undefined cover
undefined cover
Comment gérer une ADDICTION aux ÉCRANS chez son jeune | L'Art d'être Parent #3 cover
Comment gérer une ADDICTION aux ÉCRANS chez son jeune | L'Art d'être Parent #3 cover
Lyynk Podcast

Comment gérer une ADDICTION aux ÉCRANS chez son jeune | L'Art d'être Parent #3

Comment gérer une ADDICTION aux ÉCRANS chez son jeune | L'Art d'être Parent #3

46min |09/03/2025|

280

Play
undefined cover
undefined cover
Comment gérer une ADDICTION aux ÉCRANS chez son jeune | L'Art d'être Parent #3 cover
Comment gérer une ADDICTION aux ÉCRANS chez son jeune | L'Art d'être Parent #3 cover
Lyynk Podcast

Comment gérer une ADDICTION aux ÉCRANS chez son jeune | L'Art d'être Parent #3

Comment gérer une ADDICTION aux ÉCRANS chez son jeune | L'Art d'être Parent #3

46min |09/03/2025|

280

Play

Description

Dans cet épisode de L'Art d'être Parent, Guirchaume Abitbol et Dr Claire Morin reçoivent Henri, médecin et spécialiste des impacts psychologiques et culturels du numérique.


Ensemble, ils explorent les signes d'une addiction aux écrans, ses conséquences sur le développement des jeunes et partagent des conseils pratiques pour aider les parents à rétablir un équilibre sain. 🌐👨‍👩‍👧‍👦


👉 Un échange éclairant pour mieux comprendre le lien entre les écrans et la santé mentale de nos enfants.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans l'art d'être parent. Je suis Gierschom Abitbol, cofondateur de Link, et je suis ravi de vous retrouver pour un nouvel épisode de notre podcast dédié à la santé mentale des jeunes. Chez Link, nous avons une conviction forte. En tant que parent, nous avons un rôle essentiel à jouer pour aider nos ados à grandir sereinement dans un monde en constante évolution. Et justement, aujourd'hui, nous allons parler d'un sujet qui concerne toutes les familles, le numérique et son impact sur nos jeunes. Smartphones, réseaux sociaux, intelligence artificielle, fake news, jeux vidéo, nos ados passent plusieurs heures par jour devant leurs écrans. Mais à quel point cela influence-t-il leur bien-être, leur santé mentale, leur perception d'eux-mêmes et du monde qui les entoure ? Les chiffres sont frappants. 91% des 12-17 ans sont actifs sur les réseaux sociaux. Un ado passe en moyenne 4h30 par jour sur un écran. 30% des jeunes ont déjà été exposés à des fake news ou du contenu problématique. L'addiction aux jeux vidéo est aujourd'hui reconnue par l'OMS comme un trouble pouvant nécessiter une prise en charge. Alors comment accompagner nos ados dans ce monde numérique sans tomber dans l'hyper-contrôle ou au contraire la démission ? Comment les aider à développer un esprit critique face au contenu qu'ils consomment ? Et comment préserver leur santé mentale dans un univers où l'image, l'instantanéité et la surinformation prennent de plus en plus de place ? Pour en parler aujourd'hui, j'ai le plaisir d'être accompagné du docteur Claire Morin, médecin psychiatre et cofondatrice de Link. Bonjour Claire.

  • Speaker #1

    Bonjour Gershom.

  • Speaker #0

    Ainsi que par un invité exceptionnel, spécialiste des impacts psychologiques et culturels du numérique. Il est psychologue clinicien au CHU de Nantes, docteur en sciences de l'information et de la communication et travaille sur les liens entre l'intelligence artificielle, santé mentale et acculturation digitale. Bonjour. Pierre-Henri Garnier.

  • Speaker #2

    Bonjour Gershom.

  • Speaker #0

    Merci en tout cas d'être parmi nous aujourd'hui pour parler de ce sujet qui est un sujet passionnant. Avant de plonger dans le vif du sujet, pouvez-vous nous dire en quelques mots votre parcours et en particulier votre parcours au service de la santé mentale des jeunes ?

  • Speaker #2

    Je démarrerai un peu ma dernière année d'études où j'ai pu faire un stage notamment à Montréal, au Québec, auprès des jeunes, on appelle ça les centres de jeunesse. Et puis après, je suis arrivé sur Nantes et j'ai fait un parcours de psychologue hospitalier en pédiatrie. dans un domaine qui s'appelle l'éducation thérapeutique du patient. Donc l'idée c'est de la pédagogie. On travaille sur les compétences des patients. L'idée c'est de décentrer le soignant pour qu'il comprenne que le patient sait des choses, sait faire des choses. Et donc dans cette lignée-là, j'ai évolué aussi après chez l'adulte. Et puis aujourd'hui, après avoir fait du libéral aussi, aujourd'hui je fais partie d'une équipe qui s'appelle l'unité Mikado, CHU de Nantes, et on est sur... La crise suicidaire, sur ces thématiques-là...

  • Speaker #0

    Chez les ados ?

  • Speaker #2

    Chez les ados.

  • Speaker #0

    D'accord, oui, j'ai lu un peu.

  • Speaker #2

    De 11 à 17 ans, et puis on est toute une équipe multidisciplinaire, et on travaille pour sortir de la crise. C'est ça le but du but. Sur six semaines, un contrat de six semaines, renouvelable une fois. L'équipe est vraiment très chouette. C'est une bonne dynamique et innovante.

  • Speaker #0

    Et c'est efficace, puisque je vais crulir que 95% des jeunes... sortait de ce schéma de crise au bout de trois mois.

  • Speaker #2

    C'est vrai que c'est grâce aux ressources professionnelles, mais aussi sociales, familiales, culturelles, que vous apportez à travers tout le travail qui est tissé aussi via Link. Donc bravo à vous.

  • Speaker #0

    Merci. C'est un travail d'équipe en fait. La santé mentale, c'est un travail qui implique en fait tous les acteurs qui sont autour du jeune pour l'aider à s'en sortir. Vous avez un doctorat en sciences de l'information et de la communication. C'est original pour un psychologue d'avoir une formation.

  • Speaker #2

    C'était particulier. J'ai fait ça à l'université, au laboratoire de psychologie de Nantes. Mais la thématique, c'était sciences de l'information et communication. Parce que depuis ado, je suis quand même un fanat de numérique. De création numérique, je ne suis pas du tout un gamer. Par contre, j'aime la 3D, la réalité virtuelle, le développement. J'ai fait un peu de développement de codage en fait.

  • Speaker #0

    D'acteur, pas un consommateur.

  • Speaker #2

    Et c'est ça, en fait, là, par rapport au thème d'aujourd'hui, c'est peut-être cette dimension-là d'acteur, de créateur, d'auteur. Comment sortir d'une posture d'ado consommateur, vous voyez ?

  • Speaker #0

    Et en faire des choses d'utilité, en fait.

  • Speaker #2

    Comme miel,

  • Speaker #0

    c'est tout à fait.

  • Speaker #2

    Exactement.

  • Speaker #0

    Alors justement, puisque c'est le sujet d'aujourd'hui, on va parler un petit peu de la manière dont le numérique façonne la santé mentale de nos ados. Aujourd'hui, ils ne vivent qu'au travers du numérique. Le numérique est partout, du matin au soir, parfois un peu trop partout. On essaie aussi de faire en sorte de garder des temps de vie réelle et pas uniquement des temps connectés. Quels sont pour vous les principaux effets psychologiques de l'hyperconnexion chez les ados ?

  • Speaker #2

    Spontanément, par rapport à ma pratique, quand on est psychologue, la pratique clinique, c'est le fait de rencontrer des ados, c'est l'impact sur le sommeil. Tout ce qui peut engendrer par rapport au temps d'écran. Pour moi, le thème, l'impact, c'est plus le temps. temps passé sur les écrans que l'écran en lui-même en fait.

  • Speaker #0

    D'accord, donc c'est vraiment un problème de temps consommé. Aujourd'hui, le sommeil, donc Claire qui est médecin psychiatre, le sommeil a un impact important sur la santé mentale ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'est ce qui s'appelle, ça fait partie des conduites instinctuelles, c'est-à-dire que quand le sommeil commence à être impacté, là, ça devient une problématique très embêtante. Et c'est là-dessus que se développent les troubles.

  • Speaker #0

    Combien d'heures de sommeil pour un ado on recommande aujourd'hui ? J'imagine qu'il n'y a pas de règle mais en moyenne

  • Speaker #1

    La moyenne de temps de sommeil du français c'est 8h Donc c'est sûr que si on reste très tard et qu'on doit se lever le matin et qu'on va se connecter la nuit sur son écran on n'a pas 16h avec toutes les conséquences C'est ça exactement et on sait que rester trop longtemps sur les écrans ça joue sur la mélatonine qui est donc l'hormone qui vient induire le sommeil, induire l'endormissement ça retarde le pic de mélatonine et donc ça retarde l'endormissement.

  • Speaker #0

    Donc là, on est sur quand même une problématique qui est une problématique de temps d'usage. Donc là, on a quand même un sujet qui est important. Et est-ce qu'aujourd'hui, on peut dire que le numérique, pour vous, Pierre-Henri, a un effet direct sur l'anxiété, la dépression ? Alors le sommeil, ça, on voit que oui. On est clair là-dessus, c'est le principal sujet. Mais la qualité des contenus consommés, par exemple, est-ce que pour vous, on peut faire un lien entre le numérique et l'anxiété et la dépression ?

  • Speaker #2

    On va rentrer dans un monde un peu complexe. C'est l'effet direct qui a modéré. C'est le temps de consommation, j'ai envie de dire, qui va avoir un effet direct. Mais est-ce que c'est vraiment le numérique en tant que tel et le support écran ? Il y a des études contradictoires sur le sujet.

  • Speaker #0

    On décrit souvent, par exemple, certains usages. notamment sur les réseaux sociaux, qui peuvent avoir certains aspects négatifs. Cette surconsommation d'images, par exemple, ça peut quand même jouer un rôle sur l'anxiété chez le jeune, non ?

  • Speaker #2

    Oui, ça peut. Si on est dans cette surconsommation, il y a à trouver cette régulation. Le mot qui me vient, c'est comment réguler ? C'est une histoire de dosage.

  • Speaker #0

    C'est une histoire de dosage.

  • Speaker #2

    Il n'y a pas de nature de l'outil, en fait, c'est ça.

  • Speaker #0

    Moi, je vois en tant qu'adulte, je vais prendre un cas, par exemple, quand on commence à se brancher sur les chaînes de news, on devient complètement parano. Dès qu'on commence à consommer trop de news, on a l'impression que rien ne va et que le monde va s'écrouler.

  • Speaker #2

    Je provoque un peu, j'ai envie de dire oui, mais parce que si on est, par exemple, dans un groupe et qu'on a un esprit critique qui peut se créer dans l'échange, on peut en tirer pas mal d'enseignements. Pour moi, ça parle de la médiation, c'est-à-dire la relation qu'on va tisser, le rapport qu'on va tisser à nos écrans, aux outils, aux usages. Et là, je fais ça, il y a de l'éducation. à tisser et on manque aujourd'hui de ce travail éducatif. Et il est fait quand même, mais il y a des besoins énormes.

  • Speaker #0

    De la sphère où ce travail éducatif pour les jeunes ? Il se fait à l'école, il se fait en famille ? Comment ça se passe ? Parce que les parents sont un peu dépassés. On leur parle de fake news, d'intelligence artificielle, on leur parle de sujets dont ils ne sont pas forcément hyper familiers. Qui éduque qui ? Parce qu'il faut savoir pour éduquer.

  • Speaker #2

    Tout le réseau, j'ai envie de dire, c'est-à-dire tout le système. Pour moi, dans cette vision-là, c'est... de voir, de distinguer ce qu'on appelle le numérique du numérisme. C'est un auteur, Hervé Fischer, qui nous invite à voir que le numérisme, c'est un peu ce conçu numérisme. C'est-à-dire qu'il y a quelque chose autour de la surconsommation qui est problématique. Mais le numérique en tant que tel, c'est assez neutre. C'est un outil qui peut être poison ou remède. On appelle ça un pharmacon, c'est-à-dire tout dépend du rapport, justement de la relation qu'on peut tisser avec ces technologies-là. Donc ça concerne tout le monde, chers parents, chers éducateurs. Parce que c'est une histoire de culture. de culture et on est dans cette phase où c'est vrai qu'il y a une accélération et ça va trop vite. Donc on a du mal à s'ajuster, à s'adapter. On va avoir besoin de créativité et d'innover pour créer de la culture qui permette aux jeunes et des nouveaux récits, on dit, une nouvelle narration qui leur permette d'être davantage acteurs et auteurs de cette culture.

  • Speaker #0

    D'accord. Et moins simples spectateurs.

  • Speaker #1

    Et moins consommateurs.

  • Speaker #0

    Moins consommateurs, spectateurs, c'est-à-dire sans interaction en fait.

  • Speaker #1

    C'est ça exactement.

  • Speaker #2

    Pour synthétiser, c'est cette culture d'hyperconsommation conçue numériste qui s'infiltre à travers les outils. Et aujourd'hui, on est dans des outils numériques qui ont énormément de place, qui pour moi ont un impact négatif sur... sur la santé mentale.

  • Speaker #0

    Alors justement, on parle d'impact négatif, on va parler d'un sujet qui est évidemment omniprésent dans les familles, c'est les réseaux sociaux et l'influence des réseaux sociaux sur la perception qu'on peut avoir de soi-même et sur l'estime de soi chez les jeunes. Quel est votre point de vue là-dessus ? C'est accès à l'image permanente ?

  • Speaker #2

    Là, je pense, si c'est dans le sujet, mais à des outils, je ne sais pas si on peut citer des outils précis, mais... Des formats en fait. Le format TikTok, l'algorithme en lui-même, on sait aujourd'hui qu'il est plutôt du côté néfaste auprès des ados assez fragiles. C'est-à-dire qu'il va y avoir une amplification, notamment autour des scarifications. On sait que l'algorithme va avoir tendance à favoriser des vidéos qui parlent de sujets glauques. Et donc, c'est ça qui pose problème. Mais l'outil réseau social, s'il est formaté d'une autre manière, peut être assez fabuleux.

  • Speaker #0

    Alors oui, mais ça, on ne le contrôle pas, puisque ça suppose un niveau de responsabilisation de la part des acteurs, qui, soi-disant, font des choses pour protéger les jeunes. Mais on se rend compte que dans la pratique, c'est un vrai sujet. Toi, tu vois ça, Claire, avec tes patients, l'impact des réseaux sur des comportements à risque ?

  • Speaker #1

    Des réseaux où on a des algorithmes de ce type-là. En fait, l'adolescent va s'enfoncer avec les réseaux, va s'enfoncer dans ses difficultés, dans ses troubles. Et ça peut même participer à la chronicisation des troubles.

  • Speaker #0

    Alors, qu'est-ce qu'on fait ? Parce qu'en fait, soit on leur dit coupez-vous des réseaux, soit on essaye de les... Est-ce que ça ne vaut pas le coup de les accompagner très jeunes, justement ?

  • Speaker #1

    Bien sûr que si. On revient sur ce que tu dis, l'éducation, c'est essentiel. Parce qu'aujourd'hui, le numérique fait partie de la vie, et fait partie de la vie des adolescents, mais aussi de nos vies à nous d'adultes. Et donc, c'est comment on éduque les enfants dès le plus jeune âge, dès qu'ils peuvent comprendre, à la fois cette potentialité formidable de l'outil numérique, et à la fois des dangers que ça peut représenter.

  • Speaker #0

    On peut parler de relations sociales numériques. Parce qu'en fait, c'est ça souvent que les parents ne comprennent pas. Moi, le premier, il y a quelques années, je disais à mes enfants, mais t'es encore sur ton truc, t'es encore sur ton écran, t'es encore en train de jouer aux jeux vidéo. Mais en fait, c'est un vrai lieu social pour eux. C'est un lieu de discussion, d'échange.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et par exemple, on peut dire que c'est un outil formidable. Par exemple, il y a beaucoup de personnes qui ont un trouble du spectre autistique, qui, grâce au numérique... grâce aux jeux vidéo et à l'espace social que c'est devenu, ont réussi à se créer un réseau social, alors que dans leur réseau physique, ils n'ont pas les codes sociaux pour pouvoir être dans l'échange et donc ce qui crée une souffrance très importante. Finalement, ça devient quelque chose d'extrêmement positif. Tout est une question d'équilibre en fait.

  • Speaker #2

    Ça me parle cette explication.

  • Speaker #0

    Vous voyez,

  • Speaker #2

    un réseau ou un mobile, c'est d'avoir une vision, si je peux transmettre ça aux parents, c'est d'avoir une vision santé globale. et pas de rester zoomé ou focalisé sur le numérique, le numérique. Ça, c'est qu'un symptôme finalement, à un moment donné. Quand il y a dissociation, on dit, ou que ça se désaccorde, là, c'est utile d'avoir justement un mouvement de recul et de voir la globalité de la santé comme si on avait un point à faire sur la santé globale. Moi, j'utilise beaucoup, pour être dans le concret, l'image un peu du tableau de bord. Et avec les ados et la famille, c'est d'essayer de se faire un tableau de bord du sommeil, de la fatigue, de la concentration. Mais d'avoir une vision globale et de voir, est le numérique dans ce mobile-là ? Quel est le poids du numérique par rapport au loisir ?

  • Speaker #0

    Après, on ne va pas se mentir. Il y a quand même une diabolisation du monde du numérique et en particulier des réseaux sociaux. Que ce soit d'ailleurs à l'école, que ce soit nos politiques, que ce soit... On veut interdire ceci, on veut interdire cela, les temps d'écran. On vient même faire culpabiliser les parents. En leur disant qu'on ne sait pas gérer les temps d'écran de nos enfants, donc on est responsable de leurs problèmes. Et ça n'aide pas, en fait. Est-ce que c'est ça une approche efficace pour accompagner nos gens ?

  • Speaker #2

    Là, c'est le psychologue formé aux sciences de la communication, etc., à l'éducation. On sait aujourd'hui que cette attitude, on pourrait dire en termes de logique de culpabilité, qui est finalement la culpabilité, c'est très lié au contrôle. C'est des logiques de contrôle et des logiques de performance qui sont derrière. Et l'idée, c'est que c'est contre-productif. C'est-à-dire que si je dis à un ado, il faut, tu dois, ça va créer des résistances.

  • Speaker #1

    Il va faire l'inverse.

  • Speaker #2

    Il va faire l'inverse.

  • Speaker #0

    Il va faire, oui, c'est le principe. C'est vrai que c'est le principe de l'ado, ça. Ça me rappelle quelque chose.

  • Speaker #2

    Et la théorie nous dit, la résistance qui est peut-être inconsciente au début devient réactance. Et la réactance, c'est quand ça devient conscient et que l'ado, il s'en fait une théorie. Il dit nananaire. Moi, c'est mon univers, je vais dedans et je m'enfonce dedans, même si je suis tout seul. Et donc, c'est l'idée. Ce qui est dangereux, c'est lorsqu'il est coupé de la relation et que les adultes continuent à le culpabiliser. Donc, ça crée une dissociation et lui s'identifie au négatif. Donc, c'est le vilain petit canard avec ses jeux vidéo, avec sa capuche.

  • Speaker #0

    Mais les parents aussi culpabilisent. Oui, parce qu'on leur dit attention, pas d'écran avant tel âge, à partir de tel âge, pas plus de 30 minutes. On ne va pas passer pour des vieux grincheux, mais nous, quand on était jeunes, on passait beaucoup plus que 30 minutes devant la télévision. Ce n'était pas les mêmes types de contenu, certes, mais on se met des écrans pendant des heures et on s'en est quand même sortis, globalement. Est-ce qu'on n'est pas un peu dans la recherche de la culpabilisation du parent ? en lui mettant finalement la responsabilité sur les problèmes de leurs jeunes. Vous n'avez pas suggéré l'accès aux écrans.

  • Speaker #2

    Je pense qu'on serait beaucoup plus efficace collectivement de zoomer sur les situations qui fonctionnent. En thérapie brève, par exemple, on regarde plutôt ce qui fonctionne et d'aller encourager les parents, valoriser des témoignages et des expériences de parents pour qui ça se passe très bien, qui arrivent à équilibrer tout ça et de les valoriser. Mais là, on est dans une peur. Et en fait, si on regarde dans tout le modèle, qui met en scène... notre psychose là c'est la peur donc vous voyez c'est tout un système et moi ça que je veux transmettre aux parents c'est ouvrez le macroscope et voyez les choses en termes larges santé globale de toute façon c'est le monde d'aujourd'hui et ce sera encore plus le monde de demain

  • Speaker #0

    Moi, je fais souvent un parallèle sur l'insertion dans le monde professionnel. Aujourd'hui, un jeune qui arrive, qui ne maîtrise pas le GPT, il va avoir des difficultés dans le travail. C'est utilisé partout, tous les jours. On l'utilise partout. C'est les outils, les réseaux en entreprise, c'est devenu essentiel. On ne peut pas s'en passer aujourd'hui. Donc, à un moment, il faut aussi simplement...

  • Speaker #1

    Ça crée même des emplois à part entière.

  • Speaker #0

    Mais c'est que ça crée les emplois de demain. C'est surtout ça. Et donc, d'où l'intérêt de... de ne pas diaboliser tout ça et d'y voir que le mal, comme on a tendance à le faire trop facilement.

  • Speaker #2

    Après, je fais un peu l'avocat du diable en me disant, oui mais parce qu'on a beaucoup plus de liberté, on a encore de la liberté sur le monde de demain. On a un peu cette vision comme si le numérique allait se développer de telle manière. Mais on a possibilité de modifier, de réguler quand même.

  • Speaker #0

    Vraiment ? Parce que c'est quand même un schéma qui semble... Rappelons-nous quand même. encore une fois je ne vais pas faire le vieux mais le premier iPhone il est sorti il n'y a même pas 20 ans et on voit où on en est aujourd'hui on voit en quelques années rien que l'intelligence artificielle ça fait 4 ans qu'on en parle

  • Speaker #2

    3-4 ans que ça s'est démocratisé la technologie va se démocratiser mais l'usage qu'on en fait je pense qu'il y a une réflexion profonde à avoir sur le sens des usages c'est à dire quel sens on veut donner à quoi ça sert au final et si en effet ça sert à un ado d'être être en mode consommation anxiolytique dans son coin, ça n'a pas trop de sens. Et c'est là que je pense qu'on a raison d'être critique, de développer l'esprit critique, mais sans tomber pour moi dans les deux pièges qui sont la technophilie et la technophobie. Et c'est d'être sur cet entre-deux et de réfléchir ensemble aux usages, de tisser des compétences et de l'apprentissage. plus que des « il faut » ou « tu dois » .

  • Speaker #0

    Et alors, justement, le monde du numérique, c'est aussi le monde des fake news, de l'intelligence artificielle, et dans un monde qui est de plus en plus difficile à décrypter. Aujourd'hui, les jeunes sont exposés à beaucoup d'informations. D'ailleurs, ils s'informent comme les adultes de plus en plus sur les réseaux sociaux. Si Hugo ne l'a pas dit, c'est que ce n'est pas vrai. C'est un peu le truc qu'on entend partout. Est-ce qu'ils savent décrypter réellement cette information ?

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, non. Il y a tout un boulot, je dis non de manière catégorique dans ce que je perçois, toujours dans ma pratique, pas de manière générale, mais je dirais non, mais c'est passionnant parce que le rapport à l'image est totalement modifié. Et on peut avoir des effets positifs, c'est qu'en effet, tout ce qui est image aujourd'hui ou vidéo, c'est une création, ce n'est pas une vérité. Donc ça veut dire que d'emblée, on va être dans ce rapport de méfiance, sans tomber dans la paranoïa. mais d'avoir un esprit critique et chaque image que l'on voit, on n'est plus en train d'associer une vérité sur l'image.

  • Speaker #0

    On sait tous que de toute façon, on ne pouvait pas vraiment associer de vérité sur les news qu'on recevait avant. Mais alors là, encore moins, parce que tout le monde peut publier la news qu'il veut sur n'importe quoi, sans qu'il y ait de travail journalistique dessus. C'est ça la difficulté.

  • Speaker #2

    Et l'enjeu, ça va être de certifier les contenus, les sources. Et c'est pour ça qu'on va avoir besoin d'humains. On parle toujours de l'intelligence artificielle, on va avoir besoin d'intelligence humaine. pour donner du sens à ces productions. Dans le domaine des deepfakes, par exemple, il va y avoir des productions diverses.

  • Speaker #0

    C'est vrai, mais il y a des outils qui permettent de scorer et de détecter les deepfakes. Et d'ailleurs, comment ils font pour distinguer le vrai du faux, nos jeunes ? Parce que c'est compliqué, ils arrivent, ils sont face à des contenus, ça devient problématique. On peut facilement...

  • Speaker #2

    Moi, ce que je perçois, c'est aussi par la relation, par le bouche à oreille entre eux. Ils cherchent une source crédible. Et le malheur, c'est aussi que ça peut être... Les copains.

  • Speaker #0

    Ça ne peut pas être les parents. C'est là le problème.

  • Speaker #2

    Mais si on est dans une relation de méfiance avec ses parents, d'où l'intérêt de tisser par l'éducation un rapport de confiance. Alors, ça fait un peu bisounours de dire ça, parce que ce n'est pas toujours évident. Il faut cadrer. Dans mon métier, on appelle ça le cadrage bienveillant. Est-ce qu'en tant que parent, je peux dire non et stop, mais sans forcément le culpabiliser ou lui transmettre mes propres peurs ? Lui donner un principe, un cadre en disant non, pour moi, j'estime. En tant que parent, ce n'est pas possible. Tu as passé deux heures sur cet écran, c'est fini.

  • Speaker #0

    La pause numérique.

  • Speaker #2

    La pause et après, argumentation, d'accord, il faut quand même expliquer. Mais c'est de réussir à cadrer de manière bienveillante en traduisant son intention.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #2

    Et même s'il claque la porte, il va dans sa chambre, il s'isole et c'est la crise. C'est de réussir en tant que parent à ne pas descendre au même niveau que la dose.

  • Speaker #0

    Pour petite séquence, maintenant, parlons psy, parlons vrai. Avec le docteur Claire Morin, médecin psychiatre, j'ai cinq questions de parents pour toi. Mon ado passe du temps sur TikTok et refuse de décrocher. Comment gérer son addiction aux écrans sans conflit permanent ? Quel est le conseil du psychiatre ?

  • Speaker #1

    C'est justement ce que tu disais, le cadrage bienveillant, c'est-à-dire arriver à rentrer en communication et à lui ouvrir les yeux sur le fait qu'il n'y a pas que TikTok et qu'il est important pour son développement personnel et pour sa vie future. d'arriver à avoir d'autres expériences, d'autres sources d'informations. Parce que là, finalement, le problème dans cette question, ce n'est même pas le temps d'écran lui-même, mais c'est sur titre tellement d'autres sources d'informations. Et donc, pourquoi pas lui proposer de partager un moment sur un écran, sur une tablette, sur un ordinateur pour regarder d'autres sources d'informations ?

  • Speaker #0

    Il faut aller dans son monde, en fait. Il faut l'accompagner.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Il faut de l'accompagnement. Alors, une autre question. Je veux poser des limites sur l'utilisation des écrans à la maison, mais mon ado dit que tout le monde fait comme ça. Comment instaurer des règles sans passer pour un parent dépassé ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est l'excuse de tous les adolescents. Tous les copains, c'est pas soi et qu'il faut trouver un équilibre. Peut-être que ce qu'ils voient ou ce que les copains leur disent n'est pas forcément non plus la réalité. Et que c'est pareil, l'objectif, c'est qu'ils puissent développer d'autres expériences et qu'ils puissent y avoir quand même une vie de famille. Mais ça suppose aussi que les parents ne passent pas leur temps aussi sur les écrans.

  • Speaker #0

    Il faut avoir un petit rôle d'exemple quand même. Je pense à un truc, d'ailleurs, ça me fait penser à ce qu'on a aussi mis dans Link, c'est faire un contrat avec son jeune. C'est aussi un moyen de l'engager, de le responsabiliser, de lui laisser une certaine liberté d'action, sans le faire culpabiliser d'utiliser les écrans et de donner des contreparties. C'est ça,

  • Speaker #1

    valoriser les efforts qui sont faits. Et dire, si tu arrives à réduire ton temps d'écran, c'est du temps qu'on passera ensemble sur une activité commune. Ou même, si tu passes moins de temps sur TikTok, c'est du temps que je vais te redonner avec tes amis sur les jeux vidéo le week-end, par exemple.

  • Speaker #0

    On ne peut pas tirer le temps, le temps n'est pas infini.

  • Speaker #2

    J'ajouterais, qu'est-ce que tu apprends, par exemple ? Ça, c'est du vécu avec mon fils. C'est le laisser volontairement sur Fortnite, par exemple, et de le questionner après en disant, mais qu'est-ce que ça te fait ? À un moment donné, il y a de l'ennui qui s'installe. C'est d'éduquer aux sensations quand on joue aux jeux vidéo. Et les ados peuvent le dire, qu'à un moment donné, ils n'ont plus le même rapport aux jeux. C'est plus ludique, c'est l'ennui qui domine. Ou lorsqu'on se rôle. On le vit même en tant qu'adulte, mais on sait à peu près s'arrêter à un moment donné quand on scrolle et qu'on sent une sensation. Donc, c'est revenir au corps.

  • Speaker #1

    C'est un peu une forme de féturation, en fait.

  • Speaker #2

    Et de pointer ça, d'aider son ado à apprendre, à identifier quand son corps lui dit « bof, je ferais mieux d'aller dehors » . Mais ce n'est pas évident.

  • Speaker #0

    C'est compliqué.

  • Speaker #1

    C'est un apprentissage.

  • Speaker #2

    Mais voilà, l'idée d'apprentissage est que les parents valorisent les parents en disant « tenez bon, tenez bon » . L'apprentissage, ce n'est pas binaire. C'est… C'est à un moment donné, vous valorisez, vous renforcez, mais vous tenez votre cadre. C'est votre cadre éducatif. Vous avez raison, c'est vous les parents.

  • Speaker #0

    C'est normal. Le cadre, il est nécessaire. Par contre, il faut les laisser un petit peu naviguer dans le cadre.

