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Et pourquoi ¿

les larmes (partie 1/3)

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18min |07/05/2025
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Description

Et pourquoi il ne faut pas retenir c’est larmes, car pleurer, ça fait du bien et pas que ?

C’est la question à laquelle je ne vais pas répondre, mais je vais nous aider à y réfléchir.


Dans cet épisode, j'explore les larmes sous toutes leurs formes : intimes, historiques, politiques et sociales. De Jules César à Amel Bent, en passant par Le Bernin et Guillaume Le Blanc, un voyage sensible au cœur de ce langage silencieux qui nous relie.

__________________


Les Sources :

Guillaume Le Blanc - Oser pleurer (Albin Michel)

Anne Vincent-Buffault - Histoire des larmes, XVIIIe - XIXe siècles (Payot Rivages)

___________________


Instagram : https://www.instagram.com/etpourquoi.lepodcast


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur « Et pourquoi ? » Le podcast ne répondra pas à nos questions, mais nous aidera à y réfléchir. Je vous rassure tout de suite, l'épisode d'aujourd'hui est garanti sans larmes, vous avez vu le titre, donc ne vous inquiétez pas. Enfin, disons plutôt que je n'ai pas écrit cet épisode avec l'intention de vous faire pleurer. Pourtant, il sera bien question de ce moment un peu flou où le corps déborde, où l'on ne sait plus si c'est notre tristesse, notre rage, notre solitude, ou même notre joie qui prend le dessus. Autant vous le dire franchement, si comme une amie que nous retrouverons plus tard, Vous vous demandez pourquoi j'ai décidé d'explorer le sujet des pleurs ? C'est parce que oui, j'ai pleuré il y a quelques jours. Un flux discontinu, un véritable lâcher-prise total. J'étais seul chez moi et tout est parti d'un message vocal d'une amie me partageant une bonne nouvelle et aussi les difficultés qu'elle avait traversées récemment. En voulant lui répondre et partager les miennes, j'ai soudainement été submergé par un trop-plein d'émotions. Un mélange entre la joie son mariage, et l'appréhension d'évoquer mes propres difficultés à voix haute. Mais au moment d'aborder cette deuxième partie, ce ne sont pas des mots, mais des larmes qui sont sorties. J'ai arrêté mon enregistrement et j'ai appelé la première personne apparue sur l'écran de mon téléphone. Incapable de formuler une phrase, mon interlocutrice, légitimement inquiète de m'entendre pleurer, m'a simplement demandé « qu'est-ce qui se passe ? » je vais vous dire la seule phrase que j'ai pu articuler dans un souffle a été je suis fatigué en moins de cinq minutes j'avais exprimé la joie la tristesse et la fatigue de façon liquide et pourquoi amel bent avait raison de dire de ne pas retenir ses larmes car pleurer ça fait du bien et pas que c'est la question à laquelle je ne vais pas répondre mais nous aider à y réfléchir Vous vous souvenez-vous de la première fois où vous avez pleuré ? Pour moi, c'était... Je devais avoir 7-8 ans, au début des grandes vacances. J'étais parti avec ma mère faire une promenade et à quelques mètres de la maison, sur le chemin du retour, il était là, mon cousin. Il habitait près de Paris et descendait chaque année, pas loin de l'endroit où j'habitais, dans une maison de famille. Ma surprise fut si grande de voir qu'il avait fait étape chez nous, mon émotion si forte que je me suis mis à... pleurer en courant pour le serrer dans mes bras. Je me souviens avoir été tellement rempli de joie que cela a fini par déborder par mes yeux. Pour cet épisode, j'ai travaillé avec le livre de Guillaume Leblanc, Oser pleurer, ainsi que l'ouvrage Histoire des larmes du 18e au 19e siècle d'Anne-Vincent Buffaut. Si vous vous demandiez s'il existait une histoire des larmes, car je vous habituais à ça dans ce podcast, et si comme moi, à chaque fois, que vous voyez le sujet, vous dites mais est-ce qu'il va trouver une histoire avec un grand H sur ce thème-là ? Sachez que ça m'étonne autant que vous, mais à chaque fois, j'arrive à trouver un ouvrage traitant de l'histoire du thème abordé. Nous allons donc commencer par l'histoire des larmes et comme certains d'entre vous ont apprécié la petite nappe musicale de fond que j'ai mise la dernière fois, je vous la remets pour le plaisir. C'est une histoire... culturel social et profondément lié à notre manière d'exprimer nos émotions et surtout de les partager guillaume leblanc mentionne les travaux de sarah ray historienne de l'antiquité qui évoquent les larmes de jules césar pleurant devant ses soldats juste après avoir traversé le rubicon à ce moment il pleure car il a conscience de son acte et de l'absence de retour en arrière c'est à ce moment-là qu'il a sorti le fameux célèbre alléage acta est le sort en est jeté plus loin dans l'histoire La Bible évoque Jérémie versant des torrents de larmes venant grossir les fleuves de Babylone. Anne-Vincent Buffaut, quant à elle, a retracé l'histoire des larmes à travers des lettres, des romans, des journaux intimes, des écrits médicaux, jusqu'à des récits de ce qu'il se passait dans les salles de théâtre. Le XVIIIe siècle est l'âge d'or de la sensibilité. Pleurer devient un mode de sociabilité, une participation à un échange émotionnel valorisé, énormé. On pleure au théâtre, autour d'un livre. dans des salons feutrés. Mais attention, c'est une sensibilité qui est très codifiée. Séparation, trahison, mort, l'émotion partagée doit être, comment dire, elle doit être noble et maîtrisée. Les larmes, participation du corps à une émotion, ne doivent pas être déterminées par lui, écrit l'auteur. En clair, maîtrise-toi et ne te laisse pas submerger. Sous la Révolution française, les larmes changent d'échelle. Elles deviennent politiques. Finies les larmes privées en petits comités, elles envahissent la rue, les tribunes, l'Assemblée. On assiste à des moments d'effusion collective où l'on pleure dans les bras les uns des autres. On rêve de nouveaux liens sociaux. Mais, car il y a toujours un mais, le langage émotionnel devient politisé. On accuse les ennemis du peuple de, et je prends mes petits doigts pour faire des guillemets, boire les larmes des autres. d'en être les vampires. Si pleurer est un acte public, il est aussi un enjeu moral. Alors pleure-t-on pour de bonnes raisons ? Trop facilement ? Ostensiblement ? Alors les tribunes révolutionnaires ne tardent pas à condamner ceux qui se laissent aller à une pitié mal placée. L'émotion devient alors suspecte. Résultat, au XIXe siècle, les larmes retrouvent les portes fermées de l'intimité. C'est la pudeur qui gagne et la sensibilité devient une affaire personnelle. presque honteuse. Ah, et j'oubliais un truc important. Si jusqu'à maintenant, les larmes n'étaient ni féminines ni masculines, c'est bien le XIXe siècle qui va les sexualiser. Les écrivains Stendhal et Benjamin Constant dans leur journal intime s'interrogent. Comment distinguer les vraies larmes des fausses ? Tiens, on va jouer un jeu. Toi, auditeur, je te pose une question et tu me réponds. Donc, je vais te laisser un peu de temps, ne t'inquiète pas. Devinez qui alors est soupçonné de manipulation émotionnelle en pleurant. Non, vous ne trouvez pas ? Or si, si, je suis certain que parmi vous, il y en a quelques-uns qui ont trouvé. Bah, c'est les femmes, évidemment. Concernant les hommes, on va la faire court, plus le droit de pleurer. L'éducation valorise la retenue et la maîtrise. Pleurer, c'est pour les fragiles, sauf à cacher ses larmes dans la forêt la plus isolée, le bois le plus dense. L'homme... pleurant est un imbécile. Résultat, cette interdiction crée à la faveur de l'homme l'exception et l'exceptionnel. Car lorsque celui-ci qui se maîtrise fait apparaître une larme, c'est un moment de vérité incroyable et une preuve de leur attachement profond. Le constat d'Anne-Vincent Buffaut est fatal. Les larmes ne sont jamais neutres. Les femmes peuvent pleurer, mais pas trop. Les ouvriers peuvent exprimer une sensibilité naïve et, dans la bourgeoisie cultivée, on la méprise. Mais l'histoire nous apprend encore une fois que, comme tous les sujets que nous avons déjà traités sur ce podcast, c'est nous qui écrivons cette histoire. Je m'en voudrais de m'arrêter à ça. Déjà parce que je vous habitue à des épisodes un peu plus longs, on est bien d'accord, et ensuite parce que vous savez que j'aime aller un peu plus loin. Gratuit. Gratter, c'est mon truc. Et quand il s'agit de gratter, rien de tel qu'un docteur en psychologie et une professeure en psychiatrie pour aller un peu plus loin. Le hasard fait bien les choses, puisque le docteur Vingert et la professeure Lorraine Bilsma ont rédigé en juillet 2016 un document passionnant, l'énigme des pleurs émotionnelles humaines. À notre naissance, pleurer, c'est vital. Littéralement. On braille pour dire « hé, coucou, je suis là, j'existe » ou bien... J'ai froid ou alors j'ai faim, et d'ailleurs ça marche très bien. Mais en grandissant, nos pleurs se transforment. Moins de cris, plus de discrétion. Moins de bobos aux genoux, plus de fêlures invisibles. Et surtout, les raisons changent. On ne pleure plus parce qu'on s'est cogné, on pleure parce que quelqu'un qu'on aime s'en va, ou