'histoire des troupes aéroportées.
- Speaker #0
Et je sais également que tu viens du coup d'une famille de militaires. Est-ce que tout le monde est militaire dans ta famille ?
- Speaker #1
Oui, en fait, de mes cousins, je suis le dernier à être militaire. Mais sinon, de mon père, mon grand-père, mes oncles, tout le monde était militaire.
- Speaker #0
D'accord. Et du coup, que toi, depuis ton enfance, si je ne dis pas de bêtises, tu souhaitais être du coup militaire, légionnaire. Tu me confirmes ça ?
- Speaker #1
Oui, je ne voyais pas ma vie différemment. Tout petit, mon père m'a inculqué comme ça. Alors, avant les écoles militaires, je voulais être parachutiste au premier RPIMA, comme mon père. Mon père était au 1er Puma Bayonne, on habitait Bayonne, donc je voulais être au 1er Puma Bayonne. Et en allant aux écoles militaires, où là j'ai découvert un peu tout le monde de l'armée, la marine, l'aviation, les unités spéciales, comme le GIGN, choses comme ça, où on a entendu parler, on a un peu découvert ça. Et là, bien sûr, le coup de foudre pour la Légion étrangère.
- Speaker #0
Est-ce que tu penses qu'il y avait du coup un destin peut-être dans ton entrée dans la Légion et dans l'armée ?
- Speaker #1
Comment savoir ? Est-ce qu'il y a quelque chose d'écrit ? On ne peut pas savoir. Est-ce que des choses ont été bien menées ? Mais voilà, à un moment donné, j'étais vraiment orienté Légion étrangère. J'avais fixé mon but dès que possible et je m'entraînais pour m'engager à la Légion.
- Speaker #0
D'accord. Est-ce que tu peux nous raconter ton tout premier jour à la Légion ? Qu'est-ce qui se passe ? Enfin, comment ça s'est passé plutôt ?
- Speaker #1
Le tout premier jour, c'est l'engagement au poste de recrutement. Voilà, moi j'étais au poste de recrutement à Bayonne. Alors, moi c'est très bien passé parce que j'allais régulièrement au poste de recrutement. Voilà, j'avais sympathisé avec les capos. Parce que le chef du poste de recrutement, c'était un adjoint-chef que mon père connaissait. Donc, de temps en temps, mon père allait là-bas, il buvait le café, il discutait. Il avait un ancien ami à lui aussi qui venait, qui était un ancien pentathlète militaire, un champion, un major, un major Edgar. C'était une grande légende de la Légion étrangère, le gars qui est fait champion du monde de pentathlon militaire. Mon père était pentathlète militaire, lui équipe du 1er PIMA. Donc moi j'avais voulu m'engager à 15 ans et demi. Quand j'ai quitté les écoles militaires, je voulais m'engager à les gens. Donc secrètement je suis parti de la maison, j'étais au poste là-bas tranquille et tout. Le caporal-chef il m'accueille, il me dit t'es jeune, t'es français, c'est bien. Il me dit t'es nain quelle année ? Il ne me demande pas t'as quel âge, il me dit t'es nain quelle année ? C'était en 88, je lui dis en 1972. Il me regarde, il me dit mais t'as 16 ans. Et moi tout content, oui bientôt à la fin de l'année, en décembre. Je ne peux pas te prendre, c'est minimum 17 ans, autorisation parentale, etc. Bon. Je suis resté un an et demi dans le civil en attendant d'avoir 17 ans.
- Speaker #0
D'accord. Très intéressant.
- Speaker #1
Et j'allais... Et l'école, à un moment donné, les 4 derniers mois d'école que j'ai fait en scolarité, l'école était pas très loin de ce poste de recrutement à Bayonne, là-bas. Et je séchais régulièrement les cours. Les derniers mois, j'allais pas beaucoup en cours. Et j'allais au poste de recrutement. Et les capos rochevres, ils m'accueillaient, ils étaient contents de me voir. Ils me montraient à l'époque des cassettes vidéo VHS de films de la Légion, de... documentaire. Donc, mon premier jour, je me suis engagé. Et donc, je savais que c'était la visite médicale, c'était le petit entretien. Et le soir, on prenait le train pour Aubagne.
- Speaker #0
Avant de continuer sur ton parcours, j'avais envie qu'on évoque ensemble l'institution de la Légion elle-même, son histoire, etc. Pour commencer, la devise de la Légion, si je ne dis pas de bêtises, c'est Légio Patria Nostra
- Speaker #1
Ouais, avec l'accent espagnol. Légio Patria Nostra, ouais.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous expliquer ce que ça signifie, ce que ça veut dire ?
- Speaker #1
C'est Légion Notre Patrie Voilà, tout simplement parce que les légionnaires, ils viennent, ils ne sont pas français pour la plupart, donc c'est des étrangers. Puisque la Légion étrangère, la particularité de la Légion étrangère, c'est de recruter des étrangers qui viennent servir la France. Et donc, ils quittent leur pays et ils viennent donc, c'est leur patrie à compter de leur engagement. La Légion étrangère devient leur patrie.
- Speaker #0
D'accord. D'ailleurs, en tant que Français, si on s'engage dans la Légion, du coup, il me semble qu'on nous donne une autre nationalité, temporairement ?
- Speaker #1
Oui. Par tradition, on a une autre nationalité. C'est une nationalité francophone. Mais comme par tradition, la Légion étrangère recrute des étrangers. Donc là, on va nous donner une autre nationalité. Il y a le choix, c'est canadien, luxembourgeois, suisse, belge. Peut-être j'en oublie une. Et moi, à l'époque, j'avais choisi canadien. Donc moi, on a échangé la date de naissance, parce que j'étais mineur à l'engagement, on me rajoutait un an. Et j'étais devenu canadien, né à Montréal.
- Speaker #0
Ok, intéressant. Et pourquoi la Légion étrangère ? Il y a un lien avec les Légions romaines ou pas du tout ? Oui.
- Speaker #1
Alors, la Légion, c'est une armée un peu différente. Ça a été créé par le roi Louis-Philippe en 1831. Au départ, quand ils ont créé cette armée, avec bien sûr son ministère, son gouvernement de l'époque, on va dire, c'était pour utiliser des soldats pour aller combattre à l'étranger, en dehors des frontières nationales, en dehors des frontières du pays. Donc, ils ont recruté des étrangers.
- Speaker #0
D'accord. Est-ce qu'il y a des grandes batailles mémorables auxquelles la Légion a participé et a été décisive ?
- Speaker #1
Ah, énormément, elle a participé à tous les conflits, mais après, la bataille la plus mémorable qui reste dans les mémoires, c'est Cameroun, dont on fait une commémoration de cette bataille, qui se transforme en prise d'armes dans les régiments, plus une kermesse ensuite. Donc Cameroun, c'est un combat qui a eu lieu en 1863 au Mexique, où en fait, c'est la consécration de la parole donnée, d'aller jusqu'au bout de la mission, jusqu'au sacrifice ultime. puisqu'ils se sont retrouvés à 62 légionnaires contre plus de 2000 mexicains. Voilà, ils sont tous morts. Il n'y en a eu que 5 qui sont restés. Ils sont battus jusqu'au bout.
- Speaker #0
D'accord,
- Speaker #1
très intéressant Pour la parole donnée, pour accomplir la mission Donc c'est resté le combat dans les annales de la Légion Après il y a eu d'autres sacrifices comme ça Notamment en Indochine Où la Légion étrangère a payé un très très lourd tribut Mais Camerone est resté vraiment Le combat mythique, le combat phare C'est l'esprit qu'on inculque aux légionnaires Le sacrifice et l'exécution de la mission jusqu'au bout
- Speaker #0
D'accord Je sais qu'il y a un code d'honneur aussi du légionnaire Est-ce que tu peux nous en parler ?
- Speaker #1
Côte d'honneur du légionnaire, donc 7 paragraphes, donc 7 articles. Dès que le légionnaire s'engage, on lui remet ce petit code d'honneur sous la forme d'une petite plaquette. Voilà, il doit la prendre par cœur. Et ça commence, légionnaire, tu es involontaire, servant la France avec honneur et fidélité. Donc voilà, on passe au-delà. Et ils expliquent dans tous les... je ne vais pas triciter le code d'honneur complet, j'espirerais d'avoir un trou de mémoire et là... Mais bon, c'est chaque légionnaire est ton frère d'armes, quelle que soit sa nationalité, sa race ou sa religion. Tu dois lui manifester la solidarité étroite qui doit unir les membres d'une même famille. C'est-à-dire que le légionnaire, qu'il arrive de n'importe quel coin du globe, n'importe quelle latitude, on l'accueille et on le forme comme un légionnaire, dans la tradition et suivant les règlements de l'armée française.
- Speaker #0
D'accord. Je me demandais aussi, combien il y a de pourcentage à peu près de Français par rapport à d'étrangers qui s'engagent dans la Légion ?
- Speaker #1
Alors, je ne suis pas au recrutement, donc je n'aurai pas les chiffres exacts, bien évidemment. Mais on est de l'ordre, je crois, 20 ou 30% de Français actuellement. Mais la Légion étrangère manque de Français. Elle a besoin de Français, elle a besoin de francophones. Donc tous les jeunes gens français dynamiques, ils peuvent venir à la Légion étrangère, ils sont les bienvenus. La Légion étrangère recrute.
- Speaker #0
Je me demandais également quelle différence majeure il y avait entre la Légion étrangère et les autres corps d'armée, l'armée de terre, l'armée de l'air.
- Speaker #1
Ah, en fait, c'est très simple. C'est que la Légion étrangère fait partie intégrante de l'armée de terre. Je le répète tellement souvent, parce que souvent, les questions qui reviennent, on fait partie intégrante de l'armée de terre. La particularité, comme je t'ai dit tout à l'heure, c'est que la Légion étrangère recrute des étrangers. Voilà. Maintenant, cet étranger sera formé comme légionnaire, mais comme militaire français au service de la France.
- Speaker #0
Même quelqu'un qui a un casier, par exemple, je crois, peut potentiellement du coup candidater malgré tout à la Légion, contrairement à d'autres corps d'armée, si je ne dis pas de bêtises.
- Speaker #1
Potentiellement, la Légion étrangère veille quand même au grain. Il y a une enquête qui est faite. La Légion étrangère a accès au service de police, accès au renseignement, même à... Et... a des accords avec Interpol, donc quelqu'un qui a des grands crimes au compteur, non, ne rentrera pas. Il y a vraiment le petit larcin qui va passer éventuellement, si le candidat est intéressant, mais aujourd'hui, le criminel a proprement parlé, comme c'est un peu dans les idées populaires, non.
- Speaker #0
Et chez le nouvel recrut, qu'est-ce qui revient le plus souvent dans les motifs d'engagement ? Pourquoi les gens s'engagent en général ?
- Speaker #1
Pourquoi les gens s'engagent ? C'est essentiellement l'aventure, devenir un soldat professionnel. Pour d'autres, c'est une deuxième chance, parce que la vie s'est écroulée autour d'eux, et la Légion étrangère, comme recrute, assez longtemps dans l'âge, on peut venir jusqu'à moins de 40 ans, 39 ans et quelques mois, il peut s'engager à la Légion étrangère. Donc ça permet à des gens, par exemple toi Yanis, je ne te le souhaite pas, mais si un jour ça ne marche pas, tu seras le bienvenu à la Légion étrangère, avec ton frère également. donc voilà la Légion Extranger peut offrir une deuxième chance pour quelqu'un qui a 28, 30,
- Speaker #0
32 ans en plus ça peut être mon cas justement et beaucoup de jeunes aujourd'hui en fait, peut-être manque d'un peu de sens dans leur vie, en tout cas c'est ce qu'ils ressentent ils s'ennuient un petit peu, est-ce que justement la Légion pourrait leur proposer quelque chose d'alternatif ? bien évidemment je comprends je voulais également parler du coup du test en lui-même d'entrée de la Légion, en quoi il consiste qu'est-ce qu'il faut être capable de faire dans les grandes lignes ?