  • Speaker #2

    Écoutez un peu les psys, les psychiatres, mais faites-vous confiance.

  • Speaker #1

    En fait, le cadre, il ne doit pas être limitant, il doit être structurant. C'est-à-dire qu'en tant que parent, quand on veut accompagner son adolescent, on sait que pour pouvoir avancer dans la vie, il faut qu'on ait une structure. Et donc cette structure, forcément... elle s'acquiert, elle se construit par un cadre qui est mis. Je sais où sont mes limites, apprendre où sont mes limites. Mais si on présente ça comme je cadre, j'oblige, et c'est un interdit, c'est là que ça devient limitant.

  • Speaker #0

    Il ne se construit pas, il subit en fait. Exactement. C'est un cadre au lieu de se construire sur le cadre.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #2

    Et ça peut nourrir l'anxiété, bizarrement. C'est le parent qui fait le nid à la place de l'enfant. On parle comme si le parent faisait la carapace, mais l'idée c'est que l'enfant, il est sa carapace, mais il est aussi sa colonne vertébrale. Et ça, ça passe par l'expérience, l'éducation. Et ce n'est pas binaire, ce n'est pas que de l'information. Le message, c'est que conseiller, informer ne suffit pas. L'éducation, c'est faire expérimenter son enfant, l'accompagner. Eh bien oui, ça demande du temps.

  • Speaker #0

    C'est intéressant pour les parents aussi de comprendre un peu mieux ce monde du numérique. Là, on parle quand même de gens qui ont la quarantaine, qui ont des ados. Donc, c'est quand même un monde dans lequel on évolue, nous aussi, au quotidien. Donc, c'est aussi pas mal.

  • Speaker #2

    Et ça fait travailler le parent sur sa propre anxiété, c'est ça ?

  • Speaker #0

    C'est pas mal. Pierre-Henri, une dernière question, justement, de parents. Mon ado suit des comptes conspirationnistes et refuse d'écouter des avis contraires. Comment lui apprendre à douter intelligemment ? Ouh là !

  • Speaker #2

    C'est compliqué,

  • Speaker #0

    ça !

  • Speaker #2

    Là, ce qui m'est venu, c'est même pas d'être trop dans le doute ou développer l'esprit critique, parce qu'on risque de renforcer la croyance, en fait. Donc déjà, c'est de, si j'y vais frontalement... C'est de passer, là je passerais par des médiations, par des cousins, des grands frères, des personnes qui peuvent être des sources plus crédibles que les parents.

  • Speaker #0

    La proximité d'âge, la facilité de l'écoute.

  • Speaker #2

    Et on sait qu'une croyance peut être vraiment modifiée de l'intérieur. C'est pour ça que c'est délicat. On risque en tant que parent de renforcer en fait le...

  • Speaker #0

    Côté négatif.

  • Speaker #2

    Idéologique, du moins.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'on entend souvent parler de dérive sectaire, d'ailleurs, sur Internet, sur les réseaux et dans les informations qui sont données. Donc, c'est aussi un point de vigilance.

  • Speaker #2

    Là, pour moi, c'est un symptôme important de la santé globale. Il faut voir ça comme un corps global. Et là, je me dis, oula, mon enfant est sur ce type de pratiques et d'usages et il s'enferme. Toute son identité se tricote autour de ça. Donc, c'est toujours un but ensemble. Et je pense que d'aller consulter, de trouver une ressource familiale, un tiers, en fait, on dit. quelqu'un d'autre pour pouvoir faire passer des messages. Mais plus que de faire passer des messages, on voit bien que dans ces sujets-là, c'est quand il y a une porte de sortie et que l'ado peut lui changer sa vision du monde.

  • Speaker #0

    Il faut qu'il soit conscient, il faut que ça vienne de lui. Il faut qu'il ait le sentiment que le changement, il l'ait initié tout seul.

  • Speaker #2

    Et père-parent, prenez un bouquin d'hypnose, de suggestions et apprenez les suggestions indirectes. Ce sera beaucoup plus efficace que de passer du temps à rabâcher les conseils. Vous allez simplement renforcer la... la coquille, quoi, et donc fermer encore plus.

  • Speaker #0

    Maintenant, on va parler un petit peu, justement, des risques et de la manière dont on peut accompagner nos ados dans le monde du numérique. Déjà, à la maison, comment on encadre l'usage du numérique ? Est-ce qu'on doit, en tant que parent, interdire certains contenus en particulier ? Ou comment est-ce qu'on dialogue autour de ça ? On peut dire, tiens, je pense que tu es trop jeune pour aller sur TikTok. Je pense qu'il faut se rappeler quand même que 67% des 8-10 ans sont actifs sur les réseaux sociaux, alors que c'est 13 ans. L'âge légal. Ah mais t'as 11 ans, tu vois, tu peux pas aller sur les réseaux. Puis il va dire oui, mais tout le monde y va. Si j'y suis pas, j'ai pas d'amis. Qu'est-ce qu'on doit faire en tant que parent ?

  • Speaker #2

    Traduire à ses enfants son intention éducative. C'est-à-dire, pourquoi je fais ça ? C'est quoi mon intention de parent ? Mais de le faire de manière authentique, en disant, tu sais, mon fiston là, ou ma fille, je te pose ce cadre-là, c'est pas contre toi, je suis pas ton ennemi en fait. C'est que j'ai un job à faire, et j'ai des valeurs moi dans la famille, et j'ai envie de te transmettre ça. Et en effet, pour moi, TikTok, de ce que j'en sais aujourd'hui, mais ça peut évoluer. c'est dangereux pour toi, ce n'est pas adapté et je ne suis pas d'accord.

  • Speaker #0

    D'accord, donc là, c'est vraiment en fonction de son point de vue.

  • Speaker #2

    Voilà, ça va créer des conflits, mais un conflit, ça peut être structurant. Tout à fait. Des fois, on a peur du conflit en tant que parent et ça nous culpabilise d'être dans le conflit avec nos ados. Alors qu'ils en ont besoin aussi pour se construire leur colonne vertébrale. Pas uniquement la coquille, mais la colonne vertébrale. Donc après...

  • Speaker #0

    On négocie avec les enfants.

  • Speaker #2

    Je regarde avec ma fille de 12 ans les vidéos de petits chatons.

  • Speaker #0

    Et ça lui va bien.

  • Speaker #2

    Et parce qu'on passe un chouette moment. Moi, ce que je trouve intéressant, c'est de le partager avec eux.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, on négocie. On négocie. Il faut négocier avec les enfants pour l'accès au numérique.

  • Speaker #2

    Oui, je pense. Et l'intérêt, pour moi, la clé, c'est la curiosité. Je ne sais pas, mais c'est d'être curieux en tant qu'adulte et de rentrer dans le monde. D'aller jouer, par exemple, avec son ado aux jeux vidéo. Au moins faire une partie.

  • Speaker #0

    Moi je les connais tous, Roblox, Fortnite, Afterlife...

  • Speaker #2

    Les vidéos des influenceurs YouTube, moi personnellement, de regarder avec eux, on apprend énormément de choses, y compris... Il y a de tout dans ces vidéos-là, mais il y a des chouettes valeurs.

  • Speaker #0

    Ils apprennent beaucoup de gros mots quand même. Il faut quand même... Après, ils les apprennent ailleurs. Oui, je pense que là,

  • Speaker #2

    on va circuler au-delà des réseaux.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai qu'ils adorent regarder des youtubeurs...

  • Speaker #1

    En train de jouer,

  • Speaker #0

    ouais. C'est un truc, c'est...

  • Speaker #2

    C'est Innoxtag qui a fait l'Everest, par exemple. C'est une pépite entre parents. Regardez ça avec ces ados. Il y a des sujets fabuleux, existentiels, je veux dire, qui peuvent être abordés par la médiation. De toute façon, c'est là, il faut voir ça comme de la culture. Mais si on a, en tant que parent, filtre bien entre le poison et le remède, il y a des pépites.

  • Speaker #0

    Il y a des pépites. Moi, je donnais une anecdote par rapport au documentaire d'Innoxtag. Mon fils, qui a 8 ans et demi, a regardé son reportage, Kaizen, la montrée d'Everest. Et donc, la chose qu'il a retenue, quand on lui a demandé « qu'est-ce que tu as retenu du documentaire ? » Il a retenu qu'en fait, Innoxtag lui a dit qu'il fallait poser sa tablette et partir à l'aventure. Voilà ce qu'il a retenu. Il a dit « ouais, il faut partir à l'aventure » .

  • Speaker #2

    Ben oui.

  • Speaker #0

    C'est génial. Donc là, on se dit que finalement, c'est pas... Il y a quand même des aspects qui sont positifs.

  • Speaker #2

    Et il en a parlé, il a échangé avec son papa.

  • Speaker #0

    Exactement, on a pu en parler, il en a parlé avec sa soeur.

  • Speaker #2

    Il ne l'aurait même pas cliqué peut-être sur cette vidéo-là, parce qu'elle n'est peut-être pas aussi attractive que d'autres.

  • Speaker #0

    Il est fan, il est fan d'Innoxtag. Il espère le rencontrer bientôt. Deuxième question, par rapport à la gestion des ados et des écrans, est-ce qu'il existe une bonne durée d'écran par jour ?

  • Speaker #2

    Cet équilibre-là, je pense que c'est plus utile de privilégier d'autres activités que cette activité écran. Bon, après si. une journée pluvieuse en vacances, l'ado a besoin d'être en mode régressif sous sa couette, pourquoi pas ? Moi, je n'ai pas dit ça.

  • Speaker #1

    Non, c'est la répétition qui devient problématique parce qu'elle va générer la désinsertion.

  • Speaker #0

    Parce qu'aujourd'hui, si on regarde les temps d'écran des ados, ça peut faire froid dans le dos. Oui,

  • Speaker #1

    mais désactu. On voit des 7,

  • Speaker #0

    8, 10 heures par jour. Moi, j'ai eu ce matin le mien, j'étais agréablement surpris. C'était à 5 heures, ça va, par jour. C'est pas mal quand même. Mais bon, je passe aussi beaucoup de temps pour travailler sur le téléphone.

  • Speaker #1

    Mais c'est aussi, voilà, c'est une question de contenu. Et en fait, l'idée, c'est d'inculquer aux adolescents la notion que le numérique est un outil et qu'il ne dispense pas, en fait, de développer sa propre réflexion. Et c'est ça tout l'enjeu et tout l'enjeu aussi autour de l'IA. C'est que l'IA, c'est un outil fabuleux, mais qui ne doit pas venir à la place de la pensée personnelle. En fait, ça ne doit pas remplacer la pensée. Ça doit venir la nourrir, mais pas être à la place.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #2

    C'est vrai que c'est complexe, mais ça fait partie de notre culture aujourd'hui. Moi, j'aime bien la métaphore aussi anthropologique où on va dans la jungle, par exemple. Dans la jungle, il va falloir, pour un jeune guerrier, apprendre à trier le poison et le remède. Donc, c'est un environnement où il y a des prédateurs. C'est dangereux.

  • Speaker #0

    Mais on doit apprendre à s'en sortir.

  • Speaker #2

    On ne peut pas les protéger tout le temps. Et eux, dans leur quête, si on voit ça du point de vue existentiel, ils ont une quête aussi à aller explorer. Merci. C'est un nouvel horizon, en fait. Bien sûr. Et ils se construisent leur identité et ils construisent du récit aussi à travers ça.

  • Speaker #0

    Et votre avis sur les contrôles parentaux ? On installe, on n'installe pas, ça sert, c'est efficace ?

  • Speaker #2

    C'est un peu comme la béquille au début. C'est une solution provisoire, mais il faut éduquer derrière. Oui,

  • Speaker #0

    parce que je suis d'accord que ça ne suffit pas. Ah non. Ils ont accès aux écrans un peu partout. Et la curiosité, pourquoi on m'interdit ? Je vais aller voir ce qu'il y a.

  • Speaker #2

    Voilà, voilà. Faire le mur, passer, trouver un moyen. Une petite scène vécue, vous allez au collège, même les ados qui n'ont pas de portable, par exemple, ils s'agglutinent et ils font une grappe autour du portable du copain. Donc en fait, si on est réaliste, il y a à prendre en compte toute cette réalité-là.

  • Speaker #0

    Concernant les jeux vidéo et les jeux en streaming, surtout d'ailleurs les garçons, comment on sait si son ado joue ? Est-ce qu'il y a une notion de trop ? C'est un côté addictif quand même. Moi, je me souviens... d'une psychologue qui me racontait, qui travaillait en addictologie et qui me racontait qu'elle avait eu un patient qui jouait, qui était tellement addict au jeu vidéo qu'il en venait à ne même plus se rendre aux toilettes pendant qu'il jouait. Ça peut aller loin quand même.

  • Speaker #1

    Ça peut aller très très loin.

  • Speaker #2

    Il y a de la pathologie qui s'installe, c'est clair.

  • Speaker #0

    Donc on essaye de parler, de doser, de l'aider à doser, de l'aider à comprendre qui doit doser, c'est ça en fait.

  • Speaker #2

    Pour moi, le petit critère très simple, c'est, en tant que parent, d'observer quand même les signes de joie. C'est que... Ce n'est pas évident chez les ados, ils ne sont pas souvent à exprimer leur joie. Mais justement, de réussir à percevoir et de regarder dans la journée s'il y a cette petite joie qui s'exprime dans le non-verbal. Et si le jeune est dans une pratique de jeux vidéo compulsives et qu'on a pu cette joie-là, c'est qu'il y a un problème.

  • Speaker #0

    On essaie de le garder près de nous, visible, dans un espace commun, en tout cas jusqu'à un mot plus tard possible. Au moins, ça permet de voir comment il réagit.

  • Speaker #2

    Voilà, vraiment parce qu'il y a des signes, des signaux, en fait, comme une hypnose négative où on peut voir que le jeune s'éteint, quelque part il s'éteint.

  • Speaker #0

    Il est plus actif dans le jeu.

  • Speaker #1

    Il devient irritable aussi. Oui, irritable. Ils peuvent devenir très irritables.

  • Speaker #0

    C'est la technique du « on coupe le réseau pour passer à table » . Oui. On débranche le Wi-Fi, on coupe le courant et là tout le monde arrive. Ça marche bien d'ailleurs. mais maintenant ils ont des partages de connexion ou une coupure de courant réel moi j'ai vécu ça,

  • Speaker #2

    c'était très intéressant c'est à dire que c'est pas les parents pendant 12 heures c'était très intéressant on a ressorti davantage les jeux de société donc la déconnexion est très très utile moi s'il y a des parents qui sont en mode je déconnecte c'est très très utile aussi et pourquoi pas organiser des challenges comme ça entre

  • Speaker #0

    parents et jeunes dire voilà dimanche prochain on se fait une journée tous déconnexion et on se fait un truc ensemble hum ? Sans écran, c'est peut-être une manière de les compromis. On parlait de négo avec ces jeunes, ça peut être une négo intéressante. Ok vas-y toute la semaine, tu veux faire, samedi tu veux faire ça toute la journée. Vas-y pas de problème, par contre dimanche, nous parents on pose nos téléphones, toi tu poses ton téléphone, tu poses ton ordi, on va faire des choses ensemble.

  • Speaker #2

    Ce qui est intéressant c'est de le faire avec les jeunes, même si tu es délat de défis. Cliniquement, je pense à un patient, c'est tout à fait le jeune qui lui demandait davantage de jouer avec des jeux de société. avec des amis, avec ses cousins.

  • Speaker #0

    Qui eux-mêmes étaient connectés en permanence.

  • Speaker #2

    Et il était là. Monsieur Garnier. Mais ça m'a fait un bien fou. J'ai rigolé comme... J'avais oublié ce que c'était que de se bidonner, de rigoler simplement. Vous voyez, quand même, on est passé à côté de quelque chose, là.

  • Speaker #1

    C'est clair.

  • Speaker #2

    Ça veut dire qu'en termes de lien social, il y a vraiment plein de choses à faire.

  • Speaker #0

    La petite idée, voilà. On va organiser ça sur LinkedIn. On va organiser des challenges auprès des jeunes. Allez hop, c'est la journée sans réseau.

  • Speaker #1

    Ou même de dire, je fais une partie en ligne avec toi et tu fais un jeu de société avec moi.

  • Speaker #2

    J'aurais envie de dire, plutôt que de dire sans réseau, c'est... c'est pour vivre autre chose.

  • Speaker #0

    Ah oui,

  • Speaker #2

    il faut que ce soit... Dans la situation positive.

  • Speaker #0

    Il faut que ce soit...

  • Speaker #2

    Il va gagner quelque chose.

  • Speaker #0

    On ne peut pas dire aux gens de se déconnecter si on n'a rien à leur proposer en retour. On est d'accord. Petit 60 secondes challenge qui j'espère ne durera pas plus de 60 secondes, mais c'est pour avoir votre avis sur un certain nombre de questions de manière très brève, très courte. Le plus grand mythe sur le numérique et les ados ?

  • Speaker #2

    Ça transforme nos ados en zombies, le mythe du zombie, je ne sais pas. Y compris dans le numérique, dans les jeux et tout ça, c'est un univers.

  • Speaker #0

    Attention, on a 60 secondes, j'ai une question. L'info la plus absurde que vous ayez vu circuler sur le net récemment ?

  • Speaker #2

    Moi, c'est un site, c'est Handless. horse et on voit un cheval et on voit jamais les sabots du cheval et il faut scroller, scroller et c'est infini. C'est complètement absurde, mais je l'utilise avec certains patients pour leur montrer qu'à un moment donné, le scroll peut s'arrêter.

  • Speaker #0

    Le rôle des parents en une phrase, le numérique.

  • Speaker #2

    J'ai eu le mot guide, médiateur.

  • Speaker #0

    Un livre ou une ressource à conseiller aux familles sur le numérique ?

  • Speaker #2

    Ah, le numérique, je dirais les ouvrages, mais il en a plusieurs de Serge Tisseron et Frédéric Tordeau.

  • Speaker #0

    Et un petit message à faire passer aux jeunes qui nous écoutent ?

  • Speaker #2

    Valoriser. Il y a de la pépite. C'est une génération, vous êtes humain comme nous, il y a une capacité à vivre, à créer, vous êtes équipé. C'est votre culture et c'est à nous aussi, les boomers, de vous laisser la place à certains moments.

  • Speaker #0

    Très bien, nous allons enchaîner sur notre dernier sujet qui est construire un numérique plus sain pour nos jeunes. Un sujet important. Faut-il éduquer, Pierre-Henri, selon vous, au numérique dès l'école pour mieux prévenir les risques ? Parce qu'aujourd'hui, la place du numérique est assez limitée quand même. Oui,

  • Speaker #2

    et je crois qu'il y a ce qu'ils appellent l'EMI, c'est l'éducation aux médias et à l'information. Et il y a des, j'ai vu je crois sur le site du ministère de la Culture, il y a des résultats très positifs en peu de temps de cette éducation.

  • Speaker #0

    Donc l'école doit être un vrai vecteur d'accompagnement et pas de...

  • Speaker #1

    Surtout vu le temps que les enfants et les adolescents y passent.

  • Speaker #0

    Oui, alors... Après, on peut... Moi, je comprends, par exemple, des mesures comme l'interdiction du smartphone dans les collèges. Ils n'ont pas besoin, pendant la journée, d'avoir accès à leur téléphone. Mais ils passent ça sous le coup de la pause numérique. Moi, je trouve ça un peu barbare comme terme. C'est stigmatisant, la pause numérique. Comme si c'était mal, en fait.

  • Speaker #2

    Toujours, on a cette idée de déconnexion. On va vous enlever quelque chose. que vas-tu gagner en faisant autre chose ?

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est qu'on est à l'école, donc en cours, on est en cours, et en dehors des cours, on est avec ses copains, ses camarades de classe, etc. Donc c'est plus comme ça qu'on ne voit le présent.

  • Speaker #2

    C'est étonnant, je réalise.

  • Speaker #0

    Je trouve ça très négatif, moi.

  • Speaker #1

    Oui, complètement.

  • Speaker #0

    Je ne trouve pas que ce soit une bonne pause numérique. C'est moche, quoi. Je trouve que c'est moche. Je trouve que c'est stigmatisant pour les jeunes. Comment est-ce qu'on responsabilise les plateformes et les influenceurs sur l'impact de leur contenu ? Les plateformes, elles ont quand même un vrai rôle de l'algorithme. Moi, c'est quelque chose qui me choque. Je ne serais pas contre une régulation de l'algorithme des plateformes. C'est ça.

  • Speaker #2

    Moi, je pense que là, le cadre bienveillant de l'État, c'est de réguler et de poser les règles du vivre ensemble et des règles claires.

  • Speaker #0

    Dans l'algo. C'est-à-dire qu'on pourrait imposer, par exemple, à un TikTok d'interdire de valoriser des contenus négatifs ou destructeurs pour un jeune.

  • Speaker #2

    Oui, et d'aller vers plus de transparence. de ces algos, c'est des vraies boîtes noires. Mais même les concepteurs, des fois, notamment l'intelligence artificielle, ne comprennent pas forcément tout ce qui se passe dans la boîte noire. Et ça, même techniquement, il faut avancer et qu'on ait la main sur tout le processus.

  • Speaker #0

    Nous, on essaie de leur donner des petites astuces parce qu'on voit bien comment ils marchent, l'algo, on leur dit, voilà, vous en lancez pendant plusieurs jours des recherches sur certains mots plus positifs. Mais c'est vrai qu'on pourrait avoir, par exemple, sur TikTok, dans ces recherches, on pourrait avoir, par exemple, les mots clés qui ont été matchés avec nous par l'algo. C'est-à-dire, voilà, on a noté dépression, on a noté telle et telle et telle chose. Voilà les facteurs clés qui vont influencer vos contenus et pouvoir les supprimer pour dire, tiens, je veux enlever ça. Je ne veux plus être concerné par ce type de contenu ou je peux vouloir gérer l'heure. Tu sais, moi, quand on en parle avec Miel, qui a beaucoup été sur les réseaux, la journée, elle avait des contenus quand elle n'était pas bien. Elle avait des contenus qui étaient plutôt sympas, joyeux et tout. Et dès 21h, quand elle était dans sa chambre, elle ne tombait plus que sur des tragloques. C'est dur.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas normal.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas normal. Ça pourrait se contrôler, ça, avec une loi européenne, par exemple ?

  • Speaker #2

    Ça, je n'ai pas la connaissance. Par contre, j'ai l'intention et l'envie. C'est urgent. Là, j'ai envie de dire que c'est urgent. Et j'ai la métaphore toujours dans la jungle. C'est aux adultes. et nous, citoyens et consommateurs, de monter en pression pour cette jeunesse dans la jungle des sentiers.

  • Speaker #0

    C'est un peu le rôle de nos politiques.

  • Speaker #2

    Et là,

  • Speaker #0

    c'est à eux de prendre le sujet en main au niveau européen.

  • Speaker #1

    C'est pas encore.

  • Speaker #0

    Après, ça fait dix ans qu'on a interdit, qu'on a obligé en tout cas les plateformes graphiques à mettre en place des systèmes de contrôle d'âge fiables. On peut dire que pour l'instant, la fiabilité, elle est limitée. À plus de 18 ans, oui ou non. Alors qu'ils ont quand même une obligation légale depuis 2015. Donc, entre ce qu'ils disent, ce qu'ils promettent, ce qu'ils votent et ce qu'ils font, on est encore malheureusement... Bref, il ne faut pas trop compter là-dessus. Ok, donc l'école, rôle indispensable. Les influenceurs, nous, on se rend compte aujourd'hui, parce qu'on travaille avec beaucoup d'influenceurs, qu'il y a un vrai engouement pour justement le contenu de qualité, le contenu bienveillant vis-à-vis des jeunes. Et ça, c'est une bonne chose. Et on a beaucoup de soutien de beaucoup de créateurs de contenu qui sont heureux de s'associer à notre démarche. Donc ça, on espère que ça va continuer. Je pense qu'ils ont un vrai rôle de modèle.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Ils ont un rôle de modèle. Et d'ailleurs, on espère nous-mêmes qu'ils puissent venir participer à l'élaboration de cours sur l'usage du numérique dans les écoles. Mais il y a des contenus vidéo qu'ils auront créés avec nous. C'est clair. Parce que, évidemment, les jeunes écoutent les influenceurs à un vrai poids. Quand ça influe, ils disent « Attention, ça c'est dangereux » . Tiens, la vraie vie, c'est une patate.

  • Speaker #2

    C'est une source crédible.

  • Speaker #0

    C'est une véritable source, même plus que crédible. C'est une source vraiment hyper influente sur leur esprit et sur leur mode de fonctionnement.

  • Speaker #2

    Et c'est chouette et ça a encouragé et que ça devienne la norme, même en termes business. Je parle business, c'est à dire que de produire du numérique qui a du sens, que ça devienne beaucoup plus rentable que d'aller faire du numérique, tirer l'être humain vers le bas.

  • Speaker #0

    De toute façon. Je crois qu'à un moment, c'est aussi le rôle des marques qui viennent financer ces créateurs de contenu avec des sponsoring. C'est aussi le rôle des marques d'être vigilantes sur le niveau d'engagement et de qualité des contenus qui sont réalisés par les influenceurs qui financent pour être sûr qu'ils passent parce qu'ils associent leurs marques. Alors quand ils font du contenu malveillant ou assez qui tire vers le bas, on associe leurs marques à ça, ce n'est pas terrible.

  • Speaker #2

    Il y a des enjeux éthiques, mais aussi de vérité scientifique, de vraie information.

  • Speaker #1

    Les enjeux de santé publique ?

  • Speaker #2

    De santé publique, donc vraiment qu'il y ait une espèce de label ou de certification. On fait partie d'un réseau, on est des influenceurs, mais on va vers une approche, une vision plus humaniste, plus universaliste, comme on dit. C'est quand même intéressant.

  • Speaker #0

    Bienveillant, juste bienveillant. Juste ça, ce serait pas mal. Et à quoi ressemblerait, selon vous, un usage sain et équilibré des nouvelles technologies chez les ados ?

  • Speaker #2

    Moi, c'est pour avoir travaillé plus dans le domaine de la réalité virtuelle sur... des interfaces, c'est l'idée de repenser quand même les interfaces en termes relationnels. C'est un peu abstrait, mais c'est l'idée que, par exemple, j'imagine des réseaux sociaux où ce n'est plus moi, jeune, qui me mets en avant avec ma personnalité. Je mets en avant un projet avec un avatar, par exemple, et que ce soit un réseau social de projet. C'est-à-dire qu'on met en avant la relation qui s'est entre les personnes. Je pense que ça pourrait être intéressant avec des tribus.

  • Speaker #0

    La fameuse intelligence collective.

  • Speaker #2

    Voilà, exactement. Mais ça demande de faire l'expérience que le projet, ce que vous vivez là, c'est un projet collectif, c'est chouette à vivre aussi. Tôt que d'être uniquement dans son profil à soi et de prendre soin de son profil.

  • Speaker #0

    C'est un lieu de partage, c'est un réseau.

  • Speaker #1

    On revient au lien.

  • Speaker #0

    C'est un réseau,

  • Speaker #2

    on revient au lien. Il parle par exemple de UI, interface utilisateur. Mais c'est des interfaces centrées sur la relation, par exemple entre ... dans un groupe ou entre un psy et un patient, d'avoir quelque chose qui parle de la relation plus que des deux personnes.

  • Speaker #0

    Deux personnes indépendantes. Oui, on voit bien qu'il y a du travail. Enfin, un dernier petit point que je voulais aborder, c'était un petit point sur l'IA et la santé mentale. Comment est-ce qu'on prépare nos jeunes au monde du numérique de demain ? Parce qu'on voit bien que l'IA est en train de prendre une dimension incroyable. au quotidien. On fait plein de choses aujourd'hui, de bonnes et de mauvaises. Mais comment on en fait des utilisateurs avertis qui prennent le recul, qui ont le sens de l'analyse et qui ne se font pas piéger, qui ne deviennent pas dépendants de l'IA ?

  • Speaker #2

    L'esprit critique, mais des mots par exemple. Le mot intelligence artificielle, en vrai c'est une aberration.

  • Speaker #0

    Ça n'a rien d'intelligent. Ça apprend des modèles et ça les répète finalement.

  • Speaker #2

    Donc d'apprendre à questionner le discernement, à questionner l'esprit critique, tout ça, je pense que c'est tout petit. Et de cultiver ça, pour moi, c'est la meilleure protection. Après, évidemment, sur le plan technique, c'est aussi en intelligence artificielle, ces modèles de données, c'est un entraînement. Mais tout dépend des données sources, en fait.

  • Speaker #0

    Ce serait génial, ça, au collège ou au lycée, des cours d'intelligence artificielle, où on va balancer un prompt. sur ChatGPT avec un résultat qui peut être erroné volontairement et de challenger le jeune en lui disant tiens, voilà, ChatGPT m'a sorti ça. Fais-moi ton analyse critique. Qu'est-ce que t'en penses ?

  • Speaker #2

    Et j'ai vu des enseignants qui pratiquent ça déjà C'est vrai ?

  • Speaker #0

    Ah c'est du père Au lycée ?

  • Speaker #2

    Ils ont compris quoi Ils ont intégré ChatGPT, ils essayent de faire de la pédagogie au niveau dessus quoi Ils ont intégré ChatGPT et le critiquaient Comment le critiquer ?

  • Speaker #0

    Comment se faire sa propre opinion ? Non ça serait bien Eh bien en tout cas nous arrivons à la fin de cet épisode Et s'il y a une chose à retenir c'est que le numérique n'est ni un ennemi ni un allié absolu C'est un outil puissant qui peut être une formidable opportunité d'apprentissage, de créativité, de connexion sociale, mais aussi un piège lorsqu'il est mal utilisé. Nos ados grandissent dans un monde ultra connecté où l'image, la rapidité et la quantité d'informations prennent souvent le pas sur la réflexion et le bien-être. En tant que parents, notre rôle n'est pas de tout interdire ni de tout laisser faire, mais d'accompagner, d'éduquer et d'apprendre avec eux. Car oui, l'éducation numérique commence à la maison et elle passe par le dialogue, la confiance et des limites claires. Avant de paniquer sur les temps d'écran, posons-nous les bonnes questions. Mon ado sait-il prendre du recul face au contenu qu'il consomme ? A-t-il le bon équilibre entre les écrans et le reste de sa vie au quotidien ? Se sent-il bien dans son rapport aux réseaux sociaux et à son image ? Si l'on veut que nos jeunes soient armés face au danger du numérique, il faut d'abord leur donner les bons outils. L'esprit critique, vous parliez, la gestion du temps et la capacité à prendre du recul sur ce qu'ils voient en ligne. Merci au Dr Clermont-Rhin pour cet échange médical et à vous, Pierre-Henri Garnier, pour votre expertise sur ces sujets passionnants. Si vous souhaitez aller plus loin, nous vous mettons en description quelques ressources utiles pour mieux accompagner vos ados dans leur usage du numérique. Et bien sûr, si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous et à nous suivre sur link.com. Merci.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup. Merci.