parce que la vie est dure. Les adultes pleurent donc davantage dans des situations chargées de sens émotionnel ou moral. Selon les chercheurs, ces pleurs seraient déclenchées par un sentiment profond d'impuissance face à une situation qui nous touche, positivement ou négativement d'ailleurs. Les larmes ont alors une fonction cathartique. Mais, et oui, il fallait bien que je vous remette un mais parce que sinon vous allez vous dire « il y a quelque chose de louche, qu'est-ce qui nous cache ? » L'effet bénéfique des larmes dépend du contexte. Trois facteurs déterminants ont été identifiés. L'état mental initial, les personnes en situation de détresse émotionnelle profonde, comme la dépression, ressentiront moins de soulagement par les larmes. La nature contrôlable ou non de l'événement déclencheur et la réaction des personnes autour de nous, car recevoir un soutien empathique est essentiel pour bénéficier pleinement des vertus réparatrices des larmes. Quoi qu'il en soit, les larmes agissent comme des signaux sociaux puissants, provoquant chez les autres un élan presque... instinctif de solidarité et d'aide. Et comme nous l'avons vu avec l'histoire, si vous vous interrogez sur les raisons pour lesquelles quelqu'un ou quelqu'une pleure plus souvent qu'un ou qu'une autre, allez donc chercher du côté de la personnalité, nos expériences de vie et aussi, bien sûr, aux normes culturelles qui nous entourent. Alors, attention à vos oreilles, je vais jouer les jongleurs avec une transition des plus hasardeuses. Comme vous l'aurez compris, les larmes ne sont pas figées dans le marbre. Elles évoluent au fil des époques et nous appellent. Et pourtant, figurez-vous qu'un artiste sculpteur du XVIIe siècle, Le Bernin, l'a justement fixé et dans le marbre, avec une œuvre magistrale, l'enlèvement de Poserpine. Parfaite illustration que les pleurs sont une adresse à l'autre. Une tentative d'arracher la douleur. au silence. Alors, avantage du podcast, si vous êtes sur votre téléphone ou bien sur votre ordinateur en m'écoutant, je vous invite à faire une recherche sur votre moteur préféré pour voir de quoi je parle. Je vais donc répéter, taper sur votre moteur de recherche l'enlèvement de Proserpine P-R-O-S-E-R-P-I-N-E de l'artiste Le Bernin, comme ça se prononce. Détaché. Le Bernin. C'est bon ? Vous l'avez ? Parfait. Continuons. Je disais donc, dans ce chef-d'oeuvre, figé. dans la pierre la plus froide, il y a une larme, minuscule, à peine visible, qui coule sur la joue de Proserpine. Si, si, je vous assure, regardez, prenez vos doigts et zoomez sur sa joue. Et cette larme change tout. Ce n'est pas juste une prouesse technique, c'est un bouleversement. Parce que, dans ce visage, cette larme figée, dit quelque chose qu'aucun cri ne peut exprimer. Elle témoigne d'une injustice. Elle n'est pas là pour faire joli, ni pour souligner la beauté tragique d'une déesse en détresse. Elle interpelle celui qui regarde. Les historiens d'art s'accordent à dire que Le Bernin l'a voulu discrète pour que celui ou celle qui regarde de loin s'approche, créant ainsi une proximité, une intimité avec la scène, pour voir et entendre cette larme. Elle dit « Regardez ce qui m'est fait, entend ce qui est en train de se passer » . Cette goutte de marbre, c'est une preuve, une protestation, une imploration muette. Et c'est là toute la force de cette œuvre. Elle nous rappelle que les larmes, même sculptées, même figées, même impossibles, peuvent encore accuser, supplier, exister comme un cri silencieux. elle appelle le regard à prendre position à reconnaître le mal fait c'est peut-être ce que leblanc veut dire quand il parle des pleurs comme de la demande d'une justice qu'on sait pourtant impossible ce n'est pas parce qu'on sait qu'on ne sera pas entendu qu'on doit se taire Pleurer, même dans le marbre, c'est garder cette place pour l'inadmissible. pour ce qui ne peut pas être réparé, mais qui doit malgré tout être vu. Voilà comment l'auteur de Oser pleurer explique que verser des larmes, c'est souvent une manière de demander à l'autre que la douleur s'arrête ou qu'au moins elle soit reconnue. Guillaume Leblanc le formule ainsi. Les pleurs sont une demande adressée à l'autre, un appel à ce que le mal cesse, même si cet appel est souvent voué à rester sans réponse directe. Pleurer, c'est alors se retrouver à la croisée des chemins. Soit nos larmes s'enfoncent dans la déploration, une plainte intérieure, un ressassement silencieux du mal subi, soit elles deviennent implorations, un cri tourné vers l'extérieur, une tentative d'en faire quelque chose. Et cette bifurcation ne se fait pas toujours de façon consciente. Parfois ça dépend juste de qui est là quand on pleure. Ce glissement du privé au public, du repli à la réclamation, est d'ailleurs déjà présent dans notre langage depuis le XIIe siècle. où les mots pleurer, implorer, déplorer apparaissent ensemble, comme les déclinaisons d'un même effort pour donner une forme à ce qui déborde. Pleurer, c'est donc aussi une manière de demander justice, même quand on sait qu'elle ne viendra pas. Ce n'est pas une consolation qu'on cherche, mais une reconnaissance. Quelque chose est perdu, et cela mérite d'être pleuré. On a tendance à penser que les pleurs sont un truc intime, presque honteux, un effondrement. qu'on vit seul dans son coin. Mais le blanc nous invite à revoir cette idée. Vous aurez peut-être remarqué, comme depuis le début, je parle des larmes comme d'un langage. Figurez-vous que je ne suis pas le seul à faire ce parallèle. Samuel Beckett en parle dans le livre « Texte pour rien » . Il écrit ceci « Je pleure aussi, sans discontinuer » . C'est un flot ininterrompu de mots et de larmes. Je les confonds, mots et larmes. Mes mots sont mes larmes, mes yeux ma bouche. À travers cette confusion des mots et des larmes, pleurer ce n'est pas céder, c'est résister à l'oubli de ce qui fait mal. C'est dire « ce que j'ai vécu n'est pas rien » . Les larmes, quand elles ne sont pas douleur, déploration ou imploration, peuvent aussi être joie. Et là aussi, nous retrouvons le caractère social des larmes de joie. Quand elles arrivent, comme dans l'histoire que je vous ai racontée à propos de mon cousin, c'est un moment de retrouvaille. C'est alors, sans mot, exprimer le plaisir de retrouver l'autre et de transformer ce moment comme un événement. J'aime bien l'idée qu'évoque l'auteur que les larmes de joie, partagées avec des amis, des amants, des enfants, des parents, signent la disparition du « toi » et du « moi » pour un « nous » . Attention, pas le « nous » grammatical. Ici, le « nous » est à voir comme un moment de pure présence commun entre humains. On ne va pas se mentir, à moins que vous viviez dans une grotte, une montagne isolée ou sur une île, nous avons en ce moment tous et toutes de nombreuses raisons de pleurer. Nous vivons tous et toutes des vies qui, à différentes échelles, peuvent nous sembler profondément injustes. Et nous l'avons vu ensemble, les larmes demandent réparation. ce que nous avons oublié avec le temps. C'est leur rôle, car considérée au fil du temps comme faiblesse pour les hommes, suspecte pour les femmes. Si nous sommes, nous, humains, la seule espèce vivante sur Terre capable de pleurer d'émotion, et je vous assure, ce n'est pas une figure de style, c'est vraiment scientifique, c'est bien que les larmes ne sont pas, contrairement à ce que pouvaient penser certains philosophes, inutiles. Vous l'aurez compris, il y a dans les larmes une absence de contrôle émotionnel qui invite l'humain à faire humanité. je vais reprendre les mots de guillaume leblanc tels qui sont écrits dans l'introduction de son livre il ne suffit pas de pleurer il faut oser pleurer tant cet acte non seulement abolit l'illusion du contrôle de soi mais réclame une issue qui n'est pas seulement demande de consolation mais bien demande de réparation les larmes ne sont donc pas le seul langage de la perte du désespoir et du chagrin elles sont courageuses audacieuses même car Elle nous indique que quelque chose doit être changé, à quoi il faut consentir. En ce sens, elles sont un chemin de liberté, bien davantage une voie de résignation. Voilà, je crois avoir posé modestement quelques bases de réflexion sur le sujet. Il y a bien des larmes que je n'ai pas explorées, et donc, pour cela, je vais m'entourer d'une amie bien courageuse, Héloïse. Je ne l'ai pas choisie au hasard, car j'avais envie avec elle de démarrer une conversation sur ses larmes contentes. de masquer lorsque nous sommes plongés dans une salle obscure, qu'il s'agisse d'un cinéma, d'un théâtre, ou bien dans son salon devant la télé. Et si j'ai eu envie de proposer à Héloïse d'en discuter ensemble, c'est pour lui demander comment ça se passe de l'autre côté du quatrième mur, sur scène, à ce moment où moi je suis en larmes, et que elle, comédienne, participe dans la mise en scène et l'histoire à laquelle nous sommes spectateurs, à faire naître des émotions si fortes qu'elles coulent sur nos joues. Maintenant que je vous ai bien teasé ce qui allait venir, je vous donnerai en besoin la semaine prochaine pour la suite. Bonne journée, bonne soirée ou bonne nuit et à très bientôt. Merci.