- Speaker #1
Dans les grandes lignes, il y a un peu de sport. Il y a le test du Luc Léger, qui est un test d'endurance par système de va-et-vient avec des bip. C'est le test qu'on retrouve dans les écoles, etc. On retrouve les mêmes tests que l'armée française. Peut-être qu'ils vont demander un peu plus en renforcement musculaire. Mais après, ce sera un test psychotechnique, visite médicale, l'entretien psychologique et l'enquête.
- Speaker #0
Je crois qu'il y a un nombre de tractions ou de pompes.
- Speaker #1
Il demande toujours un minimum de traction pour l'enforcement musculaire, mais après, ça va dépendre des flux exactement. Mais bon, c'est sûr qu'il est préférable que quelqu'un qui s'engage, il vienne, il soit renforcé musculairement, il soit en capacité de faire entre 5 et 10 tractions, c'est toujours bien, bien sûr. Quand on vient s'engager à la Légion étrangère, il est quand même souhaitable et préférable que le candidat physiquement soit préparé.
- Speaker #0
Tu penses que tout le monde peut réussir les tests d'entrée s'il est assez préparé et déterminé ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr, oui, parce que ce n'est pas inaccessible, c'est accessible à tous. La Légion étrangère, c'est aussi l'école de la formation. On va entraîner les gens après pour qu'ils progressent, pour qu'ils soient meilleurs. Et puis après, on a besoin de spécialistes aussi. Il aura une formation de combattant au départ, mais ensuite, il peut très bien basculer sur une spécialité où là, les demandes physiques sont moins intensives.
- Speaker #0
Sur le nombre de personnes, de candidats qui se présentent, il y en a combien qui arrivent au bout, qui arrivent à devenir légionnaires ? À peu près, si tu as une estimation.
- Speaker #1
Alors, je sais qu'il y a quelques années, ils recrutaient 1 sur 10. Il y avait beaucoup de monde qui s'engageait. La sélection était rude. Ils n'avaient pas besoin d'un an de monde. Aujourd'hui, c'est beaucoup plus ouvert. Donc, il y a beaucoup plus de possibilités à ce que les gens peuvent s'engager. C'est sélectionné, mais c'est plus ouvert.
- Speaker #0
D'accord. Et en cas d'échec, est-ce qu'on a le droit de se représenter potentiellement ?
- Speaker #1
Alors, ça dépend du pourquoi de l'échec. Mais si, par contre, il est marqué inapte définitif, là, c'est terminé. Mais il y a des gens à qui ils ont dit, même chose, je ne suis pas dans le recrutement, je n'ai pas tous les tenants, les aboutissants aux réponses que tu me demandes, mais effectivement, des gens ont, par exemple, une aptitude temporaire. On leur dit, voilà, vous revenez dans six mois, dans un an, ou alors, il y a une aptitude médicale, donc faites-vous soigner cette pathologie et dans six mois, c'est bon, un an, c'est bon.
- Speaker #0
J'aurais aimé savoir également s'il y avait des femmes dans la Légion comme dans d'autres corps d'armée potentiellement.
- Speaker #1
Ah, ça c'est la question toujours qui revient. Des femmes. Alors, il n'y a pas de femmes comme engagées volontaires. Légion étrangère, E-V-L-E. Il n'y a pas de femmes qui peuvent s'engager à la Légion étrangère. En revanche, la Légion étrangère accueille des femmes et a des femmes qui travaillent à la Légion étrangère. C'est notamment le cas des femmes spécialistes, comme des médecins, comme des juristes, des avocates, on en a dans les rangs. Elles appartiennent au régime général, à l'armée régulière, et elles viennent servir à la Légion au titre de cette spécialité dont on a besoin pour une durée déterminée ou indéterminée. Et ensuite, on a du... Comme toute l'armée aujourd'hui, quel que soit le corps d'armée, air, terre, mer, on a du personnel civil de la défense qui travaille dans les régiments et on a beaucoup de personnel féminin qui occupe des postes dans des régiments de la Légion étrangère. Donc la Légion étrangère, c'est accueillir le personnel féminin.
- Speaker #0
Je voulais maintenant revenir à la suite de ton parcours. Après cette entrée, ce premier jour, ces tests réussis, une phase de 4 mois pour recevoir le képi blanc, devenir légionnaire. Est-ce que tu peux nous raconter comment ça s'est passé pour toi ? Quels souvenirs t'en gardes ?
- Speaker #1
Pour redévelopper un peu par rapport au début, quand on s'engage dans un poste de recrutement, on est orienté sur Aubagne. Que le candidat... À l'époque où je me suis engagé, il y avait des postes d'information et des postes de recrutement. Aujourd'hui, c'est essentiellement des postes de recrutement. Ça a été diminué. C'est dans les villes principales. On a Paris, Lyon. Il y a un poste de recrutement pas très loin d'ici. Le personnel s'engage. Il a un pré-test là-bas sur place, d'ordre médical et psychotechnique. Et ensuite, c'est bon, il a cheminé sur Aubagne. Où Aubagne, il y a le centre de sélection et d'incorporation de la Légion étrangère. Où là va effectivement se déclencher la véritable sélection. Voilà. Et là, dans cette sélection, elle peut durer aux alentours de 3 à 4 semaines, où le candidat va passer, parce qu'on a évoqué tout à l'heure les tests psychotechniques, physiques, l'entretien, l'enquête. L'enquête se fait à Aubagne. Et s'il est sélectionné, donc là, il va partir pour Castelnaudary, au 4e régiment étranger, où là, c'est l'école de la Légion étrangère, où là, pendant 4 mois, il va faire sa formation initiale en tant que légionnaire. C'est là où il aura le fameux képi blanc. c'est là qu'il obtiendra le quibilan à l'issue de ces 4 mois de formation il y a un classement et en fonction de son classement il peut choisir le régiment d'affectation où il va être affecté, où il va servir donc les premiers bien sûr choisissent ce qu'on appelle leur choix, le premier choix et d'autres auxquels il n'y a plus de place donc ils seront affectés en fonction des besoins de la légion étrangère
- Speaker #0
Pour toi ça a été difficile cette phase de recrutement vous vous êtes bien préparé, de ce que j'ai compris ça a tout roulé ces 4 mois ?
- Speaker #1
Moi, j'étais très jeune, j'étais heureux de tout. J'étais comme un poisson dans l'eau. On me faisait creuser un trou toute la nuit, j'étais content, je me défonçais avec la PLUS. Avec le recul, quand je réfléchis, je me dis que j'étais vraiment à fond la caisse. J'ai passé une très bonne instruction. Alors, c'était difficile, c'était difficile sur le plan physique parce que ce qui était le plus dur pour moi, c'était le sommeil, le manque de sommeil. J'avais 17 ans et dès qu'on tapait dans le sommeil et tout... Je devais bien ressembler à un sacré zombie. On était au radar, on était beaucoup épuisé, le manque de sommeil, l'alimentation, la suractivité, ça met un homme à plat. Je suis toujours bien sorti physiquement, mais ce que je peux dire, c'est que le manque de sommeil, ça a été terrible. Et tu as eu un bon classement du coup à cette... ? ou là une fois qu'on a affecté à Calvi donc il y a 3 semaines qu'on appelle 3 semaines de promotion c'est la formation au brevet parachutiste et ensuite on a affecté dans une compagnie du régiment
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous raconter la journée type d'un légionnaire comment ça se déroule journée semaine type
- Speaker #1
Là, ça va dépendre de pas mal de choses. Essentiellement, les activités auxquelles sa compagnie, son régiment, sont engagés. Donc, s'il est sur le terrain, c'est les activités de terrain, préparation, mission. Mais en règle générale, pour une journée normale au régiment, au quartier, à la caserne, ça va être 7h30 le rassemblement. Donc au préalable, il a le réveil en compagnie, l'appel, ce qu'on appelle les TIG, travaux d'intérêt généraux, puisque le casernement doit être net. Ensuite arrive le rassemblement, 7h30. A l'issue du rassemblement, dans la grande règle générale, c'est sport. Sport jusqu'à 9h30, donc là le sport c'est en fonction des sections, en général c'est footing, sport de combat, sport collectif, ou en fonction des préparations, si une section a un stage commando à préparer, ça va être préparation sous type de parcours, type d'entraînement musculation. Ensuite de 9h30 jusqu'à midi, ça va être le travail dans la section, donc essentiellement c'est préparation du matériel, entretien des matériels, des véhicules. midi, ce qu'on appelle la soupe. Et en fonction du régiment, c'est reprise du boulot 13h30 ou 14h, jusqu'à 17h30 ou 18h, en fonction du régiment, là aussi également, de leurs horaires. Et là, c'est les mêmes choses, c'est préparation du matériel, des missions. En fait, il y a énormément de choses dans la vie du militaire. Et actuellement, c'est beaucoup, beaucoup de préparation sur les missions. Donc entraînement au combat, préparation au combat. Ensuite, quand les heures de service sont terminées, Soit le légionnaire est de service au niveau du régiment, au niveau de sa compagnie, il fait son service. Soit il est en liberté de manœuvre ou il est en stage, en formation.
- Speaker #0
D'accord. Tu pourrais nous parler également de l'ambiance dans la Légion, la camaraderie, comment ça se passe ?
- Speaker #1
En général, les légionnaires sont assez soudés, ils sont très fiers d'être légionnaires. Après, automatiquement, il y a des communautés par nationalité. Quand il y a des Népalais qui se retrouvent à des milliers de kilomètres de chez eux, ils sont Népalais, le soir, ils vont manger ensemble, ils discutent ensemble. C'est comme si nous, on s'engage dans une armée au fin fond du bout du monde et puis on se retrouve trois Français, ça va créer des liens. La cohésion et l'entente est bonne au sein de la Légion étrangère. Après, ça ne dit pas qu'ils ne se tapent pas sur la gueule de temps en temps. Et puis surtout, la Légion étrangère, c'est encadré. La Légion étrangère, c'est encadré, c'est dirigé. Il y a toujours une forte hiérarchie. Il y a toujours un supérieur au-dessus. Donc c'est toujours cadré. Il y a très très peu de débordements.
- Speaker #0
Vous évoquez justement, est-ce qu'il y a un esprit de compétition aussi, entre les légionnaires ?
- Speaker #1
Dans le sport. Dans l'activité. L'esprit de compétition est poussé. Et puis surtout, on cherche à le développer. Parce que c'est comme ça qu'on fait monter les gens. C'est en justement leur mettant l'esprit de compétition, d'aller au bout d'eux-mêmes. Mais ça reste dans le bon esprit. Parce que s'il y a un challenge, une compétition, on va applaudir déjà ceux qui participent. Ce sera un respect aux vainqueurs. Ceux qui ont été jusqu'au bout, mais qui ne sont pas classés dans les premiers, mais qui ont quand même été jusqu'au bout, ils ont fait l'épreuve. Donc il y a tout cet ensemble, ça fait partie de l'état d'esprit général. C'est très important de maintenir ça à flot et de l'entretenir.