Description

Dans cet épisode de L'Art d'être Parent, Guirchaume Abitbol et Dr Claire Morin reçoivent Henri, médecin et spécialiste des impacts psychologiques et culturels du numérique.


Ensemble, ils explorent les signes d'une addiction aux écrans, ses conséquences sur le développement des jeunes et partagent des conseils pratiques pour aider les parents à rétablir un équilibre sain. 🌐👨‍👩‍👧‍👦


👉 Un échange éclairant pour mieux comprendre le lien entre les écrans et la santé mentale de nos enfants.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans l'art d'être parent. Je suis Gierschom Abitbol, cofondateur de Link, et je suis ravi de vous retrouver pour un nouvel épisode de notre podcast dédié à la santé mentale des jeunes. Chez Link, nous avons une conviction forte. En tant que parent, nous avons un rôle essentiel à jouer pour aider nos ados à grandir sereinement dans un monde en constante évolution. Et justement, aujourd'hui, nous allons parler d'un sujet qui concerne toutes les familles, le numérique et son impact sur nos jeunes. Smartphones, réseaux sociaux, intelligence artificielle, fake news, jeux vidéo, nos ados passent plusieurs heures par jour devant leurs écrans. Mais à quel point cela influence-t-il leur bien-être, leur santé mentale, leur perception d'eux-mêmes et du monde qui les entoure ? Les chiffres sont frappants. 91% des 12-17 ans sont actifs sur les réseaux sociaux. Un ado passe en moyenne 4h30 par jour sur un écran. 30% des jeunes ont déjà été exposés à des fake news ou du contenu problématique. L'addiction aux jeux vidéo est aujourd'hui reconnue par l'OMS comme un trouble pouvant nécessiter une prise en charge. Alors comment accompagner nos ados dans ce monde numérique sans tomber dans l'hyper-contrôle ou au contraire la démission ? Comment les aider à développer un esprit critique face au contenu qu'ils consomment ? Et comment préserver leur santé mentale dans un univers où l'image, l'instantanéité et la surinformation prennent de plus en plus de place ? Pour en parler aujourd'hui, j'ai le plaisir d'être accompagné du docteur Claire Morin, médecin psychiatre et cofondatrice de Link. Bonjour Claire.

  • Speaker #1

    Bonjour Gershom.

  • Speaker #0

    Ainsi que par un invité exceptionnel, spécialiste des impacts psychologiques et culturels du numérique. Il est psychologue clinicien au CHU de Nantes, docteur en sciences de l'information et de la communication et travaille sur les liens entre l'intelligence artificielle, santé mentale et acculturation digitale. Bonjour. Pierre-Henri Garnier.

  • Speaker #2

    Bonjour Gershom.

  • Speaker #0

    Merci en tout cas d'être parmi nous aujourd'hui pour parler de ce sujet qui est un sujet passionnant. Avant de plonger dans le vif du sujet, pouvez-vous nous dire en quelques mots votre parcours et en particulier votre parcours au service de la santé mentale des jeunes ?

  • Speaker #2

    Je démarrerai un peu ma dernière année d'études où j'ai pu faire un stage notamment à Montréal, au Québec, auprès des jeunes, on appelle ça les centres de jeunesse. Et puis après, je suis arrivé sur Nantes et j'ai fait un parcours de psychologue hospitalier en pédiatrie. dans un domaine qui s'appelle l'éducation thérapeutique du patient. Donc l'idée c'est de la pédagogie. On travaille sur les compétences des patients. L'idée c'est de décentrer le soignant pour qu'il comprenne que le patient sait des choses, sait faire des choses. Et donc dans cette lignée-là, j'ai évolué aussi après chez l'adulte. Et puis aujourd'hui, après avoir fait du libéral aussi, aujourd'hui je fais partie d'une équipe qui s'appelle l'unité Mikado, CHU de Nantes, et on est sur... La crise suicidaire, sur ces thématiques-là...

  • Speaker #0

    Chez les ados ?

  • Speaker #2

    Chez les ados.

  • Speaker #0

    D'accord, oui, j'ai lu un peu.

  • Speaker #2

    De 11 à 17 ans, et puis on est toute une équipe multidisciplinaire, et on travaille pour sortir de la crise. C'est ça le but du but. Sur six semaines, un contrat de six semaines, renouvelable une fois. L'équipe est vraiment très chouette. C'est une bonne dynamique et innovante.

  • Speaker #0

    Et c'est efficace, puisque je vais crulir que 95% des jeunes... sortait de ce schéma de crise au bout de trois mois.

  • Speaker #2

    C'est vrai que c'est grâce aux ressources professionnelles, mais aussi sociales, familiales, culturelles, que vous apportez à travers tout le travail qui est tissé aussi via Link. Donc bravo à vous.

  • Speaker #0

    Merci. C'est un travail d'équipe en fait. La santé mentale, c'est un travail qui implique en fait tous les acteurs qui sont autour du jeune pour l'aider à s'en sortir. Vous avez un doctorat en sciences de l'information et de la communication. C'est original pour un psychologue d'avoir une formation.

  • Speaker #2

    C'était particulier. J'ai fait ça à l'université, au laboratoire de psychologie de Nantes. Mais la thématique, c'était sciences de l'information et communication. Parce que depuis ado, je suis quand même un fanat de numérique. De création numérique, je ne suis pas du tout un gamer. Par contre, j'aime la 3D, la réalité virtuelle, le développement. J'ai fait un peu de développement de codage en fait.

  • Speaker #0

    D'acteur, pas un consommateur.

  • Speaker #2

    Et c'est ça, en fait, là, par rapport au thème d'aujourd'hui, c'est peut-être cette dimension-là d'acteur, de créateur, d'auteur. Comment sortir d'une posture d'ado consommateur, vous voyez ?

  • Speaker #0

    Et en faire des choses d'utilité, en fait.

  • Speaker #2

    Comme miel,

  • Speaker #0

    c'est tout à fait.

  • Speaker #2

    Exactement.

  • Speaker #0

    Alors justement, puisque c'est le sujet d'aujourd'hui, on va parler un petit peu de la manière dont le numérique façonne la santé mentale de nos ados. Aujourd'hui, ils ne vivent qu'au travers du numérique. Le numérique est partout, du matin au soir, parfois un peu trop partout. On essaie aussi de faire en sorte de garder des temps de vie réelle et pas uniquement des temps connectés. Quels sont pour vous les principaux effets psychologiques de l'hyperconnexion chez les ados ?

  • Speaker #2

    Spontanément, par rapport à ma pratique, quand on est psychologue, la pratique clinique, c'est le fait de rencontrer des ados, c'est l'impact sur le sommeil. Tout ce qui peut engendrer par rapport au temps d'écran. Pour moi, le thème, l'impact, c'est plus le temps. temps passé sur les écrans que l'écran en lui-même en fait.

  • Speaker #0

    D'accord, donc c'est vraiment un problème de temps consommé. Aujourd'hui, le sommeil, donc Claire qui est médecin psychiatre, le sommeil a un impact important sur la santé mentale ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'est ce qui s'appelle, ça fait partie des conduites instinctuelles, c'est-à-dire que quand le sommeil commence à être impacté, là, ça devient une problématique très embêtante. Et c'est là-dessus que se développent les troubles.

  • Speaker #0

    Combien d'heures de sommeil pour un ado on recommande aujourd'hui ? J'imagine qu'il n'y a pas de règle mais en moyenne

  • Speaker #1

    La moyenne de temps de sommeil du français c'est 8h Donc c'est sûr que si on reste très tard et qu'on doit se lever le matin et qu'on va se connecter la nuit sur son écran on n'a pas 16h avec toutes les conséquences C'est ça exactement et on sait que rester trop longtemps sur les écrans ça joue sur la mélatonine qui est donc l'hormone qui vient induire le sommeil, induire l'endormissement ça retarde le pic de mélatonine et donc ça retarde l'endormissement.

  • Speaker #0

    Donc là, on est sur quand même une problématique qui est une problématique de temps d'usage. Donc là, on a quand même un sujet qui est important. Et est-ce qu'aujourd'hui, on peut dire que le numérique, pour vous, Pierre-Henri, a un effet direct sur l'anxiété, la dépression ? Alors le sommeil, ça, on voit que oui. On est clair là-dessus, c'est le principal sujet. Mais la qualité des contenus consommés, par exemple, est-ce que pour vous, on peut faire un lien entre le numérique et l'anxiété et la dépression ?

  • Speaker #2

    On va rentrer dans un monde un peu complexe. C'est l'effet direct qui a modéré. C'est le temps de consommation, j'ai envie de dire, qui va avoir un effet direct. Mais est-ce que c'est vraiment le numérique en tant que tel et le support écran ? Il y a des études contradictoires sur le sujet.

  • Speaker #0

    On décrit souvent, par exemple, certains usages. notamment sur les réseaux sociaux, qui peuvent avoir certains aspects négatifs. Cette surconsommation d'images, par exemple, ça peut quand même jouer un rôle sur l'anxiété chez le jeune, non ?

  • Speaker #2

    Oui, ça peut. Si on est dans cette surconsommation, il y a à trouver cette régulation. Le mot qui me vient, c'est comment réguler ? C'est une histoire de dosage.

  • Speaker #0

    C'est une histoire de dosage.

  • Speaker #2

    Il n'y a pas de nature de l'outil, en fait, c'est ça.

  • Speaker #0

    Moi, je vois en tant qu'adulte, je vais prendre un cas, par exemple, quand on commence à se brancher sur les chaînes de news, on devient complètement parano. Dès qu'on commence à consommer trop de news, on a l'impression que rien ne va et que le monde va s'écrouler.

  • Speaker #2

    Je provoque un peu, j'ai envie de dire oui, mais parce que si on est, par exemple, dans un groupe et qu'on a un esprit critique qui peut se créer dans l'échange, on peut en tirer pas mal d'enseignements. Pour moi, ça parle de la médiation, c'est-à-dire la relation qu'on va tisser, le rapport qu'on va tisser à nos écrans, aux outils, aux usages. Et là, je fais ça, il y a de l'éducation. à tisser et on manque aujourd'hui de ce travail éducatif. Et il est fait quand même, mais il y a des besoins énormes.

  • Speaker #0

    De la sphère où ce travail éducatif pour les jeunes ? Il se fait à l'école, il se fait en famille ? Comment ça se passe ? Parce que les parents sont un peu dépassés. On leur parle de fake news, d'intelligence artificielle, on leur parle de sujets dont ils ne sont pas forcément hyper familiers. Qui éduque qui ? Parce qu'il faut savoir pour éduquer.

  • Speaker #2

    Tout le réseau, j'ai envie de dire, c'est-à-dire tout le système. Pour moi, dans cette vision-là, c'est... de voir, de distinguer ce qu'on appelle le numérique du numérisme. C'est un auteur, Hervé Fischer, qui nous invite à voir que le numérisme, c'est un peu ce conçu numérisme. C'est-à-dire qu'il y a quelque chose autour de la surconsommation qui est problématique. Mais le numérique en tant que tel, c'est assez neutre. C'est un outil qui peut être poison ou remède. On appelle ça un pharmacon, c'est-à-dire tout dépend du rapport, justement de la relation qu'on peut tisser avec ces technologies-là. Donc ça concerne tout le monde, chers parents, chers éducateurs. Parce que c'est une histoire de culture. de culture et on est dans cette phase où c'est vrai qu'il y a une accélération et ça va trop vite. Donc on a du mal à s'ajuster, à s'adapter. On va avoir besoin de créativité et d'innover pour créer de la culture qui permette aux jeunes et des nouveaux récits, on dit, une nouvelle narration qui leur permette d'être davantage acteurs et auteurs de cette culture.

  • Speaker #0

    D'accord. Et moins simples spectateurs.

  • Speaker #1

    Et moins consommateurs.

  • Speaker #0

    Moins consommateurs, spectateurs, c'est-à-dire sans interaction en fait.

  • Speaker #1

    C'est ça exactement.

  • Speaker #2

    Pour synthétiser, c'est cette culture d'hyperconsommation conçue numériste qui s'infiltre à travers les outils. Et aujourd'hui, on est dans des outils numériques qui ont énormément de place, qui pour moi ont un impact négatif sur... sur la santé mentale.

  • Speaker #0

    Alors justement, on parle d'impact négatif, on va parler d'un sujet qui est évidemment omniprésent dans les familles, c'est les réseaux sociaux et l'influence des réseaux sociaux sur la perception qu'on peut avoir de soi-même et sur l'estime de soi chez les jeunes. Quel est votre point de vue là-dessus ? C'est accès à l'image permanente ?

  • Speaker #2

    Là, je pense, si c'est dans le sujet, mais à des outils, je ne sais pas si on peut citer des outils précis, mais... Des formats en fait. Le format TikTok, l'algorithme en lui-même, on sait aujourd'hui qu'il est plutôt du côté néfaste auprès des ados assez fragiles. C'est-à-dire qu'il va y avoir une amplification, notamment autour des scarifications. On sait que l'algorithme va avoir tendance à favoriser des vidéos qui parlent de sujets glauques. Et donc, c'est ça qui pose problème. Mais l'outil réseau social, s'il est formaté d'une autre manière, peut être assez fabuleux.

  • Speaker #0

    Alors oui, mais ça, on ne le contrôle pas, puisque ça suppose un niveau de responsabilisation de la part des acteurs, qui, soi-disant, font des choses pour protéger les jeunes. Mais on se rend compte que dans la pratique, c'est un vrai sujet. Toi, tu vois ça, Claire, avec tes patients, l'impact des réseaux sur des comportements à risque ?

  • Speaker #1

    Des réseaux où on a des algorithmes de ce type-là. En fait, l'adolescent va s'enfoncer avec les réseaux, va s'enfoncer dans ses difficultés, dans ses troubles. Et ça peut même participer à la chronicisation des troubles.

  • Speaker #0

    Alors, qu'est-ce qu'on fait ? Parce qu'en fait, soit on leur dit coupez-vous des réseaux, soit on essaye de les... Est-ce que ça ne vaut pas le coup de les accompagner très jeunes, justement ?

  • Speaker #1

    Bien sûr que si. On revient sur ce que tu dis, l'éducation, c'est essentiel. Parce qu'aujourd'hui, le numérique fait partie de la vie, et fait partie de la vie des adolescents, mais aussi de nos vies à nous d'adultes. Et donc, c'est comment on éduque les enfants dès le plus jeune âge, dès qu'ils peuvent comprendre, à la fois cette potentialité formidable de l'outil numérique, et à la fois des dangers que ça peut représenter.

  • Speaker #0

    On peut parler de relations sociales numériques. Parce qu'en fait, c'est ça souvent que les parents ne comprennent pas. Moi, le premier, il y a quelques années, je disais à mes enfants, mais t'es encore sur ton truc, t'es encore sur ton écran, t'es encore en train de jouer aux jeux vidéo. Mais en fait, c'est un vrai lieu social pour eux. C'est un lieu de discussion, d'échange.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et par exemple, on peut dire que c'est un outil formidable. Par exemple, il y a beaucoup de personnes qui ont un trouble du spectre autistique, qui, grâce au numérique... grâce aux jeux vidéo et à l'espace social que c'est devenu, ont réussi à se créer un réseau social, alors que dans leur réseau physique, ils n'ont pas les codes sociaux pour pouvoir être dans l'échange et donc ce qui crée une souffrance très importante. Finalement, ça devient quelque chose d'extrêmement positif. Tout est une question d'équilibre en fait.

  • Speaker #2

    Ça me parle cette explication.

  • Speaker #0

    Vous voyez,

  • Speaker #2

    un réseau ou un mobile, c'est d'avoir une vision, si je peux transmettre ça aux parents, c'est d'avoir une vision santé globale. et pas de rester zoomé ou focalisé sur le numérique, le numérique. Ça, c'est qu'un symptôme finalement, à un moment donné. Quand il y a dissociation, on dit, ou que ça se désaccorde, là, c'est utile d'avoir justement un mouvement de recul et de voir la globalité de la santé comme si on avait un point à faire sur la santé globale. Moi, j'utilise beaucoup, pour être dans le concret, l'image un peu du tableau de bord. Et avec les ados et la famille, c'est d'essayer de se faire un tableau de bord du sommeil, de la fatigue, de la concentration. Mais d'avoir une vision globale et de voir, est le numérique dans ce mobile-là ? Quel est le poids du numérique par rapport au loisir ?

  • Speaker #0

    Après, on ne va pas se mentir. Il y a quand même une diabolisation du monde du numérique et en particulier des réseaux sociaux. Que ce soit d'ailleurs à l'école, que ce soit nos politiques, que ce soit... On veut interdire ceci, on veut interdire cela, les temps d'écran. On vient même faire culpabiliser les parents. En leur disant qu'on ne sait pas gérer les temps d'écran de nos enfants, donc on est responsable de leurs problèmes. Et ça n'aide pas, en fait. Est-ce que c'est ça une approche efficace pour accompagner nos gens ?

  • Speaker #2

    Là, c'est le psychologue formé aux sciences de la communication, etc., à l'éducation. On sait aujourd'hui que cette attitude, on pourrait dire en termes de logique de culpabilité, qui est finalement la culpabilité, c'est très lié au contrôle. C'est des logiques de contrôle et des logiques de performance qui sont derrière. Et l'idée, c'est que c'est contre-productif. C'est-à-dire que si je dis à un ado, il faut, tu dois, ça va créer des résistances.

  • Speaker #1

    Il va faire l'inverse.

  • Speaker #2

    Il va faire l'inverse.

  • Speaker #0

    Il va faire, oui, c'est le principe. C'est vrai que c'est le principe de l'ado, ça. Ça me rappelle quelque chose.

  • Speaker #2

    Et la théorie nous dit, la résistance qui est peut-être inconsciente au début devient réactance. Et la réactance, c'est quand ça devient conscient et que l'ado, il s'en fait une théorie. Il dit nananaire. Moi, c'est mon univers, je vais dedans et je m'enfonce dedans, même si je suis tout seul. Et donc, c'est l'idée. Ce qui est dangereux, c'est lorsqu'il est coupé de la relation et que les adultes continuent à le culpabiliser. Donc, ça crée une dissociation et lui s'identifie au négatif. Donc, c'est le vilain petit canard avec ses jeux vidéo, avec sa capuche.

  • Speaker #0

    Mais les parents aussi culpabilisent. Oui, parce qu'on leur dit attention, pas d'écran avant tel âge, à partir de tel âge, pas plus de 30 minutes. On ne va pas passer pour des vieux grincheux, mais nous, quand on était jeunes, on passait beaucoup plus que 30 minutes devant la télévision. Ce n'était pas les mêmes types de contenu, certes, mais on se met des écrans pendant des heures et on s'en est quand même sortis, globalement. Est-ce qu'on n'est pas un peu dans la recherche de la culpabilisation du parent ? en lui mettant finalement la responsabilité sur les problèmes de leurs jeunes. Vous n'avez pas suggéré l'accès aux écrans.

  • Speaker #2

    Je pense qu'on serait beaucoup plus efficace collectivement de zoomer sur les situations qui fonctionnent. En thérapie brève, par exemple, on regarde plutôt ce qui fonctionne et d'aller encourager les parents, valoriser des témoignages et des expériences de parents pour qui ça se passe très bien, qui arrivent à équilibrer tout ça et de les valoriser. Mais là, on est dans une peur. Et en fait, si on regarde dans tout le modèle, qui met en scène... notre psychose là c'est la peur donc vous voyez c'est tout un système et moi ça que je veux transmettre aux parents c'est ouvrez le macroscope et voyez les choses en termes larges santé globale de toute façon c'est le monde d'aujourd'hui et ce sera encore plus le monde de demain

  • Speaker #0

    Moi, je fais souvent un parallèle sur l'insertion dans le monde professionnel. Aujourd'hui, un jeune qui arrive, qui ne maîtrise pas le GPT, il va avoir des difficultés dans le travail. C'est utilisé partout, tous les jours. On l'utilise partout. C'est les outils, les réseaux en entreprise, c'est devenu essentiel. On ne peut pas s'en passer aujourd'hui. Donc, à un moment, il faut aussi simplement...

  • Speaker #1

    Ça crée même des emplois à part entière.

  • Speaker #0

    Mais c'est que ça crée les emplois de demain. C'est surtout ça. Et donc, d'où l'intérêt de... de ne pas diaboliser tout ça et d'y voir que le mal, comme on a tendance à le faire trop facilement.

  • Speaker #2

    Après, je fais un peu l'avocat du diable en me disant, oui mais parce qu'on a beaucoup plus de liberté, on a encore de la liberté sur le monde de demain. On a un peu cette vision comme si le numérique allait se développer de telle manière. Mais on a possibilité de modifier, de réguler quand même.

  • Speaker #0

    Vraiment ? Parce que c'est quand même un schéma qui semble... Rappelons-nous quand même. encore une fois je ne vais pas faire le vieux mais le premier iPhone il est sorti il n'y a même pas 20 ans et on voit où on en est aujourd'hui on voit en quelques années rien que l'intelligence artificielle ça fait 4 ans qu'on en parle

  • Speaker #2

    3-4 ans que ça s'est démocratisé la technologie va se démocratiser mais l'usage qu'on en fait je pense qu'il y a une réflexion profonde à avoir sur le sens des usages c'est à dire quel sens on veut donner à quoi ça sert au final et si en effet ça sert à un ado d'être être en mode consommation anxiolytique dans son coin, ça n'a pas trop de sens. Et c'est là que je pense qu'on a raison d'être critique, de développer l'esprit critique, mais sans tomber pour moi dans les deux pièges qui sont la technophilie et la technophobie. Et c'est d'être sur cet entre-deux et de réfléchir ensemble aux usages, de tisser des compétences et de l'apprentissage. plus que des « il faut » ou « tu dois » .

  • Speaker #0

    Et alors, justement, le monde du numérique, c'est aussi le monde des fake news, de l'intelligence artificielle, et dans un monde qui est de plus en plus difficile à décrypter. Aujourd'hui, les jeunes sont exposés à beaucoup d'informations. D'ailleurs, ils s'informent comme les adultes de plus en plus sur les réseaux sociaux. Si Hugo ne l'a pas dit, c'est que ce n'est pas vrai. C'est un peu le truc qu'on entend partout. Est-ce qu'ils savent décrypter réellement cette information ?

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, non. Il y a tout un boulot, je dis non de manière catégorique dans ce que je perçois, toujours dans ma pratique, pas de manière générale, mais je dirais non, mais c'est passionnant parce que le rapport à l'image est totalement modifié. Et on peut avoir des effets positifs, c'est qu'en effet, tout ce qui est image aujourd'hui ou vidéo, c'est une création, ce n'est pas une vérité. Donc ça veut dire que d'emblée, on va être dans ce rapport de méfiance, sans tomber dans la paranoïa. mais d'avoir un esprit critique et chaque image que l'on voit, on n'est plus en train d'associer une vérité sur l'image.

  • Speaker #0

    On sait tous que de toute façon, on ne pouvait pas vraiment associer de vérité sur les news qu'on recevait avant. Mais alors là, encore moins, parce que tout le monde peut publier la news qu'il veut sur n'importe quoi, sans qu'il y ait de travail journalistique dessus. C'est ça la difficulté.

  • Speaker #2

    Et l'enjeu, ça va être de certifier les contenus, les sources. Et c'est pour ça qu'on va avoir besoin d'humains. On parle toujours de l'intelligence artificielle, on va avoir besoin d'intelligence humaine. pour donner du sens à ces productions. Dans le domaine des deepfakes, par exemple, il va y avoir des productions diverses.

  • Speaker #0

    C'est vrai, mais il y a des outils qui permettent de scorer et de détecter les deepfakes. Et d'ailleurs, comment ils font pour distinguer le vrai du faux, nos jeunes ? Parce que c'est compliqué, ils arrivent, ils sont face à des contenus, ça devient problématique. On peut facilement...

  • Speaker #2

    Moi, ce que je perçois, c'est aussi par la relation, par le bouche à oreille entre eux. Ils cherchent une source crédible. Et le malheur, c'est aussi que ça peut être... Les copains.

  • Speaker #0

    Ça ne peut pas être les parents. C'est là le problème.

  • Speaker #2

    Mais si on est dans une relation de méfiance avec ses parents, d'où l'intérêt de tisser par l'éducation un rapport de confiance. Alors, ça fait un peu bisounours de dire ça, parce que ce n'est pas toujours évident. Il faut cadrer. Dans mon métier, on appelle ça le cadrage bienveillant. Est-ce qu'en tant que parent, je peux dire non et stop, mais sans forcément le culpabiliser ou lui transmettre mes propres peurs ? Lui donner un principe, un cadre en disant non, pour moi, j'estime. En tant que parent, ce n'est pas possible. Tu as passé deux heures sur cet écran, c'est fini.

  • Speaker #0

    La pause numérique.

  • Speaker #2

    La pause et après, argumentation, d'accord, il faut quand même expliquer. Mais c'est de réussir à cadrer de manière bienveillante en traduisant son intention.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #2

    Et même s'il claque la porte, il va dans sa chambre, il s'isole et c'est la crise. C'est de réussir en tant que parent à ne pas descendre au même niveau que la dose.

  • Speaker #0

    Pour petite séquence, maintenant, parlons psy, parlons vrai. Avec le docteur Claire Morin, médecin psychiatre, j'ai cinq questions de parents pour toi. Mon ado passe du temps sur TikTok et refuse de décrocher. Comment gérer son addiction aux écrans sans conflit permanent ? Quel est le conseil du psychiatre ?

  • Speaker #1

    C'est justement ce que tu disais, le cadrage bienveillant, c'est-à-dire arriver à rentrer en communication et à lui ouvrir les yeux sur le fait qu'il n'y a pas que TikTok et qu'il est important pour son développement personnel et pour sa vie future. d'arriver à avoir d'autres expériences, d'autres sources d'informations. Parce que là, finalement, le problème dans cette question, ce n'est même pas le temps d'écran lui-même, mais c'est sur titre tellement d'autres sources d'informations. Et donc, pourquoi pas lui proposer de partager un moment sur un écran, sur une tablette, sur un ordinateur pour regarder d'autres sources d'informations ?

  • Speaker #0

    Il faut aller dans son monde, en fait. Il faut l'accompagner.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Il faut de l'accompagnement. Alors, une autre question. Je veux poser des limites sur l'utilisation des écrans à la maison, mais mon ado dit que tout le monde fait comme ça. Comment instaurer des règles sans passer pour un parent dépassé ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est l'excuse de tous les adolescents. Tous les copains, c'est pas soi et qu'il faut trouver un équilibre. Peut-être que ce qu'ils voient ou ce que les copains leur disent n'est pas forcément non plus la réalité. Et que c'est pareil, l'objectif, c'est qu'ils puissent développer d'autres expériences et qu'ils puissent y avoir quand même une vie de famille. Mais ça suppose aussi que les parents ne passent pas leur temps aussi sur les écrans.

  • Speaker #0

    Il faut avoir un petit rôle d'exemple quand même. Je pense à un truc, d'ailleurs, ça me fait penser à ce qu'on a aussi mis dans Link, c'est faire un contrat avec son jeune. C'est aussi un moyen de l'engager, de le responsabiliser, de lui laisser une certaine liberté d'action, sans le faire culpabiliser d'utiliser les écrans et de donner des contreparties. C'est ça,

  • Speaker #1

    valoriser les efforts qui sont faits. Et dire, si tu arrives à réduire ton temps d'écran, c'est du temps qu'on passera ensemble sur une activité commune. Ou même, si tu passes moins de temps sur TikTok, c'est du temps que je vais te redonner avec tes amis sur les jeux vidéo le week-end, par exemple.

  • Speaker #0

    On ne peut pas tirer le temps, le temps n'est pas infini.

  • Speaker #2

    J'ajouterais, qu'est-ce que tu apprends, par exemple ? Ça, c'est du vécu avec mon fils. C'est le laisser volontairement sur Fortnite, par exemple, et de le questionner après en disant, mais qu'est-ce que ça te fait ? À un moment donné, il y a de l'ennui qui s'installe. C'est d'éduquer aux sensations quand on joue aux jeux vidéo. Et les ados peuvent le dire, qu'à un moment donné, ils n'ont plus le même rapport aux jeux. C'est plus ludique, c'est l'ennui qui domine. Ou lorsqu'on se rôle. On le vit même en tant qu'adulte, mais on sait à peu près s'arrêter à un moment donné quand on scrolle et qu'on sent une sensation. Donc, c'est revenir au corps.

  • Speaker #1

    C'est un peu une forme de féturation, en fait.

  • Speaker #2

    Et de pointer ça, d'aider son ado à apprendre, à identifier quand son corps lui dit « bof, je ferais mieux d'aller dehors » . Mais ce n'est pas évident.

  • Speaker #0

    C'est compliqué.

  • Speaker #1

    C'est un apprentissage.

  • Speaker #2

    Mais voilà, l'idée d'apprentissage est que les parents valorisent les parents en disant « tenez bon, tenez bon » . L'apprentissage, ce n'est pas binaire. C'est… C'est à un moment donné, vous valorisez, vous renforcez, mais vous tenez votre cadre. C'est votre cadre éducatif. Vous avez raison, c'est vous les parents.

  • Speaker #0

    C'est normal. Le cadre, il est nécessaire. Par contre, il faut les laisser un petit peu naviguer dans le cadre.

  • Speaker #2

    Écoutez un peu les psys, les psychiatres, mais faites-vous confiance.