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Et pourquoi il ne faut pas retenir c’est larmes, car pleurer, ça fait du bien et pas que ?

C’est la question à laquelle je ne vais pas répondre, mais je vais nous aider à y réfléchir.


Dans cet épisode, j'explore les larmes sous toutes leurs formes : intimes, historiques, politiques et sociales. De Jules César à Amel Bent, en passant par Le Bernin et Guillaume Le Blanc, un voyage sensible au cœur de ce langage silencieux qui nous relie.

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Les Sources :

Guillaume Le Blanc - Oser pleurer (Albin Michel)

Anne Vincent-Buffault - Histoire des larmes, XVIIIe - XIXe siècles (Payot Rivages)

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Instagram : https://www.instagram.com/etpourquoi.lepodcast


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur « Et pourquoi ? » Le podcast ne répondra pas à nos questions, mais nous aidera à y réfléchir. Je vous rassure tout de suite, l'épisode d'aujourd'hui est garanti sans larmes, vous avez vu le titre, donc ne vous inquiétez pas. Enfin, disons plutôt que je n'ai pas écrit cet épisode avec l'intention de vous faire pleurer. Pourtant, il sera bien question de ce moment un peu flou où le corps déborde, où l'on ne sait plus si c'est notre tristesse, notre rage, notre solitude, ou même notre joie qui prend le dessus. Autant vous le dire franchement, si comme une amie que nous retrouverons plus tard, Vous vous demandez pourquoi j'ai décidé d'explorer le sujet des pleurs ? C'est parce que oui, j'ai pleuré il y a quelques jours. Un flux discontinu, un véritable lâcher-prise total. J'étais seul chez moi et tout est parti d'un message vocal d'une amie me partageant une bonne nouvelle et aussi les difficultés qu'elle avait traversées récemment. En voulant lui répondre et partager les miennes, j'ai soudainement été submergé par un trop-plein d'émotions. Un mélange entre la joie son mariage, et l'appréhension d'évoquer mes propres difficultés à voix haute. Mais au moment d'aborder cette deuxième partie, ce ne sont pas des mots, mais des larmes qui sont sorties. J'ai arrêté mon enregistrement et j'ai appelé la première personne apparue sur l'écran de mon téléphone. Incapable de formuler une phrase, mon interlocutrice, légitimement inquiète de m'entendre pleurer, m'a simplement demandé « qu'est-ce qui se passe ? » je vais vous dire la seule phrase que j'ai pu articuler dans un souffle a été je suis fatigué en moins de cinq minutes j'avais exprimé la joie la tristesse et la fatigue de façon liquide et pourquoi amel bent avait raison de dire de ne pas retenir ses larmes car pleurer ça fait du bien et pas que c'est la question à laquelle je ne vais pas répondre mais nous aider à y réfléchir Vous vous souvenez-vous de la première fois où vous avez pleuré ? Pour moi, c'était... Je devais avoir 7-8 ans, au début des grandes vacances. J'étais parti avec ma mère faire une promenade et à quelques mètres de la maison, sur le chemin du retour, il était là, mon cousin. Il habitait près de Paris et descendait chaque année, pas loin de l'endroit où j'habitais, dans une maison de famille. Ma surprise fut si grande de voir qu'il avait fait étape chez nous, mon émotion si forte que je me suis mis à... pleurer en courant pour le serrer dans mes bras. Je me souviens avoir été tellement rempli de joie que cela a fini par déborder par mes yeux. Pour cet épisode, j'ai travaillé avec le livre de Guillaume Leblanc, Oser pleurer, ainsi que l'ouvrage Histoire des larmes du 18e au 19e siècle d'Anne-Vincent Buffaut. Si vous vous demandiez s'il existait une histoire des larmes, car je vous habituais à ça dans ce podcast, et si comme moi, à chaque fois, que vous voyez le sujet, vous dites mais est-ce qu'il va trouver une histoire avec un grand H sur ce thème-là ? Sachez que ça m'étonne autant que vous, mais à chaque fois, j'arrive à trouver un ouvrage traitant de l'histoire du thème abordé. Nous allons donc commencer par l'histoire des larmes et comme certains d'entre vous ont apprécié la petite nappe musicale de fond que j'ai mise la dernière fois, je vous la remets pour le plaisir. C'est une histoire... culturel social et profondément lié à notre manière d'exprimer nos émotions et surtout de les partager guillaume leblanc mentionne les travaux de sarah ray historienne de l'antiquité qui évoquent les larmes de jules césar pleurant devant ses soldats juste après avoir traversé le rubicon à ce moment il pleure car il a conscience de son acte et de l'absence de retour en arrière c'est à ce moment-là qu'il a sorti le fameux célèbre alléage acta est le sort en est jeté plus loin dans l'histoire La Bible évoque Jérémie versant des torrents de larmes venant grossir les fleuves de Babylone. Anne-Vincent Buffaut, quant à elle, a retracé l'histoire des larmes à travers des lettres, des romans, des journaux intimes, des écrits médicaux, jusqu'à des récits de ce qu'il se passait dans les salles de théâtre. Le XVIIIe siècle est l'âge d'or de la sensibilité. Pleurer devient un mode de sociabilité, une participation à un échange émotionnel valorisé, énormé. On pleure au théâtre, autour d'un livre. dans des salons feutrés. Mais attention, c'est une sensibilité qui est très codifiée. Séparation, trahison, mort, l'émotion partagée doit être, comment dire, elle doit être noble et maîtrisée. Les larmes, participation du corps à une émotion, ne doivent pas être déterminées par lui, écrit l'auteur. En clair, maîtrise-toi et ne te laisse pas submerger. Sous la Révolution française, les larmes changent d'échelle. Elles deviennent politiques. Finies les larmes privées en petits comités, elles envahissent la rue, les tribunes, l'Assemblée. On assiste à des moments d'effusion collective où l'on pleure dans les bras les uns des autres. On rêve de nouveaux liens sociaux. Mais, car il y a toujours un mais, le langage émotionnel devient politisé. On accuse les ennemis du peuple de, et je prends mes petits doigts pour faire des guillemets, boire les larmes des autres. d'en être les vampires. Si pleurer est un acte public, il est aussi un enjeu moral. Alors pleure-t-on pour de bonnes raisons ? Trop facilement ? Ostensiblement ? Alors les tribunes révolutionnaires ne tardent pas à condamner ceux qui se laissent aller à une pitié mal placée. L'émotion devient alors suspecte. Résultat, au XIXe siècle, les larmes retrouvent les portes fermées de l'intimité. C'est la pudeur qui gagne et la sensibilité devient une affaire personnelle. presque honteuse. Ah, et j'oubliais un truc important. Si jusqu'à maintenant, les larmes n'étaient ni féminines ni masculines, c'est bien le XIXe siècle qui va les sexualiser. Les écrivains Stendhal et Benjamin Constant dans leur journal intime s'interrogent. Comment distinguer les vraies larmes des fausses ? Tiens, on va jouer un jeu. Toi, auditeur, je te pose une question et tu me réponds. Donc, je vais te laisser un peu de temps, ne t'inquiète pas. Devinez qui alors est soupçonné de manipulation émotionnelle en pleurant. Non, vous ne trouvez pas ? Or si, si, je suis certain que parmi vous, il y en a quelques-uns qui ont trouvé. Bah, c'est les femmes, évidemment. Concernant les hommes, on va la faire court, plus le droit de pleurer. L'éducation valorise la retenue et la maîtrise. Pleurer, c'est pour les fragiles, sauf à cacher ses larmes dans la forêt la plus isolée, le bois le plus dense. L'homme... pleurant est un imbécile. Résultat, cette interdiction crée à la faveur de l'homme l'exception et l'exceptionnel. Car lorsque celui-ci qui se maîtrise fait apparaître une larme, c'est un moment de vérité incroyable et une preuve de leur attachement profond. Le constat d'Anne-Vincent Buffaut est fatal. Les larmes ne sont jamais neutres. Les femmes peuvent pleurer, mais pas trop. Les ouvriers peuvent exprimer une sensibilité naïve et, dans la bourgeoisie cultivée, on la méprise. Mais l'histoire nous apprend encore une fois que, comme tous les sujets que nous avons déjà traités sur ce podcast, c'est nous qui écrivons cette histoire. Je m'en voudrais de m'arrêter à ça. Déjà parce que je vous habitue à des épisodes un peu plus longs, on est bien d'accord, et ensuite parce que vous savez que j'aime aller un peu plus loin. Gratuit. Gratter, c'est mon truc. Et quand il s'agit de gratter, rien de tel qu'un docteur en psychologie et une professeure en psychiatrie pour aller un peu plus loin. Le hasard fait bien les choses, puisque le docteur Vingert et la professeure Lorraine Bilsma ont rédigé en juillet 2016 un document passionnant, l'énigme des pleurs émotionnelles humaines. À notre naissance, pleurer, c'est vital. Littéralement. On braille pour dire « hé, coucou, je suis là, j'existe » ou bien... J'ai froid ou alors j'ai faim, et d'ailleurs ça marche très bien. Mais en grandissant, nos pleurs se transforment. Moins de cris, plus de discrétion. Moins de bobos aux genoux, plus de fêlures invisibles. Et surtout, les raisons changent. On ne pleure plus parce qu'on s'est cogné, on pleure parce que quelqu'un qu'on aime s'en va, ou parce que la vie est dure. Les adultes pleurent donc