- Speaker #0
D'accord. Je me demandais aussi la relation entre les officiers et les légionnaires, comment ça se passe en général ?
- Speaker #1
C'est très hiérarchisé la Légion étrangère, donc il y a beaucoup de respect envers les supérieurs. Les supérieurs sont énormément respectés et les supérieurs respectent également leur subordonnée parce que pour que l'accomplissement de la mission soit fait, il faut que tout le monde aille dans le même sens. Avec respect, avec fraternité et surtout que l'état d'esprit corresponde à chacun. A la Légion étrangère, c'est très simple parce que quand il y a faute, il y a sanction. quelqu'un qui n'est pas dans le mouvement ou qui fait entre guillemets vulgairement une connerie tout de suite une sanction par rapport à la connerie et ça marche comme ça tu nous parlais tout à l'heure d'ailleurs on a évoqué les stages commandos un petit peu,
- Speaker #0
qu'est-ce que c'est, comment ça se passe
- Speaker #1
Une formation commando, c'est une formation dans laquelle on va mettre l'individu dans une situation difficile qu'il peut rencontrer au combat. Donc c'est sur le plan physique, psychologique. Sur le plan physique, il y a pas mal d'aspects parce que ça va être avec des pistes d'audace, qu'elles soient terrestres, qu'elles soient nautiques, qu'elles soient aériennes, sous forme de câbles. Et là, surtout, on va tabler sur l'état d'esprit, on va pousser parce qu'on en parlait tout à l'heure dans les retranchements psychologiques. C'est un manque de sommeil, manger très peu et très mal, activité sur activité permanente. Donc on va pousser l'individu dans ses retranchements. Et sur 3 à 4 semaines, ça permet déjà au commandement de découvrir les gens, savoir comment réagissent chaque individu. Et ça permet aussi au gars de se découvrir et de voir ses points faibles, ses points forts, qu'est-ce qu'il peut améliorer, là où ça n'a pas été. En fait, on découvre pas mal de choses.
- Speaker #0
D'accord, toi tu en as fait plusieurs j'imagine est-ce que tu as à nous raconter le pire peut-être que tu as pu traverser, surmonter le pire,
- Speaker #1
en fait tout est difficile à partir du moment là comme je t'ai dit où on tape sur les facteurs clés sommeil, nourriture, suractivité mais les stages commando les plus durs il y a Montlouis c'est dans les Pyrénées, Pyrénées orientales c'est le centre national d'entraînement commando c'est à dire que tous les commando de de l'armée française, sauf la marine, passe par Montlouis pour leur formation. La marine, ils ont leur formation à part. Mais donc, on fait là-bas les formations d'aguerrissement, formation d'entraînement. On fait aussi les moniteurs commando et les instructeurs commando. Les formations se font là-bas. Moi, j'ai fait un premier stage commando à Djibouti, en 91, comme première classe. Donc là, ce qui était très dur à Djibouti, c'était la chaleur et l'humidité. C'était vraiment difficile parce que ça s'épuise énormément. Et ensuite, j'avais fait un stage commando en 93 à Montlouis. Là, j'étais caporal, j'étais chef d'équipe. Et là, ce qui était difficile aussi, c'était la suractivité. Surtout, c'était novembre, décembre, c'était le froid, neiger, etc. Là, il n'y a pas de nuit sympa. De toute façon, on ne dort pas trop, mais même si on marche, c'est vrai, il fait vraiment très froid. Et c'est vraiment de la suractivité permanente. Ensuite, j'ai fait des stages plongeurs, donc c'est toujours un peu assimilé avec des passages assez difficiles physiquement. Donc, le corps et l'esprit sont mis à rude épreuve à chaque fois.
- Speaker #0
D'accord. Et c'est des stages pour y participer, c'est en étant volontaire de le faire ? Ou des fois on peut être... on nous le propose, on nous l'impose peut-être ?
- Speaker #1
C'est les deux. En fait, si la compagnie dans laquelle on est affecté doit aller faire le stage commando à Mont-Louis, c'est toute la compagnie, tout le monde qui y va. Ensuite, si la compagnie a besoin de renforts ou d'une autre unité, on peut faire un appel, est-ce qu'il y a des volontaires pour faire cette formation ? Ensuite, les formations de moniteurs et d'instructeurs, c'est essentiellement sur le volontariat.
- Speaker #0
D'accord. Aujourd'hui, t'as le grade de major. On se demandait du coup comment on gravit les échelons en fait dans l'armée, comment ça se passe le passage ?
- Speaker #1
Dans l'armée ou dans la Légion ?
- Speaker #0
Dans la Légion, plutôt.
- Speaker #1
Bon, c'est le même... C'est la même hiérarchisation que dans l'armée normale, sauf qu'à la Légion étrangère, tout le monde s'engage comme deuxième classe. On peut s'engager comme deuxième classe aussi dans l'armée française, que ce soit Air, Terre, Mer, mais il y a aussi l'accès par une école de sous-officiers, directement. Il passe un concours, il fait l'école, il fait une formation, et 7 à 9 mois après, il a déjà le grade de sergent de sous-officier. Dans la Légion étrangère, ça n'existe pas. Tout le monde commence deuxième classe. et doit avir les échelons de militaire du rang, c'est-à-dire deuxième classe, première classe, caporal, caporal-chef, et ensuite accéder au grade de sergent de sous-officier. Donc là, en moyenne, dans la Légion étrangère, quelqu'un qui s'engage comme deuxième classe, avant de devenir sous-officier, il faut compter une moyenne entre 3 et 6 ans, en fonction des régiments, en fonction du personnel.
- Speaker #0
D'accord, il y a un examen de passage ou alors on identifie un profil d'une personne qui serait en mesure justement d'être promue ?
- Speaker #1
C'est ça, en fait on identifie le profil et il y a un examen, il y a un stage à faire. Par exemple, pour devenir caporal, c'est un stage de deuxième classe, de légionnaire à légionnaire de première classe. Le passage se fait automatiquement au bout de 10 mois de service. Par contre, de première classe à caporal, c'est le commandement qui va identifier, puisque caporal, il va accéder aux fonctions de chef d'équipe. Il aura un commandement. Il va commander 5 à 6 bonhommes, il évolue dans une section, ou quand il est caporal de jour, il a la responsabilité de la section sous ses mains. Donc on doit avoir quelqu'un qui sait commander, qui est apte au commandement et à diriger des éléments. Et ce stage-là, c'est un stage qui dure 8 semaines.
- Speaker #0
en moyenne, et qui se fait à la Légion étrangère à Castelnaudary, au 4ème Régiment étranger. Après, il existe des formations dans les régiments, en interne, où là, le stage peloton de caporal, à mon époque, s'appelait CME, Certificat Militaire Élémentaire. Aujourd'hui, ça s'appelle FGE, Formation Générale Élémentaire. Et ça peut se faire de façon plus courte dans les régiments sur 5 à 6 semaines. Mais c'est assez intensif, quand même.
- Speaker #1
D'accord. J'ai une question un peu plus globale. Selon toi, en résumé, qu'est-ce que la Légion apporte à un homme ? Si vous aimez cet entretien, je vous invite à découvrir Kalos, notre marque de bijoux, vêtements et accessoires en l'honneur de l'histoire de France et européenne. Des produits de qualité qui sont fabriqués en France pour la plupart de façon artisanale. Alors, si vous avez envie d'accorder votre tenue avec vos valeurs ou d'offrir un cadeau qui a du sens, rendez-vous sur kalos-france.com
- Speaker #0
Qu'est-ce que la Légion apporte à un homme ? Déjà, ça va en faire... Pour quelqu'un qui s'engage à la Légion étrangère avec une certaine motivation ou même sans motivation, on va en faire un soldat professionnel. On va en faire un soldat professionnel apte à remplir des missions au service de la France. Et dans certains cas, ce sera un soldat professionnel, mais dans certains cas, ce sera une machine de guerre. dans certaines unités, dans certaines sections, le gars devient vraiment un combattant d'élite fait pour la guerre.
- Speaker #1
J'aurais aimé qu'on avance dans ton parcours jusqu'à... Pour évoquer ensemble le terrain, ce qu'on appelle les OPEX, les opérations de terrain extérieur.
- Speaker #0
OPEX pour opération extérieure.
- Speaker #1
Quelle est ta première opération extérieure ? Quelle t'as participé ?
- Speaker #0
Ça a été le Tchad en 1990. Voilà, en fait, il y a eu un renversement de pouvoir entre le président de la République du Tchad et celui qui a la renversement. C'était Hissène Abré et Idriss Déby en décembre 90. Et donc, le deuxième rep à l'époque est intervenu là-bas. Donc, c'était, si je ne dis pas, il y avait des éléments qui étaient partis déjà. Et pour nous, il y a eu une alerte un dimanche matin. et donc l'alerte elle a pété vers 8h et quelques du matin et à 15h on était dans les avions avec armement et pactage et 8h après on faisait un posé d'assaut sur l'aéroport d'Enjamena au Tchad
- Speaker #1
Vous pouvez être rappelé comme ça, et quelques heures après, de voir...
- Speaker #0
Voilà, en fait, à l'époque, on avait le tour de ce qu'on appelait le guépard, alerte guépard, et les régiments où ils étaient en alerte guépard, on savait que sous 24 heures, on devait être prêt à partir. Donc nous, on était en alerte guépard, et donc, quand l'alerte a été donnée, on a été prêt à intervenir. L'anecdote, là, me concernant, c'est que on est parti le 1er décembre, et le 10 décembre, j'ai fêté mes 18 ans en opération. Donc en fait, je suis parti en opération, j'avais pas encore 18 ans. C'était un gros souvenir parce qu'en fait on a fait un posé d'assaut et on nous a distribué les munitions dans l'avion et on nous a dit allez grailler les chargeurs, préparez-vous, on fait un posé d'assaut. Je crois que si on m'avait pris les pulsations cardiaques à ce moment-là, j'éclatais le cardio-fréquence-mètre. J'étais excité inimaginable.
- Speaker #1
C'est vrai qu'on voit les jeunes d'aujourd'hui, moi compris, à 17 ans, où notre souci, ça va être de la fille avec qui on parle ou quoi. Là, c'est autre chose, c'est clair. Tant garde, quel souvenir de cette première opération ?
- Speaker #0
Une très belle expérience parce que beaucoup d'adrénaline, beaucoup d'excitation qu'il a fallu gérer. On a eu des cadres, ça a été maîtrisé. Et puis, c'était une première en mission. en mission extérieure, à vivre des actions de combat, des actions difficiles, à avoir peur, pour de vrai. A avoir faim, vraiment très faim. Et là, par contre, contrairement à un stage où on sait qu'à un moment donné, on aura mangé ou quoi, mais là, on a eu un ravitaillement assez tard à un moment donné. C'était une belle expérience.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux nous donner la liste de tous les pays dans lesquels tu es allé en opération ?
- Speaker #0
Alors, le Tchad, le Djibouti, la Somalie, la Centrafrique, l'ex-Yougoslavie, les Émirats Arabes Unis, la Guyane. Et après, j'ai fait plusieurs fois, par contre, le Tchad, j'ai fait plusieurs fois la Centrafrique et plusieurs fois Djibouti. En fait, c'était dans les années 90, c'était les terrains où on était souvent envoyés.