  • Speaker #1

    En fait, le cadre, il ne doit pas être limitant, il doit être structurant. C'est-à-dire qu'en tant que parent, quand on veut accompagner son adolescent, on sait que pour pouvoir avancer dans la vie, il faut qu'on ait une structure. Et donc cette structure, forcément... elle s'acquiert, elle se construit par un cadre qui est mis. Je sais où sont mes limites, apprendre où sont mes limites. Mais si on présente ça comme je cadre, j'oblige, et c'est un interdit, c'est là que ça devient limitant.

  • Speaker #0

    Il ne se construit pas, il subit en fait. Exactement. C'est un cadre au lieu de se construire sur le cadre.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #2

    Et ça peut nourrir l'anxiété, bizarrement. C'est le parent qui fait le nid à la place de l'enfant. On parle comme si le parent faisait la carapace, mais l'idée c'est que l'enfant, il est sa carapace, mais il est aussi sa colonne vertébrale. Et ça, ça passe par l'expérience, l'éducation. Et ce n'est pas binaire, ce n'est pas que de l'information. Le message, c'est que conseiller, informer ne suffit pas. L'éducation, c'est faire expérimenter son enfant, l'accompagner. Eh bien oui, ça demande du temps.

  • Speaker #0

    C'est intéressant pour les parents aussi de comprendre un peu mieux ce monde du numérique. Là, on parle quand même de gens qui ont la quarantaine, qui ont des ados. Donc, c'est quand même un monde dans lequel on évolue, nous aussi, au quotidien. Donc, c'est aussi pas mal.

  • Speaker #2

    Et ça fait travailler le parent sur sa propre anxiété, c'est ça ?

  • Speaker #0

    C'est pas mal. Pierre-Henri, une dernière question, justement, de parents. Mon ado suit des comptes conspirationnistes et refuse d'écouter des avis contraires. Comment lui apprendre à douter intelligemment ? Ouh là !

  • Speaker #2

    C'est compliqué,

  • Speaker #0

    ça !

  • Speaker #2

    Là, ce qui m'est venu, c'est même pas d'être trop dans le doute ou développer l'esprit critique, parce qu'on risque de renforcer la croyance, en fait. Donc déjà, c'est de, si j'y vais frontalement... C'est de passer, là je passerais par des médiations, par des cousins, des grands frères, des personnes qui peuvent être des sources plus crédibles que les parents.

  • Speaker #0

    La proximité d'âge, la facilité de l'écoute.

  • Speaker #2

    Et on sait qu'une croyance peut être vraiment modifiée de l'intérieur. C'est pour ça que c'est délicat. On risque en tant que parent de renforcer en fait le...

  • Speaker #0

    Côté négatif.

  • Speaker #2

    Idéologique, du moins.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'on entend souvent parler de dérive sectaire, d'ailleurs, sur Internet, sur les réseaux et dans les informations qui sont données. Donc, c'est aussi un point de vigilance.

  • Speaker #2

    Là, pour moi, c'est un symptôme important de la santé globale. Il faut voir ça comme un corps global. Et là, je me dis, oula, mon enfant est sur ce type de pratiques et d'usages et il s'enferme. Toute son identité se tricote autour de ça. Donc, c'est toujours un but ensemble. Et je pense que d'aller consulter, de trouver une ressource familiale, un tiers, en fait, on dit. quelqu'un d'autre pour pouvoir faire passer des messages. Mais plus que de faire passer des messages, on voit bien que dans ces sujets-là, c'est quand il y a une porte de sortie et que l'ado peut lui changer sa vision du monde.

  • Speaker #0

    Il faut qu'il soit conscient, il faut que ça vienne de lui. Il faut qu'il ait le sentiment que le changement, il l'ait initié tout seul.

  • Speaker #2

    Et père-parent, prenez un bouquin d'hypnose, de suggestions et apprenez les suggestions indirectes. Ce sera beaucoup plus efficace que de passer du temps à rabâcher les conseils. Vous allez simplement renforcer la... la coquille, quoi, et donc fermer encore plus.

  • Speaker #0

    Maintenant, on va parler un petit peu, justement, des risques et de la manière dont on peut accompagner nos ados dans le monde du numérique. Déjà, à la maison, comment on encadre l'usage du numérique ? Est-ce qu'on doit, en tant que parent, interdire certains contenus en particulier ? Ou comment est-ce qu'on dialogue autour de ça ? On peut dire, tiens, je pense que tu es trop jeune pour aller sur TikTok. Je pense qu'il faut se rappeler quand même que 67% des 8-10 ans sont actifs sur les réseaux sociaux, alors que c'est 13 ans. L'âge légal. Ah mais t'as 11 ans, tu vois, tu peux pas aller sur les réseaux. Puis il va dire oui, mais tout le monde y va. Si j'y suis pas, j'ai pas d'amis. Qu'est-ce qu'on doit faire en tant que parent ?

  • Speaker #2

    Traduire à ses enfants son intention éducative. C'est-à-dire, pourquoi je fais ça ? C'est quoi mon intention de parent ? Mais de le faire de manière authentique, en disant, tu sais, mon fiston là, ou ma fille, je te pose ce cadre-là, c'est pas contre toi, je suis pas ton ennemi en fait. C'est que j'ai un job à faire, et j'ai des valeurs moi dans la famille, et j'ai envie de te transmettre ça. Et en effet, pour moi, TikTok, de ce que j'en sais aujourd'hui, mais ça peut évoluer. c'est dangereux pour toi, ce n'est pas adapté et je ne suis pas d'accord.

  • Speaker #0

    D'accord, donc là, c'est vraiment en fonction de son point de vue.

  • Speaker #2

    Voilà, ça va créer des conflits, mais un conflit, ça peut être structurant. Tout à fait. Des fois, on a peur du conflit en tant que parent et ça nous culpabilise d'être dans le conflit avec nos ados. Alors qu'ils en ont besoin aussi pour se construire leur colonne vertébrale. Pas uniquement la coquille, mais la colonne vertébrale. Donc après...

  • Speaker #0

    On négocie avec les enfants.

  • Speaker #2

    Je regarde avec ma fille de 12 ans les vidéos de petits chatons.

  • Speaker #0

    Et ça lui va bien.

  • Speaker #2

    Et parce qu'on passe un chouette moment. Moi, ce que je trouve intéressant, c'est de le partager avec eux.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, on négocie. On négocie. Il faut négocier avec les enfants pour l'accès au numérique.

  • Speaker #2

    Oui, je pense. Et l'intérêt, pour moi, la clé, c'est la curiosité. Je ne sais pas, mais c'est d'être curieux en tant qu'adulte et de rentrer dans le monde. D'aller jouer, par exemple, avec son ado aux jeux vidéo. Au moins faire une partie.

  • Speaker #0

    Moi je les connais tous, Roblox, Fortnite, Afterlife...

  • Speaker #2

    Les vidéos des influenceurs YouTube, moi personnellement, de regarder avec eux, on apprend énormément de choses, y compris... Il y a de tout dans ces vidéos-là, mais il y a des chouettes valeurs.

  • Speaker #0

    Ils apprennent beaucoup de gros mots quand même. Il faut quand même... Après, ils les apprennent ailleurs. Oui, je pense que là,

  • Speaker #2

    on va circuler au-delà des réseaux.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai qu'ils adorent regarder des youtubeurs...

  • Speaker #1

    En train de jouer,

  • Speaker #0

    ouais. C'est un truc, c'est...

  • Speaker #2

    C'est Innoxtag qui a fait l'Everest, par exemple. C'est une pépite entre parents. Regardez ça avec ces ados. Il y a des sujets fabuleux, existentiels, je veux dire, qui peuvent être abordés par la médiation. De toute façon, c'est là, il faut voir ça comme de la culture. Mais si on a, en tant que parent, filtre bien entre le poison et le remède, il y a des pépites.

  • Speaker #0

    Il y a des pépites. Moi, je donnais une anecdote par rapport au documentaire d'Innoxtag. Mon fils, qui a 8 ans et demi, a regardé son reportage, Kaizen, la montrée d'Everest. Et donc, la chose qu'il a retenue, quand on lui a demandé « qu'est-ce que tu as retenu du documentaire ? » Il a retenu qu'en fait, Innoxtag lui a dit qu'il fallait poser sa tablette et partir à l'aventure. Voilà ce qu'il a retenu. Il a dit « ouais, il faut partir à l'aventure » .

  • Speaker #2

    Ben oui.

  • Speaker #0

    C'est génial. Donc là, on se dit que finalement, c'est pas... Il y a quand même des aspects qui sont positifs.

  • Speaker #2

    Et il en a parlé, il a échangé avec son papa.

  • Speaker #0

    Exactement, on a pu en parler, il en a parlé avec sa soeur.

  • Speaker #2

    Il ne l'aurait même pas cliqué peut-être sur cette vidéo-là, parce qu'elle n'est peut-être pas aussi attractive que d'autres.

  • Speaker #0

    Il est fan, il est fan d'Innoxtag. Il espère le rencontrer bientôt. Deuxième question, par rapport à la gestion des ados et des écrans, est-ce qu'il existe une bonne durée d'écran par jour ?

  • Speaker #2

    Cet équilibre-là, je pense que c'est plus utile de privilégier d'autres activités que cette activité écran. Bon, après si. une journée pluvieuse en vacances, l'ado a besoin d'être en mode régressif sous sa couette, pourquoi pas ? Moi, je n'ai pas dit ça.

  • Speaker #1

    Non, c'est la répétition qui devient problématique parce qu'elle va générer la désinsertion.

  • Speaker #0

    Parce qu'aujourd'hui, si on regarde les temps d'écran des ados, ça peut faire froid dans le dos. Oui,

  • Speaker #1

    mais désactu. On voit des 7,

  • Speaker #0

    8, 10 heures par jour. Moi, j'ai eu ce matin le mien, j'étais agréablement surpris. C'était à 5 heures, ça va, par jour. C'est pas mal quand même. Mais bon, je passe aussi beaucoup de temps pour travailler sur le téléphone.

  • Speaker #1

    Mais c'est aussi, voilà, c'est une question de contenu. Et en fait, l'idée, c'est d'inculquer aux adolescents la notion que le numérique est un outil et qu'il ne dispense pas, en fait, de développer sa propre réflexion. Et c'est ça tout l'enjeu et tout l'enjeu aussi autour de l'IA. C'est que l'IA, c'est un outil fabuleux, mais qui ne doit pas venir à la place de la pensée personnelle. En fait, ça ne doit pas remplacer la pensée. Ça doit venir la nourrir, mais pas être à la place.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #2

    C'est vrai que c'est complexe, mais ça fait partie de notre culture aujourd'hui. Moi, j'aime bien la métaphore aussi anthropologique où on va dans la jungle, par exemple. Dans la jungle, il va falloir, pour un jeune guerrier, apprendre à trier le poison et le remède. Donc, c'est un environnement où il y a des prédateurs. C'est dangereux.

  • Speaker #0

    Mais on doit apprendre à s'en sortir.

  • Speaker #2

    On ne peut pas les protéger tout le temps. Et eux, dans leur quête, si on voit ça du point de vue existentiel, ils ont une quête aussi à aller explorer. Merci. C'est un nouvel horizon, en fait. Bien sûr. Et ils se construisent leur identité et ils construisent du récit aussi à travers ça.

  • Speaker #0

    Et votre avis sur les contrôles parentaux ? On installe, on n'installe pas, ça sert, c'est efficace ?

  • Speaker #2

    C'est un peu comme la béquille au début. C'est une solution provisoire, mais il faut éduquer derrière. Oui,

  • Speaker #0

    parce que je suis d'accord que ça ne suffit pas. Ah non. Ils ont accès aux écrans un peu partout. Et la curiosité, pourquoi on m'interdit ? Je vais aller voir ce qu'il y a.

  • Speaker #2

    Voilà, voilà. Faire le mur, passer, trouver un moyen. Une petite scène vécue, vous allez au collège, même les ados qui n'ont pas de portable, par exemple, ils s'agglutinent et ils font une grappe autour du portable du copain. Donc en fait, si on est réaliste, il y a à prendre en compte toute cette réalité-là.

  • Speaker #0

    Concernant les jeux vidéo et les jeux en streaming, surtout d'ailleurs les garçons, comment on sait si son ado joue ? Est-ce qu'il y a une notion de trop ? C'est un côté addictif quand même. Moi, je me souviens... d'une psychologue qui me racontait, qui travaillait en addictologie et qui me racontait qu'elle avait eu un patient qui jouait, qui était tellement addict au jeu vidéo qu'il en venait à ne même plus se rendre aux toilettes pendant qu'il jouait. Ça peut aller loin quand même.

  • Speaker #1

    Ça peut aller très très loin.

  • Speaker #2

    Il y a de la pathologie qui s'installe, c'est clair.

  • Speaker #0

    Donc on essaye de parler, de doser, de l'aider à doser, de l'aider à comprendre qui doit doser, c'est ça en fait.

  • Speaker #2

    Pour moi, le petit critère très simple, c'est, en tant que parent, d'observer quand même les signes de joie. C'est que... Ce n'est pas évident chez les ados, ils ne sont pas souvent à exprimer leur joie. Mais justement, de réussir à percevoir et de regarder dans la journée s'il y a cette petite joie qui s'exprime dans le non-verbal. Et si le jeune est dans une pratique de jeux vidéo compulsives et qu'on a pu cette joie-là, c'est qu'il y a un problème.

  • Speaker #0

    On essaie de le garder près de nous, visible, dans un espace commun, en tout cas jusqu'à un mot plus tard possible. Au moins, ça permet de voir comment il réagit.

  • Speaker #2

    Voilà, vraiment parce qu'il y a des signes, des signaux, en fait, comme une hypnose négative où on peut voir que le jeune s'éteint, quelque part il s'éteint.

  • Speaker #0

    Il est plus actif dans le jeu.

  • Speaker #1

    Il devient irritable aussi. Oui, irritable. Ils peuvent devenir très irritables.

  • Speaker #0

    C'est la technique du « on coupe le réseau pour passer à table » . Oui. On débranche le Wi-Fi, on coupe le courant et là tout le monde arrive. Ça marche bien d'ailleurs. mais maintenant ils ont des partages de connexion ou une coupure de courant réel moi j'ai vécu ça,

  • Speaker #2

    c'était très intéressant c'est à dire que c'est pas les parents pendant 12 heures c'était très intéressant on a ressorti davantage les jeux de société donc la déconnexion est très très utile moi s'il y a des parents qui sont en mode je déconnecte c'est très très utile aussi et pourquoi pas organiser des challenges comme ça entre

  • Speaker #0

    parents et jeunes dire voilà dimanche prochain on se fait une journée tous déconnexion et on se fait un truc ensemble hum ? Sans écran, c'est peut-être une manière de les compromis. On parlait de négo avec ces jeunes, ça peut être une négo intéressante. Ok vas-y toute la semaine, tu veux faire, samedi tu veux faire ça toute la journée. Vas-y pas de problème, par contre dimanche, nous parents on pose nos téléphones, toi tu poses ton téléphone, tu poses ton ordi, on va faire des choses ensemble.

  • Speaker #2

    Ce qui est intéressant c'est de le faire avec les jeunes, même si tu es délat de défis. Cliniquement, je pense à un patient, c'est tout à fait le jeune qui lui demandait davantage de jouer avec des jeux de société. avec des amis, avec ses cousins.

  • Speaker #0

    Qui eux-mêmes étaient connectés en permanence.

  • Speaker #2

    Et il était là. Monsieur Garnier. Mais ça m'a fait un bien fou. J'ai rigolé comme... J'avais oublié ce que c'était que de se bidonner, de rigoler simplement. Vous voyez, quand même, on est passé à côté de quelque chose, là.

  • Speaker #1

    C'est clair.

  • Speaker #2

    Ça veut dire qu'en termes de lien social, il y a vraiment plein de choses à faire.

  • Speaker #0

    La petite idée, voilà. On va organiser ça sur LinkedIn. On va organiser des challenges auprès des jeunes. Allez hop, c'est la journée sans réseau.

  • Speaker #1

    Ou même de dire, je fais une partie en ligne avec toi et tu fais un jeu de société avec moi.

  • Speaker #2

    J'aurais envie de dire, plutôt que de dire sans réseau, c'est... c'est pour vivre autre chose.

  • Speaker #0

    Ah oui,

  • Speaker #2

    il faut que ce soit... Dans la situation positive.

  • Speaker #0

    Il faut que ce soit...

  • Speaker #2

    Il va gagner quelque chose.

  • Speaker #0

    On ne peut pas dire aux gens de se déconnecter si on n'a rien à leur proposer en retour. On est d'accord. Petit 60 secondes challenge qui j'espère ne durera pas plus de 60 secondes, mais c'est pour avoir votre avis sur un certain nombre de questions de manière très brève, très courte. Le plus grand mythe sur le numérique et les ados ?

  • Speaker #2

    Ça transforme nos ados en zombies, le mythe du zombie, je ne sais pas. Y compris dans le numérique, dans les jeux et tout ça, c'est un univers.

  • Speaker #0

    Attention, on a 60 secondes, j'ai une question. L'info la plus absurde que vous ayez vu circuler sur le net récemment ?

  • Speaker #2

    Moi, c'est un site, c'est Handless. horse et on voit un cheval et on voit jamais les sabots du cheval et il faut scroller, scroller et c'est infini. C'est complètement absurde, mais je l'utilise avec certains patients pour leur montrer qu'à un moment donné, le scroll peut s'arrêter.

  • Speaker #0

    Le rôle des parents en une phrase, le numérique.

  • Speaker #2

    J'ai eu le mot guide, médiateur.

  • Speaker #0

    Un livre ou une ressource à conseiller aux familles sur le numérique ?

  • Speaker #2

    Ah, le numérique, je dirais les ouvrages, mais il en a plusieurs de Serge Tisseron et Frédéric Tordeau.

  • Speaker #0

    Et un petit message à faire passer aux jeunes qui nous écoutent ?

  • Speaker #2

    Valoriser. Il y a de la pépite. C'est une génération, vous êtes humain comme nous, il y a une capacité à vivre, à créer, vous êtes équipé. C'est votre culture et c'est à nous aussi, les boomers, de vous laisser la place à certains moments.

  • Speaker #0

    Très bien, nous allons enchaîner sur notre dernier sujet qui est construire un numérique plus sain pour nos jeunes. Un sujet important. Faut-il éduquer, Pierre-Henri, selon vous, au numérique dès l'école pour mieux prévenir les risques ? Parce qu'aujourd'hui, la place du numérique est assez limitée quand même. Oui,

  • Speaker #2

    et je crois qu'il y a ce qu'ils appellent l'EMI, c'est l'éducation aux médias et à l'information. Et il y a des, j'ai vu je crois sur le site du ministère de la Culture, il y a des résultats très positifs en peu de temps de cette éducation.

  • Speaker #0

    Donc l'école doit être un vrai vecteur d'accompagnement et pas de...

  • Speaker #1

    Surtout vu le temps que les enfants et les adolescents y passent.

  • Speaker #0

    Oui, alors... Après, on peut... Moi, je comprends, par exemple, des mesures comme l'interdiction du smartphone dans les collèges. Ils n'ont pas besoin, pendant la journée, d'avoir accès à leur téléphone. Mais ils passent ça sous le coup de la pause numérique. Moi, je trouve ça un peu barbare comme terme. C'est stigmatisant, la pause numérique. Comme si c'était mal, en fait.

  • Speaker #2

    Toujours, on a cette idée de déconnexion. On va vous enlever quelque chose. que vas-tu gagner en faisant autre chose ?

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est qu'on est à l'école, donc en cours, on est en cours, et en dehors des cours, on est avec ses copains, ses camarades de classe, etc. Donc c'est plus comme ça qu'on ne voit le présent.

  • Speaker #2

    C'est étonnant, je réalise.

  • Speaker #0

    Je trouve ça très négatif, moi.

  • Speaker #1

    Oui, complètement.

  • Speaker #0

    Je ne trouve pas que ce soit une bonne pause numérique. C'est moche, quoi. Je trouve que c'est moche. Je trouve que c'est stigmatisant pour les jeunes. Comment est-ce qu'on responsabilise les plateformes et les influenceurs sur l'impact de leur contenu ? Les plateformes, elles ont quand même un vrai rôle de l'algorithme. Moi, c'est quelque chose qui me choque. Je ne serais pas contre une régulation de l'algorithme des plateformes. C'est ça.

  • Speaker #2

    Moi, je pense que là, le cadre bienveillant de l'État, c'est de réguler et de poser les règles du vivre ensemble et des règles claires.

  • Speaker #0

    Dans l'algo. C'est-à-dire qu'on pourrait imposer, par exemple, à un TikTok d'interdire de valoriser des contenus négatifs ou destructeurs pour un jeune.

  • Speaker #2

    Oui, et d'aller vers plus de transparence. de ces algos, c'est des vraies boîtes noires. Mais même les concepteurs, des fois, notamment l'intelligence artificielle, ne comprennent pas forcément tout ce qui se passe dans la boîte noire. Et ça, même techniquement, il faut avancer et qu'on ait la main sur tout le processus.

  • Speaker #0

    Nous, on essaie de leur donner des petites astuces parce qu'on voit bien comment ils marchent, l'algo, on leur dit, voilà, vous en lancez pendant plusieurs jours des recherches sur certains mots plus positifs. Mais c'est vrai qu'on pourrait avoir, par exemple, sur TikTok, dans ces recherches, on pourrait avoir, par exemple, les mots clés qui ont été matchés avec nous par l'algo. C'est-à-dire, voilà, on a noté dépression, on a noté telle et telle et telle chose. Voilà les facteurs clés qui vont influencer vos contenus et pouvoir les supprimer pour dire, tiens, je veux enlever ça. Je ne veux plus être concerné par ce type de contenu ou je peux vouloir gérer l'heure. Tu sais, moi, quand on en parle avec Miel, qui a beaucoup été sur les réseaux, la journée, elle avait des contenus quand elle n'était pas bien. Elle avait des contenus qui étaient plutôt sympas, joyeux et tout. Et dès 21h, quand elle était dans sa chambre, elle ne tombait plus que sur des tragloques. C'est dur.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas normal.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas normal. Ça pourrait se contrôler, ça, avec une loi européenne, par exemple ?

  • Speaker #2

    Ça, je n'ai pas la connaissance. Par contre, j'ai l'intention et l'envie. C'est urgent. Là, j'ai envie de dire que c'est urgent. Et j'ai la métaphore toujours dans la jungle. C'est aux adultes. et nous, citoyens et consommateurs, de monter en pression pour cette jeunesse dans la jungle des sentiers.

  • Speaker #0

    C'est un peu le rôle de nos politiques.

  • Speaker #2

    Et là,

  • Speaker #0

    c'est à eux de prendre le sujet en main au niveau européen.

  • Speaker #1

    C'est pas encore.

  • Speaker #0

    Après, ça fait dix ans qu'on a interdit, qu'on a obligé en tout cas les plateformes graphiques à mettre en place des systèmes de contrôle d'âge fiables. On peut dire que pour l'instant, la fiabilité, elle est limitée. À plus de 18 ans, oui ou non. Alors qu'ils ont quand même une obligation légale depuis 2015. Donc, entre ce qu'ils disent, ce qu'ils promettent, ce qu'ils votent et ce qu'ils font, on est encore malheureusement... Bref, il ne faut pas trop compter là-dessus. Ok, donc l'école, rôle indispensable. Les influenceurs, nous, on se rend compte aujourd'hui, parce qu'on travaille avec beaucoup d'influenceurs, qu'il y a un vrai engouement pour justement le contenu de qualité, le contenu bienveillant vis-à-vis des jeunes. Et ça, c'est une bonne chose. Et on a beaucoup de soutien de beaucoup de créateurs de contenu qui sont heureux de s'associer à notre démarche. Donc ça, on espère que ça va continuer. Je pense qu'ils ont un vrai rôle de modèle.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Ils ont un rôle de modèle. Et d'ailleurs, on espère nous-mêmes qu'ils puissent venir participer à l'élaboration de cours sur l'usage du numérique dans les écoles. Mais il y a des contenus vidéo qu'ils auront créés avec nous. C'est clair. Parce que, évidemment, les jeunes écoutent les influenceurs à un vrai poids. Quand ça influe, ils disent « Attention, ça c'est dangereux » . Tiens, la vraie vie, c'est une patate.

  • Speaker #2

    C'est une source crédible.

  • Speaker #0

    C'est une véritable source, même plus que crédible. C'est une source vraiment hyper influente sur leur esprit et sur leur mode de fonctionnement.

  • Speaker #2

    Et c'est chouette et ça a encouragé et que ça devienne la norme, même en termes business. Je parle business, c'est à dire que de produire du numérique qui a du sens, que ça devienne beaucoup plus rentable que d'aller faire du numérique, tirer l'être humain vers le bas.

  • Speaker #0

    De toute façon. Je crois qu'à un moment, c'est aussi le rôle des marques qui viennent financer ces créateurs de contenu avec des sponsoring. C'est aussi le rôle des marques d'être vigilantes sur le niveau d'engagement et de qualité des contenus qui sont réalisés par les influenceurs qui financent pour être sûr qu'ils passent parce qu'ils associent leurs marques. Alors quand ils font du contenu malveillant ou assez qui tire vers le bas, on associe leurs marques à ça, ce n'est pas terrible.

  • Speaker #2

    Il y a des enjeux éthiques, mais aussi de vérité scientifique, de vraie information.

  • Speaker #1

    Les enjeux de santé publique ?

  • Speaker #2

    De santé publique, donc vraiment qu'il y ait une espèce de label ou de certification. On fait partie d'un réseau, on est des influenceurs, mais on va vers une approche, une vision plus humaniste, plus universaliste, comme on dit. C'est quand même intéressant.

  • Speaker #0

    Bienveillant, juste bienveillant. Juste ça, ce serait pas mal. Et à quoi ressemblerait, selon vous, un usage sain et équilibré des nouvelles technologies chez les ados ?

  • Speaker #2

    Moi, c'est pour avoir travaillé plus dans le domaine de la réalité virtuelle sur... des interfaces, c'est l'idée de repenser quand même les interfaces en termes relationnels. C'est un peu abstrait, mais c'est l'idée que, par exemple, j'imagine des réseaux sociaux où ce n'est plus moi, jeune, qui me mets en avant avec ma personnalité. Je mets en avant un projet avec un avatar, par exemple, et que ce soit un réseau social de projet. C'est-à-dire qu'on met en avant la relation qui s'est entre les personnes. Je pense que ça pourrait être intéressant avec des tribus.

  • Speaker #0

    La fameuse intelligence collective.

  • Speaker #2

    Voilà, exactement. Mais ça demande de faire l'expérience que le projet, ce que vous vivez là, c'est un projet collectif, c'est chouette à vivre aussi. Tôt que d'être uniquement dans son profil à soi et de prendre soin de son profil.

  • Speaker #0

    C'est un lieu de partage, c'est un réseau.

  • Speaker #1

    On revient au lien.

  • Speaker #0

    C'est un réseau,

  • Speaker #2

    on revient au lien. Il parle par exemple de UI, interface utilisateur. Mais c'est des interfaces centrées sur la relation, par exemple entre ... dans un groupe ou entre un psy et un patient, d'avoir quelque chose qui parle de la relation plus que des deux personnes.

  • Speaker #0

    Deux personnes indépendantes. Oui, on voit bien qu'il y a du travail. Enfin, un dernier petit point que je voulais aborder, c'était un petit point sur l'IA et la santé mentale. Comment est-ce qu'on prépare nos jeunes au monde du numérique de demain ? Parce qu'on voit bien que l'IA est en train de prendre une dimension incroyable. au quotidien. On fait plein de choses aujourd'hui, de bonnes et de mauvaises. Mais comment on en fait des utilisateurs avertis qui prennent le recul, qui ont le sens de l'analyse et qui ne se font pas piéger, qui ne deviennent pas dépendants de l'IA ?

  • Speaker #2

    L'esprit critique, mais des mots par exemple. Le mot intelligence artificielle, en vrai c'est une aberration.

  • Speaker #0

    Ça n'a rien d'intelligent. Ça apprend des modèles et ça les répète finalement.

  • Speaker #2

    Donc d'apprendre à questionner le discernement, à questionner l'esprit critique, tout ça, je pense que c'est tout petit. Et de cultiver ça, pour moi, c'est la meilleure protection. Après, évidemment, sur le plan technique, c'est aussi en intelligence artificielle, ces modèles de données, c'est un entraînement. Mais tout dépend des données sources, en fait.

  • Speaker #0

    Ce serait génial, ça, au collège ou au lycée, des cours d'intelligence artificielle, où on va balancer un prompt. sur ChatGPT avec un résultat qui peut être erroné volontairement et de challenger le jeune en lui disant tiens, voilà, ChatGPT m'a sorti ça. Fais-moi ton analyse critique. Qu'est-ce que t'en penses ?

  • Speaker #2

    Et j'ai vu des enseignants qui pratiquent ça déjà C'est vrai ?

  • Speaker #0

    Ah c'est du père Au lycée ?

  • Speaker #2

    Ils ont compris quoi Ils ont intégré ChatGPT, ils essayent de faire de la pédagogie au niveau dessus quoi Ils ont intégré ChatGPT et le critiquaient Comment le critiquer ?

  • Speaker #0

    Comment se faire sa propre opinion ? Non ça serait bien Eh bien en tout cas nous arrivons à la fin de cet épisode Et s'il y a une chose à retenir c'est que le numérique n'est ni un ennemi ni un allié absolu C'est un outil puissant qui peut être une formidable opportunité d'apprentissage, de créativité, de connexion sociale, mais aussi un piège lorsqu'il est mal utilisé. Nos ados grandissent dans un monde ultra connecté où l'image, la rapidité et la quantité d'informations prennent souvent le pas sur la réflexion et le bien-être. En tant que parents, notre rôle n'est pas de tout interdire ni de tout laisser faire, mais d'accompagner, d'éduquer et d'apprendre avec eux. Car oui, l'éducation numérique commence à la maison et elle passe par le dialogue, la confiance et des limites claires. Avant de paniquer sur les temps d'écran, posons-nous les bonnes questions. Mon ado sait-il prendre du recul face au contenu qu'il consomme ? A-t-il le bon équilibre entre les écrans et le reste de sa vie au quotidien ? Se sent-il bien dans son rapport aux réseaux sociaux et à son image ? Si l'on veut que nos jeunes soient armés face au danger du numérique, il faut d'abord leur donner les bons outils. L'esprit critique, vous parliez, la gestion du temps et la capacité à prendre du recul sur ce qu'ils voient en ligne. Merci au Dr Clermont-Rhin pour cet échange médical et à vous, Pierre-Henri Garnier, pour votre expertise sur ces sujets passionnants. Si vous souhaitez aller plus loin, nous vous mettons en description quelques ressources utiles pour mieux accompagner vos ados dans leur usage du numérique. Et bien sûr, si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous et à nous suivre sur link.com. Merci.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup. Merci.