davantage dans des situations chargées de sens émotionnel ou moral. Selon les chercheurs, ces pleurs seraient déclenchées par un sentiment profond d'impuissance face à une situation qui nous touche, positivement ou négativement d'ailleurs. Les larmes ont alors une fonction cathartique. Mais, et oui, il fallait bien que je vous remette un mais parce que sinon vous allez vous dire « il y a quelque chose de louche, qu'est-ce qui nous cache ? » L'effet bénéfique des larmes dépend du contexte. Trois facteurs déterminants ont été identifiés. L'état mental initial, les personnes en situation de détresse émotionnelle profonde, comme la dépression, ressentiront moins de soulagement par les larmes. La nature contrôlable ou non de l'événement déclencheur et la réaction des personnes autour de nous, car recevoir un soutien empathique est essentiel pour bénéficier pleinement des vertus réparatrices des larmes. Quoi qu'il en soit, les larmes agissent comme des signaux sociaux puissants, provoquant chez les autres un élan presque... instinctif de solidarité et d'aide. Et comme nous l'avons vu avec l'histoire, si vous vous interrogez sur les raisons pour lesquelles quelqu'un ou quelqu'une pleure plus souvent qu'un ou qu'une autre, allez donc chercher du côté de la personnalité, nos expériences de vie et aussi, bien sûr, aux normes culturelles qui nous entourent. Alors, attention à vos oreilles, je vais jouer les jongleurs avec une transition des plus hasardeuses. Comme vous l'aurez compris, les larmes ne sont pas figées dans le marbre. Elles évoluent au fil des époques et nous appellent. Et pourtant, figurez-vous qu'un artiste sculpteur du XVIIe siècle, Le Bernin, l'a justement fixé et dans le marbre, avec une œuvre magistrale, l'enlèvement de Poserpine. Parfaite illustration que les pleurs sont une adresse à l'autre. Une tentative d'arracher la douleur. au silence. Alors, avantage du podcast, si vous êtes sur votre téléphone ou bien sur votre ordinateur en m'écoutant, je vous invite à faire une recherche sur votre moteur préféré pour voir de quoi je parle. Je vais donc répéter, taper sur votre moteur de recherche l'enlèvement de Proserpine P-R-O-S-E-R-P-I-N-E de l'artiste Le Bernin, comme ça se prononce. Détaché. Le Bernin. C'est bon ? Vous l'avez ? Parfait. Continuons. Je disais donc, dans ce chef-d'oeuvre, figé. dans la pierre la plus froide, il y a une larme, minuscule, à peine visible, qui coule sur la joue de Proserpine. Si, si, je vous assure, regardez, prenez vos doigts et zoomez sur sa joue. Et cette larme change tout. Ce n'est pas juste une prouesse technique, c'est un bouleversement. Parce que, dans ce visage, cette larme figée, dit quelque chose qu'aucun cri ne peut exprimer. Elle témoigne d'une injustice. Elle n'est pas là pour faire joli, ni pour souligner la beauté tragique d'une déesse en détresse. Elle interpelle celui qui regarde. Les historiens d'art s'accordent à dire que Le Bernin l'a voulu discrète pour que celui ou celle qui regarde de loin s'approche, créant ainsi une proximité, une intimité avec la scène, pour voir et entendre cette larme. Elle dit « Regardez ce qui m'est fait, entend ce qui est en train de se passer » . Cette goutte de marbre, c'est une preuve, une protestation, une imploration muette. Et c'est là toute la force de cette œuvre. Elle nous rappelle que les larmes, même sculptées, même figées, même impossibles, peuvent encore accuser, supplier, exister comme un cri silencieux. elle appelle le regard à prendre position à reconnaître le mal fait c'est peut-être ce que leblanc veut dire quand il parle des pleurs comme de la demande d'une justice qu'on sait pourtant impossible ce n'est pas parce qu'on sait qu'on ne sera pas entendu qu'on doit se taire Pleurer, même dans le marbre, c'est garder cette place pour l'inadmissible. pour ce qui ne peut pas être réparé, mais qui doit malgré tout être vu. Voilà comment l'auteur de Oser pleurer explique que verser des larmes, c'est souvent une manière de demander à l'autre que la douleur s'arrête ou qu'au moins elle soit reconnue. Guillaume Leblanc le formule ainsi. Les pleurs sont une demande adressée à l'autre, un appel à ce que le mal cesse, même si cet appel est souvent voué à rester sans réponse directe. Pleurer, c'est alors se retrouver à la croisée des chemins. Soit nos larmes s'enfoncent dans la déploration, une plainte intérieure, un ressassement silencieux du mal subi, soit elles deviennent implorations, un cri tourné vers l'extérieur, une tentative d'en faire quelque chose. Et cette bifurcation ne se fait pas toujours de façon consciente. Parfois ça dépend juste de qui est là quand on pleure. Ce glissement du privé au public, du repli à la réclamation, est d'ailleurs déjà présent dans notre langage depuis le XIIe siècle. où les mots pleurer, implorer, déplorer apparaissent ensemble, comme les déclinaisons d'un même effort pour donner une forme à ce qui déborde. Pleurer, c'est donc aussi une manière de demander justice, même quand on sait qu'elle ne viendra pas. Ce n'est pas une consolation qu'on cherche, mais une reconnaissance. Quelque chose est perdu, et cela mérite d'être pleuré. On a tendance à penser que les pleurs sont un truc intime, presque honteux, un effondrement. qu'on vit seul dans son coin. Mais le blanc nous invite à revoir cette idée. Vous aurez peut-être remarqué, comme depuis le début, je parle des larmes comme d'un langage. Figurez-vous que je ne suis pas le seul à faire ce parallèle. Samuel Beckett en parle dans le livre « Texte pour rien » . Il écrit ceci « Je pleure aussi, sans discontinuer » . C'est un flot ininterrompu de mots et de larmes. Je les confonds, mots et larmes. Mes mots sont mes larmes, mes yeux ma bouche. À travers cette confusion des mots et des larmes, pleurer ce n'est pas céder, c'est résister à l'oubli de ce qui fait mal. C'est dire « ce que j'ai vécu n'est pas rien » . Les larmes, quand elles ne sont pas douleur, déploration ou imploration, peuvent aussi être joie. Et là aussi, nous retrouvons le caractère social des larmes de joie. Quand elles arrivent, comme dans l'histoire que je vous ai racontée à propos de mon cousin, c'est un moment de retrouvaille. C'est alors, sans mot, exprimer le plaisir de retrouver l'autre et de transformer ce moment comme un événement. J'aime bien l'idée qu'évoque l'auteur que les larmes de joie, partagées avec des amis, des amants, des enfants, des parents, signent la disparition du « toi » et du « moi » pour un « nous » . Attention, pas le « nous » grammatical. Ici, le « nous » est à voir comme un moment de pure présence commun entre humains. On ne va pas se mentir, à moins que vous viviez dans une grotte, une montagne isolée ou sur une île, nous avons en ce moment tous et toutes de nombreuses raisons de pleurer. Nous vivons tous et toutes des vies qui, à différentes échelles, peuvent nous sembler profondément injustes. Et nous l'avons vu ensemble, les larmes demandent réparation. ce que nous avons oublié avec le temps. C'est leur rôle, car considérée au fil du temps comme faiblesse pour les hommes, suspecte pour les femmes. Si nous sommes, nous, humains, la seule espèce vivante sur Terre capable de pleurer d'émotion, et je vous assure, ce n'est pas une figure de style, c'est vraiment scientifique, c'est bien que les larmes ne sont pas, contrairement à ce que pouvaient penser certains philosophes, inutiles. Vous l'aurez compris, il y a dans les larmes une absence de contrôle émotionnel qui invite l'humain à faire humanité. je vais reprendre les mots de guillaume leblanc tels qui sont écrits dans l'introduction de son livre il ne suffit pas de pleurer il faut oser pleurer tant cet acte non seulement abolit l'illusion du contrôle de soi mais réclame une issue qui n'est pas seulement demande de consolation mais bien demande de réparation les larmes ne sont donc pas le seul langage de la perte du désespoir et du chagrin elles sont courageuses audacieuses même car Elle nous indique que quelque chose doit être changé, à quoi il faut consentir. En ce sens, elles sont un chemin de liberté, bien davantage une voie de résignation. Voilà, je crois avoir posé modestement quelques bases de réflexion sur le sujet. Il y a bien des larmes que je n'ai pas explorées, et donc, pour cela, je vais m'entourer d'une amie bien courageuse, Héloïse. Je ne l'ai pas choisie au hasard, car j'avais envie avec elle de démarrer une conversation sur ses larmes contentes. de masquer lorsque nous sommes plongés dans une salle obscure, qu'il s'agisse d'un cinéma, d'un théâtre, ou bien dans son salon devant la télé. Et si j'ai eu envie de proposer à Héloïse d'en discuter ensemble, c'est pour lui demander comment ça se passe de l'autre côté du quatrième mur, sur scène, à ce moment où moi je suis en larmes, et que elle, comédienne, participe dans la mise en scène et l'histoire à laquelle nous sommes spectateurs, à faire naître des émotions si fortes qu'elles coulent sur nos joues. Maintenant que je vous ai bien teasé ce qui allait venir, je vous donnerai en besoin la semaine prochaine pour la suite. Bonne journée, bonne soirée ou bonne nuit et à très bientôt. Merci.