- Speaker #1
Partir en opération tous les combien à peu près ? Quelques mois ?
- Speaker #0
Alors en moyenne, il y a les missions de courte durée qu'on appelle MCD, missions de courte durée qui sont de l'ordre de 4 à 6 mois. Et il y a ensuite les missions de longue durée qui sont des séjours où là on va partir de 2 ans à 3 ans. Quand on est en mission de courte durée, on part avec son régiment. On revient, on appartient toujours au régiment. Quand on part en mission de longue durée, on a fêté dans un autre régiment à l'étranger. D'accord. Ensuite, il y a des missions qui peuvent être plus courtes, comme là, quand j'étais parti au Tchad la première fois, quand c'est des formes d'alerte guépard, c'était trois semaines et on est revenu.
- Speaker #1
Vous savez combien de temps vous allez partir ? Ça dépend bien sûr de comment se déroule la mission.
- Speaker #0
En général, on part pour une mission de courte durée. En général, c'est quatre mois qui peuvent, sur place, être soit raccourcis en fonction des éléments géopolitiques sur place, soit rallongés. Mais les relèves se font quand même dans l'ordre de quatre à six mois.
- Speaker #1
J'imagine. Et dans toutes ces missions que tu nous as évoquées, il y en a une qui t'a particulièrement marqué, qui a été particulièrement difficile ?
- Speaker #0
Difficile, il n'y a eu aucune de facile en fait. La Somalie, c'était difficile, c'était une opération dure, c'était intense. La deuxième Centrafrique, je fais trois passages en Centrafrique, la deuxième Centrafrique, oui, c'était costaud. Et la première ex-Yougoslavie était difficile, notamment sur le plan de la météo, puisqu'on a fait cette mission-là de... De novembre à mars, on a eu le gros de l'hiver. On a été inondé, on était sur le mont Igman à l'époque, et les températures descendaient à moins 20, moins 25 la nuit. Et à l'époque, on n'avait pas des super équipements. Et après le froid, on a compris ce que c'était que le froid intense.
- Speaker #1
Du coup, il y a des situations extrêmes parfois, de privation de sommeil, de nourriture, comme tu nous l'évoquais.
- Speaker #0
La nourriture, ça allait en opération. On avait quand même les rations, les choses comme ça. On ne peut pas dire qu'on a crevé la dalle, comme dans d'autres situations. Mais ce n'est pas le banquet non plus, ce n'est pas le festin. Par contre, le froid, c'était permanent. On n'était encore pas équipés. On avait débarqué là-bas en Rangers. On a eu après d'autres chaussures sur place, des K2, après on cherchait à acheter chez les Américains des chaussures Gore-Tex. Mais on a souffert des pieds gelés, les équipements c'était encore les anciens treillis, on n'avait pas du tout d'effet chaud plus que ça. C'était 1995-1996, t'es pas vraiment équipé pour des températures de cet ordre-là.
- Speaker #1
Et t'es arrivé de te blesser en opération extérieure ? T'as une grosse blessure peut-être qui t'a marqué ?
- Speaker #0
grosses blessures pas handicapantes mais des chocs des coups des pêtes des impacts mais pas pas des blessures handicapantes en opération extérieure j'étais plus blessé après en sport que par la suite qu'en opération extérieure face
- Speaker #1
à toutes ces situations extrêmes comment on renforce son mental comment on tient le coup
- Speaker #0
On tient le coup parce que, d'une part, c'est très intrinsèque. Les gens sont faits pour ça ou pas. Il y a une partie intrinsèque qui est indéniable, on ne peut pas le nier. Quelqu'un qui vient à la Légion étrangère, il vient pour chercher à la base ce type de situation. Et après, c'est la cohésion entre les hommes. On est un groupe, on est soudés, chacun se tire les uns sur les autres pour s'aider. Pas se tirer dessus, mais pour se tirer les uns avec les autres. C'est un bloc, c'est une cohésion et ça permet d'aller jusqu'au bout.
- Speaker #1
Je pense que là, comme tu le disais, la cohésion doit être fondamentale dans ces situations.
- Speaker #0
C'est inévitable, c'est inéluctable, c'est vraiment le ciment qui fait faire bloc.
- Speaker #1
Je me permets de te poser également cette question, est-ce que tu as déjà sauvé des vies en opération ?
- Speaker #0
Ah, j'ai rendu service à quelques potes, des fois. Comme ils m'ont rendu service.
- Speaker #1
Bien sûr. Tout ça m'évoque le sens du sacrifice. J'imagine que c'est quelque chose qui est très important dans la vie d'un légionnaire et dans l'armée en général. On risque sa vie tout le temps pour des gens qu'on ne connaît pas. Est-ce que ça t'évoque cette dimension de sacrifice à toi ?
- Speaker #0
En fait, quand tu es militaire et que tu pars en mission d'assistance extérieure, en mission opérationnelle, tu sais que tu as un ticket à aller, mais que le ticket retour n'est jamais garanti. Ça, tu le sais. Ça fait partie de la situation. Donc, en fait, contrairement à quelqu'un à qui on va expliquer cette situation et qui va croire qu'on est fou, nous, on sait que ça fait partie du lot. On sait que ça fait partie du pactage. Je vais te prendre l'exemple du sport. Tu prends un boxeur, il sait qu'il risque un chaos. Ici, qui risque un mauvais coup, tu vas expliquer ça à quelqu'un qui ne fait pas de sport de combat, il va dire, vous êtes complètement fou. Pourquoi ? Bon, ben voilà, là, sur un autre thème, t'es militaire, t'es un soldat professionnel, c'est ta vocation, c'est ta passion, et tu sais que tu risques de ne pas revenir, c'est comme ça.
- Speaker #1
Je sais également que t'es croyant de confession catholique, si je ne vous dis pas de bêtises.
- Speaker #0
Je ne suis pas le plus grand pratiquant, mais je suis croyant.
- Speaker #1
Quelle place ça a dans ta vie, que ce soit perso ou en tant que militaire, ça a une place importante pour toi ?
- Speaker #0
Quand c'est difficile, on essaie toujours de se rattacher à quelque chose. Ou quand il y a quelqu'un de la famille qui va mal, on a toujours une demande à faire, c'est sûr.
- Speaker #1
Et pour terminer sur le volet du terrain, est-ce que tu as des anecdotes ? Peut-être une dernière anecdote à nous raconter sur le terrain ?
- Speaker #0
Ouais, un truc qui est toujours marrant, qui fait rire. Je l'avais déjà raconté. C'était en Centrafrique une fois. Il y a un des rebelles, il a lancé un coupe-coupe. Le coupe-coupe, je me suis juste baissé. Il m'est passé au-dessus de la tête. J'ai senti le... Donc c'était la négote à quelques centimètres, à quelques dixièmes de seconde près, je le prenais au moins dans la gorge. donc la flexion de jambe a été a été de bonne augure maintenant j'aurais aimé qu'on continue du coup sur ton parcours concernant ton passage comme instructeur physique comment ça s'est passé ?
- Speaker #1
comment tu es devenu instructeur physique si je ne dis pas de bêtises pour la légende ?
- Speaker #0
alors instructeur sport de combat ou moniteur de sport militaire
- Speaker #1
Et du coup, tu as commencé par lequel des deux ? Ça s'est fait en parallèle du reste ?
- Speaker #0
On commence par moniteur de sport.
- Speaker #1
D'accord. C'était en quelle année ?
- Speaker #0
Alors, j'ai fait un stage d'aide-moniteur d'entraînement physique, militaire et sportif en 1995. J'étais caporal en compagnie de combat, j'étais à la 3ème compagnie à Calvi et j'ai été faire ce stage-là, qui à l'époque durait 5 ou 6 semaines, il faut que je revoie le calendrier, et je suis revenu en compagnie. Donc en fait ça me permettait en compagnie de combat de m'occuper un peu plus du sport, notamment dans les encadrements de stage, de préparer les échauffements, de mieux conseiller les gens sur les épreuves en elles-mêmes, de faire les étirements à l'issue. Et j'ai été orienté officiellement dans la branche au sport en 1997. où là j'ai quitté la compagnie de combat pour être affecté au bureau des sports donc là j'ai été faire la formation de moniteur de sport militaire qui se fait à Fontainebleau, à côté de Paris à l'époque c'était l'école interarmée des sports aujourd'hui c'est centre national des sports de la défense, où la formation durait quasiment 8 mois,
- Speaker #1
7 mois et demi voilà comment on fait pour être un bon instructeur, c'est quoi les qualités importantes à avoir ?
- Speaker #0
Il faut avoir un bon sens de la pédagogie, il faut être très humain et il faut avoir le coup d'œil. Voilà, le coup d'œil pour voir les défauts d'un individu, quelle que soit la pratique, que ce soit un parcours du combattant, du sport de combat, de la natation, il faut voir le défaut et proposer une solution pour corriger ce défaut-là, tout en étant pédagogue et humain, pour ne pas dégoûter l'individu, pour ne pas qu'il se sente... dévalorisé parce qu'il y a quelque chose qu'il n'arriverait pas à faire. Il faut essayer de le mettre en valeur, le conseiller au mieux possible. Et surtout, il faut qu'à la fin de la séance, il ait eu l'impression d'avoir progressé et d'avoir été correctement encadré.
- Speaker #1
D'accord. Je constate aussi pas mal aujourd'hui que beaucoup de jeunes rejettent l'autorité et ont du mal avec l'autorité. Pour toi, qu'est-ce que ça apporte, l'autorité ? À quoi ça sert ?
- Speaker #0
Moi, je te dirais une phrase toute simple, c'est que la discipline, c'est la force principale des armées. Voilà, sans discipline, sans rigueur, c'est pas possible d'évoluer correctement. Ensuite, bon là, ça a déborderé sur un peu l'ordre sociopolitique, et c'est des sujets sur lesquels moi, en tant que militaire, je suis tenu devoir de réserve, donc c'est un sujet sur lequel je ne peux pas développer. Mais voilà, dans l'armée, nous, la Légion étrangère, ce qui marche, comme je te l'ai dit tout à l'heure, c'est que c'est hiérarchisé, c'est structuré. et que tout simplement, ça marche droit. Et s'il y en a un qui fait un pas à droite, un pas à gauche, il y a une sanction qui est faite par rapport à la longueur de son pas, de travers. C'est-à-dire que chaque erreur a son thème de sanction. Un retard, ça vaut tant de jours d'arrêt. Une absence, ça vaut tant de jours d'arrêt, etc. Et c'est cadrillé comme ça, et ça marche.
- Speaker #1
Comment on inspire le respect à ces hommes pour toi ?
- Speaker #0
Dans un premier temps, il y a l'exemplarité. Voilà, c'est que si... Toi déjà, tu affiches... Si l'individu affiche déjà une tenue correcte, une attitude correcte, qui fait le travail correctement, qui est présent, qui est humain avec ses gars, déjà, dans toutes les attitudes, il essaye d'être le meilleur possible, le mieux possible. C'est de l'exemplarité. Et donc déjà ça, ça développe inévitablement chez les gens une forme de respect.
- Speaker #1
Je comprends. Et est-ce que parfois le terrain te manque ?