Share

Embed

You may also like

Description

Dans cet épisode de L'Art d'être Parent, Guirchaume Abitbol et Dr Claire Morin reçoivent Henri, médecin et spécialiste des impacts psychologiques et culturels du numérique.


Ensemble, ils explorent les signes d'une addiction aux écrans, ses conséquences sur le développement des jeunes et partagent des conseils pratiques pour aider les parents à rétablir un équilibre sain. 🌐👨‍👩‍👧‍👦


👉 Un échange éclairant pour mieux comprendre le lien entre les écrans et la santé mentale de nos enfants.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans l'art d'être parent. Je suis Gierschom Abitbol, cofondateur de Link, et je suis ravi de vous retrouver pour un nouvel épisode de notre podcast dédié à la santé mentale des jeunes. Chez Link, nous avons une conviction forte. En tant que parent, nous avons un rôle essentiel à jouer pour aider nos ados à grandir sereinement dans un monde en constante évolution. Et justement, aujourd'hui, nous allons parler d'un sujet qui concerne toutes les familles, le numérique et son impact sur nos jeunes. Smartphones, réseaux sociaux, intelligence artificielle, fake news, jeux vidéo, nos ados passent plusieurs heures par jour devant leurs écrans. Mais à quel point cela influence-t-il leur bien-être, leur santé mentale, leur perception d'eux-mêmes et du monde qui les entoure ? Les chiffres sont frappants. 91% des 12-17 ans sont actifs sur les réseaux sociaux. Un ado passe en moyenne 4h30 par jour sur un écran. 30% des jeunes ont déjà été exposés à des fake news ou du contenu problématique. L'addiction aux jeux vidéo est aujourd'hui reconnue par l'OMS comme un trouble pouvant nécessiter une prise en charge. Alors comment accompagner nos ados dans ce monde numérique sans tomber dans l'hyper-contrôle ou au contraire la démission ? Comment les aider à développer un esprit critique face au contenu qu'ils consomment ? Et comment préserver leur santé mentale dans un univers où l'image, l'instantanéité et la surinformation prennent de plus en plus de place ? Pour en parler aujourd'hui, j'ai le plaisir d'être accompagné du docteur Claire Morin, médecin psychiatre et cofondatrice de Link. Bonjour Claire.

  • Speaker #1

    Bonjour Gershom.

  • Speaker #0

    Ainsi que par un invité exceptionnel, spécialiste des impacts psychologiques et culturels du numérique. Il est psychologue clinicien au CHU de Nantes, docteur en sciences de l'information et de la communication et travaille sur les liens entre l'intelligence artificielle, santé mentale et acculturation digitale. Bonjour. Pierre-Henri Garnier.

  • Speaker #2

    Bonjour Gershom.

  • Speaker #0

    Merci en tout cas d'être parmi nous aujourd'hui pour parler de ce sujet qui est un sujet passionnant. Avant de plonger dans le vif du sujet, pouvez-vous nous dire en quelques mots votre parcours et en particulier votre parcours au service de la santé mentale des jeunes ?

  • Speaker #2

    Je démarrerai un peu ma dernière année d'études où j'ai pu faire un stage notamment à Montréal, au Québec, auprès des jeunes, on appelle ça les centres de jeunesse. Et puis après, je suis arrivé sur Nantes et j'ai fait un parcours de psychologue hospitalier en pédiatrie. dans un domaine qui s'appelle l'éducation thérapeutique du patient. Donc l'idée c'est de la pédagogie. On travaille sur les compétences des patients. L'idée c'est de décentrer le soignant pour qu'il comprenne que le patient sait des choses, sait faire des choses. Et donc dans cette lignée-là, j'ai évolué aussi après chez l'adulte. Et puis aujourd'hui, après avoir fait du libéral aussi, aujourd'hui je fais partie d'une équipe qui s'appelle l'unité Mikado, CHU de Nantes, et on est sur... La crise suicidaire, sur ces thématiques-là...

  • Speaker #0

    Chez les ados ?

  • Speaker #2

    Chez les ados.

  • Speaker #0

    D'accord, oui, j'ai lu un peu.

  • Speaker #2

    De 11 à 17 ans, et puis on est toute une équipe multidisciplinaire, et on travaille pour sortir de la crise. C'est ça le but du but. Sur six semaines, un contrat de six semaines, renouvelable une fois. L'équipe est vraiment très chouette. C'est une bonne dynamique et innovante.

  • Speaker #0

    Et c'est efficace, puisque je vais crulir que 95% des jeunes... sortait de ce schéma de crise au bout de trois mois.

  • Speaker #2

    C'est vrai que c'est grâce aux ressources professionnelles, mais aussi sociales, familiales, culturelles, que vous apportez à travers tout le travail qui est tissé aussi via Link. Donc bravo à vous.

  • Speaker #0

    Merci. C'est un travail d'équipe en fait. La santé mentale, c'est un travail qui implique en fait tous les acteurs qui sont autour du jeune pour l'aider à s'en sortir. Vous avez un doctorat en sciences de l'information et de la communication. C'est original pour un psychologue d'avoir une formation.

  • Speaker #2

    C'était particulier. J'ai fait ça à l'université, au laboratoire de psychologie de Nantes. Mais la thématique, c'était sciences de l'information et communication. Parce que depuis ado, je suis quand même un fanat de numérique. De création numérique, je ne suis pas du tout un gamer. Par contre, j'aime la 3D, la réalité virtuelle, le développement. J'ai fait un peu de développement de codage en fait.

  • Speaker #0

    D'acteur, pas un consommateur.

  • Speaker #2

    Et c'est ça, en fait, là, par rapport au thème d'aujourd'hui, c'est peut-être cette dimension-là d'acteur, de créateur, d'auteur. Comment sortir d'une posture d'ado consommateur, vous voyez ?

  • Speaker #0

    Et en faire des choses d'utilité, en fait.

  • Speaker #2

    Comme miel,

  • Speaker #0

    c'est tout à fait.

  • Speaker #2

    Exactement.

  • Speaker #0

    Alors justement, puisque c'est le sujet d'aujourd'hui, on va parler un petit peu de la manière dont le numérique façonne la santé mentale de nos ados. Aujourd'hui, ils ne vivent qu'au travers du numérique. Le numérique est partout, du matin au soir, parfois un peu trop partout. On essaie aussi de faire en sorte de garder des temps de vie réelle et pas uniquement des temps connectés. Quels sont pour vous les principaux effets psychologiques de l'hyperconnexion chez les ados ?

  • Speaker #2

    Spontanément, par rapport à ma pratique, quand on est psychologue, la pratique clinique, c'est le fait de rencontrer des ados, c'est l'impact sur le sommeil. Tout ce qui peut engendrer par rapport au temps d'écran. Pour moi, le thème, l'impact, c'est plus le temps. temps passé sur les écrans que l'écran en lui-même en fait.

  • Speaker #0

    D'accord, donc c'est vraiment un problème de temps consommé. Aujourd'hui, le sommeil, donc Claire qui est médecin psychiatre, le sommeil a un impact important sur la santé mentale ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'est ce qui s'appelle, ça fait partie des conduites instinctuelles, c'est-à-dire que quand le sommeil commence à être impacté, là, ça devient une problématique très embêtante. Et c'est là-dessus que se développent les troubles.

  • Speaker #0

    Combien d'heures de sommeil pour un ado on recommande aujourd'hui ? J'imagine qu'il n'y a pas de règle mais en moyenne

  • Speaker #1

    La moyenne de temps de sommeil du français c'est 8h Donc c'est sûr que si on reste très tard et qu'on doit se lever le matin et qu'on va se connecter la nuit sur son écran on n'a pas 16h avec toutes les conséquences C'est ça exactement et on sait que rester trop longtemps sur les écrans ça joue sur la mélatonine qui est donc l'hormone qui vient induire le sommeil, induire l'endormissement ça retarde le pic de mélatonine et donc ça retarde l'endormissement.

  • Speaker #0

    Donc là, on est sur quand même une problématique qui est une problématique de temps d'usage. Donc là, on a quand même un sujet qui est important. Et est-ce qu'aujourd'hui, on peut dire que le numérique, pour vous, Pierre-Henri, a un effet direct sur l'anxiété, la dépression ? Alors le sommeil, ça, on voit que oui. On est clair là-dessus, c'est le principal sujet. Mais la qualité des contenus consommés, par exemple, est-ce que pour vous, on peut faire un lien entre le numérique et l'anxiété et la dépression ?

  • Speaker #2

    On va rentrer dans un monde un peu complexe. C'est l'effet direct qui a modéré. C'est le temps de consommation, j'ai envie de dire, qui va avoir un effet direct. Mais est-ce que c'est vraiment le numérique en tant que tel et le support écran ? Il y a des études contradictoires sur le sujet.

  • Speaker #0

    On décrit souvent, par exemple, certains usages. notamment sur les réseaux sociaux, qui peuvent avoir certains aspects négatifs. Cette surconsommation d'images, par exemple, ça peut quand même jouer un rôle sur l'anxiété chez le jeune, non ?

  • Speaker #2

    Oui, ça peut. Si on est dans cette surconsommation, il y a à trouver cette régulation. Le mot qui me vient, c'est comment réguler ? C'est une histoire de dosage.

  • Speaker #0

    C'est une histoire de dosage.

  • Speaker #2

    Il n'y a pas de nature de l'outil, en fait, c'est ça.

  • Speaker #0

    Moi, je vois en tant qu'adulte, je vais prendre un cas, par exemple, quand on commence à se brancher sur les chaînes de news, on devient complètement parano. Dès qu'on commence à consommer trop de news, on a l'impression que rien ne va et que le monde va s'écrouler.

  • Speaker #2

    Je provoque un peu, j'ai envie de dire oui, mais parce que si on est, par exemple, dans un groupe et qu'on a un esprit critique qui peut se créer dans l'échange, on peut en tirer pas mal d'enseignements. Pour moi, ça parle de la médiation, c'est-à-dire la relation qu'on va tisser, le rapport qu'on va tisser à nos écrans, aux outils, aux usages. Et là, je fais ça, il y a de l'éducation. à tisser et on manque aujourd'hui de ce travail éducatif. Et il est fait quand même, mais il y a des besoins énormes.

  • Speaker #0

    De la sphère où ce travail éducatif pour les jeunes ? Il se fait à l'école, il se fait en famille ? Comment ça se passe ? Parce que les parents sont un peu dépassés. On leur parle de fake news, d'intelligence artificielle, on leur parle de sujets dont ils ne sont pas forcément hyper familiers. Qui éduque qui ? Parce qu'il faut savoir pour éduquer.

  • Speaker #2

    Tout le réseau, j'ai envie de dire, c'est-à-dire tout le système. Pour moi, dans cette vision-là, c'est... de voir, de distinguer ce qu'on appelle le numérique du numérisme. C'est un auteur, Hervé Fischer, qui nous invite à voir que le numérisme, c'est un peu ce conçu numérisme. C'est-à-dire qu'il y a quelque chose autour de la surconsommation qui est problématique. Mais le numérique en tant que tel, c'est assez neutre. C'est un outil qui peut être poison ou remède. On appelle ça un pharmacon, c'est-à-dire tout dépend du rapport, justement de la relation qu'on peut tisser avec ces technologies-là. Donc ça concerne tout le monde, chers parents, chers éducateurs. Parce que c'est une histoire de culture. de culture et on est dans cette phase où c'est vrai qu'il y a une accélération et ça va trop vite. Donc on a du mal à s'ajuster, à s'adapter. On va avoir besoin de créativité et d'innover pour créer de la culture qui permette aux jeunes et des nouveaux récits, on dit, une nouvelle narration qui leur permette d'être davantage acteurs et auteurs de cette culture.

  • Speaker #0

    D'accord. Et moins simples spectateurs.

  • Speaker #1

    Et moins consommateurs.

  • Speaker #0

    Moins consommateurs, spectateurs, c'est-à-dire sans interaction en fait.

  • Speaker #1

    C'est ça exactement.

  • Speaker #2

    Pour synthétiser, c'est cette culture d'hyperconsommation conçue numériste qui s'infiltre à travers les outils. Et aujourd'hui, on est dans des outils numériques qui ont énormément de place, qui pour moi ont un impact négatif sur... sur la santé mentale.

  • Speaker #0

    Alors justement, on parle d'impact négatif, on va parler d'un sujet qui est évidemment omniprésent dans les familles, c'est les réseaux sociaux et l'influence des réseaux sociaux sur la perception qu'on peut avoir de soi-même et sur l'estime de soi chez les jeunes. Quel est votre point de vue là-dessus ? C'est accès à l'image permanente ?

  • Speaker #2

    Là, je pense, si c'est dans le sujet, mais à des outils, je ne sais pas si on peut citer des outils précis, mais... Des formats en fait. Le format TikTok, l'algorithme en lui-même, on sait aujourd'hui qu'il est plutôt du côté néfaste auprès des ados assez fragiles. C'est-à-dire qu'il va y avoir une amplification, notamment autour des scarifications. On sait que l'algorithme va avoir tendance à favoriser des vidéos qui parlent de sujets glauques. Et donc, c'est ça qui pose problème. Mais l'outil réseau social, s'il est formaté d'une autre manière, peut être assez fabuleux.

  • Speaker #0

    Alors oui, mais ça, on ne le contrôle pas, puisque ça suppose un niveau de responsabilisation de la part des acteurs, qui, soi-disant, font des choses pour protéger les jeunes. Mais on se rend compte que dans la pratique, c'est un vrai sujet. Toi, tu vois ça, Claire, avec tes patients, l'impact des réseaux sur des comportements à risque ?

  • Speaker #1

    Des réseaux où on a des algorithmes de ce type-là. En fait, l'adolescent va s'enfoncer avec les réseaux, va s'enfoncer dans ses difficultés, dans ses troubles. Et ça peut même participer à la chronicisation des troubles.

  • Speaker #0

    Alors, qu'est-ce qu'on fait ? Parce qu'en fait, soit on leur dit coupez-vous des réseaux, soit on essaye de les... Est-ce que ça ne vaut pas le coup de les accompagner très jeunes, justement ?

  • Speaker #1

    Bien sûr que si. On revient sur ce que tu dis, l'éducation, c'est essentiel. Parce qu'aujourd'hui, le numérique fait partie de la vie, et fait partie de la vie des adolescents, mais aussi de nos vies à nous d'adultes. Et donc, c'est comment on éduque les enfants dès le plus jeune âge, dès qu'ils peuvent comprendre, à la fois cette potentialité formidable de l'outil numérique, et à la fois des dangers que ça peut représenter.

  • Speaker #0

    On peut parler de relations sociales numériques. Parce qu'en fait, c'est ça souvent que les parents ne comprennent pas. Moi, le premier, il y a quelques années, je disais à mes enfants, mais t'es encore sur ton truc, t'es encore sur ton écran, t'es encore en train de jouer aux jeux vidéo. Mais en fait, c'est un vrai lieu social pour eux. C'est un lieu de discussion, d'échange.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et par exemple, on peut dire que c'est un outil formidable. Par exemple, il y a beaucoup de personnes qui ont un trouble du spectre autistique, qui, grâce au numérique... grâce aux jeux vidéo et à l'espace social que c'est devenu, ont réussi à se créer un réseau social, alors que dans leur réseau physique, ils n'ont pas les codes sociaux pour pouvoir être dans l'échange et donc ce qui crée une souffrance très importante. Finalement, ça devient quelque chose d'extrêmement positif. Tout est une question d'équilibre en fait.

  • Speaker #2

    Ça me parle cette explication.

  • Speaker #0

    Vous voyez,

  • Speaker #2

    un réseau ou un mobile, c'est d'avoir une vision, si je peux transmettre ça aux parents, c'est d'avoir une vision santé globale. et pas de rester zoomé ou focalisé sur le numérique, le numérique. Ça, c'est qu'un symptôme finalement, à un moment donné. Quand il y a dissociation, on dit, ou que ça se désaccorde, là, c'est utile d'avoir justement un mouvement de recul et de voir la globalité de la santé comme si on avait un point à faire sur la santé globale. Moi, j'utilise beaucoup, pour être dans le concret, l'image un peu du tableau de bord. Et avec les ados et la famille, c'est d'essayer de se faire un tableau de bord du sommeil, de la fatigue, de la concentration. Mais d'avoir une vision globale et de voir, est le numérique dans ce mobile-là ? Quel est le poids du numérique par rapport au loisir ?

  • Speaker #0

    Après, on ne va pas se mentir. Il y a quand même une diabolisation du monde du numérique et en particulier des réseaux sociaux. Que ce soit d'ailleurs à l'école, que ce soit nos politiques, que ce soit... On veut interdire ceci, on veut interdire cela, les temps d'écran. On vient même faire culpabiliser les parents. En leur disant qu'on ne sait pas gérer les temps d'écran de nos enfants, donc on est responsable de leurs problèmes. Et ça n'aide pas, en fait. Est-ce que c'est ça une approche efficace pour accompagner nos gens ?

  • Speaker #2

    Là, c'est le psychologue formé aux sciences de la communication, etc., à l'éducation. On sait aujourd'hui que cette attitude, on pourrait dire en termes de logique de culpabilité, qui est finalement la culpabilité, c'est très lié au contrôle. C'est des logiques de contrôle et des logiques de performance qui sont derrière. Et l'idée, c'est que c'est contre-productif. C'est-à-dire que si je dis à un ado, il faut, tu dois, ça va créer des résistances.

  • Speaker #1

    Il va faire l'inverse.

  • Speaker #2

    Il va faire l'inverse.

  • Speaker #0

    Il va faire, oui, c'est le principe. C'est vrai que c'est le principe de l'ado, ça. Ça me rappelle quelque chose.

  • Speaker #2

    Et la théorie nous dit, la résistance qui est peut-être inconsciente au début devient réactance. Et la réactance, c'est quand ça devient conscient et que l'ado, il s'en fait une théorie. Il dit nananaire. Moi, c'est mon univers, je vais dedans et je m'enfonce dedans, même si je suis tout seul. Et donc, c'est l'idée. Ce qui est dangereux, c'est lorsqu'il est coupé de la relation et que les adultes continuent à le culpabiliser. Donc, ça crée une dissociation et lui s'identifie au négatif. Donc, c'est le vilain petit canard avec ses jeux vidéo, avec sa capuche.

  • Speaker #0

    Mais les parents aussi culpabilisent. Oui, parce qu'on leur dit attention, pas d'écran avant tel âge, à partir de tel âge, pas plus de 30 minutes. On ne va pas passer pour des vieux grincheux, mais nous, quand on était jeunes, on passait beaucoup plus que 30 minutes devant la télévision. Ce n'était pas les mêmes types de contenu, certes, mais on se met des écrans pendant des heures et on s'en est quand même sortis, globalement. Est-ce qu'on n'est pas un peu dans la recherche de la culpabilisation du parent ? en lui mettant finalement la responsabilité sur les problèmes de leurs jeunes. Vous n'avez pas suggéré l'accès aux écrans.

  • Speaker #2

    Je pense qu'on serait beaucoup plus efficace collectivement de zoomer sur les situations qui fonctionnent. En thérapie brève, par exemple, on regarde plutôt ce qui fonctionne et d'aller encourager les parents, valoriser des témoignages et des expériences de parents pour qui ça se passe très bien, qui arrivent à équilibrer tout ça et de les valoriser. Mais là, on est dans une peur. Et en fait, si on regarde dans tout le modèle, qui met en scène... notre psychose là c'est la peur donc vous voyez c'est tout un système et moi ça que je veux transmettre aux parents c'est ouvrez le macroscope et voyez les choses en termes larges santé globale de toute façon c'est le monde d'aujourd'hui et ce sera encore plus le monde de demain

  • Speaker #0

    Moi, je fais souvent un parallèle sur l'insertion dans le monde professionnel. Aujourd'hui, un jeune qui arrive, qui ne maîtrise pas le GPT, il va avoir des difficultés dans le travail. C'est utilisé partout, tous les jours. On l'utilise partout. C'est les outils, les réseaux en entreprise, c'est devenu essentiel. On ne peut pas s'en passer aujourd'hui. Donc, à un moment, il faut aussi simplement...

  • Speaker #1

    Ça crée même des emplois à part entière.

  • Speaker #0

    Mais c'est que ça crée les emplois de demain. C'est surtout ça. Et donc, d'où l'intérêt de... de ne pas diaboliser tout ça et d'y voir que le mal, comme on a tendance à le faire trop facilement.

  • Speaker #2

    Après, je fais un peu l'avocat du diable en me disant, oui mais parce qu'on a beaucoup plus de liberté, on a encore de la liberté sur le monde de demain. On a un peu cette vision comme si le numérique allait se développer de telle manière. Mais on a possibilité de modifier, de réguler quand même.

  • Speaker #0

    Vraiment ? Parce que c'est quand même un schéma qui semble... Rappelons-nous quand même. encore une fois je ne vais pas faire le vieux mais le premier iPhone il est sorti il n'y a même pas 20 ans et on voit où on en est aujourd'hui on voit en quelques années rien que l'intelligence artificielle ça fait 4 ans qu'on en parle

  • Speaker #2

    3-4 ans que ça s'est démocratisé la technologie va se démocratiser mais l'usage qu'on en fait je pense qu'il y a une réflexion profonde à avoir sur le sens des usages c'est à dire quel sens on veut donner à quoi ça sert au final et si en effet ça sert à un ado d'être être en mode consommation anxiolytique dans son coin, ça n'a pas trop de sens. Et c'est là que je pense qu'on a raison d'être critique, de développer l'esprit critique, mais sans tomber pour moi dans les deux pièges qui sont la technophilie et la technophobie. Et c'est d'être sur cet entre-deux et de réfléchir ensemble aux usages, de tisser des compétences et de l'apprentissage. plus que des « il faut » ou « tu dois » .

  • Speaker #0

    Et alors, justement, le monde du numérique, c'est aussi le monde des fake news, de l'intelligence artificielle, et dans un monde qui est de plus en plus difficile à décrypter. Aujourd'hui, les jeunes sont exposés à beaucoup d'informations. D'ailleurs, ils s'informent comme les adultes de plus en plus sur les réseaux sociaux. Si Hugo ne l'a pas dit, c'est que ce n'est pas vrai. C'est un peu le truc qu'on entend partout. Est-ce qu'ils savent décrypter réellement cette information ?

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, non. Il y a tout un boulot, je dis non de manière catégorique dans ce que je perçois, toujours dans ma pratique, pas de manière générale, mais je dirais non, mais c'est passionnant parce que le rapport à l'image est totalement modifié. Et on peut avoir des effets positifs, c'est qu'en effet, tout ce qui est image aujourd'hui ou vidéo, c'est une création, ce n'est pas une vérité. Donc ça veut dire que d'emblée, on va être dans ce rapport de méfiance, sans tomber dans la paranoïa. mais d'avoir un esprit critique et chaque image que l'on voit, on n'est plus en train d'associer une vérité sur l'image.

  • Speaker #0

    On sait tous que de toute façon, on ne pouvait pas vraiment associer de vérité sur les news qu'on recevait avant. Mais alors là, encore moins, parce que tout le monde peut publier la news qu'il veut sur n'importe quoi, sans qu'il y ait de travail journalistique dessus. C'est ça la difficulté.

  • Speaker #2

    Et l'enjeu, ça va être de certifier les contenus, les sources. Et c'est pour ça qu'on va avoir besoin d'humains. On parle toujours de l'intelligence artificielle, on va avoir besoin d'intelligence humaine. pour donner du sens à ces productions. Dans le domaine des deepfakes, par exemple, il va y avoir des productions diverses.

  • Speaker #0

    C'est vrai, mais il y a des outils qui permettent de scorer et de détecter les deepfakes. Et d'ailleurs, comment ils font pour distinguer le vrai du faux, nos jeunes ? Parce que c'est compliqué, ils arrivent, ils sont face à des contenus, ça devient problématique. On peut facilement...

  • Speaker #2

    Moi, ce que je perçois, c'est aussi par la relation, par le bouche à oreille entre eux. Ils cherchent une source crédible. Et le malheur, c'est aussi que ça peut être... Les copains.

  • Speaker #0

    Ça ne peut pas être les parents. C'est là le problème.

  • Speaker #2

    Mais si on est dans une relation de méfiance avec ses parents, d'où l'intérêt de tisser par l'éducation un rapport de confiance. Alors, ça fait un peu bisounours de dire ça, parce que ce n'est pas toujours évident. Il faut cadrer. Dans mon métier, on appelle ça le cadrage bienveillant. Est-ce qu'en tant que parent, je peux dire non et stop, mais sans forcément le culpabiliser ou lui transmettre mes propres peurs ? Lui donner un principe, un cadre en disant non, pour moi, j'estime. En tant que parent, ce n'est pas possible. Tu as passé deux heures sur cet écran, c'est fini.

  • Speaker #0

    La pause numérique.

  • Speaker #2

    La pause et après, argumentation, d'accord, il faut quand même expliquer. Mais c'est de réussir à cadrer de manière bienveillante en traduisant son intention.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #2

    Et même s'il claque la porte, il va dans sa chambre, il s'isole et c'est la crise. C'est de réussir en tant que parent à ne pas descendre au même niveau que la dose.

  • Speaker #0

    Pour petite séquence, maintenant, parlons psy, parlons vrai. Avec le docteur Claire Morin, médecin psychiatre, j'ai cinq questions de parents pour toi. Mon ado passe du temps sur TikTok et refuse de décrocher. Comment gérer son addiction aux écrans sans conflit permanent ? Quel est le conseil du psychiatre ?

  • Speaker #1

    C'est justement ce que tu disais, le cadrage bienveillant, c'est-à-dire arriver à rentrer en communication et à lui ouvrir les yeux sur le fait qu'il n'y a pas que TikTok et qu'il est important pour son développement personnel et pour sa vie future. d'arriver à avoir d'autres expériences, d'autres sources d'informations. Parce que là, finalement, le problème dans cette question, ce n'est même pas le temps d'écran lui-même, mais c'est sur titre tellement d'autres sources d'informations. Et donc, pourquoi pas lui proposer de partager un moment sur un écran, sur une tablette, sur un ordinateur pour regarder d'autres sources d'informations ?

  • Speaker #0

    Il faut aller dans son monde, en fait. Il faut l'accompagner.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Il faut de l'accompagnement. Alors, une autre question. Je veux poser des limites sur l'utilisation des écrans à la maison, mais mon ado dit que tout le monde fait comme ça. Comment instaurer des règles sans passer pour un parent dépassé ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est l'excuse de tous les adolescents. Tous les copains, c'est pas soi et qu'il faut trouver un équilibre. Peut-être que ce qu'ils voient ou ce que les copains leur disent n'est pas forcément non plus la réalité. Et que c'est pareil, l'objectif, c'est qu'ils puissent développer d'autres expériences et qu'ils puissent y avoir quand même une vie de famille. Mais ça suppose aussi que les parents ne passent pas leur temps aussi sur les écrans.

  • Speaker #0

    Il faut avoir un petit rôle d'exemple quand même. Je pense à un truc, d'ailleurs, ça me fait penser à ce qu'on a aussi mis dans Link, c'est faire un contrat avec son jeune. C'est aussi un moyen de l'engager, de le responsabiliser, de lui laisser une certaine liberté d'action, sans le faire culpabiliser d'utiliser les écrans et de donner des contreparties. C'est ça,

  • Speaker #1

    valoriser les efforts qui sont faits. Et dire, si tu arrives à réduire ton temps d'écran, c'est du temps qu'on passera ensemble sur une activité commune. Ou même, si tu passes moins de temps sur TikTok, c'est du temps que je vais te redonner avec tes amis sur les jeux vidéo le week-end, par exemple.

  • Speaker #0

    On ne peut pas tirer le temps, le temps n'est pas infini.

  • Speaker #2

    J'ajouterais, qu'est-ce que tu apprends, par exemple ? Ça, c'est du vécu avec mon fils. C'est le laisser volontairement sur Fortnite, par exemple, et de le questionner après en disant, mais qu'est-ce que ça te fait ? À un moment donné, il y a de l'ennui qui s'installe. C'est d'éduquer aux sensations quand on joue aux jeux vidéo. Et les ados peuvent le dire, qu'à un moment donné, ils n'ont plus le même rapport aux jeux. C'est plus ludique, c'est l'ennui qui domine. Ou lorsqu'on se rôle. On le vit même en tant qu'adulte, mais on sait à peu près s'arrêter à un moment donné quand on scrolle et qu'on sent une sensation. Donc, c'est revenir au corps.

  • Speaker #1

    C'est un peu une forme de féturation, en fait.

  • Speaker #2

    Et de pointer ça, d'aider son ado à apprendre, à identifier quand son corps lui dit « bof, je ferais mieux d'aller dehors » . Mais ce n'est pas évident.

  • Speaker #0

    C'est compliqué.

  • Speaker #1

    C'est un apprentissage.

  • Speaker #2

    Mais voilà, l'idée d'apprentissage est que les parents valorisent les parents en disant « tenez bon, tenez bon » . L'apprentissage, ce n'est pas binaire. C'est… C'est à un moment donné, vous valorisez, vous renforcez, mais vous tenez votre cadre. C'est votre cadre éducatif. Vous avez raison, c'est vous les parents.

  • Speaker #0

    C'est normal. Le cadre, il est nécessaire. Par contre, il faut les laisser un petit peu naviguer dans le cadre.

  • Speaker #2

    Écoutez un peu les psys, les psychiatres, mais faites-vous confiance.

  • Speaker #1

    En fait, le cadre, il ne doit pas être limitant, il doit être structurant. C'est-à-dire qu'en tant que parent, quand on veut accompagner son adolescent, on sait que pour pouvoir avancer dans la vie, il faut qu'on ait une structure. Et donc cette structure, forcément... elle s'acquiert, elle se construit par un cadre qui est mis. Je sais où sont mes limites, apprendre où sont mes limites. Mais si on présente ça comme je cadre, j'oblige, et c'est un interdit, c'est là que ça devient limitant.