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Description

Et pourquoi il ne faut pas retenir c’est larmes, car pleurer, ça fait du bien et pas que ?

C’est la question à laquelle je ne vais pas répondre, mais je vais nous aider à y réfléchir.


Dans cet épisode, j'explore les larmes sous toutes leurs formes : intimes, historiques, politiques et sociales. De Jules César à Amel Bent, en passant par Le Bernin et Guillaume Le Blanc, un voyage sensible au cœur de ce langage silencieux qui nous relie.

__________________


Les Sources :

Guillaume Le Blanc - Oser pleurer (Albin Michel)

Anne Vincent-Buffault - Histoire des larmes, XVIIIe - XIXe siècles (Payot Rivages)

___________________


Instagram : https://www.instagram.com/etpourquoi.lepodcast


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur « Et pourquoi ? » Le podcast ne répondra pas à nos questions, mais nous aidera à y réfléchir. Je vous rassure tout de suite, l'épisode d'aujourd'hui est garanti sans larmes, vous avez vu le titre, donc ne vous inquiétez pas. Enfin, disons plutôt que je n'ai pas écrit cet épisode avec l'intention de vous faire pleurer. Pourtant, il sera bien question de ce moment un peu flou où le corps déborde, où l'on ne sait plus si c'est notre tristesse, notre rage, notre solitude, ou même notre joie qui prend le dessus. Autant vous le dire franchement, si comme une amie que nous retrouverons plus tard, Vous vous demandez pourquoi j'ai décidé d'explorer le sujet des pleurs ? C'est parce que oui, j'ai pleuré il y a quelques jours. Un flux discontinu, un véritable lâcher-prise total. J'étais seul chez moi et tout est parti d'un message vocal d'une amie me partageant une bonne nouvelle et aussi les difficultés qu'elle avait traversées récemment. En voulant lui répondre et partager les miennes, j'ai soudainement été submergé par un trop-plein d'émotions. Un mélange entre la joie son mariage, et l'appréhension d'évoquer mes propres difficultés à voix haute. Mais au moment d'aborder cette deuxième partie, ce ne sont pas des mots, mais des larmes qui sont sorties. J'ai arrêté mon enregistrement et j'ai appelé la première personne apparue sur l'écran de mon téléphone. Incapable de formuler une phrase, mon interlocutrice, légitimement inquiète de m'entendre pleurer, m'a simplement demandé « qu'est-ce qui se passe ? » je vais vous dire la seule phrase que j'ai pu articuler dans un souffle a été je suis fatigué en moins de cinq minutes j'avais exprimé la joie la tristesse et la fatigue de façon liquide et pourquoi amel bent avait raison de dire de ne pas retenir ses larmes car pleurer ça fait du bien et pas que c'est la question à laquelle je ne vais pas répondre mais nous aider à y réfléchir Vous vous souvenez-vous de la première fois où vous avez pleuré ? Pour moi, c'était... Je devais avoir 7-8 ans, au début des grandes vacances. J'étais parti avec ma mère faire une promenade et à quelques mètres de la maison, sur le chemin du retour, il était là, mon cousin. Il habitait près de Paris et descendait chaque année, pas loin de l'endroit où j'habitais, dans une maison de famille. Ma surprise fut si grande de voir qu'il avait fait étape chez nous, mon émotion si forte que je me suis mis à... pleurer en courant pour le serrer dans mes bras. Je me souviens avoir été tellement rempli de joie que cela a fini par déborder par mes yeux. Pour cet épisode, j'ai travaillé avec le livre de Guillaume Leblanc, Oser pleurer, ainsi que l'ouvrage Histoire des larmes du 18e au 19e siècle d'Anne-Vincent Buffaut. Si vous vous demandiez s'il existait une histoire des larmes, car je vous habituais à ça dans ce podcast, et si comme moi, à chaque fois, que vous voyez le sujet, vous dites mais est-ce qu'il va trouver une histoire avec un grand H sur ce thème-là ? Sachez que ça m'étonne autant que vous, mais à chaque fois, j'arrive à trouver un ouvrage traitant de l'histoire du thème abordé. Nous allons donc commencer par l'histoire des larmes et comme certains d'entre vous ont apprécié la petite nappe musicale de fond que j'ai mise la dernière fois, je vous la remets pour le plaisir. C'est une histoire... culturel social et profondément lié à notre manière d'exprimer nos émotions et surtout de les partager guillaume leblanc mentionne les travaux de sarah ray historienne de l'antiquité qui évoquent les larmes de jules césar pleurant devant ses soldats juste après avoir traversé le rubicon à ce moment il pleure car il a conscience de son acte et de l'absence de retour en arrière c'est à ce moment-là qu'il a sorti le fameux célèbre alléage acta est le sort en est jeté plus loin dans l'histoire La Bible évoque Jérémie versant des torrents de larmes venant grossir les fleuves de Babylone. Anne-Vincent Buffaut, quant à elle, a retracé l'histoire des larmes à travers des lettres, des romans, des journaux intimes, des écrits médicaux, jusqu'à des récits de ce qu'il se passait dans les salles de théâtre. Le XVIIIe siècle est l'âge d'or de la sensibilité. Pleurer devient un mode de sociabilité, une participation à un échange émotionnel valorisé, énormé. On pleure au théâtre, autour d'un livre. dans des salons feutrés. Mais attention, c'est une sensibilité qui est très codifiée. Séparation, trahison, mort, l'émotion partagée doit être, comment dire, elle doit être noble et maîtrisée. Les larmes, participation du corps à une émotion, ne doivent pas être déterminées par lui, écrit l'auteur. En clair, maîtrise-toi et ne te laisse pas submerger. Sous la Révolution française, les larmes changent d'échelle. Elles deviennent politiques. Finies les larmes privées en petits comités, elles envahissent la rue, les tribunes, l'Assemblée. On assiste à des moments d'effusion collective où l'on pleure dans les bras les uns des autres. On rêve de nouveaux liens sociaux. Mais, car il y a toujours un mais, le langage émotionnel devient politisé. On accuse les ennemis du peuple de, et je prends mes petits doigts pour faire des guillemets, boire les larmes des autres. d'en être les vampires. Si pleurer est un acte public, il est aussi un enjeu moral. Alors pleure-t-on pour de bonnes raisons ? Trop facilement ? Ostensiblement ? Alors les tribunes révolutionnaires ne tardent pas à condamner ceux qui se laissent aller à une pitié mal placée. L'émotion devient alors suspecte. Résultat, au XIXe siècle, les larmes retrouvent les portes fermées de l'intimité. C'est la pudeur qui gagne et la sensibilité devient une affaire personnelle. presque honteuse. Ah, et j'oubliais un truc important. Si jusqu'à maintenant, les larmes n'étaient ni féminines ni masculines, c'est bien le XIXe siècle qui va les sexualiser. Les écrivains Stendhal et Benjamin Constant dans leur journal intime s'interrogent. Comment distinguer les vraies larmes des fausses ? Tiens, on va jouer un jeu. Toi, auditeur, je te pose une question et tu me réponds. Donc, je vais te laisser un peu de temps, ne t'inquiète pas. Devinez qui alors est soupçonné de manipulation émotionnelle en pleurant. Non, vous ne trouvez pas ? Or si, si, je suis certain que parmi vous, il y en a quelques-uns qui ont trouvé. Bah, c'est les femmes, évidemment. Concernant les hommes, on va la faire court, plus le droit de pleurer. L'éducation valorise la retenue et la maîtrise. Pleurer, c'est pour les fragiles, sauf à cacher ses larmes dans la forêt la plus isolée, le bois le plus dense. L'homme... pleurant est un imbécile. Résultat, cette interdiction crée à la faveur de l'homme l'exception et l'exceptionnel. Car lorsque celui-ci qui se maîtrise fait apparaître une larme, c'est un moment de vérité incroyable et une preuve de leur attachement profond. Le constat d'Anne-Vincent Buffaut est fatal. Les larmes ne sont jamais neutres. Les femmes peuvent pleurer, mais pas trop. Les ouvriers peuvent exprimer une sensibilité naïve et, dans la bourgeoisie cultivée, on la méprise. Mais l'histoire nous apprend encore une fois que, comme tous les sujets que nous avons déjà traités sur ce podcast, c'est nous qui écrivons cette histoire. Je m'en voudrais de m'arrêter à ça. Déjà parce que je vous habitue à des épisodes un peu plus longs, on est bien d'accord, et ensuite parce que vous savez que j'aime aller un peu plus loin. Gratuit. Gratter, c'est mon truc. Et quand il s'agit de gratter, rien de tel qu'un docteur en psychologie et une professeure en psychiatrie pour aller un peu plus loin. Le hasard fait bien les choses, puisque le docteur Vingert et la professeure Lorraine Bilsma ont rédigé en juillet 2016 un document passionnant, l'énigme des pleurs émotionnelles humaines. À notre naissance, pleurer, c'est vital. Littéralement. On braille pour dire « hé, coucou, je suis là, j'existe » ou bien... J'ai froid ou alors j'ai faim, et d'ailleurs ça marche très bien. Mais en grandissant, nos pleurs se transforment. Moins de cris, plus de discrétion. Moins de bobos aux genoux, plus de fêlures invisibles. Et surtout, les raisons changent. On ne pleure plus parce qu'on s'est cogné, on pleure parce que quelqu'un qu'on aime s'en va, ou parce que la vie est dure. Les adultes pleurent donc davantage dans des situations