- Speaker #0
Alors très honnêtement, aujourd'hui, moins. Parce que j'ai pris de l'âge, parce que j'ai collectionné pas mal de blessures. Donc effectivement, cette vie de commando, on va dire, tout le temps sur le terrain, je la fais beaucoup moins parce que maintenant, les années sont passées. Donc effectivement, s'il faut y retourner, j'y retournerai. Mais c'est aujourd'hui quelque chose où j'ai dépassé ce cap-là. Je suis appelé sur d'autres fonctions et j'évolue sur d'autres fonctions.
- Speaker #1
Je comprends. Je me demandais également... On sait qu'on apprend bien sûr à se battre dans la Légion, les sports de combat, même du close combat. Quel type de sport de combat vous apprenez ?
- Speaker #0
Alors le close combat c'est très très très ancien aujourd'hui ça a évolué donc là on est sur deux Deux filières essentielles avec les techniques d'intervention opérationnelles à rapprocher et le C4, le combat corps à corps du combattant et les techniques d'intervention qu'on appelle Tchor. Tout vient des bases des sports de combat classiques et traditionnels. Ça va être essentiellement la boxe, tout ce qui est technique au sol, on va retrouver les techniques de grappling, de judo, de jujitsu. On va donner aux gens une formation de base et ensuite on va les emmener de plus en plus vers l'utilisation pour le combat militaire. en étant équipé, en étant armé, en étant fatigué.
- Speaker #1
Je comprends. Vous apprenez aussi éventuellement à être très efficace, hors règles de ce qu'on peut trouver dans les sports d'économie,
- Speaker #0
j'imagine. Il n'y a pas de règles, bien évidemment. Mais il faut que ce soit... Les techniques qu'on va enseigner, il faut qu'elles soient, quelles que soient leurs origines, qu'elles soient hollandaises, américaines, n'importe où, du moment qu'elles sont efficaces et simples à apprendre, on les utilisera et on les mettra en œuvre.
- Speaker #1
D'accord. Est-ce que tu as remarqué d'ailleurs, autre sujet, mais une évolution dans l'institution de la Légion au fil des années ? Depuis que tu t'es engagé en 30 ans, est-ce que tu as remarqué des différences, une évolution particulière ?
- Speaker #0
Tout évolue. Tout évolue. Les gens, la façon de penser, la façon de s'entraîner, il y a toujours une évolution qui se fait. Parce que le monde évolue et quelle que soit l'emprise où l'on est, la société où l'on est, tout évolue.
- Speaker #1
Et même chez les engagés, leur tempérament, ou les différentes nationalités, est-ce que ça a évolué un petit peu ces dernières décennies ?
- Speaker #0
Dans la Légion ? Dans la Légion. De toute façon, le flux de l'engagement a toujours évolué par rapport au courant géopolitique. Donc voilà, les... Voilà, les années 45-50, c'était recrutement des Allemands. Les années 90, c'était énormément des blocs des pays de l'Est. Les années 80, il y a eu énormément d'Anglais après la guerre des Malouines. Et là, aujourd'hui, on est sur un recrutement qui est essentiellement Sri Lankais, Pakistanais, Indonésiens, Hindous.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
On a ces flux-là. On a des Brésiliens aussi.
- Speaker #1
Intéressant.
- Speaker #0
Tout évolue en fonction des courants géopolitiques. Et bien sûr, les mentalités, elles évoluent avec la société. C'est-à-dire que tout simplement, nous, on a connu l'époque des cabines téléphoniques avec la carte pour aller téléphoner. Aujourd'hui, tout le monde a son portable. Donc aujourd'hui, quelqu'un qui s'engage, effectivement, il a son portable, ce qui n'existait pas à l'époque. Donc tout évolue.
- Speaker #1
Il le garde avec lui, même pendant toute la phase de recrutement, etc. Ou il y a quand même une...
- Speaker #0
Non, non, à l'instruction, ils l'ont pas. Ils leur donnent que pendant quelques périodes.
- Speaker #1
Et maintenant, pour finir sur ce volet, est-ce que tu pourrais nous dire qui serait ta plus belle rencontre à la Légion ? Si on n'a qu'une à garder, ça peut être compliqué.
- Speaker #0
Elle est vraiment difficile, ta question. Parce qu'à la Légion étrangère, c'est vraiment le... La cocotte où il y a des gens exceptionnels, remarquables, que ce soit des supérieurs qu'on peut avoir, des subordonnés qu'on a eu, des camarades. Moi là, j'en aurais deux à mettre parce que ce serait difficile de dissocier. Il y a eu l'officier des sports qui m'a recruté, qui m'a formé comme moniteur de sport avant. Je donnerais que son prénom, c'était Jean Noël, officier des sports au deuxième repas Calvi. C'est lui qui m'a recruté et qui m'a formé comme moniteur de sport. Voilà, si lui n'avait pas été là, je serais peut-être encore en compétition de combat au deuxième rep, et je n'aurais jamais été au sport. Et ensuite l'autre, c'est mon meilleur ami actuel, ça fait plus de 30 ans qu'on est ensemble, il est plus ancien que moi à la Légion, il s'appelle Philippe, et voilà, on a fait... J'ai 34 ans de service dans quelques mois, au mois de février. J'ai fait 34 ans avec lui. Je l'ai connu dès que je suis arrivé. On a été des fois séparés puisqu'on n'a pas servi dans les mêmes régiments ou pas les mêmes compagnies, mais on a toujours été très proches. On est actuellement ensemble. Il y a toujours une fraternité qui va se faire, qui en fait ne se retrouve pas ailleurs parce qu'il faut le vivre tel qu'il est à ce moment-là.
- Speaker #1
Vous avez déjà fait une opération ensemble avec ton meilleur ami ?
- Speaker #0
Ouais, on avait fait le Tchad en 94
- Speaker #1
D'accord Je voulais venir sur le volet sportif on l'a un petit peu évoqué t'as été un grand athlète et t'es toujours un grand athlète Ah t'es sympa Est-ce que tu peux nous parler de ton parcours sportif ?
- Speaker #0
Parcours sportif en fait j'ai commencé le judo à l'âge de 5 ans j'ai enchaîné avec karaté et aikido Ah Vous n'êtes sûrement pas connu, mais à l'époque, il y avait une série qui s'appelait Sankukai, un petit sitcom de karaté. Je faisais du judo et quand j'ai vu Sankukai, il y avait Bruce Lee à l'époque et tout. Ça m'a complètement transcendé la vie. J'ai voulu faire du karaté. Et ensuite, par hasard, à l'issue d'un cours de karaté, j'ai regardé l'aïkido et j'ai fait karaté, judo, aïkido. J'ai fait ça jusqu'à l'âge de 6 ans à 11 ans. Et je faisais du judo à mon école aussi. J'étais en école primaire à côté de Bayonne. Et il y avait un prof de judo qui était un super prof, il s'appelait Christian. Donc je me débrouillais bien dans ces trois sports-là. Et je suis rentré aux écoles militaires. Ensuite, aux écoles militaires, en fait, je ne me suis pas spécialisé dans aucun sport, vraiment. J'ai touché à beaucoup de sports. J'ai fait du foot, j'ai fait de l'athlétisme, j'ai fait de la gym, je fais de la natation, j'ai touché à pas mal de sports. Et en fait, on m'a utilisé comme ça parce que, comme j'étais assez complet, chaque fois, ça ramenait des points pour l'école en compétition. Donc, même si je n'étais pas sur le podium, la place ramenait des points. Alors, ça a été une bonne chose quelque part, parce que j'ai touché un peu à tous les sports, ça m'a permis d'être complet. Et c'est dommage d'un autre côté, parce que je n'ai pas été hyper spécialiste quelque part, pour percer vraiment quelque part. Ensuite, quand j'ai quitté les écoles militaires, j'ai fait un an et demi dans le civil, et là je me suis vraiment spécialisé en judo, en lutte et en sambo. C'était pas mal, j'ai fait une médaille d'argent au championnat de France de lutte, en lutte libre, et j'ai fait une médaille de bronze au championnat de France de sambo. J'avais 16 ans. Et la médaille d'argent en lutte, j'avais 17 ans. C'était juste avant mon engagement. Et en judo, j'avais fait une cinquième place au championnat inter-région en judo, et il n'y avait que les deux premiers qui partaient au championnat de France. Donc j'étais pas mal en judo aussi. Et ensuite je rentrais à la Légion. Je fais pas mal de sport et je suis devenu athlète ensuite en boxe pieds-points à partir de 2005, quand j'ai quitté les unités opérationnelles. au niveau en boxe si je ne dis pas de bêtises alors je n'ai pas pu évoluer en boxe anglaise parce que alors j'avais été remarqué à Fontainebleau au cours des stages moniteur militaire que je boxais pas trop mal et en fait j'arrivais à chaque fois à l'époque il fallait avoir une licence amateur avant l'âge de 28 ans pour pouvoir faire de la boxe en amateur dans les années 2000 et moi j'allais avoir 28 ans juste à la fin d'un stage donc c'était puis retourner après ensuite en régime opérationnel à l'époque c'était pas possible parce qu'entre l'enchaînement mission, stage, préparation et tout ça On était très sportif, on était entraîné, mais pour être athlète dans une discipline ciblée, c'était pas faisable. Et quand j'ai quitté les unités opérationnelles, je suis arrivé pour la première fois à Aubagne en 2005. Là, il y avait trois sports qui m'intéressaient, c'était soit reprendre le judo, il y avait l'athlétisme, j'aimais beaucoup le 400 mètres. J'étais classé national 3 sur 400 mètres, je courais en 50 secondes. J'avais fait un championnat de Corse, j'avais gagné en 99 et j'avais fait un championnat inter-région. Et là, pareil, je n'étais pas qualifié pour le championnat de France. Il fallait sélectionner que les 3 ou 4 premiers. Moi, je devais être 8e ou 9e au chrono, mais je n'étais pas sélectionné. Mais j'avais un chrono en moins de 50 secondes, 49,60 au 400 mètres. donc ça m'intéressait de faire de l'athlésisme et il y avait la boxe et donc tu te dis à Aubagne et Marseille il y a énormément de clubs de boxe donc j'ai voulu faire la boxe anglaise et j'allais avoir 33 ans on m'a dit c'est trop tard pour une licence amateur donc on m'a basculé en pieds-points j'ai commencé par le kickboxing il y avait un club au régiment des clubs fédérations sportives et artistiques de la défense et j'ai commencé comme ça le kickboxing ensuite ça a enchaîné le full contact et le kawan Et donc là, oui, j'ai été champion de France en full contact en K1, j'ai fait 8 champions de France en kickboxing, j'ai eu un titre de champion d'Europe en full contact et au championnat du monde de K1 avec l'équipe de France, j'étais éliminé en quart de finale.
- Speaker #1
Magnifique parcours, sincèrement.
- Speaker #0
Non, c'est pas grand-chose.
- Speaker #1
Est-ce que tu as des anecdotes, d'ailleurs, de cette période ? De combats en particulier qui t'ont marqué ?