  • Speaker #0

    Il ne se construit pas, il subit en fait. Exactement. C'est un cadre au lieu de se construire sur le cadre.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #2

    Et ça peut nourrir l'anxiété, bizarrement. C'est le parent qui fait le nid à la place de l'enfant. On parle comme si le parent faisait la carapace, mais l'idée c'est que l'enfant, il est sa carapace, mais il est aussi sa colonne vertébrale. Et ça, ça passe par l'expérience, l'éducation. Et ce n'est pas binaire, ce n'est pas que de l'information. Le message, c'est que conseiller, informer ne suffit pas. L'éducation, c'est faire expérimenter son enfant, l'accompagner. Eh bien oui, ça demande du temps.

  • Speaker #0

    C'est intéressant pour les parents aussi de comprendre un peu mieux ce monde du numérique. Là, on parle quand même de gens qui ont la quarantaine, qui ont des ados. Donc, c'est quand même un monde dans lequel on évolue, nous aussi, au quotidien. Donc, c'est aussi pas mal.

  • Speaker #2

    Et ça fait travailler le parent sur sa propre anxiété, c'est ça ?

  • Speaker #0

    C'est pas mal. Pierre-Henri, une dernière question, justement, de parents. Mon ado suit des comptes conspirationnistes et refuse d'écouter des avis contraires. Comment lui apprendre à douter intelligemment ? Ouh là !

  • Speaker #2

    C'est compliqué,

  • Speaker #0

    ça !

  • Speaker #2

    Là, ce qui m'est venu, c'est même pas d'être trop dans le doute ou développer l'esprit critique, parce qu'on risque de renforcer la croyance, en fait. Donc déjà, c'est de, si j'y vais frontalement... C'est de passer, là je passerais par des médiations, par des cousins, des grands frères, des personnes qui peuvent être des sources plus crédibles que les parents.

  • Speaker #0

    La proximité d'âge, la facilité de l'écoute.

  • Speaker #2

    Et on sait qu'une croyance peut être vraiment modifiée de l'intérieur. C'est pour ça que c'est délicat. On risque en tant que parent de renforcer en fait le...

  • Speaker #0

    Côté négatif.

  • Speaker #2

    Idéologique, du moins.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'on entend souvent parler de dérive sectaire, d'ailleurs, sur Internet, sur les réseaux et dans les informations qui sont données. Donc, c'est aussi un point de vigilance.

  • Speaker #2

    Là, pour moi, c'est un symptôme important de la santé globale. Il faut voir ça comme un corps global. Et là, je me dis, oula, mon enfant est sur ce type de pratiques et d'usages et il s'enferme. Toute son identité se tricote autour de ça. Donc, c'est toujours un but ensemble. Et je pense que d'aller consulter, de trouver une ressource familiale, un tiers, en fait, on dit. quelqu'un d'autre pour pouvoir faire passer des messages. Mais plus que de faire passer des messages, on voit bien que dans ces sujets-là, c'est quand il y a une porte de sortie et que l'ado peut lui changer sa vision du monde.

  • Speaker #0

    Il faut qu'il soit conscient, il faut que ça vienne de lui. Il faut qu'il ait le sentiment que le changement, il l'ait initié tout seul.

  • Speaker #2

    Et père-parent, prenez un bouquin d'hypnose, de suggestions et apprenez les suggestions indirectes. Ce sera beaucoup plus efficace que de passer du temps à rabâcher les conseils. Vous allez simplement renforcer la... la coquille, quoi, et donc fermer encore plus.

  • Speaker #0

    Maintenant, on va parler un petit peu, justement, des risques et de la manière dont on peut accompagner nos ados dans le monde du numérique. Déjà, à la maison, comment on encadre l'usage du numérique ? Est-ce qu'on doit, en tant que parent, interdire certains contenus en particulier ? Ou comment est-ce qu'on dialogue autour de ça ? On peut dire, tiens, je pense que tu es trop jeune pour aller sur TikTok. Je pense qu'il faut se rappeler quand même que 67% des 8-10 ans sont actifs sur les réseaux sociaux, alors que c'est 13 ans. L'âge légal. Ah mais t'as 11 ans, tu vois, tu peux pas aller sur les réseaux. Puis il va dire oui, mais tout le monde y va. Si j'y suis pas, j'ai pas d'amis. Qu'est-ce qu'on doit faire en tant que parent ?

  • Speaker #2

    Traduire à ses enfants son intention éducative. C'est-à-dire, pourquoi je fais ça ? C'est quoi mon intention de parent ? Mais de le faire de manière authentique, en disant, tu sais, mon fiston là, ou ma fille, je te pose ce cadre-là, c'est pas contre toi, je suis pas ton ennemi en fait. C'est que j'ai un job à faire, et j'ai des valeurs moi dans la famille, et j'ai envie de te transmettre ça. Et en effet, pour moi, TikTok, de ce que j'en sais aujourd'hui, mais ça peut évoluer. c'est dangereux pour toi, ce n'est pas adapté et je ne suis pas d'accord.

  • Speaker #0

    D'accord, donc là, c'est vraiment en fonction de son point de vue.

  • Speaker #2

    Voilà, ça va créer des conflits, mais un conflit, ça peut être structurant. Tout à fait. Des fois, on a peur du conflit en tant que parent et ça nous culpabilise d'être dans le conflit avec nos ados. Alors qu'ils en ont besoin aussi pour se construire leur colonne vertébrale. Pas uniquement la coquille, mais la colonne vertébrale. Donc après...

  • Speaker #0

    On négocie avec les enfants.

  • Speaker #2

    Je regarde avec ma fille de 12 ans les vidéos de petits chatons.

  • Speaker #0

    Et ça lui va bien.

  • Speaker #2

    Et parce qu'on passe un chouette moment. Moi, ce que je trouve intéressant, c'est de le partager avec eux.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, on négocie. On négocie. Il faut négocier avec les enfants pour l'accès au numérique.

  • Speaker #2

    Oui, je pense. Et l'intérêt, pour moi, la clé, c'est la curiosité. Je ne sais pas, mais c'est d'être curieux en tant qu'adulte et de rentrer dans le monde. D'aller jouer, par exemple, avec son ado aux jeux vidéo. Au moins faire une partie.

  • Speaker #0

    Moi je les connais tous, Roblox, Fortnite, Afterlife...

  • Speaker #2

    Les vidéos des influenceurs YouTube, moi personnellement, de regarder avec eux, on apprend énormément de choses, y compris... Il y a de tout dans ces vidéos-là, mais il y a des chouettes valeurs.

  • Speaker #0

    Ils apprennent beaucoup de gros mots quand même. Il faut quand même... Après, ils les apprennent ailleurs. Oui, je pense que là,

  • Speaker #2

    on va circuler au-delà des réseaux.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai qu'ils adorent regarder des youtubeurs...

  • Speaker #1

    En train de jouer,

  • Speaker #0

    ouais. C'est un truc, c'est...

  • Speaker #2

    C'est Innoxtag qui a fait l'Everest, par exemple. C'est une pépite entre parents. Regardez ça avec ces ados. Il y a des sujets fabuleux, existentiels, je veux dire, qui peuvent être abordés par la médiation. De toute façon, c'est là, il faut voir ça comme de la culture. Mais si on a, en tant que parent, filtre bien entre le poison et le remède, il y a des pépites.

  • Speaker #0

    Il y a des pépites. Moi, je donnais une anecdote par rapport au documentaire d'Innoxtag. Mon fils, qui a 8 ans et demi, a regardé son reportage, Kaizen, la montrée d'Everest. Et donc, la chose qu'il a retenue, quand on lui a demandé « qu'est-ce que tu as retenu du documentaire ? » Il a retenu qu'en fait, Innoxtag lui a dit qu'il fallait poser sa tablette et partir à l'aventure. Voilà ce qu'il a retenu. Il a dit « ouais, il faut partir à l'aventure » .

  • Speaker #2

    Ben oui.

  • Speaker #0

    C'est génial. Donc là, on se dit que finalement, c'est pas... Il y a quand même des aspects qui sont positifs.

  • Speaker #2

    Et il en a parlé, il a échangé avec son papa.

  • Speaker #0

    Exactement, on a pu en parler, il en a parlé avec sa soeur.

  • Speaker #2

    Il ne l'aurait même pas cliqué peut-être sur cette vidéo-là, parce qu'elle n'est peut-être pas aussi attractive que d'autres.

  • Speaker #0

    Il est fan, il est fan d'Innoxtag. Il espère le rencontrer bientôt. Deuxième question, par rapport à la gestion des ados et des écrans, est-ce qu'il existe une bonne durée d'écran par jour ?

  • Speaker #2

    Cet équilibre-là, je pense que c'est plus utile de privilégier d'autres activités que cette activité écran. Bon, après si. une journée pluvieuse en vacances, l'ado a besoin d'être en mode régressif sous sa couette, pourquoi pas ? Moi, je n'ai pas dit ça.

  • Speaker #1

    Non, c'est la répétition qui devient problématique parce qu'elle va générer la désinsertion.

  • Speaker #0

    Parce qu'aujourd'hui, si on regarde les temps d'écran des ados, ça peut faire froid dans le dos. Oui,

  • Speaker #1

    mais désactu. On voit des 7,

  • Speaker #0

    8, 10 heures par jour. Moi, j'ai eu ce matin le mien, j'étais agréablement surpris. C'était à 5 heures, ça va, par jour. C'est pas mal quand même. Mais bon, je passe aussi beaucoup de temps pour travailler sur le téléphone.

  • Speaker #1

    Mais c'est aussi, voilà, c'est une question de contenu. Et en fait, l'idée, c'est d'inculquer aux adolescents la notion que le numérique est un outil et qu'il ne dispense pas, en fait, de développer sa propre réflexion. Et c'est ça tout l'enjeu et tout l'enjeu aussi autour de l'IA. C'est que l'IA, c'est un outil fabuleux, mais qui ne doit pas venir à la place de la pensée personnelle. En fait, ça ne doit pas remplacer la pensée. Ça doit venir la nourrir, mais pas être à la place.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #2

    C'est vrai que c'est complexe, mais ça fait partie de notre culture aujourd'hui. Moi, j'aime bien la métaphore aussi anthropologique où on va dans la jungle, par exemple. Dans la jungle, il va falloir, pour un jeune guerrier, apprendre à trier le poison et le remède. Donc, c'est un environnement où il y a des prédateurs. C'est dangereux.

  • Speaker #0

    Mais on doit apprendre à s'en sortir.

  • Speaker #2

    On ne peut pas les protéger tout le temps. Et eux, dans leur quête, si on voit ça du point de vue existentiel, ils ont une quête aussi à aller explorer. Merci. C'est un nouvel horizon, en fait. Bien sûr. Et ils se construisent leur identité et ils construisent du récit aussi à travers ça.

  • Speaker #0

    Et votre avis sur les contrôles parentaux ? On installe, on n'installe pas, ça sert, c'est efficace ?

  • Speaker #2

    C'est un peu comme la béquille au début. C'est une solution provisoire, mais il faut éduquer derrière. Oui,

  • Speaker #0

    parce que je suis d'accord que ça ne suffit pas. Ah non. Ils ont accès aux écrans un peu partout. Et la curiosité, pourquoi on m'interdit ? Je vais aller voir ce qu'il y a.

  • Speaker #2

    Voilà, voilà. Faire le mur, passer, trouver un moyen. Une petite scène vécue, vous allez au collège, même les ados qui n'ont pas de portable, par exemple, ils s'agglutinent et ils font une grappe autour du portable du copain. Donc en fait, si on est réaliste, il y a à prendre en compte toute cette réalité-là.

  • Speaker #0

    Concernant les jeux vidéo et les jeux en streaming, surtout d'ailleurs les garçons, comment on sait si son ado joue ? Est-ce qu'il y a une notion de trop ? C'est un côté addictif quand même. Moi, je me souviens... d'une psychologue qui me racontait, qui travaillait en addictologie et qui me racontait qu'elle avait eu un patient qui jouait, qui était tellement addict au jeu vidéo qu'il en venait à ne même plus se rendre aux toilettes pendant qu'il jouait. Ça peut aller loin quand même.

  • Speaker #1

    Ça peut aller très très loin.

  • Speaker #2

    Il y a de la pathologie qui s'installe, c'est clair.

  • Speaker #0

    Donc on essaye de parler, de doser, de l'aider à doser, de l'aider à comprendre qui doit doser, c'est ça en fait.

  • Speaker #2

    Pour moi, le petit critère très simple, c'est, en tant que parent, d'observer quand même les signes de joie. C'est que... Ce n'est pas évident chez les ados, ils ne sont pas souvent à exprimer leur joie. Mais justement, de réussir à percevoir et de regarder dans la journée s'il y a cette petite joie qui s'exprime dans le non-verbal. Et si le jeune est dans une pratique de jeux vidéo compulsives et qu'on a pu cette joie-là, c'est qu'il y a un problème.

  • Speaker #0

    On essaie de le garder près de nous, visible, dans un espace commun, en tout cas jusqu'à un mot plus tard possible. Au moins, ça permet de voir comment il réagit.

  • Speaker #2

    Voilà, vraiment parce qu'il y a des signes, des signaux, en fait, comme une hypnose négative où on peut voir que le jeune s'éteint, quelque part il s'éteint.

  • Speaker #0

    Il est plus actif dans le jeu.

  • Speaker #1

    Il devient irritable aussi. Oui, irritable. Ils peuvent devenir très irritables.

  • Speaker #0

    C'est la technique du « on coupe le réseau pour passer à table » . Oui. On débranche le Wi-Fi, on coupe le courant et là tout le monde arrive. Ça marche bien d'ailleurs. mais maintenant ils ont des partages de connexion ou une coupure de courant réel moi j'ai vécu ça,

  • Speaker #2

    c'était très intéressant c'est à dire que c'est pas les parents pendant 12 heures c'était très intéressant on a ressorti davantage les jeux de société donc la déconnexion est très très utile moi s'il y a des parents qui sont en mode je déconnecte c'est très très utile aussi et pourquoi pas organiser des challenges comme ça entre

  • Speaker #0

    parents et jeunes dire voilà dimanche prochain on se fait une journée tous déconnexion et on se fait un truc ensemble hum ? Sans écran, c'est peut-être une manière de les compromis. On parlait de négo avec ces jeunes, ça peut être une négo intéressante. Ok vas-y toute la semaine, tu veux faire, samedi tu veux faire ça toute la journée. Vas-y pas de problème, par contre dimanche, nous parents on pose nos téléphones, toi tu poses ton téléphone, tu poses ton ordi, on va faire des choses ensemble.

  • Speaker #2

    Ce qui est intéressant c'est de le faire avec les jeunes, même si tu es délat de défis. Cliniquement, je pense à un patient, c'est tout à fait le jeune qui lui demandait davantage de jouer avec des jeux de société. avec des amis, avec ses cousins.

  • Speaker #0

    Qui eux-mêmes étaient connectés en permanence.

  • Speaker #2

    Et il était là. Monsieur Garnier. Mais ça m'a fait un bien fou. J'ai rigolé comme... J'avais oublié ce que c'était que de se bidonner, de rigoler simplement. Vous voyez, quand même, on est passé à côté de quelque chose, là.

  • Speaker #1

    C'est clair.

  • Speaker #2

    Ça veut dire qu'en termes de lien social, il y a vraiment plein de choses à faire.

  • Speaker #0

    La petite idée, voilà. On va organiser ça sur LinkedIn. On va organiser des challenges auprès des jeunes. Allez hop, c'est la journée sans réseau.

  • Speaker #1

    Ou même de dire, je fais une partie en ligne avec toi et tu fais un jeu de société avec moi.

  • Speaker #2

    J'aurais envie de dire, plutôt que de dire sans réseau, c'est... c'est pour vivre autre chose.

  • Speaker #0

    Ah oui,

  • Speaker #2

    il faut que ce soit... Dans la situation positive.

  • Speaker #0

    Il faut que ce soit...

  • Speaker #2

    Il va gagner quelque chose.

  • Speaker #0

    On ne peut pas dire aux gens de se déconnecter si on n'a rien à leur proposer en retour. On est d'accord. Petit 60 secondes challenge qui j'espère ne durera pas plus de 60 secondes, mais c'est pour avoir votre avis sur un certain nombre de questions de manière très brève, très courte. Le plus grand mythe sur le numérique et les ados ?

  • Speaker #2

    Ça transforme nos ados en zombies, le mythe du zombie, je ne sais pas. Y compris dans le numérique, dans les jeux et tout ça, c'est un univers.

  • Speaker #0

    Attention, on a 60 secondes, j'ai une question. L'info la plus absurde que vous ayez vu circuler sur le net récemment ?

  • Speaker #2

    Moi, c'est un site, c'est Handless. horse et on voit un cheval et on voit jamais les sabots du cheval et il faut scroller, scroller et c'est infini. C'est complètement absurde, mais je l'utilise avec certains patients pour leur montrer qu'à un moment donné, le scroll peut s'arrêter.

  • Speaker #0

    Le rôle des parents en une phrase, le numérique.

  • Speaker #2

    J'ai eu le mot guide, médiateur.

  • Speaker #0

    Un livre ou une ressource à conseiller aux familles sur le numérique ?

  • Speaker #2

    Ah, le numérique, je dirais les ouvrages, mais il en a plusieurs de Serge Tisseron et Frédéric Tordeau.

  • Speaker #0

    Et un petit message à faire passer aux jeunes qui nous écoutent ?

  • Speaker #2

    Valoriser. Il y a de la pépite. C'est une génération, vous êtes humain comme nous, il y a une capacité à vivre, à créer, vous êtes équipé. C'est votre culture et c'est à nous aussi, les boomers, de vous laisser la place à certains moments.

  • Speaker #0

    Très bien, nous allons enchaîner sur notre dernier sujet qui est construire un numérique plus sain pour nos jeunes. Un sujet important. Faut-il éduquer, Pierre-Henri, selon vous, au numérique dès l'école pour mieux prévenir les risques ? Parce qu'aujourd'hui, la place du numérique est assez limitée quand même. Oui,

  • Speaker #2

    et je crois qu'il y a ce qu'ils appellent l'EMI, c'est l'éducation aux médias et à l'information. Et il y a des, j'ai vu je crois sur le site du ministère de la Culture, il y a des résultats très positifs en peu de temps de cette éducation.

  • Speaker #0

    Donc l'école doit être un vrai vecteur d'accompagnement et pas de...

  • Speaker #1

    Surtout vu le temps que les enfants et les adolescents y passent.

  • Speaker #0

    Oui, alors... Après, on peut... Moi, je comprends, par exemple, des mesures comme l'interdiction du smartphone dans les collèges. Ils n'ont pas besoin, pendant la journée, d'avoir accès à leur téléphone. Mais ils passent ça sous le coup de la pause numérique. Moi, je trouve ça un peu barbare comme terme. C'est stigmatisant, la pause numérique. Comme si c'était mal, en fait.

  • Speaker #2

    Toujours, on a cette idée de déconnexion. On va vous enlever quelque chose. que vas-tu gagner en faisant autre chose ?

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est qu'on est à l'école, donc en cours, on est en cours, et en dehors des cours, on est avec ses copains, ses camarades de classe, etc. Donc c'est plus comme ça qu'on ne voit le présent.

  • Speaker #2

    C'est étonnant, je réalise.

  • Speaker #0

    Je trouve ça très négatif, moi.

  • Speaker #1

    Oui, complètement.

  • Speaker #0

    Je ne trouve pas que ce soit une bonne pause numérique. C'est moche, quoi. Je trouve que c'est moche. Je trouve que c'est stigmatisant pour les jeunes. Comment est-ce qu'on responsabilise les plateformes et les influenceurs sur l'impact de leur contenu ? Les plateformes, elles ont quand même un vrai rôle de l'algorithme. Moi, c'est quelque chose qui me choque. Je ne serais pas contre une régulation de l'algorithme des plateformes. C'est ça.

  • Speaker #2

    Moi, je pense que là, le cadre bienveillant de l'État, c'est de réguler et de poser les règles du vivre ensemble et des règles claires.

  • Speaker #0

    Dans l'algo. C'est-à-dire qu'on pourrait imposer, par exemple, à un TikTok d'interdire de valoriser des contenus négatifs ou destructeurs pour un jeune.

  • Speaker #2

    Oui, et d'aller vers plus de transparence. de ces algos, c'est des vraies boîtes noires. Mais même les concepteurs, des fois, notamment l'intelligence artificielle, ne comprennent pas forcément tout ce qui se passe dans la boîte noire. Et ça, même techniquement, il faut avancer et qu'on ait la main sur tout le processus.

  • Speaker #0

    Nous, on essaie de leur donner des petites astuces parce qu'on voit bien comment ils marchent, l'algo, on leur dit, voilà, vous en lancez pendant plusieurs jours des recherches sur certains mots plus positifs. Mais c'est vrai qu'on pourrait avoir, par exemple, sur TikTok, dans ces recherches, on pourrait avoir, par exemple, les mots clés qui ont été matchés avec nous par l'algo. C'est-à-dire, voilà, on a noté dépression, on a noté telle et telle et telle chose. Voilà les facteurs clés qui vont influencer vos contenus et pouvoir les supprimer pour dire, tiens, je veux enlever ça. Je ne veux plus être concerné par ce type de contenu ou je peux vouloir gérer l'heure. Tu sais, moi, quand on en parle avec Miel, qui a beaucoup été sur les réseaux, la journée, elle avait des contenus quand elle n'était pas bien. Elle avait des contenus qui étaient plutôt sympas, joyeux et tout. Et dès 21h, quand elle était dans sa chambre, elle ne tombait plus que sur des tragloques. C'est dur.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas normal.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas normal. Ça pourrait se contrôler, ça, avec une loi européenne, par exemple ?

  • Speaker #2

    Ça, je n'ai pas la connaissance. Par contre, j'ai l'intention et l'envie. C'est urgent. Là, j'ai envie de dire que c'est urgent. Et j'ai la métaphore toujours dans la jungle. C'est aux adultes. et nous, citoyens et consommateurs, de monter en pression pour cette jeunesse dans la jungle des sentiers.

  • Speaker #0

    C'est un peu le rôle de nos politiques.

  • Speaker #2

    Et là,

  • Speaker #0

    c'est à eux de prendre le sujet en main au niveau européen.

  • Speaker #1

    C'est pas encore.

  • Speaker #0

    Après, ça fait dix ans qu'on a interdit, qu'on a obligé en tout cas les plateformes graphiques à mettre en place des systèmes de contrôle d'âge fiables. On peut dire que pour l'instant, la fiabilité, elle est limitée. À plus de 18 ans, oui ou non. Alors qu'ils ont quand même une obligation légale depuis 2015. Donc, entre ce qu'ils disent, ce qu'ils promettent, ce qu'ils votent et ce qu'ils font, on est encore malheureusement... Bref, il ne faut pas trop compter là-dessus. Ok, donc l'école, rôle indispensable. Les influenceurs, nous, on se rend compte aujourd'hui, parce qu'on travaille avec beaucoup d'influenceurs, qu'il y a un vrai engouement pour justement le contenu de qualité, le contenu bienveillant vis-à-vis des jeunes. Et ça, c'est une bonne chose. Et on a beaucoup de soutien de beaucoup de créateurs de contenu qui sont heureux de s'associer à notre démarche. Donc ça, on espère que ça va continuer. Je pense qu'ils ont un vrai rôle de modèle.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Ils ont un rôle de modèle. Et d'ailleurs, on espère nous-mêmes qu'ils puissent venir participer à l'élaboration de cours sur l'usage du numérique dans les écoles. Mais il y a des contenus vidéo qu'ils auront créés avec nous. C'est clair. Parce que, évidemment, les jeunes écoutent les influenceurs à un vrai poids. Quand ça influe, ils disent « Attention, ça c'est dangereux » . Tiens, la vraie vie, c'est une patate.

  • Speaker #2

    C'est une source crédible.

  • Speaker #0

    C'est une véritable source, même plus que crédible. C'est une source vraiment hyper influente sur leur esprit et sur leur mode de fonctionnement.

  • Speaker #2

    Et c'est chouette et ça a encouragé et que ça devienne la norme, même en termes business. Je parle business, c'est à dire que de produire du numérique qui a du sens, que ça devienne beaucoup plus rentable que d'aller faire du numérique, tirer l'être humain vers le bas.

  • Speaker #0

    De toute façon. Je crois qu'à un moment, c'est aussi le rôle des marques qui viennent financer ces créateurs de contenu avec des sponsoring. C'est aussi le rôle des marques d'être vigilantes sur le niveau d'engagement et de qualité des contenus qui sont réalisés par les influenceurs qui financent pour être sûr qu'ils passent parce qu'ils associent leurs marques. Alors quand ils font du contenu malveillant ou assez qui tire vers le bas, on associe leurs marques à ça, ce n'est pas terrible.

  • Speaker #2

    Il y a des enjeux éthiques, mais aussi de vérité scientifique, de vraie information.

  • Speaker #1

    Les enjeux de santé publique ?

  • Speaker #2

    De santé publique, donc vraiment qu'il y ait une espèce de label ou de certification. On fait partie d'un réseau, on est des influenceurs, mais on va vers une approche, une vision plus humaniste, plus universaliste, comme on dit. C'est quand même intéressant.

  • Speaker #0

    Bienveillant, juste bienveillant. Juste ça, ce serait pas mal. Et à quoi ressemblerait, selon vous, un usage sain et équilibré des nouvelles technologies chez les ados ?

  • Speaker #2

    Moi, c'est pour avoir travaillé plus dans le domaine de la réalité virtuelle sur... des interfaces, c'est l'idée de repenser quand même les interfaces en termes relationnels. C'est un peu abstrait, mais c'est l'idée que, par exemple, j'imagine des réseaux sociaux où ce n'est plus moi, jeune, qui me mets en avant avec ma personnalité. Je mets en avant un projet avec un avatar, par exemple, et que ce soit un réseau social de projet. C'est-à-dire qu'on met en avant la relation qui s'est entre les personnes. Je pense que ça pourrait être intéressant avec des tribus.

  • Speaker #0

    La fameuse intelligence collective.

  • Speaker #2

    Voilà, exactement. Mais ça demande de faire l'expérience que le projet, ce que vous vivez là, c'est un projet collectif, c'est chouette à vivre aussi. Tôt que d'être uniquement dans son profil à soi et de prendre soin de son profil.

  • Speaker #0

    C'est un lieu de partage, c'est un réseau.

  • Speaker #1

    On revient au lien.

  • Speaker #0

    C'est un réseau,

  • Speaker #2

    on revient au lien. Il parle par exemple de UI, interface utilisateur. Mais c'est des interfaces centrées sur la relation, par exemple entre ... dans un groupe ou entre un psy et un patient, d'avoir quelque chose qui parle de la relation plus que des deux personnes.

  • Speaker #0

    Deux personnes indépendantes. Oui, on voit bien qu'il y a du travail. Enfin, un dernier petit point que je voulais aborder, c'était un petit point sur l'IA et la santé mentale. Comment est-ce qu'on prépare nos jeunes au monde du numérique de demain ? Parce qu'on voit bien que l'IA est en train de prendre une dimension incroyable. au quotidien. On fait plein de choses aujourd'hui, de bonnes et de mauvaises. Mais comment on en fait des utilisateurs avertis qui prennent le recul, qui ont le sens de l'analyse et qui ne se font pas piéger, qui ne deviennent pas dépendants de l'IA ?

  • Speaker #2

    L'esprit critique, mais des mots par exemple. Le mot intelligence artificielle, en vrai c'est une aberration.

  • Speaker #0

    Ça n'a rien d'intelligent. Ça apprend des modèles et ça les répète finalement.

  • Speaker #2

    Donc d'apprendre à questionner le discernement, à questionner l'esprit critique, tout ça, je pense que c'est tout petit. Et de cultiver ça, pour moi, c'est la meilleure protection. Après, évidemment, sur le plan technique, c'est aussi en intelligence artificielle, ces modèles de données, c'est un entraînement. Mais tout dépend des données sources, en fait.

  • Speaker #0

    Ce serait génial, ça, au collège ou au lycée, des cours d'intelligence artificielle, où on va balancer un prompt. sur ChatGPT avec un résultat qui peut être erroné volontairement et de challenger le jeune en lui disant tiens, voilà, ChatGPT m'a sorti ça. Fais-moi ton analyse critique. Qu'est-ce que t'en penses ?

  • Speaker #2

    Et j'ai vu des enseignants qui pratiquent ça déjà C'est vrai ?

  • Speaker #0

    Ah c'est du père Au lycée ?

  • Speaker #2

    Ils ont compris quoi Ils ont intégré ChatGPT, ils essayent de faire de la pédagogie au niveau dessus quoi Ils ont intégré ChatGPT et le critiquaient Comment le critiquer ?

  • Speaker #0

    Comment se faire sa propre opinion ? Non ça serait bien Eh bien en tout cas nous arrivons à la fin de cet épisode Et s'il y a une chose à retenir c'est que le numérique n'est ni un ennemi ni un allié absolu C'est un outil puissant qui peut être une formidable opportunité d'apprentissage, de créativité, de connexion sociale, mais aussi un piège lorsqu'il est mal utilisé. Nos ados grandissent dans un monde ultra connecté où l'image, la rapidité et la quantité d'informations prennent souvent le pas sur la réflexion et le bien-être. En tant que parents, notre rôle n'est pas de tout interdire ni de tout laisser faire, mais d'accompagner, d'éduquer et d'apprendre avec eux. Car oui, l'éducation numérique commence à la maison et elle passe par le dialogue, la confiance et des limites claires. Avant de paniquer sur les temps d'écran, posons-nous les bonnes questions. Mon ado sait-il prendre du recul face au contenu qu'il consomme ? A-t-il le bon équilibre entre les écrans et le reste de sa vie au quotidien ? Se sent-il bien dans son rapport aux réseaux sociaux et à son image ? Si l'on veut que nos jeunes soient armés face au danger du numérique, il faut d'abord leur donner les bons outils. L'esprit critique, vous parliez, la gestion du temps et la capacité à prendre du recul sur ce qu'ils voient en ligne. Merci au Dr Clermont-Rhin pour cet échange médical et à vous, Pierre-Henri Garnier, pour votre expertise sur ces sujets passionnants. Si vous souhaitez aller plus loin, nous vous mettons en description quelques ressources utiles pour mieux accompagner vos ados dans leur usage du numérique. Et bien sûr, si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous et à nous suivre sur link.com. Merci.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup. Merci.