chargées de sens émotionnel ou moral. Selon les chercheurs, ces pleurs seraient déclenchées par un sentiment profond d'impuissance face à une situation qui nous touche, positivement ou négativement d'ailleurs. Les larmes ont alors une fonction cathartique. Mais, et oui, il fallait bien que je vous remette un mais parce que sinon vous allez vous dire « il y a quelque chose de louche, qu'est-ce qui nous cache ? » L'effet bénéfique des larmes dépend du contexte. Trois facteurs déterminants ont été identifiés. L'état mental initial, les personnes en situation de détresse émotionnelle profonde, comme la dépression, ressentiront moins de soulagement par les larmes. La nature contrôlable ou non de l'événement déclencheur et la réaction des personnes autour de nous, car recevoir un soutien empathique est essentiel pour bénéficier pleinement des vertus réparatrices des larmes. Quoi qu'il en soit, les larmes agissent comme des signaux sociaux puissants, provoquant chez les autres un élan presque... instinctif de solidarité et d'aide. Et comme nous l'avons vu avec l'histoire, si vous vous interrogez sur les raisons pour lesquelles quelqu'un ou quelqu'une pleure plus souvent qu'un ou qu'une autre, allez donc chercher du côté de la personnalité, nos expériences de vie et aussi, bien sûr, aux normes culturelles qui nous entourent. Alors, attention à vos oreilles, je vais jouer les jongleurs avec une transition des plus hasardeuses. Comme vous l'aurez compris, les larmes ne sont pas figées dans le marbre. Elles évoluent au fil des époques et nous appellent. Et pourtant, figurez-vous qu'un artiste sculpteur du XVIIe siècle, Le Bernin, l'a justement fixé et dans le marbre, avec une œuvre magistrale, l'enlèvement de Poserpine. Parfaite illustration que les pleurs sont une adresse à l'autre. Une tentative d'arracher la douleur. au silence. Alors, avantage du podcast, si vous êtes sur votre téléphone ou bien sur votre ordinateur en m'écoutant, je vous invite à faire une recherche sur votre moteur préféré pour voir de quoi je parle. Je vais donc répéter, taper sur votre moteur de recherche l'enlèvement de Proserpine P-R-O-S-E-R-P-I-N-E de l'artiste Le Bernin, comme ça se prononce. Détaché. Le Bernin. C'est bon ? Vous l'avez ? Parfait. Continuons. Je disais donc, dans ce chef-d'oeuvre, figé. dans la pierre la plus froide, il y a une larme, minuscule, à peine visible, qui coule sur la joue de Proserpine. Si, si, je vous assure, regardez, prenez vos doigts et zoomez sur sa joue. Et cette larme change tout. Ce n'est pas juste une prouesse technique, c'est un bouleversement. Parce que, dans ce visage, cette larme figée, dit quelque chose qu'aucun cri ne peut exprimer. Elle témoigne d'une injustice. Elle n'est pas là pour faire joli, ni pour souligner la beauté tragique d'une déesse en détresse. Elle interpelle celui qui regarde. Les historiens d'art s'accordent à dire que Le Bernin l'a voulu discrète pour que celui ou celle qui regarde de loin s'approche, créant ainsi une proximité, une intimité avec la scène, pour voir et entendre cette larme. Elle dit « Regardez ce qui m'est fait, entend ce qui est en train de se passer » . Cette goutte de marbre, c'est une preuve, une protestation, une imploration muette. Et c'est là toute la force de cette œuvre. Elle nous rappelle que les larmes, même sculptées, même figées, même impossibles, peuvent encore accuser, supplier, exister comme un cri silencieux. elle appelle le regard à prendre position à reconnaître le mal fait c'est peut-être ce que leblanc veut dire quand il parle des pleurs comme de la demande d'une justice qu'on sait pourtant impossible ce n'est pas parce qu'on sait qu'on ne sera pas entendu qu'on doit se taire Pleurer, même dans le marbre, c'est garder cette place pour l'inadmissible. pour ce qui ne peut pas être réparé, mais qui doit malgré tout être vu. Voilà comment l'auteur de Oser pleurer explique que verser des larmes, c'est souvent une manière de demander à l'autre que la douleur s'arrête ou qu'au moins elle soit reconnue. Guillaume Leblanc le formule ainsi. Les pleurs sont une demande adressée à l'autre, un appel à ce que le mal cesse, même si cet appel est souvent voué à rester sans réponse directe. Pleurer, c'est alors se retrouver à la croisée des chemins. Soit nos larmes s'enfoncent dans la déploration, une plainte intérieure, un ressassement silencieux du mal subi, soit elles deviennent implorations, un cri tourné vers l'extérieur, une tentative d'en faire quelque chose. Et cette bifurcation ne se fait pas toujours de façon consciente. Parfois ça dépend juste de qui est là quand on pleure. Ce glissement du privé au public, du repli à la réclamation, est d'ailleurs déjà présent dans notre langage depuis le XIIe siècle. où les mots pleurer, implorer, déplorer apparaissent ensemble, comme les déclinaisons d'un même effort pour donner une forme à ce qui déborde. Pleurer, c'est donc aussi une manière de demander justice, même quand on sait qu'elle ne viendra pas. Ce n'est pas une consolation qu'on cherche, mais une reconnaissance. Quelque chose est perdu, et cela mérite d'être pleuré. On a tendance à penser que les pleurs sont un truc intime, presque honteux, un effondrement. qu'on vit seul dans son coin. Mais le blanc nous invite à revoir cette idée. Vous aurez peut-être remarqué, comme depuis le début, je parle des larmes comme d'un langage. Figurez-vous que je ne suis pas le seul à faire ce parallèle. Samuel Beckett en parle dans le livre « Texte pour rien » . Il écrit ceci « Je pleure aussi, sans discontinuer » . C'est un flot ininterrompu de mots et de larmes. Je les confonds, mots et larmes. Mes mots sont mes larmes, mes yeux ma bouche. À travers cette confusion des mots et des larmes, pleurer ce n'est pas céder, c'est résister à l'oubli de ce qui fait mal. C'est dire « ce que j'ai vécu n'est pas rien » . Les larmes, quand elles ne sont pas douleur, déploration ou imploration, peuvent aussi être joie. Et là aussi, nous retrouvons le caractère social des larmes de joie. Quand elles arrivent, comme dans l'histoire que je vous ai racontée à propos de mon cousin, c'est un moment de retrouvaille. C'est alors, sans mot, exprimer le plaisir de retrouver l'autre et de transformer ce moment comme un événement. J'aime bien l'idée qu'évoque l'auteur que les larmes de joie, partagées avec des amis, des amants, des enfants, des parents, signent la disparition du « toi » et du « moi » pour un « nous » . Attention, pas le « nous » grammatical. Ici, le « nous » est à voir comme un moment de pure présence commun entre humains. On ne va pas se mentir, à moins que vous viviez dans une grotte, une montagne isolée ou sur une île, nous avons en ce moment tous et toutes de nombreuses raisons de pleurer. Nous vivons tous et toutes des vies qui, à différentes échelles, peuvent nous sembler profondément injustes. Et nous l'avons vu ensemble, les larmes demandent réparation. ce que nous avons oublié avec le temps. C'est leur rôle, car considérée au fil du temps comme faiblesse pour les hommes, suspecte pour les femmes. Si nous sommes, nous, humains, la seule espèce vivante sur Terre capable de pleurer d'émotion, et je vous assure, ce n'est pas une figure de style, c'est vraiment scientifique, c'est bien que les larmes ne sont pas, contrairement à ce que pouvaient penser certains philosophes, inutiles. Vous l'aurez compris, il y a dans les larmes une absence de contrôle émotionnel qui invite l'humain à faire humanité. je vais reprendre les mots de guillaume leblanc tels qui sont écrits dans l'introduction de son livre il ne suffit pas de pleurer il faut oser pleurer tant cet acte non seulement abolit l'illusion du contrôle de soi mais réclame une issue qui n'est pas seulement demande de consolation mais bien demande de réparation les larmes ne sont donc pas le seul langage de la perte du désespoir et du chagrin elles sont courageuses audacieuses même car Elle nous indique que quelque chose doit être changé, à quoi il faut consentir. En ce sens, elles sont un chemin de liberté, bien davantage une voie de résignation. Voilà, je crois avoir posé modestement quelques bases de réflexion sur le sujet. Il y a bien des larmes que je n'ai pas explorées, et donc, pour cela, je vais m'entourer d'une amie bien courageuse, Héloïse. Je ne l'ai pas choisie au hasard, car j'avais envie avec elle de démarrer une conversation sur ses larmes contentes. de masquer lorsque nous sommes plongés dans une salle obscure, qu'il s'agisse d'un cinéma, d'un théâtre, ou bien dans son salon devant la télé. Et si j'ai eu envie de proposer à Héloïse d'en discuter ensemble, c'est pour lui demander comment ça se passe de l'autre côté du quatrième mur, sur scène, à ce moment où moi je suis en larmes, et que elle, comédienne, participe dans la mise en scène et l'histoire à laquelle nous sommes spectateurs, à faire naître des émotions si fortes qu'elles coulent sur nos joues. Maintenant que je vous ai bien teasé ce qui allait venir, je vous donnerai en besoin la semaine prochaine pour la suite. Bonne journée, bonne soirée ou bonne nuit et à très bientôt. Merci.