- Speaker #0
Beaucoup, bien sûr. En finale, mon premier championnat d'Europe en 2010, c'était à Vitrolles. C'était en full contact. Et c'était un soir incroyable. J'avais de la foudre dans les poings. On démarre le premier round, je mets deux... Gauche-droite, il fait un recul de quasiment un mètre, j'entends la foule comme ça. En fait, il était plus grand, on enchaîne le combat et tout. En sortie de corde, il me met un high kick que j'évite, je fais un retrait du buste, mais pas assez, la pointe de son pied me tape dans l'œil. En fait, ça effleure. Moi, j'ai la sensation d'un coup de cutter dans l'œil, mais je continue. Et en fait, l'arbitre m'arrête. Il me dit, va au coin. Il appelle le médecin. Je sentais qu'il y avait un truc qui n'allait pas, mais le médecin, il arrive, il me dit... Déjà, il arrive, il me fait, oh putain ! Voilà, j'entends le médecin dire ça, je dis c'est pas bon. Il me dit tu me vois là ? Je dis bien sûr que je vois. Il me cache l'œil valide avec une main. Il me dit là tu me vois ? Ah non. En fait j'avais une fracture de plancher orbitale. L'œil avait gonflé d'un coup, donc voilà, combat terminé. Après les victoires, c'est toujours des grands moments. Il y a la finale du championnat de France de K1. En fait je fais la coupe de France de K1. Et je gagne et je tombe en finale contre le même mec. Il était très fort, il était pro en anglaise et tout, il tapait l'eau, il était très fort. En plus, je n'étais pas dans ma catégorie de poids et je combattais moi en moins de 81 et là, j'étais en moins de 86. Il y a quand même une différence. Et on a fait cinq rondes de guerre. Voilà, c'était vraiment... Et en souvenir, j'ai que... Les deux premiers rounds, je gagne. Le troisième round, je le gagne aussi. Mais sur la fin du troisième round, je prends un coup de pied dans le menton. Pleine gueule, un bon coup de pied. Et à partir de là, je ne sais plus ce qui se passe. Je ne suis plus là. Je suis KO debout. Le quatrième round, je ne m'en rappelle pas. Je l'ai vu en vidéo, mais je ne me rappelle pas. Le quatrième round, c'est sûr, je perds parce que je ne prends que des coups. Et coup de chance, je suis dans le coin. Au cinquième round, je me réveille. La lucidité revient. Je dis à mon coach, il y a M. Molina qui s'est dit, c'est le dernier round, il faut que tu ailles à la guerre, tu as perdu le dernier round. Et là, en fait, je pars à la guerre et il est compté, l'adversaire est compté au dernier round. Donc là, je prends la victoire. Et ça a été un moment fort. Parce que j'ai une absence de tout ça. Quand on m'a remis la ceinture et après la douche et tout, je ne me rappelle pas. J'étais en bonne sieste. Après, il y a eu le championnat d'Europe. Quand j'ai gagné, c'était un grand moment. Parce qu'en fait, on était serrés tous les deux, les deux adversaires. Il était vraiment trop fort, le mec. C'était vraiment très, très fort. On avait le même style de boxe. On était offensifs tous les deux. On avançait tous les deux. Et franchement, je n'aurais pas voulu arbitrer parce que qui aurait gagné, c'était impossible à savoir. Je pense que je prends la victoire parce qu'il est compté au dixième round. L'arbitre le compte sur un enchaînement. Alors, est-ce que l'arbitre arrête l'enchaînement ? Est-ce que ça aurait continué ? J'aurais pu un peu plus le déstabiliser ou pas. Mais sans ça, je ne sais pas qui aurait gagné. C'était vraiment incontable. Chaque round, c'était impossible de savoir. C'était vraiment coup pour coup. Et ensuite, le regret, le grand, grand regret de ma carrière de boxeur, c'est le championnat du monde où je sors en quart de finale. Parce qu'en fait, c'est ma faute, je perds. Bon, on perd toujours parce que c'est sa faute. Mais là, en fait, j'avais fait un combat très dur la veille. Très, très dur. Et toute la journée, dans les gradins, j'avais pris froid. Je n'étais pas super bien et tout. Donc, le combat était assez tard le soir. Et c'est un combat super dur. On fait tous les deux, c'est vraiment la guerre sur le ring et tout, où je gagne. Et j'étais fatigué et tout ça, et je recombats le lendemain matin. donc j'avais pris froid j'étais pas trop bien combat tard le soir le lendemain matin et ben j'avais pas envie c'était normal d'enchaîner d'un jour à l'autre comme ça un combat ? ouais ben le le championnat du monde WACO c'est un tournoi voilà c'est un combat par jour voilà c'était après on avait le casque on avait les chaussettes de protection pour aller c'était un peu dur ouais ah non mais ça t'a plus dur et puis surtout c'était en 3 fois 2 minutes donc ça allait très vite c'était ça démarrait il n'y avait pas d'observation c'était 3 fois 2 donc boum c'était parti et le donc j'avais fait un 6ème de finale normalement il y a hum On commençait en huitième de finale normalement. Mais ma catégorie, les moins de 80 kilos, il y avait tellement de monde qu'ils ont mis un tour en plus. Donc on a fait sixième de finale. Je fais un sixième de finale qui n'est pas facile, mais qui n'est pas difficile. Je ne suis pas en danger, je ne prends pas de mauvais coups, je gagne, tout se passe bien. Le lendemain, je me dis, mauvaise journée, je prends froid dans les gradins, je ne suis pas super bien. Le combat du soir, il est hyper dur. On laisse énormément d'énergie. C'est vraiment frapper pour frapper. je gagne, c'est un combat dur et le lendemain j'avais pas envie et donc en fait c'est ma faute parce que je laisse vivre le combat moi j'étais pas un grand technicien ni un grand tacticien, en fait j'étais agressif et j'avais une bonne force de frappe j'étais rapide, c'était mes qualités et je les ai pas utilisées, donc j'ai laissé vivre un peu le combat et le gars il a installé sa boxe et chaque fois il mettait un coup de genou, bam bam bam sur chaque technique un coup de genou et 3ème round j'ai les côtes qui ont cassé et je n'ai pas été capable de continuer. Et le gars, en fait, celui qui me sort, il était très fort, mais il était moins difficile que le combattant que j'avais sorti la veille. Donc voilà, c'est un regret, parce que c'est un échec à un championnat du monde. Ça fait un quart de finale, parce qu'un tour suivant, je prenais une médaille. Donc ouais, c'est un échec et c'est un regret. Je comprends, ça a l'air d'être extrêmement difficile comme... Ouais,
- Speaker #1
il y a beaucoup de choses à raconter.
- Speaker #0
Bon, magnifique. Également, je voulais évoquer avec toi, tu as toujours été un grand athlète, tout ce que j'ai pu voir de ton parcours. Est-ce que tu as des conseils pour pouvoir rester justement en forme ? Quel entraînement, toi, tu suis, par exemple, depuis quand ? Quel type d'entraînement, je veux dire, même musculairement ? Ton programme, peut-être ?
- Speaker #1
En fait, la grande règle pour être conservé dans l'entraînement, il faut être continu et régulier. Je ne pense pas que je suis un titre d'exemple parce que ces dernières années, j'ai un peu trop forcé. J'ai plus collectionné les blessures. En fait, je suis très pédagogue. Très attentif à quelqu'un que je vais entraîner, que je vais coacher. Par contre, pour moi, non. J'en ai jamais assez. Et j'ai des symptômes de surentraînement qui ne me mettent pas dans des bonnes prédispositions. C'est-à-dire que normalement, les symptômes du surentraînement, c'est fatigue, pas envie de s'entraîner, manque d'énergie. Je n'ai pas ces premiers symptômes-là. une fois que je suis chaud c'est parti la machine en route par contre je vais avoir mal quelque part une douleur quelque part et je vais continuer jusqu'à trop bête la blessure donc c'est pas un bon cas exemplaire là dessus par contre pour répondre à la question de comment faire il faut être continu et régulier et il faut toujours rester sur un minimum de 3 à 4 séances par semaine Voilà. Ensuite, soit on a un programme et on le suit, mais si on n'a pas de programme et qu'on veut être en condition physique généralisée, il faut alterner entre les séances de renforcement musculaire, de cardio training, d'étirement, de manière à toujours être en condition et apte. Et ce qui est intéressant d'avoir toujours ce cursus, c'est que si tu souhaites te spécialiser, tu es déjà en condition physique. Par exemple, demain tu dis je vais me mettre au trail pendant quelques mois, tu es déjà en condition physique pour démarrer une préparation au trail. Contrairement à quelqu'un qui n'a rien fait ou qui a fait très peu pendant plusieurs semaines, plusieurs mois, voire des années, où là il y a tout un cheminement pour remettre la machine en route.
- Speaker #0
C'est vrai qu'on voit pas mal de gens, ça a pu être mon cas pendant quelques périodes, qui dénigrent une partie, par exemple le cardio. Pour toi c'est quelque chose d'important d'être complet ?
- Speaker #1
Oui, parce qu'en fait, je n'ai pas le choix, parce que je suis militaire, je suis moniteur de sport militaire. Et dans le moniteur militaire, on te demande d'être complet. Parce que tu vas donner des cours de sport de combat, des cours de natation, des cours de parcours d'obstacles, de parcours de risque, de pistes d'audace. Tu vas faire du sport collectif. Voilà, donc ça t'oblige à être complet. Maintenant, c'est sûr que pour un athlète dans une discipline concrète, on ne lui demande pas d'être complet. Un mec qui fait du 800 mètres au niveau national ou international, s'il sait nager ou s'il ne sait pas nager, on s'en fout. On lui demande d'être coureur. Et lui, il a besoin de courir, donc il doit se spécifier là-dedans. Au même titre qu'un nageur, on ne lui demande pas de faire du crossfit, même si en complément, il va en faire. Mais on ne lui demande pas de performance dans notre sport. C'est vraiment la grande différence entre le moniteur de sport, en règle générale, mais surtout militaire, qui doit être très complet parce qu'il a des démonstrations à faire, il a beaucoup de cours à donner, il a des gens à emmener d'un point A à un point B dans une progression, que ce soit dans une progression commando ou pour un stage quelconque, alors qu'un athlète, lui, il doit être performant dans son sport.
- Speaker #0
Pour toi, même pour un civil qui serait sédentaire, c'est une importance de rester en forme, de rester même apte physiquement à... à réagir, à agir.
- Speaker #1
Oui, et puis on ne voit que ça aujourd'hui dans les simples publicités télévisées. C'est-à-dire que comme l'inactivité entraîne inexorablement des problèmes de santé, que ce soit cardiovasculaire, que ce soit métabolique, donc il est important d'avoir une activité physique.
- Speaker #0
D'accord. Je voulais également te demander de façon anecdotique tes meilleurs perfs que tu as pu réaliser que ce soit par exemple pour des exercices de poids de corps de traction, de pompe, des distances que tu as pu courir des situations extrêmes que tu as pu surmonter en entraînement physique des perfs ?
- Speaker #1
Ouais je peux t'en donner quand je faisais de la musculation que j'étais très porté sur la muscu j'ai une performance au développé couché à 155 kilos sous le vétère je faisais 200 Je pense que j'aurais pu faire plus, mais c'était un cycle. J'avais fait un cycle comme ça. Après, j'ai couru le 400 m en 49-60, moniteur sport militaire. J'ai couru le 1000 m en 2-34 avec pointe, chaussure pointe, sur tartan. le 100 mètres nage libre j'étais pas trop mauvais, ma meilleure performance c'était 1.01 et le 50 mètres j'étais régulier entre 27 et 28 et je crois que j'ai 2 ou 3 chronos, sûr j'ai 2 ou 3 chronos ou peut-être 4 en moins de 27 secondes alors pour un nageur de club c'est rien, c'est pas bon du tout mais pour un pour un militaire ou pour hum
- Speaker #0
pour la moyenne comme ça c'est pas trop mal c'est des bonnes performances et en nombre de tractions peut-être je crois que je t'avais entendu dire dans une vidéo alors traction mais triché 40
- Speaker #1
tricher c'est à dire que petit à coup c'était pas strict c'est beau déjà c'est énorme c'est énorme même tricher c'est exceptionnel c'est pas mal parce qu'on était à plus de 80 dans les 84 85 kilos donc c'était pas mal après le parcours du combattant Il y a le record de la Légion étrangère à 2,42. Mais attention, comme j'explique souvent, c'est que chaque parcours a son chrono. C'est-à-dire que même si les distances et les obstacles sont réglementaires, les différences de fabrication, de construction d'un endroit à un autre font que c'est jamais pareil. Et le nivellement du terrain aussi fait énormément de différence. Sinon, mon meilleur chrono, c'est 2,32.