Description

Dans cet épisode de L'Art d'être Parent, Guirchaume Abitbol et Dr Claire Morin reçoivent Henri, médecin et spécialiste des impacts psychologiques et culturels du numérique.


Ensemble, ils explorent les signes d'une addiction aux écrans, ses conséquences sur le développement des jeunes et partagent des conseils pratiques pour aider les parents à rétablir un équilibre sain. 🌐👨‍👩‍👧‍👦


👉 Un échange éclairant pour mieux comprendre le lien entre les écrans et la santé mentale de nos enfants.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans l'art d'être parent. Je suis Gierschom Abitbol, cofondateur de Link, et je suis ravi de vous retrouver pour un nouvel épisode de notre podcast dédié à la santé mentale des jeunes. Chez Link, nous avons une conviction forte. En tant que parent, nous avons un rôle essentiel à jouer pour aider nos ados à grandir sereinement dans un monde en constante évolution. Et justement, aujourd'hui, nous allons parler d'un sujet qui concerne toutes les familles, le numérique et son impact sur nos jeunes. Smartphones, réseaux sociaux, intelligence artificielle, fake news, jeux vidéo, nos ados passent plusieurs heures par jour devant leurs écrans. Mais à quel point cela influence-t-il leur bien-être, leur santé mentale, leur perception d'eux-mêmes et du monde qui les entoure ? Les chiffres sont frappants. 91% des 12-17 ans sont actifs sur les réseaux sociaux. Un ado passe en moyenne 4h30 par jour sur un écran. 30% des jeunes ont déjà été exposés à des fake news ou du contenu problématique. L'addiction aux jeux vidéo est aujourd'hui reconnue par l'OMS comme un trouble pouvant nécessiter une prise en charge. Alors comment accompagner nos ados dans ce monde numérique sans tomber dans l'hyper-contrôle ou au contraire la démission ? Comment les aider à développer un esprit critique face au contenu qu'ils consomment ? Et comment préserver leur santé mentale dans un univers où l'image, l'instantanéité et la surinformation prennent de plus en plus de place ? Pour en parler aujourd'hui, j'ai le plaisir d'être accompagné du docteur Claire Morin, médecin psychiatre et cofondatrice de Link. Bonjour Claire.

  • Speaker #1

    Bonjour Gershom.

  • Speaker #0

    Ainsi que par un invité exceptionnel, spécialiste des impacts psychologiques et culturels du numérique. Il est psychologue clinicien au CHU de Nantes, docteur en sciences de l'information et de la communication et travaille sur les liens entre l'intelligence artificielle, santé mentale et acculturation digitale. Bonjour. Pierre-Henri Garnier.

  • Speaker #2

    Bonjour Gershom.

  • Speaker #0

    Merci en tout cas d'être parmi nous aujourd'hui pour parler de ce sujet qui est un sujet passionnant. Avant de plonger dans le vif du sujet, pouvez-vous nous dire en quelques mots votre parcours et en particulier votre parcours au service de la santé mentale des jeunes ?

  • Speaker #2

    Je démarrerai un peu ma dernière année d'études où j'ai pu faire un stage notamment à Montréal, au Québec, auprès des jeunes, on appelle ça les centres de jeunesse. Et puis après, je suis arrivé sur Nantes et j'ai fait un parcours de psychologue hospitalier en pédiatrie. dans un domaine qui s'appelle l'éducation thérapeutique du patient. Donc l'idée c'est de la pédagogie. On travaille sur les compétences des patients. L'idée c'est de décentrer le soignant pour qu'il comprenne que le patient sait des choses, sait faire des choses. Et donc dans cette lignée-là, j'ai évolué aussi après chez l'adulte. Et puis aujourd'hui, après avoir fait du libéral aussi, aujourd'hui je fais partie d'une équipe qui s'appelle l'unité Mikado, CHU de Nantes, et on est sur... La crise suicidaire, sur ces thématiques-là...

  • Speaker #0

    Chez les ados ?

  • Speaker #2

    Chez les ados.

  • Speaker #0

    D'accord, oui, j'ai lu un peu.

  • Speaker #2

    De 11 à 17 ans, et puis on est toute une équipe multidisciplinaire, et on travaille pour sortir de la crise. C'est ça le but du but. Sur six semaines, un contrat de six semaines, renouvelable une fois. L'équipe est vraiment très chouette. C'est une bonne dynamique et innovante.

  • Speaker #0

    Et c'est efficace, puisque je vais crulir que 95% des jeunes... sortait de ce schéma de crise au bout de trois mois.

  • Speaker #2

    C'est vrai que c'est grâce aux ressources professionnelles, mais aussi sociales, familiales, culturelles, que vous apportez à travers tout le travail qui est tissé aussi via Link. Donc bravo à vous.

  • Speaker #0

    Merci. C'est un travail d'équipe en fait. La santé mentale, c'est un travail qui implique en fait tous les acteurs qui sont autour du jeune pour l'aider à s'en sortir. Vous avez un doctorat en sciences de l'information et de la communication. C'est original pour un psychologue d'avoir une formation.

  • Speaker #2

    C'était particulier. J'ai fait ça à l'université, au laboratoire de psychologie de Nantes. Mais la thématique, c'était sciences de l'information et communication. Parce que depuis ado, je suis quand même un fanat de numérique. De création numérique, je ne suis pas du tout un gamer. Par contre, j'aime la 3D, la réalité virtuelle, le développement. J'ai fait un peu de développement de codage en fait.

  • Speaker #0

    D'acteur, pas un consommateur.

  • Speaker #2

    Et c'est ça, en fait, là, par rapport au thème d'aujourd'hui, c'est peut-être cette dimension-là d'acteur, de créateur, d'auteur. Comment sortir d'une posture d'ado consommateur, vous voyez ?

  • Speaker #0

    Et en faire des choses d'utilité, en fait.

  • Speaker #2

    Comme miel,

  • Speaker #0

    c'est tout à fait.

  • Speaker #2

    Exactement.

  • Speaker #0

    Alors justement, puisque c'est le sujet d'aujourd'hui, on va parler un petit peu de la manière dont le numérique façonne la santé mentale de nos ados. Aujourd'hui, ils ne vivent qu'au travers du numérique. Le numérique est partout, du matin au soir, parfois un peu trop partout. On essaie aussi de faire en sorte de garder des temps de vie réelle et pas uniquement des temps connectés. Quels sont pour vous les principaux effets psychologiques de l'hyperconnexion chez les ados ?

  • Speaker #2

    Spontanément, par rapport à ma pratique, quand on est psychologue, la pratique clinique, c'est le fait de rencontrer des ados, c'est l'impact sur le sommeil. Tout ce qui peut engendrer par rapport au temps d'écran. Pour moi, le thème, l'impact, c'est plus le temps. temps passé sur les écrans que l'écran en lui-même en fait.

  • Speaker #0

    D'accord, donc c'est vraiment un problème de temps consommé. Aujourd'hui, le sommeil, donc Claire qui est médecin psychiatre, le sommeil a un impact important sur la santé mentale ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'est ce qui s'appelle, ça fait partie des conduites instinctuelles, c'est-à-dire que quand le sommeil commence à être impacté, là, ça devient une problématique très embêtante. Et c'est là-dessus que se développent les troubles.

  • Speaker #0

    Combien d'heures de sommeil pour un ado on recommande aujourd'hui ? J'imagine qu'il n'y a pas de règle mais en moyenne

  • Speaker #1

    La moyenne de temps de sommeil du français c'est 8h Donc c'est sûr que si on reste très tard et qu'on doit se lever le matin et qu'on va se connecter la nuit sur son écran on n'a pas 16h avec toutes les conséquences C'est ça exactement et on sait que rester trop longtemps sur les écrans ça joue sur la mélatonine qui est donc l'hormone qui vient induire le sommeil, induire l'endormissement ça retarde le pic de mélatonine et donc ça retarde l'endormissement.

  • Speaker #0

    Donc là, on est sur quand même une problématique qui est une problématique de temps d'usage. Donc là, on a quand même un sujet qui est important. Et est-ce qu'aujourd'hui, on peut dire que le numérique, pour vous, Pierre-Henri, a un effet direct sur l'anxiété, la dépression ? Alors le sommeil, ça, on voit que oui. On est clair là-dessus, c'est le principal sujet. Mais la qualité des contenus consommés, par exemple, est-ce que pour vous, on peut faire un lien entre le numérique et l'anxiété et la dépression ?

  • Speaker #2

    On va rentrer dans un monde un peu complexe. C'est l'effet direct qui a modéré. C'est le temps de consommation, j'ai envie de dire, qui va avoir un effet direct. Mais est-ce que c'est vraiment le numérique en tant que tel et le support écran ? Il y a des études contradictoires sur le sujet.

  • Speaker #0

    On décrit souvent, par exemple, certains usages. notamment sur les réseaux sociaux, qui peuvent avoir certains aspects négatifs. Cette surconsommation d'images, par exemple, ça peut quand même jouer un rôle sur l'anxiété chez le jeune, non ?

  • Speaker #2

    Oui, ça peut. Si on est dans cette surconsommation, il y a à trouver cette régulation. Le mot qui me vient, c'est comment réguler ? C'est une histoire de dosage.

  • Speaker #0

    C'est une histoire de dosage.

  • Speaker #2

    Il n'y a pas de nature de l'outil, en fait, c'est ça.

  • Speaker #0

    Moi, je vois en tant qu'adulte, je vais prendre un cas, par exemple, quand on commence à se brancher sur les chaînes de news, on devient complètement parano. Dès qu'on commence à consommer trop de news, on a l'impression que rien ne va et que le monde va s'écrouler.

  • Speaker #2

    Je provoque un peu, j'ai envie de dire oui, mais parce que si on est, par exemple, dans un groupe et qu'on a un esprit critique qui peut se créer dans l'échange, on peut en tirer pas mal d'enseignements. Pour moi, ça parle de la médiation, c'est-à-dire la relation qu'on va tisser, le rapport qu'on va tisser à nos écrans, aux outils, aux usages. Et là, je fais ça, il y a de l'éducation. à tisser et on manque aujourd'hui de ce travail éducatif. Et il est fait quand même, mais il y a des besoins énormes.

  • Speaker #0

    De la sphère où ce travail éducatif pour les jeunes ? Il se fait à l'école, il se fait en famille ? Comment ça se passe ? Parce que les parents sont un peu dépassés. On leur parle de fake news, d'intelligence artificielle, on leur parle de sujets dont ils ne sont pas forcément hyper familiers. Qui éduque qui ? Parce qu'il faut savoir pour éduquer.

  • Speaker #2

    Tout le réseau, j'ai envie de dire, c'est-à-dire tout le système. Pour moi, dans cette vision-là, c'est... de voir, de distinguer ce qu'on appelle le numérique du numérisme. C'est un auteur, Hervé Fischer, qui nous invite à voir que le numérisme, c'est un peu ce conçu numérisme. C'est-à-dire qu'il y a quelque chose autour de la surconsommation qui est problématique. Mais le numérique en tant que tel, c'est assez neutre. C'est un outil qui peut être poison ou remède. On appelle ça un pharmacon, c'est-à-dire tout dépend du rapport, justement de la relation qu'on peut tisser avec ces technologies-là. Donc ça concerne tout le monde, chers parents, chers éducateurs. Parce que c'est une histoire de culture. de culture et on est dans cette phase où c'est vrai qu'il y a une accélération et ça va trop vite. Donc on a du mal à s'ajuster, à s'adapter. On va avoir besoin de créativité et d'innover pour créer de la culture qui permette aux jeunes et des nouveaux récits, on dit, une nouvelle narration qui leur permette d'être davantage acteurs et auteurs de cette culture.

  • Speaker #0

    D'accord. Et moins simples spectateurs.

  • Speaker #1

    Et moins consommateurs.

  • Speaker #0

    Moins consommateurs, spectateurs, c'est-à-dire sans interaction en fait.

  • Speaker #1

    C'est ça exactement.

  • Speaker #2

    Pour synthétiser, c'est cette culture d'hyperconsommation conçue numériste qui s'infiltre à travers les outils. Et aujourd'hui, on est dans des outils numériques qui ont énormément de place, qui pour moi ont un impact négatif sur... sur la santé mentale.

  • Speaker #0

    Alors justement, on parle d'impact négatif, on va parler d'un sujet qui est évidemment omniprésent dans les familles, c'est les réseaux sociaux et l'influence des réseaux sociaux sur la perception qu'on peut avoir de soi-même et sur l'estime de soi chez les jeunes. Quel est votre point de vue là-dessus ? C'est accès à l'image permanente ?

  • Speaker #2

    Là, je pense, si c'est dans le sujet, mais à des outils, je ne sais pas si on peut citer des outils précis, mais... Des formats en fait. Le format TikTok, l'algorithme en lui-même, on sait aujourd'hui qu'il est plutôt du côté néfaste auprès des ados assez fragiles. C'est-à-dire qu'il va y avoir une amplification, notamment autour des scarifications. On sait que l'algorithme va avoir tendance à favoriser des vidéos qui parlent de sujets glauques. Et donc, c'est ça qui pose problème. Mais l'outil réseau social, s'il est formaté d'une autre manière, peut être assez fabuleux.

  • Speaker #0

    Alors oui, mais ça, on ne le contrôle pas, puisque ça suppose un niveau de responsabilisation de la part des acteurs, qui, soi-disant, font des choses pour protéger les jeunes. Mais on se rend compte que dans la pratique, c'est un vrai sujet. Toi, tu vois ça, Claire, avec tes patients, l'impact des réseaux sur des comportements à risque ?

  • Speaker #1

    Des réseaux où on a des algorithmes de ce type-là. En fait, l'adolescent va s'enfoncer avec les réseaux, va s'enfoncer dans ses difficultés, dans ses troubles. Et ça peut même participer à la chronicisation des troubles.

  • Speaker #0

    Alors, qu'est-ce qu'on fait ? Parce qu'en fait, soit on leur dit coupez-vous des réseaux, soit on essaye de les... Est-ce que ça ne vaut pas le coup de les accompagner très jeunes, justement ?

  • Speaker #1

    Bien sûr que si. On revient sur ce que tu dis, l'éducation, c'est essentiel. Parce qu'aujourd'hui, le numérique fait partie de la vie, et fait partie de la vie des adolescents, mais aussi de nos vies à nous d'adultes. Et donc, c'est comment on éduque les enfants dès le plus jeune âge, dès qu'ils peuvent comprendre, à la fois cette potentialité formidable de l'outil numérique, et à la fois des dangers que ça peut représenter.

  • Speaker #0

    On peut parler de relations sociales numériques. Parce qu'en fait, c'est ça souvent que les parents ne comprennent pas. Moi, le premier, il y a quelques années, je disais à mes enfants, mais t'es encore sur ton truc, t'es encore sur ton écran, t'es encore en train de jouer aux jeux vidéo. Mais en fait, c'est un vrai lieu social pour eux. C'est un lieu de discussion, d'échange.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et par exemple, on peut dire que c'est un outil formidable. Par exemple, il y a beaucoup de personnes qui ont un trouble du spectre autistique, qui, grâce au numérique... grâce aux jeux vidéo et à l'espace social que c'est devenu, ont réussi à se créer un réseau social, alors que dans leur réseau physique, ils n'ont pas les codes sociaux pour pouvoir être dans l'échange et donc ce qui crée une souffrance très importante. Finalement, ça devient quelque chose d'extrêmement positif. Tout est une question d'équilibre en fait.

  • Speaker #2

    Ça me parle cette explication.

  • Speaker #0

    Vous voyez,

  • Speaker #2

    un réseau ou un mobile, c'est d'avoir une vision, si je peux transmettre ça aux parents, c'est d'avoir une vision santé globale. et pas de rester zoomé ou focalisé sur le numérique, le numérique. Ça, c'est qu'un symptôme finalement, à un moment donné. Quand il y a dissociation, on dit, ou que ça se désaccorde, là, c'est utile d'avoir justement un mouvement de recul et de voir la globalité de la santé comme si on avait un point à faire sur la santé globale. Moi, j'utilise beaucoup, pour être dans le concret, l'image un peu du tableau de bord. Et avec les ados et la famille, c'est d'essayer de se faire un tableau de bord du sommeil, de la fatigue, de la concentration. Mais d'avoir une vision globale et de voir, est le numérique dans ce mobile-là ? Quel est le poids du numérique par rapport au loisir ?

  • Speaker #0

    Après, on ne va pas se mentir. Il y a quand même une diabolisation du monde du numérique et en particulier des réseaux sociaux. Que ce soit d'ailleurs à l'école, que ce soit nos politiques, que ce soit... On veut interdire ceci, on veut interdire cela, les temps d'écran. On vient même faire culpabiliser les parents. En leur disant qu'on ne sait pas gérer les temps d'écran de nos enfants, donc on est responsable de leurs problèmes. Et ça n'aide pas, en fait. Est-ce que c'est ça une approche efficace pour accompagner nos gens ?

  • Speaker #2

    Là, c'est le psychologue formé aux sciences de la communication, etc., à l'éducation. On sait aujourd'hui que cette attitude, on pourrait dire en termes de logique de culpabilité, qui est finalement la culpabilité, c'est très lié au contrôle. C'est des logiques de contrôle et des logiques de performance qui sont derrière. Et l'idée, c'est que c'est contre-productif. C'est-à-dire que si je dis à un ado, il faut, tu dois, ça va créer des résistances.

  • Speaker #1

    Il va faire l'inverse.

  • Speaker #2

    Il va faire l'inverse.

  • Speaker #0

    Il va faire, oui, c'est le principe. C'est vrai que c'est le principe de l'ado, ça. Ça me rappelle quelque chose.

  • Speaker #2

    Et la théorie nous dit, la résistance qui est peut-être inconsciente au début devient réactance. Et la réactance, c'est quand ça devient conscient et que l'ado, il s'en fait une théorie. Il dit nananaire. Moi, c'est mon univers, je vais dedans et je m'enfonce dedans, même si je suis tout seul. Et donc, c'est l'idée. Ce qui est dangereux, c'est lorsqu'il est coupé de la relation et que les adultes continuent à le culpabiliser. Donc, ça crée une dissociation et lui s'identifie au négatif. Donc, c'est le vilain petit canard avec ses jeux vidéo, avec sa capuche.

  • Speaker #0

    Mais les parents aussi culpabilisent. Oui, parce qu'on leur dit attention, pas d'écran avant tel âge, à partir de tel âge, pas plus de 30 minutes. On ne va pas passer pour des vieux grincheux, mais nous, quand on était jeunes, on passait beaucoup plus que 30 minutes devant la télévision. Ce n'était pas les mêmes types de contenu, certes, mais on se met des écrans pendant des heures et on s'en est quand même sortis, globalement. Est-ce qu'on n'est pas un peu dans la recherche de la culpabilisation du parent ? en lui mettant finalement la responsabilité sur les problèmes de leurs jeunes. Vous n'avez pas suggéré l'accès aux écrans.

  • Speaker #2

    Je pense qu'on serait beaucoup plus efficace collectivement de zoomer sur les situations qui fonctionnent. En thérapie brève, par exemple, on regarde plutôt ce qui fonctionne et d'aller encourager les parents, valoriser des témoignages et des expériences de parents pour qui ça se passe très bien, qui arrivent à équilibrer tout ça et de les valoriser. Mais là, on est dans une peur. Et en fait, si on regarde dans tout le modèle, qui met en scène... notre psychose là c'est la peur donc vous voyez c'est tout un système et moi ça que je veux transmettre aux parents c'est ouvrez le macroscope et voyez les choses en termes larges santé globale de toute façon c'est le monde d'aujourd'hui et ce sera encore plus le monde de demain

  • Speaker #0

    Moi, je fais souvent un parallèle sur l'insertion dans le monde professionnel. Aujourd'hui, un jeune qui arrive, qui ne maîtrise pas le GPT, il va avoir des difficultés dans le travail. C'est utilisé partout, tous les jours. On l'utilise partout. C'est les outils, les réseaux en entreprise, c'est devenu essentiel. On ne peut pas s'en passer aujourd'hui. Donc, à un moment, il faut aussi simplement...

  • Speaker #1

    Ça crée même des emplois à part entière.

  • Speaker #0

    Mais c'est que ça crée les emplois de demain. C'est surtout ça. Et donc, d'où l'intérêt de... de ne pas diaboliser tout ça et d'y voir que le mal, comme on a tendance à le faire trop facilement.

  • Speaker #2

    Après, je fais un peu l'avocat du diable en me disant, oui mais parce qu'on a beaucoup plus de liberté, on a encore de la liberté sur le monde de demain. On a un peu cette vision comme si le numérique allait se développer de telle manière. Mais on a possibilité de modifier, de réguler quand même.

  • Speaker #0

    Vraiment ? Parce que c'est quand même un schéma qui semble... Rappelons-nous quand même. encore une fois je ne vais pas faire le vieux mais le premier iPhone il est sorti il n'y a même pas 20 ans et on voit où on en est aujourd'hui on voit en quelques années rien que l'intelligence artificielle ça fait 4 ans qu'on en parle

  • Speaker #2

    3-4 ans que ça s'est démocratisé la technologie va se démocratiser mais l'usage qu'on en fait je pense qu'il y a une réflexion profonde à avoir sur le sens des usages c'est à dire quel sens on veut donner à quoi ça sert au final et si en effet ça sert à un ado d'être être en mode consommation anxiolytique dans son coin, ça n'a pas trop de sens. Et c'est là que je pense qu'on a raison d'être critique, de développer l'esprit critique, mais sans tomber pour moi dans les deux pièges qui sont la technophilie et la technophobie. Et c'est d'être sur cet entre-deux et de réfléchir ensemble aux usages, de tisser des compétences et de l'apprentissage. plus que des « il faut » ou « tu dois » .

  • Speaker #0

    Et alors, justement, le monde du numérique, c'est aussi le monde des fake news, de l'intelligence artificielle, et dans un monde qui est de plus en plus difficile à décrypter. Aujourd'hui, les jeunes sont exposés à beaucoup d'informations. D'ailleurs, ils s'informent comme les adultes de plus en plus sur les réseaux sociaux. Si Hugo ne l'a pas dit, c'est que ce n'est pas vrai. C'est un peu le truc qu'on entend partout. Est-ce qu'ils savent décrypter réellement cette information ?

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, non. Il y a tout un boulot, je dis non de manière catégorique dans ce que je perçois, toujours dans ma pratique, pas de manière générale, mais je dirais non, mais c'est passionnant parce que le rapport à l'image est totalement modifié. Et on peut avoir des effets positifs, c'est qu'en effet, tout ce qui est image aujourd'hui ou vidéo, c'est une création, ce n'est pas une vérité. Donc ça veut dire que d'emblée, on va être dans ce rapport de méfiance, sans tomber dans la paranoïa. mais d'avoir un esprit critique et chaque image que l'on voit, on n'est plus en train d'associer une vérité sur l'image.

  • Speaker #0

    On sait tous que de toute façon, on ne pouvait pas vraiment associer de vérité sur les news qu'on recevait avant. Mais alors là, encore moins, parce que tout le monde peut publier la news qu'il veut sur n'importe quoi, sans qu'il y ait de travail journalistique dessus. C'est ça la difficulté.

  • Speaker #2

    Et l'enjeu, ça va être de certifier les contenus, les sources. Et c'est pour ça qu'on va avoir besoin d'humains. On parle toujours de l'intelligence artificielle, on va avoir besoin d'intelligence humaine. pour donner du sens à ces productions. Dans le domaine des deepfakes, par exemple, il va y avoir des productions diverses.

  • Speaker #0

    C'est vrai, mais il y a des outils qui permettent de scorer et de détecter les deepfakes. Et d'ailleurs, comment ils font pour distinguer le vrai du faux, nos jeunes ? Parce que c'est compliqué, ils arrivent, ils sont face à des contenus, ça devient problématique. On peut facilement...

  • Speaker #2

    Moi, ce que je perçois, c'est aussi par la relation, par le bouche à oreille entre eux. Ils cherchent une source crédible. Et le malheur, c'est aussi que ça peut être... Les copains.

  • Speaker #0

    Ça ne peut pas être les parents. C'est là le problème.

  • Speaker #2

    Mais si on est dans une relation de méfiance avec ses parents, d'où l'intérêt de tisser par l'éducation un rapport de confiance. Alors, ça fait un peu bisounours de dire ça, parce que ce n'est pas toujours évident. Il faut cadrer. Dans mon métier, on appelle ça le cadrage bienveillant. Est-ce qu'en tant que parent, je peux dire non et stop, mais sans forcément le culpabiliser ou lui transmettre mes propres peurs ? Lui donner un principe, un cadre en disant non, pour moi, j'estime. En tant que parent, ce n'est pas possible. Tu as passé deux heures sur cet écran, c'est fini.

  • Speaker #0

    La pause numérique.

  • Speaker #2

    La pause et après, argumentation, d'accord, il faut quand même expliquer. Mais c'est de réussir à cadrer de manière bienveillante en traduisant son intention.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #2

    Et même s'il claque la porte, il va dans sa chambre, il s'isole et c'est la crise. C'est de réussir en tant que parent à ne pas descendre au même niveau que la dose.

  • Speaker #0

    Pour petite séquence, maintenant, parlons psy, parlons vrai. Avec le docteur Claire Morin, médecin psychiatre, j'ai cinq questions de parents pour toi. Mon ado passe du temps sur TikTok et refuse de décrocher. Comment gérer son addiction aux écrans sans conflit permanent ? Quel est le conseil du psychiatre ?

  • Speaker #1

    C'est justement ce que tu disais, le cadrage bienveillant, c'est-à-dire arriver à rentrer en communication et à lui ouvrir les yeux sur le fait qu'il n'y a pas que TikTok et qu'il est important pour son développement personnel et pour sa vie future. d'arriver à avoir d'autres expériences, d'autres sources d'informations. Parce que là, finalement, le problème dans cette question, ce n'est même pas le temps d'écran lui-même, mais c'est sur titre tellement d'autres sources d'informations. Et donc, pourquoi pas lui proposer de partager un moment sur un écran, sur une tablette, sur un ordinateur pour regarder d'autres sources d'informations ?

  • Speaker #0

    Il faut aller dans son monde, en fait. Il faut l'accompagner.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Il faut de l'accompagnement. Alors, une autre question. Je veux poser des limites sur l'utilisation des écrans à la maison, mais mon ado dit que tout le monde fait comme ça. Comment instaurer des règles sans passer pour un parent dépassé ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est l'excuse de tous les adolescents. Tous les copains, c'est pas soi et qu'il faut trouver un équilibre. Peut-être que ce qu'ils voient ou ce que les copains leur disent n'est pas forcément non plus la réalité. Et que c'est pareil, l'objectif, c'est qu'ils puissent développer d'autres expériences et qu'ils puissent y avoir quand même une vie de famille. Mais ça suppose aussi que les parents ne passent pas leur temps aussi sur les écrans.

  • Speaker #0

    Il faut avoir un petit rôle d'exemple quand même. Je pense à un truc, d'ailleurs, ça me fait penser à ce qu'on a aussi mis dans Link, c'est faire un contrat avec son jeune. C'est aussi un moyen de l'engager, de le responsabiliser, de lui laisser une certaine liberté d'action, sans le faire culpabiliser d'utiliser les écrans et de donner des contreparties. C'est ça,

  • Speaker #1

    valoriser les efforts qui sont faits. Et dire, si tu arrives à réduire ton temps d'écran, c'est du temps qu'on passera ensemble sur une activité commune. Ou même, si tu passes moins de temps sur TikTok, c'est du temps que je vais te redonner avec tes amis sur les jeux vidéo le week-end, par exemple.

  • Speaker #0

    On ne peut pas tirer le temps, le temps n'est pas infini.

  • Speaker #2

    J'ajouterais, qu'est-ce que tu apprends, par exemple ? Ça, c'est du vécu avec mon fils. C'est le laisser volontairement sur Fortnite, par exemple, et de le questionner après en disant, mais qu'est-ce que ça te fait ? À un moment donné, il y a de l'ennui qui s'installe. C'est d'éduquer aux sensations quand on joue aux jeux vidéo. Et les ados peuvent le dire, qu'à un moment donné, ils n'ont plus le même rapport aux jeux. C'est plus ludique, c'est l'ennui qui domine. Ou lorsqu'on se rôle. On le vit même en tant qu'adulte, mais on sait à peu près s'arrêter à un moment donné quand on scrolle et qu'on sent une sensation. Donc, c'est revenir au corps.

  • Speaker #1

    C'est un peu une forme de féturation, en fait.

  • Speaker #2

    Et de pointer ça, d'aider son ado à apprendre, à identifier quand son corps lui dit « bof, je ferais mieux d'aller dehors » . Mais ce n'est pas évident.

  • Speaker #0

    C'est compliqué.

  • Speaker #1

    C'est un apprentissage.

  • Speaker #2

    Mais voilà, l'idée d'apprentissage est que les parents valorisent les parents en disant « tenez bon, tenez bon » . L'apprentissage, ce n'est pas binaire. C'est… C'est à un moment donné, vous valorisez, vous renforcez, mais vous tenez votre cadre. C'est votre cadre éducatif. Vous avez raison, c'est vous les parents.

  • Speaker #0

    C'est normal. Le cadre, il est nécessaire. Par contre, il faut les laisser un petit peu naviguer dans le cadre.

  • Speaker #2

    Écoutez un peu les psys, les psychiatres, mais faites-vous confiance.

  • Speaker #1

    En fait, le cadre, il ne doit pas être limitant, il doit être structurant. C'est-à-dire qu'en tant que parent, quand on veut accompagner son adolescent, on sait que pour pouvoir avancer dans la vie, il faut qu'on ait une structure. Et donc cette structure, forcément... elle s'acquiert, elle se construit par un cadre qui est mis. Je sais où sont mes limites, apprendre où sont mes limites. Mais si on présente ça comme je cadre, j'oblige, et c'est un interdit, c'est là que ça devient limitant.