Description

Et pourquoi il ne faut pas retenir c’est larmes, car pleurer, ça fait du bien et pas que ?

C’est la question à laquelle je ne vais pas répondre, mais je vais nous aider à y réfléchir.


Dans cet épisode, j'explore les larmes sous toutes leurs formes : intimes, historiques, politiques et sociales. De Jules César à Amel Bent, en passant par Le Bernin et Guillaume Le Blanc, un voyage sensible au cœur de ce langage silencieux qui nous relie.

__________________


Les Sources :

Guillaume Le Blanc - Oser pleurer (Albin Michel)

Anne Vincent-Buffault - Histoire des larmes, XVIIIe - XIXe siècles (Payot Rivages)

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Instagram : https://www.instagram.com/etpourquoi.lepodcast


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur « Et pourquoi ? » Le podcast ne répondra pas à nos questions, mais nous aidera à y réfléchir. Je vous rassure tout de suite, l'épisode d'aujourd'hui est garanti sans larmes, vous avez vu le titre, donc ne vous inquiétez pas. Enfin, disons plutôt que je n'ai pas écrit cet épisode avec l'intention de vous faire pleurer. Pourtant, il sera bien question de ce moment un peu flou où le corps déborde, où l'on ne sait plus si c'est notre tristesse, notre rage, notre solitude, ou même notre joie qui prend le dessus. Autant vous le dire franchement, si comme une amie que nous retrouverons plus tard, Vous vous demandez pourquoi j'ai décidé d'explorer le sujet des pleurs ? C'est parce que oui, j'ai pleuré il y a quelques jours. Un flux discontinu, un véritable lâcher-prise total. J'étais seul chez moi et tout est parti d'un message vocal d'une amie me partageant une bonne nouvelle et aussi les difficultés qu'elle avait traversées récemment. En voulant lui répondre et partager les miennes, j'ai soudainement été submergé par un trop-plein d'émotions. Un mélange entre la joie son mariage, et l'appréhension d'évoquer mes propres difficultés à voix haute. Mais au moment d'aborder cette deuxième partie, ce ne sont pas des mots, mais des larmes qui sont sorties. J'ai arrêté mon enregistrement et j'ai appelé la première personne apparue sur l'écran de mon téléphone. Incapable de formuler une phrase, mon interlocutrice, légitimement inquiète de m'entendre pleurer, m'a simplement demandé « qu'est-ce qui se passe ? » je vais vous dire la seule phrase que j'ai pu articuler dans un souffle a été je suis fatigué en moins de cinq minutes j'avais exprimé la joie la tristesse et la fatigue de façon liquide et pourquoi amel bent avait raison de dire de ne pas retenir ses larmes car pleurer ça fait du bien et pas que c'est la question à laquelle je ne vais pas répondre mais nous aider à y réfléchir Vous vous souvenez-vous de la première fois où vous avez pleuré ? Pour moi, c'était... Je devais avoir 7-8 ans, au début des grandes vacances. J'étais parti avec ma mère faire une promenade et à quelques mètres de la maison, sur le chemin du retour, il était là, mon cousin. Il habitait près de Paris et descendait chaque année, pas loin de l'endroit où j'habitais, dans une maison de famille. Ma surprise fut si grande de voir qu'il avait fait étape chez nous, mon émotion si forte que je me suis mis à... pleurer en courant pour le serrer dans mes bras. Je me souviens avoir été tellement rempli de joie que cela a fini par déborder par mes yeux. Pour cet épisode, j'ai travaillé avec le livre de Guillaume Leblanc, Oser pleurer, ainsi que l'ouvrage Histoire des larmes du 18e au 19e siècle d'Anne-Vincent Buffaut. Si vous vous demandiez s'il existait une histoire des larmes, car je vous habituais à ça dans ce podcast, et si comme moi, à chaque fois, que vous voyez le sujet, vous dites mais est-ce qu'il va trouver une histoire avec un grand H sur ce thème-là ? Sachez que ça m'étonne autant que vous, mais à chaque fois, j'arrive à trouver un ouvrage traitant de l'histoire du thème abordé. Nous allons donc commencer par l'histoire des larmes et comme certains d'entre vous ont apprécié la petite nappe musicale de fond que j'ai mise la dernière fois, je vous la remets pour le plaisir. C'est une histoire... culturel social et profondément lié à notre manière d'exprimer nos émotions et surtout de les partager guillaume leblanc mentionne les travaux de sarah ray historienne de l'antiquité qui évoquent les larmes de jules césar pleurant devant ses soldats juste après avoir traversé le rubicon à ce moment il pleure car il a conscience de son acte et de l'absence de retour en arrière c'est à ce moment-là qu'il a sorti le fameux célèbre alléage acta est le sort en est jeté plus loin dans l'histoire La Bible évoque Jérémie versant des torrents de larmes venant grossir les fleuves de Babylone. Anne-Vincent Buffaut, quant à elle, a retracé l'histoire des larmes à travers des lettres, des romans, des journaux intimes, des écrits médicaux, jusqu'à des récits de ce qu'il se passait dans les salles de théâtre. Le XVIIIe siècle est l'âge d'or de la sensibilité. Pleurer devient un mode de sociabilité, une participation à un échange émotionnel valorisé, énormé. On pleure au théâtre, autour d'un livre. dans des salons feutrés. Mais attention, c'est une sensibilité qui est très codifiée. Séparation, trahison, mort, l'émotion partagée doit être, comment dire, elle doit être noble et maîtrisée. Les larmes, participation du corps à une émotion, ne doivent pas être déterminées par lui, écrit l'auteur. En clair, maîtrise-toi et ne te laisse pas submerger. Sous la Révolution française, les larmes changent d'échelle. Elles deviennent politiques. Finies les larmes privées en petits comités, elles envahissent la rue, les tribunes, l'Assemblée. On assiste à des moments d'effusion collective où l'on pleure dans les bras les uns des autres. On rêve de nouveaux liens sociaux. Mais, car il y a toujours un mais, le langage émotionnel devient politisé. On accuse les ennemis du peuple de, et je prends mes petits doigts pour faire des guillemets, boire les larmes des autres. d'en être les vampires. Si pleurer est un acte public, il est aussi un enjeu moral. Alors pleure-t-on pour de bonnes raisons ? Trop facilement ? Ostensiblement ? Alors les tribunes révolutionnaires ne tardent pas à condamner ceux qui se laissent aller à une pitié mal placée. L'émotion devient alors suspecte. Résultat, au XIXe siècle, les larmes retrouvent les portes fermées de l'intimité. C'est la pudeur qui gagne et la sensibilité devient une affaire personnelle. presque honteuse. Ah, et j'oubliais un truc important. Si jusqu'à maintenant, les larmes n'étaient ni féminines ni masculines, c'est bien le XIXe siècle qui va les sexualiser. Les écrivains Stendhal et Benjamin Constant dans leur journal intime s'interrogent. Comment distinguer les vraies larmes des fausses ? Tiens, on va jouer un jeu. Toi, auditeur, je te pose une question et tu me réponds. Donc, je vais te laisser un peu de temps, ne t'inquiète pas. Devinez qui alors est soupçonné de manipulation émotionnelle en pleurant. Non, vous ne trouvez pas ? Or si, si, je suis certain que parmi vous, il y en a quelques-uns qui ont trouvé. Bah, c'est les femmes, évidemment. Concernant les hommes, on va la faire court, plus le droit de pleurer. L'éducation valorise la retenue et la maîtrise. Pleurer, c'est pour les fragiles, sauf à cacher ses larmes dans la forêt la plus isolée, le bois le plus dense. L'homme... pleurant est un imbécile. Résultat, cette interdiction crée à la faveur de l'homme l'exception et l'exceptionnel. Car lorsque celui-ci qui se maîtrise fait apparaître une larme, c'est un moment de vérité incroyable et une preuve de leur attachement profond. Le constat d'Anne-Vincent Buffaut est fatal. Les larmes ne sont jamais neutres. Les femmes peuvent pleurer, mais pas trop. Les ouvriers peuvent exprimer une sensibilité naïve et, dans la bourgeoisie cultivée, on la méprise. Mais l'histoire nous apprend encore une fois que, comme tous les sujets que nous avons déjà traités sur ce podcast, c'est nous qui écrivons cette histoire. Je m'en voudrais de m'arrêter à ça. Déjà parce que je vous habitue à des épisodes un peu plus longs, on est bien d'accord, et ensuite parce que vous savez que j'aime aller un peu plus loin. Gratuit. Gratter, c'est mon truc. Et quand il s'agit de gratter, rien de tel qu'un docteur en psychologie et une professeure en psychiatrie pour aller un peu plus loin. Le hasard fait bien les choses, puisque le docteur Vingert et la professeure Lorraine Bilsma ont rédigé en juillet 2016 un document passionnant, l'énigme des pleurs émotionnelles humaines. À notre naissance, pleurer, c'est vital. Littéralement. On braille pour dire « hé, coucou, je suis là, j'existe » ou bien... J'ai froid ou alors j'ai faim, et d'ailleurs ça marche très bien. Mais en grandissant, nos pleurs se transforment. Moins de cris, plus de discrétion. Moins de bobos aux genoux, plus de fêlures invisibles. Et surtout, les raisons changent. On ne pleure plus parce qu'on s'est cogné, on pleure parce que quelqu'un qu'on aime s'en va, ou parce que la vie est dure. Les adultes pleurent donc davantage dans des situations chargées de sens émotionnel ou