- Speaker #0
D'accord, justement, je voulais te parler du parcours du combattant. Tu détiens le record de la Légion, si je ne dis pas de bêtises ?
- Speaker #1
Oui, toujours.
- Speaker #0
Comment tu es arrivé à prendre ce record ? Quel type de préparation il faut pour réussir à être aussi complet, pour réussir à tenir ce record ?
- Speaker #1
C'est coup de chance. Après, quand j'ai fait le record, en fait, je n'étais pas vraiment prédisposé à le faire puisque je rentrais d'Aix-sur-Goslavie, justement la période hivernale, donc pas trop de footing et tout. Je suis arrivé au peloton de sous-officier à Kassandari et j'ai établi le record là. Et on n'était pas spécialement entraîné pour. Mais après, le parcours du combattant, moi, j'ai baigné dedans tout petit parce que mon père était pentathlète militaire. dans l'équipe du 1er PMA de Bayonne. Et à l'époque, dans les années 60 jusqu'à 70, il y a eu un très fort engouement sur le sport dans les armées, dont notamment le pentathlon militaire, où il y avait 5 épreuves.
- Speaker #0
C'est quoi les 5 épreuves ?
- Speaker #1
Les 5 épreuves, donc il y avait au pentathlon militaire, pas le civil, au militaire. Donc il y avait le tir à 200 mètres, précision vitesse. Il y avait le lancé de grenade avec des cercles au sol plus en distance. Il y avait le parcours du combattant, l'épreuve reine. un parcours nautique, 50 mètres et 4 obstacles, et un cross de 8 km en tenue sport. Voilà. Et mon père faisait partie, à l'époque, des meilleurs performeurs de tous les temps au parcours du combattant. C'était vraiment un athlète du parcours du combattant. Donc, en fait, moi, très rapidement, tout petit, il m'a emmené au parcours du combattant. Donc, j'ai évolué depuis tout petit au parcours, études d'obstacles, fractionnées, etc. Et donc, je suis arrivé à l'armée, à la Légion. J'avais déjà évolué chronométriquement sur le parcours. Alors, je crois que... J'avais 16 ans et j'étais passé en cadet. et le... Non, j'étais passé en junior. Et l'entraîneur de lutte et de sambo avait dit à mon père les combats duraient 5 minutes. Et c'était dur quand même, 5 minutes. Il a dit à mon père qu'il fallait que je fasse du fractionné. Mon père, vieille école, il m'a emmené au parcours du combattant. À l'époque, on rentrait plus facilement dans les casières. Il n'y avait pas tout ce système de sécurité de maintenant. Même le parcours du combattant était un peu à l'extérieur. Donc on y allait comme ça. Mon père était réserviste, donc il avait l'accès. Et donc, j'avais fait un chrono en moins de 3 minutes à 16 ans. J'étais en 2,54, je crois.
- Speaker #0
D'accord, est-ce que des civils peuvent y accéder pour se tester potentiellement ?
- Speaker #1
Non c'est fini, en fait l'accès au régiment maintenant il ne se fait plus et puis après c'était très rare que les gens... Avant c'était l'exemple à Bayonne le premier repuiement, le parcours du combattant là tout est quadrillé, tout est grillagé mais à l'époque il y avait accès libre
- Speaker #0
Je voulais venir sur le volet des vidéos YouTube. Comment ça a commencé, des vidéos de Major Gérald ?
- Speaker #1
Major Gérald, comment ça a commencé ? La toute première vidéo, en fait, elle a eu... C'était pas une vidéo YouTube. On est passé sur TF1 en 2017 avec l'équipe de France du judo, avec Teddy Riner. En fait, l'équipe de France du judo était... Ils étaient dans la région de Marseille. Ils préparaient les championnats du monde de 2017. Leur staff est venu au régiment demander si on pouvait leur faire une journée militaire. On leur a proposé une journée avec parcours dans le régiment, avec un simulateur de tir, un parcours nautique. En fait, c'était filmé, c'est passé à la télé. C'était le premier volet. Ensuite, on m'a demandé de faire le parcours du combattant face à un traceur pour l'équipe Reading Zone. et donc c'est Clément Dumé du collectif It's a Road qui a fait le parcours avec moi en fait on s'est lié d'amitié avec Clément sur ce passage là, on est resté en contact et du coup on a refait des vidéos ils sont revenus au régiment et on a fait des vidéos pour leur chaîne à eux Voilà, là, ça a été le premier lancé. Et ensuite, il y a un gars de la communication, c'est un Russe, qui est adjudant aujourd'hui, l'adjudant Ariat, qui est sportif, très très bon athlète, très très complet, et qui est un passionné de sport, mais un passionné de technique, d'explication, de pédagogie. Et un jour, il m'a demandé de filmer mes séances de sport, de faire des vidéos avec mes séances de sport. Donc au départ, bon, j'étais pas vraiment YouTube plus que ça. Lui, il pensait que ça allait marcher. Il avait la responsabilité de la chaîne YouTube de la Légion. Et il pensait, au travers de ça, dynamiser la chaîne Légion étrangère. Et lui, il voyait loin parce qu'il me disait, on va générer du recrutement avec ça. Bon, donc on est allé voir le directeur de la communication. On lui a proposé de faire des vidéos. Il était... Il était ni oui ni non, il a dit, écoutez, allez-y. Et en fait, la première vidéo, j'ai fait sur des grimpés de cordes, et la première vidéo a été pour la chaîne Légion un succès. Donc de là, on a fait une deuxième, une troisième, ça a lancé vraiment le prototype un peu des vidéos Légion sur la chaîne YouTube. Et en fait, dans les années 2020-2021, on a eu beaucoup de demandes, donc des influenceurs, d'autres influenceurs qui ont demandé à faire des vidéos avec nous, donc Karate Bushido et Greg MMA. Et surtout, ce qui a généré de l'engouement, c'est que quand les les légionnaires s'engagent enfin quand les engagés volontaires viennent s'engager à la Légion il y a un questionnaire préétabli où on leur demande pourquoi tu viens à la Légion, comment tu as connu la Légion et je crois que c'est l'année 2021 8 candidats sur 10 ont dit Major Gérald donc voilà Alors là les vidéos on a ralenti un peu cette année parce que au niveau légion on a eu beaucoup de contraintes, on a eu des gens qui sont partis en Bannon, on a Ariad qui est parti en mission en Guyane pendant plus de 4 mois donc il n'était pas présent, on a eu beaucoup de départs à la retraite, moi j'ai été opéré des cervicales en juin donc j'étais sur la touche, je dois normalement être encore sur la touche mais on a repris les vidéos la dernière fois.
- Speaker #0
Je comprends. J'ai vu certaines, presque toutes ces vidéos sûrement. Beaucoup ont fait plusieurs millions de vues, certaines 5, 10 millions. On peut dire qu'aujourd'hui, tu es le visage de la Légion. Comment tu vis cette notoriété ? Qu'est-ce qui t'a tiré de positif et de négatif de ça ?
- Speaker #1
Après, je ne pense pas dire que je suis le visage de la Légion. Chaque légionnaire est le visage de la Légion étrangère. En fait, ce qui est positif pour moi, c'est que les gens voient la Légion étrangère d'une autre manière. Des fois, on me demande dans la rue un selfie ou une photo. Et ils me disent, on ne pensait pas que c'était comme ça la Légion étrangère. Merci. Ça, ça me fait plaisir. Ensuite, ça a été une belle aventure parce que ça a permis de faire connaître la Légion étrangère différemment, au travers des réseaux sociaux notamment.
- Speaker #0
D'accord. Et pour préparer cet entretien, j'ai regardé aussi beaucoup d'émissions et de documentaires. J'en avais déjà vu certains que j'ai revus. J'ai remarqué que c'était parmi les vidéos les plus vues sur le sujet militaire, voire les plus vues. Il y a certains documentaires qui ont quelques années sur YouTube, qui sont à 10 millions. J'en ai vu un à 30 millions de vues. Comment, toi, tu expliquerais cet engouement, cet intérêt des Français pour la Légion étrangère ?
- Speaker #1
La Légion étrangère a toujours été mythique. C'est toujours quelque chose de mystérieux qui a attiré les gens, ça attire l'œil, ça suscite le commentaire, ça génère des interrogations, les gens veulent savoir comment, pourquoi ils sont venus à la Légion. Toutes les questions que tu m'as posées, pourquoi tu es à la Légion étrangère, qu'est-ce que tu fais à la Légion, comment ça se passe, il y a un mystère là-dessous, pourquoi, comment un homme devient une machine de combat au service de la France alors qu'avant c'était un étranger. D'où vient cet esprit de sacrifice, d'abnégation, comment ces gens sont formés, c'est une question éternelle.
- Speaker #0
et même des gens qui le savent un peu veulent quand même en savoir un peu plus je comprends tu disais que tu avais fait des vidéos avec Greg et Memma j'ai vu également une vidéo que tu as fait avec Ibra de la chaîne IbraTV est-ce que tu as un pronostic pour leur combat de Memma qui arrive dans quelques temps ?
- Speaker #1
Ils sont très forts tous les deux. En fait, ils sont très forts tous les deux, ces deux superbes athlètes. Je pense qu'ils s'entraînent plus que sérieusement. Ils doivent avoir des préparations très pointues. Et en fait, ce qui va être difficile pour le pronostic, c'est que c'est tous les deux, ces deux gabarits, qui ont le pouvoir sur un coup ou un enchaînement de coups d'abréger le combat. d'ailleurs qu'un qui va prendre un mauvais coup ce sera fatal pour lui donc après qui prendra, qui mettra le coup mais donc difficile de faire un pronostic, en plus j'apprécie bien les deux, plus Greg bien sûr parce que j'ai plus d'affinité avec Greg on a fait plus de vidéos on s'envoie des messages de temps en temps mais c'est deux grands athlètes deux très grands techniciens Pour moi, difficile de donner un pronostic comme ça. Et je te dis, les deux ont le pouvoir d'abriger un combat. Donc ce sera vraiment une sacrée bataille.
- Speaker #0
Hâte de voir ça carrément. J'avais maintenant des questions plus d'ordre général et personnel à te poser. Qui serait ta plus grande source d'inspiration ? Si tu en as une en particulier, une personne qui t'a inspiré le plus ?
- Speaker #1
Moi, toute ma vie, j'ai pris exemple sur mon père. Quand j'étais petit, j'ai beaucoup eu de l'attrait de mon père. Le militaire très carré, le pentathlon militaire, les performances, etc. Donc, il a un peu guidé toute ma vie sur le plan de la performance.
- Speaker #0
Ok. Et est-ce que tu as un personnage historique qui t'inspire en particulier ? Membre de l'armée ou pas ?
- Speaker #1
Napoléon.