  • Speaker #0

    Il ne se construit pas, il subit en fait. Exactement. C'est un cadre au lieu de se construire sur le cadre.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #2

    Et ça peut nourrir l'anxiété, bizarrement. C'est le parent qui fait le nid à la place de l'enfant. On parle comme si le parent faisait la carapace, mais l'idée c'est que l'enfant, il est sa carapace, mais il est aussi sa colonne vertébrale. Et ça, ça passe par l'expérience, l'éducation. Et ce n'est pas binaire, ce n'est pas que de l'information. Le message, c'est que conseiller, informer ne suffit pas. L'éducation, c'est faire expérimenter son enfant, l'accompagner. Eh bien oui, ça demande du temps.

  • Speaker #0

    C'est intéressant pour les parents aussi de comprendre un peu mieux ce monde du numérique. Là, on parle quand même de gens qui ont la quarantaine, qui ont des ados. Donc, c'est quand même un monde dans lequel on évolue, nous aussi, au quotidien. Donc, c'est aussi pas mal.

  • Speaker #2

    Et ça fait travailler le parent sur sa propre anxiété, c'est ça ?

  • Speaker #0

    C'est pas mal. Pierre-Henri, une dernière question, justement, de parents. Mon ado suit des comptes conspirationnistes et refuse d'écouter des avis contraires. Comment lui apprendre à douter intelligemment ? Ouh là !

  • Speaker #2

    C'est compliqué,

  • Speaker #0

    ça !

  • Speaker #2

    Là, ce qui m'est venu, c'est même pas d'être trop dans le doute ou développer l'esprit critique, parce qu'on risque de renforcer la croyance, en fait. Donc déjà, c'est de, si j'y vais frontalement... C'est de passer, là je passerais par des médiations, par des cousins, des grands frères, des personnes qui peuvent être des sources plus crédibles que les parents.

  • Speaker #0

    La proximité d'âge, la facilité de l'écoute.

  • Speaker #2

    Et on sait qu'une croyance peut être vraiment modifiée de l'intérieur. C'est pour ça que c'est délicat. On risque en tant que parent de renforcer en fait le...

  • Speaker #0

    Côté négatif.

  • Speaker #2

    Idéologique, du moins.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'on entend souvent parler de dérive sectaire, d'ailleurs, sur Internet, sur les réseaux et dans les informations qui sont données. Donc, c'est aussi un point de vigilance.

  • Speaker #2

    Là, pour moi, c'est un symptôme important de la santé globale. Il faut voir ça comme un corps global. Et là, je me dis, oula, mon enfant est sur ce type de pratiques et d'usages et il s'enferme. Toute son identité se tricote autour de ça. Donc, c'est toujours un but ensemble. Et je pense que d'aller consulter, de trouver une ressource familiale, un tiers, en fait, on dit. quelqu'un d'autre pour pouvoir faire passer des messages. Mais plus que de faire passer des messages, on voit bien que dans ces sujets-là, c'est quand il y a une porte de sortie et que l'ado peut lui changer sa vision du monde.

  • Speaker #0

    Il faut qu'il soit conscient, il faut que ça vienne de lui. Il faut qu'il ait le sentiment que le changement, il l'ait initié tout seul.

  • Speaker #2

    Et père-parent, prenez un bouquin d'hypnose, de suggestions et apprenez les suggestions indirectes. Ce sera beaucoup plus efficace que de passer du temps à rabâcher les conseils. Vous allez simplement renforcer la... la coquille, quoi, et donc fermer encore plus.

  • Speaker #0

    Maintenant, on va parler un petit peu, justement, des risques et de la manière dont on peut accompagner nos ados dans le monde du numérique. Déjà, à la maison, comment on encadre l'usage du numérique ? Est-ce qu'on doit, en tant que parent, interdire certains contenus en particulier ? Ou comment est-ce qu'on dialogue autour de ça ? On peut dire, tiens, je pense que tu es trop jeune pour aller sur TikTok. Je pense qu'il faut se rappeler quand même que 67% des 8-10 ans sont actifs sur les réseaux sociaux, alors que c'est 13 ans. L'âge légal. Ah mais t'as 11 ans, tu vois, tu peux pas aller sur les réseaux. Puis il va dire oui, mais tout le monde y va. Si j'y suis pas, j'ai pas d'amis. Qu'est-ce qu'on doit faire en tant que parent ?

  • Speaker #2

    Traduire à ses enfants son intention éducative. C'est-à-dire, pourquoi je fais ça ? C'est quoi mon intention de parent ? Mais de le faire de manière authentique, en disant, tu sais, mon fiston là, ou ma fille, je te pose ce cadre-là, c'est pas contre toi, je suis pas ton ennemi en fait. C'est que j'ai un job à faire, et j'ai des valeurs moi dans la famille, et j'ai envie de te transmettre ça. Et en effet, pour moi, TikTok, de ce que j'en sais aujourd'hui, mais ça peut évoluer. c'est dangereux pour toi, ce n'est pas adapté et je ne suis pas d'accord.

  • Speaker #0

    D'accord, donc là, c'est vraiment en fonction de son point de vue.

  • Speaker #2

    Voilà, ça va créer des conflits, mais un conflit, ça peut être structurant. Tout à fait. Des fois, on a peur du conflit en tant que parent et ça nous culpabilise d'être dans le conflit avec nos ados. Alors qu'ils en ont besoin aussi pour se construire leur colonne vertébrale. Pas uniquement la coquille, mais la colonne vertébrale. Donc après...

  • Speaker #0

    On négocie avec les enfants.

  • Speaker #2

    Je regarde avec ma fille de 12 ans les vidéos de petits chatons.

  • Speaker #0

    Et ça lui va bien.

  • Speaker #2

    Et parce qu'on passe un chouette moment. Moi, ce que je trouve intéressant, c'est de le partager avec eux.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, on négocie. On négocie. Il faut négocier avec les enfants pour l'accès au numérique.

  • Speaker #2

    Oui, je pense. Et l'intérêt, pour moi, la clé, c'est la curiosité. Je ne sais pas, mais c'est d'être curieux en tant qu'adulte et de rentrer dans le monde. D'aller jouer, par exemple, avec son ado aux jeux vidéo. Au moins faire une partie.

  • Speaker #0

    Moi je les connais tous, Roblox, Fortnite, Afterlife...

  • Speaker #2

    Les vidéos des influenceurs YouTube, moi personnellement, de regarder avec eux, on apprend énormément de choses, y compris... Il y a de tout dans ces vidéos-là, mais il y a des chouettes valeurs.

  • Speaker #0

    Ils apprennent beaucoup de gros mots quand même. Il faut quand même... Après, ils les apprennent ailleurs. Oui, je pense que là,

  • Speaker #2

    on va circuler au-delà des réseaux.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai qu'ils adorent regarder des youtubeurs...

  • Speaker #1

    En train de jouer,

  • Speaker #0

    ouais. C'est un truc, c'est...

  • Speaker #2

    C'est Innoxtag qui a fait l'Everest, par exemple. C'est une pépite entre parents. Regardez ça avec ces ados. Il y a des sujets fabuleux, existentiels, je veux dire, qui peuvent être abordés par la médiation. De toute façon, c'est là, il faut voir ça comme de la culture. Mais si on a, en tant que parent, filtre bien entre le poison et le remède, il y a des pépites.

  • Speaker #0

    Il y a des pépites. Moi, je donnais une anecdote par rapport au documentaire d'Innoxtag. Mon fils, qui a 8 ans et demi, a regardé son reportage, Kaizen, la montrée d'Everest. Et donc, la chose qu'il a retenue, quand on lui a demandé « qu'est-ce que tu as retenu du documentaire ? » Il a retenu qu'en fait, Innoxtag lui a dit qu'il fallait poser sa tablette et partir à l'aventure. Voilà ce qu'il a retenu. Il a dit « ouais, il faut partir à l'aventure » .

  • Speaker #2

    Ben oui.

  • Speaker #0

    C'est génial. Donc là, on se dit que finalement, c'est pas... Il y a quand même des aspects qui sont positifs.

  • Speaker #2

    Et il en a parlé, il a échangé avec son papa.

  • Speaker #0

    Exactement, on a pu en parler, il en a parlé avec sa soeur.

  • Speaker #2

    Il ne l'aurait même pas cliqué peut-être sur cette vidéo-là, parce qu'elle n'est peut-être pas aussi attractive que d'autres.

  • Speaker #0

    Il est fan, il est fan d'Innoxtag. Il espère le rencontrer bientôt. Deuxième question, par rapport à la gestion des ados et des écrans, est-ce qu'il existe une bonne durée d'écran par jour ?

  • Speaker #2

    Cet équilibre-là, je pense que c'est plus utile de privilégier d'autres activités que cette activité écran. Bon, après si. une journée pluvieuse en vacances, l'ado a besoin d'être en mode régressif sous sa couette, pourquoi pas ? Moi, je n'ai pas dit ça.

  • Speaker #1

    Non, c'est la répétition qui devient problématique parce qu'elle va générer la désinsertion.

  • Speaker #0

    Parce qu'aujourd'hui, si on regarde les temps d'écran des ados, ça peut faire froid dans le dos. Oui,

  • Speaker #1

    mais désactu. On voit des 7,

  • Speaker #0

    8, 10 heures par jour. Moi, j'ai eu ce matin le mien, j'étais agréablement surpris. C'était à 5 heures, ça va, par jour. C'est pas mal quand même. Mais bon, je passe aussi beaucoup de temps pour travailler sur le téléphone.

  • Speaker #1

    Mais c'est aussi, voilà, c'est une question de contenu. Et en fait, l'idée, c'est d'inculquer aux adolescents la notion que le numérique est un outil et qu'il ne dispense pas, en fait, de développer sa propre réflexion. Et c'est ça tout l'enjeu et tout l'enjeu aussi autour de l'IA. C'est que l'IA, c'est un outil fabuleux, mais qui ne doit pas venir à la place de la pensée personnelle. En fait, ça ne doit pas remplacer la pensée. Ça doit venir la nourrir, mais pas être à la place.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #2

    C'est vrai que c'est complexe, mais ça fait partie de notre culture aujourd'hui. Moi, j'aime bien la métaphore aussi anthropologique où on va dans la jungle, par exemple. Dans la jungle, il va falloir, pour un jeune guerrier, apprendre à trier le poison et le remède. Donc, c'est un environnement où il y a des prédateurs. C'est dangereux.

  • Speaker #0

    Mais on doit apprendre à s'en sortir.

  • Speaker #2

    On ne peut pas les protéger tout le temps. Et eux, dans leur quête, si on voit ça du point de vue existentiel, ils ont une quête aussi à aller explorer. Merci. C'est un nouvel horizon, en fait. Bien sûr. Et ils se construisent leur identité et ils construisent du récit aussi à travers ça.

  • Speaker #0

    Et votre avis sur les contrôles parentaux ? On installe, on n'installe pas, ça sert, c'est efficace ?

  • Speaker #2

    C'est un peu comme la béquille au début. C'est une solution provisoire, mais il faut éduquer derrière. Oui,

  • Speaker #0

    parce que je suis d'accord que ça ne suffit pas. Ah non. Ils ont accès aux écrans un peu partout. Et la curiosité, pourquoi on m'interdit ? Je vais aller voir ce qu'il y a.

  • Speaker #2

    Voilà, voilà. Faire le mur, passer, trouver un moyen. Une petite scène vécue, vous allez au collège, même les ados qui n'ont pas de portable, par exemple, ils s'agglutinent et ils font une grappe autour du portable du copain. Donc en fait, si on est réaliste, il y a à prendre en compte toute cette réalité-là.

  • Speaker #0

    Concernant les jeux vidéo et les jeux en streaming, surtout d'ailleurs les garçons, comment on sait si son ado joue ? Est-ce qu'il y a une notion de trop ? C'est un côté addictif quand même. Moi, je me souviens... d'une psychologue qui me racontait, qui travaillait en addictologie et qui me racontait qu'elle avait eu un patient qui jouait, qui était tellement addict au jeu vidéo qu'il en venait à ne même plus se rendre aux toilettes pendant qu'il jouait. Ça peut aller loin quand même.

  • Speaker #1

    Ça peut aller très très loin.

  • Speaker #2

    Il y a de la pathologie qui s'installe, c'est clair.

  • Speaker #0

    Donc on essaye de parler, de doser, de l'aider à doser, de l'aider à comprendre qui doit doser, c'est ça en fait.

  • Speaker #2

    Pour moi, le petit critère très simple, c'est, en tant que parent, d'observer quand même les signes de joie. C'est que... Ce n'est pas évident chez les ados, ils ne sont pas souvent à exprimer leur joie. Mais justement, de réussir à percevoir et de regarder dans la journée s'il y a cette petite joie qui s'exprime dans le non-verbal. Et si le jeune est dans une pratique de jeux vidéo compulsives et qu'on a pu cette joie-là, c'est qu'il y a un problème.

  • Speaker #0

    On essaie de le garder près de nous, visible, dans un espace commun, en tout cas jusqu'à un mot plus tard possible. Au moins, ça permet de voir comment il réagit.

  • Speaker #2

    Voilà, vraiment parce qu'il y a des signes, des signaux, en fait, comme une hypnose négative où on peut voir que le jeune s'éteint, quelque part il s'éteint.

  • Speaker #0

    Il est plus actif dans le jeu.

  • Speaker #1

    Il devient irritable aussi. Oui, irritable. Ils peuvent devenir très irritables.

  • Speaker #0

    C'est la technique du « on coupe le réseau pour passer à table » . Oui. On débranche le Wi-Fi, on coupe le courant et là tout le monde arrive. Ça marche bien d'ailleurs. mais maintenant ils ont des partages de connexion ou une coupure de courant réel moi j'ai vécu ça,

  • Speaker #2

    c'était très intéressant c'est à dire que c'est pas les parents pendant 12 heures c'était très intéressant on a ressorti davantage les jeux de société donc la déconnexion est très très utile moi s'il y a des parents qui sont en mode je déconnecte c'est très très utile aussi et pourquoi pas organiser des challenges comme ça entre

  • Speaker #0

    parents et jeunes dire voilà dimanche prochain on se fait une journée tous déconnexion et on se fait un truc ensemble hum ? Sans écran, c'est peut-être une manière de les compromis. On parlait de négo avec ces jeunes, ça peut être une négo intéressante. Ok vas-y toute la semaine, tu veux faire, samedi tu veux faire ça toute la journée. Vas-y pas de problème, par contre dimanche, nous parents on pose nos téléphones, toi tu poses ton téléphone, tu poses ton ordi, on va faire des choses ensemble.

  • Speaker #2

    Ce qui est intéressant c'est de le faire avec les jeunes, même si tu es délat de défis. Cliniquement, je pense à un patient, c'est tout à fait le jeune qui lui demandait davantage de jouer avec des jeux de société. avec des amis, avec ses cousins.

  • Speaker #0

    Qui eux-mêmes étaient connectés en permanence.

  • Speaker #2

    Et il était là. Monsieur Garnier. Mais ça m'a fait un bien fou. J'ai rigolé comme... J'avais oublié ce que c'était que de se bidonner, de rigoler simplement. Vous voyez, quand même, on est passé à côté de quelque chose, là.

  • Speaker #1

    C'est clair.

  • Speaker #2

    Ça veut dire qu'en termes de lien social, il y a vraiment plein de choses à faire.

  • Speaker #0

    La petite idée, voilà. On va organiser ça sur LinkedIn. On va organiser des challenges auprès des jeunes. Allez hop, c'est la journée sans réseau.

  • Speaker #1

    Ou même de dire, je fais une partie en ligne avec toi et tu fais un jeu de société avec moi.

  • Speaker #2

    J'aurais envie de dire, plutôt que de dire sans réseau, c'est... c'est pour vivre autre chose.

  • Speaker #0

    Ah oui,

  • Speaker #2

    il faut que ce soit... Dans la situation positive.

  • Speaker #0

    Il faut que ce soit...

  • Speaker #2

    Il va gagner quelque chose.

  • Speaker #0

    On ne peut pas dire aux gens de se déconnecter si on n'a rien à leur proposer en retour. On est d'accord. Petit 60 secondes challenge qui j'espère ne durera pas plus de 60 secondes, mais c'est pour avoir votre avis sur un certain nombre de questions de manière très brève, très courte. Le plus grand mythe sur le numérique et les ados ?

  • Speaker #2

    Ça transforme nos ados en zombies, le mythe du zombie, je ne sais pas. Y compris dans le numérique, dans les jeux et tout ça, c'est un univers.

  • Speaker #0

    Attention, on a 60 secondes, j'ai une question. L'info la plus absurde que vous ayez vu circuler sur le net récemment ?

  • Speaker #2

    Moi, c'est un site, c'est Handless. horse et on voit un cheval et on voit jamais les sabots du cheval et il faut scroller, scroller et c'est infini. C'est complètement absurde, mais je l'utilise avec certains patients pour leur montrer qu'à un moment donné, le scroll peut s'arrêter.

  • Speaker #0

    Le rôle des parents en une phrase, le numérique.

  • Speaker #2

    J'ai eu le mot guide, médiateur.

  • Speaker #0

    Un livre ou une ressource à conseiller aux familles sur le numérique ?

  • Speaker #2

    Ah, le numérique, je dirais les ouvrages, mais il en a plusieurs de Serge Tisseron et Frédéric Tordeau.

  • Speaker #0

    Et un petit message à faire passer aux jeunes qui nous écoutent ?

  • Speaker #2

    Valoriser. Il y a de la pépite. C'est une génération, vous êtes humain comme nous, il y a une capacité à vivre, à créer, vous êtes équipé. C'est votre culture et c'est à nous aussi, les boomers, de vous laisser la place à certains moments.

  • Speaker #0

    Très bien, nous allons enchaîner sur notre dernier sujet qui est construire un numérique plus sain pour nos jeunes. Un sujet important. Faut-il éduquer, Pierre-Henri, selon vous, au numérique dès l'école pour mieux prévenir les risques ? Parce qu'aujourd'hui, la place du numérique est assez limitée quand même. Oui,

  • Speaker #2

    et je crois qu'il y a ce qu'ils appellent l'EMI, c'est l'éducation aux médias et à l'information. Et il y a des, j'ai vu je crois sur le site du ministère de la Culture, il y a des résultats très positifs en peu de temps de cette éducation.

  • Speaker #0

    Donc l'école doit être un vrai vecteur d'accompagnement et pas de...

  • Speaker #1

    Surtout vu le temps que les enfants et les adolescents y passent.

  • Speaker #0

    Oui, alors... Après, on peut... Moi, je comprends, par exemple, des mesures comme l'interdiction du smartphone dans les collèges. Ils n'ont pas besoin, pendant la journée, d'avoir accès à leur téléphone. Mais ils passent ça sous le coup de la pause numérique. Moi, je trouve ça un peu barbare comme terme. C'est stigmatisant, la pause numérique. Comme si c'était mal, en fait.

  • Speaker #2

    Toujours, on a cette idée de déconnexion. On va vous enlever quelque chose. que vas-tu gagner en faisant autre chose ?

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est qu'on est à l'école, donc en cours, on est en cours, et en dehors des cours, on est avec ses copains, ses camarades de classe, etc. Donc c'est plus comme ça qu'on ne voit le présent.

  • Speaker #2

    C'est étonnant, je réalise.

  • Speaker #0

    Je trouve ça très négatif, moi.

  • Speaker #1

    Oui, complètement.

  • Speaker #0

    Je ne trouve pas que ce soit une bonne pause numérique. C'est moche, quoi. Je trouve que c'est moche. Je trouve que c'est stigmatisant pour les jeunes. Comment est-ce qu'on responsabilise les plateformes et les influenceurs sur l'impact de leur contenu ? Les plateformes, elles ont quand même un vrai rôle de l'algorithme. Moi, c'est quelque chose qui me choque. Je ne serais pas contre une régulation de l'algorithme des plateformes. C'est ça.

  • Speaker #2

    Moi, je pense que là, le cadre bienveillant de l'État, c'est de réguler et de poser les règles du vivre ensemble et des règles claires.

  • Speaker #0

    Dans l'algo. C'est-à-dire qu'on pourrait imposer, par exemple, à un TikTok d'interdire de valoriser des contenus négatifs ou destructeurs pour un jeune.

  • Speaker #2

    Oui, et d'aller vers plus de transparence. de ces algos, c'est des vraies boîtes noires. Mais même les concepteurs, des fois, notamment l'intelligence artificielle, ne comprennent pas forcément tout ce qui se passe dans la boîte noire. Et ça, même techniquement, il faut avancer et qu'on ait la main sur tout le processus.

  • Speaker #0

    Nous, on essaie de leur donner des petites astuces parce qu'on voit bien comment ils marchent, l'algo, on leur dit, voilà, vous en lancez pendant plusieurs jours des recherches sur certains mots plus positifs. Mais c'est vrai qu'on pourrait avoir, par exemple, sur TikTok, dans ces recherches, on pourrait avoir, par exemple, les mots clés qui ont été matchés avec nous par l'algo. C'est-à-dire, voilà, on a noté dépression, on a noté telle et telle et telle chose. Voilà les facteurs clés qui vont influencer vos contenus et pouvoir les supprimer pour dire, tiens, je veux enlever ça. Je ne veux plus être concerné par ce type de contenu ou je peux vouloir gérer l'heure. Tu sais, moi, quand on en parle avec Miel, qui a beaucoup été sur les réseaux, la journée, elle avait des contenus quand elle n'était pas bien. Elle avait des contenus qui étaient plutôt sympas, joyeux et tout. Et dès 21h, quand elle était dans sa chambre, elle ne tombait plus que sur des tragloques. C'est dur.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas normal.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas normal. Ça pourrait se contrôler, ça, avec une loi européenne, par exemple ?

  • Speaker #2

    Ça, je n'ai pas la connaissance. Par contre, j'ai l'intention et l'envie. C'est urgent. Là, j'ai envie de dire que c'est urgent. Et j'ai la métaphore toujours dans la jungle. C'est aux adultes. et nous, citoyens et consommateurs, de monter en pression pour cette jeunesse dans la jungle des sentiers.

  • Speaker #0

    C'est un peu le rôle de nos politiques.

  • Speaker #2

    Et là,

  • Speaker #0

    c'est à eux de prendre le sujet en main au niveau européen.

  • Speaker #1

    C'est pas encore.

  • Speaker #0

    Après, ça fait dix ans qu'on a interdit, qu'on a obligé en tout cas les plateformes graphiques à mettre en place des systèmes de contrôle d'âge fiables. On peut dire que pour l'instant, la fiabilité, elle est limitée. À plus de 18 ans, oui ou non. Alors qu'ils ont quand même une obligation légale depuis 2015. Donc, entre ce qu'ils disent, ce qu'ils promettent, ce qu'ils votent et ce qu'ils font, on est encore malheureusement... Bref, il ne faut pas trop compter là-dessus. Ok, donc l'école, rôle indispensable. Les influenceurs, nous, on se rend compte aujourd'hui, parce qu'on travaille avec beaucoup d'influenceurs, qu'il y a un vrai engouement pour justement le contenu de qualité, le contenu bienveillant vis-à-vis des jeunes. Et ça, c'est une bonne chose. Et on a beaucoup de soutien de beaucoup de créateurs de contenu qui sont heureux de s'associer à notre démarche. Donc ça, on espère que ça va continuer. Je pense qu'ils ont un vrai rôle de modèle.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Ils ont un rôle de modèle. Et d'ailleurs, on espère nous-mêmes qu'ils puissent venir participer à l'élaboration de cours sur l'usage du numérique dans les écoles. Mais il y a des contenus vidéo qu'ils auront créés avec nous. C'est clair. Parce que, évidemment, les jeunes écoutent les influenceurs à un vrai poids. Quand ça influe, ils disent « Attention, ça c'est dangereux » . Tiens, la vraie vie, c'est une patate.

  • Speaker #2

    C'est une source crédible.

  • Speaker #0

    C'est une véritable source, même plus que crédible. C'est une source vraiment hyper influente sur leur esprit et sur leur mode de fonctionnement.

  • Speaker #2

    Et c'est chouette et ça a encouragé et que ça devienne la norme, même en termes business. Je parle business, c'est à dire que de produire du numérique qui a du sens, que ça devienne beaucoup plus rentable que d'aller faire du numérique, tirer l'être humain vers le bas.

  • Speaker #0

    De toute façon. Je crois qu'à un moment, c'est aussi le rôle des marques qui viennent financer ces créateurs de contenu avec des sponsoring. C'est aussi le rôle des marques d'être vigilantes sur le niveau d'engagement et de qualité des contenus qui sont réalisés par les influenceurs qui financent pour être sûr qu'ils passent parce qu'ils associent leurs marques. Alors quand ils font du contenu malveillant ou assez qui tire vers le bas, on associe leurs marques à ça, ce n'est pas terrible.

  • Speaker #2

    Il y a des enjeux éthiques, mais aussi de vérité scientifique, de vraie information.

  • Speaker #1

    Les enjeux de santé publique ?

  • Speaker #2

    De santé publique, donc vraiment qu'il y ait une espèce de label ou de certification. On fait partie d'un réseau, on est des influenceurs, mais on va vers une approche, une vision plus humaniste, plus universaliste, comme on dit. C'est quand même intéressant.

  • Speaker #0

    Bienveillant, juste bienveillant. Juste ça, ce serait pas mal. Et à quoi ressemblerait, selon vous, un usage sain et équilibré des nouvelles technologies chez les ados ?

  • Speaker #2

    Moi, c'est pour avoir travaillé plus dans le domaine de la réalité virtuelle sur... des interfaces, c'est l'idée de repenser quand même les interfaces en termes relationnels. C'est un peu abstrait, mais c'est l'idée que, par exemple, j'imagine des réseaux sociaux où ce n'est plus moi, jeune, qui me mets en avant avec ma personnalité. Je mets en avant un projet avec un avatar, par exemple, et que ce soit un réseau social de projet. C'est-à-dire qu'on met en avant la relation qui s'est entre les personnes. Je pense que ça pourrait être intéressant avec des tribus.

  • Speaker #0

    La fameuse intelligence collective.

  • Speaker #2

    Voilà, exactement. Mais ça demande de faire l'expérience que le projet, ce que vous vivez là, c'est un projet collectif, c'est chouette à vivre aussi. Tôt que d'être uniquement dans son profil à soi et de prendre soin de son profil.

  • Speaker #0

    C'est un lieu de partage, c'est un réseau.

  • Speaker #1

    On revient au lien.

  • Speaker #0

    C'est un réseau,

  • Speaker #2

    on revient au lien. Il parle par exemple de UI, interface utilisateur. Mais c'est des interfaces centrées sur la relation, par exemple entre ... dans un groupe ou entre un psy et un patient, d'avoir quelque chose qui parle de la relation plus que des deux personnes.

  • Speaker #0

    Deux personnes indépendantes. Oui, on voit bien qu'il y a du travail. Enfin, un dernier petit point que je voulais aborder, c'était un petit point sur l'IA et la santé mentale. Comment est-ce qu'on prépare nos jeunes au monde du numérique de demain ? Parce qu'on voit bien que l'IA est en train de prendre une dimension incroyable. au quotidien. On fait plein de choses aujourd'hui, de bonnes et de mauvaises. Mais comment on en fait des utilisateurs avertis qui prennent le recul, qui ont le sens de l'analyse et qui ne se font pas piéger, qui ne deviennent pas dépendants de l'IA ?

  • Speaker #2

    L'esprit critique, mais des mots par exemple. Le mot intelligence artificielle, en vrai c'est une aberration.

  • Speaker #0

    Ça n'a rien d'intelligent. Ça apprend des modèles et ça les répète finalement.

  • Speaker #2

    Donc d'apprendre à questionner le discernement, à questionner l'esprit critique, tout ça, je pense que c'est tout petit. Et de cultiver ça, pour moi, c'est la meilleure protection. Après, évidemment, sur le plan technique, c'est aussi en intelligence artificielle, ces modèles de données, c'est un entraînement. Mais tout dépend des données sources, en fait.

  • Speaker #0

    Ce serait génial, ça, au collège ou au lycée, des cours d'intelligence artificielle, où on va balancer un prompt. sur ChatGPT avec un résultat qui peut être erroné volontairement et de challenger le jeune en lui disant tiens, voilà, ChatGPT m'a sorti ça. Fais-moi ton analyse critique. Qu'est-ce que t'en penses ?

  • Speaker #2

    Et j'ai vu des enseignants qui pratiquent ça déjà C'est vrai ?

  • Speaker #0

    Ah c'est du père Au lycée ?

  • Speaker #2

    Ils ont compris quoi Ils ont intégré ChatGPT, ils essayent de faire de la pédagogie au niveau dessus quoi Ils ont intégré ChatGPT et le critiquaient Comment le critiquer ?

  • Speaker #0

    Comment se faire sa propre opinion ? Non ça serait bien Eh bien en tout cas nous arrivons à la fin de cet épisode Et s'il y a une chose à retenir c'est que le numérique n'est ni un ennemi ni un allié absolu C'est un outil puissant qui peut être une formidable opportunité d'apprentissage, de créativité, de connexion sociale, mais aussi un piège lorsqu'il est mal utilisé. Nos ados grandissent dans un monde ultra connecté où l'image, la rapidité et la quantité d'informations prennent souvent le pas sur la réflexion et le bien-être. En tant que parents, notre rôle n'est pas de tout interdire ni de tout laisser faire, mais d'accompagner, d'éduquer et d'apprendre avec eux. Car oui, l'éducation numérique commence à la maison et elle passe par le dialogue, la confiance et des limites claires. Avant de paniquer sur les temps d'écran, posons-nous les bonnes questions. Mon ado sait-il prendre du recul face au contenu qu'il consomme ? A-t-il le bon équilibre entre les écrans et le reste de sa vie au quotidien ? Se sent-il bien dans son rapport aux réseaux sociaux et à son image ? Si l'on veut que nos jeunes soient armés face au danger du numérique, il faut d'abord leur donner les bons outils. L'esprit critique, vous parliez, la gestion du temps et la capacité à prendre du recul sur ce qu'ils voient en ligne. Merci au Dr Clermont-Rhin pour cet échange médical et à vous, Pierre-Henri Garnier, pour votre expertise sur ces sujets passionnants. Si vous souhaitez aller plus loin, nous vous mettons en description quelques ressources utiles pour mieux accompagner vos ados dans leur usage du numérique. Et bien sûr, si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous et à nous suivre sur link.com. Merci.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup. Merci.

Share

Embed

You may also like