moral. Selon les chercheurs, ces pleurs seraient déclenchées par un sentiment profond d'impuissance face à une situation qui nous touche, positivement ou négativement d'ailleurs. Les larmes ont alors une fonction cathartique. Mais, et oui, il fallait bien que je vous remette un mais parce que sinon vous allez vous dire « il y a quelque chose de louche, qu'est-ce qui nous cache ? » L'effet bénéfique des larmes dépend du contexte. Trois facteurs déterminants ont été identifiés. L'état mental initial, les personnes en situation de détresse émotionnelle profonde, comme la dépression, ressentiront moins de soulagement par les larmes. La nature contrôlable ou non de l'événement déclencheur et la réaction des personnes autour de nous, car recevoir un soutien empathique est essentiel pour bénéficier pleinement des vertus réparatrices des larmes. Quoi qu'il en soit, les larmes agissent comme des signaux sociaux puissants, provoquant chez les autres un élan presque... instinctif de solidarité et d'aide. Et comme nous l'avons vu avec l'histoire, si vous vous interrogez sur les raisons pour lesquelles quelqu'un ou quelqu'une pleure plus souvent qu'un ou qu'une autre, allez donc chercher du côté de la personnalité, nos expériences de vie et aussi, bien sûr, aux normes culturelles qui nous entourent. Alors, attention à vos oreilles, je vais jouer les jongleurs avec une transition des plus hasardeuses. Comme vous l'aurez compris, les larmes ne sont pas figées dans le marbre. Elles évoluent au fil des époques et nous appellent. Et pourtant, figurez-vous qu'un artiste sculpteur du XVIIe siècle, Le Bernin, l'a justement fixé et dans le marbre, avec une œuvre magistrale, l'enlèvement de Poserpine. Parfaite illustration que les pleurs sont une adresse à l'autre. Une tentative d'arracher la douleur. au silence. Alors, avantage du podcast, si vous êtes sur votre téléphone ou bien sur votre ordinateur en m'écoutant, je vous invite à faire une recherche sur votre moteur préféré pour voir de quoi je parle. Je vais donc répéter, taper sur votre moteur de recherche l'enlèvement de Proserpine P-R-O-S-E-R-P-I-N-E de l'artiste Le Bernin, comme ça se prononce. Détaché. Le Bernin. C'est bon ? Vous l'avez ? Parfait. Continuons. Je disais donc, dans ce chef-d'oeuvre, figé. dans la pierre la plus froide, il y a une larme, minuscule, à peine visible, qui coule sur la joue de Proserpine. Si, si, je vous assure, regardez, prenez vos doigts et zoomez sur sa joue. Et cette larme change tout. Ce n'est pas juste une prouesse technique, c'est un bouleversement. Parce que, dans ce visage, cette larme figée, dit quelque chose qu'aucun cri ne peut exprimer. Elle témoigne d'une injustice. Elle n'est pas là pour faire joli, ni pour souligner la beauté tragique d'une déesse en détresse. Elle interpelle celui qui regarde. Les historiens d'art s'accordent à dire que Le Bernin l'a voulu discrète pour que celui ou celle qui regarde de loin s'approche, créant ainsi une proximité, une intimité avec la scène, pour voir et entendre cette larme. Elle dit « Regardez ce qui m'est fait, entend ce qui est en train de se passer » . Cette goutte de marbre, c'est une preuve, une protestation, une imploration muette. Et c'est là toute la force de cette œuvre. Elle nous rappelle que les larmes, même sculptées, même figées, même impossibles, peuvent encore accuser, supplier, exister comme un cri silencieux. elle appelle le regard à prendre position à reconnaître le mal fait c'est peut-être ce que leblanc veut dire quand il parle des pleurs comme de la demande d'une justice qu'on sait pourtant impossible ce n'est pas parce qu'on sait qu'on ne sera pas entendu qu'on doit se taire Pleurer, même dans le marbre, c'est garder cette place pour l'inadmissible. pour ce qui ne peut pas être réparé, mais qui doit malgré tout être vu. Voilà comment l'auteur de Oser pleurer explique que verser des larmes, c'est souvent une manière de demander à l'autre que la douleur s'arrête ou qu'au moins elle soit reconnue. Guillaume Leblanc le formule ainsi. Les pleurs sont une demande adressée à l'autre, un appel à ce que le mal cesse, même si cet appel est souvent voué à rester sans réponse directe. Pleurer, c'est alors se retrouver à la croisée des chemins. Soit nos larmes s'enfoncent dans la déploration, une plainte intérieure, un ressassement silencieux du mal subi, soit elles deviennent implorations, un cri tourné vers l'extérieur, une tentative d'en faire quelque chose. Et cette bifurcation ne se fait pas toujours de façon consciente. Parfois ça dépend juste de qui est là quand on pleure. Ce glissement du privé au public, du repli à la réclamation, est d'ailleurs déjà présent dans notre langage depuis le XIIe siècle. où les mots pleurer, implorer, déplorer apparaissent ensemble, comme les déclinaisons d'un même effort pour donner une forme à ce qui déborde. Pleurer, c'est donc aussi une manière de demander justice, même quand on sait qu'elle ne viendra pas. Ce n'est pas une consolation qu'on cherche, mais une reconnaissance. Quelque chose est perdu, et cela mérite d'être pleuré. On a tendance à penser que les pleurs sont un truc intime, presque honteux, un effondrement. qu'on vit seul dans son coin. Mais le blanc nous invite à revoir cette idée. Vous aurez peut-être remarqué, comme depuis le début, je parle des larmes comme d'un langage. Figurez-vous que je ne suis pas le seul à faire ce parallèle. Samuel Beckett en parle dans le livre « Texte pour rien » . Il écrit ceci « Je pleure aussi, sans discontinuer » . C'est un flot ininterrompu de mots et de larmes. Je les confonds, mots et larmes. Mes mots sont mes larmes, mes yeux ma bouche. À travers cette confusion des mots et des larmes, pleurer ce n'est pas céder, c'est résister à l'oubli de ce qui fait mal. C'est dire « ce que j'ai vécu n'est pas rien » . Les larmes, quand elles ne sont pas douleur, déploration ou imploration, peuvent aussi être joie. Et là aussi, nous retrouvons le caractère social des larmes de joie. Quand elles arrivent, comme dans l'histoire que je vous ai racontée à propos de mon cousin, c'est un moment de retrouvaille. C'est alors, sans mot, exprimer le plaisir de retrouver l'autre et de transformer ce moment comme un événement. J'aime bien l'idée qu'évoque l'auteur que les larmes de joie, partagées avec des amis, des amants, des enfants, des parents, signent la disparition du « toi » et du « moi » pour un « nous » . Attention, pas le « nous » grammatical. Ici, le « nous » est à voir comme un moment de pure présence commun entre humains. On ne va pas se mentir, à moins que vous viviez dans une grotte, une montagne isolée ou sur une île, nous avons en ce moment tous et toutes de nombreuses raisons de pleurer. Nous vivons tous et toutes des vies qui, à différentes échelles, peuvent nous sembler profondément injustes. Et nous l'avons vu ensemble, les larmes demandent réparation. ce que nous avons oublié avec le temps. C'est leur rôle, car considérée au fil du temps comme faiblesse pour les hommes, suspecte pour les femmes. Si nous sommes, nous, humains, la seule espèce vivante sur Terre capable de pleurer d'émotion, et je vous assure, ce n'est pas une figure de style, c'est vraiment scientifique, c'est bien que les larmes ne sont pas, contrairement à ce que pouvaient penser certains philosophes, inutiles. Vous l'aurez compris, il y a dans les larmes une absence de contrôle émotionnel qui invite l'humain à faire humanité. je vais reprendre les mots de guillaume leblanc tels qui sont écrits dans l'introduction de son livre il ne suffit pas de pleurer il faut oser pleurer tant cet acte non seulement abolit l'illusion du contrôle de soi mais réclame une issue qui n'est pas seulement demande de consolation mais bien demande de réparation les larmes ne sont donc pas le seul langage de la perte du désespoir et du chagrin elles sont courageuses audacieuses même car Elle nous indique que quelque chose doit être changé, à quoi il faut consentir. En ce sens, elles sont un chemin de liberté, bien davantage une voie de résignation. Voilà, je crois avoir posé modestement quelques bases de réflexion sur le sujet. Il y a bien des larmes que je n'ai pas explorées, et donc, pour cela, je vais m'entourer d'une amie bien courageuse, Héloïse. Je ne l'ai pas choisie au hasard, car j'avais envie avec elle de démarrer une conversation sur ses larmes contentes. de masquer lorsque nous sommes plongés dans une salle obscure, qu'il s'agisse d'un cinéma, d'un théâtre, ou bien dans son salon devant la télé. Et si j'ai eu envie de proposer à Héloïse d'en discuter ensemble, c'est pour lui demander comment ça se passe de l'autre côté du quatrième mur, sur scène, à ce moment où moi je suis en larmes, et que elle, comédienne, participe dans la mise en scène et l'histoire à laquelle nous sommes spectateurs, à faire naître des émotions si fortes qu'elles coulent sur nos joues. Maintenant que je vous ai bien teasé ce qui allait venir, je vous donnerai en besoin la semaine prochaine pour la suite. Bonne journée, bonne soirée ou bonne nuit et à très bientôt. Merci.

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