- Speaker #0
Pour une raison en particulier ?
- Speaker #1
Non. Le stratège de guerre. Il y a quelque chose de phénoménal quand quelqu'un est capable d'avoir une telle vision, d'être un visionnaire. C'est-à-dire, d'un élément qui se passe, il est capable de dire cet élément-là va déclencher ça, ça, ça dans quelques années, dans quelques siècles. C'est un pouvoir.
- Speaker #0
C'est vrai, je suis bien d'accord. Tu as une anecdote comme ça ? Est-ce que tu es allé voir le film Napoléon ?
- Speaker #1
Non, pas encore. Et puis après, bon... Les films, ça va être tiré de... C'est le réalisateur qui va faire un peu ce qu'il veut. Mais si on regarde l'histoire de Napoléon, il est mort en 1821, on est bientôt à plus de 200 ans de sa mort, et il est dans toutes les mémoires. Et tout ce qu'il a fait aujourd'hui, on en parle encore, c'est exceptionnel. Tout ce qu'il a fait, on en parle encore avec ça. Aujourd'hui, le code pénal, la gendarmerie, il y en aurait tellement à dire.
- Speaker #0
C'est un hommage à Napoléon justement, on vient de sortir des bijoux exprès, portant l'aigle impérial de Napoléon, je pourrais te montrer ça tout à l'heure si tu veux. En tout cas c'est un hommage à Napoléon. Je voulais également te demander une question un peu plus ouverte, qu'est-ce que tu penses du patriotisme en France aujourd'hui ? Si tu peux répondre à cette question, même largement.
- Speaker #1
C'est-à-dire ? Est-ce que la population est assez patriote ?
- Speaker #0
Ton avis là-dessus, peut-être ?
- Speaker #1
Là, tu tapes un peu dans le côté... Tu sors un peu de mon contexte d'évolution. Là, on est dans le devoir de réserve un petit peu.
- Speaker #0
Je comprends. Est-ce que je me permets de te demander si tu es marié ?
- Speaker #1
Oui, je suis paxé.
- Speaker #0
D'accord. Et donc, je m'interrogeais, comment on gère une relation à distance, en tout cas à distance, en tant que légionnaire ou en tant que membre de l'armée, comment la relation avec sa compagne peut... Est-ce qu'il y a des choses particulières ou des conseils peut-être pour les membres de l'armée ?
- Speaker #1
Après, tout dépend où tu es affecté. Si tu es en unité opérationnelle et que tu es souvent en déplacement, effectivement, la vie de famille est impactée parce qu'il y a des absences, il y a beaucoup d'absences. donc c'est à gérer au niveau il faut une femme solide, il faut un homme solide il faut un couple solide et un esprit de famille
- Speaker #0
c'est vraiment la formule magique est-ce que t'as des anecdotes peut-être de toi en tant que civil qui est tombé sur moi j'ai pas été beaucoup civil parce que si tu prends 4 ans d'école militaire et
- Speaker #1
34 ans de service à la légion il reste pas grand chose dans l'anecdote civile c'est clair,
- Speaker #0
je voulais dire en dehors peut-être de tes moments de service, une anecdote d'une altercation que t'aurais pu voir nécessaire d'intervenir pour protéger quelqu'un dans la rue, est-ce que... Ça t'est déjà arrivé ?
- Speaker #1
En tant que civil ?
- Speaker #0
Oui, sans être, je veux dire, en tenue de militaire ou en intervention de militaire. Est-ce que tu as déjà eu l'habitude d'intervenir dans la rue, peut-être pour protéger quelqu'un ?
- Speaker #1
Ah oui, oui, des fois, on a évité des bagarres, on est allé séparer des bagarres.
- Speaker #0
T'as une anecdote particulière à nous raconter, peut-être ?
- Speaker #1
Bah une... Bah écoute... J'étais en stage plongeur en 92 à Lavalbonne, pas très loin d'ici. Et donc un week-end, on était sortis sur Lyon. Et donc on est arrivé avec des copains et on allait rentrer dans un bar. Et il y avait un mec qui était en train de frapper une fille. Et donc on est arrivé avec le copain, on est arrivé, on a séparé. On a séparé, donc la fille avait son sac par terre et tout. Donc on l'a aidé à se relever, on lui a donné son sac, on a viré le mec. Voilà, et puis... Il n'y avait pas de portable à l'époque pour appeler la police. Donc mon pote est allé dans le bar, il a fait appeler la police. Les policiers se sont rendus, ils ont pris la figure.
- Speaker #0
Est-ce que tu aurais peut-être des conseils pour des civils, pour se protéger potentiellement, ou comment réagir face à une arme ou un couteau ?
- Speaker #1
Face à un couteau, il faut... Déjà, les gens qui ne sont pas habitués, ça va être la panique. Quelqu'un se fera un couteau et de toute façon, devant une arme blanche ou même quelqu'un d'agressif, il faut autant que possible dégager la zone. Après, si ce n'est pas possible de dégager parce que le mec veut vraiment te fringler et que tu es coincé, tu es dans un... Une ruelle, t'es bloqué, tu peux pas sortir. Va falloir aller au carton et faire le maximum, être agressif, prendre tout ce qui traîne pour se défendre. Un bout de bois, une chaise, un manteau, l'enlever, s'en servir. Mais dans tous les cas de figure, il faut éviter l'altercation parce que c'est des dégâts physiques. Il faut vraiment chercher la fuite. Déjà, dès qu'on voit quelqu'un de louche, qui a tendance agressive, il faut évacuer la zone.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Surtout pour tout le monde, mais surtout pour quelqu'un qui a une femme, ou quelqu'un qui est mal en point, ou pas du tout entraîné.
- Speaker #0
Et je me demandais aussi si les militaires en général, et même les légionnaires, possédaient leurs armes de service. Les militaires,
- Speaker #1
non. Il n'y a que les gendarmes et les policiers qui ont leurs armes de service.
- Speaker #0
D'accord. Est-ce que tu aurais des hobbies ou des passions à nous partager en dehors du sport et de l'armée ?
- Speaker #1
Ben non.
- Speaker #0
C'est déjà pas mal, comme on l'évoquait entre la famille.
- Speaker #1
Non, non, après, je suis passionné d'histoire sportive, tu vois, les exploits de certains athlètes, etc. C'est quelque chose qui va m'intéresser.
- Speaker #0
Une question peut-être du coup qui paraît un peu bête, mais si tu n'avais pas été légionnaire, qu'est-ce que tu aurais fait ?
- Speaker #1
Militaire ailleurs, peut-être. Voilà, parce que moi, à l'époque, j'habitais Bayonne. Mon père était un ancien du 1er Pima. Donc, j'aurais peut-être très certainement essayé d'aller au 1er Pima. Et je visais aussi, parce que j'ai une école militaire, donc je connaissais pas mal de choses à l'armée. Donc, il y avait les commandos marines qui m'intéressaient à l'époque. Je savais qu'il fallait commencer par fusil et marin. Donc, c'était pas exclu. Peut-être que j'aurais fait ça. Ou alors... Des fois j'ai un regret, c'est que quand j'ai fait la médaille d'argent au championnat de France de lutte, c'était en janvier 1990. Je me suis engagé et quelques mois après, mes parents ont reçu un courrier me sélectionnant pour la préparation olympique. Je n'étais pas sélectionné pour les Jeux de 1992, mais j'étais prévu pour une préparation au centre de préparation olympique. C'était peut-être un début de... d'ouverture. Donc des fois, je me dis, est-ce que j'aurais pas pu tenter une aventure d'athlète professionnel et plus tard m'engager ? Des fois, la question se pose. C'était à refaire, je ne sais pas.
- Speaker #0
Je comprends. Et on arrive vers la fin. J'avais encore quelques petites questions, un peu plus philosophiques. Qu'est-ce que tu penses de la virilité ?
- Speaker #1
La virilité, c'est la qualité absolue de l'homme. Il a besoin d'un homme viril qui est le chef de la famille.
- Speaker #0
Est-ce que tu penses que les épreuves forgent un homme ?
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Ok. J'avais deux dernières questions pour toi. Est-ce que tu as un message pour les jeunes d'aujourd'hui ?
- Speaker #1
La Légion étrangère recrute, engagez-vous.
- Speaker #0
Et pour finir, qu'est-ce que c'est pour toi réussir sa vie ?
- Speaker #1
Là, tu as une question qui est compliquée à répondre.
- Speaker #0
C'est vrai.
- Speaker #1
Réussir sa vie, c'est que tout marche bien, que ce soit sur le plan professionnel, sur le plan familial, qui est certaines aisances financières, la santé. En fait, que toutes les lumières soient ouvertes. Voilà. Et qu'après, chaque personne, il verra midi à sa porte, puisque certains vont se contenter de moins que d'autres, d'autres à qui il faudra plus. que d'autres, il faut trouver ce juste équilibre. Et ensuite, il y a un slogan qui était bien dans les années 90, c'était la française des jeux, le loto, 100% des gens ont tenté leur chance. Ceux qui vont gagner au loto, la vie est bien réussie aussi.
- Speaker #0
Pour toi, oser, essayer dans tous les cas, plutôt d'avoir des regrets ?
- Speaker #1
Oui, il faut aller jusqu'au bout. Moi, j'arrive à un certain âge maintenant, donc j'ai une expérience qui est assez conséquente. Et effectivement... On a toujours des regrets. Il y a toujours quelque chose qu'on se dit, tu vois, à côté de là, je t'ai parlé du championnat du monde, si je pouvais revenir en arrière et refaire ce quart de finale là, maintenant, je monte sur le ring comme si je n'avais pas mangé depuis trois semaines, et que le mec, c'est un steak en face. Il y a des regrets que l'on va garder, et qu'on sait qu'on peut les inverser. Pour rester dans le cadre du sport, je regrette ce championnat d'Europe où j'ai été blessé à l'œil et que ça m'a mis un an de carrière de boxeur sur la touche parce qu'il a fallu m'opérer, il a fallu attendre que ça se remette. Et c'était une hypothèse que je reprenne la boxe, on ne savait pas comment la lame à gamme allait prendre. Donc ça a été quand même moralement une année difficile. Voilà, ça c'était inéluctable. J'ai pris un coup dans l'œil, c'est bon, c'est passé comme ça, je peux l'éviter. Mais par contre, tu vois, le comportement que j'ai eu sur le quart de finale du championnat du monde, ça oui, ça tu peux regretter. Ça c'est un regret, pour rester dans le domaine du sport.
- Speaker #0
Je comprends. Accepter ce qui ne dépend pas de nous et faire en sorte de tout notre possible pour réussir ce moment.
- Speaker #1
Voilà, pour ne pas finir. Parce que ça, c'est un regret que j'aurais à vivre. écoute c'était un immense plaisir de te recevoir une fierté de pouvoir échanger avec toi je te remercie je ne sais pas d'où tu sors toutes ces questions j'y ai réfléchi un petit peu merci pour toutes tes réponses merci pour l'invitation et à une prochaine merci
- Speaker #0
à toi merci d'avoir suivi cet entretien si vous l'avez apprécié je vous invite à découvrir tout notre univers sur le site calos-france.com et à rejoindre notre page Instagram et notre newsletter Et pour finir, n'hésitez pas à liker et partager cet entretien, à nous indiquer en commentaire qui vous souhaiteriez voir dans les prochains et à vous abonner pour ne pas les rater. Encore une fois, merci pour tout et à très bientôt !